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L'enseignement du fait religieux dans l'enseignement secondaire au Cameroun: 1964-2013.

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par MARCEL KOVIEL SONGO
Ecole Normale Supérieure de Yaoundé - DIPES II 2013
  

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2- La France pays mandataire : artisane de la laïcité de l'Etat camerounais

La France fut la dernière puissance colonisatrice à conduire le Cameroun jusqu'à l'indépendance, L'analyse de Maurice Kamto sur le lien entre la constitution de 1996 du Cameroun et celle de la révolution française de 1789 sont autant d'éléments qui peuvent établir le rôle de la France dans le choix de la laïcité par le Cameroun.

Après la première guerre mondiale82 et la conférence de paix, la Société des Nations (S.D.N.) place entre autre, les territoires allemands sous mandat.83 Le Cameroun faisait parti de ces territoires et les pays mandataires étaient la France et la Grande-Bretagne. Dès lors ces deux puissances sont mandataires de cette ancienne colonie germanique. Malgré la deuxième guerre mondiale, plus grande chose ne va changer. On sait seulement que le régime de mandat va simplement se transformer en tutelle de l'O.N.U84. Pour ce qui est de l'administration française qui nous concerne d'ailleurs, il faut dire que le pays hérité est considéré comme une nouvelle colonie. Dès lors, la politique appliquée ici est celle de l'assimilation. Il serait dont question de faire du territoire camerounais une copie pâle de la métropole. Le pays a connu

80 Ibid.

81 Ibid.

82 B. Delaveau, C. Mongnet et al ; Décolonisation et problèmes de l'Afrique indépendante, Paris, Edicef, 1983, p. 84.

83 A. Ahidjo, L'Encyclopédie de la République Unie du Cameroun, Yaoundé, Les Nouvelles Editions Africaines, 1981, p. 57.

84 Ibid. p.

son évolution dans le cadre des réformes que faisait la métropole pour ses colonies de l'AOF et de l'AEF. D'abord l'Union Française en 1946. Cette constitution qui fut rejetée d'abord le 5 mai 1946 par ce qu'elle ne répondait pas aux intérêts des colons85 se verra pour la deuxième tentative adoptée le 27 octobre 1946. Celle-ci créa l'Union Française. Elle était formée d'une part de la République Française qui comprend la France métropolitaine, les départements et les territoires d'Outre-mer, d'autre part, des territoires et Etats associés86. L'impact de cette constitution au Cameroun fut le droit accordé à son territoire d'élire des représentants à l'Assemblée Nationale Française, le territoire était également représenté au Conseil de la République Française et au Conseil Economique Français87.

La loi-cadre Gaston Defferre de 1956 apportait d'autres réformes pour l'évolution politique du Cameroun. Ainsi les élections au sein de toutes les assemblées du Cameroun Français allaient désormais être faites par un collège unique. Grâce à cette loi, le territoire obtint sa première constitution en 1957 et eut son premier chef du gouvernement le 15 mai 195788. Et le 1er janvier 1960, le Cameroun accédait à son indépendance sous la direction d'Ahidjo. Alors nous constatons que dans son processus vers l'autodétermination, le pays fut accompagné par la France. Dès lors penser que la nature laïque de l'Etat du Cameroun est une signature de la France serait justifié, car cette dernière était déjà laïque depuis plusieurs siècles et ne trouvait pas son intérêt à donner une autre nature à son ancienne colonie qui devenait un Etat. Surtout quand-t-on sait que pendant cette période tout était fait par les Français. Ce qui signifierait que les constitutionalistes de cette première heure seraient ceux-ci.

D'autres facteurs internes peuvent expliquer l'orientation du Cameroun vers une république laïque. Celui d'une multitude de religions sur son sol depuis la colonisation allemande. En effet, le Cameroun allemand était un territoire partagé entre plusieurs religions. Le Grand Sud chrétien (Missions Baptistes de Londres, Mission Protestante Américaine, la Mission Allemande de Bâle) et le Grand Nord musulman89. Ainsi quand les Français arrivent en 1916, ils trouvent cette réalité. Cette diversité des religions était déjà un facteur de laïcité. Car il

85 Les milieux coloniaux avaient parfaitement pris conscience du danger qui les menaçait, car l'extension du système démocratique et du suffrage universel les rendait minoritaires dans les territoires et donc incapables d'orienter la politique dans le sens de leurs intérêts.(B. Delaveau, C. Mongnet et al ; Décolonisation et problèmes de l'Afrique indépendante, Paris, édicef, 1989, P.70.).

86 B. Delaveau, C. Mongnet et al ; Décolonisation et problèmes de l'Afrique indépendante, Paris, édicef, 1989, P.71.

87 V. J. Ngoh, Cameroun 1884-1985 Cent ans d'histoire, Yaoundé, CEPER, 1990, p. 116.

88 Ibid. p. 140.

89 Ibid. pp. 7-27.

était difficile pour le pays de pencher pour une religion quelconque de peur de léser une partie de la population à cause de son attachement à une religion différente.

A propos de cette laïcité de l'Etat Cameroun, beaucoup de juristes camerounais pensent que le pays l'a hérité des droits classiques français de 1789. C'est le cas de Maurice Kamto qui citait dans `'Chroniques Juridiques» en 1996 quelques droits classiques hérités de la révolution de 1789. Ils sont :

- Le principe d'égalité ;

- La sûreté personnelle ;

- L'inviolabilité du domicile ;

- Le secret de la correspondance ;

- L'accès à la justice ;

- La liberté de conscience et de culte ;

- La liberté d'expression et de presse ;

- La laïcité de l'Etat90.

Parmi ces droits fondamentaux il se trouve que la laïcité de l'Etat y figure, preuve que le Cameroun aurait hérité des droits classiques français dans ses différentes constitutions. Alors à travers l'examen du rôle de la France dans le processus de décolonisation au Cameroun, les facteurs internes matérialisés par une multitude de religions et la position de Maurice Kamto, nous avons tenté de montrer que la nature laïque de l'Etat camerounais viendrait de la France. Mais alors, il est sans doute que d'autres sources de la séparation de l'Eglise et l'Etat au Cameroun existent.

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus