WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Dilemme du rapprochement américano-iranien: réflexion sur une politique étrangère d'adaptabilité

( Télécharger le fichier original )
par Christophe BALEMA LIMANGA
Université de Kisangani - Licence 2015
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

III.2. La théocratie iranienne et l'accord nucléaire

§1. L'administration ROHANI et l'accord nucléaire

L'élection en juin dernier d'Hassan ROHANI à la présidence de la République islamique semble indiquer que le pouvoir iranien se tient prêt désormais à conduire une négociation globale avec l'Occident en général et les Etats-Unis en particulier. Ce Cheikh diplomate, aux discours peu charismatiques, représente le meilleur atout de la République Islamique pour normaliser ses relations avec l'Occident, réduire son isolement sur le dossier nucléaire et éviter son enfermement112(*). C'est dans cette logique qu'Hassan ROHANI a dû pour cela combattre la politique étrangère de son prédécesseur, M. AHMADINEJAD, qui a trop favorisé l'islamisme et limité les relations internationales. Le nouveau président et son équipe gouvernementale ont annoncé un « plan de 100 jours ». A court terme, l'objectif est de limiter les tensions inflationnistes et d'assurer l'accès de la population aux produits de première nécessité ; et à moyen terme, l'objectif est de parvenir à un accord sur le dossier du nucléaire, afin d'alléger les sanctions économiques à l'origine d'une partie de ces difficultés113(*).

Dans son livre, National Security and NuclearDiplomacy, ROHANI rêve d'un Iran au seuil nucléaire qui négocierait son non-passage à l'arme atomique114(*). Le nouveau président affiche trois objectifs sur ce dossier : bâtir une confiance mutuelle, renforcer la transparence et obtenir prioritairement une levée des sanctions. Il a fallu donc attendre le 14 juillet 2015 pour qu' « Une nouvelle ère » sonne.

Bien que la date du 14 juillet ait changé la donne de la politique étrangère iranienne, que reste-t-il de l'opposition du guide suprême ?

§2. L'opposition du guide suprême : Ayatollah KHAMENEI et l'accord nucléaire

Tout le débat qui secoue la politique étrangère iranienne actuellement n'est pas en réalité sans précédent. Un Etat à population majoritairement musulmane, l'Iran ne cesse de se construire sur base de recherche tâtonnante, dans le respect des traditions acquises, ouverture sur l'étranger afin de mieux s'en protéger et d'être en mesure de se démarquer. Pratiques d'emprunt plus ou moins avouées suscitant défiance et condamnation comme le souligne bien Bertrand BADIE115(*). Cette logique rejoint à peu près la thèse de Gérard DUSSOUY116(*) lorsqu'il affirme que « l'échange et le transfert, vecteurs de l'interdépendance, deviennent également des sources d'inégalités, de frustrations et de conflits ». D'où, il faut y aller rationnellement tout en maintenant l'identité musulmane. Cette vision a façonné l'action du Guide suprême ; qui pour lui, la mise en avant plan de l'identité musulmane restait la clef de voûte.

Un survol de la Constitution de la République islamique révèle que le Guide Ali KHAMENEI a des pouvoirs qui dépassent largement ceux de tous les autres dirigeants de pays démocratiques ou semi-démocratique117(*). Il définit les politiques générales du pays et supervise leur exécution. Il déclare la guerre et la paix, mobilise les forces armées. Le Guide signe la lettre qui officialise l'élection du Président de la République par le peuple. De son côté, le Guide destitue le Président de la République au nom des intérêts du pays, si la Cour suprême a reconnu celui-ci coupable de violation grave des droits constitutionnels, après un vote du parlement témoignant de son empêchement sur le fondement de l'article 89 de la Constitution [...]118(*).

Certes, les décisions de politique étrangère résultent d'un processus complexe en Iran. Elles procèdent d'arbitrages entre des acteurs aux voix rarement concordantes, et confèrent un rôle central au Guide, Ali KHAMENEI119(*).

Il est à noter que, les identités sont aujourd'hui les espaces potentiellement viables d'un sentiment collectif qui peut être mobilisé à des fins politiques120(*). Et le Guide suprême iranien en a fait recours pour montrer sa position face aux négociations du nucléaire iranien. Pour sa part, tant que la résurgence de l'Islam se traduit par l'acceptation de la modernité, le rejet de la culture occidentale et le réengagement dans l'Islam comme guide de vie dans le monde moderne121(*) ; l'accord du nucléaire entre l'Iran et la communauté internationale ne serait que le prolongement de cette vision.

Mais après quatre années de relations nettement détériorées entre l'Ayatollah KHAMENEI et M. AHMADINEJAD, l'élection d'Hassan ROHANI a permis un rapprochement des positions sur les nouvelles initiatives. Les attentes les plus fortes sont bien évidemment sur le programme nucléaire qui phagocyte l'ensemble des relations entre l'Iran et les pays occidentaux et contamine la politique internationale depuis une dizaine d'années. Malgré ces vives tensions, les premiers pas diplomatiques du nouveau président iranien ont été ponctués de signes d'apaisement122(*), et la signature d'un Plan d'Action Global Commun à Vienne n'est que l'expression de cet apaisement.

Peu importe son soutien dans la signature de l'accord sur le nucléaire conclu avec les grandes puissances, le Guide suprême iranien a averti au lendemain de cet accord que « notre politique ne changera pas face au gouvernement arrogant des Etats-Unis ». Plus loin, il a encore soutenu que « nous n'avons aucun dialogue avec les Etats-Unis sur les questions internationales, régionales ou bilatérales ». Quelque fois, comme dans le cas du nucléaire, nous avons négocié avec les Etats-Unis sur base de nos intérêts, a-t-il encore souligné123(*).

Devant cette position ambivalente, la République Islamique d'Iran va-t-elle respecter les engagements issus de cet accord ?

* 112MARJORIE BORDES-BAILLE, L'élection d'Hassan Rohani peut-elle impacter les négociations sur le dossier nucléaire iranien ?, In Dossier Qu'attendre de l'élection du nouveau président iranien ?, Dossier reproduit dans le numéro 6 de La Lettre de l'IRSEM, numéro de septembre 2013, p. 9

* 113COVILLE, T.,Op.cit., pp. 11-12

* 114Ibdem, p. 10

* 115 BADIE, B., Op.cit., p. 285

* 116 DUSSOUY, G., Quelle géopolitique au XXIe siècle ?, Paris, Les Éditions Complexe, 2001, pp. 22-25

* 117HOUCHANG HASSAN-YARI, Structure du pouvoir et relations internationales en Iran, In Dossier Qu'attendre de l'élection du nouveau président iranien ?, Dossier reproduit dans le numéro 6 de La Lettre de l'IRSEM, numéro de septembre 2013, pp. 13-14

* 118 Article 110 de la constitution de la République Islamique d'Iran

* 119GILLES RIAUX, L'esquisse d'une nouvelle posture régionale de l'Iran, In Dossier Qu'attendre de l'élection du nouveau président iranien ?, Dossier reproduit dans le numéro 6 de La Lettre de l'IRSEM, numéro de septembre 2013, p. 16

* 120 ALBROW, M., op.cit., p.182

* 121 HUNTINGTON, S., Op.cit., p.155

* 122GILLES RIAUX, Op.cit., pp. 16

* 123ALI KHAMENEI : Propos tenu lors du discours du 18/07/2015, in http://www.lorientlejour.com/article/935061/liran-maintient-sa-politique-contre-larrogance-americaine-souligne-le-guide-supreme.html

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères sinon nous allons mourir tous ensemble comme des idiots"   Martin Luther King