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Information, sensibilisation et conscientisation dans la lutte contre les violences sexuelles par la commission diocésaine justice et paix à  Uvira dans le sud-Kivu.

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par MUKOKYA Morgan MUBENGWA
Université Catholique du Congo - Licence 2014
  

Disponible en mode multipage

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0. INTRODUCTION GENERALE

0.1. PROBLEMATIQUE

Notre recherche porte sur l'information, la sensibilisation et la conscientisation dans la lutte contre les violences sexuelles par la Commission Diocésaine Justice et Paix, à Uvira dans le Sud-Kivu.

Le contexte de guerre qui a caractérisé la République Démocratique du Congo depuis 1996 jusqu'à ce jour, principalement en sa partie-est, a entraîné avec lui un cortège de malheurs : tueries, pillages, paupérisation de la population, assassinats et surtout les violences sexuelles à l'encontre des femmes, des jeunes filles et même des hommes. Le viol y est pratiqué comme arme de guerre. Les victimes sont la cible des militaires de l'armée régulière, des groupes armés nationaux et étrangers qui y sévissent. Ces hommes en uniforme s'y sont affrontés et s'y affrontent encore jusqu'à ce jour. Mais depuis un certain temps, au Sud-Kivu en général et en particulier au diocèse d'Uvira, ces violences connaissent une réelle transformation. Ces actes ont aussi comme causes le peu de considération de la femme considérée parfois comme un être inférieur qui transpire dans les us et coutumes et même dans la législation congolaise.

Les violences sexuelles sont devenues dans cette contrée un crime banal commis au quotidien par des civils qui, désormais, rivalisent d'ardeur dans cette sale besogne avec les hommes en uniforme ainsi que le confirme le Ministère du genre, de l'enfant et de la famille dans son rapport publié en octobre 2013 en ces termes : « Les civils inconnus, les miliciens et les militaires / policiers ont été les catégories sociales les plus importantes des auteurs des violences. La plupart des incidents ont été commis par des civils (soit 66% des cas en 2011 et 58% en 2012). »1(*)

Face à cette tragédie, les agences des Nations unies ainsi que le gouvernement congolais ont défini cinq composantes comme stratégie de lutte contre les violences sexuelles : la lutte contre l'impunité, la réforme du secteur de sécurité, la protection et la prévention, l'assistance multisectorielle et les données et mapping. Une unité de violence sexuelle a même été créée au sein de la Mission des Nations Unies en République Démocratique du Congo (MONUC) afin de superviser la mise en oeuvre de cette stratégie.2(*)

Le gouvernement bien avant cela, a mis en place un arsenal de lois réprimant les violences sexuelles comme la Constitution de la République Démocratique du Congo, la Loi n°06/018 du 20 juillet 2006 modifiant et complétant le Décret du 30 janvier 1940 portant Code pénal congolais, la Loi n° 09/001 du 10 janvier 2009 portant protection de l'enfant, etc.

En sus, plusieurs associations féminines, humanitaires et de défense des droits de l'homme, tant nationales qu'internationales essaient de lutter au Sud-Kivu et en particulier au diocèse d'Uvira contre ces actes ignobles en menant différentes actions. D'autre part, des organisations à caractère religieux comme la Commission Diocésaine Justice et Paix du diocèse d'Uvira n'en sont pas du reste. Malgré tous ces efforts, de nombreux autres cas ne cessent d'y être relevés chaque jour.

La persistance des violences sexuelles nous fait poser cette question de recherche : quelle stratégie de communication la Commission Diocésaine Justice et Paix du Diocèse d'Uvira peut-elle mettre en oeuvre pour lutter contre ce fléau ?

0.2. HYPOTHESE

Il nous semble qu'informer, sensibiliser et conscientiser la population, c'est-à-dire, les présumés violeurs, les potentiels violeurs ainsi que les survivantes des violences sexuelles, nous paraîtrait la voie, l'une des pistes pour le changement de comportement.

0.3. METHODE ET TECHNIQUE

Cette étude requiert la méthode fonctionnelle. Mathématiquement, le mot «  fonction » désigne «  une relation entre deux ou plusieurs éléments, tel que tout changement introduit dans l'un provoque une modification dans l'autre ou les autres entraînent de leur part une adaptation. »3(*)

Ce qui est en exergue, c'est l'interdépendance qui existe entre les éléments. Dans ce même sens, le but poursuivi dans l'analyse fonctionnelle est d'arriver à cerner la variable indépendante la plus lourde, c'est-à-dire celle qui exerce la plus grande influence dépendante.

La variable dépendante est le phénomène qui varie en fonction d'un ou de plusieurs autres phénomènes, à l'endroit desquels il se trouve dans une certaine situation de dépendance. Elle est à expliquer tandis que la variable indépendante est explicative.4(*)

Dans cette étude, nous allons observer si la variable expliquée (dépendante), le changement de comportement (= ne plus violer les femmes au Diocèse d'Uvira) pourrait être expliquée par la variable explicative (indépendante), le trinôme « information, la sensibilisation et la conscientisation » des acteurs sociaux. Autrement dit, le manque « d'information, de sensibilisation et de conscientisation » pourrait-il faire persister les violences ?

De fait, la méthode fonctionnelle, dans cette étude, montre combien la fonction jouée par le trinôme « information, sensibilisation et conscientisation » (variable explicative ou indépendante) est d'une importance capitale dans le processus de changement de comportement (variable expliquée ou dépendante) des habitants du Diocèse d'Uvira.

Comme technique, faisons remarquer que ce travail requiert l'observation qui se définit comme « l'action de considérer avec une attention suivie la nature, l'homme, la société afin de les connaître. C'est également un procédé scientifique d'investigation, une constatation des phénomènes tels qu'ils se produisent sans volonté de les modifier. L'observation permet d'apprendre à mettre en relation des événements vécus et des cadres d'analyse qui vont donner un sens à ces événements.5(*) Nous avons donc navigué à travers le Diocèse pour observer le phénomène.

Nous avons eu recours également à la documentation et aux statistiques de la Commission Diocésaine Justice et Paix de ce Diocèse. Enfin, nous avons délié la langue des acteurs sociaux de ce Diocèse par une enquête par questionnaire.

0.4. INTERET DU SUJET

Ce travail répond à une préoccupation triadique, à savoir : scientifique, sociale et personnelle.

Du point de vue scientifique, cette étude sera un document de référence, une source d'information sur la lutte contre les violences sexuelles dans cette contrée, non seulement pour toute la population de la région mais aussi pour tout chercheur qui pourrait s'en servir dans l'avenir. Ce travail ouvre la voie à l'amélioration de la façon d'aborder la problématique de la lutte contre les violences sexuelles au Sud-Kivu en général et en particulier au Diocèse d'Uvira.

Cette étude se présente du point de vue social comme un cri d'alarme lancé à toute la gent humaine face aux souffrances que subissent les survivantes de cette pratique ignominieuse et ainsi pourra-t-elle inciter les décideurs et les hommes de bonne volonté à se pencher sur cette question épineuse qui semble jetée aux oubliettes.

Personnellement, le grand souci qui nous anime est de contribuer autant que faire se peut, à la recherche des voies et moyens, de nouvelles politiques et stratégies appropriées pour l'éradication des violences et abus sexuels en République Démocratique du Congo en général et en particulier au diocèse d'Uvira par l'adoption d'un nouveau comportement par la population de cette région.

0.5. DELIMITATION 

Le questionnement sur la lutte contre les violences sexuelles se pose avec acuité partout en République Démocratique du Congo. L'espace de notre recherche est le diocèse d'Uvira, au Sud-Kivu. Elle couvre la période allant d'avril 2010 à avril 2013, soit en tout trois ans. Cette période a été optée suite à notre descente sur terrain durant un mois et quelques jours, soit du 02 août au 15 septembre 2013.

0.6. DIVISION DU TRAVAIL

Hormis l'introduction et la conclusion générales, cette étude est subdivisée en quatre chapitres. Le premier planchera sur les généralités relatives à notre sujet et sur le cadre théorique. Le second présentera le système dans lequel évoluent différents éléments à la base des violences sexuelles au Diocèse d'Uvira : le contexte général des guerres à l'est de la RDC, les traditions, les us et coutumes ainsi que la loi congolaise. C'est ici aussi que nous aborderons la problématique liée aux conséquences des violences sexuelles sur les femmes et les hommes dans cette contrée. Le troisième décryptera les stratégies que la CDJP / Uvira met en place pour endiguer ce phénomène social qui n'a que trop duré. Enfin, le quatrième chapitre traitera en profondeur du processus d'information, de conscientisation et de sensibilisation de toute la population de ce milieu sur les violences sexuelles tout en ayant comme point d'appui les résultats d'enquête menée sur terrain. Cette étape sera suivie des recommandations et de la proposition d'un plan de communication marketing social pour l'éradication de ce fléau.

CHAPITRE I. CADRE CONCEPTUEL ET THEORIQUE

0. INTRODUCTION

Deux sections constituent l'ossature de ce chapitre sur les notions générales ayant trait à notre propos. La première c'est l'approche conceptuelle des différentes notions théoriques de base, compris non seulement dans l'intitulé de notre recherche mais aussi et surtout, toutes celles qui se rapportent directement à notre étude. La seconde brossera le cadre théorique sur lequel s'appuie notre travail.

SECTION 1. APPROCHE CONCEPTUELLE

1.1. Trinôme : Information, Sensibilisation et Conscientisation

1.1.1. L'information

Nombreux auteurs, chacun à sa manière, ont essayé de définir l'information. C'est le cas de Antonio Pasquali qui, se prononçant sur la distinction entre information et communication, argumente en ces termes: « Informer connote pour l'essentiel la circulation de messages unidirectionnels, causatifs et ordonnateurs, visant à modifier le comportement d'un récepteur passif, tandis que communiquer fait référence à l'échange de messages bidirectionnels, donc relationnels, dialogiques et socialisants entre des interlocuteurs pourvus d'une même capacité, libre et simultanée, d'émission / réception. Tandis que l'Information tend à dissocier et à hiérarchiser les pôles de la relation, la Communication tend plutôt à les associer ; ainsi seule la communication peut donner naissance à de véritables structures sociales.»6(*) Cette explication linéaire illustre bien le flux de circulation verticale de l'information à sens unique qui a caractérisé une société hégémonique de l'information telle que celle à laquelle on assistait vers les années 1970 et qui consacrait les rapports de dominants sur dominés.

D'autre part, « dans l'information, la volonté d'influence est minime. L'émetteur livre des données, plus ou moins clairement, plus ou moins détaillées, plus ou moins en liaison avec les représentations de son public potentiel, plus ou moins mises en perspective. Mais à la base de son acte, il ya simplement le souci de se faire comprendre. Il attend de son destinataire une réception intellectuelle des données qu'il lui transmet. »7(*) L'émetteur du message dans ce cas est soucieux de produire un contenu pouvant lui permettre de se faire comprendre et de rendre le récepteur capable de s'approprier l'information. Et pour y parvenir il doit ternir compte du canal choisi, des pratiques culturelles qui caractérisent son auditoire ou son interlocuteur. Les formes de communication de l'information varient selon les contextes car le souci majeur demeure celui de transmettre des informations accessibles et compréhensibles dans les meilleures conditions qui soient. Et dans le cas qui est le nôtre, l'expert en communication ne peut faire fi de ces consignes au risque de transmettre une information sur les violences sexuelles dans le vide. Ainsi en est-il aussi de la sensibilisation.

1.1.2. La sensibilisation

La sensibilisation à l'instar de l'information, passe généralement par les canaux traditionnels de communication. Disons que la sensibilisation soulève cependant certaines difficultés. La première qui se pose au sensibilisateur est celle d'obtenir un espace  suffisant lui permettant de développer une problématique dont l'exposé prend nécessairement plus d'ampleur que la simple transmission de données factuelles. L'autre difficulté à laquelle est confronté le sensibilisateur est bel et bien le choix conceptuel à adopter. Expliquer un problème ne peut se faire dans le champ lexical faisant recours à des propos du langage ordinaire. Il n'est pas question non plus de communiquer en recourant aux concepts techniques des scientifiques.

Quel est alors le travail du sensibilisateur ? Tilman y répond quand il écrit : « Le sensibilisateur est donc un traducteur qui exprime dans un langage accessible au public qu'il vise, des considérations qui sont, habituellement le fait de spécialistes. La sensibilisation suppose donc une solide préparation du contenu et de la forme du message envisagé et donc, un savoir-faire spécifique.»8(*)

De ce qui précède, il ressort le fait que dans les séances de formation sur la lutte contre les violences sexuelles, par exemple, le sensibilisateur, pour mieux faire passer son message, devra préparer une série d'activités triviales qui permettront de mieux rentrer dans le problème tout en s'y impliquant lui-même. Il mettra donc au point une stratégie qu'il rendra lui-même vivante à travers son animation.

Faisons remarquer en sus que dans la plupart de cas, au cours des séances de sensibilisation sur les différentes lois réprimant les violences sexuelles, on tient moins compte de la co-construction du message, pourtant très nécessaire à la réception du message. On vient juste bombarder les participants avec des théories sur ces lois qui parfois, ne cadrent nullement avec les pratiques sociales et coutumières de la région et ainsi constituent-elles parfois un obstacle pour sa mise en oeuvre9(*).

1.1.3. La conscientisation

La conscientisation, par rapport à la sensibilisation, franchit un pas supplémentaire surtout par ce qu'elle fait appel à l'engagement. Bien que la conscientisation reprend à son compte la plupart des caractéristiques de la sensibilisation, elle vise en outre l'engagement des destinataires du message dans la recherche de solution. Tilman fait constater que : « Le spécialiste, qui est ici un militant, est persuadé que le public auquel il s'adresse est victime d'une injustice et a donc intérêt à réagir. Son hypothèse est, notamment, que si les « victimes  ne sont pas encore mobilisées, c'est par ce qu'elles n'ont pas pris conscience de toutes les dimensions de sa réalité qui les concerne et ou qu'elles sont démunies pour l'appréhender intellectuellement.»10(*)

Le travail du conscientisateur consiste en la proposition d'un cadre interprétatif qui rend compte des faits et de la réalité du terrain que le public peut facilement appréhender. Le conscientisateur adopte pour ce faire un point de vue un peu partisan et ainsi devient-il alors un éveilleur des consciences, appelé à ouvrir des perspectives. Cela ne peut se faire qu'en assurant une éducation permanente de son public qui devra se rendre elle-même compte que la situation dans laquelle elle vit n'est pas normale et qu'il sied donc de la changer. Voilà le niveau auquel le conscientisateur doit faire parvenir son auditoire.

Le conscientisateur doit en outre permettre à ses interlocuteurs de trouver eux-mêmes des réponses à leurs préoccupations majeures. Il les engage ensuite dans des actions qu'ils auront eux-mêmes définies à la fin d'une réflexion approfondie. Ainsi, la conscientisation devient-elle alors une pratique d'analyse sur le terrain avec les personnes directement concernées par un problème et dans notre cas ici, la lutte contre les violences sexuelles au diocèse d'Uvira. Elle nécessite un travail d'accompagnement pour l'appropriation par le public du problème analysé. La conscientisation, loin d'être une simple transmission des données devient par conséquent, une activité éducative et formative dont la finalité reste la modification des représentations des destinataires.

Toutefois, on ne peut passer sous silence le fait que la conscientisation reste tout de même une activité exigeante. Elle nécessite du temps et la mise en place des stratégies appropriées pour parvenir au changement de la situation initiale. Tilman corrobore cette réflexion lorsqu'il note : « L'hypothèse pédagogique est ici que ces transformations requièrent une méthodologie du traitement des informations, accompagnée d'une interrogation sur les conceptions qui guident les comportements adoptés jusqu'alors. En conséquence, la conscientisation requiert un double travail : mettre au point des outils pour interpeller et informer les publics concernés ; animer les séances d'appropriation et de réflexion. Evidemment, cela prend du temps et exige des conditions institutionnelles particulières.»11(*)

Le conscientisateur est donc un animateur de terrain, capable de faire travailler un groupe de gens sur une question qui les concerne et en particulier ici celle liée à la lutte contre les violences sexuelles.

1.1.4. Les violences sexuelles

Avant d'aborder ce point, il s'avère nécessaire de procéder à un toilettage épistémologique et définitionnel des concepts viol et violences sexuelles afin d'éviter tout polysémisme dans la suite de notre étude. Plusieurs auteurs, des individus, des Etats dans leurs lois, à l'instar de ceux de la République Démocratique du Congo, des organisations internationales comme l'UNICEF ou les Nations Unies, devant l'ampleur des viols et violences sexuelles, se sont penchés sur l'épineuse question de ce phénomène et l'ont défini en y apportant des éclaircissements très significatifs.

C'est ainsi que, selon les justes propos de Jean-Henri Soutoul et Olivier Chevrant-Breton, dans un ouvrage collectif, citant la Loi N° 92-683 du 22 juillet 1992 portant réforme des dispositions du Code pénal relatives à la répression des crimes et délits contre les personnes, le « viol est donc défini comme tout acte de pénétration sexuelle de quelque nature qu'il soit, commis sur la personne d'autrui par violence, contrainte, menace ou surprise (article 222-23). Il apparaît ainsi comme l'association d'un acte sexuel et d'une absence de consentement de la victime.»12(*) A y voir de près, nous nous rendons compte qu'aucune sorte de pénétration sexuelle n'est exclue de cette définition : pénétration dans un orifice sexuel au moyen d'un objet quelconque ou d'un organe sexuel. Ensuite, le viol fait référence au rapport sexuel avec une autre personne sans son consentement, en utilisant la force, la menace, la peur ou la coercition.

Toussaint Muntazini ne dit pas autre chose lorsqu'il définit le viol comme étant : « l'introduction par la force, la contrainte ou la violence d'un objet quelconque y compris, mais pas exclusivement, un pénis dans le vagin ou dans l'anus de la victime (...) ou d'un pénis dans la bouche de la victime, celle-ci pouvant aussi bien être un homme qu'une femme. »13(*) La nouveauté qu'il apporte est que le viol n'est plus désormais considéré comme un acte de barbarie posé uniquement à l'encontre du genre féminin mais il peut aussi être commis contre les hommes par un homme ou par une femme. Disons en outre que le viol constitue l'une des formes des violences sexuelles.

Par violence sexuelle on entend un grand nombre d'actes sexuels forcés, sans le consentement de la victime. Le viol, l'exploitation et les abus en sont les types les plus courants. Toussaint Muntazini, citant l'UNICEF, souligne avec justesse que les violences sexuelles se définissent au sens large, comme « Tout acte, tentative, commentaire ou avance à caractère sexuel, avec ou sans contact physique, commis par un individu sans le consentement de la personne visée dans le but d'assujettir autrui à son désir propre par un abus de pouvoir, l'utilisation de la force ou de la contrainte ou sous la menace.»14(*) La finalité visée par l'auteur des violences sexuelles n'est pas uniquement le sexe, ni le plaisir sexuel, mais une volonté délibérée d'abuser de sa force physique ou de sa position dominante ayant une autorité, un pouvoir ou une fonction supérieure à la victime afin de l'humilier, de la terroriser ou de détruire sa personnalité. Ceci se remarque spécialement dans les cas de viols massifs, perpétrés en présence et parfois par des membres de famille, sous la menace d'armes de guerre comme il en a été le cas dans l'aire géographique de notre étude.

Sont qualifiés de violences sexuelles dans la législation congolaise le viol, l'attentat à la pudeur, l'excitation des mineurs à la débauche, le proxénétisme, la prostitution forcée et la prostitution d'enfant, le harcèlement sexuel, l'esclavage sexuel, le mariage forcé et précoce, les mutilations sexuelles, la zoophilie, la transmission délibérée des infections sexuellement transmissibles incurables, le trafic et l'exploitation d'enfants à des fins sexuelles, la grossesse forcée, la stérilisation forcée et la pornographie mettant en scène les enfants.15(*)

Pour la législation congolaise, se rend donc coupable de violence sexuelle toute personne qui commet un acte ayant trait à tout ce que nous venons de citer supra, qu'il y ait contact physique ou pas, que ce soit commis par un ou plusieurs individus avec violence, contrainte, menaces ou surprise sans le consentement de la victime visée. La contrainte prévue par la loi est ainsi physique ou morale. Concernant un mineur, la contrainte morale peut résulter de la différence d'âge qu'il ya entre la victime et l'auteur des faits ou de l'autorité des droits ou des faits que celui-ci exerce sur la victime.16(*)

Parmi les crimes de guerre qui relèvent de la compétence de la Cour Pénale Internationale nous avons entre autres le viol, l'esclavage sexuel, la grossesse forcée ou toute autre forme de violence sexuelle.17(*)

Fort de tout ce qui précède, nous pouvons affirmer sans crainte de paradoxe que les violences sexuelles commises au diocèse d'Uvira pendant la période sous examen ont été le plus souvent reliées « au genre ». En effet, la plupart de cas de violences sexuelles documentés dans cette contrée ont été perpétrés contre les femmes comparativement au nombre infime des victimes masculines. La femme y a été généralement la victime à cause entre autre d'une répartition inégalitaire du pouvoir social entre les hommes et les femmes mais aussi à cause des préjugés, des constructions de normes sociales basées sur le genre.

