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à‰ducation, pauvreté et limitation du nombre de mandats présidentiels. Cas du Bénin et du Burkina Faso

( Télécharger le fichier original )
par Christian Jean-Noël BATIOBO
Insitut de Recherche Empirique en Economie Politique (IREEP) - Master en Economie Publique et Statistique Appliquée 2010
  

Disponible en mode multipage

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REPUBLIQUE DU BENIN

MINISTERE DE L'ENSEIGNEMENT SUPERIEUR

ET DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE

INSTITUT DE RECHERCHE EMPIRIQUE EN ECONOMIE POLITIQUE

(IREEP)

Mémoire de fin de formation pour l'obtention du Master en Économie Publique et Statistique Appliquée (MEPSA)

Éducation, pauvreté et limitation du

Nombre de mandats présidentiels :

Cas du Bénin et du Burkina Faso

Présenté et soutenu par : Sous la direction de :

Christian Jean-Noël BATIOBO Pr Léonard WANTCHEKON

Professeur titulaire de Sciences Économique et Politique

(Université de New York)

Troisième promotion (2008-2010)

« L'INSTITUT DE RECHERCHE EMPIRIQUE EN ÉCONOMIE POLITIQUE N'ENTEND DONNER AUCUNE APPROBATION NI IMPROBATION AUX OPINIONS ÉMISES DANS LE PRÉSENT MÉMOIRE. CES OPINIONS DOIVENT ÊTRE CONSIDÉRÉES

COMME PROPRES À LEUR AUTEUR. »

Résumé

L'alternance démocratique peut être définie comme « la permutation de deux partis ou de deux coalitions au pouvoir et dans l'opposition. En fait, dans le respect du régime en vigueur, elle opère un changement de rôle entre des forces politiques situées dans l'opposition, qu'une élection au suffrage universel fait accéder au pouvoir et d'autres forces politiques qui y renoncent provisoirement pour entrer dans l'opposition » (Quemonne, 2000). Elle constitue pour la

plupart des pays africains un voeu pieux. Vu les difficultés de sa réalisation, de nombreux études ont été menées, mais la plupart de ces études se sont essentiellement penchées sur les aspects institutionnels, ignorant ainsi le rôle des populations. Dans cette étude, nous nous proposons de palier à ce déficit en analysant l'impact de la pauvreté et de l'éducation sur le désir d'alternance démocratique à partir de l'opinion des populations sur la limitation du nombre de mandats présidentiels au Bénin et au Burkina Faso. Pour se faire, les données des enquêtes Afrobaromètre ont été utilisées. Il ressort au terme de l'étude que l'éducation a un impact très significatif sur l'opinion des populations concernant la limitation dans les deux pays tandis que la pauvreté n'influence pas l'opinion des populations dans les deux pays.

Remerciements

Nos sincères remerciements vont à l'endroit du Professeur Léonard WANTCHEKON, pour avoir initié cette formation mais aussi pour avoir accepté d'être le directeur de ce mémoire.

Nous tenons également à remercier très profondément le Professeur Augustin LOADA, pour nous avoir offert un cadre adéquat pour mener nos recherches.

Nous témoignons toute notre reconnaissance à Adama TIENDREBEOGO, à Thomas OUEDRAOGO, à Saidou OUEDRAOGO, à Eloi SONDO et à Romuald ANAGO pour leurs appuis et conseils apportés lors de la rédaction de ce mémoire.

Enfin, nous remercions tous ceux qui nous ont apportés leurs soutiens moraux, financiers et spirituels tout au long de notre cursus universitaire.

Dédicaces

Je dédie ce travail à toute ma famille pour leurs soutiens moraux, financiers et particulièrement pour leurs prières.

Sommaire

Résumé iii

Remerciements iv

Dédicaces v

Liste des tableaux vii

Table des figures vii

Liste des sigles et acronymes viii

Introduction 1

Chapitre I : Cadre théorique et Méthodologique 5

1.1. Problématique et questions de recherches 6

1.2. Objectifs et hypothèses de l'étude 8

1.3. Revue de littérature 10

1.4. Méthodologie 17

1.4.1. Présentation des données 17

1.4.2. Présentation des variables 17

1.4.3. Formes fonctionnelles de l'indicateur composite de pauvreté 20

1.4.4. Présentation du modèle probit 22

1.4.5. Présentation du modèle de propensity score matching 23

Chapitre II : Résultats et Analyses 27

1.5. Construction de l'indicateur composite de pauvreté 28

1.6. Statistiques descriptives 31

1.7. Présentation et analyse des résultats 40

1.7.1. Présentation et analyse des résultats des estimations par le modèle probit 40

1.7.2. Présentation et analyse des résultats des estimations par la méthode d'appariement 45

1.8. Limites de l'étude 48

Conclusions et Recommandations 49

Références bibliographiques 51

Annexes 54

Liste des tableaux

Tableau 1 : Répartition des opinions sur les autres variables retenues pour l'analyse............................41

Tableau 2 : Résultats de l'analyse économétrique par le modèle probit...................................................43

Table des figures

Figure 1: Répartition du niveau d'éducation au Burkina Faso et au Bénin ..............................................34

Figure 2: Répartition du niveau de pauvreté au Burkina Faso et au Bénin...............................................35

Figure 3: Répartition des opinions sur la limitation du nombre de mandats présidentiels au

Burkina Faso et au Bénin............................................................................................................ ....................36

Figure 4: Répartition des opinions sur la limitation par niveau d'éducation au Burkina Faso................37

Figure 5: Répartition des opinions sur la limitation par niveau d'éducation au Bénin............................38

Figure 6 : Répartition des opinions sur la limitation par niveau de pauvreté au Burkina Faso..............39

Figure 7 : Répartition des opinions sur la limitation par niveau de pauvreté au Bénin...........................40

Liste des sigles et acronymes

CGD : Centre pour la Gouvernance Démocratique

CDP : Congrès pour la Démocratie et le Progrès

FNUD : Fonds des nations unies pour la Démocratie

MDC : Movement for Democratic Change

PDCI-RDA : Parti Démocratique de Côte d'Ivoire-Rassemblement Démocratique Africain

PDS : Parti Démocratique Sénégalais

PNUD : Programme des Nations-Unies pour le Développement

PS : Parti Socialiste

ZANU-PF: Zimbabwe African National Union- Patriotic Front

Introduction

Contexte et justification de l'étude

Au lendemain des indépendances, plusieurs pays africains connurent des périodes d'instabilités politiques marquées par de nombreux coups d'Etat. Entre autres pays, on retiendra le Bénin, le Burkina Faso, la Guinée, le Mali, le Togo.

Cette période était donc propice à l'ascension des régimes militaires qui usaient de l'autoritarisme pour diriger leurs différents pays. Cette ferveur de coups d'État s'expliquerait par la jeunesse (au plan politique) des pays qui venaient d'accéder à l'autonomie après plusieurs années de colonisation. Cependant, il existe des pays qui se sont démarqués à travers une période relativement stable.

La Côte d'Ivoire et le Sénégal sont des pays qui ont été marqués par des périodes relativement stables. En effet ces deux pays n'ont pas connu de coups d'État dans les 40 années après les indépendances des pays de l'Afrique de l'Ouest en l'occurrence c'est-à-dire jusqu'à la fin des années 901(*).

Le début des années 90 fut une période assez particulière pour de nombreux pays africains particulièrement ceux de l'Afrique de l'Ouest. Cette période fut historique en ce sens qu'elle marqua le renouement avec la démocratie. Selon certains auteurs ce renouement fut le fruit d'un ensemble d'évènements particuliers. On note tout d'abord, l'effondrement du bloc de l'est avec l'écroulement du mur de Berlin, ensuite les différentes conférences nationales des forces vives (Bénin, Mali,...) et enfin le discours de la Baule. Mais une fois encore, le bilan de cette démocratisation reste mitigé.

En dépit, de cette vague de démocratisation, de nombreux pays africains n'ont pas connus d'alternance politique durant ces deux dernières décennies. Le Bénin peut être cité comme l'un des rares pays où la démocratisation fut une réussite. En effet ce pays a connu en deux décennies trois chefs d'États d'appartenances politiques distinctes. La conférence nationale des forces vives de la Nation de février 1990 a mis fin à près de vingt ans de régime marxiste du président Kérékou. Depuis, l'alternance démocratique a prévalu avec l'élection du président Soglo, puis le retour à la tête de l'État de M. Kérékou par la voie des urnes, à l'issue de scrutins plus ou moins transparents (Razafindrakoto, Roubaud, 2005). En 2006, le candidat indépendant Yayi Boni est élu à l'issue d'un scrutin qualifié de libre et démocratique par les observateurs internationaux. En plus de ce pays, on peut recenser d'autres bons élèves de la démocratie en Afrique de l'Ouest tels que le Ghana et le Mali qui sont aussi cités comme des exemples de démocratie réussi. Ainsi depuis 1994, le Ghana a connu trois chefs d'État qui se sont succédés à la tête de l'État à l'issue d'élections démocratiques : Jerry John RAWLINGS, John KUFUOR et dernièrement John Atta MILLS. Si dans certains pays la succession des chefs d'État s'est fait par la voie des urnes, il existe néanmoins des pays où cette succession est apparue par d'autres voies.

La Guinée, le Gabon et le Togo sont des États qui se caractérisent par des anciens chefs d'États qui auront passés plus d'une vingtaine d'années au pouvoir. Ces chefs d'États sont tous décédés ce qui a donné lieu à un changement à la tête de ces pays. Mais en réalité, il n'y a pas eu d'alternance car, dans le cas du Togo, c'est son fils Faure EYADEMA qui a hérité du pouvoir à l'issue d'élection contestée et dans un contexte de violences et de terreur contre les opposants (Razafindrakoto, Roubaud, 2005). Aussi faut-il ajouter que c'est à peu près le même cas au Gabon, le fils du défunt président gabonais, Ali Ben BONGO qui ayant occupé la place du père dans le parti majoritaire (Parti Démocratique Gabonais) s'est retrouvé comme héritier du « trône ». D'autre pays comme la Côte d'Ivoire ont connu une alternance surtout à cause d'un coup d'État. En effet, la Côte d'Ivoire quant à elle, a subi un premier changement après la mort en 1993 du président Félix Houphouët Boigny, celui qui l'a succédé (Henri Konan Bédié) fut par la suite renversé en 1999 par le général

Robert Gueï qui à son tour fut destitué à la suite d'une élection et d'un coup d'État.

