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La réintégration du Maroc à  l'Union Africaine

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par Manne SORY
Université Africaine de Technologie et de Management  - Licence Professionnelle  2017
  

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Section II : Des apports économico-stratégique

La réintégration du royaume du Maroc au sein de l'UA répond à une stratégie donnée. Puissant de par son potentiel économique et surtout stratégique de par son positionnement et sa géographie, le royaume du Maroc a beaucoup à offrir à l'instance panafricaine. Fort de son statut de l'un des premiers investisseurs sur l'ensemble du continent, le Maroc lui fera profiter de son influence économique (Paragraphe I) et de son poids géostratégique (Paragraphe II).

Paragraphe I : Une influence économique

Puissance économique du continent, le royaume du Maroc peut apporter son expérience et son savoir-faire au continent non seulement dans la création d'un marché commun continental (A), mais aussi dans l'approfondissement de la coopération sud-sud (B).

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96 Ibid.

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LA REINTEGRATION DU MAROC A L'UNION AFRICAINE | 2017

A- La création d'une Zone de Libre-échange continentale (ZLEC)

Depuis plus d'un demi-siècle après les indépendances des pays africains, l'économie de l'ensemble des pays du continent reste faible et alarmante. Avec la création de l'OUA qui deviendra UA en 2002, le continent dans son ensemble a la chance de faire changer les choses en attirant les plus grosses pat de devises de leur côté dans le but de pouvoir relancer l'économie du continent.

Aujourd'hui, le royaume alaouite fait partie intégrante de l'organisation panafricaine, et compte bien pesé sur les relations économiques du continent dans le but de le faire prospérer de manière spectaculaire. Ainsi, d'autant plus que la création fut déjà annoncée, l'Afrique a besoin, pour le bien-être de son économie, d'une Zone de Libre Echange Continentale (ZLEC)97. Ce dernier permettra, d'augmenter les volumes d'échanges afin de stimuler le commerce intra-africain. « Nous sommes convaincus que nous aurons un marché intégré et commercialement viable à la fin de cette année », affirmait le commissaire de l'UA au Commerce et à l'Industrie, Albert Muchanga, lors d'une conférence de presse en juin 2017 au siège de l'UA à Addis-Abeba en Ethiopie98. Cette volonté de création de ce marché africain intégré pourrait être accélérée avec la réadmission du Maroc au sein de l'UA, qui pourrait par cette occasion, apporter à l'ensemble de l'union son professionnalisme et son savoir-faire.

En effet, l'idée de la mise en place d'un tel projet par l'UA n'est pas nouvelle. Conscient des enjeux actuels dont ils devraient faire face avec les concepts de mondialisation et de globalisation, Cecil John Rhodes, homme d'affaire britannique et fondateur de la Rhodésie (actuel Zimbabwe) en rêvait déjà, construire un continent économique et politique en Afrique « du Cap (Afrique du sud) au Caire (Egypte) »99.

97 Une zone de libre-échange est défini comme une zone internationale dans laquelle les Etats parties au traité de base suppriment entre eux les barrières douanières, sans toutefois aller jusqu'à instituer un tarif douanier extérieur commun. (Lexique de politique, Dalloz, 7e édition, Paris, p/453).

98 Khadim Mbaye, Union Africaine : bientôt un marché commun pour le continent, La tribune Afrique [en

ligne], 01-07-2017, [consulté le 01-10-2017], disponible à l'adresse :
http://afrique.latribune.fr/politique/integration-regionale/2017-07-01/un-marche-commun-en-afrique-c-estpour-binetot-742406.html

99 Christophe Châtelot, l'Afrique donne le coup d'envoi à un marché commun « du Cap au Caire », Le

Monde [en ligne], 10-06-2015, [consulté le 01-10-2017], disponible à l'adresse :

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Actuellement, ce rêve revient aux africains qui veulent porter ce projet en réalité. Tout commence lors de la 18e session ordinaire de la conférence de l'Union Africaine en 2012 tenue à Johannesburg, en Afrique du sud, où la décision de lancer le projet fut adoptée. Trois ans plus tard, en 2015, le processus de négociation est lancé ainsi que la feuille de route. Une étape qui s'annonce tendue et corsée, puisque « ...pour nous, c'est cinquante-quatre pays qu'il faut mettre d'accord ! », dixit Fatima Haram Acyl, ancienne commissaire de l'UA au Commerce et à l'Industrie et actuelle vice-présidente de la Commission Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale (CEMAC). Enfin, après deux ans de négociations le projet pourra être concrétisé. Ce projet devrait par ailleurs, permettre de regrouper la zone tripartite de libre-échange100, la Communauté des Etats de l'Afrique Centrale (CEEAC), la Communauté Economique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), l'Union du Maghreb Arabe (UMA) et la Communauté des Etats Sahélo-Sahariens (CEN-SAD).

