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Dette extérieure et fuite des capitaux au Cameroun.

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par Yann Harold NOUNAMO
Université de Yaoundé 2-SOA - Master 2015
  

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1.2. Source des données, Explication des variables et justification des différents signes attendus

L'utilisation de l'outil économétrique dans les analyses économiques sur séries temporelles nécessite que l'on soit en présence d'un certain nombre de données statistiques reflétant le passé, et d'un certain nombre de variables retenues de préférence en fonction des caractéristiques de l'espace économique sur lequel on s'intéresse. Ici, nous présentons successivement les sources des données ainsi que la justification des variables et des signes attendus.

1.2.1. Source des données

Notre recherche porte sur le Cameroun sur la période 1970-2010. Les données des variables retenues proviennent de deux sources :

- Des résultats des travaux de Boyce et Ndikumana (2012) en ce qui concerne la variable fuite des capitaux réelle.

- De la base WDI (World Development Indicator) 2012 de la Banque Mondiale, en ce qui concerne les variables dette extérieure, taux de croissance du PIB, aide publique au développement, rente totale provenant des ressources naturelles, rente pétrolière et ouverture commerciale.

Afin d'analyser ces données, deux logiciels sont utilisés : la version 7 du logiciel EXCEL pour la constitution de notre base de données et la Version 9 du logiciel Eviews pour les estimations. Cette dernière version du logiciel Eviews présente un avantage essentiel pour notre modélisation; contrairement aux versions précédentes, c'est la seule version qui intègre directement l'estimateur ARDL48(*) ainsi que l'approche du « Bound Testing » (« test limite ») de Pesaran et al. (2001).

1.2.2. Explication des variables du modèle et signes attendus des coefficients des variables :

Ø La dette extérieure

C'est le ratio de la dette extérieure au PIB du pays à l'instant t. Boyce (1992), Chipalkatti et Rishi (2001) et Beja (2006) montrent tour à tour une relation causale et même bidirectionnelle entre la dette extérieure et la fuite des capitaux. En regardant dans la littérature sur la fuite des capitaux, on se rend compte que pratiquement toutes les études empiriques réalisées ont révélé que la fuite des capitaux est significativement aggravée par la dette publique extérieure. Selon l'hypothèse de « porte financière tournante », nous nous attendons à ce que la variable dette extérieure affecte de façon significativement positive la fuite des capitaux et inversement.

Ø La fuite des capitaux réelle

Dans la littérature économique, il existe différentes méthodes de mesures de la fuite des capitaux. Ces méthodes varient en fonction de la définition et de la conception attribuées à ce phénomène. C'est ainsi que nous pouvons classer avec Kant (1996) ces différentes méthodes de mesure en deux grands groupes : les méthodes directes et les méthodes indirectes.

· Les méthodes de mesures directes

Elles sont qualifiées de directes car ce sont des méthodes qui recensent à partir des catégories de la balance des paiements, les variables qui pourraient constituer directement la fuite de capitaux. Elles agrègent les données relatives aux variables recensées et déterminent alors le montant de capitaux enfuis. Ces méthodes identifient les montants de capitaux enfuis aux catégories de la balance des paiements qui correspondent aux flux externes de capitaux de court terme. Ce sont des capitaux très sensibles aux variations de conjoncture macroéconomique ainsi qu'aux crises qu'elles soient politiques ou économiques et sont donc considérés comme des capitaux qui peuvent retourner à l'économie domestique une fois la crise passée.

· La méthode ``argent chaud''

Des auteurs, à l'instar de Cuddington (1986, 1987), Ketkar et Ketkar (1989), Gibson et Tsakalotos (1993), ont utilisé cette méthode. Selon cette méthode, la fuite des capitaux est calculée en ajoutant les erreurs et omissions nettes aux flux extérieurs de capitaux privés non bancaires à court terme. La fuite des capitaux selon la méthode ``argent chaud'' (FCa), est donnée par la relation suivante :

FCait= FECCit+ EONit (5)

FECC désigne les flux extérieurs de capitaux à court terme.

