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La contribution de la microfinance au développement socio-économique dans la commune de Carrefour: le cas d'ACME pour la période 2000-2009

( Télécharger le fichier original )
par Jonathan SAINT JEAN
Université d'état d'Haà¯ti - Licence ès Sciences Economiques 2015
  

Disponible en mode multipage

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UNIVERSITE D'ETAT D'HAITI

(UEH)

FACULTE DE DROIT ET DES SCIENCES ECONOMIQUES

(FDSE)

DEPARTEMENT DES SCIENCES ECONOMIQUES

Sujet : La contribution de la Microfinance au Développement socio-économique dans la commune de Carrefour : Le Cas d'ACME pour la période 2000-2009

Mémoire de sortie préparé par : Jonathan SAINT JEAN

En vue de l'obtention du grade de licencié ès Sciences Economiques

Sous la direction du professeur Jean Marie CAYEMITTE

Promotion : 2007-2011

Avril 2015

DÉDICACE

À la mémoire des étudiantes et étudiants, et aussi des professeurs qui n'ont pas

survécu au tremblement de terre du 12 janvier 2010.

À ma famille qui m'a accompagné tout au long de cette étude.

Au niveau le plus élémentaire, la clé pour mettre fin à l'extrême pauvreté est de permettre aux pauvres de mettre leurs pieds sur l'échelle du développement. L'échelle du développement plane au-dessus de nos têtes et les plus pauvres parmi les pauvres sont coincés en-dessous. Il leur manque le montant minimum de capital nécessaire pour avoir un marchepied et, donc, ils ont besoin d'une poussée pour atteindre le premier échelon.

Jeffrey D. Sachs

The End of Poverty

REMERCIEMENTS

J'adresse mes premiers mots de remerciements à Dieu, le Très-Haut, créateur de l'univers, pour m'avoir donné la vie et l'intelligence.

Je ne trouve pas de mots exacts pour témoigner ma profonde gratitude à l'égard de ma maman, Délisna SANON et de mon papa Hermane SAINT JEAN pour m'avoir donné naissance et éducation de base, sans compter leur support indispensable pour réaliser cette étude. Merci à vous chers parents !

J'adresse mes mots de remerciement d'une manière spéciale et respectueuse au docteur Jean Marie CAYEMITTE pour avoir accepté d'être le directeur de mon mémoire. Ses conseils, ses corrections et ses suggestions m'ont été très utiles. D'un autre côté, je remercie profondément le professeur Georges Gasner LEGAGNEUR pour son support impeccable tout au long de ce travail. Je ne peux ne pas remercier le professeur Lemète ZEPHYR de la Faculté de Linguistique Appliquée (FLA) pour ces conseils méthodologiques.

D'une manière générale, je remercie tous les professeurs de la Faculté de Droits et des Sciences Economiques (FDSE) pour avoir contribué à ma formation durant ces quatre années. Leurs efforts pour nous aider à réussir l'année post-séisme, 2010, méritent d'être salués.

Ma gratitude va aussi à l'endroit de l'Etat Haïtien pour avoir financé mes études pendant ces quatre (4) longues années.

Je tiens aussi à remercier mes collègues de la promotion Martial CELESTIN, pour leur contribution spéciale à ma formation et à la réalisation de ce travail ; notamment, Eden Pascuali SEIDE, Jean Jorès PIERRE, Herlo Winwick VITAL, Jordany BELZIR, Jean Max ST-HILAIRE, Djenny BRICE, Joseph Junior PIERRE...

Je dois aussi être reconnaissant à l'égard de tous mes frères et soeurs du Mouvement Missionnaire Mondial (MMM) pour leur encouragement et leur soutien. Je ne peux oublier les supports particuliers de Me. Max Gédéon BOUTIN, Dr. Marabishi JASMIN, Pierre Ernst JUSTIN, Erby Faille VIL, Kesnor JEAN-FRANÇOIS, Caneau JEANTY, Jacky SALONY et Romulus VARELUS.

Bref, un grand merci à tous les membres de ma famille, pour leur soutien de tous genres. Dans cette lignée je remercie, Myriame VERTUS, ma fiancée, pour sa patience ; ma cousine Marlie Magdala OSTANE, pour m'avoir aidé à identifier certains bénéficiaires des services de microfinance à Carrefour.

À toutes et à tous qui ont contribué d'une façon ou d'une autre à la réussite de ce travail, et dont le nom ne figure pas sur la liste, je présente mes remerciements cordiaux.

RÉSUMÉ

Nombreux sont les pays qui considèrent la microfinance comme un levier du développement ou un instrument de lutte contre la pauvreté grâce à l'opportunité qu'elle offre pour financer des activités génératrices de revenus. Des organismes de développement, dont l'ONU et la banque mondiale, s'arrangent au côté des penseurs microfinanciers pour faire de ce secteur un outil essentiel dans leur politique de développement socio-économique. Testée dans plusieurs autres pays, la microfinance paraît être un instrument essentiel pour financer l'éducation, la santé et les ressources nécessaires au développement de l'être humain.

Haïti, avec un encours de crédit de plus de 2.3 milliards de gourdes en 2009 (1.9 et 2.1 milliards de gourdes) respectivement en 2007 et 2008, fait partie des pays où les services de la microfinance sont en plein développement. Mais, la contribution réelle de la microfinance au développement socio-économique suscite encore des débats contradictoires.

Dans ce travail de recherche nous examinons la relation entre le développement de la microfinance et le développement socio-économique. Sur un échantillon de 31 bénéficiaires des services de la microfinance dans la commune de Carrefour, les résultats du modèle statistique montrent que le développement de la microfinance contribue au développement socio-économique de la commune. En effet, 90% des enquêtés constatent une augmentation de leur bénéfice après avoir obtenu le prêt. Ensuite, parmi ceux utilisant les soins médicaux, 48.4% disent payer ces soins à partir de l'activité que supporte la microfinance. Enfin, 60.7 % de ces bénéficiaires financent la formation scolaire et/ou universitaire de leur famille grâce à leur activité.

Mots clés : Microfinance, développement de la microfinance, développement socio-économique.

TABLE DES MATIÈRES

Dédicace................................................................................................ii

Épigraphe...............................................................................................iii

Remerciements........................................................................................iv

Résumé.................................................................................................vi

Table des matières....................................................................................vii

Liste des tableaux.....................................................................................x

Liste des graphes......................................................................................xi

Liste des sigles et abréviations......................................................................xii

Liste des annexes....................................................................................xix

CHAPITRE 1 INTRODUCTION GÉNÉRALE..................................................................................1

CHAPITRE 2 CHAPITRE 1 MICROFINANCE ET DEVELOPPEMENT : GÉNÉRALITÉS

1.1 Le cadre conceptuel 9

1.1.1 Définition de la microfinance 9

1.1.2 Le développement de la microfinance 10

1.1.3 Développement économique et social 12

1.1.3.1 Développement durable 13

1.1.3.2 La mesure du développement 14

1.2 Fondements théoriques de la microfinance 18

1.3 Genèse de la microfinance 20

1.4 Le développement de la microfinance à travers certaines régions du monde 23

CHAPITRE 3 CHAPITRE 2 REVUE DE LITTÉRATURE SUR L'IMPACT DE LA MICROFINANCE SUR LE DEVELOPPEMENT

2.1 Microfinance et Entreprenariat 27

2.2 Microfinance et Genre 29

2.3 Microfinance et Education 30

2.4 Microfinance et Développement 31

CHAPITRE 4 CHAPITRE 3 L'ENVIRONNEMENT SOCIO-ECONOMIQUE D'HAITI AU COURS DE LA DECENNIE 2000-2009

3.1 Situation géographique d'Haïti 37

3.2 L'environnement économique d'Haïti 37

3.2.1 Le cadre macroéconomique global 38

3.2.2 Causes du marasme économique 39

3.2.3 Présentation sectorielle de l'économie haïtienne 43

3.2.4 Le PIB et l'indice de développement humain 46

3.3 L'environnement social d'Haïti 50

3.3.1 Inégalités et Pauvreté 51

3.4 L'environnement socio-économique à Carrefour 54

3.5 L'évolution de la microfinance en Haïti dans le contexte socio-économique. 56

3.5.1 Panorama du secteur financier haïtien 58

3.5.2 Survol sur les Méthodologies de crédit 64

CHAPITRE 5 CHAPITRE 4 ANALYSE EMPIRIQUE DE L'IMPACT DU DEVELOPPEMENT DE LA MICROFINANCE SUR LE DEVELOPPEMENT SOCIO-ECONOMIQUE

4.1 Les activités de microfinance en Haïti de 2000 à 2009 : le cas d'ACME 67

4.1.1 Présentation d'ACME 68

4.1.2 Les autres institutions de microfinance 72

4.2 Présentation de l'enquête de terrain 74

4.2.1 Présentation de la commune de Carrefour 75

4.2.2 Méthodologie de l'enquête 76

4.2.3 Echantillonnage 76

4.2.4 L'unité statistique 76

4.2.5 Contenu du questionnaire 77

4.2.6 Saisie et traitement des données 77

4.3 Présentation des résultats 77

4.3.1 Les indicateurs relatifs au développement socio-économique 78

4.4 Confrontation des résultats à notre hypothèse 82

Conclusions............................................................................................85

Bibliographie..........................................................................................89

LISTE DES TABLEAUX

Tableau 1: Part du secteur primaire dans le PIB de 2000 à 2009 (en %) 44

Tableau 2: Part du secteur secondaire en % du PIB de 2000 à 2009 44

Tableau 3: Contribution du secteur tertiaire en % du PIB 45

Tableau 4: Evolution du PIB et du PIB par tête de 2000 à 2009 48

Tableau 5: L'évolution de l'IDH d'Haïti et son classement de 2000 à 2009 50

Tableau 6: Les différents services d'ACME 69

Tableau 7 : Evolution des activités d'ACME au cours des années 2000-2009 72

Tableau 8 : Evolution de 14 prêts selon l'enquête de terrain 80

LISTE DES GRAPHES

Graphe 1 : Contribution centésimale des différents secteurs de l'économie haïtienne...... 46

Graphe 2 : Evolution du PIB per capita en dollars US 49

LISTE DES SIGLES ET ABRÉVIATIONS

ACLAM : Action contre la misère

ACME : Association pour la coopération avec la Microentreprise

ACOOPECH : Appui aux Coopératives d'Epargne et de Crédit Haïtiennes

ADA : Appui au Développement Autonome/Action pour le Développement Alternatif

ADIE : Association Pour Le Droit à  L'initiative économique

AECID : Agence Espagnole pour la Coopération Internationale au Développement

AFD : Agence Française de Développement

AHE : Association Haïtienne des Economistes

AIC : Alternative Insurance Company

ANACAPH : Association nationale des caisses populaires haïtiennes

ANFVC : Association Nationale des Femmes Victimes de Coopératives

ANIMH : Association nationale des Institutions de Microfinance en Haïti

APTECH : Ateliers Pilote de Technologie - Crédit

ASEG : Programme d'Analyse Socio-Economique selon le Genre

ASS : Afrique Sub-Saharienne

BC : Banque communautaire

BCA : Bureau de Crédit Agricole

BICH : Banque Industrielle et commerciale d'Haïti

BID : Banque Interaméricaine de Développement

BM : Banque mondiale

BNC : Banque Nationale de Crédit

BPH : Banque Populaire Haïtienne

BRH : Banque de la République d'Haïti

BRI : Banque Rakiat Indonesia

BUH : Banque de l'Union haïtienne

CADEC : Caisse d'Assistance pour le Développement Economique et Social

CBNA : CITIBANK N.A.

CCI : Cadre de Coopération Intérimaire

CD : Crédit direct ou individuel

CEC : Coopérative d'Épargne et de Crédit

CECACHE : Coopérative d'Epargne, de Crédit en Appui au Changement Economique

CEI : Central European Initiative

CELADE : Centre Latino-Américain de Démographie

CEPALC : Commission Economique pour l'Amérique Latine et les Caraïbes

CGAP : Consultative Group to Assist the Poor (Groupe Consultatif d'Assistance aux Pauvres)

CNC : Conseil National de la Coopération/ Conseil National des Coopératives

CODE : Collectif Développement

COD-EMH : Coordination de l'Eglise Méthodiste d'Haïti

CONASOVIC : Coordination Nationale des Sociétaires Victimes de Coopératives

CO SODEV: Coopérative Solidaire pour le Développement

CP : Caisse populaire

CREDICOOP : Crédit coopératif

CRS : Catholic Relief Services

CUCEC : Coeurs-Unis Coopératives d'Epargne et de Crédit

DID : Développement International Desjardins

DSNCRP : Document de Stratégie Nationale pour la Croissance et la Réduction de la Pauvreté

DSRP-I : Document de Stratégie Intérimaire de Réduction de la pauvreté

EBCM : Enquête Budget et Consommation des Ménages

ECVH : Enquête sur les conditions de vie en Haïti

FAO : Fonds des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture

FDI : Fonds de Développement Industriel

FDSE : Faculté de Droit et des Sciences Economiques

FENACAPH : Fédération Nationale des Caisses Populaires Haïtiennes

FHAF : Fonds Haïtien d'Aide à la Femme

FHD : Fondation Haïtienne de Développement

FIDA : Fonds International de Développement Agricole

FINCA Haiti : Foundation INternational for Community Assistance Haïti

FMI : Fonds monétaire international 

FONKOZE : Fondation Kole Zèpol

GFN : Groupe Financier National

GRAIFSI : Groupe d'Appui pour l'Intégration de la Femme du Secteur Informel

GS : Groupe solidaire

GTIH : Groupe Technologie Intermédiaire d'Haïti

HIFIVE : Haiti Integrated Finance for Value Chains and Enterprises

ID : Initiative Développement

IDH : Indice de développement humain

IDT : Indicateur du développement technologique

IHSI : Institut Haïtien de Statistique et d'Informatique

INASSA : Internationale d'Assurance S.A

IMF : Institutions de microfinance

IPF : Indicateur de participation des femmes

IPH : Indicateur de la pauvreté humaine

ISDH : indicateur sexospécifique de développement humain

KEPOMEK : Kès popilè men kontre

KNFP : Konsèy Nasyonal Finansman Popilè

KOTELAM : Koperativ Tèt Ansanm Pou Lavi Miyò

MAMEV : Men Ale Men Vin

MCC : Micro Crédit Capital

MCN : Micro Crédit National

MEDA : Mennonite Economic Development Associates

MENA : Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord

MIX : Microfinance Informaion eXchange

MPCE : Ministère de la Planification et de la Coopération Externe

MS : Mutuelle de solidarité

MSME : Micro Small and Medium Enterprises

NASSA : Nationale d'Assuranse S.A

OMD : Objectifs du Millénaire pour le Développement

ONA : Office National d'Assurance vieillesse

ONG : Organisations Non-gouvernementales

ONU : Organisation des Nations Unies

PAS : Programme d'Apaisement Social

PAP : Port-au-Prince

PIB : Produit intérieur brut

PIM : Plan d'Investissement Municipal

PME : Petites et Moyennes Entreprises

PNB : Produit National Brut

PNUD : Programme des Nations-Unies pour le Développement

PPA : Parité de pouvoir d'Achat

PROMOBANK : Banque de Promotion Commerciale et Industrielle

PVD : Pays en Voie de Développement

SADA : Service and Development Agency Inc.

SFF : Sèvis Finansye Fonkoze

SHEC : Société Haïtienne d'épargne et de crédit

SIDA : Syndrome Immuno-Déficience Acquis

SCOTIABANK : Bank of Nova Scotia

SOCABANK : Société Caribéenne de Banque

SOCABEL : Société caribéenne des banques d'épargnes et de logement

SOFIHDES : Société Financière Haïtienne de Développement Economique et Social

SOGEBANK : Société Générale Haïtienne de Banque

SOGEBEL : Société générale haïtienne des banques d'épargnes et de logement

SOGESOL : Société Générale de Solidarité S.A.

UEH : Université d'Etat d'Haïti

UNFPA : Fonds des Nations Unies pour la Population

USA : Etats-Unis d'Amérique

USAID : Agence des Etats-Unis pour le développement international

US: United States

USD: Dollar américain

VIH: Virus Immuno-déficience Humain

WOCCU: World Concil of Credit Unions

WSBI: World Savings Banks Institute

LISTE DES ANNEXES

Annexe A - Formulaire pour l'enquête de terrain 97

Annexe B - Les résultats trouvÉs à partir des données traitées avec SPSS 101

Annexe C - Tableaux des crédits qui sont augmentés à leur renouvellement 113

CHAPITRE 6 INTRODUCTION GÉNÉRALE

Contexte et Justification

L'accession à l'indépendance dans des conditions difficiles au début du 19e siècle n'a pas été sans conséquences pour Haïti. Jusque vers la fin des années soixante, l'économie haïtienne était caractérisée par une prédominance agricole basée sur la petite exploitation paysanne et de faible productivité (Montas, 2005), qui ne pouvait guère répondre aux besoins de la première république noire, libre et indépendante. En milieu urbain l'économie est liée au commerce international, faible en volume, en valeur et en part relative du produit intérieur brut. L'industrialisation étant restée relativement faible, ralentie en partie par une agriculture qui s'est montrée incapable de satisfaire la demande urbaine malgré les efforts de modernisation économique amorcés au début des années soixante-dix. Depuis des années, Haïti est connu comme le pays le plus pauvre de la Caraïbe (MPCE, 2004) voire du continent américain (Montas, 2005). Les données sur la pauvreté et des inégalités en Haïti révèlent qu'en 2001, 56% de la population haïtienne, soit 4.4 millions d'habitants sur un total de 8.1 millions, vivait en dessous de la ligne de pauvreté extrême de 1$ US par personne et par jour. En 2005, Haïti a régressé dans l'échelle du développement passant du 146e rang en 2000 au 153e rang. L'IHSI, conjointement avec le Centre Latino-Américain de Démographie (CELADE) et le Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA), estime l'espérance de vie à la naissance à 58,1 ans (2000-2005), sur la base des données du Recensement de 2003 (MPCE, pp.14-15, 2007).

En vue d'un redressement de cette situation, beaucoup de programmes ont été mis sur pied. Nous citons, entre autres, les programmes d'ajustements structurels du Fonds monétaire international (FMI) et de la banque mondiale (BM), le Cadre de Coopération Intérimaire (CCI) en 2004, la stratégie des Grands Chantiers présentée en juillet 2006, le Document de Stratégie Intérimaire de Réduction de la pauvreté (DSRP-I) en septembre 2006. On peut citer en outre, le programme d'apaisement social (PAS) de l'administration du président René PREVAL appuyé par la Banque Interaméricaine de Développement (BID). Mais tous n'ont pas abouti à produire les résultats escomptés. En 2007, l'administration du président René PREVAL implémente le Document de Stratégie Nationale pour la Croissance et la Réduction de la Pauvreté (DSNCRP) ayant la vision de relever avec succès quatre défis majeurs, dont le premier consiste à impulser une dynamique forte de rattrapage des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD)1(*), prônés par le PNUD, dans le sens d'un développement social plus consistant (MPCE, p.17, 2007).

Malheureusement, comme pour tous les autres programmes et projets, les conditions de vie en Haïti ne sont pas améliorées avec le DSNCRP. Par conséquent, le pays est dans l'obligation de trouver un instrument qui puisse l'aider à faire le grand saut pour sortir de la pauvreté.

En effet, plusieurs courants d'idées et organismes de développement considèrent la microfinance comme un levier de croissance et de développement économique en faveur des pauvres, qui sont des exclus des services bancaires classiques (Augustin, 2008). La microfinance doit donc proposer des services financiers diversifiés, ajustés à la demande et distribués de manière responsable au plus grand nombre. « Nous sommes tous des entrepreneurs potentiels », témoigne Maria Nowak (ADA, 2003). Le microcrédit offre l'opportunité à ceux qui n'ont pas les moyens de développer leur activité et d'atteindre l'indépendance et l'inclusion sociale et financière, poursuit-elle. Sabrina Djéfal de son côté, constate que beaucoup de personnes ayant contracté des prêts auprès d'organisations de microfinance ont ainsi pu développer leurs activités ou voir leurs conditions de vie s'améliorer très nettement. Elle estime que la microfinance apparaît comme un « remède miracle » parce qu'elle cristallise ainsi les aspirations des praticiens du développement depuis les années 1960, en ce qu'elle représente une sorte de « catalyseur » qui parviendrait (enfin) à enclencher le mouvement de développement tant recherché depuis cette époque.

Les organisations multinationales s'arrangent au côté de la microfinance également. Le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) croit que les initiatives privées peuvent favoriser la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD). C'est dans cet optique qu'il proclame l'année 2005, l'année internationale du microcrédit avec l'objectif d'atteindre plus de 100 millions de pauvres. «  Nous reconnaissons la nécessité d'assurer l'accès des pauvres en particulier aux services financiers, notamment grâce à la microfinance et au micro crédit », telle fut la déclaration des chefs d'Etats et gouvernements réunis au siège des Nations Unis lors du Sommet Mondial en septembre 2005 (Condé, 2007). Christine Lagarde, directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), a plaidé en faveur de l'accès des plus pauvres aux services financiers pour favoriser une  croissance durable et la stabilité financière. « En permettant aux individus et aux familles de mettre à profit des opportunités économiques, l'inclusion financière peut être un facteur puissant de croissance »2(*), a déclaré Mme. Lagarde. La Banque Mondiale de son côté, voit la microfinance comme un instrument permettant de stimuler la croissance et de réduire l'écart entre les riches et les pauvres. Pour la banque mondiale (BM) la microfinance est la fourniture de services financiers, y compris des services de l'épargne, de crédit, d'assurance et de paiement, aux personnes à faibles revenus (Paul, 2011).

Plus de quatre (4) millions de la population haïtienne vivent en situation de pauvreté. Or la microfinance est en plein développement en Haïti (Augustin, 2008 ; Paul et al., 2010 ; Paul, 2011). Selon le recensement de l'industrie de la microfinance en Haïti pour l'exercice 2008-2009, le secteur de la microfinance gérait un portefeuille brut de 4 446 967 664 gourdes, alors qu'il était de 4 101 313 194 gourdes en 2008 ; et le nombre d'emprunteurs en 2009 se chiffrait à 233 186 répartis entre environ 200 institutions de microfinance (IMF) (USAID, 2011). Avec cette croissance du portefeuille de plus de 8.42% pour une seule année, il est clair que le secteur affiche une maturité confirmée. L'inclusion financière pourrait bien permettre aux pauvres Haïtiens de développer des activités entrepreneuriales pouvant les aider à améliorer leurs conditions de vie. La microfinance a connu une forte croissance à travers le monde au cours de ces deux dernières décennies. Durant cette période, l'évolution du secteur a permis, à partir d'initiatives centrées sur les services de crédit, d'embrasser une gamme toujours plus étendue de services financiers, jusqu'à la volonté de construction d'un véritable système d'intermédiation financière « inclusif » au service des pauvres et des populations à bas revenus (Morvant-Roux et Servet, pp. 55-66, 2007). Ce qui pourrait impliquer une participation des pauvres à la croissance économique. Or la croissance économique est en quelque sorte un tremplin pour le développement économique et social.

Problématique

La microfinance consiste à donner accès aux moyens de financement à un maximum de personnes pauvres et leur permettre de mettre à profit leurs capacités en faveur d'un développement durable (ADA, 2003). En Haïti, la microfinance a été privilégiée comme stratégie de lutte contre la pauvreté grâce à l'aide de plusieurs organisations d'aide internationale, et mobilisant principalement les ressources sociales dont disposait la population (Lustin, 2005). Certains pensent que l'accès au crédit pourrait permettre aux pauvres de créer leur propre emploi, puisque le chômage ne se laisse pas défaire facilement dans le pays. On n'est pas censé ignorer la capacité des haïtiens de pratiquer des activités entrepreneuriales parfois même de très petite taille. On peut lister des marchands d'eau, des marchands de boissons dans des bouteilles en plastiques, des marchands de pistaches, de vêtements, de provisions alimentaires... Ces activités sont entreprises fort souvent par un simple prêt d'un proche ou des prêts usuraires communément appelés `'kout ponya''. Malgré cette volonté manifeste de ces haïtiens, beaucoup sont encore à l'écart d'activités réellement profitables et ce problème est dû certaines fois à l'absence de prêts pouvant faire fructifier leurs affaires et si prêts il y a, ils ne correspondent pas à leur situation.

De nos jours, on plaide dans les pays en voie de développement (PVD), en faveur des initiatives individuelles ayant des impacts socio-économiques sur les pauvres-bénéficiaires et financées par la microfinance. Il s'agit alors d'un système financier inclusif solide où les pauvres trouveront la possibilité de camper leurs affaires, d'augmenter leur niveau de vie, de construire un patrimoine et de trouver du travail rémunéré pour investir notamment dans l'amélioration de leur habitat, l'éducation des enfants, les soins de santé ; bref, pour assurer une vie convenable (Djéfal, 2004). Selon l'Association Nationale des Institutions de Microfinance en Haïti (ANIMH), parmi les bénéficiaires de crédit en Haïti globalement, 100 000 étaient des clients des institutions de microfinance ; qui étaient alors au nombre de soixante-dix-neuf (79), avec un portefeuille de 1.235 milliards de gourdes en 2002. En 2007, la microfinance sert 108 778 microentreprises (18% de plus que 2002), avec une nette augmentation du portefeuille (23%) par rapport à 2002 (Dukenson, 2011). En 2009, la microfinance haïtienne est assez diversifiée en termes de services et en termes d'acteurs (Paul, 2011). Mais, la question d'impacts ou de sa contribution au développement reste à vérifier. Nous orientons notre recherche autour de la question suivante:

Le développement de la microfinance contribue-t-il au développement socio-économique des bénéficiaires des services offerts par les IMF à Carrefour?

Formulation de l'Hypothèse de travail

Dans le cadre de cette étude, nous ferons oeuvre qui vaille en vue d'apporter des réponses appropriées à notre interrogation pour l'édification des chercheurs, des décideurs et des analystes sur ce que représente réellement le secteur de la microfinance pour Haïti et particulièrement pour la commune de Carrefour.

À cet effet, notre travail est sous-tendu par l'hypothèse suivante :

Hypothèse de travail : Le développement de la microfinance contribue au développement socio-économique des bénéficiaires à Carrefour.

