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La médiatisation de la "question anglophone" dans les journaux camerounais pendant le cinquantenaire de la réunification du Cameroun

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par Vireil Renaud EBOTO
Université de Douala - Master 2 en communication sociale et médiatique 2014
  

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INTRODUCTION GÉNÉRALE

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La médiatisation de la « question anglophone » dans les journaux camerounais pendant la célébration du cinquantenaire de la réunification du Cameroun.

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La médiatisation de la « question anglophone » dans les journaux camerounais pendant la célébration du cinquantenaire de la réunification du Cameroun.

Notre mémoire s'intitule : « La médiatisation de la « question anglophone » dans les journaux camerounais à partir de la célébration du cinquantenaire de la réunification du Cameroun ». Il s'agit d'un travail présenté en vue de l'obtention du master 2 recherches en communication médiatique. Le contexte d'étude justifie le choix de ce thème de recherche.

1- CONTEXTE D'ÉTUDE

Lundi 2 mai 2015, le quotidien La Nouvelle Expression dans son numéro 3971 en page 3, titre : « Barreau du Cameroun : Les avocats anglophones exigent le fédéralisme. Ils arguent qu'ils doivent préserver leur culture et le Common Law que l'Etat veut phagocyter ». Cet incident survient un an et trois mois à peine après la célébration du cinquantenaire de la réunification du Cameroun. Lors de cet évènement historique, une série de festivités supposées marquer l'unité de tous les Camerounais a été organisée entre anglophones et francophones. Le but étant de célébrer le vivre ensemble dans la République Unie, une République bilingue où les libertés individuelles sont un principe cardinal. Le constat un an plus tard est aux antipodes des résultats attendus selon certains anglophones. Nous sommes partis des revendications sécessionnistes des années 90, menées par quelques groupes radicaux taxés d'indépendantistes et minimisés en leur temps par la presse et l'opinion publique' au vu de la nature dite grossière et exagérée de ces récriminations, à un plaidoyer argumenté mené par la corporation des avocats anglophones. De 1990 à 2015 nous avons quitté le terrain de la rue et des tracts, pour rejoindre celui des médias et des tribunaux. A l'entame de 2015, c'est au tour des avocats anglophones de devenir « les porte-voix » de cette contestation. Une contestation qui continue jusqu'en 2016 tel que l'atteste La Nouvelle Expression dans son numéro 4329 du Mardi 11 Octobre 2016 qui publie : Barreau du Cameroun : La grève des avocats anglophones commence ce jour. L'on pourrait être tenté de se demander à quoi auront servi les réjouissances du cinquantenaire de la réunification du Cameroun si ce n'était pour ouvrir le débat sur le « vivre ensemble » et évacuer les frustrations de toute nature ? D'où vient-il que nous en soyons encore à spéculer sur la « question anglophone » de nos jours ? Pourtant la presse écrite selon certains observateurs a fait son travail en relayant l'information. Toutefois, en nous intéressant à la construction des contenus médiatiques, l'on s'aperçoit que tous les médias et produits médiatiques sont conçus et diffusés par des organisations et des entreprises pour réaliser des objectifs de différentes natures. L'offre médiatique peut être catégorisée en trois types: premièrement, des produits

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qui visent à satisfaire les désirs de divertissement des publics que le diffuseur souhaite pour des raisons économiques. Deuxièmement, des produits qui visent à réaliser des objectifs sociopolitiques tels que : informer et éduquer. Troisièmement, des produits à visée persuasive explicite, attribués à des organisations (annonceurs) publiques ou privées qui tentent d'influencer des individus1. En nous fondant sur ce triptyque, l'étude de la perception de la « question anglophone » par les journaux locaux, nous en apprendrait davantage sur la construction médiatique et le traitement réservé à ce sujet pendant la célébration du cinquantenaire de la réunification du Cameroun.

2- PROBLÉMATISATION :

Il sera question à ce niveau de faire une revue de la littérature, poser le problème de recherche, déterminer les questions de recherche et émettre des hypothèses.

2.1 REVUE DE LA LITTÉRATURE:

Trois documents nous permettent d'entrée de jeu de nous faire une idée sur l'identité anglophone au Cameroun, notion importante pour la bonne compréhension de la « question anglophone » : Le « problème anglophone » au Cameroun dans les années 1990 ; Dynamique de positionnement anglophone et libéralisation politique au Cameroun : de l'identité à l'identification ; et l'article « Révision constitutionnelle » du 18 janvier 1996 : Comment constitutionnalise-t-on le « nous » au Cameroun dans l'Etat post- unitaire ?

Piet Konings2dans son ouvrage : Le « problème anglophone » au Cameroun dans les années 1990 estime que: « L'usage du terme Southern Cameroon présenterait l'avantage de jeter les bases historiques et géographiques de l'identité Anglophone...dans cette hypothèse, les immigrés d'origine ethnique francophone, seraient exclus de la citoyenneté du Southern Cameroon's alors qu'ils peuvent être plus anglophone au sens culturel et linguistique du terme... ».

Louis-Marie NKOUM-ME-NTSENY3 ajoute : « L'invention de l'identité anglophone découle de sa constitution en enjeu colonial par l'administration britannique, puis en enjeu

1Chabrol C, « La Réception : étude des processus d'évaluation des débats médiatiques », pp. 189-230, in : Charaudeau P., éd., La Télévision, les débats culturels « Apostrophes », Paris, (1991), Didier Érudition. 2Konings P, Le « problème anglophone » au Cameroun dans les années 1990, Ocisca/Orstom, Page 29. 3 NKOUM-ME-NTSENY L, Dynamique de positionnement anglophone et libéralisation politique au Cameroun : de l'identité à l'identification, Page 18

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diplomatique et politique par les investisseurs identitaires de tous bords » dans son mémoire intitulé : Dynamique de positionnement anglophone et libéralisation politique au Cameroun : De l'identité à l'identification.

Luc SINDJOUN4quant à lui en parle en ces termes : « la libéralisation politique est un moment de constitution de la communauté anglophone en groupe ethnique dont l'ancêtre fondateur est l'administration britannique, le territoire identitaire, l'ex-Southern Cameroon's et la langue de référence l'anglais ».

Pour poser les bases de la « question anglophone » au Cameroun, « in limine litis », il faudrait au préalable situer cette problématique par rapport à un questionnement similaire et antérieur.

Nathan Weinstock5 dans son ouvrage : Le Sionisme contre Israël nous permet d'avoir une idée de la question juive. L'auteur cite tout d'abord Jean-Paul Sartre qui s'exprime sur la haine des juifs : « L'antisémitisme est une tentative pour valoriser la médiocrité en tant que telle, pour créer l'élite des médiocres. Pour l'antisémite, l'intelligence est juive, il peut donc la mépriser en toute tranquillité comme toutes les autres vertus que possède le juif...l'antisémite est donc un homme qui a peur, non pas des juifs mais de sa conscience, de sa liberté, de ses instincts, de ses responsabilités, de la solitude, du changement, de la société et du monde ; de tout sauf les juifs. C'est un lâche ». Ensuite il cite Lénine qui parle de la nation juive comme étant « la nation la plus opprimée et la plus traquée ». Lénine qui reconnait que déjà en 1905, les « travailleurs juifs souffrent à la fois d'une oppression économique et politique [...] en tant que nationalité privée de tout droit 6». Pour Lénine, « la nation juive est la seule nation ex-territoriale [...] qui ne jouit pas d'une autonomie nationale culturelle ». Nathan Weinstock ainsi que d'autres auteurs tels que Maxime Rodinson7, Abraham Léon8 et Isaac Deutscher9présentent la question juive comme une question de minorité et de discrimination de classe sociale ayant abouti à un holocauste sous Hitler. De la question juive nous retenons les thématiques suivantes : haine, mépris, peur, lâcheté, autonomie culturelle, oppression, minorité et discrimination. Le contexte dans lequel émerge la question juive n'est pas le même que celui dans lequel émerge le problème anglophone. La

4Sindjoun L, « Identité nationale et « Révision constitutionnelle » du 18 janvier 1996: Comment constitutionnalise-t-on le « nous » au Cameroun dans l'Etat post- unitaire ? »

5 Weinstock N, Le Sionisme contre Israël, Quatrième Internationale, (1969), Page 19.

7Rodinson M, Peuple juif ou problème juif, Maspero

8Abraham L, La Conception matérialiste de la question juive, EDI 9Deutscher I, Essais sur le problème juif, Payot

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thématique qui pourrait nous permettre d'établir un lien entre les deux est la discrimination. Le problème anglophone se pose en termes de discrimination de la majorité francophone vis-à-vis de la minorité anglophone.

Yves Bénot dans idéologies des indépendances africaines10, donne trois principales connotations au terme idéologie : système de pensée politique, mobilisateur des énergies et représentation des réalités vécues. L'auteur de cet ouvrage a travaillé dans l'optique de comprendre la nature de ces idées susceptibles de devenir des forces matérielles lorsqu'elles pénètrent les masses. L'auteur évoque le fait que l'Afrique Anglophone soit plus empirique du fait du colonialisme anglais avec un cadre institutionnel qui a été moins rigide. L'indépendance apparait plus tôt en Afrique Anglophone et n'avait pas la même résonnance subversive qu'en AOF. Ensuite l'auteur évoque l'unité africaine qui doit comporter selon lui trois volets : culturel, politique et économique ; et il reconnait avec regret le recul de l'unification en Afrique du fait selon lui des divergences profondes sur l'orientation politique à donner aux indépendances. Cet ouvrage nous permet de prime à bord de comprendre dans quelles logiques les indépendances africaines ont été amorcées pour traiter de manière plus scientifique « la question anglophone ». Ensuite, il nous permet d'envisager les idéologies qui sont sous-jacentes à la médiatisation d'une question aussi délicate que « la question anglophone » par la presse écrite camerounaise.

Ngomba Endeley dans l'oeuvre issues of minority rights in the context of political liberalization : The case of Anglophone Cameroon, met en exergue les droits des minorités, notamment des anglophones, qui sont bafoués au Cameroun dans un contexte où nous parlons beaucoup de droits de l'homme et des libertés. L'objectif de sa recherche est de comprendre la corrélation entre le droit des minorités et la libéralisation politique au Cameroun. L'auteur estime que la minorité anglophone a été flouée dans le partage des avantages politiques. Il propose même de revisiter les traités fondateurs du Cameroun dans lequel les anglophones ont selon l'auteur des motifs de frustration. Cet ouvrage nous facilite la compréhension de la « question anglophone ». Mais nous comptons nous focaliser sur l'analyse des articles de journaux locaux rédigés sur la « question anglophone » pendant le cinquantenaire de la réunification.

10 Bénot Y, Idéologies des indépendances africaines. In: Tiers-Monde, tome 14, n°53, (1973).

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Dans son ouvrage, Virtual activism on Cameroon : The Camnet Files, Isaac Endeley fait une compilation de correspondances électroniques des camerounais se trouvant de part et d'autre du globe sur les questions de sociopolitique intérieure. Son objectif est de montrer l'influence de l'Internet dans les affaires sociales et politiques au Cameroun. Il répertorie des emails envoyés par les camerounais de tous bords sur le forum Camnet et revisite les grandes thématiques de la politique générale du Cameroun à partir des élections parlementaires de 1997. Ensuite l'auteur s'attarde sur le problème anglophone, en faisant un rappel historique, dans le but de permettre aux lecteurs de mieux comprendre comment ce problème a été fabriqué. Isaac Endeley s'intéresse dans cet ouvrage à des thématiques telles que : La liberté d'expression au Cameroun, la violence politique et le caractère des institutions Camerounaises. Notre problématique dans ce travail de recherche est différente. Nous voulons essayer de comprendre comment la presse locale a traité cette « question anglophone » pendant le cinquantenaire de la réunification.

Wakata Bolvine François nous intéresse avec sa thèse qui porte sur : Politique d'information et pratiques journalistiques : Les différences de traitement de l'information entre journalistes anglophones et francophones à Cameroon Tribune. Ici l'auteur met l'accent sur la dimension conflictuelle de l'analyse des pratiques, les différences et les divergences de conception et d'application des exigences normatives et pragmatiques du journalisme à l'intérieur d'un même organe de presse11. Il s'intéresse aux différences et particularités du journalisme tel qu'il est pratiqué au Cameroun. Une situation évocatrice des disparités de références sociales et politiques des journalistes. Il ouvre le débat sur le traitement de l'information opéré dans le journal « bilingue » gouvernemental et constate un bilinguisme discriminatoire au profit des francophones. Cette thèse nous permet d'entrevoir de manière claire la « question anglophone » dans la presse écrite. Toutefois l'auteur s'est appesanti uniquement sur le cas de Cameroon Tribune. L'analyse que nous comptons réaliser, concerne un corpus plus élargit comprenant en plus de Cameroon Tribune, The Post, Le Messager et permettant d'avoir une meilleure lisibilité sur le processus de médiatisation de la « question anglophone » dans les journaux camerounais.

11 Wongo Ahanda A, La Communication au Cameroun : Bibliographie annotée et commentée de 40 ans de recherche, L'Harmattan, (2005), Page 19

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Dans sa thèse de doctorat soutenue en 2011 à l'Université de Paris-Sorbonne intitulée : Aspects de la construction nationale après les indépendances Camerounaises : Le désir de sécession (1960-2009), Michel Olinga traite du problème de la construction nationale dans un contexte de multi appartenance. Il analyse les aspirations de sécession des anglophones, les revendications à la fois modérées et sécessionnistes qu'il qualifie de stratégie complexe. L'auteur s'intéresse également aux différentes manifestations autour du désir de sécession anglophone, les actions ou les attitudes des différents facteurs et acteurs de la question. Michel Olinga pense le problème anglophone existe au Cameroun et se pose en termes politico historique. Ce problème ne saurait être comme le défend le Gouvernement Camerounais et comme nous pourrions être tentés de le croire, un appel à la destruction de l'unité nationale et encore moins, un frein à la construction nationale en cours, mais plutôt un appel à la déconstruction du type d'unité et de construction nationale entretenue jusqu'ici, pour mettre en avant un type de construction nationale plus inclusif. Sa thèse nous a été utile, bien que nous ne voulions plus mettre en lumière les velléités sécessionnistes. Notre objectif est d'analyser le traitement réservé par la presse écrite à cette question.

La publication d'Aboya Manassé Endong intitulée : Menaces sécessionnistes sur l?Etat Camerounais, parut dans le numéro 285 de décembre 2002 du Monde Diplomatique nous intéresse. Dans cet article l'auteur met davantage en exergue le conflit qui oppose les sécessionnistes et l'Etat du Cameroun. Il s'intéresse aux affrontements qui ont eu lieu le 30 décembre 1999 et le 1er octobre 2000 et qui ont fait réagir le Secrétaire Général des Nations Unies Koffi Annan, en visite à Yaoundé. L'auteur traite de la « question anglophone » en faisant un rappel socio politico historique. Il présente la dangerosité de ce problème pour la stabilité du pays. Cet article sera utile dans notre travail dans la mesure où il nous permettra d'aborder le contexte politico historique de la « question anglophone ». Cependant l'auteur n'a traité de ce problème que sous l'angle socio-politique. Nous allons plutôt aborder cette question en examinant le processus de construction médiatique de la « question anglophone », en nous interrogeant sur les modalités d'apparition de la « question anglophone » dans l'agenda des médias.

Marc Joseph Omgba Etoundi dans sa thèse d'habilitation à diriger les recherches en sciences et techniques de l'information et de la communication intitulée : La presse camerounaise dans tous ses états : Esquisse de présentation de la presse écrite camerounaise des origines à nos jours avec un gros plan sur la presse écrite de langue française pour la

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période de 1982 à 199712 pose le problème du rôle joué par la presse en général dans l'évolution des sociétés. Cet auteur en se focalisant uniquement sur la presse écrite de langue française pose même déjà de manière implicite le problème anglophone, de par son omission de la presse écrite de langue anglaise dans sa recherche. C'est un travail qui nous intéresse dans la mesure où le chercheur distingue différents types de presse écrite : la presse écrite de service public, la presse d'entreprise, la presse privée d'information générale et politique, la presse spécialisée. Toutefois, nous n'allons plus nous interroger sur le rôle de la presse écrite mais plutôt sur le traitement fait par la presse écrite de la « question anglophone ».

Dans sa thèse intitulée : Journalismes, discours et publics : une approche comparative de trois types de presses, de la production à la réception de l?information soutenue le 5 novembre 2010 à l'Université de Toulouse 2, Emmanuel Marty estime que depuis la production du discours de presse, jusqu'à sa réception en passant par le discours lui-même, une société et sa presse ont des relations d'interdépendance. Ici l'auteur pose le problème du rôle démocratique de la presse. Il se pose la question de savoir si la presse permet au public d'accéder à une information libre, diversifiée et exhaustive, formulant et alimentant dans ses instances un débat social contradictoire à l'échelle de son audience ? Pour l'auteur, il existe des mécanismes qui empêchent à la presse d'être objective dans le traitement de l'information. Notre recherche ne sera pas axée sur le problème devenu vétuste du rôle de la presse écrite. Nous allons travailler sur la perception de la « question anglophone » qui est inhérente au traitement de cette thématique par les journaux locaux.

Thomas Atenga dans son article paru dans les cahiers du journalisme numéro 26 de 2014, intitulé : Communication et journalisme au Cameroun : « affaires » de lucidités croisées, du terme emprunté à Pierre Bourdieu, essaye de comprendre les mécanismes, le mode opératoire, la coordination de ces « lucidités croisées » pour voir comment elles contribuent à la productivité, aux performances ainsi qu'à la notoriété ou la délégitimation d'un média. Cet article nous apporte beaucoup dans la compréhension des logiques sociales qui peuvent sous-tendre la rédaction d'un article. Notre recherche sera plus précise en ce sens que nous n'allons pas travailler sur le grand ensemble, communication et journalisme, qui semble être un champ très vaste, nous allons affiner notre recherche en nous intéressant uniquement à la presse

12 Omgba Etoundi M.-J., « La presse camerounaise dans tous ses états: Esquisse de présentation de la presse écrite camerounaise des origines à nos jours avec un gros plan sur la presse écrite de langue française pour la période de 1982 à 1997 », Université de Droit, d'Économie et de Sciences sociales de Paris II-Panthéon, (2000)

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écrite. Nous allons recenser et analyser les articles de journaux parus pendant le cinquantenaire de la réunification sur la « question anglophone » pour essayer de comprendre quelle est la perception de ce problème par la presse écrite locale.

Antoine Wongo Ahanda, dans cette publication : La Communication au Cameroun : Bibliographie annotée et commentée de 40 ans de recherche préfacée par Jacques Fame Ndongo, se pose la question : quelle communication pour la société camerounaise ? Il peint le contexte Camerounais marqué par un mouvement permanent de libéralisation effective de la communication sur une surface médiatique où se construit une liberté de presse et d'expression dont certaines illustrations constituent une réelle exception camerounaise. Ici l'auteur pose le problème de l'objectivité de la communication au Cameroun, dans la mesure où la communication peut être utilisée selon le préfacier comme un mode d'avilissement des masses, par l'instrumentalisation des techniques modernes dans un but de désinformation voir de clochardisation et de viol des consciences. Le problème que soulève cette étude nous intéresse au plus haut point, dans la mesure où il nous permettra de peindre le contexte de la communication au Cameroun. Ce qui nous emmènera à montrer l'impact de ce contexte dans la cristallisation de la « question anglophone », bien que nous n'envisagions pas de travailler sur le concept de l'objectivité des médias. Nous allons nous intéresser à la perception de la « question anglophone » par la presse camerounaise. Une perception qui aboutit à une certaine construction médiatique de la « question anglophone » et à un traitement bien précis de la question pendant le cinquantenaire de la réunification.

Jacques Fame Ndongo dans Médias et enjeux des pouvoirs. Essai sur le vouloir-faire, le savoir-faire et le pouvoir-faire13 fait une analyse de l'impact des médias sur la réalisation des actions menées par les pouvoirs. Il met en relief la relation entre médias et pouvoirs en soulignant que les pouvoirs sont pluriels. Selon l'auteur il existe souvent une opposition entre savoir-faire, vouloir-faire et pouvoir-faire. Ce travail nous servira à comprendre les éventuelles interactions qui peuvent exister entre médias et monde politique. Nous nous en inspirerons pour vérifier l'agenda des médias dans le but de savoir comment apparait la « question anglophone » dans l'agenda des journaux camerounais.

13Fame Ndongo J, Médias et enjeux des pouvoirs. Essai sur le vouloir-faire, le savoir-faire et le pouvoir-faire, Yaoundé, Presses Universitaires de Yaoundé, (2006)

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Misse Misse dans son article intitulé la médiatisation de la catastrophe de N'SAM dans la presse hebdomadaire camerounaise essaye dans un premier temps de comprendre la dynamique du processus de construction politico médiatique de la catastrophe de N'SAM dans la presse hebdomadaire camerounaise. Ensuite il s'intéresse aux stratégies utilisées par ces journaux pour porter cet évènement à la connaissance du grand public. Les objectifs de cet article rejoignent les nôtres. Seulement dans notre démarche scientifique nous voulons éluder l'aspect politique pour nous concentrer sur le processus de construction médiatique et les stratégies éditoriales de la presse écrite locale. Cet auteur a travaillé avec des journaux hebdomadaires tels que Dikalo et Le Messager qui était à l'époque un hebdomadaire. Nous allons travailler avec des quotidiens et nous souhaitons avoir un spectre plus large en sélectionnant : un journal bilingue, un journal anglophone et un journal francophone. De plus notre problème porte sur la perception de la « question anglophone » et nous aurons une approche quantitative en plus de l'approche qualitative utilisée par l'auteur dans son article.

Eliseo Véron dans construire l'évènement14 nous permet d'entrer de plein pied dans notre problème de recherche. Ici l'auteur pose le postulat selon lequel les événements sociaux ne sont pas des objets qui se trouveraient tous faits quelque part dans la réalité et dont les médias nous feraient connaître après coup les propriétés : ils n'existent que dans l'exacte mesure où ces médias les façonnent. Pour Véron, les médias doivent s'en tenir à une idéologie de la représentation dont l'axe majeur demeure le principe d'objectivité. Il se pose la question de savoir comment les choses se passent-elles dans les faits ? Pour lui, l'évènement s'impose partout dans l'intersubjectivité des acteurs sociaux. Véron nous permet de comprendre les logiques qui sous-tendent la construction de l'évènement. Cet ouvrage est très enrichissant pour nos travaux bien qu'à la différence de Véron nous ne travaillons pas sur la notion d'objectivité. De plus la « question anglophone » n'est pas un évènement dans son sens premier. C'est un ensemble de revendications qui apparaissent et disparaissent des médias au gré de leurs agendas respectifs.

Maurice Mouillaud et Jean-François Têtu dans le journal quotidien15, posent le problème de la spécificité des quotidiens. L'objectif des auteurs étant de rendre compte des modalités de production du sens dans le journal, en partant de l'information, jusqu'aux pratiques citatives

14Véron E, Construire l'événement - les médias et l'accident de Three Miles Island, Paris, Éditions de Minuit, (1981)

15 Mouillaud M, Tetu J.F, Le journal quotidien, Lyon, Presses Universitaires de Lyon, (1989)

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et argumentatives. Ce travail nous permettra de repérer les logiques d'argumentations et les stratégies éditoriales de la presse écrite. Nous allons nous intéresser non pas aux modalités de production du sens dans les journaux comme Maurice Mouillaud et Jean-François Têtu, mais à la perception d'une question par les journaux qui construiront son sens par la suite. Nous voulons démontrer que : si la perception d'une question est viciée dès le départ par des stéréotypes ou par des préjugés, la construction médiatique qui s'en suivra sera faussée.

2.2- PROBLÈME DE RECHERCHE :

Au lendemain de la célébration du cinquantenaire de la réunification, le problème relatif à la perception de la « question anglophone » se pose avec acuité. Les idées arrêtées et préconçues de certaines rédactions sur ce sujet peuvent avoir eu une influence sur le traitement de cette question pendant la période citée ci-dessus. D'ailleurs, la « question anglophone » n'a toujours pas été évacuée des colonnes des journaux camerounais et des débats dans la sphère médiatique, même si l'on a constaté sur le terrain pendant nos repérages une certaine gêne, une certaine réticence à parler de ce sujet ouvertement et librement.

2.3- QUESTIONS DE RECHERCHE : - Question principale :

Quelle perception de la « question anglophone » se dégage des journaux camerounais au lendemain de la célébration du cinquantenaire de la réunification du Cameroun ?

- Question secondaire 1 :

Quelles sont les stratégies éditoriales utilisées par les journaux camerounais pour traiter de la « question anglophone » pendant le cinquantenaire de la réunification ?

- Question secondaire 2 :

Comment apparait « la question anglophone » dans l'agenda des journaux camerounais?

2.4- HYPOTHÈSES :

- Hypothèse principale :

Nous pouvons supposer que la « question anglophone » est perçue dans les journaux camerounais comme un problème de revendications de prébendes politiques.

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La médiatisation de la « question anglophone » dans les journaux camerounais pendant la célébration du cinquantenaire de la réunification du Cameroun.

- Hypothèse secondaire 1 :

Le traitement de la « question anglophone » dans les journaux camerounais est dépendant des différentes lignes éditoriales.

- Hypothèse secondaire 2 :

La « question anglophone » apparait dans l'agenda des journaux camerounais en fonction des interactions.

3- LES OBJECTIFS DE LA RECHERCHE : - Objectif principal :

Analyser les articles de journaux parus sur la « question anglophone » pendant la période de la célébration du cinquantenaire de la réunification du Cameroun pour comprendre comment est perçue cette question par la presse écrite locale.

