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Dette extérieure et fuite des capitaux au Cameroun.

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par Yann Harold NOUNAMO
Université de Yaoundé 2-SOA - Master 2015
  

Disponible en mode multipage

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AVERTISSEMENT

« L'Université de Yaoundé II ainsi que l'Université de Rennes 1 n'entendent donner aucune approbation ni improbation aux opinions émises dans ce mémoire. Ces opinions doivent être considérées comme propres à l'auteur ».

DEDICACE

À ma mère

dont le courage et l'amour me soutiennent encore

REMERCIEMENTS

Je me sais classé par ma conscience comme individu lourdement "endetté" envers mon Directeur de Mémoire, mon Mentor, Monsieur le Professeur Samuel FAMBON, pour ses précieux orientations et conseils, sa rigueur et son sens pratique de la recherche. C'est pourquoi, je lui témoigne l'expréssion de mes profonds et vifs remerciements.

L'expression de ma gratitude est ensuite formulée à l'endroit du corps enseignant de la Faculté des Sciences Economiques et de Gestion de l'Université de Yaoundé II, en particulier aux professeurs qui, outre mon Directeur de Mémoire, ont animé les cours pendant l'année académique 2014-2015, en l'occurence Messieurs les Professeurs Jean-Marie GANKOU, Désiré AVOM et Mme le Professeur Valerie ONGOLO ZOGO.

J'extériorise aussi ma reconnaissance du savoir à l'égard des professeurs animateurs des Cours et Conférences de l'Université de Rennes 1 en général, en particulier aux enseignants qui sont intervenus dans le cadre du Master II Ingénierie Economique et Financière, précisément Messieurs les Professeurs Jean-Jacques DURAND, Jean-Christophe POUTINEAU et Christophe TAVERA.

Je ne saurais intérioriser ma gratitude vis-à-vis de la Caisse Autonome d'Amortissement (CAA) du Cameroun, de son Personnel Administratif pour leur aide à la collecte des données relatives à la dette extérieure durant le stage effectué en août 2015.

A Monsieur le Docteur Marius BENDOMA, j'exprime mes sincères remerciements pour sa disponibilité instantanée à répondre à mes sollicitations.

L'acte de relecture de ce Mémoire, exécuté par Monsieur Alexandre IROUME, dicte mon esprit à l'associer à mes remerciements.

Je me sais redevable à d'anciens Diplômés du Master Ingénierie Economique et Financière, en l'occurrence Mlle Kelly SEGUEP, Monsieurs Hervé YAKAN, Martini MBOCK pour leurs encouragements, leur soutien moral et leur collaboration; à tous je dis Merci!

Que les Responsables du LAREM (Laboratoire de Recherche en Economie Mathématique) de l'Université de Yaoundé II, trouvent ici l'expression de ma reconnaissance.

Il va de soi que les membres de ma famille figurent parmi ceux envers lesquels je suis le plus reconnaissant. Mes chers parents M. et Mme NOUNAMO, M. et Mme KWUIMO, je vous serai éternellement reconnaissant pour tous vos efforts et encouragements. Mes frères et soeurs (Cindy, Estrella, Chris-Gérald), sans oublier Audrey, Gael, Julie, Yannick; je vous remercie tous individuellement pour votre amour et votre réconfort dans les moments de doute. Rien de tout cela n'aurait pu voir le jour sans vous tous. Je tire la révérence à tous ceux qui de près ou de loin m'ont apporté leur soutien et encouragements, et que je n'ai pas pu citer ici. La liste ne pouvant être exhaustive, je les remercie grandement.

SOMMAIRE

AVERTISSEMENT I

DEDICACE II

REMERCIEMENTS III

SOMMAIRE IV

LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS V

LISTE DES ILLUSTRATIONS ET GRAPHIQUES VI

RESUME VII

ABSTRACT VIII

INTRODUCTION GENERALE 1

PREMIERE PARTIE : REVUE DE LA LITTERATURE ET EVOLUTION GLOBALE DE LA DETTE EXTERIEURE ET DE LA FUITE DES CAPITAUX AU CAMEROUN 3

CHAPITRE 1 : REVUE DE LA LITTERATURE SUR LA RELATION ENTRE LA DETTE EXTERIEURE ET LA FUITE DES CAPITAUX 3

1. DETTE EXTERIEURE ET FUITE DES CAPITAUX : REVUE DE LA LITTERATURE THEORIQUE 13

2. REVUE DE LA LITTÉRATURE EMPIRIQUE SUR LA RELATION ENTRE LA DETTE EXTÉRIEURE ET LA FUITE DES CAPITAUX 19

CHAPITRE 2 : EVOLUTION GLOBALE DE LA DETTE EXTERIEURE ET DE LA FUITE DES CAPITAUX AU CAMEROUN 3

1. EVOLUTION GLOBALE DE LA DETTE EXTERIEURE AU CAMEROUN 25

2. LA FUITE DES CAPITAUX AU CAMEROUN : ANALYSE EN VALEUR ET EN POURCENTAGE DE LA DETTE EXTERIEURE 31

DEUXIEME PARTIE : DETTE EXTERIEURE ET FUITE DES CAPITAUX AU CAMEROUN : ANALYSE EMPIRIQUE 3

CHAPITRE 3 : APPROCHE METHODOLOGIQUE 43

1. SPÉCIFICATION DU MODÈLE : 44

2. PROCÉDURE D'ESTIMATION DU MODÈLE : 52

CHAPITRE 4 : RESULTATS ET RECOMMANDATIONS 58

1. PRÉSENTATION DES RÉSULTATS 59

2. INTERPRETATIONS DES RESULTATS ET RECOMMANDATIONS DE POLITIQUES ECONOMIQUES 66

CONCLUSION GENERALE 71

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 74

ANNEXES 80

TABLE DES MATIERES 86

LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS

AFD : Agence Française de Développement ANIF : Agence Nationale d'Investigation Financière APD : Aide Publique au Développement BAD : Banque Africaine de Développement BEAC : Banque des Etats de l'Afrique Centrale BdP : Balance de Paiements BRI : Banque des Règlements Internationaux D: Contrat de Désendettement et de Développement CAA : Caisse Autonome d'Amortissement. CEMAC : Communauté Economique et Monétaire d'Afrique Centrale CIA : Central Intelligence Agency CONAC : Commission Nationale Anti-corruption DET : Dette Extérieure FASR : Facilité d'Ajustement Structurel Renforcée FCFA : Franc de la Coopération Financière en Afrique FIDA : Fonds International pour le Développement de l' Agriculture FMI : Fond Monétaire International FRPC : Facilité pour la Réduction de la Pauvreté et pour la Croissance GAFI : Groupe d'Action Financière IADM : Initiative d'allégement de la Dette Multilatérale IDA : International Development Association IDE : Investissement Direct Etranger IPPTE : Initiative d'allègement de la dette des Pays Pauvres Très Endettés OMD : Objectifs du Millénaire pour le Développement ONG : Organisation Non Gouvernementale OPEP : Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole PAS : Plans d'Ajustement Structurel PIB : Produit Intérieur Brut UEMOA : Union Economique et Monétaire Ouest-Africaine VA : Valeur Actualisée

LISTE DES ILLUSTRATIONS ET GRAPHIQUES

Tableau 1.1: Liens entre l'emprunt étranger et la fuite des capitaux

Graphique 2.1 : Evolution du stock de la dette extérieure du Cameroun.

Graphique 2.2 : Service de la dette en % des recettes d'exportations

Graphique 2.3 : Evolution du ratio service de la dette extérieure/ Recettes publiques

Graphique2.4 : Evolution de la fuite des capitaux du Cameroun

Graphique 2.5 : Evolution de la fuite des capitaux en pourcentage de la dette extérieure

Tableau 3.1 : Récapitulatif des différents signes attendus des variables du modèle 

Tableau 4.1 : Résultats des tests de racine unitaire ADF et PP : Tableau 4.2 : Statistiques des tests de Wald Tableau 4.3: Fuite des capitaux et dette extérieure : élasticités de court terme 

Tableau 4.4 : Fuite des capitaux et dette extérieure : élasticités de long terme

Tableau 4.5 : Récapitulatif des Tests de Diagnostic Graphique 4.1 : Test de CUSUM Graphique 4.1 : Test de CUSUM Carré

RESUME

Ce mémoire analyse la relation entre la dette extérieure et la fuite des capitaux au Cameroun sur la période 1970-2010. Partant des limites de l'approche de cointégration de Johansen, nous utilisons la méthodologie autorégressive à retards échelonnés (ARDL) de cointégration de Pesaran et al. (2001) pour déterminer le lien entre la dette extérieure et la fuite des capitaux. Les données utilisées proviennent de la Caisse Autonome d'Amortissement du Cameroun, du World Development Indicator de la Banque Mondiale et de la base de Boyce et Ndikumana (2012). Nos résultats montrent qu'à court terme, la hausse d'un dollar de la dette extérieure entraine une augmentation de 54 centimes de la fuite des capitaux; une situation qui diminue progressivement au fil du temps. En outre, la fuite des capitaux du Cameroun est causée par l'aide publique au développement, l'ouverture commerciale et la rente provenant des ressources naturelles, en particulier la rente pétrolière.

Mots clés : dette extérieure, fuite des capitaux, ARDL, Cameroun

ABSTRACT

This Master thesis analyses the relationship between external debt and capital flight in Cameroon for the period 1970-2010. Based on the limits of the approach of Johansen cointegration, we use the autoregressive Distributed lag (ARDL) methodology of cointegration of Pesaran and al. (2001) to determine the relationship between external debt and capital flight. The data used come from the Autonomous Sinking Fund of Cameroon, World Development Indicator of the World Bank and the base of Boyce and Ndikumana (2012). Our results show that in the short term, the rise of a dollar in external debt leads to an increase of 54 cents of capital flight; a situation which gradually decreases over time. Moreover, the capital flight of Cameroon is caused by official development assistance, trade openness and the rent from natural resources, particularly oil rents.

Keywords: external debt, capital flight, ARDL, Cameroon

INTRODUCTION GENERALE

La recherche du bien-être est une aspiration profonde et constante de l'homme. Quelle que soit la région du monde où ils appartiennent, les hommes imaginent et déploient les efforts tendant à l'amélioration de leur cadre et de leur niveau de vie.

Les pays développés et en développement mettent en oeuvre et affinent de façon continue, des politiques et des stratégies de croissance économique afin de réaliser cet objectif.

Cependant, la rareté des ressources, en particulier celle du facteur capital et la faible capacité d'absorption de ce dernier du fait de l'accumulation insuffisante, amènent les pays en développement (PED) à décupler des efforts pour améliorer le niveau de vie de leurs habitants.

Ces deux groupes de pays entretiennent mutuellement des courants d'échanges commerciaux et de relations multiples (diplomatiques, économiques, financières, d'assistance technique...). Ces relations font intervenir les Etats, les institutions publiques et privées, commerciales et bancaires.

Les efforts de développement entrepris par les PED, sont-ils faut-il l'avouer, fortement influencés par le comportement du monde développé, nanti de puissants moyens techniques et financiers. Le chemin parcouru par les PED est suffisamment long aujourd'hui pour mesurer les progrès accomplis, et porter un jugement de valeur sur telle politique mise en oeuvre et recenser les conditions et les moyens sur lesquels il convient de mettre l'accent en vue d'une amélioration des performances.

Dans ce contexte, la dette extérieure comme source de financement des investissements des PED et l'amélioration des balances de paiements desdits pays est nécessaire. En effet, le financement de la croissance à l'aide d'emprunt étranger est une nécessité pratiquée par les PED mais les modalités et les conditions de ces emprunts sont diverses.

L'endettement agit sur le pays emprunteur par ses effets en capital et en coût. Un endettement trop faible serait sans effet sur le processus de développement. Un endettement trop fort, par la lourdeur de la charge à rembourser, pourrait bloquer le processus de développement et provoquer des sorties massives de capitaux.

C'est dans cette situation de sorties massives de capitaux que se trouvent bon nombre de PED depuis plusieurs décennies. C'est sans doute ce qui justifie la littérature florissante sur le phénomène de fuite de capitaux. Ce phénomène frappe avec une particulière gravité l'ensemble des Etats Africains au Sud du Sahara en général, et en particulier ceux de la Zone Franc et dont le Cameroun.

1. Contexte de l'étude

L'endettement est un phénomène universel que l'on retrouve dans tous les pays, en particulier dans les pays en voie de développement (PED) confrontés à une insuffisance de l'épargne interne. L'endettement extérieur, qui constitue un appel aux capitaux étrangers, sert d'appoint à cette épargne et permet de financer les projets d'investissement nécessaires à la croissance. La dette extérieure est donc censée jouer un rôle de catalyseur dans la mutation structurelle des PED.

Dans cette optique, les emprunts étrangers sont apparus comme un élément essentiel intégré au processus de développement de ces économies. Toutefois, cet endettement s'accompagne aussi de phénomènes négatifs tels que la fuite des capitaux. Pour ces pays, ce phénomène représente un réel frein à la croissance à travers son impact négatif sur le niveau d'investissement des économies en développement.

La fuite des capitaux est un concept économique qui n'est pas récent. Si les premières réflexions pourraient remonter à Smith (1776), c'est avec la crise d'endettement de certains pays d'Amérique latine (Mexique et Argentine) dans les années 80 que l'attention pour la fuite des capitaux est devenue considérable. Déclenchée en Août 82 par l'effondrement financier du Mexique qui ne pouvait plus faire face à une dette extérieure de 80 milliards de dollars, cette crise d'endettement a entrainé dans son sillage d'autres PED et dont le Cameroun (Touna Mama, 1996).

Une crise qui, à la base était une crise d'endettement s'est vue intensifiée par le comportement des plus riches résidents, qui, en investissant massivement dans des actifs étrangers, ont entrainé un épisode de fuite massive des capitaux. Comme solution à ce problème, le FMI1(*) et les Etats-Unis d'Amérique ont imposé à ces pays une série de réformes économiques à adopter afin d'être admissibles à un allègement de leurs dettes. Ces réformes inscrites dans le cadre du « Plan Brady 2(*)» avaient pour objectif de ramener les capitaux sorties à travers des mesures telles que la déréglementation des marchés financiers, l'austérité budgétaire, la dépréciation de la monnaie, la baisse des salaires et l'augmentation des taux d'intérêt.

Même si le plan Brady a permis à certains de ces pays d'Amérique latine de résoudre leurs problèmes de dettes extérieures, à partir du milieu des années 90, de nombreuses crises financières accompagnées d'épisode de fuite de capitaux ont encore surgi dans certaines de ces économies. Particulièrement la crise Mexicaine entre 1994 et 1995, ensuite celle du Japon en 1997, suivie de la crise brésilienne en 1998.

Aujourd'hui encore, les problèmes de dette extérieure et de fuite des capitaux se posent avec acuité et touchent aussi bien les économies développées que les économies en voie de développement. En Europe par exemple, elle a davantage pris la forme de la crise de la dette et le cas de la Grèce est assez parlant à ce sujet. En 2010, la dette Grecque s'élevait à 300 milliards d'euros soit 130% du PIB avec une progression annuelle de 12%, ce qui à l'évidence est insoutenable malgré les multiples plans de relances proposés, qui n'apportent pas toujours de solutions appropriées et acceptées par tous. Par ailleurs, nombre de pays européens ont vu leur dette totale exploser au premier rang desquels l'Irlande, avec 172 points de pourcentage de hausse par rapport au PIB entre 2007 et 2014, suivie par Singapour (129%), le Portugal (100%)3(*). Ce qui permet de reconsidérer fortement la vision des économistes classiques qui voyaient dans la dette une entrave au développement économique. De même, dans la zone euro, la récente crise de la dette publique qui a éclaté juste après celle des « Subprimes4(*) » des Etats-Unis d'Amérique a entrainé la fuite des capitaux des pays du Sud5(*) de l'Europe vers ceux du Nord6(*). Ainsi en trois ans, 600 milliards d'euro ont été rapatriés d'Espagne et d'Italie vers l'Allemagne et la France, qui à ce moment représentaient des investissements plus sûrs.

En Afrique, d'après le dernier rapport de l'organisme international Global Financial Integrity7(*) les flux financiers illicites sortant du continent ont représenté au moins 29 milliards de dollars par an entre 1970 et 2008 (hors inflation). L'estimation de ces flux est encore plus forte pendant la période 2001-2008, qui a été marquée par une forte croissance, à cause de la hausse des prix des matières premières. Cette estimation s'élève à près de 54 milliards de dollars par an en moyenne durant cette période, et même 90 milliards en 2007 et 2008.

Au Cameroun, l'encours de la dette publique est composé au 30 juin 2015, de 72,5% de dette extérieure, soit 2767 milliards de FCFA et 21,1% de dette intérieure correspondant à 1031 milliards de FCFA. A cela s'ajoute les récentes crises sociales, notamment les problèmes d'insécurité liés au groupe terroriste Boko Haram, la crise centrafricaine et la crise d'Ebola et ses répercussions.

Selon Ndikumana et Boyce (2013), l'Afrique est victime d'une fuite de capitaux considérable à la fois en valeur absolue et en proportion du PIB : plus de 700 milliards de dollars entre 1970 et 2008. Ils estiment les pertes financières des 33 pays d'Afrique subsaharienne à 944 milliards de dollars sur cette période de 39 ans. En outre, dans une étude sur la fuite des capitaux des pays à faible revenu et lourdement endettés d'Afrique subsaharienne sur la période 1980-1991, Ajayi (1997) constate que la fuite des capitaux de la période avoisine plus de 40% de la dette extérieure pour un échantillon de 18 pays, et que le ratio était de 94% pour le Nigeria et le Rwanda,74% pour le Kenya, et 60% pour le Soudan. Ils constatent que les pays qui présentent la plus grande fuite de capitaux sont souvent aussi les plus fortement endettés et caractérisent cette situation de « problèmes jumeaux»8(*).

D'autres études à l'instar de celle de Ndikumana et Boyce (2011), soulignent que trois pays de la Zone Franc (ZFA) sont parmi les dix premiers pays d'Afrique subsaharienne possédant les fuites des capitaux les plus élevées. C'est ainsi que la Côte d'Ivoire occupe la 3ème position (45,4 milliards de dollars soit 194,1% du PIB) ; le Cameroun la 7ème position (24 milliards de dollars soit 102,8% du PIB) et le Congo la 8ème position (23,9 milliards de dollars soit 223,4% du PIB). Les chiffres précédents montrent que les pays de la ZFA sont très affectés par le phénomène de fuite massive de capitaux. Cet argument est complété par Ndiaye (2012) pour qui, la zone CEMAC est la région de la ZFA la plus affectée par la fuite massive des capitaux (près de 81,5% de la fuite des capitaux de la ZFA, soit environ 65,3 milliards de dollars en zone CEMAC contre environ 14,9 milliards de dollars en zone UEMOA.

De tels résultats révèlent les deux constats suivants : d'une part, si un pays appartient à la CEMAC, alors il appartient à une zone géographique où l'ampleur de la fuite des capitaux est très élevée. D'autre part, le Cameroun est le pays de la zone CEMAC le plus affecté par le phénomène de la fuite des capitaux.

Une difficulté rencontrée avec l'analyse de la fuite des capitaux concerne sa définition. Si l'on considère de façon générale que la fuite des capitaux est la sortie des capitaux d'un pays vers l'extérieur pour un motif ou un autre, dans la littérature économique, « II n'y a aucun consensus sur la définition de la fuite des capitaux ». Cette remarque, faite par Hermes, Lensink et Murinde (2002a) et Macleod (2002), révèle l'existence de diverses méthodes de mesure de la fuite des capitaux. Plusieurs études suggèrent que la fuite des capitaux doit être distinguée des sorties normales de capitaux (Deppler et Williamson, 1987 ; Walter, 1987 ; Kindleberger, 1987) pendant que d'autres auteurs comme Erbe (1985), la Banque Mondiale et Morgan Guaranty Trust Company9(*), soutiennent que la fuite des capitaux ne doit pas être distinguée des flux normaux extérieurs de capitaux, et la définissent comme toutes les sorties de capitaux privés de toute espèce qui aboutissent à l'acquisition d'avoirs extérieurs par les résidents d'un pays.

Au cours de notre analyse, aucune distinction ne sera faite entre sorties normale et anormale de capitaux. Ainsi donc, nous considèrerons la fuite des capitaux telle que définie par la méthode résiduelle de la Banque Mondiale. Nous tiendrons aussi compte des différents ajustements associés à cette méthode notamment, l'ajustement aux falsifications des transactions commerciales (Lessard et Williamson; 1987), l'ajustement aux fluctuations du taux de change `-( Boyce et Ndikumana, 2001) ainsi que les ajustements aux annulations de dettes, aux envois de fonds non-enregistrés et à l'inflation -( Ndikumana et Boyce, 2010).