· La méthode des avoirs

Des études, comme celles de la Banque d'Angleterre (1989), Hermes et Lensink (1992), Collier, Hoeffler et Pattillo (2001), considèrent le stock total des avoirs des résidents non bancaires détenus dans des banques étrangères comme une mesure de la fuite des capitaux.

Toutefois des critiques ont été faites aux méthodes de mesures directes. En effet, ces méthodes ne considèrent que les capitaux de court terme pourtant, les motivations pouvant amener un agent à détenir des actifs de long comme de court terme à l'étranger sont les mêmes, même si certains actifs sont plus liquides que d'autres. En ce qui concerne particulièrement la méthode de Cuddington, le fait d'ajouter la ligne omissions et erreurs nettes aux flux externes de capitaux, ne permet pas d'avoir une meilleure estimation, car celle-ci ne contient pas que les omissions de flux de capitaux, mais aussi des erreurs dues aux délais de registration, ainsi que des omissions d'importations.

· Les méthodes de mesures indirectes

Ce sont des méthodes qui définissent la fuite des capitaux comme le résidu de la différence entre plusieurs autres variables recensées pour la plupart à partir de la balance des paiements.

· La méthode résiduelle

Elle a été élaborée par la Banque Mondiale (1985) et par Erbe (1985). Selon cette méthode, la fuite des capitaux d'un pays i au cours d'une année t est égale à :

FCrit= ( ÄDETit+ INDEit) - (CCit+ÄRESit) (6)

FCr représente la fuite des capitaux calculée selon la méthode résiduelle. ÄDET est la variation du stock de la dette extérieure reportée dans les données de la Banque Mondiale ; INDE est l'investissement net direct étranger ; CC est le solde du compte courant et ÄRES est la variation des réserves de change.

L'on note aussi la présence dans la littérature de quelques variantes de cette méthode, notamment la méthode de Morgan Guaranty Trust Company (1986) qui se réfère à la méthode résiduelle mais en y ajoutant la variation des avoirs détenus à l'étranger par les Banques domestiques (ÄABD). Selon cette méthode la fuite des capitaux est égal à :

FCmit= (ÄDETit+ INDEit) - (CCit+ ÄRESit) ? ÄABDit (7)

Toutefois, cette méthode admet quelques limites soulevées par des auteurs tels que Boyce et Ndikumana (2001). Ces derniers affirment que la méthode résiduelle est instable car elle ne tient pas compte de l'effet des fluctuations du taux de change sur la valeur en dollar américain du stock de la dette de fin d'année. Une autre limite relevée à cette méthode, est qu'elle ne tient pas compte des falsifications de transactions commerciales, qui proviennent souvent de la surfacturation ou la sous-facturation respectivement des importations et des exportations ( Roy, 1994). Plusieurs études portant sur la mesure de la fuite des capitaux ont utilisé cette méthode comme base tout en y apportant des ajustements. Ces études prennent en compte dans leurs calculs l'effet sur le montant de la fuite des capitaux, des facteurs tels que les fluctuations du taux de change, les falsifications de transactions commerciales, le taux d'inflation, les transferts de fonds des migrants, les abandons de créances et les revenus d'intérêt.

Les variantes de cette méthode tiennent donc compte des ajustements à ces facteurs cités plus haut (Boyce et Ndikumana, 2001, 2002, 2012 ; Ndikumana et Boyce, 2013).

· La méthode de Dooley

Elle calcule la fuite des capitaux en faisant la différence entre les flux extérieurs totaux de capitaux et la variation du stock des avoirs extérieurs. Selon cette méthode, la fuite des capitaux d'un pays est égale à :

FETCit= EEit+ INDEit- CCit? ÄRESit- EONit- BMFMIit (8)

FETC est égal aux flux extérieurs totaux de capitaux ; EE est l'emprunt extérieur comme reporté dans les statistiques de la balance des paiements ; EON représente les erreurs et omissions nettes ; BMFMI indique la différence entre la variation de la dette extérieure reportée dans les statistiques de la Banque Mondiale et l'emprunt extérieur reporté dans les statistiques de la balance des paiements publiées par le FMI.