D'autre part on a des pays où aucun changement n'est survenu à la tête de l'État depuis l'avènement de la vague de démocratie. Le Burkina Faso, qui depuis les élections de 1991 n'a pas connu de changement à la tête de l'État fait partie de ce groupe. C'est fort de ces constats que plusieurs études et recherches ont été menées pour comprendre cet état de fait. Mais la plupart de ces études pointe du doigt les aspects institutionnels tels le manque de transparence lors des élections, les restrictions des libertés des partis de l'opposition, l'ultra dominance du parti majoritaire, la forte fragmentation de l'opposition et le déséquilibre au niveau des moyens financiers entre le parti au pouvoir et ses adversaires. Comme nous le constatons le comportement des électeurs fait l'objet de peu d'attention. C'est fort de ce constat que nous nous sommes fixés comme objectif de comprendre le comportement de ces derniers à travers leurs caractéristiques sociales, démographiques et économiques. Cette étude s'intéressera de façon plus approfondies à leurs niveaux d'éducation et leurs situations économiques. Notre étude consistera à mesurer l'impact de ces deux variables sur leur désir de limitation du nombre de mandats présidentiels dans deux pays d'Afrique de l'Ouest : le Bénin et le Burkina Faso.

Plan du travail

Notre travail est structuré en deux grands chapitres. Un chapitre lié aux cadres théorique et méthodologique, et un second pour les résultats et analyses. La problématique, la revue de littérature, la méthodologie sont regroupés dans le premier chapitre. Quant aux résultats des estimations et leurs analyses, ils sont rassemblés dans le chapitre 2. Dans la problématique, nous exposerons le problème de recherche, la question de recherche, nos objectifs ainsi que nos hypothèses. Dans la partie réservée à la revue de littérature, nous définirons tout d'abord les concepts clés de notre étude, et nous visiterons également les différents travaux menés sur la question. En troisième lieu, nous aborderons la méthodologie utilisée ; d'une part il s'agira d'expliquer le choix des modèles et de les présenter brièvement, d'autre part nous présenterons les variables retenues pour notre étude ainsi que la base de données utilisée. Dans le second chapitre, nous présenterons nos résultats issus des différentes estimations et ensuite nous passerons à leurs interprétations et analyses. Enfin nous terminerons ce travail par quelques recommandations en vue de consolider nos jeunes démocraties.

Chapitre I : Cadre théorique et Méthodologique

1.1. Problématique et questions de recherches

« Nous savons bien que l'organisation d'élections libres, équitables et pluralistes dans le respect des droits civils et politiques est une condition sine qua non de la démocratie. Nécessaires, les élections ne constituent qu'une pierre de l'édifice démocratique. La succession de gouvernements démocratiques est une autre qualité fondamentale de la démocratie. La possibilité de changer de gouvernement, telle que décidée par le peuple au travers d'un scrutin, est plus qu'un simple trait caractéristique d'une démocratie, elle appartient à la nature même d'un régime démocratique. La succession d'alternances démocratiques consécutives est un élément clef du renforcement de la base institutionnelle d'une démocratie.

Si la problématique de l'alternance se situe au coeur de la gouvernance démocratique et de l'exercice démocratique, ce n'est pas un sujet aisé. Cependant, ce coût à court terme se trouve récompensé sur le long terme notamment par un renforcement du jeu et des règles démocratiques. »

Anne-Sophie Le Beux (2009) in discours sur les défis de l'alternance. Comme le souligne si bien ce fonctionnaire du Fonds des Nations-Unies pour la

Démocratie (FNUD), l'alternance démocratique occupe une place de choix dans le processus démocratique de chaque pays. L'alternance est une question très délicate dans les pays africains. Elle suscite beaucoup de passion à cause de la manière dont elle se pratique dans nos États. La plupart des changements à la tête de l'État survient après le décès du président (Guinée, Togo, Gabon,...) ou à la suite d'un coup d'État (Niger, Mauritanie,...). Lorsque dans les pays africains plus particulièrement d'Afrique de l'Ouest, l'alternance survient à l'issue d'élections libres et transparentes alors cela est considéré comme un exploit. Cet état des faits démontre jusqu'à quel point les démocraties africaines sont fragiles et l'alternance démocratique difficile.

C'est en partie cette fragilité qui a conduit de nombreux pays africains a adopté de nouvelles constitutions dont l'un des articles les plus fondamentaux est celui relatif à la limitation du nombre de mandats présidentiels. Cet article favoriserait selon ces partisans la circulation des élites à la tête de l'État à défaut d'entraîner l'alternance démocratique. La clause limitative du nombre de mandats présidentiels apparaît dans les régimes présidentiels ou présidentialistes comme un enjeu majeur pour tous ceux qui font de l'alternance démocratique l'essence même de la démocratie. (A. Loada, 2003) Le Bénin et le Burkina Faso sont tous deux dotés de constitutions instituant la limitation du nombre de mandats présidentiels.

Pour expliquer l'absence d'alternance dans les pays africains, plusieurs thèses ont été avancées notamment le plus courant est l'absence d'élections libres et transparentes. Dans de nombreux pays africains, cet évènement est récurrent à tel point que les résultats des différents scrutins sont en général contestés par les perdants qui sont dans la plupart des cas de l'opposition. On peut citer l'exemple du Zimbabwe, de la Guinée, du Togo pour ne citer que ceux-ci. A cela s'ajoute la fragmentation de l'opposition dans les divers pays comme on le remarque au Burkina Faso, l'ultra domination du parti majoritaire et souvent les alliances liées entre les pouvoirs religieux et traditionnels avec le parti dominant.

On remarque donc que la question de l'alternance est très délicate. Le Bénin et le Burkina Faso ne font pas exceptions. Ainsi dans les deux pays, les successions à la tête de l'État ont été précédées souvent par des coups d'État. Mais le Bénin et le Burkina Faso se sont démarqués de cette pratique durant les deux dernières décennies. Ce n'est pas pour autant que ces deux pays sont logés à la même enseigne en matière de démocratie. Le Bénin est très souvent cité comme un exemple de démocratie en Afrique de l'Ouest tandis que le Burkina Faso est logé à une place peu enviable comme le confirme le classement du célèbre hebdomadaire britannique The Economist en 2008 sur la démocratie dans le monde. En effet, le Bénin occupe la 80e place sur 167 pays avec un indice qui vaut 6.06 sur une échelle2(*) allant de 0 à 10 ce qui lui permet d'être considéré comme une démocratie qui présente quelques failles (flawed democracy) tandis que le Burkina Faso occupe la 122e place avec une note de

3.60 qui lui confère le titre de régime autoritaire (authoritarian regimes).

Selon le classement du Programme des Nations Unies pour le Développement(PNUD), le Bénin et le Burkina Faso sont classés dans le lot des pays les moins avancés dans le monde. Ces deux pays sont caractérisés par une population en majorité analphabète et pauvre. Ainsi notre préoccupation principale peut s'énoncer comme suit : En dehors des aspects institutionnels (organisations des élections, organisations des partis politiques,...), les caractéristiques économiques, sociales, culturelles et démographiques des individus n'ont-elles pas d'influence sur la réalisation d'une alternance démocratique ? Cette préoccupation peut se scinder en plusieurs questions : La limitation du nombre de mandats présidentiels est-elle en adéquation avec les voeux des populations ? Le niveau d'éducation et de pauvreté des individus ontils des effets sur les convictions des populations quant à la limitation du nombre de mandats présidentiels ? Existe-t-il d'autres variables sociodémographiques qui ont un impact sur leurs convictions ? Voici autant de questions auxquelles nous tenterons d'apporter quelques éléments de réponses.

1.2. Objectifs et hypothèses de l'étude

Nos objectifs, dans le cadre de cette étude, se situent principalement à deux niveaux. D'une part il s'agira de mesurer l'impact du niveau de pauvreté et du niveau d'éducation sur le désir de limitation du nombre de mandats présidentiels. D'autre part, nous voulons déterminer les autres variables qui influencent le désir des populations dans chacun des deux pays. L'importance du premier objectif réside dans le fait que la pauvreté et le faible niveau d'éducation sont deux réalités qui caractérisent les pays d'Afrique

Subsaharienne particulièrement le Burkina Faso et le Bénin. En effet, d'après les dernières estimations du Programme des Nations-Unies pour le développement (PNUD), plus de 71.3% de la population burkinabè âgées de plus de 15 ans est analphabète et 59.5% de la population béninoise âgées de plus de 15 ans est analphabète. De même en analysant les chiffres sur le niveau de vie des populations, on est consterné. L'incidence de la pauvreté est d'environ 43.3% au Burkina Faso selon les estimations de 2007 et de 37,4% au Bénin selon les estimations de 2006. Ainsi formulons- nous les objectifs suivants :

ï Déterminer la proportion d'individu favorable à la limitation du nombre de mandat présidentiels dans chaque pays

ï Déterminer l'impact du niveau de pauvreté et du niveau d'éducation sur le désir de limitation du nombre de mandats présidentiels.

ï Déterminer les autres variables qui influent sur le désir de limitation du nombre de mandats présidentiels.

Pour atteindre ces objectifs, nous formulons les hypothèses ci-après :

1- Au Bénin, la majorité des individus est favorable à la limitation du nombre de mandats présidentiels tandis qu'au Burkina Faso la majorité des individus n'est pas favorable à cette limitation.

2- L'éducation a un impact positif et significatif sur le désir de limitation du nombre de mandats présidentiels dans les deux pays.

En d'autres termes plus on est éduqué et plus on aspire à l'alternance dans son pays.

3- La pauvreté a aussi un impact positif et significatif sur ce désir dans chaque pays c'est-à-dire que plus on est pauvre et plus on aspire à l'alternance dans son pays.

