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La réintégration du Maroc à  l'Union Africaine

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par Manne SORY
Université Africaine de Technologie et de Management  - Licence Professionnelle  2017
  

Disponible en mode multipage

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LA REINTEGRATION DU MAROC A L'UNION AFRICAINE | 2017

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AVERTISSEMENT

L'Unité de Formation et de Recherche des Sciences Juridiques et Politiques de l'Université Africaine de Technologie et de Management (UATM) n'entend donner ni approbation ni improbation aux opinions émises dans ce document. Elles doivent être considérées comme propres à leur auteur.

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DEDICACES

A :

Ma mère Foulératou DJIBRIL ;

Mon père Mohamed SORY ;

Mes frères et soeurs Bassim, Sirouz, Hadioullaye, Amina et Maïssarath.

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REMERCIEMENTS

y' Au Dr Jean Luc LAWSON, pour les conseils, la rigueur et la disponibilité malgré ses nombreuses occupations, ont été le moteur de ce travail de recherche.

y' Aux professeurs de l'UATM GASA FORMATION qui nous ont formés et conseillés tout au long de cette formation.

y' A toutes celles et tous ceux dont il n'est pas possible de citer ici les noms, mais qui n'ont pas manqué aucune occupation de m'encourager.

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EPIGRAPHE

« ... quand un corps est malade, il est mieux soigné de l'intérieur que de l'extérieur ».

Mohammed VI, juillet (2016), message adressé au 27e sommet de l'UA.

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SIGLES ET ABREVIATIONS

BMCE : Banque Marocaine pour le Commerce Extérieur

BRICS : Brésil Russie Inde Chine Afrique du Sud

CCG : Conseil de Coopération du Golfe

CEDEAO : Communauté Economique Des Etats de l'Afrique de l'Ouest

CEEAC : Communauté Economique des Etats de l'Afrique Centrale

CEMAC : Communauté Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale

COMESA : Marché Commun de l'Afrique Orientale et Australe

CEN-SAD : Communauté des Etats Sahélo-Sahariens

COP : Conférence des Parties

EAC : Communauté d'Afrique de l'Est

FNM : Fondation Nationale des Musées

IDE : Investissement Direct Etranger

INED : Institut National d'Etudes Démographiques

IRIS : Institut des Relations Internationales et Stratégiques

NNPC : Compagnie Pétrolière Nationale Nigériane

OCP : Office Chérifien du Phosphate

OIT : Organisation Internationale du Travail

ONU : Organisation des Nations Unies

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ONG : Organisation Non Gouvernementale

ONHYM : Office National des Hydrocarbures et des Mines

OUA : Organisation de l'Unité Africaine

PIB : Produit intérieur Brut

RASD : République Arabe Sahraoui Démocratique

SADC : Communauté de Développement de d'Afrique Australe

SNI : Société Nationale d'Investissement

UA : Union Africaine

UE : Union Européenne

UMA : Union du Maghreb Arabe

ZLEC : Zone de Libre-Echange Continentale

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SOMMAIRE

INTRODUCTION GENERALE 1

PREMIERE PARTIE : Le Maroc à l'UA : analyse d'un retour bien préparé 7

Chapitre I : Une stratégie continentale mis sur pied par le royaume 9

Section I : Le renforcement de la présence du Maroc en Afrique 9

Section II : De la politique du Maroc pour réintégrer 20

Chapitre II : Des mutations internes au continent 30

Section I : Un Maroc en quête de territoire 30

Section II : Un Maroc en quête de suprématie 37

SECONDE PARTIE : Le Maroc à l'UA : une réintégration à plusieurs

interrogations

45

Chapitre I : Des compétences au service de l'UA 47

Section I : Des apports politico-diplomatique 47

Section II : des apports économico-stratégique 55

Chapitre II : Une collaboration bénéfique pour tous 65

Section I : Une adhésion favorable aux deux parties 65

Section II : L'émergence d'un nouveau leadership du royaume chérifien 74

CONCLUSION GENERALE 83

ANNEXE 86

BIBLIOGRAPHIE 104

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INTRODUCTION GENERALE

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En ce début du XXIe siècle où le monde se transforme en plusieurs pôles d'influence de tout part, nombreux sont les pays qui sont conscients du fait « qu'aucun Etat ne pourra vivre isolé du monde extérieur et en autarcie ». Tous les pays du globe se mettent alors ensemble par affinité se basant pour la plupart sur leurs positions géographiques ou/et économiques. Les Etats africains, ayant compris cette politique, s'appuyant sur leurs convergences au vue de leurs divergences ont mis sur pied l'Organisation de l'Unité Africaine en 1963 peu après les vagues de décolonisation sur le continent, qui sera plus tard en 2002, remplacé par l'Union Africaine.

Ainsi, le royaume du Maroc ou royaume chérifien, pays du Maghreb arabe et situé au nord du continent, représente l'un des pays fondateurs de cette organisation à vocation continentale. Mais au vu des multiples Etats africains, le royaume du Maroc ne présente pas les mêmes caractéristiques comme la majeure partie des pays du continent. Le Maroc est un Etat unitaire, dont le régime politique est une monarchie constitutionnelle, dirigé par le roi Mohammed VI depuis 1999, qui a succédé à son père le roi Hassan II. D'une superficie totale de 710.850 ou 460.550km21, une population de plus de 33 848 242 habitants (2014) et avec un Produit Intérieur Brut (PIB) estimé à 109.201 milliards de dollars, le royaume du Maroc a une économie plutôt stable. Le royaume chérifien est membre de plusieurs groupements sous régionaux, notamment la Communauté des Etats sahélo-sahariens (CEN-SAD), la Ligue Arabe ou encore l'Union du Maghreb Arabe (UMA) qu'il a quitté pour rejoindre la Communauté des Economique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO). Membre de l'Organisation de l'Unité Africaine (OUA) depuis sa création en 1963, ce dernier quittera ses rangs plus tard suite à un problème lié selon le Maroc, à une question de souveraineté nationale. De ce fait, pour gagner le pari de l'ouverture et du repositionnement stratégique perdu en raison de son départ de l'OUA, le royaume chérifien s'est déployé depuis plusieurs années avec une diplomatie de tous ordres : économique, financière, culturelle, spirituelle et surtout de proximité dans le but de faire son grand retour au sein de la nouvelle institution panafricaine, l'Union Africaine (UA).

1 Le Maroc a une superficie totale de 710.850km2 en incluant le Sahara occidental, mais sans celui-ci il mesure 446.550km2

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En effet, l'Union Africaine est une organisation interafricaine créée en 2000 et installé en 2002 en remplacement de l'Organisation de l'Unité Africaine (OUA). L'Union Africaine compte actuellement 55 membres, soit tous les pays d'Afrique avec le retour du royaume du Maroc. Sa création procède d'une volonté de relancer le processus d'intégration régionale, condition essentielle pour le développement de l'Afrique2. Ses objectifs principaux sont de permettre l'intégration politique et socio-politique du continent, garantir la sécurité et la paix, de promouvoir la démocratie, les droits de l'homme et d'être la voie de l'Afrique à travers le monde.

Le problème du Maroc ayant motivé son départ de l'Organisation de l'Unité Africaine remonte dans les années 1970. Une période durant laquelle, le royaume du Maroc s'est vu privé (selon lui) d'une partie de son territoire national, revendiqué par les indépendantistes du Sahara Occidental et proclamé en République Arabe Sahraoui Démocratique (RASD) en 1974. Ce nouvel Etat intègre l'OUA en 1982, accepté par ses pairs, en application du principe de l'autodétermination des peuples à disposer d'eux-mêmes et de l'intangibilité des frontières héritées de la colonisation. Ce qui fait que le Maroc du roi Hassan II claque la porte deux ans plus tard, en 1984.

Si aujourd'hui le royaume du Maroc croît toujours fermement pouvoir disposer un jour ou l'autre de cette portion de terre reliée à ses provinces du sud, sa position reste à reconsidérer au sein de l'UA. Non seulement par rapport à son combat qui l'oppose aux indépendantistes pour avoir gain de cause sur le Sahara occidental et mais aussi, sur son apport dans l'accomplissement des objectifs de l'UA, au vu des alliées dont dispose la RASD au sein de l'organisation. C'est ce qui justifie le choix de ce thème intitulé « la réintégration du Maroc à l'Union Africaine ». Au-delà de présenter un intérêt scientifique non négligeable, l'analyse de cette question sur le Maroc et l'UA fait figure d'un sujet d'actualité. Cette étude nous conduira sans doute à visiter les disciplines scientifiques telles que les relations internationales, la géopolitique, la géostratégie, le sud dans les relations internationales, le droit international public, etc.

Après avoir passé plus de trente ans en dehors du cercle de l'organisation panafricaine, le royaume chérifien a su mener une véritable bataille sur tous les fronts, que ce soit diplomatique ou économique dans le but de pouvoir regagner sa place au

2 Lexique de science politique : vie et institutions politiques, 2e édition, Dalloz, Paris, p.571

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sein de l'UA. En Janvier dernier, lors du 28e sommet, le Maroc arrive à regagner sa place au sein de l'UA. Et à cette occasion, à la tribune de l'Union Africaine à Addis-Abeba en Ethiopie, le roi Mohammed VI déclarait : « il est beau le jour où l'on rentre chez soi ». Ces propos du souverain marocain viennent couronner l'intense politique africaine entreprise par le royaume après de longues années de séparation. La présence à nouveau du royaume du Maroc au sein de l'institution panafricaine ne peut de ce fait, être considérée comme une fin en soi, mais plutôt, elle doit être considérée comme le début d'une nouvelle page dans les relations entre le Maroc et son continent naturel.

Malgré le retour du Maroc au sein de l'UA, la situation qui l'a fait quitter les rangs de l'OUA, il y a plus de trois décennies, ne s'est tout de même pas résolue jusque-là. Si le Maroc pense qu'il s'agit d'une question de souveraineté nationale, d'autres (essentiellement la RASD et ses alliées) soulignent la volonté du Maroc d'annexer cette zone. Aujourd'hui, les lignes peuvent encore bouger à ce sujet. En effet, en trente-trois années d'absence, le monde en général et l'Afrique en particulier a subi une multitude de changement. Comme constater que le continent n'est plus dans l'Afrique des idéologies, du colonialisme ou de la guerre froide. Pour Mohamed Benhammon, « nous ne sommes plus dans un contexte de la guerre froide avec l'affrontement des deux blocs, nous ne sommes plus dans la logique des alliances en Afrique. Nous avons de nouvelles élites africaines beaucoup plus pragmatiques, plus réalistes, ouvert sur l'avenir. Nous avons aujourd'hui des Etats africains qui agissent dans le respect de leurs intérêts, loin de toute volonté de se soumettre à une quelconque directive de certains. Nous ne sommes plus dans la logique des grands et des petits Etats. Il y a un contexte qui permet de nouer un nouveau dialogue, dans un contexte culturel, politique international nouveau »3. Une preuve que malgré toutes ces années d'impasse, il pourrait y avoir une issue à ce conflit.

De ce qui précède, la présence à nouveau du royaume du Maroc au sein de l'Union Africaine soulève sans doute de nouveaux défis, et représente une nouvelle ère dans les relations internationales contemporaines. Ceci laisse subsister une série de questions à savoir :

3 Interview de Mohamed Benhammon, président du centre marocain des études stratégiques (CMES).

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Quelles conséquences d'ordres positives et négatives peuvent découler de ce retour ? Quels sont les revers et les envers de cette réadmission ? En sa qualité principale d'acteur économique avec un poids aussi considérable sur les Etats africains, le Maroc saura-t-il remplacer l'ancienne puissance dont la Libye du feu Mouammar Kadhafi faisait office au continent ? Le royaume du Maroc arrivera-t-il à travers sa politique menée depuis années, à faire exclure la République Arabe Sahraoui Démocratique (RASD) de l'UA ? En somme, quels sont les enjeux liés au retour du royaume chérifien à l'UA ?

Cette question central est d'autant plus pertinente qu'elle suscite beaucoup d'interrogations, étant une énigme pour certains, autant qu'elle est un soulagement pour d'autres. Le monde réside aujourd'hui dans un perpétuel changement. Chaque pays défend sa souveraineté, en s'accordant à une ouverture aux autres en raison de la mondialisation et de la globalisation. Mais dans cette idée d'ouverture à l'autre, le retour du Maroc dans les arènes de l'organisation panafricaine laisse fortement apparaître une question épineuse, celle de la RASD.

Le présent travail sur la réintégration du Maroc à l'Union Africaine répond à une délimitation temporelle et spatiale.

En ce qui concerne la délimitation temporelle, il couvrira en majeure partie la période de 1999 à nos jours. Cette période marque en vérité, non seulement l'intronisation du prince héritier Mohammed VI en tant que souverain du royaume chérifien succédant ainsi à son père le roi Hassan II, mais aussi, cette période marque l'aboutissement de la politique menée par le souverain chérifien pour se décrocher une réintégration au sein de l'Union Africaine. Il s'agit là, pour le souverain chérifien, le roi Mohammed VI de faire fonctionner les leviers qui mèneront le royaume du Maroc vers un développement politique et socioéconomique, et qui actionneront les manoeuvres politiques pour un retour sans faute de son royaume au sein de l'UA.

Du point de vue spatial, la présente étude englobe d'une manière générale, l'Afrique étant donné que l'Union Africaine reste le centre d'intérêt majeur associé à cette étude.

La présente étude qui aborde la question de la réintégration du Maroc à l'Union Africaine bâti sur l'ensemble des recherches documentaires à partir des ressources

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récupérées sur internet, conduit à faire une analyse sur les coulisses d'un retour bien préparé (Première Partie) du Maroc à l'UA.

Toutefois, cette réintégration est loin d'être une parole d'évangile pour beaucoup de personnes, vu qu'elle suscite plusieurs interrogations, au vue des enjeux et défis que présente l'Union Africaine (Seconde Partie).

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PREMIERE PARTIE

LE MAROC A L'UA : ANALYSE D'UN

RETOUR BIEN PREPARE

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Depuis plus de deux décennies, le royaume du Maroc a tourné dos à l'organisation continentale, l'Union Africaine. Après s'être nourri de faux espoirs sur une possible intégration à l'Union Européenne (UE) en vain, le royaume chérifien a décidé de revenir sur ses pas. Un tel retour, basé sur une véritable ambition de ressurgir dans les mailles du filet africain, consacre la politique marocaine à redéfinir sa politique étrangère. Après cette alternance au sommet de la royauté marocaine consacrant le fils héritier Mohammed VI au trône, le royaume du Maroc devra faire face à un nouveau défi dans le but de mieux se voir réintégrer dans le concert des Etats africains. Au cours de ses visites, les discours royaux sont ponctués vers cet objectif principal du royaume chérifien, celui de pouvoir accélérer son processus de réadmission au sein de l'Union Africaine. Sans doute, l'aspiration du royaume du Maroc à faire partie du cercle de l'institution panafricaine cache un autre objectif. Il s'agit essentiellement de la controverse sur le Sahara Occidental qui tient vraiment à coeur au Maroc.

Le royaume du Maroc s'appuie particulièrement sur leur opportunité à offrir une collaboration, une participation du royaume chérifien à l'émergence du continent. Tout son arsenal diplomatique qu'il déploie, qu'il soit économique ou politique, culturel ou religieux, répond à l'atteinte d'une seul et même finalité, l'Union Africaine. Contre toutes attentes, le Maroc devra de fond en comble, pouvoir baliser le terrain pour une réintégration prompte et sans contestation majeure au vue des divergences doctrinales et politiques qu'il entretient avec certains pays voisins ou même à l'intérieur du continent.

Pour ce fait, le roi Mohammed VI a construit autour de son royaume une stratégie visant l'ensemble du continent (Chapitre I). Celui-ci, conduit par un souhait d'avoir la possibilité de faire appui sur les mutations internes qu'a connu le continent (Chapitre II) pour parvenir à mieux faire avancer son dossier sur son retour au sein de l'Union Africaine.

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Chapitre I : Une stratégie continentale mise sur pied par le royaume

Depuis plusieurs années, le royaume du Maroc essaye de mieux s'afficher sur la scène internationale et particulièrement en Afrique dans le but d'améliorer sa représentation sur le continent africain. Cette volonté pour le royaume chérifien de s'intégrer dans les rangs des pays porteur du continent, se traduit par les multiples visites et investissements entrepris par ce dernier dans la plupart des pays africains. Sans doute, le royaume du Maroc possède plusieurs atouts qui lui permettent de s'aventurier au coeur des instances de l'institution panafricaine. Il mène pour ce fait une politique pour pouvoir réintégrer les rangs de l'UA (Section II), mais pour une politique réussie dans le cadre de cette réintégration, le royaume du Maroc entend d'abord accorder un privilège à sa visibilité sur le continent (Section I).

Section I : Le renforcement de la présence du Maroc en Afrique

Afin de s'imposer sur le continent et dans la sous-région maghrébine, le royaume chérifien a actionné son levier qui lui permettra de mieux s'afficher sur le continent. Le roi Mohammed VI se lance dans une vaste conquête à travers tout le continent en multipliant non seulement les visites officielles (Paragraphe I), ses soutiens à ses habituels alliés, mais les accords de coopération avec bon nombres de pays africains (Paragraphe II).

Paragraphe I : Des visites officielles

Dans sa politique d'ouverture et de coopération avec le reste du continent africain, le royaume du Maroc compte sur ses alliés de longues dates ainsi que sur ses nouveaux partenaires. Une raison qui a conduit le souverain marocain, le roi Mohammed VI lors de ses derniers déplacements, en Afrique de l'ouest (A) chez ses alliés habituelles et aussi en Afrique de l'Est (B), une partie du continent qu'il n'avait pas jusque-là parcouru.

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A- Des tournées en Afrique de l'ouest

Au lendemain de son intronisation en 1999, le roi Mohammed VI n'a pas tardé à afficher un véritable choix d'ouverture aux autres. Cette volonté mena le royaume du Maroc à l'assaut du reste du continent en visitant ses voisins de l'Ouest courant 2016, notamment le Nigéria et le Sénégal. Cette ouverture en Afrique de l'ouest répond à une volonté du Maroc, de vouloir faire son grand retour au sein de l'Union Africaine d'une part, et d'essayer de ce fait de « chercher à imposer sa marque et son style en Afrique de l'Ouest »4.

Au cours de l'une de ces tournées, le roi du Maroc s'est rendu au Nigéria, puissance économique et démographique du continent, une occasion pour lui de s'assurer du soutien de ce pays pour la réintégration de son royaume au sein de l'UA et renforcer les relations économiques entre les deux pays. Pour le roi, cette visite représente « une nouvelle consécration de la vision perspicace et du leadership clairvoyant du souverain en faveur du renforcement des relations bilatérales entre Rabat et Abuja et de l'avènement d'une Afrique maîtresse de son destin »5. Au cours de cette visite, l'un des projets les plus ambitieux qui a été signé entre les deux pays, est celui de la réalisation d'un gazoduc régional appelé à relier les ressources gazières du Nigéria au Maroc, en passant par plusieurs pays ouest africain. Au-delà de celui-ci, des mémorandums, accords et conventions ont été signé dans le but d « renforcer leur détermination à forger un partenariat commun en vue de promouvoir la coopération sud-sud et le développement en Afrique »6. Si le royaume chérifien a en ligne de mire l'adhésion du Nigéria à la motion signé par des Etats africains7 pour accélérer son

4 Rfi, Mohammed VI part à la conquête de l'Ouest, Rfi [en ligne], 18-02-2014, [consulté le 29-08-2017], disponible à l'adresse : http://www.rfi.fr/afrique/20140218-mohammed-vi-part-conquete-ouest

5 MAP, Une visite historique de sa majesté le roi Mohammed VI au Nigéria, Africanow [en ligne], 2016, [consulté le 29-08-2017], disponible à l'adresse : http://africanow.online/visite-historique-de-majeste-roi-mohammed-vi-nigeria/

6 Source : Communiqué officiel de la visite du roi Mohammed VI au Nigéria

7 Cette motion engagée par le président gabonais Ali Bongo Ondimba et déposée auprès de la Commission de l'UA, a été mise en oeuvre dans le but d'accélérer le retour du Maroc à l'UA et d'expulser de ce fait la RASD. Il fut donc signé par 28 Etats-parties, dont l'hebdomadaire international Jeune Afrique dans sa parution du 24 juillet 2016, n° 2898 a listé comme suit « Bénin, Burkina Faso, Burundi, Cap-Vert, Comores, Congo, Côte d'Ivoire, Djibouti, Erythrée, Gabon, Gambie, Ghana, Guinée, Guinée-Bissau, Guinée Equatoriale, Libéria, Libye, Centrafrique, RD Congo, Sao-Tomé-Et-Principe, Sénégal, Seychelles, Sierra Leone, Somalie, Soudans, Swaziland, Togo et Zambie ».

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retour à l'UA et essayé sans doute, d'expulser la République Arabe Sahraoui Démocratique (RASD) des rangs de l'UA, les accords et conventions conclus touchent de nombreux domaines. Ces deniers, publiques comme privés, vont de l'agriculture au transport, les ports, l'énergie, les finances, les banques/assurances, la culture, le tourisme et surtout la sécurité avec « le soutien total et actif du royaume du Maroc au Nigéria dans ses efforts d'éradication des activités terroristes de Boko Haram et dans les pays voisins du bassin du lac Tchad »8.

En dehors du Nigéria, le roi Mohammed VI a visité le Sénégal. Un déplacement durant lequel, il a tenu à adresser au peuple marocain, depuis Dakar, son discours à l'occasion du 41e anniversaire de la marche verte9. Un discours stratégique d'autant plus que, non seulement le Sénégal représente un allié au Maroc depuis toujours, mais aussi du fait que ce dernier fait partie de ces pivots qui oeuvrent pour le retour du Maroc à l'UA et la résolution de la question du Sahara Occidental en faveur du Maroc. Dans son discours, le roi Mohammed VI réaffirme donc l'intention de son royaume de réintégrer l'UA et de faire face aux défis sur les questions touchant son intégrité territoriale et continentale. Ceci rentrera justement au coeur des discussions liées à sa visite, « la volonté du Maroc de réintégrer l'UA pour tenter de faire avancer l'épineux dossier du Sahara occidental »10. Dans ce discours, il soulignait : « nous avons décidé d'imprimer une nouvelle dynamique compte tenu du poids politique, des potentialités économiques et atouts stratégiques »11. Toutefois, cette visite sera aussi l'occasion de renforcer la coopération bilatérale entre le Sénégal et le Maroc dans un partenariat gagnant-gagnant et qui prend en compte divers secteurs au vu de consolider les relations économiques bilatérales qui les unissent. Au terme de cette visite, le roi Mohammed VI n'a pas fait que réconforter sa position en Afrique de l'Ouest. Il a aussi tissé de nouveaux liens d'amitié avec les Etats de l'Est du continent.

8 Ibid.

9 La marche verte représente cette marche des 350.000 civils du Maroc pour la récupération pacifique des provinces du Sahara autrefois occupé par l'Espagne.

10 Rfi, Le roi du Maroc Mohammed VI en visite officielle chez l'allié sénégalais, Rfi [en ligne], 07-112016, [consulté le 29-08-2017], disponible à l'adresse : http://www.rfi.fr/afrique/20161106-roi-maroc-mohammed-visite-officielle-senegal-allie-choix-union-africaine-sahara

11 Ibid.

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B- Des tournées en Afrique de l'Est

Le souverain chérifien, le roi Mohammed VI a voulu tisser de nouvelles amitiés et faire face à de nouveaux défis. Ce qui le conduit à visiter les Etats de l'Est du continent, dans le but de « s'ouvrir à cette région jusque-là délaissé par le royaume chérifien, mais aussi défendre sa candidature à l'Union Africaine »12. Mise à part la volonté de réintégration qui anime le roi du Maroc, il veut en visitant la corne de l'Afrique, « explorer de nouvelles opportunités économiques d'autant plus que le souverain marocain a fait du co-développement et du partenariat gagnant-gagnant l'une des priorités de son règne »13. Surtout que dans cette partie de l'Afrique, des pays comme le Rwanda, la Tanzanie et l'Ethiopie font figure de modèle en termes d'essor économique et de croissance. La visite du roi se veut donc d'être dans le but de renforcer la coopération sud-sud, et aussi d'être une visite stratégique à l'heure où le Maroc souhaite faire son retour au sein de l'UA14.

En premier lieu, le souverain s'est rendu au Rwanda. Cette visite a été effectuée après l'annonce officielle du Maroc de sa volonté à vouloir rejoindre la grande "famille institutionnelle" panafricaine dès le prochain sommet de l'UA. Ce qui a permis à Paul Kagame, président du Rwanda de réitérer le soutien de son pays à cette décision du retour du Maroc à l'UA et son engagement ferme à oeuvrer pour sa réussite, à la faveur d'une admission prompte et inconditionnelle15. A cet effet, « les deux pays ont décidé de renforcer [...] leur concentration et coordination à tous les niveaux et sur les différentes questions régionales, continentales et internationales »16. Dans de tels

12 Rfi, Retour du Maroc dans l'UA : au Rwanda, Mohammed VI reçoit le soutien attendu, Rfi [en ligne], 20-10-2016, [consulté le 29-08-2017], disponible à l'adresse : http://www.rfi.fr/afrique/20161019-retour-maroc-ua-rwanda-mohammed-vi-recoit-le-soutien-attendu

13 Carole Kouassi, Maroc : tournée de "séduction" du roi Mohammed VI dans la corne de l'Afrique, Africa

News [en ligne], 18-10-2016, [consulté le 29-08-2017], disponible à l'adresse :
http://fr.africanews.com/2016/10/18/maroc-tournee-de-seduction-du-roi-mohammed-vi-dans-la-corne-de-l-afrique//

14 Hamza Mekouar, Le double enjeu de la visite de Mohammed VI en Afrique de l'est, Huffpost [en ligne],

19-10-2016, [consulté le 29-08-2017], disponible à l'adresse :
http://www.huffpostmaghreb.com/2016/10/19/enjeu-visite-mohammed-vi-afrique-est n 12553834.html

15 Source : Communiqué conjoint officiel entre la république du Rwanda et le royaume du Maroc publié à l'issue de la visite officielle en république du Rwanda de sa majesté le roi Mohammed VI, roi du Maroc.

16 Ibid.

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voyages officiels, ce ne sont pas les accords et partenariats qui en manquent. Plusieurs accords et partenariats bilatéraux ont été conclus dans des domaines divers tels les consultations politiques, les services aériens, la coopération sécuritaire, la coopération en matière fiscale, la protection investissements, la finance, le logement, les assurances, la technologie et le développement des zones économiques.

Dans le prolongement de ses voyages en Afrique de l'Est, après le Rwanda, le roi Mohammed VI s'est rendu en Tanzanie. Au menu de cette visite, coopération économique et rapprochement diplomatique. Ainsi, la question de la réintégration du royaume chérifien à l'UA ne manque jamais d'intérêts dans les discussions. Son Excellence le Dr John Pombe Joseph MOGUFULI a exprimé à ce propos, le soutien de la Tanzanie à la décision du Maroc d'intégrer l'UA et d'y retrouver sa place légitime17. Cependant, il faut le rappeler, la Tanzanie faisait partie de ces rares pays à travers le continent à reconnaître la RASD. Un soutien qui lui est accordé pour des raisons historiques et dont le roi Mohammed VI a dû user du « soft power » marocain pour ramener la Tanzanie à une position plus mesurée (neutralité). Mais à ce stade de la tournée, le royaume chérifien se doit de créer une relation ex-nihilo18 avec la Tanzanie. Ceci n'a pas empêché la conclusion de divers accords dans les secteurs comme celui du tourisme, de l'agriculture, du transport ferroviaire et du commerce, ainsi que l'ouverture d'une ambassade du royaume du Maroc en Tanzanie et un Consulat général de la Tanzanie au Maroc19.

