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Idées politiques et révolutions au Maghreb arabe.

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par Joseph APOLO MSAMBYA
Université Officielle de Bukavu - Licence en Relations Internationales 2010
  

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République Démocratique du Congo

Université Officielle de Bukavu

Scientia splendet et conscientia

B.P. 570 BUKAVU

FACULTE DES SCIENCES SOCIALES, POLITIQUES ET ADMINISTRATIVES

DEPARTEMENT DES RELATIONS INTERNATIONALES

IDEES POLITIQUES ET REVOLUTIONS AU

MAGHREB ARABE

Présenté par Joseph APOLO MSAMBYA

Mémoire présenté et défendu publiquement en vue de l'obtention du titre de Licencié ès Relations Internationales.

Année Académique 2010-2011

 
 
 
 
 
 

République Démocratique du Congo

Université Officielle de Bukavu

Scientia splendet et conscientia

B.P. 570 BUKAVU

FACULTE DES SCIENCES SOCIALES, POLITIQUES ET ADMINISTRATIVES

DEPARTEMENT DES RELATIONS INTERNATIONALES

IDEES POLITIQUES ET REVOLUTIONS AU

MAGHREB ARABE

Présenté par Joseph APOLO MSAMBYA

Mémoire présenté et défendu publiquement en vue de l'obtention du titre de Licencié ès Relations Internationales.

Directeur : Prof. José NSABUA TSHIABUKOLE Encadreur : Ass. Florent MUNENGE MUDAGE

Année Académique 2010-2011

 

Idées politiques et révolutions au Maghreb arabe. 3

Épigraphe

« La frontière est cette invitation à goûter les différences, et tout un plaisir de varier, mais revenons ensuite à tous ceux qui ne disposent pas d'un tel loisir, les immigrants interdits, et concevons le poids terrible de cet interdit. Franchir la frontière est un privilège dont nul ne devrait être privé, sous quelque raison que ce soit. Il n'y a de frontière que pour cette plénitude enfin [Sic!] de l'outrepasser, et, à travers elle, de partager à plein souffle les

différences. ».

Edouard GLISSANT « Il n'est de frontière qu'on outrepasse »

« Sans franchir la frontière, on est loin des réalités de l'autre côté. Mais, les nouvelles technologies de l'information et de communication (NTIC) nous aident à transcender celle-ci sans que nous soyons physiquement sur notre lieu de visite ».

Joseph APOLO MSAMBYA

Idées politiques et révolutions au Maghreb arabe. 4

In memoriam

A toi, l'inoubliable feu grand-père APOLO BITOKENDJA RAMAZANI, toi que la mort a
arraché avant notre existence ;
A vous, nos très chers oncles paternels, feus Emmanuel EBALO, NGWENA ISAAC et
MCHUMBE RAMAZANI;
A notre grand frère SADI MANASSE ;
Que ce travail atteste notre attachement responsable envers vous, qu'il soit un trait d'union
entre vous et nous,
Trouvez ici l'expression de notre profonde gratitude et notre regret pour vos départs si
prématurés,
Jouissez et goûtez les produits de ce travail dans l'au-delà,
Que la terre de nos aïeux vous soit douce et tolérante et que vos âmes reposent en paix !
« Requiescat In Pacem »

Idées politiques et révolutions au Maghreb arabe. 5

Dédicace

A Toi, Dieu tout puissant, Maître intérieur et source de tous les dons, pour ta bonté, ta grâce, ta miséricorde ; Toi qui ne cesses jamais de veiller sur nous jour et nuit ;

A Toi, Jésus Christ, notre bouclier contre nos adversaires, nos ennemies ; sois élevé au
piédestal car tu le mérites ;

A Toi, Esprit saint, source de Sagesse, Toi qui combles notre coeur de toute la joie ;

A vous, notre père MUHUNGA RAMAZANI W'APOLO, pour tous les efforts consentis, pour avoir accepté de subir toutes les peines de la vie pour assurer notre croissance physique,

spirituelle et intellectuelle. C'est à travers votre sens de responsabilité que, par votre grand amour paternel, vous venez de nous léguer un héritage qui nous servira à jamais dans le reste

de notre vie ;

A vous, notre très chère mère FATUMA MARIE Claudine, pour avoir supporté les caprices
de notre enfance, pour vos efforts et sacrifices consentis, pour tant d'affections et de
privations, pour toutes les peines que vous avez endurées, pour des sages conseils suite
auxquels nous avons hérité un sens de responsabilité, que ce travail soit pour vous un
réconfort ;

A vous, nos petits frères et soeurs pour votre soutien inestimable en prières, pour votre grand
respect envers nous, pour nous avoir reconnu la qualité de vous porter conseils : SOFIA
MAUWA Clémentine, ASENDE SANGO Francine, PIERRE SARTORIO, ABDALLAH
Jean-Marie, FURAHA Christelle, Justine MASOKA, Thérèse MUHUNGA, Elias LUKUBE ;

A vous, notre petite soeur NEEMA-MARIE GRACE et notre grand frère FAIZI
APOLO RAMAZANI Finck, avec qui nous avons enduré ensemble la vie estudiantine à
Bukavu, laissant nos parents en Tanzanie ; pour notre soudaineté, amour et partage ;

Idées politiques et révolutions au Maghreb arabe. 6

A vous, nos oncles paternels, Jules SWEDI Bin RAMAZANI pour nous avoir fortement
soutenu et APOLO W'APOLO Joseph, pour votre contribution tant morale que matérielle à
notre parcours académique ;

A toute la famille MASUDI MAZAMBI Emmanuel pour la joie partagée ensemble pendant toute notre vie à Bukavu ;

A vous, MASUDI MAZAMBI Emmanuel et votre compagne de vie MWAVITA
MUNYOLOLO Angel, nos parents les plus proches à Bukavu, pour tant d'efforts consentis,
soutiens, sacrifices, conseils ; pour votre contribution appréciable et amour portés à notre
égard tout au long de notre parcours sur le sentier de l'existence, que l'Eternel Dieu tout
puissant vous accorde au centuple la santé tant spirituelle que physique ;

A notre cher ami AMANI LULINDA Pascal et à notre petit frère APOLO RAMAZANI
Vital, pour nous avoir secourus en cas de nécessité ;

A vous, papa PANGU MULONDJI Gilbert, pour nous avoir réconfortés à travers vos conseils
et orientations, pour vos visions vis-à-vis de l'encadrement que vous avez toujours éprouvé
en faveur de la jeunesse ;

A vous tous, pour votre affection, vos sacrifices consentis avec amour et patience ;

A notre future épouse, A notre future famille ;

A vous tous qui nous êtes chers, oncles, tantes, cousins, grands-mères et pères, amis, frères et
soeurs en Christ, camarades étudiants, collègues : MASUDI WILONDJA Sylvain, MASUDI
KISOKA Kévin, MASUDI PHANUEL Serge, MOSHI ANDJELANI Guilaine, MOSHI WA

MOSHI Dustin, MOSHI BINWA Apolline, MUKUMIRO Jacques, DINAH KASHINDI
Landrine, AMISI MASUDI Etienne, RISASI LUSAMBYA Vicky, MSAMBYA MWAMBA

Logique, KIBOMBO MZALIWA Alpha, etc.

Joseph APOLO MSAMBYA

A toutes les âmes éprises de la formation intégrale des jeunes ;

Idées politiques et révolutions au Maghreb arabe. 7

Idées politiques et révolutions au Maghreb arabe. 8

Remerciements

Tout au long de notre parcours universitaire, des professeurs, enseignants et collègues d'une part ; des parents, frères et soeurs, tantes et oncles, grands-parents et amis, d'autre part ; nous ont donné la chance de nous construire et ont contribué à forger nos convictions scientifiques. A l'école, nos formateurs ont soutenu notre démarche et ont apporté des points de vue parfois différents et souvent complémentaires. A la maison, notre famille et nos amis ont, patiemment, sans comprendre toujours ce que nous pouvions faire, placé leur confiance en nous en ne doutant pas de notre travail et ont bien voulu nous donner leur affection, nous offrant également leur aide et un regard critique. D'où, l'ensemble de cette recherche n'aurait pas été possible sans le soutien moral, matériel et financier de plusieurs personnes à qui nous tenons à remercier sincèrement.

Pour cela, nous remercions très sincèrement le professeur José NSABUA TSHIABUKOLE pour avoir accepté très généreusement, en dépit de ses multiples occupations liées à sa noble profession, de diriger ce travail. Comme d'habitude, il a su faire éclater de façon heureuse, la substantifique moelle et partant, authentifier avec des mots justes, pertinents, les méandres de son contenu. Par sa vigilance, sa rigueur et sa disponibilité, il a souvent recadré notre sujet, tempérant notre fougue et recentrant notre approche afin de l'intégrer plus systématiquement dans la discipline des relations internationales.

L'assistant Florent MUNENGE MUDAGE, encadreur de ce travail et secrétaire du département des RI à l'UOB, nous a initié à la recherche. Il a accompagné ce travail de recherche depuis l'élaboration de sa problématique jusqu'à la contraignante étape de rédaction.

Nous avons le réel plaisir de rendre hommage aux corps académique, scientifique et administratif de l'Université Officielle de Bukavu (UOB), pour la qualité de la formation combien appréciable, pour avoir rendu possible notre formation nonobstant les conditions difficiles de la vie estudiantine durant tout notre cursus universitaire à l'UOB.

Nous tenons à remercier tous les enseignants, ceux de l'école primaire et secondaire pour leur formation qui nous a servi de base pour avoir le niveau d'études que nous avons. Un mot doit nécessairement s'adresser aussi à tous nos enseignants de l'université pour avoir

concrétisé en nous le nom d'internationaliste que nous portons déjà et qui nous pousse à aller de l'avant.

Nous sommes reconnaissant envers nos chers parents pour tant de sacrifices qu'ils se sont imposés pour que soit effective notre formation scientifique, ce qui témoigne leur affection incommensurable envers nous. Qu'ils trouvent, à travers ce travail, les fruits de leurs mérites. Nous espérons que les pages suivantes ne les trahissent pas, elles ont été en tout cas écrites avec tout le respect possible.

Que nos frères et soeurs, nos tantes, nos oncles paternels et maternels, nos grands-mères et grands-pères, nos amis et tous ceux qui, d'une manière ou d'une autre, nous ont soutenu durant toute notre vie estudiantine, trouvent ici l'expression de notre profonde reconnaissance. Que les couples APOLO BITOKENDJA RAMAZANI - MWAJUMA BANYEKI LONA dite WA MKYOBA et LUKUBE LUHOTA David - SOPHIA MAUWA WA MKELELWA, respectivement nos grands-parents paternels et maternels, ainsi que les familles de l'oncle paternel ASISA BULIMWENGU et de l'oncle maternel MWENEBATU LUKUBE Jacques trouvent ici la félicitation pour leurs efforts conjugués dans la réussite de nos études.

Nous sommes par ailleurs redevable de l'assistance continue apportée par les familles MASUDI MAZAMBI Emmanuel, MWAMBA WATEKWA et OBEDI SUMAILI ECA qui, durant tout notre séjour académique à Bukavu, nous ont hébergé et dont nous ne pouvons taire leur grande intervention dans le cadre matériel.

Qu'il nous soit aussi permis de remercier nos frères en Christ, le Révérend père PIERLUIGI SARTORIO et Mr. l'Abbé ALIMASI BWINGI Jean Marie, qui nous ont parfois secouru financièrement durant ces cinq années d'études à Bukavu.

A nos compagnons et camarades de lutte pour les échanges et débats intellectuels fructueux ayant stimulé notre pensée, pour le soutien et la consultation mutuelle. Nous citons EBENGO HONORÉ W'ALFANI et MASHAURI KASEREKA Diazo de l'Université de Lubumbashi (UNILU) ; ALIMASI WILONDJA Patrick, MAGARIBI LEHANI Hervé, NAMEGABE BAGUMA Prince, MUGISHO CIHYOKA Laurent, ASSUMANI UKANE

Idées politiques et révolutions au Maghreb arabe. 9

Didier, MASTAKI KASHANVU Maskas, KASOLVA KELA Sarah, tous de l'Université Officielle de Bukavu à Bukavu et bien d'autres.

Nous sommes finalement et également redevable envers tous ceux que nous n'avons pas cités et que notre mémoire a oubliés, nous leur disons : MERCI.

Joseph APOLO MSAMBYA

Idées politiques et révolutions au Maghreb arabe. 10

0. Introduction

A la fin de ce deuxième cycle d'études universitaires, il nous a plu de mener une étude sur les « Idées politiques et les révolutions dans les relations internationales : Cas du Maghreb Arabe».

Cette étude se décèle aussi bien dans le cadre de la pratique en vue d'accoucher les connaissances acquises à l'auditoire pendant notre cursus à l'Université Officielle de Bukavu (UOB).

0.1. État de la question

Il existe une ribambelle de littératures sur les relations internationales contemporaines et les défis auxquels celles-ci se trouvent confrontées. Ceci dit, nous déplorons la carence dans l'exploitation du thème afférent aux vagues révolutionnaires dans le Maghreb arabe (commencées à partir de 2010), en dépit de l'actualité récurrente en la matière qui devrait pourtant motiver les chercheurs. Toutefois, il existe certains écrits (articles publiés en ligne) sur les différentes révolutions qui se passèrent au Maghreb. Comme vous pouvez le constater, nous nous sommes donc engagé sur un terrain en friche et dont le décryptage exige un effort ardu.

Voilà qui justifie l'inscription de la quintessence de ce travail dans l'optique des investigations, à l'instar de nos prédécesseurs, mais en nous inscrivant quelque peu en faux contre leur approche. Nous nous proposons et nous efforçons de focaliser notre attention particulière sur la nouvelle donne que revêt actuellement le Maghreb arabe plongé dans les révolutions hostiles contre des régimes dictatoriaux imposés de cela plusieurs années par les chefs d'États de la plupart de cette région africaine.

Ce n'est pas pour autant prétendre être le premier à aborder un sujet de telle marque. Cependant, au terme de la lecture des livres des uns et de l'analyse des rapports et articles des autres, force nous est d'observer que presque tous ont axé leur réflexion sur les menaces que présente le monde arabe en général, et les autres se limitent à étudier un seul cas parmi les pays arabes. Nous, par contre, nous allons uniquement nous intéresser à l'actualité se déroulant présentement dans le Maghreb arabe en portant notre attention particulière sur les événements en Tunisie, en Égypte et en Libye.

Nous citerons à titre purement illustratif, les publications ci-après :

Idées politiques et révolutions au Maghreb arabe. 11

L'article intitulé : « la révolution libyenne : socialisme-justice-identité » consacre une analyse sur la révolte libyenne de 19691. Dans cet article, il est montré comment un groupe d'une douzaine d'officiers rassemblés en un Commandement de la Révolution (CCR), sans pratiquement tirer un seul coup de feu, s'empare du pouvoir. C'est l'arrivée au pouvoir du colonel Mouammar El Kadhafi, alors jeune de 27 ans.

Jean TULARD, sans s'intéresser à tout le Maghreb, a articulé aussi, dans son article, une étude sur la révolution tunisienne de 1989, laquelle révolution qu'il compare à la française de 17892.

Parlant aussi de la révolution dans le Maghreb arabe et précisément des révolutions en Tunisie et en Égypte, NAJOUA AZLAG3 met un accent particulier sur le rôle joué, mais sans le savoir, par les nouvelles technologies de l'information et de communication (NTIC), notamment les réseaux Facebook et Twitter dans l'intensification des manifestations révolutionnaires.

Dans l'ensemble et sans spécifier l'un des pays arabes, MARIKA EL HAKI a mené une analyse sur l'ensemble de révolutions dans le monde arabe en soulignant l'aspect intégrateur et fédérateur qu'ont les pays de cette aire géographique. Il insiste en disant que si la politique européenne et américaine n'oeuvrent pas à saper cet élan unificateur, comme ils se sont habitués par l'ingérence, ils ne pourront jamais briser l'unité du monde arabe4.

La thèse de Laurent BONNEFOY, se fondant sur les relations religieuses transnationales contemporaines entre le Yémen et l'Arabie Saoudite, focalise l'attention sur l'impact ravageur que celles-ci présentent comme une nouvelle source de menace à la paix, à la stabilité et à la sécurité sur toute la région du Moyen-Orient. Dans le contexte actuel de la

1 « La révolution libyenne : socialisme-justice-identité », édicté sur le http://www.pcn-ncp.com/RevLib.htm, consulté le 12 avril 2011.

2 J. TULARD, « L'an 1789 de la révolution tunisienne », édicté sur le http://www.lemonde.fr/afrique/article/2011/01/18/jean-tulard-l-an-1789-de-la-revolutiontunisienne_1467392_3212.html, mis en ligne le 18 janvier 2011 et consulté le 09 avril 2011.

3 N. AZLAG, « L'Égypte, la Tunisie et les réseaux sociaux », édicté sur le

http://savemybrain.net/v2/2011/02/08/egypte-tunisie-reseaux-sociaux/, mis en ligne le 08 février 2011 et consulté le 12 avril 2011.

4 M. EL HAKI, « Les révolutions arabes, tentative d'avortement par l'ingérence occidentale ? », édicté sur le http://monalika08.wordpress.com/2011/03/15/les-revolutions-arabes-et-la-tentative-dingerence-occidentale-de-celles-ci/, mis en ligne le 15 mars 2011 et consulté le 11 avril 2011.

Idées politiques et révolutions au Maghreb arabe. 12

« guerre mondiale contre le terrorisme », l'auteur montre que la surveillance de cette frontière constitue dès lors un enjeu international de toute première importance5.

Abdallah LAROUI6, dans son ouvrage, fait ressortir l'historiographie du Maghreb depuis l'antiquité jusqu'à la période coloniale sur ses civilisations, ses pays, ses hommes, sa société, etc. L'auteur justifie, période par période, la rupture et la succession, et surtout l'identité postulée entre le déroulement de l'historiographie et le développement historique, laquelle périodisation permet de différencier les niveaux successifs de l'économie, de la société, de l'organisation étatique, de la culture et de la psychologie.

L'ouvrage de Hildebert ISNARD7 postule une analyse sur les forces en présence au Maghreb (les données naturelles et économiques, humaines) avant d'évoquer les défis qu'ont connu les États maghrébins face à l'indépendance et au sous-développement. Il finit par accorder une étude sur la géographie des États maghrébins en accordant une importance particulière sur l'Algérie, le Maroc et la Tunisie.

Un guide de Jean-Jacques FAUVEL accorde une place sur la saisie des traits historiques, humains et sociaux du Maroc8.

Dans une publication en ligne, l'avocat congolais Edgard KIGANGA SIROKO9 s'est mis à relater les faits ayant entrainé les bouleversements dans le monde arabe en ce début de l'année 2011 tout en y portant un jugement de valeur selon lequel la déchéance des dictatures est toujours une bonne nouvelle pour l'éclosion des libertés, comme cela a été le cas en Tunisie et en Egypte, même si pour l'instant, c'est loin d'être irréversible.

FABIAN, en analysant la situation dans le monde arabe, plonge dans une multitude de questionnements sur ce qui serait en train de se passer non seulement dans le monde arabe,

5 L. BONNEFOY, Les relations religieuses transnationales contemporaines entre le Yémen et l'Arabie saoudite : un salafisme « importé » ? Inédit, Thèse, Institut d'Etudes Politiques de Paris, CERI, 511 pages.

6 A. LAROUI, L'histoire du Maghreb. Un essai de synthèse, Paris, Librairie François Maspero, 1976, 206 pages.

7 H. ISNARD, Le Maghreb, Paris, PUF, 1978, 274 pages.

8 J.-J. FAUVEL et al, Le Maroc, Paris, Hachette, 1981, 483 pages.

9 E. KIGANGA SIROKO, « Révolutions dans le Maghreb et le Golfe : les institutions arabes et l'UA doivent être en première ligne », édicté sur le http:// www.Afrik_com/l'actualité de l'Afrique noire et du Maghreb - Le quotidien panafricain.htm, mis en ligne le mercredi 23 mars 2011, consulté le 11 avril 2011.

Idées politiques et révolutions au Maghreb arabe. 13

mais dans le monde entier et arrive à une piste selon laquelle le monde de demain serait en train de se dessiner et l'équilibre des forces serait également en train de se redéfinir profondément10.

Un article de réflexion, réalisé par ZGOUGOU suite aux bouleversements des pays arabo-musulmans débutés en 2011 et qui, par un effet de domino, depuis la petite Tunisie, continue à faire un pied de nez à l'histoire. En effet, cet auteur s'est demandé si la chute des différentes dictatures en Tunisie, en Égypte, et demain la Libye ou le Yémen, n'était pas en fait la fin du processus de guerre froide ayant mis en place ces régimes ?11

0.2. Problématique et hypothèses

a) Problématique

La fin de l'année 2010 et le début de l'année 2011 ont vu naître une vague des révolutions dans la plupart des pays du monde arabo-musulman. Elles sont parties du Maghreb, précisément en Tunisie, et se sont par la suite intensifiées dans les autres pays arabes. La chute de Ben Ali en Tunisie et celle de Hosni Moubarak en Égypte font trembler les régimes les plus verrouillés. Les révolutions égyptienne et tunisienne sont venues, d'ores et déjà, porté un coup fatal à ce qui était considéré comme une donnée inébranlable du monde arabo-musulman : la pérennité d'un modèle de gouvernance fondé sur la toute-puissance d'un homme issu de l'armée ou de la police, se maintenant en place grâce à la répression, à la prise en main de tous les moyens de communication et au trucage des élections, pratiquant le clientélisme, le népotisme et la corruption à grande échelle et cherchant en fin de parcours à instaurer une pratique dynastique. A en croire, ces révolutions ont toutes les mêmes caractéristiques car elles sont toutes porteuses des mêmes revendications : trouver solution aux problèmes du chômage, de la corruption, de la jeunesse marginalisée, du système politique verrouillé12, d'où il faut le départ des régimes dictatoriaux en place qui se sont installés il y a de cela plus longtemps sans le désir de pouvoir quitter le pouvoir. Une inquiétude se pose alors : pourquoi cette généralisation des révolutions dans la plupart des pays arabes ? Dès le début de ces mouvements contestataires, certains croyaient qu'il s'agissait d'une machination du monde occidental qui

10 FABIAN, « Révolution des peuples arabes et valse des idées reçues », édicté sur le http://www. revolution-des-pays-arabes.html, mis en ligne le 1er février 2011, consulté le 15 avril 2011.

11 ZGOUGOU, « Révolutions au Maghreb et dans le monde arabe : la fin de la guerre froide ? », édicté sur le http://tunisieanun.wordpress.com/2011/04/10/revolutions-au-maghreb-et-dans-le-monde-arabe-la-fin-de-la-guerre-froide/, mis en ligne le 10 avril 2011 et consulté le 13 avril 2011.

12 C. DESLOIRE, « Révolution(s) arabe (s) et l'Algérie ? » in Jeune Afrique, n°2618, du 13 au 19 mars 2011, p.21.

Idées politiques et révolutions au Maghreb arabe. 14

consisterait à révolutionner le peuple arabe, en mettant au-devant la démocratie, pour asseoir sa domination sur le monde arabe ; pour d'autres, le triomphe des valeurs du marché et de la globalisation masquerait celui de l'idéologie libérale américaine13. Mais, il nous semble que l'après-guerre froide, le monde serait caractérisé par le triomphe des valeurs de la démocratie et des libertés universelles auxquelles tous les peuples du monde doivent se conformer. La thèse selon laquelle la nature du régime politique détermine directement le comportement international des États (la paix démocratique) est l'une des propositions les plus anciennes mais les plus souhaitées actuellement, surtout par la théorie libérale. Elle demeure fondamentale dans la mesure où elle justifie les appels permanents des politiques étrangères occidentales à la démocratisation et à la transition démocratique (les démocraties ne se font pas la guerre)14.

La problématique étant un ensemble de questions que le chercheur se pose en vue de pouvoir les soumettre à la vérification des faits et qui orientent toute sa recherche15, la préoccupation suivante sera au coeur de notre étude :

? En quoi les idées politiques peuvent-elles être influentes dans les relations internationales en général et source des révolutions au Maghreb, en particulier ?

b) Hypothèses de travail

L'hypothèse est la proposition provisoire, formulée d'habitude au début d'une recherche en guise de réponse provisoire à une question qu'une théorie donnée à la réalité s'est posée, proposition susceptible d'être confirmée, infirmée ou nuancée par le résultat de la recherche en question.

Ainsi, les idées affecteraient les choix politiques, tout d'abord, en réduisant l'incertitude inhérente aux relations internationales et aux choix stratégiques et en fournissant des repères qui conduisent à des nouvelles initiatives politiques16. Les idées fourniraient les cadres d'interprétation qui clarifient les buts des acteurs et la relation entre les moyens et les fins, conduiraient à des changements plus profonds des préférences et des identités. C'est comme Charles de Gaulle qui commençait toujours ses mémoires par la phrase : « Toujours je me suis fait une certaine idée de la France ».

13 Pierre HASSNER, « Le rôle des idées dans les relations internationales » in Politique étrangère 3-4/2000, p.687.

14 Amélie BLOM et Frédéric CHARILLON, Théories et concepts des relations internationales, Paris, Hachette Supérieur, 2001, p.35.

15 Matyabo ASAKILA, Notes de Cours d'initiation à la recherche scientifique, Inédit, G1 RI, FSSPA, UOB, 20062007.

16 Marie-Claude SMOUTS et al (S/dir.), Dictionnaire des relations internationales, Paris, Dalloz, 2ème édition, 2006, p.282.

Idées politiques et révolutions au Maghreb arabe. 15

Ainsi, les idées seraient-elles source des révolutions au Maghreb arabe du fait qu'une brèche entre la répartition du pouvoir politique et la répartition du pouvoir social devenait de plus en plus insupportable alors qu'une référence était toujours faite à l'étranger pour tirer le contour de ladite situation.

0.3. Objet, Choix et intérêt du sujet

a) Objet d'étude

La préoccupation majeure dans cette dissertation consistera à dégager les défis auxquels se trouvent confrontées les relations internationales par le fait de la multiplicité et de la montée en puissance, en ce début du 21ème siècle, des réseaux qui sont venus altérer l'image de la vie internationale en véhiculant des idées, dans la mesure où ces dernières sont à la base des vagues révolutionnaires dans le monde et surtout dans celui arabe.

b) Le choix du sujet

En principe, tout travail scientifique demande un choix préalable du sujet, lequel choix vise à approfondir un aspect particulier de la matière parmi tant de connaissances apprises. Ainsi, le choix d'un tel sujet de travail est justifié par notre souci de comprendre pourquoi il y a généralisation des révolutions dans le monde arabo-musulman en général et dans le Maghreb arabe en particulier, lesquelles révolutions se succèdent d'un pays à l'autre dans cette contrée ; mais également, nous sommes réconforté par le désir de vouloir devenir un jour dans l'avenir spécialiste du Maghreb.

c) L'intérêt du sujet

Un triple intérêt aura milité pour le choix d'un tel sujet d'étude :

- L'intérêt personnel : l'analyse de ce sujet est motivé par notre souci d'approfondissement et de la maîtrise d'un quelconque bagage de connaissances sur les relations internationales contemporaines par rapport à celles classiques;

- L'intérêt scientifique : Ce sujet présente sans doute un intérêt capital à la science des relations internationales. Cette étude, après son analyse, servira de référence à la génération future qui entreprendra aussi à son tour des analyses cadrant avec ce sujet ;

- Intérêt académique : cet intérêt nous est capital dans ce sens qu'il permet à l'environnement scientifique de nous qualifier, de nous montrer de quoi nous sommes

Idées politiques et révolutions au Maghreb arabe. 16

capables avant de nous octroyer ce mérite de grade de licencié en Relations internationales. C'est à travers celui-ci que notre compétence sera critiquée, étudiée, appréciée par tous les scientifiques en général et par notre directeur de travail en particulier.

0.4. Délimitation du sujet

Dans la plupart des cas, les conditions de recherche obligent le chercheur à restreindre son champ d'action et son espace temporel.

a) Dans le temps

En effet, l'analyse émaillant l'armature de ce travail repose sur la période circonscrite entre 1990 et 2011. 1990, en effet, dans la mesure où cette année constitue la période post-guerre froide, période au début de laquelle correspond avec celle de l'émergence des idées, une référence majeure en relations internationales pour la réorientation de la politique étrangère des États sur la scène internationale, mais aussi de l'émergence de plusieurs acteurs transnationaux (à l'instar des réseaux) de par le monde, car jadis soumis aux influences et contrôles de deux supergrands de l'époque (USA et URSS). La borne supérieure (année 2011) correspond à l'année de l'intensification des révolutions dans le Maghreb arabe mais aussi l'année d'édition de cette oeuvre.

b) Dans l'espace

Du point de vue spatial, l'étude concerne l'étendue de la scène internationale en général et du Maghreb arabe - la Tunisie, l'Égypte et la Libye - en particulier. Il sied de rappeler qu'elle concerne les défis auxquels se trouve confrontée la scène internationale dans cette zone par la vague révolutionnaire.

0.5. Approche méthodologique

La méthodologie suppose la science de la méthode ou des méthodes, elle est la discipline scientifique ayant pour objet des méthodes effectivement suivies par chaque science particulière17. En abordant cette thématique, nous voulons évoquer d'une part les outils

17 MATYABO ASAKILA, « Notes de cours d'initiation à la recherche scientifique », déjà cité.

Idées politiques et révolutions au Maghreb arabe. 17

théoriques - la méthode - et d'autre part, les outils pratiques- les techniques - auxquels nous avons fait recours dans cette étude.

a) La méthode

S'agissant de la méthode, selon Roger PINTO et Madeleine GRAWITZ, « les méthodes sont l'ensemble des opérations intellectuelles par lesquelles une discipline cherche à atteindre les vérités qu'elle poursuit, les démontrer et les vérifier18 ». Dans le même cheminement, Benoît VERHAEGEN souligne qu'une méthode ne peut être fixée une fois pour toutes par un savant, même s'il est nécessaire qu'il précise clairement au début de sa recherche ses options méthodologiques provisoires19.

Avant de nous fixer sur la méthode à utiliser, disons d'entrée de jeu que cette étude se situe sur le troisième niveau d'analyse des relations internationales qui est celui de l'analyse systémique où le milieu international est considéré comme un système, où l'on analyse les questions de stabilité internationale et du rôle de l'acteur universel comme l'ONU (Organisation des Nations Unies). Ce niveau comprend aussi, outre le système global, les systèmes partiels ou régionaux autour desquels se pose le problème d'interdépendance ou de globalité, de solidarité, de coopération et/ou d'intégration.

Précisons également qu'une telle analyse se situe dans le deuxième sous-champ d'étude des relations internationales qui est celui des relations transnationales. Ces dernières signifient l'ensemble de relations qui se tissent entre les acteurs de la scène internationale et qui échappent au contrôle des États20. Cela revient à placer cette étude dans la théorie transnationaliste des relations internationales qui postule la clôture du monde et l'autonomie de la société civile par rapport à l'État21. Selon cette théorie toujours, les flux transfrontaliers sont, en échappant au contrôle de l'État, à l'origine d'une triple crise22. Une crise de la souveraineté tout d'abord, puisque c'est bien la capacité de l'État à organiser la vie sociale qui est en cause. Une crise de la territorialité ensuite, dans la mesure où la tendance à la globalisation bouleverse les cadres territoriaux classiques délimités par des frontières. Une crise d'autorité (ou de légitimité) enfin,

18 R. PINTO et M. GRAWITZ, Méthode de recherche en sciences sociales, Paris, Dalloz, Tome 1, 1971, p.318.

19 B. VERHAEGEN, « Méthode et problèmes de l'histoire immédiate » in Cahiers économiques et sociaux, n° 3, septembre 1970, p. 472.

20 F. MUNENGE MUDAGE, Notes du Cours de séminaire de méthodologie des Relations internationales, Inédit, L1 RI, FSSPA, UOB, 2009 - 2010.

21 Jean-Jacques ROCHE, Théories des relations internationales, Paris, Montchrestien, 7ème édition, 2008, p.114.

22 Idem, pp.117-118.

Idées politiques et révolutions au Maghreb arabe. 18

car c'est en définitive l'incapacité à organiser les désordres actuels qui interdit l'instauration d'un ordre reconnu qui permettrait, à son tour, d'élaborer le cadre d'une interprétation stable. Telle est la situation de crise au Maghreb arabe.

Ainsi, nous allons faire recours à la méthode systémique de Morton Kaplan qui, selon elle, un système international est défini généralement comme un ensemble d'unités liées entre elles par un ensemble d'interactions telles qu'un changement dans une unité ou dans ses relations produit un changement dans les autres unités du système23. D'auteurs estiment que s'il y a un concept qui pourrait unifier l'analyse des relations internationales, c'est certainement le concept du système, lequel met l'accent sur la totalité plutôt que les parties, la forêt plutôt que les arbres24. En d'autres termes, la méthode d'analyse systémique permet de comprendre comment les relations internationales se structurent et se restructurent25. Pour cela, nous considérons le monde arabe maghrébin ou l'Union du Maghreb Arabe (UMA) comme un système global (système universel selon Morton Kaplan) et chacun des États arabes concernés par cette étude constitue une unité ou un sous-système (Tunisie, Egypte et Libye). La logique des interactions dans ce système fait que la révolution du jasmin ayant débuté le 17 décembre 2010 en Tunisie entraine des profonds changements à son sein et affecte presque tous les États arabes.

Cette méthode sera appuyée par une approche historique qui consistera à situer les phénomènes qui s'étaient déroulé ou se déroulant dans le Maghreb arabe par rapport à leur genèse et à leur évolution. Elle consistera également, comme le souligne Madeleine GRAVITZ26, à combler les lacunes des faits et événements en s'appuyant sur un temps, peut être artificiellement reconstruit, mais assurant une continuité, une trame aux phénomènes.

b) Les techniques

Les techniques sont, quant à elles, des moyens d'atteindre un but, des moyens mis à la disposition d'une méthode pour la rendre opérationnelle27. Nous avons pu recourir à quelques-

23 Marie-Claude SMOUTS et al, Op. Cit., p.519.

24 [S.A.], « Approches à l'analyse du système mondial » in Études internationales, Vol.15, n°4, 1984, pp.751-753., disponible aussi en ligne sur le http://www.id.erudit.org/iderudit/701744ar, consulté le 30 avril 2011.

25 Adrien MULUMBATI NGASHA, Les relations internationales, Lubumbashi, éditions AFRICA, 2005, p.53.

26 Madeleine GRAVITZ, Méthodes des sciences sociales, Paris, Dalloz, 2001, p.422.

27 Mascotsh NDAY WA MANDE, Notes du cours de méthodes de recherche en sciences sociales, Inédit, G2 RI, FSSPA, UOB, 2007 - 2008.

Idées politiques et révolutions au Maghreb arabe. 19

unes qui nous ont facilité la tâche dans les recherches, la sélection et le traitement des données, parmi lesquelles :

> La technique documentaire : il s'agissait d'accéder à la lecture des certains ouvrages, articles, journaux et revues portant sur notre sujet d'étude. Nous avons de même fait usage de l'Internet, analysé certaines informations diffusées par la radio et la télévision ;

> L'observation participante : elle nous a permis de suivre attentivement, en dehors de notre milieu de vie, la réalité de la scène internationale pour en saisir le contour et le détail des événements se passant actuellement au Maghreb arabe;

> La technique d'entretien : elle a été pour nous une occasion de faire des échanges intellectuels en équipe, bien sûr avec notre directeur, notre encadreur et nos camarades étudiants, susceptibles de stimuler la pensée ;

> L'analyse du contenu : par celle-ci, nous avons critiqué les différentes sources pour déterminer l'originalité, l'authenticité et la provenance des données recueillies.

0.6. Difficultés rencontrées

Tout au cours de la rédaction de ce laborieux travail scientifique, nous avons été confrontés à plusieurs difficultés, notamment :

> Le manque d'un nombre important d'ouvrages dans les bibliothèques de la place susceptibles de nous fournir les renseignements portant sur notre sujet d'étude. Eu égard à ce problème et étant donné que nous traitions d'une question d'actualité, nous nous sommes efforcé, dans les limites de nos possibilités, de développer ce sujet sur base des ouvrages généraux disponibles et des informations collectées auprès de nos formateurs, mais aussi nous avons fait usage de l'Internet pour consulter sur place certains ouvrages dans les bibliothèques disponibles en ligne ;

> Les difficultés d'ordre financier pour assurer à bon escient la recherche des données pour la réalisation de ce travail. De ce fait, on ne pouvait que s'en prendre à nos propres moyens disponibles pour faire ce que ces derniers nous permettraient ;

> Etre éloigné de notre directeur. Cet état de chose a diminué notre fréquence d'entretien et tout devrait se faire via Internet quant à ce qui concerne l'échange des textes et des nouvelles orientations (remarques, corrections à intégrer) sur la rédaction.

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0.7. Plan sommaire du travail

Comme on le voit, ce travail est le résultat d'une recherche bien fouillée. Il tranche avec une simple littérature empirique car les faits y évoqués sont vérifiables. Il s'articule, outre l'introduction et la conclusion générale, sur quatre chapitres regroupés autour de deux parties.

La première partie aborde les considérations théoriques générales. Cette partie comprend deux chapitres qui s'efforcent de décrypter la quintessence des notions fondatrices des éléments constitutifs du sujet, à savoir, les idées politiques et les révolutions. Ainsi, le premier chapitre est intitulé « Histoire des idées dans les relations internationales» alors que le second traite de « Notions des révolutions dans les relations internationales».

La deuxième partie, quant à elle, concerne le « Cadre pratique » et essaie justement d'analyser les problèmes majeurs qui frappent le monde arabe en général et le Maghreb arabe en particulier. C'est pour cela que le troisième chapitre s'évertue à analyser les différentes révolutions au Maghreb en ce début d'année 2011 (notamment en Tunisie, en Égypte et Libye). Le dernier chapitre s'articule sur « la démocratie et l'instauration d'un nouvel ordre politique au Maghreb arabe».

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Première partie. Considérations théoriques générales

Cette partie comprend deux chapitres et consistera en une analyse des notions matricielles de l'objet d'étude. Il sera question de relativiser une étude avec la notion des idées en relations internationales (chap. 1) et de montrer comment celles-ci sont susceptibles d'entrainer des révolutions profondes sur la scène internationale (chap. 2).

Les idées demeurent, après la guerre froide, une référence majeure en relations internationales pour la réorientation de la politique étrangère des États sur la scène internationale. Les exemples les plus probants qui prouvent ces propos peuvent être illustrés par la définition et la réorientation de la politique extérieure de l'URSS à partir du milieu des années 1980 qui a semblé un peu plus difficile à expliquer à partir des facteurs matériels classiques du néoréalisme, alors que de nouvelles idées semblaient jouer déjà un rôle décisif conduisant à une transformation complète des relations internationales. L'importance de l'idéologie néoconservatrice dans la politique étrangère des Etats-Unis depuis les attentats du 11 septembre 2001 sur les deux tours jumelles à New York ayant affecté les symboles de la puissance militaire (le pentagone qui est le ministère de défense) et économique (le World Trade centre) de ces derniers est une autre illustration du rôle capital des idées.

Samuel HUNTINGTON a écrit dans son ouvrage, Le choc des civilisations, que « le XIXe siècle avait été le siècle du conflit des nations, le XXe siècle celui du conflit des idéologies, et que le XXIe siècle serait celui du conflit des civilisations ».

Cette définition donnée sur l'histoire de nos civilisations reflète que chaque période, chaque génération, est marquée par un conflit. Ces conflits reflètent des pensées, des volontés de groupes restreints voulant imposer un modèle à la société internationale. Durant le XXe siècle, le rôle des idéologies a été prépondérant sur les modes de vie et aujourd'hui celles-ci les influencent toujours.

C'est pour cela que les idées ne sont jamais sans conséquences soit positives, soit négatives, d'où les révolutions.

Idées politiques et révolutions au Maghreb arabe. 22

Chapitre premier. L'histoire des idées politiques dans les relations internationales

Dans ce chapitre, un accent sera mis sur les éléments qui montrent comment il y a circulation des idées sur la scène internationale.

