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Dynamique familiale et gestion de l'environnement en chefferie de Ngweshe. une analyse praxéo-interdiscursive

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par Pierre BAKENGA SHAFALI
Université Officielle de Bukavu - Doctorat en Sociologie 2012
  

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Conclusion partielle

Cette thèse s'était fixé certains objectifs à atteindre, notamment celui d'émettre des propositions favorables au changement tant quantitatif que qualitatif pour le progrès durable de la chefferie. Des propositions ont été émises en tenant compte des aspects agrométéorologiques, lesquels s'avèrent indispensables pour maîtriser l'environnement, la sécurité alimentaire, l'harmonie sociale et la démographie. Ce sont des aspects importants pour toute communauté parce que l'agrométéorologie est l'étude scientifique de l'interaction entre les phénomènes atmosphériques et l'ensemble de la production agricole. Ainsi, avons - nous passé en revue tous les aléas auxquels sont confrontées les populations de la chefferie. Ils sont d'ordre environnemental, alimentaire, sécuritaire et démographique. Tous ces problèmes appellent à des plans d'aménagement local pour le développement de l'entité. Il conviendra que ce plan soit soumis à un suivi régulier et unanime pour ne pas rester un voeu pieux. D' où la pertinence du principe d'auto-évaluation permanente.

CONCLUSION GENERALE

Cette thèse s'inscrit dans la sociologie de la famille, de l'environnement et du discours et s'insère dans la Sociologie du présent car ce dernier détermine l'avenir des peuples. La sociologie du discours et la praxéologie interdiscursive sont des élargissements de la sociologie fondamentale, ce qui insère la présente thèse dans la sociologie fondamentale.

En effet, pour rappel la sociologie se subdivise en deux grandes parties : la sociologie générale et fondamentale et les sociologies spéciales :

De la sociologie générale et fondamentale, on apprend les notions de base de la sociologie, ses méthodes, ses théories, ses concepts et les ruptures pouvant être opérées en son sein.

Les sociologies spéciales se subdivisent en sociologies spécialisées et en sociologies particulières.

Les sociologies spécialisées sont celles se reportant à un domaine précis de la vie. Par exemple, la Sociologie rurale, la Sociologie de la famille, la Sociologie urbaine, la Sociologie de la religion, la Sociologie du loisir, etc.

Une sociologie sera dite particulière si elle se rapporte à une autre science. Par exemple, la Sociologie du droit (car le droit est une science), la Sociologie économique, la Sociologie des conflits (celle prend en compte la Polémologie ou la science de la guerre), la Sociologie politique, etc.

Dès lors, il se dégage les différents domaines de recherche dans lesquelles se situe cette thèse. Fondamentalement, elle est axée sur la famille comme système social et cadre de vie, sur l'environnement dont dispose toute famille et sur le discours en tant que système et ensemble des mécanismes de communication et de socialisation.

De par son dynamisme et ses transformations internes et externes, la famille s'inscrit dans la sociologie du développement de par ses efforts permanents et assidus en vue de se refaire et se parfaire, améliorer ses conditions de vie et assurer son maintien dans les domaines physique, économique, social, culturel et environnemental. Tous ces domaines à travers lesquels évolue la famille font d'elle un système évoluant dans un vaste réseau des relations multiformes et dynamiques confrontées à d'autres systèmes tels que l'environnement proche et lointain.

Cette thèse est donc une sociologie triadique qui combine Famille-Environnement- Développement, le discours en étant la courroie de transmission. En effet, toute famille en tant que système social vit dans et à travers son environnement qu'il soit physique, culturel, économique et social. Dans cette dynamique multisectorielle, la famille produit régulièrement des discours et en consomme d'autres. Sa capacité d'appréhension et de compréhension de différents discours à sa portée, lui permet d'en comprendre le sens tant au niveau de l'émission que de la réception. Cette compréhension discursive s'assujettit à la triple dialectique quadripolaire qui combine, à la fois, le langage, la conscience et l'expérience du locuteur, auditeur, la société-histoire (le milieu où se produit le discours) et le scientifique social.

Au-delà de discours produits et consommés par la famille et qui ont des effets négatifs ou positifs sur elle, il y a une notion capitale qui intervient dans sa dynamique processuelle : c'est le travail. La famille est principalement travail et discours mais aussi détentrice d'un environnement. C'est à travers les trois éléments qu'elle s' émeut, se développe ou se dégrade et assure sa continuité, rationnelle ou irationnelle.