Suite à cela, pour conclure une longue tournée dans la partie orientale du continent, le roi Mohammed VI s'est rendu en Ethiopie. Deuxième puissance démographique (2015) et 4e économie du continent, le royaume chérifien élargi ainsi son cercle de coopération avec cette visite. En plus, la présence à Addis-Abeba, capitale de l'Ethiopie, du siège de l'UA représente la meilleure aubaine pour discuter

17 Source : Communiqué conjoint officiel entre la république unie de Tanzanie et le royaume du Maroc publié à l'issue de la visite officielle en république unie de Tanzanie de sa majesté Mohammed VI, roi du Maroc.

18 Une relation ex-nihilo, c'est-à-dire qui devrait se construire à base de rien, vu que la visite du roi marocain représente une nouvelle dans la zone.

19 Source : Communiqué conjoint officiel entre la république unie de Tanzanie et le royaume du Maroc publié à l'issue de la visite officielle en république unie de Tanzanie de sa majesté Mohammed VI, roi du Maroc.

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de la concrétisation de la réintégration et le renforcement de la présence du Maroc en Afrique de l'Est20. Si au cours de ce déplacement, le Maroc compte cueillir un soutien favorable à sa réintégration de la part de l'Ethiopie il convient tout de même de souligner que la plupart des Etats anglo-saxon du continent (dont l'Ethiopie) font figure de soutiens à la RASD. Le roi Mohammed VI fera jouer les intérêts réciproques, dans une coopération Sud-Sud et un partenariat gagnant-gagnant « dans l'optique de faire en sorte que les dirigeants éthiopiens mettent en balance leur intérêts avec le Maroc et les autres pays, surtout la RASD »21.

A l'issu de cette visite, des conventions de coopération entre les deux pays ont été signées. Ces derniers incluent « la convention sur la promotion et la protection des investissements, la convention sur la non-double imposition et la prévention de l'évasion fiscale, la convention sur l'agriculture, la convention de promotion au commerce et la convention sur la coopération économique, scientifique, technique et culturelle, ainsi, que l'accord relatif aux services aériens, le mémorandum d'entente sur la formation hôtelière et touristique »22 sans oublier le méga projet de l'Office Chérifien du phosphate (OCP) en Ethiopie sur la création d'une usine de fabrication d'engrais.

Cependant, parmi ces accords et conventions signés durant la tournée africaine de sa majesté le roi Mohammed VI, un certain nombre de ceux-ci, surtout les plus ambitieux, commencent déjà à voir le jour dans tous les coins du continent.

Paragraphe II : Des accords de coopération

Durant toute la journée royale entrepris par le roi Mohammed VI dans les sous-régions du continent, plusieurs accords/projets ont vu le jour. Ces derniers, sont de divers

20 MAP, Visite officielle de SM le Roi en Ethiopie, Royaume du Maroc [en ligne], 17-11-2016, [consulté le 06-09-2016], disponible à l'adresse : http://www.maroc.ma/fr/actualites/visite-officielle-de-sm-le-roi-en-ethiopie

21 Youssef Boudlal, Le roi Mohammed VI en Ethiopie : une visite et des enjeux ; Huffpost [en ligne], 18-

11-2016, [consulté le 05-09-2017], disponible à l'adresse :
http://www.huffpostmaghreb.com/2016/11/18/mohammed-vi-ethiopie n 13069758.html

22 Source : Communiqué conjoint ayant sanctionné la visite officielle de SM le roi en Ethiopie.

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ordres allant du plus ambitieux qui verra le jour u Nigéria, le gazoduc Maroc-Nigéria (A), à un ensemble d'investissements massifs (B) sur le continent.

A- Le gazoduc Maroc-Nigéria

Le projet du gazoduc Maroc-Nigéria est un projet d'acheminement de gaz naturel du Nigéria vers le Maroc. Ce gigantesque projet, dont le budget oscille entre 25 et 50 milliards de dollars US23 (offshore) a été signé lors de la visite du roi Mohammed VI au Nigéria au dernier trimestre de l'année 2016. Le gazoduc Maroc-Nigéria prendra ainsi sa source dans la région d'Escravos (au Nigéria) pour traverser toute la côte ouest africaine, longer le Maroc pour prendre une éventuelle chute (in fine) en Europe via l'Espagne.

Ce méga projet transcontinental ne sera en effet, que le prolongement du gazoduc de l'Afrique de l'Ouest24 déjà existant qui fournit du gaz naturel depuis le Nigéria au Ghana en passant par le Bénin et le Togo25. Ce projet conclu entre l'Office National des Hydrocarbures et des Mines (ONHYM) et la Compagnie Pétrolière Nationale Nigériane (NNPC), long de 5000km26, permettra l'accélération des projets d'électrification dans toute la sous-région de l'Afrique de l'Ouest et sera à la base de la création d'un marché régional compétitif de l'électricité27. Outre l'électricité, ce projet pharaonique devra permettre de développement des pôles industriels intégrés dans la

23 Massinissa Mansour, Gazoduc transsaharien/ Le Maroc supplante l'Algérie, Algérie Focus [en ligne],

18-05-2017, [consulté le 07-09-2017], disponible à l'adresse : http://www.algerie-
focus.com/2017/05/gazoduc-transsaharien-maroc-supplante-lalgerie/

24 Le gazoduc de l'Afrique de l'ouest qui est la propriété de West African Gas Pipeline Company Limited est initiée en 1982 par les Etats membres de la CEDEAO dont la construction a démarré en 2005. Sa mise en opération, prévue 2007, n'a pas été effective pour cause de plusieurs déficiences techniques.

25 West African Gas Pipeline, Wikipédia [en ligne], [dernière modification le 18-06-2017], [consulté le 07-09-2017], disponible à l'adresse : https://fr.wikipedia.org/wiki/West African Gas Pipeline

26 Le gaz naturel qui sera acheminé vers le Maroc par des pipelines à partie du Nigéria sera partagé par le Bénin, le Togo, le Ghana, la Côte d'Ivoire, le Libéria, la Sierra Leone, la Guinée, la Guinée-Bissau, la Gambie, le Sénégal et la Mauritanie.

27 Yassine Benargane, Gazoduc Maroc-Nigéria : Un projet titanesque qui concrétise la coopération sud-sud, Yabiladi [en ligne], 15-05-2017, [consulté le 05-09-2017], disponible à l'adresse : https://www.yabiladi.com/articles/details/53690/gazoduc-maroc-nigeria-projet-titanesque-concretise.html

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sous-région dans des secteurs tels l'industrie, l'agrobusiness et l'engrais28. Selon les propos de Nasser Bourita, Ministre des affaires étrangères du Maroc, « c'est aussi un projet viable qui vient répondre au besoin croissant de l'Europe de diversifier ses sources d'énergie ».

De plus, à travers ce gazoduc transcontinental, il permettra une amélioration de la compétitivité des exportations des Etats ouest africain et stimuler la transformation locale des ressources naturelles29. En bref, « ce pipeline va introduire un changement profond dans l'économie des pays qu'il va relier » analyse une source diplomatique marocaine.

Cependant, si certains qualifient ce projet d' « ambitieux » en raison de sa couverture sur différents Etats particulièrement en prospection gazière (Côte d'Ivoire, Sénégal, Guinée, Mauritanie), d'autres qualifient ce dernier de fantôme et d'utopique. En effet, selon des propos rapportés par le journal « Le Monde »30, ce projet, aussi ambitieux et pharaonique soit-il, ne risque pas de voir le jour pour des raisons de sécurité. Selon des explications, ce pipeline prend son approvisionnement dans le delta du Niger, une région du sud du Nigéria qui n'est pas sécurisée. Personne ne mettra de somme colossal dans un tel projet, pour ajouter le fait que le gazoduc traverserait « une dizaine de pays dont certains sont dans des situations particulièrement difficiles »31. Ainsi, ce constat de la complexité géostratégique lié à la faisabilité de ce projet pourrait bien être « [...] une stratégie politique. Il s'agit d'une part (pour le Maroc) d'obtenir du Nigéria une neutralité bienveillante face aux ambitions

28 Le développement des pôles industriels intégré dans la sous-région dans le secteur de l'engrais explique notamment la signature de la convention entre l'OCP et le milliardaire Aliko Dangote pour une importante production de fertilisant alimenté par le phosphate marocain et le gaz nigérian qui vise à faire booster la production agricole du Nigéria.

29 Yassine Benargane, Gazoduc Maroc-Nigéria : Un projet titanesque qui concrétise la coopération sud-sud, Yabiladi [en ligne], 15-05-2017, [consulté le 05-09-2017], disponible à l'adresse : https://www.yabiladi.com/articles/details/53690/gazoduc-maroc-nigeria-projet-titanesque-concretise.html

30 Joan TILOUNE, CHARLOTTE BOZONNET, Gazoduc Maroc-Nigéria : l'avenir de l'Afrique de l'Ouest ou chimère ?, Le Monde [en ligne], 17-05-2017, [consulté le 08-09-2017], disponible à l'adresse : http://www.lemonde.fr/afrique/article/2017/05/17/gazoduc-maroc-nigeria-l-avenir-de-l-afrique-de-l-ouest-ou-chimere 5129337 3212.html

31 Ibid.

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du Maroc, que ce soit pour son entrée à l'UA et à la CEDEAO ou sur la question sahraouie d'autre part... »32.

Toutefois, l'aboutissement de ce méga projet devra pouvoir transcender les différends politiques, comme celui du froid diplomatique entre le Maroc et la Mauritanie d'une part, ou même du conflit historique qui perdure depuis des décennies entre le Maroc et la RASD. Tout compte fait, sur l'ensemble du continent, au-delà du gazoduc Maroc-Nigéria, beaucoup d'autres investissements ont été réalisés par le Maroc.

B- Des investissements massifs

Le royaume du Maroc n'a pas attendu que son retour soit effectif au sein de l'UA, avant de se lancer dans des investissements à travers tout le continent. Ces investissements faits dans plusieurs domaines, réconfortent la place du Maroc en tant que puissance en devenir sur le continent. 3e pays le plus prospère en Afrique (derrière l'Afrique du Sud et le Burundi)33, 11e pays de par sa population (2016)34, 4e budget militaire du continent35 et l'un des premiers investisseurs du continent (avec l'Afrique du Sud), le royaume du Maroc veut s'ériger au rang de hub continental et régional à travers ses investissements. Comme l'a souligné l'analyste Amine Dafir : « l'intérêt économique croissant généré par le Maroc sur le continent permet de renforcer l'influence perdue par le pays du fait de son retrait de l'UA ». depuis l'annonce de Kigali (capitale rwandaise) affirmant l'intention du Maroc de regagner le giron de l'institution panafricaine en 2016, pas moins de 113 conventions, accords, mémorandums et

32 Ibid.

33 Rapport « Africa Prosperity Report 2016 » réalisé par le Think tank londonien Legatum Institute in Agence Ecofin, classement des pays les plus prospère en 2016 selon Legatum Institute, Finance [en

ligne], publié le 02-06-2016 [consulté le 05-09-2017], disponible à l'adresse :
http://www.agenceecofin.com/gestion-publique/0206-38560-classement-des-pays-africains-les-plus-prosperes-en-2016-selon-legatum-institute

34 Démographie de l'Afrique, Wikipédia [en ligne], [dernière modification le 14-08-2017], [consulté le 1009-2017], disponible à l'adresse : https://fr.wikipedia.org/wiki/D%C3%A9mographie de l%27Afrique

35 Badya Khalid, le Maroc une valeur montante en Afrique, Challenge [en ligne], publié le 24-08-2017], [consulté le 09-09-2017], disponible à l'adresse : http://www.challenge.ma/maroc-valeur-montante-afrique-79619/

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accords d'investissements 36 dans de grands secteurs comme l'agriculture, la banque/assurance, les énergies renouvelables, les mines, le tourisme et la logistique à travers les Etats anglophones visités qui était jusque-là pour lui Terra Incognita.

A travers ses différents investissements, le souverain chérifien a préconisé, à cet effet, une vision à long terme ayant pour socle stratégique la coopération sud-sud pour un développement durable fondé sur des rapports économiques justes, équitable et gagnant-gagnant. Ainsi, le montant des Investissements Directs Etrangers (IDE) marocain sur le continent est chiffré à environ 4milliards de dollars US en 201637, ce qui permet au Maroc de damer le pion à l'Afrique du Sud pour devenir le premier investisseur en Afrique selon certaines sources. Un chiffre qui affiche clairement les ambitions du royaume chérifien. Assurément, avec ses nombreux investissements, le Maroc a su avec le temps, faire changer les positions de certains Etats qui étaient restés « hostiles » à la réintégration du Maroc et à la suspension de la RASD de l'organisation, grâce à son influence économique qu'il a fait jouer en sa faveur. Au Rwanda comme en Ethiopie, en passant par le Nigeria, le Sénégal ou encore la Tanzanie, le souverain chérifien avec tout son royaume se présentent comme des investisseurs aguerris faisant ce qu'ils savent faire de mieux : développer des liens économiques avec de nombreux pays du continent par le biais du commerce et de l'investissement.

Cependant, si le Maroc a réussi à convaincre à travers ses investissements, c'est aussi en partie grâce à la particularité du modèle de coopération que le Maroc s'emploie à développer avec l'Afrique. Ce dernier réside dans la diversité des acteurs et des partenaires impliqués. Une coopération qui n'est plus l'apanage unique des gouvernements et des institutions gouvernementales, bien au-delà, le modèle marocain privilégie les opérateurs économiques privés et les acteurs de la société civile.

36 Nadia Lamlili, Maroc-Afrique : la diplomatie économique de Mohammed VI, Jeune Afrique [en ligne],

publié le 23-02-2017, [consulté le 06-09-2017], disponible à l'adresse :
http://www.jeuneafrique.com/406029/politique/maroc-diplomatie-chequier-de-mohammed-vi-nouveaux-amis-africains/

37 Oumar Baldé, Investissement en Afrique : le Maroc monte en puissance, les cahiers des éco [en ligne], publié le 09-05-2017, [consulté le 13-09-2017], disponible à l'adresse : http://www.leseco.ma/les-cahiers-des-eco/afrique/57177-investissement-en-afrique-le-maroc-monte-en-puissance.html

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Les investissements du Maroc en Afrique portent généralement sur les secteurs des banques et des télécommunications. La principale banque du pays, le groupe Attijariwafa Bank, ainsi qu'une partie de la Société Nationale d'Investissements (SNI) sont présentent dans 10 pays notamment au Togo, en Côte d'Ivoire, au Mali, Sénégal, Guinée-Bissau, Niger et Mauritanie en Afrique de l'Ouest ; en RDC, au Gabon et au Cameroun en Afrique centrale 38 . Outre le groupe Attijariwafa Bank, la Banque Marocaine pour le Commerce Extérieur (BMCE) est aussi présente sur le continent dans 19 pays, principalement en Afrique de l'Ouest (Bénin, Togo, Mali...) sous le nom de « Bank Of Africa » (BOA) en Afrique centrale et en Afrique de l'Est à travers sa filiale, la banque d'Afrique39. Dabs le secteur des télécommunications, avec sa compagnie de téléphonie « Maroc Télécom », il mène des activités dans 11pays africains comme le Bénin, le Burkina, le Mali... souvent sous des noms différents comme « Moov » en Afrique de l'ouest francophone40. Au-delà de ces secteurs privilégiés, les entreprises marocaines se sont également investies dans l'assurance, notamment avec le « « Saham Insurance Group ». Une compagnie qui continue par se développer à travers ses installations en Afrique dont le Bénin, le Madagascar, la Côte d'Ivoire ou encore le Kenya41. Toutefois, pendant ses nombreuses années, l'Afrique subsaharienne représente la partie du continent qui a le plus bénéficié des investissements marocains, avec en moyenne 62% des investissements du royaume dans le monde avec un pic de 88.2% enregistré en 201042. Pour Ernst & Young, cabinet de conseil financier, l'intérêt croissant porté par le Maroc à l'Afrique subsaharienne s'explique par le fait que « les entreprises marocaines regardent vers l'Afrique de l'ouest alors même que leur pays devient une plateforme d'exportation

38 Attijariwafa Bank, Wikipédia [en ligne], [dernière modification le 25-08-2017], [consulté le 04-092017], disponible à l'adresse : https://fr.wikipedia.org/wiki/Attijariwafa Bank

39 BMCE Bank, Wikipédia [en ligne], [dernière modification le 03-09-2017], [consulté le 14-09-2017], disponible à l'adresse : https://fr.wikipedia.org/wiki/BMCE Bank

40 Franc Kuwonu, Union Africaine : le retour du Maroc, Afrique Renouveau [en ligne], Décembre 2016-

Mars2017, [consulté le 13-09-2017] disponible à l'adresse :
http://www.un.org/africarenewal/fr/magazine/d%C3%A9cembre-2016-mars-2017/union-africaine-le-retour-du-maroc

41 Ibid.

42 Le 360, Afrique-MAP, investissements : 62% des IDE marocains vont à l'Afrique subsaharienne, le 360 [en ligne], publié le 30-11-2016, [consulté le 04-09-2017], disponible à l'adresse : http://afrique.le360/ma/maroc-mauritanie-cote-divoire-senegal-guinee-mali-gabon/economie/2016/11/30/7932-investissements--é-des-ide-marocains-vont

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vers d'autres pays africains »43. Les liens d'amitiés et la longue histoire que partage le Maroc avec cette partie du continent prouve de ce fait cet intérêt qu'affiche le royaume chérifien à l'Afrique subsaharienne. Le roi Mohammed VI veut donc donner un nouvel élan à la fois politique, économique, et culturel à son royaume dans un contexte sécuritaire et économique actuel lourd, vu que l'intégration maghrébine est devenue en quelques années une chimère. Une politique qui donnera ainsi les moyens au royaume chérifien de pouvoir accélérer sa réadmission au sein de l'UA par la mise en place d'une politique de réintégration.

Section II : De la politique du Maroc pour réintégrer

Le royaume du Maroc a longtemps élaboré un plan d'action d'envergure dans le but d'accélérer son retour au sein de l'UA. Le souverain chérifien, le roi Mohammed VI s'y est vivement engagé depuis son intronisation en 1999. Pour ce faire, le Maroc s'est de plus en plus focaliser sur une stratégie plus souple en se faisant de nouveaux alliés plutôt qu'à tourner dos à tous ceux qui n'était pas en phase sur la vision de la conception marocaine des choses. Une raison de plus pour le royaume chérifien de se voir dans ce contexte s'offrir un leadership efficace à son service (Paragraphe I). De notre temps, le Maroc à réorganiser ses objectifs vis-à-vis de l'Afrique au vue de sa volonté de réadmission à l'Union Africaine Il aspire donc à conquérir le sud du Sahara (Paragraphe II) qui lui permettra de concrétiser aussi ses ambitions sous régionale.

Paragraphe I : Un leadership efficace au service du royaume

Au fil des siècles, malgré les vagues de colonisation qu'a connues l'ensemble des pays africains, le royaume du Maroc a su garder son système politique traditionnel qui repose sur la royauté. En ce début du XXIe siècle, les fondements de base de cette royauté n'ont toujours pas changé. Au-delà de sauvegarder son système politique

43 Rapport d'enquête du cabinet financier Ernst & Young en 2015 in Afrique Renouveau

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traditionnel, le royaume du Maroc compte faire aussi recours à une politique tout à fait classique dans la poursuite de l'atteinte de son objectif. Faut-il le constater, le royaume chérifien est profondément attaché à la tradition et à la culture marocaine. Une occasion pour le souverain marocain, le roi Mohammed VI de faire usage de cette stratégie, touchant non seulement la culture (B), mais avant tout la spiritualité (A).

A- De la spiritualité marocaine

Le chemin d'une diplomatie efficace a longtemps été vu sur un angle économique. Dans l'histoire des relations internationales modernes, le système idéologique a pris un pas sur le système religieux. Une situation considérée comme une maxime aux nouvelles règles internationales depuis le traité de Westphalie de 1648 séparant les affaires religieuses de ceux politiques. Ce qui poussa à un délaissement partiel du facteur religieux au détriment de celui économique en tant que règle (presque immuable) dans les relations internationales.

Depuis le début de son règne, le roi Mohammed VI a su mettre en place une véritable « diplomatie religieuse » dans l'espoir de pouvoir conquérir de nouveaux pays. Un projet qui lui permit, au-delà de toutes convergences idéologiques existantes (religion), de faire engendrer des convergences politiques avec les Etats bénéficiaires de tels projets. Au Sénégal, en Tanzanie, au Madagascar ou encore en Côte d'Ivoire, le roi Mohammed VI n'hésite pas à lancer des travaux de construction de mosquées. Une initiative appréciée et saluée qui s'accompagne de la formation des imams à travers l' « Institut Mohammed VI de formation des imams, Mourchidines (prédicateurs) et Mourchidates (prédicatrices) situé à Rabat au Maroc. Le but d'une telle formation reste pour le Maroc, de prôner un « islam modéré » vu que la « diplomatie religieuse intègre aujourd'hui une nouvelle approche des conflits religieux par le dialogue, la prévention et la concertation avec les acteurs religieux »44. Une telle formation sera donc un rempart contre l'extrémisme et la radicalisation puisque l' « islam marocain » est perçu comme ouvert, tolérant et gage de stabilité par de

44 Soura Rodriguez, Diplomatie religieuse : quelle place ? Quel but ? Quelle paix ?, Interview de Ousa Aboutai, docteur en sciences politiques, enseignante en relations internationales à l'Université Jean Moulin Lyon III, réalisé par le Centre International pour la Paix et les Droits de l'Homme (CIPADH)

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nombreux Etats africains accordant une large place à l'ijtihad (effort d'interprétation et de jurisprudence). Et pour le ministre marocain des Habous (patrimoines religieux), il « constitue une condition sine qua non de développement économique ». La mise en place de cet enseignement en faveur des imams est fondée sur la doctrine châaribe, le rite malékite et le soufisme comme chemin spirituel. Ce courant religieux prêché par le Maroc se voit rencontrer de nombreuses adhésions « de la part des pays africains qui sont confrontés à des vagues d'attentats » selon Pierre Vermeren, maître de conférences et spécialiste de l'histoire du Maghreb contemporain. L'exportation de l' « islam modéré » du royaume chérifien ressort donc un partage d'expérience en matière religieuse, mais aussi l'apparence d'un « soft power » marocain en matière religieuse. De ce qui précède, l'on peut comprendre que le Maroc cherche à mettre fin, à travers ce programme, à la radicalisation et à l'extrémisme religieux qui conduis et au déraillement de certaines personnes étant à l'origine des attentats. En un mot, le royaume chérifien essaye d'attaquer le terrorisme à sa source. Comme l'a si bien souligné Malala « avec des armes vous pouvez tuer des terrorismes, avec l'éduction, vous pouvez tuer le terrorisme ».

En outre, la mise en place d'une telle diplomatie favorise également les rapports amicaux de confiance et économiques. « Il y a une vraie complémentarité entre ces deux aspects de la diplomatie, religieuse et économique. Le soft power religieux marocain permet d'appuyer l'extension économique marocain » déclare Pierre Vermeren. Elle représente aussi une véritable porte d'entrée pour le Maroc en Afrique de l'ouest, facilitant la signature des accords au regard des convergences idéologiques avec les Etats.

B- De la diplomatie culturelle marocaine

En politique, toutes les manoeuvres sont efficaces pour arriver à ses fins, dit-on. Au-delà d'une diplomatie économique traditionnelle menée de part et d'autre à travers le continent par le royaume du Maroc, appuyé par une diplomatie dite religieuse, le Maroc a su faire profit de sa culture en menant un véritable « smart power » grâce à ce dernier. Ainsi, depuis quelques années, répondant à la volonté du souverain chérifien le roi Mohammed VI de partager avec le reste du monde ce qu'il a sans

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restriction aucune, le royaume chérifien conduit à l'intérieur comme à l'extérieur de son territoire une véritable « diplomatie culturelle ». Si d'aucuns pensent qu'une « diplomatie culturelle » ne relève que des Organisations Non Gouvernementales (ONG), des acteurs non étatiques ou encore qu'elle soit autonome, la culture reste un facteur déterminant dans la conduite d'une diplomatie d'influence dans le monde et particulièrement en Afrique.

En effet, le Maroc a su donner très tôt une orientation à sa diplomatie culturelle. Pour le royaume chérifien, l'orientation de la diplomatie culturelle marocaine fut définit dans le cadre national qu'international. Pour eux, au plan national, l'usage de la diplomatie culturelle doit se faire dans le sens qu'elle soit « comme un levier de rayonnement pour un Maroc stable, solidaire et ouvert sur l'autre » 45 . Au plan international, il s'agit « de la mise en place d'une vision diplomatique plus professionnelle et moins traditionnelle, en promouvant la culture marocaine d'origine à l'étranger comme un levier de changement... »46.

Aujourd'hui, de par le monde, faut-il le rappeler, « nous assistons au retour en force de l'extrémisme avec de nombreuses expressions de rejet de l'autre, de repli sur soi basées sur des idées révolues et débouchant sur des violences et des conflits multiples »47. De ce fait, la promotion de la culture et du dialogue interculturel saur être un rempart et en plus un meilleur gage pour la paix. Le royaume chérifien, décidé à élargir son champ d'influence (culturel) dans le but de s'offrir des retombées économiques (et pas des moindres) n'a sans doute pas négligé l'importance que revêt la fédération des cultures d'Afrique et sa promotion dans un contexte de développement communautaire au vue des divergences et tous ordres entre les Etats. S. Camara, ancien diplomate guinéen soulignait : « le Maroc et l'Afrique, ce sont des

45 Ferouz Faouzi, La diplomatie culturelle du Maroc entre réserve et retenue, L'opinion [en ligne], 04-

12-2015, [consulté le 19-9-2017], disponible à l'adresse :
http://www.lopinion.ma/def.asp?codelangue=23&id info=48537

46 Ibid.

47 Aziza Bennani, la diplomatie culturelle : un enjeu diplomanational, une portée internationale, l'économiste [en ligne], 12-10-2013, [consulté le 18-09-2017], disponible à l'adresse : http://leconomiste.com/article/912017-la-diplomatie-culturelle-un-enjeu-diplomanational-une-port-e-internationalepar-aziza-

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liens indéfectibles soutenus par un socle culturel et spirituel qui défient les caprices du temps, les vicissitudes de l'histoire et de la politique »48.

Néanmoins, l'organisation de l'évènement culturel dénommé « Afrique en Capitale » à Rabat en Mars 201749 témoigne de l'importance que le royaume chérifien porte à la culture surtout africaine. En effet, cet événement s'inscrit dans « le sillage du discours du roi Mohammed VI, lors du 28e sommet de l'UA tenu à Kigali, au Rwanda et de la dynamique nationale engagée pour le développement continental » comme l'a annoncé un communiqué de la Fondation Nationale des Musées (FNM) du Maroc au journal « Huffpost »50. Un tel projet, initiative appuyé par le royaume, est prometteur et fédérateur de développement économique dans l'ensemble du continent africain. Pour le Maroc, de telles initiatives pour la valorisation de la culture africaine permettent de construire un pôle de stabilité et permettra aussi de développer un grand ensemble régional qui préserve l'identité culturelle et spirituelle des populations. Cependant, au-delà de l'événement culturel « Afrique en Capitale », l'organisation de l'exposition « splendeurs de l'écriture au Maroc, manuscrits rares et inédits » faite du 23 mars au 06 avril 2017 qui a connu l'exposition de trois (03) pièces maîtresses : un Coran du IXe siècle, une Torah (date inconnue) et une Evangile en Arabe datant du XIIe siècle témoigne de l'intérêt capitale que porter le Maroc à la culture. Lors de cette exposition, au front de l'exposition on pouvait lire : « Porteurs de valeurs universelles, le Maroc invite à travers ses trésors inédits à mieux connaître sa particularité et son identité politique et culturelle irriguée par plusieurs affluents... ».

En d'autres termes, la considération d'un appui sur la culture africaine, riche de par sa diversité ne saura être considéré comme un essai de colonisation du Maroc, en essayant d'apporter sa civilisation à ses voisins du continent. Au contraire, la culture saura être un point d'ancrage entre les peuples, réunir les peuples africains et un

48 Ibrahima Ahmed Barry, L'Afrique au coeur de la nouvelle stratégie marocaine de coopération, Le

Monde [en ligne], 16-12-2016, [consulté le 18-09-2017], disponible à l'adresse :
http://nasrallahbelkhayate.blog.lemonde.fr/2016/12/16/lafrique-au-coeur-de-la-nouvelle-strategie-marocaine-de-cooperation/

49 « L'Afrique en Capitale » est un événement culturel célébrant la culture contemporaine de l'Afrique, et s'est tenue à Rabat, au Maroc du 28 mars au 28 avril 2017.

50 Henri Margueritte, Rabat, bientôt capitale culturelle de l'Afrique pour un mois, Huffpost, [18-02-2017], [consulté le 18-09-2017], disponible à l'adresse : http://www.huffpostmaghreb.com/2017/02/17/rabat-culture-afrique n 14820660.html

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moyen d'échange et de brassage interculturel au vu des différences idéologiques, politiques, économiques, dans le but d'amorcer un réel développement des Etats africains. En somme, la diplomatie culturelle marocaine est associée à une stratégie globale de développement tout en réalisant un objectif de dialogue. Une position qui lui permettra sans doute de pouvoir de plus en plus élargir son terrain d'influence au sud du Sahara.

Paragraphe II : Le Maroc à la conquête du sud du Sahara

Le Maroc, tout comme l'ensemble des autres Etats de la région à sa propre vision de la souveraineté. L'offensive diplomatique menée par le royaume chérifien tant sur le plan économique, politique que diplomatique témoigne de la volonté du souverain marocain, le roi Mohammed VI à vouloir se reconstruire une nouvelle image de son royaume. Si le royaume du Maroc s'investit autant pour bénéficier d'une telle notoriété, c'est non seulement pour acquérir de nouveaux alliés stratégiques en dehors du Maghreb et asseoir son influence au sud du Sahara (A), mais aussi pour profiter d'une telle hégémonie de manière à pouvoir étancher son désir d'intégration à la CEDEAO (B).

A- Une influente subsaharienne grandissante

Zone d'influence traditionnelle du royaume, le Maroc est au fil des années, devenu l'un des partenaires privilégiés de l'Afrique subsaharienne et principalement de l'Afrique de l'ouest. A travers tout le continent, l'Afrique subsaharienne reste la zone de confort du souverain chérifien du fait que, avec cette région, et principalement l'Afrique de l'ouest et centrale, ils partagent une histoire commune de longue date reçu en héritage de la part de son père. De nos jours, à l'heure de la mondialisation et de la globalisation, les relations entre le Maroc et les Etats de l'Afrique subsaharienne se sont encore plus accentuées. Il participe alors de la volonté du royaume chérifien de vouloir s'appuyer sur ses racines africaines pour bâtir un pôle de stabilité et de pérennité ainsi qu'un grand espace de développement. Une raison qui permettra au royaume chérifien de renforcer son influence sur cette sous-région du continent.

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Aujourd'hui, l'Afrique subsaharienne reste la principale bénéficiaire des IDE marocains, accueillant en moyenne 89.5% des investissements hors des frontières marocaines avec une croissance annuelle moyenne de 9.1% sur la période 2008201651. Un taux qui atteste réellement de l'intérêt qu'affiche le Maroc envers l'Afrique subsaharienne. De ce fait, le Maroc vise à appuyer la transformation structurelle et la diversification des économies ouest africaines avec pour objectif, une intégration régionale plus poussée dans le domaine du commerce, des finances et de la monnaie. Selon une étude réalisée sur « les échanges Maroc-Afrique subsaharienne au titre de la période 2008-2016 », l'Afrique de l'ouest reste en tête en termes d'entrées des IDE marocain, accueillant 64.7% sur la période 2011-2015 suivi par l'Afrique centrale avec 25.3% et de l'Afrique de l'est 10%52.

L'attachement du Maroc à l'Afrique de l'ouest s'explique par le fait que le Maroc est à la recherche des richesses naturelles de l'ensemble du continent, surtout ceux de l'Afrique de l'ouest et centrale, regorgeant la plus grande partie des richesses du continent. Généralement, les investissements du royaume chérifien en Afrique et ceux de l'Afrique de l'ouest en particulier se limitaient au financement et à la réalisation d'infrastructure de base. La donne a changé aujourd'hui. La nouvelle stratégie du Maroc initiée par le roi Mohammed VI implique davantage des opérateurs économiques privés marocains ce qui laisse un vaste champ de conquête à ces derniers. Cependant, en Afrique de l'Ouest, les services marocains sont orientés dans le secteur bancaire, de la formation et de l'exportation de leur savoir-faire, laissant les hommes d'affaires marocains faire le plein de capitaux. Nonobstant, la majorité des importations africaines du Maroc provient d'Afrique du nord (Algérie, Tunisie, Egypte), des pays avec lesquels le solde commercial du royaume est déficitaire. Mais, avec l'Afrique de l'ouest, le solde commercial reste excédentaire.

Au final, il revient aux pays partenaires de l'Afrique subsaharienne de saisir les opportunités offertes et d'en tirer pleinement profit pour le mieux-être des populations.

51 Le360 Afrique, Maroc-Afrique : les échanges commerciaux en hausse de 9.1% entre 2008 et 2016,

le 360 [en ligne], 10-07-2017], [consulté le 20-09-2017], disponible à l'adresse :
http://afrique.le360.ma/maroc-senegal/economie/2017/07/10/13304-maroc-afriqueles-echanges-commerciaux-en-hausse-de-91-entre-2008-et-2016-13304

52 Source : Office des changes du Maroc

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Toutefois, il échoit de comprendre la stratégie marocaine en Afrique de l'ouest au vu de son désir d'intégrer la CEDEAO.

B- Un désir d'intégration à la CEDEAO

Le Maghreb arabe est l'une des rares régions au monde où i arrive de constater une unité linguistique, culturelle, religieuse et géographique. Mais c'est aussi l'une des rares régions du continent africain, malheureusement qui présente un taux d'intérêt des plus bas sur tout le continent (3%). Elle ne parvint pas à créer un ensemble régional cohérent qui lui permet d'être beaucoup plus fort et représentatif sur la scène internationale. Avec la fermeture de la frontière entre le Maroc et l'Algérie, le Maroc a beaucoup plus à perdre qu'à gagner de cette situation. En fait, la fermeture de cette frontière coûtait au Maroc un point de croissance, selon des spécialistes, alors que les perspectives de constructions du Maghreb s'éloignent. En un mot, autant de situations qui verrouillent l'avancée d'une inclusion maghrébine.

Ainsi, après sa réintégration réussie au sein de l'UA, le Maroc a préféré donc se tourner vers la Communauté Economique Des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO). En février dernier, un mois après sa réadmission à l'UA, le Maroc a fait savoir son intention à vouloir être un « membre à part entière » de la CEDEAO. Une intégration qui sans doute, octroie un maximum de crédit positif à l'organisation sous régionale. La CEDEAO était, avant l'adhésion du Maroc composé d'un ensemble de 15 Etats membres53. Lors du dernier sommet de la CEDEAO qui s'est tenu à Monrovia au Libéria, le Maroc a reçu un accord de principe émanant de l'organisation suite à sa demande d'adhésion, ce qui en fait le 16e pays membre de la CEDEAO. Dans le communiqué officiel ayant sanctionné le sommet, l'on peut lire « les Chefs d'Etats ont exprimé un soutien général pour la demande du royaume du Maroc, compte tenu des liens forts et multidimensionnels qu'il entretient avec les Etats membres »54.

53 Bénin, Burkina Faso, Cap Vert, Côte d'Ivoire, Gambie, Ghana, Guinée, Guinée-Bissau, Libéria, Mali, Niger, Nigéria, Sénégal, Sierra Leone et le Togo.

54 Rfi, Adhésion du Maroc à la CEDEAO : un accord de principe mais des incertitudes, Rfi [en ligne], 06-06-2017, [consulté le 21-09-2017], disponible à l'adresse : http://www.rfi.fr/afrique/20170606-liberia-monrovia-sommet-cedeao-maroc-adhesion-accord-de-principe-incertitudes

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En effet, avec l'intégration du Maroc, la CEDEAO se retrouvera avec u PIB de 750 milliards de dollars et 384 millions de consommateurs. Ces chiffres, feront donc de la CEDEAO, la 17e plus importante économie mondiale devant la Turquie, la Suisse et l'Arabie saoudite et rivalisant avec l'Indonésie55. Pour Nasser Bourita, chef de la diplomatie marocaine, « cette décision (d'intégration) vient couronner l'historique des relations qui ont toujours lié le Maroc, les pays d'Afrique de l'ouest et la CEDEAO »56. Pour pouvoir arriver à cette fin, un long processus diplomatique a été entrepris par le roi Mohammed VI. Comme l'atteste les 24 visites effectuées dans 11 pays ouest africains.

Quid de l'importance d'une telle adhésion au sein de la CEDEAO ? Pour le royaume chérifien, cette adhésion à cet ensemble sous régional est d'une manière ou d'une autre, stratégique vu qu'il répond à une certaine logique d'influence au sein de l'UA et que le Maroc entend cependant exploiter cette opportunité pour peser au sein des instances de l'UA. Mais pour arriver là, il faudra d'abord un travail profond pour créer une cohésion et une solidarité au sein des membres de la CEDEAO. Ceci va de soi, à constater les débâcles enregistrées par la communauté au vu des récents événements sur le continent. Cherkaoui Roudani, professeur universitaire spécialiste des relations internationales confiait à l'hebdomadaire Jeune Afrique à ces propos : « il est vrai que la CEDEAO n'offre pas jusque-là un exemple de sérénité et d'unité dans la prise de décision au niveau continental. Il n'y a qu'à voir les récents événements comme la crise postélectorale en Gambie ou encore l'élection à la présidence de la commission de l'UA, pour constater que les 15 pays de l'union régionale n'arrivent pas à se mettre d'accord ». Ensuite, il convient aussi de comprendre la stratégie marocaine de réintégration à l'UA et d'adhésion à la CEDEAO. Il s'agit là, d'une question de « timing » puisque, les deux adhésions ne devaient pas poser de problème et d'arrières pensées négatives. A cet effet, la diplomatie marocaine a préféré que son retour soit effectif au sein de l'UA avant de vouloir se tourner vers la communauté ouest africaine. « Si nous avions procédé inversement, le message aurait pu être

55 Mar Bassine, La CEDEAO à 16 pays membres en quelques chiffres, le 360 [en ligne], 06-06-2017, [consulté le 21-09-2017], disponible à l'adresse ; http://afrique.le360.ma/maroc-cote-divoire-senegal-guinee-mali/economie/2017/06/06/12430-la-cedeao-16-pays-membres-en-quelques-chiffres-12430

56 Intégration : le Maroc et la CEDEAO accélèrent, le Point Afrique [en ligne], 30-08-2017], [consulté le 22-09-2017], disponible à l'adresse : http://afrique.lepoint.fr/economie/integration-le-maroc-et-la-cedeao-accelerent-30-08-2017-2153224 2258.php

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brouillé : certains aurait pu nous accuser d'utiliser la CEDEAO pour nous assurer un retour à l'UA » commente une source diplomatique à l'hebdomadaire Jeune Afrique57.

Au final, malgré les différents problèmes et questions que soulèvent cette adhésion, le souverain chérifien, le roi Mohammed VI continue sa lancé au coeur du continent africain et essaye, au-delà de toutes suspicions, de reconstruire une solide intégrité du pays raté par son père, le feu Hassan II.

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57 Jeune Afrique dans sa parution du 12 mars 2017, « Marocafrique », n°2931.

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Chapitre II : Des mutations internes au continent

Depuis le 12 novembre 1984, date du départ du royaume du Maroc de l'OUA (ancêtre de l'UA), jusqu'à sa réintégration à l'UA récemment le 31 janvier 2017, le continent africain a connu au fil des années, beaucoup de changement. Absent du cercle de l'organisation panafricaine mais ayant pris soin de lier de fortes relations bilatérales avec bon nombres d'Etats africains, le royaume chérifien n'a tout de même jouer un rôle majeur dans le cours de l'histoire du continent dans cette période. Souvent trop préoccupé à vouloir rejoindre les rangs de l'Union Européenne (UE) ou encore à développer de relations avec les pays du Golfe, le royaume chérifien entend mieux s'impliquer à présent dans les affaires du continent. Ses objectifs, restent sans doute variés. Si d'une part, le Maroc entend conquérir de nouveaux territoires (Section I), surtout en ce qui concerne sa réappropriation des terres sahraouis, aujourd'hui, avec sa réadmission à l'UA, le royaume du Maroc se veut jouer dans la cours des grands en essayant de prendre tête et bénéficier d'une plus grande suprématie (Section II).

Section I : Le Maroc en quête de territoire

Le roi Hassan II (père et prédécesseur de Mohammed VI) autrefois roi du Maroc, s'était autant sacrifié pour la récupération de cette bande de terre (le Sahara Occidental) aujourd'hui déclarée RASD et dirigée par le mouvement indépendantiste, le Front Polisario. Le territoire dont le Maroc se réclame donc propriétaire et qui était sous occupation espagnole, s'est vu octroyer son indépendance (Paragraphe I). Mais jusque-là, la question de la souveraineté de la RASD (Paragraphe II) pose problème.

Paragraphe I : L'indépendance du Sahara Occidental

Au lendemain de la conférence de Berlin, statuant sur le partage de l'Afrique entre les puissances coloniales en 1884, le Sahara espagnol fut occupé par les espagnols (A). Le processus de décolonisation de cette région du sud du Maroc a connu la création du Front Polisario et de la RASD (B).

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A- Le Sahara Occidental, ancienne colonie espagnol

Le Sahara Occidental58 est un territoire situé au sud du royaume du Maroc et arpentant une superficie totale de 266.000 km2. Il est limité au nord-est par l'Algérie, au sud-est par la Mauritanie, au sud par la province de Tarfaya (Maroc) avec une ouverture sur l'océan atlantique à l'ouest. Ce territoire contrôlé par l'Espagne depuis 1884 représente un territoire dont le royaume chérifien et le Front Polisario 59 (mouvement indépendantiste) se disputent l'appartenance depuis le départ des espagnols en 1976. Jusque-là, au niveau des Nations Unies, aucun statut définitif n'a été attribué sur le plan politique et juridique à cette portion de terre puisque pour l'ONU, cette portion de terre est qualifiée de « territoire non autonome » 60 . Le Sahara occidental, d'une population de 570.866 habitants (2013), reste une énigme, notamment pour la RASD que pour le Maroc qui tous, se prévalent d'être les maîtres légitimes de ce territoire.

En effet, après l'occupation du Sahara espagnol par les espagnols en 1884 (position confirmée par la conférence de Berlin au cours de la même année), petit à petit, le Maroc a su, au fil des années arracher certaines portions de terre aux espagnols. Ainsi, en avril 1958, le Maroc arrive à arracher seulement l'indépendance d'Ifni et de Tarfaya espérant au plus vite obtenir celui du Sahara espagnol. Au début des années 1960, l'ONU intervient en incitant l'Espagne a décolonisé cette zone ainsi que Cap Juby et l'enclave d'Ivni (qui jusqu'à ce jour sont des provinces espagnoles). Il souligne aussi à ce titre (ONU) la possibilité d'engager des consultations avec le Maroc. A ce moment, survint un conflit militaire armé (la guerre des sables) en 1963 opposant l'Algérie au Maroc dû essentiellement à l'absence d'un tracé précis de la frontière entre l'Algérie et le Maroc. Une situation, qui fera abandonner les négociations avec l'Espagne au sujet du Sahara Espagnol. Si en 1965, le Maroc pensait être seul en course pour l'acquisition de l'indépendance ce de territoire qu'il

58 Initialement, cette partie du Sahara était appelé « Sahara espagnol » au début de l'occupation espagnol. Aujourd'hui il prend différents noms. Cela dépends toutefois de la partie qui l'emploi. Si pour l'ONU il s'agit du Sahara Occidental, le Maroc se réclamant propriétaire l'appel Sahara marocain.

59 Le mot « Polisario » est l'abréviation en espagnol de "Frente popular de Liberacion de Seguia el Hamra y Rio de Oro" qui se traduit par "Front Populaire de Libération de la Seguia et Hamra et du Rio de Oro".

60 Voir résolution 1541 (XV) de l'Assemblée Générale des Nations Unies adopté le 15 décembre 1960.

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juge sien, il se retrouve plus tard opposé à la Mauritanie et de plus à l'Algérie, sur l'appropriation du territoire, chose qui donna une position de force à l'Espagne dans le contrôle de ce territoire. Il a donc fallu le règlement du conflit entre l'Algérie et le Maroc et entre le Maroc et la Mauritanie pour voir se former une barrière antiespagnole.

B- L'après 1976, la création du Front Polisario et de la RASD

L'Espagne qui a occupé le Sahara Occidental jusqu'en 1975, s'est vue contraindre de quitter les terres sahraouies suite à la marche verte lancée par le roi Hassan II. Une marche opérée dans le but de marquer la volonté d'une souveraineté marocaine sur ce territoire. Cette marche a donc abouti aux accords de Madrid signés le 14 novembre 1975 à Madrid entre l'Espagne, le Maroc et la Mauritanie, qui situent le partage des terres sahraouies. Ce partage octroie les 2/3 du Sahara Occidental au Maroc et les 1/3 à la Mauritanie. Los de ce partage, tous les protagonistes n'ont pas été appelés autour de la table de négociation. Le Front Polisario qui se prétendait aussi propriétaire du Sahara Occidental n'a pas été présent à la table de négociation. Suite à cela, en février 1976, le Front Polisario proclame l'indépendance du Sahara Occidental créant de ce fait, la RASD. Mais cependant, trois ans avant, en 1973, naissait le Polisario à Zouerate, en Mauritanie. Ce front, créé par El-Ouali Moustapha Sayed reste le successeur du Mouvement de libération du Sahara qui existait depuis les années 1960 sous l'impulsion de Mohammed Bassari61.

Quant à la RASD, lors de sa proclamation, elle fut gouvernée par Mohamed Abdelaziz jusqu'en mai 2016. Suite à son décès, il fut remplacé par Brahimi Ghali qui cumule sa fonction de président de la RASD avec celui du secrétaire général du Front Polisario. Jusqu'à ce jour, il est gouverné par ce dernier, avec pour premier ministre Abdelkader Taleb Oumar62.

61 Front Polisario, Wikipédia [en ligne], dernière modification le 04-09-2017, [consulté le 21-09-2017], disponible à l'adresse : https://fr.wikipedia.org/wiki/Front Polisario

62 RASD, Wikipédia [en ligne], dernière modification le 01-08-2017, [consulté le 19-09-2017], disponible à l'adresse : https://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9publique arabe sahraouie d%C3%A9mocratique

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Paragraphe II : La question de la souveraineté de la RASD

Les Etats dans toutes leurs diversités, présentent des caractéristiques. Parmi ces caractéristiques, la présence d'un territoire est l'un des éléments fondamentaux dans la formation d'un Etat. En RASD, plusieurs raisons laissent une remise en question de sa souveraineté, comme l'inefficacité du contrôle territorial (A) et l'opinion de la communauté internationale qui fait apparaître le problème de légitimité de l'Etat sahraoui (B).

A- Un contrôle presque inefficace du territoire

Le Sahara Occidental, dans sa totalité à une superficie de 266.000 km2. C'est sur ce territoire que le Front Polisario, faut-il le rappeler, a installé la RASD en 1976. Ainsi, depuis le départ des espagnols suite aux accords de Madrid (qui octroie 2/3 du territoire au Maroc et les 1/3 à la Mauritanie), l'ensemble des terres sahraouies n'a cessé de subir des modifications au fil des années. Le Maroc considère le Sahara Occidental comme faisant partie de ses provinces du sud, qui couvre dans sa totalité (y compris le Sahara Occidental) 416.474 km2. Le Sahara Occidental, à lui seul, recouvre environ 64% de ces provinces. Les 266.000 km2 faisant office de territoire à la RASD n'ont pas été épargnés par des annexions au fil des années ce qui remet en cause l'effectivité du contrôle du territoire par l'Etat sahraoui.

En effet, au lendemain de la signature des accords de Madrid, après le départ des espagnols, le Polisario attaque les forces marocaines et mauritaniennes les considérant comme étant les « nouvelles forces d'occupation ». Si le Maroc et le Polisario sont tous deux sur des charbons ardents sur la question du Sahara Occidental, le Polisario arrive tant bien que mal à s'approprier les terres confiées à la Mauritanie. L'appropriation de la partie sahraouie autrefois accordé à la Mauritanie par les traités de Madrid intervient à la suite du renversement du président mauritanien Moktar Ould Daddah en 1978. En fait, peu de temps après le putsch renversant le président mauritanien, le Polisario décrète unilatéralement un cessez-le-feu avec Nouakchott, qui est approuvé par l'ONU. Et le 10 août 1979, les deux parties signent un traité de paix qui fait céder la partie du Sahara Occidental occupé par la Mauritanie au Polisario.

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Pour se défendre d'une probable attaque du Polisario qui va dans le sens de ce qui s'est produit avec la Mauritanie, le Maroc décide d'ériger un mur de défense. Ce mur divise le territoire du Sahara Occidental en deux, laissant juste le contrôle de 20% de ce dernier sous le contrôle du Polisario. Jusque-là, aucune avancée considérable n'a été remarquée depuis l'entrée en vigueur du cessez-le-feu en 1991.

B- Un problème de légitimité de l'Etat sahraoui

Le Sahara Occidental proclamé république par le Front Polisario fait face à une multitude de problème dans sa quête de légitimité sur la scène internationale. Si pour l'ONU le territoire du Sahara Occidental est classé « territoire non autonome », les dirigeants de la RASD sont souvent accueillis ou refoulés selon le lieu où ils se rendent.

Les principaux protagonistes restent le Maroc et le Front Polisario dans la quête du Sahara Occidental. Si de ce fait, chacun d'entre eux se défend dans le but de pouvoir devenir maître des lieux, les observations de différents Etats et organisations sous régionales et internationales font pencher la balance. En effet, faut-il le rappeler, la RASD est membre de l'OUA depuis 1982 (une intégration qui fait quitter le Maroc des rangs de l'OUA deux ans plus tard en 1984), puis de l'UA et continue d'y siéger. A ce jour, l'UA reste la seule organisation dont elle fait partie. Aujourd'hui, dans le monde entier, l'Etat sahraoui continue de perdre en crédit, fruit d'une campagne menée par le royaume du Maroc dans le but de faire rayer cet Etat qu'il qualifie de « pseudo-Etat » et reprendre le contrôle total du Sahara Occidental.

En 1976, le Polisario proclamait la RASD. Pour eux, le conflit du Sahara Occidental est une question d'auto-détermination des peuples et qu'il faudra par conséquent, l'application du droit international et en particulier du droit d'auto-détermination des peuples. L'organisation d'un referendum sur la question du Sahara Occidental reste donc la seule issue possible pour une sortie de crise. Une idée qu'apprécie Khalil Ahmed en déclarant : « le référendum est un moyen reconnu de résolution des conflits liés à la décolonisation. Si les sahraouis décident d'être marocain, nous respectons leurs décisions, mais seul un referendum

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d'autodétermination peut régler le problème »63 . De plus, le Polisario condamne le Maroc de juste vouloir étancher ses ambitions ultranationalistes.

Malgré le fait que le Maroc a initialement donné son accord sur l'organisation d'un referendum sur la question du Sahara Occidental, il a finalement changé d'avis, réalisant que cela nuirait à ses intérêts. Pour lui, cette portion de terre est considérée comme faisant partie de ses provinces du sud. La suprématie marocaine sur cette terre est donc naturelle, historique et légale faisant référence aux liens qu'entretenait le Sahara Occidental avec le royaume du Maroc. Ainsi, loin de croire à l'existence de ce « pseudo-Etat », le Maroc considère que le Polisario n'est qu'un outil au service de l'Algérie, dans le but d'affaiblir le Maroc afin de pouvoir s'offrir un accès vers l'atlantique. Une raison de plus, de se camper sur sa position et de ne laisser aucune faille au Polisario pour ne pas se faire surprendre par ce dernier. Le Maroc propose donc une large autonomie du Sahara Occidental sous la souveraineté marocaine. Aujourd'hui encore, à l'occasion de la 42e célébration de la marche verte ce 07 novembre 2017, le souverain chérifien, le roi Mohammed VI lors d'un discours télévisé annonce qu' « aucun règlement de l'affaire du Sahara n'est possible en dehors de l'initiative d'autonomie, dont la communauté internationale a reconnu le sérieux et la crédibilité »64.

Quelques années après la proclamation de la RASD, le pays s'est vu accréditer de plus de 80 reconnaissances à travers le monde65. Pour Brahimi Ghali, alors ambassadeur sahraoui à Alger (actuel président de la RASD), 85 Etats reconnaissent officiellement la RASD en août 2008. Mais au fil des années, ce chiffre n'a cessé de décroître de manière drastique puisque, en mars 2016, 46 pays ont retiré leur reconnaissance à la RASD66. En Afrique, sur les 54 Etats africains, 18 continuent de

63 Khalil Ahmed, observateur des Droits de l'Homme pour la RASD lors d'un entretien le 28 février 2017 à Tifanti réalisé par le Crisi Group.

64 Africanews, Sahara Occidental, Mohammed VI rejette toute solution autre que l'autonomie, Africanews [en ligne], 07-11-2017, [consulté le 07-11-2017], disponible à l'adresse : http://fr.africanews.com/2017/11/07/sahara-occidental-mohammed-vi-rejette-toute-solution-autre-que-lautonomie/

65 RASD, Wikipédia [en ligne], [dernière modification le 01-08-2017], [consulté le 19-09-2017],

disponible à l'adresse : https://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9publique arabe sahraouie-
d%C3%A9mocratique

66 Ibid.

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reconnaître la RASD et 20 lui ont retiré leur reconnaissance67. Un fruit des nombreuses visites effectuées par le roi Mohammed VI depuis le début de son règne. Les poids lourds des soutiens de la république sahraouie sont en Afrique (notamment l'Algérie, le Zimbabwe, l'Afrique du sud), ainsi que la majeure partie des Etats qui reconnaissent encore cet Etat. En dehors du continent, des pays comme la Syrie, la république populaire démocratique du Laos, la Corée du nord, le Mexique, le Nicaragua ou encore la Bolivie et le Honduras reconnaissent la RASD68.