Objectifs de l'étude

Dans le cadre de cette étude, nous poursuivons l'objectif de montrer l'apport réel de la microfinance sur le développement économique et social à Carrefour. Dans un sens plus détaillé nous tenons à montrer que le secteur de la microfinance se développe année après année. Puis, ce développement du secteur a un impact positif sur le niveau de vie, l'éducation et le revenu des bénéficiaires. Aussi par cette étude aiderons- nous le secteur à mieux connaître les besoins des clients pour mieux les servir car ce secteur est peu étudié, surtout en matière d'impact. Pourtant les enjeux de l'évaluation de la microfinance sont si importants, et grandissants avec l'intérêt qu'y apportent les bailleurs de fonds internationaux, que les méthodologies d'évaluation ne cessent de s'améliorer. Autrement dit, les potentialités de la microfinance à contribuer au développement méritent d'être évaluées (Fischer et Sriram, 2002)3(*). Notre étude s'inscrit dans le cadre d'une préoccupation pour ce secteur très prometteur et surtout pour les pauvres en difficultés de financement et des personnes en situation de chômage. A la fin de l'étude, des recommandations seront faites en vue d'aider ce secteur à être plus performant dans la lutte contre la pauvreté. Notre mémoire fait suite aux peu de recherches qui ont déjà été effectuées autour de ce thème, et il servira probablement de documentation aux recherches subséquentes.

Limites de l'étude

Cette étude ne prétend pas être exhaustive. Elle est limitative en ce sens que l'enquête concerne les activités de microfinance dans la commune de Carrefour et ne prend pas en compte toutes les variables pouvant expliquer le développement. Ensuite, le cas d'étude concerne spécifique des activités d'une seule IMF, l'ACME, avec un survol sur les autres grandes institutions du secteur, et couvre la période 2000-2009. Bref, notre étude est bornée dans le temps et dans l'espace. Elle est aussi limitée pour le fait qu'elle ne concerne que les IMF non-coopératives. Enfin, les données administratives dont nous disposons concernent les activités de microfinance sur l'échelle nationale et non locale.

Approche méthodologique

Pour vérifier notre hypothèse, nous allons recourir à diverses démarches et approches. Pour la mesure de l'impact socio-économique nous nous inspirons des indicateurs utilisés dans le calcul de l'indice de développement humain (IDH) par l'organisation des nations unies (ONU). Nous aurons à analyser des indicateurs qualitatifs ayant rapport avec les conditions de vie et l'éducation sans oublier les indicateurs quantitatifs notamment le revenu et les dépenses, en vue de la vérification de notre hypothèse de travail. Pour ce faire, nous avons procédé à une enquête de terrain sur un échantillon de bénéficiaires des services de la microfinance dans la commune de Carrefour.

La recherche documentaire occupe aussi une place de choix dans ce travail.

En premier lieu, nous avons consulté des documents officiels de la République d'Haïti : des forums présentés par certaines instances de l'Etat ; des études et recherches effectuées par le Ministère de la Planification et de la Coopération Externe, de l'Institut Haïtien de Statistiques et d'informatiques, de la BRH etc. Ensuite, nous nous sommes aussi servis des documents de l'Organisation des Nations Unies notamment de certains organismes tels le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), le Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA)...

En second lieu, nous nous sommes servis des sites dédiés spécialement à la microfinance et d'autres sites d'informations utiles à la réussite de cette étude. Ces institutions cumulent une très riche variété d'ouvrages, d'études et de documents de toutes natures sur ce sujet. Ces sites web seront ajoutés à la bibliographie à la rubrique sitographie.

Enfin, nous avons exploré les documents d'auteurs, les mémoires et thèses d'étudiants et des articles de journaux et revues autour du thème.

L'enquête a été réalisée sur un échantillon composé de ménages-propriétaires de micro, petites et moyennes entreprises bénéficiant d'un crédit au moins, issu d'une institution de microfinance dans la commune de Carrefour. L'échantillon comportait 31 bénéficiaires des services de microfinance.

Articulation du mémoire

Ce présent travail comprend quatre (4) chapitres. Le premier présente les considérations générales sur le thème. Il analyse les concepts formant l'hypothèse générale et fait l'historicité du secteur de la microfinance... Le deuxième chapitre fait une revue de littérature sur le thème de recherche. Le troisième chapitre analyse l'environnement socio-économique d'Haïti pour la période d'étude et une présentation du secteur financier haïtien. Le quatrième prendra en compte l'étude empirique de la microfinance dans le processus de développement d'Haïti, particulièrement à carrefour de 2000 à 2009. On y présente l'évolution des activités de l'ACME pour la période 2000-2009 avec un survol sur les autres institutions pour la même période. On présentera les résultats de l'enquête et on en fait une analyse en vue de la vérification de notre hypothèse du travail.

CHAPITRE 1 CHAPITRE 7 MICROFINANCE ET DEVELOPPEMENT : GÉNÉRALITÉS

La pauvreté constitue l'un des problèmes majeurs des pays en développement (PED). Ces derniers cherchent incessamment d'instruments capables d'éradiquer ce phénomène. Parmi lesquels la microfinance s'illustre comme un instrument puissant dans la réalisation de cet objectif compte tenu du fait qu'elle est orientée vers les pauvres et les exclus du crédit bancaire classique. La microfinance est un moyen d'assurer aux familles pauvres les mêmes droits et les mêmes services qu'à toutes les autres, fait remarquer Kofi Annan (2005)4(*). Comme la microfinance vise la réduction de la pauvreté dans ses diverses dimensions, elle est devenue un instrument important de lutte contre la pauvreté (Schürings et al., 2011). Les clients sont souvent moins vulnérables que ceux qui n'ont pas accès à ce service, et dans de nombreux cas que leur revenu monétaire augmente, constatent Schürings et al. (2011). Ce chapitre présente une vue générale du concept de microfinance. Nous y tenterons de traiter les concepts abordés dans cette étude. Nous prenons le soin de présenter les fondements théoriques de cet outil financier. Il retrace aussi l'historicité du secteur et son développement à travers le monde.

7.1 Le cadre conceptuel 

Le cadre conceptuel fait référence à la manière dont on a utilisé les concepts à travers ce travail, c'est-à-dire les variations observées dans la réalité du concept. Dans ce travail, les concepts Microfinance et Développement économique et social sont mis en évidence. Dans les paragraphes qui suivent, nous allons camper ces concepts.

7.1.1 Définition de la microfinance

Il y a un d'énormes définitions pour le concept de microfinance. Cependant, dans la littérature financière, les penseurs sont unanimes sur l'idée que la microfinance est une offre globale de services financiers comprenant le microcrédit, la microépargne, la microassurance et autres services permettant de proposer aux personnes pauvres et non bancarisés, une offre de produits adaptés à leurs besoins5(*). Pour le Consultative Group to Assist the Poor (CGAP), le terme «microfinance» s'entend de la prestation de services financiers formels aux personnes pauvres et à faible revenu (et, pour le crédit en particulier, aux personnes non salariées), ainsi qu'à d'autres particuliers qui sont systématiquement exclus du système financier (CGAP, 2012). Dans les pays en développement (PED), la microfinance est aujourd'hui placée au centre des politiques de développement. Même l'Organisation des Nations Unies entre de plein pied dans le jeu microfinancier de telle sorte qu'elle proclama l'année 2005, année internationale de la microfinance. D'ailleurs elle entend la microfinance comme la prestation de divers services financiers à des populations pauvres et à faibles revenus. Dans notre hypothèse de travail nous utilisons la formulation « développement de la microfinance ». Voyons ce que nous entendons par cette formulation dans les lignes qui suivent.

7.1.2 Le développement de la microfinance

Le développement de la microfinance n'est pas une expression nouvelle qui entre dans la littérature microfinancière. En effet, cette formulation est utilisée par plusieurs auteurs dans des études sur la microfinance. Dans une étude réalisée conjointement avec Alix DAMEUS et Lionel FLEURISTIN, Bénédique PAUL présente un aperçu historique sur le développement de la microfinance. Bénédique PAUL (2011) consacre une partie de sa thèse au développement de la microfinance. Donija AUGUSTIN (2008) utilise aussi ce concept dans le cadre de son mémoire de sortie. L'approche de ces auteurs nous sert de référence théorique pour cerner la formulation « développement de la microfinance ». Ces auteurs considèrent le développement de la microfinance comme l'évolution des activités, des services...

Comme dans les autres pays en développement, Haïti a été un terreau fertile pour le développement de la microfinance (Paul, 2011). A l'origine, la motivation du développement de la microfinance en Haïti a été double : il s'agissait de subvenir à un déficit d'accès au crédit tout en luttant contre les pratiques usuraires (communément appelées kout ponya6(*) en Haïti). Etroitement liée au mouvement coopératif, la microfinance existe en Haïti depuis la fin des années 1940 avec l'établissement de la première coopérative d'épargne et de crédit en Haïti. Mais, c'est au début des années 80 que les premières institutions de microfinance non-coopératives font leur apparition dans le pays (Paul, 2011).

Le coup d'Etat et l'embargo de 1991 ont donné une nouvelle impulsion à la mise en place de programmes de microfinance en Haïti. A la fin des années 90, Haïti a connu une accélération du nombre des acteurs de la microfinance. Cette accélération marque très fortement le panorama actuel du secteur. Le sous-secteur coopératif (222 IMF) représentait 337 126 membres en 2007, les coopératives affiliées à l'ANACAPH représentaient 309 160 membres en décembre 2009 (40 IMF). La clientèle de crédit des CEC membres de l'ANACAPH représentaient 28 648 individus au 31 mars 2007. Les IMF non-coopératives affiliées à l'ANIMH représentaient une clientèle de 94 671 emprunteurs en avril 2006. Ce nombre est passé à 125 691 emprunteurs en septembre 2009 (PAUL et al. p.13, vol. 5, numéro 1, 2010).

Le recensement de 2006/2007 (USAID, 2008), révèle que la plupart des coopératives oeuvrant dans le secteur comptent moins de 5 000 clients. En 2008, les coopératives à elles seules disposaient d'un actif de 64 790 297 de dollars américains.

C'est en vertu de cette analyse que la formulation « développement de la microfinance », est admise dans le cadre de ce travail, comme un renforcement des activités de la microfinance mesurées par l'évolution du nombre d'emprunteurs et l'évolution du volume de crédits octroyés. Bref, le concept développement de la microfinance est accepté comme l'accélération des acteurs et des activités de la microfinance.

7.1.3 Développement économique et social

Le terme développement, en français, apparaît à la fin des années 1950. Il est issu de celui de sous-développement, de la prise de conscience de l'écart économique croissant qui sépare le monde développé du Tiers-monde7(*). Mais la première utilisation du mot « développement » dans cette acception est due au président  Harry Truman dans la « partie IV » de son discours d'investiture du  20  janvier  1949. Le développement peut être défini comme l'ensemble des changements économiques, sociaux, techniques et institutionnels liés à l'augmentation du niveau de vie et résultant des mutations techniques et organisationnelles issues de la révolution industrielle du 18e siècle. Pour l'encyclopédie en ligne, wikipédia, Le développement économique et social fait référence à l'ensemble des mutations positives qui soient techniques,  démographiquessociales, sanitaires... que peut connaître une zone  géographique comme le monde, un continent, un  pays, une région...

Il est important de différencier la croissance du développement car, même les économistes ont tendances à confondre les deux concepts, qui présentent évidemment des différences considérables (Lalime, 2014). Selon l'économiste haïtien Thomas Lalime, la croissance économique est le phénomène par lequel le revenu par tête s'accroît, en moyenne, au cours du temps. Tandis que, nuance-t-il, le développement économique ne se limite pas uniquement à l'augmentation quantitative du revenu par tête. Il ajoute que le développement comprend aussi des évolutions qualitatives. Néanmoins, souligne M. Lalime, le développement économique passe nécessairement par la croissance.

L'économiste français François PERROUX conçoit le développement comme une combinaison des changements mentaux et sociaux d'une population qui la rendent apte à faire croître cumulativement et durablement son produit intérieur brut (PIB) réel. Cette définition se rapproche de celle de Douglass NORTH qui voit le développement économique comme le passage d'un ensemble d'institutions archaïques à des institutions modernes capables d'oeuvrer au bien-être de la population (Lalime, p.24, 2014).

Toutes ces définitions non-exhaustives du développement, montrent l'incidence que doit avoir le développement sur l'être humain. En effet, toute politique de développement doit objectivement viser la population bénéficiaire. M. North, parle de modernisation institutionnelle en matière de développement. De cette définition de North, on peut admettre que l'évolution et les innovations dans les institutions de microfinance peuvent bien contribuer au développement économique et social d'Haïti. D'ailleurs, Plusieurs économistes s'accordent sur le fait que le développement économique est conditionné par le développement financier (Beck et al., 2008 ; Norel, 1997, cité par B. Paul 2011).

Parfois le développement peut constituer un malaise pour le futur des sociétés car, les processus de développement ne sont pas sans conséquences sur l'environnement. C'est pourquoi beaucoup de pays plaident pour un type de développement qui ne compromet pas la vie future. Ce type de développement est connu sous le nom de développement durable. Dans le paragraphe qui suit, nous faisons une présentation succincte du développement durable.

7.1.4 1.1.3.1 Développement durable

Le développement durable ou soutenable s'entend donc d'un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs8(*). Le développement durable s'appuie sur une vision à long terme qui prend en compte le caractère indissociable des dimensions environnementale, sociale et économique des activités de développement. En effet un développement durable doit penser à la réduction de l'émission des gaz à effet de serre de façon à stopper le réchauffement de la planète (Doura, p.139, 2002).

Si le développement est au centre de tous les débats, surtout dans les pays en développement, il convient alors de poser la question : comment savoir qu'un pays est développé ? Ou encore comment mesurer le développement ? Dans les lignes suivantes nous tâcherons de présenter la mesure du développement.

7.1.5 1.1.3.2 La mesure du développement

La déclaration Universelle des droits de l'homme stipule que : « Toute personne a droit à un niveau de vie suffisant pour assurer sa santé, son bien-être et ceux de sa famille, notamment pour l'alimentation, le logement, les soins médicaux ainsi que pour les services sociaux nécessaires ; elle a droit à la sécurité en cas de chômage, de maladie, d'invalidité, de veuvage, de vieillesse, ou dans les autres cas de perte de ses moyens de subsistance, par suite de circonstances indépendantes de sa volonté »9(*).  La déclaration poursuit que « l'éducation doit viser au plein épanouissement de la personnalité humaine et au renforcement du respect des droits de l'homme et des libertés fondamentales. Elle doit favoriser la compréhension, la tolérance et l'amitié entre toutes les nations et tous les groupes raciaux ou religieux, ainsi que le développement des activités des Nations Unies pour le maintien de la paix »10(*)

De cette déclaration on s'accorde sur le fait que la seule croissance du PNB/ habitant ou du PIB per capita n'est pas un facteur suffisant pour analyser le développement. En effet, ce n'est pas parce que le niveau de PNB/habitant croît que la qualité de vie des populations s'améliore systématiquement. De ce fait, de nombreux indicateurs alternatifs ont ainsi été créés pour mesurer le développement, notamment les questions d'éducation, de santé, de nutrition, de sentiment de bien-être, etc. L'un des plus connus est indubitablement l'Indice de Développement Humain (IDH).

a) Le PNB per capita

L'indicateur le plus utilisé (et controversé) est le Produit National Brut (PNB) par tête qui établit le classement de la Banque Mondiale. Il est indéniable qu'une Banque doit privilégier la réussite économique ! Le PNB par tête est un indicateur du revenu qui permet une classification entre "Economies à bas revenu" (moins de 730 $ en valeur 1995), "Economies à revenu moyen" (plus de 770 $ et moins de 8210$) avec deux tranches intermédiaires (inférieures et supérieures) autour de 3100 $. Les pays à haut revenu ont un revenu supérieur à 9700 $ et surtout atteignent un revenu moyen de 24930$. L'écart entre les pays riches et pays pauvres reste un indicateur très médiatique; sur la base d'une comparaison entre les deux premiers et les deux derniers déciles, l'écart a continué à se creuser en passant de 1 à 30 à 1 à 60. Cependant le PNB per Capita ne mesure pas la dimension qualitative du développement. Pour combler le vide laissé par le PNB/tête qui mesure le développement seulement en fonction de la production, le programme des Nations Unies pour le Développement crée l'Indice de Développement Humain (IDH). Mais, l'histoire retient qu'il est le fruit des oeuvres de l'économiste pakistanais Mahbub ul Haq11(*), avec la collaboration du prix Nobel d'économie de 1998, l'économiste indien Amartya Sen12(*).

b) L'indicateur de développement humain (IDH)

L'ndicateur de développement humain proposé par le PNUD se fonde sur une conception du développement humain défini comme « le processus conduisant à l'élargissement de la gamme des possibilités qui s'offrent à chacun. Les possibilités de choix offertes aux individus ne sont ni finies ni statiques. Cependant, quel que soit le stade de développement, les trois possibilités essentielles sont celles de vivre longtemps et en bonne santé, d'acquérir des connaissances et de pouvoir accéder aux ressources nécessaires pour vivre dans des conditions décentes (Conté, 2004). Le développement humain ne s'arrête pas pour autant à ce niveau. Nombreux sont ceux qui accordent une grande valeur à d'autres possibilités de choix, qui vont de la liberté politique, économique et sociale, à l'opportunité de faire preuve de créativité et de productivité, de pouvoir vivre dans le respect de soi-même et dans le respect des droits de l'homme (PNUD, 1993,1997 ; cité par Conté, pp.18-19, 2004).

L'IDH est un indice normé et est utilisé depuis 1990 par le PNUD. Il privilégie la longévité, le savoir et le niveau de revenu. Conçu au départ comme la moyenne arithmétique des indicateurs de durée de vie, de niveau d'éducation, et de PIB réel corrigé par la PPA, il est actuellement calculé à partir de quatre variables de base: revenu, espérance de vie, alphabétisation des adultes, nombre moyen d'années d'étude, en différenciant le primaire, le secondaire et le supérieur. Le développement a trait à la "possibilité" fondamentale (et non plus à la détention de biens matériels) d'intégration d'un ou de plusieurs individus dans la société. Cette possibilité a trois composantes : mener une vie longue et saine, accéder à la connaissance et à l'information, enfin bénéficier de ressources assurant un niveau de vie décent (Mathieu, s.d.).

c) Méthodologie de l'IDH

L'IDH comporte une valeur maximale et une valeur minimale pour chaque critère. L'Espérance de vie à la naissance: 25- 85 ans. - Alphabétisation des adultes; 0% - 100 % - Taux de scolarisation: 0%- 100 % - PIB réel par habitant (PPA): 100 $ - 40 000 $.

Le PNUD classe les pays selon que l'IDH soit élevé, moyen ou faible. Les pays dont l'IDH est supérieur à 0.804 sont dits pays à développement humain élevé, ceux dont l'IDH>0.507 sont des pays à développement moyen et les pays à faible développement humain sont ceux dont l'IDH<0.507.

D'après le classement du PNUD en mars 2013, la Norvège est en tête avec un IDH de 0.955, suivie par l'Australie avec 0.938. Au bas du classement se trouve la République démocratique du Congo et le Niger avec un IDH ex aequo de 0.304. Selon ce même classement, Haïti, avec un IDH de 0.456, occupe la 161e place sur 187 pays disposant de données comparables. Soulignons toutefois que l'IDH d'Haïti croît annuellement de 1.8%, passant de 0.335 en 1980 à 0.456 en 2012 (PNUD, 2013).

A cause de diverses controverses sur le PNB/tête, particulièrement celle relative aux distorsions liées à l'utilisation du dollar US pour cet indicateur, on tentait de le corriger en créant un nouvel indicateur, l a Parité des Pouvoirs d'Achat (PPA) qui équivaut au nombre d'unités d'une monnaie étrangère requises pour acheter les mêmes montants de marchandises et services sur un marché d'un pays donné qu'un dollar achèterait aux USA13(*).

d) Quelques autres indices

D'autres variables sont aussi implémentés pour mesurer le développement, sinon certaines facettes du développement. En effet, depuis 1995, le PNUD s'intéresse à l'égalité des sexes et la participation des femmes à travers deux indicateurs: l'ISDH et l'IPF (Conté, pp. 25-27, 2004). L'indicateur sexospécifique de développement humain (ISDH part de l'IDH, mais tient compte des inégalités sociologiques entre les sexes. L'indicateur de participation des femmes (IPF), Cet indicateur mesure la participation des femmes à la vie économique et professionnelle et aux prises de décisions politiques.

Un autre indice qui s'est vu créé est l'indicateur de la pauvreté humaine (IPH).

« Un indicateur de la pauvreté humaine (IPH) mesure la misère dans quatre grands aspects de la vie humaine : la capacité de vivre longtemps et en bonne santé, le savoir, les moyens économiques et la participation à la vie sociale (Ibid, p. 27). Ces aspects de la misère sont les mêmes pour tous les pays, qu'ils soient industrialisés ou en développement. Pour les pays en développent on calcule l'IPH-1, qui s'intéresse sur l'insuffisance en termes de longévité, le défaut d'instruction et le manque de conditions de vie décentes sur le plan économique en général. Tandis que pour les pays industrialisés on calcule l'IPH-2, qui se penche sur la longévité, le savoir, les conditions de vie et l'exclusion.

Pour évaluer la capacité d'un pays à innover et à diffuser les innovations, ainsi qu'à constituer une base de compétences humaines », on a développé un indicateur du développement technologique (IDT).

Bien qu'il présente certaines limites, notamment dans la mesure quantitative de certains aspects du développement humain, nous adoptons, dans le cadre de notre travail, l'IDH comme mesure référentielle du développement. Mais en réalité, nous traiterons les données d'une manière différente compte tenu des difficultés relatives à la quantification de certaines données. En outre, nous nous inspirons de la méthode de calcul de Bernard CONTE (2004). En effet, les variables ayant rapport avec les conditions sociales et sanitaires de vie (Espérance de vie), l'éducation (scolarisation et alphabétisation) et le bénéfice réalisé (PIB per capita) permettant d'acquérir des ressources nécessaires seront priorisés dans l'analyse de la contribution de la microfinance au développement, même si nous ne pourrons pas quantifier les valeurs à cause d'insuffisance de données, dans le cadre de notre étude.

7.2 Fondements théoriques de la microfinance

Marguerite S. Robinson (2001) a identifié quatre théories expliquant le développement de la microfinance : la théorie de la demande appliquée à la finance « supply leading finance theory», le paradigme de l'information imparfaite (The Imperfect Information Paradigm), les marchés informels de crédit (Informal Commercial Moneylenders), et l'épargne des pauvres (Savings and the New Microfinance).

La théorie de la demande en finance consiste à octroyer en avance des prêts dans le but d'inciter l'investissement et, par conséquent la croissance économique. La théorie est venue de la combinaison de trois idées: a) que les gouvernements des nouveaux pays émergents étaient responsables de leur développement économique ; b) qu'il était crucial que soient adoptées rapidement et largement, les technologies agricoles de haut rendement au développement économique ; c) et que la plupart des agriculteurs ne pouvaient pas se permettre les coûts complets du crédit dont ils auraient besoin à acheter les intrants pour les nouvelles technologies. Dans ce contexte, des programmes massifs de crédit rural subventionnés ont été établis dans une grande partie du monde en développement.

Le paradigme de l'imperfection de l'information fait référence aux situations d'asymétrie d'information entre les candidats à un prêt et les bailleurs de fonds. Les modèles d'école de l'information imparfaite des marchés de crédit ne sont pas concernés spécifiquement par le microcrédit, mais leur nature générale et le souci de leurs auteurs pour les pays moins développés et les marchés de crédit rural les ont accordés une importance particulière. Un certain nombre de modèles de crédit d'information imparfaite ont été construits, basé sur l'hypothèse que les banques ne peuvent pas différencier le coût effectif entre les demandeurs de prêts à faible risque de ceux à haut risque. Les IMF ont fait preuve d'innovation dans la résolution des problèmes d'aléa moral et de sélection adverse.

Le secteur financier informel est omniprésent dans les économies en développement. Il a évolué sur les réseaux de parenté, social et ethnique. Les IMF et le secteur financier informel ciblent les mêmes clients: ceux qui sont incapables d'accéder au système formel. En raison des contraintes que font face les prêteurs informels comme participants à l'économie locale, ils doivent rationner le crédit. Diriger les institutions de microfinance commerciale a démontré qu'on peut obtenir de l'information suffisante pour servir des millions d'emprunteurs rentables, avec un très haut taux de remboursement.

L'épargne des pauvres : Le système financier informel charge des taux élevés. Ce qui représente un obstacle pour les individus et les ménages pauvres. Les IMF en exerçant et en ciblant le même marché que les systèmes informels arrivent à atténuer cet obstacle. Enfin, le personnel des IMF ont une connaissance intime des conditions locales, ce qui leurs permet d'absorber une grande quantité de petites économies dans un bon rapport coût-efficacité (Dicko, pp.7-8, 2009). Certaines gens épargnent pour lisser les flux de revenus et de consommation: les agriculteurs épargnent au moment de la récolte pour passer à travers la pré-saison de "faim", tandis que les entrepreneurs qui dirigent des entreprises de hautes et basses saisons, épargnent pour les basses saisons pendant les hautes saisons. L'épargne des gens à faible revenu sera utilisée pour les situations d'urgence, les opportunités d'investissement les obligations sociales et religieuses, l'éducation des enfants et à d'autres fins (Robinson, 2001).

1.2.1 Principes clés de la microfinance

La microfinance est encadrée d'un ensemble de onze (11) principes clés élaborés par le Consultative Group to Assist the Poor (CGAP). Le CGAP est un consortium de 28 agences de développement publiques et privées travaillant ensemble pour étendre l'accès des pauvres aux services financiers (CGAP, 2004). Ces onze principes sur la régulation et la supervision de la microfinance sont formulés comme suit:

1. Les pauvres ont besoin d'un ensemble de services financiers et pas seulement de prêts.

2. La microfinance est un outil puissant contre la pauvreté.

3. La microfinance signifie construire des systèmes financiers pour les pauvres.

4. La pérennité financière est nécessaire pour atteindre un nombre significatif de pauvres.

5. La microfinance consiste à construire des institutions financières locales pérennes.

6. Le microcrédit n'est pas toujours la solution.

7. Les taux d'intérêt plafonnés peuvent pénaliser l'accès des pauvres aux services financiers.

8. Le rôle de l'état est celui d'un facilitateur, pas d'un prestataire direct de services financiers.

9. Les fonds des bailleurs devraient compléter les capitaux privés, pas les concurrencer.

10. Le manque de capacités institutionnelles et humaines est la contrainte majeure.

11. La microfinance fonctionne mieux quand elle mesure et diffuse ses performances.

Ces principes ont été endossés par le Sommet du G8 à Sea Island, Géorgie, en juin 2004, au cours duquel ses états membres se sont notamment engagés à «augmenter le nombre, l'échelle et l'efficacité des IMF».