Bien de travaux (ouvrages, thèses de doctorat, divers articles, mémoires) ont abordé singulièrement et même abondamment les thèmes de famille, environnement, discours et développement. Nous citons, à titre d'exemple, François Syngly qui a produit tant d'ouvrages sur la famille, et beaucoup d'articles, conférences et séminaires se sont penchés sur la notion de l'environnement comme sur les aspects du langage.

Par rapport à tous ces travaux, aucun n'avait, jusqu'à ce jour, combiné à la fois les thèmes de famille, environnement et discours dans une approche « interactionniste et développementiste » et dans un milieu précis comme celui de la chefferie de Ngweshe. Cette thèse est donc une première par rapport à l'interaction thématique et par rapport à l'univers de la recherche, et là se situe son originalité.

En effet, à quoi servirait-il d'étudier une famille si l'on ne peut pas se pencher sur ses aspects praxéologiques et discursifs, c'est-à-dire, sur ce qu'elle a fait, ce qu'elle fait, comment l'a- t- elle fait ? Avec qui ? Quand ? Ce qu'elle envisage faire, ce qu'elle entend et dit et comment elle gère l'environnement dans lequel elle vit et celui qui l'entoure. C'est de par cette approche que nous nous sommes fixé des objectifs spécifiques de cette thèse que voici :

D'une manière plus spécifique, nous poursuivons les objectifs ci-après :

- étudier la famille de Ngweshe dans sa dynamique interne (praxéologique, discursive, économique, politique, culturelle) et environnementale ;

- saisir les possibilités de continuité des valeurs culturelles au sein des familles de Ngweshe en dépit de l'environnement toujours changeant ;

- répertorier les discours et les actions cadrant avec sa transformation et son équilibre à la lumière de la praxéologie interdiscursive ;

- identifier les pathologies auxquelles sont confrontés les ménages et rechercher les voies d'éradication ;

- relever les forces et les faiblesses des actions produites de l'intérieur et de l'extérieur des familles ;

- émettre des propositions favorables à son changement qualitatif et quantitatif pour le progrès durable de Ngweshe et ce, à court, moyen et long terme.

En effet, c'est sur base de ces objectifs que nous avons émis notre thèse selon laquelle une famille qui n'est pas au centre permanent d'études d'actions de changement n'est pas du tout en ordre avec elle-même et avec son environnement. Elle ne peut pas, au niveau interne, produire des discours praxéologiques et rationnels. Elle se rend incapable de savoir analyser et appréhender les discours externes. La gestion durable d'elle-même et de son environnement est par conséquent compromise.

De ce point de vue, et d'une façon subsidiaire, la famille est une unité sociale strictement structurée et hiérarchisée. Elle évolue positivement ou négativement de par son travail, son dynamisme, les aléas de la vie et son environnement. Elle produit des discours et en consomme d'autres. C'est une unité sociale praxéologique, socialisante et intégratrice. Elle doit plus viser à s'autonomiser qu'à dépendre de qui que ce soit.

Les discours et les actions au sein de la famille constituent des enjeux à maitriser sociologiquement pour parvenir à une transformation des déséquilibres dont la famille est victime malgré les multiples interventions des organisations non gouvernementales avant, pendant et après les conflits qui ont sévi la chefferie.

La famille, considérée comme champ d'historicité, devra être porteuse du « sujet » ou projet selon Alain Touraine, et du « capital » susceptibles de conduire à une dynamique de transformation efficace, durable et de gestion rationnelle familiale et environnementale. La sociologie de l'autodétermination devra être un mécanisme de recherche des acquis déterminants dans l'équilibre familial au sein de cet univers.

Enfin, nous retiendrons que l'épistémologie est, et demeurera, pour le scientifique ce que le « Niveau d'eau » est au maçon, c'est grâce à ce petit outil que le maçon se rassure parfaitement de la droiture du mur en chantier. Plus le mur est droit plus il est apprécié et plus il résistera aux intempéries et secousses internes et extérieures.

Pour affiner notre réflexion, un soubassement théorique nous a été indispensable : il s'agit des théories de  la famille en tant que système social, de l'action et l'autodétermination du langage, l'environnement et du développement.

Nos questions de départ nous ont permis de déboucher sur des conjectures qui nous ont permis non seulement de descendre sur le terrain mais aussi d'aboutir à des résultats fiables.

Des enquêtes menées sur le terrain, il s'avère, sur le plan praxéologique, qu'au sein de la chefferie de Ngweshe, les familles sont quotidiennement en activité à la recherche de leur pain quotidien à travers, essentiellement, les travaux champêtres desquels elles demeurent les principales actrices. Acculées par les diverse plaintes au sein leurs familles, l'état physiologique et psychologique, les mères des ménages endurent beaucoup de difficultés ; elles travaillent intensément ; elles sont fréquemment porteuses des grossesses ; elles sont berceuses de leurs enfants et de leurs maris ; toutes les demandes au sein du foyer leur sont essentiellement adressées. C'est la femme aux mille bras selon Ngoma Binda147(*) pendant que les hommes sont, soit oisifs, soit occupés à d'autres travaux qui n'appuient pas principalement la vie du foyer, soit qu'ils se sont pendant longtemps retranchés de leurs foyers. A titre d'exemple, un homme, père de famille trouvera plus digne d'entretenir sa bananeraie, produire de la bière, s'enivrer, se déambuler au long de journée ou des journées, jouer au sombi, se relaxer tout au long de toute la journée ou aller dans des carrés miniers sans espoir d'en ramener quoi que ce soit plutôt que d'être entrain de sarcler un champ de haricot ou de manioc avec sa faemme. Il a existé traditionnellement une division du travail par rapport aux sexes : les travaux champêtres, culinaires, le puisage de l'eau, la recherche du bois de chauffe, l'entretien de la parcelle et des enfants et de la maison, l'élevage domestique autre que celui de la vache, étaient réservés aux femmes alors que l'homme ne pouvait qu'entretenir sa vache, sa bananeraie, en extraire de la boisson, la consommer et jouir de tout son temps le plus librement possible. A ce jour, la tendance va dans le sens contraire, mais la femme reste toujours au centre de tout. Ainsi, par exemple, les jeunes hommes préfèrent être dans les carrés miniers, même s'ils n'espèrent pas en tirer substantiellement quelque chose, plutôt que d'être à coté de leurs épouses dans les champs. C'est donc un premier facteur de l'improductivité familiale au sein de la chefferie et qui est essentiellement d'ordre culturel.

Bien d'autres facteurs concourent à ce manque de rentabilité familiale, c'est entre autre : l'infertilité du sol, l'exigüité des espaces cultivés, le manque de jachère, l'explosion démographique, l'exode rural, les modes et les techniques culturales traditionnelles statiques et improductives, le statu quo des cultures, les feux des brousses, les projets et actions très ambitieux non concertés et peu réalistes.

Sur le plan discursif, la dimension sexuelle dispose bien d'implications sur le comportement des individus et la productivité. Ainsi, par exemple, le choix, l'alternance des cultures restent à la portée de l'homme bien qu'il ne soit pas l'acteur principal dans ce domaine de la production familiale.

En outre, la recherche de l'amélioration de la production se heurte à des problèmes de considération d'ordre métaphysique et théologique (devant à tout prix être transcendées).

Du point de vue métaphysique, on pense que la production est liée au « mubandé », c'est-à-dire la bénédiction des semences par le mwami ou le chef de la chefferie, une condition sine qua non à la production intensive. D'autres tendances théologiques, considèrent le « mubandé » comme une pratique païenne. Ils estiment que la production n'est que l'oeuvre de Dieu, d'où rien ne sert à trop réfléchir ni sur les intrants ni sur les modes agricoles, tout étant entre les mains de Dieu et de la façon dont lui sont adressées les supplications de ses croyants.

L'infertilité, l'exigüité du sol arable, le manque de jachère, sont autant d'autres facteurs qui concourent à la faible productivité familiale mais qui ont pour soubassement l'explosion démographique liée à des naissances nombreuses et incontrôlées. Une croyance traditionnelle, et qui reste encore entretenue par les Eglises actuellement, véhicule le message selon lequel la conception, l'enfantement n'émanent que de la volonté divine. Bien d'autres faveurs sont accordées à l'être humain sans qu'il les ait demandées ou négociées, le tout dépendant de la seule volonté divine. Dans ces considérations attentistes et divinistes, les efforts à la base s'amoindrissent ; les initiatives locales ou familiales aussi bien que des projections communautaires concertées demeurent quasi inexistantes, et lorsque celles-ci sont prises, elles s'avèrent peu réalistes, inappropriées pour la population. C'est par exemple le projet de la chefferie de fournir le courant électrique à la toute la population de Ngweshe d'ici 2014.