Outre les Etats, la situation de la RASD reste délicate au sein de la communauté internationale. A ce jour, seul l'UA reconnaît la RASD. Pour eux, le principe de l'intangibilité des frontières héritées de la colonisation reste une règle qui s'applique dans la résolution de ce conflit. Le royaume du Maroc n'a donc aucune légitimité sur les terres sahraouies. Une situation que Robert Mugabe, président du Zimbabwe et président appelé à présider l'UA en janvier 2015 a qualifié d' « occupation » parlant des provinces du sud marocaines.

Au-delà de l'UA, aucune autre organisation comme la Ligue Arabe ou encore l'Organisation de la Coopération Islamique et l'Union Européenne (UE) ne reconnaissent pas la RASD. A ce sujet, la Ligue Arabe souligne que la question le Sahara Occidental relève de la compétence de l'ONU et soutien l'intégrité territoriale des pays arabes.

Nonobstant, l'ampleur de la situation et en considération de toutes les tournures que l'affaire peut prendre avec le retour du royaume du Maroc au sein de l'Union Africaine, le Maroc se lance aussi dans une quête de suprématie à travers le continent.

Section II : Un Maroc en quête de suprématie

Le royaume du Maroc a quitté les rangs de l'OUA (actuel UA), depuis un peu plus de trois décennies. Aujourd'hui, il ne fait aucun doute que le retour du royaume

67 Nadia Lamlili, enjeux : le choix de l'Afrique et ses conséquences, Jeune Afrique, n°2963-2964 du 22 octobre 2017.

68 RASD, Wikipédia [en ligne], [dernière modification le 01-08-2017], [consulté le 19-09-2017],

disponible à l'adresse : https://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9publique arabe sahraouie-
d%C3%A9mocratique

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chérifien dans les rangs de l'UA n'est pas un hasard. Il s'agit là d'une décision stratégique à un moment où, les grandes puissances du continent et les protagonistes du royaume marocain semblent être affaiblie d'une manière ou d'une autre par des situations internes chacun de leur pays. Le retour du Maroc à l'UA répond donc à une stratégie payante puisqu'au Maghreb, persiste un problème de leadership régional (Paragraphe I) et à l'intérieur du continent, un affaiblissement des plus grands (Paragraphe II).

Paragraphe I : Un problème de leadership sous régional

L'absence d'une entente entre les pays du Maghreb arabe représente l'une des causes de la chute de l'UMA. Si le Maroc rejoint la CEDEAO et veut s'affirmer comme une puissance en devenir, l'Algérie, son éternel rival (A) et l'Egypte même en baisse (B), se cherchent dans ce jeu.

A- L'Algérie, éternelle rivale du royaume chérifien

L'Algérie et le Maroc, tous deux Etats de l'Afrique du nord et précédemment membres de l'UMA (avant l'adhésion du Maroc à la CEDEAO) restent deux grands rivaux en quête de suprématie. Ce différend entre les deux a lieu sur fond de rivalités autour du leadership du Maghreb et qui fait donc obstacle à l'intégration régionale. D'une part si la quête de leadership se joue dans leurs compétences misées dans la sous-région et à l'intérieur du continent, des déclarations (sans fondement) et beaucoup d'autres agissements conduisent les deux au bord du précipice. En août 1994, le sommet culminant de la tolérance fut atteinte. Un incident crée la fermeture de la frontière terrestre entre le Maroc et l'Algérie69. Au sein des deux champs, chacun d'entre eux avait sa vision et son idéologie. D'un côté, une conception de la marocanité, du sentiment national qui repose sur la volonté de Dieu sur la terre, les

69 Certes, la fermeture de la frontière, fin août 1994, a été une décision unilatérale algérienne. Mais elle fut prise à la suite d'un attentat commis au Maroc dont Rabat rendit publiquement responsable son voisin, sans en avancer à l'époque de preuves convaincantes. Le choc des orgueils nationaux sur fond de lourds contentieux accumulés depuis les indépendances a fait le reste (cf. François Soudan, Algérie-Maroc désespérément borné, Jeune Afrique, n°2799 du 31 août 2014, p.19).

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morts et le sang versé transmis par hérédité, une vielle nation donc qui pendant un millénaire n'a (presque) pas connu de servitude, mais avec à sa tête un roi jeune. De l'autre côté, une république adolescente au regard de l'Histoire, au passé morcelé par les conquêtes et les occupations, née dans la lutte, avec une vision de la nationalité tout autre : celle du choix des hommes, de leur volonté et de leurs sacrifices, mais avec un chef d'Etat au crépuscule de sa longue année70. Au fil des années, des espoirs commençaient à renaître. Cinq ans plus tard, en 1999, Abdelaziz Bouteflika devient président de l'Algérie et Mohammed VI succède à son père suscitant l'espoir qu'une entente se fera entre les deux. Mais jusque-là, les positions restent figées.

Depuis le début de la rivalité entre le Maroc et l'Algérie, chacun cherche de toute évidence à supplanter son second. Ceci donc par tous les moyens et sans aucune restriction géographique. C'est-à-dire, que ce soit sur le plan continental ou sous régional, chacun veut se construire une identité stratégique au détriment de l'autre.

Sur le plan régional, la question la plus épineuse reste celui du Sahara Occidental. L'Algérie qui reste un soutien indéfectible à la RASD, considère tout comme la RASD, qu'il s'agit d'un problème de décolonisation et qu'il incombe à la communauté internationale de faire respecter les droits du peuple sahraoui. Le Maroc quant à lui, perçoit la position algérienne comme un moyen de disposer d'une débouché sur l'atlantique et de ce fait, vouloir affaiblir le Maroc sur la scène régionale. Ces points de vue opposés à tous les sujets, engendrent des conséquences non négligeables. Dans un tel climat de méfiance réciproque et de jeu à somme nul, aucune possibilité de développement régional ne peut être envisagée71. D'autre part, une telle rivalité encourage les deux pays à s'engager dans une course à l'armement. Faut-il le rappeler, le classement des pays africains selon leurs budgets militaires, laisse entendre que l'Algérie tient tête au classement avec le Maroc au 5e rang72. Et dans un classement plus récent, le Maroc s'octroie la 4e place73. Cette situation (course

70 Ibid.

71 Au vu de toutes les organisations régionales du continent, l'UMA reste la zone la moins intégré du continent avec pour cause "cet absence d'entente" entre les Etats membres.

72 Bamaba, classement des pays africains selon leurs dépenses militaires, Bamaba [en ligne], 19-092013, [consulté le 21-09-2017], disponible à l'adresse : http://bamaba.net/classement-des-pays-africains-selon-leurs-dépenses-militaires

73 Voir note de bas de page 35, p.17

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à l'armement) relève du dilemme de sécurité, référant à un Etat qui augmente sa puissance militaire pour garantir sa sécurité alors que cet armement est perçu comme une menace par un autre Etat qui renforce à son tour sa puissance militaire. Cela contribue paradoxalement à augmenter l'insécurité sous régionale, au détriment d'un développement économique74.

A l'intérieur du continent, la donne n'a presque pas changé. Mais d'une manière ou d'une autre, chacun tient son second du bout de la barbe. Du côté marocain, la conclusion d'un partenariat avec le Nigéria pour le financement d'un projet de gazoduc Nigéria-Maroc permet à ce dernier de damer le pion à l'Algérie en Afrique de l'ouest, vu que le royaume chérifien est déjà entré dans sa phase de concrétisation. D'ailleurs, en 2002, l'Algérie avait en effet négocié un projet similaire de gazoduc avec le gouvernement nigérian, mais ce dernier est resté en suspens pour des raisons de financement et de sécurité75. Le "Gazoduc Nigéria-Maroc" vient donc recaler le "Gazoduc Nigéria-Algérie". Toutefois, si le Maroc entend faire usage de sa présence au sein des institutions panafricaines pour obtenir gain de cause sur la question du Sahara Occidental, la présence de l'Algérie à la tête de la commission de paix et de sécurité de l'organisation ne risque pas de facilité les choses au Maroc.

B- L'Egypte, un Etat en baisse qui se cherche

Au Maghreb arabe, l'Algérie n'est pas le seul à vouloir tenir tête au Maroc. Il y a aussi l'Egypte, pays du Maghreb et l'une des anciennes puissances de la région. Au Maghreb arabe en général, et en Egypte en particulier, le changement de régime au pouvoir à travers le printemps arabe fait basculer les choses. En 2011, naissait une grande vague de contestation dans de nombreux pays du monde arabe, « le printemps arabe ». Suite à une telle vague de contestation d'une rare ferveur, qualifié de réveil arabe par certains ou de révolution arabe par d'autres, divers résultats ont été affichés.

74 Yousra Abourabi, Les relations internationales du Maroc : le Maroc à la recherche d'une identité stratégique, In Baudouin Dupret, Le Maroc au présent : D'une époque à l'autre, une société en mutation [en ligne], Dialogue des deux rêves, Rabat/Casablanca : Centre Jacques-Berque, 2016, pp.569-604s

75 TelQuel, Les huit grands moments de la rivalité Maroc-Algérie, TelQuel [en ligne], 06-01-2017, [consulté le 21-09-2017], disponible à l'adresse : http://telquel.ma/2017/01/06/les-six-grands-moments-de-la-rivalite-maroc-algerie-en-2016 1529720

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De la mort de certains dirigeants (Libye) au changement de gouvernement chez d'autres (Jordanie) ou encore de changement de constitution (Maroc), chacun des Etats du Maghreb n'a pas été épargné. En Egypte, il s'agissait du départ de l'exécutif. Suite à cela, l'UA suspendait l'Egypte en application de l'article 30 de l'acte constitutif de l'UA qui stipule : « les gouvernements qui accèdent au pouvoir par des moyens anticonstitutionnels ne sont pas admis à participer aux activités de l'Union » en raison de la destitution du président condamnant « toute prise illégal du pouvoir »76. Les problèmes internes de l'Egypte liés surtout à sa sécurité ne laissent pas le choix au nouveau président, Abdel-Fatah Sissi, de commencer par se forger une nouvelle image aux yeux du continent.

L'Egypte n'est pas du tout absente au sein du concert des Etats africains. Mais son image n'était pas non plus éblouissante sous le régime de Moubarak (ancien président égyptien). Il manque ainsi l'expression de la puissance égyptienne sur le continent. L'Egypte ne semble pas être une véritable menace pour son voisin marocain dans la volonté du royaume chérifien de vouloir s'ériger en puissance continentale. Quid de la position égyptienne sur la question du Sahara Occidental ? Certes, l'Egypte ne fait pas partie de ces Etats qui reconnaissent la RASD. Aussi, sa position n'est pas non plus clairement affichée sur la situation. C'est-à-dire, l'Egypte s'inscrit donc dans la lignée de ceux qui restent figés sur leurs positions et ne prenant pas partie, ce avant le 27e sommet de l'Union Africaine. En effet, lors de ce sommet, suite à la signature de la motion proposé par le président gabonais, Ali Bongo, soutenant le Maroc pour sa réintégration sans conditions préalables et réclamant le départ de la RASD, l'Egypte (tout comme la Tunisie) se range du côté des membres de l'Union Africaine qui refusent que le pseudo « RASD » ne soit pas exclu de cet ensemble77. Une position qui pourra consacrer une nouvelle donne dans l'entretien des relations diplomatiques

76 L'UA a pour politique de suspendre tout Etat membre où se produit un changement inconstitutionnel de pouvoir. Une mesure qui dure généralement jusqu'au retour de l'ordre constitutionnel. Cette mesure a aussi été appliqué notamment en Centrafrique en 2013, après le coup d'Etat des rebelles de la Seleka, en Côte d'ivoire suite à la crise ivoirienne de 2010-2011, au Niger après le coup d'Etat militaire de février 2010, au Togo en 2005 du fait du questionnement concernant l'élection du président, en Egypte suite au coup d'Etat militaire de 2013.

77 Jalil Nouri, l'Egypte et la Tunisie poignardent le Maroc dans le dos, actu-Maroc [en ligne] 19-07-2016, [consulté le 20-09-2017], disponible à l'adresse : http://www.actu-maroc/com/legypte-et-la-tunisie-poignardent-le-maroc-dans-le-dos/

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entre ces Etats78. Puisque, faut-il le rappeler, le roi Mohammed VI reste l'un des premiers soutiens de Sissi pour son arrivé au pouvoir en Egypte79.

Cependant, l'Egypte veut consolider ses bases à l'intérieur de ses frontières avant de pouvoir mener une belle avancée continentale, en renforçant ses liens avec les Etats de l'Afrique subsaharienne, et en se replaçant au coeur du jeu politique africain. Des aperçus de la position égyptienne se font lire lors du 27e sommet de l'Union Africaine tenu à Kigali, au Rwanda. La participation de l'Egypte à ce sommet s'inscrit dans le cadre de la « priorité accordée par l'Egypte au renforcement de ses relations avec les pays africains »80. Pour Alaa Youssef, porte-parole de la présidence égyptienne, « cette volonté émane d'une conviction que la paix et la stabilité doivent régner sur le continent africain, que les conflits doivent être réglés et le développement économique relancé ».

Aujourd'hui, le président Sissi oeuvre depuis son accession au pouvoir à redorer l'image, instaurer une nouvelle diplomatie et surtout rétablir les relations avec le continent sur de bonnes bases pour pouvoir, comme le Maroc, s'appuyer sur les instances panafricaines pour régler ses contentieux continentaux notamment avec l'Ethiopie et le reste du bassin du Nil sur la question du partage des eaux du fleuve Nil.

Paragraphe II : Un affaiblissement des grands du continent

Le royaume du Maroc pourrait bien se tailler une place de choix dans la politique continentale. Il pourrait même, d'une manière ou d'une autre, les surpasser puisque, avec la perte de vitesse du Nigéria (A) et l'essoufflement de l'Afrique du sud (B) une telle place reste quelconque manière vacante.

78 L'Egypte et le Maroc s'étaient retrouvés dans un gel des relations entre le Maroc et l'Egypte suite aux tensions survenues sur fond de guerre médiatique en 2014.

79 Ibid.

80 May Al-Maghrabi, l'Egypte au coeur de l'Afrique, Al-Ahram [en ligne], 20-07-2016, [consulté le 15-09-

2017], n°1135, disponible à l'adresse :
http://hebdo.ahram.org.eg/NewsContent/1135/1/130/16745/L'Egypte-au-coeur-de-l'Afrique.aspx

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A- La perte de vitesse du Nigéria

La république fédérale du Nigéria est l'un des Etats les plus puissants sur le continent africain. Première puissance économique du continent avec un PIB de 493 milliards de dollars, premier producteur de pétrole en Afrique, première puissance démographique avec ses 186 millions d'habitants81, la république fédérale du Nigéria a longtemps endossé le rôle de porte-étendard de l'ensemble du continent. Influent de par ses prises de positions, la république fédérale du Nigéria reste toutefois le plus atteint par différentes crises à l'interne. Ceci allant de la crise économique et politique avec les nombreux défis internes, à l'avancée du terrorisme.

En effet, la république fédérale du Nigéria reste l'un des pays les plus touchés par le terrorisme. Un fléau qui prend de l'ampleur, gage constamment du terrain et plonge le pays dans une crise profonde. Il ne fait aucun doute, la montée en puissance du terrorisme au Nigéria et dans le Sahel82 en général représente une contre-mesure au développement économique des pays concernés. D'ailleurs le royaume du Maroc a lors de sa visite au Nigéria, réitéré le soutien du royaume chérifien pour en finir avec ce fléau. On peut lire dans le communiqué officiel « le roi a également félicité le président Muhammadu Buhari pour les succès enregistrés dans la lutte contre le groupe terroriste Boko Haram, et promet le soutien total et actif du royaume du Maroc au Nigéria dans ses efforts d'éradication des activités terroristes de Boko Haram au Nigéria et dans ses pays voisins du bassin du lac Tchad »83. Toutefois, au-delà du terrorisme, le Nigéria se retrouve aussi dans une crise liée à la maladie du président Buhari. Une situation qui va contre une stabilité politique et économique et qui est dû à la chute du Naira et du coût du pétrole.

Certes, la république fédérale du Nigéria et le royaume du Maroc se soutiennent mutuellement sur les questions du terrorisme, mas ils restent opposés sur la question épineuse sahraouie. La république fédérale du Nigéria, faut-il le rappeler, représente

81 TelQuel, les enjeux de la visite de Mohammed VI au Nigéria, TelQuel [en ligne], 01-12-2016, [consulté le 13-09-2017], disponible à l'adresse : http://telquel.ma/2016/12/01/mohammed-vi-au-nigeria-les-enjeux-visite 1525838

82 En Afrique subsaharienne, les pays les plus touchés par le terrorisme restent ceux du Sahel. Cette région de l'Afrique est composée de la Mauritanie, du Mali, du Burkina Faso, du Niger et du Tchad.

83 Source : Communiqué officiel de la visite du roi Mohammed VI au Nigéria

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l'un des soutiens indéfectible de la RASD. Même si le Maroc n'arrive pas à s'offrir le soutien du Nigéria par rapport à la question, il a tout de même acquis la neutralité de ce dernier.

Jusque-là, le retour du Maroc au sein de l'UA est plus que jamais stratégique intervenu à un moment où, presque tous les grands du continent se sentent affaiblie. Mais à ce jour le seul à pouvoir d'une manière ou d'une autre malgré ses internes, tenir tête au royaume du Maroc reste l'Afrique du sud.

B- L'essoufflement de l'Afrique du sud

De toutes les puissances continentales africaines, l'Afrique du sud n'est pas aussi épargnée des problèmes qui dégradent son image sur la scène internationale. Pays émergent et membre du groupe des BRICS84, l'Afrique du sud est l'un des premiers investisseurs du continent (place concurrencée avec le royaume du Maroc), première économie industrialisé d'Afrique et pays riche en platine, or, charbon et diamant. Aujourd'hui, l'Afrique du sud reste confrontée à plusieurs problèmes internes qui ne laissent pas apparaître une image reluisante de ce dernier sur le continent. Avec un président empêtré dans des affaires de corruption, des ralentissements à l'économie nationale, des mouvements sociaux et des affaires politico-financières...

D'abord, l'Afrique du sud vit une crise sociopolitique sans précédent. Son président, Jacob Zuma ne fait plus l'unanimité au sein de peuple sud-africain. Avec lui, l'Afrique du sud a perdu une part de son prestige et de sa puissance continentale. Ceci est dû au taux très élevé du chômage, atteignant les 26.7% de la population. De plus, les citoyens sud-africains crient à l'inégalité et l'absence des services publics de base dans certaines zones du pays. A tout ceci, s'ajoutent les nombreux scandales à l'intérieur du pays dont le nom du président Jacob Zuma est souvent associé. Parmi celles-ci, l'on relève des scandales de corruption ou encore des services non payés du chef de l'Etat et dont les populations sortent dans les rues pour demander son départ.

84 Il s'agit d'un groupement de pays émergents constitué du Brésil, de la Russie, de l'Inde, de la Chine et de l'Afrique du sud.

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Ensuite, faut-il le rappeler, l'Afrique du sud représente l'un des grands partisans de la RASD et alliée historique de l'Algérie, l'Afrique du sud était hostile à la réintégration du royaume du Maroc au sein de l'UA mais n'a pas pu de ce fait empêcher la réintégration du royaume du Maroc avec l'implication de la présidente de la commission de l'UA (en fin de mandat), Nkosazana Dlaimini-Zuma (Afrique du sud). L'Afrique du sud a donc connu un échec cuisant face au Maroc dont le retour triomphal fut applaudi par tous dans l'arène de l'Union Africaine.

Enfin, le royaume du Maroc et l'Afrique du sud se jouent un coude à coude dans le défi de prendre le devant de la scène internationale. Certains pensent que l'Afrique du sud perd constamment du terrain dans le continent africain. Liesl Louw-Vaudran, journaliste sud-africaine souligne que « Pretoria n'a plus les moyens d'être les gendarmes du continent ». A cela, elle ajoute : « l'ANC n'avait pas anticipé ce retour en fanfare du Maroc. C'est avec retard que nos dirigeants ont fini par réaliser que le discours anticolonialiste ne suffisait pas lorsqu'on prétend exercer une influence à l'échelle continentale »85. Le retour du royaume du Maroc reste donc plus que jamais stratégique, pour pouvoir à l'arriver être en mesure de récupérer cette place laissé par certains et convoité par d'autres. En un mot, le royaume du Maroc choisissant de manière appropriée sa stratégie de retour cherche ainsi à pouvoir devenir les nouveaux gendarmes du continent.

85 Pierre Boisselet, Afrique du sud : « Pretoria n'a plus les moyens d'être le gendarme du continent », Jeune Afrique [en ligne], 09-05-2017, [consulté le 24-09-2017], disponible à l'adresse : http://www.jeuneafrique.com/mag/433570/politique/afrique-sud-liesl-louw-vaudran-pretoria-na-plus-moyens-detre-gendarme-continent

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SECONDE PARTIE

LE MAROC A L'UA : UNE READMISSION A

PLUSIEURS INTERROGATIONS

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Le royaume du Maroc est parvenu à retrouver sa place tant bien que mal au sein de l'Union Africaine. Si l'exclusion de la République Arabe Sahraoui Démocratique (RASD) n'a pas pu être une condition de réintégration, la nouvelle stratégie mis en place par le souverain chérifien, le roi Mohammed VI devra faire avancer ce dossier complexe. En attendant sa totale implication au sein des instances de l'UA, le royaume chérifien devra essayer d'apporter son aide et son savoir-faire à l'organisation dans le but de pouvoir faire face aux nouveaux défis que présente le continent. Cela pourrait permettre de résoudre un bon nombre de questions et de problèmes qui minent le continent et qui le contraint à rester dans un sous-développement désenchantant.

L'ensemble des compétences qu'a acquises le royaume du Maroc à travers les nombreuses années passées hors du cercle de l'institution africaine ne sera pas de trop dans l'idée de relever les objectifs de l'organisation panafricaine. De l'implication du Maroc dans la mise en oeuvre des nouvelles réformes établies par le président rwandais Paul Kagame, à la concrétisation de la Zone de Libre-Echange Continentale (ZLEC, sans oublier le combat africain pour relever les défis sécuritaires et sociaux, la présence du royaume chérifien ne sera pas superflue. Toutefois, malgré son baptême de feu engagé pour obtenir son retour au sein de l'Union Africaine, son avenir au sein de l'institution dans le long terme n'est pas garanti. Une fois encore, les choses peuvent basculées d'un côté à un autre, privant le royaume du Maroc de ses objectifs qu'il s'était fixé en rejoignant l'organisation. Les défis sont nombreux et les issues variées. Le royaume alaouite devra de ce fait mettre ses compétences au service de l'Union Africaine (Chapitre I), vu que cela devra aboutir à une collaboration bénéfique pour tous (Chapitre II).

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Chapitre I : Des compétences au service de l'UA

Après 33 ans passés hors du cadre institutionnel de l'UA, le royaume du Maroc s'est enfin décidé à faire sa réapparition au sein de l'instance panafricaine. Grâce à cette réadmission, l'UA pourra bénéficier d'une panoplie de compétences de la part du royaume chérifien pour le bon fonctionnement de l'organisation. Le royaume du Maroc a passé plusieurs décennies hors de l'UA. Cet isolement volontaire lui a sans doute permis d'acquérir de nombreuses compétences dans bien de domaines qui pourront être mis à la disposition de l'UA. Ces aptitudes sont de plusieurs catégories, et sont d'ordres politiques, diplomatiques (Section I) et aussi économiques et stratégiques (Section II).

Section I : Des apports politico-diplomatique

Le royaume du Maroc a parcouru un long chemin dans l'aboutissement de sa réintégration au sein de l'Union Africaine. Maintenant, le Maroc n'a rien à perdre en regagnant l'UA. Au contraire, le royaume chérifien a tout à gagner au sein de l'Union Africaine. L'UA pourra bien profiter du poids politique du Maroc (Paragraphe I) en Afrique et ailleurs et de son expertise diplomatique (Paragraphe II) au sein de la communauté internationale.

Paragraphe I : Un poids politique

Le système politique marocain reste totalement différent de celui que présente presque la totalité des pays africains. En effet, l'UA consent à entreprendre une profonde réforme de l'institution panafricaine. La réadmission du royaume du Maroc en tant que 55e membre de l'organisation pourrait changer la donne. Dans cet ordre d'idée, l'engagement du Maroc dans la réforme (A) devra permettre à l'organisation d'être plus efficace en s'impliquant davantage dans la gestion des crises du continent (B).

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A- L'engagement du Maroc dans la réforme de l'UA

Au fil des années, toutes les organisations ainsi que les Etats dans leur ensemble ont besoin d'une chose essentielle, celui de se réformer pour être apte à faire face aux changements. »Toute réforme est difficile, mais l'absence de réforme ne fait que mener à des difficultés futures » dixit Donald Keberuka, l'ancien président de la Banque Africaine de Développement et membre du comité de réforme86. L'UA créé en 2002, a besoin d'être restructurée puisqu'aujourd'hui elle est sévèrement critiquée. Elle doit être actualisée et mise au pas de danse des évènements actuels, pour s'adapter aux nouveaux défis du moment. Héritière de l'Organisation de l'Unité Africaine (QUA) créée après la grande vague de décolonisation au début des années 1960, beaucoup de choses lui sont reprochées. Maurice Mahounon, spécialiste béninois des relations africaines, estime que « cette réforme est une nécessité, car l'UA n'est pas si différente de l'OUA »87.Notamment ses lourdeurs bureaucratiques qui ne permettent pas de donner l'occasion à chaque pays d'avoir un appareil étatique efficace, démocratique et transparent ; sa dépendance financière aux bailleurs internationaux, les problèmes de mise en oeuvre des décisions ainsi que sa faible capacité à se remettre en question. Désigné par ses pairs pour se pencher sur la question lors du 27e sommet de l'UA, le président rwandais rendait son rapport un an plus tard.

Le président Paul Kagame souligne dans son rapport : « nous avons une organisation dysfonctionnelle, dont la valeur pour nos Etats membres est limitée, qui a peu de crédibilité auprès de nos partenaires internationaux, et en laquelle nos citoyens n'ont pas confiance »88. Il dénonce aussi « l'échec constant des décision de l'UA » qui a entraîné « une crise de mise en oeuvre ». C'est notamment le cas du

86 Rfi, L'Union Africaine planche sur les réformes du président Kagame, Rfi [en ligne], [consulté le 1010-2017], disponible à l'adresse : http://www.rfi.fr/afrique/20170508-union-africaine-planche-reformes-president-kagame

87 Théa Ollivier, Comment le projet de réforme d l'UA bénéficierait-il au Maroc ?, TelQuel [en ligne], 0905-2017], [consulté le 10-10-2017], disponible à l'adresse : http://elquel.ma/2017/05/09/comment-le-projet-de-reforme-de-lua-beneficierait-il-au-maroc 1544959

88 Le président rwandais Paul Kagame a été chargé de planche sur une restructuration de l'UA, et a présenté son rapport au 28e sommet de l'UA, intitulé « l'impératif de renforcer notre union ». Il conduira aussi cette réforme en 2018 lorsqu'il prendra les commandes de l'organisation, succédant au président guinéen Alpha Condé.

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financement de l'institution, assuré aux trois quarts par des aides extérieures. L'ensemble produit une « capacité de gestion limitée, une absence de responsabilité pour le rendement, à tous les niveaux » et des « méthodes de travail inefficaces ».