Intérêt de l'étude

Il faut souligner aussi que l'importance de cette étude réside dans le fait qu'il n'existe quasiment pas d'étude sur l'impact des caractéristiques sociodémographiques des populations sur l'alternance démocratique. Quelques études ont été menées sur la question de l'alternance en Afrique par certains politologues mais la plupart de ces études utilisent une approche qualitative.

Ainsi notre étude se démarque de par notre approche qui est purement quantitative. Dans cette étude nous nous pencherons essentiellement sur l'impact des caractéristiques des populations sur l'alternance démocratique au Burkina

Faso et au Bénin. Ce choix délibéré s'explique par le fait que nous estimons qu'au-delà des aspects institutionnels (organisation des élections, organisation des partis politiques, ...), les caractéristiques des populations jouent aussi un rôle fondamental dans la réalisation d'une alternance démocratique.

1.3. Revue de littérature

Dans cette partie, nous définissons les concepts clefs c'est-à-dire l'alternance, la pauvreté et l'éducation, ensuite nous présentons un certain nombre de travaux relatifs à la question de l'alternance démocratique.

Ø Définition des concepts

Alternance et limitation du nombre de mandats présidentiels

Plusieurs auteurs ont tenté de donner une définition de l'alternance démocratique. L'alternance est « la permutation de deux partis ou de deux coalitions au pouvoir et dans l'opposition. En fait, dans le respect du régime en vigueur, elle opère un changement de rôle entre des forces politiques situées dans l'opposition, qu'une élection au suffrage universel fait accéder au pouvoir et d'autres forces politiques qui y renoncent provisoirement pour entrer dans l'opposition » (Quemonne, 2000). L'alternance n'est donc pas seulement le remplacement d'un individu par un autre à la tête d'un État mais bien plus. Il s'agit d'un changement beaucoup plus vaste qui s'étend au parti au pouvoir. Selon FALL (1977), l'alternance démocratique se définit comme « la faculté juridiquement organisée pour des partis politiques ayant des projets de société différents de se succéder au pouvoir par le jeu des règles démocratiques de dévolution et d'exercice du pouvoir fondé sur la souveraineté du peuple ».

L'alternance est considérée comme un critère de consolidation de la démocratie. Ainsi selon Aristote3(*), la démocratie est la faculté pour tout citoyen d'être tour à tour gouverné et gouvernant. Selon Samuel HUNTINGTON, une démocratie peut être considérée comme consolidée si elle a connu deux alternances au pouvoir à partir des premières élections libres (double turnover test). Tandis que selon le test générationnel ou de longévité, une démocratie est consolidée lorsqu'elle a fonctionné sur une vingtaine d'années et est passée par des élections régulières et libres même si elle n'a pas connu d'alternance. (CGD) L'importance de l'alternance est telle que Popper en fait le rapport principal sous lequel se distingue la démocratie de la tyrannie. Toutefois il existe des démocraties sans alternances. Ce phénomène est observé dans des pays comme la Suisse.

Le lien entre la limitation du nombre de mandats présidentiels et l'alternance démocratique n'est pas direct. Cependant, la limitation des mandats présidentiels favorise la circulation des élites à défaut de l'alternance démocratique (A. Loada, 2003 ; T. HOLO, 2009) plus particulièrement en Afrique. Selon certains analystes, la limitation des mandats a favorisé l'alternance démocratique dans plusieurs pays notamment au Ghana en 2000 (A. Loada, 2003) et au Bénin. En effet, selon certains observateurs, l'ex-président béninois Mathieu Kérékou serait réélu s'il n'y avait pas de limitation du nombre de mandats. Selon le Pr. Théodore HOLO (2009), la limitation du nombre de mandats présidentiel est une disposition vitale pour l'alternance démocratique.

Pauvreté

La pauvreté est un concept multidimensionnel. Dans la littérature, il existe plusieurs approches de la pauvreté : l'approche monétaire et l'approche non monétaire. Dans la suite, nous allons développer ces deux approches.

La pauvreté monétaire peut se définir comme l'insuffisance de ressource financière permettant à un individu de subvenir à ses besoins fondamentaux (se nourrir, se loger, se soigner, se vêtir, s'éduquer). Ce type de pauvreté est mesuré grâce à un seuil de pauvreté. Lorsque le revenu de l'individu se situe en dessous de ce seuil alors il est considéré comme pauvre. Cette approche est celle des welfariste ou utilitariste. La Banque mondiale, par exemple, utilise couramment cette approche dans ces différentes études. L'approche monétaire de la pauvreté a montré plusieurs limites ce qui a conduit à l'adoption d'une nouvelle approche qu'est l'approche non monétaire de la pauvreté.

L'approche non monétaire est une approche qui est apparue plus récemment pour pallier aux limites que présentait l'approche monétaire. Il existe l'approche par les besoins fondamentaux mais aussi l'approche par les capabilités insufflée par l'économiste Amartya SEN. L'approche par les besoins fondamentaux s'appuie sur l'accès à la nourriture, aux soins de santé, à l'éducation, au logement, etc. les individus sont donc classés en fonction de leur accessibilité aux différents biens et services de base. Quant à l'approche par les capabilités, elle stipule que l'élaboration des institutions et des politiques sociales, ainsi que l'évaluation du bien-être, de l'inégalité, de la pauvreté et de la justice sociale, devraient se baser sur l'étendue des « capabilités » des personnes, c'est-à-dire l'étendue de leur liberté réelle d'accomplir certains « fonctionnements ». Ces fonctionnements sont les choses qu'elles parviennent à réaliser, par exemple lire, écrire, avoir un travail, être politiquement actif, être respecté des autres, être en bonne santé physique et mentale, avoir reçu une bonne éducation et une bonne formation, être en sécurité, avoir un toit, faire partie d'une communauté, etc. Pour le dire autrement, une capabilité est un fonctionnement potentiel ou réalisable, et l'ensemble des fonctionnements particuliers que quelqu'un a la possibilité réelle de réaliser représente son « ensemble-capabilité », ou sa « capabilité » tout court, c'est-à-dire sa liberté réelle. (Farvaque et al, 2005)

Dans le cadre de notre étude, nous utiliserons l'approche par les besoins de bases.

Éducation

Le dictionnaire Petit Larousse définit l'éducation comme l'ensemble des connaissances intellectuelles, des acquisitions morales d'un individu.

L'éducation est un droit reconnu dans la déclaration universelle des droits de l'homme. Ainsi chaque individu a droit à une éducation.

L'éducation est un concept multidimensionnel qui regroupe aussi bien l'aspect scientifique, moral, social, technique, médical, religieux et aussi politique. On distingue en général deux sortes d'éducation : l'éducation formelle et l'éducation non formelle. L'éducation formelle renvoie à ce que l'on désigne habituellement et le plus spontanément lorsque l'on parle d'éducation. Il s'agit de la formation qui nous est dispensée dans un cadre officiel et reconnu. L'éducation formelle est donc l'éducation prise en charge par le système scolaire et l'ensemble des composantes qui le constituent depuis la maternelle jusqu'à l'enseignement supérieur.

L'éducation non-formelle propose quant à elle un temps de formation et d'apprentissage clairement désigné comme tel, sans que pour autant celui-ci ne conduise à une validation finale sous la forme d'un examen destiné à évaluer ce qui a été appris. Cette absence d'évaluation finale correspond à l'état d'esprit dans lequel elle est dispensée. En effet, basée sur la seule liberté de ceux qui y participent, elle cherche à faire prévaloir l'esprit d'initiative chez le participant, qui est placé sur un pied d'égalité avec celui qui apprend. Autonomie, esprit d'initiative, démocratie, échange, tels sont les maîtres mots de l'éducation nonformelle, qui propose, sur un format ouvert, d'apprendre des choses par le biais de dispositifs qui permettent une participation active de tous. Ce mode d'éducation est généralement administré aux personnes ayant dépassées l'âge normal d'être scolarisé dans le système formel.

Pour ce qui concerne notre étude nous considèrerons l'éducation comme le fait d'avoir reçu un enseignement qui a débouché sur l'obtention de plusieurs diplômes à divers degrés.

Ø L'alternance démocratique en Afrique : que dit la littérature ?

Les causes du manque d'alternance démocratique ont fait l'objet de plusieurs analyses dans de nombreux pays africains. Ces études ont révélées plusieurs raisons pouvant être à la base d'absence ou d'existence d'alternance démocratique. Cependant nous limiterons dans cette partie à quelques unes des raisons évoquées dans les différentes analyses. Il s'agira de la fragmentation des partis de l'opposition, de l'utilisation de la violence et l'existence d'un parti ultra dominant.

Fragmentation des partis de l'opposition

Parmi les raisons avancées, on constate que la forte fragmentation politique des partis de l'opposition revient dans la plupart de la littérature. Ainsi selon le Centre pour la Gouvernance Démocratique au Burkina Faso, le maintien de l'actuel chef d'État burkinabè à la tête du pays s'expliquerait en partie par l'extrême fragmentation de l'opposition burkinabè. En effet, il existe au Burkina

Faso plus d'une centaine de partis. De même au Sénégal, l'hégémonie du Parti Socialiste manifesté par la présidence de Léopold Sédar Senghor et ensuite par celle d'Abdou Diouf depuis les indépendances jusqu'en l'an 2000 s'expliquerait en partie par la fragmentation politique. Selon M.-C. Diop et al., « le déracinement du baobab » (pour exprimer la perte de l' élection présidentielle de 2000 par le Parti Socialiste (PS) d'Abdou Diouf au profit du Parti Démocratique Sénégalais (PDS) d'Abdoulaye Wade) serait dû d'une part au fait que

l'opposition sénégalaise a pu surmonté la fragmentation qui la caractérisait pour tisser des alliances fortes avec le PDS et d'autres part par la fragmentation qui a commencé à frapper le PS avec le départ de Djibo Kâ et de Moustapha Niasse.