2. Problématique

La question de la fuite des capitaux des pays d'Afrique Sub-Saharienne (ASS) a suscité une attention considérable dans la littérature économique durant ces dernières décennies. Ceci est particulièrement la conséquence des travaux des chercheurs (Boyce et Ndikumana, 2001 ; Collier, Hoeffler et Pattillo, 2004; Ndiaye, 2004) qui ont mis en exergue le fait que depuis les années 1970, des sommes importantes sous forme de fuite des capitaux sortent du continent africain, considéré comme pauvre. Les études menées par Ndikumana et Boyce (2011), BAD 10(*)et GFI11(*) (2013) ont mis en évidence le fait que l'Afrique fournit plus de capitaux qu'il ne reçoit du reste du Monde. Pourtant, les niveaux de dette insoutenables atteints par la plupart des pays d'ASS durant les dernières décennies peuvent être pointés du doigt comme l'une des causes majeures de la faiblesse de la croissance économique de ces pays, y compris le Cameroun.

En se concentrant sur la dette extérieure du Cameroun, le constat qui se dégage est qu'elle a connu une progression remarquable au fil des années. En effet, son encours total est passé de 260,3 millions de dollars en 1971 à 1 485 millions en 1980 et 2 674 millions de dollars en 1981, représentant ainsi environ 10 fois le volume des dettes de l'année 1971 (Fambon, 2002). Dans le même temps, la fuite des capitaux de la région a suivi une tendance parallèle, notamment depuis le début de l'exploitation pétrolière dans le pays en 1978 (Bendoma, 2012).

Ainsi, en se penchant sur le cas spécifique du Cameroun sur la période 1970-2010, notre sujet répond aux interrogations suivantes :

Quelle est la relation entre la dette extérieure et la fuite des capitaux au Cameroun ?

Cette question principale nous amène à poser les deux questions subsidiaires ci-après :

-Quels sont les effets de la dette extérieure sur la fuite des capitaux au Cameroun ?

-Quels sont les effets de la fuite des capitaux sur la dette extérieure au Cameroun ?

Ces deux questions constituent la préoccupation de notre étude en vue d'atteindre les objectifs que nous nous proposons dans le cadre de ce travail.

3. Objectifs de l'étude

L'objectif principal de notre travail est d'analyser la relation entre la dette extérieure et la fuite des capitaux au Cameroun. Il s'agit plus spécifiquement de déterminer :

· d'une part, les effets de la dette extérieure sur la fuite des capitaux au Cameroun,

· d'autre part, les effets de la fuite des capitaux sur la dette extérieure au Cameroun.

Ces objectifs constituent les phases de la recherche et l'ossature du plan du travail choisi. Nous les développerons dans ce qui suit en les rapportant des travaux antérieurs que nous jugeons les plus pertinents eu égard aux buts de l'étude. Nous ne pouvons dresser ici, un état de l'ensemble des travaux antérieurs, étant donné la diversité des thèmes abordés qui, bien qu'étant complémentaires, rendent difficile une présentation homogène de cette recherche. Aussi préférons-nous par soucis de clarté de l'exposé, aborder progressivement la plus grande partie de ces travaux.

4. Hypothèses de l'étude

Pour atteindre nos objectifs, la formulation d'un certain nombre d'hypothèses est indispensable :

Hypothèse 1 : Une augmentation de la dette extérieure entraine un accroissement de la fuite des capitaux au Cameroun.

Hypothèse 2 : Un accroissement de la fuite des capitaux entraine une augmentation de la dette extérieure au Cameroun.

L'articulation de la recherche autour de ces deux hypothèses indique l'intérêt général de la démarche.

5. Intérêt de l'étude

Cette étude présente non seulement un intérêt pratique, mais aussi méthodologique.

Au plan pratique, il convient de noter au préalable que, la communauté internationale dans son ensemble que l'on soit du Nord ou du Sud est largement concernée et éprouvée à l'heure actuelle par un phénomène, celui de l'endettement qui alimente les débats dans les différentes rencontres internationales et constitue davantage un grand sujet de préoccupation lorsqu'on y mêle la fuite des capitaux. Cette situation due à la conjonction de plusieurs facteurs est d'autant plus crucial que la masse financière en jeu est colossale. Les montants en cause, face aux difficultés des économies africaines, amènent à s'interroger sur les voies de réduction possibles de la fuite des capitaux d'une part, et, d'autre part, sur les moyens de mieux gérer la dette extérieure.

Un sujet d'une telle importance et d'une si brûlante actualité mérite à n'en pas douter un examen attentif.

Au plan méthodologique, cette étude tente de contribuer à la littérature empirique en examinant pour le cas du Cameroun, la relation entre la dette extérieure et la fuite des capitaux, en utilisant l'approche autorégressive à retards échelonnés (ARDL) de cointégration proposée par Pesaran, Shin et Smith(2001)12(*). Cette approche a l'avantage d'établir simultanément les dynamiques de court et de long terme entre les variables du modèle sans se préoccuper de l'ordre d'intégration des séries.

6. Bref aperçu méthodologique

Afin d'atteindre nos objectifs, nous avons adopté une approche méthodologique rigoureuse constituée de trois étapes : la première étape consiste à vérifier les propriétés des séries chronologiques telles que la stationnarité et l'ordre d'intégration à l'aide des tests de racine unitaire de Dickey-Fuller Augmenté (ADF) et de Phillips-Perron (PP). La deuxième étape utilise la technique de cointégration développée par Pesaran et al. (2001) pour examiner la relation d'équilibre de long terme entre les variables retenues dans notre modèle. La troisième étape consistera à estimer les coefficients de court terme et de long terme afin d'apprécier la relation entre la dette extérieure et la fuite des capitaux au Cameroun. Notre analyse utilise des données des séries temporelles allant de 1970 à 2010. Deux modèles économétriques inspirés des travaux de Chipalkatti et Rishi (2001) sont estimés dans cette étude.

7. Organisation du travail

Une organisation équilibrée de ce travail impose une structure en deux parties, recoupées en quatre chapitres :

la première partie comporte deux chapitres :

Le premier chapitre est axé sur la présentation de quelques travaux théoriques et empiriques relatifs à l'analyse de la relation entre la dette extérieure et la fuite des capitaux. Il importe de noter que le débat sur l'endettement extérieur et sur la fuite des capitaux pris séparément est riche en idées et controverses et qu'une littérature abondante existe sur ces différents aspects.

Le chapitre deux offre un panorama de l'évolution globale de la dette extérieure et de la fuite des capitaux au Cameroun sur la période de l'étude afin de mettre en relief les montants de la fuite des capitaux selon les périodes marquantes de l'histoire du Cameroun, et d'établir à priori des liens avec la dette extérieure. Nous présenterons également dans ce chapitre les mesures mises sur pied au Cameroun et sur le plan international contre la fuite des capitaux.

la deuxième partie comporte également deux chapitres :

Le troisième chapitre propose une ébauche méthodologique ainsi que les différents variables utilisées dans l'étude.

Le chapitre quatre procède à une présentation et à une interprétation des principaux résultats de la régression et des tests de nos modèles. En outre, ce chapitre présente les recommandations de politique économiques qui découlent directement des résultats obtenus de l'analyse empirique.

PREMIERE PARTIE :

REVUE DE LA LITTERATURE ET EVOLUTION GLOBALE DE LA DETTE EXTERIEURE ET DE LA FUITE DES CAPITAUX AU CAMEROUN

INTRODUCTION A LA PREMIERE PARTIE

L'occurrence simultanée de montants élevés de dette extérieure et de fuites massive des capitaux dans les pays d'Amérique Latine au début des années 1980 a attiré l'attention des économistes durant cette période (Pastor, 1990).

En effet, suite aux conditions économiques défavorables dues à la crise de la dette des pays latino-américains, s'est suivi de volumes élevés de sorties de capitaux de la part des résidents de ces pays en direction des pays développés afin d'éviter la perte de leurs avoirs. C'est ainsi que la littérature sur la fuite des capitaux s'est développée. Bien qu'elle ne fasse pas l'unanimité, cette littérature repose essentiellement sur sa définition, la problématique de sa mesure, ses déterminants, ainsi que ses effets sur la croissance économique des pays en développement (Fofack, 2008).

Lorsqu'on s'intéresse à la dette extérieure et à la fuite des capitaux, on trouve une littérature assez fournie. Cependant, l'effort de prolonger le débat sur leurs liens reste très attendu. Il est intéressant d'examiner la relation qui existe entre la dette extérieure et la fuite des capitaux car au coeur de certains débats économiques de l'heure (cas de la Grèce par exemple).

Dans cette première partie, nous nous intéressons au préalable à la revue de la littérature aussi bien théorique qu'empirique (chapitre un). Ensuite, des analyses descriptives sont proposées afin d'observer clairement l'évolution de la dette extérieure et de la fuite des capitaux, question d'évaluer à priori l'ampleur de ce phénomène au Cameroun (chapitre deux).

Ainsi, l'objectif de cette première partie du travail est de présenter la revue de la littérature inhérente à la relation entre la dette extérieure et la fuite des capitaux d'une part, et, d'autre part d'examiner (en nous appuyant sur des données collectées sur la période 1970 à 2010) leur évolution au Cameroun.

CHAPITRE 1 :

REVUE DE LA LITTERATURE SUR LA RELATION ENTRE LA DETTE EXTERIEURE ET LA FUITE DES CAPITAUX

La relation entre la dette extérieure et la fuite des capitaux a largement été débattue dans la littérature économique. Les premières réflexions remontent à Smith (1776) suite aux énormes progrès des dettes en Europe. Mais c'est avec la crise d'endettement survenue dans les pays d'Amérique latine au début des années 80 que les économistes se sont particulièrement penchés sur la question. Cette crise s'est manifestée par des fuites massives de capitaux de la part des plus riches résidents; ce qui a attiré l'attention des chercheurs qui ont proposé des méthodes de mesure de la fuite des capitaux et évaluer ses effets sur la croissance économique (Pastor, 1990).

Par la suite, dans les années 90, l'occurrence simultanée des montants élevés de dette extérieure et de fuite massive de capitaux a de nouveau suscité l'attention des chercheurs. Leurs préoccupations étaient de savoir quel est le lien entre la dette extérieure et la fuite des capitaux étant donné que la fuite des capitaux était quantitativement importante lorsque le niveau de l'endettement était élevé dans le pays étudié (Boyce, 1992 ; Ajayi, 1995).

L'objet de ce premier chapitre est de faire une revue de la littérature sur la relation entre la dette extérieure et la fuite des capitaux. Dans la première partie, il est question de présenter une revue de la littérature théorique des effets de la dette extérieure sur la fuite des capitaux et vice versa. La deuxième partie porte sur une revue de la littérature empirique en distinguant les résultats obtenus sur des pays pris individuellement de ceux portant sur des échantillons de plusieurs pays.

1. DETTE EXTERIEURE ET FUITE DES CAPITAUX : REVUE DE LA LITTERATURE THEORIQUE

La littérature théorique sur la relation entre la dette extérieure et la fuite des capitaux dans les pays en développement fait l'objet d'un grand nombre d'études, à cause de ses conséquences en matière de réduction de la pauvreté dans ces pays (Ndiaye, 2012).

De manière fondamentale, la théorie keynésienne admet que la dette joue un rôle précieux pour l'économie en raison de nouveaux investissements que l'endettement suscite. Par le biais de l'effet multiplicateur, elle permet d'accroître la demande globale et stimule la croissance13(*). Par conséquent, la dette extérieure, comme source de financement des investissements des pays en développement, est nécessaire.

En revanche, la théorie classique considère l'endettement public comme inutile, sinon nocive à l'économie. Considérant la conception de Smith (1776), le financement extérieur est une source d'appauvrissement pour les pays car non seulement la dette fait intervenir le paiement des intérêts, mais aussi, cela pourrait engendrer des sorties de capitaux. C'est dans ce sens que Smith (1776) affirme : « quand, à raison de la perception de ces impôts, (...) tous ou la plus grande partie de ceux qui font valoir de grands capitaux, viennent à être continuellement exposés aux visites fâcheuses et aux recherches vexatoires des collecteurs de l'impôt, cette disposition à changer de résidence se réalise bientôt par une émigration ».

Ainsi, Les classiques considèrent que les citoyens voient dans la dette extérieure une augmentation des impôts dans le futur (équivalence ricardienne14(*)), une hausse des taux d'imposition qui décourage le travail comme le précise le raisonnement développé par la courbe de Laffer15(*).

La littérature économique sur la relation entre la dette extérieure et la fuite des capitaux dans les pays en développement a connu une attention particulière suite à la crise d'endettement survenue en Amérique latine dans les années 80. De nombreuses études, à l'instar de Boyce (1992), Hermes et Lensink (1992), Chipalkatti et Rishi (2001), Boyce et Ndikumana (2001), Beja (2006) et Fofack (2009) montrent que la fuite des capitaux est quantitativement importante lorsque le niveau de l'endettement est élevé dans le pays.

Dans cette littérature, les liens entre les deux sont analysés en utilisant un modèle de « porte financière tournante »16(*). Brièvement, ce modèle postule des liens directs et des liens indirects qui tendent à montrer que la dette extérieure et la fuite des capitaux s'engendrent mutuellement. La sous-section qui suit est consacrée à la présentation de ces deux types de liens.

1.1. LIENS DIRECTS ENTRE LA DETTE EXTERIEURE ET LA FUITE DES CAPITAUX

La relation entre la dette extérieure et la fuite des capitaux a beaucoup de facettes. Les auteurs comme Boyce (1992), Ajayi (1995) et Ndikumana et Boyce (2013) ont distingué quatre types de liens possibles entre les deux : la fuite des capitaux peut découler de la dette extérieure; la dette extérieure peut accélérer la fuite des capitaux; l'emprunt étranger peut être poussé par la fuite des capitaux; enfin, la fuite des capitaux peut accélérer la dette.

Ces liens sont brièvement illustrés dans le tableau suivant :

Tableau 1.1: Liens entre l'emprunt étranger et la fuite des capitaux

 

Dette à Fuite des capitaux

Fuite des capitaux à Dette

Motivation et financement

Fuite des capitaux alimentée par la dette

Emprunt étranger alimenté par la fuite des capitaux

Motivation uniquement

Fuite des capitaux induite par la dette

Emprunt étranger induit par la fuite des capitaux.

Source : Ndikumana et Boyce (2013)

Dans le premier cas, la causalité va de la dette extérieure à la fuite des capitaux. Dans un premier temps, l'augmentation de la dette extérieure provoquerait un effet d'éviction des capitaux privés (Kindleberger, 1987). Dans un deuxième temps, c'est la dette extérieure qui financerait directement la fuite des capitaux via certains mécanismes illicites (Ndikumana et Boyce, 2003 ; 2013 ; Ndiaye, 2004).

1.1.1. Fuite des capitaux induite par la dette extérieure

Dans ce cas, l'emprunt étranger conduit uniquement à la fuite des capitaux, mais ne fournit pas les capitaux (Ndikumana et Boyce, 2013). L'explication provient de l'impact anticipé de la dette. En effet, l'entrée d'argent emprunté provoque à court terme, une appréciation de la monnaie nationale. Par contre, sur le long terme, à mesure que le stock de la dette s'accumule, la perspective que le transfert net devienne négatif augmente elle aussi, induisant in fine une dépréciation de la monnaie nationale.

En plaçant ses capitaux sur des comptes offshores17(*) en monnaie forte tandis que la valeur de la monnaie locale est artificiellement gonflée, l'auteur de la fuite des capitaux se prémunit contre le risque de change. Il pourrait également engranger un bénéfice en cas de dévaluation de la monnaie.

Ce point de vue est appuyé par Conesa (1987) pour qui les décaissements importants au titre de la dette extérieure dans un pays fournit une pression à la hausse sur sa monnaie ; ce qui motive les résidents à convertir leurs avoirs en dollar avant une dévaluation attendue.

De même, l'endettement croissant peut éveiller parmi les individus fortunés la crainte qu'une augmentation d'impôts ou d'autres réglementations ne dévalorisent les actifs détenus dans le pays, ce qui les incite à placer une partie de leur argent à l'étranger (Ajayi, 1995). Par exemple, une dette publique excessive serait de nature à créer chez les investisseurs des anticipations d'une hausse explicite ou implicite de la fiscalité comme moyen pour permettre à l'Etat de payer le service de la dette. De telles anticipations aboutissent à une baisse du rendement espéré du capital après taxe, se traduisant par un découragement de l'initiative d'investir et peuvent être à l'origine de fuite de capitaux privés.

Les capitaux quittent donc un pays en réponse à des circonstances économiques qui en découlent directement attribuables à la dette extérieure.

1.1.2. Fuite des capitaux alimentée par la dette extérieure18(*)

Ici, c'est par exemple le cas lorsque les emprunts contractés par les Gouvernements africains auprès des créanciers étrangers financeraient l'accumulation d'avoirs privés via certains mécanismes illicites : détournement de fonds, dessous-de-table lors de la passation des marchés publics, gonflement des prix d'achat, etc.). Ceux qui en bénéficient placent ensuite tout ou une partie de ces fonds en lieu sûr à l'étranger (Ndikumana et Boyce, 2013).

Des auteurs comme Henry(1986), Cuddington (1987) et Duwendag (1989) appuient ce point de vue. Ils font remarquer que la dette extérieure peut directement causer la fuite des capitaux en fournissant aux dirigeants corrompus les ressources nécessaires à effectuer cette fuite.

Parallèlement, la littérature suggère que l'emprunt étranger peut être induit et alimenté par la fuite des capitaux. Dans le premier cas, la fuite des capitaux crée un besoin de fonds de remplacement, ce qui incite l'Etat à s'endetter (Ajayi, 1992). Dans le second cas, les détenteurs d'actifs privés commenceraient par déplacer les fonds vers une banque étrangère, avant de réemprunter l'argent auprès des cette même banque (Ndikumana et Boyce, 2011).

1.1.3. Emprunt étranger induit par la fuite des capitaux

Une perspective différente de l'association entre la dette extérieure et la fuite des capitaux relève que c'est la fuite des capitaux qui conduit à l'emprunt étranger. L'idée mis en exergue dans ce cas est que la fuite des capitaux génère une demande de fonds de remplacement, lesquels fonds sont empruntés auprès de prêteurs étrangers.

En effet, à la suite du capital qui a quitté le pays, un écart doit-être comblé dans l'économie nationale. Il apparaît donc une demande pour le remplacement des ressources perdues à la fois par le gouvernement et le secteur privé qui vont à la rencontre des créanciers extérieurs pour des prêts. Boyce(1992) note que les créanciers étrangers peuvent être disposés à combler le vide créé par la fuite des capitaux s'ils perçoivent un avantage comparatif (avantage entre le risque et le rendement).

Ainsi, du côté de l'emprunteur, puisque l'assiette de l'impôt est érodée par la fuite des capitaux, les autorités africaines ont recours aux prêts étrangers pour financer les dépenses. Du côté des créanciers, la disposition à combler le vide créé par la fuite des capitaux se fait en arbitrant entre le rendement et le risque.

1.1.4. Emprunt étranger alimenté par la fuite des capitaux

L'emprunt étranger alimente la fuite des capitaux lorsque que ceux qui détiennent les actifs privés commencent par déplacer leurs fonds sur un compte en banque offshore, avant de réemprunter l'argent dans cette même banque (Ndikumana et Boyce, 2011). Cette manoeuvre que Naylor (1987) nomme prêt « aller-retour » (« round-tripping ») ou prêt « face-à-face » (« back-to-back loan ») a été utilisée pour la première fois par Meyer Lansky, trésorier du syndicat du crime aux Etats-Unis dans les années 1930. Ce dernier s'en servait pour blanchir de l'argent en Suisse, le but étant de dissimuler l'origine des fonds afin de ne pas éveiller les soupçons des autorités publiques. Les clients de Landsky en tiraient eux aussi un bénéfice marginal et les intérêts versés sur ces pseudo-prêts étaient non-imposables (Naylor, 1987).

Néanmoins, dans les pays africains en général, les prêts étrangers accordés à des emprunteurs privés (avec garanties publiques) sont relativement rares, si bien que ce phénomène serait moins répandu que dans les pays d'Asie et d'Amérique Latine.

Une différence fondamentale existe entre les effets directs et indirects de l'emprunt étranger sur la fuite des capitaux. Cette différence réside dans le moment où ces effets se matérialisent (Ndikumana et Boyce, 2013). En effet, si au cours d'une année donnée, un pays augmente son stock de dette, en empruntant moins que l'année précédente, alors la fuite des capitaux alimentée par la dette diminuera. Par contre, la fuite des capitaux induite par la dette s'intensifiera, puisque le stock de dette aura augmenté.

En résumé, la littérature admet que la dette extérieure peut directement être associée à la fuite des capitaux de quatre manières différentes. Cependant, des liens indirects entre les deux ont également été mis en exergue. Ces liens indirects tiennent compte des conditions économiques locales et du climat des affaires. Nous les présentons dans la sous-section qui suit.

1.2. Liens indirects entre la dette extérieure et la fuite des capitaux

Un autre aspect de la relation entre la dette extérieure et la fuite des capitaux suggère des liens indirects entre les deux concepts. La Banque Morgan Guaranty Trust Company (1986) soutient que certains facteurs indirects comme un faible taux de croissance du PIB, des taux de change surévalués et la pression fiscale dans les économies en développement non seulement causent la fuite des capitaux mais aussi engendrent une demande de crédit étrangère.