Le déterrement d'une telle réforme intervient dans un bon timing, du fait que le Maroc revient au sein de la grande famille institutionnelle avec ses bagages de compétences. En effet, pilotée par le président rwandais, amis du roi Mohammed VI, cette réforme engagée pourrait pleinement profiter au royaume chérifien mais aussi avant tout à l'organisation panafricaine qui lui permettrait de se libérer ses chaînes. Les principaux points de la réforme permettraient de désengorger le fonctionnement de l'instance freinée par des lourdeurs bureaucratiques et aller vers l'autosuffisance financière. Cela tombe à pic puisque, sans doute, le royaume chérifien pourra apporter ses idées, ses compétences et sa manière de voir du fait que la diplomatie chérifienne a montré à maintes reprises ses réussites car elle sort des sentiers battus des formalités pour s'inscrire dans la lignée des puissances émergentes du continent.

D'ailleurs, le roi du Maric jouit d'une bonne notoriété aux yeux des dirigeants africains. Grâce au pragmatisme et à l'engagement qui anime le roi Mohammed VI lors de ses visites officiels et dans le cadre de ses négociations avec les chefs d'Etats et hommes d'affaires étrangers, le souverain chérifien pourrait se présenter aussi, dans le cadre de la mise en oeuvre des réformes de l'UA en tant que garant et négociateur envers les Etats africains. Même si lors du 28e sommet de l'UA les propositions de la « dream team » de l'équipe de Kagame sont validées à l'unanimité, certaines propositions n'obtiennent pas l'adhésion de tous. Il s'agit par exemple de cette « taxe Kaberuka »89 qui envisage d'instituer une taxe de 0.2% sur toutes importations pour financer l'organisation. Une mesure fortement critiquée par certains pays comme la Tunisie, l'Egypte et Maurice. Le royaume chérifien pourrait donc servir de rempart pour ces pays et solder de telles réformes par des succès.

89 Taxe portant le nom de l'ancien président de la Banque Africaine de Développement (BAD) Donald Keberuka qui est à l'origine de cette proposition.

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B- La gestion des crises du continent

Depuis les indépendances dans les années 1960 des Etats africains, le continent reste bloqué sur des situations qui ne lui permettent pas de pouvoir s'engager dans un réel développement dans tous les sens : économique, social, politique... Les situations les plus récurrents restent ceux de nombreuses crises qui jusque-là perdurent dans le temps et dans l'espace à travers le continent. Déjà après les indépendances, René Dumont écrivait que « l'Afrique noir est mal parti ». Aujourd'hui encore, c'est la situation qui continue par être visible. A l'aube de ce nouveau millénaire, les crises les plus frappants sur le continent restent d'ordres politique et migratoire.

Le continent fait face à d'énormes crises d'ordre politique. Avec notamment des présidents qui ne font pas profiter à leurs peuples les biens tirés des ressources que regorgent leurs pays, ou encore des chefs d'Etats qui ne veulent pas céder le pouvoir pendant plusieurs années/décennies. Que les choses soient claires. Il ne faudrait pas confondre un Etat démocratique et un royaume monarchique. Tels sont des nuances qui doivent être effectuées par ces chefs d'Etats qui ne permettent pas un réel développement de leurs pays respectifs, encore moins du continent. Aujourd'hui le continent doit pouvoir se libérer de ces grosses épines que représentent ces dirigeants. Il doit pouvoir se libérer de ces chefs d'Etats et offrir à toutes les nations africaines des cadres étatiques au service du peuple. Le Maroc a toujours été dans cette logique de concertation, avec un souverain actant l'équilibre entre le nord et le sud accroché à la Méditerranée et ses provinces du sud qui regardent l'Afrique subsaharienne. Le royaume du Maroc est un laboratoire pour l'Afrique : mêmes enjeux, échelles différents90. Les Etats africains devraient s'approprier la capacité du Royaume à dialoguer et répondre aux aspirations de son peuple (cas du Rif marocain). Et le royaume du Maroc, plaider pour une bonne gouvernance dans l'ensemble du continent

90 Le Matin, le royaume du Maroc, moteur de l'émancipation africaine, Le Matin [en ligne], 02-08-2017, [consulté le 02-10-2017], disponible à l'adresse : https://lematin.ma/express/201/le-marocet-l-rsquo-afrique-africa-first/276137/html

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Par ailleurs, en ce qui concerne les crises migratoires sur le continent, ceci représente un véritable casse-tête pour tous les Etats africains, en particulier ces pays dit de transit qu'empruntent ces migrants. Ici, faut-il le constater, les terres marocaines restent l'un des pays où transitent une bonne partie de la population africaine pour migrer vers le continent européen91. Avec ce retour en grande pompe au sein de l'organisation panafricaine du royaume alaouite, la politique africaine de ce dernier continuera toujours par se renforcer en considération de tous ce qui a été fait jusque-là. C'est justement fort de son implication profonde dans la problématique migratoire qu'il a été désigné pour présenter un rapport sur ce thème lors du prochain sommet, en janvier 2018. Cela prendra donc une nouvelle dimension et saura de ce fait, se traduire par une grande implication du Maroc dans la gestion et dans la recherche des solutions aux problèmes majeurs du continent notamment en ce qui concerne la crise migratoire. D'ailleurs, le roi Mohammed VI a indiqué que son pays poursuivra les efforts afin de remédier aux causes réelles de ce phénomène « en le reliant au développement et en adaptant une approche humanitaire et solidaire, protégeant les droits des immigrés et préservant leur dignité ». Ce fléau, le royaume du Maroc le combat depuis plusieurs années, et présente bien des succès à son égard. Une situation plutôt bénéfique pour l'ensemble des pays confrontés à cette crise en générale et l'UA en particulier.

Au final, un constat s'avère crucial ici. Celui de voir que l'ensemble des crises de tous ordres que traverse le continent sont dans leur majeure partie, es conséquences aux processus économiques en vigueur dans nos pays respectifs, portant toujours et encore sur les dérives des politiques combinant maux et fléaux tout en étant riches en ressources naturelles. L'Afrique ne peut plus être administrée par des acteurs extérieurs ou les acteurs les plus puissants, comme l'ont fait et le font encore l'Organisation des nations Unies, le groupe du G20 en encore le Fonds Monétaire International (FMI), avec les dégâts que l'on connait : radicalisation, migrations, corruption... C'est pourquoi, une fois encore « l'Afrique doit faire confiance à l'Afrique ».

91 En effet, le Maroc reste le pays africain le plus proche du continent européen avec une distance de 15km qui sépare le Maroc à l'Espagne.

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Paragraphe II : Une expertise diplomatique

Grâce à sa réadmission à l'Union Africaine, le royaume du Maroc pourra bénéficier, tout comme il en a déjà fait preuve pour accélérer son processus de réintégration, son vaste réseau diplomatique(A) sur le continent et sa position de supériorité sur la scène internationale (B).

A- Un vaste réseau diplomatique

En réintégrant l'UA, plusieurs succès se projettent en faveur de l'organisation panafricaine. Le Maroc apportera sans doute, ses succès d'ordre politiques et diplomatique, son influence sur la scène internationale mais aussi et surtout son expérience en tant que leader. Le royaume du Maroc, se dresse aujourd'hui comme une puissance émergente et veut de ce fait, élargir et entretenir son cercle d'influence au-delà de sa zone d'influence habituelle.

En ce début du nouveau millénaire où les grandes puissances peinent à trouver des solutions aux grands défis du moment, le monde est beaucoup plus orienté vers les groupements et pôles de puissance comme le G20 ou encore les BRICS, constitués dans leurs majeures parties par des pays émergents. Le royaume chérifien se réclame de ce groupe, un pays à économie émergente. D'ailleurs, les relations que s'est tissé le Maroc depuis bien des années peuvent être d'une grande utilité pour l'Union Africaine. En effet, suite à son retrait de l'OUA dans les années 1980, et après son adhésion manqué à l'UE, les relations entre le Maroc et l'Union Européenne n'ont cessé de se renforcer au fil des années. Des relations arrivées à un niveau où les deux entités ont décidé de créer une zone de libre échange pour les produits industriels, selon l'Institut Marocain des Relations Internationales (IMRI). En 2008, l'UE confère au royaume chérifien le statut avancé par lequel le royaume bénéficie de toutes les attributions d'un pays membre exceptée la participation aux institutions politiques de l'Union, tout en s'arrêtant sur les négociations entamées en 2013 sur l'ALECA (Accord

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de Libre Echange Complet et Approfondi) qui doit inclure les services et les marchés publics92.

Ainsi, dans une volonté de pallier à l'absence dans son sous-sol de ressources naturelles, le royaume du Maroc se doit de diversifier son économie. Une raison de plus pour le Maroc de se tourner vers non seulement l'Asie, mais aussi les pays du Golfe et aussi la Russie. En effet, les récents déplacements du souverain marocain le roi Mohammed VI en Chine et en Russie témoignent de l'engagement du royaume chérifien d'aboutir à une position plus mesurée dans ses relations hors du continent africain. Fort de ses relations, surtout avec le Golfe, les IDE vers le Maroc qui s'élevait à 10.2 milliards de dirhams, soit près d'un milliards d'euros se verront multiplier pour atteindre 120 milliards de dollars sur la période 2105-2024, selon la fédération des chambres du Conseil de Coopération du Golfe93.

Cependant, les relations du royaume du Maroc ne se limitent pas seulement là. Ils s'étendent bien sûr aussi vers l'Amérique. De l'autre côté de l'Atlantique, le royaume entretient de solides relations avec les Etats-Unis, le Brésil et le Canada. En revanche, faut-il le souligner, le Maroc est le seul pays d'Afrique à avoir un Traité de libre-échange avec les États-Unis depuis le 1er janvier 2006, fruit de liens séculaires entre les deux pays. Aujourd'hui encore, la donne n'a pas changé. C'est ce que le Ministère des Affaires Etrangères et de la Coopération Internationale du Royaume du Maroc réitère sur son compte Twitter en sa publication du 19 octobre 2017 qui souligne : « #Morrocco is the only African country to have a Free Trade Agreement with the United States of America #USA »94. Toutefois, même si ce traité de libre-échange constitue un atout important pour le Maroc, ce dernier reste largement déficitaire au détriment du Royaume.

92 « Géopolitique du Maroc : nouveau positionnement dans un monde qui change », Institut Marocain des Relations Internationales (IMRI), in MAP & IMRI, Maroc vers un nouveau positionnement géostratégique ?, Africa Diligence [en ligne], 14-11-2013, [consulté le 11-10-2017], disponible à l'adresse :

93 Youssef Ait Akim, Maroc : le virage anti-occidental de Mohammed VI, Le Monde [en ligne], 26-04-

2016, [consulté le 11-10-2017], disponible à l'adresse :
http://www.lemonde.fr/afrique/article/2016/04/26/maroc-le-virage-anti-occidental-de-mohammed-vi 4908979 3212.html

94 « Le #Maroc est le seul pays africain à avoir un traité de libre-échange avec les Etats-Unis d'Amérique #USA », (Compte officiel du MAICI Maroc : @MarocDiplomatie).

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Au final, autant de relations dont l'Union Africaine pourrait tirer pleinement profit pour se construire une solide réputation au-delà du continent africain et amorcer un réel développement économique.

B- Une position supérieure sur la scène internationale

Puissance économique et politique, porte d'entrée vers le continent africain... les ambitions du royaume chérifien sont énormes. Et pour le souverain chérifien, ces ambitions sont irréalisables avec un Maroc en dehors de la sphère des instances panafricaines. A travers ses nombreuses relations économiques et diplomatiques sur l'ensemble des continents, de l'Europe à l'Asie en passant par l'Amérique, le royaume chérifien entend faire profiter de sa position sur la scène internationale. Le Maroc veut faire entendre l'Afrique en s'affichant comme non seulement porte-parole des pays africains, mais aussi constituer une voix aux Pays les Moins Avancés (PMA) sur la scène internationale. Pour Mustapha Tossa, « avec le Maroc dans ses rangs, l'Union Africaine sera plus audible sur le plan international. Le Maroc a une voix qui compte en Europe, en Russie et en Chine »95.

Il faut souligner, ces dernières années, le royaume du Maroc arrive à réunir le monde sur ses terres pour des questions d'ordres mondiales. C'est ce que témoigne l'organisation de la 22e Conférence des Parties (COP22) sur le climat à Marrakech en 2016. C'est extrêmement important pour l'Afrique, car voilà un pays africain qui accueille un sommet mondial sur l'écologie après celui de Paris. Cela fera disposer au continent une marge de manoeuvre pour discuter de ses relations et des investissements sur le continent. Aussi, l'Union Africaine disposera de ce fait, d'une importante valeur ajoutée.

Cependant, depuis l'intronisation de Mohammed VI à la tête du royaume chérifien, le repositionnement du Maroc aussi bien à l'intérieur du continent qu'à l'extérieur a été faite de manières diverses. Si pour le roi Hassan II la solution dans

95 RT France, avec le Maroc en son sein, l'Union Africaine sera plus audible sur la scène internationale (interview), RT France [en ligne], 19-07-2017, [consulté le 12-10-2017], disponible à l'adresse : https://francais.rt.com/opinions/24071-avec-maroc-union-africaine-audible

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cette impasse que vit son royaume se trouvait dans l'UE ou avec les monarchies du Golfe, son successeur, le roi Mohammed VI a préféré se tourner vers le sud du continent s'intéressant aux pays africains et se construisant tout de même une image à l'extérieur des frontières africaines. Joignant ainsi l'intérêt du Maroc à l'intérêt de l'Afrique. Ceci conduira le royaume du Maroc à mettre à disposition du continent, non seulement son leadership, mais aussi et surtout, lui éviter sur des questions de sécurité traversant le continent « une balkanisation et une déstabilisation »96.

Section II : Des apports économico-stratégique

La réintégration du royaume du Maroc au sein de l'UA répond à une stratégie donnée. Puissant de par son potentiel économique et surtout stratégique de par son positionnement et sa géographie, le royaume du Maroc a beaucoup à offrir à l'instance panafricaine. Fort de son statut de l'un des premiers investisseurs sur l'ensemble du continent, le Maroc lui fera profiter de son influence économique (Paragraphe I) et de son poids géostratégique (Paragraphe II).

Paragraphe I : Une influence économique

Puissance économique du continent, le royaume du Maroc peut apporter son expérience et son savoir-faire au continent non seulement dans la création d'un marché commun continental (A), mais aussi dans l'approfondissement de la coopération sud-sud (B).

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96 Ibid.

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A- La création d'une Zone de Libre-échange continentale (ZLEC)

Depuis plus d'un demi-siècle après les indépendances des pays africains, l'économie de l'ensemble des pays du continent reste faible et alarmante. Avec la création de l'OUA qui deviendra UA en 2002, le continent dans son ensemble a la chance de faire changer les choses en attirant les plus grosses pat de devises de leur côté dans le but de pouvoir relancer l'économie du continent.

Aujourd'hui, le royaume alaouite fait partie intégrante de l'organisation panafricaine, et compte bien pesé sur les relations économiques du continent dans le but de le faire prospérer de manière spectaculaire. Ainsi, d'autant plus que la création fut déjà annoncée, l'Afrique a besoin, pour le bien-être de son économie, d'une Zone de Libre Echange Continentale (ZLEC)97. Ce dernier permettra, d'augmenter les volumes d'échanges afin de stimuler le commerce intra-africain. « Nous sommes convaincus que nous aurons un marché intégré et commercialement viable à la fin de cette année », affirmait le commissaire de l'UA au Commerce et à l'Industrie, Albert Muchanga, lors d'une conférence de presse en juin 2017 au siège de l'UA à Addis-Abeba en Ethiopie98. Cette volonté de création de ce marché africain intégré pourrait être accélérée avec la réadmission du Maroc au sein de l'UA, qui pourrait par cette occasion, apporter à l'ensemble de l'union son professionnalisme et son savoir-faire.

En effet, l'idée de la mise en place d'un tel projet par l'UA n'est pas nouvelle. Conscient des enjeux actuels dont ils devraient faire face avec les concepts de mondialisation et de globalisation, Cecil John Rhodes, homme d'affaire britannique et fondateur de la Rhodésie (actuel Zimbabwe) en rêvait déjà, construire un continent économique et politique en Afrique « du Cap (Afrique du sud) au Caire (Egypte) »99.

97 Une zone de libre-échange est défini comme une zone internationale dans laquelle les Etats parties au traité de base suppriment entre eux les barrières douanières, sans toutefois aller jusqu'à instituer un tarif douanier extérieur commun. (Lexique de politique, Dalloz, 7e édition, Paris, p/453).

98 Khadim Mbaye, Union Africaine : bientôt un marché commun pour le continent, La tribune Afrique [en

ligne], 01-07-2017, [consulté le 01-10-2017], disponible à l'adresse :
http://afrique.latribune.fr/politique/integration-regionale/2017-07-01/un-marche-commun-en-afrique-c-estpour-binetot-742406.html

99 Christophe Châtelot, l'Afrique donne le coup d'envoi à un marché commun « du Cap au Caire », Le

Monde [en ligne], 10-06-2015, [consulté le 01-10-2017], disponible à l'adresse :

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Actuellement, ce rêve revient aux africains qui veulent porter ce projet en réalité. Tout commence lors de la 18e session ordinaire de la conférence de l'Union Africaine en 2012 tenue à Johannesburg, en Afrique du sud, où la décision de lancer le projet fut adoptée. Trois ans plus tard, en 2015, le processus de négociation est lancé ainsi que la feuille de route. Une étape qui s'annonce tendue et corsée, puisque « ...pour nous, c'est cinquante-quatre pays qu'il faut mettre d'accord ! », dixit Fatima Haram Acyl, ancienne commissaire de l'UA au Commerce et à l'Industrie et actuelle vice-présidente de la Commission Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale (CEMAC). Enfin, après deux ans de négociations le projet pourra être concrétisé. Ce projet devrait par ailleurs, permettre de regrouper la zone tripartite de libre-échange100, la Communauté des Etats de l'Afrique Centrale (CEEAC), la Communauté Economique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), l'Union du Maghreb Arabe (UMA) et la Communauté des Etats Sahélo-Sahariens (CEN-SAD).

En revanche, avec sa population de 33 848 242 habitants (2014) et son PIB estimé à 109.201 milliards de dollars, le royaume du Maroc pourrait être un véritable poids et exercer toute son influence dans le but de concrétiser ce projet. Puisque « le Maroc constitue une puissance politique [et économique] influente et jouit d'estime de crédibilité non seulement après de dirigeants des pays africains, mais également aussi aux yeux de leurs peuples »101. Cela pourrait lui permettre de faire avancer le dossier et de le concrétiser dans les meilleurs délais. Cependant, l'aboutissement à une ZLEC devrait avoir plusieurs débouchées favorables au continent. Pour Dlaimini-Zuma, ancienne présidente de la Commission de l'UA, un marché commun africain permettrait de résoudre « le paradoxe africain d'un continent avec pratiquement toutes les ressources naturelles à sa dispositions, et pourtant des populations pauvres, et qui

http://www.lemonde.fr/economie/article/2015/06/10/l-afrique-donne-le-coup-d-envoi-a-un-marche-commun-du-cap-au-caire 4651264 3234.html

100 La zone tripartie de libre-échange ou encore Tripartite Free Trade Area (TFTA), est une zone de libre-échange visant à rapprocher les zones de libres échanges du Marché Commun de l'Afrique Orientale et Australe (COMESA), de la Communauté d'Afrique de l'Est (EAC) et de la Communauté de Développement d'Afrique Australe (SADC).

101 Aboubacar Yacouba Barma, Mohammed VI : « Notre retour à l'UA n'est pas tactique », La tribune

Afrique [en ligne], 07-11-2016, [consulté le 03-10-2017], disponible à l'adresse :
http://afrique.latribune.fr/politique/integration-regionale/2016-11-07/mohammed-vi-notre-retour-a-l-ua-n-est-pas-tactique.html

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est marginalisé dans la production mondiale »102. Aussi, au cas où le continent arriverait à s'offrir un marché commun continental, cela représenterait un bloc économique d'un milliards d'habitants/de consommateurs, totalisant de ce fait, un pouvoir d'achat de 1.1300 milliards d'euros. Il faut souligner, les zones d'intégration régionales en Afrique sont déjà nombreuses, alors ce marché commun permettra à l'Afrique de s'ouvrir sur lui-même dépassant largement les 10% de commerce intra-africain réalisé entre eux. Pour le Maroc, un marché commun continental pourrait être perçu comme un vecteur d'une nouvelle coopération économique sud-sud. Il permettrait de renverser les termes d'échanges commerciaux trop longtemps qualifiés d'inégaux103. Toutefois, la route pour atteindre une finalité réussie à ce projet de création d'une ZLEC n'est pas exemptée de quelques scepticismes à ce sujet.

Contrairement à ce que beaucoup peuvent penser au sein de l'UA, certains Etats restent sceptiques à l'idée de la création de ce marché. Premièrement, de peur de voir le marché local saturé. Deuxièmement, certains Etats à économie essentiellement fiscale orientent leurs inquiétudes sur l'obligation de supprimer les droits de douane. Troisièmement, un espace commercial sans frontières implique la levée des quotas des échanges, ce qui frissonne d'autres encore sur l'élévation du taux de chômage, du sous-emploi et de la pauvreté.

B- Un approfondissement de la coopération sud-sud

De par le monde, l'ensemble des coopérations dans ses divers contours entre les Etats prennent en compte plusieurs caractéristiques. Le royaume du souverain Mohammed VI propose à l'Afrique une coopération différente entreprise entre pays du sud et générant des partenariats gagnant-gagnant.

102 Khadim Mbaye, Union Africaine : bientôt un marché commun pour le continent, La tribune Afrique

[en ligne], 01-07-2017, [consulté le 01-10-2017], disponible à l'adresse :
http://afrique.latribune/fr/politique/integration-regionale/2017-07-01/un-marche-commun-en-afrique-c-est-pour-bientot-742406.html

103 Dina Tagemondi, pourquoi la volonté du Maroc de rejoindre l'UA est une bonne nouvelle, Huffpost

[en ligne], 18-07-2016, [consulté le 09-10-2017], disponible à l'adresse :
http://www.huffpostmaghreb.com/dina-tagemouati/pourquoi-la-volonté-du-maroc-de-rejoindre-lunion-africaine-est-une-bonne-nouvelle b 11043566.html

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Après son départ de l'OUA en 1984, le royaume du Maroc s'est tournée vers la Méditerranée avec pour souci de mieux asseoir son intégration dans le continent européen. De ce fait, il a donc essayé de rejoindre l'UE mais en vain. Et ce, pour motif de « non appartenance du Maroc à l'Europe ». Ainsi, suite à cet échec, le royaume chérifien a décidé de se retourner à nouveau vers le sud du Sahara, mais cette fois, avec une nouvelle affiche des relations interafricaines. D'ailleurs, faut-il le rappeler, le royaume du Maroc développait en Afrique ses relations diplomatiques, politiques et économiques bilatérales avec « les pays alliés et amis ». Depuis le début du règne du roi Mohammed VI en 1999, le royaume chérifien lance une nouvelle ère d'une « diplomatie économique » dirigé à part entière vers le continent africain au point où, aujourd'hui, il devient la fondation essentielle de la diplomatie et le l'économie marocaine. L'idée de cette nouvelle coopération se veut à la fois être l'expression d'une autre face dans les rapports des pays africains avec eux-mêmes, mais également un tournant dans la projection de l'Afrique vis-à-vis du monde. Il se veut être une coopération basée entre les pays du sud (sud-sud) et rattachée à un partenariat gagnant-gagnant. De ce fait, le roi Mohammed VI déclarait : « Ma vision de la coopération sud-sud est claire et constante : mon pays partage ce qu'il a, sans obtention »104.

Ainsi le modèle de coopération proposé par le royaume alaouite représente tout le contraire de celui tissé depuis des siècles et jusque-là avec les occidentaux. Une coopération envers lequel, le continent noir donnait tout sans en retour recevoir quelque chose de proportionnelle et de symbolique qi saura contribuer à son développement politique et économique. Aussi, faut-il le rajouter, ce même modèle proposé et prôné par le Maroc reste inédit, transformateur, réaliste et novateur et va au-delà de tous les clivages mondiaux, et faisant fi de la passerelle nord-sud et est-ouest constituant donc une rupture historique avec les schémas classiques de coopération.

Lors du 1er sommet africain de l'Action tenu à Marrakech au Maroc en Marge de la 22e Conférence des Parties (COP22), le roi Mohammed VI a proposé aux pays

104 Le Matin, la vision clairvoyante de S.M. le roi Mohammed VI pour l'Afrique, Le Matin [en ligne], 0202-2017, [consulté le 08-10-2017], disponible à l'adresse : https://lematin.ma/journal/2017/la-vision-clairvoaynte-de-s-m-le-roi-mohammed-vi-pour-l-rsquo-afrique/266402.html

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africains d' « unifier la voix de l'Afrique et lui apporter l'expertise ». Et sur le plan continental, le royaume alaouite se dit déterminé à « renforcer sa contribution à la défense des intérêts vitaux du continent aux côtés de ses pays frères... »105. En revanche, la volonté avec laquelle sa majesté le roi Mohammed VI, pionnier de la coopération sud-sud, compte mettre en valeur ce partenariat, privilégie les pays au sein de l'UA et devra permettre, dans un climat de confiance, de favoriser la circulation des capitaux, de personnes, des biens et aussi du savoir-faire. Toutefois, jamais auparavant les relations entre les pays africains dans leur ensemble n'ont eu autant d'impacts positifs dans les deux sens.

Mais bien au-delà de ça, l'UA pourra gracieusement bénéficier du poids géopolitique du royaume du Maroc.

Paragraphe II : Un poids géostratégique

Le retour du Maroc devrait pouvoir, de par son poids dans les relations extérieures de l'UA, réjouir profondément les membres de cette organisation continentale. Le royaume du Maroc sera donc en mesure de booster la plaidoirie de l'équipe continentale dans sa recherche d'un siège permanent au sein du Conseil de Sécurité de l'ONU (B). Aussi, l'expérience marocaine permettra une gestion autonome des ressources étatiques (A).

A- Une gestion autonome des ressources étatiques

« L'Afrique est un grand continent par ses forces vives, ses ressources et ses potentialités. Elle doit se prendre en charge, ce n'est plus un continent colonisé. L'Afrique doit faire confiance à l'Afrique ». Tels sont les propos tenu par le roi Mohammed VI dans son célèbre discours prononcé en février 2014 à Abidjan en Côte

105 Oumar Baldé, Que promet le Maroc à l'Afrique ?, Les éco.ma [en ligne], 17-11-2016, [consulté le 0710-2017], disponible à l'adresse : http://www.leséco.ma/cop22/51785-que-promet-le-maroc-a-l-afrique.html

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d'Ivoire. De ces propos, le roi Mohammed VI plaide pour une prise de conscience profonde des Etats africains dans le cadre de la gestion de leurs ressources étatiques.