7.3 Genèse de la microfinance14(*)

La microfinance existe en réalité depuis des siècles sous différentes formes (Yola, 2009). Certains affirment que la microfinance est en réalité une pratique très ancienne déjà utilisée du temps des babyloniens (Mpanzu Balomba, 2005)15(*). On estime même que des mécanismes informels de prêt et d'emprunt ont existé en Asie depuis plusieurs millénaires. En 1462, un moine italien, Barnabé de Terni, fonde une institution caritative, le Monte di Pietà, en Italie, pour lutter contre l'usure. Près de deux (2) siècles plus tard, soit en 1653, un financier italien, Lorenzo Tonti, créa en France une nouvelle formule d'épargne sous forme d'association d'épargnants. Il donnera son nom à la tontine. En 1720, A Dublin, Jonathan Swift est le premier à prêter des petits montants à des artisans pauvres de la ville. Au cours de la deuxième moitié du 19ème Siècle, en 1864, l'Allemand Friedrich-Wilhelm Raiffeisen16(*) fonde en Rhénanie la première société coopérative de crédit mutuel. Son objectif était d'offrir aux banques des cautions mutuelles afin que les paysans démunis accèdent au crédit. En France, en 1880, le Père Ludovic de Besse fonde le Crédit Mutuel et Populaire, qui sera à l'origine des Banques Populaires17(*).

Néanmoins, on attribue au Dr Muhammad Yunus18(*), prix Nobel de la paix de 2006, le père de la microfinance moderne. La « banque de village », Grameen Bank, est née sous les auspices du professeur Yunus, et popularise le crédit solidaire, un crédit alloué à un groupe dont chacun de ses membres est solidaire des autres, pour le mettre à profit et le rembourser. Dorénavant, des bureaux de la Grameen Bank sont présents dans plus de 80 000 villages, et compte plus de 6 millions d'emprunteurs.

Sous l'inspiration du succès de la Grameen Bank, sont apparues de nombreuses institutions de microfinance (IMF) dans les années 1970 et 1980. Elles ont démarré leurs activités en tant qu'ONG, pour la plupart, et ont été financées par des subventions provenant de fonds publics et privés. Devenues rentables, elles ont augmenté rapidement le nombre de leurs clients. Elles ont permis de démontrer que les pauvres étaient solvables bien qu'ils ne puissent offrir de garanties financières. Ainsi, la microfinance s'est avérée un business viable, et les pauvres constituent aujourd'hui un véritable marché.

Environ une décennie plus tard, soit dans les années 1990, des structures spécialisées dans le financement des IMF apparaissent. Elles proposent des prêts aux IMF qui prêtent ensuite à leurs clients.

Le premier sommet du microcrédit a été organisé à Washington, en 1997. Et c'est de ce sommet que la microfinance s'est légitimée comme instrument de lutte contre la pauvreté (Tebili, 2008). Vu l'importance de la microfinance l'année 2005 a été proclamée année internantionale de la microfinance par le programme des nations unies pour le développement (PNUD).

L'intérêt pour la microfinance s'amplifie sans cesse. D'autres modèles en dehors des ONG sont encouragés. Plusieurs grandes institutions bancaires sont également entrées sur le marché de la microfinance, telles que le Crédit Suisse, la Deutsche Bank et Citigroup. Petit à petit, la microfinance s'intègre au système financier classique.

La microfinance ne se borne pas seulement au service du microcrédit, aussi d'autres services financiers tels que la « micro-épargne » et « micro-assurance » sont venus enrichir l'offre de services de la microfinance. Au cours de ces années, la microfinance a été aussi le sujet de nombreuses innovations. Des services de « mobile banking » (services de transferts d'argent à travers les téléphones portables) ont été développés, et d'autres services adaptés aux besoins locaux ont également été introduits.

Les plus grandes IMF se trouvent en Asie, au Bangladesh et en Inde en particulier grâce à la Self Employed Women Bank. En revanche, en Chine la microfinance ne fait que commencer. En Amérique latine, historiquement très forte en Bolivie (ACCION est l'un des premiers réseaux de microfinance du monde), elle s'est récemment beaucoup développée au Pérou et au Mexique et peine à contrario au Brésil à cause du plafonnement des taux d'intérêts. Elle se développe de façon très dynamique en Afrique dans tous les pays politiquement stables (Bénin, Sénégal, mali, Kenya). Elle a remporté un très vif succès au Maroc et progresse rapidement au Moyen Orient (Palestine, Egypte et Jordanie). Il est difficile de prévoir le futur de la microfinance, mais on estime à 500 millions le nombre de personnes toujours en attente de financement19(*).

La section suivante présente de manière plus détaillé l'évolution du secteur de la microfinance dans certaines régions du monde.

7.4 Le développement de la microfinance à travers certaines régions du monde

Les praticiens de la microfinance estiment qu'il existe environ dix mille institutions de microfinance de toute taille réparties sur les cinq continents (Perron et Weiss, 2011). En 2010, 1 900 institutions de microfinance étaient recensées par le MixMarket20(*). Selon cette source, l'encours de microcrédit dans le monde atteignait 65,2 milliards de dollars US en 2009 tandis que les estimations de la demande de microcrédits oscilleraient entre 250 et 300 milliards de dollars US. Le nombre de micro-entrepreneurs bénéficiant de microcrédit était de 154 millions de personnes selon le rapport de la Campagne du Sommet du Microcrédit 2009 (Perron et Weiss, p. 23, 2011).

La microfinance est présente dans la plupart des pays de l'Union européenne, mais s'y est développée de manière très différente et inégale d'un pays à l'autre. En France, l'offre de microfinance est très importante tant en termes de diversité, qu'en quantité. L'association pour le droit à l'initiative économique (ADIE) en France - qui opère depuis plus de 20 ans - avec plus de 3000 prêts par an, est, à l'heure actuelle, l'un des opérateurs les plus ciblés pour les pauvres. La dernière enquête effectuée en 2010 sur l'exercice 2008-2009, donne un état des lieux précis du secteur du microcrédit en Europe : 170 organisations de microcrédit dans 21 pays européens y ont répondu21(*).

Le Canada a aussi une offre assez importante, notamment dans la ville de Québec, considéré comme le berceau des coopératives d'épargne et de crédit Desjardins, dont la philosophie est la même que celle du microcrédit : «mettre l'argent au service des gens». Le réseau de crédit communautaire n'a que 10 ans, mais connaît déjà un grand succès. 6,5 M$ de prêts ont déjà été accordés à des taux variant entre 0 % et 10 %22(*).

Dans les années 80, les Etats-Unis ont connu un accroissement dans le secteur de la microfinance, grâce aux autorités publiques et aux congrégations religieuses (Augustin, 2008). La microfinance permet aux américains de créer leurs propres entreprises afin de trouver du temps pour leur famille. Le taux d'intérêt flotte autour de 10 % aux Etats-Unis23(*).

Au Mexique où 40 % environ de la population vivent en dessous du seuil de pauvreté, la microfinance est un outil essentiel pour sortir la population mexicaine de la pauvreté et soutenir l'essor économique du pays. Pour exemple, l'ex-Président, Vicente Fox (président du Mexique de 2000 à 2006), a créé le centre Fox destiné à lancer un vaste programme de microcrédit dont les familles aux revenus les plus modestes pourront bénéficier. Mais on retient que ce mouvement a démarré avec l'ONG banco compartamos créée en 1990 et qui compte en 2000, 600 000 clients (Pujol, p.8, 2009).

L'Asie a été témoin du succès phénoménal de la microfinance, au Bengladesh précisément. C'est l'endroit où l'offre de la microfinance est plus élevée au monde, soit 84% des comptes (Augustin, 2008). Mais l'offre est majoritairement concentrée en chine et en Indonésie. La plus grande institution de microfinance du monde est la Banque Rakiat Indonesia (BRI), une société affiliée à une banque publique restructurée fonctionnant sur une base commerciale. L'encours de crédit de la zone à la fin de 2010 représente 37.4 % de l'encours total soit 24,3 milliards de dollars US (Perron et Weiss, 2011).

Comme pour les autres régions du monde, la microfinance est en pleine expansion dans le continent africain. L'equity Bank au Kenya a ouvert plus de 200 000 comptes d'épargne en un an, l'utilisation de la carte de paiement au Sénégal et en Tanzanie, la dissémination des terminaux points de vente transformant les caisses enregistreuses des boutiques en agences bancaires virtuelles (Augustin, 2008). À la fin de 2008, les IMF opérant en Afrique Sub-Saharienne (ASS) déclaraient servir 6,5 millions d'emprunteurs et 16,5 millions d'épargnants. Le taux de pénétration en matière d'emprunts ne dépasse pas 3% en ASS (MIX/CGAP, p.1, 2010).

En Europe orientale et Asie centrale l'encours de crédit représente, en 2011, seulement 11% de l'encours total (Perron et Weiss, 2011).

L'inclusion financière est très faible dans la région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord (MENA)24(*), ce qui empêche un grand nombre d'habitants d'accéder à des services financiers, quels qu'ils soient. C'est particulièrement vrai pour certains groupes, notamment les femmes et les jeunes. En effet, seulement 18% des adultes disposent d'un compte dans une institution bancaire reconnue, ce qui est l'un des plus bas taux d'inclusion financière au monde. Cette catégorie de la population reste la plus touchée par cette exclusion financière : 13% des femmes ont un compte bancaire traditionnel, tandis que seulement 2% des jeunes adultes avaient un compte d'épargne en 2011.

La microfinance en Amérique latine et les Caraïbes est dominée par l'approche tant sociale que commerciale. Du point de vue social elle fournit un ensemble de service d'assurance et de transferts, c'est pourquoi on surnomme les membres du WSBI (World Savings Banks Institute), en Amérique latine, institutions financières socialement engagées. Sur le plan commercial, elle offre une gamme variée de services financiers à des personnes pauvres à travers un ensemble d'institutions rentables et réglementées. La typologie des IMF se présente en deux grandes catégories : les IMF réglementées qui se subdivisent en ONG de microcrédit transformées, institutions de microfinance dotées d'un agrément spécial, les banques traditionnelles ; et les IMF non réglementées. En Amérique Latine, les membres du WSBI ont enregistré une forte croissance en termes de clients, de portefeuille et de collecte d'épargne. Au cours des années 2004-2006, leur portefeuille a augmenté en moyenne de 40% et leur clientèle de 30%. Il faut préciser qu'en Amérique latine, les pays les plus économiquement lotis ne développent pas des activités d'envergure de microfinance sur leur territoire. Ce sont les cas du Brésil et de l'Argentine. En février 2011, on a estimé l'encours de crédit pour la région Amérique Latine et Caraïbes à 19,6 milliards de dollars US (Perron et Weiss, 2011). On reconnaît trois grands types de services microfinanciers dans cette région, qui peuvent être combinés : le microcrédit, la micro-épargne et la micro-assurance. On définit les articulations de ces services comme des « systèmes de microfinance combinée » (WSBI, 2009).

Comme nous le constatons, le secteur de la microfinance est en nette extension et expansion à travers le monde. La microfinance est loin d'être l'apanage des pays en développement, mais aussi un outil important pour les économies des pays du Nord.

Conclusion

Ce premier chapitre vient de faire une présentation générale sur le secteur de la microfinance. On y a développé le cadre conceptuel de l'étude et les fondements théoriques de la microfinance. On a aussi fait une présentation synthétique de l'évolution de ce secteur dans certaines régions du monde. Enfin, on a étudié certains aspects du développement ainsi que sa mesure au terme de ce long voyage. A travers ce chapitre, on est censé avoir une meilleure compréhension de la microfinance et du développement socio-économique. En ce qui a trait à la contribution de la microfinance au développement, des auteurs ont partagé à leur manière, une panoplie d'expériences de pensées autour de cette préoccupation. C'est ce qui fait l'objet du chapitre deux (2) de ce travail.

CHAPITRE 8 REVUE DE LITTÉRATURE SUR L'IMPACT DE LA MICROFINANCE SUR LE DEVELOPPEMENT

Depuis des décennies la microfinance occupe une place importante dans les politiques de développement. Conscients de l'importance de cet outil, beaucoup de chercheurs ont tenté de développer des théories y relatives, notamment sur l'impact socio-économique. Cependant tous les courants ne sont pas unanimes sur la notion d'impact de la microfinance. D'aucuns ne croient pas que la microfinance ait un impact positif sur le développement. D'autres croient que la microfinance est un bon outil de lutte contre la pauvreté et qu'elle peut améliorer la condition de vie des pauvres.

Les chercheurs qui se rangent au côté de la microfinance comme outil de lutte contre la pauvreté développent chacun de leur manière, les théories relatives à la contribution de la microfinance au développement. Ainsi étudient-ils la microfinance en tandem avec d'autres thématiques expliquant le développement séparément. De ce fait la microfinance fait le tandem avec l'Entreprenariat, le genre, l'Education, le développement etc.

Dans le cadre de cette étude, nous nous accrochons à ceux qui croient que la microfinance peut être un instrument de développement. D'entrée de jeu, nous allons présenter laconiquement la microfinance associée aux thèmes entreprenariat, genre, éducation puis au développement qui constitue en fait l'objet de notre travail.

8.1 Microfinance et Entreprenariat

Dans un monde où le chômage frappe à grands coups, la création d'entreprise nécessite une attention particulière. « Nous sommes tous des entrepreneurs potentiels » remarque Maria NOWAK (ADA, 2003). Le microcrédit offre l'opportunité à ceux qui n'ont pas les moyens de développer leurs activités et d'atteindre l'indépendance, poursuit-elle. Certaines institutions de microfinance proposent parfois des microcrédits permettant la consommation de biens et services «  d'avenir » : notamment l'éducation et les prêts alloués à l'amélioration du milieu de vie. Nowak s'accroche à l'idée que la microfinance est un outil contre l'exclusion.

Plus loin, elle soutient l'idée que l'accès au capital permet aux petits paysans ou à des travailleurs indépendants, qui forment la majorité de la population du Sud, de développer leur activité ou de créer leur propre emploi. Il existe, selon la présidente fondatrice de l'Association pour le Droit à l'Initiative Economique (ADIE), environ 10.000 institutions de microcrédit dans le monde et leur encours total est de l'ordre de 1,5 à 2,5 milliards d'euros. Pour Nowak le défi de ces institutions est d'essayer de couvrir progressivement leurs coûts, en les limitant par des méthodes appropriées et en pratiquant des taux d'intérêt relativement élevés, appliqués à un nombre important de clients, se comptant en millions en Asie et en dizaines ou centaines de milliers en Amérique Latine et en Afrique. Elle reconnait toutefois que le développement de la microfinance a été plus lent à cause de la prédominance du travail salarié et de l'alternative de l'aide sociale ; mais avec la montée du chômage à cause de l'effondrement du secteur public en Europe centrale et orientale particulièrement, la microfinance s'est évidemment propagée (ADA, pp.29-33, 2003).

Dans cette lignée, Isabelle Guérin (2003) fait ressortir que si l'on cherche à promouvoir l'entreprenariat, l'efficacité se mesure en termes de survie et de longévité de l'entreprise, éventuellement de la croissance (chiffre d'affaires, bénéfice,...). Et que si l'on cherche à lutter contre la pauvreté, l'efficacité se mesure en termes de l'amélioration et de la stabilisation de revenu, ainsi que d'autonomie financière.

Le financement de la microentreprise féminine fait partie des priorités du système financier de microfinance, par le simple fait qu'il est rapporté que les femmes sont la cible prioritaire des institutions de microcrédit, souligne-t-elle. Elle (Guérin) s'illustre de l'exemple de la Grameen Bank pour promouvoir non seulement l'entrepreneuriat par le crédit, mais surtout l'entrepreneuriat féminin, car à la Grameen Bank la clientèle était composée à 95% de femmes (GUERIN, 2003). Compte tenu du nombre élevé des clients féminins, il s'avère d'une importance capitale de fixer un regard envers les femmes comme Isabelle Guérin le présente dans ses interventions. La section qui suit est une brève présentation de l'association de la microfinance au genre.

8.2 Microfinance et Genre

Le programme d'Analyse Socio-Economique selon le Genre (ASEG) croit qu'on se trompe souvent lorsqu'on parle de genre qui est selon lui, un concept relationnel qui analyse le rôle des femmes par rapport à celui des hommes dans la société et vice versa, et ne doit pas être confondu avec leur sexe. L'ASEG poursuit que dans le domaine de la microfinance, contrairement aux attentes, il existe des problèmes inhérents à une approche orientée seulement vers les femmes. Ces derniers peuvent aggraver davantage les inégalités. Car, l'évidence croissante du meilleur taux de remboursement de certaines femmes a engagé de nombreux intermédiaires à cibler plus particulièrement ces dernières. Les petites sommes de crédit, utilisées en microfinance, sont souvent perçues comme convenant mieux aux femmes qu'aux hommes parce que ces dernières, dans certains pays, sont moins mobiles (ASEG, pp.30-31, 2003).

De toute évidence, nous admettons qu'une attention soutenue doit être accordée aux femmes, car selon le PNUD, les femmes constituent la majorité des pauvres, et que par définition la microfinance s'intéresse particulièrement aux pauvres.

D'ailleurs, pour Axel de VILLE, le fait de donner accès aux services financiers aux femmes, est un moyen de mobiliser leurs capacités productives en faveur du développement économique. Car en plus du rôle qu'elles jouent au niveau de la famille, elles peuvent, par la microfinance, devenir des acteurs économiques. Constituant la majeure partie des gens vivant en dessous du seuil de pauvreté, les femmes, au moyen de la microfinance, peuvent ériger leurs affaires, transformer leurs vies économiques et leurs représentations sociales. La directrice exécutive d'ADA relate plus loin, que la microfinance favorise le processus d' « empowerment25(*) » des pauvres, particulièrement des femmes. Ce qui repose sur une question de changement, de choix et de pouvoir. Il s'agit d'un processus par lequel des individus ou des groupes vulnérables, qui n'ont au départ pas ou peu de pouvoir, s'affirment, se renforcent et deviennent capable de faire des choix qui affectent leur existence (ADA, op. cit., pp.23-29).

Dans Microfinance et autonomie feminine (working paper no 32), Isabelle Guérin plaide aussi pour une microfinance en faveur des femmes. Il s'agit à la fois de leur donner les moyens de développer des activités génératrices de revenus et de leur permettre d'acquérir des méthodes de travail. Face à cette double exigence, soutient Mme Guérin, la microfinance apparaît comme un outil particulièrement pertinent. Elle fait remarquer qu'aujourd'hui, organismes multilatéraux, gouvernements, bailleurs de fonds et ONG partagent tous la même conviction: il n'y a pas de développement possible et durable sans la participation des femmes en qualité d'acteur. On constate qu'elles (les femmes) affectent leurs revenus davantage au bien-être familial et on en déduit qu'il vaut mieux adresser à elles. Selon elle, c'est ce qui explique cet engouement pour la clientèle féminine.

La microfinance s'illustre comme un instrument important dans bien d'autres domaines de la vie des pauvres. Certains croient que l'éducation peut jouer un rôle important à l'émancipation des sociétés. Dans la section suivante, un survol est fait sur la pensée relative au partenariat microfinance et éducation.

8.3 Microfinance et Education

Le président de Freedom House from Hunger Christopher Dunford est d'avis que la microfinance est l'outil indispensable que les gens très pauvres ont besoin pour trouver des solutions aux causes et conditions de leur pauvreté. Il tient compte dans ces écrits du problème éducatif qui est l'un des déterminants de la pauvreté. Convaincu que l'éducation est la base du développement, il argumente que la microfinance de groupe constitue une excellente opportunité pour fournir les services éducatifs bon marché dont les pauvres ont besoin, des services qui peuvent aussi améliorer leur performance en tant que clients d'institutions de microfinance. Il croit que la microfinance sert à intégrer les femmes avec des services de santé et d'éducation. Pour Dunford la microfinance est un moyen de promouvoir la planification familiale et la prévention du VIH-SIDA (Dunford, p.18, 2006).

Il s'illustre à partir de l'exemple de CRECER en Bolivie qui offre des programmes d'éducation sur la planification familiale qui incluent la distribution de contraceptifs, et de FOCCAS Uganda qui offre des programmes d'éducation sur la planification familiale et la prévention de l'infection par le VIH. Il appelle ce système Crédit avec Education, prestation de service unifié. Dans sa pensée, Dunford associe l'éducation à la santé. Pour lui une bonne éducation permettrait de résoudre certains problèmes de santé au sein des ménages et par extension, au sein de la société.

La microfinance permet de résoudre un ensemble de problèmes basiques dans les pays pauvres et même dans les pays industrialisés. On n'est pas censé dire que la microfinance à elle seule peut entraîner le développement, mais plus d'un sont d'avis qu'elle peut porter une contribution spéciale au processus de développement dans son sens le plus large. Les paragraphes qui suivent traitent leurs pensées.

8.4 Microfinance et Développement

« La microfinance s'illustre comme étant l'outil le plus prometteur et le moins couteux dans la lutte contre la pauvreté mondiale », Jonathan Morduc26(*) (Sam, 2005 ; Blondeau, 2006).

L'Organisation des Nations Unies rapporte qu'une profusion d'études a confirmé par leur rigueur analytique ce que des observations ponctuelles sur plus d'une dizaine d'années avaient déjà révélé, à savoir que l'accès aux services financiers, en particulier au microcrédit, permettait aux populations pauvres d'accroître leur revenu, de se constituer des actifs et d'être mieux préparées face aux périodes de crise. On s'est également aperçu, poursuit l'ONU, que les clients du microfinancement, en particulier les femmes, étaient devenus plus autonomes, avaient pu investir leur surcroît de revenus dans l'éducation, la santé et l'alimentation et étaient plus aptes à faire face aux imprévus (ONU, 2004).

Dans « mise en oeuvre de la première décennie des nations unies pour l'élimination de la pauvreté (1997-2006) et préparatifs de l'année internationale du microcrédit en 2005, (2004) », l'ONU confirme que l'impact du microcrédit et de la microfinance dans la lutte contre la pauvreté se voit à divers signes, tels que l'amélioration du revenu, de l'emploi et des dépenses du ménage ainsi que des ménages mieux armés face aux turbulences économiques et sociales. La preuve est faite que l'accès au crédit permet à beaucoup de pauvres d'accroître, de diversifier et de protéger leurs revenus. Par ailleurs, les institutions de microfinancement dans de nombreuses régions ont signalé une hausse des dépenses du ménage et des possibilités d'emploi chez leurs clients. L'organisation des Nations Unies poursuit que l'accès à des services financiers tels que les prêts, l'épargne ou l'assurance permet aux populations pauvres de se prémunir face aux crises économiques ou aux catastrophes naturelles, ainsi qu'aux imprévus, au chômage ou à des vicissitudes telles que les décès dans la famille. La microfinance peut améliorer la capacité de gestion des risques des ménages, grâce au renforcement du capital social par la formation et par le perfectionnement. L'ONU croit que l'inclusion financière peut s'avérer un important outil dans la réalisation des objectifs du millénaire pour le développement.

Nicolas BLONDEAU fait une analyse objective sur l'impact réel du secteur microfinancier dans son ouvrage « la microfinance : un outil de développement durable ?(2006) ». Il affirme qu'aux exclus du système financier formel, la microfinance fournit des services diversifiés. Il résume les retombées positives du secteur de la microfinance en fonction des progrès réels pour les clients en termes d'augmentations de revenus, de réduction de vulnérabilité, d'accès aux soins, à l'éducation, au logement, d'une hausse de la confiance et d'estime de soi... Cependant, il a fait remarquer que la microfinance n'est qu'un outil financier, et n'est pas une solution complète, elle nécessite la complémentarité d'autres outils de développement.

Philippe JEANNIN et Mariam SANGARE font ressortir, dans leur ouvrage « La microfinance. Quels impacts économiques et sociaux ? (s.d.)», que la microfinance génère un effet revenu, par l'activité économique qu'elle autorise dans les foyers. Selon elles, la microfinance améliore consommation et épargne, au bénéfice des enfants en particulier et de leur éducation. Pour ces auteurs, l'impact de la microfinance doit être mesuré en tenant compte de la zone ou de la région dans laquelle s'installe l'IMF. Pour eux, dans les pays en développement, l'exclusion n'est pas seulement bancaire ou financière, les pauvres sont également exclus des services de base tels que l'éducation, la santé. C'est pourquoi la diversification des activités des IMF est plus marquée dans ces zones, avec des activités de formation, d'alphabétisation ou d'éducation à l'hygiène domestique se combinant aux services financiers. Ils estiment que l'effet revenu des microcrédits est une partie minime de l'effet que la présence d'un programme de microfinance peut avoir sur la vie des villageois en pays en développement (PED). Cependant, constatent-ils, la microfinance est de plus en plus utilisée pour lutter contre les formes d'exclusion présentes dans les pays développés.

De son côté, Simon CORNEE (2006) voit les dispositifs de microfinance comme des structures offrant des services financiers de base (épargne/crédit) et plus élaborés (assurances) à une frange de la population exclue des circuits financiers classiques. Dans son mémoire de master27(*), Cornée soutient que la microfinance apparaît comme une solution dans la lutte contre le chômage de masse en ce sens qu'elle permet de réinsérer des populations précarisées dans l'économie de marché afin qu'elles se réintègrent dans les circuits économiques et, par voie de conséquence, qu'elles se ré-sociabilisent.