Par exemple, la croissance du PIB réel domestique est normalement perçue comme un baromètre de l'économie. Il peut aussi être vu comme un indicateur favorable du climat des affaires et de l'investissement domestique. A cet effet, un PIB domestique élevé ou des taux de croissance positifs du PIB peuvent contribuer à la réduction du stock de fuite des capitaux et inversement.

Un scénario alternatif du lien est que l'accroissement de la dette extérieure peut contribuer à détériorer des conditions économiques locales qui se traduisent en une plus grande fuite des capitaux (Ajayi, 1995). C'est le cas où par exemple, la mauvaise gestion macroéconomique crée un environnement risqué et incertain, et la fuite des capitaux est une réponse à de telles conditions.

De même, les erreurs de politique, la recherche de l'intérêt personnel, la faiblesse des institutions nationales dans les économies en développement occasionnent la fuite des capitaux et suscitent plus d'endettement extérieur comme le souligne Beja (2006). Lorsque les structures et mécanismes de contrôles administratifs et de réglementation prudentielle sont faibles, fragiles ou manquants, l'argent emprunté à l'étranger peut finir par être empoché par l'élite nationale ou affecté dans des projets de développement improductifs qui ne génèrent pas des devises pour financer le service de la dette extérieure. Un tel raisonnement suggère une corrélation positive entre la dette extérieure et la fuite des capitaux, qui est très souvent relevée dans la littérature.

Outre ces approches théoriques, la littérature économique fait également état d'évidences empiriques sur la relation entre la dette extérieure et la fuite des capitaux. La section qui suit est consacrée à la revue de ces évidences empiriques.

2. Revue de la littérature empirique sur la relation entre la dette extérieure et la fuite des capitaux

La relation entre la dette extérieure et la fuite des capitaux a fait l'objet de plusieurs travaux ces dernières décennies. Bien que rares sont celles qui portent spécifiquement sur le cas du Cameroun, cette relation a été analysée aussi bien dans des études portant sur un seul pays que dans celles portant sur des échantillons de plusieurs pays.

2.1. Résultats obtenus sur des pays pris individuellement

L'une des études pionnières dans ce sens est celle de Boyce (1992), qui utilise des données en séries temporelles, pour montrer les liens entre la dette extérieure et la fuite des capitaux dans le cas des Philippines durant la période 1962 à 1986. Tout d'abord, cet auteur estime que la fuite des capitaux dans ce pays s'élève à 13 milliards de dollars (en dollars de 1986), ce qui représente les deux tiers de la dette extérieure totale du pays. Ensuite, les résultats statistiques lui révèlent que la dette extérieure et la fuite des capitaux s'engendrent mutuellement: chaque dollar de dette extérieure supplémentaire sur une année donnée est associé à 54 centimes de fuite des capitaux sur cette même année. Enfin, Boyce(1992) conclut qu'une simple « porte tournante » sépare la dette et la fuite des capitaux aux Philippines car une fraction substantielle des fonds empruntés ressort rapidement du pays.

Ndikumana et Boyce(1998) dans leur étude sur les emprunts extérieurs et la fuite des capitaux au Zaïre durant la période 1968-1990 trouvent des résultats similaires. Ils estiment à 12 milliards de dollars le montant des capitaux enfuis sur cette période. Leur constat est que ce montant équivaut presqu'au total de la dette extérieure dont a hérité le gouvernement qui a succédé à Mobutu. En effet, durant les 32 ans de règne de Mobutu (1965-1997), le pays a accumulé une dette publique extérieure de 14 milliards de dollars. Dans le même temps, la Banque mondiale19(*)(1992) rapporte que le revenu par habitant du Zaïre a diminué de 2,2% de 1965 à 1990. En outre, Les Nations Unies20(*)(1994) estiment que dans les années 1980, 70 % de la population du pays vivait dans la pauvreté absolue.

Nyoni (2000) dans son étude sur la dette extérieure et la fuite des capitaux en Tanzanie sur la période de 1971-1993 ne trouvent pas de relation entre les deux. Dans son modèle, seules les falsifications aux transactions commerciales, la contrebande21(*) et la corruption sont significatives et constituent des mécanismes importants de la fuite des capitaux. Ainsi, il suggère que pour réduire la fuite des capitaux, renforcer la qualité des institutions s'avère primordial.

Les résultats obtenus dans l'étude de Chipalkatti et Rishi(2001) dans le cas de l'Inde durant la période 1971-1997 valident l'hypothèse de la relation bidirectionnelle entre la dette extérieure et la fuite des capitaux tant soutenue par Ajayi (1995). Ces auteurs ont conclu que le cas de l'Inde est caractérisé par le Financial Revolving Door Model où la dette extérieure et la fuite des capitaux s'engendrent mutuellement pour la provision de flux extérieurs de capitaux.

Par ailleurs, Les résultats obtenus dans l'étude de Demir(2004) dans le cas de l'économie Turque durant la période 1974-2000 valident l'hypothèse de causalité bidirectionnelle entre la dette extérieure et la fuite des capitaux. Il conclut que chaque dollar entré en Turquie sous forme de prêts sur la période a servi à financer 43 centimes de dollar d'actifs privés turques à l'étranger.

Toutefois, des études portant sur des échantillons de plusieurs pays ont également analysé la relation entre la dette extérieure et la fuite des capitaux.

2.2. Résultats de quelques études portant sur plusieurs pays

Tout d'abord, la Banque de France (1987) dans son étude sur les sorties de capitaux en provenance de 31 PED, y compris tous les pays de la zone Franc sur la période 1973 à 1987 constate que l'endettement extérieur est source de fuite de capitaux dans plusieurs de ces pays. Les résultats statistiques révèlent que les sorties de capitaux, provenant de la ZFA, s'élèvent à 8,6 milliards de dollars; ce qui représente 28% de la dette extérieure de cette zone.

Ajayi(1997), en analysant la relation entre la dette extérieure et de la fuite des capitaux de 25 pays d'ASS à bas revenus et lourdement endettés22(*) sur la période 1980 à 1993, ne trouve pas de relation entre la dette extérieure et la fuite des capitaux. En effet, les résultats auxquels il parvient ne fournissent aucune preuve statistique de dette extérieure ayant conduit à la fuite des capitaux ou de fuite des capitaux découlant de l'emprunt étranger. Ajayi(1997) fait remarquer que même si ces économies ont connu des périodes de fuites massives de capitaux, ces fuites ne sont pas dues à la dette extérieure.

Boyce et Ndikumana(2001) analysent la relation entre les emprunts extérieurs et la fuite des capitaux de 25 pays d'ASS à faible revenus23(*) sur la période 1970-1996. Ils constatent que la fuite des capitaux de ces pays s'élevait à 193 milliards de dollars (et à 285 milliards en incluant le produits des intérêts). En comparant ces chiffres à 178 milliards de dettes extérieures contractés par ces mêmes pays, ils concluent que l'Afrique est un « créancier net vis-à-vis du reste » du monde car les avoirs extérieurs nets dépassent largement la dette extérieure.

Beja(2006) examine la relation entre la dette extérieure et la fuite des capitaux pour quatre pays24(*) de l'Asie du Sud-Est durant la période 1970-2002. En utilisant ce qu'il appelle le Financial Revolving Door Model, l'auteur valide l'hypothèse de causalité bidirectionnelle entre la dette extérieure et la fuite des capitaux. Ses résultats montrent qu'au moins 52 centimes de dollar de la dette extérieure se retrouvent sous forme de fuite de capitaux chaque année et que chaque dollar de fuite de capitaux induit environ 68 centimes d'emprunt étranger la même année.

En outre, Beja(2007) analyse de nouveau cette relation sur la période 1970-2002, en réduisant cette fois son analyse à l'Indonésie et la Malaisie. Ils trouvent des résultats similaires mais constate qu'environ 55 centimes de chaque dollar emprunté finance la fuite des capitaux dans ces deux pays.

Ndikumana et Boyce (2013)25(*) dans leur étude sur l'endettement extérieur et la fuite des capitaux de 33 pays africains sur la période 1970 à 2008 montrent que les pays d'Afrique Sub-Saharienne (ASS) subissent le phénomène de « porte financière tournante », notamment la causalité bidirectionnelle entre la dette extérieure et la fuite des capitaux. Leurs résultats révèlent que pour chaque dollar prêté à un de ces pays d'ASS, environ 60 centimes en ressortent sous forme de fuite de capitaux la même année. De plus, ils montrent que chaque augmentation d'un dollar du stock de la dette extérieure est associée à 2 à 4 centimes de fuite de capitaux supplémentaires sur les années ultérieures.

Conclusion du chapitre

En définitive, à la lumière de la précédente revue de la littérature, nous pouvons retenir que les auteurs distinguent clairement quatre façons d'associer directement la dette extérieure et la fuite des capitaux : La fuite des capitaux peut découler de la dette extérieure; la dette extérieure peut accélérer la fuite des capitaux; l'emprunt à l'extérieur peut être poussé par la fuite des capitaux; enfin, la fuite des capitaux peut accélérer la dette. D'autres auteurs mettent en relation ces deux concepts à travers l'environnement des affaires et les conditions économiques locales. Au-delà de ces analyses théoriques, les études empiriques montrent que l'augmentation de la dette extérieure peut entrainer la fuite des capitaux et inversement. Bien que certaines travaux (Ajayi, 1997 ; Nyoni, 2000) n'aient trouvé aucun lien entre la dette extérieure et la fuite des capitaux, la plupart des études (Boyce, 1992 ; Beja, 2006 ; Chipalkatti et Rishi, 2001) confirme l'hypothèse de « porte financière tournante » selon laquelle la dette extérieure et la fuite des capitaux s'engendrent réciproquement.

Le caractère mitigé de ces résultats nous amène à explorer la relation entre la dette extérieure et la fuite des capitaux dans le cas particulier du Cameroun. Cela pourrait contribuer à enrichir la littérature sur le sujet étant donné la rareté des études spécifiques à ce pays. Pour analyser cette relation, une méthodologie appropriée est requise. Mais avant, il importe d'observer l'évolution de la dette extérieure et de la fuite des capitaux au Cameroun.

CHAPITRE 2 :

EVOLUTION GLOBALE DE LA DETTE EXTERIEURE ET DE LA FUITE DES CAPITAUX AU CAMEROUN

Comme de nombreux pays en développement en général et en Afrique Sub-Saharienne en particulier, le Cameroun compte sur les entrées de devises pour financer son développement. L'une des principales sources de devises au Cameroun est l'emprunt étranger. C'est depuis 1970 que le Cameroun commence véritablement à s'endetter auprès des institutions financières internationales26(*).

Entre 1970 et 2010, la trajectoire de la courbe de la dette extérieure du Cameroun apparaît erratique. Elle est marquée par une forte croissance entre 1980 et 1997, suivie d'une contraction importante depuis 2000 suite aux mécanismes multilatéraux et bilatéraux d'allègement. De même, les capitaux sortis sur cette période ont connu une tendance similaire, bien que depuis 2002, elle connait une tendance à la baisse probablement avec les mesures mises en place contre la fuite des capitaux.

Ce chapitre a pour objet de présenter l'évolution globale de la dette extérieure et de la fuite des capitaux au Cameroun sur la période 1970 à 2010. Structuré en deux sections : la première offre une présentation de l'évolution globale de la dette extérieure au Cameroun. Nous suivrons tout d'abord l'évolution du stock de la dette et du service de la dette et nous présenterons ensuite l'évolution de deux ratios d'endettement afin d'apprécier la charge de la dette pour le pays. La deuxième section est consacrée, dans un premier temps à l'évolution de la fuite des capitaux en valeur et en pourcentage de la dette extérieure. Dans un second temps, une synthèse des mesures mises sur pied contre la fuite des capitaux au Cameroun et sur le plan international est présentée.

1. EVOLUTION GLOBALE DE LA DETTE EXTERIEURE AU CAMEROUN

Dans cette section, nous présenterons successivement l'évolution du stock de la dette extérieure, du service de la dette extérieure ainsi que deux ratios d'endettement.

1.1. Evolution du stock de la dette extérieure du Cameroun :

L'évolution globale de la dette extérieure du Cameroun est marquée par une alternance de fortes hausses et baisses en fonction des dates marquantes de son évolution. Nous avons reporté ces dates en annexes (Tableau 2.1). Le graphique qui suit présente l'évolution du stock de la dette extérieure du pays.

Graphique 2.1 : Evolution du stock de la dette extérieure du Cameroun

Source : conçu par l'auteur à partir des données du WDI (2012).

En se focalisant sur la dette extérieure du Cameroun, le constat qui se dégage est qu'elle a historiquement connu une progression constante notamment avec plusieurs chocs d'endettement (Chauvin, 2012). Le premier choc découle d'une politique d'investissement active inhérente à la mise en exploitation des ressources pétrolières découvertes en 1977. Cependant, Jusqu'au début des années 80, le Cameroun pratique une politique d'endettement extérieur modérée (Fambon, 2002).

Le deuxième choc apparait en 1985 et c'est à partir de cette date que l'accroissement de l'endettement extérieur du pays devient considérable. Cet accroissement est dû à la conjonction et la succession de plusieurs facteurs tels que la politique budgétaire expansionniste27(*) mise en oeuvre depuis la fin des années 1970, la détérioration des termes de l'échange28(*), la baisse des recettes d'exportations29(*), l'accumulation d'arriérés externes30(*); ce qui contraint le Cameroun à faire davantage recours aux sources de financements extérieurs. De ce fait, au début des années 1990, la dette extérieure du Cameroun essentiellement publique est supérieure à 50% du PIB (Chauvin, 2012).

La période de 1986-199431(*) met en exergue l'enjeu que représente le secteur pétrolier pour la dynamique de la dette extérieure.  En effet, l'augmentation du cours du baril a permis au prix de pallier la baisse des volumes qui a atteint son maximum en 1985, la dette reste stable. Or dès 1989 à la suite de la baisse des prix, nous observons une rapide augmentation du ratio dette extérieure/PIB (plus de 70 points de pourcentage entre 1986 et 1994).

Le stock de la dette extérieure continue de s'accroitre fortement entre 1993 et 1998 et le choc le plus marquant apparaît en 1994 avec la dévaluation du franc CFA par rapport au franc français. En effet, la dévaluation a réévalué les dettes extérieures car la quasi-totalité des prêts est libellée en devises. Suite à cette dévaluation, la dette extérieure du Cameroun dépassait 100% du PIB. En plus de la dévaluation de 1994, les effets conjugués des nouveaux engagements32(*) de l'Etat et les retards de paiement envers certains créanciers, notamment les pays non participants au Club de Paris33(*) et ceux du Club de Londres34(*) expliquent aussi l'accroissement du stock de la dette extérieure du Cameroun à partir de 1993 (Fambon, 2002).

En décembre 2000, le Cameroun bénéficie de la réduction de sa dette extérieure au titre de l'Initiative Renforcée en faveur des PPTE35(*). Ceci est suivi d'un passage au Club de Paris et d'un rééchelonnement/annulation de sa dette bilatérale aux conditions de Cologne par décision des Conseils d'administration du FMI et de la Banque mondiale. Ainsi, suite aux annulations de dette obtenues dans le cadre de l'initiative IADM/PPTE, l'endettement extérieur du Cameroun s'est fortement réduit ; il se situe à 13,51% du PIB en 201036(*).

En plus de l'IADM/PPTE, la baisse du niveau d'endettement s'explique par les mesures mises en place entre la France et le Cameroun à travers le programme D (Contrat de Désendettement et de Développement). En effet, le D constitue pour le Cameroun le plus important programme d'annulation et de reconversion de sa dette extérieure. Au travers de ce mécanisme, la France a décidé d'un effort bilatéral additionnel à l'initiative multilatérale d'allègement de la dette des PPTE. En pratique, le pays continue d'honorer sa dette mais, aussitôt le remboursement constaté, la France reverse la somme correspondante sous forme de dons pour qu'elle soit affectée à des programmes de lutte contre la pauvreté sélectionnés d'un commun accord avec le Cameroun37(*).

Les montants mobilisés sont considérables  avec 566 Milliards de F CFA mobilisés38(*), soit 863,6 millions d'euros pour la période 2006-2016. Le premier D a été signé le 22 juin 2006 pour cinq années avec un montant de 352 milliards de F CFA, soit 537,6 millions d'euros. Contribuant à la réalisation des OMD, ces financements ont été concentrés sur cinq secteurs prioritaires : éducation de base, santé, agriculture et développement rural, environnement et infrastructures urbaines et routières. S'inscrivant dans la continuité du premier contrat, le second D a été signé le 1er juillet 2011 pour un montant de 214 milliards de F CFA, soit 326 millions d'euros. Couvrant la période 2011-2016, il privilégie les secteurs de l'agriculture et du développement rural, du développement urbain et de la formation professionnelle. A côté de cette évolution du stock de la dette extérieure, le service de cette dette a également connu une tendance similaire.

1.2. Evolution du service de la dette extérieure :

Par définition, le service de la dette (ou remboursement) désigne le paiement des intérêts et l'amortissement du principal aux échéances convenues39(*). En effet, les prêts mobilisés donnent lieu à un remboursement et à une charge d'intérêt qui constitue la rémunération du capital prêté. Ce service de la dette dépend du recours à l'endettement du pays et partant, de sa politique de gestion de la dette extérieure.

Le tableau 2.1 contenu en annexes indique que le service effectif de la dette a considérablement cru sur la période étudiée. Le constat majeur est que le service effectif de la dette extérieure se révèle grandissant à mesure que la conjoncture économique se déprime. Il est passé de 45,7 en 1981 à 80.8 millions de F CFA en 198640(*), soit une augmentation d'environ 43,42%. Le service de cette dette n'a cessé de croître durant la période de crise au Cameroun (1986-1994), passant ainsi de 71,3 en 1987 à 153,7 milliards de F CFA en 1994, soit une augmentation de 53,6%.

Suite à la dévaluation de 1994, la charge de la dette continue d'augmenter considérablement se chiffrant à 255,4 milliards de FCFA en 1995. Le montant le plus élevé s'observe en 1997 soit 373,9 milliards de FCFA. Cet accroissement du service de la dette s'explique par l'exécution par le Cameroun, à partir de 1997, de la Facilité Ajustement Structurel Renforcé (FASR), soutenue par le FMI, la Banque mondiale, l'Union Européenne et la BAD (Fambon, 2002). Néanmoins, depuis 2000, le service de la dette extérieure n'a cessé de décroître. Il est passé de 203,6 à 96,7 milliards de F CFA en 2009.

Le Cameroun a été déclaré éligible à l'Initiative des PPTE par décision des Conseils d'administration du FMI et de la Banque mondiale en date du 21 décembre 2000. Ceci en raison de sa dette jugée non soutenable et au regard de ses performances économiques satisfaisantes durant les trois années de la FASR (1997-2000) appuyée par le FMI et la Banque mondiale (Fambon, 2002). Ainsi, dans le cadre de cette initiative, le Cameroun a bénéficié de la remise du service de sa dette extérieure d'un montant de 1,3 milliard de dollars, suivi d'un rééchelonnement de sa dette bilatérale au Club de Paris aux conditions fixées à Cologne.41(*)

Les développements précédents nous permettent de dégager les grandes tendances de l'évolution de la dette extérieure du Cameroun sur la période d'étude. Nous présentons par la suite l'évolution de quelques ratios d'endettement afin d'apprécier la charge de la dette du pays.

1.3 EVOLUTION DES RATIOS D'ENDETTEMENT

Pour apprécier la charge de la dette d'un pays, on utilise généralement un certain nombre de ratios. Ici, deux ratios seront présentés : Le premier est le ratio service de la dette42(*)/recettes d'exportations et le second est le ratio service de la dette extérieure/budget.

1.3.1. Ratio service de la dette/recettes d'exportations

Ce ratio permet de déterminer l'importance des recettes d'exportations nécessaires pour assurer le remboursement tant du principal que des intérêts. Son principal avantage est qu'il constitue un indice de rigidité de la balance des paiements d'un pays en courte période. Plus ce ratio est élevé, plus l'ajustement est nécessaire pour compenser l'évolution défavorable. Le graphique suivant présente son évolution au Cameroun sur la période d'étude. Le ratio service de la dette extérieure/recettes d'exportations est passé de 21,5% en 1982 à 30,2% en 198543(*). Ensuite de 30,7 % en 1987, avant de retomber à 24,56% en 1993. Ensuite, il passe de 24,79% en 1999 à 19,13% en 2005 avant de chuter à 3,4% en 2010.

Graphique 2.2 : Service de la dette en % des recettes d'exportations 

Source : Conçu par l'auteur à partir des données du WDI(2012).

Toutefois, étant donné qu'il s'agit simplement d'un ratio de liquidité, sa valeur à elle seule ne permet pas d'apprécier le poids de la charge de la dette pour le pays emprunteur. Ainsi, il devient utile de lui adjoindre un autre ratio.