- Objectif secondaire 1 :

Comprendre le processus de construction médiatique qui a abouti à la médiatisation de la « question anglophone » dans la presse écrite locale.

- Objectif secondaire 2 :

Procéder à l'exploitation des personnes ressources pour desceller les modalités d'apparition de la « question anglophone » dans l'agenda des médias.

4- CORPUS DE L'ÉTUDE :

Notre corpus est soumis au respect de quatre règles16 : la règle de l'exhaustivité, la règle de la représentativité, la règle de l'homogénéité et la règle de la pertinence. Dans l'optique du respect scrupuleux de ces règles, nous avons sélectionné des quotidiens d'informations générales avec comme premier critère de choix l'ancienneté. Le second critère est la structuration et l'organisation. Nous avons choisi des tabloïdes 17 dont les archives sont disponibles et qui possèdent une organisation pyramidale avec une certaine lisibilité dans la

16Bardin L, L?analyse de contenu, Presse Universitaire de France, Paris, 1977, Page 127

17 Le format tabloïde est un format de journal qui correspond à la moitié des dimensions d'un journal traditionnel. Son format plié est 11 pouces X 17 pouces, soit 280 mm X 430 mm. Ce type de format est né en Grande-Bretagne, où il a longtemps été réservé à la presse populaire voire « de caniveau ». Le format tabloïde a en effet pour avantages non seulement d'être plus aisément manipulable, mais aussi d'attirer davantage les jeunes lecteurs, avec un contenu souvent allégé.

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La médiatisation de la « question anglophone » dans les journaux camerounais pendant la célébration du cinquantenaire de la réunification du Cameroun.

répartition des rôles. Pour respecter les règles de l'exhaustivité et de l'homogénéité, nous avons opté pour trois (3) journaux parmi lesquels : un journal « bilingue » ou à vocation bilingue, un journal francophone et un d'obédience anglo-saxonne.

Cameroon Tribune : C'est le quotidien18 national gouvernemental basé à Yaoundé et qui se veut bilingue. Il est édité par la SOPECAM et son Directeur de Publication est Marie Claire Nnana. Il existe depuis 1974 : c'est-à-dire qu'il a 42 ans d'âge. Il est le quotidien qui bénéficie du plus grand nombre de tirages par jour. En effet, selon les chiffres obtenus à la Délégation Régionale de la Communication pour le Littoral, Cameroon Tribune tire 20 000 exemplaires par jour et est vendu en moyenne à 3500 exemplaires par jour dans la Région du Littoral, lorsqu'on comptabilise aussi ses abonnés. Ce quotidien a déjà dépassé le cap du onze millième numéro. Sa ligne éditoriale est pro-gouvernementale et ses archives sont consultables en version papier et numérique.

Le Messager est un quotidien d'informations générales privé francophone basé à Douala et qui appartient au Free Media Group. Il a été fondé le 17 novembre 1979 par Pius Njawe de regrettée mémoire. Il bénéficie de 37 années d'ancienneté dans le métier. Son actuel Directeur de Publication est Frédéric Boungou. Il vend en moyenne 2000 à 3000 exemplaires de journaux par jour dans la Région du Littoral. Nous sommes certes loin des 5000 exemplaires par jours vendus par Le quotidien de l'économie journal thématique ; mais son caractère généraliste, son ancienneté, sa notoriété, sa structuration, son organisation, la disponibilité de ses archives en format papier, sa posture de critique perpétuel et son traitement régulier de « la question anglophone » lui confèrent un certain poids. En novembre 2014, Le Messager était rendu à son numéro 4200. La Nouvelle expression de Sévérin Tchounkeu au numéro 3800, Le jour de Haman Mana n'était qu'au numéro 1800 et Mutations de Xavier Messe au numéro 3790 ; ce qui atteste encore de son ancienneté et de sa régularité. Ce quotidien se caractérise par sa liberté de ton et son caractère quelque peu « subversif » par moment. Il est l'un des quotidiens privés francophones qui traite le plus régulièrement de la « question anglophone ».

The Cameroon Post qui a existé début des années 1990, devenu The Post depuis le 11 juillet 1997, c'est-à-dire depuis 19 ans, est un journal anglo-saxon basé à Bondoma à Buéa. Son actuel Manager est Innocent Mbunwe. A la différence des autres journaux anglo-saxons

18Selon l'UNESCO un quotidien est un journal qui parait au moins quatre fois par semaine.

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comme : Chronicles (rendu au numéro 409), Life Time (rendu au numéro 109), Guardian Post (rendu au numéro 689), The star (rendu au numéro 389), The Median, Eden (rendu au numéro 88), Cameroon herald (rendu au numéro 88), Watchdog tribune, The post était déjà rendu à son numéro 1587 en Novembre 2014. Ce qui atteste largement de l'ancienneté de ce journal. Selon l'article 26 alinéa b1 de la recommandation révisée de l'organisation des nations unies pour l'éducation, la science et la culture, émanant de la conférence générale de l'UNESCO qui a eu lieu dans la ville de Sofia le 9 novembre 1985, concernant la normalisation internationale des statistiques relatives à la production et à la distribution de livres, de journaux et de périodiques : « un quotidien est un journal qui parait au moins 4 fois par semaine ». Partant de ce postulat, aucun journal anglo-saxon camerounais ne pourrait être considéré comme un quotidien vu que les journaux majeurs que sont The Post et The Guardian Post paraissent respectivement 2 et 3 fois par semaine. Certes les journaux qui paraissent 2 à 3 fois par semaine sont considérés comme des « non quotidiens » par l'UNESCO qui les a classifiés. Mais ils ne sont pas non plus considérés comme des hebdomadaires. The Post est basé à Buéa lieu de célébration du cinquantenaire de la réunification et évènement autour duquel gravite notre recherche ; tandis que The Guardian Post comme Cameroon Tribune est situé à Yaoundé ville réputée très politisée. Pour effectuer une étude scientifique, respecter les règles de la pertinence et de la représentativité il serait plus judicieux dans notre recherche, de travailler avec un journal anglophone situé dans la zone anglo-saxonne dans l'optique de réduire au maximum toute forme d'interaction.

Notre corpus est composé au final de : Cameroon Tribune (quotidien à capitaux publics, bilingue, basé à Yaoundé), Le Messager (quotidien privé, francophone, basé à Douala) et The Post (journal privé, en langue anglaise, basé à Buéa).

5- CADRE MÉTHODOLOGIQUE :

Ce travail s'inscrit dans le champ de la communication médiatique. Notre démarche consiste d'une part à analyser les articles de journaux parus sur la « question anglophone » et à comprendre le processus de construction médiatique qui a abouti à la médiatisation de la « question anglophone » dans la presse écrite locale ; D'autre part à procéder à l'exploitation des personnes ressources pour desceller les modalités d'apparition de la « question anglophone » dans l'agenda des médias.

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5.1- MÉTHODE DE RECHERCHE:

Nous allons utiliser l'analyse de contenu et la méthode inductive avec la technique d'inférence statistique. Elle permettra l'observation, l'analyse, l'interprétation et la généralisation. Une première approche qualitative rendra possible : l'analyse de la titraille, de la mise en pages, du choix des illustrations, des figures de style, des angles de traitement, des champs lexicaux, des genres journalistiques et l'analyse de l'argumentation. Une seconde approche quantitative nous permettra d'obtenir des données chiffrées sur notre recherche. Un logiciel nous facilitera le traitement de ces données. La technique comparative nous permettra de confronter les données recueillis à partir du journal anglophone, du journal francophone et du journal bilingue choisis dans notre corpus, de repérer les constantes et les divergences dans le discours de ces journaux sur la « question anglophone ».

Pour mener à bien nos travaux, nous allons collecter, traiter, analyser et interpréter les données recueillies sur le terrain.

5.2- COLLECTE :

Pour collecter les données sur le terrain, nous utiliserons les outils de collecte suivants :

La grille d'observation comportant : le nom du journal, la date de création du journal, le jour et la date de parution de l'article, le titre de l'article, la page de l'article dans le journal, la rubrique de l'article, le genre journalistique auquel il appartient et le nom de l'auteur de l'article.

Le guide d'entretien : Il comprendra une dizaine de questions. Il a été conçu sous forme de questions à choix multiples pour diminuer de manière considérable, le temps de l'entretien, les personnes ressources n'ayant pas beaucoup de temps à consacrer aux enquêtes. Ce guide d'entretien nous permettra d'interroger une dizaine de personnes ressources parmi lesquels des hommes politiques et des journalistes.

- ÉCHANTILLONNAGE :

En accord avec notre problématique, nos objectifs, nos hypothèses et la délimitation de notre sujet, notre échantillon sera constitué de journalistes dans une large mesure pour comprendre les stratégies de construction médiatique et d'hommes politiques dans une moindre mesure pour vérifier des éventuelles interactions entre l'agenda des médias et le

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calendrier politique. Nous allons utiliser la proportion 80/20 (80% de journalistes et 20% d'hommes politiques) pour coller à la réalité sociologique et au découpage administratif du Cameroun qui compte 10 Régions dont 08 sont francophones et 02 seulement sont anglophones. Nous avons choisi un échantillon représentatif constitué de 10 personnes ressources. En ce qui concerne la langue officielle parlée nous avons choisis d'interroger 08 francophones et 02 anglophones. Sur la question genre nous aurons 02 femmes et 08 hommes (les femmes étant supposées à tort ou à raison s'intéresser un peu moins aux questions politiques au Cameroun) ; En ce qui concerne la catégorie professionnelle 02 hommes politiques et 08 journalistes (notre travail étant une thématique aux relents politiques et que nous aborderons dans le champ de la communication médiatique).

- LES PERSONNES RESSOURCES :

Les personnes ressources sont celles avec qui nous avons eu des entretiens après notre descente sur le terrain et qui nous ont fournies des informations utiles pour rédiger notre mémoire. Nous avons choisi premièrement des cadres dans les différents journaux de notre corpus qui ont d'une manière ou d'une autre travaillé sur la « question anglophone »: Blaise Pascal Dassie (REC du Messager), Armand Essogo (Directeur Régional SOPECAM/Littoral), Innocent MBOUNWE (Manager de The Post). Ensuite nous avons complété notre liste avec des jeunes journalistes dans un souci de neutralité et de pertinence : Lucienne Wouassi (La Nouvelle Expression), Yaboa Ndula (Cameroon Tribune), Emmanuel Yimga (DP de l'Ouragan Indépendant), Henri Franck Log Gwet (MINCOM), Serge KWIN (MINCOM) et enfin nous avons sélectionné deux hommes politiques un jeune et un plus ancien connus pour leur pertinence et leur franc parler : Franck ESSI (CPP) et Anicet Ekane (MANIDEM).

5.3- TRAITEMENT :

La recherche documentaire nous aidera à traiter les données qualitatives. Nous allons effectuer des opérations statistiques simples, élaborer des indices et calculer les fréquences pour traiter les données quantitatives. L'analyse de contenus de Laurence Bardin nous servira d'outil de traitement du discours de la presse écrite. Le logiciel de traitement de données Sphinx plus 2 nous sera utile dans le traitement des données recueillies à partir de la grille d'entretien. Il nous permettra de construire des tableaux pour l'interprétation facile de nos résultats.

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5.4- ANALYSE ET INTERPRÉTATION :

Après avoir obtenu des données brutes, nous allons procéder à une synthèse et une sélection de nos résultats. Ces résultats seront soumis à des épreuves statistiques et à des tests de validité. Ils nous permettront d'étudier chaque observation pour en dégager des constats pertinents par rapport au problème de recherche. Nous allons de ce fait vérifier nos hypothèses de départ. Les résultats significatifs et fiables ainsi obtenus, nous pourrons alors proposer des inférences et avancer des interprétations par rapport aux objectifs prévus ou à d'autres découvertes imprévues.

6- CADRE THÉORIQUE:

Ce travail s'appuiera sur trois théories : les théories de la perception, la théorie de l'argumentation et celle de l'agenda setting.

- Les théories de la perception :

Les sciences de l'information et de la communication en tant que discipline transversale ont emprunté les théories de la perception à la psychologie sociale. Bernard Miège et Yves de la Haye ont mis en lumière la perspective de la pluralité de perceptions de l'espace public en travaillant sur le concept des relations publiques généralisées. Les théories de la perception ont pour précurseur la théorie de Reid et les théories nativistes et pour auteurs contemporains Konrad Lorenz et Nikolaas Timbergen. Ils posent pour postulat que toute communication entre individus a pour base la perception. Pour les nativistes, la perception peut être comprise comme une représentation et une compréhension de quelque chose par l'esprit. Ici les caractéristiques du style perceptif sont liées à la structure héréditaire du système nerveux. Pour les empiristes, la perception n'est pas un phénomène passif. Pour eux, dans toute perception, il y a action, acte perceptif, au cours duquel nous structurons le monde, nous attendons quelque chose, d'où la notion de « set » ou attente ou cadre interprétatif prédéfini. Notre perception est donc déterminée par un ensemble de facteurs innés et acquis liés à la structure du système nerveux qui sont héréditaires et en rapport avec des structures motrices. Cette théorie nous permettra de comprendre comment la presse locale elle-même perçoit la « question anglophone » dans un pays comme le Cameroun avec une variété de culture, de groupes humains, de catégories d'âges, de sexes, de classes sociales et de ce fait de cadres de

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référence. Cette perception est liée à des clichés ou à des stéréotypes sociaux. D'où le problème de la distanciation entre le sujet et l'objet.

- La théorie de l'argumentation :

Le modèle argumentatif est principalement basé sur la construction d'arguments et de contre-arguments, la définition d'une relation d'attaque entre arguments, la comparaison d'arguments et la sélection d'arguments jugés acceptables. Cependant, l'argumentation ne se résume pas seulement à l'exposition du cheminement argumentatif et à l'étude d'une stratégie argumentative. D'ailleurs parler et communiquer ne sont pas des actes si simples que cela. Un seul énoncé peut donner lieu à diverses interprétations et significations. L'argumentation suppose aussi un langage, un émetteur et un récepteur. A travers l'étude des stratégies éditoriales de la presse locale sur la « question anglophone », cette théorie nous permettra de repérer et d'analyser les différents arguments utilisés par les journaux camerounais. Elle nous permettra également de desceller les différentes manoeuvres de captation de l'audience utilisées par les quotidiens.

- La théorie de l'agenda-setting :

L'effet d'agenda désigne l'influence que les médias exercent sur la définition des problèmes considérés comme les plus importants dans la société et appelant une intervention des pouvoirs publics. Traditionnellement, pour mesurer l'effet d'agenda des médias sur les lecteurs, on étudie d'abord l'agenda des médias, c'est-à-dire les problèmes que les médias privilégient19. Puis on étudie l'agenda des lecteurs, c'est-à-dire les problèmes que ceux-ci considèrent comme les plus importants20. Enfin, on compare les deux agendas en s'efforçant de repérer une relation entre eux21. » Dans le cadre des études d'agenda setting, les médias nous disent non pas ce qu'il faut penser, mais à quoi il faut penser ; ils jouent le rôle d'un « maître de cérémonie » ou encore d'un tableau d'affichage sur lequel viendraient s'inscrire les problèmes qui doivent faire l'objet du débat dans une société. La théorie de l'agenda setting

19Par exemple en analysant les unes et titres principaux des quotidiens, ou les sujets présentés dans les JT. 20Par exemple à travers des enquêtes par sondage.

21Par exemple, l'inscription d'un problème sur l'agenda médiatique est suivie quelque temps plus tard par l'apparition de ce problème dans l'agenda des électeurs.

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pourrait nous servir dans le cadre de notre travail pour comprendre le processus qui aboutit à l'apparition de la « question anglophone » dans l'agenda des médias.

7- INTÉRÊT DU SUJET :

L'intérêt de ce sujet réside sur le plan scientifique. Ce travail qui s'inscrit dans le champ de la communication médiatique nous permettra de faire des recherches sur les récits médiatiques et sur l'analyse de contenus. Nous nous pencherons sur le processus de construction médiatique, les stratégies éditoriales de la presse écrite, les manoeuvres de captation de l'audience, les interactions dans les médias. Mais aussi sur le plan historique : Il nous ramènera à la genèse et à l'évolution de la « question anglophone » au Cameroun et sur le plan politique : ce travail nous conduira à nous intéresser au multipartisme des années 90 et à la célébration du cinquantenaire de la réunification.

8- DÉLIMITATION DU SUJET :

Notre étude porte sur la médiatisation de la « question anglophone » dans les journaux camerounais pendant la célébration du cinquantenaire de la réunification du Cameroun. La période de la célébration du cinquantenaire de la réunification du Cameroun est l'espace-temps autour duquel gravite notre recherche. Nous allons nous situer dans nos travaux : avant, pendant et après cet important évènement qui a eu lieu en février 2014 dans la ville de Buéa. Le but étant de savoir comment les journaux camerounais perçoivent et ont traité cette question depuis ce tournant historique.

9- PLAN DETAILLÉ :

Notre étude est structurée en quatre chapitres : Le chapitre premier qui a pour titre 'la « question anglophone » au Cameroun' a pour but de nous plonger dans les généralités sur « la question anglophone ». Nous y abordons l'origine de cette question et la perception de la notion d'anglophone au Cameroun. Ensuite nous intéressons aux termes en lesquels se pose la « question anglophone » au Cameroun en nous fondant sur les avis recueillis sur le terrain lors de notre descente sur le terrain, notamment en termes de revendication politique et de repli identitaire.

Le deuxième chapitre s'intitule 'le cinquantenaire de la réunification du Cameroun'. Ici nous faisons un flash-back historique en nous arrêtant sur les prémices de la réunification du Cameroun. Nous revisitons le consensus de Bamenda qui a eu lieu avant la conférence

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constitutionnelle de Foumban et a jeté les bases de la réunification du Cameroun. Ensuite nous nous intéressons au déroulement du cinquantenaire de la réunification du Cameroun qui s'est tenu à partir du 17 février 2014. Nous relatons les préparatifs et les festivités de cet évènement historique.

Le troisième chapitre intitulé stratégies de construction de la « question anglophone » dans les journaux camerounais' nous permet d'entrer de plein pied dans l'analyse de contenus des récits médiatiques. Grâce à l'approche qualitative nous avons repéré dans les journaux soumis à notre étude, les manoeuvres de captation de l'audience propres aux journaux camerounais, les stratégies de mise en page, les angles de traitement, la titraille, les illustrations. Nous nous intéressons aussi aux stratégies de mise en discours en identifiant les figures de styles, les arguments, les genres journalistiques et les champs lexicaux.

Enfin nous aborderons le quatrième chapitre dont le titre est Analyse quantitative de la « question anglophone ». C'est ici que nous procédons à l'exploitation de notre matériel de travail à l'aide des opérations de codage, nous enregistrons les données du logiciel Sphinx 2 Plus qui nous permet de réaliser des tableaux et de traiter nos données recueillies sur le terrain. Par la suite nous entamons l'analyse et l'interprétation des résultats obtenus sur le terrain.

CHAPITRE I:

LA « QUESTION ANGLOPHONE » AU CAMEROUN

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Au rang des débats qui ont eu court au Cameroun et qui sont toujours d'actualité dans les espaces publics au sens d'Habermas22, l'on peut énumérer : l'harmonisation du système éducatif avec de nos jours, la montée du bilinguisme et la création des classes de 3e, seconde, première et terminale bilingues. En mars 1993, parlant du bilinguisme à la camerounaise le quotidien Le Messager titrait : «...les anglophones doivent étudier le français pendant que les francophones se détendent 23». L'on peut citer également parmi les grands débats actuels, l'harmonisation du système judiciaire au Cameroun qui connait une cohabitation incestueuse entre le droit civil, la Common Law et le droit coutumier. D'ailleurs l'absence de version anglaise du traité OHADA a récemment suscité une grève des avocats anglophones. De plus, le projet de loi n°989/PJL/AN portant code pénal au Cameroun est contesté par l'ordre des avocats qui demande le retrait de ce texte pour plusieurs motifs dont l'un des principaux se trouve être : « le défaut de concordance entre les versions française et anglaise du texte qui ne peuvent que produire des interprétations et applications divergentes d'une même loi, entrainant ainsi une aggravation de l'insécurité juridique et judiciaire »24. Pour Louis Marie Nkoum-Me-Ntseny, dans dynamique de positionnement anglophone et libéralisation politique au Cameroun : de l?identité à l?identification, au-delà des problèmes « Bamiléké », « Kirdi », et « Béti » qui ont été théorisés au Cameroun, il existe un problème « anglophone » qui est non négligeable. Il nous revient dans notre étude d'aborder les généralités sur la « question anglophone » et d'étudier les termes en lesquels se pose la question anglophone au Cameroun.

I- GÉNÉRALITÉS SUR « LA QUESTION ANGLOPHONE »

Pour appréhender « la question anglophone » nous devons dans un premier temps comprendre l'origine de ce problème en faisant un rappel historique. La compréhension de la perception de la notion d'anglophone au Cameroun serait également un atout indéniable dans cette optique.

22L'espace public au sens d'HABERMAS, la catégorie idéale, typique et historique est celle de l'espace public bourgeois.

23Le Messager, 8 mars 1993

24Propos de Ngnié Kamga, La Nouvelle Expression n°4250 du vendredi 17 juin 2016, article projet de code pénal : l'ordre des avocats demande le retrait du texte.

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A- L'ORIGINE DE LA « QUESTION ANGLOPHONE » AU CAMEROUN

Selon Michel Olinga25, les origines de la question anglophone remontent jusqu'en 1911. Après avoir retiré de la répartition qui devait s'effectuer la portion du « Neue Kamerun » soit 275 000 km2 suite à la convention d'Agadir du 4 novembre 1911, la France et le Royaume-Uni optèrent pour le partage du Cameroun le 4 février 1916, sans consulter la population concernée, après la défaite de l'Allemagne (installée depuis 1884 au Cameroun), à la première guerre mondiale. La France s'octroie alors les 4/5 du territoire restant, soit 425.000 km2, tandis que le Royaume-Uni se contenta de 1/5, soit 53.000 km2. Ce partage entériné lors de la conférence de paix de Versailles a eu comme conséquence : l'instauration de deux systèmes coloniaux, de deux langues et de deux cultures dont la sauvegarde et la concurrence des héritages est à l'origine de la « question anglophone ». Pour Aboya Manassé Endong26, c'est par deux (2) mandats du 20 juillet 1922 que la Société des nations (SDN) avait divisé le Cameroun en deux zones administrées respectivement par la France et le Royaume-Uni. En application des options prévues dans les missions des colons, l'indépendance de la partie francophone du Cameroun est proclamée le 1er janvier 1960. Parallèlement, dans la résolution 1350 (XIII) du 13 mars 1959, l'assemblée générale des Nations unies recommandait qu'en consultation avec un commissaire des Nations unies, des plébiscites séparés soient organisés dans les parties septentrionale et méridionale du Cameroun. C'est dans ce contexte que survient l'idée d'un plébiscite dont l'issue devait décider de la situation du Cameroun britannique. Louis Marie Nkoum-Me-Ntseny ajoute que la résolution 1352 (XIV) du 16 octobre 1959 fixe la date du plébiscite au plus tard en mars 1961 et décide des deux questions à poser au corps électoral : "souhaitez-vous réaliser votre indépendance en rejoignant la fédération indépendante du Nigéria", ou encore "en rejoignant la République indépendante du Cameroun?". Les 11 et 12 février 1961, l'ONU organise séparément des plébiscites sur les deux territoires du Cameroun britannique : le Northern Cameroons et le Southern Cameroons. Des résultats définitifs proclamés le 15 février 1961 suivant un décompte séparé des suffrages, il ressort le choix des populations du Northern Cameroons pour le rattachement à la fédération nigériane tandis qu'au Southern Cameroons, le choix pour le rattachement à la République du Cameroun indépendant est acquis par 231 571 suffrages contre 97 741 pour le

25Olinga M, Aspects de la construction nationale après les indépendances camerounaises : le désir de sécession (1960-2009), Paris-Sorbonne, 2011.

26 Aboya Manassé Endong « Menaces sécessionnistes sur l'Etat camerounais », www.monde-diplomatique.fr/...MANASSE/17281. 2002.