Parcourant toujours la liste des résultats opérés dans cette thèse, la chefferie de Ngweshe se heurte à plusieurs défis tels que :

- Le phénomène du VIH/SIDA qui, faute d'informations et de formations suffisantes en la matière, risque de s'exacerber à travers de nouvelles contaminations. On n'envisage que les structures sanitaires, les associations de lutte contre la maladie s'activent davantage pour parer à l'épidémie au sein de l'entité en disponibilisant plus de préservatifs et des ARV sur le terrain ;

- Le manque d'énergie électrique dispose de répercussions négatives sur l'environnement ; de jeunes arbres sont coupés pour la carbonisation et pour l'habitat demeuré en grande partie rustique;

- La morbidité ainsi que la mortalité demeurent élevées suite aux problèmes de santé caractérisée d'une précarité manifeste. Il faut que les hôpitaux et médecins existants, bien que insuffisants, développent des mécanismes de rendre les formations de santé plus compétitives et plus compétentes en matière sanitaire en élaborant des projets de santé plus réalistes et plus opportunistes ;

- A l'heure de la mondialisation, la chefferie n'a pas encore mis les pendules à l'heure. Les analphabètes paraissent plus nombreux que les personnes instruites, encore faut-il apprécier les limites de l'instruction reçue. En cette année 2012, moins d'un pour cent de la population (chiffrée à plus de 600 000 personnes) n'a pas accès ni à l'informatique, ni à l'internet, ni à la télévision, ni à une bibliothèque à jour). Beaucoup d'écoles fonctionnent dans un état de délabrement avancé, sans fournitures scolaires appropriées et sans personnel qualifié ;

- Le problème de transport se pose avec acuité : les routes sont en mauvais état, les moyens de transport sont insuffisants et déliquescents sans parler de l'insécurité créée par des coupeurs de route. Beaucoup de milieux sont inaccessibles faute de tracé routier pourtant il existe une main d'oeuvre abondante. Il ne manque que des outils et une sensibilisation à la base ;

- Le problème est aussi important, il y a trop peu de sources aménagées. Il y a présence des maladies d'origine hydrique. Faut-il rappeler que c'est le Bureau Eau-Hygiène -Assainissement de l'UNICEF/Bukavu, l'Inspection Provinciale de la Santé, la Commission internationale de la Croix Rouge qui s'attellent plus à l'éradication de ce genre ces maladies. Les efforts sont considérables à ce niveau, car ces maladies sont manifestement en baisse surtout le choléra ;

- L'agriculture, activité et source principale des ressources familiales, ne progresse pas du tout. Elle est confrontée à des problèmes d'intrants, des pillages des cultures et des produits d'élevage. Les pratiques culturales traditionnelles d'usage actuel sont en inadéquation avec les besoins alimentaires du moment et, en plus, les acteurs commis à cette activité sont principalement les femmes déjà fortement surchargées au sein du foyer ;

- Le commerce qui devait pallier au déficit agricole est confronté à des handicaps ne lui permettant de progresser, notamment les problèmes d'inaccessibilité routière, l'insécurité, la pauvreté ou la médiocrité du capital opérationnalisé et la jalousie intercommunautaire. Les coopératives d'épargne et de crédit qui pouvaient combler le déficit agricole ont fermé suite à l'incapacité d'épargne des paysans, faute de revenu insuffisant ;

- Si pour des raisons évidentes, le commerce ne pouvait pas être considéré comme un élément de rééquilibrage, on pourrait envisager que les activités issues de l'artisanat relayent tant les actions agricoles que commerciales. Hélas ! l'artisanat dépendrait de l'énergie électrique qui n'existe pas, et donc il est trop tôt qu'on rêve à une certaine industrialisation du milieu ;

- Les aspects culturels sont aussi importants dans toute la dynamique sociale et communautaire. Ainsi, les aspects linguistiques, vestimentaires, alimentaires et comportementaux ont tendance à primer sur la culture au sein des familles qui s'orientent plus vers les aspects culturels externes qu'internes au point qu'on puisse parler d'une certaine acculturation en quête à une déstabilisation de la famille ;

- Enfin, l'insécurité a été abordée comme étant un facteur important dans la dynamique familiale au sein de notre milieu d'étude. Cette thèse aura prouvé qu'avec l'insécurité, beaucoup de phénomènes ont vu le jour dans le milieu, notamment le viol à grande échelle, les massacres, l'émergence du banditisme d'où résulte le phénomène « kabanga », les pillages des ressources familiales, les déplacements massifs des populations et la destruction de son environnement.