1.3.2.  Ratio service de la dette extérieure/Recettes budgétaires

Le graphique suivant présente l'évolution du ratio service de la dette extérieure/Recettes Budgétaires.

Graphique 2.3 : Evolution du ratio service de la dette extérieure/ Recettes budgétaires

Source : conçu par l'auteur à partir des données de la CAA(2015).

Le ratio service de la dette extérieure/recettes publiques mesure la capacité du gouvernement à financer le service de la dette au moyen de ses ressources propres. Ce ratio a connu une évolution similaire au ratio précédent compte tenu de la relation qui existe entre les recettes de l'Etat et le paiement du service de la dette. Ce ratio, qui traduit le poids du paiement du service de la dette sur les recettes propres de l'Etat, passe de 4,7%44(*) en 1982/83 à 14,77% en 1991/92 comme l'illustre le graphique ci-dessus. IL a connu une forte augmentation en 1993/94 (40,08%), traduisant ainsi une charge de plus en plus lourde de la dette extérieure sur le budget de l'Etat. Par la suite, il se situe à 44,11% en 1997/98. Depuis, 2000, ce ratio est en constante baisse et se situe à 5,01% en 2009/10.

En résumé, nous notons que la dette extérieure a connu une tendance erratique au cours de la période d'étude. Cependant, cette évolution s'est accompagnée de sorties massives de capitaux notamment marquée par plusieurs pics. La section qui suit a but de présenter l'évolution de la fuite des capitaux au Cameroun.

2. LA FUITE DES CAPITAUX AU CAMEROUN : ANALYSE EN VALEUR ET EN POURCENTAGE DE LA DETTE EXTERIEURE

Le Cameroun est classé parmi les pays de la Zone Franc qui enregistrent les plus importants volumes de fuite des capitaux. En effet, les résultats de Boyce et Ndikumana (2012) sur la période 1970-2010 révèlent que trois pays de la Zone Franc sont dans le top dix des pays d'Afrique Sub-Saharienne enregistrant les fuites des capitaux les plus élevées: 3ème place pour la Côte d'Ivoire (56 milliards de dollars soit 244,4% du PIB de 2010) ; 7ème place pour le Gabon (25,5 milliards de dollars soit 192,9% du PIB de 2010); 10ème rang pour le Cameroun (20 milliards de dollars soit 89% du PIB de 2010).

L'objectif de cette partie est de présenter l'évolution de la fuite des capitaux au Cameroun en valeur et en pourcentage de la dette extérieure. Cette partie est complétée par une brève présentation des mesures mises sur pied contre la fuite des capitaux au Cameroun et sur le plan international.

2.1. La fuite des capitaux au Cameroun : analyse en valeur

Les valeurs de la fuite des capitaux réelle du Cameroun sont tirées des travaux de Boyce et Ndikumana (2012) que nous avons reportées en annexes (Tableau 2.2). En termes du montant de la fuite des capitaux au cours de l'intégralité de cette période, le Cameroun a enregistré un montant d'environ 20 millions de dollars. Le graphique suivant présente son évolution sur la période d'étude.

Graphique 2.4: Evolution de la fuite des capitaux du Cameroun

Source : Boyce et Ndikumana (2012) et construction de l'auteur.

En observant le graphique précédent, le constat qui se dégage est que l'évolution de la fuite des capitaux du Cameroun sur la période 1970 à 2010 se caractérise par une alternance des périodes de fortes hausses et de baisses. Enregistrant des fuites négatives au début des années 1970, le premier pic apparait en 197745(*) (avec une valeur de 1359,7 millions de dollars). Cette année correspond à la date de découverte et au début de l'exploitation pétrolière au Cameroun. Le deuxième pic s'observe en 1984 (avec un montant de 2253,9 millions de dollars) marqué par une tentative de coup d'Etat au Cameroun.

Durant les deux années qui suivent, on observe également des valeurs élevées de la fuite des capitaux au Cameroun. Ces deux années (1985-86) correspondent à la fin de la période faste et à l'entrée du pays en crise. Crise dont le pays ne s'est toujours pas totalement remise jusqu'aujourd'hui en dépit de la reprise économique en 1994.

Cette reprise s'est accompagnée d'une importante fuite des capitaux, soit 3350 et 2585,7 millions de dollars entre 1994 et 1995. Toutefois, le pic le plus élevé s'observe en 2001 avec une valeur de 6088,6. En analysant les différentes composantes de la fuite des capitaux, on constate que ce pic est dû à la dette. En effet, L'année 2000 correspond au Cameroun à l'atteinte du point de décision de l'IPPTE46(*) qui a permis au gouvernement camerounais d'obtenir des ressources financières importantes. Le pays a obtenu auprès du FMI une Facilité pour la Croissance et la Réduction de la Pauvreté d'un montant de 144 millions de dollars, destinés au financement de son programme économique et financier pour la période du 1er octobre 2000 au 30 septembre 2003 et de la remise du service de la dette extérieure d'un montant de 1,3 milliard de dollars.

Depuis 2002, on note un essoufflement de la fuite des capitaux au Cameroun. Cet essoufflement pourrait s'expliquer par les initiatives de lutte contre la corruption et le détournement de fonds publics mises en oeuvre dans le pays. En effet, plusieurs études ont montré que la corruption et les détournements de fonds publics constituent des facteurs importants de la fuite des capitaux (Ajayi, 1992 ; Awung, 1996 ; Bendoma, 2012).

En résumé, l'observation du graphique précédent fait apparaitre des tendances variées de la fuite des capitaux au Cameroun avec plusieurs pics. Si on peut noter que la fuite des capitaux apparait véritablement dans le pays en 1977 coïncidant avec le début de l'exploitation pétrolière, le pic le plus élevé apparait en 2001, date à laquelle le pays bénéficie d'importantes ressources financières dues à la dette. Ce qui semble confirmer le point de vue de Chipalkatti et Rishi (2001) pour qui, la fuite des capitaux est quantitativement importante lorsque le niveau de l'endettement est élevé dans le pays. L'observation des tendances de la fuite des capitaux en pourcentage de la dette extérieure se révèle aussi nécessaire.

2.2. Evolution de la fuite des capitaux en pourcentage de la dette extérieure

Le graphique suivant présente l'évolution de la fuite des capitaux en pourcentage de la dette extérieure au Cameroun sur la période d'étude. Graphique 2.5 : Evolution de la fuite des capitaux en pourcentage de la dette extérieure

Source : Boyce et Ndikumana (2012), WDI(2012) et construction de l'auteur

L'observation du graphique précédent permet de faire certains constats. Comme précédemment, on observe une alternance des périodes de fortes hausses et de baisses. Tout d'abord en 1973, le ratio fuite des capitaux/dette extérieure vaut 275%47(*), ce qui suggère que les entrées de capitaux sont très largement supérieures à la fuite de capitaux à cette date. Ensuite, en 1977, ce ratio vaut 122%, ce qui montre que les capitaux sorties cette année-là ont largement été supérieures à la dette extérieure. Par la suite, ce ratio décroit progressivement et passe de 71% en 1978 à 20% en 1980. Il augmente en 1984 à 78% et chute en 1994 à 36%. Depuis 1994, le ratio fuite des capitaux/dette extérieure est constamment en baisse et atteint une valeur de 0% en 2000. En revanche, il remonte à 62% en 2001. Depuis 2002, ce ratio est négatif (-7%) et vaut -23% en 2010, ce qui montre que la dette extérieure est supérieure aux sorties des capitaux du Cameroun.

Les développements précédents nous ont permis de constater un essoufflement de la fuite des capitaux dans le pays depuis 2002. Cet essoufflement pourrait être dû aux différentes initiatives contre la fuite des capitaux. L'identification de ces différentes mesures ne saurait être exclue de notre étude.

2.3. Les mesures de lutte contre la fuite des capitaux

Au Cameroun comme sur le plan international, de nombreuses mesures ont été prises contre les sorties (normales ou anormales) de capitaux. Au plan national, elles prennent la forme de mesures contre la corruption et le détournement de fonds publics. Au plan international, les mesures prises par des institutions telles que le FMI, le GAFI ou le comité de Bâle tiennent compte du caractère licite ou illicite des flux sortants de capitaux.

Nous présentons d'un premier abord les mesures de lutte contre la fuite des capitaux au Cameroun, pour s'attarder ensuite sur ces mesures sur le plan international.

2.3.1. Sur le plan national

Les mesures de lutte contre la fuite des capitaux au Cameroun prennent les couleurs d'une lutte contre la corruption et les détournements de fonds publics. La CONAC, au cours de la période 1998 à 2004, estiment à 1845 milliards de francs CFA (soit 2,8 milliards d'euros) le montant des fonds détournés au Cameroun par des dirigeants politiques corrompus. Un tel montant confirme que le Cameroun fait face à des sorties massives de capitaux issus de détournements de fonds publics.

Ainsi donc, nombreuses sont les initiatives prises dans ce sens. Tout d'abord, l'opération judiciaire connu sous le nom de ``l'opération épervier'' mise sur pied sous la pression des bailleurs de fonds. Elle consiste en l'analyse des fortunes amassées par certains dirigeants politiques pour en déterminer l'origine frauduleuse ou pas. Ensuite, La création en 2006 de la CONAC, dont la mission est de suivre et d'évaluer la mise en oeuvre effective du plan gouvernemental de lutte contre la corruption. Elle permet aussi d'assurer le contrôle physique de l'exécution des projets et évalue les passations de marchés publics. Enfin, le document de Stratégies Nationales de Lutte contre la Corruption (SNLCC) validé en 2011 dresse le plan d'actions à réaliser dans le cadre de la lutte contre la corruption par secteur et par pilier d'intégrité.

De telles initiatives font preuve de la volonté des autorités publiques à mobiliser les efforts contre la fuite massive des capitaux au Cameroun. Des mesures similaires ont été prises sur le plan international prenant en compte le caractère licite ou illicite des sorties de capitaux.

2.3.2. Sur le plan international

Nombreuses sont les institutions qui, sur le plan international, agissent sur différents plans afin de maintenir l'intégrité du système financier. Des institutions comme le FMI, le GAFI, le Comité de Bâle sous l'égide de la Banque des règlements internationaux, contribuent de façon directe ou indirecte à la lutte contre la fuite des capitaux.

Leurs stratégies dépendent du caractère licite ou illicite de cette fuite.

Ø Mesures de lutte contre les fuites licites des capitaux

Les fuites licites de capitaux sont des sorties de capitaux non-répressives par la loi en matière de flux de capitaux. Elles regroupent des sorties de capitaux dues à des facteurs tels qu'une incertitude, le besoin de diversification du portefeuille ainsi que les activités des banques commerciales nationales qui visent à étendre leurs avoirs à l'étranger, etc. Elles s'observent en général lors des crises financières ou économiques, ou encore suite à des problèmes d'instabilité politique.

Dans ce cadre, les mesures prônées par des institutions internationales telles que le FMI consistent le plus souvent en des séries de réformes structurelles des institutions politiques, économiques et financières. Ce fut le cas de plusieurs pays de la zone Franc dans les années 80, qui face à la crise de la dette qui sévissait dans leurs économies, ont dû souscrire aux Plans d'Ajustement Structurel (PAS) soumis à eux par le FMI, pour pouvoir être éligible à un rééchelonnement de leur dette. Ces PAS prévoyaient entre autre des réformes dans les systèmes financiers et monétaires des pays de la zone franc en vue de le libéraliser et de permettre l'émergence d'un marché financier, capable d'attirer les capitaux pour pallier aux besoins de financement.

Ø Mesures de lutte contre les fuites illicites des capitaux

L'article VII des statuts du FMI interdit l'exécution de contrats de change contraire à la réglementation des changes d'un autre Etat membre, en vue, précisément, de créer un obstacle à la fuite illicite des capitaux. Pour passer inaperçus, ces sorties illicites de capitaux se font à travers le mécanisme de blanchiment d'argent. D'après Cutajar(2012) , le blanchiment est ce processus qui permet de faire disparaître l'origine illicite du produit de trafics interdits en les réinjectant dans les circuits économiques légaux pour leur donner l'apparence de capitaux légitimes. Il est souvent utilisé pour camoufler le produit de la corruption et rendu difficile à identifier par le secret bancaire.

Plusieurs initiatives peuvent être recensées :

o La recommandation du Conseil de l'Europe du 27 juin 1980.

Cette recommandation a été adoptée par le Comité des ministres du Conseil de l'Europe en proposant aux États de mettre en place dans leur droit interne quatre obligations à la charge des établissements financiers : la vérification de l'identité des clients à laquelle la recommandation consacrait une place essentielle en prévoyant qu'elle devait être effectuée lors de l'ouverture d'un compte ou de la constitution d'un dépôt, lors de la location d'un coffre et au moment de l'exécution au comptant d'opérations portant sur des sommes élevées ; la limitation de la location des coffres forts à des personnes physiques ou morales avec lesquelles la banque se trouve en relation d'affaires ou qu'elle considère comme dignes de confiance ; la constitution de réserves de billets dont la numérotation peut être signalée aux autorités en cas d'utilisation à des fins criminelles ; une formation adéquate du personnel bancaire de guichet, pour les contrôles d'identité et le dépistage des comportements suspects.

o Le GAFI

Créé en 1989 lors du sommet du G7 à Paris, Le Groupe d'Action Financière est un organisme intergouvernemental dont l'objectif est de concevoir et de promouvoir des stratégies de lutte contre le blanchiment de capitaux. Il regroupe 32 pays et deux organisations internationales, dont la Commission européenne. L'action menée par cet organisme quant à la lutte contre le blanchiment d'argent se trouve consignée dans son plan d'action constitué par 40 recommandations. Les 20 premières concernent les Banques et Etablissements financiers qui devront identifier tous leurs clients et conserver les documents appropriés et déclarer les transactions suspectes.

Les révisions faites en 2003 intègrent l'évolution des techniques du blanchiment. Parmi les principaux changements, on peut noter l'extension des mesures anti-blanchiments aux entreprises et professions non financières telles que les casinos, les agents immobiliers, les négociants en pierres ou métaux précieux.

o La convention des Nations Unies contre la corruption du 31 octobre 2003.

Ouverte à la signature depuis décembre 2003, la Convention des Nations Unies contre la corruption, lutte contre le pillage des biens publics des pays en développement. En effet, la résolution 55/188 du 20 décembre 2000 de la convention, permet de prévenir et de lutter contre les pratiques corrompues et le transfert illégal de fonds ainsi que le rapatriement de ces fonds vers les pays d'origine. Pour prévenir le blanchiment du produit de la corruption, la Convention prévoit que les Etats adoptent des procédures d'examen des transactions suspectes, d'analyse des informations financières et d'échange d'informations, d'examen des opérations inhabituelles. La question du recouvrement des avoirs étant essentielle, le chapitre V de la résolution prévoit que les sommes ou les biens confisqués provenant de la corruption issus de détournements de fonds publics notamment soient restitués à l'Etat qui a été spolié.

Dans la zone CEMAC, la lutte contre la fuite des capitaux prend surtout la forme de lutte contre le blanchiment d'argent issu d'activités répressibles par la loi tel que le détournement de deniers publics, la corruption, le trafic de drogues, stupéfiants et autres.

Le séminaire de sensibilisation sur la lutte contre le blanchiment des capitaux dans les pays de la CEMAC, tenu à Yaoundé en novembre 2000, comptait parmi les toutes premières actions de lutte contre le blanchiment d'argent de la CEMAC. Il y avait été relevé que l'organisation de la lutte contre le blanchiment des capitaux dans la sous-région devrait s'articuler autour, d'une part, de la création d'un groupe intergouvernemental d'action et d'unités spécialisées de renseignement financier, et, d'autre part, de l'élaboration d'un texte communautaire. Ceci permettrait de combler le vide législatif existant en matière de prévention et de répression du blanchiment de capitaux. C'est ainsi qu'à la Conférence des chefs d'Etat de la CEMAC tenue vers la fin de l'année 2000 a été adoptée une déclaration de principe sur la lutte contre le blanchiment, et le Groupe d'Action contre le Blanchiment d'Argent en Afrique Centrale (GABAC) a été créé.

Toujours dans l'optique de la répression et de la prévention du blanchiment d'argent, la BEAC a entrepris de combler le vide juridique constaté en mettant en chantier un texte normatif sous la forme d'un règlement CEMAC. C'est ainsi qu'un avant-projet de règlement CEMAC qui regroupe en un seul texte, la lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme a été élaboré et examiné du 28 au 30 Octobre 2002 au siège de la BEAC à Yaoundé. Il convient de noter que ces entrevues ont aussi porté sur les questions de traitement des renseignements financiers et la détection du blanchiment.

Les réflexions sur la manière dont devait être menée cette lutte au niveau communautaire ont conduit au règlement N°01/03 CEMAC/UMAC portant prévention et répression du blanchiment des capitaux et du terrorisme en Afrique Centrale qui voit finalement le jour le 28 mars 2003. En son article 25, ce règlement porte création de l'Agence Nationale d'Investigation Financière (ANIF) dans chaque Etat membre de la CEMAC. Conformément à l'alinéa 1 de cet article, l'ANIF est chargé de recevoir, de traiter et le cas échéant de transmettre aux autorités judiciaires compétentes les déclarations auxquelles sont tenues les organismes financiers et personnes assujettis à ce règlement. En d'autres termes, lorsqu'un organisme financier ou tout autre organisme compétent détecte un flux d'argent de provenance douteuse celui-ci est tenu conformément aux articles de le déclarer à l'ANIF, qui mène l'investigation et saisit les autorités judiciaires en cas de nécessité.

CONCLUSION DU CHAPITRE

Ce chapitre nous a présenté l'évolution globale de la dette extérieure et de la fuite des capitaux au Cameroun. Les mesures mises sur pied contre la fuite des capitaux au Cameroun et sur le plan international ont également été mises en exergue. A priori, nous notons d'une part que la fuite des capitaux apparaît au Cameroun en 1977, date de découverte et début de l'exploitation pétrolière dans le pays. D'autre part, le pic le plus élevé de la fuite des capitaux apparaît dans les années 2000 lorsque le pays reçoit d'importants fonds liés à la dette extérieure ; ce qui semble à priori suggérer un lien entre la fuite des capitaux et la dette extérieure. La nécessité de faire une analyse statistique profonde s'impose afin d'analyser la relation entre la dette extérieure et la fuite des capitaux au Cameroun. Le chapitre suivant est consacré à la présentation des modèles, des variables, des données et de la méthodologie qui sera utilisée dans le cadre de notre analyse empirique.

CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE

L'objectif de cette première partie était de présenter la revue de la littérature inhérente à la relation entre la dette extérieure et la fuite des capitaux ainsi que leur évolution globale au Cameroun. Pour atteindre cet objectif, cette partie a été structurée en deux chapitres :

Le premier chapitre a été consacré à la revue de la littérature aussi bien théorique qu'empirique. L'analyse théorique de la relation entre la dette extérieure et la fuite des capitaux montre que la dette extérieure peut entrainer la fuite des capitaux et inversement. Les auteurs (Boyce, 1992 ; Beja 2006 ; Ndikumana et Boyce, 2013) distinguent clairement quatre façons d'associer la dette extérieure et la fuite des capitaux. Cette association fait intervenir l'environnement macroéconomique, le climat des affaires ainsi que l'environnement institutionnel.

La revue de la littérature empirique nous permet de constater que de nombreuses études se sont consacrées à l'analyse de cette relation. Que ce soit pour des pays pris individuellement que pour des échantillons de plusieurs pays, la plupart des études arrivent à la conclusion selon laquelle la dette extérieure et la fuite des capitaux s'engendrent mutuellement d'où le phénomène de « porte financière tournante » que l'on retrouve dans la littérature.

Le deuxième chapitre, consacré à l'analyse de l'évolution globale de la dette extérieure et de la fuite des capitaux au Cameroun, montre d'une part que la fuite des capitaux représente une manne considérable que ce soit en valeur ou en pourcentage du PIB dans le pays, et, d'autre part, que la dette extérieure semble avoir un lien avec la fuite des capitaux en particulier en 2001 lorsque le pays reçoit d'importants fonds liés à la dette extérieure.

Même si dans la plupart des cas, il est admis que la dette extérieure et la fuite des capitaux s'engendrent mutuellement, seules des statistiques approfondies peuvent nous permettre d'avoir une idée assez précise de la situation au Cameroun.

DEUXIEME PARTIE :

DETTE EXTERIEURE ET FUITE DES CAPITAUX AU CAMEROUN : ANALYSE EMPIRIQUE

INTRODUCTION DE LA DEUXIEME PARTIE

Dans cette partie de notre travail, nous nous intéressons essentiellement à l'analyse empirique liée d'une part à l'effet de la dette extérieure sur la fuite des capitaux, et, d'autre part, à l'effet de la fuite des capitaux sur la dette extérieure.

Au chapitre trois, nous proposons une analyse rigoureuse de la relation entre la dette extérieure et la fuite des capitaux au Cameroun en adoptant l'approche autorégressive à décalage temporel de cointégration. Cette approche est plus adaptée lorsque les variables présentent des ordres d'intégration différents. Elle permet également de déceler à la fois les relations de court terme et de long terme entre les variables retenues pour l'étude.