Depuis longtemps, le monde a connu une quelconque pensée politique sur base de laquelle il pouvait se tailler la conduite et à laquelle les régimes politiques devraient faire recours pour gouverner. Cet aspect nous amènera à spécifier la pensée politique ou les idées-mères ayant façonné le monde à chaque période depuis l'antiquité à nos jours. Bien que les États-nations, acteurs des relations internationales, n'existaient pas encore depuis l'antiquité jusqu'au 19ème siècle et bien que notre délimitation temporelle part des années 1990 à nos jours, nous trouvons préférable de remonter avec l'histoire des idées depuis l'antiquité pour essayer de faire comprendre leur évolution dans le temps et dans l'espace et en arriver à montrer leur impact actuellement. Il est très difficile de donner une définition unique au terme d' « idée » par le fait que chaque idéologie influence le sens que l'on porte à cette notion. Cependant, on peut définir l'idéologie de façon généraliste comme un ensemble plus ou moins systématisé de croyances, d'idées, de doctrines influant sur le comportement individuel ou collectif28. Elle a pour objectif de comprendre et d'expliquer l'origine des idées ou comment les pensées ou les représentations éclosent et fleurissent dans le cerveau des hommes29.

Section I. Les idées politiques antiques ou hellénistiques

La pensée politique antique a été caractérisée par la naissance de la raison et la quête du bon gouvernement qui sera conditionnée par l'existence de la cité (grecque d'Athènes) qui, actuellement, dans l'univers politique, joue le même rôle que l'État30. La cité constituait alors une organisation politique et sociale unitaire d'un territoire limité qui peut comprendre une ou plusieurs villes. A la fin du VIIème siècle, plusieurs régimes sont oligarchiques, mêlés à des survivances monarchiques.

28 Exposé édicté sur le http://www.oboulo.com/role-ideologies-relations-internationales-96387.html, mis en ligne le 14 Octobre 2009, consulté le 12 avril 2011.

29 Michel SIMON, Comprendre les idéologies : les croyances - les idées - les valeurs, Lyon, éditions Chronique sociale de France, 1978, p.9.

30 Olivier NAY, Histoire des idées politiques, Paris, Armand Colin, 2004, p.10.

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Les grandes idées de cette période furent la démocratie, la liberté et la loi31. Selon la démocratie athénienne, fondée sur la souveraineté du demos et qui désigne le gouvernement du peuple, la loi doit être égale pour tous (l'isonomie, du grec isonomia), tout le monde doit participer aux affaires (isegoria) et au pouvoir (isocratia)32, l'égalité sociale et la mise d'un gouvernement du peuple.

La liberté impliquait, à Athènes, n'être plus esclave de qui que ce soit ni de quoi que ce soit, le droit de n'obéir qu'à la seule loi dans l'égalité, mais aussi le fait d'être tour à tour gouverné et gouvernant.

Les idées démocratiques de la Grèce ne furent sans critiques. Nous allons montrer les critiques formulées par quelques philosophes et écrivains de cette période.

1) Les idées critiques d'ARISTOPHANE

ARISTOPHANE a blasonné la démagogie qui a remis le pouvoir à une créature aussi instable, aveugle et exigeante, l'esprit belliqueux que désapprouvait le paysan attique, les innovations philosophiques qui ébranlaient les valeurs traditionnelles, sommaires mais consacrées, la dépravation des moeurs politiques33.

2) Les idées critiques d'ISOCRATE

ISOCRATE a renchéri que les penseurs de ladite démocratie se sont toujours renfermés dans la spéculation théorique, d'où l'abandon intérieur de la démocratie. Il propose alors une démocratie de principe où le peuple exercerait sa souveraineté par l'élection, non par le tirage au sort, et où les notables seraient aux affaires34.

3) Les critiques de XENOPHON sur la démocratie athénienne

XENOPHON (425-355) se livre à une âpre critique de la démocratie athénienne caractérisée, selon lui, par la division, l'indiscipline et l'incompétence. Il illustre dès lors un autre aspect de la pensée politique autoritaire : les idées monarchiques35. Il croit profondément au rôle du chef et aux mérites du gouvernement d'un seul. Il se borne à montrer comment un

31 Jean TOUCHARD, Histoire des idées politiques : des origines au XVIIIème siècle, Paris, PUF, Tome 1, 1959, p.16.

32 Idem, p.17.

33 Idem, p.25.

34 Idem, p.26.

35 Idem, p.27.

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tyran peut essayer de surmonter les tares matérielles et morales du régime qu'il incarne en prenant pour seul objectif l'intérêt de ses sujets36.

4) Les idées politiques de PROTAGORAS

L'apport de Protagoras dans la pensée politique est son scepticisme à l'égard de la tradition et son engagement en faveur de la démocratie37. A travers une relecture du mythe de Prométhée, il soutient que les dieux ont oublié de doter les hommes de certains talents naturels accordés aux animaux (la capacité de vivre sans conflit notamment) ; les hommes ont donc été tenus d'inventer l'art politique afin de vivre ensemble. Dès lors, l'invention de la cité est pour Protagoras le résultat de l'intervention des hommes qui n'ont pu faire autrement que de forger des lois et des conventions pour se gouverner librement.

5) Les idées critiques de PLATON

Pour PLATON, la démocratie est le règne des sophistes qui, au lieu d'éclairer le peuple, se contentent d'étudier son comportement et d'ériger en valeurs morales ses appétits. En ce sens, la tentative de Platon est destinée à sauver morale et politique du relativisme à quoi les réduisait PROTAGORAS. L'une des idées les plus célèbres de Platon est de confier le pouvoir aux philosophes (...). La cité n'apparaît pas parfaitement heureuse que si elle est gouvernée par des philosophes-rois, soit que le philosophe devienne roi, soit que le roi se fasse philosophe38. Il s'agit pour Platon de céder la direction de la cité à ceux qui maitrisent l'art politique, un art qui implique une connaissance approfondie de la nature humaine. La science politique doit retrouver les lois idéales en faisant donc corps avec la philosophie, et la politique ne sera une science, selon lui, que quand les philosophes seront rois39. Ainsi, le problème central de Platon, quand il écrit la république, est celui de la justice, individuelle ou collective, c'est-à-dire le vrai ou le bien appliqué au comportement social. Platon recherche donc la cité idéale ou juste.

Dans son oeuvre de vieillesse, les lois, Platon n'y décrit pas ce qu'est réellement la cité idéale mais, seulement elle peut être comprise comme le meilleur que l'on puisse construire en pratique. Il prône ainsi un État théocratique et intolérant où l'athéisme doit être sévèrement

36 Jean TOUCHARD, Histoire des idées politiques : des origines au XVIIIe siècle, Tome I, Op. Cit., p.28.

37 Olivier NAY, Op Cit., p.32.

38 Idem, p.39.

39 Idem, p.29.

Idées politiques et révolutions au Maghreb arabe. 25

pourchassé et où les lois doivent avoir une origine divine et c'est Dieu qui est la mesure de toute chose. Aux dispositions légales se mêlent des prescriptions religieuses impératives qui font que la religion et le droit s'épaulent constamment.

En second lieu, Platon croit devoir conclure que le gouvernement le plus stable doit être une aristocratie agraire à base assez large où tous seraient propriétaires des terres et exerceraient tous les mêmes droits politiques. Ladite cité doit être isolée de la mer pour éviter toute vocation commerciale, tâche réservée aux seuls esclaves et aux non-citoyens.

§6. Les idées d'ARISTOTE

Aristote a consacré la majeure partie de sa vie à l'étude des régimes politiques et à l'enseignement des connaissances savantes40. Il rassemble parallèlement une documentation dense sur les régimes politiques de nombreuses cités grecques, mais aussi des communautés barbares du pourtour méditerranéen, de l'Afrique et de l'Asie. La philosophie aristotélicienne adresse une critique sévère à l'idéalisme platonicien considéré par lui comme trop éloigné des réalités humaines. Les critiques formulées par Aristote convergent vers le choix d'une constitution fondée sur la classe moyenne et qui essayent de concilier le principe démocratique et le principe aristocratique. Il croit, en effet, contrairement à Platon, à la valeur de la majorité et se borne à demander au bon gouvernement de protéger le pauvre de l'oppression et le riche de la confiscation41.

De façon plus simpliste, les relations entre cités et la pensée politique grecque sont restées enfermées sous la formule « État-cité » pendant toute la période classique ou antique.

Section II. Les idées politiques du moyen-âge (du Vème au XVème siècle)

Le moyen-âge est susceptible, dans ce travail, d'être appréhendé en deux phases : le haut moyen-âge et la période allant du XIe au XVème siècle.

§1. Le haut moyen-âge (Ve au Xe siècle)

Le haut moyen-âge a été beaucoup plus prédominé par les idées du christianisme coulé dans un moule de la féodalité qui se matérialisent par un nationalisme théologique et un

40 Olivier NAY, Op Cit., p.45.

41 Jean TOUCHARD, Histoire des idées politiques : des origines au XVIIIe siècle, Tome 1, Op. Cit., p.41.

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messianisme, c'est dire l'attente d'événements miraculeux qui vont changer le statut d'une nation. Ce nationalisme ramène à considérer les chrétiens comme une nation. Les idées politiques avec la victoire du christianisme sont dominées par la révolution chrétienne. L'apparition du christianisme provoque la naissance d'une conception chrétienne de la politique à la lumière des valeurs et des exigences de la religion et le surgissement d'une nouvelle question, celle du rapport entre l'église et l'État, entre le pouvoir temporel et le pouvoir spirituel42. Les décisions des religieux (papes, évêques) priment, à cet effet, la vie politique des États et font à ce que ceux-ci se conforment aux prescrits de l'Église (aux Ve-VIe siècles)43. La prédication chrétienne devient la principale source d'inspiration des réflexions sur le pouvoir car elle est considérée comme une doctrine de la consolation et de l'espoir portant un message délivrant des réponses fondamentales sur la vie humaine et la vie sociale. Cette victoire du christianisme s'explique beaucoup plus par la conversion des empereurs (exemple, le baptême de Clovis). L'église impose son autorité et les chefs barbares ne peuvent négliger le fait chrétien à l'intérieur duquel ne leur est reconnu qu'un simple pouvoir d'administration. On comprend ainsi donc que la naissance du christianisme a sanctionné la fin du totalitarisme qui avait caractérisé le monde antique. La victoire du christianisme restera pratiquement la seule connaissance savante durant tout le haut Moyen-âge, avant d'être confrontée, à partir du XIIe siècle, au renouveau spectaculaire de la philosophie et du droit.

Mais, le christianisme ne tardera pas de s'éclater en blocs de rivalité entre le catholicisme et le protestantisme, d'où les guerres des croisades, les guerres des reformes (la réforme protestante par exemple), etc. Du côté de l'islam, on remarque la scission entre les sunnites, les Kharijites et les Chiites44.

§2. Le moyen-âge du XIe au XVe siècle

Au début de la période allant du XIe au XVème siècle, l'Église est affaiblie, les structures féodales accroissent sa dépendance à l'égard du pouvoir temporel. Mais la reforme grégorienne amène un renversement de la situation, permettant une adaptation rapide et, plus tard, une offensive de grande envergure.

42 J.M BAGALWA MAPATANO, Notes de cours de théories et doctrines politiques et sociales, Inédit, G3 RI, FSSPA, UOB, 2008-2009.

43 Olivier NAY, Op. Cit., pp.70-71.

44 Ibidem.

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Section III. Les idées politiques de l'époque moderne

Suivant la délimitation de quatre grandes époques historiques, le temps moderne est une période allant du XVIe au XIXe siècle et comprend donc les XVIe, XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles.

§1. Les idées politiques de la renaissance (XVIème siècle)

Le XVIème siècle est appelé celui de la renaissance car il y a des grandes transformations dans tous les domaines de l'activité et de la pensée. Michel MORINEAU45 pense qu'il est un siècle de la découverte du monde et de la terre, de la connaissance de l'homme, de la découverte de la nature physique, les États modernes se créèrent, leurs relations se développèrent selon les lois d'équilibre et avec des moyens diplomatiques nouveaux. Il consacre un élargissement du monde, alors connu et exploité, l'afflux des métaux précieux de l'Amérique couronnent et relancent un puissant effort du grand commerce international, le développement du capitalisme commercial, etc.

Dans le domaine des idées politiques, en liaison avec le progrès du pouvoir royal dans certains États, une doctrine s'élabore, celle de l'absolutisme, qui se définit en première approximation par l'affirmation d'une souveraineté monarchique sans limite et sans contrôle, qui ne reconnaît aux sujets que le seul droit d'obéir46. Toutefois, la politique reste idéologiquement dans la dépendance de la religion chrétienne. L'évolution des idées porte la marque d'une croissante nationalisation des États et de la politique.

Ainsi, trois grandes lignes apparaissent dans le mouvement des idées au XVIème siècle47 :

? Le progrès marqué de l'attachement à la monarchie nationale et absolue au détriment des conceptions particularistes et féodales à la fois infra-et supranationales ;

? Une sécularisation et une rationalisation inachevées mais indéniables de la pensée politique, que la reforme involontairement a puissamment favorisées ;

? Enfin, nouveauté plus remarquable parce que les deux premières tendances se dessinaient déjà avant le XVIème siècle, un premier dépassement du loyalisme

45 M. MORINEAU, Le XVIe siècle (1492-1610), Paris, Larousse, 1968, pp.13-19.

46 Jean TOUCHARD, Histoire des idées politiques : des origines au XVIIIe siècle, Tome 1, Op. Cit., p.245.

47 Idem, p.305.

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dynastique par un patriotisme républicain, qui fonde l'indépendance des provinces unies.

Dans ce dépassement s'amorce, encore plus confusément, la transmutation de l'idée médiévale des libertés en une idéologie de la liberté, qui prendra forme lentement avec l'éclosion d'une conscience bourgeoise, et qui aura besoin d'une sécularisation plus poussée, favorisée par la création de la science positive et du travail d'uniformisation relative effectué par l'absolutisme.

§2. Les idées politiques du XVIIème siècle

Le XVIIème siècle est un siècle de crises sur plusieurs plans. Au plan économique, il y a des famines et des révoltes paysannes. Au plan politique, plusieurs guerres déciment la planète (guerre de trente ans 1618-1648, exécution de Charles Ier en 1649, remplacement de Jacques II par Guillaume d'Orange en 1688, troubles aux Pays-Bas). Crises religieuses : jansénisme (qui préconise une réforme de la liturgie fondée sur la Bible et l'utilisation de la langue nationale, le romain), révocation de l'édit de Nantes en 1685, quiétisme. Crises intellectuelles : le libertinage, la préciosité, le baroque.

De ces diverses crises, les idées politiques seront toujours dominées par l'absolutisme qui sort apparemment renforcé. Il n'est plus question comme l'avait noté de façon moins précise BODIN et d'autres après lui, « le roi demeure administrateur et usufruitier, tenu d'observer les lois fondamentales ». Déjà plus tard apparaissait la contradiction intime de cet absolutisme classique: le roi doit respecter les lois, mais personne ne peut l'y contraindre48. Ce siècle est venu grandement marquer la victoire de l'absolutisme (absolutisme triomphant), alors précaire et hybride49. Cet absolutisme est précaire parce que les motifs qui favorisent temporairement l'absolutisme ne peuvent que provoquer à plus ou moins brève échéance sa dissolution et il est hybride car il fait reposer la notion de souveraineté à la fois sur des éléments traditionnels (les devoirs du monarque, le contrat, la coutume, les lois fondamentales du royaume), et sur des éléments nouveaux (le mercantilisme et l'utilitarisme).

48 Marcel PRELOT et Georges LESCUYER, Histoire des idées politiques, Paris, Dalloz, 6ème édition, 1977, p. 294.

49 Jean TOUCHARD, Histoire des idées politiques : des origines au XVIIIe siècle, Tome 1, Op. Cit., p.315.

Cet absolutisme du XVIIème siècle a été conçu comme une négation de la féodalité, c'est-à-dire la monarchie absolue restant limitée par la loi divine et par la loi naturelle, s'oppose à l'éparpillement féodal tout en ne signifiant pas despotisme et tyrannie50.

Vu le développement du commerce et de la richesse de l'Europe occidentale, cela s'accompagna d'un parallélisme entre le développement du capitalisme et le développement de la pensée politique. Le développement du capitalisme commercial avait contribué à miner l'absolutisme en dressant contre le pouvoir monarchique une bourgeoisie qui se jugeait assez puissante pour exiger d'être associée à l'exercice du pouvoir.

Le mercantilisme qui se voit couronné par l'absolutisme constitue une réaction contre la stagnation, affirmation de puissance à l'extérieur comme à l'intérieur. D'où, selon la doctrine mercantiliste, il faut à la fois amasser l'or et l'argent qui viennent d'outre-mer (extérieur) et développer au maximum la production nationale tout en protégeant les industries nouvelles contre la concurrence étrangère51. On comprend donc ici que le mercantilisme est une double réaction contre l'universalisme et surtout contre le particularisme provincial ou municipal, il est à la fois nationaliste et protectionniste.

§3. Les idées politiques au XVIIIème siècle

Le XVIIIème siècle a été qualifié du siècle des Lumières car fortement marqué par le libéralisme aristocratique, l'utilitarisme politique et la pensée révolutionnaire52.

Il s'agit ici du libéralisme aristocratique parce qu'il est tourné vers le passé. Ce qui caractérisera ce libéralisme, c'est sera la distinction sur laquelle il reposait entre, d'une part, la sphère de l'État, qui est celle de l'autorité politique, et la sphère de la société civile d'autre part53. L'État qui a affaire au bien public, ne doit pas s'introduire dans les affaires privées, c'est-à-dire, dans les relations constitutives de la société civile. En séparant soigneusement ces deux domaines, ce que le libéralisme vise à garantir, c'est la « liberté » des individus et des personnes.

50 Jean TOUCHARD, Histoire des idées politiques : des origines au XVIIIe siècle, Tome 1, Op. Cit., p.316.

51 Ibidem, p.317.

52 Jean TOUCHARD, Histoire des idées politiques du XVIIIème siècle à nos jours, Paris, PUF, Tome 2, 1981, p.383-470.

53 Gérard MAIRET, « Le libéralisme : présupposés et significations », François CHATELET (S/Dir), Histoire des idéologies : savoir et pouvoir du XVIIIe au XXe siècle, Paris, Hachette, Tome 3, 1978, p.143.

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54 Jacques JULLIARD, cité dans « Idées reçues sur la révolution de 1789 », édicté sur le http://www.article.php3.htm, publié en novembre 2002, mis en ligne le 19 août 2005 et consulté le 12 avril 2011.

L'utilitarisme politique a pris des formes diverses selon les pays et selon les problèmes à résoudre : il a été qualifié de « politique de sens commun » par Voltaire (il faut verser son sang pour servir ses amis et pour se venger de ses ennemis, sans quoi l'on n'est pas digne d'être homme), subordination de la politique à l'économie chez les encyclopédistes et chez Diderot (ce que l'État doit à chacun de ses membres, c'est la destruction des obstacles qui les gêneraient dans leur industrie ou qui les troubleraient dans la jouissance des produits qui en sont la récompense), mélange de libéralisme économique et d'autorité politique pour les physiocrates (car cet utilitarisme s'ordonne, selon eux, autour de la nature, de la liberté, de la terre ou propriété et du despotisme légal), radicalisme philosophique et malthusianisme libéral en Angleterre...

La pensée révolutionnaire a fait que les populations prennent leur destin en main en mettant en cause le principe du système monarchique. La révolution américaine de 1776 est au XVIIIème siècle le premier exemple qui réussit et qui marque le passage de la spéculation à l'action. La révolution française de 1789 a surtout inauguré des pratiques idéologiques qui vont nourrir tous les totalitarismes contemporains. Jacques JULLIARD explique que « le totalitarisme eut été impossible sans 1789 », c'est-à-dire "l'avènement du peuple comme acteur principal de la politique"54. L'histoire des idées politiques sera alors dominée par la croissance de la bourgeoisie en Europe occidentale composée en grande majorité par les fonctionnaires et officiers installés dans des charges vénales, spéculateurs, financiers philosophes, négociants et armateurs, fabricants et techniciens, intellectuels. Bref, ce siècle a découvert l'existence de l'homme.

Section IV. Les idées politiques de l'époque contemporaine

Il est nécessaire de comprendre également que l'époque contemporaine comprend trois siècles : le XIXe, le XXe et le XXIe siècles.

§1. Les idées politiques du XIXème siècle

Le libéralisme, le nationalisme et le socialisme ont été des idéologies ayant émaillé le XIXème siècle.

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Le libéralisme a été l'idéologie de la classe bourgeoise issue de la révolution française. René RÉMOND le considère comme étant à la fois une philosophie globale, politique, sociale individualiste, de l'histoire et enfin une philosophie de la connaissance et de la vérité55. Une philosophie globale car, il arrive souvent aujourd'hui qu'on le réduise au seul aspect économique qui doit être replacé dans une perspective plus large et qui n'est qu'un point d'application d'un système complet englobant tous les aspects de la vie en société, et qui croit avoir réponse à tous les problèmes posés par l'existence collective. Philosophie politique car il est ordonné à l'idée de liberté, selon laquelle la société politique doit être fondée sur la liberté et trouver sa justification dans la consécration de celle-ci. Il n'est de société viable - et à plus forte raison légitime - que celle qui inscrit au fronton de ses institutions la reconnaissance de la liberté, estime-t-il. Philosophie sociale individualiste dans la mesure où elle fait passer l'individu avant la raison d'État, les intérêts du groupe, les exigences de la collectivité ; le libéralisme ne connaît guère les groupes sociaux (...). Le libéralisme est une philosophie de l'histoire, selon laquelle l'histoire est faite, non par les forces collectives, mais par les individus. C'est enfin une philosophie de la connaissance et de la vérité car il est en parfaite réaction contre la méthode d'autorité et croit à la découverte progressive de la vérité par la raison individuelle.

Le nationalisme concerne les théories ou les doctrines qui réfléchissent sur la nation56. Ernest RENAN a été le premier à trouver l'idée de nation qui, selon lui, est constituée des notions de l'égalité et de la démocratie. Ni la race, ni la langue, ni la religion, ni même le sol sur lequel on est né ou l'on vit sont impuissants de définir la nation même si ils aident à former une nation ou à forger une idée de nation57. Il dit que la nation : « est une âme, un principe spirituel. Deux éléments qui, à vrai dire, ne font qu'un, la constituent : l'un est dans le passé, la possession en commun d'un riche legs, l'autre est dans le présent, le consentement, le désir de vivre ensemble ». De façon brève, une nation est d'abord le passé (résultat d'un héritage indivise), ensuite un présent (son existence n'est ni acquise, ni donnée une fois pour toutes) et enfin le futur (le vouloir vivre ensemble, avoir fait des grandes choses ensemble, vouloir en faire encore d'autres ensemble dans l'avenir). Le nationalisme qui désignait l'expression d'un sentiment national changea de nature. Il devint conservateur et réactionnaire au point que les

55 R. REMOND, Introduction à l'histoire de notre temps : le XIXe siècle (1815-1914), Paris, éditions du Seuil, Tome 2, 1974, pp.23-24.

56 J.M. BAGALWA MAPATANO, Notes de cours de théories et doctrines politiques et sociales, déjà cité.

57 Idem.

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États puissants vont s'affronter pour la domination mondiale : le nationalisme était devenu impérialiste. Ceci est en parfaite liaison avec ce que Samuel Huntington théorisa dans le choc des civilisations lorsqu'il dit que le XIXe siècle avait été le siècle du conflit des nations58.

Le socialisme, quant à lui, est un système dans lequel l'exploitation capitaliste n'existe pas ou a disparu. Cela signifiait que le revenu national devrait être alloué aux citoyens proportionnellement à la valeur du travail qu'ils produiraient59. Certaines critiques furent formulées à cet effet sur le socialisme dans ce sens de « chacun selon ses capacités, à chacun selon son travail » en disant, sans doute, que ce système serait beaucoup plus inégalitaire que ce que beaucoup de socialistes souhaitent. Comme courant d'idées contemporain, le socialisme est avant tout un antilibéralisme qui a le sens d'une triple protestation morale, économique et politique60. C'est d'abord une protestation morale, le refus des maux que le libéralisme accepte quand il ne les provoque pas. Le socialisme est ensuite une critique économique du libéralisme. Celui-ci s'affirme être fondé sur la connaissance des lois économiques ; la société conduite par des automatismes et reposant sur un jeu des lois physiques, n'est pas modifiable au gré des desseins des gouvernants. Le socialisme est enfin la révolte politique car la révolution a peut être libéré l'homme des pressions de l'église, brisé les vieilles entraves médiévales, mais elle a laissé subsisté la domination des riches sur les pauvres.

§2. Les idées politiques du XXème siècle

L'histoire du XXe siècle n'a-t-elle pas été dominée par les deux révolutions totalitaires et par les idées de Lénine et Hitler (le marxisme-léninisme), mettant en pratique une vision caricaturale mais suprêmement efficace des doctrines du XIXe siècle ? Le XXème siècle serait celui de la lutte pour la domination du monde et que cette lutte opposerait des principes métaphysiques61.

L'histoire du XXe siècle a été marquée par le triomphe de la démocratie sur l'ancien régime : les empires autocratiques, les régimes autoritaires, les dynasties séculaires, les régimes aristocratiques, monarchiques et absolutistes62. Cette victoire du droit et le triomphe de la

58 S. HUNTINGTON, cité par Pierre HASSNER, Op. Cit., p.689.

59 S. MESURE et P. SAVIDAN, Le dictionnaire des sciences humaines, Paris, Quadrige/PUF, 2006, p.1094.

60 Marcel PRELOT et Georges LESCUYER, Op. Cit., pp.600-601.

61 G. NGOIE TSHIBAMBE, Syllabus du cours d'Histoire diplomatique, Inédit, G2 RI, FSSPA, UOB, 2007 - 2008, p.92.

62 René REMOND, Introduction à l'histoire de notre temps, le XXe siècle de 1914 à nos jours, Paris, éditions du Seuil, Tome 3, 1989, pp.35-37.

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démocratie ont couronné la marche de l'humanité vers une société plus humaine, plus libre et plus juste. On a toujours assimilé cette victoire de la démocratie à celle des alliés au second conflit mondial. Cela montre bien que le XXe siècle a été caractérisé par la relation tantôt harmonieuse, tantôt conflictuelle, entre idées, intérêts et puissance, qu'il s'agit bien de comprendre. C'est ainsi qu'à propos de la politique extérieure de l'Allemagne nazie et de la Russie communiste, les interprétations purement « réalistes », purement « idéologiques » ou purement « économiques » ont montré leur insuffisance et, parfois, leur caractère fondamentalement trompeur. Seule une vue plus complexe permet de comprendre que les Hitler et les Staline pouvaient adopter n'importe quel compromis tactique et n'importe quelle alliance contre nature, mais qu'ils n'en étaient pas moins portés par une dynamique idéologique qui les mettait inévitablement en conflit avec le monde extérieur. Même s'ils avaient renoncé à l'expansion indéfinie ou à la domination mondiale, l'idéologie colorait leur représentation de l'ennemi et du rapport de forces avec lui (voir, par exemple, la sous-estimation des États-Unis par Hitler pour raisons raciales). En outre, même si elle n'était plus une inspiration motrice vers l'extérieur et même si la « révolution permanente par en haut » faisait place, à l'intérieur, à une attitude conservatrice et défensive envers la société, l'idéologie n'en remplissait pas moins une fonction essentielle de légitimation de l'ordre établi.

Si l'on se tourne vers une autre ligne de tension majeure du XXe siècle, c'est-à-dire l'axe Nord-Sud, on comprendra également que cette période fut caractérisée par les idées de décolonisation. La chute des empires coloniaux comme des empires continentaux est due au soulèvement de leurs sujets et à leur propre affaiblissement, soit par des tendances sociales et psychologiques à long terme, soit par le résultat des deux guerres mondiales. Elle n'est pas due à une infériorité militaire ou économique de la métropole par rapport aux colonies en révolte. Le rôle des idées de nationalité et de liberté, d'autodétermination et d'indépendance, répandues en grande partie par les colonisateurs chez les colonisés, a incontestablement été décisif pour mobiliser ces derniers et démobiliser les autres63. Le fait qu'une partie importante des sociétés du centre ait refusé de défendre ses positions, soit parce que ses priorités étaient ailleurs, du côté de l'intérêt économique et des satisfactions individuelles préférées aux sacrifices collectifs, soit parce que la cause ne lui paraissait plus légitime, soit encore parce que les moyens employés lui paraissaient immoraux, a évidemment joué un rôle important pour faire céder.

63 Pierre HASSNER, Op. Cit., p.694.

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§3. Les idées politiques du XXIème siècle

Si à l'après première guerre mondiale ont succédé le fascisme et le nazisme, si l'après deuxième guerre mondiale a donné naissance à l'antagonisme Est-Ouest, l'après-guerre froide, quant à elle, accouche d'un monde incertain, voire dangereux. Le monde a basculé dans une nouvelle ère des idées, de nouveaux mots, porteurs des nouvelles visions du monde se sont imposés. Avec ces mots (tiers-monde, commerce international, néo-libéralisme, déclin des États, réseaux, finance mondiale, gouvernance mondiale, crise financière ou économique, les pays du Nord et du Sud, pays émergents...), surgit une nouvelle carte du monde, avec ses nouveaux centres de gravité et rapports de force64.

Le XXIe siècle est envahi par les idées de globalisation et du fanatisme fondamentaliste et derrière elles, la démocratie, l'économie libérale de marché imposées à tous et qui ne suffisent pas pour stabiliser la donne internationale aujourd'hui, la culture, la science et la religion65.

La globalisation est, certes, une tendance objective et, dans une grande mesure, irréversible, résultant des progrès de la technique, en particulier celle des communications. Elle ne résulte pas d'une conspiration occulte et mérite encore moins d'être transfigurée en l'impérialisme. Mais il reste qu'elle correspond à une certaine idéologie, celle du libéralisme, à une certaine politique économique, celle du libre-échange, et à un certain nombre d'idées fortes, comme le déclin des États. En outre, elle est évidemment encouragée et utilisée par la seule puissance globale, les États-Unis, dont la position assure, même si elle n'y vise pas consciemment, que la globalisation charrie inévitablement ses modèles culturels, et qui, de surcroît, associe dans son discours les progrès de la globalisation, ceux du capitalisme, de la démocratie et de la paix. Sur le plan théorique, Francis Fukuyama attribue la « fin de l'histoire » à la fois au triomphe idéologique de la démocratie libérale sur les idéologies concurrentes et aux conséquences inévitables de la science moderne66. C'est pour cela même que, pour remédier les problèmes liés à la globalisation ou mondialisation, l'on a forgé le concept de gouvernance qui repose sur l'idée de mettre en place un nouveau système de régulation

64 Jean-François DORTIER, « La nouvelle carte des idées » in Sciences humaines, n°222, janvier 2011, pp.6-7.

65 Diur KATOND et al, Histoire des relations internationales, Kinshasa, Editions Sirius, 2008, p.129.

66 F. FUKUYAMA, cité par Pierre HASSNER, Op. Cit., p.695.

internationale dépassant l'action des seuls États pour peser collectivement sur l'avenir du monde en assurant la paix et en développant la coopération entre les peuples67.

Aussi de façon générale, le mouvement de sécularisation et de désenchantement du monde se poursuit plus vigoureusement au double niveau de l'influence des Églises et d'une vision du monde offrant, d'une part, une orientation stable et cohérente68, mais aussi d'autre part, en revanche, les croyances religieuses jouent un rôle politique ambigu mais essentiel dans trois cas de figures. Premièrement, celui des pays non chrétiens qui sont le théâtre d'une lutte intérieure dont l'enjeu est la définition laïque ou religieuse de leur identité (cas de l'Israël où l'affrontement entre religieux et laïcs est de plus en plus direct et brutal ; de l'Inde, dont la conception laïque de l'unité héritée de NEHRU est mise à mal par le nationalisme hindouiste). Deuxièmement, celui des sectes, dont la prolifération, la croissance et la diffusion internationales sont le phénomène le plus frappant des dernières décennies. Dans ce second cas, la religion se moque des frontières, comme en témoigne le succès des pentecôtistes en Amérique latine ou de la secte japonaise Aoum en Russie. Le troisième cas est celui de l'islam où le spectre de la révolution islamique a remplacé celui du communisme69.

Ce qui est certain, c'est que nous assistons non pas à un conflit global de civilisations comme le croit Samuel HUNTINGTON ou à de nouvelles croisades entre des coalitions fondées sur leur appartenance aux grandes religions. Les affrontements religieux augmentent malgré la déchristianisation et le déclin de l'islamisme, mais ils se déroulent entre musulmans et chrétiens dans des pays asiatiques ou africains (cas des conflits entre coptes et musulmans en Égypte, chrétiens et musulmans au Nigeria), de l»Indonésie au Soudan70, entre hindouistes et musulmans laïcs en Inde, entre nationalistes laïcs et religieux en Israël.

Finalement, les deux idéologies émergentes et concurrentes, aujourd'hui, sont celles du communautarisme et celle des droits de l'homme. Les deux idéologies encouragent la coopération entre les États-nations tout en promouvant les valeurs universelles, les États étant ainsi invités à encourager la coopération pour résoudre ensemble les multiples problèmes qui rongent la planète terre. L'individu et le groupe vécu sur le modèle familial, à un bout, la

67 Robert KOLB, « L'idée de gouvernance et sa première incarnation : la société des Nations » in Questions internationales, n°43, mai - juin 2010, p.10.

68 P. Michel, cité par Pierre HASSNER, Op. Cit., p.697.

69 E. GELLNER, cité par Pierre HASSNER, « Le rôle des idées dans les relations internationales » in Politique étrangère 3-4/2000, p.698.

70 « Les points chauds du conflit entre islam et christianisme » in Le monde, 6 juillet 2000.

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globalisation socio-économique et l'universalisme moral, à l'autre, ont donc fait irruption au premier plan et réveillé les États de leur sommeil diplomatico-stratégique. Certes, ce que perdent les États est moins souvent gagné par des institutions internationales ou transnationales que par des groupes organisés dont les intérêts sont au moins aussi particuliers que ceux des nations. Il n'empêche que l'idée d'intervention ou d'ingérence contre l'inhumanité ou pour les droits de l'homme monte en puissance, et cela malgré les déconvenues parallèles de l'humanitaire d'État et de l'angélisme sans frontières.

Ainsi, après avoir fait ressortir les idées majeures ayant caractérisé chaque période de l'histoire dans ce premier chapitre, notre démarche consiste maintenant, dans le second chapitre, à donner une esquisse sur les notions de révolutions en relations internationales.

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Chapitre deuxième. Notions des révolutions en relations
internationales

Ce chapitre s'attèle sur les notions des révolutions et fera ressortir les quelques révolutions ayant eu lieu dans le monde par le seul fait des idées (quelques cas types). Les révolutions étant de diverses catégories, notre attention particulière pourra être accentuée sur les révolutions politiques après avoir situé le terme « révolution » dans son contexte étymologique et définitionnel.

Section I. Cadre définitionnel et interprétatif du concept « révolution »

1) La définition étymologique

Etymologiquement, le terme « révolution » vient du latin "revolvere", qui signifie rouler en arrière, ce qui donna en italien « Rivoltare » qui veut dire retourner71.

Une révolution est un changement, un bouleversement important et brusque dans la vie d'une nation. Le terme de révolution s'applique à de nombreux domaines : social, politique, économie, culture, morale, science, techniques...

Quant à ce qui concerne notre travail, nous allons seulement le présenter sous un angle politique et social avec les considérations de plusieurs auteurs dans l'appréhension du concept révolution. Mais, il sied de souligner que le concept de révolution a été abordé de manière relativement systématique par la théorie sociale et il existe différentes acceptions du terme, selon les diverses interprétations idéologiques, élitistes et historiques.

2) Selon les théories de la politique internationale

Au XXe siècle, le point de vue des théoriciens bourgeois de la politique internationale est d'analyser la révolution comme une forme de conflit violent dans les relations internationales. L'école de la « Real Politic » a souligné que les révolutions font partie de la

71 Grand dictionnaire encyclopédique Larousse, Paris, Librairie Larousse, Tome 9, 1985, p.8959.

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dynamique conflictuelle des États et de l'inévitable lutte pour le pouvoir des principaux protagonistes de la politique internationale72.

3) Suivant l'entendement réaliste

Selon la conception à l'évidence réaliste de Mark N. HAGOPIAN, la révolution se définit comme une crise prolongée dans un ou plusieurs systèmes traditionnels de stratification (classe, condition sociale, pouvoir) d'une communauté politique, crise qui implique une action délibérée et dirigée par une élite pour abolir ou reconstruire un ou plus desdits systèmes au moyen d'une intensification du pouvoir et du recours à la violence73.

4) Selon le dictionnaire des sciences politiques et sociales

Selon le dictionnaire politique, une révolution est la suppression de manière brutale et parfois sanglante de l'ordre établi et du régime politique en place ainsi que son remplacement par une autre forme de gouvernement. C'est aussi le changement d'un régime politique à la suite d'une action violente74, un mouvement politique amenant, ou tentant d'amener, un changement brusque et en profondeur dans la structure politique et sociale d'un État, et qui se produit quand un groupe se révolte contre les autorités en place et prend ou tente de prendre le pouvoir. Le terme de « révolution » peut être utilisé par un gouvernement se présentant comme révolutionnaire pour qualifier l'ensemble de ses politiques, alors même que sa prise du pouvoir est effective et achevée. Par extension, on appelle « révolution » tout changement ou innovation qui bouleverse l'ordre établi de façon radicale dans un domaine quelconque (la théorie héliocentrique est ainsi considérée comme étant une révolution scientifique). Le propre de la révolution, par rapport à une révolte, une insurrection, une réforme ou un coup d'Etat est l'instauration de manière irréversible d'un ordre nouveau75.

72 Leyde E. RODRIGUEZ HERNANDEZ, « La révolution dans le système mondial du XXIe siècle », édicté sur le lien Internet http://www.cahiersdusocialisme.org/2011/02/20/la-revolution-dans-le-systeme-mondial-du-xxi%%B0-siecle/, mis en ligne le 13 février 2011, consulté le 31 mai 2011.

73 M. N. HAGOPIAN, cité par L.-E. RODRIGUEZ HERNANDEZ, « La révolution dans le système mondial du XXIe siècle », édicté sur le http://www.cahiersdusocialisme.org/2011/02/20/la-revolution-dans-le-systeme-mondial-du-xxi%%B0-siecle/, mis en ligne le 13 février 2011, consulté le 31 mai 2011.

74 « Révolution », édicté sur le http://www.linternaute.com/dictionnaire/fr/definition/revolution/, consulté le 12 mai 2011.

75 Le dictionnaire de politique, édicté sur le http://www.toupie.org/Dictionnaire/Revolution.htm, consulté le 12/05/2011.

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Bien que souvent présente dans la révolution politique, la violence n'est pas nécessaire pour caractériser celle-ci. Ce qui importe est avant tout l'ampleur et la rapidité des changements.

Selon Charles DEBBASCH et ses co-auteurs, la révolution désigne un changement profond et général des structures sociales d'un pays qui s'accompagne généralement d'importants mouvements populaires et implique souvent l'usage de la violence76.

Selon le dictionnaire des sciences sociales de Madeleine GRAWITZ, la révolution est la substitution plus ou moins soudaine et plus ou moins violente d'un pouvoir à un autre77 ou encore c'est la violence, la soudaineté, le degré de bouleversement permettant de constater ou non un changement de régime politique.

5) Selon la théorie marxiste

Dans la théorie marxiste, les révolutions sont les locomotives de l'histoire en ce qu'elles accélèrent les processus de développement et de progrès de l'humanité. Depuis le XVIIe siècle, les révolutions ont fait des apports importants au développement de la modernité. Elles ont non seulement donné l'impulsion aux transformations politiques et sociales à l'intérieur des nations, mais aussi à la dynamique même des relations internationales. Elles constituent à cet effet, pour les marxistes, le mode normal de conquête du pouvoir par le prolétariat pour se débarrasser des injustices ou de l'exploitation de la classe bourgeoise78. Elle est, en d'autres termes, une technique de conquête du pouvoir. Cependant, les partis communistes occidentaux admettent l'accession au pouvoir sans révolution.

6) Selon l'approche de Fidel Castro

Dans son discours prononcé à la place de la révolution le 1er mai 2000 à la Havane, Fidel CASTRO RUZ définit la révolution comme étant « le sens du moment historique; le changement de tout ce qui doit être changé; combattre pour la liberté et l'égalité pleine et entière; être traité humainement et traiter autrui avec la même humanité; se libérer par soi-même et par ses propres efforts; défier les puissantes forces dominantes à l'intérieur et à l'extérieur du cadre social et national; défendre les valeurs dans lesquelles on croit au prix de tous les

76 C. DEBBASCH et al, Lexique de politique, Paris, Dalloz, 7ème édition, 2001, p.375.

77 M. GRAVITZ, Lexique des sciences sociales, Paris, Dalloz, 1999, p.359-360.

78 J. NSABUA TSHIABUKOLE, Syllabus du Cours des nouveaux États en relations internationales, Inédit, L2 RI, FSSPA, UOB, 2010-2011, p.31.

sacrifices; la modestie, le désintéressement, l'altruisme, la solidarité et l'héroïsme; lutter avec audace, intelligence et réalisme; ne jamais mentir et ne jamais violer aucun principe éthique; la conviction profonde qu'il n'existe aucune force dans le monde capable d'étouffer la force de la vérité et les idées. La Révolution, c'est l'unité, c'est l'indépendance, c'est lutter avec nos rêves de justices pour le Cuba et pour le monde, ce qui est la base de notre patriotisme, de notre socialisme et de notre internationalisme »79.