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rattachement au Nigéria. Dans la suite logique des choses, la Résolution 1608 (XV) du 21 avril 1961 prend acte des résultats. Son article 4, alinéa 9 stipule que : « le Cameroun septentrional s'unira à la Fédération du Nigéria en tant que province séparée de la région du nord du Nigéria ». Le dernier alinéa de l'article premier de la loi n° 61-24 du 1er septembre 1961 stipule notamment que « les ressortissants des Etats fédérés sont citoyens de la République fédérale et possèdent la nationalité camerounaise ». L'article 5 par contre invite " l'Autorité de tutelle ainsi que les gouvernements du Southern Cameroons et de la République du Cameroun à entamer d'urgence des pourparlers afin de parachever avant le 1er Octobre 1961 les accords de mise en oeuvre des politiques convenues et déclarées par les parties intéressées en vue de l'union du Southern Cameroons et de la République du Cameroun pour former une " République Fédérale Unie du Cameroun ". Ainsi, la réunification a lieu le 1er Octobre 1961. L'étatisation du Cameroun marquée par la dynamique centralisatrice, faisant fi du multipartisme implicitement souligné dans l'article 3 de la constitution et aboutit en 1966, suite à une entente avec les trois formations politiques dominantes dont principalement le KNDP, le CNPC, à la création du parti unique : l'Union Nationale camerounaise (UNC). En 1972 survient l'unification, c'est-à-dire la suppression de la fédération et la fin de l'existence et de l'identité anglophone. Selon Enoh Meyomesse, dimanche le 20 mai 1972, les camerounais ne découvrent dans les bureaux de vote que deux types de bulletins : ceux portant la mention « oui » et ceux portant la mention « yes ». Il n'y en a guère portant la mention « non ». Résultat, les camerounais approuvent à une majorité de 99% de « oui », l'abolition du fédéralisme au Cameroun et le passage à l'Etat unitaire. Par voie référendaire, le pays se dote d'une nouvelle constitution, celle du 2 juin 1972. Dans son préambule, on peut lire que : « Le Peuple camerounais, -Fier de sa diversité culturelle et linguistique, élément de sa personnalité nationale qu'elle contribue à enrichir, mais profondément conscient de la nécessité impérieuse de parfaire son unité, proclame solennellement qu'il constitue une seule et même nation, engagée dans le même destin et affirme sa volonté inébranlable de construire la patrie camerounaise sur la base de l'idéal de fraternité, de justice et de progrès ». Dans l'article premier, alinéa 3 on peut lire : « les langues officielles de la République du Cameroun sont : le français et l'anglais ». De façon claire et sur la base de la réorganisation administrative du territoire, "le territoire du Cameroun Occidental" cède la place aux provinces anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Pour Piet Konings, la division des anglophones et la mise sur pied d'un système répressif redoutable n'ont pas permis l'expression des frustrations anglophones jusqu'en 1982. En

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1983, le gouvernement de Paul Biya donne l'ordre de modifier le GCE (General Certificate of Education) en y incluant le français comme matière obligatoire, sans que l'anglais ne le soit pour le baccalauréat francophone. Cette décision a déclenché une grève des étudiants anglophones. Louis Marie Nkoum-Me-Ntseny rajoute qu'en 1984, dans la loi n° 84/1 du 04 Février 1984 promulguée par le président de la République Paul BIYA, la République Unie du Cameroun est transformée en République du Cameroun. Cette transformation dans l'appellation touche néanmoins la conscience et la mémoire anglophone dans la mesure où le qualificatif " Unie " qui symbolisait l'inscription historique de l'identité anglophone dans l'Etat unitaire disparait. Selon Piet Konings, en 1985 un important avocat anglophone, Fon Gorji Dinka, a été arrêté après avoir déclaré anticonstitutionnel le régime Biya et appelé à l'indépendance le Southern Cameroons, rebaptisé République d'Ambazonie. La même année, les élites anglophones ont souligné dans plusieurs documents la mise à l'écart de l'élite anglophone du pouvoir politique. A partir de 1986 souffle ce qui avait été appelé à l'époque « le vent de l'Est27 » avec une conjugaison de facteurs économiques et sociaux : la crise économique, les injonctions du Fonds Monétaire International (FMI) relatives à l'assainissement des finances publiques, le plan d'ajustement structurel, les frondes estudiantines, les émeutes à la prison centrale de Douala, l'affaire Yondo Black28etc. En 1989, l'on assiste à la naissance du « Study Group 89 » dont les travaux débutés en novembre 1989, vont déboucher sur la rédaction des statuts du Social Democratic Front (SDF)29. Toutefois, l'année 1990 marque le retour au multipartisme au Cameroun avec la promulgation des lois numéro 90/052 du 18 décembre 1990, sur les libertés et la communication sociale et numéro 90/053 du 19 décembre 1990, sur la liberté d'association. La frustration des anglophones face à un Etat dominé par les francophones aboutit à l'émergence du principal parti d'opposition le SDF à Bamenda en 1990. Le 26 mai 1990, le retentissant rassemblement inaugural du SDF s'est terminé par la mort de six jeunes anglophones supposés tués par l'armée. Le gouvernement dégage sa responsabilité et le Ministre de la communication de l'époque Augustin Kontchou Komeni annonce « zéro mort ! ». Le 9 juin 1990, John Ngu Foncha démissionne de son poste de premier vice-président du RDPC. Dans sa lettre de

27 Vent de changement venu de l'Est de l'Europe ayant abouti à l'abolition du communisme et à l'avènement de la démocratie. Le discours de François Mitterrand à la Baule invite les Présidents africains à cultiver la démocratie dans leurs Etats. Il précise que l'aide aux pays africains sera conditionnée au degré de démocratie de ces pays.

28Front pour les libertés avec célestin Monga, Lapiro de Mbanga, Henriette Ekwe, Anicet Ekane, Njeukam Tchameni etc. et qui a abouti à l'arrestation des protagonistes.

29 Social Democratic Front : principal parti politique d'opposition au Cameroun, créé en 1990 et présidé depuis sa création par John Fru Ndi.

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démission il déclare : « The Anglophone Cameroonians who I brought into Union have been ridiculed and referred to as les Biafrais, les ennemis dans la maison, les traîtres etc. and the constitutional provisions which protected this Anglophone minority have been suppressed, their voice drowned while the rule of the gun replaced the dialogue which the Anglophones that i cherish very much 30». En 1991, le SDF transforma la partie anglophone du Cameroun en foyer de rébellion et de confrontation avec le pouvoir notamment pendant l'opération « villes mortes ». Août 1991, 37 des 47 préfets, les trois quarts des directeurs et responsables des compagnies paraétatiques du pays et 22 des 38 hauts fonctionnaires nommés au cabinet du Premier ministre, étaient des Béti. Les anglophones sont enclins à attribuer la crise économique à la corruption et à la mauvaise gestion du régime Biya. Ils prétendent que les revenus provenant des ressources pétrolières sont plutôt utilisés par 1'Etat dominé par les francophones pour « remplir les ventres » de ses alliés ou pour stimuler l'économie de la région francophone. La SONARA, la raffinerie de pétrole située à proximité de Limbe, continue à être dirigée par un francophone et est pourvue d'un personnel francophone. Les anglophones craignent aussi que les principales entreprises situées dans la partie anglophone, en l'occurrence : la CDC (Cameroon Development Corporation) et la PAMOL, soient liquidées ou vendues à des francophones pendant la crise économique et sous l'effet des programmes d'ajustement structurels. 1992, élections présidentielles : John Fru Ndi obtient 86,3% des suffrages exprimés dans le Nord-ouest et 51,6% dans le Sud-ouest. Sa défaite finale, donne lieu à de violentes protestations à Bamenda et dans le Nord-ouest du pays. Le régime proclame l'Etat d'urgence dans cette province et assigne John Fru Ndi à résidence. Les années qui vont suivre notamment 1993, verront l'émergence des revendications sécessionnistes, menées par des organisations identitaires comme le SCNC, SCAPO, FWCM, CAM, qui se regroupent au sein du AAC (All Anglophone Congress). Ces groupes tentent de faire entrer le Southern Cameroon au Commonwealth au détriment de la République du Cameroun. Ils obtiennent cette année la création d'un conseil national du GCE, examen typiquement britannique que Yaoundé avait voulu supprimer. L'AAC a pour but d'adopter une position anglophone commune au sujet de la réforme constitutionnelle. Du 2 au 3 avril 1993, plus de 5000 membres de l'élite anglophone se sont rencontrés à Buéa. A l'issue de ces rencontres est publiée la « déclaration de Buéa » qui expose les nombreuses doléances des

30 Traduction : « Les camerounais anglophones que j'ai emmenés dans l'union ont été ridiculisés et traité de biafrais...et les dispositions constitutionnelles qui protègent cette minorité anglophone ont été supprimées, leur voix a été éteinte et la loi des armes a remplacé le dialogue avec les anglophones que j'affectionne tant »

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anglophones au sujet de la domination francophone et en appelle à un retour de 1'Etat fédéral. La déclaration compare francophones et anglophones en termes simplistes : « les méchants francophones sont solidaires pour opprimer les pauvres anglophones pacifiques, ouverts au dialogue et soucieux de liberté ». Octobre 1993 l'admission de la République du Cameroun au Commonwealth est encore différée. Le 3 décembre 1993, l'AAC se prononce pour l'indépendance totale du Southern Cameroons. Le 2 mai 1994, à l'issue de la deuxième conférence des anglophones, la déclaration suivante est publiée « si le gouvernement persiste dans son refus d'engager des réformes constitutionnelles substantielles ou ne les réalise pas dans un laps de temps raisonnable, elle proclamera l'indépendance du Southern Cameroon en prenant toutes les mesures nécessaires afin de défendre et de préserver la souveraineté et l'intégrité territoriale de celui-ci ». Le 1er novembre 1995, le Cameroun est admis au Commonwealth. Le 1er mars 1996 suite à la manifestation organisée à Limbé contre la nomination de Délégués du Gouvernement en lieu et place des maires élus, des pertes en vies humaines sont déclarées. Le 30 décembre 1999, des inconnus se réclamant du SCNC s'emparent brièvement des locaux de la télévision nationale à Buéa et proclament, sur les ondes, l'indépendance de leur Région. Le 8 janvier 2000, La pression des séparatistes anglophones croît ; le drapeau indépendantiste est symboliquement hissé à Limbé, sur le Littoral. Le 1er octobre 2000 31 , de violents affrontements opposent l'armée et les sécessionnistes anglophones du Nord-ouest du Cameroun, notamment à Bamenda et à Kumbo. Contre l'avis des autorités administratives, des manifestants envahissent les rues dans ces deux (2) villes pour célébrer l'indépendance d'une hypothétique République fédérale du Southern Cameroon. Des coups de feu sont tirés et de nombreuses arrestations sont effectuées. Toujours en l'an 2000, à travers une recommandation faite par son Secrétaire Général de l'époque Kofi Atta Annan, l'ONU invite les sécessionnistes au dialogue constructif avec l'État camerounais et à transformer leurs organisations sécessionnistes en partis politiques. En 2009, la Commission Africaine des Droits de l'Homme et des Peuples (CADHP) invite l'État camerounais à plus de justice, d'égalité sociale et communautaire entre Francophones et Anglophones ainsi qu'à un dialogue constructif avec le SCNC et la SCAPO au sujet d'éventuelles réformes institutionnelles. D'autre part, la Commission invite les sécessionnistes à abandonner leurs revendications. En 2014, du 18 au 20 février, c'est la célébration en grandes pompes à Buea du cinquantenaire de la réunification du Cameroun.

31Aboya Manassé Endong, « Menaces sécessionnistes sur l'Etat camerounais », le monde diplomatique, (2002).

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Seul bémol, nous avons commémoré avec faste un évènement pour le moins historique, en accusant un retard de trois ans. En effet, les festivités marquant le désir de tous les Camerounais de vivre ensemble dans la République Unie du Cameroun auraient dû mathématiquement avoir lieu en 2011. Le 1er octobre 2014, autres manifestations sécessionnistes dans la Région du Nord-Ouest. Toujours en 2014, coup de théâtre dans la Mezam Ier située dans le Nord-Ouest du pays, le 06 novembre 2014 : sept (7) membres du SCNC démissionnent et rejoignent les rangs du RDPC à l'occasion du 32ème anniversaire de l'accession du Chef de l'Etat à la Magistrature Suprême. L'opinion publique pense à ce moment précis, soit à la mort programmée des mouvements sécessionnistes soit à de la manipulation mais dans quel but ? Le 18 mars 2015 à l'issue de la conférence des avocats anglophones de Bamenda sur le thème : « le futur et la sécurité de la Common Law au Cameroun », des pétitions ont été rédigées faisant « fléchir » selon les tabloïdes Laurent ESSO, Ministre de la Justice et aboutissant à l'utilisation unique de la langue anglaise dans les tribunaux de la zone anglophone. Les avocats de cette région s'étaient donné la journée du 17 mars 2015 pour voir si les plaidoyers dans les tribunaux du ressort du parquet général allaient se faire encore en français. Eh bien non ! Bis repetita le 9 mai de la même année ; six cent avocats anglophones réunis dans la salle des actes de la cathédrale métropolitaine St Joseph de Big Makon exigent le retour au fédéralisme. Ils donnent six mois aux pouvoirs publics pour se conformer à leur désidérata avant de se pourvoir devant la Cour Suprême siégeant comme Conseil Constitutionnel et promettant d'ester devant les tribunaux internationaux au cas où cette juridiction rejette leur requête. Deux jours plus tôt le 7 mai 2015, des militants du SCNC accusés d'avoir fabriqué des explosifs sont mis aux arrêts. Il s'agit de Che Clovis Nji et Walter Numvi arrêtés à Bamenda et qui prétendaient préparer la riposte en cas de menace de leur territoire par « l'annexionnisme » de la République du Cameroun. Toujours au mois de mai 2015, grogne à la CRTV : Les anglophones de la télévision nationale publique dénoncent la discrimination. La pomme de discorde ici se trouve être l'âge de départ à la retraite suite au refus d'accorder une prolongation à Full Peter admis à faire valoir ses droits à la retraite. Les journalistes de langue anglaise fustigent les prolongations à tête-chercheuse du départ à la retraite dont bénéficient les francophones. Le 27 novembre 2015 le Sénateur Nfon Victor Mukete sort un livre qui fait grand bruit intitulé mon odyssée : l?histoire de la Réunification du Cameroun avec des correspondances authentiques des vrais artisans. La cérémonie de dédicace de cet ouvrage a lieu au palais de congrès de Bamenda. Pour le Chef Supérieur de Koumba, il ne fait aucun doute que les anglophones sont marginalisés au

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Cameroun. Le 16 juin 2016, l'ordre des avocats demande le retrait du projet de loi n°989/PJL/AN portant code pénal au Cameroun pour défaut de concordance entre les versions françaises et anglaises du texte, entre autres griefs. Le 18 juillet 2016, 20 membres supposés du SCNC sont arrêtés à Buéa. Ils préparaient selon des sources policières une manifestation violente32. Et le 11 Octobre 2016 : grève des avocats anglophones sous la bannière du Cameroon Common Law Lawyers. Ils ont déserté les salles d'audiences dans les tribunaux des régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du pays. Ils s'indignent contre l'attitude du Gouvernement depuis que les avocats anglophones du Cameroun se plaignent notamment de l'absence de version anglaise de certains textes nous rapporte La Nouvelle Expression33.

B- LA PERCEPTION DE LA NOTION D'ANGLOPHONE AU CAMEROUN :

Selon le dictionnaire Larousse illustré de 2007, le monde anglo-saxon est l'ensemble des pays dont l'organisation socio-économique et la culture ont été fortement influencées par la colonisation britannique et dont l'anglais est la langue principale. Une personne Anglophone est celle-là qui parle anglais. Cette définition ne correspond pas exactement à la perception que les Camerounais ont de la notion d'anglophone. Pour l'homme de la rue interrogé dans le cadre de notre recherche scientifique, un anglophone au Cameroun est différent d'un francophone. Un anglophone au sens camerounais du terme est une personne qui « cause » l'anglais. Ici les personnes interrogées voient une différence entre « causer » et parler l'anglais. Pour eux, l'anglophone « cause » l'anglais comme son dialecte, au même titre que le « Bakweri »34. Pour d'autres, un anglophone c'est une personne qui a « la culture anglo-saxonne » des Régions du Nord-ouest et du Sud-ouest du pays. Le profane camerounais estime que la culture de ces deux Régions citées est différente de celle des autres Régions du pays. Les anglophones seraient plus respectueux, plus soumis, plus à cheval sur la discipline que les francophones. Les exemples cités sont : ceux des écoles anglophones où les jeunes filles ont les cheveux rasés comme les garçons et ceux des villes anglophones où il y a moins d'immondices et de papiers qui trainent. Nous pouvons ainsi établir une corrélation entre le problème anglophone et la question juive au sens de Jean-Paul Sartre35 cité plus haut qui estime que la haine des juifs vise à valoriser la médiocrité et à créer l'élite des médiocres. Pour un antisémite (anti-anglophone), le juif (l'anglophone) est intelligent, il le méprise donc

32Guardian Post, du Mardi 19 juillet 2016.

33 La Nouvelle Expression, N°4329, du Mardi 11 octobre 2016 34Tribu du Sud-ouest Cameroun.

35 Nathan Weinstock, Le Sionisme contre Israël, p. 19

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ainsi que toutes ses autres vertus. La personne qui déteste les juifs (ou les anglophones) est de ce fait un homme qui a peur, non pas des juifs (ou des anglophones), mais de sa conscience, de sa liberté, de ses instincts, de ses responsabilités, de la solitude, du changement, de la société et du monde, de tout sauf des juifs (ou des anglophones) : C'est un lâche. Maître Nico Halle dans une interview accordée au journal The Post 36 ira même plus loin en ces termes : « The average Francophone respects the Anglophone and doesn?t want to use the word fear; respects the Anglophone for his honesty, for his intelligence, for his image... »37 Tout cela est bien flatteur à l'égard des anglophones, sauf que les personnes interrogées dans la rue ajoutent que « les anglophones sont toujours à gauche », terme péjoratif qui voudrait dire que les anglophones ont une manière qui leur est particulière de voir les choses. Anicet Ekane, homme politique, nous confiera au cours d'un entretien réalisé au siège du MANIDEM, qu'un anglophone pour lui est « un camerounais qui a vécu dans la zone anglophone ». Si cet homme politique sous-entend par le verbe « a vécu », conjugué au passé composé, le fait d'y avoir vécu dans le passé, les anglophones nés récemment dans la zone anglophone ne sont-ils pas anglophones ? S'il entend par là le fait de vivre dans la zone anglophone, ne seraient pas anglophones ceux qui vivent en zone francophone ? Pour Louis Marie Nkoum-Me-Ntseny « ...De toute évidence l'identité anglophone est largement tributaire de la langue anglaise. Si la partition du Kamerun allemand en 1916 entre la France et la Grande-Bretagne peut être considérée comme l'élément fondateur de la distinction anglophone/francophone, la colonisation britannique apparaît par conséquent comme le vecteur de l'identité anglophone eu égard à la dynamique d'identification et d'individualisation qu'elle recelait. Elle est en effet à l'origine de l'inscription historique, culturelle, linguistique, spatiale et même politique de l'identité anglophone dans la géopolitique nationale. La question essentielle demeure cependant celle du contenu de l'héritage culturel anglophone, c'est-à-dire de la quintessence culturelle du camerounais anglophone. Qu'est-ce qui a pu identifier l'anglophone de manière spécifique et singulière comme Anglophone depuis la colonisation britannique? Sa manière d'être, de vivre, de se comporter, de parler, d'agir. Cela est-il le reflet évident de l'héritage culturel britannique ? ». Anthony Ndi, dans Southern West Cameroon Revisited, 1950-1972: « Unveiling Ineascapable Traps » ne s'éloignera pas vraiment de ce postulat : il est d'avis que la « marginalisation des

36 The Post, N°01506, du 21 février 2014

37 Traduction : « La majorité des francophones a un profond respect pour l'anglophone pour ne pas utiliser terme avoir peur. Elle le respecte pour son honnêteté, son intelligence et son image ».

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anglophones » de nos jours provient de la mauvaise foi des francophones ou du moins du Président Ahidjo qui entendait régner en véritable potentat sur le Cameroun, comme le faisaient les puissances occidentales. Michel Olinga pense pour sa part que « les termes francophone et anglophone ont, en sus du sens courant et standard qui renvoie à l'usage de l'anglais, pour les Anglophones, et du français, pour les Francophones, des acceptions qui relèvent parfois plus de l'ethnique, de l'historique ou même du politique. Aussi, n'est-il surprenant de rencontrer au Cameroun des personnes présentées comme anglophones, mais ne s'exprimant pas nécessairement en anglais ? ». En effet, pour ne pas revenir à l'exemple des Professeurs Ngoh et Njeumah, il n'est pas rare de rencontrer des anglophones naissant dans des familles francophones et vice versa. Ce mixage est dû à la très forte pénétration par les francophones du système éducatif anglo-saxon au Cameroun dès le primaire ou le collège ; ou encore leur fréquentation assidue des écoles « bilingues », même si l'intellectuel anglophone Francis Nyamnjoh qualifie le bilinguisme officiel camerounais de « bilinguisme cosmétique38 ». Les anglophones quant à eux se retrouvent très souvent,- certains diront par manque d'autres alternatives, entrain de poursuivre leurs études dans les universités francophones camerounaises. Deux universitaires au Cameroun sont considérés et s'identifient eux même comme anglophones : les professeurs Victor Ngoh et Njeumah. Pourtant le premier est « Eton »39 et le second est « Bassa »40. Mono Dzana a estimé lors d'un entretien que nous devons produire des Etats qui s'inspirent de nos réalités. Lorsque la réalité est aussi abstraite et difficile à cerner que la détermination de la notion de « l'anglophone » au Cameroun, il devient compliquer de s'en inspirer. Thomas Bissonhong met en exergue la logique de la refondation. Pour lui nos références doivent dépasser le temps. D'ailleurs au Cameroun, francophones et anglophones ont tous une tribu et un dialecte qui leurs sont propres. D'où vient-il qu'on les identifie en fonction de la langue officielle parlée ? La langue ne constitue donc pas le noeud du problème. Anicet Ekane dira à ce sujet que pour lui la question anglophone « est un problème vicié par l'approche qui privilégie les cultures occidentales ». Se reconnaitre anglophone au Cameroun apparait dans l'espace politique comme une tentative de repli identitaire, de surenchère ou de chantage politique basé sur l'appartenance à un

38Cameroon Post, Du 20 mai 1991

39 Tribu que l'on retrouve principalement dans la Région du Centre-Cameroun dans les villes d'Obala, Saa, Monatélé, Okola et qui appartient au grand groupe Fang Béti.

40 Tribu autochtone de la ville de Douala que l'on retrouve principalement dans les provinces du Centre et du Littoral et dont l'un des cantons se retrouve dans le Ngondo Sawa.

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groupe idéologique dans le but de bénéficier de certaines pré bandes et d'un quelconque positionnement politique au regard de l'équilibre tacite qui existe dans le pays entre francophones et anglophones. De manière générale, lorsque le Président de la République est francophone, son Premier Ministre Chef du Gouvernement est anglophone. Dans les entreprises parapubliques, la nomination d'un Directeur Général francophone entraine fatalement celle d'un Directeur Général Adjoint ou d'un PCA anglophone. Et Luc Sindjoun pense que « la démarcation identitaire anglophone va conduire à la déconstruction des mythes fondateurs de l'Etat unitaire tels que la fête nationale du 20 Mai, l'unique étoile dorée du drapeau national, etc. Même la dénomination de l'Etat "République du Cameroun" est remise en cause parce que ne traduisant pas l'existence de deux segments francophone et anglophone ayant accepté de s'unir »41.

En clair, pour une certaine opinion au Cameroun, la question anglophone au sens politique du terme résulte d'un ensemble de frustrations qui émanent d'une frange de la population qui s'estime lésée dans le partage du « gâteau national ». Pourtant le problème selon certains chercheurs est ailleurs. Il s'agit d'un problème ethnolinguistique, d'un problème historique, d'un problème de construction de l'identité national, d'un problème de relecture des textes fondateurs du mariage entre les deux Cameroun de l'époque.

II- LES TERMES EN LESQUELS SE POSE LA « QUESTION ANGLOPHONE » AU CAMEROUN:

Aboya Manassé Endong pense que « plus que jamais, les anglophones de l'ancien condominium franco-anglais se considèrent comme des citoyens de seconde zone, même si aucun texte officiel ne consacre cette marginalisation...la « question anglophone » demeure une épine dans un système politique verrouillé... ». Pour Michel Olinga « la question anglophone...au Cameroun est aussi d'ordre politique et institutionnelle ». Pour Louis-Marie Nkoum-Me-Ntseny «... le message identitaire anglophone semble s'articuler autour de l'auto-identification et du positionnement dans l'arène politique ou en dehors de celle-ci... ». La « question anglophone » selon ces auteurs se pose en termes de revendications politiques ou de repli identitaire.

41 Sindjoun L, « Identité nationale et révision constitutionnelle du 18 janvier 1996 : comment constitutionnalise-t-on le nous au Cameroun dans l?Etat post-unitaire ? »Page 6

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A- DISCRIMINATION :

Anye Fru Emmanuel dans sa thèse portant sur le thème Issues of minority rights in the context of political liberalization: The case of anglophone Cameroon, soutenue en 2008 à l'Université de Witwatersrand voit dans le problème Anglophone au Cameroun, un problème d'arithmétique politique. Il écrit42 : « Anglophone Cameroonians make up about 30% of the Cameroonian population, but their participation in government has never been more than 15%... »43. Michel Olinga corrobore les propos de Anye Fru Emmanuel en ces termes : « Les griefs des membres de la communauté anglophone portent tout autant sur la représentativité des membres de cette communauté, représentativité jugée alors à la fois insuffisante et subalterne à celle des Francophones, autant sur le plan national que dans les rapports du Cameroun avec l'étranger »44. Franck Essi le Secrétaire Général du CPP interrogé au siège de cette formation politique dans le cadre de notre recherche, nous répondra sans ambages que « la question anglophone est un ensemble de revendications politiques qui naissent du viol des accords d'unification entre les deux Etats du Cameroun...c'est aussi un problème culturel et un problème de répartition des richesses du pays... ». Pour Louis-Marie Nkoum-Me-Ntseny « le débat sur l'identité anglophone en post-colonie se ramène finalement à la question de savoir comment a été géré l'héritage camerounais de la colonisation dans le cadre des relations intercommunautaires qui se sont établies après la réunification ». Piet Konings sera plus précis en ces termes : « le problème anglophone a permis aux partisans du régime d'accéder à des postes gouvernementaux élevés, habituellement réservés aux seuls francophones démentant les accusations de marginalisation des anglophones et renforçant l'alliance hégémonique. En 1992, Simon Achidi Achu du Nord-Ouest et Ephraïm Inoni du Sud-Ouest ont été nommés respectivement Premier Ministre et Secrétaire Général Adjoint de la Présidence de la République... » 45. Cette position nous permet d'envisager que sur le plan politique, les anglophones dans leur grande majorité se sentent lésés dans la répartition du pays. Cependant, certains anglophones ont contribué à rendre caduques les revendications anglophones en bénéficiant ainsi de certaines positions dans le gouvernement. C'est la raison

42 Anye Fru E, Issues of minority rights in the context of political liberalization: The case of Anglophone Cameroon, (2008), Page 38

43Traduction : « Les Anglophones au Cameroun constituent 30% de la population, mais leur participation dans le gouvernement n'a jamais été de plus de 15% »

44Olinga M, Aspects de la construction nationale après les indépendances camerounaises : le désir de sécession (1960-2009), Paris-Sorbonne, (2011), Page 30.