En effet, le continent africain depuis ses indépendances n'a pas su être, au fil des années, maître de son devenir, de ses richesses et de ses biens. Il a toujours été dans l'ombre des anciennes puissances coloniales qui dans la plupart des Etats actuels, continuent par dicter leurs lois. Mécontent de ce système, le royaume du Maroc se montre pourfendeur du colonialisme, s'affiche antioccidental et fustige contre la mainmise des anciennes puissances colonisatrices sur les politiques internes des Etats africains. « Il n'y a plus de terrain acquis, pas plus qu'il n'y a de chasse gardée. Ce serait une illusion de croire le contraire ». S'insurgeait-il et ce, en faisant référence aux anciennes puissances occidentales. Il se campe dans cette même position devant la tribune de l'Assemblée Générale des Nations Unies plus tard en septembre 2014, mais cette fois, en dénonçant les effets néfastes de la colonisation : « Aujourd'hui, après tous ces effets pervers [de la colonisation], ces Etats n'ont pas le droit d'exiger des pays du sud un changement radical et rapide [...] comme si le développement ne pouvait se réaliser qu'à l'aune d'un modèle unique : le modèle occidental »106. Le roi Mohammed VI affiche une image contre le néocolonialisme qui exploite seulement les ressources du continent sans au retour accorder un intérêt quelconque à ce dernier qui pourrait être lié au développement socioéconomique ou humain. Le royaume du Maroc se veut être novateur. Ainsi, il se veut être le fer de lance d'une Afrique émergeante, pragmatique et responsable s'appuyant évidemment sur une coopération sud-sud accordant donc de profit à chaque partie. Une telle stratégie, prôné haut et fort par le royaume chérifien, trouve écho déjà auprès de plusieurs Etats africains en général, et particulièrement auprès de ceux-là qui se reconnaissent dans ce genre de situation.

Pour ce faire, une mission essentielle et cruciale s'impose au royaume du Maroc. Celui de ne pas faillir à son rôle essentiel au sein de l'UA qui consiste à servir de guide et de locomotive à l'ensemble des Etats africains, mais aussi et surtout, à pouvoir servir de guide et de leitmotive à l'ensemble des Etats africains, mais aussi et surtout, à pouvoir réellement permettre à l'Afrique d'imposer sa présence et ses

106 Ce discours fut présenté par son premier ministre d'entre temps Abdelilah Benkirane vue que le souverain marocain n'avait pas fait le déplacement à l'ONU durant ce sommet de l'Assemblée Générale.

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marques dans le concert des grandes nations et des échanges économiques mondiaux.

Conscient de l'exploitation anarchique et de l'instabilité du continent, le roi Mohammed VI qui plaide pour « une Afrique aux africains » pourra ainsi, apporter son savoir-faire et son expérience aux autres Etats africains surtout en matière de gouvernance. Témoignant de cet apport précieux que peut faire le Maroc aux pays africains en matière de gouvernance, Rachida Dati, ancienne garde des sceaux français et eurodéputée déclarait : « ... et il est encore un pays où l'Afrique prend le Maroc modèle : celui de la gouvernance »107. Ceci leur permettra donc de pouvoir sauvegarder leurs pays respectifs et offrir ainsi aux populations, éducation, emploi, formation et logement. Toutefois, ce lourd fardeau ne saura revenir au Maroc seul. En compagnie des autres puissances coloniales, ils pourront conduire un leadership qui amènera le continent dans son ensemble à devenir une puissance imposante et faire face aux nombreux défis auxquels il est confronté.

B- A la recherche d'un siège permanent au sein du Conseil de Sécurité de l'ONU

Depuis plusieurs années, la réforme de la plus vaste organisation internationale, l'Organisation des Nations Unies (ONU) plane sur tous les toits. Pour chacun, après plus d'un demi-siècle d'existence, l'ONU doit pouvoir s'adapter aux réalités du monde actuel et aux défis nouveaux que présente ce nouveau siècle. Cette réforme porte principalement sur l'organe décisionnel de l'ONU, le Conseil de Sécurité.

Depuis 2005, la réforme de l'ONU et principalement la réforme du Conseil de Sécurité s'avère primordiale et reste l'un des sujets de discussion les plus tendus. Récemment, à l'occasion de la 72e Assemblée Générale des Nations Unies tenu à New York aux Etats-Unis en septembre 2017, le président américain Donald Trump affirmait que la réforme de l'ONU s'avère nécessaire dans un but de la rendre plus

107 Le Matin, Le Royaume du Maroc, moteur de l'émancipation africaine, Le Matin [en ligne], 02-082017, [consulté le 01-10-2017], disponible à l'adresse : https://lematin.ma/journal/2017/le-maroc-moteur-de-lemancipation-africaine/276165.html

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performante. Il déclare : « je suis confiant que si nous travaillons ensemble en vue d'obtenir de vraies réformes courageuses, les Nation Unies vont devenir une force plus performante, plus forte, plus juste pour la paix et l'harmonie dans le monde »108. Cependant, les bases de cette « réforme Trump » de l'ONU ne fait aucunement grincer de dents sur le continent africains. La raison d'un tel désintéressement des Etats africains réside dans le fait que cette réforme du président américain se situe dans une mesure à vouloir « rationnaliser la bureaucratie et la paperasserie de l'organisation mondiale », c'est-à-dire finir avec les lourdeurs administratives de l'ONU pour la rendre « plus efficace et performante » 109 . Auparavant, des réformes nouvelles ont été annoncées. Celles annoncées par exemple en 2005 par l'ancien Secrétaire Général de l'ONU Koffi Annan restent des plus percutantes sur le continent. Selon lui, « après une période difficile dans les affaires internationales, face à des dangers nouveaux et aux nouvelles manifestations de menaces déjà connues, beaucoup souhaitent voir apparaître un consensus sur lequel puisse se fonder une action collective. Et le désir est là d'opérer à l'ONU es réformes plus ambitieuses que jamais afin que l'organe ait les moyens financières et autres nécessaires pour aider à mettre en oeuvre le programme d'action du 21e siècle »110. Dans cette large envie d'entreprendre des réformes, un point qui touche plus le continent africain et auquel ils veulent remédier reste celui qu'une « meilleure représentativité du continent au sein du Conseil de Sécurité de l'ONU ».

En effet, deux ans plus tôt, en 2003, une commission fût mise en place pour penser aux réformes qui pourront être entreprises par l'ONU pour booster sa performance. « La charte des Nations Unies a accordé aux Etats les plus puissants le statut de membre permanent du Conseil de Sécurité et le devoir, à charge pour eux d'exercer leur pouvoir pour le bien commun, de promouvoir et de respecter le Droit

108 Rfi, Donald Trump veut réformer l'ONU pour la rendre efficace, Rfi [en ligne], 18-09-2017, [consulté le 02-10-2017], disponible à l'adresse : http://www.rfi.fr/ameriques/20170918-donald-trump-veut-reformer-onu-rendre-plus-efficace-guterres

109 Isabelle Hanne, Donald Trump veut réformer l'ONU contre la « bureaucratie » et la « mauvaise gestion », Libération [en ligne], 18-09-2017, [consulté le 02-10-2017], disponible à l'adresse : http://www.liberation.fr/planete/2017/09/18/donald-trump-veut-reformer-l-onu-contre-la-bureaucratie-et-la-mauvaise-gestion 1597235

110 Rapport du Secrétaire Général de l'ONU, Koffi Annan « Dans une liberté plus grande : développement, sécurité et respect des droit de l'homme pour tous », 2005

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international »111, soulignent-ils dans leur rapport. Ainsi, dans le souci d'améliorer le fonctionnement du Conseil de Sécurité, tout le monde s'échine en vue d'une possible refondation et redéfinition de l'octroi des membres du Conseil de Sécurité. Une guerre qui va dans tous les sens et dans tous les fronts, où chacun essaye de mieux se situer pour une remise à charge d'un possible siège de membre permanent à son égard.

Dans ce combat que mène l'Afrique pour une refonte du Conseil de Sécurité des Nations-Unies, la nouvelle arrivée du Maroc peut donner du poids à la plaidoirie du continent. Si les propositions faîtes en 2003 par le groupe de personnalités ne font pas intégrer les positions africaines à cette démarche112, pour eux dans la constitution des membres permanents du Conseil de Sécurité, la géographie doit être prise en compte pour une meilleure représentativité de monde entier. Le leadership marocain surtout sur le plan diplomatique pourrait faire pencher la balance, pour l'obtention d'un siège de membre permanent au sein du Conseil de Sécurité. Le résultat reste donc indéniable. Avec le retour du royaume en son sein l'UA verra son poids décupler dans le concert des Nations Unies.

En revanche, si la conduite de la lutte pour l'obtention du siège au Conseil de Sécurité en est une chose, sa probable attribution en est une autre. Jusqu'à l'heure actuelle, aucun candidat ne fait le consensus au sein de l'UA pour pouvoir représenter le continent au sein du Conseil de Sécurité. Si pour certains le poids du Nigéria et de l'Afrique du sud leur en donne droit, le royaume alaouite ne se verra pas mener un tel combat sans au final espérer avoir gain de cause. D'ailleurs, beaucoup prennent déjà position. Comme l'a indiqué un diplomate, « la longue absence du Maroc a permis aux autres pays de consolider leurs positions au sein de l'UA. Le combat mené par exemple au niveau de l'ONU pour réformer le Conseil de Sécurité s'est fait dans lui. Si l'Afrique arrive à obtenir un siège permanent, l'UA décidera de son attribution, mais je

111 A/59/565 Rapport du groupe de personnalité sur l'état des lieux, « un monde plus sûr, notre affaire à tous », 2003, p.14

112 Dans leur rapport, le groupe de personnalités de haut niveau, propose que ceux qui contribuent le plus aient davantage de voix au chapitre d conseil, ceux qui pèsent le plus dans les décisions contribuent davantage et ceux qui doivent appliquer les décisions soient consultés davantage.

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doute fort qu'il revienne au Maroc »113. Le malaise continuera par prendre de l'ampleur avec ces prises de position qui ne feront qu'éclater l'absence d'unanimité.

Toutefois, le Maroc et l'UA devraient encore attendre des années avant de voir une telle réforme revenir sur les rails puisqu'actuellement, ce projet a été mis de côté, même si le nouveau Secrétaire général Antonio Guterres place son mandat dans une réforme profonde du système onusien.

113 Christophe Guguen, enquête sur l'influence réelle du soft-power de Mohammed VI en Afrique, Le desk [en ligne], 20-10-2016 MAJ. Le 20-08-2017, [consulté le 07-10-2017], disponible à l'adresse : https://ledesk.ma/grandangle/les-dessous-de-la-nouvelle-politique-africaine-de-mohammed-vi/

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Chapitre II : Une collaboration bénéfique pour tous

Fort des liens que le royaume du Maroc a su construire avec son continent d'origine au fil des siècles à travers différents rois qu'il a connu, les relations entre le Maroc et l'Afrique et surtout l'UA ne pourront que se renforcer. Avec cette brillante réintégration au sein de l'UA en janvier dernier, la confiance mutuelle sera désormais au bon fixe. Cette réadmission donc d Maroc représente une adhésion favorable aux deux parties (Section I) avec la possible émergence d'un nouveau leadership du royaume chérifien (Section II).

Section I : Une adhésion favorable aux deux parties

En ce début du XXIe siècle, le continent africain reste confronté à plusieurs problèmes d'ordres diverses faisant entrave à un réel développement tant sur le plan économique et social. Avec cette réintégration du Maroc, les perspectives de l'UA (Paragraphe I) vont changer puisque même si le Maroc apporte son soutien à l'UA dans l'atteinte de ses objectifs, le sous impérialisme marocains (Paragraphe II) commencera par s'afficher.

Paragraphe I : des perspectives de l'UA liées au retour du Maroc à l'UA

Aujourd'hui s'il est important de constater que la réintégration du royaume alaouite a besoin de l'UA et vice versa, il sera grand temps que les deux puissent enfin regarder dans la même direction, ils doivent donc faire face à des défis d'ordre sécuritaires (A) et sociaux (B).

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A- Des défis sécuritaires

L'Afrique reste aujourd'hui le continent le plus touché par une instabilité chronique en matière de sécurité. Ainsi, en dehors de différentes crises conflictuelles et sociales qui gangrènent les Etats africains, le terrorisme reste l'une des menaces les plus présentes en Afrique et reste un champ ouvert à toutes les hostilités. Pour l'UA, le terrorisme reste son plus grand défi à relever en ce début du XXIe siècle. Face à ce défi trop important, une aide s'avère cruciale. Celui d'un apport face à l'éradication de ce fléau, principalement source d'insécurité et de ralentissement économique à l'intérieur du continent. Aujourd'hui encore, pour relever ce défi de l'insécurité grandissante qui met l'organisation panafricaine d'une part, et les organisations sous régionales d'autre part dans une impasse totale, le royaume du Maroc, en retrouvant sa place naturelle au sein de l'UA, « croit fermement qu'il a les moyens pour faire la différence dans une conjoncture où les enjeux en matière de stabilité en Afrique prennent une dimension internationale ». Lors de son discours prononcé à l'occasion de la clôture du 28e sommet des chefs d'Etats et de gouvernements de l'UA à Addis-Abeba en Ethiopie, le roi Mohammed VI déclarait : « Depuis son indépendance, le Maroc a participé à six opérations de maintien de la paix des Nations-Unies en Afrique, déployant des milliers d'hommes dans les différents théâtres d'opération. Les troupes marocaines sont, aujourd'hui encore, déployées en RCA et en RDC. De même, le Maroc a mené des médiations qui ont permis de faire avancer substantiellement la cause de la paix, notamment en Libye et dans la région du Fleuve Mano ».

D'après le quotidien " El-Watan" (propos rapporté par le "Courrier International"), « l'UA suscite actuellement le débat à cause de ses multiples échecs. En fait, l'organisation africaine n'arrive plus à sauvegarder la paix sur le continent, à l'exemple des échecs concernant la Libye, le Mali et la RCA. Et dans de nombreux conflits qui déchirent le continent, il a fallu l'intervention des puissances étrangères comme la France ou les Etats Unis pour au moins trouver un motus vivendi »114. Avec de telles missions menées par le Maroc, ce dernier pourrait être renforcé avec son retour pour plus d'impact dans les résultats des opérations de maintien de paix sur

114 Hoda Sal, Maroc : à quoi sert le retour au sein de l'Union Africaine, Courrier International [en ligne],

30-01-2017, [consulté le 29-09-2017], disponible à l'adresse :
https://www.courrierinternational.com/article/maroc-quoi-sert-le-retour-au-sein-de-lunion-africaine

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l'ensemble du continent. Le poids militaire du royaume alaouite viendra donc renforcer les lignes continentales africaines dans l'espoir d'installer la paix, qui est un gage qui s'inscrit dans les objectifs de l'Afrique unie pour la paix, et le bien-être de son Développement.

Le Maroc, est l'un des pays du continent ayant une puissance militaire et stratégique non négligeable. De nos jours, l'Afrique, frappé de plein fouet par l'hydre du terrorisme, a besoin d'une nouvelle approche d'intervention et d'opération. Ce retour du Maroc au sein de l'UA va permettre de « renforcer [ainsi] son implication dans les efforts continentaux de lutte contre l'extrémisme et le terrorisme, qui hypothèquent l'avenir de l'Afrique » dixit le souverain115. De ce fait, en considération des liens forts historiques, religieux et culturels qui unissent le Maroc et l'Afrique, le royaume chérifien s'est décidé de créer la « Fondation Mohammed VI des oulémas africains » destiné à la formation des imams dans l'ensemble du continent. L'Afrique avait grandement besoin d'une institution de cette envergure, capable de s'ériger en rempart infranchissable contre les prêcheurs de la haine et de la discorde et de fédérer les dignitaires religieux. Pour le roi Mohammed VI, cette fondation est « un jalon de plus dans notre orientation stratégique visant à hisser les relations de coopération politique et économique qui unissent le Maroc à un certains nombres d'Etats africains frères au niveau d'un partenariat solidaire et efficace dans tous les domaines »116. Ainsi, ce programme devrait être étendu dans un souci de lutte globale contre la radicalisation aux autres pays africains et qui sera placé sous l'égide de l'institution continentale. Une position assez considérable du Maroc que l'eurodéputé et ancienne garde des sceaux française Rachida Dati confirme en soulignant, dans un entretien accordé au journal le « Matin », que « le contexte international nous rappelle également que l'expertise rare et pointue du Maroc en matière de lutte contre le terrorisme et contre toutes formes d'extrémisme est indispensable pour de nombreux pays africains en proie à ces fléaux. Dans le même sens, le modèle religieux marocain

115 Aboubacar Yacouba Barma, Mohammed VI : « Notre retour à l'UA n'est pas tactique », La tribune

Afrique [en ligne], 07-11-2016, [consulté le 03-10-2017], disponible à l'adresse :
http://afrique.latribune.fr/politique/integration-regionale/2016-11-07/mohammed-vi-notre-retour-a-l-ua-n-est-pas-tactique.html

116 Le Matin, le leadership du Maroc au service de l'Union Africaine, Le Matin [en ligne], 02-02-2017, [consulté le 01-10-2017], disponible à l'adresse : https://lamatin.ma/jourlal/2017/le-leadership-du-maroc-au-service-de-l-rsquo-union-africaine/266401.html

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s'exporte et se duplique de plus en plus en Afrique, témoin du rôle spirituel du royaume pour le continent »117. Ce projet du roi Mohammed VI traduit donc sa volonté d'apporter des réponses lucides et efficaces aux menaces qui pèsent sur le continent, notamment la montée de l'extrémisme et l'instrumentalisation de l'islam à des fins idéologiques et politiques. Pour Dr Monde Muyangwa, directrice du programme Afrique au sein du Wilson center à Washington, « cela pourrait permettre de renforcer la coopération et la coordination sur les questions de sécurité [...] particulièrement en Afrique du nord, au Sahel et en Afrique de l'Ouest »118.

Par conséquent, pour toutes ces raisons, le Maroc à l'UA est somme toute logique et ne peut être bénéfique qu'à l'ensemble du continent. Au-delà de tous ces défis sécuritaires, l'engagement du Maroc en Afrique se poursuivra et se renforcera après qu'il a réintégré l'Union Africaine. En revanche, outre les défis d'ordre sécuritaire dont l'UA doit faire face, d'autres défis se présentent aussi, parmi lesquels ceux d'ordre social.

B- Des défis sociaux

Le continent africain reste le continent le plus riche (en matière de richesses naturelles, diversité...) de tous les cinq continents du monde entier. Mais hélas ! C'est aussi le continent le plus pauvre (en matière de développement social, économique...) et le moins avancé. Ainsi, l'Union Africaine reste plus que jamais confronté au défi de relever la pente, surtout concernant les défis d'ordres sociaux. D'ailleurs, ces défis sociaux sont de divers ordres : la croissance démographique, les pandémies, la scolarisation et l'éducation, le chômage, la protection social...

En effet, malgré les différentes richesses que regorge le continent, le niveau de vie des populations africaines reste le plus bas de tous. Un constat primordial que l'UA entend corriger en l'annonçant clairement à travers ses objectifs déclinés dans l'Acte

117 Le Matin, Rachida Dati « La place du Maroc aux côtés des pays africains est légitime, nécessaire et indispensable », Le Matin [en ligne], 02-02-2017, [consulté le 29-09-2017], disponible à l'adresse : https://lamatin.ma/journal/2017/rachida-dati-laquo-la-place-du-maroc-aux-cotes-des-pays-africains-est-legitime-necessaire-et-indispensable-raquo-/266400.html

118 Voir note de bas de page n°112

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Constitutif en son article 3k : « promouvoir la coopération et le développement dans tous les domaines de l'activité humaine en vue de relever le niveau de vie des peuples africains ».

Primo, en ce qui concerne la démographie, le continent africain est l'un des continents les plus peuplés, et sa population ne cessera de croître au fil des décennies. Selon une étude de l'Institut National [français] d'Etudes Démographiques (INED) le continent africain compte 1.2 milliard d'habitant en 2017. Et sa population devrait avoisiner les 2.5 milliards en 2050, et atteindre les 4.4 milliards en 2100 ; ceci malgré le SIDA. Cette explosion démographique produira une pression croissante sur les besoins sociaux essentiels dans un contexte où l'Afrique connaît des retards importants119. Une autre grande issue sera celui de l'augmentation chronique du chômage. Selon l'Organisation International du Travail (OIT), le chômage en Afrique représente les 20% de l'effectif total de 2015, soit 15 millions sur les 73.8 millions dans le monde. Ce sont ces raisons qui deviennent la base de plusieurs autres maux, puisque, dans cette même année, l'Afrique a compté 262 millions d'habitants âgés de 15-24 ans soit 34% de la population potentiellement active dans le continent. Cette structure démographique reste donc à la base de la pression des jeunes sur les marchés nationaux du travail, accélère le rythme de l'exode rural et aggrave les pressions migratoires120. Une des caractéristiques les plus marquantes de la pauvreté sur le continent. De ce fait, le retour du Maroc à l'UA, qui affiche d'ores et déjà son pragmatisme, sa détermination et son engagement permettra, dans une perspective commune d'élaborer une meilleure collaboration pour régler ces maux et fléaux qui rongent le continent ainsi que la crise des migrants dans la Méditerranée, grâce à son expérience acquise dans la gestion des migrants dans la Méditerranée, sachant que les terres marocaines représentent un point de passage régulier des migrants africains.

Secundo, la scolarisation reste très précaire en Afrique. Ce qui impacte négativement l'alphabétisation des jeunes africains dont, selon des chiffres de l'Institut

119 Driss Guerraoui, les défis sociaux majeurs de l'Afrique, quels rôles le Maroc peut jouer ?, L'économiste [en ligne], 17-02-2016, [consulté le 04-10-2017], n°4710, disponible à l'adresse : http://www.leconomiste.com/article/984679-les-defis-sociaux-majeurs-de-l-afriquequels-roles-le-maroc-peut-jouerpar-diss-guerra

120 Ibid.

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de statistique de l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO), 31% ne savent ni lire, ni écrire.

Tertio, l'explosion démographique qui se constate sur le continent africain est assez antinomique avec les capacités alimentaires, les conditions et cadre de vie et crée une vulnérabilité ambiante face à diverses pandémies. En effet, le continent en général et la partie subsaharienne en particulier, reste le plus touché par pandémies, notamment le VIH/SIDA, le paludisme et récemment encore Ebola. En 30 ans depuis la découverte du SIDA, 30 millions de personnes sont décédées, dont 20 millions d'Africains121. Aussi, faut-il l'ajouter, l'espérance de vie des africains à la naissance reste parmi les plus faibles au monde. Elle a été évaluée à 59.6 ans en 2014, au moment où, elle est à 80.2 ans en Europe de l'ouest et de 78.4 ans en Amérique du nord. De ce fait, le taux de mortalité infantile est également le plus élevé à l'échelle mondiale. Un véritable défi d'ordre médical et pharmaceutique s'impose donc au continent.

Le retour du Maroc au sein de l'Union Africains permettra ainsi de « renforcer l'action solidaire que le Maroc mène sur le terrain avec de nombreux pays du continent pour y assurer la promotion du développement économique et humain, au service du citoyen africain ». Aussi l'influence que revêt le Maroc en Afrique lui permettra tout de même, de s'impliquer encore davantage dans les stratégies de développement sectorielles et s'y contribuer plus efficacement en les enrichissant notamment de « l'expérience singulière que le Maroc a accumulé dans de nombreux secteurs »122. Le royaume alaouite saura donc mettre à la disposition de la communauté africaine, son savoir-faire acquis pendant de longues dates avec ses relations de longues périodes avec l'Europe. Comme l'a souligné Jawad Kerdoudi, le royaume du Maroc « aurait pour objectif d'apporter une valeur ajoutée aux défis de l'Afrique qui son nombreux, et ce grâce à l'expertise de notre pays. Ces défis concernent l'éducation et

121 Pascal Le PAUTREMAT, l'Afrique : entre défis et succès potentiels, loin des fatalités, Diploweb [en ligne], 03-10-2015, [consulté le 03-10-2017], disponible à l'adresse : https://www.diploweb.com/L-Afrique-entre-defis-et-succes.html

122 Aboubacar Yacouba Barma, Mohammed VI : « Notre retour à l'UA n'est pas tactique », La tribune

Afrique [en ligne], 07-11-2016, [consulté le 03-10-2017], disponible à l'adresse :
http://afrique.latribune.fr/politique/integration-regionale/2016-11-07/mohammed-vi-notre-retour-a-l-ua-n-est-pas-tactique.html

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la formation des jeunes, afin de créer des emplois pour une population du continent qui atteindra 2 milliards d'habitants en 2050. Le second défi est celui de la sécurité alimentaire pour nourrir convenablement cette population [...] et celui de l'industrialisation pour passer du modèle de l'exportation des matières premières à celui des produits transformés sur place avant d'être exportés »123.

Paragraphe II : Le sous impérialisme marocain

Au sein de l'Union Africaine, des mesures sur l'application de certaines réformes pourraient d'une manière ou d'une autre profiter au royaume chérifien. Faut-il le rappeler, le royaume du Maroc est un pays sans richesses naturelles particulières. De ce fait, si le continent serait à la portée du Maroc (B) de par cette intégration, le Maroc exprimerait tout de même une soif des richesses subsaharienne (A).

A- Une soif des richesses subsaharienne

Pays politiquement stable et avantageux de par sa position géostratégique avec cette ouverture à la Méditerranée, le royaume du Maroc est un pays faible en ressources naturelles, énergétiques et minières. Mais, profitant de sa situation, le royaume chérifien reste représentatif d'une économie diversifiée. Sans doute, ceci représente le moyen le plus efficace pour garder une économie plus compétitive. Le maroc est amené à restructurer sa position dans l'aboutissement de ses relations avec les pays africains. Le souverain chérifien, le roi Mohammed VI n'a pas cessé depuis son intronisation, de montrer ses cartes en soulignent que son pays donne ce qu'il a, sans restriction aucune, avec un appui considérablement accru et une extrême médiatisation de la coopération sud-sud avec un partenariat gagnant-gagnant.

123 Jawad Kerdoudi, l'après retour du Maroc : quelles perspectives pour l'Union Africaine ?, Le Monde

[en ligne], 17-02-2017, [consulté le 01-10-2017], disponible à l'adresse :
http://nasrallahbelkhayate.blog.lemonde.fr/2017/02/17/lapres-retour-du-maroc-quelles-perspectives-pour-lunion-africaine/

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En effet, au-delà des discours officiels et des partenariats dans lesquels le Maroc s'engage dans le sillage des pays africains, le royaume chérifien reste un grand pourvoyeur des richesses de l'Afrique subsaharienne surtout en Afrique de l'Ouest. Ceci s'explique aisément, à voir les partenariats qu'a signé le Maroc dans cette région de l'Afrique. Comme étayé supra, le roi Mohammed VI jouit d'une grande influence dans ces pays de l'Afrique de l'ouest. Récemment, lors de sa visite dans la république fédérale du Nigéria, le souverain marocain, le roi Mohammed VI a signé l'un des projets les plus ambitieux du sous-continent, celui de la construction d'un gazoduc reliant les ressources gazières nigérian au Maroc, en passant par une dizaine de pays ouest africain124. Si pour le souverain Mohammed VI ceci représente l'aboutissement et la concrétisation de la coopération sud-sud, il reste indéniable que le royaume du Maroc a grand besoin de ces ressources non seulement au profit de son commerce, mais aussi et surtout pour sa commercialisation si le gazoduc arrive à rejoindre le continent européen via l'Espagne. Outre ceci, le ballet des accords et partenariats dans lesquels l'OCP marocain s'engage va dans le même sillage. C'est l'exemple de l'accord sur la production d'engrais au Nigéria ou même lors de sa visite en Ethiopie.