Pour parler des violences sexuelles basées sur le genre à la base de nombreux abus consécutifs aux inégalités dans les rapports sociaux entre l'homme et la femme, les anglo-saxons utilisent le concept de Sexual Violence Gender Based (SVGB). Dans ces rapports, le premier dispose des pouvoirs quasi illimités à l'égard de la seconde. Cette conception se manifeste plus violemment à l'occasion des conflits armés où le sexe finit par prendre une place de choix comme instrument de répression et de conquête comme c'est malheureusement le cas en République Démocratique du Congo, en général et en particulier au diocèse d'Uvira depuis plus d'une décennie. Pour autant, faut-il le faire remarquer, les violences sexuelles sont bien une réalité permanente qui prend différentes formes et cela dans le temps et dans l'espace.18(*)

Ceci dit, plaçons à présent un mot sur le cadre théorique de notre travail : objet de la deuxième section de cette étude.

SECTION 2. CADRE THEORIQUE : COMMUNICATION POUR LE CHANGEMENT

DE COMPORTEMENT (CCC)

2.1. Définition

La Communication pour le Changement de Comportement est un processus interactif et participatif, à double voie. Elle permet d'échanger des informations, des idées, des connaissances, des opinions et des décisions et de favoriser des changements durables de comportements ou l'adoption de comportements nouveaux en vue d'améliorer une situation donnée.19(*)

La communication pour le changement de comportement (CCC) se définit comme un processus intégré dans un programme global qui fait appel à la participation de la communauté qui produit le message et approche personnaliste, utilisant une variété des moyens de communication et qui définit des comportements positifs favorisant un changement durable de comportement.20(*)

La CCC est aussi un processus interactif et intégré qui s'exerce à plusieurs niveaux. Elle permet d'atteindre les communautés à travers la création de messages ciblés et en exploitant de multiples canaux de communautés et diverses approches.21(*)

La CCC est l'ensemble des interactions participatives entre individu au sein de groupe ou communauté ainsi que des actions de communication dirigées vers eux en vue d'opérer un changement volontaire du comportement habituel et des normes sociales dans le but d'améliorer le bien-être de l'individu, de la communauté, de la société.22(*) Ce concept a vu le jour ces dernières où les acteurs de développement ont senti la nécessité d'assurer une plus grande participation des communautés. La CCC encourage les comportements bénéfiques et cherche à induire des changements de comportement durables au niveau de l'individu, de la communauté ou la société.

En ce qui concerne les violences sexuelles23(*), la CCC vise :

Ø Une amélioration des connaissances ;

Ø Une stimulation du dialogue au sein des communautés ;

Ø Une promotion des changements d'attitudes indispensables ;

Ø Une diminution de la stigmatisation et de la discrimination ;

Ø Une stimulation de la demande d'informations et de services ;

Ø Une sensibilisation des pouvoirs publics à la nécessité de politiques et réglementation adaptée en matière des violences sexuelles ;

Ø Une promotion des services de prévention, des soins et d'assistance ;

Ø Un développement des compétences et d'autoefficacité.

2.2. Approche en matière de CCC

2.2.1. La segmentation et le choix du public-cible

La segmentation consiste à découper un public-cible donné en groupes homogènes afin de leur adresser des messages spécifiques et adaptés.

Elle peut donc se faire sur la base des critères suivants :

Ø L'âge (jeunes, adultes, personnes âgées) ;

Ø Le sexe (femmes, hommes) ;

Ø Le niveau d'information (sous-informés, non informés, suffisamment informés sur le sujet) ;

Ø Le statut social (chef religieux, coutumier, chef de ménage) ;

Ø Les attitudes (pour, contre) ;

Ø Les comportements attendus (décideurs, personnes influentes) ;

Ø Etc.

2.2.2. Principes de la CCC24(*)

Pour qu'une CCC puisse porter de fruit, il faut qu'elle repose sur les principes suivants :

Ø Un travail de proximité : ceci remet en cause l'animation par les moyens de communication de masse ;

Ø Cibler des périodes bien définies ou propices pour joindre le groupe cible ;

Ø Chaque intervention doit avoir des objectifs spécifiques bien définis ;

Ø Etre mené par les pairs pour favoriser une meilleure participation au sujet de discussion au sein de groupe homogène ;

Ø Faire appel à la participation active de groupe-cible et des personnes influentes de la communauté.

2.2.3. Rôle de la Communication pour le Changement de Comportement25(*)

Parmi les différents rôles que peut jouer une CCC, nous citons :

Ø Accroître les connaissances chez les groupes cibles : pour que l'individu et les groupes cibles puissent réduire leur pulsion en matière de violences sexuelles ;

Ø Favoriser ou améliorer les services de prévention ou de soin : les individus ou les groupes cibles doivent avoir accès aux services et aux produits nécessaires ;

Ø Susciter un changement de comportement et le maintenir : les individus ou les groupes ciblés par la CCC doivent se sentir soutenues par le milieu ;

Ø Accompagner les personnes et les groupes vulnérables en vue d'aboutir à une mobilisation de comportement.

2.2.4. Technique de la CCC : Informer, Eduquer et Communiquer : IEC

L'IEC est une communication avec des informations ou des messages qui poursuit un objectif éducatif au sein d'une population ou d'un groupe bien déterminé.

Elle vise à changer les connaissances, attitudes, croyances et comportement des individus.26(*) L'IEC est utilisée par les organisations associatives pour créer une prise de conscience auprès de l'individu ou population-cible sur les questions les concernant.

CONCLUSION PARTIELLE

Résumons-nous à la fin de ce chapitre en disant que ce dernier a tourné autour de deux sections. Après une approche conceptuelle des notions liées à notre étude, la seconde section a décrypté le cadre théorique sur lequel se fonde notre investigation.

Les violences sexuelles ont des causes profondes liées à différents éléments sociaux. Ces dernières sont un fait social qui bouleverse les groupements humains. La société, pour se maintenir et y faire face, réglemente la vie de ses citoyens en édictant des lois et principes pour sauvegarder tous ses membres et surtout les plus vulnérables. C'est ce que nous allons voir dans le chapitre suivant.

CHAPITRE II. LES SOURCES ET LA REPRESSION DES VIOLENCES

SEXUELLES DANS LE CONTEXTE CONGOLAIS

INTRODUCTION

La violence-sous différentes formes - sexuelle, physique, psychologique, économique, ...- n'est pas un phénomène nouveau lié à une société particulière. Elle existe dans toutes les sociétés mais à des degrés différents. Elle est généralement consécutive à la paupérisation de la population, aux inégalités sociales entre homme et femme, aux coutumes et traditions et même à la législation qui considère parfois le genre féminin comme inférieur au genre masculin. Les violences sexuelles auxquelles on assiste aujourd'hui en RDC et particulièrement au Diocèse d'Uvira s'inscrivent dans un système. Les éléments de ce système sont tout ce que nous venons de dénombrer infra sans oublier le phénomène émergent qu'est la guerre à laquelle la RDC a été soumise depuis les années 1996 ainsi que le confirme le Ministère du Genre, de la Famille et de l'Enfant : « Etant donné que les violences sexuelles constituent depuis une quinzaine d'années en RDC, la forme des violences faites à la Femme, à la Jeune et Petite Fille la plus manifeste, surtout à la suite des conflits armés dans le Pays et conscient des conséquences qui en découlent (...), le défi prioritaire de cette Stratégie Nationale de lutte contre les violences basées sur le Genre est celui de l'implication suffisante des pouvoirs publics quel que soit le secteur, dans les actions planifiées et coordonnées de protection et des réponses aux VBG.»27(*)

Les violences sexuelles en effet, constituent actuellement un défi pour l'humanité compte tenu de leur ampleur et des victimes qu'elles provoquent dans la catégorie des personnes vulnérables : femmes, jeunes filles et enfants.

SECTION 1. LE SYSTEME ENVIRONNEMENTAL DES VIOLENCES SEXUELLES

EN RDC

2.1. La précarité sociale

Il est sans conteste que la crise multiforme que la RDC a subie depuis bien de décennies est à la base de nombreux maux dont sa population souffre et dont elle a de la peine à s'en sortir. Cette situation tendue s'est accompagnée des violences sexuelles et dont, pour la plupart de cas, sont les femmes et filles qui en ont plus souffert. La déscolarisation de la jeune fille la confinant à des activités ménagères comme seule source de survie, la promiscuité dans les camps militaires et dans nos villes, le non cantonnement des militaires, l'abus de la drogue dans les débits de boisson, l'influence néfaste des médias qui diffusent des films pornographiques à longueur des journées, le silence des victimes, etc sont là autant de facteurs qui favorisent cette pratique ignoble.28(*)

2. 2. Le statut inférieur de la femme congolaise

La femme, dans la constitution congolaise29(*) tout comme dans les us et coutumes, a toujours été considérée comme un être inférieur par rapport à l'homme. Elle est, dans la plupart de cas, réduite au niveau de la procréation et dans certaines sociétés on la considère encore comme un instrument de plaisir pour l'homme à qui elle doit soumission. Par conséquent, elle n'a droit ni à la parole ni à la revendication de quoi que ce soit. La société traditionnelle n'a pas apprécié à sa juste valeur la compétence et le sens de la compétitivité qu'une femme peut avoir à l'égard de son semblable homme. Ce dernier est chef de famille, assure le contrôle des revenus, jouit du privilège de disposer du corps de la femme, bref il est au sommet de la hiérarchie. Toutes ces pratiques ont entre autres conséquences, les violences faites aux femmes. Bien avant nous, le Ministère du Genre, de la Famille et de l'Enfant n'avait pas manqué des mots justes pour relever, de façon pertinente, cet état de choses : « Il apparaît donc clairement que dans la société congolaise d'aujourd'hui, le statut inférieur de la femme est une source de violence ancrée dans les mentalités faisant de la femme une personne ignorante, vulnérable et exposée à la pauvreté.»30(*)

Abordant la même problématique, Lysiane Lacône précise que : « Le droit congolais et les pratiques coutumières discriminatoires à l'égard des femmes maintiennent celles-ci dans une réalité sociale et un schéma mental de domination.»31(*)

2.2.1. Dans la législation de la République Démocratique du Congo

La vulnérabilité des femmes provient en outre des lois congolaises qui les traitent différemment des hommes. Cette situation les expose aux violences, notamment sexuelles. En effet, dans un document intitulé : Stratégie Nationale de Lutte contre les Violences Basées sur le Genre de 2009, le Ministère de la Famille, du Genre et de l'Enfant avoue que : « dans le domaine juridique, malgré le fait que la Constitution de notre pays votée par Referendum et les instruments juridiques internationaux ratifiés par la RDC reconnaissent l'égalité de droit entre l'homme et la femme, il est constaté encore ce jour l'existence des dispositions et des pratiques discriminatoires à l'égard de la femme dans tous les domaines notamment dans le Code de la Famille, le Code du travail, le statut du personnel de carrière des services publics de l'Etat, le Code de commerce... ».32(*) Ceci transparaît à l'oeil nu dans la Loi n° 87/010 du 1er Août 1987 portant Code de la Famille, en son article 444, qui stipule : « Le mari est le chef du ménage. Il doit protection à sa femme ; la femme doit obéissance à son mari.»33(*) Nous nous rendons bel et bien compte que la soumission de la femme à son mari est donc institutionnalisée par un texte de loi, ce qui n'est pas sans conséquence vis-à-vis de l'intérêt de la femme.

Concluons ce point en disant que bien que la République Démocratique du Congo a récemment changé sa Constitution et s'applique à faire voter de nouvelles lois en faveur de l'égalité de tous ses habitants, hommes ou femmes, les inégalités persistent toujours. L'arsenal juridique dont ce pays est en train de se doter en cette matière ne fait malheureusement changer ni les mentalités, ni le comportement, ni les pesanteurs coutumières aussi rapidement qu'il le faudrait.

2.2.2. Dans les us et coutumes

Toutes les sociétés humaines édictent des règles écrites ou non. Celles-ci s'imposent à tous ses membres. La transgression par un membre de la communauté de ces règles mérite remontrances et parfois des châtiments sévères. En fait, elles assurent la stabilité, l'harmonie et la continuité du groupe dans les domaines les plus divers de la vie de la communauté. Toutefois, parmi ces règles, certaines peuvent être à l'origine des violences sexuelles à l'endroit de la femme. Nombre des us et coutumes des sociétés traditionnelles africaines et congolaises en particulier en offrent des exemples éloquents. Pour l'illustrer, nous nous attarderons tout simplement sur un seul exemple : l'institution mariage dont les pratiques constituent des graves violences sexuelles.

Dans un grand nombre des coutumes congolaises et singulièrement au Diocèse d'Uvira, le mariage est une affaire des familles ou des groupes. Ainsi, le mariage d'un des membres de la famille concerne toute la communauté et pas seulement les époux. La conséquence est qu'on leur laisse peu de marge de manoeuvre quant à ce qui est du consentement et de la liberté de choix. Les époux, de temps à autre, sont passifs pour consentir à leur mariage. Dans l'optique où le mariage vise la procréation, il va de soi que des rapports sexuels entretenus dans le cadre de ce mariage forcé n'est que pure violence. C'est parfois dans ce même cadre que des mariages se contractent entre des individus appartenant à des familles proches : « Il en va de même des mariages conclus entre les membres d'une même parenté, c'est-à-dire entre les descendants d'un même parent. Ce qui implique des relations sexuelles entre un homme et une femme de même sang. Ce mariage est sacré et le refus par un des conjoints réticent peut entraîner des conséquences néfastes allant jusqu'à la mort.»34(*)

Dans les us et coutumes plus que dans les lois de la république, l'infériorité des femmes en RDC se voit et se ressent tous les jours. Cela a un impact sur la façon de réagir des communautés face aux viols perpétrés sur les femmes. Abordant la question du statut de la femme mariée, Lisiane Lacône, à la suite de Claudia Rodriguez, affirme qu'au Sud-Kivu, traditionnellement « une femme est la propriété de la famille de son mari ou devient la propriété de la communauté si son mari s'absente ou meurt.»35(*) D'après cette chercheuse, une femme, bien que mariée, ne peut nullement refuser d'avoir des relations intimes avec un autre homme si celui-ci appartient à sa belle-famille ou à sa communauté. Cette pratique, poursuit-elle, est confirmée par une autre étude faisant état du fait que dans de nombreux groupes ethniques, les femmes sont confinées au rang de propriété privée ou de bien commun dans une famille ou une communauté. Plusieurs hommes de l'entourage direct de la femme peuvent avoir des relations sexuelles avec elle, le mari étant au courant et pouvant donc faire de même avec une autre femme de sa famille.36(*)

Faisons remarquer que dans cette dernière affirmation, Liliane Lacône a omis de souligner que cette pratique se fait chez les Banyamulenge et non chez toutes les tribus habitant le Sud-Kivu, comme le confirme si bien le rapport qu'elle affirme elle-même avoir consulté: « Chez les Banyamulenge, les femmes ont longtemps été considérées comme un bien commun du clan. Le beau-père, le beau-frère, le mari de la belle-soeur d'une femme mariée, avaient le droit d'avoir des relations sexuelles avec elle. L'époux en était conscient. Ces pratiques, loin de disparaître, se sont juste atténuées sous l'influence du christianisme».37(*)

Face à ce qui précède, nous sommes enclin à considérer que les conclusions de Liliane Lacône semblent très généralisantes et un peu biaisées quant à ce qui est de la considération des femmes par les peuples du Sud-Kivu en général et en particulier ceux du Diocèse d'Uvira. Elle semble en outre faire fi du fait que chez ces peuples, l'inceste ainsi que différents tabous liés aux relations sexuelles étaient des pratiques prohibées dans ces sociétés. Pour plus d'informations à ce sujet, nous renvoyons le lecteur à consulter avec intérêt les écrits y afférents sur les Lega, Fuliro et Vira, pour qui le viol était considéré comme une abomination, une humiliation et était légalement répréhensible.38(*)

Il sied au contraire de préciser que de nombreux cas de mariages précoces, des grossesses précoces, la coutume qui autorise le jeune frère du défunt à devenir de droit le mari de la veuve, le mariage autorisé entre une jeune fille à l'issue de son enlèvement, de sa séquestration et de son viol par son futur époux, etc. sont encore relevés dans la contrée. Toussaint Muntazini le confirme quand il écrit : « Dans d'autres tribus de la R.D. Congo, à la mort de l'époux, ou de l'épouse, il est contraint (conseillé) au frère / soeur du défunt ou de la défunte de prendre en mariage la femme de son frère décédé (lévirat) ou le mari de sa soeur décédée (sororat). Même si la cause défendue est noble, un tel mariage réduit la liberté et le choix du conjoint survivant.»39(*)

D'autre part, les femmes victimes de viol sont le plus souvent rejetées par leur communauté. Et pour laver l'ignominie, certaines familles et certains chefs de village de filles violées préfèrent souvent un arrangement à l'amiable plutôt qu'une action en justice contre l'agresseur. Toutefois, d'après la Commission Diocésaine Justice et Paix du Diocèse d'Uvira, cette clandestinité n'est plus de mise car des actions en justice sont de plus en plus nombreuses. Cela est sans doute le résultat des séminaires de sensibilisation de la population sur les différentes formes des violences sexuelles.

Ainsi donc, retenons, à la suite de Lisette Banza Mbombo et M. Christian Hemedi Bayolo, que « La femme congolaise, mère et épouse, maîtresse de maison s'activant pour la survie de sa famille mériterait mieux que d'être ligotée par les coutumes en temps de paix ou de servir de « natte de combattant » en temps de guerres. »40(*)

Toutefois, on ne peut passer sous silence le fait que les femmes étaient tout de même respectées et jouissaient de nombreux privilèges de la part des hommes dans toute cette région.

2.2.3. L'impact de la guerre

Bien que le statut inférieur de la femme contribue aux violences sexuelles dans cette partie du pays, les guerres interminables dont cette région a souffert, ont plus amplifié ce phénomène. Il faut donc chercher des raisons ailleurs et nous penchons plus vers la thèse selon laquelle ces pratiques ignominieuses, ces violences de grande envergure, tirent leur origine du Rwanda et du Burundi. Elles n'ont d'autre but que l'humiliation du peuple congolais, une vengeance qui ne dit pas son nom, une arme de guerre.

En effet, au Burundi et au Rwanda, les violences sexuelles sont une monnaie courante. Le recours systématique au viol chez les milices venant de ces pays limitrophes et intervenant dans le conflit armé au Sud-Kivu en général et au Diocèse d'Uvira en particulier, s'explique par le fait que parmi les forces armées impliquées dans cette guerre se trouvaient des rwandais et des burundais.

Notons qu'au Rwanda, lors du génocide de 1994, les femmes Tutsi et Hutu, ont été victimes de violences sexuelles à grande échelle, violences perpétrées par les milices armées hutu, les soldats des Forces Armées Rwandaises ainsi que par des civils. Après la victoire du Front Patriotique Rwandais (FPR), les soldats Tutsi de l'Armée Patriotique Rwandaise (APR), ont violé des femmes Hutu, dans le but de venger les femmes Tutsi qui avaient été violées par les milices Hutu. Les témoignages s'accordent sur la brutalité avec laquelle ces violences ont été commises. Des milliers de femmes ont été violées par un ou plusieurs individus, avec des objets tels que des bâtons aiguisés ou des canons de fusils et soumises à l'esclavage sexuel. Elles étaient violées, après avoir assisté parfois à la torture et au massacre de leur famille, au saccage de leur maison, etc. Un grand nombre de femmes a été tué après avoir été violé. De la même manière au Burundi, toutes les forces combattantes, y compris l'armée burundaise, ont commis des actes de violence sexuelle sur des femmes et des jeunes filles issues de toutes les couches de la population.41(*) Ils ont ainsi importé ce qu'ils pratiquaient chez eux pendant les génocides qui se sont déroulés dans ces pays jusque sur le territoire congolais.

La République Démocratique du Congo en général et sa partie-Est en particulier, a connu depuis plus de deux décennies une longue période d'instabilité causée par des conflits armés qui s'y sont succédés. En effet, tout a commencé avec la première guerre, dite la « guerre de libération » menée par Laurent - Désiré Kabila de 1996 à 199742(*), guerre qui a abouti à la chute du Président Mobutu Sese Seko. Dans son entreprise, Kabila a été soutenu par des Etats étrangers, en l'occurrence le Rwanda et l'Ouganda. Le pouvoir de Kabila a été aussitôt ébranlé parce que ses mentors qui l'avaient porté au pouvoir, lui ont imposé une deuxième guerre, le 2 Août 1998, par le truchement d'un groupe de rebelles congolais d'origine tutsi. Ainsi, la République Démocratique du Congo fut à nouveau plongé dans un conflit armé qui impliqua non plus deux pays voisins mais cette foi-ci neuf pays africains. C'est la guerre menée par le Rassemblement Congolais pour la Démocratie (RCD).

Et malgré la signature de divers accords de paix à la base de la fin officielle de la deuxième guerre en 2003, en dépit de la mise sur pied du gouvernement de transition, qualifié de 1 + 4 qui a abouti aux élections générales de 2006, puis à celles de 2011, l'Est de la RDC, plus précisément le territoire diocésain d'Uvira, n'a pas connu de répit à cause de beaucoup de problème dont ses habitants sont victimes et aussi à cause de nombreux cas de violences sexuelles qui y sont dénombrés au jour le jour.

On ne peut passer sous silence le fait que l'occupation de cette partie du pays par le RCD a été accompagnée de nombreux abus perpétrés contre la population civile. Ainsi cette présence était d'autant plus mal digérée qu'elle était accompagnée des violations flagrantes des droits fondamentaux de la personne humaine, donnant ainsi l'impression au peuple congolais d'être victime d'une occupation étrangère. Les responsables de ce mouvement ont été accusés du pillage des ressources minières et agricoles de l'est du pays au bénéfice des Rwandais et des Burundais comme l'ont relevé plusieurs rapports élaborés par différentes organisations tant nationales qu'internationales.43(*)

Cette situation de belligérance dans la contrée favorisa l'apparition de nombreuses milices étrangères et locales en plus de celles qui existaient déjà depuis la guerre menée par Kabila. Citons entre autres les Interahamwe, les Maï- Maï tribaux, etc44(*).