Au quatrième chapitre, nous vérifions d'abord qu'aucune des variables n'est intégrée d'un ordre supérieur à 2 car les valeurs tabulées de Pesaran et al. (2001) sont calculées en tenant compte que toutes les variables sont I(0) et I(1). Ensuite, nous vérifions qu'il existe une relation de long terme entre les variables de chaque modèle retenu. Suivant Pesaran et al.(2001), nous estimons les coefficients de court terme et de long terme pour le(s) modèle(s) dont l'hypothèse nulle d'absence de relation de long terme est rejetée. Enfin, nous mettons en oeuvre un ensemble de tests afin de vérifier la stabilité des coefficients estimés pour le court terme et pour le long terme.

Au total, c'est l'occasion d'analyser la relation qui existe entre la dette extérieure et la fuite des capitaux au Cameroun.

CHAPITRE 3 : APPROCHE METHODOLOGIQUE

Dans la littérature économique, les chercheurs ont procédé de diverses manières pour analyser la relation entre la dette extérieure et la fuite des capitaux afin de confirmer ou d'infirmer les idées soutenues dans les débats théoriques. A cet effet, la démarche méthodologique n'a pas toujours été la même, car évoluant avec l'avancée des techniques économétriques.

L'objet de ce chapitre est de présenter la méthodologie de l'étude. Il s'agit dans un premier temps de spécifier le modèle tout en présentant les variables (endogènes et exogènes) qui le constituent, le type de données utilisées ainsi que leurs sources. Dans un deuxième temps, nous présentons la procédure d'estimation du modèle.

1. Spécification du modèle :

La relation entre la dette extérieure et la fuite des capitaux a conduit à de dissemblables recherches sur la formulation précise des équations appropriées pour la vérification des hypothèses. Différentes méthodologies ont été utilisées. Pour notre étude, nous nous inspirons du modèle spécifié par Chipalkatti et Rishi (2001) qui examine la relation entre la dette extérieure et la fuite des capitaux dans l'économie indienne sur la période 1971-97. Ainsi, nous optons pour un modèle à équations simultanées.

1.1. Présentation de la forme fonctionnelle du modèle :

Vu nos hypothèses formulées en introduction, nous retenons dans notre travail, la formulation de notre modèle ayant trait aux hypothèses émises.

1.1.1. Le modèle théorique

Nous avons retenu le modèle théorique estimé dans l'article de Chipalkatti et Rishi (2001). Théoriquement, ce modèle se présente comme suit :

FCRt = a + âi?FCRt-i + âj?DETt-j + åa,t (1)

DETt = áb + âi?DETt-i + âj?FCRt-j + åb,t (2)

La variable FCR mesure la fuite des capitaux, DET correspond à la dette extérieure. áa et áb sont les constantes de nos modèles, et åa,t, åb,t, les termes d'erreurs. Selon l'hypothèse de « porte financière tournante », nous nous attendons à ce que la variable DET affecte significativement la FCR (Equation 1), et qu'en retour, la FCR affecte aussi significativement la dette extérieure (Equation 2). Cependant, compte tenu du caractère spécifique de l'économie Camerounaise, ce modèle théorique parait très simple pour notre étude. A cet effet, nous avons formulé un modèle empirique en apportant quelques modifications au modèle théorique de Chipalkatti et Rishi (2001).

1.1.2. Le modèle empirique

Nous estimons que le modèle de Chipalkatti et Rishi (2001) paraît trop simple pour étayer la spécificité de l'endettement extérieur et de la fuite des capitaux du Cameroun. Ceci nous conduit à un modèle beaucoup plus détaillé pour être en cohérence avec les hypothèses de l'étude. Nous avons donc introduit des variables telles que le taux de croissance du PIB, l'aide publique au développement, l'ouverture commerciale, la rente totale provenant de ressources naturelles, la rente pétrolière. Ces variables seraient très pertinentes dans la mesure où elle permettrait de prendre en compte les réalités politiques, économiques et financières du pays. Ce faisant, la forme fonctionnelle retenue est la suivante :

FCRt= a0 + a1?FCRt-i + a2?DETt-i + a3?TPIBt-i + a4?REPt-i + a5?OUVt-i + a6?APDt-i + Et (3)

DETt= a0 + a2?DETt-i + a1?FCRt-i + a3?TPIBt-i + a4?REPt-i + a5?OUVt-i + a6?APDt-i +ut (4)

Avec :

- FCR : la fuite des capitaux réelle

- DET : la dette extérieure

- TPIB : le taux de croissance du produit intérieur brut réel

- REP : la rente pétrolière

- OUV : ouverture commerciale

- APD : aide publique au développement

- E et u : les termes d'erreur ;

- t : indice temporel

- i : le décalage

1.2. Source des données, Explication des variables et justification des différents signes attendus

L'utilisation de l'outil économétrique dans les analyses économiques sur séries temporelles nécessite que l'on soit en présence d'un certain nombre de données statistiques reflétant le passé, et d'un certain nombre de variables retenues de préférence en fonction des caractéristiques de l'espace économique sur lequel on s'intéresse. Ici, nous présentons successivement les sources des données ainsi que la justification des variables et des signes attendus.

1.2.1. Source des données

Notre recherche porte sur le Cameroun sur la période 1970-2010. Les données des variables retenues proviennent de deux sources :

- Des résultats des travaux de Boyce et Ndikumana (2012) en ce qui concerne la variable fuite des capitaux réelle.

- De la base WDI (World Development Indicator) 2012 de la Banque Mondiale, en ce qui concerne les variables dette extérieure, taux de croissance du PIB, aide publique au développement, rente totale provenant des ressources naturelles, rente pétrolière et ouverture commerciale.

Afin d'analyser ces données, deux logiciels sont utilisés : la version 7 du logiciel EXCEL pour la constitution de notre base de données et la Version 9 du logiciel Eviews pour les estimations. Cette dernière version du logiciel Eviews présente un avantage essentiel pour notre modélisation; contrairement aux versions précédentes, c'est la seule version qui intègre directement l'estimateur ARDL48(*) ainsi que l'approche du « Bound Testing » (« test limite ») de Pesaran et al. (2001).

1.2.2. Explication des variables du modèle et signes attendus des coefficients des variables :

Ø La dette extérieure

C'est le ratio de la dette extérieure au PIB du pays à l'instant t. Boyce (1992), Chipalkatti et Rishi (2001) et Beja (2006) montrent tour à tour une relation causale et même bidirectionnelle entre la dette extérieure et la fuite des capitaux. En regardant dans la littérature sur la fuite des capitaux, on se rend compte que pratiquement toutes les études empiriques réalisées ont révélé que la fuite des capitaux est significativement aggravée par la dette publique extérieure. Selon l'hypothèse de « porte financière tournante », nous nous attendons à ce que la variable dette extérieure affecte de façon significativement positive la fuite des capitaux et inversement.

Ø La fuite des capitaux réelle

Dans la littérature économique, il existe différentes méthodes de mesures de la fuite des capitaux. Ces méthodes varient en fonction de la définition et de la conception attribuées à ce phénomène. C'est ainsi que nous pouvons classer avec Kant (1996) ces différentes méthodes de mesure en deux grands groupes : les méthodes directes et les méthodes indirectes.

· Les méthodes de mesures directes

Elles sont qualifiées de directes car ce sont des méthodes qui recensent à partir des catégories de la balance des paiements, les variables qui pourraient constituer directement la fuite de capitaux. Elles agrègent les données relatives aux variables recensées et déterminent alors le montant de capitaux enfuis. Ces méthodes identifient les montants de capitaux enfuis aux catégories de la balance des paiements qui correspondent aux flux externes de capitaux de court terme. Ce sont des capitaux très sensibles aux variations de conjoncture macroéconomique ainsi qu'aux crises qu'elles soient politiques ou économiques et sont donc considérés comme des capitaux qui peuvent retourner à l'économie domestique une fois la crise passée.

· La méthode ``argent chaud''

Des auteurs, à l'instar de Cuddington (1986, 1987), Ketkar et Ketkar (1989), Gibson et Tsakalotos (1993), ont utilisé cette méthode. Selon cette méthode, la fuite des capitaux est calculée en ajoutant les erreurs et omissions nettes aux flux extérieurs de capitaux privés non bancaires à court terme. La fuite des capitaux selon la méthode ``argent chaud'' (FCa), est donnée par la relation suivante :

FCait= FECCit+ EONit (5)

FECC désigne les flux extérieurs de capitaux à court terme.

· La méthode des avoirs

Des études, comme celles de la Banque d'Angleterre (1989), Hermes et Lensink (1992), Collier, Hoeffler et Pattillo (2001), considèrent le stock total des avoirs des résidents non bancaires détenus dans des banques étrangères comme une mesure de la fuite des capitaux.

Toutefois des critiques ont été faites aux méthodes de mesures directes. En effet, ces méthodes ne considèrent que les capitaux de court terme pourtant, les motivations pouvant amener un agent à détenir des actifs de long comme de court terme à l'étranger sont les mêmes, même si certains actifs sont plus liquides que d'autres. En ce qui concerne particulièrement la méthode de Cuddington, le fait d'ajouter la ligne omissions et erreurs nettes aux flux externes de capitaux, ne permet pas d'avoir une meilleure estimation, car celle-ci ne contient pas que les omissions de flux de capitaux, mais aussi des erreurs dues aux délais de registration, ainsi que des omissions d'importations.

· Les méthodes de mesures indirectes

Ce sont des méthodes qui définissent la fuite des capitaux comme le résidu de la différence entre plusieurs autres variables recensées pour la plupart à partir de la balance des paiements.

· La méthode résiduelle

Elle a été élaborée par la Banque Mondiale (1985) et par Erbe (1985). Selon cette méthode, la fuite des capitaux d'un pays i au cours d'une année t est égale à :

FCrit= ( ÄDETit+ INDEit) - (CCit+ÄRESit) (6)

FCr représente la fuite des capitaux calculée selon la méthode résiduelle. ÄDET est la variation du stock de la dette extérieure reportée dans les données de la Banque Mondiale ; INDE est l'investissement net direct étranger ; CC est le solde du compte courant et ÄRES est la variation des réserves de change.

L'on note aussi la présence dans la littérature de quelques variantes de cette méthode, notamment la méthode de Morgan Guaranty Trust Company (1986) qui se réfère à la méthode résiduelle mais en y ajoutant la variation des avoirs détenus à l'étranger par les Banques domestiques (ÄABD). Selon cette méthode la fuite des capitaux est égal à :

FCmit= (ÄDETit+ INDEit) - (CCit+ ÄRESit) ? ÄABDit (7)

Toutefois, cette méthode admet quelques limites soulevées par des auteurs tels que Boyce et Ndikumana (2001). Ces derniers affirment que la méthode résiduelle est instable car elle ne tient pas compte de l'effet des fluctuations du taux de change sur la valeur en dollar américain du stock de la dette de fin d'année. Une autre limite relevée à cette méthode, est qu'elle ne tient pas compte des falsifications de transactions commerciales, qui proviennent souvent de la surfacturation ou la sous-facturation respectivement des importations et des exportations ( Roy, 1994). Plusieurs études portant sur la mesure de la fuite des capitaux ont utilisé cette méthode comme base tout en y apportant des ajustements. Ces études prennent en compte dans leurs calculs l'effet sur le montant de la fuite des capitaux, des facteurs tels que les fluctuations du taux de change, les falsifications de transactions commerciales, le taux d'inflation, les transferts de fonds des migrants, les abandons de créances et les revenus d'intérêt.

Les variantes de cette méthode tiennent donc compte des ajustements à ces facteurs cités plus haut (Boyce et Ndikumana, 2001, 2002, 2012 ; Ndikumana et Boyce, 2013).

· La méthode de Dooley

Elle calcule la fuite des capitaux en faisant la différence entre les flux extérieurs totaux de capitaux et la variation du stock des avoirs extérieurs. Selon cette méthode, la fuite des capitaux d'un pays est égale à :

FETCit= EEit+ INDEit- CCit? ÄRESit- EONit- BMFMIit (8)

FETC est égal aux flux extérieurs totaux de capitaux ; EE est l'emprunt extérieur comme reporté dans les statistiques de la balance des paiements ; EON représente les erreurs et omissions nettes ; BMFMI indique la différence entre la variation de la dette extérieure reportée dans les statistiques de la Banque Mondiale et l'emprunt extérieur reporté dans les statistiques de la balance des paiements publiées par le FMI.

Le stock des avoirs extérieurs, correspondant aux gains d'intérêt, est égal à :

= (9)

Où AE désigne les avoirs extérieurs ; r est le taux d'intérêt sur les dépôts des Etats-Unis (supposé être un taux d'intérêt d'un marché international représentatif) ; GINT représente les gains d'intérêt. Ainsi, la fuite des capitaux, selon la méthode de Dooley (1986), est mesurée par :

FCdit= FETCit? ÄAEit (10)

D'après Hermes, Lensink et Murinde (2002a), la méthode de Dooley (1986) est conceptuellement fausse dans la mesure où la distinction entre flux sortants normaux et anormaux de capitaux est impossible sur le plan empirique.

· La méthode de la banque de France

Elle consiste à comparer le besoin de financement tel que relaté par la balance de paiement avec la variation de la dette extérieure relevée par la banque mondiale (1985), toutefois cette dernière valeur est corrigée des fluctuations du taux de change. La différence constitue alors la fuite des capitaux. Une limite de cette méthode relevée par Ameth Saloum Ndiaye réside dans le fait que cette méthode considère le seul emprunt extérieur comme source de capital pour le financement de l'économie.

Après avoir passé en revue toute ces méthodes ainsi que leurs limites, celle retenue pour notre analyse, est la méthode de la Banque Mondiale, car elle est celle qui a le plus été réajustée, par plusieurs auteurs aux fins de rapprocher le plus possible les résultats obtenus des montants réels de fuite de capitaux. Plus précisément, nous utiliserons la méthode de la Banque Mondiale corrigée des ajustements de Boyce et Ndikumana (2012). Ces ajustements sont :

Ajustement aux falsifications des transactions commerciales

En nous intéressant à l'étude menée par Boyce et Ndikumana et Ndikumana et Boyce, les falsifications des transactions commerciales se calculent en comparant les données sur les importations et exportations d'un pays à celles de ses partenaires commerciaux. Le montant total de ses falsifications est égale à :

t = + (11)

DEX est le différentiel d'exportation entre les pays de la ZF49(*) et les pays industrialisés ; DIM est le différentiel d'importation entre les pays de la ZF et les pays industrialisés ; PMEX est la part moyenne des pays industrialisés dans les exportations d'un pays de la ZF et PMIM est la part moyenne des pays industrialisés dans les importations d'un pays de la ZF.

Ajustements aux transferts de fonds des migrants

Plusieurs pays d'Afrique subsaharienne reçoivent d'importantes entrées de capitaux, provenant de transferts de fonds de leurs citoyens qui travaillent en Europe, aux États-Unis et dans d'autres pays industrialisés. D'après Ndikumana et Boyce(2013), ces flux sont souvent sous-estimés dans les statistiques officielles de la balance des paiements (BdP). Officiellement les envois de fonds sont enregistrés dans les statistiques de la balance des paiements principalement sous trois rubriques: « Les envois de fonds des travailleurs », « la rémunération des salariés », et « les transferts des migrants ».

En conséquence, le volume de transferts de fonds non-déclarés sera estimé en comparant les flux estimés des pays industrialisés avec les entrées totales enregistrées dans la balance de paiement officielle des pays africains. Partant sur le principe que, ces dernières doivent être plus grandes, car elles sont destinées à inclure les transferts de fonds du monde entier et pas seulement en provenance des pays industrialisés, si la différence s'avère positive, alors cela peut être considéré comme une preuve solide de sous-déclaration. Les transferts non enregistrés sont calculés de la manière suivante :

FCAit= FCit+ ETFit (12)

FCA est la fuite des capitaux ajustée, FC est le montant de fuite des capitaux, ETF représente l'écart estimé de transfert de fonds.

Ø Le taux de croissance du PIB

La croissance du PIB réel domestique est normalement perçue comme un baromètre à partir duquel on évalue la performance économique des pays et par lequel on mesure aussi le taux de rendement réel de l'économie (Mikkelsen, 1991); il peut aussi être vu comme un indicateur favorable du climat des affaires et de l'investissement domestique. A cet effet, un PIB domestique élevé ou des taux de croissance positifs du PIB peuvent contribuer à la réduction du stock de fuite des capitaux et inversement (Ajayi, 1992). C'est une relation qui est d'ailleurs appuyée par de nombreux travaux (Hermes et Lensink, 1992 ; Hermes et al., 2002; Beja, 2006; Makochekanwa, 2007; Boyrie, 2010) mais qui peut être remise en cause dans un contexte où la croissance économique repose pour l'essentiel sur l'exploitation des ressources naturelles, minières et/ou pétrolières (Cooper et Hardt, 2000). Le signe attendu du coefficient de cette variable est négatif et significatif.

Ø La rente totale provenant des ressources naturelles

C'est la rente provenant des ressources naturelles rapportée au PIB. La littérature (Boyce et Ndikumana, 2012; BAD et GFI, 2013) sur la fuite des capitaux en Afrique suggère qu'en général, les pays fortement dotés en ressources naturelles sont également ceux qui enregistrent les montants les plus élevés en termes de fuite des capitaux.

En outre, Kharat (2013) dans son étude réalisée sur un échantillon de 40 pays émergents, trouve que la rente pétrolière a un impact significatif et positif sur la fuite des capitaux. Ndiaye(2011) dans son étude sur un échantillon constitué des pays de la zone Franc, trouve que les exportations de pétrole ont un effet statistiquement significatif et positif sur la fuite des capitaux. Conformément aux résultats obtenus par ces auteurs, nous nous attendons à ce que le signe associé à cette variable soit significatif et positif.

Ø L'ouverture commerciale

C'est le degré d'ouverture commerciale qui peut être mesuré par plusieurs indicateurs mais le plus largement utilisé est le ratio des exportations et des importations au PIB. L'ouverture commerciale peut favoriser la fuite des capitaux dans la mesure où cela faciliterait la diversification du portefeuille des agents (Collier et al., 2001). Ainsi, le signe attendu est positif.

Ø L'aide publique au développement

C'est le ratio de l'aide publique au développement au PIB. Par définition, l'aide est un flux financier public géré dans le but principal de promouvoir le développement économique et le bien-être des pays en développement. Elle est de nature concessionnelle et comporte un élément don d'au moins 25%. Collier, Hoeffler et Patillo (2004) examinent les effets de l'aide publique au développement sur la fuite des capitaux. Leurs résultats suggèrent qu'à des niveaux élevés, l'aide tend à amplifier la fuite des capitaux. Ainsi, nous nous attendons à ce que le coefficient associé soit significatif et positif.

Tableau 3.1 : Récapitulatif des différents signes attendus des variables 

DESCRIPTION DES VARIABLES

Variables d'intérêt

Signe prévu

DET

Dette extérieure

(+)

FCR

Fuite des capitaux réelle

(+)

Variables de contrôle

TPIB

Taux de croissance du PIB

(-)

REP

Rente totale des ressources naturelles

(+)

RTO

Rente pétrolière

(+)

OUV

Degré d'ouverture commerciale

(+)

APD

Aide publique au développement

(+)

Source : Notre élaboration.

2. Procédure d'estimation du modèle :

Ici, nous présentons dans un premier temps la méthodologie des tests de racine unitaire. Dans un deuxième temps, nous présenterons l'approche du test limite de Pesaran et al. (2001) pour analyser la relation entre la dette extérieure et la fuite des capitaux à long terme comme à court terme.

2.1. Les tests de racine unitaire

Granger et Newbold (1974) soutiennent qu'on ne pourrait faire une régression sans s'assurer que toutes les variables sont stationnaires car cela pourrait conduire à une régression fallacieuse. Les tests de racine unitaire sont donc effectués pour déceler la présence ou non de racine unitaire dans une série permettant ainsi de conclure sur la stationnarité ou la non-stationnarité des séries étudiées. La série est alors stationnaire lorsqu'elle ne comporte pas de racine unitaire et ne l'est pas dans le cas contraire. Une série est dite stationnaire si ses moments d'ordre sont invariants dans le temps; elle ne doit donc posséder ni tendance, ni saisonnalité. Afin de déterminer l'ordre d'intégration des séries de notre étude, nous utiliserons le test de Dickey-Fuller Augmenté (ADF) et de Phillips et Perron (PP) car la détermination de l'ordre d'intégration des variables ne saurait être rigoureuse à partir d'un seul test (Keho, 2004).