Dans sa présentation autour du thème « Microfinance : un outil de lutte contre la pauvreté. Principes et mécanismes de base » dans le dialogue 31 sur la microfinance en Europe, Mia ADAMS avance que la microfinance donne les moyens aux pauvres de mettre à profit leur capacité en faveur du développement économique durable. Elle voit la microfinance comme un outil de lutte contre la pauvreté et l'exclusion financière. S'appuyant sur des statistiques du département de Microfinance des Nations Unies, estimant à quelques 500 millions, les pauvres qui font actuellement fonctionner de manière rentable une microentreprise, Adams confirme que la microfinance peut présenter une véritable porte de sortie vers l'intégration économique et sociale pour ces individus, disposant de projets productifs, mais exclus des institutions financières formelles. Elle dit remarquer d'ailleurs depuis un certain nombre d'années que la plupart de ces personnes survivent grâce à des activités d'auto-emploi ou dans le cadre d'une micro ou petite entreprise. Mia Adams fait remarquer toutefois que la microfinance n'est pas la charité. Elle ne peut pas s'exprimer par : « Donnons quelque chose aux pauvres pour les aider ». Adams met l'accent sur l'aspect disciplinaire du système. Pour qu'elle puisse jouer pleinement son rôle, la microfinance doit se construire sur une discipline de gestion, sur la volonté de réussir à la fois au niveau de la clientèle et au niveau des institutions. Et elle suggère de ne pas considérer la microfinance comme pouvant tout faire, ce qu'elle qualifie de grave erreur (ADA, op. cit., pp.15-22).

Quant à Cédric LOMBARD, il croit que la microfinace s'intéresse d'abord aux pauvres actifs, en leur permettant de pouvoir compter sur une source de fonds flexible, fiable et relativement bon marché et sur d'autres services financiers en vue de faire prospérer leurs affaires. Une institution de microfinance cherche à réintégrer des personnes exclues dans un système économique et social où elles peuvent alors s'affirmer et s'épanouir, a fait savoir M. Lombard dans son article « Pourquoi relier la microfinance avec les marchés financiers internationaux ? » dans le dialogue 31 d'ADA (2003). En leur offrant des services adaptés à leurs besoins, poursuit-il, elle (la microfinance) permet à ces entrepreneurs de sortir d'une logique de très court terme : ils deviennent capables de stabiliser (voire de faire augmenter) les revenus issus de leur petit business et peuvent s'offrir le luxe inconnu jusqu'alors de penser et préparer l'avenir par l'accès à l'épargne ou à l'assurance. Du point de vue de M. Lombard le succès continu du secteur microfinancier exige une gestion efficace. Il conclut que la mise en place d'un tel système financier exige des institutions qu'elles deviennent pérennes et pour ce faire les IMF doivent se concentrer sur quatre (4) éléments principaux à savoir: la taille critique de leur portefeuille, la gestion de leur risque crédit, la gestion de leur structure de coûts et la gestion de leur croissance.

Dans le « guide de référence pour le secteur de la microfinance (1999) », l'Agence Canadienne pour le Développement International (ACDI) conçoit la microfinance comme un domaine en rapide évolution qui offre un énorme potentiel comme moyen d'aider les pauvres. Mais, souligne l'ACDI, les projets de microfinance doivent être bien conçus et bien s'intégrer au contexte des collectivités qu'ils doivent servir. Le domaine de la microfinance englobe un large éventail d'activités et d'interventions constate l'ACDI. Pour cette dernière, il faut prendre le soin de cibler efficacement les pauvres dans le cadre d'un projet de développement par le biais des IMF. C'est-à-dire il faut savoir les identifier en fonction de la région et du genre ; les rejoindre par la promotion des services de microfinance ; susciter leur intérêt en élaborant de méthodes innovatrices de prestations de services, remplaçant les garanties traditionnelles par une responsabilité de groupe, processus de demande simplifiée, limites peu élevées pour l'épargne et les prêts ; et exclure ou dissuader les non-pauvres soit avec des taux d'intérêt élevés et faible niveau des prêts (auto-exclusion) ou par des critères d'admissibilité favorisant les gens de faibles revenus.

Enfin, pour Sabrina Djéfal, la microfinance représente une nouvelle source de financement de l'économie qui allie implication des populations concernées, financement et activités économiques. En cela, elle s'adapterait à un contexte socio-économique particulier où les points de vue et modes de fonctionnement de la population seraient pris en compte tout en favorisant l'accumulation économique par la création d'activités ; tout cela grâce à un simple financement. Elle pense que la microfinance donne lieu de croire que la relation finance-croissance économique est avérée. Djéfal constate beaucoup de personnes ayant contracté des prêts auprès d'organisations de microfinance ont ainsi pu développer leurs activités ou voir leurs conditions de vie s'améliorer très nettement. Elle estime que la microfinance apparaît comme un « remède miracle » parce qu'elle cristallise ainsi les aspirations des praticiens du développement depuis les années 1960, en ce qu'elle représente une sorte de « catalyseur » qui parviendrait (enfin) à enclencher le mouvement de développement tant recherché depuis cette époque.

Dans sa thèse, Sabrina Djéfal estime que la microfinance allie la pratique et la logique du secteur privé tout en s'insérant dans le contexte socio-économique des « pays en voie de développement ». Elle offre à chacun la possibilité de se réjouir de l'un ou de l'autre de ses aspects et met tout le monde d'accord sur la pertinence de continuer les investissements dans cette voie. Djéfal a présenté le taux de remboursement et la confiance comme des facteurs de réussite des Institutions de Microfinance.

Conclusion

Cette revue de la littérature montre que le secteur microfinancier peut apporter une contribution réelle au développement économique et social des gens (bénéficiaires). Economique, dans la mesure où la microfinance permet aux pauvres de camper leurs propres entreprises et de créer d'auto-emplois. Les IMF permettent aux pauvres de générer un effet revenu qui les facilite l'accès aux ressources nécessaires. Social, dans le sens que la microfinance permet l'émancipation du rôle de la femme dans la maison et dans l'entreprise, permet d'améliorer la qualité de la santé, de l'éducation... De surcroît, la microfinance permet de réduire les vulnérabilités. Bref, elle permet d'améliorer la qualité de vie dans un contexte pluridimensionnel. Bien que nous nous accrochions aux pensées des auteurs qui sont convaincus que la microfinance contribue au développement, nous ne sommes guère autorisés de clamer que la microfinance contribue au développement en Haïti avant l'expérimentation scientifique de la cause. Avant d'y arriver, il s'avère convenable de faire une présentation synthétique de la situation socio-économique d'Haïti au cours de la période d'étude. Le chapitre trois (3) qui suit se fait le témoin de cette cause.

CHAPITRE 9 L'ENVIRONNEMENT SOCIO-ECONOMIQUE D'HAITI AU COURS DE LA DECENNIE 2000-2009

La décennie 2000-2009 a été une période marquante pour Haïti sur divers aspects : politique, écologique, économique et social. Dans ce chapitre nous retraçons les différents éléments marquants de la situation économique et sociale, pour laquelle nous avons un intérêt très poussé. Nous prenons le soin de présenter et d'analyser certains indicateurs de développement tels : le PIB, le taux de croissance, l'IDH, l'évolution des différents secteurs de l'économie haïtienne... Nous analysons la situation sociale en fonction des inégalités et de la pauvreté qui gangrène le pays. Nous prenons le soin d'analyser l'évolution de la microfinance en Haïti dans le contexte socio-économique. Nous présentons aussi le panorama du secteur financier haïtien et un survol sur les méthodologies de crédit. Avant d'y arriver, présentons succinctement la situation géographique du pays.

9.1 Situation géographique d'Haïti

Haïti est une île située dans la mer des Caraïbes entre le golfe du Mexique, en face du canal de Panama, entre les parallèles 17°39' et 20° de latitude nord et les méridiens de 68° 20' et 74°30' de longitude, par rapport à Greenwich et 68°20' et 74°2' de longitude ouest du méridien de Paris. Les langues officielles du pays sont le Créole et le Français. On adopte comme système politique, le système démocratique. La surface totale du pays atteint les 27 750 km² et sa capitale est Port-au-Prince. Le pays est divisé en dix (10) départements. La population d'Haïti est de 9 923 243 habitants (recensement par estimation de 2009) dont plus de 43,6 % seraient citadins28(*).

9.2 L'environnement économique d'Haïti

La situation économique d'Haïti présente des particularités alarmantes depuis l'accession à l'indépendance en 1804. Elle se voit aggravée en 1986 à cause des troubles politiques chroniques qui règnent en maîtres dans la société Haïtienne. Le pays est classé au bas de l'échelle du classement des pays du continent américain et de la Caraïbe, d'où l'identification de pays le plus pauvre de cette région. La dépendance à l'importation, la faiblesse de l'agriculture, un secteur secondaire non-structuré et un secteur tertiaire atypique. Telles sont entre autres, les problèmes économiques majeurs du pays depuis des décennies. Les paragraphes qui suivent, dressent la situation macroéconomique d'Haïti pour la période allant de 2000 à 2009.

9.2.1 Le cadre macroéconomique global

La période 2000-2009 n'affiche pas bonne santé de l'économie haïtienne. En effet, le premier quinquennat a connu une baisse de croissance considérable. En 2000, le taux de croissance du PIB a baissé de moitié lorsqu'il passe à 1.2% alors qu'il a été de 2.4% en 1999 (IHSI, 2005, comptes économiques). Puis, cette situation de décroissance persiste pour amener des taux de croissance négatifs de 2001 à 2004. Avec la transition de 2004, le pays semble se remettre de ses troubles socio-politiques qui empêchent le bon fonctionnement de l'économie nationale. Ainsi, l'économie accuse-t-elle une série de croissances positives depuis 2005 jusqu'à 2009 (IHSI, 2009, OMD). Cependant, le taux de croissance moyen pour la période est de 0.67% contre un taux de croissance démographique moyen de plus de 1.8% pour la même période. L'inflation a connu une montée vertigineuse en 2003 et passée à deux chiffres avec un taux de 41.92 %, alors qu'elle n'a atteint que 4.7 % en septembre 2009 (IHSI, 2009 ; ANIMH, 2009). L'investissement, bien qu'en hausse graduellement, ne dépasse pas le seuil de 73 161 millions de gourdes en valeur nominale. Le taux de chômage se situe autour de 40 % en 2009 alors qu'il était aux environs de 70 % en 2000. L'indice de pauvreté humaine (IPH) passait de 41.1 en 2001 à 42.3 en 2008 (UNFPA, 2010). Le faible niveau d'investissement témoigne l'étroitesse du marché du travail. L'investissement brut en capital fixe se stabilise autour de 25 % (Augustin, 2008). Selon les données de l'IHSI, la balance commerciale a connu un déficit de 16 074 en 2000, alors que ce déficit permanent a été estimé à 79 262 en millions de gourdes courantes en 2009 (IHSI, Ibid.). En 2009, les exportations étaient de l'ordre de 53 087 millions USD contre des importations évaluées à 100 573 millions USD (IHSI, 2009). L'exportation nette est toujours négative. Ce déficit de la balance commerciale constitue un déséquilibre majeur pour l'économie du pays.

La situation en 2009 a été très affectée par le climat politique lié aux élections de juin 2009 et aux troubles sociaux occasionnés par le débat sur le salaire minimal qui devrait être porté à 200 HTG/jour (ANIMH, 2009).

Le pays, qui a plus de 75% de sa force de travail qualifiée à l'étranger, a subi l'impact négatif que génère la crise économique internationale sur le volume de transferts sans contrepartie de la diaspora haïtienne dans l'économie, car les transferts représentent plus de 20% du PIB, et jouent un rôle important dans la lutte contre la pauvreté. Certains économistes estiment à plus de 30% des familles haïtiennes qui reçoivent des transferts financiers sans contrepartie. Ces transferts sont particulièrement vitaux dans la création et/ou le maintien des PME du secteur informel et même formel. Soulignons que les statistiques ne tiennent pas compte des transferts informels via des Institutions de Microfinance membres de l'ANIMH, tel par exemple le Sèvis Finansye FONKOZE qui gère un volume de plus de 7,000 transferts en milieu rural pour un montant estimé à plus de vingt (20) millions de dollars américains au cours de l'exercice 2008-2009 (ANIMH, Ibid.).

Ces quelques lignes ont fait une description laconique des différents problèmes économiques que connait Haïti au cours de la décennie 2000-2009. Haïti est en proie à un marasme économique sur toute la période. Il est évident que si l'on veut résoudre des problèmes il faut bien les poser. La section suivante répond aux questions relatives aux causes du marasme économique d'Haïti.

9.2.2 Causes du marasme économique

Depuis 1986, l'économie haïtienne se trouve dans une situation très critique qu'elle n'arrive pas encore à s'en remettre. Les économistes travaillant sur cette question, croient que ce marasme prédomine la société haïtienne depuis environ deux siècles (Montas, 2005). Structurellement, il est attribuable à une situation de départ extrêmement défavorable vu la nature de son accès à l'indépendance, à un ensemble de facteurs d'ordre sociologique, politique, démographique, économique historiquement déterminés et à une combinaison de choix stratégiques et de politiques économiques explicites ou implicites qui ont inhibé le développement des forces productives. La politique internationale hostile vis-à-vis d'Haïti est aussi prise en compte comme un facteur défavorable au développement du pays. En 1950, Haïti occupait déjà la dernière place du classement des pays du continent américain en fonction de leur revenu per capita. Cette place est maintenue jusqu'en 1980 (Ibid.).

Le taux de pauvreté est élevé entre 1981 et 2000 à environ 60 % en moyenne de la population à partir des données locales et continue à augmenter entre 2000 et 2003. Selon les économistes, ce déséquilibre est mécaniquement lié au ralentissement de la croissance dû à la chute des investissements, à la baisse de la productivité et des exportations. Ajoutée à cela la croissance négative du PIB par habitant et l'augmentation de la population dans un contexte d'inflation persistante qui conduit de nouveaux ménages dans la pauvreté. Tous les indicateurs socio-économiques d'Haïti ont abordé un cycle long de stagnation et de difficultés énormes à partir de 1981. L'investissement total représentait 18% en moyenne du PIB sur la période 80-87 et a chuté en passant à environ 14 % en moyenne entre 2000 et 2003. Le PIB per capita a enregistré, pendant la période 1987 à 2003, une décroissance de 2.1 %. La composition de l'investissement réalisé par le Trésor public qui cache un volume non négligeable de dépenses courantes et la très faible productivité du secteur agricole qui constitue encore près du tiers du PIB, mais dont les capacités d'adaptation aux nouvelles conditions du marché se sont révélées très limitées, sont entre autres des facteurs qui expliquent ces piètres performances.

D'autres causes spécifiques contribuent à reproduire et à maintenir cette situation de pauvreté. Une énumération non-exhaustive comprendrait : L'émiettement continu des propriétés couplé à la stagnation technologique, la dégradation de la qualité du sol et l'érosion, la croissance démographique dans une économie à croissance négative, l'accélération dans les années 90 de la tendance à la baisse de la production et des exportations de café amorcée dès les années 1880. Nous incluons également, la fuite de cerveaux par l'émigration de professionnels et de techniciens qualifiés affectant la productivité de l'économie Haïtienne, sa compétitivité et sa capacité à absorber l'épargne externe notamment l'assistance externe. En 2004 et 2008 le pays a connu des ouragans majeurs causant de pertes importantes en vie et biens. Qui plus est, ces désastres ont transporté et raviné certaines surfaces cultivables. On se rappelle les ouragans Jeanne en 2004, Hannah et Ike en 2008, pour ne citer que ceux-là. En 2008, ces catastrophes naturelles en saison cyclonique ont causé des dommages évalués à près d'un milliard de Dollars US, ce qui équivaut à 15% du PIB29(*).

L'instabilité socio-politique constitue un handicap majeur au développement du pays. Entre 1985 et 2003, le pays a connu neuf présidents et plus d'une quinzaine de gouvernements. Ces remous politiques affaiblissent l'autorité de l'Etat, amenuisent les capacités de l'administration publique à travers une rotation rapide des personnels de décision et une tendance à la dégradation des salaires réels. Cette instabilité politique après 1986, a provoqué par ailleurs successivement le tassement de la croissance du secteur de la sous-traitance, sa décroissance et enfin à sa quasi-disparition sous l'effet de l'embargo imposé à Haïti en octobre 1991 avec disparition de plusieurs milliers d'emplois directs et indirects. Bien que très loin d'assurer le bien-être de la population, le pays a connu une période de croissance positive de 1997 à 1999. Cette reprise est due au retour à l'ordre constitutionnel et l'absence de troubles socio-politiques. De ce fait les taux de croissance du PIB étaient de 2.7 en 97, 2.2 en 98 et 2.7 en 99 (Montas, Ibid.). Les troubles politiques qui ont survenu en 2000 constituent un nouveau tournant dans l'économie. C'était le début d'une période de chute libre du taux de change. En effet, le taux croissance du PIB chute à 0.9% en 2000, pour ensuite passé à -1.0% en 2001, -0.3 % en 2002, 0.4 % en 2003, -3.5 % en 2004 (IHSI, 2005). En 2004, l' « opération Bagdad30(*) » et la vague d'incendie, de kidnapping et de meurtre qui s'en suivaient, ont contribué, en moins d'un an, à la fermeture de plusieurs entreprises accentuant ainsi la descente aux enfers de l'économie sur la période (Augustin, 2008). L'émeute de la faim en 2008, a causé un ralentissement dans le secteur des affaires, car elle a occasionné des dégâts matériels importants dans certaines entreprises de la place.

A ces différentes causes, il faut ajouter les chocs exogènes dont leur impact affecte directement et durablement certains secteurs (Montas, Ibid.). On liste dans cette catégorie l'élimination du cheptel porcin au début des années 80 qui a réduit substantiellement et durablement le patrimoine des paysans et amenuisé leur capacité d'épargne, l'embargo imposé à Haïti en octobre 1991 par la communauté internationale qui a pratiquement affecté de façon négative l'ensemble des secteurs d'activités et l'association d'Haïti et des Haïtiens au SIDA par le Gouvernement américain au début des années 80. Cette dernière a causé un tort non négligeable au secteur du tourisme en particulier.

Appliquées dans un contexte politique inapproprié, les politiques d'ajustement structurel, n'arrivent pas à atteindre leur objectif, selon les économistes. Au contraire elles contribuent à maintenir le pays dans la pauvreté (Montas, 2005.). La libéralisation du commerce international et du marché monétaire a conduit à l'apparition de biais ou de distorsions préjudiciables à la croissance en général et à l'atteinte d'objectifs spécifiques comme l'augmentation du taux d'exportation, car elle n'a pas été faite dans un contexte socio-politique propice aux investissements. Depuis 1985 on n'enregistre pas de hausse dans l'exportation du café, ce qui autrefois constitue un facteur glorieux pour Haïti. Joint à cela, un marché international caractérisé par des prix extrêmement faibles. Cet état de fait, renforce davantage la déprime des revenus. Les termes de l'échange se sont vus manifester une tendance à la détérioration pour Haïti à partir de 1999 à cause, bien sûr, de ces phases de baisse du cours international.

Se posant la question sur le fait que certains pays ne croissent pas de manière soutenue, l'économiste haïtien Thomas LALIME (2010), s'inspirant du modèle de destruction créatrice de Philippe Aghion et Peter Howitt en 1992, croit que la trappe de pauvreté31(*) existant dans les pays en développement peut provenir aussi de la malchance d'adopter la mauvaise technologie. Pour Robert Lucas, la trappe de la pauvreté peut être due à l'insuffisance de capital humain ; puisqu'en absence d'un niveau de savoir-faire adéquat, l'investissement dans la machinerie n'apportera guère de résultat (Lalime, 2010). Ces causes sont lamentables quand on se souvient que la majorité de l'intelligentsia haïtienne réside à l'étranger et que le système éducatif haïtien marche à un niveau déconcertant. Et la pauvreté en Haïti ne cesse de poursuivre son chemin.

Rappelons qu'entre 2000 et 2003 le PIB a régressé de plus de 5 %, ce qui équivaut à une régression de plus de 10 % du PIB par tête. Durant cette même période les prix sont augmentés de plus 85 % et le revenu de la majorité des ménages accuse une dépréciation nominale de plus de 110 %. Le salaire minimum officiel est resté fixé à 70 gourdes depuis l'année 2000 jusqu'à 2008.

Pour mieux cerner la réalité, nous faisons une présentation sectorielle de l'économie haïtienne pour la période 2000-2009 dans les paragraphes qui suivent.

9.2.3 Présentation sectorielle de l'économie haïtienne

L'économie haïtienne se repose sur trois (3) secteurs : Primaire, secondaire et tertiaire. Dans cette section nous présentons les secteurs de l'économie haïtienne en fonction de leur part dans le produit intérieur brut pour la décennie sous étude.

a) Le secteur primaire

Selon la classification des comptes nationaux de l'Institut Haïtien de Statistiques et d'Informatique (IHSI), le secteur primaire regroupe l'agriculture, la sylviculture, l'élevage, la pêche et les industries extractives. L'histoire d'Haïti retient de bons souvenirs dans ce secteur. Pourtant, ce pays qu'on disait essentiellement agricole, l'est de moins en moins. Depuis des années, l'apport du secteur primaire dans lequel s'inscrit l'agriculture dans le PIB décroît de plus en plus. Plusieurs causes sont à la base de cette décrépitude. On note par ailleurs, la faiblesse des politiques agricoles qui maintiennent l'archaïsme dans les systèmes de production, l'érosion et le ravinement des surfaces cultivables, la libéralisation du commerce qui favorise l'entrée sur le marché local des produits importés, lesquels ne peuvent pas évincés par les produits nationaux. La part de l'agriculture dans le PIB est passée de plus de 50% en 1975/76 (Augustin, 2008) à moins de 23.6 % en 2009 (IHSI, 2010). La part du secteur primaire dans le produit intérieur brut est donnée dans le tableau suivant pour la période 2000 à 2009.

Tableau 1: Part du secteur primaire dans le PIB de 2000 à 2009 (en %)

Année

2000

2001

2002

2003

2004

2005

2006

2007

2008

2009

Part dans le PIB

26,2

26,7

25,8

25,7

25,4

25,6

25,4

25,1

23,1

23,6

Source: IHSI

Comme vient de décrire le tableau, le secteur primaire contribue seulement à environ un quart (¼) du PIB.

b) Le secteur secondaire

Le secteur secondaire comprend les industries manufacturières, électricité et eau, bâtiment et travaux publics. A cause de la faiblesse de l'investissement, les industries ne représentent pas une quote-part importante dans le PIB haïtien. Ce secteur est le moins performant en matière de création de richesses et d'emplois. Au cours de la période d'étude, sa part dans le PIB flotte autour de 16 %. Sa contribution dans le PIB est résumée dans le tableau suivant :

Tableau 2: Part du secteur secondaire en % du PIB de 2000 à 2009

Année

2000

2001

2002

2003

2004

2005

2006

2007

2008

2009

Part dans le PIB

15,3

15,03

15,6

15,7

15,9

16,0

15,09

15,7

15,9

16,1

Source: IHSI

c) Le secteur tertiaire

Ce secteur est le plus important de l'économie haïtienne. Il regroupe, selon la classification des comptes nationaux par l'IHSI, le commerce, les restaurants et les hôtels, le transport et communications, et les autres services marchands. Sa contribution dans le PIB se chiffrait depuis plus de dix ans autour de 51 % en moyenne. Tous les économistes sont unanimes sur le fait que ce secteur représente la quote-part la plus importante du revenu national. Voici synthétisée dans le tableau suivant sa contribution en % dans le PIB.

Tableau 3: Contribution du secteur tertiaire en % du PIB de 2000 à 2009

Année

2000

2001

2002

2003

2004

2005

2006

2007

2008

2009

% PIB

50,8

50,9

51,6

51,5

51,4

51,1

51,4

51,8

53,5

52,6

Source: IHSI

De nos jours on parle de la tertiairisation de l'économie haïtienne et ce, malgré son faible niveau de production. L'émergence du secteur de la communication, notamment avec l'arrivée de nouveaux opérateurs téléphoniques, contribue à amplifier le dynamisme du secteur tertiaire. A côté de cela, les activités du secteur informel, la diversification des services bancaires, l'amélioration des services de la filière hôtelière, favorisent beaucoup la croissance du secteur. Cependant, il existe un fait singulier dans ce secteur. Dans tous les pays où le secteur tertiaire est en progression, cela implique un effet domino sur les autres secteurs, alors qu'en Haïti le secteur tertiaire évolue sans égards aux autres secteurs. Il est très loin le jour où le revenu national se répartissait en part proportionnelle entre agriculture, industrie et services avec un niveau d'emploi de plus en plus élevé et satisfaisant dans le secteur agricole. Certains économistes pensent que cela est dû au fait qu'on utilise dans la production des services, les matières premières importés et qu'en plus le commerce se base sur la revente des marchandises fabriquées et achetées ailleurs.

L'Association Haïtienne des Economistes (AHE) retient les causes suivantes de cette tertiairisation à l'haïtienne : l'exode rural, la vulnérabilité du secteur agricole par rapport aux changements climatiques, la dégradation de l'environnement, les constructions anarchiques sur les surfaces cultivables, l'absence de structure sociale économique des zones rurales et l'absence d'accompagnement systématique des agriculteurs. Selon l'AHE, cela ne fait qu'enfoncer davantage le pays sous la dépendance de l'importation. Le graphique suivant donne une idée sur la différence existante entre les secteurs de l'économie en termes de contribution dans le PIB.

Graphe 1 : Contribution centésimale des différents secteurs de l'économie haïtienne

Source: élaboré suivant les données de l'IHSI

Dans la présentation sectorielle, il y a une disparité énorme entre la contribution de chacun des secteurs économiques. Mais, cette présentation centésimale permet seulement de voir le fossé existant entre la contribution de chaque secteur et leur évolution sur la période. Le PIB et le classement selon l'IDH permet mieux de situer le pays en matière de développement. Les paragraphes suivants décrivent l'évolution du PIB et le classement selon l'IDH de 2000 à 2009.

9.2.4 Le PIB et l'indice de développement humain

Comme il est étudié dans le premier chapitre, le développement ne tient pas seulement compte de la santé économique d'un pays. S'il est vrai que le PIB mesure la tendance économique sans se soucier des autres aspects de la vie des gens, l'IDH, malgré ses limites, est l'indicateur le plus utilisé pour mesurer le développement économique et social d'un pays. L'IDH permet aussi de faire la comparaison du niveau de vie entre plusieurs pays, grâce au classement réalisé par le PNUD sur une base annuelle. Ainsi l'IDH chiffre-t-il le développement en prenant en compte les critères de longévité et de santé mesurés par l'espérance de vie à la naissance ; le niveau d'éducation mesuré par l'alphabétisation des adultes et la scolarisation au niveau primaire, secondaire et supérieur ; et le niveau de vie décent mesuré par le niveau du revenu per capita en parité du pouvoir d'achat (PPA). Le classement annuel situe Haïti depuis des années au rang des pays où l'on vit en dessous du seuil de pauvreté.