Aussi, de nombreux cas de violences sexuelles et autres abus sexuels commis par des miliciens, des groupes armés, par des policiers et militaires de l'armée nationale et même par des civils, sur les filles, les femmes et même sur les hommes, ne cessent d'y être documentés45(*).

A ce jour donc, en plus de l'armée gouvernementale, on dénombre au diocèse d'Uvira une vingtaine de groupes armés et milices. Le tableau suivant le démontre clairement46(*) :

DESIGNATION

TERRITOIRE

 

1. Raïa Mutomboki

Mwenga : Kigalama, Mutunda

 

2. FDLR : groupe armé rwandais

Mwenga : Miki, Mulambozi, Luvumba

 

3. Yakutumba, Amuri, William

Fizi : Fizi, Lusuku, Bala, Sebele, Mboko, Nakiliza, Mulumba

 

4. Mayele Rashidi

Fizi : Swima

 

5. Bwasakala

Fizi : moyens plateaux des chaînes des monts Mitumba, Kabumbe

 

6. FDLR : groupe armé rwandais

Fizi : vers Misisi

 

7. Bede Rusagara

Uvira : Mutarule, Ndolera, Mulenge, Mudere

 

8. Molière

Uvira : Lemera

 

9. Fujo

Uvira : moyens plateaux des chaînes des monts Mitumba

 

10. Nyerere

Uvira : moyens plateaux des chaînes des monts Mitumba

 

11. Marambo

Uvira : moyens plateaux des chaînes des monts Mitumba

 

12. Kashogolosi

Uvira : moyens plateaux des chaînes des monts Mitumba, Makobola

 

13. Forces Nationales de Libération (FNL) : groupe armé burundais

Uvira : Kiliba

 

14. Ma-Ma Mahoro

Uvira : Bijombo

 

15. Ma-Ma Gumino, dissident de Forces de Résistance Fédéralistes (F.R.F.), chef Semahungwe

Uvira : Minembwe-Nord, Tawimbi

 

16. Ma-Ma Namushosi

Fizi : Milimba, vers Lulimba et Kitumba

 

17. Ma-Ma Biloze Bishambuke

Fizi : Milimba et moyens plateaux des chaînes des monts Mitumba

 

18. Ma-Ma Murumba

Fizi : Monda, vers Kagembe

 

19. Ma-Ma pro Kazadi

Fizi : Lulenge

 

20. Raïa Mutomboki

Fizi : Kasanya, Chakira, Kamombo

 

21. Abdul

Uvira : Lubarika

 

22. Nakiliba et Kapopo

Mwenga : Itombwe

Il ressort de ce tableau que c'est le territoire d'Uvira qui bat le record en nombre des milices et bandes armées, soit 45,4%. Vient ensuite le territoire de Fizi avec 40,9%, suivi de celui de Mwenga, soit 13,6 %. Il est à noter aussi que les groupes armés qui sévissent à Mwenga sont nés en dehors de ce territoire, l'un à Shabunda voisin - les Raïa Mutomboki- et l'autre est d'origine rwandaise - les FDLR-. Les moyens plateaux des chaînes des monts Mitumba constituent un sanctuaire des groupes armés et milices car c'est un milieu difficile d'accès. La plupart des cas de viols et violences sont imputés aux miliciens car cela se fait dans les champs, en cours de route, dans la foret et dans des endroits peu fréquentés et où ces groupes armés règnent en maître.

Nous devons toutefois noter que parfois, des civils et même des militaires de l'armée régulière, violent des femmes en se faisant passer pour des miliciens. Ils imitent parfois la façon de s'exprimer des éléments des FDLR et des FNL pour cacher leur identité.

D'après de nombreux rapports de la Commission Diocésaine Justice et Paix du Diocèse d'Uvira ainsi que de ceux d'autres organisations de défenses des droits humains, les présumés auteurs des violences sexuelles dans cette contrée se recrutent le plus souvent parmi les miliciens, les membres des bandes armées étrangères, les militaires de l'armée nationale, les policiers et même les civils. Bref, aucune catégorie de la population n'est exempte de cette pratique qui a pris des formes et typologies multiformes. Nous y reviendrons dans notre troisième chapitre en sa deuxième section, lorsque nous présenterons un tableau synthétique des violences sexuelles faites à la femme, à la jeune fille et à l'homme au diocèse d'Uvira, d'avril 2010 à avril 2013.

Le phénomène violences sexuelles étant une affaire qui concerne la société tout entière, il exige alors que tout le monde s'implique pour y apporter une réponse : le gouvernement, les ONGs de droits de l'homme, etc. C'est dans ce cadre que la législation nationale produit des lois pour réprimer cette infraction. Et face à l'ampleur qu'a prise ce phénomène, le législateur congolais a dû au fil de temps adapter les sanctions à l'encontre de ces actes infâmes.

SECTION 2. LA REPRESSION DE LA VIOLENCE SEXUELLE DANS LA

LEGISLATION CONGOLAISE

Il nous a paru indispensable de faire ce rapide survol historique du cadre juridique national de la RDC pour comprendre comment la législation de ce pays réprime les violences sexuelles. Force est de faire remarquer que depuis l'époque coloniale, pendant la deuxième république et jusqu'à ce jour, le viol, mieux la violence sexuelle, a toujours été réprimée par la législation congolaise aussi bien par la justice militaire que par la justice civile. Notre souci n'est pas d'analyser la législation relative à la répression des violences sexuelles en RDC - comme le ferait un juriste - mais celui de décrypter comment cette dernière a évolué dans la définition des formes des violences sexuelles, dans la désignation des victimes et enfin dans l'aggravation des peines.

2.1. La Justice Militaire

2.1.1. Le Code de justice militaire de 1972

Dans le Code de Justice militaire de 1972, le crime de viol commis par un membre des forces armées congolaises était qualifié et punis selon la loi n° 72/060 du 25 septembre 1972 portant code de justice militaire jusqu'à la fin de l'année 2002. Notons tout de suite que le code militaire de 1972 ne disposait pas d'un article traitant de toutes les formes de violences sexuelles. Ainsi, en cas de poursuite, cette lacune était comblée par l'article 1er dudit code disposant que le décret du 30 juin 1940 portant Code pénal Congolais, un code de justice civile, est également applicable aux membres des forces armées.47(*)

2.1.2. Le Code de Justice militaire de 2002

Un grand pas est franchi dans ce code car la loi n° 24/2002 du 18 novembre 2002 portant Code pénal militaire en son article 169, paragraphe 7 dispose que « le viol, l'esclavage sexuel, la prostitution forcée, la grossesse forcée, la stérilisation forcée et tout autre acte de violence sexuelle de comparable gravité sont considérés comme des crimes contre l'humanité passibles de la peine de mort ». Le code de justice militaire de 2002, dispose qu'en plus du viol, d'autres actes constituent des formes de violences sexuelles et sont également punis par ce code.

2.2. La Justice Civile

2.2.1. Le Décret du 30 juin 1940 portant Code pénal Congolais

L'infraction du viol, dans le Décret du 30 juin 1940 portant Code pénal Congolais, est réprimée par les articles 170, 171 et 171, bis. En effet, l'article 170 du Code Pénal Congolais dispose que « est puni de servitude pénale de 5 à 20 ans celui qui aura commis un viol, soit à l'aide de violences ou menaces graves, soit par ruse, soit en abusant d'une personne qui, par l'effet d'une maladie, par l'altération de ses facultés ou par toute autre cause accidentelle, aurait perdu l'usage de ses sens ou en aurait été privé par quelques artifices48(*) Likulia Bolongo, s'appuyant sur ce qui précède, définit ainsi le viol comme « La conjonction sexuelle que l'homme peut imposer à la femme par la violence. Autrement dit, l'acte par lequel une personne du sexe masculin a des relations sexuelles avec une personne de sexe féminin contre le gré de celle-ci, soit que le défaut de consentement résulte de la violence physique ou morale, soit qu'il résulte de tout autre moyen de contrainte ou de surprise. »49(*)

De cette définition, il ressort que le viol était limité juste à l'introduction de l'organe génital de l'homme dans les parties génitales de la femme. Donc, tout autre acte sexuel qui n'aboutit pas à la conjonction sexuelle ne pouvait nullement être considéré comme un viol mais plutôt comme une simple infraction d'attentat à la pudeur50(*). Ainsi, l'introduction d'un doigt, d'un bâton ou d'un quelconque autre objet différent de la verge, dans le vagin d'une femme, malgré sa résistance, ne figure pas parmi les actes qualifiés de violences sexuelles, tout comme l'introduction par l'homme, sans le consentement de la femme, du pénis dans l'anus ou dans la bouche de cette dernière.51(*) En sus, pour ce code, la victime du viol ne pouvait être qu'une femme, l'homme étant exclu du champ du viol de relations sexuelles qui pouvaient lui être imposées par une femme.

Abordant l'aspect lié à la protection des mineurs par la législation congolaise, nous nous rendons compte que le Décret du 30 juin 1940 portant Code pénal Congolais qualifiait de viol à l'aide de violence exclusivement le seul fait du rapprochement charnel des sexes commis sur toute personne âgée de moins de 14 ans.52(*) D'autre part, les mineurs, victimes ou survivants de viol dont la tranche d'âge était de 14 à 18 ans n'étaient pas suffisamment protégés contre les abus sexuels par la législation congolaise.53(*)

2.2.2. La Constitution du 18 fevrier 2006

Après la fin officielle des hostilités en République Démocratique du Congo, il devenait de plus en plus pressant et urgent d'adopter une nouvelle législation relative à la répression des violences sexuelles au regard de l'ampleur de ce phénomène. En effet, le Décret du 30 juin 1940 portant Code pénal Congolais était désormais suranné face aux nouvelles formes de violences sexuelles auxquelles on assistait ainsi que nous le verrons au troisième chapitre de notre étude au point traitant de la typologie et des formes des violences sexuelles au Sud-Kivu.

En plus, ce qui a poussé la RDC à adopter de nouvelles lois réprimant les violences sexuelles c'est d'abord la banalisation des violences sexuelles à l'égard des hommes, ensuite l'absence d'une définition claire et nette du viol et enfin l'absence de célérité dans le traitement des dossiers.54(*) Ajoutons à ce qui précède la nécessité pour la RDC de se conformer à la législation internationale relative aux droits de l'homme réprimant les violences sexuelles : les Conventions de Genève du 12 août 1949, le Statut de la Cour Pénale Internationale, la Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard de la femme et enfin, la Convention relative aux droits de l'enfant.

C'est pour répondre à ces préoccupations légitimes que la Constitution du 18 février 2006, adoptée par référendum organisé du 18 au 19 décembre 2005, pénalise les violences sexuelles à l'encontre des femmes et des hommes. A ce sujet, elle dispose que : « Les pouvoirs publics veillent à l'élimination des violences sexuelles. Sans préjudice des traités et accords internationaux, toute violence sexuelle faite sur toute personne, dans l'intention de déstabiliser, de disloquer une famille et de faire disparaître tout un peuple est érigée en crime contre l'humanité puni par la loi.»55(*) Une nouveauté est introduite dans cet article : la reconnaissance par la loi du fait que c'est tout individu, masculin ou féminin, qui doit être protégé contre les violences sexuelles, celles-ci étant désormais érigées en crime contre l'humanité.

Il appartient aux pouvoirs publics de lutter bec et ongles contre toute forme de violence à l'encontre de la femme et cela dans tous les domaines de la vie. C'est ce qu'affirme la Constitution de la RDC qui stipule : « Les pouvoirs publics veillent à l'élimination de toute forme de discrimination à l'égard de la femme et assurent la protection et la promotion de ses droits. (...). Ils prennent des mesures pour lutter contre toute forme de violences faites à la femme dans la vie publique et dans la vie privée. La femme a droit à une représentation équitable au sein des institutions nationales, provinciales et locales. L'Etat garantit la mise en oeuvre de la parité homme-femme dans lesdites institutions. La loi fixe les modalités d'application de ces droits.»56(*) Cette disposition de la loi va ainsi à l'encontre de la discrimination faite à la femme par les us et coutumes et par les anciennes législations, lois qui sont d'une part à la base de la persistance des violences sexuelles contre les femmes, comme nous le démontrions au deuxième chapitre de notre travail au point sur le statut inférieur de la femme congolaise.

2.2.3. La loi n°06/018 du 20 juillet 2006 modifiant et complétant le décret du 30 janvier 1940

portant code pénal congolais

La loi n°06/018 du 20 juillet 2006 modifiant et complétant le Décret du 30 janvier 1940 portant Code pénal congolais introduit de nombreuses innovations en matière de la répression des violences en vue de répondre à la kyrielle de formes que dorénavant ces infractions présentaient. En effet, cette loi résolvait tant soit peu la crise créée par les conflits successifs en RDC depuis 1996. Ces innovations constituent un grand pas dans la répression des violences sexuelles en RDC. La loi n° 06/018 du 20 juillet 2006 intègre de nouvelles infractions empruntées au Droit International Humanitaire et regroupe les violences sexuelles en16 formes. Les dispositions prévues complètent et érigent en infractions, différentes formes de violences sexuelles, jadis non incriminées dans le Code pénal.57(*)

Parmi ces innovations58(*) retenons entre autres en ce qui concerne l'infraction de violences sexuelles, les modifications apportées à celle-ci : l'élément matériel, le moyen utilisé pour commettre le viol, le sexe de la victime, le viol réputé avec violence, les peines applicables, la catégorie des personnes vulnérables à protéger contre les violences sexuelles : les femmes, les enfants et les hommes, la qualification de viol qui ne nécessite plus comme élément matériel la pénétration effective mais même superficielle pour sa réalisation, la pénétration de tout autre partie du corps par n'importe quel objet - les doigts, une arme à feu, un couteau, un bâton, un morceau de fer, un débris de verre, une bouteille, et cela pour se conformer aux types de viol commis durant la guerre - dans l'anus, la bouche ou tout autre orifice, allongement de la liste des circonstances aggravantes du viol, ni l'immunité, ni la hiérarchie ou un quelconque commandement d'une autorité, n'exonèrent nullement l'auteur d'une infraction relative aux violences sexuelles de sa responsabilité.

2.2.4. Loi n° 09/ 001 du 10 janvier 2009 portant protection de l'enfant

La Loi n° 09/001 du 10 janvier 2009 portant protection de l'enfant protège ainsi les enfants contre le harcèlement sexuel, l'incitation, l'encouragement ou la contrainte d'un enfant à s'engager dans une activité sexuelle, la pédophilie, la pornographie, les chansons et spectacles obscènes, la débauche, la prostitution, l'exploitation sexuelle, la mutilation sexuelle, les agressions sexuelles, le viol, l'attentat à la pudeur, l'incitation d'un enfant à des relations sexuelles avec un animal, le fait de détenir un ou plusieurs enfants dans le but d'abuser d'eux sexuellement, la contamination délibérée d'un enfant ou d'une affection sexuellement transmissible incurable, notamment le VIH / SIDA, l'exposition d'un enfant à l'exhibition sexuelle, le proxénétisme à l'égard d'un enfant, l'esclavage sexuel d'un enfant.59(*)

Il va sans dire que la Loi n° 09/ 001 du 10 janvier 2009 portant protection de l'enfant, protège l'enfant contre tous les nouveaux types des violences sexuelles, mieux contre les différentes formes de violences sexuelles, tel que stipulé dans la loi n°06/018 du 20 juillet 2006 modifiant et complétant le Décret du 30 janvier 1940 portant Code pénal congolais. Ensuite, l'élément matériel du viol reste le même tout comme les peines à infliger aux personnes qui ont commis des exactions répréhensibles contre les enfants ; aucune catégorie d'individu n'est épargnée en cas de commission de violence sexuelle. Enfin, la pénétration même superficielle de l'organe génital dans quelque orifice que se soit de la victime, encore mineure, même avec son consentement, est répréhensible  tandis que les peines sont aggravées en fonction de la forme de violence sexuelle commise et du statut du violeur par rapport à la victime.

Malgré la promulgation de toutes ces lois réprimant les violences sexuelles, des cas des viols et autres ne cessent d'être relevés au diocèse d'Uvira. En d'autres termes, il ya comme une sorte de résistance de la population vis-à-vis d'un nouveau comportement qui leur est proposé, à savoir cesser avec des pratiques considérées par la loi comme des formes des violences sexuelles. Cette situation démontre l'urgence qui s'impose, à savoir celle de la mise sur pied d'une stratégie pour mieux communiquer ces textes à la population afin qu'elle les applique.

CONCLUSION PARTIELLE

Le chapitre a porté sur les sources et la répression des violences sexuelles dans l'environnement socioculturel congolais.

La première section a répertorié, entre autres, comme sources profondes de cette pratique, la précarité sociale, le statut inférieur de la femme dans les us et coutumes et même dans certains articles de la législation congolaise et enfin l'impact de la guerre. Il a été remarqué que la guerre a amplifié ce phénomène social car elle a charrié avec elles d'autres formes des violences sexuelles auxquelles on n'assistait pas encore jusque-là. La deuxième section a passé en revue la législation congolaise, militaire et civile qui réprime ces actes vils. Celle-ci essaie, comme nous l'avons constaté, de s'adapter aux nouvelles situations qui se présentent dans la contrée pendant que les présumés auteurs des violences sexuelles commettent ces infractions.

Malgré tout cela, il semble que les présumés violeurs résistent toujours et continuent à enfreindre cette loi. En effet, des cas des violences sexuelles ne cessent d'être relevés dans la contrée au jour le jour.

Tel est l'environnement socio-économico-culturel dans lequel la CDJP/ Uvira s'est lancée dans la lutte contre ce comportement qui va à l'encontre des droits humains. Quelles stratégies de communication la Commission Diocésaine Justice et Paix du Diocèse d'Uvira met-elle en oeuvre dans sa lutte contre les violences sexuelles  dans cette région ? La réponse à cette question constitue l'objet du troisième chapitre.

CHAPITRE  III : LA PRATIQUE  DE LA  COMMUNICATION DE LA CDJP/UVIRA DANS LA LUTTE CONTRE LES VIOLENCES SEXUELLES

0. INTRODUCTION

Ce chapitre comporte quatre sections. La première est une brève description du diocèse d'Uvira. Dans la seconde, nous décryptons les stratégies que la CDJP/ Uvira met en oeuvre pour lutter contre les violences sexuelles. La troisième abordera la problématique liée à l'étiologie et aux conséquences de ces violences sur les femmes, la jeune fille et les hommes ; bref sur la société tout entière.

SECTION 1. BREVE PRESENTATION DU DIOCESE D'UVIRA60(*)

Le Diocèse d'Uvira est l'un des 47 diocèses de la République Démocratique du Congo. Il a été érigé canoniquement le 16 avril 1962 par Sa Sainteté le Pape Jean XXIII.

Du point de vue administratif, il est situé dans la province du Sud Kivu, à l'Est de la République Démocratique du Congo. Il comprend trois zones pastorales : Fizi, Uvira et Mwenga avec 18 paroisses. Notons toutefois que les Paroisses de Nakiliza et de Kamanyola se trouvent respectivement dans les territoires de Kabambare et de Walungu. Ce diocèse s'étend sur une superficie de 36.000 Km² avec une population hétérogène, estimée à environ 1.600.000 habitants appartenant à différentes confessions religieuses. On y dénombre 600.000 chrétiens catholiques.

Le Diocèse d'Uvira est limité à l'Est par la République du Burundi, à l'Ouest par le Diocèse de Kasongo, au Nord par le diocèse de Bukavu, au Nord-est par le Rwanda et au Sud par le diocèse de Kalemie.

Voici la carte géographique du diocèse d'Uvira :

SECTION 2. LA COMMISSION DIOCESAINE JUSTICE ET PAIX DU DIOCESE

D'UVIRA ET LA LUTTE CONTRE LES VIOLENCES SEXUELLES

2.1. Brève historique de la CDJP / Uvira

La Commission Diocésaine Justice et Paix / Uvira a été créée le 19 février 2003. Elle fonctionne dans les 18 paroisses du Diocèse d'Uvira. Depuis sa création, elle ne cesse de former des animateurs en droits humains. Cette structure diocésaine a été mise sur pied après une analyse approfondie de différents problèmes relatifs aux violations et abus des droits humains dont la population du diocèse d'Uvira était victime. Cette situation catastrophique a été accentuée par la guerre et par l'inexistence de véritables associations de défense des droits humains et l'ignorance par la majorité de la population mais aussi des autorités publiques des droits, libertés et devoirs des citoyens.

2.2. Les activités de la CDJP / Uvira

Depuis sa création et jusqu'à ce jour, la CDJP / Uvira a organisé différentes activités dont :

ü La formation des animateurs paroissiaux, des leaders sociaux, des autorités politico-administratives, des membres des communautés ethniques, des responsables des confessions religieuses d'Uvira, de Fizi et de Mwenga en droits humains, en résolution pacifique des conflits, sur le fonctionnement de la justice et en éducation civique et électorale.

ü Le travail d'observatoire des conflits, de Monitoring et reportage des cas des violations des droits de l'homme.

ü Le travail de médiation pour une réconciliation des communautés de base en cas des conflits.

ü L'animation de l'émission radiodiffusée `'Haki na Amani kwa wote'' (Justice et Paix pour tous), à la RTNC Uvira.

ü La sensibilisation des communautés locales au respect des droits de l'enfant et à la prévention des violences faites à la femme.

ü L'assistance psycho-sociale, juridique, médicale et la réinsertion socio-économique des Femmes et Filles Victimes des Violences Sexuelles, etc.

2.3. Objectifs et Mission générale

La mission de la CDJP/Uvira est de conscientiser tous les acteurs sociaux sur la responsabilité commune des uns et des autres pour asseoir la paix dans la région. C'est la raison pour laquelle la CDJP/ Uvira n'exclut personne de son action et de ses programmes.

Comme objectif principal, la CDJP / Uvira vise la libération de toutes les populations en général, sans exclusive, habitant l'aire géographique du Diocèse d'Uvira, de l'ignorance de leurs droits, des lois de leur pays tout en leur apprenant les techniques appropriées de résolution des conflits qui les opposent les unes aux autres au sein de leurs communautés respectives. Et à travers d'autres activités, la CDJP contribue à la promotion durable de la paix en vue de la construction d'un Etat de droit et démocratique par des élections libres, transparentes et apaisées.

2.4. Stratégies de communication de la CDJP / Uvira dans la lutte contre les violences sexuelles

La CDJP / Uvira, pour lutter contre les violences sexuelles organise des sessions de formation et de sensibilisation pour différentes couches de la population : les chefs coutumiers, les leaders communautaires ou religieux, etc. Elle recoure aussi au théâtre, aux manifestations culturelles ainsi qu'aux campagnes médiatiques par la radio et les affiches pour faire passer son message. Cette commission a mis en place au niveau paroissial des Bureaux d'Ecoute comme à Baraka, à Kiliba et à Kamituga. Le rôle des prestataires dans ces bureaux d'écoute consiste en l'écoute active des rescapés des violences sexuelles, leur détraumatisation, la référence médicale et leur encadrement par l'octroi des AGR. Ce sont les assistantes psychosociales qui gèrent ces bureaux d'écoute. Celles-ci, avant de prester, suivent une formation qui est assurée par un psychologue de formation qui d'autre part supervise ces bureaux d'écoute. Le travail des assistantes psychosociales consiste à recevoir les survivantes, à les écouter, à les orienter et enfin à les prendre en charge psychologiquement. Ces bureaux d'écoute, pour rassurer les victimes, fonctionnent dans des maisons non poreuses, à côté d'un centre de santé partenaire de la CDJP / Uvira en vue d'éventuels soins médicaux à apporter aux victimes.

Afin de réaliser leur mission, les assistantes psychosociales doivent se présenter devant ces survivantes en bonne conseillère capable de les mettre à l'aise. D'autres qualités requises pour une assistante psychosociales sont : la compréhension, la patience devant la victime, abstention de juger, usage d'un langage clair, capacité à laisser la victime trouver la solution, être à mesure de tenir compte du langage non verbal, écouter attentivement, donner un appui émotionnel si nécessaire, rester disponible pour les rencontres futures, etc.

Les assistantes psychosociales sillonnent différents villages du diocèse en vue de la sensibilisation de la population sur les violences sexuelles et sur ses conséquences. Elles insistent en outre sur la loi qui réprime ces actes vils. C'est ainsi que certaines survivantes sortent de l'anonymat et dénoncent leurs violeurs. Comme conséquence de ces tournées à travers les villages, on assiste aussi à une prise de conscience de toute la population de ce drame qui la ravage.

En outre, la CDJP / Uvira recrute des bénévoles chargés de la sensibilisation sur la prévention et la lutte contre les violences sexuelles et enfin elle a créé trois synergies des mamans à Uvira, à Baraka et à Kamituga pour la sensibilisation de la population sur le VIH/Sida et les violences faites à la femme.

Ses partenaires dans ces activités sont entre autres Scottish Catholic International Aid Fund (SCIAF) et Mensen et Missie ou MM (Peuple en mission).

En jetant un coup d'oeil sur les activités de la CDJP / Uvira, nous y décelons aussi bien des forces que des faiblesses, des menaces et des opportunités en interne et en externe. 61(*)

Tableau de l'Analyse SWOT de la Commission Diocésaine Justice et Paix / Uvira :

ENVIRONNEMENT EXTERNE

ENVIRONNEMENT INTERNE

OPPORTUNITES

MENACES

FORCES

FAIBLESSES

ü La reconnaissance au ministère de la justice comme structure du diocèse ;

ü La bonne coopération avec le ministère de la justice et différents services de l'Etat ;

ü L'existence d'un nombre élevé de victimes des violences sexuelles ;

ü La possibilité de prendre en charge un grand nombre de victimes ;

ü Disponibilité des animateurs formés pour les sensibilisations, le monitoring et le suivi des actes des violences sexuelles ;

ü La confiance de la population ;

ü La législation réprimant les violences sexuelles ;

ü Existence des canaux de communication ;

ü Qualités des services.

ü Récession économique ;

ü Concurrence d'autres ONGs de droits de l'homme ;

ü Incompréhension des autorités civiles, militaires et coutumières ;

ü Esprit de vengeance des présumés violeurs pour les avoir fait arrêter ;

ü Menaces de mort des militaires et policiers condamnés à l'endroit des agents de la CDJP/ Uvira suite au viol.

ü Le combat pour une cause noble ;

ü La différence avec les autres ONGs de droits de l'homme ;

ü Les résultats réalisés ;

ü L'existence des animateurs et assistantes psychosociales ;

ü Bureaux d'écoute pour le suivi des rescapées des violences sexuelles ;

ü Main d'oeuvre qualifiée ;

ü Lutte contre les violences sexuelles ;

ü Promotion d'un nouveau comportement ;

ü Expérience et expertise ;

ü Prise en charge des victimes.

ü Manque de financement et de partenaires ;

ü Budget de fonctionnement faible ;

ü Manque de moyens matériels ;

ü L'existence des bureaux d'écoute dans certaines paroisses seulement.

ü Le message de lutte contre les violences sexuelles n'est pas très rependu dans tous les coins du diocèse ;

ü Manque d'appui institutionnel et de motivation de la part de certains animateurs bénévoles ;

ü Découragement de certains animateurs et assistantes psychosociales ;

ü Productivité réduite faute de moyens financiers ;

ü Manque d'une cellule de communication et des relations publiques.

Il saute aux yeux que les activités communicationnelles sont le maillon faible de la Commission Diocésaine Justice et Paix du Diocèse d'Uvira. Nous nous rendons compte qu'elle se penche plus vers la prise en charge psychosociale, juridique et l'octroi des Activités Génératrices de Revenu.

2.5. L'usage des canaux de communication

Dans son programme sur la lutte contre les violences sexuelles, la CDJP / Uvira recoure aux médias et au hors-médias. Dans le premier cas, elle utilise la radio, les panneaux, les affiches, les dépliants ainsi que le logotype. La CDJP / Uvira se sert de l'Internet juste pour l'expédition du courrier à ses partenaires et autres correspondants. Dans l'usage des hors-médias, la CDJP fait imprimer des t-shirts sur lesquels il est généralement indiqué : « Appui aux rescapées des violences sexuelles.»

Les messages lancés par la CDJP / Uvira dans sa campagne pour la lutte contre les violences sexuelles sont du type de :

ü Aidez la victime des violences sexuelles à ne pas se culpabiliser, à ne pas se sous-estimer, à accepter ce qui lui est arrivé et à prendre une décision qui convient pour sa vie.

ü Evitez tout arrangement à l'amiable car ce dernier encourage le viol et l'impunité.

ü Le viol est une urgence médicale de 72 h.

ü Dénoncez les cas de viol auprès des autorités compétentes.

La CDJP / Uvira indique sur ses panneaux et affiches moult services qu'elle offre aux survivantes des violences sexuelles : appui médical et psychosocial, assistance juridique, médiation familiale, réinsertion socio-économique et enfin comment aider une survivante des violences sexuelles. Sur ses dépliants figurent son historique, sa description, sa mission, ses objectifs, ses activités, ses partenaires, ses perspectives d'avenir et enfin son organigramme que voici :

ORGANIGRAMME DE LA CDJP / UVIRA

 
 
 
 

Evêque

 
 

Coordinateur

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Comptable

 

Dynamique Femme

 

Logistique

 

Secrétaire Caissière

 

Chargé de Programme

 
 
 
 
 
 
 
 
 

Assistant - Comptable

 

Entretien Charroi

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

CPJP

 

CPJP

 

CPJP

 

CPJP

 

CPJP

 
 
 
 
 
 
 
 
 

CLM-CLGP

 

CLM-CLGP

 

CLM-CLGP

 

CLM-CLGP

 

CLM-CLGP

 
 
 
 
 
 
 
 
 

CEV

 

CEV

 

CEV

 

CEV

 

CEV

Cette structure du diocèse fait passer à la RTNC / Uvira 4 émissions par mois, de 19h30' à 20h00'. Toutes ces émissions vont dans le sens de la lutte contre les violences sexuelles. La devise de cette structure diocésaine sur son logo est : « Ensemble, construisons la paix par la justice».

2.6. Tableau synthétique des violences sexuelles faites à la femme, à la jeune fille

et à l'homme au diocèse d'Uvira, d'avril 2010 à avril 2013

Le présent tableau, à titre illustratif, ne relève que quelques cas des violences sexuelles - 50 en tout - que la CDJP / Uvira a signalé au Diocèse d'Uvira. En effet, elle en a enregistré beaucoup plus que ce que nous proposons dans le tableau suivant ; d'autres seront signalés lorsque nous présenterons les résultats auxquels cette structure a abouti après son travail sur le terrain.

Etat matrimonial

Age

Année de viol

Lieu

Présumé violeur

Prise en charge

 

1. Mariée

49 ans

2010

Aux champs

2 soldats FDLR

Psychosociale

 

2. Veuve

50 ans

2010

Aux champs

1 soldat FDLR

Psychosociale

 

3. Mariée

42 ans

2010

En cours de route

8 soldats rwandais ont surgi de la forêt

Psychosociale

 

4. Mariée

23 ans

2010

Aux champs

3 miliciens hutu

Psychosociale

5.

Mariée

33 ans

2010

En cours de route

8 miliciens hutu

Psychosociale

 

6. Célibataire

28 ans

2010

Aux champs

1 civil

Psychosociale

 

7. Mariée

33 ans

2010

En cours de route

Violée par 3 miliciens hutu pendant 2 jours

Psychosociale

 

8. Mariée

38 ans

2010

En cours de route

5 miliciens hutu

Psychosociale

 

9. Mariée

38 ans

2010

Aux champs

2 civils

Psychosociale

 

10. Veuve

38 ans

2010

Aux champs

4 miliciens hutu

Psychosociale

 

11. Mariée

44 ans

2010

Aux champs

1 milicien hutu

Psychosociale

 

12. Veuve

58 ans

2011

Aux champs

2 miliciens hutu

Psychosociale

 

13. Mariée

40 ans

2011

Aux champs

5 miliciens hutu

Psychosociale

 

14. Mariée

53 ans

2011

Prison

Garde de prison

Psychosociale

 

15. Célibataire

14 ans

2011

Dans la maison

1 garçon civil

Psychosociale

 

16. Célibataire

18 ans

2011

Dans la forêt

1 civil

Psychosociale

 

17. Mariée

39 ans

2011

Dans la forêt

2 garçons civils

Psychosociale

 

18. Célibataire

16 ans

2011

A la maison

4 miliciens Ma-Ma

Psychosociale

 

19. Mariée

42 ans

2012

Dans la forêt

3 miliciens hutu

Psychosociale

 

20. Mariée

49 ans

2012

En cours de route

1 milicien hutu

Psychosociale

 

21. Veuve

60 ans

2012

A la maison

3 miliciens hutu

Psychosociale

 

22. Mariée

40 ans

2012

En cours de route

2 miliciens hutu

Psychosociale

 

23. Divorcée

69 ans

2012

En cours de route

Miliciens Ma- Ma

Psychosociale

 

24. Mariée

45 ans

2012

A la maison

2 miliciens hutu

Psychosociale

 

25. Célibataire

34 ans

2012

A la maison

3 militaires FARDC

Psychosociale

 

26. Célibataire

16 ans

2012

En forêt

1 garçon civil

Psychosociale

 

27. Mariée

57 ans

2012

En forêt

4 militaires FARDC

Psychosociale

 

28. Divorcée

42 ans

2012

A la maison

2 militaires FARDC

Psychosociale

 

29. Veuve

68 ans

2012

A la maison

2 miliciens Ma- Ma

Psychosociale

 

30. Célibataire

17 ans

2012

A la maison

1 militaire FARDC

Psychosociale

 

31. Mariée

45 ans

2012

A la maison

1 civil

Psychosociale

 

32. Mariée

33 ans

2012

Au village

2 civils

Psychosociale

 

33. Célibataire

17 ans

2012

Ecole

1 enseignant

Psychosociale

 

34. Veuve

46 ans

2012

Dans la forêt

2 miliciens Ma- Ma

Psychosociale

 

35. Mariée

40

2012

En cours de route

2 militaires FARDC

Psychosociale

 

36. Mariée

46 ans

2012

En cours de route

3 militaires FARDC

Psychosociale

 

37. Veuve

56 ans

2012

Dans les champs

1 militaire FARDC

Psychosociale

 

38. Célibataire

12 ans

2013

A la maison

1 civil

Psychosociale

 

39. Marié

53 ans

2013

Dans la forêt

3 miliciens hutu

Psychosociale

 

40. Célibataire

16 ans

2013

A la maison

1 féticheur civil

Psychosociale

 

41. Mariée

32 ans

2013

Dans la forêt

2 miliciens Ma- Ma

Psychosociale

 

42. Veuve

37 ans

2013

Dans la forêt

2 militaires des FARDC

Psychosociale

 

43. Célibataire

60 ans

2013

A la maison

3 miliciens hutu

Psychosociale

 

44. Mariée

47 ans

2013

Dans la forêt

1 milicien Ma- Ma

Psychosociale

 

45. Mariée

39 ans

2013

En cours de route

2 civils

Psychosociale

 

46. Divorcé

39 ans

2013

En cours de route

3 militaires FARDC

Psychosociale

 

47. Veuve

50 ans

2013

Dans la forêt

2 miliciens Ma- Ma

Psychosociale

 

48. Mariée

46 ans

2013

Aux champs

1 civil armé

Psychosociale

 

49. Célibataire

15 ans

2013

A l'école

1 enseignant

Psychosociale

 

50. Célibataire

13 ans

2013

Chemin de l'école

1 civil

Psychosociale

Source : Statistiques des filles et femmes violées établies par la CDJP/ Uvira : 2010-2013.

 

La lecture de ce tableau montre que beaucoup de cas de violences sexuelles ont été relevés durant l'année 2012, soit 19 cas sur 50, suivi de l'année 2013 avec 14 cas. Durant l'année 2010, on a enregistré 11 cas tandis qu'en 2011, 7 cas seulement ont été signalés. La conclusion que l'on tire de ces chiffres est que malgré toutes les activités qu'organise la CDJP / Uvira, pour lutter contre les violences sexuelles, de nouveaux cas de violences sexuelles ne cessent d'augmenter au jour le jour.

Ce tableau montre que les violences sexuelles au diocèse d'Uvira ont indistinctement frappé les femmes de tous les âges - même les enfants de 14 à 18 ans - quel que soit leur statut matrimonial : célibataire, marié, divorcé ou veuf. Les victimes dont l'âge varie entre 31 ans et 50 ans, soit 58%, sont les plus touchées. Elles sont suivies par celles dont l'âge varie entre 13 et 30 ans, soit 24%.

Les présumés violeurs appartiennent aussi bien milices locales (Ma- Ma, soit 14 %), aux milices étrangères (FDLR, soit 32 %), aux forces régulières (FARDC, soit 18%). On en trouve aussi parmi les civils, les enseignants, les gardes de prison et même les féticheurs.

Les lieux de commission de ces violences sont dans la plupart de cas les champs, en cours de route, dans la forêt et même en prison. Parmi les milieux propices à ces violences sexuelles, l'on peut citer en outre la famille, l'école, l'université, le milieu professionnel, les hôtels, les bars, les carrés miniers, etc. En famille, les violeurs habituels sont les maris, les cousins, les neveux, les beaux-frères. Beaucoup de femmes mariées sont victimes de violences sexuelles de la part de leurs propres époux. L'absence de dialogue, la sous-information au sein des foyers et la chosification de la femme sont autant des facteurs qui expliquent cet état de choses.

Ceci démontre amplement que ce phénomène appartient réellement à un système comportemental qui désormais caractérise toute la société et qui d'autre part demande une réponse impliquant tout le monde.

2.7. Résultats des actions menées par la CDJP / Uvira dans sa lutte contre les

violences sexuelles :

Domaine

Indicateurs d'activités

Résultats

Santé

 

2010 - 2011

2011 - 2012

2012 - 2013

1. Chirurgical

21

32

8

2. Médical

2303

1544

1243

3. Prénatal

153

110

94

4. Psycho-social

2568

1785

1307

Accès à la justice

5. Conseil légal

0

2

3

6. Fixation des dossiers

97

55

40

7. Nombre des jugements obtenus

51

31

33

8. Enregistrement (enfants nés de viol)

51

31

33

Services rendus

9. Accès à la scolarité

0

0

0

 

10. Soins de santé

252

281

56

Activités socio-économiques

11. Formation des victimes sur les Droits humains

157

150

150

 

12. Octroi des Kits pour AGR

· Rescapées : 250

· Mères d'enfants nés de viol : 50

· Rescapées : 200

· Mères d'enfants nés de viol : 50

· Rescapées : 200

· Mères d'enfants nés de viol : 50

Sensibilisation

13. Sensibilisation communautaire

· Formation de 46 médiateurs communautaires

· Formation de 64 volontaires communautaires

· Formation de 50 médiateurs communautaires

· Formation de 80 volontaires communautaires

· Formation de 50 médiateurs communautaires

· Formation de 72 volontaires communautaires

 

14. Formation des leaders communautaires (Formation des autorités politico-administratives)

76

70

71

15. Publication des feuillets

400 feuillets et 52 affiches ont été produits

400 feuillets et 52 affiches ont été produits

400 feuillets et 52 affiches ont été produits

16. Emissions radio

48 émissions radio produites

60 émissions radio produites

48 émissions radio produites

 

17. Réintégration sociocommunautaire

86

18

35

Ce tableau présente brièvement comment la CDJP / Uvira se bat pour pouvoir apporter une aide consistante aux rescapés des violences sexuelles. Cette structure du diocèse prend en charge les survivantes des violences sexuelles sur différents points : psychologique, médical, juridique, socio-économique. Elle recourt tout de même aux canaux de communication pour sensibiliser la population sur ce fléau. Il sied toutefois de faire remarquer que des résultats palpables dans le cadre de la communication ne sont pas assez suffisants. Un effort doit donc être fait dans ce domaine afin que le message puisse permettre à la population tout entière de changer de comportement et cela pour un mieux-être de tous les habitants de la contrée.

D'après ce tableau, le nombre de victimes se compte en termes de milliers : 2568 cas en 2010 - 2011, 1785 cas en 2011- 2012 et 1307cas en 2012- 2013.

En sus, ce phénomène social, multifactoriel, s'est présenté sous différents types et formes dans l'aire géographique d'Uvira.

SECTION 3. TYPOLOGIE ET FORMES DES VIOLENCES SEXUELLES

Au Sud-Kivu en général et en particulier au Diocèse d'Uvira, depuis plus d'une décennie, différents types et formes des violences sexuelles y ont été répertoriés. De nombreux rapports et études à ce sujet, élaborés par nombreuses organisations de lutte pour les droits de l'homme tant civiles qu'à caractère religieux comme la CDJP/ Uvira, par des chercheurs et même par le gouvernement congolais, se sont penchés sur ce phénomène macabre.62(*)

Ainsi, les femmes, dans cette contrée, ont été victimes du viol, du mariage forcé, des agressions sexuelles, du rapt, de l'esclavage sexuel lors des attaques de certains villages par des miliciens et hommes en uniformes non autrement identifiés, etc. Elles ont eu à exécuter, contre leur gré, certaines corvées, comme le transport des butins de ces bourreaux après pillage, la cuisine pour les soldats du camp pendant plusieurs mois de détention. Certaines femmes ont eu à subir le harcèlement sexuel de la part des militaires et même de civils. Lors des incursions dans les villages, des hommes armés forçaient parfois des parents à s'adonner à l'exhibition sexuelle et ainsi les obligeaient-ils de temps à autre à s'accoupler avec leurs enfants devant les autres enfants et personnes présentes et vice versa.

Au nombre d'autres formes de violences sexuelles commises à l'encontre des hommes et des femmes au diocèse d'Uvira, citons entre autres, le déshabillage forcé, les insultes à caractère sexuel, les attouchements, les mutilations sexuelles, l'exploitation sexuelle. Le constat général est que la femme, en fait, semble subir, plus que l'homme, ces traitements exécrables à cause des préjugés et considérations négativistes dont elle est victime et ainsi la considère-t-on parfois dans nos sociétés comme un être inférieur à l'homme.

Mais alors, qu'est-ce qui motive les violeurs à agir de la sorte ? Quelles sont les conséquences sur la communauté tout entière de ces violences sexuelles?

SECTION 4. ETIOLOGIE ET CONSEQUENCES DES VIOLENCES SEXUELLES

SUR LES FEMMES AU DIOCESE D'UVIRA

La question qu'on peut se poser à ce niveau de notre investigation est celle de savoir comment peut-on expliquer ce comportement qui semble aller à l'encontre de l'agir normal du genre humain. Qu'est-ce qui est caché derrière un tel agissement ; en d'autres termes, quelle est la fonction latente des violences sexuelles dans l'espace diocésain d'Uvira ?

4.1. Examen étiologique des violences sexuelles au Diocèse d'Uvira

En faisant un examen étiologique sur les viols perpétrés au Sud-Kivu en général et au diocèse d'Uvira en particulier, ce tableau macabre montre que des femmes les ont subi de la part des hommes en uniformes dans le but non seulement de les punir mais plus encore pour les humilier. Ces viols ont en outre été commis contre les filles et les femmes par des membres de plusieurs bandes armées étrangères afin de combattre et d'humilier l'ennemi mais en outre avec comme finalité l'extermination du peuple congolais en inoculant des maladies incurables comme le VIH / SIDA aux victimes. Dans certaines circonstances, le viol a été considéré, soit comme une prime à la bravoure des combattants, soit comme un butin de guerre.63(*)

Les fausses croyances et la superstition, la ritualisation du viol pour capter ou neutraliser des forces magiques tout comme les pesanteurs traditionnelles coutumières, ont poussé des combattants à commettre des crimes odieux contre les filles vierges, les femmes âgées, les femmes enceintes et celles qui allaitent mais aussi contre les hommes. C'est ce que confirme Muntazini lorsqu'il écrit : « Certaines fausses idées distillées parmi les combattants leur font croire que la consommation de rapports charnels avec une jeune fille impubère ou une femme ménopausée peut leur procurer l'immunité face aux MST, renforcer leur combattivité ou les mettre à l'abri des aléas de la guerre. Dans les milieux des exploitants miniers artisanaux, les mêmes croyances accordent des chances de succès à ceux des creuseurs qui s'adonnent à ce type d'activités.»64(*)

Enfin, le viol est aussi considéré comme arme de guerre : « Pour Mukwege, le viol est réellement une arme de guerre, un moyen de conquête. Si l'on s'acharne ainsi sur l'appareil génital de la femme, ce n'est pas sans raison, cela entraîne aussi une dépopulation. Non seulement parce que la femme risque d'être emportée par des maladies infectieuses, qu'elle ne pourra plus avoir d'enfants, qu'elle sera contaminée par le Sida et le transmettra... mais aussi parce qu'à côté d'elle, les hommes deviendront des victimes.»65(*)

Une telle situation ne peut que produire des conséquences néfastes sur la population tout entière. La suite s'y penche.

4.2. Conséquences des violences sexuelles66(*)

Déterminer avec exactitude toutes les conséquences des viols au Sud-Kivu en général et particulièrement au Diocèse d'Uvira s'avère une tâche incommensurable. Toutefois, nous pouvons les classer en trois principales catégories : conséquences sur la santé physique et reproductive, conséquences psychologiques et sociales et enfin conséquences socio-économiques.

Les conséquences sur la santé physique et reproductive des survivantes des violences sexuelles sont légion. Disons qu'un grand nombre de femmes et filles ont été torturées avant ou après le viol. Elles ont été victimes de plusieurs blessures, soit sur leur corps, soit au niveau des organes génitaux qui ont été transpercés par des armes à feu ou par des objets tranchants. Des cas de fracture du pelvis ont ainsi été relevés et ont été à la base de la stérilité de certaines femmes. D'autres éprouvent suite à ces abus sexuels des difficultés à avoir des relations sexuelles normales. Plusieurs cas d'hémorragies internes ont en outre été signalés ainsi que des fistules. Après le viol de certaines femmes ou filles, celles-ci ont soit contracté des grossesses non désirées, soit ont été atteintes des IST et même du VIH/SIDA. Certaines autres souffrent des troubles menstruels, des troubles gynécologiques, de l'hémorragie, etc. Comme on peut le remarquer, cette situation amène un problème de santé qu'il sied de résoudre au niveau multisectoriel.

Nombreuses sont les conséquences psychologiques qui surviennent chez les victimes de viols : troubles émotionnels se manifestant par des maux de tête, des nausées, des douleurs au ventre, des rougeurs, des dysfonctionnements sexuels, des insomnies ou de la fatigue. Ces troubles émotionnels se présentent aussi sous forme de dépression, de syndrome de stress post-traumatique, de choc, etc., la peur d'être rejetées par la famille ou la communauté.

Les conséquences socio économiques  ne sont pas à négliger. Dans la plupart de communautés ethniques qui vivent au diocèse d'Uvira, ce sont les femmes et les jeunes filles qui constituent la force productive qui fait vivre toute la famille. Or, après avoir subi un tel opprobre, cette classe productive ne sait plus exercer son petit commerce, ni aller cultiver les champs, ni s'adonner à quelque autre activité rentable pour la survie de la famille et de la communauté. En fait les femmes violées ont difficile à continuer leurs occupations, d'abord parce qu'elles ont été dépouillées de leur outil de travail lors des pillages de leur village, pillages suivis parfois des viols, soit parce qu'elles ont été affaiblies physiquement ou psychologiquement par les blessures ou traumatismes liés à ce viol. Elles cessent parfois ces activités par peur d'être violées à nouveau dans les champs ou sur la route qui mène au marché.

CONCLUSION PARTIELLE

Ce chapitre a tourné autour de quatre sections. La première a présenté succinctement le diocèse d'Uvira du point de vue géographique et historique. La deuxième, après avoir situé la CDJP/ Uvira comme l'une de ses structures, a passé en revue ses différentes actions en faveur des survivantes des violences sexuelles mais aussi en vue d'endiguer ce fléau. La troisième s'est penchée sur la typologie et les formes que prennent les violences sexuelles dans cette région d'après les rapports de la CDJP/ Uvira ainsi que de ceux d'autres organisations qui s'intéressent à cette question. La dernière section enfin, a été consacrée au décryptage de l'étiologie et aux conséquences de ces actes ignobles sur la société qui habite l'aire géographique de notre étude.

Le phénomène des violences sexuelles touche toute la population et pour l'endiguer, ce sont tous ses membres qui doivent s'y impliquer. Que faire alors pour y parvenir ? La réponse à cette question est l'objet du dernier chapitre de notre travail.

CHAPITRE IV. INFORMATION, SENSIBILISATION ET CONSCIENTISATION DANS LA LUTTE CONTRE LES VIOLENCES SEXUELLES AU DIOCESE D'UVIRA

0. INTRODUCTION

Ce chapitre confirme l'hypothèse du travail (information, sensibilisation et conscientisation en vue de l'éradication de la violence sexuelle) et corrobore notre cadre théorique (la communication pour le changement de comportement). Le troisième chapitre vient de révéler que la violence sexuelle est toujours d'actualité au Diocèse d'Uvira. Ce constat alarmant nous invite à élaborer un projet, en matière de communication pour qu'il y ait un changement de comportement dans la contrée. Cependant, avant d'élaborer des stratégies de communication en vue de l'éradication du fléau, il s'avère, à notre avis, nécessaire de connaître d'abord la manière dont la population concernée comprend le concept « violence sexuelle », ensuite si elle est au courant des institutions qui préviennent, répriment et prennent en charge les victimes des violences sexuelles et enfin si cette population est capable d'envisager, elle-même, des solutions pour éradiquer le fléau. Le chapitre comprend donc deux sections : une enquête pour se rendre compte de l'état des connaissances de la population sur le fléau d'une part, avant d'envisager des stratégies de communication y afférentes, d'autre part.

SECTION 1. ENQUETE SUR LA MAITRISE DES CONNAISSANCES RELATIVES

AUX VIOLENCES SEXUELLES

Nous aborderons brièvement dans cette section les points suivants : le site de notre enquête, l'échantillonnage auquel nous avons recouru dans l'administration de notre questionnaire d'enquête à la population du Diocèse d'Uvira pour avoir accès aux résultats dont nous avions besoin pour notre étude.

1.1. Site de l'enquête

D'avril 2010 à avril 2013, on compte par milliers les survivantes des violences sexuelles au Diocèse d'Uvira. Aux dires du Ministère du Genre, de la famille et de l'enfant, dans son récent rapport publié en 2013, on dénombrait en 2011, 2713 cas, en 2012, 5028 et au premier semestre de 2013, 1710 cas des violences sexuelles au Sud-Kivu.67(*) Pour la CDJP / Uvira, pendant la période qui nous préoccupe, 5660 cas ont été documentés par les assistantes psychosociales sur l'ensemble de tout le territoire diocésain d'Uvira68(*).

Ce sont donc ces données qui ont constitué la base sur laquelle nous avons mené nos enquêtes, données à relativiser étant donné que plusieurs autres cas échappent à la comptabilité établie à ce jour par la CDJP / Uvira. La sécurité fragile de nombreuses régions et l'inaccessibilité de certains lieux ont rendu difficile notre accès à certaines données qui seraient peut-être d'un grand intérêt pour notre travail.

Nous ne pouvons pas passer sous silence les menaces qui pèsent sur les victimes des violences sexuelles : la peur de représailles de la part des auteurs des viols, le risque du rejet par les familles, le mépris de la part des communautés qu'éprouvent les victimes, etc. Tout ceci les empêche de rompre le silence. D'autre part, certaines victimes ne demandent et parfois n'accèdent aux soins médicaux que longtemps après la commission du forfait : ceci rend difficile la tâche d'évaluer l'état actuel de la situation.

Cela étant, il ne nous a pas été aisé de déterminer la taille de notre univers d'enquête. Et bien que nous ayons la taille exacte du site d'enquête, son étendue, les contraintes liées au temps, à la modicité de nos moyens matériels et financiers, ne nous auraient par permis d'entrer en contact avec chacune des unités faisant partie de l'univers d'enquête.

Pour ce faire, nous avons donc procédé par l'échantillonnage pour prélever quelques individus représentatifs sur lesquels nous avons fait notre enquête sur terrain.

1.2. Echantillonnage

Nous avons opté pour l'échantillonnage par quotas. Etant donné que la taille réelle de la population mère n'est pas connue, nous avons interrogé 120 personnes, 50 hommes et 70 femmes. Pour faire partie de cet échantillon, l'on devait répondre aux critères suivants : connaître le phénomène des violences sexuelles, avoir connaissance de la CDJP/Uvira et enfin être à mesure de proposer des solutions afin d'éradiquer ce fléau.

En plus des 120 individus auxquels nous avons de manière systématique administré notre questionnaire durant notre descente sur terrain, nous avons eu en sus des entretiens fructueux avec la population contrôle, c'est-à-dire, certaines assistantes sociales de la CDJP / Uvira, des représentants de la société civile et enfin des agents actifs, membres d'autres associations et organisations non gouvernementales comme ceux de Pain aux Indigents et Appui à l'auto-Promotion (PIAP) et ceux de Programme de Secours aux Vulnérables et Sinistrés (PSVS), qui ont donné leurs points de vue sur cette question épineuse.

1.3. Dépouillement

Pour des raisons de commodité du travail, il nous a paru pratique de présenter les données d'enquête recueillies sur terrain dans un enchaînement logique, impliquant toute la population, c'est-à-dire, les survivantes des violences sexuelles, les populations civiles et militaires, etc., leurs états matrimoniaux, leurs âges, leur profession, ...

Les résultats sont présentés dans des graphiques ou histogrammes, faciles à interpréter et à lire. Elles reprennent de manière simple et clair les effectifs et les fréquences, les opinions des uns et des autres sur la question qui nous préoccupe.

Ne sont repris ici que les tableaux pertinents, les autres sont dans les annexes.

1.3.1. Connaissance des formes des violences sexuelles par les enquêtés :


Figure 1. Histogramme. Résultats sur cent sur l'opinion des 120 enquêtés concernant leur connaissance des formes des violences sexuelles.

Il est clair que tous ceux que nous avons interviewé, soit 100 %, ont connaissance des différentes formes des violences sexuelles.

1.3.2. Niveau de connaissance des formes de violences sexuelles :

Figure 2. Histogramme. Résultats sur cent du niveau de connaissance des formes de violences par 120 enquêtés.

Beaucoup de ceux que nous avons interviewés, soit 42,5%, disent avoir des connaissances suffisantes sur les formes des violences sexuelles, tandis que 23,3% avouent en avoir mais de manière insuffisante. La question à se poser est celle de savoir pourquoi alors cette pratique ne cesse de se perpétuer et pourtant la maîtrise de ces formes de violences est au zénith ? La réponse à une telle question ne peut être que du côté de la non conscientisation : la population est informée et sensibilisée mais elle n'est pas encore impliquée, elle ne s'engage pas encore dans la résolution du problème.

1.3.3. Canal de vulgarisation des mécanismes de lutte contre les violences sexuelles:

Figure 3. Histogramme. Résultats sur cent de l'opinion des 120 enquêtés sur le canal de vulgarisation des mécanismes de lutte contre les violences sexuelles.

Pour la plupart des interviewés, soit 31,6 %, ce sont les séminaires de formation organisés par les ONGs qui vulgarisent suffisamment les mécanismes de lutte contre les violences sexuelles. Ils sont suivis des animations, soit 24,1%, mais aussi le contact avec les victimes, soit 16,6% et enfin de la constitution, soit 12,5 %. Les résultats de cette graphique rejoignent ce que nous disions dans notre introduction ; ce sont des associations féminines, humanitaires et de défense des droits de l'homme, la Commission Diocésaine Justice et Paix du diocèse d'Uvira qui mènent dans la contrée différentes actions - animations, séminaires de formation, etc - pour lutter contre ce fléau.

1.3.4. Connaissance par les enquêtés de la Commission Diocésaine Justice et Paix

du Diocèse d'Uvira :

Figure 4. Histogramme. Résultats sur cent de la connaissance des 120 enquêtés de la Commission Diocésaine Justice et Paix du Diocèse d'Uvira.

Il saute aux yeux que tous nos interviewés, soit 100 %, connaissent bien la Commission Diocésaine Justice et Paix du Diocèse d'Uvira.

1.3.5. Opinion sur l'action de la CDJP dans la lutte contre les violences sexuelles :

Figure 5. Histogramme. Résultats sur cent de l'opinion des 120 enquêtés sur l'action de la CDJP dans la lutte contre les violences sexuelles.

Selon cette graphique, 33,3 % d'interviewés ont indiqué que l'action de la CDJP / Uvira sur terrain est insuffisante, d'où il faut poursuivre la lutte en recourant à d'autres stratégies. Pour 23,3 %, elle est efficace tandis que 21,6 % la jugent suffisante et non efficace.

1.3.6. Connaissance par les enquêtés des textes de loi réprimant les violences sexuelles : 

Figure 6. Histogramme. Résultats sur cent de l'opinion des 120 enquêtés sur la connaissance des textes de loi réprimant les violences sexuelles.

Il est un fait indéniable que tous ceux qui ont accepté de répondre à notre interview, c'est-à-dire 100 %, ont connaissance des textes de loi réprimant les violences sexuelles. 

1.3.7. Les vulgarisateurs de la loi réprimant les violences sexuelles : 


Figure 7.Histogramme. Résultats sur cent de l'opinion des 120 enquêtés sur les vulgarisateurs des textes de loi réprimant les violences sexuelles.

Les résultats présentés dans cette graphique démontrent amplement que 42,5 % d'interviewés estiment que ce sont les Organisations Non Gouvernementales (ONGs) qui vulgarisent plus les textes de loi réprimant les violences sexuelles. Elles sont suivies du gouvernement, soit 27,5 %. Comme on peut bien le constater, il y brille par son absence et laisse son travail aux autres au lieu d'assumer sa responsabilité. Enfin, viennent les médias et les églises, soit 15%. Que les ONGs occupent la première place, cela n'étonne guère car beaucoup dans la région, ont fait de la lutte contre les violences sexuelles leur priorité. A y voir de plus près, la plupart d'ONGs, tant nationales qu'internationales s'y intéressent car ce volet semble bien payer. Faisons remarquer que certaines d'entre elles, sans vergogne, gonflent les chiffres des victimes pour obtenir des financements, non pas en vue de venir en aide aux victimes, mais parfois pour leurs propres intérêts. Lydia Kavuo Muhiwa, en 2008, stigmatisait déjà cet état de choses dans une étude sur les violences sexuelles en Ituri.69(*)

1.3.8. La persistance des violences sexuelles :

Figure 8.Histogramme. Résultats sur cent pour nos 120 enquêtés sur les raisons de la persistance des violences sexuelles.

Comme l'illustre bien cette histogramme, 35,8% de nos enquêtés estiment que c'est l'insuffisance de l'information, de la sensibilisation et de la conscientisation qui est à la base de la persistance des violences sexuelles dans la région. Pour 31,6%, c'est la poursuite de la guerre, tandis que 23,3% pensent que c'est par ce qu'il n'ya pas assez de sanctions que cette hémorragie ne s'estompe pas.

1.3.9. Les voies et moyens pour lutter contre les violences sexuelles dans la contrée : 


Figure 9.Histogramme. Résultats sur cent des 120 enquêtés sur les voies et moyens pour éradiquer les violences sexuelles au Diocèse d'Uvira.

Cette graphique indique clairement que pour 45,8% de nos interviewés, l'une des solutions pour que les violences sexuelles cesse dans l'espace diocésain d'Uvira, c'est d' informer, de sensibiliser et de conscientiser tout le monde sur cette pratique macabre, sur ses conséquences néfastes sur la population mais aussi sur les bénéfices que la société peut en tirer en se comportant autrement. Pour les uns, soit 41,6 % c'est la cessation de la guerre qui mettra fin à ce phénomène tandis que pour d'autres enfin, 10,8 %, la lutte contre l'impunité est la meilleure solution pour en faire face. Ce sont là autant des voies et moyens préconisées par nos interviewés pour éradiquer le phénomène des violences sexuelles dans notre milieu d'étude.

1.4. RÉSULTATS DE L'ENQUÊTE

De tout ce qui précède, nous sommes parvenu aux résultats ci-après :

1.4.1. Connaissances suffisantes sur le concept des violences sexuelles et sur la loi réprimant ces violences sexuelles ;

1.4.2. Insuffisance de l'action de la CDJP / Uvira dans la lutte contre les violences sexuelles ;

1.4.3. Insuffisance d'information, de sensibilisation et de conscientisation fait persister les violences sexuelles dans la contrée.

Ces résultats nous permettent d'élaborer les stratégies de communication ( information, sensibilisation et conscientisation) en vue de lutter contre les violences sexuelles.

SECTION 2. STRATEGIES POUR L'ERADICATION DES VIOLENCES SEXUELLES

AU DIOCESE D'UVIRA

2.1. Vers la fin de l'impunité juridique

Afin de mettre un terme au cycle de violences sexuelles, nos interviewés ont proposé que l'impunité juridique dont jouit une certaine catégorie de gens cesse. En effet, la dernière loi promulguée et réprimant les violences sexuelles inclut désormais d'autres types de violences sexuelles qui ne figuraient pas dans les anciennes lois. Les peines de prison encourues par les agresseurs ont été allongées. Mais il faut maintenant que cette loi soit systématiquement respectée et que les juristes la prennent en compte pour que les condamnations suivent. Cela exige pour son application que les coupables soient jugés et condamnés, les victimes indemnisées. C'est seulement dans ce cas qu'elle sera connue des populations et pourrait avoir un réel effet dissuasif.

Relevons en outre certains obstacles liés à la mise en pratique de la loi réprimant les violences sexuelles : l'hésitation des femmes victimes de viols à parler de ce qu'elles ont subi, y compris à leur entourage, à dénoncer auprès de la police ou à entamer une action en justice. Les dénonciations et le reportage restent aussi limités car les victimes n'ont pas suffisamment confiance au système judiciaire congolais. Quelques - unes qui ont le courage de raconter ce qu'elles ont vécu, sont bien souvent déçues par les résultats des actions en justice entreprises. Ensuite, la corruption qui caractérise certaines personnes préposées à la justice ainsi que le manque de preuve de viol devant le tribunal obstruent parfois certaines actions en justice. Enfin, celles qui osent braver ces obstacles pour entamer des démarches judiciaires voient rarement leurs agresseurs condamnés et emprisonnés. C'est le cas de Kifaru dont les éléments avaient violé des centaines de femmes à Nakiele, Abala et Kanguli en décembre 2012 et dont l'affaire avait été tue suite aux pressions exercées sur la justice et les ONG de droits de l'homme comme la CDJP/ Uvira par certaines autorités militaires et politiques.

On ne peut passer sous silence le fait que les procédures judiciaires ont tout de même été améliorées par exemple par l'accélération des enquêtes préliminaires et en interdisant la résolution des cas à l'amiable. Des progrès nationaux en matière de justice sont à relever car on a assisté à l'organisation des procès contre des autorités militaires, civiles et autres. En effet, des procès contre de nombreux présumés violeurs ont eu lieu soit à Uvira soit en chambres foraines en différents lieux : Kamituga, Baraka et cela grâce au soutien financier des partenaires de la CDJP/ Uvira. C'est ainsi que le procès de Kibibi, un commandant des FARDC, dont les éléments avaient violé dans la nuit du 11 au 12 décembre 2012 à Fizi-centre une trentaine de femmes, avait été organisé en chambre foraine à Baraka, procès à l'issue duquel il avait été condamné à une peine de plusieurs années en prison.

En trois ans, d'après les statistiques établies par la CDJP/ Uvira, 115 survivantes des violences sexuelles ont bénéficié des procès pris en charge par cette organisation. Ces procès pour la plupart se font en plein air afin de persuader les autres potentiels violeurs à changer de comportement.

Il est nécessaire que tous les acteurs impliqués dans ce domaine fassent preuve d'engagement dans ce long processus et en premier lieu d'abord les autorités gouvernementales. La création de tribunaux de proximité avec des juges, des procureurs et des avocats déployés dans des zones reculées et inaccessibles - c'est dans ces zones-là que les violences sont les plus répandues - serait d'une grande avancée. La collaboration avec les autorités gouvernementales, les instances internationales, leur implication ainsi que la prise de conscience de tous dans la mise sur pied des stratégies opérationnelles pour faire face à ce fléau sera d'un grand intérêt afin de mettre fin au cercle vicieux de l'impunité.

2.2. La prise en charge psycho-socio-économique des victimes

Cet aspect n'a pas été relevé par nos interviewés mais nous considérons que la prise en charge de manière efficiente des survivantes des violences sexuelles est impérieuse. Les victimes en effet, ont grandement besoin d'aide psychologique afin de pouvoir se reconstruire. Il s'avère nécessaire de les indemniser moralement et physiquement par des séances de psychothérapie afin de les détraumatiser.

Il est donc question ici d'un ensemble d'activités qui visent les soins médicaux et la résolution des problèmes qui découlent d'une souffrance psychique ou sociale rencontrée par ces victimes et qui se manifestent par des symptômes comme la dépression, l'anxiété ou éventuellement par des troubles de comportement. Ces activités permettront d'améliorer les relations de chaque victime avec son environnement social et à recréer l'équilibre psychique et social de la femme ou de l'homme rompu par le viol. L'objectif ultime c'est l'obtention de la catharsis psychosociale de la victime afin qu'elle s'accepte et que la société l'accepte et la réintègre comme membre à part entière.

Dans cette démarche pour la réinsertion des survivantes des violences sexuelles, l'aspect économique consistera en l'organisation des activités génératrices des revenus donnant aux victimes la possibilité d'apprendre un nouveau métier ou de retourner à l'école pour les jeunes, par exemple. Ceci leur permettra une fois rétablies physiquement de pouvoir subvenir à leurs besoins. La CDJP / Uvira essaie autant que faire se peut de venir en aide aux survivantes des violences sexuelles dans ce domaine-là aussi.

2.3. Mettre fin aux conflits armés

Plus d'un de nos interviewés ont considéré que pour éradiquer les violences sexuelles dans l'aire géographique de notre étude, il faut coûte que coûte mettre fin à la guerre. Nous sommes naturellement porté à considérer à la suite de Lacône que « Malgré toutes les actions qui pourront être mises en oeuvre en amont pour prévenir les violences sexuelles, et en aval pour les punir, elles ne disparaîtront pas de RDC avant que le conflit prenne réellement fin. Pour que cela arrive il faut que le gouvernement de la RDC, les voisins impliqués et la communauté internationale réagissent vivement et s'entendent sur comment y parvenir. »70(*)

Nous l'avons démontré, dans les pages précédentes, chiffre à l'appui, que la plupart des présumés violeurs appartiennent aux groupes armés et milices qui grouillent dans l'espace diocésain d'Uvira. Afin donc d'y mettre fin, il s'avère nécessaire que le gouvernement s'y implique lui-même pour récupérer toutes ces zones de non-droit contrôlés par des miliciens rwandais et burundais et même nationaux. C'est seulement ainsi que l'Etat congolais pourra avoir accès à toute sa population et à la protéger.

Les différentes offensives militaires entreprises depuis un certain moment dans la région semblent montrer que le gouvernement congolais est bel et bien dans cet état d'esprit.

Toutefois, des opérations militaires comme « Amani Leo » et autres qui ont visé les rebelles rwandais des FDLR et autres miliciens, ont eu de multiples effets négatifs sur les populations proches des zones d'offensive. Le plus souvent, ces milices se vengent après et pendant ces opérations contre des civils, les prenant pour cibles. Ils commettent ainsi de nombreux viols contre eux comme par représailles. Ensuite ces affrontements entre armée régulière et milices obligent les populations à se mettre à l'abri, augmentant ainsi les risques de violences sexuelles sur les femmes déplacées.

Nous pensons qu'en plus des opérations militaires, l'Etat congolais doit utiliser une diplomatie agissante pour chasser les rebelles étrangers de son territoire en impliquant ses voisins et particulièrement ceux qui ont transposé leur conflit interne sur son sol : le Rwanda et le Burundi. Tous les acteurs de la communauté internationale avec à tête la MONUSCO (Mission de l'Organisation des Nations Unies pour la Stabilisation en République Démocratique du Congo), devraient non seulement dénoncer mais aussi et surtout agir pour mettre fin à ce conflit qui n'a que trop duré. Il appartient d'autre part aux bailleurs de fonds internationaux non seulement de financer des programmes pour la prise en charge des victimes, mais aussi de se situer dans la prévention et principalement mettre en oeuvre des stratégies pour endiguer le conflit.

2.4. Information, sensibilisation, conscientisation pour un changement de comportement

De nombreux interviewés ont préconisé que l'information, la sensibilisation et la conscientisation sont là des voies qui permettent à la population de cette contrée de changer de comportement : cesser de violer sexuellement les femmes, les filles et même les hommes. En effet, comme nous l'avons démontré dans la première section du premier chapitre de notre travail, ces trois étapes sont étroitement liées mais culminent vers la dernière qu'est la conscientisation. Le trinôme, Information, Sensibilisation, Conscientisation constitue pour nous l'arme du futur pour éradiquer les violences sexuelles au diocèse d'Uvira. Il est question d'informer l'opinion sur les violences sexuelles, de la sensibiliser car elles constituent un problème et enfin de l'y impliquer en la conscientisant afin qu'elle-même propose des solutions pour y faire face.

L'aspect lié à la conscientisation pousse donc le communicologue à privilégier l'appropriation du message par le public. Il appartiendra alors au chargé de communication d'une structure comme la CDJP/ Uvira de proposer d'abord aux gens le coût qu'ils devront subir en essayant autant que faire se peut de changer de comportement mais aussi en leur présentant une récompense qu'ils pourront tirer dans ce changement de comportement. Et pour cela, une appropriation des textes de la loi réprimant les violences sexuelles devra être traduite dans les langues vernaculaires du milieu afin que chacun puisse s'en imprégner et la connaisse réellement.

Dans une telle démarche, l'usage d'une communication claire, ouverte et engageante, permettra aux gens de décider eux-mêmes ce qu'ils veulent faire pour leur développement. Car, les gens ne modifient leur comportement, leurs attitudes et opinions qu'après avoir eu l'occasion de se familiariser avec la nouvelle idée dans leur esprit et par des exercices pratiques, l'objectif étant toujours de susciter la prise de conscience.  

Notons tout de même qu'il faut un certain temps pour que les hommes et les femmes changent d'attitude grâce à l'information. Ceci exige donc une certaine consolidation des acquis pour créer un comportement habituel. C'est seulement ainsi que nous obtiendrons ce que nous recherchons : la prise de conscience et l'obtention d'un changement durable de comportement. Afin d'atteindre un grand nombre de gens, il est naturellement de bon aloi que l'usage des médias et du hors-médias sera d'un grand profit.

2.4.1. Appréciations sur la communication de la CDJP/Uvira sur les violences sexuelles

Avouons que cette structure de l'Eglise particulière d'Uvira fournit autant que faire se peut des efforts pour communiquer sur les violences sexuelles et sur soi-même. Toutefois, nous constatons qu'il lui faut une certaine amélioration de sa stratégie communicationnelle afin qu'elle soit plus efficace. D'abord, elle n'a pas une cellule de communication. Ensuite ses messages sont trop longs et demandent beaucoup d'efforts pour la rétention. On parle très peu de la loi réprimant les violences sexuelles car on s'intéresse plus aux victimes pendant que nous préconisons que le travail se fasse en amont pour que les gens ne se comportent plus de cette manière là. C'est bien de s'occuper des victimes, mais c'est mieux de prévenir avant que l'acte ne se pose. Nous constatons enfin que la CDJP / Uvira utilise très peu l'Internet et d'autres canaux de communication éparpillés à travers le diocèse.

Ceci nous pousse en définitive à présenter une nouvelle façon de communiquer en ayant en tête que nos messages iront dans le sens de la conscientisation de la population sur le coût à supporter et sur les avantages qu'elle engrangera. Pour cela, il nous faut d'abord suivre une certaine démarche, mieux un plan de communication stratégique du marketing social.

2.4.2. Proposition d'un plan de communication stratégique du marketing social

Il sied avant d'entrer en profondeur de notre sujet de préciser que la CDJP / Uvira, pour la promotion de ses activités ainsi que d'elle-même, doit utiliser le marketing social dont la communication consiste « à transmettre des messages à ses publics en vue de modifier en sa faveur leur niveau d'information et (ou) leurs attitudes et, par voie de conséquence, leurs comportements.»71(*) Le marketing social est donc l'application des techniques de marketing commercial à la promotion du changement social. Aux dires de Jacques de Guise, le marketing social : «  représente "une avance sur les autres stratégies de changement social" parce qu'il transfère au domaine social les connaissances acquises dans le domaine commercial: recherche des besoins, fixation d'objectifs mesurables, segmentation de la population, positionnement du produit, etc.»72(*)

Le marketing du secteur social ou des causes sociales se distingue du marketing marchand par le fait que le premier vise un but non lucratif. Ensuite, ce sont les promoteurs de ces causes qui les définissent.  Ces promoteurs se sont fait une idée de ce que la société devrait être mais n'y est pas encore parvenue. Leur objectif est donc de faire accepter cette idée : tel est l'objectif de la communication pour le changement de comportement. L'étude du marché, nécessaire pour parvenir à cette fin, est utilisée ici pour déterminer dans quelles conditions cette cause doit être présentée et promue.

Précisons en sus que dans son domaine d'application, la démarche du marketing social se déroule toujours de la même façon que celle du marketing marchand. A l'analyse du marché, succède le choix d'objectifs, puis d'une stratégie et enfin la mise en oeuvre de cette stratégie dans le cadre d'un mix  marketing : le produit, la distribution, la promotion et enfin le prix.73(*) L'attention se porte plus ici vers le client à satisfaire et non plus sur l'institution. Cette réflexion nous conduit à la détermination des composantes stratégiques du marketing pour l'institution.

2.2.1.1. Analyse de la communication de la CDJP / Uvira

A ce niveau de notre investigation, trois questions fondamentales vont guider l'élaboration de notre plan : comment la Commission Diocésaine Justice et Paix du Diocèse d'Uvira fait-elle sa promotion en interne et en externe ? Comment peut- elle mieux faire son marketing social ? Quels axes de communication lui proposons-nous?

Dans cette analyse, nous procéderons d'abord à un inventaire de la communication pour ensuite établir un diagnostic de celle-ci : l'état des lieux de la manière dont l'organisation communique en externe et en interne, la façon dont elle est perçue en externe, les facteurs externes et internes qui influent sur sa communication, la pertinence, la qualité et l'efficacité de sa communication, etc. Cette analyse nous permettra alors de dégager les actions ou axes de communications efficientes à même de contribuer à la réalisation des objectifs stratégiques et ainsi satisfaire aux besoins des groupes cibles.

2.4.2.1.1. Tableau d'analyse SWOT de la communication de la CDJP / Uvira

Communication externe

Communication interne

Opportunités

Menaces

Forces

Faiblesses

ü Pluralité des médias à capitaliser ;

ü Présence des entreprises de télécommunication avec lesquelles la CDJP / Uvira peut signer des partenariats pour un service de mailing ;

ü Réseaux sociaux comme espaces de vulgarisation des messages.

ü Message peu répandu dans tous les coins du diocèse ;

ü Manque de communication entre les services de l'Etat et la CDJP / Uvira ;

ü Concurrence des autres acteurs sur terrain.

ü Expérience et expertise  du personnel de la structure ;

ü Réseaux des assistantes sociales et animateurs ;

ü Réseaux des formés par la CDJP / Uvira.

ü Manque de soutien financier des partenaires ;

ü Budget de fonctionnement faible ;

ü Manque de moyens matériels ;

ü Manque d'une cellule de communication et des relations publiques ;

ü Manque d'une image de marque ;

ü Existence des bureaux d'écoute dans certains coins du diocèse.

2.4.2.1.2. Public-cible

Le marché ou le public - cible fait allusion à l'ensemble d'acheteurs potentiels qui constituent la demande en termes des besoins à satisfaire. Il nécessite une segmentation qui permet d'identifier les groupes distincts de clients qui réagissent de la même manière à l'offre qui leur est proposé74(*). Pour ce faire, nous segmentons ainsi la cible de la CDJP / Uvira en deux catégories : la population de manière générale et les victimes, les leaders d'opinion, les autorités civiles et militaires en particulier.

Nous présentons dans le tableau ci-contre la segmentation de la cible de la CDJP / Uvira et la répartition des médias correspondant à chacune d'entre elle.

Tableau récapitulatif de la segmentation des cibles :

Catégorie

Public-cible

Objectif

Message

Canaux

Principale

Victimes, leaders d'opinion, autorités civiles et militaires

Offrir à la cible des informations, les sensibiliser et les conscientiser sur les violences sexuelles

Non :

ü aux violences sexuelles

ü à la stigmatisation des victimes ;

Halte aux violences sexuelles.

Affiches, banderoles, médias, conférences, campagne d'information, de sensibilisation, et de conscientisation ; communication interpersonnelle.

Secondaire

Population

Informer, Sensibiliser et Conscientiser la population d'Uvira à la lutte contre toutes les formes de violences sexuelles ; la prévenir contre les effets et conséquences de ces violences.

ü Violer une femme, c'est violer sa soeur ;

ü Sauvons nos soeurs en dénonçant les viols.

Affiches, banderoles, médias, conférences, campagne d'information, de sensibilisation, et de conscientisation ;  communication interpersonnelle

2.4.2.1.3. Formulation des objectifs opérationnels de communication

A cette étape, il est question de proposer des messages pour un plus grand nombre tout en mettant un grand accent sur la communication et profiter ainsi des opportunités communicationnelles qui sont offertes à la CDJP / Uvira. Ainsi, nous estimons que les objectifs opérationnels de communication suivants peuvent tant bien que mal l'aider à atteindre ses objectifs stratégiques dans un échéancier de trois ans.

Ø Lancer une campagne d'information, de sensibilisation et de conscientisation dans les trois zones pastorales : Uvira, Fizi et Mwenga, en raison d'une zone par an, sur les effets néfastes et les conséquences des violences sexuelles sur la société, sur la loi réprimant les violences sexuelles de plus ou moins 6000 personnes. L'activité concerne 70% de la population du diocèse d'Uvira en vue du changement de comportement.

Ø Sensibiliser et conscientiser pour susciter l'adhésion de plus ou moins 6000 personnes : les victimes, les autorités civiles, militaires et coutumières.

Ø Travailler à la construction d'une image positive et forte de la CDJP / Uvira pour gagner le capital-confiance d'au moins 70 % de la population d'Uvira.

Ø Mettre en place une cellule de communication et acquérir 50 % des matériels nécessaires pour la communication interne et externe.

2.4.2.1.4. Solutions communicationnelles

Face à ses cibles qui ont droit de savoir et de comprendre, l'entreprise doit s'affirmer, parler, dialoguer, mieux, communiquer. Plus efficace sera sa communication, plus forte sera son image75(*). La communication ici permettra à la CDJP / Uvira de se positionner, de se donner une personnalité reconnaissable par tous ses publics et une identité distincte de la concurrence. La stratégie de la CDJP / Uvira à ce niveau consistera avant tout en la construction d'une image de marque différenciée, un capital-confiance, une identité de marque distinctive et visuelle lui permettant d'accroître et de fidéliser le public en vue d'une démarcation d'avec la concurrence.

Par conséquent, la communication devra alors viser trois actions76(*):

Ø faire savoir : les informations sur les violences sexuelles, leurs conséquences sur la société tout entière et la loi les réprimant. Ensuite, le nouveau comportement à adopter.

Ø faire aimer : travailler au développement d'une image positive de la CDJP / Uvira et aux attitudes favorisant le nouveau comportement qui consiste à ne plus se permettre de violer les femmes, les filles et même les hommes.

Ø faire agir : fidéliser le public à pérenniser le nouveau comportement en évitant les risques de rechute.

Les trois objectifs ci-dessus pourront être atteints grâce à la vulgarisation ou à la médiatisation de la loi et des conséquences néfastes des violences sexuelles à travers des bandes dessinées dans la langue vernaculaire, à la prévention- information dès l'école primaire, partenariat avec les détenteurs des ciné-vidéos pour la projection des films et documentaires allant dans le sens de la lutte contre les violences sexuelles, gamification ou ludification de la loi sur les violences sexuelles pour les enfants, émissions à la radio. Des tels messages doivent viser à faire comprendre l'impact des violences sexuelles sur la collectivité et les moyens de les prévenir. Ces messages devront être simples, clairs et faciles à comprendre afin de capter l'attention du destinataire. Pour ce qui est de l'information, de la sensibilisation et de la conscientisation, la stratégie consistera à faire connaître à un plus grand public possible les valeurs sociales défendues par la CDJP / Uvira : la lutte contre les violences sexuelles. Pour ce faire, l'attention sera mise sur le faire savoir pour susciter l'adhésion du public et le savoir faire du personnel de la structure pour acquérir une plus grande notoriété auprès du grand public.

2.4.2.1.5. Plan de mise en oeuvre, moyen de contrôle et évaluation et budgétisation triennales des activités

PLAN DE MISE EN OEUVRE DE L'ACTIVITE 1

Campagne d'information, de sensibilisation et de conscientisation

OBJECTIFS : Informer, sensibiliser et conscientiser 70% de la population du diocèse d'Uvira sur les violences sexuelles,

sur la loi les réprimant, sur leurs conséquences et susciter le changement de comportement.

PUBLIC-CIBLE : Principal et secondaire : victimes, leaders d'opinion, autorités civiles et militaires et toute la population.

Activités

Message

Responsables

Moyens/Canaux

Echéance

Emissions radiodiffusées

Les violences sexuelles : danger pour la société

Chargé de communication

radios

2014- 2016

Information, sensibilisation et conscientisation.

Non aux violences sexuelles !

Agents du service de communication, des relations publiques, de marketing, assistantes psychosociales, animateurs communautaires.

Communication interpersonnelle, sketch, saynètes, mailings, causeries éducatives, internet, communication de masse.

2014-2016

Caravane motorisée.

Halte aux violences sexuelles!

Motocyclettes, leaders d'opinion, personnel de CDJP/ Uvira, autorités civiles, militaires et coutumières.

Affiche sur les automobiles, sur les motos, aux différents coins de Baraka, Fizi et Kamituga, banderoles, T-shirt, casquettes, etc.

Janvier-décembre 2014

Conférences, séminaires de formation.

Ensemble pour la lutte contre les violences sexuelles.

Psychologue, juriste, sociologue, médecins.

Projection vidéo, affiches, banderoles, dépliants

2014-2016

Road show.

Combattons tous les violences sexuelles.

Coordonnateur de la CDJP / Uvira, Artistes musiciens ; Comédiens.

Affiches et banderoles, expositions dans les lieux de divertissements, saynètes, sketch, etc.

Décembre 2015

MOYENS DE CONTROLE ET EVALUATION DE L'ACTIVITE 1

Campagne d'information, de conscientisation et de sensibilisation

OBJECTIFS : Informer, sensibiliser et conscientiser 70% de la population du diocèse d'Uvira sur les violences sexuelles,

sur la loi les réprimant, sur leurs conséquences et susciter le changement de comportement.

PUBLIC-CIBLE : Principal et secondaire : victimes, leaders d'opinion, autorités civiles et militaires et toute la population.

Activités

Objectif

IOV

Résultats

Risques

Emissions radiodiffusées.

Sensibiliser pour prévenir la population des effets néfastes des violences sexuelles.

Descente sur terrain, nombre d'émissions diffusées, enquêtes et sondage d'opinions.

Diffusion effective de 70 % d'émissions.

Manques de moyens financiers et d'espace médiatique ; reprise de la guerre et insécurité.

Information, sensibilisation et conscientisation.

Susciter la prise de conscience de la population pour un changement de comportement.

Enquêtes et sondage d'opinions, diminution du nombre des cas des violences sexuelles.

70 % de la population informée, sensibilisée et conscientisée et adhère au message de changement de comportement.

Insuffisances des moyens matériels, financiers et humains, non adhésion de la population ; reprise de la guerre et insécurité.

Caravane motorisée.

Susciter la mobilisation sociale générale.

Descente sur terrain pour le sondage d'opinions et les enquêtes.

60% de la population touchée par l'action et informée de la cause sociale de la CDJP / Uvira.

Insuffisances des moyens matériels, financiers et humains, refus des autorités civiles ; reprise de la guerre et insécurité.

Conférences, séminaires de formation.

Informer, sensibiliser et faire prendre conscience à la population des avantages du changement de comportement.

Liste de présence, sondage d'opinions, courriers des participants et leurs recommandations, Nombre de participants.

70 % des conférences et séminaires de formations tenus.

Manque de salles de conférence, résistance des invités.

Road show (exposition).

Faire connaître les effets indésirables des violences sexuelles sur la population.

Nombre de visiteurs de l'exposition et diminution du nombre des cas des violences sexuelles.

70 % de road show tenus.

Manque de moyens financiers.

PLAN DE MISE EN OEUVRE DE L'ACTIVITE 2

Construction de l'image de marque

OBJECTIFS : Travailler à la construction d'une image positive et forte de la CDJP / Uvira pour gagner le capital-confiance

d'au moins 70 % de la population d'Uvira.

PUBLIC : Population du diocèse d'Uvira.

Activités

Message

Responsables

Moyens/canaux

Echéance

Emissions Radiodiffusées.

La lutte contre les violences sexuelles, c'est notre préoccupation!

Chargé de communication, psychologue.

radios locales

2014-2016

Diffusion publicitaire.

Non aux violences sexuelles !

La cellule de communication.

Affiches, radios, banderoles, Internet, mailings, dépliants, etc.

2014-2016

Journée portes ouvertes.

Exposition des photos des victimes, des séances de formation, des conférences, etc.

Chargé de communication et des Relations Publiques.