Au demeurant, dans cette tourmente culturelle et historique, nous avons pu démontrer que la famille n'est pas restée unique, elle s'est diversifiée par ses activités, ses croyances et ses comportements au point que nous sommes arrivé à établir une typologie des familles au sein de la chefferie :

- Les familles traditionnelles ou conservatrices des acquis et des survivances traditionnelles basées sur la divination, l'animisme et des outils et ustensiles rustiques. Elles se retrouvent en des villages enclavés, dans les montagnes, au bord de grandes rivières et à la lisière de la forêt. Il s'agit de villages tels que Nyamukumba, Ntondo, Tubimbi, Luhorhi, Businga, Nkomo, Kashebeyi,Luntukulu Rhana, Cosho, Kaniola...

- Les familles à forte religiosité avec des croyances fortes et non maitrisées qui croient presque en tout ce qui est dit et tel que c'est dit, faute d'instruction suffisante et de ressources. Elles se retrouvent un peu partout disséminées ça et là ;

- Les familles à caractère développementiste qui, par suite d'une certaine praxéologie, ont compris que la transformation qualitative et quantitative de la vie ne peut provenir que des actions initiées au sein de la famille et exécutée par tous les membres actifs au sein de cette dernière. Celles-ci, bien qu'encrées dans la culture et la religion, ont dépassé les deux premiers paliers ;

- Les familles à vocation commerciale : ce sont des entités sociales qui ont pris pour habitude d'acheter et de vendre dans le but de réaliser un intérêt et qui ont fait de cette activité une profession permanente laquelle leur confère le statut de commerçant auquel elles se reconnaissent des droits et des devoirs. Elles se retrouvent à travers tous les centres commerciaux. Ces familles sont, cependant confronté à certains défis notamment :

- éloignement par rapport à la ville de Bukavu, seul centre d'approvisionnement et par rapport aux marchés d'écoulement des produits achetés. C'est suite à cet éloignement de la ville de Bukavu que le marché de Mugogo, en groupement de Lurhala, est devenu un centre d'approvisionnement des produits manufacturés.

- la faible capacité d'achat des villageois ;

- le mauvais état ou l'inexistence des routes conduisant vers les marchés d'écoulement, le manque des moyens de transport ;

- le manque des lieux d'entreposage des produits ;

- l'insécurité semée par des bandes armées, les milices et les bandits ;

- la haine, l'envie et une pauvreté généralisée des voisins ;

- la marche à pied et le transport sur la tête ou le dos ;

- le mauvais état des marchés et les intempéries souvent atroces ;

- le faible capital mis en exercice ;

- faible revenu et taille de famille très élevée et bien d'autres défis. Il faut le reconnaître, il n'est pas facile d'être commerçant en chefferie de Ngweshe ;

- Les familles féodalistes et conservatrices qui, principalement appartiennent au clan royal, aux tendances de conserver leur pouvoir en décadence. Ce sont généralement les chefs des groupements, les chefs des villages et leurs proches ;

- Les familles des agriculteurs et d'éleveurs : c'est la vocation universelle pour toutes les familles au sein de la chefferie quel que soit le palier où elles se retrouvent ;

- Les familles dépendantistes : ce sont des familles pauvres, vulnérables, sans revenus ni dignité, malades et déprimées.

Tout en typologisant les familles, nous avons caractérisé aussi bien leurs propriétés, leurs relations et leurs modes de production. Ce sont des situations spécifiques à la chefferie et non concises d'une façon généralisée à tous les peuples de l'univers.

Au sein de chaque palier de famille, il existe un discours interne et externe lequel est principalement religieux, politique et praxéologique, conatif, c'est-à-dire incitant à l'action.

Quant à l'environnement, malgré les faibles efforts consentis pour son maintien et sa conservation, reprenons, ici, les principaux effets manifestes dans sa dégradation au fils des temps :

· le dénivellement des montagnes et des collines par les érosions, ce qui provoque un délavage du sol ;

· les inondations des marais ayant pour conséquence leur sous-exploitation et leur improductivité ;

· la déforestation et le déboisement à grande échelle auront des conséquences sur l'aspect climatique et celui de l'habitat ;

· les rivières en crues qui débordent de leurs lits détruisent les cultures influent négativement sur la récolte ;

· les eaux des pluies peu canalisées inondent les vallées, détruisent les étangs piscoles et salissent les sources d'eaux propres à la consommation des habitants ;

· les feux des brousses sont une conséquence sur l'infertilité du sol mais un moyen de trouver du fourrage pour les animaux domestiques ;

· le manque d'antiérosifs et de jachère contribue à la réduction sensible des sols arables ;

· les briqueteries installées dans les marais réduisent aussi bien les terres cultivables que et les boisements installés aux alentours : c'est le cas des marais de Nyamubanda et Kaliginya en groupement de Nyangezi, Cisheke à Walungu, Nacirwi à Lubona, Ibere à Burhale, Nalugana à Ciherano en Groupement de Lurhala, etc.