Selon les données32(*) de 2004 de l'IHSI, la population d'enfants âgés de moins de 5 ans est évaluée à 935 000 dont 339 800, soit 36.34 %, ne sont pas pris en charge par le système d'éducation en place. Dans le primaire, la population d'enfants âgés de 6 à 12 ans non scolarisés s'élève à environ 558 163, soit 37.7 % de la population scolarisable, avec une très forte concentration (463 163) en milieu rural. Sur 122 311 élèves admis au secondaire en 2004, seulement 81 709 d'entre eux, soit 66.8 % de l'effectif ou 18 % de la cohorte de départ, ont été reçus au secondaire compte tenu de la limitation de la capacité d'accueil de ce niveau d'enseignement. En dernière année de secondaire, l'université d'État a pu accueillir 2 300 étudiants de cette promotion d'élèves et environ le double a pu entrer dans le privé. La demande non satisfaite est donc de l'ordre de 8 600 élèves, soit 55.5 % de l'effectif, au niveau supérieur et universitaire pour la seule rentrée académique de 2004. En 2007, on compte 23 sections communales sans aucunes écoles et 145 sans écoles publiques.

Du côté de l'emploi, il existe une prédominance privée. Selon les chiffres publiés par l'IHSI relatifs à l'enquête sur les conditions de vie en Haïti (ECVH) en 2003, le secteur public ne comptant que pour 2.8% des actifs occupés et les actifs occupés se concentrent très fortement dans l'auto-emploi, 77.4%. Parallèlement, l'emploi dans les entreprises privées hors entreprises familiales concerne 11% des actifs occupés.

En milieu rural 85.7% des emplois sont dits emplois à compte propre et on compte 71.3% les villes de province. Et près d'un tiers 31.2% des actifs occupés de l'Aire Métropolitaine travaillent dans des entreprises privées contre 13.8% dans les autres villes et 4.2% en milieu rural.

Par ailleurs, le travail à compte propre est plus fréquent chez les femmes (83% contre 73.2% chez les hommes) et est particulièrement associé aux individus n'ayant aucun niveau d'étude (90.4% contre 54.4% de ceux ayant achevé au moins une année d'études secondaires). En fait, le salariat est plutôt un phénomène urbain: respectivement 43.3% et 24.1% des actifs occupés de l'Aire Métropolitaine et des autres villes sont des salariés contre 6.8% en milieu rural. Aussi, l'enquête révèle-t-elle que sur chaque 100 personnes interrogées seulement 37 se disent avoir un emploi contre 27 chômeurs. Le chômage est monnaie courante surtout chez les jeunes. On dénombre plus de 50% de chômeurs parmi les ménages de 15 à 24 ans alors que le taux ne dépasse pas 25 % pour la population de plus de 30 ans (IHSI-ECVH, 2003). Le revenu per capita en 2009 est de $US 64633(*) en parité du pouvoir d'achat, le plus faible de la région.

Le risque en matière de santé est resté très élevé malgré les efforts pour lutter contre la tuberculose, le paludisme et le VIH-SIDA. Le taux de mortalité avant 5 ans est de 85 % en 2002. Le taux de mortalité infantile exorbitant est dû au fait que seulement 24 % des accouchements sont assistés par un personnel médical qualifié. L'espérance de vie à la naissance est de 49,1 ans pour les hommes et 55,0 ans pour les femmes.

Ces indicateurs sont très alarmants, mais ils ne pourraient pas être différents lorsque l'on sait que le pays présente un déficit important en ce qui a trait à l'accès aux services sociaux de base : éducation, eau, santé, assainissement. A peine deux (2) communes sur 133 en 2002 bénéficient d'un niveau d'accès moins faible. Dans le tableau suivant nous présentons l'évolution du PIB et du PIB per capita de 2000 à 2009.

Tableau 4: Evolution du PIB et du PIB par tête de 2000 à 2009

Année

PIB en millions de gourdes De 86-87

PIB per capita en dollars*

2000

13 138

396

2001

12 991

367

2002

12 968

327

2003

13 015

289

2004

12 557

372

2005

12 783

410

2006

13 071

479

2007

13 508

578

2008

13 622

612

2009

14 015

604

Sources : IHSI, OMD, 2009

* http://fr.kushnirs.org/macroeconomie/gdp/gdp_haiti.html#t1, page consultée le 15 juin 2014

Graphe 2 : Evolution du PIB per capita en dollars US

Source : Tableau 4

Le graphe 2 montre l'évolution du PIB per capita sur l'ensemble de la décennie qui fait l'objet de notre étude. Un simple coup d'oeil montre la décroissance du PIB par habitant pour les quatre (4) premières années. A partir de 2004, une reprise a été opérée au sein de l'économie nationale et le PIB affiche une situation de croissance. Cette tendance à la hausse est maintenue pour le reste de la période d'étude. Cela ne veut pas forcément dire que les conditions de vie se sont améliorées pour autant. D'autres facteurs peuvent influencer les conditions de vie des gens. C'est pourquoi le PNUD préfère l'IDH comme un indicateur plus approprié pour mesurer le développement économique et social, malgré ses limites. Dans le tableau suivant, il est présenté l'évolution de l'IDH d'Haïti selon le programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) pour la période d'étude.

Tableau 5: L'évolution de l'IDH d'Haïti et son classement de 2000 à 2009

Année

Rang

IDH

00

150

0,440

01

134

0,467

02

146

0,471

03

150

0,467

04

153

0,463

05

153

0,406

06

154

0,433

07

149

0.443

08

146

0,445

09

149

0,410

Source : PNUD

Selon la modalité de classement du PNUD, un pays dont l'IDH est inférieur à 0,507, est un pays à faible développement humain, c'est-à-dire le niveau de vie est très faible. Dans le tableau précédent on a pu constater qu'Haïti fait face à une situation très grave en termes de développement humain.

Après cette description de la situation économique qui suscite des pleurs, place maintenant à l'environnement social d'Haïti.

9.3 L'environnement social d'Haïti

Sur le plan social, nous retenons deux problèmes majeurs en Haïti : pauvreté et inégalités. Selon les économistes, la pauvreté est la résultante des inégalités qui règnent dans le pays sous toutes ses formes. Mais la conception de la pauvreté qui parait la plus appropriée dans l'analyse des liens entre pauvreté et inégalité est celle de pauvreté humaine ou sociale développée principalement par A. Sen (MPCE, p.8, 2006b).Ces problèmes résultent d'un affaiblissement de l'appareil étatique qui n'élabore pas des politiques de développement pouvant atterrir chez les couches les plus vulnérables. La majorité de la population n'ont pas accès aux services sociaux de base, tels : l'eau potable, les soins de santé, éducation, l'électricité, l'information etc. Un taux élevé de la population vit dans le chômage et dans la misère. Le pays présente une situation sociale très dramatique comme il est d'ailleurs aussi le cas sur le plan économique. Les unités de la population se diffèrent suivant le sexe, les zones de résidence, les structures de consommations, le niveau d'éducation, la distribution du revenu etc. Les lignes qui suivent analysent ces phénomènes en mettant en exergue les indicateurs qui permettent de les caractériser.

9.3.1 Inégalités et Pauvreté

Les problèmes sociaux d'Haïti sont très nombreux. Dans le cadre de cette étude nous abordons à tour de rôle les problèmes d'Inégalités et de pauvreté.

a) Inégalités

Il est depuis bien des temps admis que les pays présentant des difficultés dans leur processus de développement sont ceux dans lesquelles les inégalités sont très fortes dans leur structure sociale. Adam Smith déjà, dans la Richesse des Nations, voyait dans les inégalités et la pauvreté un obstacle au progrès et au bien-être dans un pays (Ibid., p.5). Haïti, Inde et Brésil sont des pays dans lesquelles existent de fortes inégalités. L'économiste indien, prix Nobel d'économie de 1998, Amartya Kumar Sen, dans sa conception sur la pauvreté humaine ou sociale fait révéler l'existence des liens entre pauvreté et inégalités. D'autres courants sont aussi d'avis de nos jours, que les inégalités ne favorisent pas réellement la croissance comme on l'entendait jadis. Nombreux sont ceux qui admettent l'existence d'une corrélation entre les inégalités et la pauvreté haïtienne. Le coefficient de Gini qui est un des indices mesurant les inégalités indique un niveau d'inégalités de 0.5 pour Haïti, comparé à 0.49 pour le Brésil. Selon le principe, plus le coefficient est élevé, plus élevés sont les inégalités (Ibid., p.6). Donc, Haïti est en proie à de très fortes inégalités. D'après le MPCE, quatre (4) formes d'inégalités sont constatées en Haïti :

1) Une première forme qui revoit à la profonde différenciation urbain/rural, inégalités spatiales ;

2) Une deuxième forme relative au genre qui partent de différences d'abord biologiques, se transplantent sur les plans social et économique et se différencient quelque peu avec l'âge et le milieu de vie urbain/rural,

3) La troisième est une lutte de classe, basée sur la problématique des classes moyennes. Ce sont les inégalités pauvres / non pauvres.

4) Enfin, les inégalités liées aux catégories socioprofessionnelles qui font intervenir le mode d'insertion dans l'activité économique lequel est aussi lié aux capacités individuelles, aux structures économiques et au niveau de développement du marché du travail.

Toutes ces formes d'inégalités n'ont pas la même ampleur dans le tissu social haïtien. Il existe des inégalités globales, inter et intra groupe, des inégalités de revenu correspondant aux inégalités de conditions et de niveau de vie, et les inégalités monétaires qui ont leur racine dans les inégalités d'opportunités et de capacités. Des études montrent que les inégalités monétaires et de capacité, sont révélées plus importantes que les inégalités de consommation en raison principalement des différences culturelles et dans l'accès aux biens et services.

Le Document de Stratégie Nationale pour la Croissance et la Réduction de la Pauvreté, rapporte que les inégalités de revenu ou de consommation contribuent pour 17% aux inégalités totales alors que les inégalités spatiales y contribuent pour 83% (MPCE, p.32, 2007). Les inégalités entre les catégories socioprofessionnelles expliquent 6.38% des inégalités totales. Celles relatives à l'âge et au genre ont une contribution nettement faible, soit de 1% en ce qui a trait à l'âge (Id.).

Selon le ministère de la planification et de la coopération externe (MPCE), dans sa publication inégalités et pauvreté en Haïti (2006), les inégalités de consommation sont moins élevées que les inégalités de revenu. Le coefficient de Gini indique un niveau d'inégalités de revenu de 0.653 sur la base de l'ECVH (2001) et 0.476 pour les inégalités de consommation sur la base de l'EBCM (2000). Selon cette même étude, les inégalités de revenu sont plus importantes dans les aires rurales (Gini : 0.629) que la région métropolitaine (Gini : 0.523), mais moins importantes dans les autres urbains (0.639) ; tandis que les inégalités de consommation sont plus élevés dans l'aire métropolitaine (0.550) contre (0.411). Ce qui traduit une plus grande différenciation des niveaux de vie des ménages dans l'aire métropolitaine que dans les autres milieux.

b) Pauvreté

Pour les économistes et les gouvernements, la pauvreté est une préoccupation majeure depuis toujours (Falcucci, 2012). Le concept de pauvreté présente beaucoup d'ambiguïté en vue d'une définition. Jean ETIENNE et al. dans le dictionnaire de sociologie (1997), définissent la pauvreté comme étant « le seuil en deçà duquel l'existence biologique est menacée ». Pour ces auteurs, le pauvre est vu comme celui qui ne peut accéder aux biens de premières nécessités : alimentation, santé, éducation, logements etc (Visene, 2003)34(*). Au sens d'Amartya Sen, le pauvre est donc un individu qui souffre d'un défaut de capacités à avoir accès aux ressources et à pouvoir les utiliser (autrement dit les convertir en « capabilités ») pour assurer les « fonctionnements » (c'est-à-dire des accomplissements physiques élémentaires, comme être en bonne santé, et d`autres de nature sociale, comme participer à la vie en société (Paul, p.47, 2011). On distingue la pauvreté monétaire de la pauvreté humaine.

La littérature des sciences économiques catégorise deux grands niveaux de pauvreté, la pauvreté relative et la pauvreté extrême ou absolue. La pauvreté extrême est la situation des gens vivant avec moins de 1 $ par jour, en parité du pouvoir d'achat. Dans l'autre niveau, les gens vivent avec moins de 2 $ PPA et par jour. La lutte contre la pauvreté et les inégalités constitue pour Haïti un défi majeur (MPCE, 2006).

Le DSNCRP révèle, se basant sur l'ECVH (2001), qu'en 2001, 56% de la population Haïtienne, soit 4,4 millions d'habitants sur un total de 8.1 millions, vivait en dessous de la ligne de pauvreté extrême de 1$ US PPA par personne et par jour. Sur 10 personnes, on estimait qu'environ 7,6 étaient considérées pauvres, c'est-à-dire ne disposant pas de 2$ US PPA par personne et par jour, 40% des plus pauvres de la population n'ont accès qu'à seulement 5.9% du revenu total, tandis que les 20% les plus nantis captent 68%. Ainsi 80% de la population ne dispose que de 32% des revenus et que les 2% les plus riches seraient en possession de 26% du revenu total (MPCE, pp.14-15, 2007).

En 2005, Haïti avait régressé dans l'échelle du développement passant du 146e rang en 2000 au 153e rang. L'IHSI, conjointement avec le Centre Latino-Américain de Démographie (CELADE) et l'UNFPA, estime l'espérance de vie à la naissance à 58,1 (2000-2005), sur la base des données du Recensement de 2003 (Id.). La mortalité maternelle est passée de 457 à 630 pour 100 000 naissances vivantes entre 1990 et 2005. En 2003, le taux d'analphabétisme est de 39%, le taux des enfants scolarisés est de 49% parmi les enfants en âge de fréquenter l'école. Ce qui est la conséquence d'un manque de capacité réceptive des institutions scolaires. De la population âgée de 6 à 24 ans une frange de 45% fréquentait un établissement scolaire ou universitaire. La majorité de la population n'arrive pas à se procurer la ration alimentaire minimale établie par la FAO, savoir 225 kg de calorie par an et par individu35(*).

La diminution progressive de la couverture forestière, la malnutrition des enfants, la baisse moyenne annuelle du produit réel per capita et de la consommation moyenne, sont d'autres indices révélateurs d'une dégradation des conditions de vie.

9.4 L'environnement socio-économique à Carrefour

Pour ce qui est de la commune de Carrefour, qui concerne notre cas d'étude, la situation socio-économique n'est pas différente de celle d'Haïti dans son ensemble. Nous allons faire une présentation synthétique de certaines ressources et infrastructures servant de base au développement.

Sur le plan de l'éducation, près de 534 établissements scolaires ont été inventoriés dans la commune, dont 60 écoles préscolaires, 290 écoles primaires et 184 écoles secondaires. Une proportion de 93,1 % des institutions inventoriées dans la commune est privée. Parmi les établissements scolaires répertoriés, sont identifiés 114 écoles techniques et professionnelles, une université, et 12 écoles supérieures, selon l'IHSI (2007) rapporté dans le Plan d'Investissement Municipal (PIM) en 2011.

En termes d'infrastructures sanitaires, la commune de Carrefour est dotée de 109 établissements sanitaires dont 4 hôpitaux, 31 centres de santé sans lits, 17 centres de santé avec lits, 48 cliniques et 3 dispensaires.

Pour ce qui est des ressources en eau, 8 rivières, 105 sources, 4 lagons, 24 puits artésiens, 8 fontaines publiques, environ 284 puits ordinaires ont été inventoriés dans la commune. La commune a une bonne réputation pour la disponibilité de l'eau dont elle jouit.

En gros, le commerce prédomine l'ensemble des activités économiques de la commune. Les établissements commerciaux sont très nombreux, selon ce qu'ont révélé les données de l'IHSI en 2007. Parmi les 1 857 établissements répertoriés, on compte 1 019 boutiques de toutes tailles, 329 dépôts de provisions alimentaires, de boissons gazeuses, de friperie (pèpè), de ciment et de clairin, 122 bars/restaurants, 113 pharmacies et 82 centres de provisions alimentaires.

La commune dispose également d'autres infrastructures socio-économiques dans les domaines touristiques, sportifs, de l'électricité, de communication, des établissements de services etc.

9.5 L'évolution de la microfinance en Haïti dans le contexte socio-économique36(*).

La microfinance en Haïti est globalement assurée par deux sortes d'institutions, celles de type coopératif et celles de type non-coopératif. Mais, il existe des circuits informels autonomes qui sont les systèmes de tontine, appelés sabotage (tour quotidien) ; les prêts personnels à taux nuls ou sol (tour hebdomadaire ou mensuel) ; le recours aux usuriers ou à la mise en dépôt d'objets de valeur, en vue de contacter des prêts personnels, couramment appelé bric-à-brac (plàn en créole).

L'élaboration de la première loi sur les coopératives et la création de la première coopérative en 1937, marque le début de la microfinance en Haïti. La méthodologie Caisse Populaire, d'origine franco-canadienne utilisée par le mouvement, a été initiée pour la première fois en 1946 à Jacmel. Ainsi, à côté des autres coopératives (production, service...), les coopératives d'épargne et de crédit sont aussi connues sous le label de caisse populaire. Il a fallu attendre les années 1950 pour assister à l'émergence d'un mouvement coopératif et du crédit en Haïti. Cependant, l'idée de coopération a été officialisée en Haïti à partir de septembre 1953, lorsque le sénat a adopté une loi créant le Conseil National de la Coopération (CNC). En 1993, environ 79 caisses ont été recensées dans le pays. Elles atteignent le nombre de 348 en 1999. Le décret-loi de juin 1995 relatif à la libéralisation des taux d'intérêts, a créé un tournant sans précédent dans le système financier haïtien. On se voit émerger ce qu'on peut appeler les « coopératives d'investissement et de placement » par de nouveaux groupes de coopérateurs (en grande partie des professionnels venus du secteur bancaire et financier formel), se dénommant des réformateurs, ont formé des caisses opérant prioritairement dans les investissements et les placements.

En 2001, le secteur coopératif allait être généralisé dans le pays avec l'apparition massive de ces institutions dont leur principale activité était la collecte de l'épargne sous formes de dépôts à terme à des taux faramineux, variant entre 10 et 15 % le mois. CADEC, CUCEC et CEI sont les plus connues d'entre elles. Le fonctionnement de ces institutions a dérogé le décret du 02 avril 1981 sur le fonctionnement des coopératives qui obligent les administrateurs des caisses populaires à employer la quasi-totalité de leurs ressources dans les opérations de crédit aux membres. Des haïtiens venaient d'horizons divers pour se faire procurer d'un compte dans l'une des institutions de coopératives. Des citoyens de la classe moyenne et de la diaspora haïtienne trouvent tous les moyens pour profiter de ces avantages promus ; certains ont même vendu leurs maisons et/ou d'autres actifs importants. A cause de cette mauvaise gestion ou encore ce désordre institutionnel au sein de ce secteur, certaines coopératives ne peuvent pas tenir leurs promesses et se sont fermées les portes. L'Etat a dû intervenir par l'entremise de CNC-institution régulatrice des coopératives- et la BRH en vue de prendre des mesures pour redresser cette situation et pour ne pas perdre définitivement le secteur coopératif. Deux principales associations, CONASOVIC et ANFVC, ont été mises sur pied en vue de réclamer justice et réparation pour les sociétaires victimes des coopératives, mais n'ont jusqu'à présent pas pu avoir le remboursement complet des milliers d'individus appauvris par cette situation de désordre institutionnel.

Les coopératives représentent la majeure partie des prestataires de services de Microfinance en Haïti. Leur nombre est estimé en 1999 à 348 et elles disposent d'une législation leur permettant de collecter volontairement les fonds de ses membres.

Le secteur non-coopératif, quant à lui, a vu le jour au cours des années 79-80 avec la création de la Fondation Haïtienne de Développement (FHD), dont ses activités ont démarré en1981. Cette fondation octroie du crédit aux personnes exclus du système traditionnel. En 1982, ce mouvement est renforcé avec la création du Fonds Haïtien d'Aide à la Femme (FHAF), dans l'objectif d'accorder du crédit aux femmes commerçantes de la Capitale, grâce au support d'un organisme international, la Women's World Banking et l'Inter-American Foundation.

Ce mouvement s'accélère au début de la décennie 1990. De nouvelles structures interviennent pour offrir du crédit au secteur informel et en milieu rural. D'autres IMF sont apparues ensuite à la fin du 20ème et au début du 21ème siècle. Elles sont des associations, des fondations, des organisations non-gouvernementales (ONG), des unités de microfinance au sein de banques commerciales et de banques gouvernementales, ou des sociétés de droit privé. D'après l'ANIMH, on a recensé une vingtaine d'IMF en 2002. Les méthodologies de crédit utilisées sont le crédit individuel, Groupe solidaire, Banque Communautaire et mutuelle de solidarité.

Contrairement au secteur coopératif, les IMF n'ont pas de cadre réglementaire leur permettant de collecter l'épargne publique. Cette contrainte majeure et beaucoup d'autres, créent une situation de déséquilibre; une demande forte, contre une offre faible.

Toutefois, la structuration des IMF (coopératives ou non-coopératives) en Haïti est assurée grâce au support de certains programmes d'organismes internationaux tels que : l'aide de l'USAID (Haïti MSME et Haïti HIFIVE), de l'Union Européenne (Programme de renforcement intégré du milieu des affaires, PRIMA) avec un Budget de 10,4 millions d'euros et de l'AFD (projet à l'endroit d'ANIMH et BRH, 2007-2010) avec un budget de 2 millions d'euros, entre autres.

Bien que les informations disponibles ne soient généralement pas exhaustives et sont souvent issues d'estimations ou d'inférences à partir d'échantillons d'études. On retient que le sous-secteur coopératif qui se compose de 222 IMF, représentait 337 126 membres en 2007, les coopératives affiliées à l'ANACAPH représentaient 309 160 membres en décembre 2009 pour 40 IMF. La clientèle de crédit des CEC membres de l'ANACAPH représentaient 28 648 individus au 31 mars 2007. Les IMF non-coopératives affiliées à l'ANIMH représentaient une clientèle de 94 671 emprunteurs en avril 2006. Ce nombre est passé à 125 691 emprunteurs en septembre 2009, soit un accroissement de plus de 32 % en trois (3) ans.

9.5.1 Panorama du secteur financier haïtien37(*)

Le secteur financier haïtien, est représenté par des institutions bancaires et des structures financières non bancaires. Cependant dans le cadre de cette étude nous présentons le secteur financier à partir d'une typologie basée sur la structure institutionnelle:

3.4.1.1. Les banques commerciales

Les banques haïtiennes, placées toutes sous la supervision de la Banque de la République d'Haïti (BRH), sont les institutions les plus structurées du pays. Elles sont régies par le décret-loi bancaire du 14 novembre 1980. Elles ont des systèmes de gestion très efficaces, des ressources humaines qualifiées et disposent des ressources matérielles appropriées.

On distingue:


· Deux (2) banques commerciales d'Etat :

1) Banque Nationale de Crédit (BNC)

2) Banque Populaire Haïtienne (BPH)


· Sept (7) banques commerciales à capitaux privés haïtiens :

1) Capital Bank

2) Banque Industrielle et commerciale d'Haïti (BICH)

3) Banque de l'Union Haïtienne (BUH)

4) Banque de Promotion Commerciale et Industrielle (PROMOBANK)

5) Société Caribéenne de Banque (SOCABANK)

6) Société Générale Haïtienne de Banque (SOGEBANK)

7) UNIBANK


· Deux (2) banques d'épargne et de logement à capitaux privés haïtiens :

1) Société générale haïtienne des banques d'épargnes et de logement (SOGEBEL)

2) Société caribéenne des banques d'épargnes et de logement (SOCABEL)


· Deux (2) filiales de banques étrangères :

1) Bank of Nova Scotia (SCOTIABANK)

2) CITIBANK N.A. (CBNA)

3.4.1.2. Les institutions financières non-bancaires réglementées

1) Le Fonds de Développement Industriel, (FDI) ;

2) La Société Financière Haïtienne de Développement Economique et Social

(SOFIHDES) ;

3) Le Bureau de Crédit Agricole (BCA) ;

4) Deux quasi-banques : Société Haïtienne d'épargne et de crédit (SHEC), le crédit coopératif (CREDICOOP) qui sont des coopératives offrant des services bancaires ;

5) Les coopératives, coiffées par le conseil national des coopératives (CNC).

3.4.1.3. Les circuits informels ou autonomes

Ils sont peu étudiés dans ce document. Ces circuits sont de divers types :

- Les systèmes de tontine, appelés sabotage (tour quotidien) ;

- Les prêts personnels à taux nuls ou sol (tour hebdomadaire ou mensuel) ;

- le recours aux usuriers ou à la mise en dépôt d'objets de valeur, en vue de contacter des prêts personnels (Bric-à-brac, plàn).

3.4.1.4. Les institutions de financement décentralisé ou institutions de microfinance

Les institutions de financement décentralisé ou institutions de microfinance IMF, formant le secteur financier intermédiaire, revêtent un assortiment de formes institutionnelles de type coopératif (les coopératives d'épargne et de crédit) et de type non coopératif. Ce secteur intermédiaire est le résultat d'une intervention externe aux bénéficiaires (dans la conception, les cadres ou le financement) même si les bénéficiaires sont souvent impliqués dans la gestion du système.

a) Les institutions de type coopératif

Les coopératives d'épargne et de crédit (CEC) ou caisses populaires constituent la forme institutionnelle la plus commune et la plus ancienne dans la microfinance. Selon la loi, une coopérative d'épargne et de crédit (CEC) est une coopérative financière dont l'objet est l'intermédiation qui a pour but de recevoir des fonds de ses sociétaires et de leur faire crédit ; son existence légale vient du Conseil National des Coopératives (CNC) et de la Banque de la République d'Haïti. En 2001, un grand nombre a fait faillite et ferme leurs portes. Celles qui ont survécu sont presque totalement membres du réseau d'Appui aux Coopératives d'Epargne et de Crédit Haïtiennes (ACOOPECH) et de l'ANACAPH. Parmi les caisses du réseau ANACAPH on peut citer : KOTELAM (1989), KEPOMEK, CECACHE (1997), MAMEV, CO SODEV.

b) Les institutions de type non-coopératif

Les institutions de type non coopératif ont vu le jour au début des années 80 avec la Fondation Haïtienne de Développement (FHD), qui démarra ses activités en1981 et le Fonds Haïtien d'Aide à la Femme (FHAF) créé en 1982. On y compte :

-Les associations

Elles sont au nombre de cinq (5) dans la micro-finance, elles ont leur siège social à Port-au-Prince, et quatre (4) d'entre elles, pratiquant uniquement ou également la méthodologie de Banque Communautaire, interviennent en milieu rural. Ce sont :

1) Le Groupe Technologie Intermédiaire d'Haïti (GTIH), 1996 ;

2) L'Association pour la Coopération avec la Micro-entreprise (ACME) créée en 1997 ;

3) Les Ateliers Pilote de Technologie - Crédit (APTECH) ;

4) Le Collectif Développement, (CODE) ;

5) Le Groupe d'Appui pour l'Intégration de la Femme du Secteur Informel (GRAIFSI), créé en 1992 et intégrant la microfinance en 1995.