45Konings P, Le « problème anglophone » au Cameroun dans les années 1990, Ocisca/Orstom, Page 33

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pour laquelle l'avocat anglophone Nico Halle dans une interview accordée au journal The Post 46 a déclaré : « ...the Anglophone problem is the Anglophone. That is the first problem...the Anglophones ought to have their place but they opt to play second fiddle...»47. Le problème Anglophone dans son essence est de ce fait un problème institutionnel et politique. La question que l'on serait tenté de se poser serait de savoir si de nos jours ce problème politique n'a pas pris une autre connotation ?

B- REPLI IDENTITAIRE :

Stephano Bartolini sur la question de la formation des clivages estime que : « la structuration des clivages pourrait résulter d'un processus historique spécifique qui prend place uniquement au sein du type d'arène d'autorité qu'est l'État «national», «démocratique» territorialement et économiquement fermé » 48 . Toutes les conditions d'un clivage francophone/anglophone sont réunies au Cameroun selon Aboya Manassé Endong qui a écrit en 2002 dans le journal Le monde diplomatique : « le Cameroun est un des principaux partenaires de la « Françafrique ». Bien que potentiellement riche, et faisant partie des Etats dits « à revenus intermédiaires », le pays est en crise, son économie en panne, ses élites sont défaites. Le président Paul Biya, qui vient de fêter ses vingt ans au pouvoir, voit son autorité contestée. En effet, la question anglophone demeure une épine dans un système politique verrouillé, où une opposition bridée et des sensibilités nouvelles, tentent de se ménager un espace... »49. Les sociétés clivées ont ceci de particulier qu'elles aboutissent à des replis identitaires. Pour Luc Sindjoun : « L'ethnie et la région apparaissent comme des lieux de prise de parole sur la réforme constitutionnelle. En fait, le débat national apparaît comme un "moment critique" dans le cadre duquel la marque ethno-régionale donne droit à l'accès dans le champ politique. C'est par rapport à l'Etat à travers le "large débat national" que les identités ethno-régionales se cristallisent, se construisent...Le quotidien gouvernemental, dont la consultation s'inscrit dans la perspective de la prise au sérieux des "opinions publiées" , présente les positions des "populations du sud"50, de "la population de la Menoua"51, des "Populations du Mbam et

46 The Post, N°01506, du 21 février 2014

47Traduction : « le problème de l'anglophone c'est l'anglophone. Ça c'est le premier problème. Les anglophones mériteraient d'avoir une place de choix dans la société, mais ils ont opté pour jouer le second rôle. »

48Bartolini S, la formation des clivages, Revue internationale de politique comparée, De Boeck, page 14

49Aboya Manassé Endong, Menaces sécessionnistes sur l'Etat camerounais, Le monde diplomatique, (2002) 50Cameroon Tribune, N° 5389, du 3 Juin 1993, p. 3

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Inoubou et du Mbam et Kim"Ç des "Elites de la Mefou Afamba"52, du "roi des Bamoun", des "Elites de la province de l'Est"53, des "élites du Littoral"54etc. »55 En nous référant à ce propos, l'accès au champ politique au Cameroun est subordonné à la constitution en groupe identitaire pour la revendication d'une cause supposée commune. C'est dans cette optique que les « anglophones » qui ont pourtant des ethnies bien distinctes : Bakweri, Bayangui etc. et des Régions différentes : Nord-Ouest et Sud-Ouest se sont regroupés au sein du vocable « anglophone » pour constituer un lobby ethnolinguistique fort issu du clivage Francophone/anglophone qui existe dans le pays. D'ailleurs la presse camerounaise relève à juste titre que l'on assiste depuis quelque temps à un repli identitaire ethno-tribal déguisé sous des formes culturelles avec des festivals comme le ngùon chez les Bamoun, le Ngondo chez les Duala, le Mbog lia'a chez les Bassa, la fête du coq chez les Toupouri etc. Ce retour aux sources est l'émanation d'un certain agenda caché selon les médias, visant à faire entendre le moment venu une voix qui aurait du poids et permettrait de faire peser sur la balance des revendications politiques.

En définitive, la « question anglophone » remonte à l'année 1916 avec le partage du Cameroun en deux par les colons français et anglais. L'unification en 1961 et la réunification de 1972 n'ayant pas satisfait l'une des parties, la partie anglophone, elle se sent lésée jusqu'aujourd'hui. En ce qui concerne la montée des revendications identitaires, elle s'est opérée au début des années 90 avec des groupes irrédentistes tels que le SCNC ou la SCAPO. De nos jours, avec les mutations et les unions civiles qu'a connues la société camerounaise, la « question anglophone » ne se pose en termes de sécession, mais en termes de revendications politiques et de repli identitaire. Toutefois, la célébration du cinquantenaire de la réunification qui a eu lieu en février 2014 dans la ville historique de Buéa a permis de jeter un pavé dans la marre, bien que la question demeure toujours lancinante dans les esprits et dans les agendas des conférences de rédactions.

51Cameroon Tribune, N° 5389, du 3 Juin 1993, p. 4

52Cameroon Tribune, N° 5394, du 10 Juin 1993, pp. 2 - 3

53Cameroon Tribune, N° 5388, du 2 Juin 1993, p. 3

54Cameroon Tribune, N° 5365, du 27 Avril 1993

55Sindjoun L, « Identité nationale et révision constitutionnelle du 18 janvier 1996 : comment constitutionnalise-

t-on le nous au Cameroun dans l'Etat post-unitaire ? » Page 4

CHAPITRE II :

LE CINQUANTENAIRE DE LA
RÉUNIFICATION DU CAMEROUN

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La médiatisation de la « question anglophone » dans les journaux camerounais pendant la célébration du cinquantenaire de la réunification du Cameroun.

La célébration du cinquantenaire de la réunification en février 2014 est le point de départ de notre recherche sur la médiatisation de la « question anglophone ». Une cérémonie qui a commémorée le désir de vivre ensemble scellé en 1961 et renouvelé en 1972 par les francophones et les anglophones. Un moment hautement historique qui a eu lieu dans la ville de Buéa elle aussi riche en histoire. Une occasion idoine de balayer les bavures du passé, de réconcilier la République du Cameroun avec son histoire, avec ses martyres, avec ses héros et avec ses vieux démons notamment celui de la division. Toutefois, cinquante années passées auraient logiquement dû nous conduire à l'organisation de ces festivités évocatoires au plus tard en 2011. Un retard de trois ans a de ce fait été observé et la « question anglophone » subsiste dans les médias camerounais. Peut-on parler d'une occasion manquée ? D'un évènement à rééditer ? À mieux penser ? L'intérêt de ce chapitre porte sur la compréhension du déroulement du cinquantenaire de la réunification et de sa symbolique pour mieux appréhender la résurgence de ces revendications ethnolinguistiques dans les journaux camerounais.

I- LES PRÉMICES DE LA RÉUNIFICATION DU CAMEROUN

11 février 1961, sous l'égide des Nations unies se déroule un plébiscite au cours duquel les populations du Cameroun méridional et septentrional sont appelées à répondre aux questions suivantes :- « Voulez-vous atteindre l'indépendance par l'unification avec la fédération indépendante du Nigéria ? » - « Voulez-vous atteindre l'indépendance par l'unification avec la république indépendante du Cameroun ? ». Le Cameroun méridional vota avec 223 571 voix pour et 97 741 contre en faveur de l'unification avec la République du Cameroun et le Cameroun septentrional opta avec 146 296 voix pour et 97 659 voix contre pour le rattachement au Nigéria.56 Les principaux artisans de la réunification en l'occurrence John Ngu Foncha et Ahmadou Ahidjo pour mettre en application ce projet ambitieux prévu pour le 1er octobre 1961 ont pensé à organiser la conférence de Foumban. Mais avant il fallait au préalable passer par le consensus de Bamenda.

56Reunification, Hors-série, Cameroon Tribune, 0ctobre 2011, page 68

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A- LE CONSENSUS DE BAMENDA :

Du 26 au 28 juin 1961 une conférence est organisée à Bamenda entre les représentants du Cameroun méridional et ceux de la république du Cameroun pour arrêter une constitution fédérale en prélude à la conférence constitutionnelle de Foumban. Les sujets à l'ordre du jour portent sur : la constitution, l'éducation, la justice, les langues officielles etc. Il s'agit d'une conférence inter-partis appelée « All Party Constitutional Conference » convoquée par John Ngu Foncha afin que le Southern Cameroons ne se rende pas en rangs dispersés à la conférence de Foumban. Les leaders politiques anglophones renouvelèrent leur confiance à Foncha qui était le Premier Ministre du Southern Cameroons. Ils adoptèrent après consensus un projet de constitution calqué sur le modèle anglo-saxon. Pour les anglophones, la fédération à venir devra conserver une certaine forme d'autonomie. Le Southern Cameroons assurera désormais l'ordre et la sécurité sur son territoire. Les anglophones ne souhaitent pas que l'armée de la république du Cameroun viole leur territoire après le 1er octobre 1961.Foncha souhaite comme mesure alternative, le maintien de la force britannique dans le Southern Cameroons jusqu'à ce que cette partie du Cameroun soit capable de constituer une force de police capable de contrôler cette partie du territoire. Une proposition évidemment rejetée par les britanniques qui n'envisagent même pas maintenir la moindre mission technique dans le Cameroun occidental après la réunification. L'un des faits majeurs à souligner au sortir de ce conciliabule de Bamenda s'est que Foncha a omit de présenter aux différentes délégations des partis politiques présents à cette réunion, le projet de constitution rédigé par le pouvoir central de Yaoundé et qui lui avait été remis par le président Ahmadou Ahidjo au mois de mai 1961. Cette omission le fragilisera plus tard dans son camp.57

B- LA CONFÉRENCE CONSTITUTIONNELLE DE FOUMBAN :

Selon Daniel Abwa les raisons du choix de Foumban pour abriter cette très importante conférence sont les suivantes : Le Noun est un havre de paix, les relations entre le roi des Bamoun Njimoluh Seidou Njoya et les deux principaux protagonistes Ahmadou Ahidjo et John Ngu Foncha sont excellentes. Autres raisons : la région Bamiléké voisine du Noun étant en trouble, Ahidjo veut démontrer qu'il tient bien les reines de son pays. Le site de Foumban n'est pas facilement prenable grâce aux murs qui entourent la ville et qui rendent de ce fait

57Reunification, Op.cit. page 77

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impossible toute attaque surprise. De plus la ville de Foumban est proche de Koutaba d'où les avions peuvent décoller à tout moment en cas de danger. Dernier élément et non négligeable, les Bamoun sont réputés chaleureux et la beauté de leurs filles n'est plus à démontrer. D'ailleurs durant les cinq jours qu'aura mis la conférence de Foumban du 17 au 21 juillet 1961 se succèderont de grandes réceptions tous les jours.

Au cours de cette conférence les divergences de points de vue entre le Cameroun oriental et occidental sont visibles. Amadou Ahidjo souhaite que les deux entités forment un Etat unitaire centralisé : la fédération n'étant qu'une étape devant conduire à l'Etat unitaire. Foncha n'ayant pas obtenu de converger vers une confédération envisage que les travaux aillent dans le sens d'une fédération dans laquelle le Southern Cameroon bénéficierait d'une autonomie relative. Le camp Foncha n'ayant pas examiné le projet de constitution proposé par le pouvoir de Yaoundé, suite à l'omission de Foncha lors du consensus de Bamenda, le projet constitutionnel d'Ahidjo s'impose alors comme base des discussions reléguant ainsi au second plan les conclusions de la précédente conférence inter-partis des anglophones. Les dates du 17, 18 et 19 juillet 1961 leurs sont accordées pour examiner le projet de constitution qui leur a été présenté pour la première fois à l'ouverture des travaux. Foncha est fragilisé. Au finish c'est la fédération telle que proposée par Ahmadou Ahidjo qui est validée avec comme principes fondateurs : - un système fédéral avec deux Etats fédérés, le Cameroun oriental ayant pour siège Yaoundé et le Cameroun occidental dont le siège est Buéa. La capitale de la république fédérale se trouve à Yaoundé et le président du Cameroun oriental devient le président fédéral, tandis que le premier ministre du Cameroun occidental devient le vice-président fédéral. À Les élections à l'assemblée nationale doivent être différentes de celles à des assemblées des Etats fédérés. Les élections du président de la république fédérale doivent se faire au suffrage universel par l'ensemble des populations des deux Etats. D'autres rencontres sont prévues pour régler certains problèmes techniques liés à la matérialisation des accords de Foumban. Notamment au mois d'août à Yaoundé. Elles aboutissent à la rédaction dans les détails et l'adoption par les deux parties de la constitution du futur Etat du Cameroun.

II- LE DÉROULEMENT DU CINQUANTENAIRE DE LA RÉUNIFICATION

Beaucoup d'incertitudes ont émaillé les préparatifs de ce cinquantenaire de la réunification. Le lieu de son organisation ? Le déroulement de cet évènement ? Ses articulations ? La symbolique qui le caractérisera ? Les festivités qui le couronneront ? La

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présence ou non du Chef de l'Etat ? Le budget alloué à cet évènement ? L'évocation ou non des martyres du Cameroun pendant les festivités ? Etc.

A- LES PRÉPARATIFS DU CINQUANTENAIRE DE LA RÉUNIFICATION :

Dans sa traditionnelle adresse à la nation du 31 décembre 2009, le Chef de l'Etat, son Excellence Paul Biya, a annoncé la célébration des cinquantenaires de l'indépendance et de la réunification en 2010. Plus tard, le 17 mai 2010 dans son message à l'occasion de la célébration du cinquantenaire de l'indépendance, le Chef de l'Etat a précisé sa pensée : « Mes chers compatriotes, le 31 décembre dernier, je vous ai annoncé que nous célébrerions cette année le cinquantenaire de notre indépendance, prélude à notre réunification et que les commémorations trouveraient leur apothéose lors de notre fête nationale ». 58 Toujours des incertitudes sur la date exacte de la tenue de cet évènement. Ce qui emmène Blaise Pascal Dassie, le rédacteur en chef du quotidien Le Messager à s'interroger : « Pourquoi le cinquantenaire se prépare-t-il à Douala ? »59. Qu'à cela ne tienne, Bernard Okalia Bilai nous rassure tout de même dans une interview datant du 27 mai 2013 sur le fait que tous les chantiers du cinquantenaire ou presque, sont exécutés et prêts. 60 L'on peut observer la construction d'une nouvelle tribune, de nouveaux hôtels : notamment celui dédié à la réunification, la réfection et la matérialisation des routes, la construction du monument du cinquantenaire etc. De mile 17, à Buéa Town, ou Bokwango, en passant par Bondoma, Great Soppo, Clerks Quater, Guinness Street, Long Street, Buea Station, Federal Quarter, la ville a fière allure témoignent des riverains dans le quotidien Le Messager. D'ailleurs tous les observateurs sont unanimes sur le fait que la ville de Buéa a connu une grande mue et le cinquantenaire se déroulera finalement bel et bien à cet endroit. Mais Après l'annonce dans le Cameroon Tribune de la date de célébration du cinquantenaire de la réunification prévu les 17, 18, 19 et 20 février 2014 ainsi que la communication du programme officiel des cérémonies qui meubleront cet évènement, des interrogations persistent en pays anglophone sur la capacité de cette célébration à répondre à toutes les attentes des populations anglophones. Dans un article intitulé : « Buéa entre espoir et résignation »61, Joseph Olinga met en exergue les inquiétudes d'un habitant de la ville de Buéa interviewé dans la rue en ces

58Idem, page 135

59Le Messager, N°3992, Du mercredi 8 Janvier 2014. 60Le Messager, N°3996, Du mardi 14 Janvier 2014. 61Le Messager, N°3996, Op.cit. Page 2

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termes : «...Du reste cet interlocuteur reste dubitatif sur la prise en compte de la question anglophone au lendemain d'une commémoration qui sera personnellement présidée par le Président de la République... ». Plus loin dans le même article, Joseph Olinga ajoutera : « ...une question d'honneur agite certains habitants de la région parmi les moins excessifs. Une occasion dit-on ici de démontrer que les anglophones ne sont pas les faire-valoir de la République... ». Le sentiment général qui anime les citadins de Buéa au moment des préparatifs du cinquantenaire de la réunification selon les journaux est un sentiment de fierté de voir leur ville connaitre un profond embellissement, mais également un sentiment de suspicion à l'égard du pouvoir central de Yaoundé qui pourrait rater le coach et éluder des problèmes essentiels. Le journal anglophone The Post publie dans sa sous-tribune : « address Anglophone Problem before it Boils over »62. Le journaliste Yerima Kini Nsom réalise une interview de l'avocat Christopher Nsom qui s'exprime sur le cinquantenaire de la réunification en parlant du malaise Anglophone au Cameroun et en faisant le parallèle avec la République centrafricaine où le Président Bozize qui n'a pas respecté ses accords avec la séléka a vu prospérer dans son pays une rébellion armée :« ...First of all, there is no small problem...this celebration is limited because there is no equal regional integration as well as territorial developments. Most Anglophone regions are not really developed in relation to the francophone regions...in the case of Cameroon; there is the minority problem which is the Anglophone problem. There exists a high level of marginalization of Anglophones within the economy. There are over six million of Anglophones in the country and only two ministerial positions have been given to them, that is, the Ministry of Forestry and wildlife and the Ministry of Arts and Culture...at the central African republic, you will notice that the problem started with Francois Bozize dishonoured the accord he signed with the Seleka rebels which had ten clauses. They got angry and stared moving towards the capital Bangui which led to the rebellion...There are many Anglophone pressure groups in Cameroon struggling for the Anglophone problem...»63.

62The Post, Du lundi 03 février 2014.

63 Traduction « premièrement il n'y a pas de petit problème ? Cette célébration est limitée parce qu'il n'y a pas d'égalité dans l'intégration régionale ainsi que dans le développement territorial. Les régions anglophones comparées aux régions francophones ne sont pas développées...dans le cas du Cameroun. Il existe un problème de minorité et c'est le problème anglophone. Il existe un haut degré de marginalisation des anglophones au plan économique. Il y a environ 6 millions d'anglophones au Cameroun et seulement 2 portefeuilles ministériels leurs sont accordés, qui sont, le ministère de la forêt et de la faune et le ministère des arts et de la culture...En République centrafricaine vous remarquerez que tout a commencé avec François Bozize qui a désavoué les

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B- LES FESTIVITÉS DU CINQUANTENAIRE DE LA RÉUNIFICATION :

Cameroon Tribune nous informe de ce que tout a commencé à Buéa le 16 février 2014 en après-midi, par une célébration inter-religieuse. Le comité d'organisation dont le PCO est le Directeur du cabinet civil de la Présidence de la République, Martin Bélinga Eboutou a choisi cette formule pour baliser le chemin de la paix, de la tolérance et de l'unité dans la diversité. L'évêque du diocèse de Buéa Immanuel Bushu a indiqué dans son homélie que le sens de cette action de grâce est de dire merci à Dieu pour les bienfaits abondants octroyés à notre pays le Cameroun. Pour aller dans ce sens, le journaliste Essama Essomba signe un reportage intitulé « une prière en guise de coup d'envoi »64. L'envoyé spécial à Buéa de Cameroon Tribune écrit: « ...ils ont imploré Dieu très haut et très grand en chantant des sourates, afin qu'il continue à protéger notre pays des maux de la division ».

Le 17 février 2014 a eu lieu à l'amphithéâtre 750 de l'université de Buéa, le grand colloque de Buéa sous le thème : « de la réunification à l'intégration : 50 ans de construction nationale ». Ledit colloque a été ouvert par le Premier Ministre Philémon Yang et les travaux ont été dirigés par le Ministre Fame Ndongo de l'enseignement supérieur. Le quotidien Cameroon Tribune nous rapporte que la parole a été donnée à 27 personnalités de la classe politique nationale, du monde universitaire, des confessions religieuses, des chefferies traditionnelles etc. Trois sous-thèmes ont été abordés : le premier : l'unité nationale mythe ou réalité ? Le deuxième : la dynamique intégrative après 50 ans de réunification. Le troisième : la dynamique de convergence entre les deux sous-systèmes éducatifs francophone et anglophone. Philémon Yang a ouvert les travaux en rappelant que le processus d'indépendance et de réunification du Cameroun est irréversible, tout comme celui de l'unité et de l'intégration nationale. Mais, durant les échanges, Jacques Fame Ndongo a expliqué à tous les participants, en langue anglaise qu'il n'y a pas de sujet tabou. La parole étant libre, l'enseignant d'université Daniel Abwa en revisitant le processus historique depuis la colonisation allemande jusqu'à nos jours, soutient que l'unité du Cameroun n'est pas un mythe. Son collègue anglophone, Fanso Werfijika avance que sans la prise en compte de certaines réalités et droits pour l'égalité, cette unité demeure un mythe. Njoh Litumbe dont la

accords signés avec les rebelles de la Séléka qui s'articulaient autour de 10 points. La situation s'est envenimée et ils se sont mis en route vers la capitale Bangui où s'en est suivie une guerre civile...Il y a beaucoup de groupes de pression anglophone au Cameroun qui s'intéresse au problème anglophone »

64Cameroon Tribune, Du lundi 17 février 2014

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thèse demeure qu'il n'y a pas eu mariage entre les deux Cameroun, évoque le « problème anglophone » et propose éventuellement un dialogue avec le SCNC. Sur cette question le PM a été clair : « qu?il crée un parti politique et dans ce cadre, comme tous les partis légalisés, dialogue avec les pouvoirs publics ».

Un fait marquant et significatif de ce cinquantenaire, l'arrivée du Président de la République Paul Biya accompagné de son épouse à l'aéroport de Tiko annoncée dans un communiqué signé du DCC le 17 février 2014 : « Monsieur le président de la République, son excellence Paul Biya, en compagnie de son épouse Madame Chantal Biya, effectuera dès le mardi 18 février 2014, une visite officielle dans la région du Sud-Ouest, où il présidera les manifestations du cinquantenaire de la réunification du Cameroun ». Une arrivée triomphale en hélicoptère à Tiko, qui vient bousculer le programme de ces festivités et imposer au Cameroon Tribune journal pro-gouvernemental de publier le nouveau programme des festivités. Le CT n'en finit plus avec sa titraille pour magnifier cette arrivée : « Paul Biya à Buéa ce jour »65, « Le Chef de l'Etat en visite officielle à Buéa »66,« Tiko comme en 1961 », « Liesse populaire au pied du mont Cameroun »,« Tiko Airport : Where Reunification begins ».Sur le tarmac de l'aéroport de Tiko, une foule en liesse mais surtout deux enfants : la petite Ada Elisabeth Ngongi, élève à l'école anglophone Kingston School de Buéa et le petit Ngono Bikanga de l'école francophone de Buéa, qui remettent chacun à son tour un bouquet de fleur, respectivement au président de la République et à la première dame, Chantal Biya.

Plus tôt ce 18 février 2014 a eu lieu dès 7h30, la marche de la réunification dans toutes les 10 régions du Cameroun. Ensuite place a été laissée en soirée à un spectacle riche en son et lumière intitulé : « la marche en avant » et mettant en scène les fresques historiques du Cameroun. Un vibrant hommage a été rendu aux héros de l'indépendance et de la réunification du Cameroun. Des séquences laissant apparaitre des images avec des personnages historiques tels que Um Nyobe, André Marie Mbida, Ahmadou Ahidjo, Ossende Afana, Félix Moumié, Ernest Ouandjié, John Ngu Foncha, Chief Endeley, Madola, Egbe Tabi, Ngom Jua, Salomon Tandem Muna ont été mises en exergue. Le 19 février 2014, le monument des cinquantenaires a été inauguré en matinée. En fin d'après-midi a eu lieu l'ouverture solennelle de la retraite aux flambeaux, suivi en début de soirée de l'ouverture du

65Cameroon Tribune, Du mardi 18 février 2014 66Idem, Page 3

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feu de camp par les scouts en prélude à la grande soirée culturelle à laquelle ont pris part des artistes musiciens et des humoristes. Et puis le 20 février 2014, cérémonie protocolaire marquant le cinquantenaire de la réunification à la place des fêtes de Buéa. Pendant son discours de circonstance à la nation, Paul Biya a rendu hommage aux artisans de l'indépendance et de la réunification. Le Chef de l'Etat a salué la marche héroïque vers la réunification, la construction de l'Etat du Cameroun, souligné ce qui a été fait en matière d'éducation, d'infrastructure de transport, d'industrialisation et dans le secteur de la santé. Le président de la république a dressé le bilan des évolutions du Cameroun de la période de l'indépendance jusqu'à nos jours et évoqué les perspectives d'avenir.

Pour bon nombre d'observateurs, la réconciliation n'a pas eu lieu pendant le cinquantenaire de la réunification. L'on s'est limité aux festivités sans poser des actes forts allant dans le sens du dialogue constructif, de l'apaisement, de la réparation d'un préjudice historique, bien que le débat sur la question anglophone ait été évoqué lors des travaux en plénière pendant le colloque.