Cette thèse aura ainsi abordé bien d'aspects liés à la famille, l'environnement et les discours produits au sein de familles. C'est une triade qui met en interactions les trois éléments précités et qui s'imposent à tout groupe social, car en fait, celui-ci à travers tout l'univers social, ne peut vivre, se perpétuer que grâce à ses familles, son travail et son environnement. A travers cet univers, les individus issus et/ou vivants au sein de leurs familles produisent constamment des discours et en appréhendent d'autres. Ceux-ci ont des effets négatifs et/ou positifs tant sur les locuteurs, les auditeurs que sur la société - histoire.par le travail, le groupe social se transforme, il améliore son état d'être.

Ainsi, avons- nous cheminé dans un processus de vie familiale et sociétale, de production de discours et de la gestion de l'environnement. Bien de choses ont été retenues à cet effet.

D'abord, par rapport à la famille, il a été constaté que celle -ci n'a pas progressé en dépit des efforts qui ont été fournis sur le terrain du fait des projets initiés à la base mais dont ni la concertation à la base ni l'appropriation communautaire ne sont avérées collectivement.

Ensuite, les discours sont restés concentrés sur le seul pôle des décideurs politiques et religieux, aucun débat contradictoire n'existe à la base. Les populations locales se présentent comme des paniers ouverts devant recevoir et ne jamais offrir quoique ce soit. C'est en en sens que dans tous les projets initiés par les organisations locales de développement, la population se trouve déconsidérée, elle n'est pas consultée ni sur les projets à court, moyen et long terme. En fait, il a été signalé que toutes les ONG locales ne disposent d'aucune indépendance théorique, matérielle et financière, car c'est le bailleur des fonds qui impose le domaine d'intervention, le canevas du projet, le plafond budgétaire, la période d'exécution, la zone d'intervention et la population cible. Pour bénéficier du financement, l'organisation sollicitante doit se conformer scrupuleusement aux prescrits de l'organisation étrangère qui se propose de financer le projet quasi initié localement et sous ses directives.

Dans cette perspective, les organisations locales de développement sont de boîtes de résonnance des bailleurs des fonds : il s'agit d'une recolonisation mentale, matérielle et financière. En fait, toutes ces structures sont plus au service de leurs partenaires que de la population. Dans cette optique, les ONG locales se sont retrouvées. Elles préfèrent répondre, se soumettre aux organisations auxquelles elles sont matériellement,idéologiquement et financièrement redevables. D'où la fameuse théorie de l'opération retour, à travers laquelle, l'association bénéficiaire du financement doit rendre compte financièrement pour se crédibiliser et se fidéliser vis-à-vis du bailleur afin d'être éligible à d'autres financement postérieurs.

Ainsi, les organisations locales financées se sont taillées de l'argent car ne pouvant plus être sérieusement contrôlées par les organisations qui les financent et qui, du reste, se sentent satisfaites de leurs prestations de retour. Plus l'on restitue plus l'on vaut. C'est en ce sens que les responsables des organisations locales, devenus incontrôlés du fait des dividendes qu'ils déversent et restituent aux bailleurs ou partenaires selon le contrat, se sont enrichis pour qu'enfin les populations dites vulnérables deviennent pour eux des marchepieds dans leur enrichissement illicite qui a contribué, ainsi, aussi bien à leur mobilité horizontale que verticale.

Enfin, pendant que la famille restée confrontée à des problèmes d'ordre sécuritaire et alimentaire qui entrainaient déplacements, morbidité et mortalité, son environnement a été par moment et par endroits détruit sauvagement. C'est qui a créé du déséquilibre tant au niveau de la famille que de l'environnement et diversifié les discours allant plus dans le sens de la fatalité que de l'espoir et de l'autodétermination.