Violence

Au Zimbabwe, avant l'avènement récent du gouvernement d'union nationale, le pouvoir de Mugabe se basait en partie sur ses milices appuyées par l'armée qui semaient la terreur chez les opposants, les journalistes indépendants, les juges et même les populations pour se maintenir au pouvoir. Ainsi dans un sondage « sortie des urnes » réalisé durant les élections législatives, le professeur Johnson4(*) a établi que la violence a eu pour effet de déplacer au moins

12 % des voix de sympathisants du MDC (principal parti d'opposition) vers la Zanu-PF (parti au pouvoir), un résultat corroboré par une question de recoupement dans le sondage d'octobre 2000. Ce phénomène était concentré dans les zones les plus affectées par l'occupation des fermes et les sévices infligés aux ouvriers agricoles, les intéressés espérant ainsi mettre un terme immédiat aux violences en cédant aux menaces des pseudo-vétérans. Sans ce transfert de voix lié à la violence, la Zanu-PF aurait perdu la majorité au Parlement. (Compagnon, 2001)

Parti ultra dominant

Dans de nombreux pays africains, l'absence d'alternance a été due en partie à la domination d'un parti politique sur la scène politique. Ces partis regorgeaient à elle seule d'immenses moyens financiers et matériels. On peut citer l'exemple de la Côte d'Ivoire avec le PDCI (Parti Démocratique de Côte d'Ivoire), du Sénégal avec le PS (Parti Socialiste), du Burkina Faso avec le CDP (Congrès pour la Démocratie et le Progrès). Au Burkina Faso en particulier, le paysage politique est marqué par la domination du parti au pouvoir. Ce parti a été fondé le 5 février 1996, par la fusion de 13 partis politiques qui partagent l'idéal de la social-démocratie. Ainsi, depuis la restauration du multipartisme au début des années 90, le Burkina Faso a organisé trois élections présidentielles (1991, 1998, 2005), quatre élections législatives (1992, 1997, 2002, 2007), trois municipales (1995, 2000, 2006). A l'exception notable des législatives de 2002, elles ont toutes été remportées par le même parti, et à chaque fois, à la suite d'un raz-de-marée électoral. (CGD)

Autres facteurs

En plus des facteurs explicatifs que nous venons de parcourir, il existe dans la littérature d'autres facteurs explicatifs. Parmi ceux-ci on peut recenser le clientélisme électoral qui sévit dans plusieurs pays, les fraudes électorales, le vote ethnique ou communautaire, les accointances entre le parti majoritaire et les autorités religieuses ou traditionnelles. Cette liste n'est pas exhaustive mais elle regroupe l'essentiel des facteurs explicatifs retrouvés dans la littérature.

1.4. Méthodologie

1.4.1. Présentation des données

Les données que nous utiliserons dans cette étude proviennent de l'enquête Afrobaromètre qui a eu lieu en Octobre 2008 au Burkina Faso et en

Juin 2008 au Bénin. L'enquête Afrobaromètre est une enquête qui a une envergure nationale. Elle a pour objet de collecter les opinions des citoyens (hommes et femmes) de plus de 18 ans résidant en milieu rural ou urbain sur la démocratie, la gouvernance, les réformes économiques, la société civile et la qualité de vie. Cette enquête a été financée par l'Université de Michigan (ÉtatsUnis d'Amérique). L'enquête a été réalisée par le Centre pour la Gouvernance

Démocratique (CGD) au Burkina Faso et par l'Institut de Recherche Empirique en Économie Politique (IREEP) au Bénin.

La méthode de collecte est faite d'entretien individuel dans la langue souhaitée par l'enquêté. Notre échantillon est composé de 1200 individus répartis sur toute l'étendue du territoire nationale. Les individus sont choisis de manière aléatoire.

L'un des atouts des enquêtes Afrobaromètre, c'est la standardisation du questionnaire. En effet, les questionnaires ne présentent pas grande différence d'un pays à un autre ce qui facilite les comparaisons entre pays.

1.4.2. Présentation des variables

Dans cette section, nous présenterons notre variable dépendante ainsi que nos variables indépendantes.

Variable dépendante :

Cette étude vise à expliquer l'absence ou l'existence d'alternance démocratique à partir du désir de limitation du nombre de mandats présidentiels des populations dans les pays considérés. Pour ce faire, l'opinion des individus sur la limitation du nombre de mandats présidentiels a été retenue comme variable à expliquer. La question q38 est donc celle que nous avons choisie comme variable endogène. Nous avons recodé cette variable en variable binaire.

Elle prend la valeur 0 si l'individu est contre la limitation des mandats présidentiels et 1 si l'individu est plutôt pour la limitation.

Variables indépendantes :

Nos variables indépendantes sont l'indicateur de pauvreté, le niveau d'éducation, l'âge, le sexe, le milieu de résidence, l'appartenance au parti au pouvoir, la perception de la situation économique du pays, participation à des discussions sur des questions politiques avec les amis ou en famille.

ï Niveau de pauvreté

Pour mesurer le niveau de pauvreté des individus, nous avons construit un indicateur de deux manières différentes. Les questions utilisées pour la construction des indicateurs sont relatives à l'accès à la nourriture, à l'eau, aux soins de santé et aux combustibles. Les variables retenus sont q8a, q8b, q8c et q8d. Le premier est un indicateur composite de pauvreté qui a été conçu par la méthode des ACM. Plus l'indicateur est faible, plus l'individu est pauvre.

Le second est calculé en faisant simplement la moyenne des items des différentes variables. Plus la valeur de cet indicateur est élevée, plus l'individu est pauvre.

Ces deux indicateurs ont été calculés avec les mêmes variables non monétaires.

ï Niveau d'éducation

Le niveau d'éducation des individus est mesuré par la question q89. Cependant nous avons créé une nouvelle variable (educ_new) qui comporte 5 modalités au lieu des 10 modalités de la question q89. Ces 5 modalités ont été obtenues en regroupant certaines modalités proches de la question q89 de notre questionnaire.

ï Appartenance au parti au pouvoir

Une nouvelle variable a été créée à partir de la variable q86. En effet la nouvelle variable prend la valeur 1 si l'individu est proche du parti au pouvoir et 0 sinon.

ï Confiance au Président

Le niveau de confiance au Président de la République est mesuré par la variable q49a de notre questionnaire.

ï Perception de la situation économique actuelle du pays (q4A)

La perception de la situation économique actuelle du pays est mesurée par la variable q4A.

ï Discussion des questions politiques en famille ou avec les amis (q14)

La variable q14 nous donne des informations sur cet élément.

ï Age

L'âge est mesuré par la variable q1. Cependant nous avons créé une nouvelle variable dont les modalités sont des classes d'âge. Nous avons 4 classes5 :

1re Classe d'âge = [18 ; 34], 2e Classe d'âge = [35 ; 54], 3e Classe d'âge = [55 ;

64], 4e Classe d'âge = [65 ; 100],

ï Sexe

L'information sur le sexe de l'enquêté est donné par la variable q101.

ï Milieu de résidence (milieu SE)

5 1re Classe d'âge= *18 ; 34+, 2e Classe d'âge = *35 ; 54+, 3e Classe d'âge = *55 ; 64+, 4e Classe d'âge = *65 ; 99].

Le milieu de résidence peut-être urbain ou rural. Il est mesuré par la variable milieu SE.

1.4.3. Formes fonctionnelles de l'indicateur composite de pauvreté

Nous construisons notre indicateur de pauvreté non monétaire de deux manières. Ø 1re Méthode :

Notre indicateur de pauvreté est construit à partir de plusieurs variables non monétaires de pauvreté. Pour avoir un indicateur assez cohérent, nous allons agréger nos variables non monétaires selon l'approche d'inertie. Elle tire son origine de la mécanique statique. Cette méthode s'appuie sur les techniques d'analyses multidimensionnelles. Dans notre étude nous utiliserons l'analyse des correspondances multiples (ACM) car nos variables non monétaires sont toutes qualitatives. L'approche d'inertie a l'avantage d'éliminer autant que possible l'arbitraire dans le processus de construction de l'indicateur contrairement à l'approche d'entropie5(*).

La qualité globale de la représentation sera mesurée par la part d'inertie expliquée par le premier plan factoriel. Cette condition sera associée à la propriété COPA (dite de Consistance Ordinale le long du Premier Axe factoriel) qui nécessite que le bien-être exprimé par les variables dans l'analyse, individuellement ou collectivement, se dégrade lorsqu'on se déplace le long du premier axe factoriel. Plusieurs travaux ont confirmé l'intérêt de la propriété COPA dans l'analyse multidimensionnelle (Ki et al 2005, Borel et al 2006, O.

Diagne et al 2005, etc. cité par Ouarme et al.).

La forme fonctionnelle de l'indicateur est définie comme suit :

Considérons i l'indice d'un individu donné et Ci sa valeur pour l'indicateur, on a :

où K est le nombre d'indicateur catégoriels (nombre de variables); Jk le nombre de catégories de l'indicateur k ; le coefficient de pondération (score normalisé sur le premier axe) de la catégorie Jk et ë1 étant la première valeur propre. est la variable binaire 0/1, prenant la valeur 1 si l'unité a la catégorie jk.

Les coefficients de pondération obtenus par l'ACM correspondent aux scores normalisés sur le premier axe factoriel. La valeur de l'ICP pour tout individu i correspond tout simplement à la moyenne des scores normalisés des variables catégoriques. Le poids d'une catégorie est la moyenne des scores normalisés des unités de population appartenant à cette catégorie.

Toutes les modalités des variables étant transformées en indicateurs binaires codés en 0 ou 1, donnant au total p indicateurs binaires, l'ICP pour un ménage i donné, peut encore s'écrire :

Wp = score normalisé sur le premier axe de la catégorie p et ë1 étant la première valeur propre.

Iip, p=1 à P : Indicateur binaire, prenant la valeur 1 lorsque le ménage a la modalité p et 0 sinon.

Ø 2e Méthode :

Soulignons que nous construirons notre indicateur d'une seconde manière afin que les résultats de nos estimations ne soient pas influencés par la méthode utilisées. Cette seconde méthode s'inspire de celle utilisée par Bratton (2006).