7) Suivant l'approche nkrumahiste

Suivant une approche nkrumahiste (inspiré de KWAME NKRUMAH), le qualificatif de « révolution » ne pouvait être accolé de façon a priori à un mouvement social car, pour qu'il y ait révolution effective, il faut que les fruits de la révolution soient visibles, c'est-à-dire que l'ordre sociopolitique dans ce cas, ait changé. Or, si quelque chose a changé, la confirmation existe réellement, c'est-à-dire l'effectivité a posteriori. Selon cette approche, pour qu'on parle de la révolution, l'impulsion doit être endogène et non exogène au mouvement contestataire et la lutte (révolte ou révolution) doit être menée de l'intérieur et non de l'extérieur par des révoltés et les révolutionnaires et non par d'autres personnes (en l'occurrence les puissances impérialistes occidentales) à leur place. C'est en ce sens qu'il est bien affirmé dans cette approche, tout en reprenant les développements de M. Towa sans en garder le contenu, que « Toute révolution est auto-révolution80 ».

8) L'appréhension de Rudolf REZSOHAZY

Rudolf REZSOHAZY propose quatre critères pour définir la révolution81 :

? L'enjeu : d'une révolution est toujours une transformation radicale du régime existant, la construction d'une autre société pour y changer le pouvoir politique, les rapports sociaux et économiques ;

? La voie : les transformations réclamées pouvaient être réalisées par la voie des reformes si le régime existant avait la capacité de « s'auto corriger » ou si l'ordre légal permettait à l'opposition de prendre des initiatives. La voie de la révolution est empruntée si le

79 « Qu'est-ce que la révolution ? », édicté sur le http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/article-34903607.html, consulté le 12 mai 2011.

80 Jean Eric BITANG, « Qu'est-ce que la révolution ? Une approche nkrumahiste », édicté sur le http://jeanericbitang.wordpress.com/2011/04/08/quest-ce-que-la-revolution-une-approche-nkrumahiste/, publié le 08 avril 2011, consulté le 12 mai 2011.

81 Rudolf REZSOHAZY, Pour comprendre l'action et le changement politiques, Louvain-la-Neuve, Duculot S.a, 1996, pp.42-50.

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82 [S.A.], Dictionnaire de la pensée politique, hommes et idées, traduit de l'anglais « The blackwell Encyclopaedia of political thought », Paris, Hatier, 1989, pp.667-677.

pouvoir en place ne se reforme pas (ou ne réussit pas à le faire) et si la légalité est trop étroite, l'action de l'opposition se déroule ainsi en dehors des cadres légaux. Il y a de ce fait crise de légitimité, rupture de consensus sur les fondements du régime et division sur l'avenir ;

? Le moyen d'action est la lutte ouverte étant donné qu'il y a blocage des voies légales. Ainsi, l'objectif est d'éliminer l'autre et non pas de composer avec lui, d'où le recours à la violence, les procès politiques et exécutions (avec ou sans jugement) des chefs des insurgés et/ou des dirigeants déchus ou encore des simples citoyens ;

? Les impliqués : les acteurs et le public mobilisé atteignent un nombre suffisant, au besoin la totalité de la population, pour rompre significativement le consensus politique et créer une situation révolutionnaire (descente dans les rues, enlever les symboles de l'ancien régime, occupation des lieux, refus d'obéir aux injonctions du pouvoir, érection des barricades, prise des armes, défiler, participer à des démonstrations, etc.).

Dans le cadre de ce travail, nous allons nous pencher du même avis que le dictionnaire de la pensée politique qui entend par « révolution », des changements politiques fondamentaux qui se déroulent souvent de façon dramatique, et toujours suivant un processus complexe82 ; de même, nous allons appréhender le concept de « révolution » suivant l'approche nkrumahiste que nous avons développée un peu haut. Lors de la révolution, le gouvernement central ne détient plus le monopole de pouvoir pour imposer et maintenir sa loi sur toute l'étendue du territoire national ou sur la population.

Divers groupes, y compris le gouvernement en place, luttent pour s'emparer de l'autorité centrale. Cette lutte pour le pouvoir peut se transformer en guerre civile ou aboutir à des coups d'État rapides ou à des guérillas durables et d'un camp à l'autre, chaque groupe essaie de construire de nouvelles structures politiques (et souvent économiques) pour remplacer les précédentes.

Section II. Classification de révolutions

Généralement, il existe plusieurs types de révolutions selon qu'on se situe sur les plans politique, social, économique, culturel, moral, scientifique, technique. Ainsi donc, on distingue :

? Les révolutions politiques ;

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> Les révolutions sociales ;

> Les révolutions technico-économiques (exemple : la communication distribuée) ;

> Les révolutions culturelles (exemple : refus de la société de consommation) ;

> Les révolutions morales ;

> Les révolutions scientifiques (exemple : la révolution informatique) ;

> Les révolutions techniques (Ex : révolution industrielle, agricole).

Signalons d'entrée de jeu qu'en dehors de cette catégorisation classique, il existe aussi ce qu'on peut appeler « révolutions réussies » ou « révolutions ratées », auxquelles on peut ajouter celles qui finissent par un compromis ou par une diffusion des idées des opposants, sans prise de pouvoir (comme ce fut le cas du mouvement de mai en 1968 en France). Suivant les classes sociales, nous avons « les révolutions bourgeoises », « prolétariennes », « paysannes ». Suivant les origines, nous distinguons les « révolutions spontanées » (Roumanie 1989) des « révolutions préparées » (Russie 1917). En considérant la durée, certaines révolutions sont « courtes », ne comportant qu'une seule vague (Belgique 1830) et d'autres sont « longues » et passent par plusieurs phases (Mexique 1911-1917).

Dans le cadre de ce travail, nous allons accorder un accent particulier sur la catégorisation classique en insistant tout de même sur l'analyse de la révolution politique et sociale.

§1. Les révolutions politiques et sociales

A. Les révolutions politiques

Aux tournants décisifs, quand un vieux régime devient intolérable pour les masses, celles-ci brisent les palissades qui les séparent de l'arène politique, renversent leurs représentants traditionnels, et, en intervenant ainsi, créent une position de départ pour un nouveau régime.

Les révolutions politiques caractérisent un changement radical de personnel politique, et souvent d'institutions, du fait d'un soulèvement populaire ou de la victoire d'une faction représentant ou prétendant représenter une part importante de la population. Les guerres d'indépendance sont une forme de révolution politique. Par extension, le terme de révolution politique peut être employé pour définir le cas d'un changement de majorité politique, quand une faction remporte une très nette victoire électorale et devient la majorité politique, après une

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longue période d'opposition. Ce qui distingue la révolution politique des autres formes de violence politique c'est précisément la combinaison ou l'interaction de l'effondrement de l'État, la lutte pour le pouvoir et l'établissement de nouvelles institutions car, lors des mouvements de sécession, de révoltes ou d'émeutes, l'État peut s'effondre sans que personne ne cherche à prendre le pouvoir ; dans les guerres de succession, l'État s'effondre et il y a lutte pour le pouvoir mais sans qu'il y ait établissement de nouvelles institutions et enfin, dans les coups d'État et les reformes impulsées d'en haut, il y a lutte pour le pouvoir et établissement de nouvelles institutions sans que l'État s'effondre83.

B. Les révolutions sociales

Les révolutions sociales se caractérisent par de vastes changements des hiérarchies sociales, ou de l'organisation de la société, du fait d'un soulèvement de la population, ou d'une partie de celle-ci, contre l'ordre établi. Le terme de révolution sociale est cependant plus fluctuant, étant utilisé pour caractériser des réformes perçues comme radicales, mais ne s'accompagnant pas forcément d'un affrontement politique violent. Les révolutions politiques, notamment celles se réclamant du marxisme, ambitionnent souvent de s'accompagner de révolutions sociales. Les révolutions sociales sont déterminées par les lois objectives du développement social et, en même temps, ont leur origine dans les contradictions économiques, sociales, politiques internes au système capitaliste. Lénine était convaincu que « les révolutions ne se font pas sur commande, on ne peut pas les faire coïncider avec tel ou tel moment, mais elles murissent dans le processus de développement de l'histoire et éclatent à un moment déterminé par des facteurs internes et externes84.

Cette intervention s'accompagne, dans certains cas, d'une utilisation de la violence (ou à l'inverse il s'agit d'un conflit non violent) : ce fut par exemple le cas lors des révolutions russes et françaises (avec la « Terreur »). Elle est terminée non seulement quand ses protagonistes ont quitté la scène politique, mais lorsque leurs successeurs réussissent à imposer leur version revue et corrigée de l'histoire. La révolution américaine est ainsi un succès total sur le long terme, ayant amené à la naissance des États-Unis en tant que nation. La révolution française, s'étant imposée comme référence nationale et ayant imposé la République comme forme politique en France, peut être considérée comme une réussite sur le long terme, malgré

83 Dictionnaire de la pensée politique, hommes et idées, Op. Cit., p.667.

84 L.-E. RODRIGUEZ HERNANDEZ, lien Internet déjà cité.

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la fin de la Première République française. La Révolution russe a réussi sur le moyen terme, en donnant naissance à l'Union soviétique. Sur le long terme, cependant, la fin de ce régime en 1991 a conduit à l'abandon de la référence au marxisme-léninisme, sans pour autant que la Russie et les autres anciennes républiques soviétiques abandonnent la forme républicaine. Le Risorgimento demeure un point fondamental de l'histoire de l'Italie, bien que le Royaume d'Italie qu'il ait contribué à édifier ait cessé d'exister en 194685.

Pour réussir, d'après Riadh SIDAOUI, une révolution doit regrouper trois facteurs : Le premier, la radicalisation de l'opposition populaire, qui ne demande plus seulement des réformes mais veut la tête de celui qui incarne le régime. Le deuxième, une division au sein de l'élite du pouvoir, un esprit de corps fragmenté. Le troisième, la neutralité de l'armée ou sa trahison envers le régime. C'est en ce sens que Léon TROTSKY, dans l'histoire de la révolution russe, formule des critiques en disant que l'une des erreurs les plus grandes et les plus dangereuses que commettaient les communistes, c'était de se figurer que la révolution pouvait être accomplie par les mains des seuls révolutionnaires. Or, pour assurer le succès de toute action révolutionnaire sérieuse, il faut comprendre et savoir appliquer pratiquement l'idée que les révolutionnaires ne peuvent jouer un rôle que comme avant-garde de la classe réellement avancée et viable86. L'avant-garde ne remplit sa mission que lorsqu'elle sait ne pas se détacher de la masse qu'elle dirige, lorsqu'elle sait véritablement faire progresser toute la masse.

C. Notions connexes des révolutions politiques et sociales

Il existe plusieurs termes apparentés ou connexes qu'on peut facilement confondre avec celui de révolution. Nous ne saurons pas tout esquisser dans ce travail, mais allons juste faire ressortir quelques-uns ci-dessous et établir, dans la mesure du possible, quelques différenciations qui les distinguent de la révolution:

1. La révolution permanente

La révolution permanente est une théorie qui a été développée par Léon TROTSKY, en s'inspirant de Karl MARX, selon laquelle la prise du pouvoir par les socialistes dans un pays

85 Le « Risorgimento » est un terme italien signifiant renaissance. Il a été employé pour caractériser le mouvement littéraire, philosophique et politique orienté vers la conquête de la liberté et de l'unité de l'Italie au XIXe siècle. La période du risorgimento s'étend de 1815 à 1870.

86 L. TROTSKY, « Histoire de la révolution russe » in Politique révolutionnaire, livre VI, édicté sur le http://ahrf.revues.org/1557, dernier ajout le 12 mai 2011, consulté le 14 mai 2011.

Idées politiques et révolutions au Maghreb arabe. 45

n'achève pas le processus révolutionnaire dans ce pays et doit s'accompagner de la propagation de la révolution à l'échelle mondiale87. Dans cet ouvrage, TROTSKY y exprime les idées suivantes :

? Dans les pays "dominés", "coloniaux ou peu développés", il n'est pas nécessaire de passer par une "révolution bourgeoise" et une période de développement de la classe ouvrière avant la "révolution socialiste" ;

? Le caractère permanent de la révolution socialiste du fait de la transformation continuelle des rapports sociaux ;

? La nécessité d'une révolution internationale, car la révolution socialiste n'était pas viable dans un seul pays, par opposition à la vision des staliniens voulant la restreindre à un seul pays (L'URSS).

2. La révolution de palais

La révolution de palais désigne une révolte visant à obtenir un changement de dirigeant. Un tel renversement des détenteurs du pouvoir politique est opéré par des membres même de l'entourage dudit pouvoir politique88. Ce changement n'affecte généralement pas profondément la nature du régime et est limité dans le personnel dirigeant d'une institution, d'une entreprise89.

3. La révolution française

Expression utilisée pour designer exclusivement la révolution de 1789.

4. La révolution d'octobre

Elle désigne seulement aussi la révolution bolchevique de novembre 1917 en Russie.

87 L. TROTSKY, « Révolution permanente », édicté sur le http://www.toupie.org/Biographies/trotski.htm, consulté le 12 mai 2011.

88 « Révolution », édicté sur le http://www.linternaute.com/dictionnaire/fr/definition/revolution/, consulté le 12 mai 2011. Lien Internet déjà cité.

89 Grand dictionnaire encyclopédique Larousse, Tome 9, Op. Cit., p. 8959.

5. Idées politiques et révolutions au Maghreb arabe. 46

La révolution nationale

Ayant son fondement significatif en France, la révolution nationale a désigné l'ordre nouveau établi par le régime de Vichy à partir de juillet 1940 et a été fondé sur la trilogie : travail, famille et patrie90.

6. La contre-révolution

La contre-révolution a également été utilisée en France pour désigner un mouvement d'opposition aux idées, aux hommes et aux institutions de la révolution française de 1789 développé par E. Burke et systématisé par J. de Maistre et L. de Bonald qui proposaient un retour au régime monarchique, la restauration des privilèges et d'une manière générale de l'ordre social antérieur à 1789.

Actuellement, ce terme est souvent synonyme de "réaction", notamment dans le langage marxiste91.

7. La révolution ininterrompue

La révolution ininterrompue désigne un terme ayant été utilisé exceptionnellement par Karl MARX après la révolution allemande de 1848 et par Lénine en 1905. Elle signifie le passage immédiat à la révolution sociale sans passer par l'étape de la révolution démocratique92.

8. La révolution importée

Le substantif « révolution » se réfère aux transformations et le qualificatif « importée » signifie que celle-ci venait de l'occupant. Ce terme désigne les pays tombés sous la coupe de l'URSS à la suite de la seconde guerre mondiale93.

9. L'insurrection ou rébellion

L'insurrection est un mouvement populaire spontané tendant à renverser les pouvoirs publics établis94. Elle est une révolte armée et populaire contre le pouvoir95. Certaines

90 C. DEBBASCH et al, Op. Cit., p.375.

91 Idem, p.375.

92 M. GRAVITZ, Op. Cit., p.360.

93 Rudolf REZSOHAZY, Op Cit., p.50.

94 M. GRAVITZ, Op. Cit., pp.215-217.

95 Idem, p.223.

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constitutions reconnaissent à leurs populations le droit à l'insurrection comme ce fut le cas pour la constitution de France en 1793. Une rébellion ou une insurrection peuvent modifier les options politiques, les dirigeants et les institutions, mais pas la structure et les valeurs sociales96. EHRARD distingue la révolution de la rébellion et de l'insurrection. Le critère de distinction qu'il évoque est l'universalité. Une insurrection ou une rébellion, même si elles se parent du qualificatif « révolution », sont illégitimes lorsqu'elles sont animées par des motifs particuliers, y compris la vengeance ou la revanche. Seule la révolution du peuple (à la différence d'une révolution au moyen du peuple) est légitime car elle seule est motivée par les droits de l'homme et accomplie au nom des buts universels97. Il ajoute en disant que le mot « insurrection » convient pour désigner une espèce de révolution courte qui est rapidement réprimée ou récupérée.

10. La révolte

La révolte désigne une action collective, violente et spontanée, marquant l'opposition au pouvoir, à une décision, à une situation98. Dans une autre acception, elle est un soulèvement organisé et violent d'un groupe plus ou moins important de personnes contre un système politique ou social en vue de renverser l'ordre établi99. Une révolution peut déboucher sur une insurrection ou une révolution lorsqu'elle devient populaire, s'organise et s'arme.

11. La réforme

Au premier sens, en usage jusqu'au XVIIIe siècle, réfection, restauration. Elle est le retour à une observation plus stricte de la règle dans un ordre religieux ; vaste mouvement qui secoua la chrétienté au XVIe siècle, qui aboutit à un schisme et posa quelques jalons décisifs de modernité : la liberté de conscience, la réhabilitation du travail, l'individualisme. Par extension, la réforme est le changement opéré en vue d'une amélioration sur le plan individuel

96 Olivier NYIRUBUGARA, Le coup d'État du 5 juillet 1973 au Rwanda : révolution morale ou contre révolution ?, édicté sur le http://www.olny.nl/RWANDA/Lu_Pour_Vous/Dossier_Special_Deuxieme_Republique/Revolution_Morale_Co ntre_Revolution.html, mis en ligne juin 2007, consulté le 20 juin 2011.

97 Michel BLAY (S/dir.), Grand dictionnaire de la philosophie Larousse, Paris, éditions CNRS, 2003, p.935.

98 M. GRAWITZ, Op. Cit., p.359.

99 C. DEBBASCH, Op. Cit., p.375.

Idées politiques et révolutions au Maghreb arabe. 48

(la réforme d'une conduite), soit sur le plan collectif (la réforme des institutions)100. Est réformiste celui qui veut changer sans utiliser la violence.

12. Le printemps arabe

Expression désignant les révolutions qui secouent actuellement le monde arabe en ce début du 21ème siècle (révolutions tunisienne, égyptienne, syrienne, libyenne, yéménite, Bahreïnienne, etc. de 2010-2011)101.

2) Les révolutions technico-économiques

On parle des révolutions technico-économiques lorsque deux conditions sont réunies, notamment102 :

? Une nouvelle manière de collecter et/ou d'utiliser l'énergie : Le nouveau modèle énergétique pourrait être décentralisé et distribué (soleil, vent, biogaz des déchets, vagues, géothermie, biomasse, courants marins...) ; les bâtiments, infrastructures et véhicules pouvant devenir des capteurs "intelligents" de cette énergie décentralisée ;

? Une manière nouvelle de communiquer : Le nouveau mode de communication est celui de la communication distribuée, celle qui permet à un individu ou groupe de communiquer avec un autre individu ou groupe presque partout dans le monde et à toute heure.

§2. Les révolutions culturelles et morales

A. Les révolutions culturelles

Elles désignent tout changement important dans le savoir, les conceptions et les mentalités dominants dans une société donnée (exemple : refus de la société de consommation)103. Ainsi, les événements qui se sont déroulés en République populaire de Chine de 1966 à 1970 et qui ont été caractérisés par une remise en cause totale des institutions politiques, administratives, économiques, universitaires et militaires sont désignés ou

100 Christian GODIN, Dictionnaire de philosophie, Paris, éditions Fayard, 2006, p.1125. Lire aussi M. GRAWITZ, Lexique des sciences sociales, Op. Cit., p.348.

101 FRIDA DAHMANI, « Sidi Bouazizi» in Jeune Afrique, n°2615, du 20 au 26 février 2011, p.40.

102 Jeremy RIFKIN, « Les révolutions technico-économiques » in Enerpress, n° 9597, 18 juin 2008, p.6

103 C. DEBBASCH et al, Op. Cit., pp.375-376.

Idées politiques et révolutions au Maghreb arabe. 49

considérés comme révolution culturelle. Ce mouvement lancé par Mao Zé Dong avait pour objectif premier de lutter contre la formation d'une bureaucratie sclérosée. Il atteint sous l'impulsion des gardes rouges (partisans de Mao) une ampleur considérable car cette intervention de l'armée populaire a permis d'éviter une récession.

Aux USA, elles désignent le refus de la société de consommation ou un mouvement tendant à transformer la société en instituant des nouveaux rapports sociaux fondés sur une contre-culture.

B. La révolution morale

La révolution morale implique, osons-nous croire, un changement fondamental de mentalité104. L'homme doit " mourir " pour devenir un homme nouveau dépouillé de toute tare d'antivaleur. Mais comment arriver à cette transformation lorsqu'on sait que par nature l'homme est penché à faire tout le temps le mal ?

FICHTE ramène le problème de la légitimité de la révolution française à celui de la moralité. Contrairement à ce qu'affirme BURKE et à l'écho que rencontrent ses réflexions sur la révolution française, il n'y a pas de contrat acquis une fois pour toutes que le peuple n'aurait pas le droit et le devoir de dénoncer, fût-ce unilatéralement, car le contrat social n'est pas en dernier recours du ressort du droit positif mais du ressort du droit naturel. Et le droit naturel n'est rien d'autre que « la loi morale en tant qu'elle détermine le monde des phénomènes ». La loi morale coïncide avec la conscience de sa liberté que l'homme possède à l'état de nature, « isolé avec sa conscience », « instance suprême » à laquelle toutes ses autres relations sont subordonnées. La liberté de penser est non seulement le seul bien que l'homme et le peuple tout entier ne peuvent aliéner mais son aliénation va contre la « marche de la nature » et les princes qui confisquent ce droit sont eux-mêmes responsables des explosions révolutionnaires car ils empêchent toute évolution pacifique105.

104 Rombaut OT, « révolution morale : passons aux actes », édicté sur le lien Internet http://www.lobservateur.cd/index.php?option=com_content&view=article&id=2332:revolution-morale--passons-aux-actes&catid=42:editorial&Itemid=53, mis en ligne le 07 juillet 2010, consulté le 22 juin 2011.

105 Michel BLAY (S/dir.), Op Cit., p.935.

Idées politiques et révolutions au Maghreb arabe. 50

Idées politiques et révolutions au Maghreb arabe. 51

Pour Emmanuel KANT, la révolution morale amène les peuples à prendre conscience de leur liberté : la façon de penser106.

§4. Les révolutions techniques

A) La révolution industrielle

La révolution industrielle marque le profond bouleversement apparu dans l'Angleterre du XVIIIe siècle puis en Europe et dans le monde entier. Elle est un complexe technico-économique caractérisé par la naissance de l'usine et de la classe ouvrière107. Les historiens distinguent trois révolutions industrielles :

> La première, fin du XVIIIe siècle, est marquée par le charbon, la chidérurgie et la machine à vapeur ;

> La deuxième, fin du XIXe siècle, est marquée par le pétrole et l'électricité ;

> La troisième, fin du XXe siècle, est marquée par le nucléaire et l'informatique.

B) La révolution scientifique et technique

La révolution scientifique et technique est celle qui a commencé avec l'électronique, laquelle électronique a entrainé l'automation, avec ses formes supérieures, la cybernétique, sans lesquelles la conquête spatiale eut été impossible108. Les caractéristiques de la révolution scientifique et technique qui en font un phénomène nouveau et non le simple prolongement de l'industrialisation sont :

> La place de l'homme change fondamentalement dans la production avec la généralisation progressive de l'automation à l'ensemble de l'industrie et même de l'économie ;

> La science est l'élément direct de cette production avec l'accroissement de plus en plus

considérable du rôle des travailleurs scientifiques dans l'économie et dans la société ; > La révolution scientifique et technique exige que le travailleur soit de plus en plus un

élément polytechnique et polyvalent.

106 Michel BLAY (S/dir.), Op Cit., p.936.

107 Christian GODIN, Op. Cit., p.1155.

108 Jean ROUS, Tiers Monde : réforme et révolution, Dakar, Présence Africaine, 1977, pp.193-196.

Section III. Les causes et conséquences des révolutions politiques et sociales

§1. Les causes des révolutions politiques et sociales

Depuis l'antiquité, les théoriciens de la politique se sont intéressés aux problèmes relatifs au changement cyclique de pouvoir, aux efforts individuels et collectifs pour abattre un gouvernement par la violence, ainsi qu'à la compréhension des raisons morales et économiques des révolutions. En général, ils attribuent les sentiments révolutionnaires qui apparaissent dans un État à une discordance entre les désirs du peuple et sa situation concrète, divergence qui donne lieu à un désaccord affirmé concernant les fondements sur lesquels cette société devrait s'organiser et fonctionner109.

Les révolutions politiques et sociales surgissent lorsqu'il n'y a plus d'incompatibilité entre l'ordre politique et celle-ci à satisfaire aux attentes de la population. Certains soutiennent l'idée que, à mesure que la société moderne devient de plus en plus complexe, les populations deviennent aussi de plus en plus isolées, privées des repères traditionnels, et tendent à cet effet à adopter des comportements violents et incohérents. Les autres attribuent la violence révolutionnaire à la désorientation et à l'irrationalité des masses. Ces dernières sont courtisées par des leaders, des guides ou des chefs charismatiques ambitieux de conquérir le pouvoir et qui leur proposent des nouvelles visions de la société. C'est dans cet ordre d'idées que Charles TILLY pense que la révolution ne peut se produire que lorsqu'apparaissent des prétendants au pouvoir ayant des ressources pour appuyer effectivement leurs prétentions110.

Selon Alfred MEUSEL, une révolution se produit lorsque la classe supérieure ne peut plus et la classe inferieure ne veut plus continuer l'ancien système111.

Pour Crane BRINTON et d'autres théoriciens antérieurs à la seconde guerre mondiale, les révolutions ont lieu quand la brèche entre la répartition du pouvoir politique et la répartition du pouvoir social dans une société devient insupportable ; la révolution se produit aussi quand il y a une contradiction profonde entre ceux qui veulent un changement rapide et ceux qui sont opposés à ce changement. Le point de rupture est atteint quand les instruments de contrôle social chutent, spécialement l'armée, la police, en faisant alliance avec les éléments mécontents

109 L.-E. RODRIGUEZ HERNANDEZ, lien Internet déjà cité.

110 Dictionnaire de la pensée politique, hommes et idées, Op. Cit., p.673.

111 Rudolf REZSOHAZY, Op Cit., p.45.

Idées politiques et révolutions au Maghreb arabe. 52

ou quand le gouvernement démontre son inaptitude à utiliser ces instruments de contrôle social112.

De la part de Samuel HUNTINGTON, les révolutions se produisent quand les masses, privées de tout moyen légitime d'expression politique comme le droit de vote, expriment avec violence leur désir d'être entendus113.

De notre part, nous sommes du même avis que tous ces auteurs précités, mais nous renchérissons en disant que l'explosion révolutionnaire vient du déséquilibre, de la brisure entre le développement économique qui est insuffisant et les aspirations de la classe qui monte.

§2. Les conséquences des révolutions politiques et sociales

Les révolutions politiques et sociales ne sont jamais sans résultat et s'accompagnent toujours soit des conséquences néfastes, soit des conséquences positives.

Au XVIIIème siècle, les révolutions ont le plus souvent conduit à des indépendances (c'est le cas de la révolution américaine en 1776 et de la révolution française en 1789).

A l'ère des rivalités idéologiques (capitalisme versus communisme), une révolution pouvait être profitable pour un gouvernement socialiste lorsque les ressources économiques étaient concentrées dans quelques centres à forte intensité de capital, quand la mobilisation des masses était importante et quand les pressions extérieures des pays capitalistes étaient modestes. Dans le cas contraire, il est vraisemblable que les gouvernements capitalistes se maintiendraient114. Actuellement, les révolutions politiques et sociales ont une influence immédiate bien au-delà des frontières nationales des États, elles introduisent des sauts historiques et des bouleversements sociaux qui déterminent ou conditionnent la politique extérieure des pays en un scenario de changement et de continuité qui a un impact sur le climat général des relations internationales et contribue à l'évolution et à la formation du système international. Si aujourd'hui le système international compte plus de 190 États en interaction, c'est grâce aux révolutions. Elles sont susceptibles de déboucher à la chute de certains régimes

112 C. BRINTON, cité par L.-E. RODRIGUEZ HERNANDEZ, « La révolution dans le système mondial du XXIe siècle », édicté sur le http://www.cahiersdusocialisme.org/2011/02/20/la-revolution-dans-le-systeme-mondial-du-xxi%%B0-siecle/, mis en ligne le 13 février 2011, consulté le 31 mai 2011.

113 Dictionnaire de la pensée politique, hommes et idées, Op. Cit., p.673.

114 Idem, p.677.

Idées politiques et révolutions au Maghreb arabe. 53

pour en instaurer d'autres, à l'établissement des démocraties libérales ou, dans un cas contraire, à des guerres civiles de longue durée et très sanglantes pouvant conduire soit à la scission et à la formation des nouvelles unités étatiques sur la scène internationale.

Section IV. Quelques exemples des révolutions politiques et sociales ayant eu lieu par les idées en relations internationales

Entre 1787 et 1870, le monde occidental avait traversé une série de crises révolutionnaires. A la fin du XVIIIe siècle, c'est dans les territoires britanniques que commence le mouvement115. En Irlande et en Amérique du nord, les troubles se sont déclenchés et ont conduit l'Irlande à l'autonomie (vis-à-vis de la Grande Bretagne), les Etats-Unis à l'indépendance (voir la révolution américaine). Dans les Pays-Bas hollandais, une révolution a éclaté pour protester contre la monarchie héréditaire que voudrait instituer le Stathouder, révolution qui sera matée par l'action de la Grande Bretagne et de la Prusse. Dans les cantons suisses comme en Suède sont nés aussi des mouvements politiques et sociaux qui ont ébranlé les trônes et les régimes établis. En 1787, c'est aussi le début de la révolution française car, avant la révolution bourgeoise de 1789, il y avait eu une révolution aristocratique qui avait affaibli considérablement le pouvoir royal et a permis le triomphe de ce qu'il convenait d'appeler la révolution de 1789 à 1799.

Au coeur de toutes ces révolutions, les idées majeures sont la liberté, le progrès et l'homme, telles que diffusées par le mouvement des Lumières116. Signalons, certes, que le mouvement des Lumières, bien qu'ayant eu beaucoup d'influence en France, est né en Grande Bretagne (sous le nom de Enlightenment) et dans les Allemagnes (Aufklärung). Mais, il est évident que la révolution française a été plus pragmatique en accouchant ce qui s'appelle aujourd'hui « Droits de l'Homme » ayant son plus grand fondement dans la déclaration française des droits de l'Homme et du citoyen117.

Le mouvement révolutionnaire français fut celui d'un peuple, appuyé par l'armée (le mouvement des gardes-françaises) soutenant l'Assemblée nationale contre la Cour royale, immense, unanime ; toute la France y prit part, Paris y prit part, tous (chacun dans sa mesure) agirent, ceux-ci du bras et de la voix, ceux-là de leur pensée, de leur ardent désir, du plus

115 François G. DREYFUS, Le temps des révolutions (1787-1870), Paris, Larousse, 1968, p.9.

116 Idem, p.15.

117 Colin FOLLIOT, Les idées politiques sous la révolution française, ruptures et continuités, sl, s.m, sd, p.2.

Idées politiques et révolutions au Maghreb arabe. 54

profond de leur coeur de voir venir le changement par l'obtention du droit et de la liberté118. Les autres révolutions s'inspireront toutes de la révolution française de 1789 par le fait qu'elle a surgi avec une certaine soudaineté sans pareille et apporta un changement radical119. Certains attribuaient les causes de cette révolution à la crise des institutions et au mouvement des idées, les autres à la lutte des classes, le mouvement des prix120. Les causes politiques présentent la révolution française comme une réaction libérale contre une monarchie dont le joug serait devenu trop pesant, contre l'autorité et l'absolutisme121.

A travers l'analyse de la situation des relations internationales au milieu du XIXe siècle, Karl MARX et Friedrich ENGELS avaient diagnostiqué que la révolution serait propulsée par le prolétariat des pays industrialisés et, des années plus tard, Engels a prévu comment le développement de l'Europe occidentale avait oeuvré contre la lutte violente et en faveur de l'action parlementaire pour la classe ouvrière. Plus tard, Lénine a conduit le parti bolchévique à rompre le maillon le plus faible de la chaîne impérialiste dans l'idée que ce serait une contribution à la révolution mondiale, laquelle aurait son centre en Allemagne, selon la logique de la pensée de Marx.

Conclusion partielle

En vue de clore cette première partie, il est indispensable de souligner que les idées politiques jouent un rôle important dans la vie des États et elles permettent, d'une manière ou d'une autre, de façonner le monde à leur manière. On comprend donc que les comportements des États pendant une période donnée de l'histoire sont régis ou dictés par les idées dominantes et c'est sur base de celles-ci que certains États cherchent toujours à s'y conformer et orienter leurs politiques nationales et étrangères alors que les autres peuvent en tourner casaque en désorientant autrement leurs politiques de gouvernance. Et s'il s'avère que les idées politiques auxquelles un régime ou un gouvernement se réfère ne répondent pas à l'aspiration des bonnes conditions socio-économiques de vie des populations, ces dernières peuvent manifester leurs mécontentements par des protestations révolutionnaires. Nous pensons que la révolution sera inévitable dans le système mondialisé du XXIe siècle car, au cours de l'histoire, la lutte des classes a été le moteur du changement social. Les révolutions constituent l'unique voie possible

118 MICHELET, Histoire de la révolution française, Paris, éditions Robert Laffont, Tome 1, 1979, p.129.

119 René REMOND, Introduction à l'histoire de notre temps, l'ancien régime et la révolution (1750-1815), Paris, éditions du Seuil, Tome 1, 1974, p.132.

120 François G. DREYFUS, Op. Cit., p.13.

121 Idem, p.142.

Idées politiques et révolutions au Maghreb arabe. 55

pour résoudre l'antagonisme entre riches et pauvres, peuples et dictateurs à l'intérieur des sociétés et aussi pour la transformation des relations internationales vers un système véritablement démocratique, juste et humain, surtout dans les États africains, asiatiques et de l'Amérique latine.

Idées politiques et révolutions au Maghreb arabe. 56

Deuxième partie. Le cadre pratique

Par le fait de la circulation des hommes et des idées, il ressort que ces mouvements s'accompagnent des mutations profondes sur la scène internationale, lesquelles mutations viennent bouleverser à la longue le système international. C'est pourquoi cette deuxième partie qui concerne le cadre pratique tend à concilier cet état de fait à des révolutions qui se sont déclenchées dans le Maghreb arabe en ce début de l'an 2011.

Il sied ici, avant d'aborder cette thématique, de situer le Maghreb arabe. Alors que son appellation pose problème, certains préfèrent parler de l'Afrique du nord, les autres du Maghreb. Pratiquement, le Maghreb est situé au nord de l'Afrique. Il est la région septentrionale de l'Afrique, regroupant le Maroc, l'Algérie et la Tunisie. Ces trois pays forment le Maghreb central. Le Grand Maghreb rattache à cet ensemble la Mauritanie et la Libye. Ces cinq pays forment l'Union du Maghreb arabe (UMA), fondée en 1989122. Le Maghreb est aussi appelé Tamazgha, le "pays des hommes libres" en tamazight et dans le cadre de cette étude, nous allons adjoindre à ce groupe l'Égypte bien que située au Moyen-Orient. Il constitue un carrefour où l'Afrique et l'islam entrent en contact avec la méditerranée occidentale123. Il est limité au Sud par le désert du Sahara qui le sépare de l'Afrique subsaharienne, au Nord par la mer méditerranée, à l'Ouest par l'océan atlantique et à l'Est par la mer rouge. Les populations n'y étaient pas arabes, mais elles ont été arabisées124. Les pays maghrébins se sont donnés, après l'accession à l'indépendance, des constitutions qui présentent des points communs125. Tous proclament leur vocation maghrébine et africaine, leur appartenance à l'islam, comme religion de l'État, et à l'arabe, comme langue officielle126. D'où, leur identité maghrébine est à la fois arabe, berbère, musulmane, africaine et méditerranéenne. Affirmant tous leur attachement à la démocratie, ils ont institué le suffrage universel sans distinction de sexe, l'exercice des libertés fondamentales de la presse, de religion, d'opinion, d'association. Mais, cette volonté affichée dans leurs constitutions ne sera pas un fait réel dans leur modèle de gouvernance. Tous organisèrent un régime autoritaire confié à un roi héréditaire ou à un président de la République élu au suffrage universel. Sauf au Maroc où le roi avait tiré son prestige en n'ayant pas besoin

122 « Le Maghreb : histoire, géographie, démographie, populations et économie », édicté sur le lien Internet http://www.toutlemaghreb.com/rubriques_/Le_Maghreb/Le_Maghreb.php, consulté le 27 mai 2011.

123 H. ISNARD, Op. Cit., p.5.

124 R. REMOND, Tome 3, Op. Cit., p.233.

125 H. ISNARD, Op. Cit, pp.91-92.

126 J. NSABUA TSHIABUKOLE, Op. Cit., p.92.

Idées politiques et révolutions au Maghreb arabe. 57

de s'appuyer sur un parti unique pour gouverner. Au contraire, dans les autres pays, les présidents vont gouverner avec l'appui d'un parti unique. Le régime du parti unique sera une organisation de fait en Tunisie (le Néo-Destour à l'époque) alors qu'en Algérie, le Front de Libération Nationale (FLN) a été expressément institutionnalisé par la constitution. On comprend donc bien, par cette illustration, que l'actuelle vague qui frappe le Maghreb arabe remonterait, peut-être, d'un fait historique de longue haleine.

Il convient de signaler que cette partie comprend également deux chapitres.

Le premier chapitre traite directement des révolutions en Tunisie, en Égypte et en Libye (chap. 3) tandis que le dernier s'articule sur la démocratie et l'instauration d'un nouvel ordre politique au Maghreb (chap. 4).

Idées politiques et révolutions au Maghreb arabe. 58

Chapitre troisième. Les révolutions au Maghreb arabe

Ce chapitre consiste à étayer les aspects ayant été à la base des révolutions populaires dans le Maghreb arabe, tout en se basant sur les événements qui se sont passés en Tunisie (section I), en Égypte (section II) et en Libye (section III).

D'entrée de jeu, esquissons en disant que les soulèvements que connaissent aujourd'hui la plupart des pays maghrébins peuvent faire l'interprétation d'un fait historique car, jadis, les populations de cette région (85 à 90%) vivaient toujours dans la situation d'injustice sous des régimes dictatoriaux et ceci conduisait toujours à des soulèvements sporadiques contre le pouvoir, des refus de payer les impôts127 (telle fut la situation lors de la révolte de 1864 en Tunisie).

Section I. La révolution tunisienne

La Révolution tunisienne de 2010-2011 est une suite de manifestations insurrectionnelles survenues en Tunisie en décembre 2010 jusqu'en janvier 2011 et ayant abouti à la chute du régime en place par la fuite du président de la République dans l'île de Djeddah en Arabie Saoudite, le 14 janvier 2011, Zine el-Abidine Ben Ali, en poste depuis 1987. Elle est de type politique et social et est parfois appelée en Occident « Révolution de jasmin128 ». Actuellement, il existe un débat contestataire autour de cette appellation. Les tunisiens préfèrent l'appeler « Révolution pour la dignité » car le terme « Révolution de jasmin » fait référence à la prise de pouvoir de Ben Ali alors que celui-ci n'est plus. Les autres la qualifient de la « Révolution Facebook » en lien avec le rôle joué par Internet dans l'organisation des manifestations.

Sylvie KAUFMANN inclut la révolution tunisienne dans un mouvement de « révolutions émergentes », d'après l'expression de pays émergents désignant les anciens pays en voie de développement129.

127 Claude LIAUZU (S/dir.), Dictionnaire de la colonisation française, Espagne, éditions Liberduplex, 2007, p.438.

128 M. BEN YAHMED, « Ben Ali, fuite et fin » in Jeune Afrique, n°2610, du 16 au 22 janvier 2011, p.13

129 S. KAUFMANN, « Les jeunes élites mondialisées, fer de lance des révolutions émergentes » in Le Monde, 3 février 2011, p. 8

Idées politiques et révolutions au Maghreb arabe. 59

§1. Les causes et origines de la révolution tunisienne

A. Les causes

Les causes du déclenchement de la révolution en Tunisie sont multiples, mais elles sont beaucoup plus sociales, le peuple souhaitant voir l'amélioration de ses conditions de vie changer.

