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Information, sensibilisation et conscientisation dans la lutte contre les violences sexuelles par la commission diocésaine justice et paix à  Uvira dans le sud-Kivu.

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par MUKOKYA Morgan MUBENGWA
Université Catholique du Congo - Licence 2014
  

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SECTION 3. TYPOLOGIE ET FORMES DES VIOLENCES SEXUELLES

Au Sud-Kivu en général et en particulier au Diocèse d'Uvira, depuis plus d'une décennie, différents types et formes des violences sexuelles y ont été répertoriés. De nombreux rapports et études à ce sujet, élaborés par nombreuses organisations de lutte pour les droits de l'homme tant civiles qu'à caractère religieux comme la CDJP/ Uvira, par des chercheurs et même par le gouvernement congolais, se sont penchés sur ce phénomène macabre.62(*)

Ainsi, les femmes, dans cette contrée, ont été victimes du viol, du mariage forcé, des agressions sexuelles, du rapt, de l'esclavage sexuel lors des attaques de certains villages par des miliciens et hommes en uniformes non autrement identifiés, etc. Elles ont eu à exécuter, contre leur gré, certaines corvées, comme le transport des butins de ces bourreaux après pillage, la cuisine pour les soldats du camp pendant plusieurs mois de détention. Certaines femmes ont eu à subir le harcèlement sexuel de la part des militaires et même de civils. Lors des incursions dans les villages, des hommes armés forçaient parfois des parents à s'adonner à l'exhibition sexuelle et ainsi les obligeaient-ils de temps à autre à s'accoupler avec leurs enfants devant les autres enfants et personnes présentes et vice versa.

Au nombre d'autres formes de violences sexuelles commises à l'encontre des hommes et des femmes au diocèse d'Uvira, citons entre autres, le déshabillage forcé, les insultes à caractère sexuel, les attouchements, les mutilations sexuelles, l'exploitation sexuelle. Le constat général est que la femme, en fait, semble subir, plus que l'homme, ces traitements exécrables à cause des préjugés et considérations négativistes dont elle est victime et ainsi la considère-t-on parfois dans nos sociétés comme un être inférieur à l'homme.

Mais alors, qu'est-ce qui motive les violeurs à agir de la sorte ? Quelles sont les conséquences sur la communauté tout entière de ces violences sexuelles?

SECTION 4. ETIOLOGIE ET CONSEQUENCES DES VIOLENCES SEXUELLES

SUR LES FEMMES AU DIOCESE D'UVIRA

La question qu'on peut se poser à ce niveau de notre investigation est celle de savoir comment peut-on expliquer ce comportement qui semble aller à l'encontre de l'agir normal du genre humain. Qu'est-ce qui est caché derrière un tel agissement ; en d'autres termes, quelle est la fonction latente des violences sexuelles dans l'espace diocésain d'Uvira ?

4.1. Examen étiologique des violences sexuelles au Diocèse d'Uvira

En faisant un examen étiologique sur les viols perpétrés au Sud-Kivu en général et au diocèse d'Uvira en particulier, ce tableau macabre montre que des femmes les ont subi de la part des hommes en uniformes dans le but non seulement de les punir mais plus encore pour les humilier. Ces viols ont en outre été commis contre les filles et les femmes par des membres de plusieurs bandes armées étrangères afin de combattre et d'humilier l'ennemi mais en outre avec comme finalité l'extermination du peuple congolais en inoculant des maladies incurables comme le VIH / SIDA aux victimes. Dans certaines circonstances, le viol a été considéré, soit comme une prime à la bravoure des combattants, soit comme un butin de guerre.63(*)

Les fausses croyances et la superstition, la ritualisation du viol pour capter ou neutraliser des forces magiques tout comme les pesanteurs traditionnelles coutumières, ont poussé des combattants à commettre des crimes odieux contre les filles vierges, les femmes âgées, les femmes enceintes et celles qui allaitent mais aussi contre les hommes. C'est ce que confirme Muntazini lorsqu'il écrit : « Certaines fausses idées distillées parmi les combattants leur font croire que la consommation de rapports charnels avec une jeune fille impubère ou une femme ménopausée peut leur procurer l'immunité face aux MST, renforcer leur combattivité ou les mettre à l'abri des aléas de la guerre. Dans les milieux des exploitants miniers artisanaux, les mêmes croyances accordent des chances de succès à ceux des creuseurs qui s'adonnent à ce type d'activités.»64(*)

Enfin, le viol est aussi considéré comme arme de guerre : « Pour Mukwege, le viol est réellement une arme de guerre, un moyen de conquête. Si l'on s'acharne ainsi sur l'appareil génital de la femme, ce n'est pas sans raison, cela entraîne aussi une dépopulation. Non seulement parce que la femme risque d'être emportée par des maladies infectieuses, qu'elle ne pourra plus avoir d'enfants, qu'elle sera contaminée par le Sida et le transmettra... mais aussi parce qu'à côté d'elle, les hommes deviendront des victimes.»65(*)

Une telle situation ne peut que produire des conséquences néfastes sur la population tout entière. La suite s'y penche.

* 62 Pour d'amples informations à ce sujet, on lira avec profit le rapport de RESEAU DES FEMMES POUR UN DEVELOPPEMENT ASSOCIATIF (RFDA), RESEAU DE FEMMES POUR LA DEFENSE DES DROITS ET LA PAIX (RFDP) et INTERNATIONAL ALERT (IA), Le corps des Femmes comme champs de bataille durant la guerre en République Démocratique du Congo. Violences sexuelles contre les femmes et filles au Sud-Kivu (1996-2003),2004 ; l'étude de VUMILIA NAKABANDA, N., La problématique de la répression des violences sexuelles à l'est de la République Démocratique du Congo, Faculté de Droit, Université Catholique de Bukavu ; le rapport du MINISTERE DU GENRE, DE LA FAMILLE ET DE L'ENFANT, Stratégie Nationale de lutte contre les Violences Basées sur le Genre (SNVBG), Kinshasa, Août 2009 ; le rapport de HUMAN RIGHTS WATCH, Les soldats violent, les commandants ferment les yeux, violences sexuelles et réforme militaire en République Démocratique du Congo, New-York, 2009, p. 31.

* 63 Pour en savoir un peu plus, lire MOSWA MOMBO, L., Op. cit., pp. 11-17 ; AMNESTY INTERNATIONAL « Halte aux violences sexuelles contre les femmes en RDC », 26 Octobre 2004, p. 15 et Ss. et MUNTAZINI MUKIMAPA, T., Op. cit., pp. 11-12 ; RESEAU DE FEMMES POUR LA DEFENSE DES DROITS ET LA PAIX (RFDP) et INTERNATIONAL ALERT (IA), Op. cit., pp.46-49.

* 64 MUNTAZINI MUKIMAPA, T., Op. cit., p. 11.

* 65BRAECKMAN, C., L'homme qui répare les femmes. Violences sexuelles au Congo. Le combat du docteur Mukwege, Bruxelles, André Versaille( édit.), 2012, p. 143.

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