La thèse émet des mécanismes de rétablissement fonctionnel de la famille qui, en fait, demeure l'épicentre de la société ; de la production discursive et de la gestion de l'environnement dans toutes ses facettes physique, économique, politique et culturelle. Elle privilégie, pour ce fait, dans la recherche et le maintien de l'équilibre familial, discursif et environnemental, le Principe de l'unanimité participative rationnelle qui est, du reste, la résultante des principes de collaboration et de complémentarité rationnalisées au sein de tous les systèmes sociaux agissant et évoluant au sein de la chefferie. La formation et le fonctionnement des Centres d'Etudes d'Actions de Changement (CEAC) en est la stratégie principale. Ce principe, dans son application au sein des CEAC s'exécute en six étapes :

· la constitution des noyaux d'étude, de résilience et de recherche de transcendance du phénomène déséquilibrant le groupe ou la communauté ;

· l'identification du problème majeur au niveau de l'individu, du groupe ou de la communauté ;

· l'appropriation du problème par le groupe entier ;

· la définition des objectifs et stratégies dans la détermination de l'éradication ou l'atténuation du problème ou ses facteurs ;

· la participation active, unanime et rationnelle du groupe à travers des actions, non violentes mais méthodiques et efficaces ;

· l'évaluation permanente et la projection de nouvelles actions.

Chaque famille, pour être en ordre avec elle-même, avec son environnement, produire des discours rationnels internes, savoir analyser et en appréhender ceux externes, doit être un centre permanent d'études d'actions de changement.

Le principe de l'unanimité participative rationnelle est donc une dynamique globalisante, interne, qui intègre tous les membres du groupe à travers des actions concertées en vue d'une recherche et un aboutissement à des voies et moyens de transcender les faiblesses au sein de groupe, de recouvrer ses valeurs et de se parfaire. A travers un tel processus qui ne vise que le changement quantitatif et qualitatif, le groupe s'évalue au fur et mesure qu'il évolue, combat contre ses ennemis, contre sa propre peur et développe en son sein des mécanismes d'auto-perfection et de réalisation de soi.

Certes, ceci est idéal que propose cette thèse pour le maintien de l'équilibre au sein de la famille de Ngweshe dans sa dynamique sociale et dans la gestion de son environnement. Il importe de relever ce constat peu satisfaisant que la famille de Ngweshe, depuis ses origines jusqu'en ce moment de nos recherches, n'a pas encore atteint ce stade de conception, de participation et d'évaluation unanimes.

Une affirmation émanant de nos conjectures de départ plane sur le fait que les aspects discursifs et praxéologiques n'ont pas favorisé la vision évolutive du changement quantitatif et qualitatif au sein de la chefferie et que même les discours internes et externes n'ont pas été à la hauteur de stabiliser ni famille ni l'environnement. Et donc, pour atteindre un niveau de durabilité et de fiabilité des actions posées, envisagées et envisageables, il s'impose que celles- ci s'inscrivent dans une dynamique interne, rationnelle, concertée impliquant toutes les forces vives de l'entité.

Au-delà de toutes ces considérations, il est bon de reconnaître certains aspects relatifs à la famille et à son environnement, ces deux étant intimement liés :

1°. La famille, dans toutes ces modifications de dislocation, de relâchement des responsabilités des parents envers leurs enfants ou des conjoints envers eux-mêmes, de recomposition, de perte de l'autorité parentale, de dérive culturelle et dans toutes les contraintes issues des crises de société, doit interpeller tous les acteurs sociaux. La famille, on le dira jamais assez, est le lieu de socialisation, de construction identitaire, le point d'ancrage et de repères le plus important dans l'édification de l'homme. C'est la famille, dans et avec la société, qui modèle l'individu. La question que l'on doit constamment se poser est celle de savoir comment évoluera la famille dans ses missions traditionnelles dans une société en crise ? En effet, la société actuelle est confrontée à dix défis qui affectent atrocement la famille du fait que les deux évoluent conjointement. Nous notons:

· le problème du genre : à ce jour, le sexe n'est plus le déterminant de sexe. Avoir un sexe masculin ou féminin n'implique pas qu'on est nécessairement homme ou femme. L'on peut s'identifier à un sexe de son choix ;