Notre seconde méthode de construction de l'indicateur de pauvreté consistera simplement à faire la moyenne des items i.e.

1.4.4. Présentation du modèle probit

En économétrie, on utilise généralement deux modèles lorsque la variable endogène ou expliquée est qualitative et dichotomique c'est-à-dire qu'elle est composée uniquement de deux modalités. Par exemple, dans notre cas, l'individu est soit pour la limitation du nombre de mandat présidentiel soit il ne l'est pas. Les deux modèles en question sont les modèles probit et logit. Mais ces deux modèles donnent des résultats relativement similaires. (Christophe HURLIN). Ainsi pour notre étude nous utiliserons principalement le modèle probit pour faire nos analyses. L'erreur suit la loi normale centrée réduite.

Le modèle s'écrit :

Avec variable dépendante, le vecteur des

variables indépendantes, le vecteur des coefficients et l'erreur. On a:

Pi= Prob (yi=1|Xi)

Pi=Prob (

Pi=Prob (

Pi=1- Prob (

Pi= 1- F (-

Pi= F (

Pi

=

?

(

)

Les valeurs des coefficients sont difficilement interprétables néanmoins leurs signes respectifs nous donnent des informations sur le sens de l'influence de chacune des variables explicatives sur la variable endogène.

1.4.5. Présentation du modèle de propensity score matching

Le modèle de propensity score matching ou encore méthode d'appariement par score de propension est une méthode économétrique qui a été introduit en 1974 par le statisticien D. Rubin. Il est utilisé lorsqu'un traitement peut être administré ou non à un individu. L'objectif principal de cette méthode est de faire en sorte que la participation au traitement ait les caractéristiques d'une expérience aléatoire. Le traitement peut être par exemple dans notre cas le fait d'être alphabétisé ou non. Le traitement T prend deux valeurs au minimum pour exprimer chaque état. Considérons par exemple que le traitement T prend la valeur 0 si l'individu n'est pas traité et 1 s'il est.

L'efficacité du traitement est mesurée à travers une variable de résultat Yi. Le modèle introduit pour chaque individu deux variables latentes y0 et y1 correspondant aux résultats potentiels de l'individu selon qu'il reçoit le traitement (T=1) ou non (T=0). Elles ne sont jamais simultanément observées à la même date pour un même individu. Ainsi, pour un individu traité par exemple, y1 est connue et est mesurée par la variable de résultat observée de l'individu Yi tandis que y0 est inconnue et correspond au résultat potentiel qui aurait été réalisé si l'individu n'avait pas été traité. Pour un individu non traité, on observe au contraire y0 tandis que y1 est inconnue.

La variable de résultat observée peut donc se déduire des variables potentielles et de la variable de traitement par la relation :

L'effet du traitement quant à lui est calculé par la formule suivante :

L'effet du traitement est donc égal à la différence entre l'état de l'individu quand il reçoit le traitement et son état sans traitement. Cet effet n'est pas directement observable car l'individu ne peut être observé dans les deux états simultanément. Pour parer à cette difficulté, on va former deux groupes d'individu l'un appelée groupe de traitement et l'autre groupe de contrôle.

251660288

251661312L'effet moyen du traitement sur le groupe des traités qu'on note ATT (Average Treatment on the Treated) :

n'est pas connue tandis que est connue.

Ainsi pour pouvoir calculer l'effet moyen du traitement sur les traités, il est indispensable de recourir à deux hypothèses importantes :

ü L'hypothèse d'indépendance conditionnelle à des observables (ICO)

Le vecteur de variables observables X, est tel que est indépendant de la participation, conditionnellement à X.

Formellement,

L'équation ci-dessus stipule que, pour un vecteur X donné, la moyenne de la variable Y des non-participants correspond à la moyenne qui aurait été observée pour les participants si ceux-ci n'avaient pas participé. L'hypothèse précédente nous permet d'écrire que :

Et

ü Existence d'un groupe de comparaison :

Cette hypothèse garantit que pour chaque participant il existe au moins un nonparticipant qui lui soit comparable:

Cependant l'hypothèse d'indépendance conditionnelle à des observables (ICO) nécessite un nombre important de variables ce qui peut conduire à des complications. C'est pour résoudre ce problème de dimension que Rubin et Rosenbaum (1983) ont montré un résultat important permettant de nombreuses simplifications.

Proposition : S'il y a indépendance conditionnellement à des observable, alors il y a indépendance conditionnellement au score :

Le score est simplement la probabilité de participer. Ainsi le problème de la dimension peut être résolu de façon drastique : il est seulement nécessaire de conditionner par une unique variable quelque soit la dimension de l'ensemble initialement introduit.

Ainsi une étape initiale de toute évaluation consiste en une régression expliquant l'aectation au traitement. Elle est faite par exemple en utilisant un modèle

Logit. Et ensuite on passe à l'estimation de l'ATT à partir des différents estimateurs à savoir Kernel matching et Nearest-neighbor matching6(*). Dans le cas du Nearest-neighbor matching, il peut arriver que pour certains traités le plus proche voisin (non traité) ait un propensity score très différent. Le Kernel matching offre une solution à ce problème. (S. O. Becker, A. Ichino ; 2002)

Chapitre II : Résultats et Analyses

1.5. Construction de l'indicateur composite de pauvreté

Pour construire nos indicateurs de pauvreté, nous avons sélectionnés un certain nombre de variables relatives aux besoins fondamentaux de l'homme. Au regard de la base dont nous disposons et de la littérature, les variables que nous avons choisies, sont relatives à l'accès à la nourriture, à l'eau, aux soins de santé et aux combustibles. Les variables retenus sont q8a, q8b, q8c et q8d. Nous avons ensuite retenu les modalités jamais ou « never », juste 1 ou 2 fois ou « Just once or twice », quelques fois ou « several times », plusieurs fois ou « many times » et enfin toujours ou « always ».

L'alpha de Cronbach vaut 0.7327 dans le cas du Burkina Faso et 0.7042 dans le cas du Bénin. Les valeurs de notre alpha de Cronbach sont satisfaisantes.

Nous calculerons nos indicateurs de deux manières différentes. Nous calculerons nos indicateurs à partir d'une ACM et ensuite en faisant simplement la moyenne des items.

ü Construction de l'Indicateur de Pauvreté par ACM

Nous avons ensuite procédé à une Analyse des Correspondances Multiples avec ces diverses variables. Le principal critère utilisé est celui de la Consistance Ordinale sur le Premier Axe (COPA) factoriel qui traduit globalement une situation de bien-être. Cette propriété est une condition nécessaire pour que l'ICP ordonne les ménages en fonction de leur niveau de bien-être. Elle consiste, pour un indicateur primaire donné, à voir sa structure ordinale de bien-être respectée par la structure ordinale des coordonnées (scores) de ses modalités sur le premier axe. (Ki et al., 2005)

1) Burkina Faso

Ce graphique indique que la propriété de Consistance Ordinale sur le premier axe est respectée. En effet, on observe que la situation de bien être évolue positivement de la gauche vers la droite suivant le premier axe. Les modalités (toujours, plusieurs fois) représentant des situations de manques ont des coordonnées négatives sur le premier axe tandis que les modalités (juste 1 ou 2 fois, jamais) indiquant des situations d'accessibilité aux biens ont des scores positifs sur le premier axe. Ainsi on peut dire que toutes les variables ayant servies pour la construction de l'indicateur respecte la propriété COPA. Le premier axe factoriel explique 14.18% de l'inertie totale.

2) Bénin

Au Bénin, la propriété COPA n'est pas respectée lorsqu'on considère toutes les 5 modalités au niveau de chaque variable. En effet, la modalité « always » (toujours) est la seule modalité qui entrave au respect de cette propriété. Lorsqu'on fait les statistiques descriptives pour chaque variable considéré, on se rend compte que cette modalité est faiblement représentée. On a

2.58%, 11.08%, 5.17% et 1.92% respectivement pour les variables q8a, q8b, q8c

et q8d. En plus, elle est la modalité qui a le plus faible pourcentage parmi les 5 modalités retenus pour les différentes variables. Nous n'avons donc pas retenu cette modalité dans notre ACM. Nous avons donc recalculé notre alpha de Cronbach qui vaut désormais 0.7261 ce qui est acceptable.

Ce graphique indique que la propriété de Consistance Ordinale sur le premier axe est respectée. En effet, on observe que la situation de bien être évolue positivement de la gauche vers la droite suivant le premier axe. Les modalités (plusieurs fois, quelques fois) représentant des situations de manques ont des coordonnées négatives sur le premier axe tandis que les modalités (jamais) indiquant des situations d'accessibilité aux biens ont des scores positifs sur le premier axe. Ainsi on peut dire que toutes les variables ayant servies pour la construction de l'indicateur respecte la propriété COPA. Le premier axe factoriel explique 18.20% de l'inertie totale.

Nous avons ensuite conçu notre indicateur selon la méthode de Bratton (2006). La corrélation entre les deux indicateurs est en valeur absolue de 0.98 dans le cas du Burkina Faso et de 0.96 dans le cas du Bénin. Dans les deux cas la corrélation est significative à 1%. La corrélation étant très forte entre les deux indicateurs, nous choisirons de travailler avec l'un des deux indicateurs dans la suite. Nous optons pour l'indicateur calculer par la méthode de Bratton car il y a moins de données manquantes par rapport à l'autre indicateur.

1.6. Statistiques descriptives

Dans cette partie, nous allons présenter quelques statistiques descriptives de nos variables principales à savoir les variables relatives au niveau d'éducation, au niveau de la pauvreté et à l'opinion sur la limitation des mandats présidentiels.