-Les fondations

Quatre (4) structures sont répertoriées à titre de fondation :

1) La Fondation Haïtienne de Développement (FHD), qui démarra ses activités en 1981 avec un fonds de l'USAID ;

2) Le FODEPE ;

3) La Fondation Kole Zèpol, FONKOZE, (1996).

4) Sèvis Finansye Fonkoze (SFF), (2010)

-Les Organisations Non-Gouvernementales (ONG) :

1) Le Fonds Haïtien d'Aide à la Femme (FHAF) créé en 1982,

2) L'Action contre la misère (ACLAM) qui démarra ses activités de microfinance en 1993,

3) MEDA (1996),

4) Catholic Relief Services (CRS) 1997,

5) Service and Development Agency Inc. (SADA) 2000,

6) Concern Worldwide Haiti,

7) Pwogram Fomasyon pou Oganizasyon Dyakona,

8) World Relief/MED,

9) Initiative Développement Programme de St Martin (ID).

10) Foundation INternational for Community Assistance Haïti (FINCA-Haiti)

11) FONDESPOIR, 1995

- Les banques

Les banques commerciales se sont aussi lancées dans le domaine de la microfinance :

1) La banque de l'Union Haïtienne (BUH) avec son produit intégré «Kredi popilè» (1997);

2) En 1999, le Micro Crédit National (MCN) filiale du Groupe Financier National (GFN) avec un fort actionnariat de la Unibank ouvre ses portes ;

3) Le Groupe Sogebank, sous le label d'une société anonyme de service, Société

Générale de Solidarité S.A. (SOGESOL), qui démarre ses activités de microfinance en 2000.

4) La banque populaire haïtienne (BPH), Kredi pou tout moun, créé en 2002.

5) Micro Crédit Capital (MCC), Dernière division du groupe Capital Bank créé en 2003.

- Les institutions religieuses

Une (1) institution religieuse, la Coordination de l'Eglise Méthodiste d'Haïti (COD-EMH) initie en 1992 ses activités de microfinance. Cependant, l'on retrouve des programmes de microfinance assez importants au niveau des Caritas diocésaines qui représentent l'église Catholique. Ces programmes sont présentés globalement à travers le CRS, mentionné plus haut, dans la rubrique des ONG.

Le recensement sur l'industrie de la microfinance haïtienne pour l'année 2008-2009 réalisé par l'USAID en 2011, résume le cadre institutionnel de la microfinance en Haïti en 2011 comme suit:

- Les organes de régulation et de supervision (CNC, BRH, le Ministère de la Coopération Externe)

- Les institutions d'encadrement technique et associations d'IMF (DID, ANACAPH,

FENACAPH, ANIMH, KNFP) et différents projets et programmes (Haïti MSME, PRIMA)

- Les bailleurs de fonds nationaux et internationaux (FDI, Union Européenne, USAID, Banque Mondiale, l'Agence Canadienne de Développement International (ACDI), FIDA, Coopération Allemande, BID, Plan International, AFD, AECID, etc.)

- Les grossistes qui, recevant des fonds nationaux et internationaux, font des prêts en gros à des IMF (appelés en la circonstance opérateurs), à des fins de sous-prêts à des individus ou microentreprises.

Plus de trois cents (300) institutions de microfinance répertoriées réparties sur tout le territoire (ANIMH, 2008) :

-Plus de deux cents caisses populaires

-Près d'une trentaine d'ONG/Fondations/Associations et

-Quatre (4) Filiales/Satellites/Unités spécialisées de banques

Il importe de souligner aussi l'existence de quelques institutions d'assurances dans le système microfinancier haïtien. On peut citer entres autres, NASSA/INASSA, ONA, AIC/Protecta, ALSA, Uni-Assurance, fille de la UNIBANK, Soge-Assurance, du groupe SOGEBANK...

9.5.2 Survol sur les Méthodologies de crédit

Les IMF pratiquent une ou plusieurs méthodologies pour offrir leurs produits financiers ou autres. Celles en vigueur actuellement sont : le crédit direct ou individuel (CD), le groupe solidaire (GS), la banque communautaire (BC), la mutuelle de solidarité (MS), la caisse populaire (CP) (CEPALC, 2005).

La CEPALC (2005) retient que la méthodologie de crédit direct ou individuel (CD) pratiquée par les IMF a des techniques de crédit qui se rapprochent plus aux techniques de crédit bancaire classique. Les prêts sont approuvés après la visite d'un agent de crédit dans le milieu des microentrepreneurs afin d'évaluer leur moralité et leur capacité de remboursement. L'agent de crédit effectue une analyse réelle de l'activité économique financée et du risque encouru. En général, les clients ayant remboursé en respectant le calendrier établi sont éligibles pour un nouveau crédit, souvent d'un montant plus grand (après réexamen du dossier). Les IMF utilisant une approche de crédit direct individuel offrent des prêts d'un montant plus élevé que celles utilisant d'autres méthodologies. Les filiales des banques, le GITH et l'ACME sont des institutions qui utilisent cette méthodologie en Haïti.

La méthodologie de crédit dite groupe solidaire (GS), consiste pour une IMF à fournir un crédit à un petit groupe de 3 à 10 personnes se portant mutuellement garants pour le remboursement. La durée du prêt, le taux d'intérêt et le calendrier de remboursement sont déterminés par l'organisation prestataire du service microfinancier.

Quant aux banques communautaires (BC), elles regroupent en général, 20 à 35 personnes, le plus souvent des femmes, qui, grâce à l'encadrement d'une IMF, se mettent ensemble pour fonder une «banque communautaire». L'IMF fournit un fonds de prêt qui est réparti entre les membres de la banque qui se réunissent à des intervalles réguliers pour rembourser. Elles fonctionnent selon la méthodologie de crédit solidaire. Selon l'ACDI (2004), les banques communautaires qui pullulent en Haïti ont été conçues en mode projet et ne sont pas structurées de sorte à offrir de bonnes chances de pérennité.

Une mutuelle de solidarité (MS) est un groupe de personnes, socialement homogènes, cotisant à échéances régulières une même somme d'argent. Elles utilisent une méthodologie hybride. C'est-à-dire une méthodologie contenant des éléments empruntés aux banques communautaires et aux caisses populaires simultanément.

Les coopératives d'épargnes et de crédit (CEC), communément appelées caisses populaires (CP) fournissent des services financiers seulement à leurs «membres» ou «sociétaires» sur une base mutuelle. On devient membre en achetant une part sociale de la caisse et en payant un droit d'entrée.

Conclusion

Ce chapitre fait une radiographie de la situation socio-économique d'Haïti de 2000 à 2009. On a notée quelques remarques importantes au cours de cette décennie. Si l'on veut commencer avec les positives on signale par ailleurs la tendance croissante que connaît l'économie à partir de 2004 et la diminution du taux d'inflation qui passait de 41.92 % en 2003 à 4.7 % en 2009. Cependant, les conditions de vie ne sont pas changées pour autant car les autres indicateurs tels le chômage, les inégalités, la pauvreté, le développement humain... maintiennent leur tendance décroissante. Plus loin, nous avons analysé l'évolution de la microfinance en Haïti dans le contexte socio-économique. Nous avons constaté les bons et les mauvais moments dans l'évolution du secteur en Haïti. Nous retenons, que ce secteur trouve en Haïti un terreau fertile pour son développement. Nous avons présenté en passant, une vue panoramique du secteur financier en Haïti, suivie d'un survol des méthodologies de crédit.

Tout est ainsi dit, nous sommes conscients que ce pays a besoin de respirer de ses malheurs. Le secteur de la microfinance est un instrument prometteur grâce à sa contribution dans le financement des activités génératrices de revenus qui ont des impacts directs sur les conditions de vie des bénéficiaires. Ces derniers sont les mieux placés à confirmer ou à infirmer une telle assertion. Une enquête de terrain a été réalisée auprès des bénéficiaires à cette fin. Le chapitre suivant est une analyse empirique de l'impact des activités de la microfinance sur le développement socio-économique.

CHAPITRE 10 ANALYSE EMPIRIQUE DE L'IMPACT DU DEVELOPPEMENT DE LA MICROFINANCE SUR LE DEVELOPPEMENT SOCIO-ECONOMIQUE

Au chapitre deux, nous avons pu analyser, à partir des pensées d'auteurs ou d'institutions qui ont fait des expertises sur la relation existante entre la microfinance et le développement économique et social. Dans ce chapitre il est question de vérifier à l'empirisme l'exactitude de notre modèle de travail à savoir : la contribution du développement de la microfinance sur le développement socio-économique. Dans un premier temps nous allons vérifier que le secteur de la microfinance est effectivement développé. Dans un second temps nous faisons ressortir, à partir de notre enquête, l'impact du développement de la microfinance sur le développement socio-économique. Ce dernier module sera divisé en deux (2) sections. Une dans laquelle nous présentons les résultats de l'enquête et une autre sur la confrontation des résultats à notre hypothèse de travail. La section suivante présente les activités de la microfinance en Haïti de 2000 à 2009 avec un accent mis sur celles d'ACME.

10.1 Les activités de microfinance en Haïti de 2000 à 2009 : le cas d'ACME

Les activités de microfinance dans le courant des années 2000 à 2009 sont en nette expansion en Haïti selon ce que témoignent les indicateurs de mesure. Dans cette section nous avons collecté les données pouvant assurer la véracité sur le fait que la microfinance se développe durant la période 2000-2009. Particulièrement nous avons étudié les activités de l'Association pour la coopération avec la microentreprise (ACME) pour cette même période d'une manière détaillée. L'ACME est l'une des institutions les plus performantes du secteur. Nous prendrons comme indicateurs d'expansion, le nombre de clients et l'évolution du volume de crédits.

10.1.1 Présentation d'ACME

L'Association pour la Coopération avec la MicroEntreprise (ACME a.s.b.l.) a été créée en 1997 en tant qu'Association sans but lucratif avec un premier support financier de l'USAID et a été transformée en Société Anonyme en juillet 2009 sous le nom de « Action pour la coopération avec la microentreprise » (ACME S.A.). L'association sans but lucratif ACME a.s.b.l. est devenue l'actionnaire majoritaire d'ACME S.A.

Le 12 avril 1997, les 5 administrateurs-fondateurs se sont retrouvés devant le notaire, pour la signature des statuts d'une nouvelle association sans but lucratif qui n'avait pas d'argent, pas de personnel et pas de personnalité juridique, mais un enthousiasme à toute épreuve et la certitude qu'elle allait soulever des montagnes. Ils se sont eux-mêmes formés le conseil d'administration présidé par madame Gardella Alexis. L'ACME a été enregistrée à la mairie de Port-au-Prince le 10 décembre 1997 et au ministère des Affaires sociales en octobre 2002.

L'ACME a ouvert ses portes au 11, rue Bois Patate, le 16 juin 1997, grâce à la confiance mise en elle par l'USAID à travers son projet PRET (Programme pour la Relance de l'Économie en Transition) géré par Development Alternatives Inc, DAI. Le personnel se composait de 6 personnes : le directeur exécutif, le responsable de la comptabilité, la secrétaire réceptionniste et trois chargés de crédit.

La mission d'ACME S.A. est d'« apporter une solution rapide, la moins chère possible, sans contraintes inutiles, aux besoins financiers du plus grand nombre de micro, petits et moyens entrepreneurs quel que soit le type d'activités, tout en les accompagnant dans le processus de développement de leur entreprise ».

4.1.1.1. Les services de l'ACME

Les clients d'ACME appartiennent aux secteurs de la production, du commerce et des services. La clientèle est constituée à date à 69 % de femmes. Les clients qui veulent bénéficier d'un crédit doivent posséder une activité située à un emplacement fixe, et le prêt reçu ne peut représenter plus de 60 % de leurs fonds de roulement.

L'ACME offre six (6) produits de crédits : Le prêt Traditionnel, le prêt Bouquiniste, le Gros prêt, le prêt Projet Spécial de Gheskio, le prêt Maraîcher et les prêts grossistes. Voici un tableau résumant les services d'ACME.

Tableau 6: Les différents services d'ACME

TYPE DE PRETS

SECTEUR

MONTANT min.

MONTANT max.

DUREE min.

DUREE max.

REMBOURS.

GARANTIE

Les prêts Traditionnels

Commerce 
Production 
Service

1,000

75,000

3 mois

6 mois

chaque mois

Personne de reference

/Avaliseur

Les prêts Bouquinistes Saisonniers

Commerce

1,000

250,000

4 mois

4 mois

Un seul versement

Avaliseur

Les Gros prêts

Commerce 
Production 
Service

>=250,000

>=250,000

4 mois

10 mois

chaque mois

Actes de Nantissement

/Cosignataire

Le prêt Projet Spécial de Gheskio

Commerce 
Production 
Service

Capacite du client

Capacite du client

4 mois

10 mois

chaque mois

Accompagnateur

Le prêt Maraîchers

Production 
Agricole

5,000

40,000

5 mois

5 mois

Deux versements

Personne de

reference

Les prêts grossistes

Commerce 
Production 
Service

75,001

249,999

4 mois

10 mois

chaque mois

Actes de Nantissement

/Cosignataire

Source : http://www.acmehaiti.org/

4.1.1.2. Structure des services de l'ACME

Pour bien servir ses clients, l'ACME dispose d'un bureau central et dix (10) agences réparties à travers la région métropolitaine de Port-au-Prince. En analysant la structure du portefeuille, les prêts compris entre 1 000 et 12 500 gourdes représentent 30% en valeur et 55% en nombre et le taux de portefeuille à risque est de 6,24%. L'institution propose des crédits de 1 000 à 75 000 gourdes au premier prêt sur des périodes de 3 à 6 mois, pour les besoins en fonds de roulement ou pour le financement d'activités de production. Le montant des prêts augmente au renouvellement en fonction de la capacité du client et le taux d`intérêt est de 5% le mois, selon la ANIHM (Dukenson, 2011).

4.1.1.3. Gestion des risques et performances financières

Comme tous les autres IMF, ACME est en proie à de nombreux risques : le risque de liquidité, le risque de taux d'intérêt, le risque de change pour des institutions ayant des emprunts en devises et le risque de non-remboursement. Mais, l'institution a su les gérer avec efficacité. ACME a toujours anticipé ses besoins en liquidité et négocie plusieurs années avant en fonction des projections. Grâce à ces pratiques de saine gestion, ACME a pu inspirer confiance aux bailleurs de fonds nationaux et internationaux et bénéficier du concours financier nécessaire au développement de son activité. Les taux d'intérêt pratiqués par ACME sont égaux ou en dessous de ceux pratiqués sur le marché de la microfinance en Haïti, ce qui lui donne une marge pour augmenter au besoin ses taux créditeurs. ACME n'encourt pas de risque de change avec les emprunts effectués en devises ; ceux-ci sont gardés en dépôts dans les banques et utilisés pour avoir des prêts en monnaie locale. Le risque de non-remboursement est le risque le plus important dans les activités de microcrédit en raison de la vulnérabilité de la clientèle et aux chocs, tant politiques qu'économiques.

L'association dirigée par M. Sinior RAYMOND affiche toujours des résultats positifs. Ses performances sont dues à la bonne gestion faite par le staff directeur. L'ACME se fait l'obligation de réaliser des audits annuels au sein de l'institution. Ces audits sont réalisés par des firmes tant internes qu'externes.

4.1.1.4. Affiliations et réseaux

Le respect de ses principes a permis à ACME d'intégrer quelques-uns des plus grands réseaux d'institutions de microfinance à l'échelle nationale et internationale. On peut citer :

1-) L'ANIMH qui est un réseau formé en 2002 et regroupe 17 institutions de microfinance haïtiennes non coopératives et comprend des associations, des fondations, des banques, des sociétés de droit privé, des ONG.

2-) Le Microfinance Information Exchange (MIX)

Ce réseau est l'un des endroits où s'échangent les informations entre les différents acteurs de la microfinance (praticiens, institutions, financiers, bailleurs, investisseurs). Il regroupe 1010 institutions de microfinance, 93 fonds et 164 facilitateurs de marché. ACME est classée ????? (cinq diamants) pour la pertinence et la fiabilité des informations financières fournies, et depuis 2003, ACME est membre de ce réseau.

3- ) Consultative Group to Assist the Poor (CGAP)

ACME travaille depuis 2002 avec ce réseau dont la principale mission depuis sa création, est d'aider à créer des services financiers permanents pour les pauvres sur une large échelle. Il organise chaque année un concours CGAP de la transparence financière pour les institutions de microfinance dans lequel il recommande la transparence et l'application des bonnes pratiques de gestion de la part des institutions de microfinance. Environ 150 institutions de microfinance provenant de 48 pays ont participé au Prix 2004. Parmi elles, 110 ont rempli les conditions d'admission. Seule l'Association pour la Coopération avec la Micro Entreprise (ACME) à Haïti fût récompensée parmi les institutions francophones.

4.1.1.5. L'évolution des activités de microcrédit au sein d'ACME de 2000 à 2009

Les activités d'ACME affichent une tendance continue à la hausse. Selon les données disponibles sur l'ensemble de la période, le nombre d'emprunteur représente en 2009 plus de 12 fois celui de 2000, et les montants des prêts en 2009, près de 14 fois ceux de 2000. Le nombre d'employés passe de 13 en 2000 à 334 en 2009, soit plus de 25 fois la quantité de 2000. Le tableau suivant présente l'évolution des activités d'ACME au cours de la période 2000-2009.

Tableau 7 : Evolution des activités d'ACME au cours des années 2000-2009

Années

Nombre d'emprunteurs actifs

Portefeuille de prêts actifs en USD $

Nombre d'employés

2000

2 501

1 064 984

13

2001

4 283

1 686 067

22

2002

4 600

2 208 256

31

2003

6 435

4 234 810

69

2004

7 281

3 994 004

82

2005

11 216

6 809 168

125

2006

20 112

8 916 795

167

2007

20 169

9 425 893

264

2008

22 750

10 368 482.3

-

2009

24 951

12 643 803.7

334

Sources : MIX Market, disponible sur le site themix.org. Page consultée le 20 juillet 2014

*ANIMH : Rapport 2009.

*Donija Augustin (2008), Mémoire de licence

D'après les données dont nous disposons sur l'institution, nous avons pu constater une augmentation de ses activités sur toute la période. Ce développement est expliqué par le renforcement du nombre d'emprunteurs actifs et du portefeuille de crédits actifs.

Voyons dans la section suivante comment se présente la situation pour les autres IMF.

10.1.2 Les autres institutions de microfinance

Au premier chapitre nous avons présenté dans le cadre conceptuel le sens dans lequel le développement de la microfinance est admis dans cette étude. Cependant, dans cette partie nous tenons à présenter les données chiffrées sur la microfinance montrant que le développement du secteur est effectif sur la période 2000-2009, en nombre d'emprunteurs et en portefeuille de crédit. Nous avons collectées des données relatives au nombre d'emprunteurs et au volume des prêts pour trois (3) IMF qui avec ACME, sont considérées comme les plus puissantes du secteur. Elles représentent près de 90% du portefeuille total du réseau de l'ANIMH (ANIMH, 2011).

Ainsi, la SOGESOL qui est, l'une des institutions de microfinance les plus importantes du secteur, a vu le nombre de ses emprunteurs sextupler, passant de 2200 en l'an 2000 à 13 852 en 2009, une augmentation de plus de 529%. Ses prêts sont augmentés à peu près du double. Elles sont passés de $US 6 441 329 en 2000 à $ 12 643 803.7 en 2009, ce qui représente 96% d'augmentation.

Cette tendance expansionniste est maintenue aussi pour FONKOZE selon les registres du MIX Market et de l'ANIMH. Le nombre d'emprunteurs actifs sextuple également et passe de 4 794 en 1999 à 29 897 en 2009, une augmentation qui dépasse les 523%. Le volume de prêts s'accroît de plus 744%, passant de $US 930 220 en 2000 à $US 7 853 519.3 en 2009, soit plus de huit (8) fois le volume de 2000.

Le Micro Crédit National (MCN) de son côté, a vu le nombre de ses emprunteurs croître de 160%, passant de 4 316 en 2002 à 11 240 en 2009, soit environ deux (2) fois et demie (½) le volume de 2002. Le volume de prêts est presque doublé, et passe de $US 6 369 873 à 12 345 389 en 2009, ce qui représente un accroissement de près de 94%38(*).

Les données sur les autres institutions de la base de données de MIX, comme FINCA-HAITI, FONDESPOIR..., ne vont pas en sens contraire de ce modèle. Donc, le secteur de la microfinance se développe bel et bien en Haïti durant la décennie 2000-2009.

Cette section fait une analyse des services d'ACME, de la gestion des risques et des performances financières et de l'évolution de ses activités, notamment le nombre d'emprunteurs actifs, le portefeuille de prêts actifs et le nombre d'employés. Nous avons pu vérifier que les activités d'ACME se développent. Plus loin, nous avons présenté succinctement les données relatives à la distribution de crédit de trois autres institutions du secteur en Haïti. La tendance haussière est maintenue pour ces institutions qui forment avec l'ACME le quatuor majeur du secteur, selon des données de sources administratives. Cette partie nous permet de constater le développement de la microfinance sur la période 2000-2009 en Haïti. Ainsi, nous est-il permis d'assumer que ces données générales pour le secteur au niveau national sont considérées comme proxy39(*) pour le niveau local. Ce qui nous permet d'avancer que le secteur de la microfinance se développe au niveau local (à Carrefour) aussi longtemps qu'il se développe au niveau national, mutatis mutandis. Par la logique des proxys qui permet d'observer l'inobservable, nous admettons que la microfinance s'est aussi développée dans la commune de Carrefour. Tâchons maintenant de vérifier l'impact du développement de la microfinance sur le développement économique et social à Carrefour. Pour ce faire nous allons présenter dans la section suivante une enquête qui a été réalisée à cette fin.

10.2 Présentation de l'enquête de terrain

La question d'étude d'impact des services fournis par le secteur de la microfinance s'avère un exercice complexe compte tenu des contraintes que l'on doit faire face tout au long de ces démarches. Néanmoins, elle (l'étude d'impact) est d'une importance capitale pour pouvoir améliorer et réviser certaines stratégies en vue de fournir des services de qualité. L'Etat aussi saura bien jouer pour faire de ce secteur un secteur plus efficace en vue d'une amélioration des conditions de vie en Haïti. L'analyse théorique a déjà donné une idée sur la contribution de la microfinance au le développement à travers les pensées de plusieurs auteurs et institutions. Etant donné que dans la section précédente le développement de la microfinance s'est avéré, cette analyse empirique tentera de vérifier que ce développement de la microfinance contribue au développement socio-économique en Haïti, particulièrement à Carrefour. Pour ce faire nous avons réalisé une enquête de terrain sur un échantillon de 31 bénéficiaires des services de microfinance dans la commune de Carrefour. D'entrée de jeu, tâchons de présenter la commune.

10.2.1 Présentation de la commune de Carrefour40(*)

La commune Carrefour est la troisième commune de l'arrondissement de Port-au-Prince du point de vue administratif. Elle mesure 165,16 km2 et elle est subdivisée actuellement en 13 sections communales. Elle a au moins 189 localités et 109 habitations. Elle relie la capitale Port-au-Prince aux quatre départements géographiques du Grand Sud, à savoir, le Sud, le Sud-Est, la Grande-Anse et les Nippes. Elle est bornée au nord par le golfe de la Gonâve, au sud par les communes de Jacmel et de Kenscoff ; à l'est par les communes de Port-au-Prince, de Kenscoff et de Pétion-Ville et à l'ouest par les communes de Gressier, de Léogâne et de Jacmel. Le relief de la commune de Carrefour est la plaine pour la partie urbaine et la montagne pour la partie rurale. Elle est une commune côtière.

Sur le plan démographique, le Plan d'investissement municipal (PIM) rapporte que selon les estimations faites par l'IHSI sur la base du recensement général de 2003, la commune de Carrefour comptait 465 019 habitants en 2009 (dont seulement 7,45 % en milieu rural). Plus de 90 % de la population résidaient en milieu urbain. La population féminine accuse une supériorité numérique puisqu'on comptait dans la commune 86 hommes pour 100 femmes. Cette commune accueille beaucoup de gens sujets à l'exode rural. Elle est d'autant plus attirante pour les migrants que les loyers y sont relativement moins chers qu'à Delmas et à Port-au-Prince. Cette situation donne lieu aussi à l'établissement de nombreux bidonvilles au niveau de la commune.

La situation socio-économique de la commune a déjà été décrite au chapitre trois (3). Mais, l'on doit souligner que la commune est riche en potentiel compte tenu de l'existence des infrastructures touristiques, scolaires, commerciales...

La commune de Carrefour a été très frappée par le séisme du 12 janvier 2010 résultant en d'énormes pertes matérielles et en vies humaines.

Dans le cadre de ce travail, nous tenons à vérifier l'impact de la microfinance dans la commune de Carrefour. Pour ce faire, nous avons réalisé une enquête auprès des personnes ayant contracté les services de microfinance. Voici la présentation de l'enquête.

10.2.2 Méthodologie de l'enquête

L'enquête de terrain nous permet de vérifier la place qu'occupent les institutions de microfinance dans les activités des bénéficiaires dans la commune de Carrefour. Nous avons procédé à une enquête exploratoire à partir d'un questionnaire élaboré à cette fin. Pour ce faire, nous avons utilisé une méthodologie qui consiste à entretenir directement avec l'enquêté. Un enquêté est une personne ayant utilisé les services de microfinance dans la commune de Carrefour. L'enquête a été réalisée en deux (2) étapes. La première étape consiste à identifier les clients des IMF tout en prenant contact avec eux pour l'entretien. La deuxième étape concerne l'entretien lui-même. Certains des entretiens ont été réalisés à partir de téléphone et les autres, tête à tête. L'enquête a duré environ deux (2) mois.

