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Perception du changement climatique sur la culture de la canne à  sucre dans la cuvette de Doungou (département de Kantché, région de Zinder).

( Télécharger le fichier original )
par Anass ITTA
Université ABDOU Mounmouni de Niamey (Niger) - Master/Récherche 2016
  

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4.1.2. Impact sur les ressources en eau.

« Doungou'N Ruwan Dan Toka » autrement dit le village de Doungou a été jadis crée à la bordure d'un cours d'eau du nom de « Dan Toka » qui n'est rien d'autre que la vallée de la Korama qui à l'époque a un écoulement permanent et regorge aussi d'énorme quantité d'eau. Suite aux actions humaines non concertées (barrage de Dan Bata), et surtout les effets combinés du changement climatique (faiblesse des précipitations, fortes chaleurs, ensablement), la Korama est transformée en un cours d'eau temporaire. Aujourd'hui, cette vallée est réduite à une multitude de mares sur son parcours. Ces cours d'eau sont gravement menacés par l'assèchement, cela se manifeste sur le terrain par l'augmentation de nombre des cuvettes asséchées et la baisse du niveau piézométrique de la nappe phréatique (HAROU, 2012).

Ce phénomène est aussi constaté par 81,7% des enquêtés qui témoignent que ces dernières années les ressources en eau sont insuffisantes pour l'activité de la canne à sucre car, la Korama ne contenait plus l'eau comme au bon vieux temps c'est-à-dire il y'a de cela plus de 30 ans. Cette insuffisance de l'eau dans les sites de la culture de la canne à sucre, explique un vieux exploitant se justifie d'une part par la fréquence élevée d'arrosage de la canne à sucre par rapport au temps vécu de leur jeunesse, le tarissement des puits traditionnels mais aussi et surtout par l'utilisation impérative des forages et motopompes partout dans les sites des cultures irriguées dus à la profondeur de la nappe phréatique dont le niveau statique dans la vallée peut atteindre 10 mètres (PDC, 2012).

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Cette insuffisance des ressources en eau peut aussi s'expliquer par la disparition ou la transformation de certaines cuvettes jadis productrices de la canne à sucre en champs des cultures pluviales.

4.1.3. Impact sur la production

L'analyse de la courbe de l'évolution de la production annuelle de la canne à sucre pour l'ensemble du département de Kantché montre une baisse récurrente de la production de la canne à sucre. En effet, cette dernière est beaucoup plus marquée au cours des périodes suivantes : 2005, 2010 et 2012 (fig. 10). Ces trois périodes correspondent aux années où la pluviométrie a été très abondante. Les précipitations enregistrées au cours de ces années sont respectivement 597mm, 657mm et 622mm. Ces dernières sont largement supérieures à la moyenne qui tourne autour de 497mm dans la zone. Cette abondance des précipitations au cours de ces trois périodes, occasionne des grandes inondations récurrentes sur les sites de la production à texture argilo-limoneuse hydromorphe, avec comme conséquence des nombreuses pertes des cultures de la canne à sucre suite à une asphyxie sévère.

Par ailleurs on constate également une légère hausse de la production de la canne à sucre en 2014. Cette dernière pourrait s'expliquer dans une large mesure par une pluviométrie moyenne (502mm qui n'est pas loin de la moyenne de la zone), permettant ainsi à la canne à sucre de terminer son cycle végétatif sans stress hydrique ni inondation.

120000

100000

20000

0

2002 2004 2006 2008 2010 2012 2014 2016

Années

Production en tonne

80000

60000

40000

Figure 10: Evolution de la production annuelle en tonne de la canne à sucre de 2002 à 2014 (DDA/Matamèye, 2015)

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Cette baisse récurrente de la production de la canne à sucre concorde bien avec les constats des populations. Selon les résultats de nos enquêtes, 80% des exploitants ont constaté une baisse de la production de la canne à sucre ces dernières années.

Ainsi, 56% de ces derniers attribuent d'abord cette baisse de production au démarrage tardif de la saison des pluies et à la fin précoce de cette dernière. En effet, à la montaison (Mai, Juin), période où la canne à sucre a plus besoin d'eau, la pluie ne tombe pas ce qui crée un déficit hydrique à cette plante (photo 11. a). Ce manque d'eau empêche alors la canne de grandir pour donner des longs entre-noeuds avec beaucoup de jus. De plus, quand la pluie s'installe, elle prend fin généralement au cours de mois de septembre, période par excellence de la maturité de la canne à sucre. Cette perturbation du cycle végétatif de la canne à sucre liée au dérèglement de la saison de pluie conduit à la production de canne avec de petits entre-noeuds et moins sucrée appelée « gounji » ou canne courte (photo 11.b). Ensuite 20% des exploitants expliquent que dans certains sites notamment les bas-fonds, c'est surtout les grandes averses du mois d'août qui submergent et dévastent par la suite la plantation de la canne à sucre (photo 11. c). Ce qui oblige les paysans à une récolte précoce où à l'abandon total de son champ. Par contre 12% des exploitants associent cette baisse de la production à la baisse des précipitations.

Par ailleurs, certains exploitants (10%) attribuent la baisse de la production à la forte chaleur surtout du mois de Mai et Juin qui crée un déficit hydrique aux jeunes plants de la canne à sucre se trouvant surtout à la périphérie du jardin, où l'humidité du sol est très faible. Enfin, 2% seulement des exploitants affirment que la baisse de la production est liée aux vents violents de la saison froide qui viennent déshydrater ou écraser la canne à sucre en pleine maturité (fig. 11).

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Figure 11: Perception paysanne sur la baisse de la production de la canne à sucre

Photo 11: a. b. c.

Cliché : I. Anass (2015).

a. Canne à sucre en montaison dévastée par un déficit hydrique,

b. Taille de la canne à sucre suite à l'arrêt précoce de pluie,

c. Champ de canne à sucre inondé.

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