1. Inégalités sociales et régionales

Tout était parti de Sidi Bouzid, ville située dans le centre-ouest du pays, d'où le nom original de « révolte de Sidi Bouzid » ou d'« intifada de Sidi Bouzid ». Les manifestations y sont menées en protestation contre le chômage qui touche une forte proportion de la jeunesse, plus particulièrement les jeunes diplômés, la répression policière et les inégalités sociales et régionales qu'éprouve le sous-prolétariat des régions de l'intérieur du pays, discriminé sur les plans économique, social et politique. Au-delà de ces facteurs régionaux et sociaux, il faut ajouter un facteur générationnel : le sentiment d'étouffement qu'éprouve la jeunesse, « proportionnel à son désir de détruire ce qui entrave sa liberté d'être et d'avoir »130. Le sentiment d'injustice de la jeunesse joue d'autant plus qu'elle est nombreuse : 42 % des Tunisiens ont moins de 25 ans131. Parmi les plus pauvres de Tunisie, la région de Sidi Bouzid est créditée d'un taux de chômage officiel de 9% de la population active, alors que la moyenne nationale est de 14%. Selon une étude de l'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT), le chômage touche 44 % des femmes diplômées d'université et 25 % des hommes diplômés d'université de Sidi Bouzid, contre respectivement 19 % et 13,4 % en moyenne en Tunisie132. Pour les diplômés de la région, ce taux se situe entre 30% et 36%133.

130 S. KAUFMANN, « Les jeunes élites mondialisées, fer de lance des révolutions émergentes », Op. Cit., p. 8

131 Carte « Du Maroc au Yémen : données démographiques, économiques et politiques » in Courrier international, n°1058, du 10 au 16 février 2011, p. 15.

132 SOFIENE CHOURABI, « Special from Tunisia: Self-immolation by desperate youth sets off rare wave of protests » in Almasry Alyoum, du 26 décembre 2010, édicté sur le lien Internet http: // www.almasryalyoum.com/en/news/special-tunisia-self-immolation-desperate-youth-sets-rare-wave-protests, Consulté le 18 Janvier 2011.

133 ABDELAZIZ BARROUHI, « Cinq questions pour comprendre la révolution tunisienne » in Jeune Afrique, n°2609, du 09 au 15 janvier 2011, pp.42-45.

Idées politiques et révolutions au Maghreb arabe. 60

2. La corruption et le népotisme

Les causes sont également politiques : la corruption et le népotisme. L'ancien régime a toujours été mis en cause dans des affaires de corruption, de détournement ou de vol. Pour KHEMAÏS CHAMMARI, non seulement la gestion du développement des régions est critiquée mais aussi la corruption et le népotisme du régime134. Plusieurs observateurs définissent le régime benaliste de « kleptocratie »135.

B. Origines ou début de la révolution

Les manifestations avaient débuté le 17 décembre 2010, après l'immolation par le feu d'un jeune vendeur ambulant de fruits et légumes, Mohamed Bouazizi, dont la marchandise avait été confisquée par les autorités municipales. Fils d'un ouvrier agricole, son activité de vendeur constitue le seul revenu régulier de sa famille. Ne possédant pas d'autorisation officielle, il se fait confisquer sa marchandise à plusieurs reprises par les employés municipaux. Essayant de plaider sa cause et d'obtenir une autorisation et la restitution de son stock auprès de la municipalité et du gouvernorat, il s'y fait insulter et chasser, gifler et on fit cracher même sur lui. Le 17 décembre 2010, à l'âge de 26 ans, il s'asperge de l'essence et s'immole par le feu devant le siège du gouvernorat. Le 4 janvier 2011, il meurt au centre de traumatologie et des grands brûlés de Ben Arous. L'indignation suscitée par le suicide du 17 décembre se mue en révolte, principalement parce que les manifestants partagent les motifs de Mohamed Bouazizi, cherté de la vie, au point que son geste d'immolation est imité par plusieurs autres jeunes et citoyens tunisiens.

Pour TAOUFIK BEN BRIK136, « l'intifada de Sidi Bouzid » s'inscrit dans un large mouvement de révoltes commencé à Gafsa en 2008, qui s'est poursuivi à Ben Gardane en août 2010 et qui n'avait jamais été résolu. En effet, dès 2008, dans une forme de « répétition générale », la colère populaire s'était manifestée lors du mouvement du bassin minier de Gafsa, pendant plus de six mois et appelait déjà au respect de la justice sociale et de la dignité. Des centaines de Tunisiens avaient alors été arrêtés, torturés ou emprisonnés, certains trouvant la

134 Dominique LAGARDE, « Tunisie : les troubles révèlent le malaise de la jeunesse » » in L'Express, 5 janvier 2011

135 Jean-Noël CUENOD, « La France a perdu la main en Tunisie » in La Tribune de Genève, édicté sur le lien Internet http://www.tdg.ch/node/302834, consulté le 19/01/2011.

136 T. BEN BRIK, « Sidi Bouzid, mon amour » dans Le Nouvel Observateur, 2 janvier 2011.

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mort dans les affrontements avec la police, dans la quasi-indifférence des médias européens et tunisiens.

2) L'intensification du mouvement révolutionnaire

Malgré la répression de la police, le mouvement a repris plus violemment et s'étendit aux villes voisines de Meknassy et Menzel Bouzaiane. À l'appel de militants syndicaux, la révolte atteint la capitale Tunis le 27 décembre, avec environ mille citoyens exprimant leur solidarité avec Bouazizi et les manifestants de Sidi Bouzid137. D'autres villes comme Gafsa, Sousse, Gabès et Kasserine continuaient à s'embraser malgré les efforts du régime de calmer les manifestants et plusieurs manifestations de soutien se sont intensifiées aux manifestants de Sidi Bouzid 138 (Les avocats, les étudiants, etc.).

Les manifestations ne se sont pas arrêtées malgré les annonces formulées par le président déchu ( la création de trois cent mille emplois en deux ans et la fermeture temporaire de tous les établissements scolaires et universitaires139, organisation des élections anticipées et son absence à celles-ci, promesse de la liberté pour la presse et l'Internet, baisse des prix de certains produits alimentaires de base140, l'état d'urgence et le couvre-feu141, etc.).

3) Le rôle des médias et réseaux sociaux dans l'intensification de la révolution

En Tunisie comme en Egypte plus tard, ce sont les Nouvelles Technologie de l'Information et de la Communication (NTIC) qui ont permis un tel soulèvement populaire. Face à la censure et au manque de couverture par les médias nationaux, la lutte se faisait sur Internet où des photographies montrant la dispersion de manifestants circulaient via Twitter, Facebook, des vidéos prises à partir des téléphones portables étaient mises en ligne et reprises

137 « Job protests escalate in Tunisia » dans Al Jazeera, édicté sur le

http://www.english.aljazeera.net/news/africa/2010/12/20101227204853391930.html, mis en ligne le 28 décembre 2010, consulté le 10 mai 2011.

138 Béchir BEN YAHMED, « les secrets d'une révolution » in Jeune Afrique, n°2611, du 23 au 29 janvier 2011, pp. 22-49.

139 Information suivie sur Radio France Internationale (RFI), le 11 janvier 2011

140 Pauline FREOUR, « Le président tunisien Ben Ali quittera le pouvoir en 2014 » dans Le Figaro, édicté sur http://www.lefigaro.fr/international/2011/01/13/01003-20110113ARTFIG00788-le-president-tunisien-ben-ali-quittera-le-pouvoir-en-2014.php, mis en ligne le 13 janvier 2011 et consulté le 10 mai 2011.

141 Ibidem.

Idées politiques et révolutions au Maghreb arabe. 62

par France 24, Le Nouvel Observateur, la BBC, Rue89 et Al Jazeera142. Le combat pour la démocratie s'est fait par le biais des réseaux sociaux. Les messages, les vidéos de manifestants, les appuis médiatiques ont circulé via les réseaux sociaux.

Pour lutter contre le phénomène, les autorités surveillaient Facebook et ont bloqué certaines pages de médias étrangers comme France 24, Le Nouvel Observateur, la BBC, Rue89 et Al Jazeera. La police, quant à elle, exerçait un filtrage global au niveau des fournisseurs d'accès. Mais ceci ne réussit pas à étouffer les mouvements de contestation. Facebook, Twitter, Internet en général auront été les meilleurs alliés des manifestants et ont sapé les dispositifs de censure pour dissimuler la réalité des évènements. Les sites Web de la Bourse de Tunis, du Ministère des Affaires étrangères, du Ministère de l'Industrie, du Ministère du Commerce, du Gouvernement ou encore de la Présidence de la République avaient notamment été attaqués.

Les révélations de WikiLeaks sur la corruption du clan « Ben Ali-Trabelsi » et la nature « mafieuse » du pouvoir, traduites et reprises par des sites tunisiens comme nawaat.org, ont participé à la flambée de colère contre le gouvernement143.

Ajoutons en disant que l'expérience de l'utilisation des réseaux sociaux dans les mouvements révolutionnaires n'est pas la première avec cette révolution du jasmin. Déjà en octobre 2000, le mouvement de résistance non violente Otpor (libération), en Serbie, avait développé cette méthode grâce à laquelle les manifestations non violentes et l'utilisation d'outils modernes comme le téléphone portable et Internet avaient mobilisé les masses et s'étaient soldées par une victoire et par le renversement du président Slobodan Miloeviæ144.

§4. Renversement du régime et fuite de Ben Ali

Cependant, la contestation prenait de l'ampleur tandis que l'armée refusait de suivre Ben Ali et protégeait les manifestants contre les policiers, ce qui avait contraint le président tunisien à quitter le pays à l'instar d'une partie de ses proches et à se rendre en Arabie saoudite après une

142 Najoua AZLAG, « L'Égypte, la Tunisie et les réseaux sociaux », édicté sur le http://savemybrain.net/v2/2011/02/08/egypte-tunisie-reseaux-sociaux/, mis en ligne le 08 février 2011 et consulté le 12 avril 2011.

143 François KIRSCH, « Le rôle de Wikileaks dans les troubles en Tunisie », édicté sur le http://www.rtbf.be/info/matin-premiere/tour-deurope.294817, mis en ligne le 14 janvier 2011, consulté le 15 avril 2011.

144 « La non-violence : clef de la nouvelle Égypte », édicté sur le http://www.leuromag.com/La-non-violence-clef-de-la-nouvelle-Egypte_a5939.html, consulté le 12 avril 2011.

Idées politiques et révolutions au Maghreb arabe. 63

escale à Malte, le 14 janvier 2011145. Le cortège présidentiel était composé du président déchu Ben Ali lui-même, de sa femme Leila, de leur fille unique Mohamed (6ans), leur fille Halima issue du premier couple (18ans) et son fiancé Mehdi BEN GAIED (23ans) ainsi que la gouvernante146. Le président déchu, rapporte-t-on, avait passé six heures de vol Tunis-Djeddah dans le cockpit avec un revolver à la main, redoutant qu'un ordre de rebrousser chemin ne vienne de Tunis147. Ce départ s'est fait dans l'espoir d'un retour rapide à Tunis, mais en vérité c'était la chute du régime.

Ainsi, le régime Ben Ali tomba, nombre de ses partisans sont arrêtés et le pays entra dans la phase transitoire allant jusqu'en juin 2011.

§5. La révolution tunisienne vue par l'étranger

Aussitôt que la vague révolutionnaire s'était déclenchée en Tunisie, plusieurs démocraties occidentales ont fait appel au respect des droits et libertés des manifestants. Le gouvernement américain a incité Tunis à respecter les libertés civiles, la liberté d'expression, en particulier sur Internet, et à faire preuve de modération dans l'usage de la force contre les manifestants148. L'union européenne, quant à elle, a fait appel « au respect des libertés fondamentales » et le gouvernement français au « dialogue », soulignant que la France prend acte de la transition annoncée par le premier ministre GHANNOUCHI et serait prête à coopérer avec le gouvernement tunisien et à lui fournir son « savoir-faire » en matière de contrôle des émeutes149. Cette thèse déclaratoire a valu la démission de la ministre française des Affaires étrangères, Michèle Alliot-Marie.

En Afrique, le président libyen Mouammar El-Kadhafi avait apporté son soutien entier au président déchu, affirmant qu'il est toujours, même après son départ, « le président légal de

145 « Ben Ali fuit la Tunisie, Mohamed GANNOUCHI prend le pouvoir », édicté sur http://www.jeuneafrique.com/Article/ARTJAWEB20110114182051/gouvernement-tunisie-facebook-censureben-ali-fuit-la-tunisie-mohamed-gannouchi-prend-le-pouvoir.html, consulté le 14 avril 2011.

146 ABDELAZIZ BARROUHI, « La vérité sur la fuite de Ben Ali » in Jeune Afrique, n°2615, du 20 au 26 février 2011, pp.12-15.

147 ABDELAZIZ BARROUHI, « Derniers jours d'un régime à l'agonie » in Jeune Afrique, n°2611, du 23 au 29 janvier 2011, pp.31.

148 « Communication officielle de Barack Obama sur le site de la Maison Blanche », édicté sur le http://www.whitehouse.gov/the-press-office/2011/01/14/statement-president-events-tunisia, mis en ligne le 14 janvier 2011 et consulté le 10 avril 2011.

149 « Tunisie : communiqué pitoyable de la France sur la Révolution », édicté sur le http://www.rue89.com/mon-oeil/2011/01/15/tunisie-communique-pitoyable-de-la-france-sur-la-revolution-185772, mis en ligne le 15 janvier 2011 et consulté le 10 avril 2011.

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la Tunisie [...] et qu'il n'a fait que des bonnes choses » et que le peuple tunisien a été victime des mensonges diffusés par Internet150. Le Maroc, à travers son ministère des Affaires étrangères, avait exprimé le 17 janvier, dans une dépêche de l'Agence France-Presse (AFP), sa solidarité avec le peuple tunisien dans son ensemble, en souhaitant la stabilisation de la Tunisie, élément qu'il estime essentiel et fondamental pour la stabilité et la sécurité régionales, en particulier au Maghreb. La presse marocaine voit dans l'éviction de Ben Ali par la rue une leçon à destination des dirigeants du Maghreb et du monde arabe151.

Outre les attitudes exprimées par certains États face à la situation en Tunisie, d'autres réactions avaient été formulées par les ONG condamnant ainsi l'utilisation d'armes à feu par les forces de sécurité tunisiennes et appelant à une enquête indépendante pour faire la lumière sur les événements, à déterminer les responsabilités et à garantir le droit à la protestation pacifique. C'est le cas par exemple de la Fédération Internationale des Droits de l'Homme (FIDH).

§6. Les conséquences de la révolution tunisienne

La révolution tunisienne a été une leçon pour la plupart des États arabes ayant depuis longtemps vécu sous le joug dictatorial de leurs chefs. Elle a eu des répercussions dans les pays arabes et a été une source d'inspiration pour les populations de ceux-ci en vue de mettre à profit leurs situations de maltraitance de la part de leurs chefs dictateurs et une auto-libération des tunisiens de la mafia du régime déchu152. Plusieurs manifestations de soutien au peuple tunisien avaient alors été organisées partout ailleurs dans le monde : en France, en Belgique, en Allemagne, au Québec, en Algérie, en Égypte, au Maroc, au Yémen, à Gaza, en Syrie, etc. Celle-ci a marqué un envol du pays qui s'est ouvert à la voie démocratique. Comme on le voit, elle s'accompagna par la mise en place des démocraties naissantes dans le monde arabo-musulman.

150 « Kaddafi : Ben Ali est toujours le président légal de la Tunisie » dans Jeune Afrique, édicté sur le http://www.jeuneafrique.com/Article/ARTJAWEB20110116004028/libye-gouvernement-tunisie-volkaddafi-ben-ali-est-toujours-le-president-legal-de-la-tunisie.html, mis en ligne le 16 janvier 2011 et consulté le 11 avril 2011.

151 Dépêche AFP montrant la solidarité exprimée du Maroc au peuple tunisien, édicté sur le http://www.tv5.org/cms/chaine-francophone/info/p-1911-Le-Maroc-exprime-sa-solidarite-avec-le-peuple-tunisien-.html?&rub=6&xml=newsmlmmd.c24e08ca5ac5778ed9fbd5c2c6607dbf.6f1.xml, consulté le 11 avril 2011.

152« La révolution tunisienne, source d'inspiration pour la méditerranée », édicté sur le http://www.lemonde.fr/idees/article/2011/01/18/la-revolution-en-tunisie-source-d-inspiration-pour-la-mediterranee_1467181_3232.html, mis en ligne le 18 janvier 2011, consulté le 11 avril 2011.

Idées politiques et révolutions au Maghreb arabe. 65

Mais cette révolution ne sera jamais sans conséquences néfastes. Au cours de différentes manifestations, plusieurs citoyens tunisiens vont trouver la mort. Le bilan a fait état de 47 morts et 94 blessés par arme à feu à Tunis, 29 morts à Bizerte, 15 morts et 144 blessés graves à Sousse, 12 morts et 81 blessés graves à Kasserine, 6 morts à Sidi Bouzid (ville ayant déclenché la révolution) et 48 morts dans l'incendie d'une prison à Monastir, sans compter les morts dont la dépouille n'était pas passé par l'hôpital. Même le jour où le président Ben Ali prit fuite a été aussi le plus meurtrier, causant au moins 31 tués, dont 18 à Tunis.

Depuis le début du mois de février, des milliers de Tunisiens fuyaient vers l'île de Lampedusa (en Italie) et l'Union européenne, faisait craindre dans un premier temps une « marée humaine » sur l'Europe. Mais en avril, un accord avait été signé entre l'Italie et la Tunisie, qui permit de régulariser 22.000 tunisiens arrivés en Italie depuis le 14 janvier153.

Mais ce qui est certain, comme l'a affirmé Dominique MOÏSI, c'est qu'il serait bien optimiste de considérer la chute du président Ben Ali comme l'équivalent pour le monde arabe de ce que fut pour l'Europe la chute du mur de Berlin154. Egalement, il serait bien imprudent de ne pas comprendre qu'il y aura un avant et un après « révolution du jasmin » - et ce, quoi qu'il arrive demain en Tunisie -pour l'ensemble du monde arabe.

Commentaire

La révolution tunisienne a ouvert des perspectives nouvelles, profondément encourageantes pour le peuple tunisien, qui peut maintenant redevenir maître de son sort, restaurer les libertés individuelles et syndicales, régénérer les institutions démocratiques, recouvrer les biens volés ou accaparés par le clan présidentiel, s'attaquer au clientélisme, mobiliser les ressources du pays au service du développement et de la lutte contre la pauvreté. Elle est une source d'inspiration pour les voisins qui, à des titres divers, affrontent des problèmes comparables, que ce soit au Sud ou au Nord de la Méditerranée, et partout dans le monde155. Elle contribue à créer les conditions d'un nouveau régime de relations internationales,

153 Information suivie à Radio France Internationale.

154 D. MOÏSI, « Les leçons de la révolution tunisienne », édicté sur le http://www.lesechos.fr/economie-politique/monde/actu/0201088208326-les-lecons-de-la-revolution-tunisienne.htm, consulté le 11 avril 2011.

155 « La révolution en Tunisie, source d'inspiration pour la Méditerranée », édicté sur le http://www.lemonde.fr/idees/article/2011/01/18/la-revolution-en-tunisie-source-d-inspiration-pour-la-mediterranee_1467181_3232.html , mis en ligne le 18 janvier 2011, consulté le 11 avril 2011. Lire aussi MARWANE BEN YAHMED, « Enjeux et périls de l'après-Ben Ali » in Jeune Afrique, n°2611, du 23 au 29 janvier 2011, pp.22-23.

Idées politiques et révolutions au Maghreb arabe. 66

incluant la gestion commune des problèmes de migrations, de sécurité, de coopération économique et culturelle, et associant sur un pied d'égalité des peuples souverains, éclairés, épris de justice et de progrès.

Section II. La révolution Égyptienne

La révolution égyptienne de 2011 est une série d'évènements (manifestations, grèves, occupation de l'espace public, destruction de bâtiments et symboles du pouvoir, affrontements avec les forces de l'ordre) qui se sont déroulés en Égypte, principalement au Caire, du 25 janvier 2011 au 11 février 2011 et ayant abouti à la démission du président Hosni Moubarak. C'est la plus grande protestation populaire qu'ait connu l'Égypte depuis 1977156. Le mouvement aboutit le 11 février 2011 au transfert du pouvoir à l'armée tandis que le président Moubarak se retira dans sa résidence de Charm el-Cheikh.

§1. Causes et origines de la révolution égyptienne

Comme la révolution tunisienne, la révolution égyptienne s'est déclenchée en réponse aux abus des forces de police, à la corruption, à la pauvreté, mais aussi à l'état d'urgence permanent et à ses procédures expéditives.

A. Les causes

1. Le blocage politique et institutionnel

Ce blocage politique et institutionnel se révèle beaucoup plus par l'état d'urgence dans lequel se trouvait le pays depuis très longtemps. L'état d'urgence constituait un blocage politique et institutionnel en ce sens que sous ce régime, la police bénéficiait de pouvoirs particuliers renforcés, débouchant sur des abus, allant des violences policières à la torture . Enfin, l'état d'urgence suspendait les droits constitutionnels et autorisait la censure.

2. Inégalités et pauvreté

Les facteurs démographiques structurels, le chômage, le manque de logements, l'augmentation des prix des biens de première nécessité (la précarité alimentaire) et le manque

156 «Violent clashes mark protests against Mubarak's Rule », édicté sur le

http://www.nytimes.com/2011/01/26/world/middleeast/26egypt.html?_r=1, mis en ligne le 26 janvier 2011, consulté le 15 avril 2011.

Idées politiques et révolutions au Maghreb arabe. 67

de liberté d'expression et la pauvreté sont également des causes importantes des manifestations157. Plus de 40 % de la population, soit environ 32 millions d'Égyptiens, vit avec moins de 2 dollars par jour, au moins les deux tiers des Égyptiens sont pauvres158. Cette pauvreté d'une partie de la population a été aggravée par la politique d'Infitah (ouverture des portes, libéralisation) qui a développé le secteur privé principalement par privatisations d'entreprises publiques, et donc par une précarisation des salariés de ces entreprises. La croissance démographique rapide, doublée d'une urbanisation de la population, accentuait les difficultés et favorisa les contestations. En 1981, à la prise de pouvoir de Moubarak, le pays comptait 40 millions d'habitants. En 2010, c'est le plus peuplé des pays arabes avec plus de 80 millions d'habitants159. La population égyptienne est très jeune : 90% de ceux qui cherchent un emploi ont moins de 30 ans. Il y a ainsi plus de 50 % de moins de 25 ans, dont 20,2 % entre 15 et 24 ans160. Les diplômés du supérieur représentent 31 % d'une classe d'âge et ces jeunes qualifiés n`ont que peu d'espoir de trouver à employer leurs compétences : alors qu'il y a 700.000 nouveaux diplômés chaque année, l'économie égyptienne ne crée que 200.000 nouveaux emplois par an161. Ainsi, 50 % des hommes de 15 à 29 ans et 80 % des femmes du même âge, diplômés du supérieur sont au chômage.

Les autres causes à l'origine de la révolution sont la remise en cause de la réforme agraire qui avait été laissée par Nasser. L'objectif principal des manifestants est d'obtenir un changement de régime, qui passerait par la démission du président Hosni Moubarak, au pouvoir depuis le 14 octobre 1981, et une répartition plus juste des richesses. Les revendications touchèrent tous les sujets, toutes les classes sociales et comme en Tunisie, il y eut donc d'importants antécédents protestataires et conflictuels depuis plus d'une décennie.

157 Jailan ZAYAN, « Egypt braces for nationwide protests », édicté sur le http://www.google.com/hostednews/afp/article/ALeqM5hP30nA0bbEaH2KjlpUKhdHxoN8Cg?docId=CNG.95 111380dfbe35f8a08d6124c5e915e8.71, mis en ligne le 25 janvier 2011, consulté le 15 avril 2011.

158 Marc LAVERGNE, « Égypte, le développement au défi du néo-libéralisme économique », Confluences Méditerranée, n°75, Automne 2010, p. 52.

159 Duncan GREEN, « What caused the revolution in Egypt? » dans The Guardian, édicté sur le http://www.guardian.co.uk/global-development/poverty-matters/2011/feb/17/what-caused-egyptian-revolution, publié le 17 février 2011, consulté le 21 avril 2011.

160 Ibidem.

161 Antoine REVERCHON et Adrien de TRICORNOT, « Monde arabe : l'agonie d'un système/Quand des pays émergents font leur révolution » in Économie du Monde, n° 20542, du 08 février 2011, pp. 4-5.

Idées politiques et révolutions au Maghreb arabe. 68

3. Le succès de la révolution égyptienne

A vrai dire, l'élément déclencheur de ladite révolution est le succès de la révolution tunisienne qui a abouti à la chute du régime de Ben Ali quelques jours plus tôt. Le peuple égyptien s'étant inspiré de cette révolution qui venait de chasser le rais du pouvoir, a été réconforté par ce courage des tunisiens et a cru qu'il était son tour de passer par la même expérience. La révolution égyptienne est aussi surnommée « Révolution de/du papyrus »162, « révolution du 25 janvier », ou encore « révolution du Nil ».

B. Le début ou origines de la révolution égyptienne

Le 25 janvier 2011, après plusieurs cas d'immolation par le feu, divers mouvements comme le Mouvement du 6 avril appelaient à manifester via des pages Facebook, pour une journée des revendications politiques baptisée « journée de la colère ». Le jour choisi est une fête nationale, nommée Jour de la police, en souvenir de l'insurrection de la police égyptienne en 1952 qui avait abouti au départ des Britanniques.

§2. La censure des médias, des réseaux sociaux et leur rôle dans l'intensification de la protestation

Comme en Tunisie, les réseaux sociaux, comme Facebook ou Twitter, avaient favorisé le démarrage de la contestation : 23 millions d'Égyptiens utilisent Internet. Pour déjouer ce grand rôle exercé par les médias et réseaux sociaux, le gouvernement avait procédé à la fermeture de ceux-ci. L'Internet, largement utilisé par les militants appelant aux manifestations hostiles au régime, avait été coupé dans tout le pays163. Le 30 janvier 2011, le ministère de l'information annonça l'interdiction de la chaîne internationale satellitaire qatarie Al-Jazeera, la suspension de l'accréditation de ses journalistes et la fermeture de ses bureaux164.

162 « La révolution du papyrus », édicté sur le http://www.lepetitjournal.com/homepage/a-la-une/71766-egypte-la-revolution-du-papyrus-.html, consulté le 15 avril 2011.

163 « gouvernement égyptien a coupé Internet », édicté sur le http://www.korben.info/le-gouvernement-egyptien-a-coupe-internet.htmlLe, consulté le 27 avril 2011.

164 « La chaîne panarabe Al-Jazeera interdite en Égypte », édicté sur le http://tempsreel.nouvelobs.com/actualite/monde/20110130.0857172/la-chaine-panarabe-al-jazeera-interdite-en-egypte.html, mis en ligne le 30 janvier 2011, consulté le 27 avril 2011.

Idées politiques et révolutions au Maghreb arabe. 69

3) Le déroulement de la révolution et le renversement du régime de Moubarak

À partir du 28 janvier 2011, le pouvoir mit en place de plus en plus de moyens pour contrer les manifestants, notamment par le blocage de tous les moyens et réseaux de communication, la confiscation des appareils de communication (téléphones mobiles). Mais malgré cela, les manifestations et les heurts se sont multiplié dans ce que la presse avait décrit comme un « vendredi de colère ». Les autorités égyptiennes avaient même empêché le prix Nobel de la paix Mohamed El BARADEI de manifester et l'ont placé en résidence surveillée165. Un couvre-feu a été décrété, mais celui-ci ainsi que l'intervention présidentielle à la télévision plus tard n'ont changé en rien la donne situationnelle, les manifestations se sont poursuivies et abouti à des dégâts énormes.

L'occupation de la place Tahrir a été le symbole de la révolution égyptienne et le moyen le plus visible de revendication des manifestants. Pour permettre de faire durer cette occupation et en faire un symbole de la contestation, les Tahrites s'étaient organisés en ce qui était appelé la « Commune de Tahrir ». Une des particularités du mouvement était l'absence des personnalités émergentes, des chefs charismatiques conduisant les révoltés, et pouvant être arrêtés, intimidés, achetés166. Cette absence de leadership se révèle ainsi, dans la première phase de contestation, un atout pour les manifestants. Par la suite, les révolutionnaires ont tout fait pour faire durer cette occupation et faire aboutir de nouvelles revendications. Elle ne sera évacuée qu'à l'annonce de la démission du raïs.

4) Les réactions internationales face à la répression des manifestations

La communauté internationale qui était toujours jusque-là plutôt attentiste, multiplia les appels aux réformes et à l'arrêt des violences : le Président américain Barack Obama appela le régime égyptien, principal allié des États-Unis dans le monde arabe, à la réforme et à la retenue dans sa gestion de la crise tandis que l'Allemagne, le Royaume-Uni et la France, dans un communiqué commun, demandèrent aux autorités égyptiennes de prendre en compte les « revendications légitimes » du peuple et d' « engager un processus de changement » en évitant

165 Fatima EL-BACHA, « Égypte : EL BARADEI est arrivé au Caire » in Cyberpresse, édicté sur le http://www.cyberpresse.ca/international/afrique/201101/27/01-4364316-elbaradei-attendu-en-egypte-des-ce-soir.php, mis en ligne le 27 janvier 2011, consulté le 27 mai 2011.

166 Yves BOURDILLON, « La victoire d'un mouvement sans leader » in Les Échos, édicté sur le http://www.lesechos.fr/economie-politique/monde/dossier/0201148714078.htm, mis en ligne le 15 février 2011, consulté le 25 mai 2011.

Idées politiques et révolutions au Maghreb arabe. 70

« l'usage de la violence ». L'Union européenne avait appelé, pour sa part, à cesser les violences, le Japon au dialogue, la Russie à « garantir la paix civile », la Suisse au gel des avoirs de Moubarak et de sa famille167, la Turquie au respect des demandes légitimes du peuple168 .

Le président israélien Shimon Peres déclara : « Peu importe tout ce qui est dit sur le président Moubarak, de notre côté, nous le remercions sincèrement pour son action incessante en faveur de la paix et de la stabilité au Proche-Orient »169.

Les Frères musulmans qui ont jusque-là fait profil bas ont appelé le président à une passation pacifique du pouvoir, à la formation d'un gouvernement de transition sans le PND et à l'organisation d'« élections honnêtes »170.

L'Arabie Saoudite a très mal vécu ce lâchage de Moubarak par la communauté internationale, surtout par BARACK OBAMA, allant jusqu'à dénoncer par la voix de son Ministre des affaires étrangères « l'ingérence de certains pays étrangers dans les affaires intérieures de l'Égypte », ajoutant : « nous pensons que les Égyptiens peuvent résoudre leurs problèmes par eux-mêmes et nous sommes choqués de voir que certains pays devancent même les souhaits du peuple égyptien »171.

§5. Les conséquences de la révolution égyptienne

A l'issue de la révolution, le pays a connu une situation économique catastrophique. La plupart des bourses des pays du Golfe ont lourdement chuté172. Le dernier fournisseur d'accès à Internet, Noor, utilisé par la Bourse du Caire, les banques et les grandes entreprises a été coupé. Les évacuations des ressortissants étrangers s'est vite accéléré : touristes, hommes

167 « La suisse bloque les fonds de la famille Moubarak », édicté sur le http://www.rsr.ch/#/info/les-titres/suisse/2953127-la-suisse-bloque-les-fonds-de-la-famille-moubarak.html, consulté le 21 mai 2011.

168 « L'Egypte se prépare à la marche du million de l'opposition » in Le Monde, édicté sur le http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2011/01/31/l-armee-juge-legitimes-les-revendications-du-peuple-égyptien_1473315_3218.html, mis en ligne le 31 janvier 2011, consulté le 17 avril 2011.

169 « PERES: We owe Mubarak our gratitude », édicté sur le http://www.ynetnews.com/article/0,7340,L-4021787,00.html, consulté le 21 mai 2011.

170 Cécile HENNION, « Les Frères musulmans font profil bas » in Le Monde, édicté sur le http://www.lemonde.fr/afrique/article/2011/01/29/les-freres-musulmans-font-profil-bas_1472352_3212.html, mis en ligne le 30 janvier 2011, consulté le 17 avril 2011.

171 YANN MENS, « Un nouveau monde arabe : l'Arabie saoudite choquée » in Alternatives internationales, n°50, trimestriel/mars 2011, p.8.

172 « Egypte: les Bourses du Golfe, à l'exception de l'Arabie, dans le rouge » in AFP/Le Parisien, édicté sur le http://www.leparisien.fr/flash-actualite-economie/egypte-les-bourses-du-golfe-a-l-exception-de-l-arabie-dans-le-rouge-30-01-2011-1277388.phparticle, mis en ligne le 30 janvier 2011, consulté le 21 mai 2011.

Idées politiques et révolutions au Maghreb arabe. 71

d'affaires, les multinationales, etc. Le secteur hôtelier a annoncé une baisse de 25 % de son taux d'occupation, qui pourrait cependant être compensée par de nouvelles attractions, dont le tour des hauts lieux de la révolution.

Egalement aussi, la victoire de la révolution s'est accompagnée de la visibilité totale du mouvement de la confrérie des Frères musulmans qui apparaissaient comme une force politique à part entière avec laquelle il faudra compter, alors que jadis ledit mouvement a toujours été présent sur la scène politique, mais seulement en creux, sans jamais avoir été agréé en tant que parti, ni a fortiori, associé à la gestion du pays173. Cette visibilité de la confrérie des frères musulmans vient réinscrire à l'agenda des réformes politiques et/ou religieuses la question de l'islam politique174. Signalons que la confrérie des Frères musulmans est une association des frères musulmans - Jamaat al - Ikhwan al - Mouslimine en arabe - créée en 1928 par HASSAN -AL-BANNA, un instituteur d'obédience soufie. Elle a pour slogan « l'islam est la solution » et pour objectif, à l'origine, l'instauration d'un État islamique dont le coran serait la constitution. Pour y parvenir, la confrérie privilégie l'islamisation de la société par le bas plutôt que la prise du pouvoir par la force. Jusqu'à aujourd'hui, ce mouvement n'a jamais reçu le statut du parti politique175. La transformation en porte-parole des manifestants de la place Tahrir de l'ancien directeur général de l'AIEA (Agence Internationale de l'Énergie Atomique), Mohamed El-Baradei, qui, jusque l'an passé, ne s'était pas préoccupé de la politique égyptienne, montre à quel point le pays ne disposait pas de figure d'opposant crédible. On avait certes pris l'habitude de considérer les Frères musulmans comme les opposants par excellence, mais ce mouvement n'avait jamais tenté ou réussi à franchir les limites que les gouvernants mettaient à ses activités176. Fondamentalement conservateur, il souhaitait que le régime change sans que l'ordre cesse de régner. Ce mouvement avait organisé des événements plus que des manifestations - on y comptait que quelques centaines de personnes - sans que les choses aboutissent réellement. Puis en 2008, il y avait eu le lancement d'une journée de protestation

173 Cherif OUAZANI, « Égypte : le printemps des Frères » in Jeune Afrique, n°2614, du 13 au 19 février 2011, pp.36-39.

174 AHL-ASSANE ROUAMBA, « Égypte-révolution : les frères musulmans et la transition égyptienne », édicté sur le lien Internet http://www.afriquejet.com/afrique-du-nord/egypte/egypte-revolution:-les-freres-musulmans-et-la-transition-egyptienne-20110208689.html, consulté le 06 juin 2011.

175 Cherif OUAZANI, Op. Cit., pp.36-37.

176 Jean-Noël FERRIE, « Un nouveau monde arabe : une révolution sans opposition » in Alternatives internationales, n°50, Trimestriel/Mars 2011, p.15.

Idées politiques et révolutions au Maghreb arabe. 72

durant laquelle les gens devaient cesser leur activité et rester chez eux. L'événement n'avait pas atteint son but.

Commentaire

Hosni Moubarak n'a pas été chassé du pouvoir sous la pression d'une opposition politique crédible, mais par une agrégation de mécontentements qui a pris corps après la chute de Zine El-Abidine Ben Ali en Tunisie. La place Tahrir reste le symbole de la révolution égyptienne, même après les différents changements de gouvernement. C'est sur cette place que le nouveau premier ministre, Essam Charaf, qui avait remplacé Ahmed Chafik chassé par les Tahrites, était venu prendre un bain de foule et proclamer son allégeance au peuple lors de la manifestation du 4 mars177.

Ce qui s'était passé à la place Tahrir doit pourtant être situé dans la postérité des tentatives visant à agréger un nombre croissant de citoyens sur la base du désir de démocratie car, plusieurs mouvements avaient déjà été organisés depuis 2008 pour obtenir le changement, mais en vain. Ce qui avait fait défaut aux précédentes tentatives, c'était en quelque sorte le ferment de l'espoir partagé que « ça pouvait marcher » sous Moubarak. Mais, c'est à vrai dire le départ de Ben Ali qui est venu donner une réalité à cet espoir. Cette victoire de la démocratie n'est donc pas une victoire de l'opposition178.

Section III. La révolution en Libye

La révolte libyenne a débuté le 15 février 2011 en Libye. Il est un mouvement de contestation populaire, assorti de revendications sociales et politiques, comme il en a été le cas en Tunisie et en Égypte, et s'inscrivant également dans un contexte de protestations dans les pays arabes. Comme lors des révolutions tunisienne et égyptienne, les manifestants demandaient plus de libertés et de démocratie, un meilleur respect des droits de l'Homme, une meilleure répartition des richesses ainsi que l'arrêt de la corruption au sein de l'État et de ses institutions. Le « Guide de la Révolution » libyen, Mouammar El-Kadhafi, est le plus ancien dirigeant arabe toujours en fonction : il est à la tête de la Libye depuis 42 ans, lorsqu'il s'empara

177 Sophie SHIHAB, « En Egypte, la révolution fait tomber la puissante sécurité d'Etat » in Le Monde, 9 mars 2011, p. 6.

178 Jean-Noël FERRIE, Op. Cit., p.15.

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du pouvoir depuis le 31 aout 1969179. Militant dès l'école coranique, il en fut exclu en Octobre 1961 pour avoir organisé une réunion politique de soutien à la République Arabe Unie de Nasser. Entré dans l'armée, il réunit autour de lui un groupe d'officiers intéressés comme lui par l'idée d'unité et de justice sociale pour les pays arabes. Dès le début de son règne, il releva les royalties et la fiscalité des produits pétroliers en faveur de la nation. Il assura conjointement avec des unions syndicales, la représentation et l'exécution de la volonté démocratique du peuple. Non seulement il a tenté maintes fois de militer pour l'unité du peuple arabe, mais aussi, après une série d'échecs auprès de ses frères arabes, il s'est tourné vers l'Afrique avec un argument de poids, ses pétrodollars, qui lui permirent de trop investir en Afrique subsaharienne, surtout en Afrique de l'Ouest, dans les secteurs d'hôtellerie (avec LAICO, Libyan African Investment Company) et de la téléphonie mobile (Green Network)180. Par ces investissements qui bénéficient beaucoup aux gouvernements de ces pays, Mouammar Kadhafi profita d'asseoir sa nuisance par un réseau des obligés sur ses pairs du continent181. Mais l'aspiration progressiste du leader de la révolution dépassa l'établissement d'une simple république, il projeta un système nouveau : la Jamahiriya (l'ère des masses) dont la doctrine est synthétisée de 1969 à 1978 dans les publications des trois chapitres de son Livre Vert182. Aujourd'hui, la politique de la Jamahiriya Libyenne était totalement tournée en direction de l'Unité africaine. L'Egypte qui, depuis la mort de Nasser en 1970, petit à petit, se rangea dans le camp occidental pro-américain et pro-sioniste, et déclencha en juillet 1977 une agression contre la Jamahiriya.

Pour la révolution actuelle, les principaux mouvements ont d'abord eu lieu dans des villes de Cyrénaïque (à l'Est) : à El Beïda, Darnah et surtout Benghazi ainsi que dans diverses autres localités dans une moindre mesure. Les protestations se sont développées puis étendues dans pratiquement toutes les grandes villes du pays et à Tripoli, la capitale.

179 « La révolution libyenne : socialisme - justice - identité », édicté sur le http://www.pcn-ncp.com/RevLib.htm, consulté le 12 avril 2011. Lien Internet déjà cité.

180 François SOUDAN, « Kaddafi : l'Afrique entre peur et soulagement » in Jeune Afrique, n°2617, du 6 au 12 mars 2011, pp.22-31.

181 Christophe BOISBOUVIER et FAROUK HATTAB, « Les derniers feux de Kaddafi » in Jeune Afrique, n°2618, du 13 au 19 mars 2011, pp.12-14.

182 Le "livre vert" de Mouammar El-Kadhafi se veut une réponse aux problèmes que rencontre le monde moderne. Persuadé que l'unité Arabe ne pourra se faire que par la volonté du peuple, il veut accompagner les masses vers le système qui leur permettra d'installer une réelle Démocratie et un véritable socialisme. Le premier chapitre du « livret vert » est une réflexion sur le problème de la démocratie, le second chapitre traite du problème économique et la troisième partie traite des fondements sociaux de la « Troisième Théorie Universelle ».

Idées politiques et révolutions au Maghreb arabe. 74

§1. Les causes et contexte du départ de la révolution libyenne

A. Les causes lointaines

L'insurrection libyenne dont il est question actuellement peut être remontée dans les années 1990 lors du massacre d'Abou Salim, le 29 juin 1996, durant lequel Abdallah SENUSSI, chef des services secrets, ordonna l'exécution de 1.270 des 1.700 prisonniers rebelles de la prison d'Abou Salim183.

Ce massacre d'Abou Salim avait plongé la Libye dans une insurrection endémique en Cyrénaïque, animée par plusieurs mouvements, dont le principal est le Groupe Islamique Combattant en Libye (GICL) faisant partie du réseau Al-Qaeda au Maghreb Islamique (AQMI). L'objectif du GICL est le renversement de l'Etat laïc libyen avec qui ils refusent toute négociation. Ils refusent également l'établissement d'un régime démocratique. Après deux tentatives d'assassinat contre Kadhafi en 1996 et 1998, ces mouvements se révèlent impuissants à le renverser. Ils se tournent rapidement vers le djihad en Irak et en Afghanistan. Ils constituèrent très vite la principale filière de recrutement et fournirent le plus gros contingent de moudjahidines étrangers en Irak et en Afghanistan : c'est le bataillon des libyens ou des maghrébins. Avec les débris du Groupe Islamique Armé algérien et du Groupe Salafiste184 pour la Prédication et le Combat, ils cofondent en 2007 Al-Qaeda au Maghreb Islamique. Le chef du GICL fut tué en 2008 par un missile américain. Il était le tout premier lieutenant de Ben Laden. Le GICL révisa ses positions en 2010 et déclara rompre avec Al-Qaeda et renonça à renverser le pouvoir par les armes185. Lorsque la ligue des droits de l'homme libyenne obtint la libération progressive de 946 prisonniers politiques liés à la mouvance djihadiste et islamiste, parmi lesquels figurait ABDEL-HAKIM AL-HASIDI, chef de l'insurrection, ancien d'Afghanistan, capturé au Pakistan en 2002, libéré par Kadhafi en 2008. Plusieurs de ces prisonniers sont rentrés en Libye et participèrent aux combats.

183 Nicolas BOURCIER, « Libye : l'homme qui a fait le printemps » in Le Monde, 22 mars 2011, p. 3

184 Le « salafisme » est un mouvement sunnite revendiquant un retour à l'islam des origines, fondé sur le coran et la sunna. Aujourd'hui, le terme désigne un mouvement composite fondamentaliste, constitué en particulier d'une mouvance traditionaliste et d'une mouvance djihadiste. Toutes ces mouvances affirment la continuation sans changement de l'islam des premiers siècles. Etymologiquement, « salafisme » (en arabe : as-salafiyya) provient du mot salaf, « prédécesseur » ou « ancêtre », qui désigne les compagnons du prophète de l'islam Mahomet et les deux générations qui leur succèdent.

185 Edicté sur le http://www.magharebia.com/cocoon/awi/html1/fr/features/awi/features/2010/07/23/feature-02, mis en ligne le 23 juillet 2010, consulté le 21 avril 2011.

Idées politiques et révolutions au Maghreb arabe. 75

Ainsi, les autres grandes causes à l'origine de la révolution libyenne sont les suivantes : 1. Le système politique « tribalisé »

Le système politique libyen est basé en grande partie sur des alliances tribales. Mouammar Kadhafi dirigea la Libye depuis 1969 après avoir renversé le roi Idris Ier par un coup d'État186. Et depuis sa prise de pouvoir, le « Guide » a mené le pays d'une main de maître, en plaçant ses proches et les membres de sa tribu au sein de l'armée et aux postes clés du gouvernement. En quarante ans de règne, Kadhafi a conservé le système tribal et l'a idéalisé pour s'appuyer dessus. Mais parallèlement, il a réduit le rôle des tribus et les a marginalisées, en constituant une ébauche de système administratif moderne, avec préfectures (muhâfazât) et municipalités (baladîyat), ce qui a amoindri le soutien que les tribus étaient susceptibles de lui apporter. En favorisant sa propre tribu, il a encore affaibli ce soutien.

La Kadhafa (ou Qadhadhafâ ou tribu des Ghedadfas), à laquelle appartient Mouammar Kadhafi, est forte d'environ 125.000 membres surtout dans le centre de la Libye. Cette tribu avait la mainmise sur le régime libyen, elle était la plus armée et était toujours la plus privilégiée par Kadhafi pour défendre son régime187. Par ailleurs, le dirigeant libyen avait de tous temps été très méfiant vis-à-vis des forces armées libyennes, préférant volontairement les affaiblir par peur des coups d'État. Le « Guide » a plutôt renforcé les milices et les forces de sécurité spéciales dirigées par ses fils et les membres de sa tribu.

La Warfala (ou Warfalla ou encore Warfallah) est la plus grande des tribus de Libye avec environ un million de membres188. Elle se situe essentiellement à Benghazi, dans l'Est du pays, d'où est partie la révolte. Les officiers warfalites ont fait les frais du coup d'État manqué en 1993, nombre des membres de la tribu occupant des fonctions dirigeantes dans l'armée ont été emprisonnés ou tués.

186 « La révolution libyenne : socialisme - justice - identité », édicté sur le http://www.pcn-ncp.com/RevLib.htm, consulté le 12 avril 2011. Lien Internet déjà cité.

187 Moncef DJAZIRI, « Tribus et État dans le système politique libyen » in Outre-Terre, n° 23, mars 2009, pp. 127-134, édicté sur le http://www.cairn.info/revue-outre-terre-2009-3-page-127.htm, consulté le 1er juin 2011.

188 Ibidem.

Idées politiques et révolutions au Maghreb arabe. 76

La Makarha (ou Magharbâ) est concentrée dans les régions de l'Ouest du pays. Cette tribu était l'un des principaux appuis de Kadhafi, avant les représailles de celui-ci consécutives à la tentative de coup d'État de 1993.

En novembre 2008, des affrontements violents ont eu lieu à Koufra, une oasis du Sud entre la tribu arabe des Zuwayas et l'ethnie Toubou, une population noire aussi présente au Tchad voisin. Le conflit a fait plusieurs morts, un indice de la crise du système mis en place par Kadhafi189.

2. La pauvreté, la corruption et le chômage

L'économie libyenne est très largement dépendante de la rente du pétrole. Le PIB par habitant en 2010 était de 13.800 dollars, ce qui en a fait l'un des pays les plus riches par habitant du monde arabe, ce chiffre s'expliquant par une relative petite population190. L'essentiel des hydrocarbures est exporté vers l'Europe (85 %), et certains pays européens en sont très dépendants : l'Irlande, l'Italie (23 % du pétrole et 13 % du gaz d'Italie proviennent de Libye), l'Autriche, la Suisse et la France importent plus de 15 % de leur pétrole de Libye. Avec ces indices, la Libye est considérée comme un pays riche avec une population plutôt bien instruite, le taux d'alphabétisation étant de 92 % pour les hommes et 72% pour les femmes en 2007191. Cependant, selon l'Indice de perception de la corruption, le degré de corruption perçu dans le pays est plus élevé en Libye qu'en Égypte ou en Tunisie. Enfin, le taux de chômage est très important. Comme en Tunisie, la proportion de jeunes de moins de 25 ans est très élevée (47,4 % de la population).

B. Le contexte de départ de la révolution

Le peuple étant déjà sous tension compte tenu des événements et de l'espoir que lui ont inspiré les révolutions tunisienne et égyptienne, la révolution libyenne s'était déclenchée le 15 février 2011 lorsqu'une manifestation avait eu lieu à l'occasion du procès de prisonniers d'Abou Salim morts en détention, laquelle manifestation fut violemment réprimée.

189 Moncef DJAZIRI, « Tribus et État dans le système politique libyen » in Outre-Terre, Op. Cit., pp. 127-134,

190 « CIA The World Factbook Libya », édicté sur le http://www.cia.gov/library/publications/the-world-factbook/geos/ly.html, mis en ligne le 27 février 2011, consulté le 28 mai 2011.

191 Anonyme, Le monde dans ma poche, Kinshasa, Publication Afriquespoir, 2007, p.17.

Idées politiques et révolutions au Maghreb arabe. 77

2) Prévention et explosion de la révolution

Craignant que la révolution qui a surgi dans le monde arabe ne puisse pas toucher la Libye, et pour contenir les manifestations, le pouvoir avait procédé par prendre des mesures préventives : interdiction des rassemblements, annulation de rencontres sportives, baisse du prix des aliments de base, et quelques mesures sociales. Afin d'éviter l'effet domino des voisins tunisiens et égyptiens, le pouvoir avait aussi bloqué l'accès à YouTube, et annonça qu'il débloque un fonds de 24 milliards de dollars pour fournir des logements et développer le pays. Jusqu'à la mi-février 2011, Kadhafi réussit donc à contenir la contestation.

Mais le 15 février, une manifestation avait eu lieu à l'occasion du procès de prisonniers d'Abou Salim morts en détention et c'est celle-ci qui a conduit à l'insurrection les jours suivants. Elle fut durement réprimée par la police qui utilisa des armes à feu, en plus des canons à eau et des lacrymogènes. La répression est menée en partie au moins par des mercenaires, souvent recrutés au Tchad ou au Niger, au Nigeria, au Zimbabwe, au Liberia et au Soudan. Les manifestants de Benghazi, qui protestaient contre la détention d'un avocat et activiste des droits de l'homme, ont été attaqués par la milice défendant le pouvoir, les gardiens de la Révolution, armés de bâtons cloutés et de sabres. Les prisonniers ont été payés pour réprimer les manifestants. D'autres villes du pays se soulevèrent : à Zenten, El Beida, Tobrouk, Misurata, Khoms, Tarhounah, Zliten, Zawiya, Zouara, Syrte (ville natale du colonel Kadhafi), Tadjourah, Koufra, Ajdabiyah (terminal pétrolier), Marsa El Brega (grand port industriel de Libye), Ras Lanouf (terminal pétrolier), Ben Jawad, Misratah, Nofilia, etc.

§2. La résolution 1973 et l'intervention étrangère

A. Le vote de la résolution 1973

La répression des opposants y a pris un tour sanglant, le pouvoir utilisant des milices, des mercenaires et les comités révolutionnaires pour réprimer les manifestants. Les menaces sur les manifestants ont plus été accentuées par le régime, beaucoup de pertes en vies humaines étaient signalées partout et la situation humanitaire se détériorait de plus en plus, la presse muselée, les réseaux sociaux et Internet restant les seules sources d'information possibles. Les manifestations se sont mues plus tard en révolte armée, et le régime de Kadhafi fut peu à peu abandonné par ses cadres : diplomates et ministres notamment. Certaines unités de l'armée commençaient à se rallier aussi aux insurgés, comme une des sept brigades d'élite de l'armée,

Idées politiques et révolutions au Maghreb arabe. 78

basée à Benghazi192. Il a fallu la folie criminelle de Mouammar Kadhafi qui a lancé l'armée libyenne contre une partie de son propre peuple, pour que le conseil de sécurité des Nations Unies, avec l'impulsion décisive des gouvernements de la France et du Royaume-Uni de Grande-Bretagne, réuni le jeudi 17 mars 2011 alors que l'armée libyenne était aux portes de Benghazi, adopte en fin de soirée la résolution 1973 qui autorisa les États membres à intervenir en Libye, au nom du principe d'ingérence humanitaire, et instaurer une zone d'exclusion aérienne pour interdire tous vols dans l'espace libyen, le gel des avoirs de Mouammar Kadhafi ainsi que des mesures nécessaires afin d'aider à protéger les civils et faire cesser les hostilités. Cette résolution exclut l'occupation au sol. Plus tard, ladite résolution a autorisé également des frappes aériennes contre les forces de Kadhafi pour fragiliser la capacité de nuisance de celles-ci. Elle a été mise en oeuvre par une coalition internationale le 19 mars 2011, composée par les forces de l'intervention de l'OTAN (Organisation du Traité de l'Atlantique Nord).

Ladite résolution a été arrachée à la demande de la France, du Royaume-Uni et du Liban et adoptée sous le chapitre VII de la charte des Nations Unies, par le conseil de sécurité de l'ONU par 10 voix (10 pour, 0 contre, 5 abstentions dont la Russie, la Chine et l'Allemagne)193. D'autres pays vont ultérieurement manifester leur participation à la coalition internationale, c'est le cas de la Belgique, la Norvège, le Danemark, les Pays-Bas, le Qatar et le Canada. Elle a été acceptée et soutenue par la ligue arabe et compte parmi ses participants aux interventions militaires des pays comme le Qatar.

B. La réaction de Kadhafi face à la résolution 1973

Le colonel Kadhafi annonça se contraindre, en tant que membre de l'ONU, à la résolution tout juste votée et ordonner un cessez-le-feu immédiat. Mais plus tard, il réagit en promettant de « transformer en enfer » la vie de ceux qui attaqueraient la Libye. Il le dit en ces termes : « Si vous attaquez notre pays, vous le regretterez ». Son fils, Seif El-Islam Kadhafi déclara ne faire entrer que les forces civiles anti-terroristes à Benghazi sans se servir de l'armée, ajoutant que « les forces gouvernementales vont en outre aider les habitants à quitter la ville ». Cette annonce de l'intervention imminente des pays membres de l'ONU a été saluée par les

192 Philippe LEYMARIE, « Guerre civile en Libye et options militaires» in Blogs du Monde diplomatique, édicté sur le http:/ blog-mondediplo.net/2011-02-25-Guerre-civile-en-Libye-et-options-militaires, publié le 25 février 2011, consulté le 21 avril 2011.

193 «UN Security Council authorizes `all necessary measures' to protect civilians in Libya», édicté sur le http://www.un.org/apps/news/story-asp?NewsID=37808&Cr=libya&Cr1=, Consulté le 31 mai 2011.

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manifestants et a provoqué des manifestations de liesse et de remerciement dans les zones insurgées encore libres. Elle a amené les forces gouvernementales à se retrancher aux abords de Benghazi.

C. L'intervention de la coalition internationale

Les forces de la coalition participèrent notamment à des bombardements sur les forces loyales à Kadhafi. Après avoir détruit des chars et les systèmes de défense aérienne, les avions de la coalition prirent un rôle de surveillance et facilitèrent la contre-offensive des rebelles. Mais, même si la fameuse résolution 1973 n'en faisait pas mention, l'objectif de l'intervention en Libye, dans l'agenda caché, était d'abattre Kadhafi car, John BOEHNER, président de la chambre des représentants aux USA, dans une lettre adressée à OBAMA, déclarait : « serait-il acceptable que Kadhafi demeure au pouvoir après la fin de nos opérations militaires ? ». La réponse à cette question a été « Non ». Voilà qui explique la prorogation du mandat de l'OTAN en Libye jusqu'en septembre 2011 après qu'un délai des opérations préalablement fixé jusque fin-juin ait pris fin sans résultat. C'est plus tard, à l'issue du sommet de Deauville, tenu en France le 27 mai 2011, que les occidentaux ont débattu la question d'aider financièrement les démocraties naissantes en Tunisie et en Égypte et envisager clairement le départ du colonel Kadhafi194. Plusieurs défections continuant à s'afficher, la Russie et la Chine qui ont pourtant apporté leur soutien au guide libyen, se sont rangées également dans le camp de ceux qui souhaitaient le départ sans condition de Mouammar El-Kadhafi. Les opérations de l'OTAN en Libye avaient donc pour objectif de faire partir Kadhafi du pouvoir malgré que des issues diplomatiques demeuraient en cours par des missions de l'Union Africaine, de la Russie, de la Chine devant rencontrer Mouammar Kadhafi à Tripoli puis le Conseil national de transition à Benghazi pour envisager la sortie de crise par voie politique ou diplomatique.195

§4. Conséquences suivies de la révolution en Libye

Depuis l'apparition des troubles dans le pays, la production libyenne, qui s'élève normalement à environ 1,6 million de barils par jour, a été réduite de moitié, voire de trois-quarts selon les estimations. Le prix du baril de pétrole (Brent) qui a terminé l'année 2010 à

194 Information suivi à Radio France Internationale (RFI) le 27 mai 2011.

195 Information suivie sur France24 le 30 mai 2011.

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94,59 dollars le baril (contre 78 dollars à la fin de 2009), atteint 110 dollars le 23 février 2011 et dépasse le niveau de septembre 2008196.

Alors que la Libye a toujours été depuis longtemps la gardienne de l'Europe en l'aidant à lui protéger contre l'afflux massif des migrants africains, surtout ceux de l'Afrique subsaharienne à partir des côtes libyennes et tunisiennes, et compte tenu des différentes réactions des pays européens contre le régime libyen, les autorités libyennes ont menacé l'Union européenne de cesser de coopérer dans la lutte contre l'immigration si elle continue à encourager les manifestations dans le pays. C'est ainsi qu'un afflux important des immigrés a été constaté en Europe, ceux-ci passant par les côtes tunisiennes ou libyennes pour pénétrer l'île de Lampedusa en Italie et profitant de s'éparpiller dans toute l'Europe par le fait de la libre circulation des personnes et de leurs biens consacrée par le traité de l'espace Schengen. Cette situation s'était accompagnée d'une déstabilisation politique dans les pays européens craignant de recevoir même des gens mêlés dans des fins politiques.

Egalement, les troubles en Libye sont susceptibles de s'accompagner avec l'émergence d'Al-Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI) pour la déstabilisation du Sahel, l'objectif que combattait farouchement le « guide ».

Commentaire et critiques

Malgré la légitimité de l'adoption de la résolution du Conseil de sécurité, les opérations militaires contre le pouvoir de Kadhafi, surnommées « Odyssey Dawn197 » ou « Harmattan selon Sarkozy », « Opération Ellamy », « Opération Mobile » ou encore « Opération Unified Protecor », même limitées à l'emploi des moyens aériens et navals, risquent d'être à nouveau perçues par les peuples de la sphère arabo-musulmane, et même au-delà, comme une croisade des Européens contre un Etat « frère » peuplé de musulmans. Même si les Etats de la coalition s'évertuent à mettre en exergue la composante arabe qui la compose, et insistent sur l'objectif de la libération de l'expression démocratique du peuple libyen, chacun sait que c'est la France et le Royaume-Uni qui ont été à la pointe de l'offensive diplomatique qui a permis d'arracher l'adoption de la résolution 1973.

196 REUTEURS, a La production de pétrole libyen réduite de moitié » in Investir, édicté sur le http://www.investir.fr/infos-conseils-boursiers/actus-des-marches/infos-marches/la-production-de-petrole-libyen-reduite-de-moitie-aie-325287.php, mis en ligne le 28 février 2011, consulté le 1er juin 2011.

197 FRANÇOIS SOUDAN, « Objectif Kaddafi » in Jeune Afrique, n°2620, du 27 mars au 02 avril 2011, p.14.

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Alors que l'initiative d'un projet de résolution appartient aux membres permanents et non permanents du Conseil de sécurité, cette résolution a été présentée uniquement par la France, le Royaume-Uni, et les Etats-Unis d'Amérique, associés à un seul Etat arabe, le Liban, mais sans aucun Etat africain, alors que parmi les dix membres non permanents qui ont pris part au vote, figuraient notamment trois pays africains, et non des moindres : l'Afrique du Sud, le Gabon et le Nigeria. Par ceci, Nicolas SARKOZY, David CAMERON et BARACK OBAMA, respectivement Président de la République de France, Premier Ministre britannique et Président américain, auraient, sans doute involontairement, dans la précipitation, fait preuve d'une forme de mépris à l'égard des chefs d'États africains en les mettant devant un fait accompli sans même faire mine de les consulter, alors que cinq d'entre eux s'apprêtaient, le 19 mars 2011, à se rendre en Libye pour une hypothétique médiation198. Le sommet de la coalition après l'adoption de la résolution onusienne s'est tenu en France, certainement pour espérer tirer de bénéfices politiques intérieurs, alors qu'il aurait pu avantageusement se tenir au siège de la Ligue des Etats arabes ou à celui des Nations-Unies.

Par ailleurs, était-il nécessaire de mettre en avant la part prépondérante prise par les occidentaux dans le traitement de la crise, alors qu'existent des systèmes régionaux de sécurité collective ? Le résultat est qu'on en vient presque à oublier que la Libye est située sur le continent africain et se considère comme un Etat arabe. La Libye est membre de l'Union Africaine, qui est pourvue depuis 2002 d'un système de sécurité collective, chapeauté par un Conseil de paix et de sécurité, qui prévoit , en partenariat précisément avec le Conseil de sécurité des Nations-Unies, une réaction aux situations de conflit et de crise en Afrique, avec l'aide d'une force africaine pré-positionnée, pour intervenir dans un Etat membre, dans des circonstances graves de crimes de guerre, de génocide, et de crimes contre l'humanité. Rappelons-nous que Mouammar Kadhafi qui était encore à la tête de l'Union africaine en février 2010, a été remplacé par TEODORO OBIANG NGUEMA MBASOGO, président de la Guinée Equatoriale, qui y a accédé au pouvoir par un coup d'Etat, il y a plus de 30 ans, qui réprime sévèrement toute aspiration démocratique dans ce pays199.

198 François SOUDAN, « Objectif Kaddafi », Op. Cit., p.16.

199 Edgard KIGANGA SIROKO, « Révolutions dans le Maghreb et le golfe : les institutions arabes et l'UA doivent être en première ligne », édicté sur le http://www.afrik.com/article22406.html, mis en ligne le 23 mars 2011, consulté le 21 mai 2011.

Idées politiques et révolutions au Maghreb arabe. 82

Il est vrai qu'au début de la crise en Libye, le Conseil de paix et de sécurité de l'Union africaine s'était limité, comme beaucoup d'autres, à une préoccupation face à la grave menace sur la paix et la sécurité et avait rejeté l'idée de toute intervention militaire étrangère en Libye, quelle qu'en soit la forme, et avait condamné la transformation de manifestations pacifiques en rébellion armée.

Mais l'implication significative des Etats arabes et africains devrait être d'autant plus fondée sur le fait que le pouvoir en Libye viole précisément la Charte africaine de la démocratie qui reconnaît que les peuples en Afrique ont le droit de se libérer de leur état de domination en recourant à tous moyens reconnus par la Communauté internationale.

De plus, la Libye, bien qu'actuellement suspendue d'activités, est également membre de la Ligue arabe dont les Etats membres, hormis l'Algérie et la Syrie, ont appelé le Conseil de sécurité des Nations-Unies à imposer une zone d'exclusion aérienne au-dessus de la Libye, sans intervention militaire sur le sol libyen. Enfin, la Libye est également membre de l'Organisation de la conférence islamique qui a également appelé à l'instauration d'une zone d'exclusion aérienne, mais sans opération militaire pour défaire l'armée libyenne.

Le fait est que pas un seul Etat africain, ni aucun des Etats arabes d'importance n'ont annoncé leur participation aux opérations militaires contre la Libye. Il apparaît que le texte même de la résolution va au-delà des positions de la Ligue arabe et de l'Union africaine, qui ont pensé, ou ont fait mine de croire que l'usage de la force armée devait se limiter à l'arrêt de l'offensive des militaires de Kadhafi sur Benghazi.

C'est ainsi que la Russie qui n'a pas voté en faveur de la résolution, l'Union Africaine, la Ligue arabe, voire aussi le conseil de sécurité des Nations unies par le canal de son secrétaire général, Ban Ki-Moon, mettaient en garde contre la déviation des objectifs qui restaient l'instauration d'une zone d'exclusion aérienne protégeant les civils et non pas la défaite de Kadhafi ni la destruction de son armée, et appelaient à la solution politique ou diplomatique pour mettre fin aux hostilités. Ces derniers (surtout La Ligue arabe, l'Union Africaine et la Russie) commencèrent déjà de leur part à critiquer les bombardements sur la Libye, pour des considérations d'opportunité de politique intérieure des Etats membres, qui font également face à des revendications liées à l'aspiration à la liberté et à la démocratie. Le Conseil de paix et de sécurité de l'Union africaine, après l'engagement des opérations militaires en Libye, déclara rejeter toute intervention militaire étrangère, et mandata des comités pour des consultations sur

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une solution pacifique à la crise, alors 3 de ses Etats membres ont voté pour l'adoption de la résolution pour l'emploi de la force armée. Les présidents des Etats africains, et les dirigeants des Etats arabo-musulmans, qui comptent parmi les plus infectés par le virus de la dictature, et dont plusieurs se maintiennent irrégulièrement depuis plus d'une vingtaine d'années au pouvoir, doivent être mis à contribution.

Même si l'Union africaine est encore dans une phase d'apprentissage, car composée d'Etats étranglés par des dettes importantes, d'armées peu équipées ; même si les Etats de la Ligue arabe disposent de capacités opérationnelles, logistiques très limitées, ces organismes régionaux auraient dû être utilement présentés en première ligne, soutenus par les Nations Unies , pour les amener à prendre leur part de responsabilité. C'est très important, d'une part, pour qu'ils aident à la solution d'une crise régionale, et d'autre part, qu'ils aient conscience que la résolution 1973 qui appelle à des réformes globales et des changements pour répondre aux aspirations à la liberté du peuple en Libye peut s'appliquer à leurs Etats respectifs, et faciliter ainsi des transitions pacifiques dans les différents pays.

Pour faire litière à la rhétorique d'une nouvelle croisade de l'Occident contre un pays africain, un Etat arabe, la coalition gagnerait à plus de visibilité de ses différentes composantes arabes et africaines qui soutiennent les aspirations à la démocratie dans un pays de la région, et adhèrent à la fin de l'impunité des massacres des populations sous le huis clos des frontières nationales, par des dirigeants qui tentent de perpétuer la confiscation à leur guise du pouvoir politique dont le peuple est le seul détenteur légitime.

La qualification de la situation en Libye pose aussi problème200. Pour certains, Jean PING, ancien président de la commission de l'Unité Africaine (UA), et Idriss DEBY ITNO, le chef de l'État tchadien : « ce n'est pas une révolution, mais une rébellion ». Jean PING, renchérit encore, avec quelques autres chefs d'États que « c'est une guerre tribale Est-Ouest » car la plupart des leaders du Conseil National de Transition (CNT) libyen, la plupart des diplomates qui ont fait défection, le général Abdelfattah YOUNES - ex-ministre de l'intérieur et le chef de la rébellion - ainsi que l'essentiel des troupes de la « Libye libre » sont originaires de Cyrénaïque dont la capitale, Benghazi, a toujours été un fief de l'opposition. Pour d'autres, « c'est de l'ingérence sélective ». Pourquoi la responsabilité de protéger (nouveau concept à la mode) n'a-t-elle pas été appliquée aux palestiniens en 2008-2009 où 1500 civils ont été tués, à

200 François SOUDAN, « Objectif Kaddafi », Op. Cit., pp.14-15.

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Bahreïn, au Yémen, en Syrie ou ailleurs aujourd'hui ? Pour les autres enfin, « c'est une guerre pour le pétrole, guerre pour abattre Kadhafi ».

Aussi, nous estimons qu'il serait exagéré de qualifier le mouvement libyen de révolution pour pouvoir le situer dans le même sillage de la Tunisie et de l'Egypte. Un discours plus modéré nous inviterait plutôt à parler de révolte ou de rébellion plutôt que de révolution, mais même ces derniers termes sont ambigus. Nous éprouvons quelques difficultés à accoler l'un ou l'autre de ces termes au mouvement sociopolitique libyen car quel que soit le cas, l'impulsion doit être endogène et non exogène au mouvement contestataire et la lutte (révolte ou révolution) doit être menée de l'intérieur et non de l'extérieur par des révoltés et les révolutionnaires et non par d'autres personnes (en l'occurrence les puissances impérialistes occidentales) à leur place. Lorsque la France et la « Communauté internationale » décident d' « aider » les insurgés en bombardant l'armée libyenne qu'on appelle pompeusement dans les médias occidentaux « l'armée loyaliste » traduisant ainsi le mépris de ces derniers pour les institutions de cet Etat, il ne peut y avoir révolution ! En aucun cas ! Au mieux, il y a un changement de situation, mais jamais on ne peut parler de révolution. Ce sont les français qui ont fait leur révolution en 1789, les russes en 1917, les japonais en 1939, les tunisiens en 2011 et la « révolution libyenne » viendra être faite pour les libyens par l'OTAN ? Nous croyons que ce qui se passe en Libye c'est de l'ingérence occidentale et pas la « révolution libyenne » car les tenants du "Nouvel Ordre Mondial" ne peuvent supporter de voir subsister au bord de la Méditerranée un pays qui refuse d'obéir à ses diktats et qui considère l'Etat sioniste comme un État raciste porte-avion de l'impérialisme dans cette région.

Les Américains ont intérêt aussi à briser toute dynamique qui pourrait mener à l'établissement d'une Grande Nation Arabo-africaine. C'est sous cet angle qu'il faut comprendre l'acharnement de Washington contre la Libye et l'Irak en 2001 : Briser la création d'une puissance unitaire autocentrée. Les USA, comme pour l'Irak, visent en Libye à s'assurer l'hégémonie sur le pétrole qui sera, avec l'eau, l'enjeu géopolitique principal du siècle à venir.

Idées politiques et révolutions au Maghreb arabe. 85

Chapitre quatrième. Démocratie et instauration du nouvel ordre
politique au Maghreb

Il sera question, dans ce dernier chapitre, de se demander pourquoi il y a eu changement d'avis dans le chef des armées qui soutenaient jadis les régimes dictatoriaux en place dans le Maghreb, d'une part (section I), et l'inertie des chefs d'États à ne pas céder ou changer d'avis, d'autre part (section II).

Enfin, une dernière section sera consacrée sur l'organisation de la transition au Maghreb (section III).

Section I. Attitudes des armées

Au début des manifestations en Tunisie comme en Égypte, les forces de l'ordre avaient riposté au moyen des bombes lacrymogènes et avaient procédé à des arrestations arbitraires avant de faire usage de leurs armes à feu201. C'est comme en Tunisie par exemple où, pour contenir les protestataires, l'armée les encerclait afin de les empêcher de défiler dans la rue (mission principale) ; recourait à la force armée dans le cadre de légitime défense ; procédait à des interpellations musclées, mais aussi à des rapides libérations202. Etant donné que le rôle primordial de l'armée est de protéger les citoyens ainsi que leurs biens, plus tard, ces armées ont compris qu'il ne fallait pas continuer à faire périr la population civile revendiquant leur droit le plus légitime. C'est alors qu'elles se sont ralliées aux côtés des manifestants et grâce à elles les chutes des régimes dans ces deux pays seront très vite une réussite.

En Libye par contre, l'armée a directement commencé à réprimer violemment les manifestants et jusqu'à la preuve du contraire, elle continua à servir aux côtes de Mouammar El-Kadhafi malgré quelques défections enregistrées dans son camp.

§1. Le rôle de l'armée tunisienne

L'armée nationale tunisienne a joué un rôle majeur dans le renversement du président. La troupe refusant de faire tirer aux manifestants, avait fraternisé avec ceux-ci alors que les affrontements restaient très durs avec la police fidèle au gouvernement. L'armée aurait alors

201 ABDELAZIZ BARROUHI, « Sidi Bouzid, ville en colère » in Jeune Afrique, n°2607, du décembre 2010 au 08 janvier 2011, p.20.

202 ABDELAZIZ BARROUHI, « Cinq questions pour comprendre la révolution tunisienne », Op. Cit., p.43.

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poussé le président vers la sortie et « maîtrisé les membres de l'appareil sécuritaire qui pouvaient être tentés par un durcissement face à la rue ». Le général démissionnaire Rachid AMMAR aurait conseillé à Ben Ali de s'en aller en lui disant : « Tu es fini ! »203.

2) Le rôle de l'armée égyptienne

L'armée égyptienne joue un rôle politique de premier plan dans le pays, puisque tous les présidents depuis 1952 sont des militaires, de même que les principaux ministres204. En principe, l'armée est fidèle au président en place, mais les militaires n'ont pas été favorables à une succession dynastique des Moubarak.

Pour contrer les manifestations, les autorités égyptiennes avaient même empêché le prix Nobel de la paix Mohamed El BARADEI de manifester et l'ont placé en résidence surveillée205. Le 28 janvier 2011, en fin d'après-midi, le gouvernement annonça un couvre-feu à partir de 18 heures jusqu'à 7 heures le lendemain, heure locale, dans les villes du Caire, d'Alexandrie et du Suez, puis peu après étendu à tout le pays, tout en demandant à l'armée de le faire respecter, ce qu'elle ne fit pas. L'armée égyptienne, essentiellement des troupes de la garde présidentielle proches du président, entra au Caire et se déploya, en remplacement d'une police répressive et dépassée par les évènements. Diverses sources rapportent tantôt un bon accueil, voire des scènes de fraternisation, tantôt des scènes de colère contre les militaires qui rendaient difficile la lecture de l'attitude de l'armée.

3) Attitudes de l'armée libyenne

En Libye également, des policiers et des soldats auraient rejoint les protestataires et que des mercenaires provenant d'Afrique noire réprimeraient les manifestants (Tchad, Zimbabwe, Soudan, Nigeria, Niger, etc.).

203 Bruno FANUCCHI, « L'amiral LANXADE : c'est l'armée qui a lâché Ben Ali » dans Le Parisien, édicté sur le lien Internet http://www.leparisien.fr/crise-tunisie/l-amiral-lanxade-c-est-l-armee-qui-a-lache-ben-ali-16-01-2011-1229239.phparticle, mis en ligne le 16 janvier 2011, consulté le 14 avril 2011.

204 « H. Moubarak: une présidence de 30 ans qui s'appuie sur l'armée », édicté sur le http://www.rtbf.be/info/monde/egypte/hosni-moubarak-30-ans-de-pouvoir-grace-a-larmee-300570, consulté le 15 mai 2011.

205 Fatima EL-BACHA, « Égypte : EL BARADEI est arrivé au Caire » dans Cyberpresse, édicté sur le http://www.cyberpresse.ca/international/afrique/201101/27/01-4364316-elbaradei-attendu-en-egypte-des-ce-soir.php, mis en ligne le 27 janvier 2011, consulté le 27 mai 2011.

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206 ABDELAZIZ BARROUHI, « La vérité sur la fuite de Ben Ali » in Jeune Afrique, n°2615, du 20 au 26 février 2011, pp.12-15. A lire aussi MARWANE BEN YAHMED, « Ben Ali : fuite et fin », Op. Cit., p.13.

Section II. Attitudes des chefs d'États

La plupart de chefs d'États de la région maghrébine se sont installés au pouvoir sans la moindre idée de pouvoir y quitter un jour. Ils ont organisé leurs pouvoirs sous des modèles dynastiques ou des royaumes où les fils pouvaient succéder à leurs pères et ainsi régner le plus longtemps possible. Alors que la vague des révolutions prenait de l'ampleur, laquelle vague demandait leur départ du pouvoir, ceux-ci n'en étaient pas encore là. Pour sauver les crises et continuer à se maintenir un peu au pouvoir, ils ont tenu des promesses de complaisance.

1) En Tunisie

Le président déchu Zine El-Abidine Ben Ali avait commencé par qualifier les manifestants comme les « voyous cagoulés aux actes terroristes impardonnables [...] à la solde de l'étranger, qui ont vendu leur âme à l'extrémisme et au terrorisme ». Par la suite, pour lutter contre le phénomène, les autorités surveillaient Facebook et ont bloqué certaines pages de médias étrangers comme France 24, Le Nouvel Observateur, la BBC, Rue89 et Al Jazeera ; la police quant à elle exerçait un filtrage global au niveau des fournisseurs d'accès. Ben Ali finit enfin par écarter dans son entourage tous les chefs et officiers militaires qui ne voulaient pas réprimer les manifestations en s'y ralliant. C'est le cas de la révocation du général Rachid AMMAR, chef d'état-major de l'armée de terre, qui avait refusé de réprimer les émeutes206. Pour sauver la crise et continuer à se maintenir un peu au pouvoir, il promit de s'arrêter autour de l'actuel mandat qui devrait aller jusqu'en 2014, l'instauration d'une démocratie réelle, liberté de la presse et d'expression, les élections anticipées en 2011, la nomination d'un gouvernement d'union nationale. Mais au début des manifestations, il tenta de désamorcer le mouvement en maniant la carotte et le bâton, en accusant une minorité d'extrémistes et d'agitateurs d'avoir politisé un cas isolé de Mohamed Bouazizi.

2) En Égypte

Les manifestants se sont vite prononcés pour leur souhait au départ du président Hosni Moubarak. Ce dernier leur promit de quitter le pouvoir après la transition. Plaidant pour son action en faveur du pays, il se dit conscient des souffrances de beaucoup d'Égyptiens et explique qu'il entend mener l'Égypte vers davantage de démocratie et de libertés, notamment la liberté

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d'expression, mais que « la ligne entre la liberté et le chaos était ténue ». Évoquant notamment le problème de la corruption, le président avait annoncé la révocation du gouvernement et la formation d'une nouvelle équipe gouvernementale ainsi que des réformes économiques.

§3. En Libye

Au début de l'insurrection, le chef de l'État, guide de la révolution libyenne, avait d'abord dénoncé l'instrumentalisation d'une fraction de sa population pour servir la cause étrangère, notamment celle des occidentaux et avait, à cet effet, promis de réprimer violemment les manifestations dans son pays en soulignant qu'elles voulaient troubler l'ordre établi et favoriser l'infiltration du groupe extrémiste islamiste d'Al-Qaïda sur le territoire national libyen. Il déclara de ne jamais quitter le pouvoir en défendant la Libye jusqu'au dernier souffle et aux dernières gouttes de son sang et accepta de mourir en martyr de la révolution. Dans un équilibre fragile entre fidèles et opposants, de stabilité et développement économique relatif, le colonel Kadhafi avait su préserver son pouvoir. De la même manière il n'avait jamais mis en avant l'un de ses fils, pour éviter la montée d'un successeur potentiel.

Par la suite, le guide avait menacé l'Union européenne « de cesser de coopérer dans la lutte contre l'immigration si elle continuait à « encourager » les manifestations dans le pays ». De plus, exerçant un chantage, Tripoli avait menacé de nationaliser les sociétés européennes présentes sur son territoire.

Section III. Organisation de la transition

Après les chutes des régimes honnis, une nouvelle équipe gouvernementale a été nommée en Tunisie en remplacement de l'ex-premier ministre Mohamed GANNOUCHI et en Égypte c'est l'armée qui dirige la transition. En Libye par contre, les insurgés se sont réunis autour du Conseil National de Transition (CNT).

§1. La transition en Tunisie

Après la fuite du président Ben Ali, le Premier ministre Mohamed GHANNOUCHI, annonça qu'il entend assurer la présidence par intérim au nom de l'article 56 de la constitution. Mais deux jours après, le président du Parlement tunisien, Fouad MEBAZAA, fut proclamé Président de la République tunisienne par intérim par le Conseil constitutionnel en vertu de l'article 57 de la Constitution, écartant ainsi la possibilité d'un retour à la tête de l'État de Zine

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el-Abidine Ben Ali, contrecarrant ainsi le plan de retour imaginé par la garde rapprochée présidentielle. Fouad MEBAZAA est chargé d'organiser l'élection présidentielle à venir, que la Constitution prévoit normalement dans un délai de soixante jours. Les tunisiens se préoccupant alors de l'avenir du pays en débattant de la transition à entamer, plusieurs conférences furent organisées pour former un gouvernement de transition et à l'issue de celles-ci, une nouvelle équipe a été nommée le 27 février 2011207. D'autres conférences continuaient toujours à se tenir en vue d'organiser cette transition démocratique208. Ce gouvernement transitoire fut dirigé par BEJI CAÏD ESSEBSI et avait pour mission de mener à bien la transition en évitant la chasse aux sorcières, tout en veillant à ce que justice soit faite209. Mais, peu avant la fuite de Ben Ali, le 11 février 2011, un Conseil National pour la Protection de la Révolution (CNPR) avait été formé. Il regroupait des représentants de l'ordre des avocats, de la ligue tunisienne des droits de l'homme, du syndicat UGTT, du parti islamiste Ennahda, et du Front du 14 Janvier. Il demandait la convocation d'une Assemblée Constituante et la dissolution de toutes les institutions héritées de l'ère de Ben Ali, à savoir le Parlement, le RCD (parti au pouvoir) et la police politique210 ». Sa reconnaissance éventuelle par un décret présidentiel rencontra l'opposition du parti Ettajdid, du PDP, des Femmes Démocrates et du Syndicat des journalistes, qui ont refusé de le soutenir211. Avant d'arriver au gouvernement de BEJI CAÏD ESSEBSI, plusieurs autres gouvernements ont été formés mais n'ayant pas satisfait les aspirations des manifestants qui dénonçaient la présence de certaines personnalités de l'ancien régime.

A. Le premier gouvernement de transition

À la suite des négociations sous la houlette de Mohamed GHANNOUCHI avec certains partis d'opposition « légale », le pouvoir intérimaire annonça la constitution d'un gouvernement

207 Jamel ARFAOUI, « Les Tunisiens débattent de la transition démocratique », édicté sur le http://www.magharebia.com/cocoon/awi/xhtml1/fr/features/awi/features/2011/03/08/feature-03, mis en ligne le 08 mars 2011, consulté le 11 juin 2011.

208 Ahmed SAHRAOUI, « Tunis : la conférence sur les transitions démocratiques du 30 et 31 mars », édicté sur le lien http://www.tunisienumerique.com/2011/03/tunis-conference-sur-les-transitions-democratiques-les-30-et-31-mars/, mis en ligne le 29 mars 2011, consulté le 11 juin 2011.

209 MARWANE BEN YAHMED, « La révolution, ce n'est pas la démocratie » in Jeune Afrique, n°2621, du 03 au 09 avril 2011, pp.58-63.

210 Dominique LAGARDE, « Touche pas à ma révolution », édicté sur le lien Internet http://www.lexpress.fr/actualite/monde/afrique/tunisie-touche-pas-a-ma-revolution_967372.html, mis en ligne le 1er mars 2011, consulté le 15 juin 2011.

211 Hichem SKIK, « Des voix s'élèvent contre un conseil national de protection de la révolution », édicté sur le http://www.espacemanager.com/politique/tunisie-les-voix-selevent-contre-un-conseil-national-pour-la-protection-de-la-revolution.html, mis en ligne le 24 février 2011, consulté le 15 juin 2011.

provisoire dont seraient exclues les figures importantes du régime Ben Ali. Les promesses faisaient écho que ce gouvernement exclurait tous les partis pro-gouvernementaux et serait composé des représentants du Mouvement Ettajdid, du Forum démocratique pour le travail et les libertés (FDTL) et du PDP, rejoints par des personnalités indépendantes et de la société civile212. Les partis d'oppositions « illégaux » n'ont pas été conviés à ces négociations : ni le Parti communiste des ouvriers de Tunisie (PCOT), ni le parti islamiste Ennahda de Rached GHANNOUCHI, ni le Congrès pour la République (CPR) -- parti de gauche laïque de l'opposant Moncef MARZOUKI n'ont pas été présents aux négociations.

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Trois commissions de gestion de la transition ont été installées :

? La Commission sur la réforme des lois présidée par YADH BEN ACHOUR ;

? La Commission d'enquête sur la corruption ;

? Et une Commission indépendante d'enquête sur le rôle des forces de sécurité dans la répression sanglante des manifestations.

Tandis que six anciens ministres du RCD comptaient dans cette équipe, ce nouveau gouvernement n'avait pas convaincu et des nouvelles manifestations éclatèrent.

B. Le deuxième gouvernement de transition

Le 27 janvier 2011, après trois jours de négociations et de tractations difficiles, Mohamed GHANNOUCHI céda en partie à la pression populaire et présenta un nouveau gouvernement expurgé des caciques de l'ancien régime213. Cette nouvelle équipe reçut l'aval de la direction de l'UGTT et provoqua une explosion de joie chez les manifestants de la place de la Kasbah campant depuis quatre nuits sous les fenêtres de la primature. Néanmoins, si la foule marqua son contentement, elle réclama aussitôt le départ de Mohamed GHANNOUCHI, dernier chef du gouvernement du président déchu Ben Ali.

212 « Tunisie : nouveau gouvernement », édicté sur le http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2011/01/16/97001-20110116FILWWW00195-tunisie-nouveau-gouvernement-lundi.php, mis en ligne le 16 janvier 2011, consulté le 15 mai 2011.

213 « Tunisie : retour progressif au calme au lendemain de l'annonce du nouveau gouvernement », édicté sur le http://www.tempsreel.nouvelobs.com/actualite/monde/20110128.FAP4348/tunisie-retour-progressif-au-calme-au-lendemain-de-l-annonce-du-nouveau-gouvernement.htmlarticle, mis en ligne le 28 janvier 2011, consulté le 11 juin 2011.

C. Le troisième gouvernement de transition

Idées politiques et révolutions au Maghreb arabe. 91

Mohamed GANNOUCHI ayant été contraint de démissionner malgré s'être expliqué dans une interview télévisée sur son rôle sous Ben Ali, qui se bornait « à assurer la coordination entre les ministères à caractère économique et social, précisant qu'il n'avait aucun droit de regard sur les ministères de souveraineté, qui recevaient leurs ordres directement du palais. Il a dit ne pas avoir eu aucune autorité ou responsabilité sur les marchés publics, douanes, ou secteur bancaire. "Mon rôle consistait, s'était-il exprimé, à attirer les investissements, à préserver les équilibres généraux, à relancer le développement et à améliorer nos relations avec l'étranger214 ». Un troisième gouvernement fut constitué. Ce dernier sera composé de 22 ministres, dont cinq sont des nouveaux. Aucun d'entre eux n'a joué de rôle sous Ben Ali, c'est pourquoi des manifestations avaient demandé la démission des gouvernements précédents. Les membres du nouveau gouvernement ne seront pas autorisés à se présenter aux prochaines élections215.

D. Actions judiciaires et ruptures

Dès la mise en place de la transition, il sera procéder un gel des avoirs, des biens détenus par le président déchu. Plusieurs pays où ce dernier investissait ou détenait des comptes en banque vont se prononcer en faveur de cette mesure. C'est le cas, par exemple, de la France, de l'Union européenne et de la Suisse qui avaient procéder au blocage des biens de Ben Ali et de son entourage. Ces dispositions ont pour cadre plus général un ensemble de mesures de soutien -- notamment économiques -- qui devraient prendre place en faveur des nouvelles autorités tunisiennes.

Dans ce même ordre d'idées, plusieurs enquêtes ont été ouvertes visant nommément Zine El-Abidine Ben Ali, son épouse Leïla TRABELSI, leurs proches ainsi que de toute personne dont l'enquête prouvera l'implication dans ces crimes. Elles portèrent sur l'« acquisition illégale de biens mobiliers et immobiliers », des « placements financiers illicites

214 « Mohamed GHANNOUCHI : Je quitterai la politique après la transition » in Interview télévisée, édicté sur le lien Internet http://www.gnet.tn/temps-fort/ghannouchi-je-quitterai-la-politique-apres-la-transition/id-menu-325.html, publié le 21 janvier 2011, consulté le 11 juin 2011.

215 « Nouveau gouvernement de transition en Tunisie », édicté sur le lien Internet http://www.lemonde.fr/international/article/2011/03/07/nouveau-gouvernement-de-transition-en-tunisie_1489721_3210.html, mis en ligne le 07 mars 2011, consulté le 11 juin 2011.

Idées politiques et révolutions au Maghreb arabe. 92

à l'étranger » et l'« exportation illégale de devises »216. Au cours des enquêtes, plusieurs personnes ont été arrêtées et la justice tunisienne avait annoncé que l'ancien couple présidentiel serait jugé par contumace du fait de la découverte d'armes et des drogues dans le palais présidentiel de Carthage et de 27 millions de dollars américains liquides découverts dans le palais présidentiel de Sidi Bousaid par la commission anti-corruption217.

§2. La transition en Égypte

Contrairement à la Tunisie, la transition démocratique en Égypte a été assurée par l'armée. A l'après-Moubarak, une démocratisation sous contrôle étroit de l'armée s'ouvre en Égypte et en même temps, l'armée annonce que l'état d'urgence sera levé avant les élections législatives de mi-septembre, qu'elle remettra le pouvoir législatif aux députés dès leur élection, et qu'elle conservera le pouvoir exécutif jusqu'aux élections présidentielles. Le 13 février 2011, deux jours après le départ de Moubarak, l'armée avait proclamé la suspension de la Constitution et la dissolution du Parlement en s'emparant ainsi des pouvoirs législatif et exécutif218. Une commission de réforme de la constitution, présidée par Tarek AL-BICHRI et composée de huit juges, se réunit à partir du 16 février et devait rendre des propositions de réforme, propositions devant être soumises à référendum. Afin de crédibiliser et de légitimer le processus de transition démocratique, des généraux rencontrèrent un groupe des jeunes intitulé « Coalition des jeunes de la Révolution » et un groupe des blogueurs lesquels étaient considérés comme représentatifs des jeunes révoltés. Ces groupes étaient informels et auto-constitués, donc sans pouvoir de délégation des occupants de la place Tahrir. Ses membres appartenaient soit au Mouvement de la jeunesse du 6 avril, soit aux Jeunes Frères Musulmans où sont des proches de Mohamed EL-BARADEI et d'autres militants indépendants, dont WAEL GHONIM219.

A. Le premier gouvernement de transition

Le 22 février, un premier remaniement ministériel a lieu : treize ministères sont confiés à des hommes nouveaux, dont celui du Pétrole. L'ouverture concernait un ministre membre des Frères musulmans (pour la première fois depuis 1954), un ministre du parti WAFD (pour la

216 « Tunisie : la fortune de Ben Ali sous étroite surveillance » dans AFP/Le Monde, édicté sur le lien Internet http://www.lemonde.fr/afrique/article/2011/01/19/tunisie-la-fortune-de-ben-ali-sous-etroite-surveillance_1467821_3212.html, mis en ligne le 19/01/2011, consulté le 26 mai 2011.

217 Information sous-titrée sur France24, suivie le 05 juin 2011.

218 Cécile HENNION, « En Egypte, l'armée prend en main la transition » in Le Monde, 15 février 2011, p. 4.

219 Sophie SHIHAB, « En Egypte, l'armée contrôle étroitement la transition » in Le Monde, 2 mars 2011, p. 5.

Idées politiques et révolutions au Maghreb arabe. 93

première fois depuis 1952), ainsi qu'un ministre du parti marxiste TAGAMMOU. Parmi les autres nouveaux ministres, on comptait des personnalités réputées pour leur intégrité, comme le nouveau vice-Premier ministre, YAHIA ELGAMAL, opposant de longue date et constitutionnaliste renommé, ou pour leur popularité auprès des jeunes220.

B. Le deuxième gouvernement de transition

Le 19 mars, le référendum constitutionnel valide les propositions d'amendement remises le 28 février par la commission présidée par TAREK EL-BISHRI, le calendrier de l'armée étant ainsi respecté (élections prévues mi-septembre 2011). La participation de 41 %, quoique minoritaire, est quatre fois plus élevée que lors des référendums convoqués par la dictature de Moubarak221. Le Conseil suprême des forces armées décida alors, plutôt que de modifier la constitution en fonction des amendements approuvés par référendum, de proclamer une « déclaration constitutionnelle » les incluant au sein de 62 articles, non-soumis à la ratification du peuple ; ce décret ou déclaration constitutionnelle est fondateur d'une Seconde république égyptienne222.

C. Vol des biens publics et poursuites judiciaires après la chute du régime

A son arrivée au pouvoir, après l'assassinat d'Anouar Al-Sadate, en octobre 1981, Hosni Moubarak hérite d'une constitution qui lui accorde des larges prérogatives : nommer et révoquer le premier ministre ainsi que les titulaires des portefeuilles régaliens, avoir la haute main sur la banque centrale, le tout avec le statut de chef suprême des armées. Il hérite également d'un parti créé trois ans plus tôt par son prédécesseur - le Parti National Démocratique (PND) - dont il fit un redoutable appareil politique et économique. Mais, à la domination politique sans partage, la famille Moubarak va ajouter l'enrichissement personnel sans limites.

L'opération main basse sur l'économie s'organisait autour des fils du président, ALAA et GAMAL. Le premier, plus discret que son cadet, est plongé dans les affaires. Le second

220 RFI « Plusieurs nouveaux ministres prêtent serment », édicté sur le http://www.rfi.fr/moyen-orient/20110222-egypte-plusieurs-nouveaux-ministres-pretent-serment, mis en ligne le 23 février 2011, consulté le 21 avril 2011.

221 Alexandre BUCCIANTI, « Référendum en Égypte : taux de participation sans précédent », RFI, édicté sur le http://www.rfi.fr/afrique/20110319-referendum-egypte-taux-participation-precedent, mis en ligne le 19 mars 2011, consulté le 21 avril 2011.

222 Pierre PUCHOT, « L'armée et la révolution », édicté sur le lien Internet

http://www.labreche.ch/Ecran/EgyptePuchot04_11.html, mis en ligne le 31 mars 2011, consulté le 7 mai 2011.

Idées politiques et révolutions au Maghreb arabe. 94

dirigeait un fonds d'investissement, Med Invest, et fourbit ses armes en créant une ONG, Future generation foundation. ALAA prenait des participations (financées par des prêts bancaires rarement remboursés) dans toutes les affaires juteuses. GAMAL, quant à lui, acquiert des terrains militaires pour les revendre en zone industrielle après une viabilisation financée par le trésor public. Selon une enquête du quotidien britannique The Guardian, le clan Moubarak serait à la tête d'une fortune estimée entre 40 et 70 milliards de dollars223. L'ex-première dame disposerait d'un milliard de dollars, alors que ALAA aurait amassé 8 milliards et GAMAL, de loin le plus riche, 17 milliards. Ce total de 41 milliards équivaut à la moitié de la dette extérieure du pays, estimée à 80 milliards de dollars224. Et pour se rassurer de leur bonne garde, les Moubarak ont placé leur argent dans les paradis fiscaux : à Paris, à Londres et à Barcelone.

Après la chute du régime par la démission du président Moubarak, quelques cadres de son régime sont menacés par des procès, sont interdits de départ du territoire et leurs avoirs financiers sont gelés 112. Le procès de Moubarak et une lutte contre la corruption plus énergique seront très réclamés par les manifestants. C'est alors qu'une enquête sur la responsabilité de l'ancien président et de ses deux fils Gamal Moubarak et Alaa Moubarak avait été ouverte par le procureur, une autre enquête pour corruption concernait l'ancien président.

§3. La création du Conseil National de Transition (CNT) en Libye

Qu'est-ce que le CNT ? Le Conseil National de Transition libyen est l'instance politique de l'insurrection contre le colonel Kadhafi. Il a été créé en février 2011 à Benghazi, par les représentants de l'insurrection qui s'opposaient aux forces du "guide suprême" libyen.

A. Origines

Après que des mouvements populaires eurent renversé les dirigeants de la Tunisie et de l'Égypte, la Libye a, à son tour, à partir de février 2011, connu des révoltes. Les troubles atteignirent Tripoli et la majeure partie de la Libye a été arrachée du contrôle de Mouammar Kadhafi, le dirigeant du pays depuis 1969, se trouvant dès lors sous le contrôle des forces d'opposition, comme notamment, dans l'Est du pays, la seconde ville du pays et le port important de Benghazi. Ces forces d'opposition commencèrent à s'organiser en un gouvernement actif.

223 Cherif OUAZANI, « Moubarak connection » in Jeune Afrique, n°2614, du 13 au 19 février 2011, p.39.

224 Ibidem.

Idées politiques et révolutions au Maghreb arabe. 95

Le 27 février 2011, un Conseil National de Transition est formé à Benghazi, fusionnant deux instances provisoires, le Conseil National Libyen et le gouvernement provisoire de l'ancien ministre de la justice MOUSTAFA MOHAMED ABOUD AL-DJELEIL225. La Libye fut donc partagée entre deux pouvoirs concurrents. Par ailleurs, le Conseil National de Transition s'était proclamé « seul représentant » du pays. Le 12 mars, la France fut le premier pays à reconnaître officiellement le Conseil National de Transition comme le seul « représentant légitime du peuple libyen226 ».

B. La création du CNT

Le 24 février 2011, les principaux leaders de l'opposition, les anciens officiers militaires, les chefs tribaux, les universitaires et les hommes d'affaires avaient tenu une réunion dans la ville de El Beïda227. Elle était présidée par l'ancien ministre de la Justice Mustafa MOHAMED ABUD AL-DJELEIL, qui avait fait défection du gouvernement quelques jours auparavant et ABDELHAFEZ GHOQA en était le vice-président et porte-parole. Le drapeau hissé lors de la réunion et au sommet des bâtiments à Benghazi était celui datant de la période pré-Kadhafi : drapeau rouge, noir et vert, oriflamme de la Libye du temps du roi Idriss Ier228.

Le 25 février 2011, des discussions ont eu lieu entre des « personnalités de l'Est et de l'Ouest de la Libye » pour former un gouvernement d'intérim pour l'après Kadhafi. Le 26 février, l'ancien ministre de la Justice Mustafa MOHAMED ABUD AL-DJELEIL mena le processus visant à former un organe d'intérim, basé à Benghazi. Dans sa déclaration, il dit que « Kadhafi portait seul la responsabilité des crimes qui avaient été commis en Libye, il insista aussi sur l'unité de la Libye et sur le fait que Tripoli est la capitale ». Les efforts pour former un gouvernement d'opposition sont notamment soutenus par l'ambassadeur libyen aux États-

225 « Un gouvernement provisoire en Libye? », édicté sur le lien Internet

http://www.lejdd.fr/International/Afrique/Actualite/Un-gouvernement-libyen-provisoire-se-serait-installe-a-Benghazi-274675/, consulté le 11 juin 2011.

226 « La France reconnaît le Conseil national de transition comme seul "représentant légitime" de la Libye » in Le Point, édicté sur le http://www.lepoint.fr/societe/la-france-reconnait-le-conseil-national-de-transition-comme-seul-representant-legitime-de-la-libye--10-03-2011-1304756_23.php, mis en ligne le 10 mars 2011, consulté le 13 juin 2011.

227 «Libya's Opposition Leadership Comes into Focus», édicté sur le http://www.bisinessinsider.com/libyas-opposition-leadership-national-libyan-council-2011-3?page=1, mis en ligne le 8 Mars 2011, consulté le 9 13 juin 2011.

228 Edicté sur le http://www.businessweek.com/news/2011-02-25/libya-s-eastern-rebels-long-time-qaddafi-foes-driving-revolt.html, mis en ligne le 25 février 2011, consulté 13 juin 2011. Lire aussi FRANÇOIS SOUDAN, « Kaddafi : l'Afrique entre peur et soulagement », Op. Cit., p.29.

Idées politiques et révolutions au Maghreb arabe. 96

Unis, ALI SULEIMAN AUJALI229. Le vice-ambassadeur libyen aux Nations-Unies, IBRAHIM OMAR AL DABASHI, déclara qu'il soutient également le nouveau gouvernement.

C. Objectif de la création du CNT

Le CNT a été créée pour préparer la Libye aux changements à travers l'organisation des élections libres et démocratiques230.

D. Les organes du CNT libyen

1. Le conseil

Le Conseil National de Transition était un organe de 31 membres qui déclarait être « le seul organe légitime représentant le peuple libyen et l'État libyen ». Chaque ville sous contrôle de l'opposition s'est vu accorder cinq sièges au Conseil et que des contacts seraient établis avec chaque nouvelle ville qui tomberait sous leur contrôle pour leur permettre de rejoindre le Conseil231. Les noms de certains de ses membres sont gardés secrets pour des raisons de sécurité. Il s'agit notamment des représentants des villes d'Ajdabiyah, Al Kufrah, Ghat, Nalut, Misratah, Az Zintan et Az Zawiya.

2. Le comité de crise

Un « comité de crise » a été aussi élu sein du Conseil National de Transition afin d'accélérer les prises de décisions. Il était composé des trois personnalités suivantes :

? MAHMOUD DJEBRIL, qui avait participé avant la révolte avec un groupe d'intellectuels au projet « Vision libyenne » dans le but d'établir un État démocratique. Il est nommé chef de ce comité de crise ;

? OMAR HARIRI, officier qui avait participé au coup d'État de Mouammar Kadhafi en 1969 avant d'être emprisonné. Il est nommé chef des affaires militaires ;

229 http://af.reuters.com/article/energyOilNews/idAFN2613766620110226, consulté le 13 juin 2011.

230 NARDJES FLICI, « Création d'un conseil national de la transition en Libye : El Gueddafi résiste, mais jusqu'à quand? », édicté sur le http://www.lexpressiondz.com/article/5/2011-02-28/86601.html, mis en ligne le 28 février 2011, consulté le 15 juin 2011.

231 « Introducing the Council | The Libyan Republic - The Interim Transitional National Council », édicté sur le http://ntclibya.org/english/about/, consulté le 13 juin 2011.

Idées politiques et révolutions au Maghreb arabe. 97

? ALI ESSAOUI, ancien ambassadeur de la Libye en Inde qui avait démissionné en février 2011. Il est chargé des Affaires étrangères.

E. La reconnaissance internationale du CNT

A l'issue de la formation du CNT, plusieurs pays l'ont reconnue et continuaient à le considérer comme le seul représentant légitime du peuple libyen et des intérêts libyens. C'est le cas du Qatar, deuxième pays après la France, qui l'avait annoncé par son ministre des affaires étrangères le 28 mars 2011, des Maldives le 3 avril 2011, de l'Iran, de la Gambie le 22 avril 2011. Cette dernière avait même expulsé les diplomates nommés par Tripoli232. Le 29 mars, la France et le Qatar sont les deux premiers États à mandater un "envoyé spécial" à Benghazi, bastion de l'insurrection libyenne, auprès du Conseil national de transition (CNT).

Plusieurs autres pays ont reconnu le CNT : l'Union Européenne (UE). Les USA avaient déclaré qu'ils allaient se doter d'un représentant auprès des rebelles. Certaines organisations internationales comme la Ligue arabe et le Conseil de Coopération du Golfe (CCG) avaient également manifesté leur reconnaissance au Conseil National de transition comme l'unique représentant légitime du peuple libyen alors que d'autres reconnaissances internationales continuaient de se multiplier.

Commentaire et critiques

Le Conseil National de Transition libyen (CNT) fut-il vraiment une institution viable capable de peser sur la scène politique ? Jean-Pierre MAULNY - spécialiste du Moyen-Orient à l'Institut des Relations Internationales et stratégiques (IRIS) et Dominique MOISI - spécialiste du Moyen-Orient à l'Institut Français des Relations Internationales (IFRI) - s'accordent que le CNT était le seul interlocuteur de la communauté internationale, c'était la

232 « Libye : le Qatar reconnaît le conseil national de transition », édicté sur le http://www.lexpress.fr/actualites/1/monde/libye-le-Qatar-reconnait-le-conseil-national-de-

transition_976916.html, mis en ligne le 28 mars 2011. A lire aussi « Les Maldives reconnaissent le Conseil libyen en tant que seul représentant du peuple libyen », édicté sur le site du ministère des Affaires étrangères http:/ foreign.gov.mv/new/tpl/news/article/65/, mis en ligne le 3 avril 2011 et « Gambia recognises Libya rebel council », édicté sur le http://www.zawya.com/story.cfm/sidANA20110422T110447ZILZ01, mis en ligne le 22 avril 2011, consultés le 13 juin 2011.

Idées politiques et révolutions au Maghreb arabe. 98

seule organisation visible qui résistait, il était fort parce qu'il était unique ; son atout principal, c'était son existence. Il était une organisation qui rendait caduque la légitimité de Kadhafi233.

Mais, il nous semble que cette organisation est d'une part caractérisée par la fragilité car, d'un point de vue politique, les insurgés n'avaient aucun leader charismatique alors qu'une organisation de résistance fonctionne grâce à deux leviers : une figure charismatique ou une organisation infaillible. Leurs membres manquaient d'envergure et l'absence d'une figure rassembleuse est un défaut majeur pour un organe de résistance. D'un point de vue économique, la trésorerie semblait également faire défaut aux insurgés libyens. Pour remplir leurs caisses, les rebelles ont donc décidé de s'adresser à leurs alliés occidentaux pour payer les soldes des insurgés, la nourriture, les médicaments et d'autres fournitures de base. Sur le plan diplomatique, il y eut cafouillage diplomatique. Le Conseil de transition s'emmêlait un peu les pinceaux. Le CNT avait pourtant annoncé avoir été reconnu par le Danemark, l'Espagne et les Pays-Bas. Seul hic, tous trois avaient démenti. « Un faux pas qui en dit long sur la communication des rebelles », ironisa Dominique MOISI234. Le Danemark « avait reconnu le CNT comme un partenaire de dialogue », pas plus, avait-il affirmé. L'Espagne et les Pays-Bas comme un interlocuteur valide. Seuls la France, le Qatar, l'Italie et la Gambie avaient officiellement reconnu ce conseil de résistance comme représentant légitime du peuple. « C'est peu », reconnaît Jean-Pierre MAULNY, « trop peu pour peser sur l'échiquier politique mondial »235.

De toute évidence, le CNT n'avait pas vocation à disparaître, c'est la chute de Kadhafi qui en était le test ultime. Ce n'est qu'à ce moment-là que l'on saura si le mouvement mourra ou si un leader politique émergera, car le CNT tirait sa force de la haine cristallisée autour de Kadhafi.

233 OSHARE, « Libye : Le Conseil de transition libyen, une autorité qui peine à convaincre », édicté sur le http://www.in2internet.com/news/libye-le-conseil-de-transition-libyen-une-autorite-qui-peine-a-convaincre, consulté le 13 juin 2011.

234 Ibidem.

235 Idem.

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Conclusion partielle

Les révolutions arabes jouent un rôle majeur dans les affaires du monde incontrôlables. Elles sont comme des tsunamis naturels et violents qui balaient notre planète et nous montrent l'incapacité de tous les dirigeants à régler ces crises historiques majeures qui nous concernent tous. Cette incapacité au consensus dans la Ligue Arabe et l'UMA (Union du Maghreb Arabe), l'ONU et l'intervention de l'OTAN en Libye en brandissant au-devant plan le principe de l'ingérence humanitaire pour protéger les civils face au génocide libyen sont pour nous incompréhensibles. Néanmoins, les révolutions arabes sont une référence pour les autres dictatures qui continuent à se maintenir.

Espérons que ces révolutions qui s'étendent au-delà des frontières se fédéreront sous les mêmes combats. La liberté, la justice sociale, le respect des droits humains et des valeurs universelles, le respect de la nature et de la biodiversité à l'échelle de la planète toute entière. Les États doivent s'impliquer pour empêcher l'ingérence occidentale qui n'a d'autres intérêts que d'exploiter. À moins qu'ils donnent des gages de leur bonne foi de ne pas exploiter la région et de l'autodétermination des peuples. Les révolutions arabes appartiennent aux peuples arabes et celles-ci ne leur doivent pas être confisquées.

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Conclusion générale

Au moment où il nous revient de clore ce travail qui a porté sur « les idées politiques et les révolutions en relations internationales », en nous inscrivant dans une approche maghrébine, il est nécessaire de signaler à notre lecteur que sa rédaction est partie du seul constat, celui de la généralisation des protestations dans le Maghreb en général et plus particulièrement dans le monde arabe en ce début d'année 2011.

Ce travail renvoie en effet à la découverte d'un objet et d'un environnement pour lesquels nous n'avions a priori que peu d'empathie et qui, tout au long de notre recherche, se sont révélés délicats à appréhender. La préoccupation majeure dans cette dissertation a été de dégager les défis auxquels se trouvent confrontées les relations internationales par le fait de la multiplicité et de la montée en puissance, en ce début du 21ème siècle, des réseaux sociaux (Facebook, Twitter, YouTube, Internet, mafias, etc.) qui sont venus altérer l'image de la vie internationale en véhiculant des idées (la criminalité cybernétique ou les cyber-attaques), dans la mesure où ces dernières sont à la base des vagues révolutionnaires dans le monde et surtout dans celui arabe.

Cette problématique a suscité des questions de recherche suivantes : en quoi les idées politiques peuvent-elles être influentes dans les relations internationales en général et source des révolutions au Maghreb, en particulier ?

Les hypothèses formulées sont parties de l'analyse selon laquelle les idées affecteraient les choix politiques en réduisant l'incertitude inhérente aux relations internationales et aux choix stratégiques et en fournissant des repères qui conduisent à des nouvelles initiatives politiques. Les idées fourniraient également les cadres d'interprétation qui clarifient les buts des acteurs et la relation entre les moyens et les fins, elles conduiraient à des changements plus profonds des préférences et des identités.

De ce fait, les idées seraient une source des révolutions au Maghreb arabe parce qu'une brèche entre la répartition du pouvoir politique et la répartition du pouvoir social devenait de plus en plus insupportable alors qu'une référence était toujours faite par les maghrébins à l'étranger pour tirer le contour lié à leur misère. Ceci est en parfaite liaison avec ce qu'on a toujours dit que « la dissolution des vieilles idées va de pair avec la décomposition des anciennes conditions de vie ».

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Pour répondre à ces questions de recherche, nous avons fait recours à la méthode systémique de Morton Kaplan appuyée par une approche historique. Le monde arabe (autrement représenté par la Ligue arabe) a été présenté comme un système, et trois de ses États membres (Tunisie, Égypte et Libye) passant pour des unités d'analyse. Nous avons de même usé de certains outils de recherche - la documentation, l'oralité (informations diffusées à la radio et à la télé), l'observation participante, l'entretien et l'analyse du contenu - pour collecter les informations.

Tenant compte de la situation qui s'était enflammée de la petite Tunisie jusqu'au pays de la Jamahiriya en passant par l'Égypte, mariant ladite situation aux effets que peut procurer le mouvement des idées dans un quelconque environnement en transcendant les frontières nationales des États, il y a lieu de dire que nos hypothèses de travail sont vérifiées, et de cet effet, donc confirmées. Bien plus, les idées jouent un rôle important dans la vie des États et permettent de façonner le monde à leur manière pendant un moment donné de l'histoire. Elles influencent dès lors les comportements des États qui sont censés, à leur gré, s'y conformer ou y tourner le dos. Et s'il s'avère que les idées politiques auxquelles un régime ou un gouvernement se réfère ne répondent pas à l'amélioration des bonnes conditions socio-économiques de vie des populations, ces dernières peuvent recourir à des révolutions pour manifester leurs mécontentements. Les révolutions constituent alors l'unique voie possible pour résoudre l'antagonisme entre riches et pauvres, peuples et dictateurs à l'intérieur des sociétés.

Les révolutions au Maghreb et dans le monde arabe dans ce début de 2011 doivent, à cet effet, être considérées comme une référence et une source d'inspiration pour toute l'humanité, surtout aux dictatures qui continuent à se maintenir et mener leurs pays par une main de fer. Les dirigeants dans ces pays doivent comprendre que le couple peuple - révolution forme le cadre de la vie politique depuis le XVIIIe siècle (avec les révolutions américaine, française, hollandaise, etc.), et que c'est le peuple qui fait la révolution et celle-ci se fait toujours au nom du peuple.

Ce travail a également connu une subdivision binaire quant à ce qui concerne le nombre de parties et une subdivision quadruple en prenant référence le nombre de chapitres. De ces quatre chapitres, deux se retrouvent réunis autour de chaque partie.

Le premier chapitre a porté sur l'histoire des idées politiques en relations internationales. C'était l'occasion de cerner celles-ci suivant les différentes périodes de l'histoire, mais aussi

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telles que les auteurs les présentent. Le deuxième chapitre, qui a porté sur les notions des révolutions, a démontré l'importance des idées dans l'explosion des révolutions. Avec les deux derniers chapitres, nous avons entamé la partie pratique et le troisième chapitre a touché la toile de fond liée à cette rédaction en analysant directement les révolutions en Tunisie, en Égypte et en Libye. Enfin, le quatrième s'est avéré comme un prolongement du troisième, et a concerné la phase transitoire dans laquelle s'étaient retrouvé les trois pays précités, comme une phase leur ouvrant le chemin à la démocratisation.

Ainsi donc, en rapport avec ce qui précède, il y a lieu de conclure avec optimisme que cette étude, nonobstant les quelques vicissitudes signalées, nous a été utile pour parfaire et compléter notre formation universitaire de deuxième cycle en relations internationales et nos connaissances théoriques et pratiques sur le Maghreb arabe (Tunisie, Égypte et Libye). Précisons toutefois que conclure ne veut pas dire qu'on a épuisé tous les aspects riches que revêt un sujet de recherche.

De ce fait, nous n'avons aucunement pas la prétention d'avoir brillamment réussi, mais quand même nous sommes réconforté par ce courage d'avoir essayé et jeté une goutte d'eau dans cette mer qu'est la science. C'est compte tenu de notre empreinte contenue dans ces traces que d'autres chercheurs pourront nous compléter sans que nous ne soyons à l'abri de leurs critiques.

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Indications bibliographiques

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110. NYIRUBUGARA, O., « Le coup d'État du 5 juillet 1973 au Rwanda : révolution morale ou contre révolution ? », édicté sur le http://www.olny.nl/RWANDA/Lu_Pour_Vous/Dossier_Special_Deuxieme_Republiq ue/Revolution Morale Contre Revolution.html, mis en ligne juin 2007, consulté le 20 juin 2011.

111. OSHARE, « Libye : Le Conseil de transition libyen, une autorité qui peine à convaincre », édicté sur le http://www.in2internet.com/news/libye-le-conseil-de-transition-libyen-une-autorite-qui-peine-a-convaincre, consulté le 13 juin 2011.

112. OT, R., « révolution morale : passons aux actes », édicté sur le http://www.lobservateur.cd/index.php?option=com_content&view=article&id=2332:r evolution-morale--passons-aux-actes&catid=42:editorial&Itemid=53, mis en ligne le 07 juillet 2010, consulté le 22 juin 2011.

113. Pour en savoir plus, édicté aussi sur le lien Internet ci-après : http://www.lemonde.fr/international/article/2011/03/07/nouveau-gouvernement-de-transition-en-tunisie_1489721_3210.html#VZwlbFJkGTlWdGlr.99, publié dans Le Monde.fr avec AFP le 07/03/2011 à 17h31, consulté le 06/06/2011.

114. PUCHOT, P., « L'armée et la révolution », édicté sur le http://www.labreche.ch/Ecran/EgyptePuchot04_11.html, mis en ligne le 31 mars 2011, consulté le 7 mai 2011.

115. REUTEURS, « La production de pétrole libyen réduite de moitié » in Investir, édicté

sur le http://www.investir.fr/infos-conseils-boursiers/actus-des-marches/infos-
marches/la-production-de-petrole-libyen-reduite-de-moitie-aie-325287.php, mis en ligne le 28 février 2011, consulté le 1er juin 2011.

116. RFI « Plusieurs nouveaux ministres prêtent serment », édicté sur le http://www.rfi.fr/moyen-orient/20110222-egypte-plusieurs-nouveaux-ministres-pretent-serment, mis en ligne le 23 février 2011, consulté le 21 avril 2011.

117. RODRIGUEZ HERNANDEZ, L.- E., « La révolution dans le système mondial du XXIe siècle », édicté sur le http://www.cahiersdusocialisme.org/2011/02/20/la-revolution-

Idées politiques et révolutions au Maghreb arabe. 113

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118. ROUAMBA, A.-A., « Égypte-révolution : les frères musulmans et la transition égyptienne », édicté sur le http://www.afriquejet.com/afrique-du-nord/egypte/egypte-revolution:-les-freres-musulmans-et-la-transition-egyptienne-20110208689.html, consulté le 06 juin 2011.

119. SAHRAOUI, A., « Tunis : la conférence sur les transitions démocratiques du 30 et 31 mars », édicté sur le http://www.tunisienumerique.com/2011/03/tunis-conference-sur-les-transitions-democratiques-les-30-et-31-mars/, mis en ligne le 29 mars 2011, consulté le 11 juin 2011.

120. SKIK, H., « Des voix s'élèvent contre un conseil national de protection de la révolution », édicté sur le http://www.espacemanager.com/politique/tunisie-les-voix-selevent-contre-un-conseil-national-pour-la-protection-de-la-revolution.html, mis en ligne le 24 février 2011, consulté le 15 juin 2011.

121. TROTSKY, L., « Histoire de la révolution russe » in Politique révolutionnaire, livre VI, édicté sur le http://ahrf.revues.org/1557, dernier ajout le 12 mai 2011, consulté le 14 mai 2011.

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123. TULARD, J., « L'an 1789 de la révolution tunisienne », édicté sur le http://www.lemonde.fr/afrique/article/2011/01/18/jean-tulard-l-an-1789-de-la-revolution-tunisienne 1467392 3212.html, mis en ligne le 18 janvier 2011 et consulté le 09 avril 2011.

124. ZAYAN, J., « Egypt braces for nationwide protests », édicté sur le http://www.google.com/hostednews/afp/article/ALeqM5hP30nA0bbEaH2KjlpUKhd HxoN8Cg?docId=CNG.95111380dfbe35f8a08d6124c5e915e8.71, mis en ligne le 25 janvier 2011, consulté le 15 avril 2011.

125. ZGOUGOU, « Révolutions au Maghreb et dans le monde arabe : la fin de la guerre froide ? », édicté sur le http://tunisieanun.wordpress.com/2011/04/10/revolutions-au-maghreb-et-dans-le-monde-arabe-la-fin-de-la-guerre-froide/, mis en ligne le 10 avril 2011 et consulté le 13 avril 2011.

Idées politiques et révolutions au Maghreb arabe. 114

C. Articles, revues et journaux

126. [S.A.], « Approches à l'analyse du système mondial » in Études internationales, Vol.15, n°4, 1984. Disponible aussi en ligne sur le site Internet http://www.id.erudit.org/iderudit/701744ar, consulté le 30 avril 2011.

127. « Les points chauds du conflit entre islam et christianisme » in Le monde, 6 juillet 2000.

128. BARROUHI, A., « Derniers jours d'un régime à l'agonie » in Jeune Afrique, n°2611, du 23 au 29 janvier 2011.

129. BARROUHI, A., « Cinq questions pour comprendre la révolution tunisienne » in Jeune Afrique, n°2609, du 09 au 15 janvier 2011.

130. BARROUHI, A., « La vérité sur la fuite de Ben Ali » in Jeune Afrique, n°2615, du 20 au 26 février 2011.

131. BARROUHI, A., « Sidi Bouzid, ville en colère » in Jeune Afrique, n°2607, du décembre 2010 au 08 janvier 2011.

132. BEN BRIK, T., « Sidi Bouzid, mon amour » dans Le Nouvel Observateur, 2 janvier 2011.

133. BEN YAHMED, B., « les secrets d'une révolution » in Jeune Afrique, n°2611, du 23 au 29 janvier 2011.

134. BEN YAHMED, M., « Ben Ali, fuite et fin » in Jeune Afrique, n°2610, du 16 au 22 janvier 2011.

135. BEN YAHMED, M., « Enjeux et périls de l'après-Ben Ali » in Jeune Afrique, n°2611, du 23 au 29 janvier 2011.

136. BEN YAHMED, M., « La révolution, ce n'est pas la démocratie » in Jeune Afrique, n°2621, du 03 au 09 avril 2011.

137. BEN YAHMED, M., « Les leçons de Sidi Bouzid » in Jeune Afrique, n°2609, du 09 au 15 janvier 2011.

138. BOISBOUVIER, C. et HATTAB, F., « Les derniers feux de Kaddafi » in Jeune Afrique, n°2618, du 13 au 19 mars 2011.

139. BOURCIER, N., « Libye : l'homme qui a fait le printemps » in Le Monde, 22 mars 2011.

140. Carte « Du Maroc au Yémen : données démographiques, économiques et politiques » in Courrier international, n°1058, du 10 au 16 février 2011.

141. DAHMANI, F., « Sidi Bouazizi » in Jeune Afrique, n°2615, du 20 au 26 février 2011.

142.

Idées politiques et révolutions au Maghreb arabe. 115

DESLOIRE, C., « Révolution(s) arabe (s) et l'Algérie ? » in Jeune Afrique, n°2618, du 13 au 19 mars 2011.

143. DORTIER, J.-F., « La nouvelle carte des idées » in Sciences humaines, n°222, janvier 2011.

144. FERRIE, J.-N., « Un nouveau monde arabe : une révolution sans opposition » in Alternatives internationales, n°50, Trimestriel/Mars 2011.

145. HASSNER, P., « Le rôle des idées dans les relations internationales » in Politique étrangère 3-4/2000.

146. HENNION, C., « En Egypte, l'armée prend en main la transition » in Le Monde, 15 février 2011.

147. KAUFMANN, S., « Les jeunes élites mondialisées, fer de lance des révolutions émergentes » in Le Monde, 3 février 2011.

148. KOLB, R., « L'idée de gouvernance et sa première incarnation : la société des Nations » in Questions internationales, n°43, mai - juin 2010.

149. LAGARDE, D., « Tunisie : les troubles révèlent le malaise de la jeunesse » dans L'Express, 5 janvier 2011.

150. LAVERGNE, M., « Égypte, le développement au défi du néo-libéralisme économique » in Confluences Méditerranée, n°75, Automne 2010.

151. MENS, Y., « Un nouveau monde arabe : l'Arabie saoudite choquée » in Alternatives internationales, n°50, trimestriel/mars 2011.

152. OUAZANI, C., « Égypte : le printemps des Frères » in Jeune Afrique, n°2614, du 13 au 19 février 2011.

153. OUAZANI, C., « Moubarak connection » in Jeune Afrique, n°2614, du 13 au 19 février 2011.

154. REVERCHON, A. et de TRICORNOT, A., « Monde arabe : l'agonie d'un système/Quand des pays émergents font leur révolution » in Économie du Monde, n° 20542, du 08 février 2011.

155. RIFKIN, J., « Les révolutions technico-économiques » in Enerpress, n° 9597, 18 juin 2008.

156. SHIHAB, S., « En Egypte, la révolution fait tomber la puissante sécurité d'Etat » in Le Monde, 9 mars 2011.

157. SHIHAB, S., « En Egypte, l'armée contrôle étroitement la transition » in Le Monde, 2 mars 2011.

Idées politiques et révolutions au Maghreb arabe. 116

158. SOUDAN, F., « Kaddafi : l'Afrique entre peur et soulagement » in Jeune Afrique, n°2617, du 6 au 12 mars 2011.

159. SOUDAN, F., « Objectif Kaddafi » in Jeune Afrique, n°2620, du 27 mars au 02 avril 2011.

160. VERHAEGEN, B., « Méthode et problèmes de l'histoire immédiate » in Cahiers économiques et sociaux, n° 3, septembre 1970.

D. Thèse doctorale

161. BONNEFOY, L., Les relations religieuses transnationales contemporaines entre le Yémen et l'Arabie saoudite : un salafisme « importé » ? Inédit, Thèse, Institut d'Etudes Politiques de Paris, CERI.

E. Notes de cours

162. ASAKILA, M., Notes manuscrites du Cours d'initiation à la recherche scientifique, Inédit, G1 RI, FSSPA, UOB, 2006-2007.

163. BAGALWA MAPATANO, J.-M., Notes manuscrites du cours de théories et doctrines politiques et sociales, Inédit, G3 RI, FSSPA, UOB, 2008-2009.

164. MUNENGE MUDAGE, F., Notes manuscrites du Cours de séminaire de méthodologie des Relations internationales, Inédit, L1 RI, FSSPA, UOB, 2009 - 2010.

165. NDAY WA MANDE, M., Notes manuscrites du cours de méthodes de recherche en sciences sociales, Inédit, G2 RI, FSSPA, UOB, 2007 - 2008.

166. NGOIE TSHIBAMBE, G., Syllabus du cours d'Histoire diplomatique, Inédit, G2 RI, FSSPA, UOB, 2007 - 2008.

167. NSABUA TSHIABUKOLE, J., Syllabus du Cours des nouveaux États en relations internationales, Inédit, L2 RI, FSSPA, UOB, 2010-2011.

E. Sources audio et audio-visuelles

168. Information suivie sur Radio France Internationale (RFI), le 11 janvier 2011 à propos de l'intensification du mouvement révolutionnaire en Tunisie malgré les annonces de réforme formulées par le président déchu Zine El Abidine Ben Ali.

169.

Idées politiques et révolutions au Maghreb arabe. 117

Information suivie à Radio France Internationale (RFI) concernant l'accord ayant été signé entre la Tunisie et l'Italie pour régulariser les migrations entre Lampedusa et les côtes tunisiennes.

170. Information suivi à Radio France Internationale (RFI) le 06 mai 2011 à propos du sommet de Deauville en France où l'on envisageait une aide à la Tunisie et à l'Égypte.

171. Information suivie sur France24 le 30 mai 2011 par rapport à la position adoptée par l'OTAN sur l'éventuel départ de Mouammar.El-Kadhafi.

172. Information sous-titrée sur France24, suivie le 05 juin 2011 à propos de la découverte des drogues dans le palais présidentiel de Carthage et de 27 millions de dollars dans le palais présidentiel de Sid Bousaid en Tunisie.

Idées politiques et révolutions au Maghreb arabe. 118

Table des matières

Épigraphe I

In memoriam II

Dédicace III

Remerciements V

0. Introduction 10

0.1. État de la question 10

0.2. Problématique et hypothèses 13

a) Problématique 13

b) Hypothèses de travail 14

0.3. Objet, Choix et intérêt du sujet 15

a) Objet d'étude 15

b) Le choix du sujet 15

c) L'intérêt du sujet 15

0.4. Délimitation du sujet 16

a) Dans le temps 16

b) Dans l'espace 16

0.5. Approche méthodologique 16

a) La méthode 17

b) Les techniques 18

0.6. Difficultés rencontrées 19

0.7. Plan sommaire du travail 20

Première partie. Considérations théoriques générales 21

Chapitre premier. L'histoire des idées politiques dans les relations internationales 22

Section I. Les idées politiques antiques ou hellénistiques 22

§1. Les idées critiques d'ARISTOPHANE 23

§2. Les idées critiques d'ISOCRATE 23

§3. Les critiques de XENOPHON sur la démocratie athénienne 23

§5. Les idées critiques de PLATON 24

§6. Les idées d'ARISTOTE 25

Section II. Les idées politiques du moyen-âge (du Vème au XVème siècle) 25

§1. Le haut moyen-âge (Ve au Xe siècle) 25

§2. Le moyen-âge du XIe au XVe siècle 26

Section III. Les idées politiques de l'époque moderne 27

§1. Les idées politiques de la renaissance (XVIème siècle) 27

§2. Les idées politiques du XVIIème siècle 28

§3. Les idées politiques au XVIIIème siècle 29

Section IV. Les idées politiques de l'époque contemporaine 30

§1. Les idées politiques du XIXème siècle 30

§2. Les idées politiques du XXème siècle 32

§3. Les idées politiques du XXIème siècle 34

Idées politiques et révolutions au Maghreb arabe. 119

Chapitre deuxième. Notions des révolutions en relations internationales 37

Section I. Cadre définitionnel et interprétatif du concept « révolution » 37

§1. La définition étymologique 37

§2. Selon les théories de la politique internationale 37

§3. Suivant l'entendement réaliste 38

§4. Selon le dictionnaire des sciences politiques et sociales 38

§5. Selon la théorie marxiste 39

§6. Selon l'approche de Fidel Castro 39

§7. Suivant l'approche nkrumahiste 40

§8. L'appréhension de Rudolf REZSOHAZY 40

Section II. Classification de révolutions 41

§1. Les révolutions politiques et sociales 42

A. Les révolutions politiques 42

B. Les révolutions sociales 43

C. Notions connexes des révolutions politiques et sociales 44

1. La révolution permanente 44

2. La révolution de palais 45

3. La révolution française 45

4. La révolution d'octobre 45

5. La révolution nationale 46

6. La contre-révolution 46

7. La révolution ininterrompue 46

8. La révolution importée 46

9. L'insurrection ou rébellion 46

10. La révolte 47

11. La réforme 47

12. Le printemps arabe 48

§2. Les révolutions technico-économiques 48

§3. Les révolutions culturelles et morales 48

§4. Les révolutions techniques 50

A. La révolution industrielle 50

B. La révolution scientifique et technique 50

Section III. Les causes et conséquences des révolutions politiques et sociales 51

§1. Les causes des révolutions politiques et sociales 51

§2. Les conséquences des révolutions politiques et sociales 52
Section IV. Quelques exemples des révolutions politiques et sociales ayant eu lieu par

les idées en relations internationales 53

Conclusion partielle 54

Deuxième partie. Le cadre pratique 56

Chapitre troisième. Les révolutions au Maghreb arabe 58

Section I. La révolution tunisienne 58

§1. Les causes et origines de la révolution tunisienne 59

A. Les causes 59

1. Inégalités sociales et régionales 59

2. La corruption et le népotisme 60

Idées politiques et révolutions au Maghreb arabe. 120

B. Origines ou début de la révolution 60

§2. L'intensification du mouvement révolutionnaire 61

§3. Le rôle des médias et réseaux sociaux dans l'intensification de la révolution 61

§4. Renversement du régime et fuite de Ben Ali 62

§5. La révolution tunisienne vue par l'étranger 63

§6. Les conséquences de la révolution tunisienne 64

Commentaire 65

Section II. La révolution Égyptienne 66

§1. Causes et origines de la révolution égyptienne 66

A. Les causes 66

1. Le blocage politique et institutionnel 66

2. Inégalités et pauvreté 66

3. Le succès de la révolution égyptienne 68

B. Le début ou origines de la révolution égyptienne 68

§2. La censure des médias, des réseaux sociaux et leur rôle dans l'intensification de

la protestation 68

§3. Le déroulement de la révolution et le renversement du régime de Moubarak 69

§4. Les réactions internationales face à la répression des manifestations 69

§5. Les conséquences de la révolution égyptienne 70

Commentaire 72

Section III. La révolution en Libye 72

§1. Les causes et contexte du départ de la révolution libyenne 74

A. Les causes lointaines 74

1.Le système politique « tribalisé » 75

2. La pauvreté, la corruption et le chômage 76

B. Le contexte de départ de la révolution 76

§2. Prévention et explosion de la révolution 77

§3. La résolution 1973 et l'intervention étrangère 77

A. Le vote de la résolution 1973 77

B. La réaction de Kadhafi face à la résolution 1973 78

C. L'intervention de la coalition internationale 79

§4. Conséquences suivies de la révolution en Libye 79

Chapitre quatrième. Démocratie et instauration du nouvel ordre politique au Maghre 85

Section I. Attitudes des armées 85

§1. Le rôle de l'armée tunisienne 85

§2. Le rôle de l'armée égyptienne 86

§3. Attitudes de l'armée libyenne 86

Section II. Attitudes des chefs d'États 87

§1. En Tunisie 87

§2. En Égypte 87

§3. En Libye 88

Section III. Organisation de la transition 88

§1. La transition en Tunisie 88

A. Le premier gouvernement de transition 89

B. Le deuxième gouvernement de transition 90

C. Le troisième gouvernement de transition 91

Idées politiques et révolutions au Maghreb arabe. 121

D. Actions judiciaires et ruptures 91

§2. La transition en Égypte 92

A. Le premier gouvernement de transition 92

B. Le deuxième gouvernement de transition 93

C. Vol des biens publics et poursuites judiciaires après la chute du régime 93

§3. La création du Conseil National de Transition (CNT) en Libye 94

A. Origines 94

B. La création du CNT 95

C. Objectif de la création du CNT 96

D. Les organes du CNT libyen 96

1. Le conseil 96

2. Le comité de crise 96

E. La reconnaissance internationale du CNT 97

Commentaire et critiques 97

Conclusion partielle 99

Conclusion générale 100

Indications bibliographiques 103

Table des matières 118

Annexes

Annexe I. Chronologie des explosions du printemps arabe

Annexe II. Les gouvernements de transition tunisiens issus de la révolution de 2011 Annexe III. Les membres connus du Conseil National de Transition (CNT) en Libye Annexe IV. Le texte intégral de la Résolution 1973 des Nations Unies sur la Libye Annexe V. La coalition internationale en Libye (Forces engagées).

Idées politiques et révolutions au Maghreb arabe. 122

ANNEXES

Idées politiques et révolutions au Maghreb arabe. 123

ANNEXE I. CHRONOLOGIE DES EXPLOSIONS DU PRINTEMPS ARABE

TUNISIE

> 17 décembre 2010 : Mohammed Bouazizi, un jeune vendeur ambulant, s'immole à Sidi Bouzid pour protester contre la saisie de sa marchandise par la police. Début d'une vague de contestation.

> 11 janvier 2011 : Les affrontements gagnent Tunis.

> 14 janvier : Fuite du président Ben Ali, au pouvoir depuis 1987, vers l'Arabie Saoudite. > 17 janvier : Nouveau gouvernement d'union nationale, dans lequel l'équipe sortante conserve des postes clés.

> 24 janvier: L'armée se porte « garante de la révolution ». Les manifestants exigent la démission du gouvernement.

> 26 janvier : Mandat d'arrêt international contre Ben Ali et son épouse.

> 7 mars : Nouveau gouvernement provisoire sans aucun ancien ministre de Ben Ali.

ÉGYPTE

> 25 janvier 2011 : Première manifestation sur la Place Tahrir au Caire. Début de plusieurs semaines de mobilisations des Égyptiens en vue de la chute du régime.

> 11 février : Le président Hosni Moubarak, au pouvoir depuis 1981, quitte le pouvoir. > 19 mars : Référendum sur la constitution égyptienne, avec 77% des voix en faveur des

amendements proposés (limitation du nombre et de la durée du mandat présidentiel,

assouplissement des conditions de candidatures électorales).

> 3 août : Ouverture du procès de Hosni Moubarak, rapidement ajourné et reporté au 15 août. L'ancien président égyptien est accusé du meurtre de plus de 800 manifestants et de détournement de fonds publics.

> 15 août : Nouvelle audience du procès Moubarak, ajourné puis reporté au 5 septembre prochain.

SYRIE

> 15 mars 2011 : Rassemblement à Damas après un appel lancé sur Facebook.

> 21 avril : Levée de l'état d'urgence. Plus de 80 manifestants tués le lendemain.

> 25 avril : L'armée entre à Deraa. Au moins 25 personnes sont tuées. > 13 juin : Alep, deuxième ville du pays, est gagnée par la contestation.

> 8 juillet : Les ambassadeurs français et américain se rendent à Hama pour manifester leur soutien aux manifestants.

> 31 juillet : L'armée syrienne entre dans Hama. En quelques jours, le bilan est d'au moins 90 morts, selon des organisations de défense des droits de l'homme.

> 3 août : Le Conseil de sécurité de l'ONU condamne « les violations généralisées des droits de l'homme ».

Idées politiques et révolutions au Maghreb arabe. 124

> 14 août : L'armée syrienne a lancé une opération navale sans précédent à Lattaquié, au nord-ouest du pays, faisant une trentaine de morts.

> 24 août : L'ONU vote une résolution demandant l'ouverture d'une commission d'enquête internationale sur la violation des droits de l'homme.

ALGÉRIE

> Début janvier 2011 : 5 jours d'émeutes contre la vie chère et le chômage font 5 morts et plus de 800 blessés.

> Du 14 au 30 janvier : 2 décès par immolation et 7 tentatives.

> 19 février : Marche organisée par la Coordination nationale pour le changement et la démocratie (CNCD) interdite. Elle se transforme en rassemblement.

> 24 février : Levée de l'état d'urgence en vigueur depuis 1993.

> 7 mars : Des gardes communaux, chargés de suppléer la gendarmerie, se rassemblent pour réclamer de meilleures conditions de travail.

> 15 avril : Le président Abdelaziz Bouteflika, au pouvoir depuis 1999, commande la tenue de consultations en vue de réformes politiques. Ces consultations débutent le 21 mai sans la participation de plusieurs partis d'opposition.

LIBYE

> 15 février : Des émeutes éclatent à Benghazi.

> 17 février : Manifestations de la « Journée de la colère » réclamant le départ du colonel Kadhafi, au pouvoir depuis 1969. Elles se heurtent à une violente répression policière.

> 26 février : Résolution de l'ONU imposant un embargo sur les armes, une interdiction de voyager et un gel des avoirs du clan Kadhafi, et demandant la saisine de la Cour pénale internationale pour « crimes contre l'humanité ».

> 27 février : Les opposants forment un Conseil national de la transition à Benghazi. > 2 mars : Début de la contre-offensive des forces de Kadhafi dans l'est du pays.

> 17 mars : Résolution 1973 de l'ONU qui autorise le recours à la force pour protéger les populations civiles et crée une zone d'exclusion aérienne.

> 19 mars : Début des frappes aériennes de la coalition contre les forces de Kadhafi.

> 27 mars : L'OTAN prend officiellement le commandement des opérations militaires menées dans le pays.

> 27 juin : La Cour pénale internationale délivre des mandats d'arrêt pour crimes contre l'humanité à l'encontre de Mouammar Kaddafi, de son fils Seif el-Islam Kaddafi et du chef des services de renseignements Abdullah al-Senoussi.

> 15 août : Les rebelles affirment être entrés dans une « phase décisive », et contrôler la « majeure partie » de Zaouiah, à une quarantaine de kilomètres à l'ouest de la capitale libyenne, ainsi que les villes de Gariane et Sourmane.

Idées politiques et révolutions au Maghreb arabe. 125

> 21 août : Les rebelles entrent dans la capitale, Tripoli. Lundi 22, ils encerclent la résidence de Kadhafi. Le Conseil national de transition a fait prisonnier le fils de Mouammar Kadhafi, Saïf Al-Islam.

> 23 août : Le quartier général de Kadhafi tombe aux mains des rebelles. Kadhafi affirme dans un message audio l'avoir quitté pour des « raisons tactiques ».

MAROC

> 20 février 2011 : Manifestations de milliers de Marocains dans plusieurs villes du pays, dont Rabat, Casablanca, Marrakech... Ils réclament un gouvernement aux pouvoirs élargis et des réformes politiques.

> 9 mars : Le roi Mohammed VI annonce une réforme constitutionnelle. Le « mouvement du 20 février » poursuit ses manifestations les semaines suivantes, réclamant plus d'égalité, de justice sociale et une lutte efficace contre la corruption.

> 17 juin : Le roi Mohammed VI présente le projet de réforme constitutionnelle. Les militants du « mouvement du 20 février » se disent insatisfaits de ce projet et demandent des réformes politiques plus profondes : recul plus net des prérogatives royales, séparation des pouvoirs plus marquée...

> 1er juillet : Référendum portant sur la nouvelle constitution marocaine, avec plus de 98% des voix en faveur de celle-ci.

> 3 juillet : Nouvelle vague de manifestations dans plusieurs villes du pays, à l'appel du Mouvement du 20 février, qui exige davantage de réformes politiques, à la suite du référendum constitutionnel.

> 16 août : Le ministre de l'Intérieur Taïeb Cherkaoui annonce la tenue d'élections législatives anticipées le 25 novembre prochain.

YÉMEN

> 27 janvier 2011 : Premières mobilisations dans la capitale yéménite, Sanaa. Les manifestants réclament le départ du président yéménite Ali Abdallah Saleh, au pouvoir depuis 1978.

> 5 mars : Le président Saleh refuse de quitter son poste d'ici la fin de l'année, comme le souhaite l'opposition. Il affirme qu'il restera au pouvoir jusqu'en 2013, terme de son mandat.

> 18 mars : Plusieurs dizaines de personnes sont tuées lors de mobilisations contre le pouvoir.

> 30 avril : Le président Saleh refuse de signer un plan de sortie proposé par les monarchies du Golfe prévoyant sa démission, alors qu'il avait donné son accord de principe quelques jours plus tôt.

> 3 juin : Le président Saleh est blessé dans un tir d'obus à Sanaa. Il est transporté en Arabie Saoudite pour y être soigné.

Idées politiques et révolutions au Maghreb arabe. 126

> 7 juillet : Première apparition télévisée du président Saleh depuis son hospitalisation

en Arabie Saoudite. Il n'évoque ni sa démission ni un éventuel retour au Yémen.

> 16 juillet : L'opposition annonce la création d'un conseil transitoire présidentiel. > 16 août : Le président Saleh annonce son retour prochain au Yémen.

BAHREÏN

> 14 février 2011 : Des milliers de manifestants se rassemblent sur la place de la Perle dans la capitale du Bahreïn, Manama, pour réclamer des changements politiques et sociaux. Les forces de sécurité répriment ces mobilisations.

> 14 mars : Des soldats saoudiens de la force commune du Conseil de Coopération du Golfe (CCG) entrent au Bahreïn. L'opposition bahreïnienne dénonce une « occupation étrangère ».

> 15 mars : Le roi du Bahreïn décrète l'état d'urgence pour trois mois dans un contexte de manifestations anti-gouvernementales.

> 8 mai : Ouverture d'un procès d'exception pour plusieurs militants d'opposition.

> 1er juin : Levée de l'état d'urgence. Annonce d'un « dialogue national » et instauration d'une commission indépendante pour enquêter sur les abus commis durant la répression du soulèvement.

> 2 juillet : Ouverture officielle du « dialogue national » au Bahreïn. Malgré ses réticences, le groupe d'opposition El Wefaq accepte de participer à ces discussions destinées à relancer le processus de réforme politique.

> 7 août : Libération de deux anciens députés chiites du parti d'opposition El Wefaq. Devant être initialement jugés par un tribunal d'exception, ils seront finalement jugés par une cour civile.

Idées politiques et révolutions au Maghreb arabe. 127

ANNEXE II. LES GOUVERNEMENTS DE TRANSITION TUNISIENS ISSUS DE LA REVOLUTION DE 2011

LISTE DES MEMBRES DU PREMIER GOUVERNEMENT TUNISIEN DE

TRANSITION

NOM ET POST-NOM

MINISTERE/PORTEFEUILLE

PARTI
POLITIQUE

01

Mohamed GHANNOUCHI

Premier Ministre

RCD

02

Kamel MORJANE

Ministre des Affaires étrangères

RCD

03

Ahmed FRIAA

Ministre de l'Intérieur

RCD

04

Mohamed RIDHA CHALGHOUM

Ministre des Finances

RCD

05

Ridha GRIRA

Ministre de la Défense nationale

RCD

06

Ahmed NEJIB CHEBBI

Ministre de Développement Régional et local

PDP

07

Mustapha BEN JAAFAR

Ministre de la Santé

FDTL

08

Ahmed BRAHIM

Ministre de l'Enseignement Supérieur et de la recherche scientifique

ETTAJDID

09

Taïeb BACCOUCHE

Ministre de l'Education

Société civile
(syndicaliste
indépendant)

10

Lazhar KAROUI CHEBBI

Ministre de la Justice

Société civile

11

Ahmed OUNAIES

Secrétariat d'Etat aux affaires étrangères

Société civile

12

Moufida TLATLI

Ministre de la Culture

Société civile

13

Mohamed ALOULOU

Ministre de la jeunesse et des sports

Indépendant

14

Slim AMAMOU

Secrétariat d'Etat à la jeunesse et aux sports

Société civile

15

Laroussi MIZOURI

Ministre des affaires religieuses

Indépendant

16

Mohamed NOURI JOUINI

Ministre de la planification et de la coopération internationale

RCD

17

Mohamed AFIF CHELBI

Ministre de l'Industrie et de la Technologie

RCD

18

Mme Lilia LAABIDI

Ministre des affaires de la femme

Société civile

LISTE DES MEMBRES DU DEUXIEME GOUVERNEMENT TUNISIEN DE TRANSITION APRÈS LE REMANIEMENT DU 27 JANVIER 2011

10 membres de l'ancienne équipe, dont le Premier ministre, sont reconduits. 10 autres, technocrates et personnalités indépendantes, font leur entrée au gouvernement.

NOM ET POST-NOM

PORTEFEUILLE/MINISTERE

PARTI
POLITIQUE

01

Mohamed GHANNOUCHI

Premier Ministre (reconduit)

RCD

02

Abdelkarim ZEBIDI

Ministre de la défense nationale

 

03

Ahmed OUNEIES

Ministre des affaires étrangères

 

04

Farhat RAJHI

Ministre de l'intérieur

 

05

Lazhar KAROUI CHEBBI

Ministre de la justice (reconduit)

Indépendant

Idées politiques et révolutions au Maghreb arabe. 128

06

Laroussi MIZOURI

Ministre des affaires religieuses (reconduit)

Indépendant

07

Ahmed NEJIB CHEBBI

Ministre de Développement régional et local (reconduit)

PDP

08

Taieb BACCOUCH

Ministre de l'Education (reconduit)

Syndicaliste
indépendant

09

Ahmed BRAHIM

Ministre de l'Enseignement Supérieur et de la recherche scientifique (reconduit)

ETTAJDID

10

Habiba ZEHI

Ministre de la santé

 

11

Mehdi HOUAS

Ministre du commerce et du tourisme

 

12

Mohamed NACEUR

Ministre des affaires sociales

 

13

Mokhtar JALLELI

Ministre de l'Agriculture et de

l'Environnement

 

14

Mohamed NOURI JOUINI

Ministre de la planification et de la

coopération internationale (reconduit)

 

15

Mohamed AFIF CHELBI

Ministre de l'Industrie et de la Technologie (reconduit)

 

16

Jelloul AYED

Ministre des Finances

 

17

Ezzedine BACH CHAOUECH

Ministre de la culture

 

18

Mme Lilia LAABIDI

Ministre des affaires de la femme

(reconduite)

Société civile
(Mouvement
associatif)

19

Yacine IBRAHIM

Ministre du Transport et de l'Equipement

 

20

Said AYDI

Ministre de la formation et de l'Emploi

 

21

Mohamed ALOULOU

Ministre de la jeunesse et des sports

(reconduit)

Indépendant

22

Elyes JOUINI

Ministre auprès du Premier Ministre, chargé des réformes économiques et sociales

 

Source : « Tunisie : détails du nouveau gouvernement », édicté sur le http://www.arte.tv/fr/tunisie-details-du-nouveau-gouvernement/3642718,CmC=3677048.html,

Et sur le lien Internet http://www.rtl.fr/actu/international/tunisie-un-nouveau-gouvernement-sans-les-ministres-de-ben-ali-7654747806, édité le 28/01/2011, consulté le 06/06/2011.

LISTE DES MEMBRES DU TROISIEME GOUVERNEMENT TUNISIEN DE

TRANSITION

COMPOSITION INITIALE

La composition initiale du gouvernement provisoire avait été annoncée le 7 mars 2011 par Béji Caïd ESSEBSI, Premier ministre, à Dar El Bey.

NOM ET POST-NOM

MINISTERE/PORTEFEUILLE

PARTI

 
 
 

POLITIQUE

01

Béji Caïd ESSEBSI

Premier Ministre

 

02

Lazhar KAROUI CHEBBI

Ministre de la justice

 

Idées politiques et révolutions au Maghreb arabe. 129

03

Abdelkrim ZBIDI

Ministre de la défense nationale

 

04

Farhat RAJHI

Ministre de l'Intérieur

 

05

Mouldi KEFI

Ministre des affaires étrangères

 

06

Mohamed ENNACEUR

Ministre des affaires sociales

 

07

Jalloul AYED

Ministre des Finances

 

08

Laroussi MIZOURI

Ministre des affaires religieuses

 

09

Taïeb BACCOUCHE

Ministre de l'Education et porte-parole du Gouvernement

 

10

Azedine BESCHAOUCH

Ministre de la culture

 

11

Refâat CHAABOUNI

Ministre de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche scientifique

 

12

HABIBA ZEHI BEN ROMDHANE

Ministre de la santé publique

 

13

MEHDI HOUAS

Ministre du commerce et du tourisme

 

14

MOKHTAR JALLALI

Ministre de l'Agriculture et de l'Environnement

 

15

LILIA LABIDI

Ministre des affaires de la femme

 

16

YASSINE BRAHIM

Ministre du Transport et de l'Equipement

 

17

SAÏD AÏDI

Ministre de la Formation Professionnelle et de l'Emploi

 

18

MOHAMED ALOULOU

Ministre de la Jeunesse et des Sports

 

19

ABDELHAMID TRIKI

Ministre de la Planification et de la Coopération Internationale

 

20

ABDELAZIZ RASSAA

Ministre de l'Industrie et de la Technologie

 

21

AHMED ADHOUM

Ministre des domaines d'Etat

 

22

ABDERRAZAK ZOUARI

Ministre du Développement Régional et local

 

23

Rafâa Ben ACHOUR

Ministre délégué auprès du Premier Ministre

 

Secrétaires d'Etat

Nom

Portefeuille

Ministère de
rattachement

Parti
politique

01

RADHOUANE NOUISSER

Secrétaire d'État

Ministère des Affaires étrangères

 

02

NEJIB KARAFI

Secrétaire d'État au
Développement régional
et local

Ministère du

Développement régional et local

 

03

SLIM CHAKER

Secrétaire d'État au
Tourisme

Ministère du Commerce et du Tourisme

 

04

SALEM HAMDI

Secrétaire d'État à
l'Environnement

Ministre de

l'Agriculture et de l'Environnement

 

05

RIDHA BELHAJ

Secrétaire général du
gouvernement

Premier ministère

 

Idées politiques et révolutions au Maghreb arabe. 130

Nom

Portefeuille

Ministère de
rattachement

Parti
politique

06

SLIM AMAMOU

Secrétaire d'État à la
Jeunesse et aux Sports

Ministère de la Jeunesse et des Sports

 

07

LAMINE MOULAHI

Secrétaire d'État à la
Santé publique

Ministère de la Santé publique

 

08

ADEL GAALOUL

Secrétaire d'État aux
Technologies de la
communication

Ministère de l'Industrie et de la Technologie

 

09

HASSEN ANNABI

Secrétaire d'État à
l'Éducation

Ministère de l'Éducation

 

COMPOSITION FINALE

Nom et Post-nom

Portefeuille

Parti
politique

01

BEJI CAÏD ESSEBSI

Premier ministre

-

02

LAZHAR KAROUI CHEBBI

Ministre de la Justice

-

03

ABDELKRIM ZBIDI

Ministre de la Défense nationale

-

04

HABIB ESSID

Ministre de l'Intérieur

-

05

MOULDI KEFI

Ministre des Affaires étrangères

-

06

MOHAMED ENNACEUR

Ministre des Affaires sociales

-

07

JALLOUL AYED

Ministre des Finances

-

08

LAROUSSI MIZOURI

Ministre des Affaires religieuses

-

09

TAÏEB BACCOUCHE

Ministre de l'Éducation et porte-parole du gouvernement

-

10

AZEDINE BESCHAOUCH

Ministre de la Culture

-

11

REFAAT CHAABOUNI

Ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique

-

12

SLAHEDDINE SELLAMI

Ministre de la Santé publique

-

13

MEHDI HOUAS

Ministre du Commerce et du Tourisme

-

14

MOKHTAR JALLALI

Ministre de l'Agriculture et de l'Environnement

-

15

LILIA LABIDI

Ministre des Affaires de la femme

-

16

SALEM MILADI

Ministre du Transport

-

17

MOHAMED RIDHA FARES

Ministère de l'Équipement

-

18

SAÏD AÏDI

Ministre de la Formation professionnelle et de l'Emploi

-

19

SLIM CHAKER

Ministre de la Jeunesse et des Sports

-

20

ABDELHAMID TRIKI

Ministre de la Planification et de la Coopération internationale

-

Idées politiques et révolutions au Maghreb arabe. 131

Nom et Post-nom

Portefeuille

Parti
politique

21

ABDELAZIZ RASSAA

Ministre de l'Industrie et de la Technologie

-

22

AHMED ADHOUM

Ministre des Domaines de l'État

-

23

ABDERRAZAK ZOUARI

Ministre du Développement régional et local

-

24

RIDHA BELHAJ

Ministre délégué auprès du Premier ministre

-

25

LAZHAR AKREMI

Ministre délégué auprès du ministre de l'Intérieur, chargé des Réformes

-

Secrétaires d'Etat

NOM

Portefeuille

Ministre de
rattachement

Parti
politique

01

MOHAMED SALAH BEN AÏSSA

Secrétaire général du gouvernement

Premier ministère

-

02

RADHOUANE NOUISSER

Secrétaire d'État

Ministère des Affaires étrangères

-

03

KHEMAIES JHINAOUI

Secrétaire d'État

Ministère des Affaires étrangères

-

04

NEJIB KARAFI

Secrétaire d'État

Ministère du Développement régional et local

-

05

SALEM HAMDI

Secrétaire d'État à l'Environnement

Ministre de

l'Agriculture et de l'Environnement

-

06

ADEL GAALOUL

Secrétaire d'État à la Technologie

Ministère de l'Industrie et de la Technologie

-

07

HASSEN ANNABI

Secrétaire d'État à l'Éducation

Ministère de l'Éducation

-

08

MYRIAM MIZOUNI

Secrétaire d'État aux Sports

Ministère de la Jeunesse et des Sports

-

Source : « Nouveau gouvernement de transition en Tunisie », édicté sur le lien Internet http://www.lemonde.fr/international/article/2011/03/07/nouveau-gouvernement-de-transition-en-tunisie 1489721 3210.html#, publié dans Le Monde.fr avec AFP le 07.03.2011 à 17h31, consulté le 06/06/2011.

Pour en savoir plus, édicté aussi sur le lien Internet ci-après : http://www.lemonde.fr/international/article/2011/03/07/nouveau-gouvernement-de-transition-en-tunisie 1489721 3210.html#VZwlbFJkGTlWdGlr.99

Idées politiques et révolutions au Maghreb arabe. 132

ANNEXE III. LES MEMBRES CONNUS DU CONSEIL NATIONAL DE TRANSITION (CNT) EN LIBYE

Le Conseil National de Transition avait 45 membres dont 40 noms ont été donnés et les identités de plusieurs sont gardés secrètes pour des raisons de sécurité.

Membres connus du Conseil National de Transition (CNT)

Nom

Fonction(s)
principale(s)

Ville représentée

Notes

MOUSTAFA ABDEL JALIL

Président du Conseil Porte-parole

Représentant de la ville d'El Beïda.

Il a été secrétaire du Comité général du peuple de 2007 à 2011.

ABDEL-HAFIZ GHOGA

Vice-président du Conseil

Porte-parole18

Représentant de la ville

Ancien président du syndicat des avocats de Benghazi.

FATHI BAJA

Ministre des Affaires politiques

de Benghazi.

 

FATHI TERBIL

Responsable de la jeunesse

 

Militant des droits de l'homme.

OMAR EL-HARIRI

Responsable des Affaires militaires

 

Officier qui a participé au coup d'État de Mouammar Kadhafi en 1969avant d'être emprisonné puis condamné à mort et enfin libéré.

ZUBIAR AHMED EL-SHARIF

Représentant des prisonniers politiques

 
 

DR. SALWA FAWZI EL-DEGHALI

Représentantes des

 
 

DR. ABDULLAH AL- MAYHOUB

femmes et Affaires légales

Région de Al Qubah

 

AHMED AL-ABBAR

Responsable de l'Économie

 
 

ASHOUR BOURASHED

 

Représentant de
la ville de Derna

 

Représentant de la région

de Boutnan

Représentants de la ville de Misrata

Ville de Sebha

UTHMAN MEGRAHI

SULEIMAN FORTIA

MOHAMED AL-MUNTASIR

FAWZY ABDEL ALI

IBRAHIM BIN GHASHIR

ABDEL MEGID SEIF EL-NASR

Ville de Syrte

HASSAN ALI AL-DIRWAI

Ville d'Al-Shati

HASSAN MOHAMMED AL-SAGHIR

Ville de Zaouïa

KHALED MOHAMED NASRAT

EMAD NOUR EL-DIN NASEER

Ville de Sorman

FARHAT EL-SHARSHARE

Ville

de Mourzouq

ALI QLMA MOHAMED ALI

Ville

de Tarhounah

ABDEL NASET ABU BAKR NAAMA

MUSTAPHA EL-SALHEEN EL-HUNI

MOHAMED EL-SA'EH

District d'Al Djoufrah

ABDEL RAZEQ MUKHTAR

ABDEL RAZAQ ABDEL SALAM AL ARADI

EL-SADEEQ AMR AL-KABEER

ALAMIN BELHAJ

MOHAMED NASR EL-HAREEZI

Ville de Tripoli

Idées politiques et révolutions au Maghreb arabe. 133

Idées politiques et révolutions au Maghreb arabe. 134

SALEM QNAN

 

Ville de Nalout

 

KHALED ALI ZAKRI

 

Ville de Giado

 

ABDULLAH EL-TURKI

 

Ville de Zintan

 

AHMED MIFTAH HASSAN EL-ZOUWI

 

Ville de Koufra

 

OTHMAN BIN SASI

 

Ville de Zouara

 

MOUSSA EL-KOUNA

 

Ville de Ubari

 

TAHER SALEM THEYAB

 

Ville de Al Marj

 

MOHAMED ZEIN EL- ABDEEN

 

Ville de Baten El Jabl

 

ALI AL-MANEA

 

Ville

de Ghadamès

 

IDRIS ABU FAYED

 

Ville de Gharyan

 

MUBARAK EL-FATMANI

 

Ville de Bani Walid

 

Source : Bérénice DUBUC, « Libye: Le Conseil National de Transition, «le visage politique de la révolution», édicté sur le http://www.20minutes.fr/monde/684688-20110310-monde-libye-conseil-national-transition-le-visage-politique-revolution, publié le 10/03/2011 à 13:14, consulté le 14/07/2011.

Idées politiques et révolutions au Maghreb arabe. 135

La résolution, qui était présentée par la France et le Royaume-Uni, autorise en outre les États Membres à prendre au besoin toutes mesures nécessaires pour faire respecter l'interdiction de

ANNEXE IV. TEXTE INTEGRAL DE LA RESOLUTION 1973 DU CONSEIL DE SECURITE SUR L'INTERVENTION DE LA COALITION INTERNATIONALE EN LIBYE

Source : http://www.un.org/press/fr, publié le 17 mars 2011 et consulté le 14/07/2011.

17 MARS 2011, CS/10200

Libye: le Conseil de sécurité décide d'instaurer un régime d'exclusion aérienne afin de protéger les civils contre des attaques systématiques et généralisées

? CONSEIL DE SÉCURITÉ

COUVERTURE DES RÉUNIONS

Conseil de sécurité

6498e séance - soir

LIBYE: LE CONSEIL DE SÉCURITÉ DÉCIDE D'INSTAURER UN RÉGIME

D'EXCLUSION AÉRIENNE

AFIN DE PROTÉGER LES CIVILS CONTRE DES ATTAQUES SYSTÉMATIQUES
ET GÉNÉRALISÉES

Il renforce également l'embargo sur les armes imposé le 26 février et demande au
Secrétaire général de créer un groupe d'experts chargé de superviser l'application des

sanctions

Le Conseil de sécurité a décidé, ce soir, d'interdire tous vols dans l'espace aérien de la
Jamahiriya arabe libyenne pour protéger la population civile et pour faire cesser les hostilités.

Aux termes de la résolution 1973, adoptée par 10 voix pour et 5 abstentions (Allemagne, Brésil, Chine, Fédération de Russie et Inde), le Conseil a décidé également que cette interdiction ne s'appliquera pas aux vols dont le seul objectif est d'ordre humanitaire ou encore l'évacuation d'étrangers.

Idées politiques et révolutions au Maghreb arabe. 136

La représentante des États-Unis, Mme Susan Rice, a insisté de son côté sur le fait que la résolution que le Conseil de sécurité venait d'adopter avait « pour unique objectif » de répondre

vol et de faire en sorte que des aéronefs ne puissent être utilisés pour des attaques aériennes contre la population civile.

Par ce texte, le Conseil décide aussi que les États Membres concernés devront informer immédiatement le Secrétaire général de l'ONU et le Secrétaire général de la Ligue des États arabes -l'organisation régionale qui avait demandé au Conseil l'interdiction de vol- sur les mesures prises à cet effet.

La résolution renforce de plus l'embargo sur les armes imposé par la résolution 1970 (2011) - qui estimait que « les attaques systématiques et généralisées commises contre la population civile pourraient constituer des crimes contre l'humanité »-, en demandant aux États de la région de faire inspecter, dans leurs ports et aéroports, les navires et aéronefs en provenance ou à destination de la Jamahiriya arabe libyenne.

En outre, le Conseil de sécurité prie le Secrétaire général de créer, pour une période initiale d'un an, un groupe d'experts chargé de réunir, examiner et analyser des informations provenant des États, d'organismes des Nations Unies compétents, d'organisations régionales et d'autres parties intéressées concernant l'application des mesures édictées dans la résolution 1970 et dans la présente résolution, en particulier les violations de leurs dispositions.

Avant le vote, le Ministre des affaires étrangères de la France, M. Alain Juppé, qui est arrivé aujourd'hui à New York pour défendre le texte de la résolution, a constaté l'insuffisance des mesures prises récemment par la communauté internationale pour ramener à la raison le régime du colonel Qadhafi. « La situation sur place est plus alarmante que jamais, marquée par la reconquête violente des villes qui avaient été libérées », a-t-il souligné, jugeant que le Conseil de sécurité ne peut pas laisser faire « les fauteurs de guerre et laisser bafouer la morale et la légalité internationale ».

Commentant la résolution présentée par son pays et le Royaume-Uni, il a affirmé qu'outre l'instauration de la zone d'exclusion aérienne, cette résolution appelle tous les États à protéger les civils et renforce les sanctions déjà adoptées, notamment l'embargo sur les armes et le gel des avoirs du clan Qadhafi et de ses affidés.