En revanche, avec sa population de 33 848 242 habitants (2014) et son PIB estimé à 109.201 milliards de dollars, le royaume du Maroc pourrait être un véritable poids et exercer toute son influence dans le but de concrétiser ce projet. Puisque « le Maroc constitue une puissance politique [et économique] influente et jouit d'estime de crédibilité non seulement après de dirigeants des pays africains, mais également aussi aux yeux de leurs peuples »101. Cela pourrait lui permettre de faire avancer le dossier et de le concrétiser dans les meilleurs délais. Cependant, l'aboutissement à une ZLEC devrait avoir plusieurs débouchées favorables au continent. Pour Dlaimini-Zuma, ancienne présidente de la Commission de l'UA, un marché commun africain permettrait de résoudre « le paradoxe africain d'un continent avec pratiquement toutes les ressources naturelles à sa dispositions, et pourtant des populations pauvres, et qui

http://www.lemonde.fr/economie/article/2015/06/10/l-afrique-donne-le-coup-d-envoi-a-un-marche-commun-du-cap-au-caire 4651264 3234.html

100 La zone tripartie de libre-échange ou encore Tripartite Free Trade Area (TFTA), est une zone de libre-échange visant à rapprocher les zones de libres échanges du Marché Commun de l'Afrique Orientale et Australe (COMESA), de la Communauté d'Afrique de l'Est (EAC) et de la Communauté de Développement d'Afrique Australe (SADC).

101 Aboubacar Yacouba Barma, Mohammed VI : « Notre retour à l'UA n'est pas tactique », La tribune

Afrique [en ligne], 07-11-2016, [consulté le 03-10-2017], disponible à l'adresse :
http://afrique.latribune.fr/politique/integration-regionale/2016-11-07/mohammed-vi-notre-retour-a-l-ua-n-est-pas-tactique.html

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est marginalisé dans la production mondiale »102. Aussi, au cas où le continent arriverait à s'offrir un marché commun continental, cela représenterait un bloc économique d'un milliards d'habitants/de consommateurs, totalisant de ce fait, un pouvoir d'achat de 1.1300 milliards d'euros. Il faut souligner, les zones d'intégration régionales en Afrique sont déjà nombreuses, alors ce marché commun permettra à l'Afrique de s'ouvrir sur lui-même dépassant largement les 10% de commerce intra-africain réalisé entre eux. Pour le Maroc, un marché commun continental pourrait être perçu comme un vecteur d'une nouvelle coopération économique sud-sud. Il permettrait de renverser les termes d'échanges commerciaux trop longtemps qualifiés d'inégaux103. Toutefois, la route pour atteindre une finalité réussie à ce projet de création d'une ZLEC n'est pas exemptée de quelques scepticismes à ce sujet.

Contrairement à ce que beaucoup peuvent penser au sein de l'UA, certains Etats restent sceptiques à l'idée de la création de ce marché. Premièrement, de peur de voir le marché local saturé. Deuxièmement, certains Etats à économie essentiellement fiscale orientent leurs inquiétudes sur l'obligation de supprimer les droits de douane. Troisièmement, un espace commercial sans frontières implique la levée des quotas des échanges, ce qui frissonne d'autres encore sur l'élévation du taux de chômage, du sous-emploi et de la pauvreté.

B- Un approfondissement de la coopération sud-sud

De par le monde, l'ensemble des coopérations dans ses divers contours entre les Etats prennent en compte plusieurs caractéristiques. Le royaume du souverain Mohammed VI propose à l'Afrique une coopération différente entreprise entre pays du sud et générant des partenariats gagnant-gagnant.

102 Khadim Mbaye, Union Africaine : bientôt un marché commun pour le continent, La tribune Afrique

[en ligne], 01-07-2017, [consulté le 01-10-2017], disponible à l'adresse :
http://afrique.latribune/fr/politique/integration-regionale/2017-07-01/un-marche-commun-en-afrique-c-est-pour-bientot-742406.html

103 Dina Tagemondi, pourquoi la volonté du Maroc de rejoindre l'UA est une bonne nouvelle, Huffpost

[en ligne], 18-07-2016, [consulté le 09-10-2017], disponible à l'adresse :
http://www.huffpostmaghreb.com/dina-tagemouati/pourquoi-la-volonté-du-maroc-de-rejoindre-lunion-africaine-est-une-bonne-nouvelle b 11043566.html

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Après son départ de l'OUA en 1984, le royaume du Maroc s'est tournée vers la Méditerranée avec pour souci de mieux asseoir son intégration dans le continent européen. De ce fait, il a donc essayé de rejoindre l'UE mais en vain. Et ce, pour motif de « non appartenance du Maroc à l'Europe ». Ainsi, suite à cet échec, le royaume chérifien a décidé de se retourner à nouveau vers le sud du Sahara, mais cette fois, avec une nouvelle affiche des relations interafricaines. D'ailleurs, faut-il le rappeler, le royaume du Maroc développait en Afrique ses relations diplomatiques, politiques et économiques bilatérales avec « les pays alliés et amis ». Depuis le début du règne du roi Mohammed VI en 1999, le royaume chérifien lance une nouvelle ère d'une « diplomatie économique » dirigé à part entière vers le continent africain au point où, aujourd'hui, il devient la fondation essentielle de la diplomatie et le l'économie marocaine. L'idée de cette nouvelle coopération se veut à la fois être l'expression d'une autre face dans les rapports des pays africains avec eux-mêmes, mais également un tournant dans la projection de l'Afrique vis-à-vis du monde. Il se veut être une coopération basée entre les pays du sud (sud-sud) et rattachée à un partenariat gagnant-gagnant. De ce fait, le roi Mohammed VI déclarait : « Ma vision de la coopération sud-sud est claire et constante : mon pays partage ce qu'il a, sans obtention »104.

Ainsi le modèle de coopération proposé par le royaume alaouite représente tout le contraire de celui tissé depuis des siècles et jusque-là avec les occidentaux. Une coopération envers lequel, le continent noir donnait tout sans en retour recevoir quelque chose de proportionnelle et de symbolique qi saura contribuer à son développement politique et économique. Aussi, faut-il le rajouter, ce même modèle proposé et prôné par le Maroc reste inédit, transformateur, réaliste et novateur et va au-delà de tous les clivages mondiaux, et faisant fi de la passerelle nord-sud et est-ouest constituant donc une rupture historique avec les schémas classiques de coopération.

Lors du 1er sommet africain de l'Action tenu à Marrakech au Maroc en Marge de la 22e Conférence des Parties (COP22), le roi Mohammed VI a proposé aux pays

104 Le Matin, la vision clairvoyante de S.M. le roi Mohammed VI pour l'Afrique, Le Matin [en ligne], 0202-2017, [consulté le 08-10-2017], disponible à l'adresse : https://lematin.ma/journal/2017/la-vision-clairvoaynte-de-s-m-le-roi-mohammed-vi-pour-l-rsquo-afrique/266402.html

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africains d' « unifier la voix de l'Afrique et lui apporter l'expertise ». Et sur le plan continental, le royaume alaouite se dit déterminé à « renforcer sa contribution à la défense des intérêts vitaux du continent aux côtés de ses pays frères... »105. En revanche, la volonté avec laquelle sa majesté le roi Mohammed VI, pionnier de la coopération sud-sud, compte mettre en valeur ce partenariat, privilégie les pays au sein de l'UA et devra permettre, dans un climat de confiance, de favoriser la circulation des capitaux, de personnes, des biens et aussi du savoir-faire. Toutefois, jamais auparavant les relations entre les pays africains dans leur ensemble n'ont eu autant d'impacts positifs dans les deux sens.

Mais bien au-delà de ça, l'UA pourra gracieusement bénéficier du poids géopolitique du royaume du Maroc.

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"Je ne pense pas qu'un écrivain puisse avoir de profondes assises s'il n'a pas ressenti avec amertume les injustices de la société ou il vit"   Thomas Lanier dit Tennessie Williams