CHAPITRE III :
STRATÉGIES DE CONSTRUCTION DE
LA « QUESTION ANGLOPHONE »
DANS LES JOURNAUX CAMEROUNAIS

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La « question anglophone » comme tous les autres questionnements sociaux, pour apparaitre dans le paysage médiatique camerounais doit préalablement faire l'objet d'une construction. Les journaux sont avant tout des entreprises de presse. Ils mettent en oeuvre des politiques de captation de l'audience pour traiter d'une information dans leurs colonnes. Ces manoeuvres ont un triple objectif : premièrement sur un plan purement professionnel, il est question de traiter de manière optimale le sujet dans le but d'en ressortir les pourtours et les contours ; deuxièmement sur un plan économique, le traitement de l'information doit accrocher le « lecteur de Une 67» au point de le pousser à acheter le journal, à le lire et à le faire lire. Troisièmement sur un plan éthique et déontologique, le ton donné aux articles à paraitre, doit respecter la ligne éditoriale du journal. C'est à ce triptyque que se greffent les autres éléments qui participent de la médiatisation d'une information dans la presse. Dans cette partie liminaire, il sera question d'étudier les opérations qui concourent à la mise en page et à la mise en discours de la « question anglophone » pendant la célébration du cinquantenaire. Nous allons distinguer trois étapes précises : la période pré cinquantenaire, la période du cinquantenaire et la période post cinquantenaire, pour étudier le traitement de la « question anglophone ». Ces étapes nous permettront d'analyser les trois journaux de notre corpus dans le but de savoir comment ils traitent de la « question anglophone », de vérifier s'ils respectent la distance minimale du discours informatif par rapport à l'information en fonction de leur périodicité. A travers les sources, l'étude des stratégies de langage et les différents genres journalistiques utilisés, nous pourrons comprendre le processus de médiatisation de la « question anglophone » au Cameroun. Nous veillerons à bien faire la différence entre la mise en récit de la « question anglophone » dans la presse écrite avant, pendant et après le cinquantenaire de la réunification.

I- MANOEUVRES DE CAPTATION DE L'AUDIENCE DES JOURNAUX :

A- MISE EN PAGE ET ANGLES DE TRAITEMENT :

Selon Blaise Pascal Dassie REC du quotidien Le Messager, depuis les salles de rédactions, les rédacteurs en chef donnent des consignes aux journalistes concernant les

67Surnom donné à ces camerounais qui s'entassent devant les kiosques à journaux et lisent les unes des tabloïdes sans les acheter. Ils ont pratiquement développé au Cameroun un nouveau type d'espace public au sens d'Oskar Negt.

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angles de traitement à aborder avant d'aller sur le terrain collecter les éléments. La mise en page participe d'une stratégie globale de construction d'un évènement.

1- La mise en page :

- Dans le quotidien Le Messager :

Le quotidien Le Messager qui possède 12 pages a écrit 29 articles sur le cinquantenaire de la réunification. Ce journal commence à traiter du cinquantenaire le mardi 8 janvier 2014 en page 7 et cet évènement a progressé dans la pagination dudit journal pour se retrouver à la page 2. La « question anglophone » quant à elle est évoquée dans Le Messager par Joseph Olinga, dans un reportage avant le cinquantenaire, le mardi 14 janvier 2014 en page 2 ligne 40 dans l'article intitulé : « Buéa entre espoir et résignation ». L'auteur écrit parlant d'un riverain interrogé dans la rue : «...Du reste cet interlocuteur reste dubitatif sur la prise en compte de la question anglophone au lendemain d'une commémoration qui sera personnellement présidée par le Président de la République... » A la ligne 60 Joseph Olinga écrit : « ...une question d'honneur agite certains habitants de la région parmi les moins excessifs. Une occasion dit-on ici de démontrer que les anglophones ne sont pas les faire-valoir de la République... ». Pendant le cinquantenaire de la réunification, Blaise-Pascal Dassie dans son billet d'humeur du vendredi 21 février 2014 en page 5 ligne 12 intitulé : « Fru Ndi tance Paul Biya » cite le chairman en ces termes : « ...en faisant une étude comparative dites au moins combien d'anglophones sont dans le comité d'organisation". » Pour lui, il ne faut pas se voiler la face, les anglophones ne sont pas contents. A ce moment le problème anglophone est posé par Le Messager de manière subtile. En page 7 du même journal, Valgandine Tonga rapporte des propos recueillis auprès de Jean De Dieu Momo Président du PADDEC : « ...vous devez vous souvenir qu'il y avait une période où on célébrait une journée dite de deuil national parce qu'une partie du Cameroun à l'indépendance avait été rattachée au Nigeria lors d'un référendum organisé par les Nations unies. Je l'ai toujours condamné car il n'y avait pas lieu de référendum. On devait nous restituer notre nation comme on l'avait prise pour la confier aux français et aux anglais. Le passé c'est le passé. Une partie avait été rattachée au Nigeria nous le regrettons encore aujourd'hui. La partie qui a été rattachée au Cameroun doit être célébrée... » En page 8, Edouard Kingue dans sa chronique intitulée : « lettre ouverte à mon frère de l'outre Mungo » écrit dans son chapeau : « ...en nous partageant entre les puissances colonisatrices, on nous a séparés, tailladant à l'équerre

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et au compas dans la chair, un peuple dont les morceaux éparses se recollent douloureusement au gré des conférences, référendum, décrets, cinquantenaires et discours. Mais qui indemnisera ces masses dont les plaies identitaires mal couturées laissent transparaitre des cicatrices indélébiles ? ». A la ligne 5 Edouard Kingue écrit : « ...pourquoi une réunification sans unité linguistique ? Parce que la société des nations ancêtre de l'ONU avait favorisé notre désintégration en deux blocs politiques distincts ». Après le cinquantenaire, lundi le 24 février 2014, Le Messager publie son premier titre laissant transparaitre la question anglophone en page 5 : « Buéa sans mémoire : la réconciliation n'a pas eu lieu ». Dans son analyse, Edouard Kingue écrit : « ...ni John Ngu Foncha, qui lutta pour la réunification des deux Cameroun, ni tant d'autres oubliés de l'histoire, qui favorisèrent le oui' au référendum devant consacrer le rattachement du Cameroun britannique à la République du Cameroun ...n'ont été cités...». Jeudi le 27 février en page 4 la « question anglophone » est évoquée par Marie Louise Mamgue dans son compte rendu intitulé : « Le MANIDEM décrie la mystification de l'histoire du Cameroun » ; elle écrit : « ...pour permettre aux camerounais quelles que soit leur origine géographique objectivement lésés d'occuper la place qui leur revient de droit à travers un dialogue de vérité et de réconciliation, pour permettre aux camerounais de toutes les régions sans épithètes linguistique importées de jouir d'un développement endogène, juste et équilibré de notre nation.- De ce fait le parti d'Anicet Ekane penche pour une véritable réunification qui éloignera de facto toute idée de sécession et de memoranda régionaliste et sectaire ». Lundi le 11 mai 2015, Le Messager titre dans sa tribune : « revendication : les avocats anglophones du Common Law exigent le retour au fédéralisme ». Ça y est, nous sommes rentrés au coeur même du problème anglophone. En page 3 de son compte rendu, Donat Suffo retranscrit les propos des avocats en ces termes : « Nous avons observé avec amertume, le manque de protection des droits des minorités, je veux dire de la minorité anglophone au Cameroun,...par conséquent pour une meilleure protection des droits des minorités anglophones au Cameroun et leur héritage culturel, nous exigeons avec énergie la fédération...ils ont dénoncé la dernière décision du conseil supérieur de la magistrature, qui a affecté les magistrats d'expression française dans les tribunaux et cours des deux régions anglophones et partant la présentation par ces derniers de leurs conclusions en langue de Molière...les formations dans ce système doivent être en anglais de la maternelle, jusque dans la vie professionnelle... ». Le Messager du vendredi 22 mai 2015 titre dans son oreille de Une: « 20 mai 1972 : un coup de force de Ahidjo » et publie de la page 5 à la page 7 une

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analyse de l'écrivain et homme politique Enow Meyomesse : « ...les camerounais anglophones pourraient être tentés par la même expérience au cas où il serait entamé l'exploitation du pétrole gisant sous leurs pieds. Seule solution : les museler. Comment ? En abolissant le fédéralisme et en passant à un Etat unique...Les anglophones viennent avec la complicité de l'un des leurs, John Ngu Foncha, s'engouffrer dans cette tyrannie naissante...Ahidjo ne demande qu'une chose à ses interlocuteurs anglophones, c'est d'adhérer purement et simplement à la constitution de la République du Cameroun votée par référendum truqué le 21 février 1960...la politique d'Ahidjo consistera à neutraliser le pouvoir politique de la communauté anglophone, au sein de l'Etat du Cameroun. C'est ainsi qu'il retire à Foncha le poste de Premier Ministre du Cameroun occidental en 1965, au profit de Salomon Tandem Muna...Mbida, Mayi Matip, Eyidi Bebey et Okala ont publiés le 16 juin 1962 une lettre ouverte où l'on peut lire...l'unité nationale telle qu'elle est définit est un mythe et ce mythe frise l'utopie...Dimanche le 20 mai 1972, les camerounais ne découvrent dans les bureaux de vote que deux types de bulletins ceux portant la mention 'oui' et ceux portant la mention 'yes'. Il n'y en a guère portant la mention 'non'...la grande conséquence de ce coup de force d'Ahmadou Ahidjo a été la colère de la communauté anglophone sur le moment et peu de temps après la naissance du SCNC... ». Le mercredi 27 mai 2015 en page 3, Le Messager touche du doigt la discrimination dont est victime la communauté anglophone de la CRTV en ce qui concerne l'âge de départ à la retraite avec ce titre : « CRTV : les anglophones dénoncent la discrimination » dans un commentaire signé Souley Onohiolo. Jeudi le 1er octobre 2015 en page 3 avec le titre : « la réunification du Cameroun dans les oubliettes », Alain Njipou écrit au sujet de la « question anglophone » : « ...depuis les revendications irrédentistes du Southern Cameroun National Council (SCNC), il n'y a que la partie anglophone qui se met en ordre de bataille, non pas pour commémorer mais bien plus, pour exiger l'indépendance du Cameroun occidental... ». Lundi le 30 novembre 2015, Donat Suffo en faisant le compte rendu de l'ouvrage de Victor Mukete écrit en page 2 : « marginalisation des anglophones : le sénateur Nfon Victor Mukete met le régime en garde ».

- Dans le quotidien Cameroon Tribune :

Cameroon Tribune le quotidien à capitaux public de 32 pages ouvre le chapitre cinquantenaire de la réunification lundi 27 janvier 2014 en page 5 dans la rubrique politique avec un mini dossier « préparatifs » comprenant un avant-papier, une brève et une interview. Le journal de Marie Claire Nnana a écrit 74 articles sur les festivités du cinquantenaire en

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2014. Au moment où le cinquantenaire de la réunification du Cameroun fait l'actualité, CT lui consacre ses pages 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10 et 11 mais en dehors du cadre de l'actualité Cameroon Tribune octroie la page 5 au cinquantenaire de la réunification lorsqu'il décide d'en parler. Concernant la « question anglophone », CT commence à l'évoquer avec subtilité dans ses colonnes, avant le lancement des cérémonies marquant le cinquantenaire de la réunification, lundi le 17 février 2014 en page 2 dans le reportage de Essama Essomba intitulé « une prière en guise de coup d'envoi ». L'envoyé spécial à Buéa écrit à la ligne 83 : « ...ils ont imploré Dieu très haut et très grand en chantant des sourates, afin qu'il continue à protéger notre pays des maux de la division ». Pendant le cinquantenaire, mardi 18 février 2014 Essama Essomba dans son article « consensus sur l'unité nationale » parut en page 3 évoque de manière un peu plus évidente la « question anglophone » à la ligne 28 : « ...Jacques Fame Ndongo a expliqué à tous les participants, en anglais qu'il n'y a pas de sujet tabou... » À la ligne 35 « ...Philemon Yang a ouvert les travaux en rappelant que le processus d'indépendance et de réunification du Cameroun est irréversible, tout comme celui de l'unité et de l'intégration nationale... ». A la ligne 56 Essama Essomba écrit : « ...son collègue Fanso Werfijika avance que sans la prise en compte de certaines réalités et droits pour l'égalité, cette unité demeure un mythe... », et à la ligne 83 le problème anglophone commence à être posé clairement « ...à l'exception de Njoh Litumbe dont la thèse demeure qu'il n'y a pas eu mariage entre les deux Cameroun... En répondant à une question sur un éventuel dialogue avec le SCNC, le PM a été clair : qu'il crée un parti politique et dans ce cadre, comme tous les partis légalisés, il y a dialogue avec les pouvoirs publics ». Nkendem Forbinake dans son article « A long Day to revisit the Reunification Trail » paru en page 4 écrit à la ligne 57 « ...political activist Njoh Litumbe, 87, who argued emphatically that the union between Southern Cameroons and the then République du Cameroun' had no legal basis because of the absence of attesting documents at the United Nations Secretariat in New York...» et à la ligne 75 «...Tala Kashim Ibrahim talked of the abundance of Anglophone literature whose principal themes are almost always about the marginalization of the Anglophone minority »68. A ce moment précis le mot «marginalisation» concernant la minorité Anglophone est lâché mais alors en anglais pas en français : subtilité du CT. En pied de page du même journal, dans les réactions recueillies par Nkeze Mbonwoh et Jean Francis Belibi, le journal publie les propos de Chief Samson Abangma : « ...the colloquium has produced

68 Traduction : « Tala Kashim Ibrahim a parlé de l'abondante littérature Anglophone dont le principal thème tourne toujours autour de la marginalisation de la minorité Anglophone ».

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greater hope for some of the questions tha thad remained silent ». Une fois de plus allusion est faite au problème anglophone. Après la célébration du cinquantenaire de la réunification c'est finalement Marie Claire Nnana la Directrice de publication qui prendra sur elle d'évoquer sans ambages le problème anglophone. Dans son éditorial intitulé : « Unis, décrocher l'avenir » paru dans le Cameroon Tribune du lundi 24 février 2014 en page 3, la Directrice de Publication écrira : « ...ainsi à la question y-a-t' il un problème anglophone ?' au lieu de s'échiner à prouver qu'il n'en existe pas, il convient plutôt de considérer que dès lors que les perceptions suggèrent que oui, il devient urgent de dialoguer, de poser des actes au besoin... »

- Dans le journal The Post :

The Post est un journal anglo-saxon de 12 pages qui commence sa saga sur le cinquantenaire de la réunification lundi 03 février 2014 en page 2. The Post commettra 34 articles sur le cinquantenaire. Au moment où le cinquantenaire fait l'actualité The Post lui consacre en moyenne 6 pages. Hors actualité, une seule page est réservée au traitement du cinquantenaire qui est généralement placé en page 2. Avant la célébration du cinquantenaire de la réunification, lundi 3 février 2014, The Post dans sa sous-tribune, titre « address Anglophone Problem before it Boils over ». En page 5 de l'interview réalisée par Yerima Kini Nsom, Christopher Nsom s'exprime sur la «question Anglophone» « ...First of all, there is no small problem...this celebration is limited because there is no equal regional integration as well as territorial developments. Most Anglophone regions are not really developed in relation to the francophone regions...in the case of Cameroon, there is the minority problem which is the Anglophone problem. There exits a high level of marginalization of Anglophones within the economy. There are over six million of Anglophones in the country and only two ministerial positions have been given to them, that is, the Ministry of Forestry and wildlife and the Ministry of Arts and Culture...at the central African republic, you will notice that the problem started with Francois Bozize dishonoured the accord he signed with the Seleka rebels which had ten clauses. They got angry and stared moving towards the capital Bangui which led to the rebellion...There are many Anglophone pressure groups in Cameroon struggling for the Anglophone problem...». Pendant le Cinquantenaire, en page 5 le journal Anglophone publie une interview de Nico Halle sur la «question Anglophone» : « ...anybody who says there is no Anglophone problem is dishonest, hypocritical, a liar and should never be trusted... the Anglophone problem is the Anglophone. That is the first problem...the

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La médiatisation de la « question anglophone » dans les journaux camerounais pendant la célébration du cinquantenaire de la réunification du Cameroun.

Anglophones ought to have their place but they opt to play second fiddle...». En page 7 Isidore Abah fait le compte rendu du propos du Premier Ministre Philemon Yang concernant le dialogue avec les sécessionnistes: « Yang tells activists: if you want dialogue, form political party...Prime Minister, Philemon Yang, has told activists of the Southern Cameroon National Council, SCNC, that Government would be ready to dialogue with them if only they constitute themselves into a political party ». Après le cinquantenaire, avec son article en page 6 « Admit Anglophone problem, Prof. Pondi tells Gov't » Isidore Abah nous rapporte l'interview de Jean Emmanuel Pondi : « Anglophones cannot be so resolute in their demands for over 50 years if there was no problem, and even if Government is convinced that there is no Anglophone problem, the fact that the Anglophones perceive a problem, makes their cause a problem...50 years after reunification provides the best opportunity for the government and representatives of the Southern Cameroons National Council, SCNC, to sit down, dialogue and chart the way forward...there can be no sustainable integration in Cameroon if one part of the country is constantly complaining of marginalization...Government should come clean and admit that there exists an Anglophone problem which needs proper examination and possible cures prescribed ».

Après observation de la mise en page dans ces trois journaux, il ressort que : « la question anglophone » occupe en général les pages 3 et 5 du quotidien Le Messager, la page 5 de The Post et la page 3 de Cameroon Tribune. The Post est le seul de ces trois journaux à ne pas hésiter à titrer sur la question anglophone avant, pendant et après le cinquantenaire de la réunification. Cela peut se comprendre parce que s'est un journal anglophone principalement concerné par la question. Le Messager commence par y faire allusion sans rentrer dans le vif du sujet pendant les festivités marquant cet évènement, comme pour tâter le terrain. Mais après l'évènement en parle sans complexe. Par contre les journalistes de Cameroon Tribune évitent même d'écrire les mots « marginalisation » et « question anglophone » pendant toute la durée du cinquantenaire. Après l'évènement c'est la Directrice de Publication en personne qui prend sur elle la responsabilité de mentionner ces mots et de refermer directement la page puisque le journal ne reviendra plus sur la « question anglophone » par la suite.

2- Les angles de traitement :

Le Messager, avant le cinquantenaire de la réunification a comme angle de traitement dans les récits concernant cette célébration, le retard accusé par ces festivités qui auraient dues

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La médiatisation de la « question anglophone » dans les journaux camerounais pendant la célébration du cinquantenaire de la réunification du Cameroun.

avoir lieu des années auparavant. En témoigne le chapeau de Joseph Olinga dans son article Buéa entre espoir et résignation : « Quatre ans après la date initiale fixée pour la célébration du cinquantenaire de la réunification, la Région du Sud-ouest continue d'attendre le grand jour ». Pendant la période du cinquantenaire, Le Messager a comme angle de traitement la réconciliation manquée entre anglophones et francophones. Dans le chapeau de Blaise Pascal Dassie on peut lire : « le leader du social democratic front (Sdf) qui a assisté à la grande parade de Buéa pense que le Chef de l'Etat a nargué les camerounais en donnant l'impression que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles69 » et de manière plus claire et plus évocatrice le titre de l'article d'Edouard Kingue publié dans Le Messager n°4024 du lundi 24 février 2014 « Buéa sans mémoire : la réconciliation n'a pas eu lieu ». Les angles de traitement qui suivront ne seront que des corollaires de la réunification manquée, notamment le travestissement de l'histoire du Cameroun avec comme titres : - « Le Manidem décrie la mystification' de l'histoire du Cameroun », - « des avocats exigent le fédéralisme », - « Regard 20 mai 1972 : un coup de force d'Ahidjo », - « Devoir de mémoire : la réunification dans les oubliettes ». Sur la question anglophone spécifiquement Le Messager a toujours eu comme angle de traitement la marginalisation de cette minorité comme en témoignent ces titres : - « marginalisation des anglophones : le sénateur Nfon Victoire Mukete met le régime en garde », - « Tchiroma et Vamoulke sourds aux cris des anglophones », - « CRTV : les anglophones dénoncent la discrimination », - « revendication : les avocats anglophones du Common Law exigent le retour au fédéralisme ».

The Post sur la « question anglophone », publie pour la plupart des interviews. Pendant le cinquantenaire de la réunification le journal anglophone souhaite que l'on parle de la « question anglophone » et a de ce fait pour angle de traitement l'oubli volontaire de la « question anglophone ». Le journal commet des articles avec pour titre : - « Address Anglophone problem before it boils over », -« Admit Anglophone problem, Prof Pondi tells Gov't », - « At Réunification Celebration, Northwest Elites demand Equity » ou encore l'extrait du Premier Ministre qui n'a pas dialogué avec le leader du SCNC en lui recommandant : « Yang tells activists : if you want dialogue form political party ». Cependant, dans le dialogue entre anglophones sur la « question anglophone », vu que The Post ne s'adresse pas qu'aux francophones mais aussi et surtout aux anglophones, ce journal utilise un angle de traitement qui est aussi récurrent : la désunion des anglophones, qui est à

69Le Messager, du vendredi 21 février 2014, Page 5

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l'origine de la création du « problème anglophone ». A cet effet The Post a publié des titres comme - « Anglophone's worst Enemy is the Anglophone » phrase tirée d'une interview de Nico Halle70,- « Babungo Fon named as frustated idiot », À « Reunification Celebrations fallouts : Fons, Chiefs wash Royal linen in public ».

Cameroon Tribune choisit en guise d'angle de traitement de s'appesantir uniquement sur les festivités marquant le cinquantenaire de la réunification, sur les changements visibles dans la ville de Buéa et sur la consolidation de l'unité nationale au détriment de la « question anglophone » qui serait plus embarrassante. D'ailleurs c'est une question tellement sensible que les journalistes de ce quotidien n'osent même pas s'y risquer. L'un des rares titres allant dans le sens de l'ouverture au dialogue sur la « question anglophone » est un extrait du propos de l'évêque émérite de Mamfe Teke Lysinge publié en anglais de surcroit « We still need continue discussing »71.

B- TITRAILLE ET ILLUSTRATIONS : 1- La titraille :

Les quotidiens observés dans notre étude nous permettent de desceller une différence dans l'utilisation de la titraille. Pour Le Messager, le cinquantenaire de la réunification est utilisé comme prétexte de l'information et non comme l'information elle-même. Le Messager titre : « cinquantenaire de la réunification : Buéa sans mémoire : la réconciliation n'a pas eu lieu ». C'est cette annonce qui devient l'information.

Par contre, Cameroon Tribune opère une forme de cadrage centré sur le cinquantenaire pour donner à cet évènement une envergure nationale. « Reunification : Withnesses Speak of Event », « cinquantenaire de la réunification : que la fête commence ! », « Cinquantenaire de la réunification : Paul Biya à Buéa », « cinquantenaire de la réunification : mémorable ! ». Ici c'est l'évènement cinquantenaire qui est mis en avant comme pour ne pas s'appesantir sur une réalité (qui serait gênante).

Dans le journal de langue anglaise The Post, au mois de février 2014 la rédaction a pris la peine dans sa titraille d'écrire en rouge certains mots, question de les mettre en exergue.

70The Post, n°1506, du vendredi 21 février 2014

71 Traduction « nous avons toujours besoin de continuer à discuter ».

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La médiatisation de la « question anglophone » dans les journaux camerounais pendant la célébration du cinquantenaire de la réunification du Cameroun.

Lundi le 03 février 2014 la Une de The Post propose : « Tiko Airport may be Re-opened », lundi le 17 février 2014 : « No Beer before Welcoming Biya to Buea », vendredi le 21 février 2014 : « Ahidjo, Foncha, Endeley ignored at Reunification Jubilee ». Ces trois mots : ré-ouvert, accueil et oublié sont symptomatiques du ressentiment anglophone concernant un problème oublié pendant longtemps, qui a été ré-ouvert avec l'accueil du Président de la République dans la ville de Buéa.

Toutefois, notons que la titraille de The Post est constante sur la « question anglophone ». Le CT n'a produit aucune titraille explicite sur le « problème anglophone » ; le journal s'est plutôt focalisé sur l'évènement en cours. Le Messager quant à lui progresse de manière croissante avec la « question anglophone ». Il part du même postulat que le Cameroon Tribune en ne produisant aucun titre explicite sur le « problème anglophone » pendant l'évènement cinquantenaire mais passé cet évènement Le Messager se penche sur la question en se focalisant sur la discrimination dans les corporations des professionnelles : des journalistes anglophones à la CRTV et des avocats anglophones au barreau avec des titres comme « Des avocats exigent le fédéralisme » ou encore « CRTV les anglophones dénoncent la discrimination.

- Les titres de pages internes :

Le distinguo doit tout de même être fait entre la titraille des « Unes » et la titraille des pages internes. En pages internes les titres du Cameroun Tribune s'apparentent à des slogans pompeux : « Maroua : la paix exaltée », « le flambeau toujours plus haut », « unis, décrocher l'avenir », « Garoua : le patriotisme magnifié », « Douala : Unity in diversity », « Yaoundé à l'unisson », « consensus sur l'unité nationale » etc. Cette titraille est à la fois propagandiste et interpellative. Il existe ici une volonté manifeste d'agir sur le lecteur, pour susciter chez lui une réaction d'adhésion.

Le Messager dans sa titraille en page interne cherche à relever les couacs de cette célébration. Exemple : « Buéa sans mémoire : la réconciliation n'a pas eu lieu », « célébration : Foumban reste sur sa soif » ou encore « un cinquantenaire sans symbole ».

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La médiatisation de la « question anglophone » dans les journaux camerounais pendant la célébration du cinquantenaire de la réunification du Cameroun.

The Post dans sa titraille interne fait l'effort à chaque fois de faire apparaitre la « question anglophone » de manière subtile en pied72 de « Une » : « Address Anglophone Problem before it Boils over », « Yang tells Activists : if you want Dialogue, form Political Party », « Admit Anglophone Problem, Prof. Pondi tells Gov't ».

2- Les illustrations :

L'utilisation abondante des photos fait partie de la stratégie du Cameroon Tribune : celle de mettre en avant les festivités et non les problèmes de fond qui seraient incommodes. CT a utilisé 105 photos pour environ 80 articles soit un ratio de 1,3 photo par article. D'ailleurs CT dans ses illustrations a choisi d'utiliser des légendes commentées c'est-à-dire des photos avec des commentaires en guise de légende. Exemple : « le représentant du Chef de l'Etat et les personnalités ont apprécié l'hommage aux héros de la nation ». Cette stratégie permet de proposer une première interprétation des illustrations du journal, question d'orienter la perception du lecteur et de l'emmener à les réinterpréter dans son sens.

Par contre la méthode du Messager consiste à proposer un peu moins de photos. Elle laisse au lecteur le loisir de se focaliser sur la signification du cinquantenaire, sur le déroulement de l'évènement et lui présente très peu les festivités afin qu'il ne s'y attarde pas. Le Messager a utilisé 33 photos pour environ 30 articles soit 1,1 photo par article. D'ailleurs, Le Messager utilise la légende simple. Exemple : « le monument du cinquantenaire de Buéa ».

La technique de l'image implicite évoquée par Misse Misse73, est utilisée par le journal The Post du vendredi 21 février 2014. Dans le ventre74 de « Une », le journal anglophone montre comme illustration, l'image d'une banderole du RDPC, avec l'effigie du Président Paul Biya, sur laquelle il est écrit : « Manyu welcomes President Paul Biya, Father of the True Reunification », ce qui se traduit en français par : « la Manyu souhaite la bienvenue au Président Paul Biya, le Père de la Vrai Réunification ». Cette image illustre la vision des militants de ce parti politique pour qui il y aurait une vraie et une fausse réunification. Dans

72Le pied de « Une » se situe dans le bas de la page en son centre. C'est généralement à cet endroit qu'on trouve une information ou la publicité.

73Misse M, « la médiatisation de la catastrophe de N?SAM dans la presse hebdomadaire Camerounaise », Fréquence Sud N°16, Mai 2002.

74Le ventre de « Une » est une partie située au beau milieu de la page, entre la tribune en haut et le pied du journal en bas.

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tous les cas, la vraie c'est avec le Président Paul Biya. The Post a utilisé encore moins d'illustrations que Le Messager : 34 photos pour 36 articles rédigés sur la question. Soit 0,94 illustrations par articles. L'observation de ces illustrations nous permet de constater que ce journal anglophone préfère utiliser des images d'archives. Une manière de nous permettre de nous remémorer le passé, pour poser le problème de la base des rapports codifiés entre francophones et anglophones au moment de l'unification et de la réunification. Exemple : Lundi 3 février 2014, The Post utilise une image d'antan de John Ngu Foncha accueilli à l'aéroport de Tiko pour demander sa réouverture : « Tiko Airport may be Re-opened ». Le journal d'obédience anglophone utilise beaucoup des photo-portraits de certains leader en plaquant juste leurs noms et souvent sans le prénom dans la légende. Exemple : « Tchiroma, Communication Minister », « Barrister Sama », « Chinje », « Befe », « Tumi » etc. Lorsque ce journal anglophone décide comme Cameroon Tribune d'utiliser une légende commentée, le commentaire traduit des attentes insatisfaites : « Biya gives nothing more75 ».

II- STRATEGIES DE MISE EN DISCOURS

Cette partie nous permettra de nous intéresser aux divers choix éditoriaux en matière d'écriture de presse opérés par The Post, Cameroon Tribune et Le Messager, les trois journaux de notre corpus.

A- GENRES JOURNALISTIQUES ET CHAMPS LEXICAUX

1- Les genres journalistiques :

L'observation des différents genres journalistiques utilisés par les journaux de notre corpus nous permettra d'avancer dans la compréhension de leurs stratégies d'écriture, pour traiter la « question anglophone ». Nous allons bien évidemment faire le distinguo entre : les genres informatifs et les genres d'opinion utilisés dans le traitement de la « question anglophone ».

75 The Post, N°1502, du vendredi 21 février 2014

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LES GENRES INFORMATIFS

LES GENRES D'OPINION

Reportage

Compte rendu

Brève

Portrait

Commentaire

Interview

analyse

Chronique

Vox pop

Le

Messager

8

3

5

1

3

1

2

2

2

CT

33

8

4

6

9

7

4

0

2

The Post

9

6

4

0

4

3

3

1

2

- Le Reportage et le compte rendu (Cameroon Tribune et le Messager).

Ils sont les genres journalistiques les plus utilisés par Cameroon Tribune et Le Messager pendant la période du cinquantenaire. Ces journaux les utilisent pour coller aux faits selon la maxime « les commentaires sont libres et les faits sont sacrés ». Sur 74 articles publiés, Cameroon Tribune utilise 33 fois le reportage : soit en moyenne 45% de reportage et 11% de compte rendus. Bien que le bilinguisme de Cameroon Tribune lui impose de rédiger un article en français et son corollaire en anglais. Nous aurions pu avoir deux fois moins de reportage si le bilinguisme de CT avait été abordé différemment. Le Messager quant à lui n'utilise que 32% de reportages et 12% de compte rendus.

- Les énoncés dérivés (Le Messager)

Les énoncés tels que le billet d'humeur ont également une finalité informative dans les quotidiens. Le Messager l'utilise ici pour évoquer la « question anglophone » tout en feignant de ne pas le faire. Blaise-Pascal Dassie dans son billet d'humeur du vendredi 21 février 2014 en page 5 ligne 12 intitulé : « Fru Ndi tance Paul Biya » cite le chairman en ces termes : « ...en faisant une étude comparative dites au moins combien d'anglophones sont dans le comité d'organisation. Pour lui, il ne faut pas se voiler la face, les anglophones ne sont pas contents ».

- L'interview (The Post)

L'interview est le genre par excellence choisi par The Post pour mettre en récit la « question anglophone ». The Post s'illustre le plus dans cet exercice avec 9,6% d'interview. Lundi 3 février 2014, le journal anglophone publie l'interview de Christopher Nsom qui s'exprime sur la question anglophone et suggère « address Anglophone Problem before it

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La médiatisation de la « question anglophone » dans les journaux camerounais pendant la célébration du cinquantenaire de la réunification du Cameroun.

Boils over ». Nous y retrouvons aussi une interview de Nico Halle sur la « question anglophone » : « ...anybody who says there is no Anglophone problem is dishonest, hypocritical, a liar and should never be trusted...» et l'interview de Jean Emmanuel Pondi « Admit Anglophone problem, Prof. Pondi tells Gov't »76 recueillie par Isidore Abah. Par contre, sur les 29 articles observés, le quotidien Le Messager n'a publié qu'une seule interview : celle de Bernard Okalia Bilai Gouverneur de la Région du Sud-ouest, sur l'évolution des chantiers du cinquantenaire dans son édition du mardi 14 janvier 2014.

- L'éditorial (Cameroon Tribune)

C'est avec ce genre journalistique que le Cameroon Tribune décide finalement après le cinquantenaire de la réunification d'évoquer sans tabou la « question anglophone ». Marie Claire Nnana la Directrice de publication dans son éditorial intitulé : « Unis, décrocher l'avenir »77, écrit : « ...ainsi à la question 'y-a-t? il un problème anglophone ?' au lieu de s'échiner à prouver qu'il n'en existe pas, il convient plutôt de considérer que dès lors que les perceptions suggèrent que 'oui', il devient urgent de dialoguer, de poser des actes au besoin... ».

2- Les champs lexicaux :

En nous focalisant uniquement sur les articles portant sur la « question anglophone » nous avons relevé des champs lexicaux différents en fonction des journaux observés.

Dans Le Messager :

- Le champ lexical de la mémoire : rappelle, temps, souvenir, mémoire, oubliettes, commémoration, histoire etc.

- Le champ lexical de la division : séparés, partage, divisa, démarcation, distinct, désintégration, tailladant.

Ce qui nous amène à penser que le journal fondé par Pius Njawe aimerait que l'on se remémore le passé. Un passé jonché de divisions qui seraient la clé aujourd'hui pour amorcer une réconciliation durable.

76 The Post, N° 1507, du lundi 24 février 2014

77Cameroon Tribune, Lundi 24 février 2014, Page 3

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La médiatisation de la « question anglophone » dans les journaux camerounais pendant la célébration du cinquantenaire de la réunification du Cameroun.

Dans le journal The Post nous avons noté :

- Le champ lexical « problem » : division, negociations, blamed, arrangement, problem, divisive tendencies, fight, marginalisation, crisis, wars, military, conflicts, blood, dialogue, Anglophone problem.

- Le champ lexical« unity »: unite, french brothers, equal, relation, integration, talk, site down, dialogue, discussion, amicably, solved, resolved.

Ce journal Anglophone dont le siège se trouve à Buéa estime que l'unité entre anglophones et francophones au Cameroun est possible, mais il faudrait tout simplement que l'on admette qu'il existe « un problème anglophone » au Cameroun et que l'on essaye de le résoudre.

Dans Cameroon Tribune :

- Le champ lexical de la compromission : suggérer, écouter, s'écouter, malentendu, éviter, minimiser, conversion, gommé.

- Le champ lexical de l'union : nation, amour, réunification, communion, commémoration, rapprochement, consensus, convergence, partage.

Le quotidien Cameroon Tribune dans le cadre du « problème anglophone », propose de se focaliser sur l'union entre francophones et anglophones. Une union consommée il y a cinquante ans. Pour reprendre les termes de Marie-Claire Nnana « ...comme dans tous les couples dignes de ce nom... », il y a aussi des frictions, le quotidien CT propose le champ lexical de la compromission pour que chaque bord puisse penser à l'union.

B- FIGURES DE STYLE ET ARGUMENTS DES JOURNAUX :

Dans cette partie nous allons nous intéresser aux figures de style utilisées, et aux arguments employés par les journaux de notre corpus pour traiter de la « question anglophone ». Ainsi nous pourront comparer ces différents éléments et amorcer sereinement le traitement des données.

Les figures de style sont utilisées à dessein pour traduire une certaine réalité dans les journaux.

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La médiatisation de la « question anglophone » dans les journaux camerounais pendant la célébration du cinquantenaire de la réunification du Cameroun.

1- Les figures de style :

Les figures de style font partie intégrante des stratégies discursives qui rentrent dans la construction médiatique de l'évènement cinquantenaire de la réunification et de la « question anglophone ». Le Messager utilise principalement les figures d'atténuation. Cameroon Tribune s'illustre avec la personnification et la répétition. The Post comme le CT choisit d'utiliser la personnification et la répétition voir même la comparaison mais pas pour les mêmes raisons.

- La personnification et la répétition : (Cameroon Tribune et The Post)

La personnification attribue des caractéristiques humaines à un objet ou un animal. Exemple : Cameroon Tribune, éditorial de Marie-Claire Nnana « ...la germination d'une volonté nouvelle d'accomplir plus harmonieusement l'unité qui est en marche... ». Ici CT essaye de donner vie à un évènement, en personnifiant l'unité qui serait en marche.

Bouddih Adams, dans The Post écrit « only President Paul Biya's effigy and praise such as The Father of True Reunification' overwhelmed the occasion »78. The Post en présentant Paul Biya comme « Le Père » de la réunification veut fustiger ironiquement la situation qu'il décrit à Buéa. Il est imité par Joseph Flavien Kankeu, dans Le Messager du vendredi 21 février 2014: «...ils ont voulu marquer leur présence sur le lieu des festivités en érigeant une photo géante de l'homme-lion tout en chantant ses louanges. » Le Messager en le nommant « l'homme-lion » personnifie le Président de la République qui s'est fait appeler ainsi pendant les élections présidentielles de 2004.

La répétition est utilisée par Cameroon Tribune, dans l'éditorial de Marie-Claire Nnana « ...il s'agit d'abord d'écouter, de s'écouter...Et puis, surprise des surprises, la grâce présidentielle à travers la publication d'un décret commutant des peines...Et maintenant ? Maintenant il s'agit d'avancer unis... ». Avec cette figure de style Cameroon Tribune marque l'insistance, avec une répétition maitresse de l'enseignement. Le journal souhaite que le message reste dans les coeurs et les têtes. Par contre The Post à travers la répétition veut traduire la redondance du nom du Chef de l'Etat qui était clamé à temps et à contre temps pendant les festivités. Exemple : Bouddih Adams, dans The Post du vendredi 21 février

78The Post, du vendredi 21 février 2014.

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La médiatisation de la « question anglophone » dans les journaux camerounais pendant la célébration du cinquantenaire de la réunification du Cameroun.

2014 reprend les refrains des militants du RDPC mêlés à la foule : « Paul Biya our President?... Paul Biya Father of the Nation?, Long Live President Paul Biya' and so one, rented the air at one Moment and the other ».

- Les figures d'atténuation : la prétérition et l'euphémisme

La prétérition : Ici on fait semblant de ne pas vouloir dire quelque chose mais on le dit tout de même. C'est une stratégie utilisée par Le Messager pour atténuer la verve de ses propos. Exemple : Alain Njipou, Le Messager du jeudi 1er octobre 2015 « Ainsi va un peuple devenu amnésique ? »

L'euphémisme : Avec cette figure de style Le Messager veut rendre la réalité « du cinquantenaire manqué » moins brutale. Exemple : Edouard Kingue, Le Messager, lundi 24 février 2014 « ...Hélas, ce sera pour la prochaine fois. Peut-être ! ».

En sommes, en termes de stratégie, The Post choisit l'interview, genre journalistique sans risque qui n'engage que la responsabilité des interviewés, pour garder une certaine neutralité face à cette « question anglophone ». Cameroon tribune et Le Messager rapportent les faits avec le reportage et le compte rendu pendant le cinquantenaire. Après le cinquantenaire, CT utilise l'éditorial pour clarifier ses propos et Le Messager le billet d'humeur dans un premier temps par prudence. Par la suite, Le Messager revient sur le reportage et le compte rendu pour traiter de la « question anglophone » en mettant en exergue cette fois-ci la discrimination dans les corporations professionnelles. Dans le choix des figures de style : Cameroon Tribune opte pour la mise en avant de l'unité nationale avec la personnification et la répétition. The Post tourne en dérision cette « unité nationale », avec le choix des mêmes figures de style et Le Messager essaye de rester dans le « politiquement correcte » avec les figures d'atténuation.

2- Les arguments des journaux sur la « question anglophone » :

Dans Le Messager, la thèse soutenue est celle de la marginalisation des anglophones au Cameroun. The Post et Cameroon Tribune abordent la thèse du dialogue autour de cette « question anglophone » même s'ils ne la traitent pas de la même manière. Ces différentes thèses permettent de convaincre le lecteur en utilisant des arguments et un type de raisonnement précis.

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La médiatisation de la « question anglophone » dans les journaux camerounais pendant la célébration du cinquantenaire de la réunification du Cameroun.

- La marginalisation de la minorité anglophone au Cameroun

Pour soutenir sa thèse qui est celle de la marginalisation des anglophones au Cameroun, Le Messager opère une construction médiatique remontant à l'histoire de la réunification entre francophones et anglophones au Cameroun, pour arriver à la discrimination dans les corporations professionnelles.

Argument 1 : la réunification du Cameroun est le résultat d'un coup de force d'Ahidjo selon Enow Meyomesse dont les propos ont été publiés « ...dimanche 20 mai 1972, les camerounais ne découvrent dans les bureaux de vote que deux types de bulletins : ceux portant la mention 'oui' et ceux portant la mention 'yes'. Il n'y en a guère portant la mention 'non'. Résultat, les camerounais ont démontré leur maturité politique en approuvant à une majorité écrasante de 99% de 'ouiÇ l'abolition du fédéralisme au Cameroun et le passage à l'Etat unitaire... »79

Argument 2 : CRTV, les anglophones dénoncent la discrimination faite autour de la prorogation de l'âge des départs à la retraite accordée aux francophones80.

Argument 3 : Les avocats anglophones du Common Law exigent le retour au fédéralisme « nous avons observé avec amertume le manque de protection des droits des minorités, je veux dire de la minorité anglophone au Cameroun et la culture bi-juridique du Cameroun. Ce n'est pas un secret, la vie socioculturelle, administrative, éducative anglo-saxonne a été et est complètement érodé et remplacé systématiquement par le français et l'héritage du droit civil de la majorité francophone... »81.

- Le dialogue autour de la « question anglophone » :

Cameroon Tribune et The Post en ce qui concerne la « question anglophone » évoquent l'éventualité d'un dialogue sur la question comme thèse.

? The Post sur la question de l'ouverture au dialogue donne la parole à des leaders d'opinion et utilise leurs propos comme arguments :

79Le Messager, N°4329, du vendredi 22 mai 2015, Pages 5-7 80Idem, N°4332, du mercredi 27 mai 2015, Page 3

81Idem, N°4321, du lundi 11 mai 2015, Page 3

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La médiatisation de la « question anglophone » dans les journaux camerounais pendant la célébration du cinquantenaire de la réunification du Cameroun.

Argument 1 : Il faut dialoguer avant que ce problème ne dégénère, parce qu'il n'existe pas de petits problèmes « First of all there is no small problem. This is one of the main causes of the Anglophone problem for not being solved because it is more often than no considered a small problem. For a conflict to be resolved, you need to identify the magnitude of the problem and treat it before it escalates. »82

Argument 2 : Il faut dialoguer parce que les anglophones ont une place de choix au Cameroun, mais certains parmi eux préfèrent jouer le second rôle: « ...The Anglophone problem is the Anglophone... the anglophones ought to have their place but they opt to play second fiddle...»83

Argument 3: Pour ouvrir le débat sur la question il faut que les groupes irrédentistes deviennent des partis politiques : «...Government is always ready to listen to all Cameroonians, irrespective of their political, cultural or linguistic backgrounds, but can only do so, if the demands of such groups or individuals do not undermine the unity, national cohesion and peace that reign in the country... »84

Argument 4 : Il faut le dialogue sur la «question Anglophone» parce que les revendications persistent depuis cinquante ans : « ...Anglophones cannot be so resolute in their demands for over 50 years if there was no problem, and even if Government is convinced that there is no Anglophone problem, the fact that the Anglophones perceive a problem, makes their cause a problem... »85

? Cameroon Tribune le quotidien bilingue a également pour thèse le dialogue autour de la question Anglophone. Ses arguments sont les suivants :

Argument 1 : Il n'y a pas de sujet tabou au Cameroun « ...le Pr Jacques Fame Ndongo a expliqué à tous les participants, en anglais qu'il n'y a pas de sujet tabou et que dans ce temple de réflexion, il y a lieu de débattre, en insistant sur les faits, sur ce qui a été l'histoire, réelle, de notre pays... »86

82Nsoh C, Interview, The Post, N°1502, du lundi 3 février 2014, Page 5

83Halle N, Interview, The Post , N°1506, du vendredi 21 février 2014, Page 5

84Yang P, Interview, The Post, N°1506, du vendredi 21 février 2014, Page 7

85Pondi J.E, Interview, The Post, N°1506, du lundi 24 février 2014 page 6

86Ndongo J.F, Interview, Cameroon Tribune, N°10531, du mardi 18 février 2014 page 3

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La médiatisation de la « question anglophone » dans les journaux camerounais pendant la célébration du cinquantenaire de la réunification du Cameroun.

Argument 2 : Le dialogue républicain est ouvert avec les partis politiques. Les membres du SCNC doivent créer un parti politique pour qu'il y ait dialogue avec eux « ...à l'exception de Njoh Litumbe dont la thèse demeure qu'il n'y a pas eu mariage entre les deux Cameroun. En répondant à une question sur un éventuel dialogue avec le SCNC, le PM a été clair : qu'il crée un parti politique et dans ce cadre, comme tous les partis légalisés, dialogue avec les pouvoirs publics... »

En clair après analyse de la mise en page, il ressort que : la « question anglophone » occupe en général les pages 3 et 5 du quotidien Le Messager, la page 5 de The Post et la page 3 de Cameroon Tribune c'est-à-dire ici que nous oscillons entre l'information politique majeure et le fait de société. Dans la titraille, chaque journal en fonction de sa ligne éditoriale et de ses interactions se démarque : le cinquantenaire de la réunification est utilisé par Le Messager comme prétexte de l'information. Cameroon Tribune opère une forme de cadrage centré sur le cinquantenaire pour se focaliser sur la célébration qui a court sans poser le problème anglophone et The Post utilise le rouge pour mettre en exergue certains mots dans sa titraille. La différence entre la titraille des « Unes » et celle des pages internes permet aux journaux de rester objectifs dans le traitement de l'information. En ce qui concerne les illustrations, leur utilisation abusive permet de distraire le lecteur et le plonger dans les festivités du cinquantenaire. Ne pas l'utiliser permet aux lecteurs de rester lucide pendant ces cérémonies et de poser le problème de la réunification du Cameroun. Diverses techniques sont utilisées notamment la technique de l'image implicite, une image valant plus de mille mots, elle permet de faire passer une information de manière subtile. Chaque journal choisit un genre journalistique particulier pour parler de la « question anglophone » : Cameroon Tribune choisit l'éditorial de sa Directrice de publication, pour ne prendre aucun risque de blesser les sensibilités, The Post choisit l'interview et Le Messager les énoncés dérivés tels que le billet d'humeur pour ne pas s'attirer les foudres du régime. Le Messager, Cameroon tribune et The Post utilisent respectivement les champs lexicaux suivants : Mémoire-division, compromis-union, problème-unité, ce qui témoigne de l'idée générale véhiculée par ces différents journaux sur la « question anglophone ». Le Messager souhaite mettre en exergue les divisions inhérentes à un passé dont les camerounais refusent de se souvenir. Les angles de traitement qu'il utilise sont le travestissement de l'histoire du Cameroun et la marginalisation des anglophones. Ses figures de styles sont la prétérition et l'euphémisme. Cameroon Tribune appelle à l'union sacrée et à rechercher le compromis et utilise comme angle de traitement le dialogue permanent et The Post recherche l'unité tout en rappelant qu'il existe un problème à

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La médiatisation de la « question anglophone » dans les journaux camerounais pendant la célébration du cinquantenaire de la réunification du Cameroun.

la base qu'il ne faudrait pas occulter. Les angles de traitement utilisés par ce journal anglophone sont : l'oubli volontaire de la question anglophone et l'anglophone comme problème pour les anglophones. The Post et Cameroon Tribune utilisent comme figures de style la personnification et la répétition même si les effets recherchés ne sont pas semblables.

The Post est le seul de ces trois journaux à ne pas hésiter à titrer sur la « question anglophone » avant, pendant et après le cinquantenaire de la réunification. Le Messager commence par y faire allusion sans aller en profondeur pendant les festivités marquant cet évènement. Mais après l'évènement en parle sans complexe. Par contre les journalistes de Cameroon Tribune évitent même avec précaution d'écrire les mots « marginalisation » et « question anglophone » pendant toute la durée du cinquantenaire. Après l'évènement c'est la Directrice de publication en personne qui prend sur elle la responsabilité de mentionner ces mots et de refermer directement la page puisque le journal ne reviendra plus sur la « question anglophone » par la suite.

CHAPITRE IV :

ANALYSE QUANTITATIVE DE LA « QUESTION ANGLOPHONE »

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La médiatisation de la « question anglophone » dans les journaux camerounais pendant la célébration du cinquantenaire de la réunification du Cameroun.

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La médiatisation de la « question anglophone » dans les journaux camerounais pendant la célébration du cinquantenaire de la réunification du Cameroun.

Selon Laurence Bardin 87 , l'analyse de contenu comme l'enquête sociologique comprend trois étapes majeures : la préanalyse, l'exploitation du matériel, le traitement des résultats, l'inférence et l'interprétation. L'étape de la préanalyse qui a pour mission : le choix des documents à soumettre à l'analyse, la formulation des hypothèses et des objectifs et l'élaboration des hypothèses, des objectifs et des indicateurs sur lesquels s'appuiera l'interprétation ayant déjà été réalisée plus haut dans notre travail, nous allons passer directement à la seconde phase qui consiste en l'exploitation du matériel. D'ailleurs pour obtenir des données quantitatives dans notre recherche, nous avons utilisé le guide d'entretien. Le logiciel de traitement de données « Sphinx plus 2 » nous a été utile dans le traitement des données recueillies sur le terrain. Il nous a permis de construire des tableaux pour l'interprétation de nos résultats.