« Chaque jour, chaque heure qui passe alourdit le poids de la responsabilité qui pèse sur nos épaules, a prévenu M. Juppé. « Prenons garde d'arriver trop tard », a-t-il dit, en soulignant que « ce sera l'honneur du Conseil de sécurité d'avoir fait prévaloir en Libye la loi sur la force ».

Idées politiques et révolutions au Maghreb arabe. 137

à l'appel à l'aide lancé par le peuple libyen « ainsi qu'à la demande de la Ligue des États arabes d'établir une zone d'exclusion aérienne ».

Pour leur part, les délégations qui se sont abstenues sur ce texte, dont deux membres permanents du Conseil de sécurité -la Fédération de Russie et la Chine-, ont expliqué leur décision par le fait, qu'au cours des délibérations, elles n'avaient pas pu obtenir des réponses à leurs questions.

L'Ambassadeur Vitaly Churkin, de la Fédération de Russie, a ainsi fait observer que son pays n'avait pas reçu d'indications sur les moyens permettant de mettre en place le régime d'exclusion aérienne. « Non seulement nos questions n'ont reçu aucune réponse pendant les délibérations, mais nous avons aussi vu passer sous nos yeux un texte dont le libellé n'a cessé de changer, suggérant même par endroit la possibilité d'une intervention militaire d'envergure », a-t-il expliqué. M. Churkin a estimé que le moyen le plus rapide pour assurer la sécurité du peuple libyen restait l'instauration d'un cessez-le-feu immédiat, « ce que, précisément, la Fédération de Russie souhaitait obtenir par le biais d'un projet de résolution présenté hier ».

Tout en s'abstenant lors de l'adoption du projet de résolution, la Chine, a déclaré l'Ambassadeur Li Baodong, dont le pays assure la présidence du Conseil de sécurité pour le mois de mars, appuie le mandat de l'Envoyé spécial du Secrétaire général pour la Libye. Le représentant de la Chine a dit attendre « avec impatience que M. Abdul Ilah Khatib fasse le point aux membres du Conseil sur la situation sur le terrain ».

LA SITUATION EN LIBYE

Texte du projet de résolution S/2011/142

Le Conseil de sécurité,

Rappelant sa résolution 1970 (2011) du 26 février 2011,

Déplorant que les autorités libyennes ne respectent pas la résolution 1970 (2011),

Se déclarant vivement préoccupé par la détérioration de la situation, l'escalade de la violence et les lourdes pertes civiles,

Rappelant la responsabilité qui incombe aux autorités libyennes de protéger la population libyenne etréaffirmant qu'il incombe au premier chef aux parties à tout conflit armé de prendre toutes les mesures voulues pour assurer la protection des civils,

Idées politiques et révolutions au Maghreb arabe. 138

Rappelant sa décision de saisir le Procureur de la Cour pénale international de la situation en Jamahiriya arabe libyenne depuis le 15 février 2011 et soulignant que les auteurs d'attaques, y

Condamnant la violation flagrante et systématique des droits de l'homme, y compris les détentions arbitraires, disparitions forcées, tortures et exécutions sommaires,

Condamnant également les actes de violence et d'intimidation que les autorités libyennes commettent contre les journalistes, les professionnels des médias et le personnel associé et engageant vivement celles-ci à respecter les obligations mises à leur charge par le droit international humanitaire, comme indiqué dans la résolution 1738 (2006),

Considérant que les attaques généralisées et systématiques actuellement commises en Jamahiriya arabe libyenne contre la population civile peuvent constituer des crimes contre l'humanité,

Rappelant le paragraphe 26 de la résolution 1970 (2011) dans lequel il s'est déclaré prêt à envisager de prendre d'autres mesures pertinentes, si nécessaire, pour faciliter et appuyer le retour des organismes d'aide humanitaire et rendre accessible en Jamahiriya arabe libyenne une aide humanitaire et une aide connexe,

Se déclarant résolu à assurer la protection des civils et des secteurs où vivent des civils, et à assurer l'acheminement sans obstacle ni contretemps de l'aide humanitaire et la sécurité du personnel humanitaire,

Rappelant que la Ligue des États arabes, l'Union africaine et le Secrétaire général de l'Organisation de la Conférence islamique ont condamné les violations graves des droits de l'homme et du droit international humanitaire qui ont été et continuent d'être commises en Jamahiriya arabe libyenne,

Prenant note du communiqué final de l'Organisation de la Conférence islamique en date du 8 mars 2011 et du communiqué du Conseil de paix et de sécurité de l'Union africaine en date du 10 mars 2011 portant création d'un comité ad hoc de haut niveau sur la Libye,

Prenant note également de la décision du Conseil de la Ligue des États arabes, en date du 12 mars 2011, de demander l'imposition d'une zone d'exclusion aérienne contre l'armée de l'air libyenne et de créer des zones protégées dans les secteurs exposés aux bombardements à titre de précaution pour assurer la protection du peuple libyen et des étrangers résidant en Jamahiriya arabe libyenne,

Prenant note en outre de l'appel à un cessez-le-feu immédiat lancé par le Secrétaire général le 16 mars 2011,

Idées politiques et révolutions au Maghreb arabe. 139

Idées politiques et révolutions au Maghreb arabe. 140

compris aériennes et navales, dirigées contre la population civile, ou leurs complices doivent répondre de leurs actes,

Se déclarant à nouveau préoccupé par le sort tragique des réfugiés et des travailleurs étrangers forcés de fuir la violence en Jamahiriya arabe libyenne, se félicitant que les États voisins, en particulier la Tunisie et l'Égypte, aient répondu aux besoins de ces réfugiés et travailleurs étrangers, et demandant à la communauté internationale d'appuyer ces efforts,

Déplorant que les autorités libyennes continuent d'employer des mercenaires,

Considérant que l'interdiction de tous vols dans l'espace aérien de la Jamahiriya arabe libyenne est importante pour assurer la protection des civils et la sécurité des opérations d'assistance humanitaire et décisive pour faire cesser les hostilités en Jamahiriya arabe libyenne,

Inquiet également pour la sécurité des étrangers en Jamahiriya arabe libyenne et pour leurs droits,

Se félicitant que le Secrétaire général ait nommé M. Abdel-Elah Mohamed Al-Khatib Envoyé spécial en Libye et soutenant ses efforts pour apporter une solution durable et pacifique à la crise en Jamahiriya arabe libyenne,

Réaffirmant son ferme attachement à la souveraineté, à l'indépendance, à l'intégrité territoriale et à l'unité nationale de la Jamahiriya arabe libyenne,

Constatant que la situation en Jamahiriya arabe libyenne reste une menace pour la paix et la sécurité internationales,

Agissant en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies,

1. Exige un cessez-le-feu immédiat et la cessation totale des violences et de toutes les attaques et exactions contre la population civile;

2. Souligne qu'il faut redoubler d'efforts pour apporter une solution à la crise, qui satisfasse les revendications légitimes du peuple libyen, et note que le Secrétaire général a demandé à son Envoyé spécial de se rendre en Jamahiriya arabe libyenne et que le Conseil de paix et de sécurité de l'Union africaine a décidé d'envoyer son Comité ad hoc de haut niveau sur la Libye sur place pour faciliter un dialogue qui débouche sur les réformes politiques nécessaires à un règlement pacifique et durable;

3. Exige des autorités libyennes qu'elles respectent les obligations qui leur incombent en vertu du droit international, y compris le droit international humanitaire, du droit des droits de

l'homme et du droit des réfugiés, et prenne toutes les mesures pour protéger les civils et satisfaire leurs besoins élémentaires, et pour garantir l'acheminement sans obstacle ni contretemps de l'aide humanitaire;

Protection civile

4. Autorise les États Membres qui ont adressé au Secrétaire général une notification à cet effet et agissent à titre national ou dans le cadre d'organismes ou d'arrangements régionaux et en coopération avec le Secrétaire général, à prendre toutes mesures nécessaires, nonobstant le paragraphe 9 de la résolution 1970 (2011), pour protéger les populations et les zones civiles menacées d'attaque en Jamahiriya arabe libyenne, y compris Benghazi, tout en excluant le déploiement d'une force d'occupation étrangère sous quelque forme que ce soit et sur n'importe quelle partie du territoire libyen, et prie les États Membres concernés d'informer immédiatement le Secrétaire général des mesures qu'ils auront prises en vertu des pouvoirs qu'ils tirent du présent paragraphe et qui seront immédiatement portées à l'attention du Conseil de sécurité;

5. Mesure l'importance du rôle que joue la Ligue des États arabes dans le maintien de la paix et de la sécurité régionales et, gardant à l'esprit le Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies, prie les États Membres qui appartiennent à la Ligue de coopérer avec les autres États Membres à l'application du paragraphe 4;

Zone d'exclusion aérienne

6. Décide d'interdire tous vols dans l'espace aérien de la Jamahiriya arabe libyenne afin d'aider à protéger les civils;

7. Décide également que l'interdiction imposée au paragraphe 6 ne s'appliquera pas aux vols dont le seul objectif est d'ordre humanitaire, comme l'acheminement d'une assistance, notamment de fournitures médicales, de denrées alimentaires, de travailleurs humanitaires et d'aide connexe, ou la facilitation de cet acheminement, ou encore l'évacuation d'étrangers de la Jamahiriya arabe libyenne, qu'elle ne s'appliquera pas non plus aux vols autorisés par les paragraphes 4 ci-dessus ou 8 ci-dessous ni à d'autres vols assurés par des États agissant en vertu de l'autorisation accordée au paragraphe 8 dont on estime qu'ils sont dans l'intérêt du peuple libyen et que ces vols seront assurés en coordination avec tout mécanisme établi en application du paragraphe 8;

8. Autorise les États Membres qui ont adressé aux Secrétaires généraux de l'Organisation des Nations Unies et de la Ligue des États arabes une notification à cet effet, agissant à titre national ou dans le cadre d'organismes ou d'arrangements régionaux, à prendre au besoin toutes

Idées politiques et révolutions au Maghreb arabe. 141

mesures nécessaires pour faire respecter l'interdiction de vol imposée au paragraphe 6 ci-dessus et faire en sorte que des aéronefs ne puissent être utilisés pour des attaques aériennes contre la population civile et demande aux États concernés, en coopération avec la Ligue des États arabes, de procéder en étroite coordination avec le Secrétaire général s'agissant des mesures qu'ils prennent pour appliquer cette interdiction, notamment en créant un mécanisme approprié de mise en oeuvre des dispositions des paragraphes 6 et 7 ci-dessus;

9. Appelle tous les États Membres agissant à titre national ou dans le cadre d'organismes ou d'arrangements régionaux à fournir une assistance, notamment pour toute autorisation de survol nécessaire, en vue de l'application des paragraphes 4, 6, 7 et 8 ci-dessus;

10. Prie les États Membres concernés de coordonner étroitement leur action entre eux et avec le Secrétaire général s'agissant des mesures qu'ils prennent pour mettre en oeuvre les paragraphes 4, 6, 7 et 8 ci-dessus, notamment les mesures pratiques de suivi et d'approbation de vols humanitaires ou d'évacuation autorisés;

11. Décide que les États Membres concernés devront informer immédiatement le Secrétaire général et le Secrétaire général de la Ligue des États arabes des mesures prises en vertu des pouvoirs qu'ils tirent du paragraphe 8 ci-dessus et notamment soumettre un concept d'opérations;

12. Prie le Secrétaire général de l'informer immédiatement de toute mesure prise par les États Membres concernés en vertu des pouvoirs qu'ils tirent du paragraphe 8 ci-dessus et de lui faire rapport dans les sept jours et puis tous les mois sur la mise en oeuvre de la présente résolution, notamment pour ce qui est de toute violation de l'interdiction de vol imposée au paragraphe 6 ci-dessus;

Application de l'embargo sur les armes

13. Décide que le paragraphe 11 de la résolution 1970 (2011) sera remplacé par le paragraphe suivant :

« Demande à tous les États Membres, en particulier aux États de la région, agissant à titre national ou dans le cadre d'organismes ou d'arrangements régionaux, afin de garantir la stricte application de l'embargo sur les armes établi par les paragraphes 9 et 10 de la résolution 1970 (2011), de faire inspecter sur leur territoire, y compris dans leurs ports maritimes et aéroports et en haute mer, les navires et aéronefs en provenance ou à destination de la Jamahiriya arabe libyenne, si l'État concerné dispose d'informations autorisant raisonnablement à penser que tel chargement contient des articles dont la fourniture, la vente, le transfert et l'exportation sont interdits par les paragraphes 9 ou 10 de la résolution 1970 (2011), telle que modifiée par la présente résolution; s'agissant notamment de

Idées politiques et révolutions au Maghreb arabe. 142

mercenaires armés, prie tous les États de pavillon ou d'immatriculation de ces navires et aéronefs de coopérer à toutes inspections et autorise les États Membres à prendre toutes mesures dictées par la situation existante pour procéder à ces inspections »;

14. Prie les États Membres qui prennent des mesures en haute mer par application du paragraphe 13 ci-dessus de coordonner étroitement leur action entre eux et avec le Secrétaire général et prie également l'État concerné d'informer immédiatement le Secrétaire général et le Comité créé conformément au paragraphe 24 de la résolution 1970 (2011) (« le Comité ») des mesures prises en vertu des pouvoirs conférés par le paragraphe 13 ci-dessus;

15. Demande à tout État Membre qui procède à titre national ou dans le cadre d'un organisme ou d'un arrangement régional à une inspection, en application du paragraphe 13 ci-dessus, de présenter au Comité par écrit et sans délai un rapport initial exposant en particulier les motifs de l'inspection et les résultats de celle-ci et indiquant s'il y a eu coopération ou non et, si des articles dont le transfert est interdit ont été découverts, demande également audit État Membre de présenter par écrit au Comité, à une étape ultérieure, un rapport écrit donnant des précisions sur l'inspection, la saisie et la neutralisation, ainsi que des précisions sur le transfert, notamment une description des articles en question, leur origine et leur destination prévue, si ces informations ne figurent pas dans le rapport initial;

16. Déplore les flux continus de mercenaires qui arrivent en Jamahiriya arabe libyenne et appelle tous les États Membres à respecter strictement les obligations mises à leur charge par le paragraphe 9 de la résolution 1970 (2011) afin d'empêcher la fourniture de mercenaires armés à la Jamahiriya arabe libyenne;

Interdiction des vols

17. Décide que tous les États interdiront à tout aéronef enregistré en Jamahiriya arabe libyenne, appartenant à toute personne ou compagnie libyenne ou exploité par elle, de décoller de leur territoire, de le survoler ou d'y atterrir, à moins que le vol ait été approuvé par avance par le Comité ou en cas d'atterrissage d'urgence;

18. Décide que tous les États interdiront à tout aéronef de décoller de leur territoire, d'y atterrir ou de le survoler s'ils disposent d'informations autorisant raisonnablement à penser que l'aéronef en question contient des articles dont la fourniture, la vente, le transfert ou l'exportation sont interdits par les paragraphes 9 et 10 de la résolution 1970 (2011), telle que modifiée par la présente résolution, notamment des mercenaires armés, sauf en cas d'atterrissage d'urgence;

Idées politiques et révolutions au Maghreb arabe. 143

Gel des avoirs

19. Décide que le gel des avoirs imposé aux paragraphes 17, 19, 20 et 21 de la résolution 1970 (2011) s'appliquera aux fonds, autres avoirs financiers ou ressources économiques se trouvant sur le territoire des États Membres qui sont détenus ou contrôlés, directement ou indirectement, par les autorités libyennes, désignées comme telles par le Comité, ou par des personnes ou entités agissant pour son compte ou sous ses ordres, ou par des entités détenues ou contrôlées par eux et désignées comme telles par le Comité, et décide également que tous les États devront veiller à empêcher leurs nationaux ou toute personne ou entité se trouvant sur leur territoire de mettre des fonds, autres avoirs financiers ou ressources économiques à la disposition des autorités libyennes, désignées comme telles par le Comité, des personnes ou entités agissant pour son compte ou sous ses ordres, ou des entités détenues ou contrôlées par eux et désignées comme telles par le Comité, ou d'en permettre l'utilisation à leur profit et demande au Comité de désigner ces autorités, personnes et entités dans un délai de 30 jours à dater de l'adoption de la présente résolution et ensuite selon qu'il y aura lieu;

20. Se déclare résolu à veiller à ce que les avoirs gelés en application du paragraphe 17 de la résolution 1970 (2011) soient à une étape ultérieure, dès que possible, mis à la disposition du peuple de la Jamahiriya arabe libyenne et utilisés à son profit;

21. Décide que tous les États exigeront de leurs nationaux et ressortissants et des sociétés sises sur leur territoire ou relevant de leur juridiction de faire preuve de vigilance dans leurs échanges avec des entités enregistrées en Jamahiriya arabe libyenne ou relevant de la juridiction de ce pays, ou toute personne ou entité agissant pour leur compte ou sous leurs ordres, et avec des entités détenues ou contrôlées par elles si ces États ont des raisons de penser que de tels échanges peuvent contribuer à la violence ou à l'emploi de la force contre les civils;

Désignation

22. Décide que les personnes désignées à l'annexe I tombent sous le coup de l'interdiction de voyager imposée aux paragraphes 15 et 16 de la résolution 1970 (2011) et décide également que les personnes et entités désignées à l'annexe II sont visées par le gel des avoirs imposé aux paragraphes 17, 19, 20 et 21 de la résolution 1970 (2011);

23. Décide que les mesures prévues aux paragraphes 15, 16, 17, 19, 20 et 21 de la résolution 1970 (2011) s'appliqueront aussi à toutes personnes et entités dont le Conseil ou le Comité ont établi qu'elles ont violé les dispositions de la résolution 1970 (2011), en particulier ses paragraphes 9 et 10, ou qu'elles ont aidé d'autres à les violer;

Idées politiques et révolutions au Maghreb arabe. 144

Groupe d'experts

24. Prie le Secrétaire général de créer, pour une période initiale d'un an, en consultation avec le Comité créé par la résolution 1970 (2011) (le « Comité »), un groupe de huit experts au maximum (le « Groupe d'experts ») qui sera placé sous la direction du Comité et s'acquittera des tâches suivantes :

a) Aider le Comité à s'acquitter de son mandat, tel que défini au paragraphe 24 de la résolution 1970 (2011) et de la présente résolution;

b) Réunir, examiner et analyser des informations provenant des États, d'organismes des Nations Unies compétents, d'organisations régionales et d'autres parties intéressées concernant l'application des mesures édictées dans la résolution 1970 (2011) et dans la présente résolution, en particulier les violations de leurs dispositions;

c) Faire des recommandations sur les décisions que le Conseil, le Comité ou les États
pourraient envisager de prendre pour améliorer l'application des mesures pertinentes;

d) Remettre au Conseil un rapport d'activité au plus tard 90 jours après sa création, et lui remettre un rapport final comportant ses conclusions et recommandations au plus tard 30 jours avant la fin de son mandat;

25. Engage instamment tous les États, les organismes compétents des Nations Unies et les autres parties intéressées à coopérer pleinement avec le Comité et avec le Groupe d'experts, notamment en leur communiquant toutes informations à leur disposition sur l'application des mesures édictées par la résolution 1970 (2011) et par la présente résolution, en particulier les violations de leurs dispositions;

26. Décide que le mandat du Comité, tel que défini au paragraphe 24 de la résolution 1970 (2011), s'étendra aux mesures prévues par la présente résolution;

27. Décide que tous les États, y compris la Jamahiriya arabe libyenne, prendront les mesures nécessaires pour s'assurer qu'aucune réclamation ne soit instruite à l'initiative des autorités libyennes ou de toute personne ou entité de la Jamahiriya arabe libyenne ou par toute personne déclarant agir par leur intermédiaire ou pour leur compte en liaison avec tout contrat ou autre transaction dont la réalisation aura été affectée en raison des mesures imposées par sa résolution 1970 (2011), par la présente résolution ou par d'autres résolutions connexes;

28. Réaffirme qu'il entend continuer de suivre les agissements des autorités libyennes et souligne qu'il est disposé à revoir à tout moment les mesures imposées par la présente

Idées politiques et révolutions au Maghreb arabe. 145

résolution et par la résolution 1970 (2011), y compris à les renforcer, les suspendre ou les lever, selon que les autorités libyennes respectent les dispositions de la présente résolution et de la résolution 1970 (2011);

29. Décide de rester activement saisi de la question.

Jamahiriya arabe libyenne : désignations proposées par le Conseil de sécurité de l'ONU

 

Nom

Motifs

Éléments d'identification

 
 
 
 

Annexe I : interdiction de voyager

 
 

1

Quren Salih Quren Al Qadhafi

Ambassadeur libyen au Tchad. A quitté le Tchad pour Sabha. Participe directement au recrutement et à la coordination des mercenaires pour le régime.

 

2

Colonel Amid Husain Al Kuni

Gouverneur de Ghat (sud de la

Libye). Participe directement au
recrutement des mercenaires.

 

Annexe II : gel des avoirs

 
 

1

Dorda, Abu Zayd Umar

Poste : Directeur de l'Organisation

de la sécurité extérieure

 

2

Jabir, général de division Abu Bakr Yunis

Poste : Ministre de la défense

Titre : Général de division Date de naissance : --/-/1952

Lieu de naissance : Jalo (Libye)

3

Matuq, Matuq Mohammed

Poste : Secrétaire chargé des services publics

Date de naissance : --/-/1956

Idées politiques et révolutions au Maghreb arabe. 146

 

Nom

Motifs

Éléments d'identification

 
 
 

Lieu de naissance :

Khoms (Libye)

4

Qadhafi, Mohammed Muammar

Fils de Mouammar Kadhafi.

Association étroite avec le régime

Date de naissance : --/-/1970

Lieu de naissance : Tripoli (Libye)

5

Qadhafi, Saadi

Commandant des Forces spéciales.

Fils de Mouammar Kadhafi.
Association étroite avec le régime. Commandement d'unités militaires impliquées dans la répression des manifestations

Date de

naissance : 25/05/1973
Lieu de naissance : Tripoli (Libye)

6

Qadhafi, Saif al-Arab

Fils de Mouammar Kadhafi.

Association étroite avec le régime

Date de naissance : --/-/1982

Lieu de naissance : Tripoli (Libye)

7

Al-Senussi, colonel Abdullah

Poste : Directeur du renseignement militaire

Titre : Colonel

Date de naissance : --/-/1949

Lieu de naissance :
Soudan

Entités

1

Banque centrale de Libye

Sous le contrôle de Mouammar Kadhafi et de sa famille, et source potentielle de financement de son régime

 

2

Libyan Investment Authority

(Autorité libyenne
d'investissement)

Sous le contrôle de Mouammar Kadhafi et de sa famille, et source potentielle de financement de son régime

Autre

appellation : Libyan Arab

Foreign Investment

Company (LAFICO)

Adresse : Tour Fateh, Tour

Idées politiques et révolutions au Maghreb arabe. 147

 

Nom

Motifs

Éléments d'identification

 
 
 

1, 22e étage bureau 99,

rue Borgaida, Tripoli,
1103, Libye

3

Libyan Foreign Bank

Sous le contrôle de Mouammar Kadhafi et de sa famille, et source potentielle de financement de son régime

 

4

Libyan African Investment

Portfolio

Sous le contrôle de Mouammar Kadhafi et de sa famille, et source potentielle de financement de son régime

Adresse : Rue Jamahiriya,

Bâtiment du LAP,
B.P. 91330, Tripoli, Libye

5

Libyan National Oil Company (Compagnie pétrolière nationale libyenne)

Sous le contrôle de Mouammar Kadhafi et de sa famille, et source potentielle de financement de son régime

Adresse : Rue Bashir

Saadwi, Tripoli,
Tarabulus, Libye

Déclaration avant le vote

M. ALAIN JUPPÉ, Ministre des affaires étrangères de la France, a déclaré avant le vote que « le monde était en train de vivre une de ces révolutions qui changent le cours de l'histoire ». Estimant que les peuples arabes clament leur désir de démocratie, les transitions en Tunisie et en Égypte étant menées dans un esprit de maturité, il a estimé que « ce nouveau printemps arabe était pour nous tous une bonne nouvelle ». Le Ministre français des affaires étrangères a ensuite invité le Conseil à accompagner cette évolution avec confiance pour aider chaque peuple à construire son avenir. Poursuivant, il a déploré que pendant ce temps, en Libye, « hélas, la volonté populaire est foulée au pied par le régime de Qadhafi ». Après avoir rappelé les mesures prises par la communauté internationale pour ramener à la raison ce régime, il a constaté qu'elles n'avaient pas été suffisantes, les violences n'ayant fait que redoubler. « La situation sur place est plus alarmante que jamais, marquée par la reconquête violente des villes qui avaient été libérées », a souligné M. Juppé, qui a estimé que le Conseil de sécurité ne pouvait pas laisser faire « les fauteurs de guerre et laisser bafouer la morale et la légalité internationale ». Commentant la résolution présentée par son pays et le Royaume-Uni, il a affirmé qu'elle donnait les moyens de protéger la population civile. « Outre l'instauration de la zone d'exclusion aérienne, la résolution appelle tous les États à protéger les civils, elle

Idées politiques et révolutions au Maghreb arabe. 148

renforce les sanctions déjà adoptées, notamment l'embargo sur les armes et le gel des avoirs du clan Qadhafi et de ses affidés ». Avant de conclure, M. Juppé a estimé qu'adopter cette résolution serait l'honneur du Conseil de sécurité qui, ce faisant, ferait prévaloir la loi sur la force. « C'est une question de jours, c'est peut-être une question d'heures. Chaque jour, chaque heure qui passe, resserre l'étau des forces de la répression autour des populations civiles éprises de liberté, et notamment de la population de Benghazi », a-t-il martelé.

« Chaque jour, chaque heure qui passe, alourdit le poids de la responsabilité qui pèse sur nos épaules », a-t-il encore déclaré.

Explications de vote

M. NAWAF SALAM (Liban), soulignant les violences qui se produisent actuellement en Libye, s'est réjoui que les membres du Conseil ne soient pas restés les bras croisés. Le 26 février dernier, le Conseil avait adopté la résolution 1970 qui demandait la cessation immédiate de la violence, a-t-il rappelé. À son tour, l'Assemblée générale avait suspendu la participation de la Libye au Conseil des droits de l'homme, a-t-il ajouté. Le représentant a également rappelé que le Liban avait lancé un appel au Conseil de sécurité sur la base de la résolution de la Ligue des États arabes du 12 mars 2011, qui demande au Conseil de sécurité d'assumer ses responsabilités face à la situation en Libye et de prendre les mesures nécessaires pour imposer une zone d'exclusion aérienne et pour garantir la protection du peuple libyen et de tous les ressortissants étrangers. La résolution que le Conseil de sécurité vient d'adopter n'aura pas pour conséquence l'occupation d'une quelconque partie de la Libye, a-t-il affirmé. Le Liban, qui a vécu les atrocités de la guerre, ne peut appuyer le recours à la force dans aucun pays et surtout pas en Libye, « ce pays frère », a-t-il tenu à préciser. Mais, a-t-il espéré, la présente résolution aura un rôle dissuasif et permettra d'éviter tout recours à la force. Il a appelé à respecter la souveraineté territoriale de la Libye et a réaffirmé l'importance de parvenir à une solution pacifique. Il a aussi appuyé la mission de l'Envoyé spécial du Secrétaire général pour la Libye, M. Abdul Ilah Khatib.

M. MARK LYALL GRANT (Royaume-Uni) a estimé que le régime libyen a perdu toute légitimité. Ce régime a agi en violation des résolutions du Conseil et il est sur le point de prendre d'assaut la ville de Benghazi, a-t-il fait remarquer. C'est pourquoi, a-t-il dit, sa délégation a plaidé en faveur d'une adoption rapide de la résolution d'aujourd'hui. Les partenaires de l'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord (OTAN) et de la Ligue des États arabes sont maintenant prêts à soutenir ce texte, a-t-il assuré.

M. PETER WITTIG (Allemagne) a souhaité que le colonel Qadhafi renonce immédiatement au pouvoir, soulignant que son régime a perdu toute légitimité. L'objectif est maintenant de promouvoir la transformation politique de la Libye, a-t-il insisté. Dans ce processus, les

Idées politiques et révolutions au Maghreb arabe. 149

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fondations de la démocratie doivent être jetées, a-t-il dit, estimant que le Conseil national de transition est pour cela un interlocuteur important. Il a aussi salué la mission de l'Envoyé spécial du Secrétaire général pour la Libye, M. Abdul Ilah Khatib. Pour l'Allemagne, il est important d'empêcher le dirigeant libyen d'avoir accès aux moyens financiers qui lui ont permis de rester au pouvoir. L'Allemagne soutient donc pleinement les sanctions économiques et financières imposées en vertu de la présente résolution, a assuré le représentant. Cependant, a-t-il expliqué, l'Allemagne s'est abstenue de voter en faveur de la résolution parce qu'elle ne souhaite pas s'engager dans une confrontation militaire, ce qui est envisagé par certains paragraphes.

Mme SUSAN RICE (États-Unis) a déclaré que la résolution que le Conseil de sécurité vient d'adopter répond à l'appel à l'aide lancé par le peuple libyen. Elle a indiqué que la première série de sanctions ciblant les dirigeants libyens n'avait pas été suffisante, le colonel Qadhafi ayant continué de violer les droits fondamentaux du peuple libyen. Mme Rice a ensuite souligné que la présente résolution était également une réponse à la demande de la Ligue des États arabes d'établir une zone d'exclusion aérienne. « Par ce texte, nous nous dotons des moyens de mettre fin à la violence, le recours à la force en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies n'ayant pour seul objectif que de protéger les civils dans les zones ciblées par le régime en place. »

M. MANJEEV SINGH PURI (Inde) a expliqué que son pays s'était abstenu lors du vote sur le projet de résolution, convaincu qu'il « n'existait pratiquement aucune information crédible sur la situation sur place » qui puisse justifier la décision d'établir une zone d'exclusion aérienne. « Nous ne savons pas plus comment les mesures prises seront appliquées », a-t-il fait remarquer, avant d'ajouter: « Nous demandons donc aux autorités libyennes de cessez-le-feu et de répondre aux aspirations légitimes du peuple libyen ».

Mme MARIA LUIZA RIBEIRO VIOTTI (Brésil) a demandé que le vote exprimé aujourd'hui par sa délégation ne soit pas interprété comme une tolérance du comportement des autorités libyennes ni comme une indifférence par rapport à la protection des civils et au respect de leurs droits. Le Brésil est solidaire de tous les mouvements de la région qui expriment des demandes légitimes en vue d'une meilleure gouvernance, d'une plus grande participation politique et d'une justice sociale, a-t-elle précisé. Mme Ribeiro Viotti a condamné le non-respect par les autorités libyennes de leurs obligations en vertu du droit international humanitaire et des droits de l'homme. Elle a cependant estimé que le texte présenté aujourd'hui envisage des mesures qui vont bien au-delà de l'appel de la Ligue des États arabes qui demandait des mesures fortes pour faire cesser la violence. « Nous ne sommes pas convaincus que l'utilisation de la force, telle que prévue au paragraphe 4 du dispositif, permettra d'atteindre l'objectif commun qui est de mettre un terme à la violence et de protéger les civils », a-t-elle fait remarquer.

M. IVAN BARBALIÆ (Bosnie-Herzégovine) a réitéré que sa délégation était très préoccupée par les pertes en vies humaines en Libye. Il a souligné la nécessité d'assurer l'assistance humanitaire à la population civile sans entrave. Tout en appuyant pleinement le respect de l'intégrité territoriale de la Libye, il a cependant insisté sur l'importance de protéger de la population civile.

M. NÉSTOR OSORIO (Colombie) a expliqué que sa délégation avait voté en faveur de la résolution qui, a-t-il dit, « permettra de protéger la population civile d'un régime qui a perdu toute légitimité ». « Cette nouvelle résolution s'inscrit dans l'application de mesures graduelles conformes à la Charte des Nations Unies », a-t-il souligné.

M. VITALY CHURKIN (Fédération de Russie) a indiqué que son pays s'était abstenu lors du vote « pour des raisons de principe ». Il a ainsi déploré que le travail sur le document n'ait pas été conforme à la pratique du Conseil de sécurité. M. Churkin a notamment indiqué que son pays n'avait pas obtenu de réponses sur les moyens permettant de mettre en place le régime d'exclusion aérienne. « Non seulement, nous n'avons obtenu de réponses à nos questions aux cours des délibérations, mais nous avons aussi vu passer sous nos yeux un texte dont le libellé n'a cessé de changer, suggérant même par endroit la possibilité d'une intervention militaire d'envergure », a-t-il expliqué. « La voie la plus rapide pour assurer la sécurité du peuple libyen est l'instauration d'un cessez-le-feu immédiat, ce que, précisément, souhaitait obtenir mon pays par le biais d'u projet de résolution présenté hier », a souligné M. Churkin.

M. JOSE FILIPE MORAES CABRAL (Portugal) a condamné le recours à la force par un régime qui a perdu toute légitimité. « Nous avons appelé à la cessation de la violence et à la mise en place d'un cessez-le-feu, et c'est dans ce contexte que nous avions voté en faveur de la résolution 1970, le 26 février dernier », a-t-il rappelé. Le représentant a regretté que les autorités de Tripoli n'en aient tenu aucun compte. Pour la communauté internationale, le régime en place est arrivé à son terme et il doit se réformer. Il a estimé que la résolution adoptée aujourd'hui par le Conseil de sécurité répond aux objectifs essentiels d'un cessez-le-feu, d'une cessation des violences et de l'acheminement sans entrave de l'aide humanitaire afin qu'elle parvienne à la population civile. « Nous appuyons aussi la mission de l'Envoyé spécial du Secrétaire général pour la Libye », a-t-il ajouté.

Mme JOY OGWU (Nigéria) a constaté que les autorités libyennes ont continué à violer les termes de la résolution 1970, adoptée le 26 février dernier par le Conseil de sécurité, et les dispositions du droit international. L'ampleur de la catastrophe humanitaire explique la raison pour laquelle le Nigéria a voté en faveur de ce texte, a-t-elle expliqué. Le texte met l'accent sur la protection des civils et sur l'assistance humanitaire, ce qui répond à beaucoup de nos préoccupations, a-t-elle dit. Le Nigéria continue à penser que l'occupation étrangère n'est pas un moyen qui permet d'assurer la paix en Libye. « En outre, nous aspirons à respecter l'unité et l'intégrité territoriale de la Libye. Nous sommes également encouragés par le fait que la voie

politique est bien précisée dans la résolution adoptée ». Mme Ogwu a estimé que cette résolution envoie le message sans équivoque au peuple libyen que la dignité et la sécurité de la population sont essentielles.

M. BASO SANGQU (Afrique du Sud) a souhaité que la situation en Libye puisse se résoudre de façon pacifique, en trouvant une solution politique d'ensemble. Il faut aussi préserver l'unité, la souveraineté et l'intégrité territoriale de la Libye, a-t-il demandé. Il a apprécié qu'un Envoyé spécial pour la Libye ait été désigné. M. Sangqu a rappelé que la résolution 1970 n'avait pas été suivie d'effet, les autorités libyennes ayant agi au mépris de ce texte. « Nous pensions donc que le Conseil de sécurité ne pouvait rester silencieux face à de telles violences », a-t-il expliqué. Le représentant a estimé que le texte adopté aujourd'hui répond aux attentes des populations de la région. « Pour le principe, nous avons donc appuyé cette résolution avec les mises en garde nécessaires sur le respect de l'intégrité et de la souveraineté territoriale », a-t-il dit, en rejetant toute occupation ou intervention étrangère qui se ferait sous prétexte de la protection des civils.

M. LI BAODONG (Chine) a rappelé que son pays s'était toujours opposé au recours à la force dans les relations internationales. « La Chine, même si elle reconnaît la légitimité de la demande de la Ligue des États arabes que soit établie une zone d'exclusion aérienne, éprouve toujours de grandes difficultés à l'égard de plusieurs dispositions importantes du texte de la résolution ». « C'est la raison pour laquelle nous nous sommes abstenus », a-t-il ajouté. Avant de conclure, le représentant de la Chine a noté que son pays appuyait le mandat de l'Envoyé spécial du Secrétaire général pour la Libye, dont il attend « avec impatience qu'il fasse le point aux membres du Conseil de la situation sur le terrain ».

Idées politiques et révolutions au Maghreb arabe. 152

ANNEXE V. LA COALITION INTERNATIONALE EN LIBYE (FORCES ENGAGEES)

Source : « Coalition internationale en Libye : quelles forces engagées ?, édicté sur le http://fr.euronews.com/2011/03/19/coalition-internationale-en-libye-quelles-forces-engagees/, publié le 19/03/2011 à 18 :25 et consulté le 03/05/2011.

L'Europe est en première ligne pour faire appliquer la résolution 1973 de l'ONU, et notamment faire respecter la zone d'exclusion aérienne. C'est la France et la Grande-Bretagne qui assureront le leadership. Voici l`état des lieux ce samedi 22 mars à 13h00 CET:

Royaume Uni :

Londres a envoyé sur place un sous-marin de classe Trafalgar d'où elle a pu tirer des missiles des Tomahawk. Deux de ses frégates sont toujours en Méditerranée, le Westminster et le Cumberland. Des avions de chasse Typhoon sont arrivés en Italie. Ils s'ajoutent aux chasseurs Tornado. En support, les britanniques disposent d'avions ravitailleurs VC10, Nimrod R1 et Sentinel ainsi que des C-17 et C-130.

France :

Paris, dont les avions de chasse Rafale étaient les premiers entrés en action, en a maintenu 6 auxquels elle a ajouté 4 Mirage 2000D et des avions ravitailleurs dont un Awacs. Le porte-avions Charles de Gaulle est en route vers la zone des opérations avec à son bord 1800 hommes et une quinzaine d'avions de chasse. Son groupe aéronaval comprend trois frégates, un navire de ravitaillement et un sous-marin d'attaque Il a été précédé par 4 autres frégates et le pétrolier ravitailleur Meuse.

Italie :

Du côté de Rome, le Premier ministre Silvio Berlusconi a confirmé que les bases militaires italiennes étaient à disposition de la coalition. La base de l'Otan à Naples pourrait par exemple servir de plateforme de coordination des opérations. Rome a aussi déployé des dizaines d'avions de combat sur sa base de Trapani, dont huit Tornado prêts à intervenir, des F-16 et des Eurofighter transférés depuis leurs bases respectives.

Espagne :

Madrid a déployé quatre chasseurs F-18, un Boeing 707 ravitailleur, une frégate F-100, un sous-marin S-74 le Tramontana, et un avion de patrouille maritime 35. Deux bases espagnoles - Rota à Cadiz et Moron de la Frontera à Séville - sont également à disposition de l'alliance.

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Belgique :

Bruxelles a envoyé quatre de ses six F-16. Ils étaient jusqu'ici stationnés dans le sud de la Grèce. Ils n'ont pour le moment mené que des opérations de surveillance.

Danemark :

Copenhague a envoyé quatre avions de chasse F-16. Norvège :

Lundi, six chasseurs F-16 norvégiens ont atterri sur la base de l'OTAN située en Crète, prêts à être déployés.

Grèce :

Athènes a autorisé les alliés à utiliser trois bases l'OTAN. Un set situé en Crète, les deux autres dans l'ouest du pays. La Grèce a fait savoir qu'elle ne participerait pas activement aux opérations.

Pays-Bas :

Le ministre des Affaires étrangères hollandais a fait savoir lundi que les Pays-Bas ne prendraient part aux opérations à moins que l'OTAN ne leur demande officiellement.

En dehors des européens, le Canada a fourni à la coalition six de ses chasseurs-bombardiers CF-18 à long rayon d'action et deux avions de transport et ravitailleurs 2CC-150 Polaris. Quatre des CF-18 ont participé à une opération militaire ce lundi mais sans ouvrir le feu. Les avions sont basés à Trapani en Italie.

Etats-Unis

Les Etats-Unis auraient mis à contribution plusieurs sous-marins d'attaque et des destroyers (USS Providence,USS Scranton, USS Florida, USS Stout et USS Barry). Ceux-ci transportent des missiles de croisière et des missiles Tomahawk dont certains ont déjà été tirés sur des cibles libyennes. Le navire de commandement USSMount Whitney patrouille aussi en Mer Méditerranée afin de superviser les opérations. Les autres moyens fournis par les Etats-Unis sont : un avion de surveillance aérienne RC-135, et un E-3 Sentry (AWACS), 42 F-16 basés à Aviano en Italie et des bombardiers furtifs B2 qui ont été utilisé lors des frappes de ce week-end.






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