Niveau d'éducation

Figure 1: Répartition du niveau d'éducation au Burkina Faso et au Bénin

%

0

%

5

10

%

%

15

%

20

25

%

30

%

%

35

40

%

45

%

%

50

Pas

d'enseignement

formel

Enseignement

informel

Enseignement

primaire

inachevé et

achevé

Enseignement

secondaire

inachevé et

achevé

Supérieur

inachevé et

achevé

%

50

12

%

17

%

17

%

%

4

40

%

2

%

24

%

%

30

%

4

Burkina Faso

Bénin

En élaborant nos statistiques descriptives concernant l'éducation, nous obtenons des résultats assez intéressants. En effet au Burkina Faso, on remarque d'abord que près de la moitié des individus interrogés n'ont pas reçu d'enseignement formel. 17% des individus ont achevés ou inachevés le cycle primaire. On observe aussi qu'à peu près la même proportion a achevé ou inachevé le cycle secondaire. Le nombre de personnes ayant atteint le supérieur est très infime (environ 4% des personnes interrogées).

Cependant au Bénin, le nombre d'individu n'ayant pas reçu d'enseignement formel est plus faible avec environ 40% des individus interrogés. On lit aussi que 24% des personnes ont achevés ou inachevés le cycle primaire tandis qu'environ 30% des individus ont achevés ou inachevés le cycle secondaire. La proportion d'individus interrogés ayant atteint le supérieur est aussi faible dans ce pays (4%). Globalement, on constate qu'au Bénin la population cible est beaucoup plus éduquée qu'au Burkina Faso. Ces résultats concordent avec ceux du programme des nations-unies pour le développement (PNUD). En effet, selon le rapport de 2009 le taux d'analphabétisme (pour les personnes âgées de plus de 15 ans) est de 71,3% au Burkina Faso tandis qu'au Bénin il est de 59,5%.

Niveau de pauvreté

En vu de faciliter l'interprétation, nous avons construit des classes de pauvreté à l'aide de l'un de nos indicateurs (moyenne des items (indicateur_mean))7(*). On distingue 5 classes : les mieux nantis, les pauvres occasionnels, les pauvres, les très pauvres et les indigent.

La proportion de chaque classe dans l'échantillon dans chaque pays est donc résumée dans les graphiques suivant :

Figure 2: Répartition du niveau de pauvreté au Burkina Faso et au Bénin

Source

Auteur

:

0

%

5

%

10

%

15

%

%

20

25

%

30

%

35

%

%

40

Mieux nantis

Pauvre

occasionnel

Pauvre

Très pauvre

Indigent

17

%

28

%

29

%

18

%

,10%

7

,50%

13

28

%

%

37

%

18

2

,10%

Burkina Faso

Bénin

On remarque en observant les deux graphiques le graphique ci-dessus que la distribution de la pauvreté dans les deux pays est proche de la distribution de la loi normale. On observe aussi que dans les deux pays, la majeure partie des personnes interrogées se trouve dans les groupes du milieu (pauvre occasionnel, pauvre et très pauvre). La proportion de « mieux nantis » c'est-à-dire de personnes n'ayant jamais manquées de biens essentiels (eau, nourriture, soins de santé et combustibles), au cours des douze derniers mois ayant précédés l'enquête, au Burkina Faso (17%) est supérieur à celle du Bénin (13,5%). De même la proportion d'«indigent » c'est-à-dire de personnes ayant toujours manquées de biens essentiels au Burkina Faso (7,1%) est supérieur à celle du Bénin (2,1%).

Opinion sur la limitation des mandats présidentiels

Figure 3: Répartition des opinions sur la limitation du nombre de mandats présidentiels au Burkina Faso et au Bénin

Source

Auteur

:

0

%

5

%

10

%

15

%

20

%

25

%

%

30

35

%

40

%

45

%

Tout à fait

d'accord avec

la limitation

D'accord avec

la limitation

D'accord avec

la non

limitation

Tout à fait

d'accord avec

la non

limitation

Ni l'un ni

l'autre

Ne sais pas

37

%

16

%

11

%

%

25

3

%

8

%

%

41

%

34

%

11

%

11

%

2

1

%

Burkina Faso

Bénin

Quand on analyse les opinions des individus quant à la limitation des mandats présidentiels, on observe qu'au Burkina Faso 53% des personnes sont pour la limitation du nombre de mandats présidentiels tandis 36% des individus sont d'un avis contraire. De même au Bénin, on observe que 75% des enquêtés sont favorable à une limitation alors qu'environ 22% sont contre la limitation du nombre de mandats présidentiels. A l'issu de ces analyses, on peut faire deux grandes remarques : tout d'abord, on constate que dans les deux pays les personnes qui sont en faveur de la limitation du nombre de mandats présidentiels sont majoritaires et en second lieu, on remarque qu'au Bénin la proportion d'individus favorables à la limitation (75%) est plus élevée qu'au Burkina Faso (52%). La proportion des béninois favorable à une limitation est donc environ 1,5 fois plus grand que la proportion des burkinabè favorable. Cet écart peut s'expliquer par la différence de culture démocratique qui existe dans les deux pays. Comme, nous l'avons déjà souligné le Bénin a connu plusieurs alternances démocratiques.

Education et limitation du nombre de mandats présidentiels

Figure 4: Répartition des opinions sur la limitation par niveau d'éducation au Burkina Faso

Source : Auteur

En analysant ce graphique représentant les opinions de la population burkinabè sur la limitation des mandats présidentiels, on se rend compte que pour tous les niveaux d'éducation, les personnes favorables à la limitation sont plus nombreux exceptés pour ceux qui ont reçu un enseignement informel. En effet, dans cette catégorie ceux qui sont favorable à la limitation sont légèrement moins nombreux que ceux qui sont contre. On remarque aussi que la proportion de ceux qui sont contre la limitation des mandats baisse considérablement. La proportion passe de 50% en moyenne pour les deux niveaux d'éducation les plus bas à environ 30% pour les deux autres niveaux suivant et enfin à moins de

5% pour les niveaux d'éducations les plus élevés. Il semblerait donc a priori qu'il y ait un lien entre le niveau d'éducation et l'opinion des individus. Cette hypothèse vient être renforcée par le test de Chi-deux de Pearson qui nous révèle que les deux variables sont dépendantes au seuil d'1%.

Figure 5: Répartition des opinions sur la limitation par niveau d'éducation au Bénin

Source : Auteur

Le graphique ci-dessus nous apprend qu'au Bénin, pour tous les niveaux d'éducation, les individus qui ne sont pas favorables à la limitation sont minoritaires. Par ailleurs, on constate aussi que cette proportion s'amenuise au fur et à mesure que le niveau d'éducation augmente. Comme dans le cas du Burkina Faso, il semblerait qu'il y ait un lien entre le niveau d'éducation et l'opinion des individus. Cette hypothèse vient être renforcée une fois de plus par le test de Chi-deux de Pearson qui nous révèle que les deux variables sont dépendantes au seuil de 1%.

En comparant les deux pays, on peut relever qu'au Bénin la proportion des individus défavorables à la limitation pour tous les niveaux d'éducation ne franchit pas la barre des 30% tandis qu'au Burkina Faso pour les 4 niveaux d'éducation les plus faible, il dépasse la barre des 30%, il atteint même 50% pour un niveau donné.

Pauvreté et limitation du nombre de mandats présidentiels

Les graphiques ci-dessous nous présentent la répartition des opinions des individus sur la limitation des mandats présidentiels dans chacun des deux pays.

Figure 6 : Répartition des opinions sur la limitation par niveau de pauvreté au Burkina Faso

Source : Auteur

Figure 7 : Répartition des opinions sur la limitation par niveau de pauvreté au Bénin

Source : Auteur

En analysant ces deux tableaux graphiques, on relève que quelques soit le niveau de pauvreté et quelque soit le pays les personnes favorables à la limitation sont majoritaires. On constate aussi que les proportions des individus défavorables à une limitation au Bénin, quelque soit le niveau de pauvreté, ne franchit pas la barre des 30% tandis qu'au Burkina Faso elles excèdent les 34%.On remarque qu'au Burkina Faso les proportions les plus élevées de personnes favorable à la limitation se trouvent dans la catégorie des pauvres, très pauvres et des indigents. Vu la répartition des opinions, on pourrait affirmer qu'il n'y a pas de lien entre le niveau de pauvreté et les opinions des individus dans les deux pays. Cette affirmation vient être renforcée par le test de Chi deux qui confirme une indépendance entre les deux variables dans les deux pays.

Autres variables

Tableau 1 : Répartition des opinions sur les autres variables retenues pour l'analyse

Variables

Modalités

Pourcentages (%)

Burkina Faso

Bénin

Parti_pouvoir

Oui

39.25

18.82

Non

60.75

81.18

Confiance au président

Pas du tout

7.42

10.67

Juste un peu

13.40

17.53

Partiellement confiance

17.34

26.16

Très confiance

61.84

45.64

Situation_economique

Très mal

18.51

28.05

Mal

34.74

34.12

Ni bien ni mal

13.69

15.84

Bien

29.50

19.63

Très bien

3.55

2.36

Debats_politiques

Jamais

48.05

21.36

Occasionnellement

36.02

53.60

Fréquemment

15.93

25.04

Age

18 - 34 ans

53.44

52.18

35 - 54ans

32.78

38.93

55 - 64 ans

8.37

5.87

65 ans et plus

5.41

3.02

Sexe

Homme

50.08

49.83

Femme

49.92

50.17

Milieu de résidence

Urbain

26.67

41.33

Rural

73.33

58.67

En analysant le tableau ci-dessus, on note que dans les deux pays la majeure partie des individus ne se sentent pas proche du parti au pouvoir. Néanmoins, au Burkina Faso la proportion d'individus proches du parti au pouvoir est le double de celle du Bénin. On remarque aussi que dans les deux pays, la majorité des personnes ont confiance en leur président ne serait-ce que partiellement. Mais le Burkina Faso se démarque du Bénin avec 61.84% des individus qui affirment avoir très confiance en leur président contre 45.64% pour le Bénin. Plus de la moitié des individus estiment que la situation économique de leur pays est mauvaise aussi bien au Bénin qu'au Burkina Faso.

Au Burkina Faso, près de la moitié (48.05%) des individus affirment qu'ils ne discutent jamais de politique avec leur entourage (familles et amis). Tandis qu'au Bénin, ce taux s'élève seulement à 21%. La population dans les deux pays est relativement jeune. Dans les deux pays, la proportion de femme est à peu près égale à celle des hommes. La majeure partie de la population est rurale dans les deux pays.