I- EXPLOITATION DU MATÉRIEL

Il convient tout de même de préciser que nous avons envoyé le questionnaire c'est-à-dire notre guide d'entretien dans un premier temps via internet à toutes nos personnes ressources : Emanuel Pensy, Abel Elimbi Lobe, Alex Gustave Azébazé, Hervé Emmanuel Kom, Edith Kah Walla, Emmanuel Atangana, Éric Chinje, Georges Alain Boyomo, Sosthène Médard Lipot, Jean Marc Soboth, Vincent Sosthène Fouda, Roland Romain Kouotou, Benjamin Zébazé, Franck Essi et Jean Bruno Tagne, tous pour la plupart des journalistes et des hommes politiques. Aucun n'a daigné répondre à nos questions. Le seul qui nous a envoyé un message est Jean Bruno Tagne qui nous a écrit ceci « Cher ami si vous êtes à Yaoundé, vaut mieux que je vous réponde en face. En ligne, je n'ai pas beaucoup de temps. Pardonnez-moi ». Ce qui atteste premièrement du fait que la « question anglophone » est une question délicate. Les personnes ressources ne veulent pas en parler sur le net, par prudence peut être ? Par manque de temps ? Ce qui sous-entendrait qu'au Cameroun le taux de pénétration de l'internet et son usage par les personnes ressources est plus faible que l'on l'imagine. Dans tous les cas, confrontés à l'échec de notre tentative sur la toile, nous nous sommes résolus à rencontrer les personnes ressources en entretien face à face. Nous en avons rencontré plusieurs qui ont souhaités ne pas s'exprimer sur la question parmi lesquels Joshua Osih Premier vice-président du SDF, estimant ne pas avoir assez d'éléments pour en parler. Au finish nous avons eu dix répondants au rang desquels : Henri Franck Log Gwet, Serge Kwin, Innocent Mbounwe,

87Bardin L, L'analyse de contenu, Presse Universitaire de France, Paris, 1977, Page 125

La médiatisation de la « question anglophone » dans les journaux camerounais pendant la célébration du cinquantenaire de la réunification du Cameroun.

Lucienne Wassi, Yaboa Ndula, Blaise Pascal Dassie, Armand Essogo, Emmanuel Yimga, Franck Essi et Anicet Ekane qui nous ont permis d'obtenir certaines données pour nos opérations de codage.

A- OPÉRATIONS DE CODAGE :

Nous avons posé dix questions à nos répondants que nous avons classées dans trois principaux groupes en fonctions de nos objectifs et hypothèses :

1er groupe : Les questions numéros 1, 2 et 3 correspondantes à la perception de la « question anglophone » dans les journaux camerounais.

Q.1 Pour vous qu'est-ce qu'un « anglophone » au Cameroun ?

Q.2 Selon vous que représente la « question anglophone » au Cameroun ?

Q.3 En quels termes se pose le « problème anglophone » au Cameroun ?

2e groupe : Les questions numéros 4, 5 et 6 correspondantes à la construction médiatique de la « question anglophone » dans les journaux camerounais.

Q.4 Quelle analyse faites-vous du rôle joué par la presse écrite camerounaise dans la médiatisation de la « question anglophone » ?

Q.5A votre avis comment la « question anglophone » a-t-elle été reçue dans l'espace public médiatique ?

Q.6 Comment apparait selon vous la « question anglophone » dans l'agenda des médias ?

3e groupe : les questions numéros 7, 8, 9 et 10 correspondants au traitement de la « question anglophone » par les journaux camerounais.

Q.7 A votre avis les politiques influencent-ils la presse dans le traitement de la « question anglophone » ?

Q.8 Quel statut confère selon vous les stratégies éditorialistes des journaux camerounais à la « question anglophone » ?

Q.9 A votre avis comment sont rédigés les articles des journaux camerounais sur la « question anglophone » ?

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Q.10 Comment qualifieriez-vous la presse camerounaise ?

La médiatisation de la « question anglophone » dans les journaux camerounais pendant la célébration du cinquantenaire de la réunification du Cameroun.

Nous avons attribué à toutes les réponses l'indice 1 c'est-à-dire qu'aucune réponse ne possède un coefficient supérieur à une autre, mais en terme de signification nous avons attribué un indicateur précis à chacune d'elle :

Réponse 1 = Bien

Réponse 2 = Assez-bien Réponse 3 = Passable Réponse 4 = Médiocre

B- DONNÉES DU LOGICIEL SPHINX 2 PLUS :

Grâce à notre logiciel « Sphinx Plus 2 », nous avons pu obtenir les données matérielles suivantes :

Sur l'identité anglophone :

Question 1 : Pour vous qu'est-ce qu'un "anglophone" au Cameroun?

l'identité anglophone

3

4

2

1

70

Non réponse

Un camerounais à part entière

un camerounais qui parle anglais comme première langue

un ressortissant du nord-ouest ou du sud-ouest

La médiatisation de la « question anglophone » dans les journaux camerounais pendant la célébration du cinquantenaire de la réunification du Cameroun.

> Sur la perception de la question anglophone

Question 2 : Pour vous que représente la question anglophone au Cameroun ?

La perception de la question anglophone

Non réponse

Un problème réel

un problème dépassé

un faux problème

2

2

5

1

> Sur la compréhension du problème anglophone :

Question 3 : En quels termes se pose le problème anglophone au Cameroun?

La compréhension du problème anglophone

2

3

3

3

71

Non réponse

Réparation d'un préjudice historique

Revendication identitaire

Positionnement politique

La médiatisation de la « question anglophone » dans les journaux camerounais pendant la célébration du cinquantenaire de la réunification du Cameroun.

> Sur les stratégies de médiatisation :

Question 4 : Quelle analyse faites-vous du rôle joué par la presse écrite dans la médiatisation de la question anglophone?

Les stratégies de médiatisation

1

3

6

Non réponse

La presse a relayé l'information

la presse a minimisé ce problème

la presse a contribué à faire disparaitre ce problème

> Sur la perception de ce problème par les organes de presse :

Question 5 : A votre avis comment la question anglophone a-t-elle été reçue dans l'espace public médiatique?

perception par les organes de presse

2

4

3

1

72

Non réponse

Bien comme tous les autres problèmes socio-politiques

Assez-bein avec quelque petites réserves

Mal avec des partis pris

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> Sur l'opportunité de l'apparition de cette question dans l'agenda des médias : Question 6 : Comment apparait la question anglophone dans l'agenda des médias?

Apparition dans l'agenda des médias

1

1

Non réponse

En fonction de l'actualité

En fonction des interactions

Selon un agenda caché

8

> Sur l'influence exercée par les politiques sur la presse écrite :

1

Question 7 : A votre avis les politiques influencent-ils la presse écrite dans le traitement de la question anglophone?

Pas du tout

Légèrement

Grandement

4

5

1

Influence des politiques sur la presse

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La médiatisation de la « question anglophone » dans les journaux camerounais pendant la célébration du cinquantenaire de la réunification du Cameroun.

> Sur le statut de la question anglophone :

Question 8 : Les stratégies éditorialistes de la presse confèrent selon vous quel statut à la question anglophone?

Le statut de la question anglophone

Une information politique majeure

Un fait de société

Un fait divers

6

6

> Sur le traitement fait par les journalistes de cette question :

Question 9 : A votre avis comment sont rédigés les articles de la presse sur la question anglophone?

De manière objective

En fonction des interactions

De manière subjective

2

3

5

La traitement par les journalistes

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La médiatisation de la « question anglophone » dans les journaux camerounais pendant la célébration du cinquantenaire de la réunification du Cameroun.

? Sur l'appréciation de la presse écrite camerounaise : Question 10 : Comment qualifieriez-vous la presse camerounaise?

Appréciation de la presse écrite

Presse libre

Presse sous le joug des lignes éditoriales

Presse instrumentalisée

3

II-TRAITEMENT DES RÉSULTATS ET INTERPRÉTATION

3

4

Après obtention des résultats grâce à notre logiciel Sphinx 2 Plus, nous allons procéder au traitement en calculant les fréquences, puis nous procèderons à l?interprétation.

A- TRAITEMENT DES RÉSULTATS OBTENUS

En ce qui concerne la fréquence des réponses nous obtenons les résultats suivants :

1er groupe : Les questions numéros 1, 2 et 3 correspondantes à la perception de la « question anglophone » dans les journaux camerounais.

Réponse 1 = 12 Réponse 2 = 07 Réponse 3 = 07 Réponse 4 = 05

2e groupe : les questions numéros 4, 5 et 6 correspondants à la construction médiatique de la « question anglophone » dans les journaux camerounais.

Réponse 1 = 17 Réponse 2 = 05 Réponse 3 = 05 Réponse 4 = 04

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La médiatisation de la « question anglophone » dans les journaux camerounais pendant la célébration du cinquantenaire de la réunification du Cameroun.

3e groupe : les questions numéros 7, 8, 9 et 10 correspondants au traitement de la « question anglophone » par les journaux camerounais.

Réponse 1 = 12 Réponse 2 = 19 Réponse 3 = 11 Réponse 4 = 00

B- INTERPRÉTATION

Dans le 1er groupe qui comprend les questions numéros 1, 2 et 3 correspondants à la perception de la « question anglophone » dans les journaux camerounais, les réponses 1 (cotées « bien ») ont été choisies 12 fois. Ce qui suppose que dans son ensemble la « question anglophone » n'est pas un sujet tabou, les camerounais sont prompts à en discuter et une solution définitive serait envisageable grâce à la communication.

Dans le détail, sur l'identité anglophone au Cameroun, nos travaux sont arrivés à la conclusion que 40% des répondants pensent qu'un anglophone est un camerounais à part entière et 60% des camerounais pensent qu'un anglophone n'est pas un camerounais comme les autres. C'est une observation qui est tout de même négative pour le vivre ensemble et la construction nationale et justifie largement le choix de la « question anglophone » dans notre recherche. D'ailleurs Anicet Ekane homme politique du MANIDEM nous confiera pendant notre entretien : « Un anglophone est un camerounais qui a vécu dans la zone anglophone ». La zone anglophone serait-elle une zone entièrement à part ou à part entière ? Sur la perception de la question anglophone, nous avons obtenu comme résultat que c'est un problème réel à 50%. Lucienne Wouassi du quotidien La Nouvelle Expression nous a confié : « je ne vois aucun problème » et Anicet Ekane pense que : « le problème anglophone est un problème vicié par l?approche qui privilégie les cultures occidentales » et que nous devrions peut-être poser ce problème en d'autres termes (Northern Cameroon et Southern Cameroon) et non en terme d'anglophones et de francophones. Sur la compréhension des termes en lesquels se pose le « problème anglophone » au Cameroun l'avis des personnes ressources est partagé : c'est un problème qui se pose tantôt en termes de réparation d'un préjudice historique, tantôt en termes de revendications identitaires et en termes de positionnement politique. Cela voudrait dire que ce problème est mal posé soit par les

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La médiatisation de la « question anglophone » dans les journaux camerounais pendant la célébration du cinquantenaire de la réunification du Cameroun.

concernés, soit par la presse, soit par les deux. Franck Essi le Secrétaire Général du CPP estime que ce problème se pose « ...en terme de revendications politiques, dans la mesure où les accords d'unification des deux Etats ont été violés...c'est un problème culturel...de répartition des richesses du pays... ». Pour Anicet Ekane cette question pose le problème « ...du développement intégral des régions du Cameroun...» qui de son point de vue reste faible dans l'arrière-pays et auto centré sur la Capitale Yaoundé et dans une moindre mesure Douala.

Dans le 2e groupe qui comprend les questions numéros 4, 5 et 6 correspondants à la construction médiatique de la « question anglophone » dans les journaux camerounais, les réponses 1 (cotées « bien ») apparaissent 17 fois, donc plus largement que dans le premier groupe. Ce qui signifie que les journalistes locaux sont objectifs dans le processus de construction médiatique de cette question.

Dans le détail de cette rubrique, selon nos résultats 60% des camerounais pensent que la presse écrite a bien relayé l'information concernant la « question anglophone ». Innocent Mbunwe Manager de The Post dira tout de même que « ce traitement n'a été fait que dans les journaux anglophones et dans quelques journaux francophones réputés d'oppositions à l'instar du Messager. » Anicet Ekane sera plus dur sur la question : pour lui, « la presse a participé à la dérive de ce problème en le réduisant à un problème de réparation d'un préjudice... ». Certes la presse a relayé l'information mais intéressons-nous au comment ? 40% des répondants estiment que ce problème a été mal reçu dans la presse écrite et traité avec des partis pris. Blaise Pascal Dassie le rédacteur en chef du quotidien Le Messager et Anicet Ekane pensent que ce problème a été très mal reçu dans la presse écrite. Sur l'agenda de l'apparition de cette question dans la presse écrite, 80% des répondants penchent pour une médiatisation en fonction de l'actualité. Henri Franck Log Gwet Chef service de la communication publique à la Délégation Régionale de la communication du Littoral estime que « ce problème arrive parfois à contre temps dans la presse écrite... ». Pour Franck Essi « ...dans la zone anglophone, Njoh Litumbe détient l'agenda de l'apparition de cette question dans la presse écrite. » et pour Anicet Ekane « la question anglophone' est un os permanent dans la politique du régime Ahidjo-Biya, donc ce problème reviendra toujours dans la presse bien que le régime s'entête à ne pas vouloir lui trouver une solution ».

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La médiatisation de la « question anglophone » dans les journaux camerounais pendant la célébration du cinquantenaire de la réunification du Cameroun.

Dans le 3e groupe les questions numéros 7, 8, 9 et 10 correspondants au traitement de la « question anglophone » par les journaux camerounais, l'on constate que dans cette rubrique par contre les réponses n°2 (cotées « assez-bien ») sont arrivées largement en tête. Elles ont été plébiscitées 19 fois par les répondants. Celles notées « passable » et « bien » viennent après. Dans le traitement de « la question anglophone » par les journaux locaux il y a donc un problème d'objectivité.

Pour reprendre Franck Essi « ...ce problème n'est pas posé dans la presse avec objectivité.., la presse a mal relayé ce problème. Elle le pose en termes de revendication identitaire alors que le problème est politique..,et ils aboutissent à se dire que le problème est ailleurs...» Dans le détail, l'influence des politiques sur la presse écrite au sujet de la question anglophone est légère selon 50% des répondants. Nous retenons de ce fait que les politiques influencent tout de même la presse écrite et que le degré varie en fonction des journaux. Les stratégies éditoriales de la presse écrite confèrent tantôt un statut d'information politique majeure à la question anglophone et Yaboa Ndula de Cameroon Tribune dira que : « c'est le cas dans les journaux anglophones », tantôt cette question est traitée par la presse écrite comme un fait de société, mais dans une moindre mesure. Les articles sur la « question anglophone » sont rédigés en fonction des interactions selon 50% des interrogés et de manière subjective selon 30% ; Nous revenons encore ici aux interactions entre la presse écrite et le monde politique. Innocent Mbunwe dira même que : « ... les anglophones ne sont pas objectifs sur cette question qui les concerne, ils écrivent les articles avec passion... ». A propos de la liberté de la presse 40% des répondants estiment que la presse écrite au Cameroun est instrumentalisée. 30% des répondants reconnaissent quand même une liberté de ton à la presse écrite camerounaise. Pour Innocent Mbunwe « ...on ne pourra pas parler de presse libre tant qu'il existera au Cameroun des journaux dans les mallettes, qui n'ont pas de siège social... » Franck Essi ira dans le même sens en disant : « ...dans la presse écrite au Cameroun, il existe des actions épisodiques de communication qui apparaissent de manière dirigée pour régler des comptes... ».

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La médiatisation de la « question anglophone » dans les journaux camerounais pendant la célébration du cinquantenaire de la réunification du Cameroun.

En définitive, après exploitation de notre logiciel de traitement de données « Sphinx 2 Plus », nous arrivons aux conclusions suivantes : Le traitement de la question anglophone au Cameroun subit des influences. Influence légère des politiques et des lignes éditoriales, influence dans la perception de départ de cette question.

Notre hypothèse principale était : la « question anglophone » est perçue comme un problème de revendication prébendes politiques. Elle n'est pas vérifiée ; bien que la « question anglophone » soit perçue avec des partis pris. D'ailleurs selon nos résultats les journalistes n'ont pas souvent fait preuve de neutralité sur la question et ont très souvent traité de cette question avec émotion. De plus c'est un « sujet-épouvantail » dont les journaux n'aiment pas très souvent parler.

L'hypothèse secondaire 1 était la construction de la « question anglophone » est dépendante des différentes lignes éditoriales. Elle se vérifie, même si les journaux camerounais dans leur grand ensemble ont relayé les informations concernant cette problématique en fonction de l'actualité.

Notre hypothèse secondaire numéro 2 qui était : l'apparition de la question anglophone dans l'agenda des journaux se fait au gré des interactions se vérifie partiellement dans la mesure où les politiques ont une légère influence sur la presse écrite dans le « traitement de la question anglophone ». C'est généralement l'actualité qui insère cette question dans l'agenda des médias.

CONCLUSION GÉNÉRALE

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La médiatisation de la « question anglophone » dans les journaux camerounais pendant la célébration du cinquantenaire de la réunification du Cameroun.

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En définitive notre étude a eu pour objectifs : l'analyse des articles de journaux parus sur la « question anglophone » pendant la période de la célébration du cinquantenaire de la réunification du Cameroun, la compréhension du processus de construction médiatique qui a abouti à la médiatisation de la « question anglophone » dans la presse écrite locale et l'exploitation des personnes ressources pour desceller les modalités d'apparition de la « question anglophone » dans l'agenda des médias.

Nous avons émis comme hypothèse que : la « question anglophone » est perçue dans les journaux camerounais comme un problème de revendications de prébendes politiques, une hypothèse non vérifiée; le traitement de la « question anglophone » dans les journaux camerounais est dépendant des différentes lignes éditoriales, hypothèse vérifiée et la « question anglophone » apparait dans l'agenda des journaux camerounais au gré des interactions : hypothèse partiellement vérifiée.

Pour mener à bien notre recherche, nous nous sommes posé la question de savoir quelle est la perception de la « question anglophone » qui se dégage des journaux camerounais au lendemain de la célébration du cinquantenaire de la réunification du Cameroun ? De plus, quelles sont les stratégies éditoriales utilisées par les journaux camerounais pour traiter de la « question anglophone » pendant le cinquantenaire de la réunification ? D'ailleurs, comment apparait « la question anglophone » dans l'agenda des journaux camerounais? Nous avons sélectionné trois journaux selon les critères d'ancienneté, de structuration, d'organisation, de pertinence et de notoriété : Cameroon Tribune, The Post et Le Messager. Notre travail a été circonscrit pendant la période du cinquantenaire de la réunification du Cameroun, c'est-à-dire avant, pendant et après le 17 février 2014. L'analyse de contenu et les approches successives utilisées notamment la première qualitative et la seconde quantitative nous auront permis de collecter des données sur le terrain que nous avons traitées avec un logiciel Sphinx 2 Plus. Nous nous sommes servis des théories : de la perception, de l'argumentation et de l'agenda setting auxquelles nous avons associé la méthode inductive pour traiter et interpréter nos données.

.En ce qui concerne l'analyse qualitative nous avons découvert que : la « question anglophone » occupe en général les pages 3 et 5 du quotidien Le Messager, la page 5 de The

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Post et la page 3 de Cameroon Tribune c'est-à-dire ici que nous oscillons entre l'information politique majeure et le fait de société. Dans la titraille, nous avons confirmé que chaque journal en fonction de sa ligne éditoriale et de ses interactions se démarque : le cinquantenaire de la réunification est utilisé par Le Messager comme prétexte de l'information. Cameroon Tribune opère une forme de cadrage centré sur le cinquantenaire et The Post utilise le rouge pour mettre en exergue certains mots dans sa titraille. Nous avons découvert que la différence entre la titraille des « Unes » et celle des pages internes permet aux journaux de rester objectifs dans le traitement de l'information. En ce qui concerne les illustrations, leur utilisation abusive permet de plonger le lecteur dans les festivités du cinquantenaire. Nous avons confirmé que chaque journal a choisi un genre journalistique particulier pour traiter la « question anglophone » : Cameroon Tribune choisit l'éditorial de sa Directrice de publication, The Post choisit l'interview et Le Messager les énoncés dérivés. Le Messager, Cameroon tribune et The Post utilisent respectivement les champs lexicaux suivants : Mémoire-division, compromis-union, problème-unité, ce qui témoigne de l'idée générale véhiculée par ces différents journaux sur la « question anglophone ». Le Messager souhaite mettre en exergue les divisions inhérentes à un passé dont les camerounais refusent de se souvenir. Les angles de traitement qu'il utilise sont le travestissement de l'histoire du Cameroun et la marginalisation des anglophones. Ses figures de styles sont la prétérition et l'euphémisme. Cameroon Tribune appelle à l'union sacrée et au besoin à chercher le compromis comme dans tous les couples en utilisant comme angle de traitement le dialogue permanent et The Post recherche l'unité tout en rappelant qu'il existe un problème à la base qu'il ne faudrait pas occulter. Les angles de traitement utilisés par ce journal anglophone sont : l'oubli volontaire de la question anglophone et l'anglophone comme problème pour les anglophones. The Post et Cameroon Tribune utilisent comme figures de style la personnification et la répétition même si les effets recherchés ne sont pas semblables. Les trois journaux se rejoignent par le choix du raisonnement déductif et de la tonalité didactique dans leurs colonnes. The Post est le seul de ces trois journaux à ne pas hésiter à titrer sur la « question anglophone » avant, pendant et après le cinquantenaire de la réunification. Le Messager commence par y faire allusion sans en crever l'abcès pendant les festivités marquant cet évènement. Mais après l'évènement en parle sans complexe. Par contre les journalistes de Cameroon Tribune évitent même avec précaution d'écrire les mots « marginalisation » et « question anglophone » pendant toute la durée du cinquantenaire. Après l'évènement c'est la Directrice de publication en personne qui prend sur elle la

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La médiatisation de la « question anglophone » dans les journaux camerounais pendant la célébration du cinquantenaire de la réunification du Cameroun.

responsabilité de mentionner ces mots et de refermer directement la page puisque le journal ne reviendra plus sur la « question anglophone » plus tard.

En ce qui concerne l'analyse quantitative, le logiciel Sphinx 2 Plus nous a fourni les données suivantes : Au Cameroun, un « anglophone » est un camerounais à part entière. La « question anglophone » est un problème réel. Le « problème anglophone » au Cameroun se pose en termes de réparation d'un préjudice historique, de revendications identitaires et de positionnement politique. La presse écrite à relayé l'information concernant cette problématique. La « question anglophone » apparait dans l'agenda des médias en fonction de l'actualité et non selon un agenda caché. Les politiques influencent légèrement la presse écrite dans le traitement de la « question anglophone ». La « question anglophone » est souvent traitée comme une information politique majeure ou encore comme un fait de société. Les articles de la presse écrite sur la « question anglophone » sont rédigés par les journalistes en fonction des interactions. La presse écrite au Cameroun est une presse instrumentalisée.

Nos conclusions sont les suivantes : Le traitement de la question anglophone au Cameroun subit des influences. Influence légère des politiques et des lignes éditoriales, influence dans la perception de départ de cette question. Nous nous attendions à ce que l'influence des politiques sur la presse camerounaise soit plus importante. Nous avons découvert une presse camerounaise à plusieurs vitesses qui a tout de même de la qualité sur le plan professionnel. Reste maintenant à la presse écrite camerounaise de construire sa neutralité et de servir de plateforme d'échange entre le gouvernement de Yaoundé et les irrédentistes anglophones pour poser clairement le problème anglophone et y apporter des solutions efficaces et viables dans l'optique de consolider le vivre ensemble.

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A-

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

OUVRAGES GÉNÉRAUX

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Fame Ndongo Jacques, Médias et enjeux des pouvoirs. Essai sur le vouloir-faire, le savoir-faire et le pouvoir-faire, Yaoundé, Presses Universitaires de Yaoundé, (2006).

Mouillaud M, TETU J. F, Le journal quotidien, Lyon, Presses Universitaires de Lyon, (1989).

Ricoeur Paul, Temps et récit 1, Paris, Seuil (Coll. « L'ordre philosophique »), (1983).

Temps et récit 2. La configuration du temps dans le récit de fiction, Paris, Seuil (Coll. « L'ordre philosophique »), (1984).

Temps et récit 3 : Le temps raconté, Paris, Seuil (coll. «L'ordre philosophique»), (1985).

Veron E, Construire l'événement - les médias et l'accident de Three Miles Island, Paris, Éditions de Minuit, (1981).

Wongo Ahanda A, La Communication au Cameroun : Bibliographie annotée et commentée de 40 ans de recherche, L'Harmattan (2005).

85

La médiatisation de la « question anglophone » dans les journaux camerounais pendant la célébration du cinquantenaire de la réunification du Cameroun.

C- OUVRAGES MÉTHODOLOGIQUES

Aktouf O, Méthodologie des sciences sociales et approche qualitative des organisations : une introduction à la démarche classique et une critique, Les classiques des sciences sociales, Montréal, (1987)

Bardin L, L'analyse de contenu, Presses Universitaires de France, Paris, (1977) Maingueneau D, Initiation aux méthodes de l'analyse du discours, Hachette, (1976).

D- THÈSES

Marty E, « Journalismes, discours et publics : une approche comparative de trois types de presses, de la production à la réception de l'information », Université de Toulouse 2, (2010)

Olinga M, « Aspects de la construction nationale après les indépendances camerounaises : le désir de sécession (1960-2009) », Paris-Sorbonne, (2011).

Wakata Bolvine F, « Politique d'information et pratiques journalistiques : Les différences de traitement de l'information entre journalistes anglophones et francophones à Cameroon Tribune ».

Omgba Etoundi Marc-Joseph, « La presse camerounaise dans tous ses états: Esquisse de présentation de la presse écrite camerounaise des origines à nos jours avec un gros plan sur la presse écrite de langue française pour la période de 1982 à 1997 », Volume I (pages I à 511), Université de droit, d'économie et de sciences sociales de Paris II-Panthéon, Septembre (2000)

E- MÉMOIRE

Eye Odi C, « Le journal officiel du Cameroun sous administration française 1916-1959 : Essai d'analyse historique », Mémoire de DIPES II en histoire, Université de Yaoundé I-Ecole Normale Supérieure, 2013

F- ARTICLES

Aboya Manassé E, « Menaces sécessionnistes sur l'Etat camerounais », in Le Monde Diplomatique, Décembre (2002)

La médiatisation de la « question anglophone » dans les journaux camerounais pendant la célébration du cinquantenaire de la réunification du Cameroun.