Le stock des avoirs extérieurs, correspondant aux gains d'intérêt, est égal à :

= (9)

Où AE désigne les avoirs extérieurs ; r est le taux d'intérêt sur les dépôts des Etats-Unis (supposé être un taux d'intérêt d'un marché international représentatif) ; GINT représente les gains d'intérêt. Ainsi, la fuite des capitaux, selon la méthode de Dooley (1986), est mesurée par :

FCdit= FETCit? ÄAEit (10)

D'après Hermes, Lensink et Murinde (2002a), la méthode de Dooley (1986) est conceptuellement fausse dans la mesure où la distinction entre flux sortants normaux et anormaux de capitaux est impossible sur le plan empirique.

· La méthode de la banque de France

Elle consiste à comparer le besoin de financement tel que relaté par la balance de paiement avec la variation de la dette extérieure relevée par la banque mondiale (1985), toutefois cette dernière valeur est corrigée des fluctuations du taux de change. La différence constitue alors la fuite des capitaux. Une limite de cette méthode relevée par Ameth Saloum Ndiaye réside dans le fait que cette méthode considère le seul emprunt extérieur comme source de capital pour le financement de l'économie.

Après avoir passé en revue toute ces méthodes ainsi que leurs limites, celle retenue pour notre analyse, est la méthode de la Banque Mondiale, car elle est celle qui a le plus été réajustée, par plusieurs auteurs aux fins de rapprocher le plus possible les résultats obtenus des montants réels de fuite de capitaux. Plus précisément, nous utiliserons la méthode de la Banque Mondiale corrigée des ajustements de Boyce et Ndikumana (2012). Ces ajustements sont :

Ajustement aux falsifications des transactions commerciales

En nous intéressant à l'étude menée par Boyce et Ndikumana et Ndikumana et Boyce, les falsifications des transactions commerciales se calculent en comparant les données sur les importations et exportations d'un pays à celles de ses partenaires commerciaux. Le montant total de ses falsifications est égale à :

t = + (11)

DEX est le différentiel d'exportation entre les pays de la ZF49(*) et les pays industrialisés ; DIM est le différentiel d'importation entre les pays de la ZF et les pays industrialisés ; PMEX est la part moyenne des pays industrialisés dans les exportations d'un pays de la ZF et PMIM est la part moyenne des pays industrialisés dans les importations d'un pays de la ZF.

Ajustements aux transferts de fonds des migrants

Plusieurs pays d'Afrique subsaharienne reçoivent d'importantes entrées de capitaux, provenant de transferts de fonds de leurs citoyens qui travaillent en Europe, aux États-Unis et dans d'autres pays industrialisés. D'après Ndikumana et Boyce(2013), ces flux sont souvent sous-estimés dans les statistiques officielles de la balance des paiements (BdP). Officiellement les envois de fonds sont enregistrés dans les statistiques de la balance des paiements principalement sous trois rubriques: « Les envois de fonds des travailleurs », « la rémunération des salariés », et « les transferts des migrants ».

En conséquence, le volume de transferts de fonds non-déclarés sera estimé en comparant les flux estimés des pays industrialisés avec les entrées totales enregistrées dans la balance de paiement officielle des pays africains. Partant sur le principe que, ces dernières doivent être plus grandes, car elles sont destinées à inclure les transferts de fonds du monde entier et pas seulement en provenance des pays industrialisés, si la différence s'avère positive, alors cela peut être considéré comme une preuve solide de sous-déclaration. Les transferts non enregistrés sont calculés de la manière suivante :

FCAit= FCit+ ETFit (12)

FCA est la fuite des capitaux ajustée, FC est le montant de fuite des capitaux, ETF représente l'écart estimé de transfert de fonds.

Ø Le taux de croissance du PIB

La croissance du PIB réel domestique est normalement perçue comme un baromètre à partir duquel on évalue la performance économique des pays et par lequel on mesure aussi le taux de rendement réel de l'économie (Mikkelsen, 1991); il peut aussi être vu comme un indicateur favorable du climat des affaires et de l'investissement domestique. A cet effet, un PIB domestique élevé ou des taux de croissance positifs du PIB peuvent contribuer à la réduction du stock de fuite des capitaux et inversement (Ajayi, 1992). C'est une relation qui est d'ailleurs appuyée par de nombreux travaux (Hermes et Lensink, 1992 ; Hermes et al., 2002; Beja, 2006; Makochekanwa, 2007; Boyrie, 2010) mais qui peut être remise en cause dans un contexte où la croissance économique repose pour l'essentiel sur l'exploitation des ressources naturelles, minières et/ou pétrolières (Cooper et Hardt, 2000). Le signe attendu du coefficient de cette variable est négatif et significatif.

Ø La rente totale provenant des ressources naturelles

C'est la rente provenant des ressources naturelles rapportée au PIB. La littérature (Boyce et Ndikumana, 2012; BAD et GFI, 2013) sur la fuite des capitaux en Afrique suggère qu'en général, les pays fortement dotés en ressources naturelles sont également ceux qui enregistrent les montants les plus élevés en termes de fuite des capitaux.

En outre, Kharat (2013) dans son étude réalisée sur un échantillon de 40 pays émergents, trouve que la rente pétrolière a un impact significatif et positif sur la fuite des capitaux. Ndiaye(2011) dans son étude sur un échantillon constitué des pays de la zone Franc, trouve que les exportations de pétrole ont un effet statistiquement significatif et positif sur la fuite des capitaux. Conformément aux résultats obtenus par ces auteurs, nous nous attendons à ce que le signe associé à cette variable soit significatif et positif.

Ø L'ouverture commerciale

C'est le degré d'ouverture commerciale qui peut être mesuré par plusieurs indicateurs mais le plus largement utilisé est le ratio des exportations et des importations au PIB. L'ouverture commerciale peut favoriser la fuite des capitaux dans la mesure où cela faciliterait la diversification du portefeuille des agents (Collier et al., 2001). Ainsi, le signe attendu est positif.

Ø L'aide publique au développement

C'est le ratio de l'aide publique au développement au PIB. Par définition, l'aide est un flux financier public géré dans le but principal de promouvoir le développement économique et le bien-être des pays en développement. Elle est de nature concessionnelle et comporte un élément don d'au moins 25%. Collier, Hoeffler et Patillo (2004) examinent les effets de l'aide publique au développement sur la fuite des capitaux. Leurs résultats suggèrent qu'à des niveaux élevés, l'aide tend à amplifier la fuite des capitaux. Ainsi, nous nous attendons à ce que le coefficient associé soit significatif et positif.

Tableau 3.1 : Récapitulatif des différents signes attendus des variables 

DESCRIPTION DES VARIABLES

Variables d'intérêt

Signe prévu

DET

Dette extérieure

(+)

FCR

Fuite des capitaux réelle

(+)

Variables de contrôle

TPIB

Taux de croissance du PIB

(-)

REP

Rente totale des ressources naturelles

(+)

RTO

Rente pétrolière

(+)

OUV

Degré d'ouverture commerciale

(+)

APD

Aide publique au développement

(+)

Source : Notre élaboration.

* 48 Autoregressive-Distributed Lag

* 49 ZF : Zone Franc, Boyce et Ndikumana observe que la différence entre les montants d'exportations et d'importations reportés au niveau des balance des paiements, s'observent plus dans les économies Subsaharienne. Ils ont considéré le cas des pays de la Zone franc, c'est-à-dire les pays qui utilisent le Franc CFA comme monnaie.

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"Un démenti, si pauvre qu'il soit, rassure les sots et déroute les incrédules"   Talleyrand