10.2.3 Echantillonnage

L'échantillon est choisi de manière aléatoire. Mais, soulignons que dans le cadre de cette enquête, tous les membres de notre population (tout ce qui bénéficie du crédit d'une institution quelconque de microfinance dans la commune de Carrefour) ont la même probabilité d'être choisis parmi nos enquêtés. Nous avons choisi au hasard un échantillon de trente et un (31) personnes ayant bénéficié du microcrédit. L'enquête a été réalisée sans aucun préjugé de sexe, de couleur et de religion.

10.2.4 L'unité statistique

L'unité statistique est une personne ayant bénéficié d'au moins un crédit d'une institution de microfinance exerçant ses activités dans la commune de Carrefour.

10.2.5 Contenu du questionnaire

Notre étude se rapporte à l'analyse de la contribution réelle du secteur de la microfinance sur le développement socio-économique des bénéficiaires des services de la microfinance, particulièrement du crédit dans la commune de Carrefour. Le questionnaire contient quatre (4) parties. La première concerne l'observation directe, la deuxième se rapporte à l'activité entreprise par le bénéficiaire, la troisième au prêt (crédit) et la quatrième partie, aux conditions de vie du bénéficiaire. De ce fait nous avons collecté des données relatives à la condition de vie, l'éducation et le bénéfice généré par l'activité économique exercée par les bénéficiaires du microcrédit. Le questionnaire comportant 25 questions directes, fermées et ouvertes, a été soumis à l'enquêté. Les zones couvertes par l'enquête de terrain sont : Arcachon, Bizoton, Cote-plage, Diquini, Lamentin, Mahotière, Marché de Carrefour, Route de Carrefour, Route des rails, Thor, Titus et Waney.

10.2.6 Saisie et traitement des données

Pour le traitement des données nous avons utilisé le logiciel statistique SPSS. D'abord, nous avons donné un numéro à chaque formulaire, puis nous procédons directement à la saisie des données. De ce fait, nous enregistrons sur SPSS, toutes les questions du questionnaire. Ensuite, nous entrons les données telles que collectées sur SPSS. Une fois les données entrées, nous procédons à une analyse statistique des données traitées.

10.3 Présentation des résultats

Les résultats seront présentés par module. Ce qui permettra de cerner les indicateurs pouvant faciliter la vérification de l'hypothèse de travail. Les indicateurs relatifs à la contribution du développement de la microfinance (déjà admis à la première section) au développement socio-économique sont ceux expliquant la longévité, ceux se rapportant à l'éducation/formation et ceux facilitant l'accès aux ressources nécessaires à la vie.

10.3.1 Les indicateurs relatifs au développement socio-économique

Les indicateurs utilisés dans ce modèle pour mesurer le développement sont la longévité, l'éducation et le revenu. Puisque dans une certaine mesure les soins et l'éducation passent par le revenu, nous allons d'abord vérifier l'influence du développement de la microfinance sur le revenu des bénéficiaires.

A. Revenu (accès aux ressources)

A.1. Augmentation du bénéfice : 35.48 % disent qu'ils mènent l'activité pour générer du revenu, pour gagner de l'argent ou pour faire du profit. 90% des enquêtés constatent une augmentation de leur bénéfice après avoir obtenu le prêt. Ce qui traduit une amélioration de leur revenu. 87.1% disent utiliser les services de la microfinance pour le financement additionnel, ce que certains d'entre eux considèrent parfois comme une relance de leur activité. Seulement 13.33% des enquêtés émettent une opinion défavorable au secteur de la microfinance. Par contre, 86.67 % ont une opinion favorable du secteur. Ces bénéficiaires qui sont favorables au secteur croient que la microfinance est un bon moyen de financement pouvant les aider non seulement à trouver du crédit mais aussi à faire fructifier leurs affaires en termes de rentabilité.

A.2. Dépenses : L'enquête présente des résultats disparates en ce qui a trait aux dépenses quotidiennes des ménages. La dépense minimale de notre échantillon est de 90 gourdes et la valeur maximale est de 1500 gourdes par jour. C'est une inégalité parfaite au niveau des dépenses. Toutefois, ce qui peut être considéré comme un point commun est que 90.3 % des enquêtés financent leurs dépenses quotidiennes à partir de leur activité. Et de plus, 48.38% des bénéficiaires des services de la microfinance ont répondu qu'ils mènent leur activité pour répondre soit à leurs propres besoins, ou aux besoins de leur famille, ou encore pour prendre soins de leur famille.

B. Longévité (niveau de vie)

B.1. Fréquentation des soins médicaux : 45.2 % des bénéficiaires utilisent rarement les soins médicaux, et 38.7% utilisent parfois les soins médicaux. Cependant, 9.7% disent ne jamais utiliser les soins médicaux. Parmi ceux utilisant les soins médicaux, 48.4% disent payer ces soins à partir de leur activité.

B.2. Amélioration des conditions de vie : 51.6 % déclarent que leurs conditions de vie ne sont pas mauvaises et 41.9 % se disent en bonnes conditions de vies. Il n'y a que 6.5% qui se disent être en très bonnes conditions de vie. Personne ne s'estime être en mauvaises conditions de vie. À la question « pourquoi vous menez cette activité ? », 16.13% ont répondu menant leur activité pour améliorer leurs conditions de vie.

B.3. Emancipation des femmes : Parmi les enquêtés, seulement 35.5% des bénéficiaires sont des hommes, tandis que 64.5 % sont des femmes.

B.4. Loisirs : 87.1 % des enquêtés ont des activités de loisirs. 35.5 % déclare regarder la télévision comme loisir, tandis que 12.9% n'ont aucune activité de loisir.

C. Niveau d'Education

Certains ménages ont à la fois chez eux des universitaires, des élèves et des personnes ne fréquentant aucune institution de formation. De ce fait, nous avons traité séparément les résultats de l'enquête concernant la fréquentation d'université, d'école... Selon l'enquête 87.09 % des bénéficiaires ont des gens de leur ménage qui mènent une activité académique (scolaire). 32.25 % des bénéficiaires ont des universitaires dans leur ménage. 60.7 % de ces bénéficiaires financent la formation scolaire et/ou universitaire grâce à leur activité. Tandis que 35.7% financent la formation par d'autres revenus et 3.6% reçoivent un don pour financer la formation.

D. Autres résultats importants

D.1. Réduction du chômage : Parmi les enquêtés, près de 42% déclarent mener leur activité pour résister au chômage.

D.2. Financement de l'activité par la microfinance : L'enquête révèle que seulement 12.9% utilisent le crédit microfinancier pour le démarrage de leurs activités alors que 87.1 % en utilisent pour le renforcement de leurs activités. Il importe de souligner que la majeure partie du crédit est utilisée dans le commerce (90.3%). Seulement 3.2% des clients se lancent dans des activités de production contre 6.5% dans le secteur des services.

D.3. Distribution du crédit : L'augmentation de crédit traduit, dans certains cas, de la confiance, de la maturité et peut-être de la bonne foi du client. Le résultat de cette enquête montre que 67.74 % des clients ont vu leur crédit augmenter. Le tableau suivant présente l'évolution des prêts de 14 clients de notre échantillon.

Tableau 8 : Evolution des prêts de 14 clients41(*) selon l'enquête de terrain

Prêt de départ

Prêt de renouvellement

Taux de croissance du prêt (en %)

150000

200000

33.33

10000

15000

50

20000

28000

40.00

7500

17500

133.33

7500

10000

33.33

30000

30500

1.67

50000

100000

100.00

10000

11000

10.00

10000

12000

20.00

15000

20000

33.33

5000

7500

50.00

10000

12500

25.00

12500

20000

60.00

3000

5000

66.67

Source : Elaboré par l'auteur à partir des résultats de l'enquête

Ce tableau présente une évolution diversifiée de prêts. Des augmentations ne dépassant pas les 10% sont enregistrées. Cependant, certains prêts affichent une croissance de plus de 100%. Cela dépend du montant de crédit, du nombre de retard enregistré, de l'institution prêteuse ou de la méthodologie utilisée. Le paiement des intérêts avec peu ou pas de retard est un bon indicateur pour le client qui veut renouveler et augmenter son crédit.

Autre fait qu'il importe de souligner sur la distribution des crédits est qu'il y a un nombre considérable de clients dont leur prêt de départ dépasse les 10 000 gourdes. En effet, plus de 77% des crédits sont supérieurs ou égaux à 10 000 gourdes. D'un autre coté on a pu retenir que 48.4% des clients disent démarrer leurs activités avec un montant ne dépassant pas 10 000 gourdes. Et de plus, 67.7% ont démarré leurs activités avec un montant situé entre 10 000 et 15 000 gourdes, borne supérieure incluse. Cette constatation nous permet d'avancer que le montant des crédits octroyé par les IMF pourrait bien contribuer à camper une activité génératrice de revenu, toutes choses restant égales par ailleurs.

Les informations suivantes sont traitées séparément vu que la question relative à cette partie admet plusieurs réponses qui ne sont pas forcément liées. C'est-à-dire un personne peut avoir besoin du crédit, ou de la formation, ou encore d'autres services comme l'épargne et des services d'assurance séparément. En effet, selon les résultats de l'enquête, il s'en suit que 80.6% des bénéficiaires des services de la microfinance sont encore disposés à recevoir du crédit, 45.2% souhaitent recevoir des services d'assurance, 48.4% voudraient bien se procurer des services d'épargne et 67.7 % aimeraient recevoir des formations pouvant leur permettre d'être plus efficaces dans leurs activités.

10.4 Confrontation des résultats à notre hypothèse

L'hypothèse générale de cette étude a été formulée ainsi : Le développement de la microfinance contribue au développement socio-économique des bénéficiaires à Carrefour. Le développement de la microfinance est déjà vérifié et admis à la première section à partir des données de sources administratives dont nous disposons. Et de plus, selon le tableau 8, 21 prêts (67,74% des clients) se sont vu augmenter. Ce qui représente un renforcement du crédit à Carrefour. Ainsi, rappelons-nous, pour les quatre IMF représentant 90% du total du réseau d'ANIMH, les indicateurs sont en hausse. Les couples de croissance sont, respectivement nombre d'emprunteurs et le volume de crédit : (1116%, 1294%) pour l'ACME  de 2000 à 2009 ; (529%, 96%) pour la SOGESOL de 2000 à 2009 ; (523%, 744%) pour la FONKOZE de 1999 à 2009 et (160%, 94%) pour le MCN de 2002 à 2009. Pour vérifier la contribution du développement de la microfinance sur le développement socio-économique, il suffit de vérifier tour à tour la contribution du développement de la microfinance sur la longévité, sur l'éducation et sur le revenu des bénéficiaires.

1. L'impact de la microfinance sur la longévité

Pour mesurer la longévité, nous avons recouru à plusieurs paramètres expliquant une meilleure condition de vie : les soins médicaux, sensation de bien-être, l'émancipation de la femme et les activités de loisirs. Cette liste n'est pas exhaustive.

Les résultats de l'enquête de terrain témoignent qu'environ 83.9% des bénéficiaires utilisent quand même les soins médicaux et 48.4% d'entre eux financent ces soins à partir de leur activité. Ce qui permet de voir que la microfinance a un impact positif sur la santé chez les bénéficiaires.

Tous les enquêtés sont soit en très bonnes conditions de vie (6.5%), soit en bonnes conditions de vie (41.9%) ou ne pas être en mauvaises conditions de vie (51.6 %). L'activité améliore considérablement les conditions de vie des enquêtés.

Parmi les enquêtés, 64.5% sont des femmes. Donc, la microfinance aide à l'émancipation de la femme telle que souhaite certains penseurs dont Isabelle Guérin et Axel de Ville ; les organismes internationaux dont l'ONU.

D'un autre coté, 87.1% des enquêtés ont au moins une activité de loisir. Et la majorité a leurs activités comme source de financement des dépenses les plus fréquentes. On peut dire que l'activité que supporte la microfinance favorise les loisirs.

Puisque la microfinance a un impact positif sur la santé, sur les conditions de vie, sur l'émancipation de la femme et sur les loisirs, on peut dire que la microfinance contribue à la longévité des bénéficiaires.

2. L'impact de la microfinance sur l'éducation

Selon les résultats de l'enquête, 60.7 % de ces bénéficiaires disent financer la formation scolaire et/ou universitaire grâce à leur activité, on en déduit que la microfinance contribue à l'éducation chez les bénéficiaires.

3. L'impact de la microfinance sur le revenu

Cette étude révèle que 90% des enquêtés constatent une augmentation de leur bénéfice après avoir obtenu le prêt. Ce qui traduit une amélioration de leur revenu. 87.1% disent utiliser les services de la microfinance pour le financement additionnel, ce que certains d'entre eux considèrent parfois comme une relance de leur activité. Plus loin, 90.3 % des enquêtés financent leurs dépenses quotidiennes à partir de leur activité.

Somme toute, nous pouvons déduire que l'activité que soutient la microfinance apporte une contribution spéciale à l'accès aux ressources chez les bénéficiaires.

Compte tenu du fait que la microfinance, par l'activité qu'elle engendre ou renforce, contribue à la longévité, à l'éducation et à l'accès aux ressources, il en résulte que la microfinance contribue au développement économique et social des bénéficiaires des services de microfinance.

L'hypothèse générale ainsi formulé : « Le développement de la microfinance contribue au développement socio-économique des bénéficiaires à Carrefour» est, nous semble-t-il, vérifiée à la lumière des résultats obtenus sur le terrain.

Conclusion

Ce chapitre a mis en relief l'apport réel de la microfinance au développement dans la commune de Carrefour. Ainsi, les résultats de l'enquête nous ont-ils permis de déceler à quel niveau cette contribution est-elle effective. Nous avons pu réaliser que la microfinance a un impact positif sur la santé des bénéficiaires car ils y utilisent pour financer leurs soins. Ce qui permettra d'augmenter le niveau de vie, ceteris paribus. Ensuite, la microfinance contribue à l'éducation des ménages bénéficiaires. De plus, les services de microfinance permettent aux femmes de s'intégrer davantage dans le foyer et dans la société en ce sens qu'elle permet de créer et de renforcer des activités génératrices de revenus. Enfin, l'outil de petit financement facilite l'accès aux ressources nécessaires à l'amélioration des conditions de vie des ménages. Après avoir vérifié l'impact et l'importance de ce secteur pour la commune de Carrefour, nous sommes amenés à croire que la microfinance pourrait contribuer au développement socio-économique d'Haïti, toutes choses étant égales par ailleurs.

CHAPITRE 11 CONCLUSIONS GENERALES ET RECOMMANDATIONS

Conclusions

En somme, par cette étude nous avons pu rapprocher les concepts développement de la microfinance et développement socio-économique. Nous avons supposé que le développement de la microfinance peut contribuer au développement socio-économique. Nous avons présenté le secteur de la microfinance dans un cadre général pour une meilleure compréhension de l'outil microfinancier. Nous avons exploré les pensées d'auteurs qui prennent parti pour la contribution réelle de la microfinance au développement. Avant de recourir à l'analyse empirique, nous avons jugé nécessaire de faire un survol sur la situation socio-économique d'Haïti. Ce survol a permis d'avoir une idée plus exacte sur les grands maux qui gangrènent la société haïtienne. Ensuite, nous sommes partis vers la vérification de l'existence d'un lien entre le développement de la microfinance et développement socio-économique.

Dans un premier temps, il était question de vérifier que les activités des IMF, particulièrement celles d'ACME, en termes du nombre d'emprunteurs et l'évolution du volume de crédits octroyés, ont été développées entre 2000 et 2009. Pour y arriver nous avons fait un examen minutieux sur la distribution du crédit (Portefeuille et nombre de clients). Les données collectées ont permis de constater que les activités d'ACME sont en nette expansion sur toute la période. Seul le portefeuille de 2004 qui affiche une diminution de l'ordre de 5.68%. Cette diminution est due probablement aux différents évènements socio-politiques que connait le pays. Nous sommes convaincus que les troubles socio-politiques inhibent les processus de croissance, comme l'a démontré Thomas LALIME (2010). Plus loin, nous avons pu vérifier que la tendance croissante est maintenue pour les autres institutions les plus importantes du secteur. Il était admis que la microfinance se développe tant au niveau national qu'au niveau local.

Dans un second temps, il était question de vérifier la contribution du développement de la microfinance au développement économique et social. Une enquête a été réalisée à cette fin. Les résultats de l'enquête a permis de vérifier l'hypothèse générale à savoir : Le développement de la microfinance contribue au développement socio-économique des bénéficiaires à Carrefour. D'une manière détaillée, nous nous sommes amenés à constater l'évolution incessante des activités de la microfinance en Haïti, et conséquemment dans la commune de Carrefour. Et aussi avons-nous constaté l'impact positif de ces activités sur la longévité, sur l'éducation comme le souhaite Christopher Dunford et sur les revenus des bénéficiaires en favorisant l'accumulation économique par la création d'activités.

Plus loin, on a pu relever certaines particularités dans la distribution du crédit. Cette dernière se fait majoritairement dans le secteur commercial (90.3%). Ce qui est un manque à gagner pour les autres secteurs, notamment productions et services et ceci constitue l'un des effets négatifs de la microfinance en ce sens qu'elle a tendance à regrouper tous ses clients vers les mêmes types d'activités.

Autres particularités qu'il faut souligner, qui est en fait une limite du secteur, est que la distribution du crédit se fait surtout pour le renforcement des activités. Et malheureusement, la majorité des pauvres n'ont pas forcement de quoi à démarrer une activité en dépit de leurs potentialités. Certains des enquêtés se plaignent aussi sur la mauvaise compréhension des institutions prêteuses de qui souhaitent-ils un service réellement adapté à leur situation soit en termes de taux d'intérêt et/ou de délai ou en termes du montant des crédits qu'on leur octroie.

L'analyse empirique a rapporté que près de la moitié des clients ont recouru au crédit en vue de s'échapper au chômage.

L'enquête de terrain permet aussi de constater le désir des bénéficiaires à toujours recevoir des services microfinanciers. Si pour certains il faut augmenter le portefeuille de crédit, pour certains d'autres, le microcrédit doit accompagner d'autres services comme l'épargne, l'assurance et la formation pour enrichir l'offre de services dans le cadre des perspectives adaptées réellement aux besoins des clients. Cela permettra de parler réellement de la microfinance, en lieu et place de microcrédit. En fin de compte, nous sommes tenus à faire quelques recommandations dans la section suivante.

Recommandations

La microfinance ne saurait à elle-même seule résoudre à tous les problèmes auxquels fait face une société, elle peut tout simplement apporter sa contribution, comme nous venons de le montrer. Mais, il reste encore beaucoup à faire pour rendre ce secteur soit plus productif, plus approprié et pérenne. Dans cet état de fait, nous sommes tenus à faire des recommandations aux institutions de microfinance (IMF) et aux instances étatiques, qui en sont les principaux acteurs de décision et de contrôle.

- Du côté des institutions de microfinance

Pour favoriser davantage l'impact socio-économique de la microfinance sur les microentrepreneurs, toute une série de mesure doit être prise. En ce sens nous recommandons aux institutions de microfinance de :

1- Baisser progressivement les coûts d'accès aux crédits, notamment le taux d'intérêt qui va entraîner une meilleure profitabilité des activités.

2- Offrir de montants de microcrédits adaptés aux besoins réels des microentrepreneurs afin d'éviter les effets pervers d'un surendettement.

3- Maîtriser les risques d'impayés, ce qui favorisera la pérennité et la capacité commerciale des IMF.

4- Offrir des services non-financiers, comme des séances de formation sur la gestion, la comptabilité et le marketing aux bénéficiaires des crédits. Car, cette étude montre que la majorité des bénéficiaires, sinon tous, n'ont pas de cahier comptable. Et si cahier il y a, ils n'enregistrent que les noms de leurs débiteurs.

5- Innover en développant de nouveaux produits financiers inclusifs afin de mieux répondre aux besoins des populations à bas revenus.

6- Diversifier le portefeuille de crédit, en finançant davantage d'activités de production. Une valorisation de la production nationale, notamment au niveau agricole, artisanale et industriel permettra au pays de s'écarter un peu sous le joug de l'importation. Cette dernière, cause la fuite de devises importantes de l'économie nationale.

- Du côté de l'Etat

Pour l'éradication du phénomène de pauvreté en Haïti, l'Etat doit faire montre de bonne volonté via sa contribution au côté des IMF à rendre le secteur plus productif. Puisque la microfinance est considérée pour plus d'un comme un tremplin au développement. Dans ce cas, l'Etat doit sa contribution en :

1- Etablissant un cadre réglementaire pour les IMF de types non-coopératifs. Un cadre légal comportant, entre autres, le droit de recours en justice, de négociations de prêts ou de subventions, d'accumulation d'actifs... Cette réglementation favorisera davantage le développement du secteur.

2- Travaillant à créer un climat de stabilité politique dans le pays. Ce qui mettra les investisseurs et les potentiels investisseurs en confiance.

3- Amplifiant les services publics en matière de sécurité, d'électricité, de l'accès à l'eau, de salubrité, de construction d'infrastructures routières...

4- Travaillant à faire respecter et protéger l'environnement via les ministères de l'environnement, des travaux publics, de l'intérieur...

5- Créant un fonds de garantie pour pallier au risque de non-solvabilité des microentrepreneurs.

6- Travaillant à la stabilité de l'environnement macroéconomique de telle sorte qu'il soit plus approprié pour les affaires.

CHAPITRE 12 BIBLIOGRAPHIE

Rubrique 1 : Livres, mémoires, thèses

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4- ANIMH, Qu'est-ce que la microfinance, (Page consultée le 15 février 2014), [En ligne] à l'adresse URL : http://www.animhaiti.org/index.php?option=com_content&task=view&id=44&Itemid=67.

5- BAIROCH Paul, « Encyclopédie économique » édition Economica, article « développement ». Article [En ligne] sur http://www.ac-nice.fr/ses/termtd/mesidh.htm, page consultée le 15 juillet 2014.

6- MATHIEU François Régis, La mesure du développement, version archivée le 02 avril 2006 et lue sur le site www.globenet.org le 10 mars 2014.

7- VISENE J-L., « La pauvreté rurale en Haïti : Cercle vicieux du sous-développement local », publié dans le journal Le Nouvelliste, no. 36742 du vendredi 8 au dimanche 10 août 2003, pp. 16, 23. L'article est disponible sur le blog : http://visenejl.blogspot.com . Page consultée le 10 juillet 2014.

8- Association Haïtienne des économistes (AHE), La tertiairisation de l'économie haïtienne, (page consultée le 10 avril 2014), [En ligne] à l'adresse URL : http://lenouvelliste.com/lenouvelliste/article/124595/La-tertiairisation-de-leconomie-haitienne.html

9- Blondeau, N. (2007), La microfinance. Un outil de développement durable ? Revue des revues, article publié initialement dans Etudes (2006), 8 p. [En ligne] à l'adresse URL : http://www.microfinancegateway.org/sites/default/files/mfg-fr-publications-diverses-microfinance-outil-de-developpement-durable-09-2006_0.pdf Page consultée le 17 juin 2014

Rubrique 4- Sitographie

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http://www.unicef.org

http://www.acmehaiti.org/

ANNEXE A - FORMULAIRE POUR L'ENQUÊTE DE TERRAIN

UNIVERSITÉ D'ÉTAT D'HAITI (UEH)

FACULTÉ DE DROIT ET DES SCIENCES ÉCONOMIQUES (FDSE)

Questionnaire relatif à l'enquête de terrain pour le mémoire de sortie de

Jonathan Saint Jean

Cette enquête a pour but de collecter des informations sur l'impact de la micro finance sur le développement économique et social des personnes ayant contracté du microcrédit dans la commune de Carrefour pour la période 2000-2009. Dans ce cas on va collecter des informations sur les conditions de vie, l'éducation et le revenu. Cette dernière variable sera mesurée par le bénéfice réalisé dans leur activité.

PARTIE I : Salutation, présentation, Observation directe

Bonjour/bonsoir, Je suis ........... Je mène cette enquête dans le cadre d'une recherche universitaire. Je vous demande de m'accorder quelques minutes justes pour vous poser quelques questions. Je vous assure que les informations resteront confidentielles.

Sexe, type d'activité, zone du commerce :..........................................................................................................................................................................................................................

PARTIE II : De l'activité

1.- Pouvez-vous me dire pourquoi vous menez cette activité ?

R..................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

2.- Depuis combien de temps menez-vous cette activité ?

a) Moins de 5 ans b) 5 à 10 ans c) 10 à 15 ans d) Plus de 15 ans

3- Comment avez-vous procédé pour commencer l'activité (financement)?

a) Avec mes propres fonds b) vente de propriétés c) Prêts d) Don e) Autres, spécifiez s'il y a lieu svp...........................................................................

4.-Avec combien d'argent avez-vous approximativement débuté dans cette activité (montant en gourdes?

a) Moins de 5000 b) 5000 à 10000 c) 10000 à 15000 d) Plus de 15000

PARTIE III : Du prêt et de l'institution

5.- Pour quelles raisons avez-vous fait votre premier prêt ?

a) Pour démarrer l'activité b) financement additionnel c) Autres, précisez .........................

6.-De quelles institutions êtes-vous clients ? (Plusieurs réponses sont possibles)

a) ACME b) SOGESOL c) MCN d) Fonkoze e) Autres, précisez............................

7.- Combien était le montant de votre premier prêt ? Votre deuxième ? (En gourdes)

R. Premier :................................... Deuxième :..........................................

8.- Combien est-il maintenant ?

R......................................................................................................

9.- Quel est le taux d'intérêt appliqué à votre actuel prêt ? (En pourcentage)

R......................................................................................................

10.- Avez-vous des difficultés à verser les intérêts ?

a) Jamais b) Rarement c) Parfois d) Souvent e) Autres, spécifiez..............................

11.- Qu'arrive-t-il quand vous ne respectez pas l'échéance des versements d'intérêts ? (Sanctions)

R.........................................................................................................

12.- Est-ce que l'emprunt génère une augmentation de votre bénéfice ?

a) Oui b) Non

13.- De combien s'élève-t-il mensuellement? (Ecrivez exactement la réponse de l'enquêté(e))

R.........................................................................................................

PARTIE IV : Des Conditions de vie

14.- Comment sont les conditions de vie de votre côté ?

a) Mauvaises b) Pas mauvaises c) Bonnes d) Très bonnes

15.- Votre ménage est composé de combien de personnes ?