Affiches, banderoles, spots publicitaires.

Après chaque semestre

MOYENS DE CONTROLE ET EVALUATION DE L'ACTIVITE 2

Construction de l'image de marque

OBJECTIFS : Travailler à la construction d'une image positive et forte de la CDJP / Uvira pour gagner le capital-confiance

d'au moins 70 % de la population d'Uvira.

PUBLIC : Population du diocèse d'Uvira.

Activités

Objectifs

IOV

Résultats

Risques

Emissions Radiodiffusées.

Faire connaître et faire aimer la cause sociale défendue par la CDJP / Uvira.

Nombre d'émissions produites, enquêtes et sondage d'opinions.

70 % d'émissions radiodiffusées produites.

Manque d'espace à la radio.

Diffusion publicitaire.

Faire adhérer à la cause sociale et changer de comportement.

Nombre d'affiches exposées, nombre d'émissions radiodiffusées, nombre de banderoles exposées, de dépliants distribués, nombre de messages électroniques envoyés, sondages d'opinion, enquête sur terrain.

70 % d'émissions radiodiffusées produites ; 70% de banderoles exposées ; 70 % de dépliants exposés ; 70 % de messages électroniques envoyés.

Difficultés de production des spots publicitaires liées au manque de financement ; reprise de la guerre et insécurité.

Journée portes ouvertes.

Faire prendre conscience des conséquences des violences sexuelles, former et l'informer sur ce phénomène social.

Nombre de personnes qui ont visité les centres d'exposition de la CDJP / Uvira.

70 % de la population a visité les centres d'exposition de la CDJP / Uvira.

Difficulté de trouver un parrainage et un mécénat pour ce faire.

PLAN DE MISE EN OEUVRE DE L'ACTIVITE 3

Mise en place d'une cellule de communication

OBJECTIFS : Mettre en place une cellule de communication et acquérir 50 % du matériel nécessaire pour la communication

interne et externe.

PUBLIC : Personnel de la CDJP / Uvira.

Activités

Objectif

Responsables

Moyens/canaux

Echéance

Etude et analyse du marché.

Contrôler et vérifier les opportunités, les menaces, les forces et les faiblesses de l'environnement pour construire une image de marque.

Le chef de la cellule.

Enquêtes, sondages d'opinion, entretien.

Juin- Août 2014

Production des dispositifs médiatiques.

Médiatiser et transmettre les savoirs.

Chef de la cellule.

Humains, matériels et financiers.

2014-2016

Relations publiques.

Faire connaître, faire comprendre, faire adhérer à la cause sociale de la CDJP / Uvira en vue du changement de comportement.

Chef de la cellule.

Affiches, banderoles, dépliants, émissions.

2014-2016

Diffusion des messages.

Véhiculer l'image de marque pour gagner le capital-confiance et un bon positionnement sur le marché.

Chef de la cellule.

Radios, internet, affiches, banderoles, mailings ; etc.

2014-2016

MOYENS DE CONTROLE ET EVALUATION DE L'ACTIVITE 3

Mise en place d'une cellule de communication

OBJECTIFS : Mettre en place une cellule de communication et acquérir 50 % du matériel nécessaire pour la communication

interne et externe.

PUBLIC : Personnel de la CDJP / Uvira.

Activités

Objectif

IOV

Résultats

Risques

Etude et analyse du marché.

Contrôler et vérifier les opportunités, menaces, forces et faiblesses de l'environnement pour construire une image de marque.

Rapports des résultats des analyses et études menées sur terrain ; Rapports des activités.

70 % de l'étude et analyse du marché menées.

Etude et analyse biaisées ; insuffisance des moyens humains et financiers.

Production des dispositifs médiatiques.

Médiatiser et transmettre les savoirs.

Nombre des dispositifs médiatiques produits ; archives et rapports de travail.

70 % des dispositifs produits.

Manque de moyens humains, financiers et matériels.

Relations publiques.

Faire connaître, faire comprendre, faire adhérer à la cause sociale de la CDJP / Uvira en vue du changement de comportement.

Augmentation du nombre de partenaires, mécènes et sponsors.

70 % de partenaires, des mécènes et sponsors soutiennent les activités.

Manque de financement ;

reprise de la guerre et insécurité.

Diffusion des messages.

Véhiculer l'image de marque pour gagner le capital-confiance et un bon positionnement sur le marché.

Descente sur terrain pour mener des enquêtes et sondages d'opinions. 

70 % des activités soutenues grâce au capital-confiance acquis.

Retard dans la production et la diffusion faute des moyens financiers.

BUDGETISATION TRIENNALE DES ACTIVITES

Disons d'entrée de jeu que la budgétisation que nous proposons ici est juste à titre illustratif et ne tient compte que de l'aspect qui concerne la communication.

ACTIVITES

SOURCES DE FINANCEMENT

SOLDE en $

1.

Emissions radiodiffusées

Fonds propres

6.000

2.

Information, sensibilisation, conscientisation

Partenariat

12.000

3.

Caravanes motorisées

Mécénat

4.000

4.

Conférences, séminaires de formation

Parrainage

8.000

5.

Road show

Fonds propres

4.000

6.

Diffusions publicitaires

Fonds propres

3.000

7.

Journées portes ouvertes

Mécénat

2.000

8.

Etude du marché

Fonds propres

2.000

9.

Production des dispositifs médiatiques

Parrainage

3.000

10.

Communication téléphoniques, Internet

Fonds propres

4.000

11.

Diffusion des dispositifs médiatiques

Fonds propres

4.000

12.

Diffusion des messages

Partenariat

4.000

13.

Relations publiques

Fonds propres

2.000

14.

Imprévus

Fonds propres

600

 

TOTAL

 

60.600

CONCLUSION PARTIELLE

Ce dernier chapitre de notre investigation était constitué de deux sections. La première s'est penchée sur l'enquête afin de se rendre compte du niveau de connaissance de la population de la contrée à propos des violences sexuelles. Pour y parvenir, il a fallu aborder l'aspect lié au site d'enquête, à l'échantillonnage, au dépouillement pour enfin aboutir aux résultats tirés de l'enquête. La deuxième quant à elle a planché sur les stratégies à mettre en oeuvre pour éradiquer ce phénomène macabre de cette région. En plus de l'aspect juridique, de la cessation de la guerre, de la prise en charge psycho-socio-économique, un plan de communication marketing pour informer, sensibiliser et conscientiser la population du Diocèse d'Uvira s'avère l'une des voies pour extirper du milieu ce phénomène.

CONCLUSION GENERALE

Au terme de notre étude, disons que notre questionnement a tourné autour de l'information, de la sensibilisation et de la conscientisation dans la lutte contre les violences sexuelles par la Commission Diocésaine Justice et Paix à Uvira dans le Sud-Kivu. Notre objectif était celui de voir comment cette structure diocésaine met en marche différentes stratégies communicationnelles pour ce faire. Etant donné que ce phénomène social s'inscrit dans une systémique qui la maintient, son éradication exige par conséquent une réponse multidimensionnelle de la part de toutes les institutions humaines.

Il est heureux de faire remarquer à ce niveau de notre réflexion que notre cheminement scientifique nous a permis de confirmer notre hypothèse d'après laquelle informer, sensibiliser et conscientiser toute la population du diocèse d'Uvira, c'est-à-dire, les présumés violeurs, les potentiels violeurs ainsi que les survivantes des violences sexuelles, nous paraissent la voie, l'une des pistes pour le changement de comportement. Pour y parvenir, nous avons proposé un plan d'action marketing social de communication que la CDJP / Uvira peut mettre sur pied afin d'atteindre son but : persuader tout le monde pour l'adoption d'un nouveau comportement.

Le cadre théorique qui nous a guidé tout au long de cette recherche est la Communication pour le Changement de Comportement. Notre méthodologie, la théorie fonctionnelle, épaulée par la technique documentaire et la descente sur terrain, nous ont permis peu ou prou de comprendre ce phénomène social afin d'y apporter une réponse adéquate. Pour parvenir à réaliser notre enquête, nous avons constitué un échantillon par quotas, soit 120 personnes, c'est-à-dire 70 femmes et 50 hommes, étant donné que nous ne pouvions interroger tout le monde.

Notre investigation s'est articulée sur quatre chapitres en plus d'une introduction et d'une conclusion générales.

Le premier chapitre a planché sur les généralités relatives à notre sujet et sur le cadre théorique. Le second quant à lui, après avoir présenté la systémique des différents facteurs à la base des violences sexuelles au Diocèse d'Uvira : la situation de belligérance, les traditions, les us et coutumes, la loi congolaise, il a par la suite abordé la question liée à la répression par les textes des lois congolaises de ces actes vils. Le troisième chapitre a présenté brièvement le diocèse d'Uvira avant de passer en revue les actions que mène la CDJP / Uvira dans sa lutte contre les violences sexuelles. Ce chapitre s'est par la suite penché sur les formes et la typologie des violences sexuelles dans l'aire géographique de notre étude pour aboutir à l'étiologie ainsi qu'aux conséquences néfastes que cette pratique cause à toute la population. Le quatrième chapitre s'est évertué d'abord à présenter l'enquête sur la maîtrise des connaissances relatives aux violences pour ensuite se pencher sur les résultats que nous avons interprétés. Nous l'avons conclu par quelques suggestions pour l'éradication de ce phénomène social et par une proposition d'un plan de communication de marketing social à mettre en oeuvre pour une éradication effective de ce phénomène social au diocèse d'Uvira.

Après analyse de la situation, nous nous rendons compte que pour parvenir à notre finalité la communication durant le processus de changement exige que ça soit une affaire de tous dans l'échange interactif à tous les niveaux. Chaque acteur, ayant pris conscience des problèmes qui ébranle la société, pourra alors y apporter sa pierre pour la bâtisse de cette société où le changement de comportement aura le droit de cité. La communication permanente devient alors en quelque sorte ce prix à payer pour garder les différents protagonistes mobilisés et enrôlés.

Le changement de comportement est une chose éminemment difficile. Il demande beaucoup d'efforts, beaucoup d'investigation, de volonté et de patience dans tous les efforts à entreprendre. La communication pour le changement de comportement, c'est un processus qui permettra alors d'atteindre les groupes cibles à travers la création de messages ciblés et en exploitant de multiples canaux de communication et diverses approches. Voilà ce que nous avons osé proposer. Pour cela, il sied que les individus et les groupes puissent réduire leur niveau de risque ou modifier leurs comportements.

Nous avons constaté que quelque soit la volonté de l'Etat, des ONG... dans tout projet de développement ou de changement de comportement, la conscientisation de la population est un impératif dont on ne peut se passer. La lutte contre les violences sexuelles, le changement de comportement dans ce sens, est un combat de longue haleine. Sa réussite est largement tributaire de l'implication de tout le monde.

Disons enfin que nous n'avons apporté qu'une contribution partielle à la connaissance dans ce vaste domaine de la problématique sur la lutte contre les violences sexuelles par le changement de comportement. Fruit d'un effort humain, nous ne saurions en aucune manière prétendre à la perfection, à l'exhaustivité. Nous reconnaissons en toute humilité que nous avons juste effleuré ce thème. Cet exposé présente certainement des imperfections alors que le dernier mot sur ce sujet, hautement actuel, n'a pas encore été dit. Il nécessite d'être complété et pourquoi pas enrichi par nous ou par d'autres dans l'avenir, en abordant des questions que nous avons laissé en jachère

BIBLIOGRAPHIE

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0. BOUDON., R., et BOURRICAUD, F., Dictionnaire critique de la sociologie, 3è édition, Paris, PUF, 1990.

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12. MARTIN VEDRINE, S., Initiation au marketing. Les concepts-clés, Paris, Editions d'Organisation, 2003.

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16. NYABIRUNGU MWENE SONGA, La protection pénale de la femme et de l'enfant dans un Etat de droit, Paris, Karthala, 2008.

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21. VEDRINE, M., Initiation au marketing. Les concepts-clés, Paris, Editions d'Organisation, 2003.

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3. FLIPO J.-P., « Marketing des services : un mix d'intangible et de tangible », Revue française de marketing, n°121, 1989, pp.21-29.

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6. STEFAAN, M., et CATHERINE, A., « Guerre et pillage en République Démocratique du Congo », dans L'Afrique des Grands Lacs, Annuaire 2000-2001, sous la Direction de MARYSSE, S., et REYNTJENS, F., Centre d'Etudes de la Région des Grands Lacs, Anvers, L'Harmattan, Paris, 2001, pp. 307- 332.

7. VLASSENROOT, K., « Violences et constitution de milices dans l'Est du Congo : le cas des Mayi-Mayi », L'Afrique des Grands Lacs, Annuaire 2001-2002, sous la direction de REYNTJENS, F., MARYSSE, S., Centre d'Etudes de la Région des Grands Lacs d'Afrique, Anvers, L'Harmattan, Paris, 2003, pp. 115-152.

D. TEXTES DE LOIS ET REGLEMENTAIRES

1. Décret du 30 janvier 1940 portant Code pénal Congolais.

2. Décret du 30 juin 1940 portant Code pénal Congolais.

3. Loi n° 72/060 du 25 septembre 1972 portant code de justice militaire.

4. Loi n° 87/ 010 du 1er Août 1987 portant code de la famille.

5. Loi n° 24/2002 du 18 novembre 2002 portant Code pénal militaire.

6. Constitution de la République Démocratique du Congo du 18 février 2006 telle que modifiée à ce jour.

7. Loi n° 06/018 du 20 Juillet 2006 modifiant et complétant le décret du 30 janvier 1940 portant code pénal congolais.

8. Loi 06/019 du 20 juillet 2006 modifiant et complétant le décret du 06 Août 1959 portant code de procédure pénale.

9. Loi n° 09/001 du 10 janvier 2009 portant protection de l'enfant.

E. MEMOIRES ET COURS

1. BAAMBE A MBOYO, J., Changement social, Cours dispensé aux étudiants de première licence en Communications Sociales à l'UCC, année académique 2012-2013, Inédit.

2. KAVUO MUHIWA, L., De la problématique de la prise en charge des femmes et filles congolaises victimes des violences sexuelles, enquête menée en Ituri, Université de Kinshasa, Kinshasa, Mémoire de Licence en sociologie, 2008, Inédit.

3. LACÔNE, L., Les violences sexuelles en République Démocratique du Congo : de l'arme de guerre au crime civil, Institut Supérieur de Relations Internationales et Stratégiques, Mémoire pour l'obtention de Diplôme Privé d'Etudes Supérieures en Relations Internationales, Paris, 2010, Inédit.

4. MOSWA MOMBO, L., La répression des infractions se rapportant aux violences sexuelles dans le contexte de crise de la Justice congolaise : cas du viol, Université de Nantes, Diplôme Universitaire de 3ème cycle en Droits Fondamentaux, 2008, Inédit.

5. VUMILIA NAKABANDA, N., La problématique de la répression des violences sexuelles à l'est de la République Démocratique du Congo, Faculté de Droit, Université Catholique de Bukavu.

F. RAPPORTS

1. AMNESTY INTERNATIONAL « Halte aux violences sexuelles contre les femmes en RDC », 26 Octobre 2004.

2. COMMISSION DIOCESAINE JUSTICE ET PAIX / UVIRA, Rapport annuel 2010-

2011. Inédit

3. EVECHE DU DIOCESE D'UVIRA, Archives de l'Evêché du Diocèse d'Uvira, de

1962 à 2013 Inédit.

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6. INTERNATIONAL ALERT (IA), Le corps des Femmes comme champs de bataille durant la guerre en République Démocratique du Congo. Violences sexuelles contre les femmes et filles au Sud-Kivu (1996-2003), 2004.

7. MINISTERE DU GENRE, DE LA FAMILLE ET DE L'ENFANT, Stratégie Nationale de lutte contre les violences basées sur le genre (SNVBG), Kinshasa, 2009.

8. MINISTERE DU GENRE, DE LA FAMILLE ET DE L'ENFANT, Ampleur des violences sexuelles et basées sur le genre rapportées en 2011 et 2012 et 1er semestre 2013, Kinshasa, 08 Octobre 2013. Dépliant.

9. NATIONS UNIES, CONSEIL DE SECURITE, Rapport du groupe d'experts sur

l'exploitation illégale des ressources naturelles et autres richesses de la République du Congo, 12 Avril 2001.

10. RESEAU DES FEMMES POUR UN DEVELOPPEMENT ASSOCIATIF (RFDA), RESEAU DE FEMMES POUR LA DEFENSE DES DROITS ET LA PAIX (RFDP) ET INTERNATIONAL, Le corps des Femmes comme champs de bataille durant la guerre en République Démocratique du Congo. Violences sexuelles contre les femmes et filles au Sud-Kivu (1996-2003), 2004.

WEBOGRAPHIE

1. MONUC, Rapport sur les violences sexuelles de la Monuc : « La protection, la violence sexuelle et les Nations Unies. Expérience de Kisangani, www. monuc.org, consulté le 20 octobre 2013.

2. www.legrainasbl.org, TILMAN, F., « Information, sensibilisation, conscientisation. Quelle communication pour l'émancipation ? », dans Le Grain asbl, 21 novembre 2005, consulté le 12 janvier 2014.

3. www.google.org, consulté le 12 janvier 2014.

4. http://stopranow.org//get-cross/, consulté le 04 janvier 2014.

ANNEXE 1

QUESTIONNAIRE D'ENQUETE

Dans le cadre du projet de notre Mémoire, nous venons recueillir les opinions des habitants du diocèse d'Uvira sur les violences sexuelles faites à la femme et à l'homme dans cette contrée. Nous vous remercions d'avance pour votre disponibilité.

I. IDENTITE

1. Sexe : Masculin Féminin

2. Tranche d'âge : 18 à 25 ans 26 à 30 ans 31 et plus

3. Etat civil : Célibataire Marié Divorcé Veuf

4. Profession : Fonctionnaire Commerçant Paysan

Clerc Universitaire

II. QUESTIONS THEMATIQUES :

1. Avez-vous déjà entendu parler des violences sexuelles ? Oui Non

2. Selon vous, vos connaissances sur les différentes formes de violences sexuelles sont :

Très suffisantes Suffisantes Insuffisantes Médiocre

3. Par quel canal avez-vous pris connaissance de cette pratique ?

a. Par la Constitution

b. Au cours d'une animation

c. Au cours d'un séminaire de formation

d. De bouche à l'oreille

e. En contact avec les victimes

f. Témoin direct /indirect

4. Connaissez-vous la Commission Diocésaine Justice et Paix du Diocèse d'Uvira ?

OUI NON

5. Comment jugez-vous son action sur terrain dans la lutte contre les violences sexuelles?

Efficace Non-efficace Suffisante Insuffisante

6. Avez-vous déjà entendu parler de la loi réprimant les violences sexuelles ?

OUI NON

7. Par qui ces lois sont-elles vulgarisées ?

a. Le Gouvernement b. Les ONGs c. Les Médias

d. Les Eglises

8. Selon vous, la population du diocèse d'Uvira est-t-elle réellement informée, sensibilisée et conscientisée sur les textes de loi réprimant les violences sexuelles ?

a. OUI b. NON Si NON, que faire alors ?.......................................................................................................

9. Qui sont les auteurs des violences sexuelles, d'après vous ?

a. Les militaires FARDC

b. Les Parents

c. Les Civils

d. Les bandes armées

10. Selon vous, pourquoi cette situation persiste-t-elle?

a. Manque de sanctions

b. Poursuite de la guerre

c. Esprit de vengeance

d. Information, sensibilisation, conscientisation insuffisante

e. Attachement de certaines tribus de la contrée aux coutumes rétrogrades

11. Quels sont les voies et moyens pour lutter contre les violences sexuelles dans votre milieu : 

a. Lutter contre l'impunité

b. Lutter contre la pauvreté

c. Mettre fin à la guerre

d. Sensibiliser, informer et conscientiser toute la population sur ce fléau pour le changement de comportement

Encore une fois, merci pour votre contribution à notre formation.

ANNEXE 2

1. Données démographiques des enquêtés :

1. Sexe :

Figure 1. Histogramme. Résultats sur cent du sexe des 120 interviewés.

2. Age :

Figure 2. Histogramme. Résultats sur cent de l'âge des 120 interviewés.

3. Etat civil :

Figure 3. Histogramme. Résultats sur cent de l'état civil des 120 enquêtés.

4. Profession :

Figure 4. Histogramme. Résultats sur cent de la profession des 120 interviewés.

2. Les présumés auteurs des violences sexuelles : 

Figure .5. Histogramme. Résultats sur cent des réponses des 120 enquêtés sur les

présumés auteurs des violences sexuelles.

3. La population du diocèse d'Uvira réellement informée, sensibilisée et conscientisée sur la loi réprimant les violences sexuelles :

Figure 12. Histogramme. Résultats sur cent de l'opinion des 120 interviewés pour savoir si la population du diocèse d'Uvira est réellement informée, sensibilisée et conscientisée sur les textes de loi réprimant les violences.