Cependant, l'implication du royaume chérifien dans l'établissement des accords mettant en jeu des ressources naturelles de différents ordres, laisse penser (dans bien des cas) à une mauvaise foi du Maroc dans sa volonté de réintégration à l'Union Africaine. Encore plus, dans les rangs de cette organisation panafricaine, le phénomène ne fera que s'accentuer accordant des profits au royaume du Maroc même si son aide aux pays africains reste crucial dans l'aboutissement d'un réel développement dans de nombreux secteurs.

B- L'Afrique à la portée du Maroc

Le royaume du Maroc a fait un retour triomphal au sein des instances de l'organisation panafricaine, accédant ainsi à sa place naturelle au sein de l'institution. Mais à travers ce retour, le souverain marocain, le roi Mohammed VI n'arrive pas à entrevoir une Afrique sans le Maroc, et vice versa. Lors de son discours présenté à la

124 Cf. carte annexe n°1

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tribune de l'Union Africaine symbolisant le retour du royaume chérifien, il affirmait : « Le retrait de l'OUA était nécessaire : il a permis de recentrer l'action du Maroc dans le continent, de mettre aussi en évidence combien l'Afrique est indispensable au Maroc, combien le Maroc est indispensable à l'Afrique ». Pour le souverain chérifien, le roi Mohammed VI, le continent africain représente un vaste espace dans lequel le Maroc pourrait continuer par se construire une véritable économie « au moment où le royaume compte parmi les nations africaines les plus développées ».

Dans sa politique étrangère établie vis-à-vis des pays africains, il s'agit pour le royaume de partager ce qu'il a, sans obtention. C'est ce qu'a fait savoir le souverain chérifien qui, de par sa vision, veut voir son royaume s'imposer en une plateforme des affaires en Afrique, et devenir la porte d'entrée des investissements vers le continent. Cette vision s'explique clairement à travers ses différentes tournées effectuées à l'intérieur du continent, et aussi cette conquête dans laquelle les entreprises marocaines se sont lancées à travers tout le continent. Une stratégie qui se comprend aisément à entendre le monarque déclarer à Abidjan comme souligné supra « il n'y a pas de terrain acquis, pas plus qu'il n'y a de chasse gardée », dans une allusion directe à la France, dont les intérêts en Afrique de l'ouest sont de plus en plus concurrencés par les entreprises marocaines dans la banque, l'assurance ou bien les télécommunications125.

De plus le royaume du Maroc compte se positionner à l'intérieur du continent, au rang de hub continental. C'est d'ailleurs pour cette raison, que le Maroc essaye de reléguer au second plan, toutes les formes de coopérations qu'a connu le continent jusque-là. Il voit donc le continent comme une terre vide où il viendra s'imposer aux africains. D'ailleurs, au tête à tête traditionnel entre Paris et ses anciennes colonies, ou bien à la relation directe entre chaque pays africain et les capitales économiques mondiales, le roi oppose une « coopération triangulaire » dans laquelle le Maroc offre « aux pays africains frères, le capital de confiance et de crédibilité dont il jouit auprès

125 Pierre Rousselin, Maroc : la stratégie africaine de Mohammed VI, Le Figaro [en ligne], 04-12-2014, [consulté le 12-10-2017], disponible à l'adresse : http://blog.lefigaro.fr/geopolitique/2014/12/maroc-la-strategie-africaine-d.html

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de ses partenaires » dans le monde développé126. Mieux, le souverain chérifien veut en quelques sortes "marocaniser l'Afrique". Il s'agit là, d'un véritable choix d'opportunités stratégiques qui prend sa base sur la diplomatie que s'est offerte le Maroc vis-à-vis du monde et de la stabilité politique dont bénéficie le royaume suite aux différents printemps arabes.

Le pari porte, en un mot, sur la régionalisation croissante de la mondialisation et sur le potentiel encore largement inexploré des relations commerciales et financières interafricaines.

Section II : L'émergence d'un nouveau leadership du royaume chérifien

Après plus de trois décennies d'absence sur la scène continentale, le royaume alaouite possède toutes les qualités requises pour se voir aujourd'hui porté l'Afrique dans son ensemble. Il pourrait germer un potentiel nouveau leader panafricain (Paragraphe I). Mais la question de l'avenir du Maroc au sein de l'UA (Paragraphe II) se pose.

Paragraphe I : Un potentiel nouveau leader panafricain

Le royaume du Maroc dispose de toutes les qualités pour se voir aujourd'hui être hissé au summum de tous les Etats africains, comme leader continental et porte-voix du continent. Ce potentiel provient de la chute de la Libye (A) et l'élaboration d'une étroite collaboration avec d'autres géants du continent (B).

126 Ibid.

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A- Un profit de la chute de la Libye

Depuis la création de l'OUA en 1963, à sa conversion à l'UA à Durban en Afrique du sud en 2002, l'organisation panafricaine est toujours restée sous l'ombre d'un seul Etat, celui de la Grande Jamahiriya Arabe Libyenne Populaire et Socialiste, dirigé par le feu colonel Mouammar Al-Kadhafi. Près d'une décennie après la chute de ce dernier, le royaume alaouite pourrait devenir le porte-étendard du continent dans son ensemble.

En effet, la Libye de Kadhafi, artisans de première heure dans le processus de création de l'OUA et de l'UA, a connu une chute drastique en 2011. Ceci fut le fruit du « printemps arabe » qui a démarré en 2010 et a conduit les peuples du Maghreb dans un ensemble de contestations populaires et `intensité très variables selon les pays et ayant souvent comme finalité, le départ des dirigeants en place. En Libye, ce soulèvement entraîna le départ du régime de Kadhafi qui a conduit plus tard à sa mort. Outre l'ancienne Libye, le Maroc présente aujourd'hui toutes les caractéristiques d'un potentiel remplaçant du système Kadhafi. Premièrement, le Maroc reste e 2e investisseur du continent derrière l'Afrique du sud127. Deuxièmement le royaume alaouite a une machine diplomatique hors norme sur tout le continent. Troisièmement, le Maroc se positionne comme hub régional des investissements en Afrique. De plus, les entreprises du royaume alaouite sont présentes dans tous les secteurs et sur l'ensemble du continent. Des raisons de part et d'autres qui ne font aucun doute sur le Maroc pour qu'il se voit être positionné au summum des Etats africains.

Cependant, si d'aucuns pensent que cette place de leader saura revenir au Maroc et lui sera attribué avec fierté et tout le respect possible, d'autres préfèrent octroyer cette responsabilité à d'autres pays. « Le Maroc peut devenir une puissance régionale mais uniquement dans sa zone de proximité. D'autres pays ont déjà cette vocation. Le poids de l'Afrique du sud reste de loin le plus important en Afrique »

127 Ce classement est effectué sur la base de facteurs différents. D'une part, lorsque l'on prend en compte le nombre de projets financés par le Maroc et l'Afrique du sud, l'Afrique du sud vient en tête du classement avec 105 projets financés cotre 80 pour le Maroc en 2015. D'autre part, lorsque l'on prend en compte les montants des investissements extérieurs deux pays sur le continent, le Maroc prend la tête du classement, avec 5 milliards investis contre 2.9 milliards de dollars pour l'Afrique du sud. Source : rapport FDI Market 2017 du Financial Times.

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souligne Philippe Hugon128. c'est donc dire, qu'au-delà de l'Afrique du sud, la longue absence du Maroc a permis aux autres pays de consolider leurs positions au sein de l'UA.

B- Une étroite collaboration avec d'autres géants du continent

Ici, un constat s'avère crucial. Celui de l'observation d'un décalage entre le leadership économique marocain et le leadership politique du Maroc en Afrique. Ce dernier (le leadership politique), est totalement réduit à une faible visibilité du royaume à travers le continent quand bien même, il faut le souligner, le roi du Maroc se fait de plus en plus présent à travers le continent de par ses nombreux déplacements. D'autre part, ceci est aussi l'une des conséquences directes de l'absence du Maroc dans la sphère panafricaines. De ce fait, le Maroc a déjà plusieurs reprises payé les frais sur le terrain. Ceci intervient dans le processus de signature d'accords où seul l'aspect bilatéral domine. Sur le plan multilatéral au sein du continent, le royaume chérifien n'arrive pas à sortir la tête de l'eau. Il laisse donc cet avantage à d'autres géants comme l'Afrique du sud, l'Algérie, le Nigéria, l'Egypte ou encore d'autres Etats africains avec une économie émergente comme le Rwanda ou la Côte d'Ivoire. Entre les deux extrémités, celui du leadership économique et du leadership politique, un faussé se creuse en défaveur du royaume chérifien. Il s'en suit un déséquilibre à l'égard du Maroc. Cette quête de symétrie et d'équilibre explique, dans une large mesure, la volte-face du royaume vers ses protagonistes du continent en vue de rejoindre l'UA. 2e investisseur du continent derrière l'Afrique du sud, le Maroc pourrait bien tirer de ses divergences avec ces Etats qui constituent des soutiens de la RASD. Le royaume du Maroc pourra ainsi s'insérer dans un contexte continental multipolaire caractérisé par un essoufflement du bilatéralisme, avec une montée du multi partenariat et une prolifération des accords régionaux et multilatéraux.

En effet, contrairement à son père le roi Hassan II pour qui, tourner dos à ses protagonistes était la meilleure solution (ce qui lui fait claquer la porte de l'OUA en 1984), la stratégie du roi Mohammed VI reste différente. Pour lui, il s'agit de s'appuyer

128 Voir note de bas de page n°112

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sur deux faits. Le premier consiste en l'application de la stratégie laissant large choix au roi d'apporter une compréhension à ses homologues des revendications marocaines, comme cela a été le cas avec Kagame. La seconde stratégie a consisté au déploiement de trois principaux volets de la diplomatie chérifienne :

? Par les ambassades, les voyages et les accords diplomatiques. Il a patiemment noué des liens avec la majorité des Etats africains par une diplomatie des voyages et un élargissement des alliances. Le roi Mohammed VI a ainsi effectué 40 voyages en Afrique.

? Par le « soft power » religieux et une lutte contre le salafisme et le wahhabisme. De nombreuses relations ont ainsi été mises en oeuvres dans le champ religieux (mosquées, formations d'Imam dont 500 au Mali, confréries Tidjane avec le Sénégal, islam malékite).

? Par une coopération sécuritaire renforcée. Le "roi africain" a su trouver la majorité des alliés lui permettant de réintégrer l'UA contre les positions de l'Algérie, de l'Afrique du sud, de l'Angola ou du Nigéria. Il n'a plus posé comme condition de sa réintégration le départ de la RASD. Certains opposants considèrent toutefois que le loup était rentré dans la bergerie pour éliminer ensuite le mouton noir129.

En revanche, la mise en place d'une telle stratégie, même à l'intérieur de l'Union Africaine pourra favoriser la destruction de l'axe Alger-Lagos-Pretoria (respectivement Algérie-Nigéria-Afrique du sud) qui représente les poids lourds du soutien sahraoui. Cependant, cette destruction ne consistera pas à toujours créer un statu quo sur le désaccord, mais plutôt faire usage de ces divergences pour créer ces cercles ce collaborations qui finiront par percer une brèche à l'intérieur de cet axe. En d'autres termes, au lieu de vouloir s'octroyer forcément le soutien de tous, il peut toutefois les conduire à conserver une position plus simple : celui de la neutralité.

129 Philippe Hugon, le retour du Maroc au sein de l'UA et son adhésion à la CEDEAO : quelles conséquences pour les ensembles régionaux, IRIS [en ligne], 22-06-2017, [consulté le 30-09-2017], disponible à l'adresse : http://www.iris-france.org/96440-le-retour-du-maoc-au-sein-de-lunion-africaine-et-son-adhesion-a-la-cedeao-quelles-consequences-pour-les-ensembles-regionaux

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Ainsi, le royaume chérifien pourrait commencer par diminuer l'écart du fossé, en s'insérant dans le concert des grandes nations du continent pour se fourrer une place dans l'harmonisation de son leadership.

Paragraphe II : L'avenir du Maroc au sein de l'UA

Maintenant que le Maroc a pu se faire une place au sein de l'UA, il devra s'appuyer sur les dispositions de l'Acte Constitutif pour pouvoir arriver à ses fins, celui de l'exclusion de la RASD. Le Maroc devra donc explorer les mécanismes d'exclusion (A) prévu par l'Acte Constitutif de l'UA et en dehors de celui-ci, voire les possibles issues pour aboutir à cette exclusion (B).

A- Les mécanismes d'exclusion prévue par l'Acte constitutif

32 ans après son retrait de l'OUA (ancêtre de l'UA), le Maroc n'a pas pu modifier la donne. Aujourd'hui encore, l'ennemi juré du royaume du Maroc, à savoir la RASD est là, bien présent dans l'actualité du continent d'une part et dans les discussions de l'organisation panafricaine depuis maintenant bien longtemps. De toute évidence, le royaume chérifien s'est rendu compte que son absence n'a pas fait avancer les choses. Changeant son fusil d'épaule, réadaptant sa stratégie en voulant extirper la RASD de l'intérieur de l'organisation et non de l'extérieur suite à ce constat d'échec, et pour tenir compte des mutations survenu au sein du continent et dans les organes de l'organisation panafricaine dans un nouveau contexte géopolitique international et régional, le Maroc a compris qu'il vaut mieux faire autrement.

Ainsi, quelles qu'en soit les tournures que la situation prendrait, la décision qui pourra tourner en faveur du Maroc reste celui de l'évocation des dispositions de l'Acte Constitutif pour arriver à ses fins. Cependant, l'Acte Constitutif de l'UA reste ambigu par rapport à une question liée à une possible exclusion d'un Etat de l'organisation continentale dans de telles conditions. En effet, l'Acte Constitutif de l'UA reste basé sur un certains nombres de principes guidant les pas de l'ensemble des dispositions de ce dernier. Premièrement, il s'agit de l'intangibilité des frontières héritées de la

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colonisation. L'article 4b de l'Acte Constitutif de l'UA dispose : « Respect des frontières existant au moment de l'accession à l'indépendance ». Un principe auquel le Maroc s'était opposé dès les tous premiers jours de l'OUA. Une situation que le Maroc trouve qu'il faisait entrave à son désir de récupérer les terres sahraouies. Deuxièmement, il s'agit du principe de l'autodétermination des peuples à disposer d'eux-mêmes ici encore, le mécontentement du royaume chérifien se fera sentir. Vu qu'il empêche au Maroc de pouvoir se prévaloir de ce territoire au motif de ne pas respecter les opinions des sahraouis sur leur bien vouloir à rester indépendant du pouvoir centrale de Rabat. Le président tchadien Idriss Deby Itno, ancien président de l'UA affirmait : « Aucun pays membre de l'UA n'a le droit de suspendre un autre pays sauf dans un seul cas, à savoir la prise de pouvoir illégales »130. En faisant référence à l'égalité souveraine de tous les Etats membres, Deby dresse ainsi des écueils face à toute initiative d'exclusion. S'il faut donc prendre en considération de tels principes et propos, il est dorénavant peu probable sinon impossible, que le royaume chérifien consente à se conformer aux principes fondateurs énoncés dans l'Acte Constitutif de l'UA.

Cependant, ledit Acte Constitutif ne prévoit l'exclusion d'un Etat membre que dans deux conditions. D'une part, l'article 30 de l'Acte Constitutif dispose : « Les Gouvernements qui accèdent au pouvoir par des moyens anticonstitutionnels ne sont pas admis à participer aux activités de l'Union ». L'application de cet article ne répond pas à la situation actuelle. Si c'était le cas, l'UA n'aurait jamais accepté la demande d'adhésion qui lui a été adressée par ces derniers. D'autre per, l'article 31 alinéa premier de son côté, prévoit un retrait volontiers. Il dispose : « Tout Etat qui désire se retirer de l'Union en notifie par écrit au Président de la Commission qui en informe les Etats membres. Une année après ladite notification, si celle-ci n'est pas retirée, le présent Acte cesse de s'appliquer à l'Etat concerné qui, de ce fait, cesse d'être membre de l'Union ». Une hypothèse peu probable aussi pour le cas de la RASD. D'ailleurs, un retrait volontiers ne pourra être engagé par la RASD puisque ce dernier se voit être soutenu par certains Etats comme l'Algérie, l'Afrique du sud ou encore le

130 Jbb, Retour du Maroc à l'Union Africaine : Motivations, enjeux, défis et perspectives, Tunisie Numérique [en ligne], 13-12-2016, [consulté le 29-09-2017], disponible à l'adresse : https://www.tunisienumerique.com/retour-du-maroc-a-lunion-africaine-motivations-enjeux-defis-et-perspectives-partie-i/

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Zimbabwe... Quels arguments le Maroc pourrait-il ainsi avancer pour obtenir gain de cause sur ce conflit qui perdure dans le temps ?

B- Les autres alternatives du royaume du Maroc

Du Maghreb à l'UA, tout semble être bloqué. Le dossier épineux du Sahara Occidental n'a connu aucun changement conséquent. Depuis des décennies, aucune avancée considérable n'a été observée. Sur ce dossier qui traine depuis plus de vingt ans, toutes les issues semblent être verrouillées. De l'extérieur, l'UMA n'a pas su faire grand-chose. En effet, durant le sommet de l'UMA en 1988, conscients du fait que le conflit entre les deux (Maroc-RASD) n'a fait que mettre en péril l'organisation maghrébine entrainant de ce fait le Maroc et l'Algérie dans un autre conflit, les pays du Maghreb décidaient donc de se lancer dans la construction de l'UMA et de contourner ainsi le conflit sahraoui. Avec une telle initiative, chacun espérait qu'une dynamique maghrébine permettrait de débloquer les choses. Mais hélas ! Chacun avait ses arrières pensées en acceptant une telle proposition. Pour la RASD et l'Algérie, l'arrêt des confrontations entre les deux permettrait de mettre fin aux crispations et d'ouvrir de nouvelles pistes dans le processus de règlement de ce conflit. De son côté, le Maroc espérait que la construction de l'Union du Maghreb Arabe permettrait de normaliser sa présence dans le Sahara Occidental. Il misait sur le temps et la lassitude pour imposer un fait accompli. Une preuve donc que de l'extérieur de l'UA, aucun règlement ne pourra se faire.

En revanche, le retour du Maroc au sein de l'UA aura des conséquences imprévisibles. Il peut aussi bien déboucher sur une dynamique susceptible de faire avancer le dossier du Sahara Occidental, que plonger l'organisation panafricaine dans une nouvelle crise inutile. Prenant en considération le fait que les dispositions actuelles de l'Acte Constitutif de l'UA ne permettent pas au Maroc d'arriver à ses fins, le royaume chérifien devra donc chercher d'autres issues. Il pourra cependant faire entendre des solutions venant principalement de lui.

D'abord, pour pouvoir extirper la RASD de l'UA, le royaume du Maroc pourrait introduire des propositions d'amendement de l'Acte Constitutif en vertu de l'article 32

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alinéa premier de ce dernier qui dispose : « Tout Etat membre peut soumettre des propositions d'amendement ou de révision du présent Acte ». La proposition du Maroc portera donc sur l'insertion dans l'Acte Constitutif d'un chapitre entier portant sur l'exclusion avec ses articles. Toutefois, pour soumettre une demande d'amendement, la signature de la motion par au moins 2/3 des membres (soit 36 membres) reste nécessaire, comme le dispose l'article 32 alinéa 4 de l'Acte Constitutif : « Les amendements ou révisions sont adoptés par la Conférence de l'Union par consensus ou, à défaut, a la majorité des deux tiers, et soumis à la ratification de tous les Etats membres, conformément à leurs procédures constitutionnelles respectives. Les amendements ou révisions entrent en vigueur trente (30) jours après le dépôt, auprès du Président de la Commission exécutive, des instruments de ratification par les deux tiers des Etats membres ». Le Maroc est en mesure de satisfaire à cette condition sans trop de difficulté. Dans la mesure où, faut-il le rappeler, il est parvenu à obtenir la majorité simple des 28 voix pour sa réintégration à l'UA. Aussi, au moins une dizaine de pays africains, pour différents mobiles, se prévalent encore de la position de neutralité131. Mais, la négociation d'un tel texte risque d'être plus pénible que le sujet en soi.

Ensuite, le royaume chérifien pourrait dans une première partie, se prévaloir d'un conflit frontalier. Même si le conflit frontalier ne peut être une cause de revendication au sein de l'UA, en raison de la décision de l'OUA en 1964 concernant le principe de l'intangibilité des frontières héritées de la colonisation, le Maroc pourrait avoir une autre interprétation de la situation. Il pourra défendre que les frontières ont, depuis la création de l'UA, subi des changements sur le continent. Avec notamment en 1993, la création de l'Erythrée qui reste indépendante de l'Ethiopie et le partage du Soudans en deux donnant naissance au Soudan du sud en 2011. Le Maroc pourra défendre l'idée qu'il a été injustement scindé par la colonisation, selon une idée de Pierre Vermeren, maître de conférences et spécialiste de l'histoire du Maghreb contemporain. De ce fait, dans une deuxième partie, en s'appuyant sur ce principe, le Maroc pourra demander l'adoption de règles taillées sur mesure à la RASD. Une telle

131 Il s'agit en l'occurrence, du Burundi, Cameroun, Egypte, Kenya, Madagascar, Niger, Rwanda, Tanzanie, Tunisie et du Tchad. Source : Jbb, Retour du Maroc à l'Union Africaine : Motivations, enjeux, défis et perspectives, Tunisie Numérique [en ligne], 13-12-2016, [consulté le 29-09-2017], disponible à l'adresse : https://www.tunisienumerique.com/retour-du-maroc-a-lunion-africaine-motivations-enjeux-defis-et-perspectives-partie-i/

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décision ne semble pas être évidente sachant que de par le continent, les sahraouis continuent d'avoir de soutiens, surtout avec l'appui de l'Afrique du sud et de l'Algérie. Aussi, faut-il le rappeler, c'est l'Algérie qui préside la Commission « Paix et sécurité », l'un des grands soutiens des sahraouis, ce qui ne pourra pas faciliter la tâche au Maroc.

Enfin, l'une des possibilités acquises pour que le Maroc puisse voir cette cause acquise en sa faveur, c'est d'essayer de s'impliquer davantage dans les institutions de l'UA, afin de pouvoir se récompenser d'alliés à la tête de ces institutions. Ou encore accepter de signer des compromis avec toutes les parties prenantes dans cette affaire pour s'assurer de pouvoir gagner du terrain sur les sahraouis. De plus, le Maroc pourra soit mener une guerre diplomatique pour reconquérir le terrain perdu, ce qui risque à nouveau d'entraîner l'UA dans de nouvelles et interminables crises ; soit de s'engager sur un terrain qui permettrait des ouvertures en utilisant les résolutions de l'UA comme point de départ pour une nouvelle politique132.

Au final, au cas où tous ces moyens pour obtenir gain de cause échouaient, l'une des possibilités sera de voir le royaume à nouveau claquer la porte à l'UA dans l'espoir que ce dernier (UA) se sente affaibli par cette absence au point de donner probablement au royaume du Maroc ce qu'il a toujours réclamé, le Sahara Occidental.

132 Abed Charef, Retour du Maroc à l'Union Africaine : un impact imprévisible, Middle East Eye [en

ligne], 01-01-2017, [consulté le 29-09-2017], disponible à l'adresse :
http://www.middleeasteye.net/fr/analyses/retour-du-maroc-l-union-africaine-un-impact-impr-visible-363347173

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CONCLUSION GENERALE

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Au terme de notre étude consacrée à « la réintégration du Maroc à l'Union Africaine », la présence du royaume du Maroc au sein de l'UA représente une nouvelle ère pour l'ensemble des pays du continent. Le continent africain a eu à faire face à des situations de divers ordres jusque-là. Aujourd'hui, sans doute, il a un partenaire de taille sur la scène internationale et continentale à ses côtés. Les différends programmes de coopération proposés par le royaume chérifien basés sur des relations de confiances e de partenariat sud-sud représente un nouveau point de départ pour la relance du contient. Cette coopération ciblée vers l'Afrique avec laquelle le Maroc vient construire un pôle de stabilité et de paix, et développer un grand ensemble régional qui préserve l'identité culturelle et spirituelle des populations. L'immensité des relations qu'entretient le royaume du Maroc avec le monde extérieur reste surtout le continent européen sera un véritable profit au continent africaine. Comme l'a si bien souligné le feu Hassan II : « Le Maroc ressemble à un arbre dont les racines nourricières plongent dans la terre d'Afrique et qui respire grâce à son feuillage grisonnant aux vents de l'Europe ».

Les perspectives liées à la présence du Maroc bouleverseraient le flux des échanges commerciaux que le continent entretenait avec son monde extérieur. La grandeur de ce que le Maroc a su faire en dehors de l'ensemble panafricain témoigne du potentiel que représente sa réadmission à l'UA. Sous l'impulsion de l'UA, les projets nationaux marocains pourraient devenir des projets d'envergure dont bonifieraient tous les peuples africains. Mais l'état actuel de l'économie africaine qui est galopante avec des déficits économiques explique la prolifération et la diversification des champs des activités informelles, de l'économie du crime, des métiers illicites et des pressions migratoires.

L'absence d'un réel consensus dans le traitement des sujets d'envergure, des questions de développement et l'envie de far croître les intérêts propres des dirigeants africains du continent pourront constituer des freins à l'émancipation réelle du continent au vu de tous ce qui a été entrepris jusque-là.

L'impuissance de l'Union Africaine et son manque de moyens entrainent ainsi une certaine conséquence. La conséquence directe qui en découle est la dépendance

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envers les partenaires extérieures, qui favorise un dysfonctionnement de l'organisation panafricain, dont la valeur pour les Etats membres est limitée. Ce qui lui donne peu de crédibilité auprès des partenaires internationaux. Mais dans ce combat qui place l'UA au centre de tous les débats et des divers enjeux l'UA devrait trancher ce conflit qui dure depuis des lustres pour une Afrique plus forte et plus sûre.

Même si le retour du royaume du Maroc est considéré conne grandement bénéfique à l'Union Africaine, il leur apportera quelques revers. Au-delà de favoriser une quête effrénée de suprématie continentale par différents protagonistes, il renforcera bien d'une part une colonisation du Maroc en Afrique subsaharienne. Et d'autre part, ce retour renforcera les mésententes et les manques de consensus dans les prises de décisions importantes.

Cependant, le royaume du maroc ne devrait pas faire de ce retour une vengeance envers la RASD, et consacrer toute son existence au sein de l'institution panafricain à essayer de se reconstruire une nouvelle intégrité territoriale, oubliant les objectifs de l'Union Africaine. Il doit pouvoir de ce fait, porter main forte dans l'aboutissement, non seulement des objectifs à court terme, mais aussi à la mise en oeuvre de l'Agenda 2063 de l'union Africaine qui se veut être « l'Afrique que nous voulons ».

