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La crise en Ukraine et ses conséquences sur la géopolitique en Europe de l'Est.

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par Erick KASEREKA TSONGO
Université de Lubumbashi - Licence 2014
  

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§.3. Le partenariat oriental et l'union eurasiatique : les accords de discorde

On peut souligner qu'au départ, ces deux projets n'avaient pas nécessairement vocation à placer la Russie et l'Union européenne (UE) sur une trajectoire de collision. Mais ce sont les perceptions qui comptent et non les intentions, perceptions elles-mêmes nourries des ambiguïtés inhérentes aux deux concepts. Successeur de la Politique européenne de voisinage (PEV), le Partenariat oriental (PO) est une politique légitime s'agissant de territoires constituant la frontière orientale de l'Union depuis l'élargissement de 2004.

Partant du principe, inventé pour les besoins de la démonstration, « que seuls les marchés de plus de 200 millions de consommateurs peuvent peser sur la mondialisation économique, il s'agissait d'unir au marché russe les territoires qui constituaient avec lui la base industrielle de l'Union soviétique, en l'occurrence : la Biélorussie, l'Ukraine (en réalité celle du Sud et de l'Est) et le Kazakhstan (pour le Nord), avec un objectif secondaire, l'Azerbaïdjan45 ». Jusque là il n'y avait pas des problèmes car il n'y avait pas encore les bras de fer entre les deux projets (partenariat oriental, union eurasiatique.

45 E. Tulmets, « La Politique européenne de voisinage à la recherche d'un nouveau souffle », Questions internationales, La Documentation française, n° 66 mars-avril 2014, p. 95,.

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Quels qu'aient été les débats internes de part et d'autre, il est clair qu'ils n'ont pas été entendus. Les Russes, en tout cas l'entourage du président Poutine et sans doute le président lui-même, ont perçu, à tort ou à raison, le Partenariat oriental comme un projet américain, reproduisant le modèle de l'élargissement de 2004 avec un volet militaire convoquant l'Organisation du traité de l'Atlantique nord (OTAN) dans l'espace intérieur de l'ancienne Union soviétique. Les Européens, du moins ceux fixés géographiquement ou intellectuellement sur la frontière orientale de l'Union, ont perçu le projet russe comme de nature néosoviétique, sans voir la profonde différence de nature et de comportement entre l'État russe et l'État soviétique. Ainsi fut déclenché le malentendu à propos le projet du partenariat oriental.

Ainsi, partant de la perception Russe, le Partenariat Oriental semble avoir été créé essentiellement pour renforcer l'influence démocratique et libre-échangiste de l'Union Européenne au-delà de sa nouvelle frontière orientale, face à une Russie perçue, depuis la crise géorgienne de 2008, comme de plus en plus agressive et de moins en moins démocratique. Le contexte de 2009 est donc très différent de celui de 2003, lorsque Bruxelles lança sa Politique de voisinage en essayant d'impliquer Moscou.

Le Partenariat oriental parait s'inscrire cette fois dans une démarche moins inclusive, voire dans une véritable lutte d'influence, qui se pose clairement en concurrence avec la politique russe dans la région. Ainsi, pour y répondre, Moscou avait décidé en 2010 de relancer son projet d'union douanière allant de Moscou à Astana, en passant par Minsk et Kiev. Un objectif qui suscitera clairement, et explicitement, l'opposition des États-Unis ; ainsi « le 5 décembre 2012, la Secrétaire d'État Hillary Clinton, alors encore en poste, annonçait l'intention de Washington de contrecarrer l'ambition russe de créer une union douanière, en la comparant à une tentative de « re-soviétiser » la région. En réponse à ces propos, le ministre des Affaires étrangères russe, Sergei Lavrov, affirmera qu'il ne fallait pas imposer des choix artificiels entre « vecteurs de développements » occidentaux et orientaux aux régions qui entourent son pays46 ».

C'est donc l'aspect économique des Accords d'association qui a posé le plus de problèmes politiques, et qui a été perçu par la Russie comme un véritable défi géopolitique. Les Accords d'Associations doivent en effet permettre la création d'une zone de libre-échange dite « complète et approfondie », devant faciliter l'insertion progressive des six ex-

46 Santopinto F. du libre échange à la crise ukrainienne : l'Union Européenne face à ses erreurs, en ligne sur http// www.igrip.org/NA201404fr-santopinto.pdf

47 Idem

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républiques soviétiques dans le marché européen. Bien que l'UE tente d'instaurer des zones de libre-échange avec la plupart des pays qui l'entoure, et même au-delà, force est de constater que les AA comportent un niveau d'intégration économique très poussé, devant aboutir à terme à l'adoption de près de 80 % de l'acquis communautaire. Le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, ne manquera d'ailleurs pas de souligner, en 2013, que l'Accord d'association UE-Ukraine (alors en cours de négociation) est, dans son genre, le plus avancé que l'UE n'ait jamais négocié. Or, inévitablement, l'ambition d'aménager des zones de libre-échange amarrées au marché européen confère aux Accord d'Association un caractère exclusif, qui interdirait à leurs signataires d'adhérer au projet d'union douanière proposé par leur principal partenaire commercial, la Russie.

L'Accord d'association avec l'Ukraine a en outre posé problème par rapport à la zone de libre-échange prévue par la Communauté des États indépendants (CEI), à laquelle Kiev avait adhéré depuis octobre 2011. Là aussi, Moscou avait manifesté plusieurs inquiétudes, étant donné qu'il n'y a pas de zones de libre-échange entre la Russie et l'UE. Moscou avait ainsi menacé de rétablir des barrières douanières vis-à-vis de tous les produits en provenance d'Ukraine si l'accord avec l'UE devait aboutir.

La Commission européenne s'était toutefois empressée d'assurer que l'Accord d'Association n'aurait pas comporté le droit d'accès libre aux produits européens importés en Ukraine et acheminés ensuite vers la Russie, en vertu du principe du pays d'origine. La zone de libre-échange UE-Ukraine était donc compatible avec la zone CEI-Ukraine, contrairement à une éventuelle union douanière. Toutefois, là aussi de fortes frictions entre Bruxelles et Moscou devaient être enregistrées47.

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