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Dynamique familiale et gestion de l'environnement en chefferie de Ngweshe. une analyse praxéo-interdiscursive

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par Pierre BAKENGA SHAFALI
Université Officielle de Bukavu - Doctorat en Sociologie 2012
  

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6.2.3. Organisations locales actives à Ngweshe

Suite à la multiplicité des associations qui se proposent d'assister les familles de Ngweshe, nous préférons en donner le nombre par groupement tout en reconnaissant que ce répertoire n'est pas exhaustif et que le nombre élevé des associations ne favorise en rien l'essor économique, politique et culturel de la chefferie.

Tableau n° 24 : Nombre sommaire des associations de Ngweshe par groupement

Groupement

Nombre

Domaine d'activités

1

Burhale

22

Agriculture, hydraulique rurale, coopératives de dépathologisation

2

Ikoma

54

Regroupées en deux collectifs : Nyamugo et Mparanyi

3

Irongo

16

Agriculture, alphabétisation, élevage ...

4

Izege

06

Agriculture, lutte ant-érosive

5

Kamisimbi

19

Agriculture maraichère, élevage ...

6.

Karhongo (Nyangezi)

14

Reboisement, agropastoral, formation en techniques culturales, briqueterie...

7

Kaniola

7

Artisanat, agriculture, élevage

8

Lubona

11

Agriculture, élevage, briqueterie, habitat...

9.

Luchiga

06

Agriculture, drainage, habitat, animation...

10.

Mulamba

10

Forge, réparations appareils ménagers, agropastoral...

11

Mushinga

14

Agropastoral, alphabétisation...

12

Nduba

10

Agropastoral, briqueterie, entraide mutuelle...

13

Tubimbi

2

Agropastoral,

14

Walungu

18

Agropastoral, habitat, promotion des ménages ...

15

Kamanyola

13

Agropastoral, transport, ...

16

Lurhala

9

Agropastoral, artisanat...

TOTAL

 

239

 

Source : Bureau de développement de la Chefferie de Ngweshe, janvier 2011.

Interprétation

Comme on peut le constater à travers ce tableau, nombreuses d'associations opèrent à travers la chefferie. Cette énumération par groupement n'est pas exhaustive, elle est même à relativiser, car les associations naissent et meurent précocement. Néanmoins, la Chefferie, à travers son Bureau de développement, a énuméré certaines associations par effet de leur visibilité sur le terrain ou par le simple fait qu'elles sont enregistrées par la chefferie.

Ce que nous pouvons retenir de ces associations est qu'elles représentent toutes les mêmes caractéristiques liées aux règles du langage de l'ethnométhodologie. Il s'agit, notamment, de :

· La règle de constance : ces associations développent toutes le même discours ; elles étalent l'état de la société en le présentant sous un caractère fatal et exigent des autres organisations plus stables, pour cet état, de l'appui financier et/ou matériel ;

· Les règles de la cohérence thématique : les thèmes développés à travers les aspects discursifs de ces associations locales et à travers leurs projets peuvent se regrouper en des thèmes tels que le désespoir, l'espoir et l'autoprise en charge, tous ces thèmes étant centrés sur quatre rubriques: la misère et la pauvreté, l'insécurité, la santé précaire et la faible historicité ;

· La fonction du récit : pour se faire entendre, les acteurs de ces associations présentent la situation sous forme d'un récit fatidique reprenant plus des faits horribles dont la récurrence entrainerait des catastrophes. On assiste ainsi à des amplifications des faits et phénomènes, des grossissements des chiffres en rapport avec les personnes ciblées ou les victimes. A titre d'exemple, le rapport des ONG sur le nombre des femmes violées est de loin supérieur à la réalité des viols dans beaucoup de villages de la chefferie. Il en est de même des projets relatifs aux effectifs des enfants malnutris, et des veuves et orphelins des guerres. Plusieurs associations opèrent sur le même terrain indépendamment les unes des autres ; récoltent des chiffres séparément et font la sommation au cours de leurs assemblées ; ce qui fait que les mêmes chiffres pour les mêmes faits sont communiqués par plusieurs associations, chacune cherchant à se faire prévaloir par rapport aux autres.

· La place des interlocuteurs : les associations en quête de financements ont toujours souhaité être en contact physique direct avec les bailleurs des fonds ou leurs représentants pour mieux entendre leurs voix et que ces derniers s'apitoient sur la situation présentée.

Tout compte fait, toutes ces associations orientent leurs activités dans plusieurs secteurs de la vie sans en avoir les ressources humaines, matérielles et financières. Cette tendance d'appropriation multisectorielle vise à s'hasarder de figurer dans le dessein d'un éventuel et parfois improbable bailleur des fonds. Malgré cette ruse, de trop embrasser, nous retiendrons que c'est généralement, le bailleur des fonds qui édicte lui-même, à l'organisation choisie comme partenaire ce qu'elle doit faire, comment et quand le faire. C'est à ce titre que nous avons estimé que les associations locales de développement n'ont ni vocation, ni technicité, ni moyens. Elles ne sont qu'au service des bailleurs des fonds. Fondamentalement, elles ne jouissent d'aucune indépendance. C'est pourquoi, elles ont retenu plus les familles dans l'esprit plus attentiste que praxéologique.

Malgré cet aspect très négatif d'être peu entreprenant tel que constaté dans les villages enquêtés, il est à noter que l'esprit de se regrouper autour d'un problème et d'en chercher, malheureusement, des solutions à travers des individus hors du groupe, cela a aidé les familles à transcender l'aspect trop introverti, à s'ouvrir plus au groupe et à tendre vers une certaine inventivité.

C'est cette inventivité qu'on retrouve à travers tous ces villages des mamans associées dans des ristournes appelées localement « likirimba ». (Il s'agit d'un groupe des gens, généralement des femmes, environs dix, qui se regroupent ; cotisent de l'argent, au montant uniforme ; le prêtent à une des membres du groupe qui rembourse au terme d'une semaine d'activités de négoce avec un très léger intérêt de 1 à 2%. Le capital récupéré est alors donné à une seconde personne, et ainsi de suite. Le likirimba s'étend même jusqu'aux travaux des champs : un groupe des femmes, quatre le plus souvent, font la ronde de leurs champs pendant un jour convenu de la semaine. On évite toujours les jours de marché. Pour un groupe ayant choisi la journée de lundi, par exemple, une femme, membre du groupe, connaîtra, dans son champ, la participation des trois autres femmes, et au terme d'un mois, toutes ces femmes se seront assistées, toutes, une fois par semaine.

Un autre élément positif pour les familles, c'est cette ouverture au monde extérieur qui les pousse à penser à quelqu'un de plus loin et en qui elles se confient, adressent leurs besoins auxquels il satisfait pourvu que le groupe ait parvenu à convaincre. Bien de familles ont accédé à l'aide de par ces contacts. Alors qu'au départ, l'espace vital et relationnel ne se limitait qu'au sein de son propre village et peut-être aussi à quelques villages les plus proches.

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"Ceux qui rêvent de jour ont conscience de bien des choses qui échappent à ceux qui rêvent de nuit"   Edgar Allan Poe