F- LA SOURCE CAMEROUNAISE DE LAÏCITE
Une source est dite nationale quand elle concerne la
constitution, les textes juridiques d'un pays. Au Cameroun, la constitution est
la source de la séparation de l'Etat et de l'Eglise.
La constitution est la loi fondamentale d'un pays. Ainsi au
Cameroun, elle est l'ensemble des règles concernant les droits et des
libertés, les devoirs et les obligations des citoyens,
95`'Charte Africaine des Droits de l'Homme et des
Peuples», dix-huitième conférence des Chefs d'Etats et de
Gouvernement de l'OUA, juin 1981, Nairobi, Kenya.
96 `'Charte Africaine des Droits de l'Homme et des
Peuples».
97 Ibid.
98 Ibid.
l'organisation et le fonctionnement des pouvoirs publics en
tant qu'elles sont énoncées dans un texte particulier par
l'organe constituant, et qui ne peuvent être modifiées que par des
organes désignés à l'avance et selon une procédure
spéciale de révision distincte de la procédure
législative ordinaire.
Le Cameroun aurait eu sa première constitution mars
1960. En effet, le gouvernement de l'Etat du Cameroun conformément
à la loi n° 59-56 du 31 octobre 1959 a proposé et le peuple
a adopté. Le Premier Ministre, Chef de l'Etat promulgue la loi
constitutionnelle dont le préambule définit la nature de l'Etat
en ces termes :
- L'Etat proclame sa neutralité vis-à-vis de toutes
les croyances. La liberté du culte et le libre exercice de sa pratique
sont garantis.
- Le principe de la laïcité, sous l'égide
duquel le peuple camerounais place la République, s'entend par la
séparation des Eglises et de l'Etat. Il implique que la
République n'est ni ecclésiastique ni religieuse99.
La portée de ce texte est très profonde. Elle
signifie que l'Etat ne finance aucune religion, n'avantage aucune
obédience religieuse. Il dresse une barrière entre l'Etat et les
Eglises. Chacun deux n'interfère dans le domaine de l'autre. Les Eglises
sont libres d'exercer leur pratique mais dans le cadre de la loi. L'Etat laisse
librement les Eglises fonctionner mais reste l'organe régulateur.
Le contexte des crises religieuses que le monde connait
aujourd'hui, nous pouvons dire que cette disposition de la constitution
camerounaise était avant-gardiste. Car elle prévenait
déjà les conflits entre l'Etat et les Eglises d'une part et les
Eglises entre elles même d'autre part.
Cette constitution a connu plusieurs révisions et
modification, mais les plus importantes ont étaient la révision
de 1972, la modification de 1979, la modification de 1991 et la révision
de 1996.
Le 02 Juin 1972, le Cameroun obtient une nouvelle constitution
suite à la révision de celle de 1961. Le but de Cette
révision était pour la création des institutions de la
République Unie du Cameroun.
En 1979, Cette constitution de 1979 est modifiée par la
suspension de son article qui prévoyait le poste de premier ministre.
En 1991, elle se voit encore modifier pour instituer de
nouveau le poste de premier ministre.
99 A. AS, J.O.R. C, `'Constitution», mars
1960.
En 1996, la constitution de 1972 est révisée.
Elle vise à institutionnaliser la décentralisation à
travers les conseils régionaux et à compléter les
institutions politiques pour asseoir la démocratie. Le Senat, le Conseil
constitutionnel sont ces institutions100.
Pendant ces nombreuses modifications et révisions
constitutionnelles, la disposition qui assure la laïcité est
restée inchangée. Ceci montre la volonté des politiques de
ce pays à maintenir la séparation des Eglises et le pouvoir, la
diversité des confessions religieuses, la neutralité de l'Etat
face aux Eglises, le respect des libertés religieuse, de réunion
et d'association par l'Etat. La constitution étant la loi fondamentale
d'un pays, les lois et les règles d'un Etat sont soumises à leur
constitutionnalité. C'est pourquoi l'école tient compte de la
laïcité.
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