R.........................................................................................................

16.- Combien de personnes de votre ménage qui mènent une activité académique ou professionnelle?

 a) Ecole :...............b) Université :...............c) Autres :.................................

17.- Où trouvez-vous de l'argent pour financer leur formation ? (Si 16.- est positive)

a) de l'activité b) Don c) Transferts publics d) autres revenus, précisez ............................

18.- A quelle fréquence un membre au moins de la famille utilise-il des services médicaux ?

a) Jamais b) Rarement c) Parfois d) Souvent e) Très souvent

19.- Comment payez-vous les soins médicaux ?

a) de l'activité b) du don c) de mon travail et/ou celui de mon partenaire d) Autres revenus, précisez ....................................................................................

20.- Quelle est en moyenne la valeur de vos dépenses quotidiennes ?

R.........................................................................................................

21.- D'où est-ce que vous trouvez de l'argent pour vos dépenses quotidiennes ?

a) de l'activité b) de mon travail et/ou celui de mon partenaire c) Autres, précisez................

22.- Quelles sont généralement vos activités de loisir ?

a) Radio b) Télévision c) Internet d) plage e) voyage f) aucune g) Autres

23.- Comment voyez-vous globalement les activités de microcrédit dans la commune ? (Opinion)

R....................................................................................................................................................................................................................

24.- Seriez-vous encore prêt à recevoir du crédit ou d'autres services de microfinance ?

a) Oui b) non

24 a.- Si oui, lesquels ? a) Crédit b) assurance c) épargne d) formation e) Autres

25.- Que recommandez-vous au secteur de la microfinance ?

R...............................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

Merci beaucoup !

ANNEXE B - LES RÉSULTATS TROUVÉS À PARTIR DES DONNÉES TRAITÉES AVEC SPSS

Quel est le sexe de l'enquete?

 

Frequency

Percent

Valid Percent

Cumulative Percent

Valid

Homme

11

35.5

35.5

35.5

Femme

20

64.5

64.5

100.0

Total

31

100.0

100.0

 

Quelle activite exercez-vous?

 

Frequency

Percent

Valid Percent

Cumulative Percent

Valid

Commerce

28

90.3

90.3

90.3

Production

1

3.2

3.2

93.5

Services

2

6.5

6.5

100.0

Total

31

100.0

100.0

 

Pouvez-vous me dire pourquoi vous menez cette activité ?

 

Frequency

Percent

Valid Percent

Cumulative Percent

Valid

Ameliorer le bien-etre

1

3.2

3.2

3.2

Ameliorer les conditions de vie

1

3.2

3.2

6.5

Ameliorer les conditionsde vie et pour cause de chomage

1

3.2

3.2

9.7

Contribuer a l'education, adapter au monde actuel, generer du revenu

1

3.2

3.2

12.9

Faire du profit

1

3.2

3.2

16.1

Gagner de l'argent

1

3.2

3.2

19.4

Gagner de l'argent et pour cause de chomage

1

3.2

3.2

22.6

Generer du revenu

1

3.2

3.2

25.8

Generer du revenu, faire l'education des enfants

1

3.2

3.2

29.0

generer du revenu, prendre soin de ma famille et pour cause du chomage

1

3.2

3.2

32.3

Pour cause de chomage

1

3.2

3.2

35.5

Pour cause de chomage et pour generer du revenu

2

6.5

6.5

41.9

Pour gagner sa vie

1

3.2

3.2

45.2

Pour le progres, pour gagner de l'argent

1

3.2

3.2

48.4

Prendre soin de ma famille

1

3.2

3.2

51.6

Prendre soin de ma famille et genere du revenu

1

3.2

3.2

54.8

Prendre soin de ma famille et pour cause de chomage

1

3.2

3.2

58.1

Prendre soins de ma famille

2

6.5

6.5

64.5

Repondre aux besoins

2

6.5

6.5

71.0

Repondre aux besoins de ma famille et augmenter mon revenu

1

3.2

3.2

74.2

Repondre aux besoins de ma famille et pour cause de chomage

1

3.2

3.2

77.4

Repondre aux besoins et pour cause de chomage

4

12.9

12.9

90.3

Repondre aux besoins financiers de ma famille

1

3.2

3.2

93.5

S'adapter au mode de vie en Haiti

1

3.2

3.2

96.8

Suivre l'exemple familial et pour cause du chomage

1

3.2

3.2

100.0

Total

31

100.0

100.0

 

Comment avez-vous procédé pour commencer l'activité (financement)?

 

Frequency

Percent

Valid Percent

Cumulative Percent

Valid

Avec mes propres fonds

26

83.9

83.9

83.9

Prêts

4

12.9

12.9

96.8

Don

1

3.2

3.2

100.0

Total

31

100.0

100.0

 

Avec combien d'argent avez-vous approximativement débuté dans cette activité (montant en gourdes?

 

Frequency

Percent

Valid Percent

Cumulative Percent

Valid

Moins de 5000

7

22.6

22.6

22.6

5000 à 10000

8

25.8

25.8

48.4

10000 à 15000

6

19.4

19.4

67.7

Plus de 15000

10

32.3

32.3

100.0

Total

31

100.0

100.0

 

Pour quelles raisons avez-vous fait votre premier prêt ?

 

Frequency

Percent

Valid Percent

Cumulative Percent

Valid

Pour démarrer l'activité

4

12.9

12.9

12.9

financement additionnel

27

87.1

87.1

100.0

Total

31

100.0

100.0

 

Combien était le montant de votre premier prêt ? (En gourdes)

 

Frequency

Percent

Valid Percent

Cumulative Percent

Valid

-

1

3.2

3.2

3.2

10000

9

29.0

29.0

32.3

12500

2

6.5

6.5

38.7

15000

5

16.1

16.1

54.8

150000

1

3.2

3.2

58.1

20000

1

3.2

3.2

61.3

25000

2

6.5

6.5

67.7

3000

1

3.2

3.2

71.0

30000

1

3.2

3.2

74.2

350000

1

3.2

3.2

77.4

5000

3

9.7

9.7

87.1

50000

2

6.5

6.5

93.5

7500

2

6.5

6.5

100.0

Total

31

100.0

100.0

 

Combien était le montant de votre deuxième pret ?

 

Frequency

Percent

Valid Percent

Cumulative Percent

Valid

-

6

19.4

19.4

19.4

10000

1

3.2

3.2

22.6

100000

1

3.2

3.2

25.8

11000

1

3.2

3.2

29.0

12000

1

3.2

3.2

32.3

12500

1

3.2

3.2

35.5

15000

7

22.6

22.6

58.1

17500

1

3.2

3.2

61.3

20000

5

16.1

16.1

77.4

200000

1

3.2

3.2

80.6

22500

1

3.2

3.2

83.9

28000

1

3.2

3.2

87.1

30500

1

3.2

3.2

90.3

5000

2

6.5

6.5

96.8

7500

1

3.2

3.2

100.0

Total

31

100.0

100.0

 

Avez-vous des difficultés à verser les intérêts ?

 

Frequency

Percent

Valid Percent

Cumulative Percent

Valid

Parfois

10

32.3

32.3

32.3

Rarement

8

25.8

25.8

58.1

Jamais

13

41.9

41.9

100.0

Total

31

100.0

100.0

 

Qu'arrive-t-il quand vous ne respectez pas l'échéance des versements d'intérêts ? (Sanctions)

 

Frequency

Percent

Valid Percent

Cumulative Percent

Valid

Delai

2

6.5

6.5

6.5

Je paie toujours

14

45.2

45.2

51.6

Penalites

15

48.4

48.4

100.0

Total

31

100.0

100.0

 

Est-ce que l'emprunt génère une augmentation de votre bénéfice ?

 

Frequency

Percent

Valid Percent

Cumulative Percent

Valid

Oui

27

87.1

90.0

90.0

Non

3

9.7

10.0

100.0

Total

30

96.8

100.0

 

Missing

Ne sait pas

1

3.2

 
 

Total

31

100.0

 
 

De combien s'élève-t-il mensuellement? (Ecrivez exactement la réponse de l'enquêté(e))

 

Frequency

Percent

Valid Percent

Cumulative Percent

Valid

-

12

38.7

44.4

44.4

10000

1

3.2

3.7

48.1

11500

1

3.2

3.7

51.9

18000

1

3.2

3.7

55.6

2000

2

6.5

7.4

63.0

20000

2

6.5

7.4

70.4

25000

1

3.2

3.7

74.1

3000

2

6.5

7.4

81.5

4000

2

6.5

7.4

88.9

5000

2

6.5

7.4

96.3

7500

1

3.2

3.7

100.0

Total

27

87.1

100.0

 

Missing

88

3

9.7

 
 

99

1

3.2

 
 

Total

4

12.9

 
 

Total

31

100.0

 
 

Comment sont les conditions de vie de votre côté ?

 

Frequency

Percent

Valid Percent

Cumulative Percent

Valid

Pas mauvaises

16

51.6

51.6

51.6

Bonnes

13

41.9

41.9

93.5

Très bonnes

2

6.5

6.5

100.0

Total

31

100.0

100.0

 

Combien de personnes de votre ménage qui mènent une activité académique?

 

Frequency

Percent

Valid Percent

Cumulative Percent

Valid

0

4

12.9

12.9

12.9

1

7

22.6

22.6

35.5

2

11

35.5

35.5

71.0

3

7

22.6

22.6

93.5

6

2

6.5

6.5

100.0

Total

31

100.0

100.0

 

Combien de personnes de votre ménage qui mènent une activité universitaire?

 

Frequency

Percent

Valid Percent

Cumulative Percent

Valid

0

21

67.7

67.7

67.7

1

7

22.6

22.6

90.3

2

2

6.5

6.5

96.8

3

1

3.2

3.2

100.0

Total

31

100.0

100.0

 

Où trouvez-vous de l'argent pour financer leur formation ?

 

Frequency

Percent

Valid Percent

Cumulative Percent

Valid

de l'activité

17

54.8

60.7

60.7

Don

1

3.2

3.6

64.3

autres revenus

10

32.3

35.7

100.0

Total

28

90.3

100.0

 

Missing

Non reponse

3

9.7

 
 

Total

31

100.0

 
 

A quelle fréquence un membre au moins de la famille utilise-il des services médicaux ?

 

Frequency

Percent

Valid Percent

Cumulative Percent

Valid

Rarement

14

45.2

45.2

45.2

Parfois

12

38.7

38.7

83.9

Souvent

2

6.5

6.5

90.3

Jamais

3

9.7

9.7

100.0

Total

31

100.0

100.0

 

Comment payez-vous les soins médicaux ?

 

Frequency

Percent

Valid Percent

Cumulative Percent

Valid

de l'activité

15

48.4

55.6

55.6

de mon travail et/ou celui de mon partenaire

7

22.6

25.9

81.5

Autres revenus

5

16.1

18.5

100.0

Total

27

87.1

100.0

 

Missing

Non reponse

3

9.7

 
 

System

1

3.2

 
 

Total

4

12.9

 
 

Total

31

100.0

 
 

Quelle est en moyenne la valeur de vos dépenses quotidiennes ?

 

Frequency

Percent

Valid Percent

Cumulative Percent

Valid

-

6

19.4

19.4

19.4

100

2

6.5

6.5

25.8

1000

2

6.5

6.5

32.3

125

2

6.5

6.5

38.7

130

1

3.2

3.2

41.9

150

1

3.2

3.2

45.2

1500

1

3.2

3.2

48.4

200

4

12.9

12.9

61.3

250

4

12.9

12.9

74.2

300

2

6.5

6.5

80.6

350

1

3.2

3.2

83.9

400

1

3.2

3.2

87.1

500

1

3.2

3.2

90.3

600

1

3.2

3.2

93.5

750

1

3.2

3.2

96.8

90

1

3.2

3.2

100.0

Total

31

100.0

100.0

 

D'où est-ce que vous trouvez de l'argent pour vos dépenses quotidiennes ?

 

Frequency

Percent

Valid Percent

Cumulative Percent

Valid

de l'activité

28

90.3

90.3

90.3

de mon travail et/ou celui de mon partenaire

3

9.7

9.7

100.0

Total

31

100.0

100.0

 

Quelles sont généralement vos activités de loisir ?

 

Frequency

Percent

Valid Percent

Cumulative Percent

Valid

Radio

5

16.1

16.1

16.1

Télévision

11

35.5

35.5

51.6

Internet

3

9.7

9.7

61.3

plage

3

9.7

9.7

71.0

aucune

4

12.9

12.9

83.9

Autres

5

16.1

16.1

100.0

Total

31

100.0

100.0

 

Seriez-vous encore prêt à recevoir du crédit ou d'autres services de microfinance ?

 

Frequency

Percent

Valid Percent

Cumulative Percent

Valid

Oui

29

93.5

93.5

93.5

Non

2

6.5

6.5

100.0

Total

31

100.0

100.0

 

Si oui, lesquels ? Credit

 

Frequency

Percent

Valid Percent

Cumulative Percent

Valid

Oui

25

80.6

80.6

80.6

Non

6

19.4

19.4

100.0

Total

31

100.0

100.0

 

Si oui, lesquels ? Assurance

 

Frequency

Percent

Valid Percent

Cumulative Percent

Valid

Oui

14

45.2

45.2

45.2

Non

17

54.8

54.8

100.0

Total

31

100.0

100.0

 

Si oui, lesquels ? Epargne

 

Frequency

Percent

Valid Percent

Cumulative Percent

Valid

Oui

15

48.4

48.4

48.4

Non

16

51.6

51.6

100.0

Total

31

100.0

100.0

 

Si oui, lesquels ? Formation

 

Frequency

Percent

Valid Percent

Cumulative Percent

Valid

Oui

21

67.7

67.7

67.7

Non

10

32.3

32.3

100.0

Total

31

100.0

100.0

 

ANNEXE C - TABLEAUX DES CREDITS QUI SONT AUGMENTÉS A LEUR RENOUVELLEMENT

Prêt de départ

Prêt de renouvellement

Taux de croissance du prêt (en %)

Statut prêt de départ

Secteur d'activité

150000

200000

33.33

Finan.add.

Commerce

10000

15000

50

Démar.d'act.

Commerce

10000

15000

50

Finan.add.

Commerce

10000

15000

50

Finan.add.

Commerce

10000

15000

50

Finan. add.

Commerce

10000

15000

50

Finan. add.

Commerce

10000

15000

50

Finan.add.

Commerce

20000

28000

40.00

Finan.add.

Commerce

7500

17500

133.33

Finan.add.

Commerce

7500

10000

33.33

Finan.add.

Commerce

30000

30500

1.67

Finan.add.

Commerce

50000

100000

100.00

Démar. d'act.

Commerce

10000

11000

10.00

Finan.add.

Industrie

10000

12000

20.00

Finan.add.

Commerce

15000

20000

33.33

Finan.add.

Commerce

15000

20000

33.33

Finan.add.

Service

15000

20000

33.33

Finan.add.

Commerce

5000

7500

50.00

Finan.add.

Commerce

10000

12500

25.00

Finan.add.

Commerce

12500

20000

60.00

Finan.add.

Commerce

3000

5000

66.67

Finan.add.

Commerce

* 1 Ce sont un ensemble d'objectifs en huit (8) points fondamentaux visant à réduire la pauvreté de moitié d'ici 2015. Ils sont formulés ainsi : Éliminer l'extrême pauvreté et la faim, Assurer l'éducation primaire pour tous, Promouvoir l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes, Réduire la mortalité infantile et post-infantile, Améliorer la santé maternelle, Combattre le VIH/sida, le paludisme et d'autres maladies, Préserver l'environnement et Mettre en place un partenariat pour le développement

* 2 Intervention de madame Christine Lagarde, directrice générale du FMI, à l'ouverture d'un forum international organisé par le gouvernement mexicain sur «l'inclusion financière» le 26 juin 2014, à  Mexico, en présence du président mexicain Enrique Peña Nieto. [En ligne] à l'adresse : http://affaires.lapresse.ca/economie/international/201406/26/01-4779133-fmi-lagarde-plaide-pour-linclusion-financiere-des-plus-pauvres.php . Page consultée le 30 juin 2014.

* 3 Cette référence est citée par PAUL Bénédique (2011) in « le capital institutionnel dans l'analyse du changement économique et social : application au secteur de la microfinance en Haïti », p. 233.

* 4 Discours d'introduction de Kofi Annan. Symposium intitulé « Capitaux privés pour le financement des microentreprises et des petites entreprises ». Genève, 10 octobre 2005. Cité par Nicolas Blondeau (2007) in La microfinance. Un outil de développement durable ?

* 5Cette définition est disponible à l'adresse de l'Enda, [En ligne] www.endarabe.org , page consultée le 20 mai 2014.

* 6 Kout ponya est un type de prêt particulier sur lequel l'emprunteur doit verser un intérêt excessif au prêteur qui n'est pas une IMF. Dans certaines régions on utilise l'appellation ponya tout simplement. Ce dernier est la traduction créole de poignard qui est une arme blanche à double tranchant. Selon les bénéficiaires de ces genres de crédit, le kout ponya fait souvent autant de mal que le poignard (ponya) réel.

* 7 BAIROCH Paul dans « Encyclopédie économique » édition Economica, article « développement ». Article [En ligne] sur http://www.ac-nice.fr/ses/termtd/mesidh.htm, page consultée le 15 juillet 2014.

* 8 Cette définition est prise à l'encyclopédie wikipédia, [En ligne] à l'adresse, http://fr.wikipedia.org/wiki/ , page consultée le 21 juin 2014

* 9 Article 25.1 de la déclaration universelle des droits de l'homme. [En ligne] à l'adresse : http://www.un.org/fr/documents/udhr/ , page consultée le 23 juin 2014.

* 10 Article 26.2 de la déclaration universelle des droits de l'homme. [En ligne] à l'adresse : http://www.un.org/fr/documents/udhr/ , page consultée le 23 juin 2014.

* 11 Mahbub ul Haq est un  économistehomme politique et  banquier  pakistanais, né le  22  février  1934 à  Jammu et décédé le 16  juillet  1998 à  New York. Il est surtout connu pour avoir développé, avec l'Indien  Amartya Sen, l' indice de développement humain (IDH), en  1990. Il a aussi été Ministre des finances du  Pakistan en  1985 et  1986, puis de nouveau, par interim, en 1988. http://fr.wikipedia.org/, page consultée le 26 juin 2014.

* 12 Amartya Kumar Sen né le  3  novembre  1933 à  Santiniketan, Inde, est un  économiste. Il a reçu le  prix Nobel d'économie en 1998, pour ses travaux sur la  famine, sur la théorie du développement humain, sur l' économie du bien-être, sur les mécanismes fondamentaux de la pauvreté, et sur le  libéralisme politique. http://fr.wikipedia.org/, page consultée le 26 juin 2014.

* 13 MATHIEU Francois Régis, La mesure du développement, version archivée le 02 avril 2006 et lue sur le site www.globenet.org le 10 mars 2014.

* 14 Hormis certaines références particulières, cette historicité est tirée PlaNet Finance, dont la référence est citée avec précision à la fin de la section.

* 15 Mpanzu balomba est cité par Christian Nkuka dans son mémoire «  Essor de la microfinance à kinshasa en RDC, 2012 ». Patience Mpanzu Balomba est un congolais, Docteur en Sciences Agronomiques et Ingénierie Biologique, Economie Agricole.

* 16 Friedrich-Wilhelm Raiffeisen est né en 1818 d'une famille chrétienne très modeste. Il est le fondateur de la mutualité de crédit. Il a été nommé bourgmestre du district de Weyerbush (1845), puis du district de Flammersfeld (1848), et enfin maire de Heddesdorf. Son système de mutualité est à l'origine du crédit agricol et du crédit mutuel en France, de la Raiffesen Bank en Allemagne, des Caisses Raiffesen en Suisse, des Caisses Desjardins au Québec, de la Robobank en Hollande, de la C.E.R.A en Belgique, ainsi d'innombrables banques coopératives à travers le monde. Extrait de l'Encyclopaedia universalis, en ligne, consulté le 15 août 2014.

* 17 Barometre de la microfinance 2011, p.2

* 18 Muhammad Yunus est un économiste et un entrepreneur bangladeshi renommé. Surnommé le "banquier des pauvres", il a fondé la première institution de microcrédit, la Grameen Bank. Ce concept lui a valu le Prix Nobel de la paix en 2006. Il a eu son doctorat à l'université privée Vanderbilt dans le Tenessee après une maîtrise à l'université du Colorado. Ce jeune professeur d'économie comprend qu'une grande partie des problèmes rencontrés par les paysans pauvres sont liées à leurs difficultés d'accès à des capitaux. C'est ainsi que Yunus en vient à proposer un premier "micro-prêt" (entre 30 et 50 dollars) à quelques dizaines d'habitants du village, en utilisant son propre argent. C'est un succès immédiat, au Bangladesh tout d'abord, où la « Grameen » (son propre programme créé en 1977) obtient le statut d'établissement bancaire en 1983, puis dans d'autres pays où le « modèle » s'exporte à partir de 1989.

* 19 ATTALI, J., A propos du microcrédit, PlaNet Finance, [En ligne] www.microworld.org, page consultée le 17 mai 2014

* 20 (www.mixmarket.org), le site de référence rassemblant un ensemble d'informations financières et sociales sur ces institutions

* 21 Portail de la microfinance, Etats des lieux de la microfinance en Europe, [En ligne] sur https://www.lamicrofinance.org, page consultée le 17 mai 2014.

* 22 Extrait d'un article de la journaliste GREGOIRE Monique (2011), Le microcrédit au canada : petits prêts, grandes réussites, revue de presse.

* 23 Article [En ligne] sur http://www.terraeco.net/USA: Aux Etats-Unis, la microfinance gagne du credit. Page consultée le 25 mai 2014.

* 24 Les informations sur les activités de microfinance dans cette région sont extraites du site du Groupe Planet Finance [En ligne] à l'adresse URL : http://www.microworld.org/ , page consultée le 15 août 2014.

* 25 Ce terme désigne l'octroi de plus de pouvoir aux individus ou aux groupes pour agir sur les conditions sociales, économiques, politiques ou écologiques qu'ils subissent. Diverses traductions ont été proposées en français dont certaines sont : capacitation, développement du pouvoir d'agir, autonomisation, responsabilisation, émancipation ou pouvoir-faire.

* 26 MORDUC Jonathan est Président du Groupe d'experts des Nations Unies sur les statistiques relatives à la pauvreté mondiale. Professeur d'économie et chercheur à une université New-yorkaise.

* 27Simon Cornée (2006) a fait l'expérimentation dans son mémoire de master intitulé : « Microfinance : entre marché et solidarité. Analyse de la convergence entre performances financières et performances sociales : application de la méthode Data Envolpment Analysis sur 18 institutions de microfinance péruviennes »

* 28 Ces données sont disponibles sur le site d'Haïti référence [En ligne] à l'adresse http://www.haiti-reference.com/geographie/ , page consultée le 12 mai 2014.

* 29 http://www.unicef.org/haiti/french/overview_16366.htm, page consultée le 10 mai 2014

* 30 Cette expression désigne un mouvement d'une rare violence baptisé à tort dans la presse d'« Opération Bagdad » en 2004, en comparaison avec des insurrections armées en Irak contre l'occupation étasunienne, prit naissance. Ce mouvement s'est caractérisé, entre autres, par des vols, des viols, des rapts, des assassinats de policiers, d'anciens militaires, de simples citoyens vaquant à leurs activités et même des habitants des bidonvilles.

* 31 La trappe de pauvreté est une explication potentielle et également très controversée de l'absence de croissance dans certains pays pauvres.

* 32 Sauf indication contraire, ces données proviennent du « Document de Stratégie Nationale pour la Croissance et la Réduction de la Pauvreté », élaboré par le ministère de la planification et la coopération externe en 2007, pp. 34-39.

* 33 Ce chiffre provient de la thèse de B. Paul (2011). Il est différent de ceux du tableau ci-après contenant les valeurs du PIB sur la période d'étude car, ils sont d'une source différente.

* 34 Extrait de l'article « La pauvreté rurale en Haïti : Cercle vicieux du sous-développement local » de Jean Laforest VISENE, publié dans le journal Le Nouvelliste, no. 36742 du vendredi 8 au dimanche 10 août 2003, pp. 16, 23. L'article est disponible sur le blog : http://visenejl.blogspot.com . Page consultée le 10 juillet 2014.

* 35 Comme pour le paragraphe précédent, les données de ce paragraphe sont tirées du document de stratégie nationale pour la croissance et la réduction de la pauvreté (MPCE, pp.31-33, 2007).

* 36 Cette partie s'est inspirée de PAUL Bénédique (2011), « Le capital institutionnel dans l'analyse du changement économique et social : application au secteur de la microfinance en Haïti, Université de Montpellier I, Thèse, pp.208-224 », et de PAUL Bénédique et al. in « Le développement de la microfinance en Haïti : un bref aperçu historique, vol. 5 no 1.

* 37 Commission Economique pour l'Amérique Latine et les Caraïbes (CEPALC) (2005), La micro-finance et son rôle potentiel dans l'allègement de la pauvreté et le développement en Haïti, p. 5-19.

*Certaines données ont été actualisées par l'Association Nationale des Institutions de Microfinance d'Haïti, [En ligne] à l'adresse URL : www.animhaiti.org, dans l'article : Qu'est-ce que la microfinance. Page consultée le 15 février 2014.

* 38 MIX Market, http://www.mixmarket.org et ANIMH, rapport 2009, sur www.animhaiti.org

* 39 Un proxy est en fait une variable particulièrement étroitement corrélé à une variable d'intérêt, quelle que soit d'ailleurs la nature de cette corrélation. Son utilité est évidente: quand on ne peut plus observer notre variable d'intérêt, faute de données, on utilise sa variable proxy, dont on connaît le lien avec notre variable d'intérêt.

* 40 Pour cette présentation de la commune nous avons exploré le Plan d'Investissement Municipal (PIM), élaboré par la mairie de Carrefour en 2011. Nous avons, dans cette étude, utilisé les informations que nous jugeons plus pertinentes.

* 41 En réalité, l'enquête révèle que 21 prêts se sont vus augmenter au renouvellement. Dans le tableau suivant on a mis seulement les prêts qui évoluent dans des tranches différentes. Ils sont au nombre de 14. Un tableau général est dressé à l'annexe pour ces 21 prêts qui se sont vus augmenter, avec leur statut et l'activité couverte par ces crédits.






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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote