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La réintégration du Maroc à  l'Union Africaine

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par Manne SORY
Université Africaine de Technologie et de Management  - Licence Professionnelle  2017
  

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B- Les autres alternatives du royaume du Maroc

Du Maghreb à l'UA, tout semble être bloqué. Le dossier épineux du Sahara Occidental n'a connu aucun changement conséquent. Depuis des décennies, aucune avancée considérable n'a été observée. Sur ce dossier qui traine depuis plus de vingt ans, toutes les issues semblent être verrouillées. De l'extérieur, l'UMA n'a pas su faire grand-chose. En effet, durant le sommet de l'UMA en 1988, conscients du fait que le conflit entre les deux (Maroc-RASD) n'a fait que mettre en péril l'organisation maghrébine entrainant de ce fait le Maroc et l'Algérie dans un autre conflit, les pays du Maghreb décidaient donc de se lancer dans la construction de l'UMA et de contourner ainsi le conflit sahraoui. Avec une telle initiative, chacun espérait qu'une dynamique maghrébine permettrait de débloquer les choses. Mais hélas ! Chacun avait ses arrières pensées en acceptant une telle proposition. Pour la RASD et l'Algérie, l'arrêt des confrontations entre les deux permettrait de mettre fin aux crispations et d'ouvrir de nouvelles pistes dans le processus de règlement de ce conflit. De son côté, le Maroc espérait que la construction de l'Union du Maghreb Arabe permettrait de normaliser sa présence dans le Sahara Occidental. Il misait sur le temps et la lassitude pour imposer un fait accompli. Une preuve donc que de l'extérieur de l'UA, aucun règlement ne pourra se faire.

En revanche, le retour du Maroc au sein de l'UA aura des conséquences imprévisibles. Il peut aussi bien déboucher sur une dynamique susceptible de faire avancer le dossier du Sahara Occidental, que plonger l'organisation panafricaine dans une nouvelle crise inutile. Prenant en considération le fait que les dispositions actuelles de l'Acte Constitutif de l'UA ne permettent pas au Maroc d'arriver à ses fins, le royaume chérifien devra donc chercher d'autres issues. Il pourra cependant faire entendre des solutions venant principalement de lui.

D'abord, pour pouvoir extirper la RASD de l'UA, le royaume du Maroc pourrait introduire des propositions d'amendement de l'Acte Constitutif en vertu de l'article 32

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alinéa premier de ce dernier qui dispose : « Tout Etat membre peut soumettre des propositions d'amendement ou de révision du présent Acte ». La proposition du Maroc portera donc sur l'insertion dans l'Acte Constitutif d'un chapitre entier portant sur l'exclusion avec ses articles. Toutefois, pour soumettre une demande d'amendement, la signature de la motion par au moins 2/3 des membres (soit 36 membres) reste nécessaire, comme le dispose l'article 32 alinéa 4 de l'Acte Constitutif : « Les amendements ou révisions sont adoptés par la Conférence de l'Union par consensus ou, à défaut, a la majorité des deux tiers, et soumis à la ratification de tous les Etats membres, conformément à leurs procédures constitutionnelles respectives. Les amendements ou révisions entrent en vigueur trente (30) jours après le dépôt, auprès du Président de la Commission exécutive, des instruments de ratification par les deux tiers des Etats membres ». Le Maroc est en mesure de satisfaire à cette condition sans trop de difficulté. Dans la mesure où, faut-il le rappeler, il est parvenu à obtenir la majorité simple des 28 voix pour sa réintégration à l'UA. Aussi, au moins une dizaine de pays africains, pour différents mobiles, se prévalent encore de la position de neutralité131. Mais, la négociation d'un tel texte risque d'être plus pénible que le sujet en soi.

Ensuite, le royaume chérifien pourrait dans une première partie, se prévaloir d'un conflit frontalier. Même si le conflit frontalier ne peut être une cause de revendication au sein de l'UA, en raison de la décision de l'OUA en 1964 concernant le principe de l'intangibilité des frontières héritées de la colonisation, le Maroc pourrait avoir une autre interprétation de la situation. Il pourra défendre que les frontières ont, depuis la création de l'UA, subi des changements sur le continent. Avec notamment en 1993, la création de l'Erythrée qui reste indépendante de l'Ethiopie et le partage du Soudans en deux donnant naissance au Soudan du sud en 2011. Le Maroc pourra défendre l'idée qu'il a été injustement scindé par la colonisation, selon une idée de Pierre Vermeren, maître de conférences et spécialiste de l'histoire du Maghreb contemporain. De ce fait, dans une deuxième partie, en s'appuyant sur ce principe, le Maroc pourra demander l'adoption de règles taillées sur mesure à la RASD. Une telle

131 Il s'agit en l'occurrence, du Burundi, Cameroun, Egypte, Kenya, Madagascar, Niger, Rwanda, Tanzanie, Tunisie et du Tchad. Source : Jbb, Retour du Maroc à l'Union Africaine : Motivations, enjeux, défis et perspectives, Tunisie Numérique [en ligne], 13-12-2016, [consulté le 29-09-2017], disponible à l'adresse : https://www.tunisienumerique.com/retour-du-maroc-a-lunion-africaine-motivations-enjeux-defis-et-perspectives-partie-i/

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décision ne semble pas être évidente sachant que de par le continent, les sahraouis continuent d'avoir de soutiens, surtout avec l'appui de l'Afrique du sud et de l'Algérie. Aussi, faut-il le rappeler, c'est l'Algérie qui préside la Commission « Paix et sécurité », l'un des grands soutiens des sahraouis, ce qui ne pourra pas faciliter la tâche au Maroc.

Enfin, l'une des possibilités acquises pour que le Maroc puisse voir cette cause acquise en sa faveur, c'est d'essayer de s'impliquer davantage dans les institutions de l'UA, afin de pouvoir se récompenser d'alliés à la tête de ces institutions. Ou encore accepter de signer des compromis avec toutes les parties prenantes dans cette affaire pour s'assurer de pouvoir gagner du terrain sur les sahraouis. De plus, le Maroc pourra soit mener une guerre diplomatique pour reconquérir le terrain perdu, ce qui risque à nouveau d'entraîner l'UA dans de nouvelles et interminables crises ; soit de s'engager sur un terrain qui permettrait des ouvertures en utilisant les résolutions de l'UA comme point de départ pour une nouvelle politique132.

Au final, au cas où tous ces moyens pour obtenir gain de cause échouaient, l'une des possibilités sera de voir le royaume à nouveau claquer la porte à l'UA dans l'espoir que ce dernier (UA) se sente affaibli par cette absence au point de donner probablement au royaume du Maroc ce qu'il a toujours réclamé, le Sahara Occidental.

132 Abed Charef, Retour du Maroc à l'Union Africaine : un impact imprévisible, Middle East Eye [en

ligne], 01-01-2017, [consulté le 29-09-2017], disponible à l'adresse :
http://www.middleeasteye.net/fr/analyses/retour-du-maroc-l-union-africaine-un-impact-impr-visible-363347173

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"Soit réservé sans ostentation pour éviter de t'attirer l'incompréhension haineuse des ignorants"   Pythagore