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ANNEXES

Annexe 1 : Carte indiquant le tracé du gazoduc Nigéria-Maroc Annexe 2 : Acte constitutif de l'Union Africaine

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Annexe 1 : Carte indiquant le tracé du gazoduc Nigéria Maroc

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Annexe 2 : Acte constitutif de l'Union Africaine

Nous, Chefs d'Etat et de Gouvernement des Etats membres de l'Organisation de l'Unité Africaine (OUA) ;

1. Le Président de la République d'Afrique du Sud

2. Le Président de la République Algérienne Démocratique et Populaire

3. Le Président de la République d'Angola

4. Le Président de la République du Bénin

5. Le Président de la République du Botswana

6. Le Président du Burkina Faso

7. Le Président de la République du Burundi

8. Le Président de la République du Cameroun

9. Le Président de la République du Cap Vert

10. Le Président de la République Centrafricaine

11. Le Président de la République Fédérale Islamique des Comores

12. Le Président de la République du Congo

13. Le Président de la République de Côte d'Ivoire

14. Le Président de la République de Djibouti

15. Le Président de la République Arabe d'Egypte

16. Le Premier Ministre de la République Fédérale et Démocratique d'Ethiopie

17. Le Président de l'Etat d'Erythrée

18. Le Président de la République Gabonaise

19. Le Président de la République de Gambie

20. Le Président de la République du Ghana

21. Le Président de la République de Guinée

22. Le Président de la République de Guinée Bissau

23. Le Président de la République de Guinée Equatoriale

24. Le Président de la République du Kenya

25. Le Premier Ministre du Royaume du Lesotho

26. Le Président de la République du Libéria

27. Le Guide de la Révolution du 1er septembre de la Grande Jamahiriya Arabe Libyenne Populaire et Socialiste

28. Le Président de la République de Madagascar

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29. Le Président de la République du Malawi

30. Le Président de la République du Mali

31. Le Président de la République de Maurice

32. Le Président de la République Islamique de Mauritanie

33. Le Président de la République du Mozambique

34. Le Président de la République de Namibie

35. Le Président de la République du Niger

36. Le Président de la République Fédérale du Nigéria

37. Le Président de la République Ougandaise

38. Le Président de la République Rwandaise

39. Le Président de la République Démocratique du Congo

40. Le Président de la République Arabe Sahraoui Démocratique

41. Le Président de la République de Sao Tome & Principe

42. Le Président de la République du Sénégal

43. Le Président de la République des Seychelles

44. Le Président de la République de Sierra Leone

45. Le Président de la République de Somalie

46. Le Président de la République du Soudan

47. Le Roi du Swaziland

48. Le Président de la République Unie de Tanzanie

49. Le Président de la République du Tchad

50. Le Président de la République Togolaise

51. Le Président de la République de Tunisie

52. Le Président de la République de Zambie

53. Le Président de la République du Zimbabwe

Inspirés par les nobles idéaux qui ont guidé les pères fondateurs de notre Organisation continentale et des générations de panafricanistes dans leur détermination à promouvoir l'unité, la solidarité, la cohésion et la coopération entre les peuples d'Afrique, et entre les Etats africains ;

Considérant les principes et les objectifs énoncés dans la Charte de l'Organisation de l'Unité Africaine et le Traité instituant la Communauté économique africaine ;

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Rappelant les luttes héroïques menées par nos peuples et nos pays pour l'indépendance politique, la dignité humaine et l'émancipation économique ;

Considérant que depuis sa création, l'Organisation de l'Unité Africaine a joué un rôle déterminant et précieux dans la libération du continent, l'affirmation d'une identité commune et la réalisation de l'unité de notre continent, et a constitué un cadre unique pour notre action collective en Afrique et dans nos relations avec le reste du monde ;

Résolus à relever les défis multiformes auxquels sont confrontés notre continent et nos peuples, à la lumière des changements sociaux, économiques et politiques qui se produisent dans le monde ;

Convaincus de la nécessité d'accélérer le processus de mise en oeuvre du Traité instituant la Communauté économique africaine afin de promouvoir le développement socioéconomique de l'Afrique et de faire face de manière plus efficace aux défis de la mondialisation ;

Guidés par notre vision commune d'une Afrique unie et forte, ainsi que par la nécessité d'instaurer un partenariat entre les gouvernements et toutes les composantes de la société civile, en particulier les femmes, les jeunes et le secteur privé, afin de renforcer la solidarité et la cohésion entre nos peuples ;

Conscients du fait que le fléau des conflits en Afrique constitue un obstacle majeur au développement socio-économique du continent, et de la nécessité de promouvoir la paix, la sécurité et la stabilité, comme condition préalable à la mise en oeuvre de notre agenda dans le domaine du développement et de l'intégration ;

Résolus à promouvoir et à protéger les droits de l'homme et des peuples, à consolider les institutions et la culture démocratique, à promouvoir la bonne gouvernance et l'Etat de droit ;

Résolus également à prendre toutes les mesures nécessaire pour renforcer nos institutions communes et à les doter des pouvoirs et des ressources nécessaires afin de leur permettre de remplir efficacement leurs missions ;

Rappelant la Déclaration que nous avons adoptée lors de la quatrième session extraordinaire de notre Conférence à Syrte, en Grande Jamahiriya arabe Libyenne

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populaire et socialiste, le 9.9.99, et par laquelle nous avons décidé de créer l'Union africaine, conformément aux objectifs fondamentaux de la Charte de l'Organisation de l'Unité Africaine (OUA) et du Traité instituant la Communauté économique africaine ;

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SOMMES CONVENUS DE CE QUI SUIT :

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Article Premier

Définitions

Dans le présent Acte constitutif, on entend par :

« Acte », le présent Acte constitutif ;

« AEC », la Communauté Economique Africaine ;

« Charte », la Charte de l'OUA ;

« Comité », un comité technique spécialisé ;

« Commission », le Secrétariat de l'Union ;

« Conférence », la Conférence des Chefs d'Etat et de Gouvernement de l'Union ;

« Conseil », le Conseil économique, social et culturel de l'Union ;

« Conseil exécutif », le Conseil exécutif des Ministres de l'Union ;

« Cour », la Cour de justice de l'Union ;

« Etat membre », un Etat membre de l'Union ;

« OUA », l'Organisation de l'Unité Africaine ;

« Parlement », le Parlement panafricain de l'Union ;

« Union », l'Union Africaine créée par le présent Acte constitutif.

Article 2

Institution de l'Union Africaine

Il est institué par les présentes une Union Africaine conformément aux dispositions du

présent Acte.

Article 3 Objectifs

Les objectifs de l'Union sont les suivants :

a. réaliser une plus grande unité et solidarité entre les pays africains et entre les peuples d'Afrique ;

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b. défendre la souveraineté, l'intégrité territoriale et l'indépendance de ses Etats membres ;

c. accélérer l'intégration politique et socio-économique du continent ;

d. promouvoir et défendre les positions africaines communes sur les questions d'intérêt pour le continent de ses peuples ;

e. favoriser la coopération internationale, en tenant dûment compte de la Charte des Nations Unies et de la Déclaration universelle des droits de l'homme ;

f. promouvoir la paix, la sécurité et la stabilité sur le continent ;

g. promouvoir les principes et les institutions démocratiques, la participation populaire et la bonne gouvernance ;

h. promouvoir et protéger les droits de l'homme et des peuples conformément à la Charte africaine des droits de l'homme et des peuples et autres instruments pertinents relatifs aux droits de l'homme ;

i. créer les conditions appropriées permettant au continent de jouer le rôle qui est le sien dans l'économie mondiale et dans les négociations internationales ;

j. promouvoir le développement durable aux plans économique, social et culturel, ainsi que l'intégration des économies africaines ;

k. promouvoir la coopération et le développement dans tous les domaines de l'activité humaine en vue de relever le niveau de vie des peuples africains ;

l. coordonner et harmoniser les politiques entre les Communautés économiques régionales existantes et futures en vue de la réalisation graduelle des objectifs de l'Union ;

m. accélérer le développement du continent par la promotion de la recherche dans les domaines, en particulier en science et en technologie ;

n. oeuvrer de concert avec les partenaires internationaux pertinents en vue de l'éradication des maladies évitables et de la promotion de la santé sur le continent.

Article 4

Principes

L'Union africaine fonctionne conformément aux principes suivants :

a. Egalité souveraine et interdépendance de tous les Etats membres de l'Union ;

b. Respect des frontières existant au moment de l'accession à l'indépendance ;

c. Participation des peuples africains aux activités de l'Union ;

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d. Mise en place d'une politique de défense commune pour le continent africain ;

e. Règlement pacifique des conflits entre les Etats membres de l'Union par les moyens appropriés qui peuvent être décidés par la Conférence de l'Union ;

f. Interdiction de recourir ou de menacer de recourir à l'usage de la force entre les Etats membres de l'Union ;

g. Non-ingérence d'un Etat membre dans les affaires intérieures d'un autre Etat membre ;

h. Le droit de l'Union d'intervenir dans un Etat membre sur décision de la Conférence, dans certaines circonstances graves, à savoir : les crimes de guerre, le génocide et les crimes contre l'humanité ;

i. Coexistence pacifique entre les Etats membres de l'Union et leur droit de vivre dans la paix et la sécurité ;

j. Droit des Etats membres de solliciter l'intervention de l'Union pour restaurer la paix et la sécurité ;

k. Promotion de l'auto dépendance collective, dans le cadre de l'Union ;

l. Promotion de l'égalité entre les hommes et les femmes ;

m. Respect des principes démocratiques, des droits de l'homme, de l'état de droit et de la bonne gouvernance ;

n. Promotion de la justice sociale pour assurer le développement économique équilibré ;

o. Respect du caractère sacro-saint de la vie humaine et condamnation et rejet de l'impunité des assassinats politiques, des actes de terrorisme et des activités subversives ;

p. Condamnation et rejet des changements anticonstitutionnels de gouvernement.

Article 5

Organes de l'Union

1. Les organes de l'Union sont les suivants :

a. La Conférence de l'Union

b. Le Conseil exécutif ;

c. Le Parlement panafricain ;

d. La Cour de justice ;

e. La Commission ;

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f. Le Comité des représentants permanents ;

g. Les Comités techniques spécialisées ;

h. Le Conseil économique, social et culturel ;

i. Les institutions financières.

2. La Conférence peut décider de créer d'autres organes.

Article 6

La Conférence

1. La Conférence est composée des Chefs d'Etats et de Gouvernement ou leurs représentants dûment accrédités.

2. La Conférence est l'organe suprême de l'Union.

3. La Conférence se réunit au moins une fois par an en session ordinaire. A la demande d'un Etat membre et sur approbation des deux tiers des Etats membres, elle se réunit en session extraordinaire.

4. La présidence de la Conférence est assurée pendant un an par un chef d'Etat et de Gouvernement élu, après consultations entre les Etats membres.

Article 7

Décisions de la Conférence

1. La Conférence prend ses décisions par consensus ou, à défaut, à la majorité des deux tiers des Etats membres de l'Union. Toutefois, les décisions de procédure, y compris pour déterminer si une question est de procédure ou non, sont prises à la majorité simple.

2. Le quorum est constitué des deux tiers des Etats membres de l'Union pour toute session de la Conférence.

Article 8

Règlement intérieur de la Conférence La Conférence adopte son propre règlement intérieur.

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Article 9

Pouvoirs et attributions de la Conférence

1. Les pouvoirs et attributions de la Conférence sont les suivants :

a. Définir les politiques communes de l'Union ;

b. Recevoir, examiner et prendre des décisions sur les rapports et les recommandations des autres organes de l'Union et prendre des décisions à ce sujet ;

c. Examiner les demandes d'adhésion à l'Union ;

d. Créer tout organe de l'Union ;

e. Assurer le contrôle de la mise en oeuvre des politiques et décisions de l'Union, et veiller à leur application par tous les Etats membres ;

f. Adopter le budget de l'Union ;

g. Donner des directives au Conseil exécutif sur la gestion des conflits, des situations de guerre et autres situations d'urgence ainsi que la restauration de la paix ;

h. Nommer le Président, le ou les vice-présidents et les Commissaires de la Commission, et déterminer leurs fonctions et leurs mandats.

2. La Conférence peut déléguer certains de ses pouvoirs et attributions à l'un ou l'autre des organes de l'Union.

Article 10

Le Conseil exécutif

1. Le Conseil exécutif est composé des Ministres des Affaires Etrangères ou de tous autres ministres ou autorités désignés par les gouvernements des Etats membres.

2. Le Conseil exécutif se réunit en session extraordinaire à la demande d'un Etat membre et sous réserve de l'approbation des deux-tiers de tous les Etats membres.

Article 11

Décisions du Conseil exécutif

1. Le Conseil exécutif prend ses décisions par consensus ou, à défaut, à la majorité des deux tiers des Etats membres de l'Union. Toutefois, les décisions de

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procédure, y compris pour déterminer si une question est de procédure ou non, sont prises à la majorité simple.

2. Le quorum est constitué des deux tiers des Etats membres de l'Union pour toute session du Conseil exécutif.

Article 12

Règlement intérieur du Conseil exécutif Le Conseil exécutif adopte son propre règlement intérieur.

Article 13

Attributions du Conseil exécutif

1. Le Conseil exécutif assure la coordination et décide des politiques dans les domaines d'intérêts communs pour les Etats membres, notamment les domaines suivant :

a. Commerce extérieur ;

b. Energie, industrie et ressources minérales ;

c. Alimentation, agriculture, ressources animales, élevage et forets ;

d. Ressources en eau et irrigation ;

e. Protection de l'environnement, action humanitaire et réaction et secours en cas de catastrophe ;

f. Transport et communication ;

g. Assurances ;

h. Education, culture et santé et mise en valeur des ressources humaines ;

i. Science et technologie ;

j. Nationalité, résidence des ressortissants étrangers et questions d'immigration ;

k. Sécurité sociale et élaboration de politiques de protection de la mère et de l'enfant, ainsi que de politiques en faveur des personnes handicapées ;

l. Institution d'un système de médailles et de prix africains ;

2. Le Conseil exécutif est responsable devant la Conférence. Il se réunit pour examiner les questions dont il est saisi et contrôler la mise en oeuvre des politiques arrêtées par la Conférence.

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3. Le Conseil exécutif peut déléguer tout ou partie de ses pouvoirs et attributions mentionnées en paragraphe 1 du présent article aux Comités techniques spécialisés créés aux termes de l'article 14 du présent Acte.

Article 14

Les Comités techniques spécialisés création et composition

1. Sont créés les Comités techniques spécialisés suivants qui sont responsables devant le Conseil exécutif :

a. Le Comité chargé des questions d'économie rurale et agricoles ;

b. Le Comité chargé des affaires monétaires et financières ;

c. Le Comité chargé des questions commerciales, douanières et d'immigration ;

d. Le Comité chargé de l'industrie, de la science et de la technologie, de l'énergie, des ressources naturelles et de l'environnement ;

e. Le Comité chargé des transports, des communications et du tourisme ;

f. Le Comité chargé de la santé, du travail et des affaires sociales ;

g. Le Comité chargé de l'éducation, de la culture et des ressources humaines.

2. La Conférence peut, si elle le juge nécessaire, restructurer les Comités existants ou créer de nouveaux.

3. Les Comités techniques spécialisés sont composés des ministres ou des hauts fonctionnaires chargés des secteurs relevant de leurs domaines respectifs de compétence.

Article 15

Attributions des Comités techniques spécialisés Chacun des comités, dans le cadre de sa compétence, a pour mandat :

a. Préparer des projets et programmes de l'Union et les soumettre au Conseil exécutif ;

b. Assurer le suivi et l'évaluation de la mise en oeuvre des décisions prises par les organes de l'Union ;

c. Assurer la coordination et l'harmonisation des projets et programmes de l'Union ;

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d. Présenter des rapports et des recommandations, au Conseil exécutif, soit de sa propre initiative, soit à la demande du Conseil exécutif, sur l'exécution des dispositions du présent Acte ; et

e. S'acquitter de toute tâche qui pourrait lui être confiée, en application des dispositions du présent Acte.

Article 16
Réunions

Sous réserve des directives qui peuvent être données par le Conseil exécutif, chaque Comité se réunit aussi souvent que nécessaire et établit son règlement intérieur qu'il soumet au Conseil exécutif, pour approbation.

Article 17

Le Parlement panafricain

1. En vue d'assurer la pleine participation des peuples africains au développement et à l'intégration économique du continent, il est créé un Parlement panafricain ;

2. La composition, les pouvoirs, les attributions, l'organisation du Parlement panafricain sont définis dans un protocole y afférent.

Article 18

Cour de justice

1. Il est créé une Cour de justice de l'Union.

2. Les statuts, la composition et les pouvoirs de la Cour de justice sont définis dans un protocole y afférent.

Article 19

Les institutions financières

L'Union africaine est dotée des institutions financières suivantes, dont les statuts sont définis dans des protocoles y afférents :

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a. La Banque Centrale Africaine

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b. Le Fonds Monétaire africain

c. La Banque africain d'investissement.

Article 20

La Commission

1. Il est créé une Commission qui est le Secrétariat de l'Union.

2. La Commission est composée du Président, du ou des vice-présidents et des commissaires. Ils sont assistés par le personnel nécessaire au bon fonctionnement de la Commission.

3. La structure, les attributions et les règlements de la Commission sont déterminés par la Conférence.

Article 21

Comité des représentants permanents

1. Il est créé, auprès de l'Union, un Comité des représentants permanents. Il est composé de représentants permanents et autres plénipotentiaires des Etats membres.

2. Le Comité des représentants permanents est responsable de la préparation des travaux du Conseil exécutif et agit sur instruction du Conseil. Il peut instituer tout sous-comité ou groupe de travail qu'il juge nécessaire.

Article 22

Le Conseil économique, social et culturel

1. Le Conseil économique, social et culturel est un organe consultatif composé des représentants des différentes couches socioprofessionnelles des Etats membres de l'Union.

2. Les attributions, les pouvoirs, la composition et l'organisation du Conseil économique, social et culturel sont déterminés par la Conférence.

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Article 23

Imposition de sanctions

1. La Conférence détermine comme suit les sanctions appropriées à imposer à l'encontre de tout Etat membre qui serait en défaut de paiement de ses contributions au budget de l'Union : privation du droit de prendre la parole aux réunions, du droit de vote, du droit pour les ressortissants de l'Etat membre concerné d'occuper un poste ou une fonction au sein des organes de l'Union, de bénéficier de toute activité ou de l'exécution de tout engagement dans le cadre de l'Union.

2. En outre, tout Etat membre qui ne se conformerait pas aux décisions politiques de l'Union peut être frappé de sanctions notamment en matière de liens avec les autres Etats membres dans le domaine des transports et des communications, et de toute autre mesure déterminée par la Conférence dans les domaines politique et économique.

Article 24

Siège de l'Union

1. Le siège de l'Union est à Addis-Abeba (République Fédérale Démocratique d'Ethiopie)

2. La Conférence peut, sur recommandation du Conseil exécutif, créer des bureaux ou des représentations de l'Union.

Article 25

Langues de travail

Les langues de travail de l'Union et de toutes institutions sont, si possible, les langues africaines ainsi que l'arabe, l'anglais, le français et le portugais.

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Article 26

Interprétation

La Cour est saisie de toute question née de l'interprétation ou de l'application du présent Acte. Jusqu'à la mise en place de celle-ci, la question est soumise à la Conférence qui tranche à la majorité des deux tiers.

Article 27

Signature, ratification et adhésion

1. Le présent Acte est ouvert à la signature et à la ratification des Etats membres de l'OUA, conformément à leurs procédures constitutionnelles respectives.

2. Les instruments de ratification sont déposés auprès du Secrétaire général de l'OUA

3. Tout Etat membre de l'OUA peut adhérer au présent Acte, après son entrée en vigueur, en déposant ses instruments d'adhésion auprès du Président de la Commission.

Article 28

Entrée en vigueur

Le présent Acte entre en vigueur trente (30) jours après le dépôt des instruments de ratification par les deux tiers des Etats membres de l'OUA.

Article 29

Admission comme membre de l'Union

1. Tout Etat Africain peut, à tout moment après l'entrée en vigueur du présent Acte, notifier au Président de la Commission son intention d'adhérer au présent Acte et d'être admis comme membre de l'Union.

2. Le Président de la Commission, des réceptions d'une telle notification, en communique copies à tous les Etats membres. L'admission est décidée à la majorité simple des Etas membres. La décision de chaque Etat membre est transmise au Président de la Commission qui communique la décision d'admissions à l'Etat intéressé, après réception du nombre de voix requis.

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Article 30
Suspension

Les Gouvernements qui accèdent au pouvoir par des moyens anticonstitutionnels ne sont pas admis à participer aux activités de l'Union.

Article 31

Cessation de la qualité de membre

1. Tout Etat qui désire se retirer de l'Union en notifie par écrit au Président de la Commission qui en informe les Etats membres. Une année après ladite notification, si celle-ci n'est pas retirée, le présent Acte cesse de s'appliquer à l'Etat concerné qui, de ce fait, cesse d'être membre de l'Union.

2. Pendant la période d'un an visée au paragraphe du présent article, tout Etat membre désireux de se retirer de l'Union doit se conformer aux dispositions du présent Acte et reste tenu de s'acquitter de ses obligations aux termes du présent Acte jusqu'au jour de son retrait.

Article 32

Amendement et révision

1. Tout Etat membre peut soumettre des dispositions d'amendement ou de révision du présent Acte.

2. Les propositions d'amendement ou de révision sont soumises au Président de la Commission qui en communique copies aux Etats membres dans les trente (30) jours suivants la date de réception.

3. La Conférence de l'Union, sur avis du Conseil exécutif, examine ces propositions dans un délai d'un an suivant la notification des Etats membres, conformément aux dispositions du paragraphe (2) du présent article.

4. Les amendements ou révisions son adoptés par la Conférence de l'Union par consensus ou, à défaut, par la majorité des deux tiers, et soumis à la ratification de tous les Etats membres, conformément à leurs procédures constitutionnelles respectives. Les amendements ou révisions entre en vigueur trente (30) jours après le dépôt, auprès du Président de la Commission exécutive, des instruments de ratification par les deux tiers des Etats membres.

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Article 33

Arrangements transitoires et dispositions finales

1. Le présent Acte remplace la Charte de l'Organisation de l'Unité Africaine. Toutefois, ladite Charte reste en vigueur pendant une période transitoire n'excédant pas un an ou tout autre délai déterminé par la Conférence, après l'entrée en vigueur du présent Acte, pour permettre à l'OUA/AEC de prendre les mesures appropriées pour le transfert de ses prérogatives, de ses biens, et de ses droits et obligations à l'Union et de régler toutes les questions y afférentes.

2. Les dispositions du présent Acte ont également préséance et remplacent les dispositions du Traité d'Abuja instituant la Communauté économique africaine, qui pourraient être contraires au présent Acte.

3. Dès l'entrée en vigueur du présent Acte, toutes les mesures appropriées sont prises pour mettre en oeuvre ses dispositions et pour mettre en place les organes prévus par le présent Acte, conformément aux directives ou décisions qui pourraient être adoptées à cet égard par les Etats Parties au présent Acte au cours de la période de transition stipulée ci-dessus.

4. En attendant la mise en place de la Commission, le Secrétariat général de l'OUA est le Secrétariat intérimaire de l'Union.

5. Le présent Acte, établi en quatre (4) exemplaires originaux en arabe, anglais, français et portugais, les quatre (4) textes faisant également foi, est déposé auprès du Secrétariat général et , après son entrée en vigueur, auprès du Président de la Commission, qui en transmet une copie certifiée conforme au Gouvernement de chaque Etat signataire. Le Secrétaire général de l'OUA et le Président de la Commission notifient à tous les Etats signataires, les dates de dépôts des instruments de ratification et d'adhésion, et l'enregistrent, dès son entrée en vigueur, auprès du Secrétariat général des Nations Unies.

EN FOI DE QUOI, NOUS avons adopté le présent Acte. Fait à Lomé (Togo), le 11 juillet 2000.

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Autres documents

Lexique de science politique : vie et institutions politiques, 2e édition, Dalloz, Paris, 599 pages

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TABLES DES MATIERES

AVERTISSEMENT i

DEDICACE ii

REMERCIEMENTS iii

EPIGRAPHE iv

SIGLES ET ABREVIATIONS v

SOMMAIRE vi

INTRODUCTION GENERALE 1

PREMIERE PARTIE : Le Maroc à l'UA : analyse d'un retour bien préparé 7

Chapitre I : Une stratégie continentale mis sur pied par le royaume 9

Section I : Le renforcement de la présence du Maroc en Afrique 9

Paragraphe I : Des visites officielles 9

A- Des tournées en Afrique de l'ouest 10

B- Des tournées en Afrique de l'est 12

Paragraphe II : Des accords de coopération 14

A- Le gazoduc Nigéria-Maroc 15

B- Des investissements massifs 17

Section II : De la politique du Maroc pour réintégrer 20

Paragraphe I : Un leadership efficace au service du royaume 20

A- De la culture marocaine 21

B- De la spiritualité du royaume . 22

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LA REINTEGRATION DU MAROC A L'UNION AFRICAINE | 2017

Paragraphe II : Une ambition sous régionale grandissante 25

A- Une influente subsaharienne grandissante 25

B- Un désir d'intégration à la CEDEAO 27

Chapitre II : Des mutations internes au continent 30

Section I : Un Maroc en quête de territoire 30

Paragraphe I : L'indépendance du Sahara Occidental 30

A- Le Sahara Occidental, ancienne colonie espagnole 31

B- L'après 1976, la création du Front Polisario et de la RASD 32

Paragraphe II : La question de la souveraineté de la RASD 33

A- Un contrôle presque inefficace du territoire 33

B- Un problème de légitimité de l'Etat sahraoui 34

Section II : Un Maroc en quête de suprématie 37

Paragraphe I : Un problème de leadership sous régionale 37

A- L'Algérie, éternelle rivale du royaume chérifien 37

B- L'Egypte, un Etat en baisse qui se cherche 40

Paragraphe II : Un affaiblissement des grands du continent 42

A- La perte de vitesse du Nigeria 42

B- L'essoufflement de l'Afrique du sud 43

SECONDE PARTIE : Le Maroc à l'UA : une réintégration à plusieurs

interrogations

45

Chapitre I : Des compétences au service de l'UA 47

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Section I : Des apports politico-diplomatique 47

Paragraphe I : Un poids politique 47

A- L'engagement du Maroc dans la réforme de l'UA 48

B- La gestion des crises du continent 50

Paragraphe II : Une expertise diplomatique 52

A- Un vaste réseau diplomatique 52

B- Une position supérieure sur la scène internationale 54

Section II : des apports économico-stratégique 55

Paragraphe I : Une influence économique 55

A- La création de la Zone de Libre Echange Continentale(ZLEC) 55

B- Un approfondissement de la coopération sud-sud 58

Paragraphe II : Un poids géostratégique 60

A- Une gestion autonome des ressources étatiques 60

B- A la recherche d'un siège permanent au sein du Conseil de Sécurité

de l'ONU

62

Chapitre II : Une collaboration bénéfique pour tous 65

Section I : Une adhésion favorable aux deux parties 65

Paragraphe I : Des perspectives de l'UA liées au retour du Maroc à l'UA 65

A- Des défis sécuritaires 65

B- Des défis sociaux 68

Paragraphe II : Le sous impérialisme marocain 70

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A- Une soif des richesses subsaharienne 70

B- L'Afrique à la portée du Maroc 72

Section II : L'émergence d'un nouveau leadership du royaume chérifien 74

Paragraphe I : Un potentiel nouveau leader panafricain 74

A- Un profit de la chute de la Libye 74

B- Une étroite collaboration avec d'autres géants du continent 75

Paragraphe II : L'avenir du Maroc au sein de l'UA 77

A- Les mécanismes d'exclusions prévues par l'Acte Constitutif 77

B- Les autres alternatives du royaume du Maroc 79

CONCLUSION GENERALE 83

ANNEXE 86

BIBLIOGRAPHIE 104






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"Ceux qui vivent sont ceux qui luttent"   Victor Hugo