1.7. Présentation et analyse des résultats

1.7.1. Présentation et analyse des résultats des estimations par le modèle probit

Le tableau ci-dessous résume les résultats des estimations du modèle probit pour chacun des pays. Pour chaque pays, on a fait deux estimations. Dans la première estimation (I), on a utilisé comme variables explicatives le niveau de pauvreté, le niveau d'éducation, la proximité avec le parti au pouvoir, la confiance au président, l'appréciation de la situation économique actuelle et la participation à des débats politiques. Dans la seconde estimation (II), nous avons utilisé en plus des variables du modèle (I) des variables démographiques (âge, sexe, milieu de résidence).

Tableau 2 : Résultats de l'analyse économétrique par le modèle probit

 

(I)

(II)

 

limitation du nombre de mandats

BURKINA FASO

BENIN

BURKINA FASO

BENIN

pauvreté

0.0621

0.0653

0.0816*

0.0763

 

(0.0418)

(0.0508)

(0.0432)

(0.0515)

éducation

0.112***

0.163***

0.110***

0.145***

 

(0.0360)

(0.0329)

(0.0415)

(0.0364)

parti_pouvoir

-0.316***

-0.0298

-0.309***

-0.0159

 

(0.0887)

(0.109)

(0.0908)

(0.110)

confiance au président

-0.302***

-0.0975**

-0.301***

-0.0989**

 

(0.0488)

(0.0452)

(0.0498)

(0.0458)

situation économique

-0.0690*

-0.187***

-0.0583

-0.189***

 

(0.0360)

(0.0407)

(0.0372)

(0.0413)

débats politiques

0.187***

0.107*

0.182***

0.0932

 

(0.0620)

(0.0645)

(0.0643)

(0.0679)

âge

 
 

0.103*

0.0630

 
 
 

(0.0576)

(0.0625)

sexe

 
 

-0.0460

-0.0616

 
 
 

(0.0933)

(0.0952)

milieu de résidence

 
 

-0.209*

-0.320***

 
 
 

(0.113)

(0.0927)

Constant

 
 

1.144***

1.525***

 
 
 

(0.358)

(0.331)

Nombre d'observations

960

1115

932

1107

Prob > chi2

0.000

0.000

0.000

0.000

Pseudo R2

0.0836

0.0617

0.0921

0.0714

*** : significatif à 1%, ** : significatif à 5%, * : significatif à 10%. Les erreurs types sont entre parenthèses

Source : l'auteur

Nos estimations par le modèle probit, nous révèle dans le modèle (I) qu'au Burkina Faso les variables qui ont un effet significatif sur le choix des individus par ordre de significativité sont le niveau d'éducation, la proximité avec le parti au pouvoir, la confiance au président, la participation aux débats politiques et l'appréciation de la situation économique. Dans le cas du Bénin, les variables significatives sont le niveau d'éducation, l'appréciation de la situation économique, la confiance au président et la participation aux débats politiques.

Dans le modèle (II), on note que les variables significatives, dans le cas du

Burkina Faso, sont le niveau d'éducation, la proximité avec le parti au pouvoir, la confiance au président, la participation au débats politiques, le niveau de pauvreté, l'âge et le milieu de résidence. On remarque donc que la variable liée au niveau de pauvreté est devenue significative mais cette significativité reste faible. Dans le cas du Bénin, les variables significatives sont le niveau d'éducation, l'appréciation de la situation économique, le milieu de résidence et la confiance au président.

La pauvreté a un impact positif et faiblement significatif au Burkina Faso dans le modèle (II). Dans le modèle (I), cet effet est positif mais non significatif. On peut donc en déduire que l'impact de la pauvreté est mitigé dans le cas du Burkina Faso. Néanmoins en s'appuyant sur les résultats du modèle (II), on peut affirmer que plus on est pauvre plus on est enclin à la limitation du nombre de mandats présidentiels au Burkina Faso. Ce résultat pourrait s'expliquer par le fait que les pauvres ont tendances à penser que leur pauvreté résulte des politiques menées par le gouvernement en place. En d'autres termes, s'ils n'arrivent pas à satisfaire leur besoins fondamentaux, c'est parce que le gouvernement en place ne mène pas des politiques pouvant leur facilité l'accès à ces biens (eau, nourritures, soins médicaux,..). C'est donc à juste titre qu'ils pensent que limiter le mandat du président favoriserait le changement des instances dirigeantes et par ricochet favoriserait l'avènement d'un nouveau gouvernement qui pourrait résoudre leurs problèmes. La faiblesse de la significativité nous conduit à être prudents quant à l'interprétation que nous venons de faire de ces résultats. Dans le cas du Bénin, l'effet est positif mais non significatif dans les deux modèles. Le niveau de pauvreté n'agit donc pas sur la position des individus quant à la limitation du nombre de mandats présidentiels au Bénin.

L'éducation a un impact positif et très significatif (seuil de significativité 1%) dans les deux modèles des deux pays. Le niveau d'éducation est aussi la seule variable qui garde une forte significativité quelque soit le pays et quelque soit le modèle. Le niveau d'éducation semble être donc le meilleur déterminant du choix de la limitation du nombre de mandats présidentiels parmi nos variables. Ce résultat vient confirmer celui révélé par le test de Chi deux. Ce résultat traduit le fait que plus on a un niveau élevé d'éducation plus on est favorable à la limitation du nombre de mandats présidentiels. Nos résultats concordent avec ceux de Wantchekon et al. (2006) qui avait montré que les individus plus instruits avaient tendance à adopter une vision intrinsèque de la démocratie. La limitation du nombre de mandats présidentiels est donc un désir ardent pour ceux-là qui ont un niveau scolaire de plus en plus élevé. L'influence de l'éducation est compréhensible dans la mesure où les intellectuels comprennent plus les avantages de la limitation des mandats. Ils ont en général une culture politique plus accru qui est favorisé par leur niveau d'information.

Au Burkina Faso, plus on est proche du parti au pouvoir moins on est enclin à la limitation du nombre de mandats présidentiels. Tandis qu'au Bénin cette variable n'a aucun effet significatif sur les choix des individus. Cette différence de résultat entre les deux pays pourrait se justifier par la maturité du peuple béninois en termes de démocratie. En effet, comme nous l'avons souligné plus haut les béninois sont habitués à l'alternance démocratique à l'opposé des burkinabè. Il faut souligner aussi qu'au Burkina Faso, quand on parle de limitation de mandat présidentiel, les personnes proches du pouvoir majoritaire font un lien direct avec le remplacement du président Blaise COMPAORE ce qui affecte leur choix. En effet, depuis que le parti au pouvoir (CDP) a été créé, son candidat aux élections présidentielles a toujours été Blaise COMPAORE qui a d'ailleurs remporté toutes ces élections. Il y a donc une confusion entre le parti en tant qu'organisation et la personne du président.

La confiance au président a un effet négatif et significatif sur le désir de limitation du nombre de mandats dans les deux pays quelque soit le modèle. Plus les individus ont confiances en leur président respectif, plus ils sont défavorables à une quelconque limitation du nombre de mandats présidentiels. La confiance au président apparaît donc comme un très bon déterminant du choix des individus dans les deux pays.

Dans les deux pays, on note que l'appréciation de la situation économique qui prévalait au moment de l'enquête a un impact négatif sur la position des individus quant à la limitation du nombre de mandats présidentiels. Cet effet est très significatif dans le cas du Bénin quelque soit le modèle mais dans le cas du Burkina Faso il est moins significatif ; il perd même sa significativité lorsqu'on passe du modèle (I) au modèle (II). Ainsi plus les individus sont satisfait de la situation économique de leurs pays respectifs plus il est probable qu'ils soient opposés à la limitation du nombre de mandats présidentiels. Ce résultat ne paraît pas à priori surprenant dans la mesure où « on ne change pas une équipe qui gagne » selon une expression populaire.

Au Burkina Faso, on observe que la variable débats politiques a un effet positif et très significatif sur la limitation. En d'autres termes, plus l'individu mène des discussions en rapport avec les questions politiques plus il est porté vers la limitation du nombre de mandats présidentiels. Cela traduit le fait que les personnes qui sont plus éveillés ou qui ont une maturité (un niveau élevé d'information) en matière de questions politiques sont d'avis que la limitation est nécessaire. Dans le cas du Bénin, cet effet est positif mais il perd de sa significativité lorsqu'on passe du modèle (I) au modèle (II).

La variable âge a un effet positif dans les deux pays. Cependant il est faiblement significatif dans le cas du Burkina Faso et non significatif dans le cas du Bénin. Au Burkina Faso, plus les individus sont âgés plus ils sont favorables à une limitation du nombre de mandats présidentiels. Ce résultat peut s'expliquer par le fait que les adultes ont vécu plus l'expérience de l'absence d'alternance au Burkina Faso et ont donc assisté ou assistent encore à ses inconvénients.

Les individus résidant en milieu urbain sont plus enclins à la limitation que ceux résidant en milieu rural. Loger en milieu rural diminue donc la probabilité d'opter pour la limitation du nombre de mandats présidentiels. Ce résultat pourrait s'expliquer par le fait qu'en milieu rural, les individus sont dans un environnement où la tradition domine. Le président de la république est donc comme un « chef traditionnel», on ne peut le remplacer de son vivant. En d'autres termes, on ne peut limiter le nombre de mandat.

La variable genre n'a pas d'effet significatif sur le choix des individus quant à la limitation du nombre de mandats présidentiels. Le sexe de l'individu ne détermine donc pas son choix.

1.7.2. Présentation et analyse des résultats des estimations par la méthode d'appariement

? Education et désir de limitation

Comme nous l'avons souligné dans les pages présentes, nous allons d'abord estimer la probabilité d'être traité. L'éducation est notre variable de traitement. Plus exactement, nous considèrerons le fait d'être éduqué comme le fait d'être alphabétisé. Plus précisément, être dans le groupe de traitement, c'est être alphabétisé et être dans le groupe de contrôle équivaut donc à être non alphabétisé. Nous avons considéré qu'un individu est alphabétisé s'il a achevé au moins le cycle primaire.

Nous avons choisi comme variable pouvant déterminer la probabilité d'être alphabétisé en nous appuyant sur la littérature, les variables suivantes : l'âge, le sexe, le milieu de résidence et le niveau de pauvreté.

Dans les deux cas (Burkina Faso et Bénin), le modèle d'estimation du propensity score est globalement significatif. Nos variables indépendantes sont toutes significatives au seuil d'1% dans les deux situations. (Voir annexe) En plus, le test de distribution des caractéristiques (balancing property) est satisfait dans les deux cas.

Le tableau ci-dessous résume les résultats issus du Nearest-neighbor matching et du Kernel matching dans le cas du Burkina Faso.

 

N. Treat.

N. Cont.

ATT

Std. Err.

t

Nearest-neighbor

315

768

0.145***

0.031

4.685

Kernel

315

885

0.145***

0.028

5.150

Comme, on le voit l'éducation a un impact positif et très significatif sur la probabilité de choisir la limitation des mandats présidentiels. L'éducation augmente donc la probabilité de désirer la limitation d'environ 0.145. Ce résultat vient confirmer les résultats obtenus à partir du modèle probit.

Le tableau ci-après résume quant à lui, les résultats issus du Nearest-neighbor matching et du Kernel matching dans le cas du Bénin.

 

N. Treat.

N. Cont.

ATT

Std. Err.

t

Nearest-neighbor

455

725

0.115***

0.024

4.864

Kernel

455

745

0.115***

0.028

4.163

Comme, on le voit l'éducation a un impact positif et très significatif sur la probabilité de choisir la limitation des mandats présidentiels. L'éducation augmente donc la probabilité de désirer la limitation d'environ 0.11. Ce résultat vient confirmer les résultats obtenus à partir du modèle probit.

Une application de la méthode de matching pour évaluer l'impact de la pauvreté sur notre variable dépendante n'a pas été possible car il a été difficile de trouver dans la base des variables qui puissent expliquer significativement le fait d'être pauvre ou pas.

1.8. Limites de l'étude

La variable dépendante de notre étude c'est-à-dire la limitation du nombre de mandats présidentiels est certes pertinente pour cerner le désir d'alternance démocratique des populations mais elle est insuffisante. Pour améliorer l'étude il serait donc utile pour les enquêtes futures d'intégrer une question beaucoup plus spécifique à l'opinion sur l'alternance démocratique. (Par exemple: Que pensez-vous de l'alternance démocratique?)

Conclusions et Recommandations

Au terme de notre étude, plusieurs conclusions peuvent être tirées. En effet, on a constaté que l'éducation avait un effet positif et très significatif quelques soit le modèle utilisé pour les deux pays. Notre première hypothèse est donc vérifiée. Cependant, notre seconde hypothèse n'est pas totalement vérifiée. La pauvreté a un effet positif sur le désir de limitation du nombre de mandats présidentiels mais cet effet n'est pas significatif excepté dans un seul modèle dans le cas du Burkina Faso. On peut donc affirmer qu'elle n'a pas d'impact sur notre variable dépendante. Néanmoins soulignons que l'une de nos variables explicatives a un impact très significatif dans les deux pays. Il s'agit de la confiance au président qui a un effet négatif sur le choix de la limitation du nombre de mandats présidentiels. D'autres catégories de variables ont des effets spécifiquement dans chaque pays. Au Burkina Faso, les variables liées à l'appartenance au parti au pouvoir et la participation à des débats politiques déterminent fortement le choix des individus. L'âge et le milieu de résidence ont des effets faiblement significatifs. Au Bénin par contre, l'appréciation de la situation économique et le milieu de résidence influencent largement la position des individus.

Au regard de tous ces résultats, on comprend en partie l'existence d'alternance démocratique au Bénin. Mais l'absence d'alternance au Burkina est surprenante. En effet, la population désire dans sa grande majorité la limitation mais l'on se demande pourquoi le même président est-il-réélu. La réponse pourrait se trouver au niveau de l'opposition. En effet, les individus n'ayant pas assez confiance ou doutant de l'opposition préfèrerait sans doute s'abstenir de voter. C'est peut être ça la réponse. Les prochaines études pourrait intégrer des questions relatives aux raisons pour lesquelles les individus ne votent pas pour l'opposition afin d'apporter plus d'éclaircissement à la question de l'absence d'alternance démocratique.

A l'issu de ces résultats, voici quelques recommandations que nous formulons pour promouvoir l'alternance démocratique :

ü Encourager les populations à faire de longues études

ü Encourager les discussions d'ordre politique au sein des populations afin d'accroître leur culture démocratique

ü L'opposition doit mieux se structurer afin de gagner la confiance des populations.

Références bibliographiques

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WANTCHEKON L. et TAYLOR G. (2006), «Droits politiques ou biens publics ? Analyse économétrique des représentations de la démocratie en Afrique».

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Annexes

Estimation du propensity score (probabilité d'être éduquer)

Variables indépendantes

BURKINA FASO

BENIN

Age

-0.0325***

-0.0315***

 

(0. 0038)

(0.0033)

Sexe

-0. 3671***

-0. 7424

 

(0. 0915)

(0. 0806)

Zone_résidence

-1.1321***

-0. 6023***

 

(0. 0942)

(0. 0808)

pauvreté

-0.1434***

-0. 1640***

 

(0. 0429)

(0. 0450)

Constant

3.1330***

3.0492***

 

(0.2663)

(0. 2362)

Nombre d'observations

1131

1183

Prob > chi2

0.0000

0.0000

Pseudo R2

0.2253

0.1519

*** : significatif à 1%, ** : significatif à 5%, * : significatif à 10%. Les erreurs types sont entre parenthèses

Présentation des différents estimateurs de type « matching »

? Nearest-neighbor matching

Soit Ci = minj ||pi - pj||. Chaque participant est associé à un seul nonparticipant. Ce dernier se trouve être celui dont le score est le plus près du score du participant i.

Soit le nombre de non-participants et

Wij

L'estimateur par appariement dans le cas (Nearest-neighbor) s'écrit :

Kernel matching

L'estimateur est égal à :

N1 est le nombre de participants, I1 l'ensemble des participants, I0 l'ensemble des non-participants et

avec K le noyau et h la fenêtre

Récapitulatif des questions utilisées dans l'étude

1. Quel est votre âge?

 
 
 

4. En général, comment décririez-vous :

 
 
 
 
 
 

Très bien

Bien

Ni bien ni mal

Mal

Très mal

Ne

sais pas

A. La situation économique actuelle du pays ?

5

4

3

2

1

9

8. Au cours des douze derniers mois, combien de fois est-ce que vous (ou un membre de votre famille) avez dû faire face aux situations suivantes :

 

Jamais

Juste

1 ou

2 fois

Quelques

fois

Plusieurs fois

Toujours

Ne

sais pas

A. Nourriture insuffisante pour manger à sa faim ?

0

1

2

3

4

9

B. Manque d'eau potable pour les besoins domestiques?

 
 
 
 
 
 

C. Manque de médicaments ou de soins médicaux ?

 
 
 
 
 
 

D. Manque de combustible pour la cuisson des repas ?

 
 
 
 
 
 

14. Quand vous êtes avec vos amis ou votre famille, diriez-vous que vous discutez de questions politiques:

Fréquemment

2

Occasionnellement

1

Jamais

0

Ne sais pas [Ne pas lire]

9

38

 

Affirmation 1: La Constitution devrait limiter l'exercice de la fonction de Président du Faso à deux mandats

Affirmation 2: Il ne devrait pas avoir de limite constitutionnelle au nombre de mandats du Président du Faso.

Tout à fait d'accord avec

Affirmation 1 1

D'accord avec

Affirmation 1 2

D'accord avec

Affirmation 2 3

Tout à fait d'accord avec

Affirmation 2

4

En désaccord avec Affirmation 1 et Affirmation 2

 

5

Ne sais pas

 

9

49. Faites-vous confiance à chacune des institutions suivantes, ou n'en avezvous pas suffisamment entendu parler ?

 

Pas du tout

Juste un peu

Partiellement confiance

Très confiance

Ne sais pas / N'en ai pas entendu

A. Le Président du Faso

0

1

2

3

9

89. Quel est le plus haut niveau d'éducation que vous avez atteint?

 

Pas d'enseignement formel

0

Enseignement informel seulement (y compris enseignement coranique)

1

Enseignement primaire inachevé

2

Enseignement primaire achevé

3

Enseignement secondaire / lycée inachevé

4

Enseignement secondaire / lycée achevé

5

Autres qualifications post-secondaires qu'universitaires (diplôme technique ou collège)

6

Université inachevée

7

Université achevée

8

Post universitaire

9

Ne sais pas

99

101. Sexe du Répondant

 

Homme

1

Femme

2

* 1 La Côte d'Ivoire a connu un coup d'Etat à la fin des années 90.

* 2 L'indice utilisé pour le classement est appelé Intelligence Unit Index of Democracy. Il est calculé à partir de 5 segments de la vie démocratique et politique : le processus électoral et le pluralisme, les libertés civiles, le fonctionnement du gouvernement, la participation politique et la culture politique.

* 3 Cité dans un rapport de la Conférence sur les défis de l'alternance en Afrique : Vers l'enracinement de la culture démocratique.

* 4 R. W. Johnson, Zimbabwe : the Hard Road to Democracy, HSF, juin 2000, pp. 15-17

* 5 L'approche d'entropie est exploitée dans la théorie statistique de l'information. C'est une approche paramétrique. E. Massoumi (1986) est parti de cette théorie s'appuyant sur une mesure de divergence entre deux distributions pour proposer un indicateur composite optimal (C) qui minimise une somme pondérée de divergence deux à deux. Cette approche fait appel à l'arbitraire pour le choix de coefficients intervenant dans le calcul de l'indicateur.

* 6 Voir annexe pour plus de détail sur les différents estimateurs

* 7 Nous avons utilisé la classification de Bratton dans son article « populations pauvres et citoyenneté démocratique en Afrique »






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