2.1.1. Le test de Dickey-Fuller Augmenté (ADF)

Le test de racine unitaire de Dickey-Fuller Augmenté (ADF) est le plus usuel. Ce test prend en compte uniquement la présence d'autocorrélation dans les séries. L'hypothèse nulle est la présence de racine unitaire (série non-stationnaire). Pour réaliser ce test, on estime le modèle sous sa forme la plus générale suivante :

L'hypothèse nulle du test est H0 : -1=0 ; contre l'hypothèse alternative H1 :

Si l'hypothèse nulle n'est pas rejetée, alors la série comporte une racine unitaire et il faudra la différencier pour la rendre stationnaire. Pour tester cette hypothèse, on calcule la statistique de Dickey-Fuller à savoir : (14)

Les valeurs obtenues sont par la suite comparées aux valeurs « standards » fournies par la table de la loi normale centrée réduite.

2.1.2. Le test de Phillips-Perron

Le test de Philips-Perron permet de prendre en compte non seulement l'autocorrélation mais aussi l'hétéroscédasticité des erreurs. Ce test s'appuie sur les mêmes modèles que le test de Dickey-Fuller simple. Ce test propose une correction non-paramétrique de la statistique t estimée. Le test de de Philips-Perron s'effectue en quatre étapes :

-Une estimation par les moindres carrés ordinaires (MCO) des trois modèles du test de Dickey-Fuller et le calcul des résidus åt estimés

- La détermination de la variance de court terme

- Estimateur du facteur correctif qui est appelé variance de long terme

-Calcul de la statistique de Philips-Perron.

Phillips et Perron(1988) soutiennent que la correction non-paramétrique proposée de la valeur de tá estimée, n'apporte pas de modification à la distribution asymptotique de ladite statistique, qui est égale à celle observée dans le cas de Dickey-Fuller simple ; les valeurs critiques tabulées de DF restent alors valables pour le test de Phillips-Perron.

2.2. Présentation de la méthode économétrique

La présentation de la méthode économétrique ne saurait se faire sans justifier au préalable le choix de cette méthode.

2.2.1. Justification de la méthode économétrique

Il existe plusieurs techniques économétriques pour tester les relations de long terme entre les séries. Les plus utilisées sont la procédure en deux étapes d'Engle et Granger (1987), l'approche de Johansen (1988) et la méthode de Johansen et Juseluis (1990). La condition nécessaire de mise en oeuvre de ces méthodes est que les séries soient toutes intégrées d'ordre 1. Or, dans la plupart des séries macroéconomiques cette condition n'est pas vérifiée (Nelson et Plosser, 1982). Cette exigence suppose alors que l'étude de la stationnarité de ces séries soit effectuée. De plus, l'application des tests de stationnarité sur des échantillons de petite taille conduit à des résultats qui manquent de puissance. Face à cette insuffisance, la méthode ARDL de Pesaran et al. (2001) propose au contraire de ces modèles une nouvelle approche permettant d'obtenir de meilleures estimations. Elle est plus appropriée pour tester l'existence des relations de long terme et de court terme dans des échantillons de petite taille et, contrairement à l'approche de Johansen et Juselius (1990), elle permet de les tester entre des variables dont les ordres d'intégration sont différents (Acikgoz et Merter, 2010).

2.2.2. Le modèle Autorégressif à Décalage Temporel de Pesaran et al. (2001)

Un ARDL est une régression des moindres carrés contenant des retards des variables dépendantes et des variables explicatives. Ces modèles sont généralement notés ainsi : ARDL (p, q1,...qk), où p est le nombre de retards de la variable dépendante, q1 est le nombre de retards de la première variable explicative, et qk le nombre de retards de la kème variable explicative. Un modèle ARDL peut-être écrit ainsi:

p k qj

yt = á + ? ui yt-i + ? ?âj,i Xj,t-i + åt (15)

i=1 j=1 i=1

Certaines variables explicatives, Xj, peuvent avoir des termes non-décalés dans le modèle (qj=0). Ces variables sont appelées variables explicatives statiques ou fixes. Les variables explicatives avec au moins un terme décalé sont appelées variables explicatives dynamiques. Pour spécifier un modèle ARDL, nous devons déterminer le nombre de décalages de chacune des variables qui doivent être incluses (C'est-à-dire spécifier p et q1,...,qk). Puisqu' un modèle ARDL peut-être estimé par la méthode des moindres carrés, les critères d'information standards tels que celui d'Akaike, Schwarz et Hannan-Quinn peuvent-être utilisés pour la sélection du modèle. Alternativement, on pourrait utiliser le R2 ajusté des différentes régressions.

Pesaran et al. (2001) ont estimé le modèle ARDL conditionnel suivant les « bounds testing approaches ». Il s'agit d'une méthode plus générale que celle développée par Johansen. En effet, pour effectuer ce test, les variables du modèle n'ont plus l'obligation d'être intégrées du même ordre. On peut donc utiliser des séries qui sont intégrées d'ordre 0 ou 1. Ainsi, Pesaran et al. (2001) ont formulé un modèle à correction d'erreurs qui peut s'estimer en trois étapes suivantes :

Première étape : on estime la version bivariée d'un modèle à correction d'erreur (ECM)

Äyt = á0 + á1t + ??yt-1 + ?xt-1+ ?p-1?iÄyt-i + ?q-1?jÄxt-j + Et (16)

où ?? et ? sont les multiplicateurs de long terme, les paramètres ?i,i= 1,..., p-1 et ?i,j = 1,...,q-1 sont les coefficients dynamiques de court terme, p et q sont les ordres du modèle ARDL sous-jacent (p fait référence à yt et q fait référence à xt ), t représente le temps (variable déterministe) et Et est un bruit blanc non-autocorrélé avec Äxt et avec les valeurs retardées de xt et de yt . La procédure PSS (Pesaran-Shin-Smith) distingue entre cinq cas suivant la présence des composantes déterministes dans le modèle :

Cas 1 (sans constante et sans trend) : le modèle à correction d'erreur (ECM) devient :

Äyt = ??yt-1 + ?xt-1+ ?p-1?iÄyt-i + ?q-1?jÄxt-j + Et (17)

Cas 2 (avec une restreinte constante et sans trend): le modèle ECM devient:

Äyt = (yt-1- ?oy) + ?(xt-1- ?ox)+ ?p-1?iÄyt-i + ?q-1?jÄxt-j + Et (18)

Cas 3 (avec une constante et sans trend): le modèle ECM devient:

Äyt = á0 + ??yt-1 + ?xt-1+ ?p-1?iÄyt-i + ?q-1?jÄxt-j + Et (19)

Cas 4 (avec une constante et avec un restreint trend):

Äyt = á0+ (yt-1- á1yt) + ?(xt-1- á1xt)+ ?p-1?iÄyt-i + ?q-1?jÄxt-j + Et (20)

Cas 5 (avec une constante et avec un trend):

Äyt = á0 + á1t + ??yt-1 + ?xt-1+ ?p-1?iÄyt-i + ?q-1?jÄxt-j + Et (21)

Deuxième étape : on teste la nullité jointe des multiplicateurs de long terme ?? et ?  utilisant la statistique de Fisher associée au test de Wald dont on considère l'hypothèse nulle suivante:

Ho: = ? = 0 (non cointégration)

En effet, il s'agit d'un test de rapport de vraisemblance standard appliqué à l'hypothèse nulle. L'hypothèse nulle est rejetée pour les valeurs calculées élevées de la statistique de test. Cependant, la distribution asymptotique de ce test varie si les variables sous-jacentes sont I(0) ou I(1). En tout cas, ce n'est pas une distribution de Fisher standard et par suite la valeur calculée de cette statistique doit être comparée aux valeurs critiques fournies par PSS. On dispose de deux ensembles de valeurs critiques appropriées : un ensemble suppose que toutes les variables sont I(1) et un autre suppose qu'elles sont toutes I(0). Cela fournit une bande couvrant toutes les classifications possibles des variables entre I(1) et I(0) ou même fractionnement intégrées.

Troisième étape : les F-Statistiques calculées à la deuxième étape seront comparées aux bornes inférieures (Flower , Fl) et (Fupper, Fu) supérieures de la bande critique de la procédure PSS aux niveaux de confiance 90, 95 et 99 %. Trois cas se manifestent: Si F > Fu alors on rejette l'hypothèse nulle et on conclut qu'il existe une relation d'équilibre de long terme entre xt et yt, en indiquant la présence d'une relation de cointégration. Si F < Fl alors on ne peut pas rejeter l'hypothèse nulle, et dans une telle situation, une relation d'équilibre à long terme ne semble pas exister entre les variables en question. Finalement si Fl < F < Fu alors le test est non conclusif et l'ordre d'intégration des variables sous-jacentes doit être étudié plus profondément.

Ø Tests de Diagnostics et de tests de Stabilité

Afin d'évaluer la robustesse des modèles choisis, nous ferons un ensemble de tests. D'une part, des tests de diagnostic: le test du multiplicateur de Lagrange pour l'autocorrélation des résidus, le test de la forme fonctionnelle de Ramsey (RESET), le test de Jarque-Béra pour la normalité des résidus et le test de White pour l'homoscédasticité. D'autre part, nous ferons les tests du Cusum et du carré du Cusum pour la stabilité des coefficients de long terme et de court terme.

Conclusion du chapitre

Le présent chapitre consacré à l'aspect méthodologique de notre travail nous a permis de présenter la méthodologie ARDL de cointégration de Pesaran et al. (2001). Il nous a également permis de présenter le modèle empirique que nous estimerons par la suite pour le Cameroun, ainsi que les données utilisées. Le chapitre suivant est consacré à la présentation des différents résultats obtenus. Ces résultats nous permettront de formuler quelques recommandations de politiques économiques.

CHAPITRE 4 : RESULTATS ET RECOMMANDATIONS

Plusieurs études ont analysé la relation entre la dette extérieure et la fuite des capitaux dans les pays en développement. La méthodologie présentée au Chapitre précédent nous permettra ainsi d'apprécier ces faits au Cameroun où l'endettement extérieur a toujours occupé une place importante pour le financement de l'économie. Le présent chapitre consiste donc à présenter les résultats des analyses économétriques d'une part, et de faire une interprétation des résultats et de proposer des recommandations de politique économique qui en découlent d'autre part.

1. Présentation des résultats

Nous présentons dans cette section les résultats des tests de stationnarité ainsi que les résultats des tests de cointégration.

1.1. Etude de la stationnarité

L'approche autorégressive à décalage temporel50(*) (ARDL) de cointégration ne nécessite pas de pré-tests de racine unitaire des variables incluses dans le modèle contrairement à d'autres techniques de cointégration telle que l'approche de Johansen (Pesaran et al., 2001).

Cependant, comme l'a remarqué Ouattara (2004), si l'ordre d'intégration des variables est supérieur à un, par exemple une variable I(2), alors les valeurs critiques tabulées par Pesaran et al. (2001) ne sont plus valides car elles sont calculées sur la base que les variables sont I (0) ou I (1). En d'autres termes, il s'agit de s'assurer qu'aucune variable n'est intégrée d'ordre 2 (I(2)) pour respecter l'hypothèse sous-jacente de la méthodologie ARDL. Dans cet esprit, nous commençons l'analyse économétrique, en analysant l'ordre d'intégration des variables à l'aide des tests de racine unitaire de Dickey-Fuller augmenté (ADF) et de Phillips et Perron (PP).

Tableau IV.1 : Résultats des tests de racine unitaire ADF et PP :

Variables

En niveau

En différence première

Ordre d'intégration

Conclusion

 

ADF

PP

ADF

PP

 
 

DET

0,701

0,537

0,0002

0,0002

I(1)

Non-stationnaire

FC

0,0006

0,0005

...

...

I(0)

Stationnaire

TPIB

0,002

0,002

...

...

I(0)

Stationnaire

REP

0,230

0,207

0,00

0,00

I(1)

Non-stationnaire

RTO

0,1435

0,1349

0,00

0,00

I(1)

Non-stationnaire

OUV

0,1943

0,1943

0,00

0,00

I(1)

Non-stationnaire

APD

0,008

0,007

...

...

I(0)

Stationnaire

Source : Auteur à partir d'Eviews 9.

Le tableau précédent montre que les séries ne sont pas intégrées d'un même ordre. Pendant que certaines d'entre elles sont stationnaires en niveau (I(0)), d'autres par contre sont intégrées d'ordre 1 (I(1)). Aucune de ces variables n'est intégrée d'ordre 2. La méthode de cointégration que nous envisageons dans cette étude est donc l'approche ARDL.

1.2. Le test de cointégration

Nous pouvons maintenant mettre en oeuvre le test de cointégration développé par Pesaran et al. (2001) pour déterminer l'existence (ou non) d'une relation de long terme entre les variables des deux modèles retenues dans cette étude.

Selon l'approche ARDL, une relation de long terme entre les variables du modèle existe lorsqu'on rejette l'hypothèse nulle d'absence de relation de cointégration. Cette hypothèse est testée à travers un test de Fisher dont la valeur calculée de la statistique est comparée aux valeurs critiques simulées par Pesaran, Shin, et Smith (2001). Ces auteurs fournissent deux ensembles de valeur représentant respectivement des limites supérieures et des limites inférieures. L'hypothèse d'absence de cointégration est rejetée lorsque la valeur calculée de la statistique de Fisher est plus élevée que la limite supérieure. Elle n'est pas rejetée dans le cas où elle est plus faible que la limite inférieure, et il n'est pas possible de conclure au cas où elle est comprise entre les deux limites.

La méthode du critère d'information de Schwarz (SIC) a été préférée car il est plus parcimonieux que le critère d'information d'Akaike (AIC). Les résultats des tests de co-intégration sont rapportés dans le tableau 4.2 et les résultats empiriques de l'ARDL (1,1,1, 1, 0) sont présentés dans le tableau 4.3 et ils présentent les coefficients de court terme.

Tableau 4.2 : Statistiques des tests de Wald

 

Valeurs critiques

F Wald test

P-value of Wald test

Modèles

1%

5%

10%

 
 

I(0)

I(1)

I(0)

I(1)

I(0)

I(1)

FCR(DET,APD,TPIB,OUV,RTO) (1)

3,29

4,37

2,56

3,49

2,2

3,09

5,20

0,0030

DET(FCR,APD,TPIB,OUV,RTO) (2)

3,29

4,37

2,56

3,49

2,2

3,09

0,96

0,4211

Source : Auteur à partir d'Eviews 9.

Notes : Les valeurs critiques sont tirées de Pesaran et al. (2001).

Les résultats de la statistique de Fisher associée au test de Wald font ressortir deux constats. Dans un premier temps, nous notons l'existence d'une relation de long terme entre la fuite des capitaux, la dette extérieure, l'aide publique au développement le taux de croissance du PIB et l'ouverture commerciale. En effet, la statistique de Fisher associée au test de Wald (6,91) est supérieure à la borne supérieure de la valeur critique du test limite (3,49) telle que tabulée par Pesaran et al.(2001). En outre, la p-value associée est inférieure à 0,05. Ceci nous amène à valider l'existence d'une relation de long terme entre la fuite des capitaux, la dette extérieure, l'aide publique au développement, le taux de croissance du PIB et l'ouverture commerciale aux différents seuils retenus.

En revanche, en observant la ligne 2 du tableau 4.2, nous constatons que cette relation n'est pas réciproque car non-seulement la statistique de Fisher associée au test de Wald (0,88) est inférieure à 3,49, mais aussi la p-value associée au test de Wald (0,42) est supérieure à 5%. Ceci nous amène à rejeter l'existence d'une relation de long terme entre la dette extérieure, la fuite des capitaux, l'aide publique au développement, le taux de croissance du PIB et l'ouverture commerciale (Modèle 2). Nous pouvons donc dire qu'au Cameroun, la dette extérieure affecte la fuite des capitaux (Modèle 1) mais la fuite des capitaux à son tour n'affecte pas la dette extérieure (Modèle 2).

Après avoir détecté l'existence d'une seule relation de long terme entre la fuite des capitaux, la dette extérieure, l'aide publique au développement, le taux de croissance du PIB et l'ouverture commerciale, la deuxième étape de la méthode consiste à rechercher les coefficients estimés de court terme et de long terme du modèle pour lequel la relation d'équilibre de long terme est validée. Dans notre cas, il s'agit du modèle (1).

Présentation des élasticités de court terme et de long terme

Les résultats obtenus dans le cadre de notre travail sont résumés dans les tableaux qui suivent :

Tableau 4.3: Fuite des capitaux et dette extérieure : élasticités de court terme 

Variables coefficients t-statistic P>[t]

Dépendante : FC

FCt-1 -1,0436*** -4.975061 0.0001

DETt-1 0.563554** 2.540027 0.0205

APDt-1 3,335468* 2,008805 0,0543

OUVt-1 0,817153* 2,026693 0,0508

TPIB 0,448642 0,917756 0,3658

TCEt-1 -855285*** -6,065609 0,0000

R2 70,36%

Observations 38

Log Vraisemblance -95,74

F-Statistique 3,932146

Source : Auteur à partir d'Eviews 9. *** (**) [*] significativité à 1% (5%) [10%]

Tableau 4.4 : Fuite des capitaux et dette extérieure : élasticités de long terme

Variable dépendante : coefficients t-statistic P>[t]

Fuite des capitaux

FCt-1 -0,855805*** -5,831656 0.0000

DETt-1 0,165825* 1,863796 0,0729

OUV 0,947014* 2,276800 0,0543

REP 1,032355** 2,186511 0,0360

RTO 1,202877** 2,121847 0,0414

APD -1,232877 2,121847 0,0414

TPIB 0,448642 0,917756 0,3658

R2 70,36%

Observations 41

Log Vraisemblance -161,67

Source : Auteur à partir d'Eviews 9. *** (**) [*] significativité à 1% (5%) [10%]

Après estimation, nous constatons que :

- Le coefficient du terme d'erreur (TCE) qui représente la vitesse d'ajustement de la relation de court terme vers l'équilibre de long terme est bien négatif et significatif à 1%, ce qui confirme donc l'existence de la relation de long terme.

- Au niveau global, le modèle est significatif avec un coefficient de détermination R2 (0,7036) élevé. Ce coefficient montre que la qualité d'ajustement du modèle est assez bonne.

Cependant, certains tests de validation des hypothèses sont nécessaires pour vérifier non seulement la bonne spécification des modèles mais aussi la stabilité des coefficients. Dans le premier cas, il s'agit du test d'autocorrélation des erreurs, du test de normalité des résidus, du test de spécification, du test d'hétéroscédasticité. Dans le deuxième cas, il s'agit du test de stabilité des paramètres du CUSUM et du carré du CUSUM.

Ø Test de l'autocorrélation des résidus :

L'autocorrélation des résidus a été testée à l'aide du test du multiplicateur de Lagrange de Breusch-Godfrey pour l'autocorrélation des résidus d'ordre n. Sous l'hypothèse nulle, toutes les autocorrélations sont statistiquement nulles. L'acceptation de l'hypothèse nulle revient à prouver la non-autocorrélation des résidus. Cette décision est prise si la statistique de Breusch-Godfrey calculée est inférieure à la valeur critique (5,99). La même conclusion est prise si la probabilité critique de cette statistique est supérieure au seuil de significativité de 5%. La p-value associée à la statistique du test de Breusch-Godfrey est de 25,77%. On accepte donc l'hypothèse nulle de l'absence d'autocorrélation des erreurs.

Ø Test de normalité des résidus

Pour tester la normalité des résidus, le test J-B dit de JARQUE et BERA a été utilisé. Ce test suit une distribution de Chi-deux à deux degrés de liberté. Il formule l'hypothèse nulle de distribution normale des résidus et cette hypothèse n'est acceptée que si la statistique J-B est inférieure à la valeur critique = 5,99. Cette normalité des résidus est aussi conclue lorsque la probabilité critique est supérieure au seuil de 5%. Ainsi, la p-value associée à la statistique de J-B est de 17,94%. On conclut que les résidus sont normalement distribués. 

Ø Test de spécification

Pour vérifier s'il n'y a pas des variables omises dans le modèle et si la spécification est correcte, nous avons fait recours au test de Ramsey RESET. Ce test procède par régression successive en ajoutant des variables supplémentaires à la régression initiale. Sous l'hypothèse nulle, les coefficients estimés des régresseurs supplémentaires sont statistiquement nuls, il n'y a donc pas d'erreurs de spécification ou de variables pertinentes omises. L'hypothèse nulle est aussi retenue si la probabilité critique de la statistique F-RESET est supérieure au seuil de significativité (ici 5%). Pour notre estimation, la probabilité F-RESET est de 42,5%. Il n'y a donc pas de variables omises dans le modèle et par conséquent la spécification du modèle est bonne.

Ø Test d'hétéroscédasticité

L'identification de l'hétéroscédasticité peut être faite à l'aide de plusieurs tests, par exemple le test de Breusch-Pagan, le test de Goldfeld, le test de Gleisjer et le test de White. Dans notre étude, nous utilisons le test de Breusch-Pagan pour tester l'hétéroscédasticité. Les critères de décision sont les suivants :


· H0 : homoscédasticité

· H1 : hétéroscédasticité

Si la probabilité associée au test est inférieure à 5%, on rejette l'hypothèse d'homoscédasticité (H0). En revanche, si la probabilité est supérieure à 5%, l'hypothèse nulle est vérifiée et nous pouvons supposer l'homoscédasticité des résidus. Dans notre cas, la p-value (32,08%) est supérieure à 5%. Nous ne rejetons donc pas l'hypothèse nulle d'homoscédasticité.

Tableau 4.5 :  Récapitulatif des Tests de Diagnostic

Intitulé

p-value

Test de Normalité de Jacque-béra

0,179424

Test d'autocorrélation de Breush Godfrey

0,2577

Test d'hétéroscédasticité de Breusch-Pagan

0,3208

Test de RESET

0,425

Source : Auteur à partir d'Eviews 9

· Test de stabilité des coefficients

Afin de mener à bien notre étude, il est important de tester si les relations de court terme et de long terme précédemment trouvées sont stables sur toute la période de l'étude. Pour ce faire, nous devons tester la stabilité des paramètres du modèle. La méthode que nous utilisons ici est basée sur la somme cumulée (CUSUM) et la somme cumulée carrées (CUSUMSQ) proposée par Brown et al. (1975). Contrairement au test Chow qui exige que les points de rupture soient spécifiés, les tests CUSUM peuvent être utilisés même lorsque les points de rupture ne sont pas connus. Le test de CUSUM utilise la somme cumulée des résidus récursifs sur la base des n premières observations et il est mis à jour de manière récursive. Le test de CUSUM carré utilise le carré des résidus récursifs et suit la même procédure.

Si les parcelles du CUSUM et du carré du CUSUM restent dans les limites critiques du niveau de significativité de 5%, l'hypothèse nulle selon laquelle tous les coefficients sont stables ne peut être rejetée. Cependant, si la courbe coupe le corridor, l'hypothèse nulle de la stabilité des paramètres est rejetée. Les graphiques 4.1 et 4.2 présentent les résultats des tests du CUSUM et du CUSUMSQ. L'observation de ces graphiques permet de constater que les courbes du CUSUM et du CUSUMSQ qui représentent la variable testée sont contenues dans la zone de significativité. Il y'a donc stabilité de la relation sur le long terme et le court terme.

Graphique 4.1 : Test de CUSUM

Source : Auteur à partir d'Eviews 9

Graphique 4.2 : Test de CUSUM carré

Source : Construit par l'auteur à partir d'Eviews 9

Les tests de diagnostic et de stabilité effectués, nous pouvons passer à l'interprétation des résultats obtenus de l'étude et formuler les recommandations de politique économique qui en découlent.

2. INTERPRETATIONS DES RESULTATS ET RECOMMANDATIONS DE POLITIQUES ECONOMIQUES

Il est nécessaire d'interpréter les différents résultats que nous avons obtenus afin de déboucher sur des recommandations de politiques économiques pertinentes. Par soucis de précision dans ces interprétations, nous nous intéressons tant sur l'aspect économétrique que sur l'aspect économique pour l'analyse de la dynamique de court terme et de l'équilibre de long terme.

2.1. Interprétations des résultats

Nous interprétons ainsi les élasticités de court terme et de long terme :

· Fuite des capitaux et Dette extérieure

Les résultats issus des estimations nous permettent de faire plusieurs constats : premièrement, nous constatons que le niveau de la fuite des capitaux de la période précédente a un effet significatif et négatif sur la fuite des capitaux courante. Ensuite, la dette extérieure à un effet significatif et positif sur la fuite des capitaux à court terme. En effet, à court terme, tout accroissement de la dette extérieure d'un dollar conduit à un accroissement de la fuite des capitaux de 54 centimes de dollar.51(*)

Néanmoins, à long terme, cet effet positif et significatif de la dette extérieure sur la fuite des capitaux diminue progressivement ; la hausse d'un dollar de dette extérieure entraine une augmentation de 19 centimes de dollar52(*) de la fuite des capitaux sur le long terme.

En revanche, la fuite des capitaux n'affecte pas la dette extérieure dans le court terme comme dans le long terme (Tableau 4.1). Ainsi, le phénomène de « porte financière tournante » (« Financial Revolving door ») où la dette extérieure et la fuite des capitaux s'engendrent de façon réciproque n'est pas vérifié pour le cas du Cameroun sur la période de 1970 à 2010. La relation est unidirectionnelle dans la mesure où c'est l'accroissement de la dette extérieure qui conduit à l'augmentation de la fuite des capitaux.

Sur le plan empirique, ce résultat parait similaire à celui de Ndikumana et Boyce(2011) dans le cas des pays d'Afrique subsaharienne. Ils soutiennent que pour chaque dollar d'emprunt étranger, en moyenne plus de 50 centimes quittent le pays emprunteur la même année. De même, ce résultat confirme celui de Gankou, Bendoma et Sow (2014) qui soutiennent que le phénomène de « porte financière tournante » n'est pas vérifié pour le cas du Cameroun.

En outre, pour ce qui est de l'équation de la fuite des capitaux, à part la dette extérieure, trois autres variables se sont révélées significatives :

· L'aide publique au développement :

Le coefficient associé à cette variable est significatif et positif. L'observation du tableau 4.2 montre que sur le court terme, une augmentation de 10 points de pourcentage de l'Aide publique au développement par rapport au PIB provoque une hausse de 3,33 points de pourcentage de la fuite des capitaux.

Sur le plan empirique, ces résultats semblent confirmer les travaux de Collier et al.(2004) qui montrent que dans les pays en développement, c'est à des niveaux considérables que l'aide publique au développement affecte la fuite des capitaux.

· La rente provenant des ressources naturelles :

La rente provenant des ressources naturelles affecte également la fuite des capitaux sur le long terme. En effet, le coefficient qui est associé à cette variable est significatif et positif à long terme. Le tableau 4.2 montre qu'une hausse de la rente provenant des ressources naturelles de 5 points de pourcentage du PIB engendre une augmentation de 1,2 point de pourcentage de la fuite des capitaux sur le long terme.

En particulier, l'augmentation de la fuite des capitaux provoquée par ces ressources naturelles émanerait surtout de la rente issue du pétrole. Le tableau 4.2 montre qu'une hausse de la rente pétrolière de 5 points de pourcentage du PIB engendre un accroissement de la fuite des capitaux de 1,03 point de pourcentage. Ce résultat est conforme à celui de la BAD53(*) et du GFI54(*) (2013) qui mettent en évidence l'importance du pétrole comme un déterminant important du phénomène de fuite des capitaux en Afrique.

· L'ouverture commerciale :

Le coefficient associé à cette variable est aussi bien pertinent pour le court terme que pour le long terme. Ceci pourrait se justifier par le fait que l'ouverture commerciale favorise une forte mobilité des capitaux en facilitant la diversification du portefeuille des agents (Collier et al., 2001).

L'interprétation de ces résultats nous permet de proposer un ensemble de recommandations de politiques économiques.

2.2. Recommandations de politiques économiques

Les résultats de nos estimations nous permettent d'affirmer qu'au Cameroun, l'accroissement de la dette extérieure entraine une augmentation de la fuite des capitaux. Par ailleurs, la fuite des capitaux au Cameroun est également causée par l'aide publique au développement et la rente provenant des ressources naturelles, en particulier la rente pétrolière. Cet ensemble de constats nous conduit à proposer quelques recommandations de politiques économiques en vue de minimiser ce phénomène et assainir le climat économique du pays :

Promouvoir une politique de prêts responsables de la part des bailleurs de fonds et de plus de responsabilité dans la gestion de la dette de la part du Cameroun ; les financements extérieurs (Dette et Aide) accordés au Cameroun devraient être assortis d'un préalable de conditions et stratégies tant externes qu'internes en matières de gestion et contrôle.

Les mesures relatives à l'assainissement des finances publiques devraient se poursuivre avec un accent sur la qualité de l'endettement. Les emprunts non concessionnels, qui par nature sont accordés à des conditions moins avantageuses que celles du marché, devraient être exclusivement orientés vers les projets ayant une forte rentabilité financière et économique55(*).

Le gouvernement devrait envisager des réformes structurelles pour promouvoir une gestion transparente des ressources naturelles du pays, et principalement les ressources pétrolières et favoriser l'exploitation de ces ressources sur place afin d'accroître le niveau de production intérieure.

Prendre de nouvelles résolutions pour l'amélioration de l'environnement des affaires et l'assainissement de l'environnement macroéconomique au Cameroun. Dans le rapport Doing Business 2015, le Cameroun, en se classant 158ème/189 économies, figure parmi les pays les moins compétitifs de la planète selon la Banque Mondiale. Ainsi, le pays perd 10 places dans le classement par rapport à 2014 où il était 148ème dans la facilité à faire des affaires. En outre, le même rapport indique que le Cameroun perd 6 places en 2015 en matière de création d'entreprises passant de 127ème à 133ème.

L'amélioration du cadre des affaires s'avère donc impérieux pour réduire la fuite des capitaux au Cameroun. Pour cela, il faudrait favoriser la modernisation de l'appareil de production, l'amélioration de la productivité, de l'accès au financement et du climat des affaires, ainsi que la promotion de l'émergence des industries locales et la poursuite de la diversification de l'économie et de ses partenaires commerciaux. Ces réformes économiques pourraient davantage positivement influencer les incitations à investir au Cameroun.

In fine, il n'est plus besoin de relever que la lutte contre la corruption et l'amélioration de la gouvernance financière et économique seront indispensables pour une réduction de la fuite des capitaux au Cameroun.

Conclusion du chapitre

Dans ce chapitre, il a été question pour nous de présenter les résultats empiriques de nos modèles et leurs implications économiques. A cet égard, nous avons présenté successivement les résultats du test de stationnarité, les résultats du test de cointégration ainsi que les résultats de la dynamique de long terme et de court terme. Les résultats nous montrent que la dette extérieure a un effet positif et significatif sur la fuite des capitaux. A court terme, l'augmentation d'un dollar de la dette extérieure entraine une augmentation de 54 centimes de dollar de fuite des capitaux. A long terme, cet effet diminue et vaut 19 centimes de dollar. Cependant, la fuite des capitaux n'a aucune incidence significative sur la dette extérieure. Nous avons également constaté que l'aide publique au développement, l'ouverture commerciale et la rente pétrolière entrainent une augmentation de la fuite des capitaux. Suite à ces résultats, nous avons pu dégager quelques recommandations de politiques économiques en faveur d'une réduction de la fuite des capitaux et d'une amélioration du climat des affaires.

Conclusion de la deuxième partie

L'objectif de cette deuxième partie était d'examiner la relation entre la dette extérieure et la fuite des capitaux au Cameroun d'un point de vue empirique. Pour atteindre cet objectif, cette partie a été structurée en deux chapitres :

Le premier chapitre a présenté la méthodologique utilisée pour analyser la relation entre la dette extérieure et la fuite des capitaux au Cameroun. Cette méthodologie s'est appuyée sur l'approche ARDL de cointégation de Pesaran et al. (2001) du fait des nombreux avantages que cette approche présente, en particulier pour notre modélisation.

Le second chapitre a analysé la relation entre la dette extérieure et la fuite des capitaux au Cameroun. L'approche ARDL a permis la modélisation. Parmi les multiples résultats, on peut noter que la dette extérieure affecte la fuite des capitaux à court terme mais cet effet diminue progressivement au fils du temps. Aussi, la fuite des capitaux est influencée positivement par l'aide publique au développement, l'ouverture commerciale ainsi que la rente provenant des ressources naturelles, principalement la rente pétrolière.

Par contre, la fuite des capitaux n'a aucun effet significatif sur la dette extérieure. Ce résultat nous amène à conclure que l'hypothèse selon laquelle la dette extérieure et la fuite des capitaux s'engendrent mutuellement ne peut être validée pour le cas du Cameroun.

CONCLUSION GENERALE

Quelle est la relation entre la dette extérieure et la fuite des capitaux au Cameroun ? Telle était la question principale à laquelle cette étude devait apporter une réponse. Pour cela, la méthodologie a principalement consisté en l'utilisation des outils à la fois documentaires, statistiques et économétriques.

Une organisation équilibrée de notre travail nous a imposé une structure en deux parties. La première partie a consisté au chapitre un en la mise en évidence des différents aspects théoriques discutant de la relation entre la dette extérieure et la fuite des capitaux à travers le phénomène de « porte financière tournante ». Brièvement, nous pouvons retenir que les auteurs (Boyce, 1992 ; Beja, 2006, Ndikumana et Boyce, 2013) distinguent quatre façons d'associer la dette extérieure à la fuite des capitaux : la fuite des capitaux peut découler de la dette extérieure, la dette extérieure peut alimenter la fuite des capitaux, l'emprunt étranger peut être induit par la fuite des capitaux, et l'emprunt étranger peut être accélérer par la fuite des capitaux. La revue de littérature empirique nous a permis de mettre en évidence quelques résultats à la fois pour des pays pris individuellement et des échantillons de plusieurs pays.

Le chapitre deux quant à lui s'est chargé de présenter l'évolution globale de la dette extérieure et de la fuite des capitaux au Cameroun au cours de la période 1970-2010. Nous avons également présenté les différentes mesures de lutte contre la fuite des capitaux sur le plan national ainsi que sur le plan international.

La deuxième partie de notre travail a consisté au chapitre trois à présenter la méthodologie de notre étude. Dans un premier temps, nous avons présenté la méthodologie des tests de racine unitaire (ADF, PP). Dans un deuxième temps, nous avons présenté la méthodologie ARDL de de cointégration de Pesaran et al.(2001). L'avantage de cette méthode est qu'elle permet de prendre en compte les variables ayant des ordres d'intégration différents. Aussi, elle permet d'obtenir à la fois la dynamique de long terme et de court terme.

Au chapitre 4, nous avons estimé l'effet de la dette extérieure sur la fuite des capitaux d'une part, et l'effet de la fuite des capitaux sur la dette extérieure d'autre part.

Nous avons en premier lieu constaté que toutes les variables sont stationnaires en niveau ou en différence première: ce qui nous a conduit à la mise en oeuvre de la méthodologie ARDL. le test limite de Pesaran et al.(2001) nous a permis de détecter l'existence d'une seule relation de long terme : pour le modèle dans lequel la fuite des capitaux dépend de la dette extérieure, de l'aide publique, de l'ouverture commerciale, du taux de croissance du PIB, et de la rente totale provenant des ressources naturelles. Les résultats de nos estimations ont montré qu'à court terme, un accroissement d'un dollar de la dette extérieure entraine une augmentation de 54 centimes de dollar de la fuite des capitaux. Cette situation diminue progressivement au fil du temps. En outre, nous avons constaté que trois autres variables favorisent la fuite des capitaux au Cameroun : l'aide publique au développement, l'ouverture commerciale ainsi que la rente provenant des ressources naturelles en particulier la rente pétrolière.

En s'appuyant sur nos résultats, nous avons formulé un certain nombre de recommandations. Ces recommandations visent principalement à favoriser l'amélioration du climat des affaires, de la gouvernance financière et économique ainsi qu'à mettre l'accent sur la qualité de l'endettement.

Bien que l'objectif visé soit atteint, ce travail constitue une recherche préliminaire qui sert de point de repère pour des recherches futures plus approfondies. Dans le prolongement de ce travail, d'autres questions importantes qui pourraient servir de recherche seraient par exemple la relation entre les flux entrants de capitaux et la fuite illicite des capitaux en Zone Franc.

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Nyoni, T. (2000). `Capital Flight from Tanzania', in I. Ajayi and M. S. Khan (Eds), External Debt and Capital Flight in Sub-Saharan Africa, Washington, DC: The IMF Institute, 265-99.

Ouattara, B., (2004). `The impact of project aid and programme aid on domestic savings: A case study of Côte d'Ivoire, paper for the conference «Growth, poverty reduction and human development in Africa', Centre for the Study of African Economies, April.

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Pesaran, M.H., Shin, Y., Smith, R.J.(2001). `Bounds testing approaches to the analysis of level relationships', Journal of Applied Econometrics 16, 289-326.

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ANNEXES

ANNEXE 1 : Evolution des différentes variables :

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

ANNEXES 2.1 : Dates importantes ayant marqué l'évolution de l'endettement du Cameroun :

1951

Premier emprunt officiel du Cameroun enregistré dans le système de gestion de la Caisse Autonome d'Amortissement(CAA). Il a été contracté auprès de la Caisse Centrale de Coopération Economique (CCCE) devenue aujourd'hui Agence Française de Développement(AFD) consacré au projet de construction de la centrale électrique d'Edéa.

1960

Quatre prêts sont en vigueur et engagés auprès de l'AFD pour le développement énergétique.

1970

18 prêts d'un montant de 20 milliards de FCFA sont contractés auprès des bailleurs de fonds bilatéraux (la France, l'Allemagne) et des bailleurs de fonds multilatéraux.

1986-1987

Premier recours aux institutions de Brettons Wood et négociation d'un programme d'ajustement structurel (PAS) avec le FMI. L'encours de la dette publique du Cameroun est estimé à 1 027 milliards de FCFA et représente 23,3% du PIB. Il est composé de 881 milliards de FCFA de dette extérieure correspondant à 20,9% du PIB.

1989

Premier passage du Cameroun devant les créanciers membres du club de Paris le 24 mai 1989, (date butoir : 31 décembre 1988). L'encours de la dette publique dépasse 1500 milliards de FCFA, dont plus de 1100 milliards de dette extérieure soit respectivement à 37,5% et 34,4% du PIB.

1993

Le Cameroun est éligible au guichet concessionnel des emprunts du groupe de la Banque Mondiale (IDA 2ème guichet).

1994

Dévaluation du FCFA

Troisième passage du Cameroun devant les créanciers membres du club de Paris. La dette publique s'établit pour l'exercice 1994-1995 (Juillet 1994-Juin 1995) à 5 763 milliards de FCA, dont 4 343 milliards de FCFA de dette extérieure, représentant respectivement 129% du PIB et 97% du PIB.

1996

Quatrième passage du Cameroun devant les créanciers membres du club de Paris. Traitements aux termes de Naples. Le stock de la dette publique du Cameroun est de 5 711 milliards de FCFA, soit 117% du PIB, dont plus de 1255 milliards de FCFA de dette intérieure.

1997

Le Cameroun entame le premier programme triennal de réformes structurelles appuyé par les ressources du FASR, le CAS et les (PAS).

Cinquième passage au club de Paris. Le stock de la dette publique est estimé à 5 833 milliards de FCFA, soit 109,5% du PIB, dont 4 441 milliards de FCFA de dette extérieure représentant 83,4% du PIB.

2000

Atteinte du Point de décision de l'initiative PPTE.

Le ratio VA/Exportations de biens et services s'établit à 205,1% après les allègements traditionnels, comparés à un seuil fixé par les IBW à 150%. L'encours de la dette publique dépasse 6 000 milliards de FCFA, dont 4 934 milliards de FCFA de dette extérieure ; soit respectivement 88,1% et 72,2% du PIB. La VA de la dette extérieure représente plus de 222% des recettes d'exportations et 467% des recettes budgétaires internes.

2006

Point d'achèvement de l'initiative PPTE en avril 2006.

Le Cameroun a bénéficié d'une annulation de sa dette de plus de 2500 milliards de FCFA. L'encours de sa dette publique au 31 décembre 2006 s'élève à 1 969 milliards de FCFA dont 1 082 milliards de FCFA de dette extérieure. La dette publique représente environ 21% du PIB et 108,8% des recettes publiques internes en 2006

2008

Le stock de la dette publique s'établit à 1 374 milliards de FCFA, soit 12,9 % du PIB et 64,9% des recettes budgétaires hors dons.

Source : CAA (2015).

Tableau 2.1 : Service de la dette extérieure du Cameroun

Années

service de la dette extérieure (En milliards de FCFA)

Service de la dette ext. / Recettes Budgétaires

(En pourcentage)

1981/82

45,714

11,71

1982/83

31,559

4,7

1983/84

48,858

6,14

1984/85

61,515

7,62

1985/86

78,058

8,9

1986/87

80,789

11,2

1987/88

71,326

11,91

1988/89

74,926

13,31

1989/90

48,946

10,24

1990/91

65,309

12,9

1991/92

57,267

11,41

1992/93

66,208

14,77

1993/94

154,379

40,08

1994/95

153,747

28,65

1995/96

255,439

38,93

1996/97

253,080

32,98

1997/98

373,879

44,11

1998/99

254,084

27,8

1999/00

245,058

23,7

2000/01

203,620

15,44

2001/02

167,7

13

2002/03

74,9

11

2003/04

164,0

11,48

2004/05

136,8

10

2005/06

161,7

11,32

2006/07

136,0

3,04

2007/08

100,6

5,1

2008/09

112,3

5,07

2009/10

96,7

5,01

Source : Dette publique et à garantie publique du Cameroun : Portefeuille au 31 décembre 2012 et viabilité à l'horizon 2032 (CAA, 2013)

Année

Fuite des capitaux en valeur du Cameroun (Million, Constant 2010$)

Taux de croissance du PIB

Dette extérieure/PIB

Service de la dette ext. / Recettes d'exportations

Fuite des capitaux/Dette extérieure (En pourcentage)

1970

-21,5

3,09

0,12579285

 

-15

1971

-78,3

3,48

0,14595243

 

-43

1972

-369,1

2,67

0,15483684

 

-167

1973

-731,1

5,36

0,15118884

 

-275

1974

-3,8

10,73

0,14346109

 

-1

1975

201,8

11,25

0,16035117

 

46

1976

-227,8

-5,5

0,19857065

 

-37

1977

1359,7

13,74

0,33059093

6,91378247

122

1978

1093,3

22

0,34674298

9,55977241

71

1979

1399

6,04

0,37374775

10,3547118

64

1980

508,3

-1,97

0,38167758

13,3344436

20

1981

755,6

17,08

0,34654807

16,5898599

29

1982

971,8

7,52

0,38276295

21,5091517

35

1983

1007

6,87

0,39225797

19,0423518

35

1984

2253,9

7,47

0,37118195

20,4102068

78

1985

1901

8,06

0,38799795

30,225347

60

1986

3047,8

6,77

0,38952646

26,1148606

74

1987

1963

-2,15

0,37297435

30,7820863

43

1988

105

-7,82

0,38527211

29,1029211

2

1989

1601,9

-1,82

0,48155867

17,2861405

30

1990

1166,6

-6,11

0,5884826

20,5242981

18

1991

-295,2

-3,81

0,54449698

17,6499141

-4

1992

143

-3,1

0,65974583

16,5118005

2

1993

-281,8

-3,2

0,56719816

24,5657267

-4

1994

3350,1

-2,5

1,00887531

21,3007882

36

1995

2585,7

3,3

1,25870065

21,0066375

24

1996

147,6

5

1,14209757

20,0852831

1

1997

-916,8

5,1

1,08949684

20,2707135

-9

1998

932,6

5,04

1,17427979

21,1367482

8

1999

-1082,5

4,39

1,02659938

24,7902944

-10

2000

-26,3

4,2

1,13716539

20,7750538

0

2001

6088,6

4,51

1,01164533

11,937159

62

2002

-762,3

4,01

0,94557855

11,5600217

-7

2003

-216,5

4,03

0,83749559

13,4895386

-2

2004

-1488,4

3,7

0,68814786

15,5173603

-14

2005

-2619,6

2,3

0,46420021

19,2788345

-34

2006

-938,6

3,22

0,19041605

10,1074343

-27

2007

-668,8

3,38

0,15103651

7,73156709

-22

2008

-660

2,56

0,12117618

6,09201506

-23

2009

-458,1

1,98

0,13848057

7,20992982

-14

2010

-729,8

2,93

0,13519705

3,46288051

-23

Tableau 2.2 : Fuite des capitaux et Taux de croissance du PIB au Cameroun (1970-2010)

Source : Ndikumana et Boyce (2012) et WDI(2012)

Tableau : Mesurer la fuite des capitaux : (exemple : l'Angola en 2008)

Nouveaux emprunts : variation de l'encours de la dette extérieure, Millions corrigée des changements dans le stock de la dette USD imputables à l'annulation de la dette et aux effets du taux de change sur la valeur de cette dette en dollars. 3 655 (Source : Banque mondiale, Global Development Finance) Plus + Investissements directs étrangers en valeur nette (Source : Banque mondiale, Indicateurs de développement dans le monde) 1679 Moins -

Déficit du compte des opérations courantes (un chiffre négatif indique un excédent) -6408 (Source : FMI, Balance of Payments Statistics) Moins -Variations des réserves et éléments connexes (un chiffre positif indique une augmentation des réserves) 5610 (Source : FMI, Balance of Payments Statistics) Egal = Mesure résiduelle de la fuite des capitaux 6132 (Sous total avant correction) Plus + Correction pour fausse facturation des exportations 537 (un chiffre positif indique une sous-facturation) (Source : FMI, Direction of Trade Statistics) Plus + Correction pour fausse facturations des importations 172 (un chiffre positif indique une sur-facturation nette ; un chiffre négatif indique une sous-facturation nette Contrebande) (Source : FMI, Direction of Trade Statistics) Plus Correction pour envois de fonds non-enregistrés56(*) 804 Egal = Fuite des capitaux d'Angola en 2008 7645

Source : Ndikumana et Boyce(2013)

TABLE DES MATIERES

AVERTISSEMENT I

DEDICACE II

REMERCIEMENTS III

SOMMAIRE IV

LISTE DES ILLUSTRATIONS ET GRAPHIQUES VI

RESUME VII

ABSTRACT VIII

INTRODUCTION GENERALE 1

1. CONTEXTE DE L'ÉTUDE 3

2. PROBLÉMATIQUE 6

3. OBJECTIFS DE L'ÉTUDE 7

4. HYPOTHÈSES DE L'ÉTUDE 7

5. INTÉRÊT DE L'ÉTUDE 8

6. BREF APERÇU MÉTHODOLOGIQUE 8

7. ORGANISATION DU TRAVAIL 9

PREMIERE PARTIE : REVUE DE LA LITTERATURE ET EVOLUTION GLOBALE DE LA DETTE EXTERIEURE ET DE LA FUITE DES CAPITAUX AU CAMEROUN 10

INTRODUCTION A LA PREMIERE PARTIE 11

CHAPITRE 1 : REVUE DE LA LITTERATURE SUR LA RELATION ENTRE LA DETTE EXTERIEURE ET LA FUITE DES CAPITAUX 12

1. DETTE EXTERIEURE ET FUITE DES CAPITAUX : REVUE DE LA LITTERATURE THEORIQUE 13

1.1. LIENS DIRECTS ENTRE LA DETTE EXTERIEURE ET LA FUITE DES CAPITAUX 15

1.1.1. Fuite des capitaux induite par la dette extérieure 15

1.1.2. Fuite des capitaux alimentée par la dette extérieure 16

1.1.3. Emprunt étranger induit par la fuite des capitaux 17

1.1.4. Emprunt étranger alimenté par la fuite des capitaux 17

1.2. LIENS INDIRECTS ENTRE LA DETTE EXTÉRIEURE ET LA FUITE DES CAPITAUX 18

2. REVUE DE LA LITTÉRATURE EMPIRIQUE SUR LA RELATION ENTRE LA DETTE EXTÉRIEURE ET LA FUITE DES CAPITAUX 19

2.1. RÉSULTATS OBTENUS SUR DES PAYS PRIS INDIVIDUELLEMENT 19

2.2. RÉSULTATS DE QUELQUES ÉTUDES PORTANT SUR PLUSIEURS PAYS 21

CONCLUSION DU CHAPITRE 22

CHAPITRE 2 : EVOLUTION GLOBALE DE LA DETTE EXTERIEURE ET DE LA FUITE DES CAPITAUX AU CAMEROUN 24

1. EVOLUTION GLOBALE DE LA DETTE EXTERIEURE AU CAMEROUN 25

1.1 EVOLUTION DU STOCK DE LA DETTE EXTÉRIEURE DU CAMEROUN : 25

1.2 EVOLUTION DU SERVICE DE LA DETTE EXTÉRIEURE : 28

1.3 EVOLUTION DES RATIOS D'ENDETTEMENT 29

1.3.2. Ratio service de la dette extérieure/Recettes budgétaires 30

2. LA FUITE DES CAPITAUX AU CAMEROUN : ANALYSE EN VALEUR ET EN POURCENTAGE DE LA DETTE EXTERIEURE 31

2.1. LA FUITE DES CAPITAUX AU CAMEROUN : ANALYSE EN VALEUR 32

2.2. EVOLUTION DE LA FUITE DES CAPITAUX EN POURCENTAGE DE LA DETTE EXTÉRIEURE 34

2.3. LES MESURES DE LUTTE CONTRE LA FUITE DES CAPITAUX 34

2.3.1. Sur le plan national 35

2.3.2. Sur le plan international 35

CONCLUSION DU CHAPITRE 39

CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE 40

DEUXIEME PARTIE : DETTE EXTERIEURE ET FUITE DES CAPITAUX AU CAMEROUN : ANALYSE EMPIRIQUE 41

INTRODUCTION DE LA DEUXIEME PARTIE 42

CHAPITRE 3 : APPROCHE METHODOLOGIQUE 43

1. SPÉCIFICATION DU MODÈLE : 44

1.1. PRÉSENTATION DE LA FORME FONCTIONNELLE DU MODÈLE : 44

1.1.1. Le modèle théorique 44

1.1.2. Le modèle empirique 45

1.2. SOURCE DES DONNÉES, EXPLICATION DES VARIABLES ET JUSTIFICATION DES DIFFÉRENTS SIGNES ATTENDUS 45

1.2.1. Source des données 46

1.2.2. Explication des variables du modèle et signes attendus des coefficients des variables : 46

2. PROCÉDURE D'ESTIMATION DU MODÈLE : 52

2.1. LES TESTS DE RACINE UNITAIRE 52

2.1.1. Le test de Dickey-Fuller Augmenté (ADF) 53

2.1.2. Le test de Phillips-Perron 53

2.2. PRÉSENTATION DE LA MÉTHODE ÉCONOMÉTRIQUE 54

2.2.1. Justification de la méthode économétrique 54

2.2.2. Le modèle Autorégressif à Décalage Temporel de Pesaran et al. (2001) 54

CONCLUSION DU CHAPITRE 57

CHAPITRE 4 : RESULTATS ET RECOMMANDATIONS 58

1. PRÉSENTATION DES RÉSULTATS 59

1.1. ETUDE DE LA STATIONNARITÉ 59

1.2 LE TEST DE COINTÉGRATION 60

PRÉSENTATION DES ÉLASTICITÉS DE COURT TERME ET DE LONG TERME 61

2. INTERPRETATIONS DES RESULTATS ET RECOMMANDATIONS DE POLITIQUES ECONOMIQUES 66

2.1. INTERPRÉTATIONS DES RÉSULTATS 66

2.2. RECOMMANDATIONS DE POLITIQUES ÉCONOMIQUES 68

CONCLUSION DU CHAPITRE 69

CONCLUSION DE LA DEUXIÈME PARTIE 70

CONCLUSION GENERALE 71

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 74

ANNEXES 80

TABLE DES MATIERES 86

* 1Fond Monétaire International

* 2Plan mis en oeuvre par le Secrétaire d'Etat d'administration Bush en 1989, suite à l'échec des plans antérieurs parmi lesquels le plan Baker (Secrétaire au Trésor Américain). Ce plan a été utilisé par les pays d'Amérique Latine pour échanger des réformes libérales contre des réaménagements de leur dette.

* 3 Source : note de conjoncture de la dette publique du Cameroun, Numéro 14 - mars 2015, CAA

* 4Crise financière qui débuta aux USA en 2007 et se propagea au reste du monde. Elle a été causée par l'éclatement de la bulle spéculative immobilière.

* 5Espagne, Italie, Irlande, Grèce, Portugal, Belgique

* 6Allemagne, Luxembourg, Pays-Bas

* 7Organisation non gouvernementale située à Washington qui oeuvre à la promotion des politiques, des mesures de protection et des ententes nationales et multilatérales visant à freiner les mouvements transfrontaliers de capitaux illicites : corruption, contrebande, crime organisé et évasion fiscale.

* 8 « twins problems ».

* 9Banque Américaine issue de la fusion, réalisée en 1959, de la Guaranty Trust Company of New York et de la banque J. P. Morgan and Co. Incorporated.

* 10 Banque Africaine de Développement.

* 11 Global Financial Integrity.

* 12 Cette méthode est une solution aux limites du test de cointégration multi-variée de Johannsen qui nécessite à priori que les séries soient du même ordre d'intégration.

* 13 Cité par Yapo (2002)

* 14 Cette conjecture a été énoncée en premier lieu par David Ricardo, économiste classique du XIXe siècle, puis reprise par Robert Barro en 1974. Selon cette conjecture, il y aurait, sous certaines conditions, équivalence entre l'augmentation de la dette publique aujourd'hui et l'augmentation des impôts requise demain pour le remboursement de cette dette et le paiement des intérêts. Si les agents économiques se comportent de manière rationnelle, une politique de relance (distributions de revenus financées par la dette publique) ne les poussera pas à consommer, mais plutôt à épargner, en prévision de hausses d'impôts futures.

* 15 Il revient à Laffer (1979) le mérite d'avoir tenté de théoriser ce qu'il nommait « l'allergie fiscale ». Il soutient que lorsque les prélèvements obligatoires sont déjà élevés, une augmentation de l'impôt conduirait alors à une baisse des recettes de l'État, parce que les agents économiques surtaxés seraient incités à moins travailler.

* 16 Cette expression utilisée dans la littérature sur la fuite des capitaux suggère que la dette extérieure entraine la fuite des capitaux et inversement (Boyce, 1992).

* 17 Il s'agit de places organisées par certains Etats ou certains territoires qui réservent des règles spécifiques semblables à celles des paradis fiscaux aux seules opérations internationales n'ayant aucun lien avec une activité économique au sein de leur territoire. Dans ces centres, la fiscalité est très faible, voire nulle, les formalités sont réduites au minimum et la confidentialité ou la discrétion des opérations sont assurées. Ces règles très souples permettent de réaliser des opérations financières légitimes mais ces opérations peuvent également servir à des fins de blanchiment d'argent ou de fraude fiscale.

* 18 Ce cas constitue essentiellement le sujet du livre de Ndikumana et Boyce publié en 2013 aux Editions Amalion, La dette odieuse de l'AFRIQUE. Comment l'endettement et la fuite des capitaux ont saigné un continent

* 19 Banque Mondiale (1992) : Rapport sur ??le Développement dans le monde 1992 à New York, Oxford University Press.

* 20 Programme des Nations Unies pour le Développement (1994): Rapport sur ??le Développement Humain de New York: Oxford University Press

* 21 Action d'introduire en fraude des marchandises dans un pays.

* 22 Burundi, RCA, Côte d'Ivoire Guinée équatoriale, Ethiopie, Ghana, Guinée, Guinée Bissau, Kenya, Liberia, Madagascar, Mali, Mauritanie, Mozambique, Niger, Rwanda, Sao Tome et Principe, Sierra Leone, Somalie, Soudan, Tanzanie, Ouganda, Zaïre, Zambie.

* 23 Angola, Burkina Faso, Burundi, Cameroun, RCA, Congo-Brazzaville, the République du Congo, Côte d'Ivoire, Ethiopie, Ghana, Guinée, Kenya, Madagascar, Malawi, Mali, Mauritanie, Mozambique, Niger, Nigeria, Rwanda, Sierra Leone, Somalie, Soudan, Tanzanie, Uganda, and Zambie.

* 24 Indonésie, Malaisie, Philippines, Thaïlande.

* 25 Ces résultats sont contenus dans leur livre : La dette odieuse de l'Afrique, comment l'endettement et la fuite des capitaux ont saigné un continent

* 26 Le premier emprunt officiel du Cameroun enregistré dans le système de gestion de la Caisse Autonome d'Amortissement (CAA) date de 1951, il a été contracté auprès de la Caisse Centrale de Coopération Economique(CCCE) devenue aujourd'hui Agence Française de Développement(AFD) et consacré au projet de construction de la centrale hydroélectrique d'Edéa. Le deuxième a lieu en 1960 avec quatre prêts en vigueur et contractés auprès de l'AFD destinés au développement énergétique. Enfin, en 1970, 18 prêts contractés pour un montant total de 20 milliards de FCFA auprès des bailleurs de fonds bilatéraux (France, Allemagne) et des bailleurs de fonds multilatéraux (CAA, 2015).

* 27 Le budget du Cameroun est passé de 310 milliards de FCFA en 1981/82 à 620 milliards de FCFA en 1984/85. En 1986/87, année de retournement à la baisse de l'activité économique, il était de 800 milliards de FCFA. (TOUNA MAMA, 1996)

* 28L'Afrique Sub-Saharienne et l'Amérique Latine ont enregistré la dégradation la dégradation la plus forte des termes de l'échange au cours des années 80, soit respectivement une baisse de 15 à 13% par rapport aux années 70, du pouvoir d'achat des exportations, traduit en capacité d'acquérir des articles d'importation (CNUCED : `'Rapport sur le Commerce et le Développement'', 1992).

* 29 La dépréciation d'environ 40% du dollar US par rapport au FCFA, monnaie dans laquelle sont libellés les prix des principaux produits d'exportation du pays, a conduit à une baisse des recettes de ceux-ci. Les recettes des produits d'exportations sont ainsi passées de 238,4 milliards de FCFA en 1985/86 à 147,1 milliards de FCFA en 1987/88 (Touna Mama, 1996).

* 30 Pour l'exercice 1991/92, les charges totales dues par le Cameroun au titre du service de la dette extérieure s'élèvent à 525 milliards de FCFA - dont 300 milliards d'arriérés - soit un peu moins que le budget arrêté au titre de l'exercice 1993/94. (Banque Afrique N013629 du 28 janvier 1992).

* 31 Période de crise au Cameroun marquée par des taux de croissance négatifs (Annexes : tableau 2.2).

* 32 Engagement : correspond à la signature du contrat de prêt. Les engagements correspondent à la dette souscrite mais pas encore forcément mobilisée. Source : Glossaire des termes usuels de la dette, CAA-Yaoundé 1998.

* 33Club de Paris : « Cénacle » de créanciers publics, au sein duquel se négocient les réaménagements de dettes.

* 34Club de Londres : « Cénacle » de créanciers privés, généralement les banques commerciales au sein duquel se négocient les réaménagements de dettes.

* 35 Pays Pauvres Très Endettés

* 36 Annexes : Tableau 2.2.

* 37 Source : CAA, Août 2015.

* 38 Source : CAA, Août 2015.

* 39 Glossaire Des Termes Usuels De La Dette Publique, CAA, Yaoundé, 1998.

* 40 Date de début de la crise au Cameroun

* 41 Outre l'allégement de sa dette extérieure, le pays a obtenu auprès du FMI une Facilité pour la Croissance et la Réduction de la Pauvreté d'un montant de 144 millions de dollars, destinés au financement de son programme économique et financier pour la période du 1er octobre 2000 au 30 septembre 2003. Les grandes lignes de ce programme sont retracées dans la lettre d'intention du 6 décembre 2000, où le gouvernement s'engage désormais dans des réformes dites de 2ème génération qui met l'accent sur la réduction de la pauvreté et la bonne gouvernance (CAA, 2015).

* 42 Ce ratio exprime le poids de l'endettement d'un pays sur son économie. (Glossaire Des Termes Usuels De La Dette Publique, CAA - Yaoundé 1998)

* 43 Annexes : Tableau 2.2.

* 44 Annexes : Tableau 2.1

* 45 Annexes : Tableau 2.2

* 46 L'IPPTE est un programme mis en place par le FMI et la Banque Mondiale dont l'objectif à terme est de permettre la réduction de la dette des pays considérés comme pauvres et très endettés. Le principe de l`IPPTE est de réallouer les fonds initialement prévus pour le remboursement de la dette au financement des projets de développement.

* 47 Annexes : Tableau 2.2

* 48 Autoregressive-Distributed Lag

* 49 ZF : Zone Franc, Boyce et Ndikumana observe que la différence entre les montants d'exportations et d'importations reportés au niveau des balance des paiements, s'observent plus dans les économies Subsaharienne. Ils ont considéré le cas des pays de la Zone franc, c'est-à-dire les pays qui utilisent le Franc CFA comme monnaie.

* 50 Autoregressive-Distributed Lag

* 51 Afin de déterminer l'élasticité de la variation de la fuite des capitaux consécutive à un accroissement de la dette extérieure, nous procédons ainsi : 54 = (0,563/1,04)*100 (Tableau 4.2)

* 52 Comme précédemment, 19 = (0,165/0,855)*100 (Tableau 4.3)

* 53 Banque Africaine de développement.

* 54 Global Financial Integrity.

* 55 Par exemple, le FMI (2011) note qu'entre janvier 2010 et avril 2011, les autorités du pays ont contracté 30 accords d'emprunts (6 % du PIB de 2010), dont au moins 15 étaient à des conditions non concessionnelles avec un élément dons de 21,3 %. Par ailleurs, la part de nouveaux décaissements non concessionnels dans les décaissements totaux devrait passer de 20 % en 2011 à 60 % en 2014 et à 80 % en 2031.

* 56 Les auteurs estiment les envois de fonds non-enregistrés en comparant les estimations du FIDA des entrées de fonds émanant des pays industrialisés au total des entrées provenant de l'ensemble des pays qui sont comptabilisés dans la BdP officielle. En effet, le FIDA(2007) en s'appuyant sur des données d'enquête, propose de nouvelles mesures des entrées de fonds provenant des travailleurs émigrés. Il ressort que l'ampleur réelle des envois de fonds vers l'Afrique est largement sous-estimée dans la BdP. Par exemple au Nigéria, les entrées de fonds en provenance de pays industrialisés ont totalisé 5,4 milliards de dollars en 2006, mais que seulement 3,3 milliards de dollars ont été comptabilisés officiellement. De même en Angola, la BdP ne fait apparaitre aucun envoi de fonds pour 2008, alors que, d'après le FIDA, il y a eu 969 milliards de dollars de flux entrants. Les estimations de la Banque Mondiale (2006) montrent que ces envois de fonds non-enregistrés dans les pays africains représentent plus de la moitié du total des transferts, largement supérieurs aux flux d'aide et d'IDE.






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