Atenga T, « Communication et journalisme au Cameroun : « affaires » de lucidités croisées » in Les cahiers du journalisme, numéro 26, (2014)

Misse Misse, « La médiatisation de la catastrophe de N'sam », in Fréquence sud, N°16, Mai (2002).

Nkoum-Me-Tseny L-M, « Dynamique de positionnement anglophone et libéralisation politique : de l'identité à l'identification », in Iric/Grap

Sindjoun L, « Identité nationale et « Révision constitutionnelle » du 18 janvier 1996: Comment constitutionnalise-t-on le « nous » au Cameroun dans l'Etat post- unitaire ?

G- ENCYCLOPÉDIE :

86

Dictionnaire Larousse illustré-(2007)

ANNEXES

87

La médiatisation de la « question anglophone » dans les journaux camerounais pendant la célébration du cinquantenaire de la réunification du Cameroun.

88

La médiatisation de la « question anglophone » dans les journaux camerounais pendant la célébration du cinquantenaire de la réunification du Cameroun.

ANNEXE 1 : GRILLE D'OBSERVATION Nom du journal : Le messager

Date de création : 17 novembre 1979

Jour

Date

Titre

Page

Rubrique

Genre

Signature

Me

08/01/2014

Délocalisation : Pourquoi le

cinquantenaire se prépare-t-il à Douala ?

7

La côtière

Analyse

B. Dassie

Ma

14/01/2014

Cinquantenaire de la

réunification : Buéa entre espoir et résignation...

2

Zoom

Reportage

J. Olinga

Ma

14/01/2014

Préparatifs : les habits neufs de Buéa.

2

Zoom

Portrait

J. Olinga

Ma

14/01/2014

Vox pop

2

Zoom

Vox pop

J. Olinga

Ma

14/01/2014

Bernard Okalia Bilai : « les

chantiers du cinquantenaire sont exécutés »

3

Zoom

Interview

J. Olinga

Ma

14/01/2014

Photos

3

Zoom

Illustrations

J. Olinga

Jour

Date

Titre

Page

Rubrique

Genre

Signature

Ma

18/02/2014

Paul Biya prend l'administration de court.

2

Politique : Agenda du

cinquantenaire

Reportage

F. Essomba

V

21/02/2014

Paul Biya annonce la mise en place du conseil constitutionnel.

5

Dossier cinquantenaire

de la réunification

Compte rendu

J. Kankeu

V

21/02/2014

Fru Ndi tance Paul Biya.

5

Dossier cinquantenaire

de la réunification

Billet d'humeur

B. Dassie

V

21/02/2014

Le protocole d'Etat chasse les sauveteurs du marché Mokolo.

6

Dossier inauguration du

monument du
cinquantenaire

Reportage

J. Kankeu

V

21/02/2014

Coulisses

6

Dossier inauguration du

monument du
cinquantenaire

Brèves

J. Kankeu et B. Dassie.

V

21/02/2014

« Que les camerounais se

6

Dossier inauguration du

Extrait

Paul Biya

89

La médiatisation de la « question anglophone » dans les journaux camerounais pendant la célébration du cinquantenaire de la réunification du Cameroun.

 
 

sentent de plus en plus unis ».

 

monument du

cinquantenaire

 
 

V

21/02/2014

L'opposition « boycotte» le

défilé.

7

Dossier: Douala.

Reportage

V. Tonga

V

21/02/2014

Logistique archaïque.

7

Ambiance

Commentaire

V. Tonga

V

21/02/2014

Un cinquantenaire sans

symbole.

7

Dossier

Commentaire

V. Tonga

V

21/02/2014

Les réactions :- Samuel Kléda À Prince Mefire Njoya- Me Jean De Dieu Momo.

7

Dossier

Vox pop

V. Tonga

V

21/02/2014

L'Undp boycotte le défilé.

7

Dossier : Ngaoundéré.

Reportage

S. Kankili

V

21/02/2014

Foumban reste sur sa soif.

8

Dossier célébration

Reportage

G. Dzuidie

Jour

Date

Titre

Page

Rubrique

Genre

Signature

V

21/02/2014

Lettre ouverte à mon frère de l'outre Moungo.

8

Dossier cinquantenaire

Chronique

B. Kingue

L

24/02/2014

Buéa sans mémoire : la

réconciliation n'a pas eu lieu.

5

Politique :

Cinquantenaire de la
réunification

Chronique

B. Kingue

L

24/02/2014

Les artisans de l'indépendance

et de la réunification du
Cameroun.

5

Suite

Encadré

Non signé

L

24/02/2014

Coulisses

5

Suite

Brèves

J. Kankeu

Ma

25/02/2014

Les chefs traditionnels

sollicitent la libération d'Inoni Éphraïm.

3

Politique: Audiences à

Buéa.

Reportage

B. Dassie

J

27/02/2014

Le Manidem décrie la

« mystification » de l'histoire du Cameroun.

4

Politique: Cinquantenaire de la réunification.

Compte rendu

M. Mamgue

L

11/05/2015

Revendication : les avocats

anglophones du Common Law exigent le retour au fédéralisme

3

Politique

Compte rendu

Donat Suffo

V

22/05/2015

20 mai 1972 : Un coup de force d'Ahidjo.

5, 6, 7

Citoyenneté

Analyse

Enow

Meyomesse

Me

27/05/2015

L'âge de départ à la retraite pollue l'ambiance

3

Société : CRTV.

Commentaire

S. Onohiolo

Jour

Date

Titre

Page

Rubrique

Genre

Signature

Me

27/05/2015

Tchiroma et Vamoulké sourds aux cris des anglophones.

3

Société : CRTV.

Encadré

S. Onohiolo

90

La médiatisation de la « question anglophone » dans les journaux camerounais pendant la célébration du cinquantenaire de la réunification du Cameroun.

J

01/10/2015

Histoire : la réunification du

Cameroun dans les oubliettes.

3

Politique

Reportage

A. Njipou et

B. Bihel

L

30/11/2015

Le sénateur Nfon Mukete met le régime en garde.

2

Politique :

Marginalisation des
anglophones.

Compte rendu

Donat Suffo

Nom du journal : Cameroon Tribune

Date de création : 1974

Jour

Date

Titre

Page

Rubrique

Genre

Signature

L

27/01/2014

Cinquantenaire de la

réunification : les
témoins parlent.

5

Politics

Analyse

A. Essogo

L

27/01/2014

Tout est prêt à Buéa.

5

Politics

Brève

Non signée

L

27/01/2014

50 years of

Reunification

5

Politics

Brève

Non signée

L

27/01/2014

« We were Happy to leave Nigeria »

5

Politics

Interview : Fon

Angwafor III

L. Nyuylime

L

03/02/2014

Reunification

Celebration: The New
Face of Buea.

5

Politics

Portrait

R. Kometa

L

03/02/2014

Buéa en attente sereine.

5

Politics

Portrait

Alliance Nyobia

L

17/02/2014

Une prière en guise de coup d?envoi.

2

La tribune de la

réunification

Reportage

E. Essomba

L

17/02/2014

Towards a Hich-free

Event.

3

Reunification Forum

Reportage

N. Forbinake

L

17/02/2014

Ultimes réglages à Buéa

3

Reunification Forum

Reportage

J. F. Belibi

L

17/02/2014

Buéa est parée.

4

La tribune de la

réunification

Commentaire

Alliance Nyobia

L

17/02/2014

Anxiety Mounts as Buea

awaits Presidential
Couple.

4

La tribune de la

réunification

Commentaire

P. Efande

L

17/02/2014

Yaoundé : le monument témoin.

5

Reunification Forum

Portrait

J. M. Nzeukoue

Jour

Date

Titre

Page

Rubrique

Genre

Signature

L

17/02/2014

Fai Mbuh Yang

témoigne.

5

Les gens de la

réunification.

Témoignage

J.B. Ketchateng

L

17/02/2014

« We campaigned for

5

Les gens de la

Interview

E. Kendemeh

91

La médiatisation de la « question anglophone » dans les journaux camerounais pendant la célébration du cinquantenaire de la réunification du Cameroun.

 
 

Reunification ».

 

réunification.

 
 

L

17/02/2014

Programmme en

français et anglais.

6 et

7

Cinquantenaire de la

réunification du
Cameroun

Programme

La rédaction

Ma

18/02/2014

Paul Biya à Buéa ce jour.

2

La tribune de la

Réunification.

Reportage

J. F. Belibi

Ma

18/02/2014

Le Chef de l'Etat en visite officielle à Buéa.

3

Suite

Communiqué

Martin Bélinga

Eboutou

Ma

18/02/2014

Consensus sur l'unité

nationale.

3

Grand colloque de Buéa

Illustrations et

compte rendu

E. Essomba

Ma

18/02/2014

A long Day to revisit the Reunification Trail.

4

Tribune de la

Réunification

Compte rendu.

N. Forbinake

Ma

18/02/2014

-Pr Pondi- Pr Samson Abangma- Mgr Lysinge- Ekambi Brillant.

4

Suite

Parole à

l'extérieur

N Mbonwoh et J. F. Belibi.

Ma

18/02/2014

Le regard de Joseph

Atanga.

5

Les gens de la

Réunification.

Portrait

A. Essogo.

Ma

18/02/2014

« I financed Foncha and Muna Campaigns »

5

Suite

Interview

C Loh

Ma

18/02/2014

Douala : un stade pour l'histoire.

6

Arrêt

Commentaire

A. Nyobia

Ma

18/02/2014

Tiko comme en 1961

6

Arrêt

Reportage

J. F. Belibi

Ma

18/02/2014

L'Extrême-nord sans

déchets plastique.

7

Echos

Reportage

G. Djarmaila

Ma

18/02/2014

Volunteers keep Buea sparkling.

7

Echos

Reportage

R. Mbonteh

Jour

Date

Titre

Page

Rubrique

Genre

Signature

Ma

18/02/2014

Le gouverneur désherbe à Bafoussam.

7

Echos

Reportage

E. V. Fomo

Ma

18/02/2014

Garoua a pris le train

7

Echos

Reportage

D. Fodambele

Ma

18/02/2015

Suite du programme.

8

La tribune de la

réunification.

Programme en

français.

La rédaction

Ma

18/02/2015

Programme of

festivities.

9

La tribune de la

réunification.

Programme en

anglais

La rédaction

92

La médiatisation de la « question anglophone » dans les journaux camerounais pendant la célébration du cinquantenaire de la réunification du Cameroun.

Jour

Date

Titre

Page

Rubrique

Genre

Signature

Me

19/02/2014

Liesse populaire au pied du mont Cameroun.

2

Tribune de la Réunification : le point.

Reportage

M. Bakoa

Me

19/02/2014

Tiko Airport : Where Reunification begins.

3

Le point

Reportage

L. Nyuylime

Me

19/02/2014

Hommage aux héros nationaux.

4

Spectacle

Compte rendu

E. Essomba

Me

19/02/2014

How do we ensure the March Forward...

4

Spectacle

Compte rendu

N Forbinake

Me

19/02/2014

Commutation et remise de peines.

5

Reunification Forum.

Encadré et

Communiqué en français et anglais

Ferdinand Ngoh Ngoh.

Me

19/02/2014

Mobilisation générale.

6

Tiko-Buea

Reportage

M. Bikele

Me

19/02/2014

Enthusiastic Welcome for Presidential Couple.

6

Tiko-Buea

Reportage

Ngassa

Me

19/02/2014

Fontaine de Bismarck : une attraction dans la ville.

7

Arrêt

Portrait

J. F. Belibi

Me

19/02/2014

Preserve what we have achieved.

7

Interview

Interview de : Andrew Motanga

N. Bonwoh

Me

19/02/2014

Maroua: la paix exaltée.

8

Echos

Reportage

G. Djarmaila

Me

19/02/2014

Ngaoundéré: l'histoire au present.

8

Echos

Reportage

J. Maman

Me

19/02/2014

Le Sud dans la mouvance.

8

Echos

Reportage

A. Amougou

Me

19/02/2014

Tous unis à Bafoussam.

8

Echos

Reportage

E. V. Fomo

Me

19/02/2014

Yaoundé à l'unisson.

9

Echos

Reportage

J. Fankam

Jour

Date

Titre

Page

Rubrique

Genre

Signature

Me

19/02/2014

Douala: Unity in Diversity.

9

Echos

Reportage

L. Nganlay

Me

19/02/2014

Bamenda: Population on the Streets for Reunification.

9

Echos

Reportage

L. Esong

Me

19/02/2014

Garoua: le patriotisme magnifié.

9

Echos

Reportage

D. Fodambele

Me

19/02/2014

Suite du programme

10

Agenda

Programme en français et anglais

La rédaction

Me

19/02/2014

Mobilisation légitime

11

Reunification Forum

Commentaire

Ba Nken

Me

19/02/2014

Reunification Surprises

11

Reunification Forum

Commentaire

R. Kometa

L

24/02/2014

Unis, décrocher l'avenir.

3

Reunification Forum

Editorial

M. Nnana

L

24/02/2014

Intensive Exchanges with Regional Leaders.

2

La tribune de la réunification

Compte rendu

N. Forbinake

 

L

24/02/2014

Audiences présidentielles : Cinq délégations chez Paul Biya.

4

La tribune de la réunification

Compte rendu

E. Essomba

L

24/02/2014

Buea loved to keep the President.

5

Reunification Forum

Reportage

N. Forbinake

L

24/02/2014

Au revoir sous les

5

Reunification

Reportage

E. Essomba

93

La médiatisation de la « question anglophone » dans les journaux camerounais pendant la célébration du cinquantenaire de la réunification du Cameroun.

 
 

ovations.

 

Forum

 
 

L

24/02/2014

Moments of a Historic Celebration.

6

La tribune de la réunification

Reportage

L. Nyuylime

L

24/02/2014

Euphoric Welcome at all Instances.

7

Reunification Forum

Reportage

Brenda Ngassa

L

24/02/2014

Une ville enviable et enviée.

7

Reunification Forum

Reportage

Essogo

L

24/02/2014

La culture

camerounaise dans tous ses états.

8

La tribune de la réunification

Reportage

J. F. Belibi

Jour

Date

Titre

Page

Rubrique

Genre

Signature

L

24/02/2014

Les bonnes affaires du cinquantenaire.

8

La tribune de la réunification

Reportage

M. Bakoa

L

24/02/2014

Clear Roadmap for a Stronger Cameroon.

9

Reunification Forum.

Reportage

E. Agbortogo

L

24/02/2014

Réactions

9

Reunification Forum.

Interview

E. Agbortogo

L

24/02/2014

Le cinquantenaire de la réunification en images.

10 et

11

Reunification Forum.

Reportage photographique

Envoyés spéciaux

L

24/02/2014

Safe guarding a Pearl

12

La tribune de la réunification

Analyse

Shey Peter Mabu

L

24/02/2014

Honouring National Heroes.

13

Reunification Forum.

Reportage

N. Forbinake

L

24/02/2014

Le flambeau toujours plus haut.

13

Reunification Forum.

Reportage

E. Essomba

L

24/02/2014

Au diapason de la nation.

14

La tribune de la réunification

Commentaire

Ba Nken

L

24/02/2014

Opportunities never to miss.

14

La tribune de la réunification

Commentaire

N. Forbinake

Ma

25/02/2014

Une question de volonté.

3

Regard

Analyse

M. Ma Pondi

Ma

25/02/2014

Idées forces d'un discours-bilan.

4

Politique : Retour sur le discours du Chef de l'Etat à Buéa.

Synthèse

M. Bakoa et A. Essogo

Ma

25/02/2014

« President Biya assured State support »

4

Politique

Interview

N. Mbonwoh

 

Ma

25/02/2014

Cinquantenaire de la réunification : les camerounais saluent.

5

Politics

Vox Pop

La rédaction

Jour

Date

Titre

Page

Rubrique

Genre

Signature

J

27/02/2014

Buéa : l'incroyable mue.

11

Grand reportage

Reportage

I.Mbassi-Bikele

J

27/02/2014

The Place to Be.

12

Grand reportage

Brèves

I.Mbassi-Bikele

J

27/02/2014

«Buea has move from Village to town».

13

Grand reportage

Réactions

E. Agbortogo

J

27/02/2014

Dr Charles Menyoli : An Epitome in Buea's Development.

13

Grand reportage

Portrait

R. Mbonteh

Me

12/03/2014

Senate :Teamwork recommended to parliament

2

Nationales

Compte rendu

E. Kendemeh

Me

12/03/2014

Commutation et remise de peine : les élus approuvent.

2

Nationales

Compte rendu

J.F. Belibi

94

La médiatisation de la « question anglophone » dans les journaux camerounais pendant la célébration du cinquantenaire de la réunification du Cameroun.

Me

12/03/2014

Ces prétendues pressions...

6

Série Commutati on et remise de peines : les faits et la diversion.

Analyse

Armand Essogo

Me

12/03/2014

Manip et falsification

6

Série

Commentaire

M. Ma Pondi

Me

12/03/2014

Unfair Diversion.

7

Série

Commentaire

R. Kometa

Me

12/03/2014

« le Chef de l'Etat a agi conformément à la loi ».

7

Série

Interview

Alain

Tchakounte

V

28/03/2014

Souvenirs de Buéa.

3

Politics :

Cinquantenaire de la réunification

Compte rendu

Armand Essogo

Nom du journal : The Post.

Date de création : 1993

Jour

Date

Titre

Page

Rubrique

Genre

Signature

L

03/02/2014

Tiko Airport may be Re- opened

2

News

Commentaire

Joe Pefok

L

03/02/2014

« Address Anglophone

problem before it boils
over»

5

Interview

Interview

Yerima Nsom

L

17/02/2014

No Beer before welcoming Biya to Buea.

2

News

Compterendu

Francis
Mbom

V

21/02/2014

Ahidjo, Foncha, Endeley

ignored at Reunification

Jubilee.

3

News

Compte rendu

Bouddih Adams

V

21/02/2014

At Reunification

Celebration, Northwest

Elites demand Equity

2

News

Reportage

Isidore Abah

V

21/02/2014

FCFA 35 Billion gulped by Reunification Projects.

3

News

Compte rendu

Nformi
Kinsai

V

21/02/2014

Kumba celebrates

Reunification in Filth.

3

News

Analyse

Maxcel
Fokwen

V

21/02/2014

Reunification Celebration

Fever catches far North.

3

News

Reportage

Lindi Nabain

V

21/02/2014

Anglophone's worst

Enemy is The Anglophone À Barrister Nico Halle

5

Interview

Interview

Yerima Nsom

V

21/02/2014

Presidential Visit:

Activities stalled, Buea
heavily Militarised.

7

Unification Celebrations

Reportage

Isidore Abah

V

21/02/2014

Yang Tells Activists : If

you want dialogue, form Political Party.

7

Unification Celebrations

Compte rendu

Isidore Abah

95

La médiatisation de la « question anglophone » dans les journaux camerounais pendant la célébration du cinquantenaire de la réunification du Cameroun.

Jour

Date

Titre

Page

Rubrique

Genre

Signature

V

21/02/2014

Letter from Buea...To Yaounde.

8

Column

Billet d'humeur.

Mbella

V

21/02/2014

Reunification: Sad News, Good News.

8

Spyglass

Chronique

Azore Opio

L

24/02/2014

President Biya Speech at Reunification Jubilee.

3

News

Discours

Paul Biya

L

24/02/2014

NW Fons Bury Hatchet', give Biya Gift.

3

News

Reportage

Joe Pefok

L

24/02/2014

Reunification participants protest poor Compensation.

3

News

Reportage

Maxcel
Fokwen

L

24/02/2014

More Desired after 50 Years of Reunification.

4

News/Opinion

Parole à l'extérieure.

Walter Nana

L

24/02/2014

Cameroons Reunification

Celebration: What Lessons for the Future?

4

News/Opinion

Analyse

Nchechuma Nchetievie

L

24/02/2014

Reunification Celebration could have been better.

5

Interview

Interview

Bouddih Adams

L

24/02/2014

Admit Anglophone Problem Prof. Pondi tells Gov't.

6

News

Compte rendu

Isidore Abah

L

24/02/2014

Biya gives Nothing more.

6

News

Reportage

Isidore Abah

L

24/02/2014

Cameroonians react after Reunification Celebrations in Buea.

6 et

7

News

Brèves

La

rédaction

L

24/02/2014

Tiko SDF Mayor receives President Biya.

8

News

Reportage

Azore Opio

L

24/02/2014

Reunification opened Cameroonians to more Scholarships À Historian.

8

News

Analyse

Jude Fuhnwi

L

24/02/2014

Banner Misinforms

8

News

Reportage

Francis
Mbom

L

24/02/2014

24 Bui Indigenes honoured as Reunification Actors.

8

News

Compte rendu

W. Nformi

L

24/02/2014

Bits and Pieces on Reunification Celebration.

9

News

Brèves

Joe Pefok

L

24/02/2014

My Odyssey...The Story of Cameroon Reunification with Authentic Letters of Key Players

9

Book Review

Revue de lecture

Non signé

L

24/02/2014

Savez by French Language Press Card.

9

News

Billet d'humeur

Azore Opio

L

24/02/2014

Obsolete Buea Photo Archives needs Renovation.

10

Society

Reportage

Azore Opio

L

24/02/2014

Police Mount useless Hunt for SCNC Activists.

10

Society

Brève

Maxcel
Fokwen

V

07/03/2014

Fons, Chiefs wash Royal linen' in public.

2

News

Commentaire

Yeriam Nsom

V

07/03/2014

Untold Story of Northwest Fons' Conflict

2

News

Commentaire

Joe Pefok

V

10/10/2014

Biya shocks commonwealth with Speech in French.

2

News

Commentaire

Yerima Nsom

V

17/10/2014

Biya addresses Commonwealth Parlamentarians in French: Fair or Foul?

6 et

7

The People speak

Parole à l'extérieur.

La

redaction

96

La médiatisation de la « question anglophone » dans les journaux camerounais pendant la célébration du cinquantenaire de la réunification du Cameroun.

ANNEXE 2 : Cameroon Tribune du Mardi 18 février 2014

97

La médiatisation de la « question anglophone » dans les journaux camerounais pendant la célébration du cinquantenaire de la réunification du Cameroun.

ANNEXE 3 : Cameroon Tribune du Mercredi 19 février 2014

98

La médiatisation de la « question anglophone » dans les journaux camerounais pendant la célébration du cinquantenaire de la réunification du Cameroun.

ANNEXE 4 : The Post du lundi 17 février 2014

99

La médiatisation de la « question anglophone » dans les journaux camerounais pendant la célébration du cinquantenaire de la réunification du Cameroun.

ANNEXE 5 : The Post du lundi 03 février 2014

100

La médiatisation de la « question anglophone » dans les journaux camerounais pendant la célébration du cinquantenaire de la réunification du Cameroun.

ANNEXE 6 : The Post du lundi 24 février 2014

101

La médiatisation de la « question anglophone » dans les journaux camerounais pendant la célébration du cinquantenaire de la réunification du Cameroun.

ANNEXE 7 : The Post du Vendredi 21 février 2014

102

La médiatisation de la « question anglophone » dans les journaux camerounais pendant la célébration du cinquantenaire de la réunification du Cameroun.

ANNEXE 8 : Le Messager du lundi 11 Mai 2015

103

La médiatisation de la « question anglophone » dans les journaux camerounais pendant la célébration du cinquantenaire de la réunification du Cameroun.

TABLE DES MATIERES

DÉDICACE ..i

REMERCIEMENTS ii

SOMMAIRE ..iii

LISTE DES ABRÉVIATIONS, ACRONYMES ET SIGLES ...v

LISTE DES ILLUSTRATIONS ...vi

GLOSSAIRE vii

RÉSUMÉ ..viii

ABSTRACT .ix

INTRODUCTION GÉNÉRALE 1

CHAPITRE I : LA « QUESTION ANGLOPHONE » AU CAMEROUN 21

I- GÉNÉRALITÉS SUR « LA QUESTION ANGLOPHONE » .22

II- TERMES EN LESQUELS SE POSE LA « QUESTION ANGLOPHONE » AU

CAMEROUN 32

CHAPITRE II : LE CINQUANTENAIRE DE LA RÉUNIFICATION DU

CAMEROUN .36

I- PRÉMICES DE LA RÉUNIFICATION DU CAMEROUN .37

II- DÉROULEMENT DU CINQUANTENAIRE DE LA RÉUNIFICATION DU

CAMEROUN .39

CHAPITRE III : STRATÉGIES DE CONSTRUCTION DE LA « QUESTION

ANGLOPHONE » DANS LES JOURNAUX CAMEROUNAIS .45

104

La médiatisation de la « question anglophone » dans les journaux camerounais pendant la célébration du cinquantenaire de la réunification du Cameroun.

I- MANOEUVRES DE CAPTATION DE L?AUDIENCE DES

JOURNAUX ..46

II- STRATÉGIES DE MISE EN DISCOURS 57

CHAPITRE IV- ANALYSE QUANTITATIVE DE LA QUESTION

 

ANGLOPHONE

.67

I- EXPLOITATION DU MATÉRIEL

68

II- TRAITEMENT DES RÉSULTATS ET INTERPRÉTATION

.75

 

CONCLUSION GÉNÉRALE

80

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

....84

ANNEXES

87






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"Tu supportes des injustices; Consoles-toi, le vrai malheur est d'en faire"   Démocrite