· le mariage homosexuel : la légalisation du mariage homosexuel en Angleterre et en France et dans d'autres pays (quatorze, au total en 2013), est une nouvelle ère pour le mariage, la famille et la société en général. Le mariage n'est plus cette union entre un homme et une femme tout comme la famille n'a plus le rôle de procréer. Ces réalités occidentales s'étendront, certes chez-nous. Dans la sauvegarde de nos cultures congolaises, les élites doivent raisonner pour faire face à cette nouvelle acculturation deshumanisante. En effet, considérant notre vision très souvent orientée vers l'Occident et prenant en compte la perte continuelle de nos cultures, pouvons-nous estimer que nos sociétés seront, plus tard, homosexuelles ? Dans nos tendances polygynes (on ne sent pas fier d'avoir une seule épouse), y aura- t- il des familles à la hétérosexuelles et homosexuelles ? D'où viendront nos enfants si nous tous nous options pour l'homosexualité ? Que deviendront nos sociétés ? Voilà des questions et bien d'autres qui poussent certains sociologues de se poser cette question à laquelle on n'a pas encore répondue : où va la famille aujourd'hui ?

· la pédophile qui apparaît comme le manque total de respect envers nos progénitures et la destruction de l'être humain tant sur le plan aussi bien physique, moral que psychologique ;

· la consommation sexuelle abusive et désordonnée tant pour les enfants, jeunes et les adultes : dans biens des cas, la consommation sexuelle est devenue plus une mode, un simple plaisir, un élément de plus au palmarès des partenaires sexuels plutôt qu'une réalisation de soi envers l'autre et vice-versa ;

· le non respect des normes sociales établies : Thomas Hobbes et Emile Durkheim avaient, de leurs temps, l'un et l'autre, parlé de l'état de nature et de l'anomie, deux concepts déterminant l'absence des normes sociales. Dès nos jours, l'on remarque que les gens ont tendance à n'avoir aucune observation envers les règles sociales, bien de gens, et spécialement les jeunes, estimant se tracer leurs conduites sociales propres à eux, sans aucun modèle ; les pathologies sociales tendent à s'exacerber.

· l'insécurité et les guerres à répétition : ce sont des situations qui ont exacerbé la haine entre les habitants et les communautés, endeuillé des milliers des familles et semé la culture de la mort au sein de beaucoup d'ethnies ;

· la « nihilisation » des personnes émergeantes : au niveau des élites, les violons ne semblent pas s'accorder, les personnes émergeantes se font des luttes clandestines, c'est un véritable panier à crabes ; ce qui n'amène pas les communautés aller de l'avant et favoriser la promotion des élites ;

· l'infertilité du sol, la destruction de l'environnement et le réchauffement climatique

· la pauvreté ;

· le VIH/SIDA ;

· le progrès de la technologie est un aussi un défi pour la famille. Prenons à titre d'exemple, une femme porteuse d'une grossesse d'une autre femme désireuse d'être mère, mais qui après avoir conçu, mais qui, pour des raisons personnelles ou professionnelles ne veut pas porter une grossesse, et la confie, par un procédé médical, alors à une autre femme jusqu' à l'accouchement. Qui est la véritable mère de l'enfant qui naîtra de cette grossesse ? Celle qui l'a conçu ou celle qui l'a porté et nourri en son sein durant neuf mois et qui a subi toute les peines (morale, psychologique, physique) d'une mère attendant famille ?

· autres formes des pathologies sociales telles que la drogue, la criminalité sous toutes ses formes, la prostitution, le proxénétisme,

· d'autres théories qui accordent peu d'importance à la famille, etc.

Cette thèse a abordé bien d'aspects liés à la famille de Ngweshe et son environnement, esquissé quelques discours sur lesquels se fondent certaines allures comportementales. Elle a posé des questions, des problèmes et proposé des réponses appropriées. Faudrait-il pour ce fait lui accorder un cachet indéniable de vérité absolue ? Non, elle conserve en son sein des limites que les recherches postérieures plus multisectorielles pourraient combler en vertu de différents défis qui guettent la famille et son environnement. Elle pourrait ainsi aborder des aspects tels « Famille et multitude de sectes », Famille et précarité économique », « Relation entre famille et gouvernants », « Famille face aux pathologies sociales », « Familles et sexualité », « Famille face aux pathologies contemporaines » et bien d'autres aspects. Telle la mission postérieure que se fixe la présente thèse.

* 147 NGOMA BINDA, Rôle de la femme et de la famille dans le développement. Argument pour la Justice et l'Egalité entre les sexes, Kinshasa, Publications de l'Institut de Formation et d'Etudes Politiques, 1999. p.48.

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"Ceux qui rêvent de jour ont conscience de bien des choses qui échappent à ceux qui rêvent de nuit"   Edgar Allan Poe