TABLE DE MATIERES

Dédicace ....................................................................................................I

Remerciements...........................................................................................II

Sigles et abréviations..................................................................................IV

0. INTRODUCTION GENERALE 1

0.1. PROBLEMATIQUE 1

0.2. HYPOTHESE 2

0.3. METHODE ET TECHNIQUE 3

0.4. INTERET DU SUJET 4

0.5. DELIMITATION 5

0.6. DIVISION DU TRAVAIL 5

CHAPITRE I. CADRE CONCEPTUEL ET THEORIQUE 6

0. INTRODUCTION 6

Section 1. APPROCHE CONCEPTUELLE 6

1.1. Trinôme : Information, Sensibilisation et Conscientisation 6

1.1.1. L'information 6

1.1.2. La sensibilisation 7

1.1.3. La conscientisation 8

1.1.4. Les violences sexuelles 10

Section 2. CADRE THEORIQUE : COMMUNICATION POUR LE CHANGEMENT

DE COMPORTEMENT (CCC) 13

2.1. Définition 13

2.2. Approche en matière de CCC 14

2.2.1. La segmentation et le choix du public-cible 14

2.2.2. Principes de la CCC 15

2.2.3. Rôle de la Communication pour le Changement de Comportement 15

2.2.4. Technique de la CCC : Informer, Eduquer et Communiquer : IEC 16

CONCLUSION PARTIELLE 17

CHAPITRE II. LES SOURCES ET LA REPRESSION DES VIOLENCES

SEXUELLES DANS LE CONTEXTE CONGOLAIS 18

0. INTRODUCTION 18

SECTION 1. LE SYSTEME ENVIRONNEMENTAL DES VIOLENCES SEXUELLES

EN RDC 19

2.1. La précarité sociale 19

1. 2. Le statut inférieur de la femme congolaise 19

1.2.1. Dans la législation de la République Démocratique du Congo 20

1.2.2. Dans les us et coutumes 21

1.2.3. L'impact de la guerre 24

Section 2. LA REPRESSION DE LA VIOLENCE SEXUELLE DANS LA

LEGISLATION CONGOLAISE 29

2.1. La Justice Militaire 29

2.1.1. Le Code de justice militaire de 1972 29

2.1.2. Le Code de Justice militaire de 2002 30

2.2. La Justice Civile 30

2.2.1. Le Décret du 30 juin 1940 portant Code pénal Congolais 30

2.2.2. La Constitution du 18 fevrier 2006 31

2.2.3. La loi n°06/018 du 20 juillet 2006 modifiant et completant le decret du 30 janvier 1940 portant code penal congolais 33

2.2.4. Loi n° 09/ 001 du 10 janvier 2009 portant protection de l'enfant 34

CONCLUSION PARTIELLE 36

CHAPITRE  III : LA PRATIQUE  DE LA  COMMUNICATION DE LA CDJP/UVIRA DANS LA LUTTE CONTRE LES VIOLENCES SEXUELLES 37

0. INTRODUCTION 37

Section 1. BREVE PRESENTATION DU DIOCESE D'UVIRA 37

Section 2. LA COMMISSION DIOCESAINE JUSTICE ET PAIX DU DIOCESE 39

D'UVIRA ET LA LUTTE CONTRE LES VIOLENCES SEXUELLES 39

2.1. Brève historique de la CDJP / Uvira 39

2.2. Les activités de la CDJP / Uvira 39

2.3. Objectifs et Mission générale 40

2.4. Stratégies de communication de la CDJP / Uvira dans la lutte contre les

violences sexuelles 40

2.5. L'usage des canaux de communication 44

2.6. Tableau synthetique des violences sexuelles faites à la femme, à la jeune fille

et à l'homme au diocese d'uvira, d'avril 2010 à avril 2013. 46

2.7. Résultats des actions menées par la CDJP / Uvira dans sa lutte contre les

violences sexuelles : 50

Section 3. TYPOLOGIE ET FORMES DES VIOLENCES SEXUELLES 51

Section 4. ETIOLOGIE ET CONSEQUENCES DES VIOLENCES SEXUELLES

SUR LES FEMMES AU DIOCESE D'UVIRA 53

4.1. Examen étiologique des violences sexuelles au Diocèse d'Uvira 53

4.2. Conséquences des violences sexuelles 54

CONCLUSION PARTIELLE 56

CHAPITRE IV. INFORMATION, SENSIBILISATION ET CONSCIENTISATION DANS LA LUTTE CONTRE LES VIOLENCES SEXUELLES AU DIOCESE D'UVIRA 57

0. INTRODUCTION 57

Section 1. ENQUETE SUR LA MAITRISE DES CONNAISSANCES RELATIVES

AUX VIOLENCES SEXUELLES 57

1.1. Site de l'enquête 58

1.2. Echantillonnage 59

1.3. Dépouillement 59

1.4. Résultats de l'enquête 68

Section 2. STRATEGIES POUR L'ERADICATION DES VIOLENCES SEXUELLES

AU DIOCESE D'UVIRA 68

2.1. Vers la fin de l'impunité juridique 68

2.2. La prise en charge psycho-socio-économique des victimes 70

2.3. Mettre fin aux conflits armés 70

2.4. Information, sensibilisation, conscientisation pour un changement de comportement 72

2.4.1. Appréciations sur la communication de la CDJP/Uvira sur les violences sexuelles 73

2.4.2. Proposition d'un plan de communication stratégique du marketing social 73

2.4.2.1. Analyse de la communication de la CDJP / Uvira 74

2.4.2.1.1. Tableau d'analyse SWOT de la communication de la CDJP / Uvira 75

2.4.2.1.2. Public-cible 76

2.4.2.1.3. Formulation des objectifs opérationnels de communication 77

2.4.2.1.4. Solutions communicationnelles 78

2.4.2.1.5. Plan de mise en oeuvre, moyen de contrôle et évaluation et budgétisation triennales des activités 79

CONCLUSION PARTIELLE 89

CONCLUSION GENERALE 89

BIBLIOGRAPHIE 89

WEBOGRAPHIE 89

ANNEXES 89

TABLE DE MATIERES 89

* 1 MINISTERE DU GENRE, DE LA FAMILLE ET DE L'ENFANT, Ampleur des violences sexuelles et

basées sur le genre rapportées en 2011 et 2012 et 1er semestre 2013, Kinshasa, 08 Octobre 2013.Dépliant.

* 2 MONUC, Rapport sur les violences sexuelles de la Monuc : « La protection, la violence sexuelle et les Nations Unies. Expérience de Kisangani, www. monuc.org. Consulté le 20 octobre 2013 à 21h .

* 3 BOUDON, R. et BOURRICARD, F., Dictionnaire critique de sociologie, Paris, PUF, 1982, p. 262.

* 4 Ibidem, p. 263.

* 5 BOUDON, R. et BOURRICARD, F., Op. Cit., p. 263.

* 6 www.google.org. Consulté le 12 janvier 2014 à 16h20.

* 7 www.legrainasbl.org. TILMAN, F., « Information, sensibilisation, conscientisation. Quelle communication pour l'émancipation ? », dans Le Grain asbl, 21 novembre 2005. Consulté le 12 janvier 2014 à 21h07.

* 8 www.legrainasbl.org, TILMAN, J., Op. cit.

* 9 LINO PUNGI, J., Eduquer aux médias à l'ère de l'Internet. Repères théoriques et pistes d'action en R.D. Congo, Kinshasa, Médiaspaul, 2013, p. 81.

* 10 www.legrainasbl.org, TILMAN, J., Op. cit.

* 11 www.legrainasbl.org, TILMAN, J., Op. cit.

* 12 JEAN-HENRI S., et OLIVIER C.-B., (Coordinateurs), Les agressions sexuelles de l'adulte et du mineur, Paris, Ellipses, 1994, p. 20.

* 13 MUNTAZINI MUKIMAPA, T., La problématique de la lutte contre les violences sexuelles en droit congolais,

Kinshasa, 2009, p. 7.

* 14 UNICEF dans Revue Interpolice, Edition Modus Operandi, Kinshasa, n° 3 Décembre 2005, p. 28. Cité par MUNTAZINI MUKIMAPA, T., Op. cit. p. 7.

* 15 Loi n° 06/018 du 20 Juillet 2006 modifiant et complétant le décret du 30 janvier 1940 portant code pénal

congolais et loi 06/019 du 20 juillet 2006 modifiant et complétant le décret du 06 Août 1959 portant code

de procédure pénale, articles 170 et 174.

* 16 http: // stopranow.org // get-cross. Consulté le 04 janvier 2014 à 10h15.

* 17 COUR PENALE INTERNATIONALE, Mieux comprendre la Cour Pénale Internationale. République

Démocratique du Congo, Publication de la Cour Pénale Internationale, Janvier 2011, p. 14.

* 18 MUNTAZINI MUKIMAPA, T., Op. cit. p. 8.

* 19 PROGRAMME DE SANTE SEXUELLE, DROITS HUMAINS (PROSAD), Module XI : La communication pour le changement de comportement, 3 ème édition, Juillet 2006, p. 14.

* 20 Idem.

* 21 Idem.

* 22 PROGRAMME DE SANTE SEXUELLE, DROITS HUMAINS (PROSAD), Op. cit., p. 14.

* 23 Idem., p. 15.

* 24 BAAMBE A MBOYO, J., Changement social, Cours dispensé aux étudiants de première licence en Communications Sociales à l'UCC, année académique 2012-2013, Inédit.

* 25Ibidem.

* 26 BAAMBE A MBOYO, J., Changement social, Cours dispensé aux étudiants de première licence en Communications Sociales à l'UCC, année académique 2012-2013, Inédit.

* 27 MINISTERE DU GENRE, DE LA FAMILLE ET DE L'ENFANT, Stratégie nationale de la lutte contre les violences basées sur le genre (SNVBG), Kinshasa, Novembre 2009, p. 22.

* 28 MUNTAZINI MUKIMAPA, T., Op. Cit. p. 12.

* 29 LACÔNE, L., Les violences sexuelles en République Démocratique du Congo : de l'arme de guerre au crime civil, Mémoire, Institut Supérieur de Relations Internationales et Stratégiques, Paris, 2010, (Inédit), p. 42.

* 30 MINISTERE DU GENRE, DE LA FAMILLE ET DE L'ENFANT, Op. Cit. p. 6.

* 31LACÔNE, L., Les violences sexuelles en République Démocratique du Congo : de l'arme de guerre au crime civil, Mémoire, Institut Supérieur de Relations Internationales et Stratégiques, Paris, 2010, (Inédit), p. 41.

* 32 MINISTERE DU GENRE, DE LA FAMILLE ET DE L'ENFANT, Op. cit., p. 18.

* 33 Loi n° 87 / 010 du 1er Août 1987 portant Code de la Famille, article 44.

* 34 MONUC, Rapport sur les violences sexuelles de la Monuc : « La protection, la violence sexuelle et les Nations Unies. Expérience de Kisangani », p. 4. Disponible sur www. monuc.org. Consulté le 20 octobre 2013 à 16h20.

* 35CLAUDIA RODRIGUEZ, Violences sexuelles au Sud-Kivu au Congo, Revue Migration Forcée, Numéro 27, Mars 2007, p. 45. Cité par LACÔNE, L., Op. cit., p. 42.

* 36 RESEAU DES FEMMES POUR UN DEVELOPPEMENT ASSOCIATIF (RFDA), RESEAU DE FEMMES

POUR LA DEFENSE DES DROITS ET LA PAIX (RFDP) ET INTERNATIONAL ALERT (IA), Le corps des Femmes comme champs de bataille durant la guerre en République Démocratique du Congo. Violences sexuelles contre les femmes et filles au Sud-Kivu (1996-2003), 2004, p.43.

* 37Ibidem, p. 27.

* 38 RESEAU DES FEMMES POUR UN DEVELOPPEMENT ASSOCIATIF (RFDA), RESEAU DE FEMMES POUR LA DEFENSE DES DROITS ET LA PAIX (RFDP) ET INTERNATIONAL ALERT (IA), Op. cit., p. 28. Lire utilement Charles BILEMBO, Le Mulega, l'homme de la tradition, Bukavu, Théologat Saint Pie X, 2005, 184p, et ISAYA MAKUNGU MA NGOZI, « Les canons de l'esthétique Lega », dans Centre d'études des Religions Africaines, Cahiers des Religions Africaines, volume 24, n° 48, 1991, pp. 123-144.

* 39 MUNTAZINI MUKIMAPA, T., La problématique de la lutte contre les violences sexuelles en droit congolais, Kinshasa, 2009, p. 5.

* 40 BANZA MBOMBO, L., et HEMEDI BAYOLO, C., La femme dans la tourmente des guerres en R.D.Congo.

Du 02 août au 30 septembre 2001. Le mémorial, Kinshasa, septembre 2001, p. 5.

* 41 RESEAU DES FEMMES POUR UN DEVELOPPEMENT ASSOCIATIF (RFDA), RESEAU DE FEMMES

POUR LA DEFENSE DES DROITS ET LA PAIX (RFDP) ET INTERNATIONAL ALERT (IA), Op. cit.,

p. 28.

* 42 Lire à ce sujet NDAYWEL è NZIEM, I., Nouvelle histoire du Congo. Des origines à la République Démocratique du Congo, Kinshasa, Afrique Editions, 2008, pp. 601- 604 ; MOSWA MOMBO, L., La répression des infractions se rapportant aux violences sexuelles dans le contexte de crise de la Justice congolaise : cas du viol, Université de Nantes, Diplôme Universitaire de 3ème cycle en Droits Fondamentaux, 2008, (Inédit), pp. 5-7.  ; BRAECKMAN, C., L'homme qui répare les femmes. Violences sexuelles au Congo. Le combat du docteur Mukwege, Bruxelles, André Versaille (éditeur), 2012, 156p.

* 43 NATIONS UNIES, CONSEIL DE SECURITE, Rapport du groupe d'experts sur l'exploitation illégale des ressources naturelles et autres richesses de la République du Congo, 12 Avril 2001, p. 59 ; voir aussi STEFAAN, M., et CATHERINE, A., « Guerre et pillage en République Démocratique du Congo », dans L'Afrique des Grands Lacs, Annuaire 2000-2001, sous la Direction de MARYSSE, S., et REYNTJENS, F., Centre d'Etudes de la Région des Grands Lacs, Anvers, Paris, L'Harmattan, 2001, pp. 307- 332.

* 44 Pour plus de renseignements sur le phénomène Ma-Ma, lire VLASSENROOT, K., « Violences et constitution de milices dans l'Est du Congo : le cas des Mayi-Mayi », L'Afrique des Grands Lacs, Annuaire 2001-2002, sous la direction de REYNTJENS, F., et MARYSSE, S., Centre d'Etudes de la Région des Grands Lacs d'Afrique, Anvers, Harmattan, Paris, 2003, pp. 115-152 ; LUBALA MUGISHO, E., « L'émergence d'un phénomène résistant au Sud-Kivu (1996-2000)», l'Afrique des Grands Lacs, Annuaire 1999-2000, sous la direction de REYNTJENS, F. et MARYSSE, S., Centre d'Etudes de la Région des Grands Lacs d'Afrique, Anvers, L'Harmattan, Paris, 2000, pp.188-223.

* 45 MINISTERE DU GENRE, DE LA FAMILLE ET DE L'ENFANT, Stratégie Nationale de lutte contre les Violences basées sur le Genre (SNVBG), Kinshasa, Août 2009 ; le rapport de HUMAN RIGHTS WATCH, Les soldats violent, les commandants ferment les yeux, violences sexuelles et réforme militaire en République Démocratique du Congo, New-York, 2009. MINISTERE DU GENRE, DE LA FAMILLE ET DE L'ENFANT, Ampleur des violences sexuelles et basées sur le genre rapportées en 2011 et 2012 et 1er semestre 2013, Kinshasa, 08 Octobre 2013.

* 46 Ces informations ont été recueillies auprès des présidents des sociétés civiles de Fizi, de Mwenga et d'Uvira,

le 02 Avril 2014.

* 47 MOSWA MOMBO, L., Op. cit., p. 126.

* 48 Décret du 30 juin 1940 portant Code pénal Congolais, article 170.

* 49LIKULIA BOLONGO, Droit pénal spécial zaïrois, Tome 1, 2ème édition, Librairie générale de droit et de jurisprudence, Paris, 1985, p. 328.

* 50 BALUME, D., « État des lieux de la situation socio - juridique des viols et violences sexuelles faites aux femmes et aux filles mineures du Nord-Kivu : cas de Goma et ses environs », in Actes de la Journée de réflexion sur « L'accompagnement judiciaire des femmes et filles victimes de sexuelles », Goma, 28 Novembre 2005, p. 24.

* 51 LIKULIA BOLONGO., Op. cit., p. 328.

* 52 Décret du 30 janvier 1940 portant Code pénal congolais, Article 170, al.2.

* 53 BALUME, D., Op. cit. , p. 24.

* 54 GLOBAL RIGHTS, Une loi sur la répression des violences sexuelles : de quoi s'agit- il ?, document de plaidoyer, Edition CEDI, janvier 2006, p. 3.

* 55 Constitution de la RDC du 18 février 2006, article 15.

* 56 Constitution de la RDC du 18 février 2006, article 14.

* 57 Loi n° 06/018 du 20 Juillet 2006 modifiant et complétant le décret du 30 janvier 1940 portant code pénal congolais et loi 06/019 du 20 juillet 2006 modifiant et complétant le décret du 06 Août 1959 portant code de procédure pénale, articles 170 et 174.

* 58 Pour en savoir un peu plus, nous invitons le lecteur à lire la Loi n°06/018 du 20 juillet 2006 modifiant et

complétant le Décret du 30 janvier 1940 portant Code pénal congolais, Article 170 alinéas b, c et d et

Article 42 ; MOSWA MOMBO, L., Op. cit. ; NYABIRUNGU MWENE SONGA, La protection pénale de

la femme et de l'enfant dans un Etat de droit, Paris, Karthala, 2008, p.359.

* 59 Loi n° 09/ 001 du 10 janvier 2009 portant protection de l'enfant, Articles 60, 61, 62, 153, 169, 170, 172, 174, 177,

178, 179, 180, 181, 182, 183.

* 60 Lire avec intérêt BABIKIRE BADERHA, D., (Dir.), Aperçu historique du Diocèse d'Uvira à l'occasion de son jubilé d'or 1962-2012, Mars 2013, Inédit ; les Archives de l'Evêché du Diocèse d'Uvira, de 1962 à 2013, Inédit.

* 61 Nous nous sommes inspiré pour l'élaboration de ce tableau de l'ouvrage de KOTLER, P. et KELLER, K. -

L. et Cie, Marketing management, 12è édition, Paris, Nouveaux Horizons, 2006, p. 60 et ss.

* 62 Pour d'amples informations à ce sujet, on lira avec profit le rapport de RESEAU DES FEMMES POUR UN DEVELOPPEMENT ASSOCIATIF (RFDA), RESEAU DE FEMMES POUR LA DEFENSE DES DROITS ET LA PAIX (RFDP) et INTERNATIONAL ALERT (IA), Le corps des Femmes comme champs de bataille durant la guerre en République Démocratique du Congo. Violences sexuelles contre les femmes et filles au Sud-Kivu (1996-2003),2004 ; l'étude de VUMILIA NAKABANDA, N., La problématique de la répression des violences sexuelles à l'est de la République Démocratique du Congo, Faculté de Droit, Université Catholique de Bukavu ; le rapport du MINISTERE DU GENRE, DE LA FAMILLE ET DE L'ENFANT, Stratégie Nationale de lutte contre les Violences Basées sur le Genre (SNVBG), Kinshasa, Août 2009 ; le rapport de HUMAN RIGHTS WATCH, Les soldats violent, les commandants ferment les yeux, violences sexuelles et réforme militaire en République Démocratique du Congo, New-York, 2009, p. 31.

* 63 Pour en savoir un peu plus, lire MOSWA MOMBO, L., Op. cit., pp. 11-17 ; AMNESTY INTERNATIONAL « Halte aux violences sexuelles contre les femmes en RDC », 26 Octobre 2004, p. 15 et Ss. et MUNTAZINI MUKIMAPA, T., Op. cit., pp. 11-12 ; RESEAU DE FEMMES POUR LA DEFENSE DES DROITS ET LA PAIX (RFDP) et INTERNATIONAL ALERT (IA), Op. cit., pp.46-49.

* 64 MUNTAZINI MUKIMAPA, T., Op. cit., p. 11.

* 65BRAECKMAN, C., L'homme qui répare les femmes. Violences sexuelles au Congo. Le combat du docteur Mukwege, Bruxelles, André Versaille( édit.), 2012, p. 143.

* 66 COMMISSION DIOCESAINE JUSTICE ET PAIX / UVIRA, Rapport annuel 2010-2011, Inédit.

* 67 MINISTERE DU GENRE, DE LA FAMILLE ET DE L'ENFANT, Ampleur des violences sexuelles et basées sur le genre rapportées en 2011 et 2012 et 1er semestre 2013, Kinshasa, 08 Octobre 2013. Dépliant.

* 68 COMMISSION DIOCESAINE JUSTICE ET PAIX / UVIRA, Rapport annuel 2010-2011, Inédit.

* 69 KAVUO MUHIWA, L., De la problématique de la prise en charge des femmes et filles congolaises victimes des violences sexuelles, enquête menée en Ituri, Université de Kinshasa, Kinshasa, Mémoire de  Licence en sociologie, 2008, Inédit.

* 70LACÔNE, L., Op. cit., p. 63.

* 71 DE GUISE, J., «  Marketing social et stratégies de communication dans le domaine de la santé », dans Supplément à recherches en communication, n°4, 1995, p. 3.

* 72 Ibidem.

* 73 MARTIN VEDRINE, S., Initiation au marketing. Les concepts-clés, Paris, Editions d'Organisation, 2003, p. 351.

* 74 KOTLER, P. et DUBOIS, K., Marketing management, 11ème édition, Paris, Pearson Education France, collection Nouveaux Horizons, 2003, p.12.

* 75 WESTPHALEN, M.H. , Communicator. Le guide de la communication d'entreprise, 4ème édition, Paris, Dunod, 2004, p. 1.

* 76 LENDREVIE, J. et DE BAYNAST, A., Publicitor. De la publicité à la communication intégrée, 6ème édition, Paris, Dalloz, 2004,

p. 7.






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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus