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Les déterminants de l'inflation en Mauritanie.

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par Mohamed EL Moctar KHATTRY
Université de Cocody - Master 2 Hautes études en gestion de la politique économique. 2013
  

Disponible en mode multipage

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    REPUBLIQUE DE COTE D'IVOIRE

    Union - Discipline - Travail

    MINISTERE DE L'ENSEIGNEMENT SUPERIEUR

    UNIVERSITE DE COCODY

    UFR SEG / CIRES

    Programme de Formation en Gestion de la politique Economiques (G.P.E)

    DOSSIER DE POLITIQUE ECONOMIQUE

    Thème :

    Analyse de déterminants de l'inflation en Mauritanie

    Encadré par : Réalisé par :

    Prof. FOADE Denis Jol Tognivi KHATTRY Mohamed EL Moctar

    Enseignant chercheur Auditeur GPE 14

    à UFR/SEG UFHB et CIRES

    MASTER II

    HAUTES ETUDES EN GESTION DE LA POLITIQUE ECONOMIQUE

    Septembre 2013

    SOMMAIRE

    INTRODUCTION 1

    1- Contexte et problématique 1

    2- Intérêt de l'étude 3

    3- OBJECTIFS DE L'ETUDE 3

    4- METHODOLOGIE DE L'ETUDE 4

    Chapitre I : Analyse Théorique et empirique 5

    I.1 Analyse théorique 5

    - I.1.1 L'inflation par la demande 5

    - I.1.2 L'inflation par les coûts 5

    - I.1.3 'inflation par les structures 6

    - I.1.4 L'inflation par la monnaie 7

    I.2 Analyse empirique 11

    - I.1.2.1En France 11

    - I.1.2.2 En Tunisie 11

    - I.1.2.3 Au Zimbabwe 11

    - I.1.2.4 En zone franc 11

    - I.1.2.5 Au Nigeria 11

    - I.1.2.6 Au Mali 11

    - I.1.2.7 en Guinée 12

    - I.1.2.8 En Mauritanie 12

    Chapitre 2 : Analyse économétrique 13

    II.1  Méthodologie 13

    II.1.1 le modèle théorique 13

    II.1.2 Choix des variables 13

    II.1.3 Les données 14

    II.2 Estimation du modèle et résultats 15

    II.2.1 Estimation du Modèle 15

    II.2.2 Résultats 17

    Conclusion et recommandation 19

    Avant propos

    Le programme de formation en gestion de la politique économique (GPE) est un programme de troisième cycle financé par la banque mondiale et african capacity bulding fundation(ACBF). Le programme a comme objectif la formation des praticiens de l'économie, orients la fois vers la conception et la mise en oeuvre des politiques économiques.

    Le dossier de la politique économique (DPE) est un document rédigé par les auditeurs dans le cadre de leur formation. Il traite un thème portant sur un problème économique et dont la finalité est de faire de propositions de mesures de politique économique pour faire face au problème en question.

    Les opinions exprimées dans ce document reflètent celles de son auteur et ne sauraient en aucun cas engager ni la Direction du Programme, ni L université de Cocody, ni la banque mondiale, ni l ACBF.

    SIGLES ET ABREVIATIONS

    ACBF : African Capacity Building Fundation

    ADF: Augmented Dickey-Fuller

    BCM : Banque Centrale de la Mauritanie

    BM : Banque Mondiale

    BT : Bons de Trésor

    CEA : La Commission Economique des Nations Unies pour l'Afrique

    CSLP : Cadre Stratégique de Lutte contre la Pauvreté

    DMD : Demande

    DPE : Dossier de la Politique Economique

    DW : Durbin-Watson

    FMI : Fonds Monétaire International

    FMN : Firmes Multi Nationales

    GPE : Gestion de la Politique Economique

    IHPC : Indice Harmonisé des Prix à la Consommation

    IM : taux de marché monétaire

    INFL : Inflation

    IPC : Indice de Prix à la Consommation

    IPS : le taux de prise en pension

    MCO : Moindres Carrés Ordinaires

    MM : Masse Monétaire

    ONS : Office National de la Statistique

    OPEP : Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole

    Ouguiya : la monnaie mauritanienne

    PIB : Produit Intérieur Brut

    PIBR : Produit Intérieur Brut Réel

    PIM : Indice de Prix à l'importation

    TCDMD : Taux de Croissance de la Demande

    TCMM : Taux de Croissance de la Masse Monétaire

    TCPIB : Taux de Croissance du Produit Intérieur Brut

    TCPIM : Taux de Croissance de l'Indice de Prix à l'importation

    TINFL : Taux de l'inflation

    UM : Unité Monétaire

    Note

    A l'attention de Monsieur le Ministre

    Auteur : Khattry Mohamed El Moctar, auditeur au Programme de formation en Gestion de la politique économique

    Objet : analyse des déterminants de l'inflation en Mauritanie.

    Expose :

    Cette note présente la synthèse de l'étude portant sur thème visé en objet, comprend trois (3) partie : la justification et l'intérêt de l'étude, les résultats de l'analyse empirique et les recommandations à mettre en oeuvre, le dossier technique est ci-joint.

    1- Justification

    L'économie mauritanienne est confrontée au phénomène de l'inflation depuis quelques années, plusieurs mesures de politique économique ont été entreprises pour la contenir à des bas niveaux. Mais les résultats enregistrés ont très souvent été médiocres. L'Etat mauritanien à travers sa banque centrale, et ces départements ministériels concernés, a pour missions la maitrise de l'inflation et pour ce faire toutes les actions menées doivent viser cet objectif. Mais cet objectif ne peut-être atteint que si au préalable les causes de l'inflation sont identifiées, ce que nous tentons de faire dans cette étude.

    2- Résultats de l'analyse empirique

    A traves les résultats de l'analyse empirique il ressort de cette étude que :

    - L inflation en Mauritanie est un problème monétaire

    - L'inflation est influencée positivement par la hausse de prix à l'importation

    - La demande a un impact positif sur excède l'inflation

    3- Recommandations

    Pour juguler l'inflation il est souhaitable que la Mauritanie mène les actions suivantes :

    - Action sur le niveau de la production par une augmentation et une orientation des investissements (publics et prives) vers les secteurs les plus productifs.

    - Action sur la fiscalité : par une flexibilité des taxes à l'importation en vue de d'atténuer la fraude fiscale.

    - Action sur les prix : par une réglementation des prix des biens de première nécessité et de certains produits

    - Action sur les couts de production : par une fiscalité sélective en vue de diminuer les charges fiscales des entreprises tout en augmentant, les taxes de certains produits de luxe.

    - Réduction de la masse monétaire par une politique restrictive des crédits, car nous remarquons que le taux de croissance de la masse monétaire dépasse celui du PIB, ce qui se traduit par une hausse des prix.la gestion monétaire devrait être par conséquent rigoureuse et toute augmentation de la masse monétaire doit suivre l'évolution de la production, le cas échéant tout effort tendant à maitriser l'inflation est voue à l'échec

    INTRODUCTION

    1. Contexte et problématique

    Vaste désert enclavée à l'Est par l'Atlantique sur 700 km et au Sud par le Fleuve Sénégal, peuplée de trois millions d'habitants, la Mauritanie a longtemps vécu de ses ressources minérales de fer et en produits de la pêche. Le facteur pétrolier a permis le démarrage économique du pays à partir du milieu des années 2000, mais la production s'est reculée depuis 2010. D'autres secteurs, en particulier la production d'or, devraient prendre le relais comme moteur de la croissance pour les dix prochaines années. Les permis d'exploration dans le secteur minier et celui des hydrocarbures continuent de se multiplier et de se diversifier. En Mauritanie, l'inflation est mesurée par l'Indice Harmonisé des Prix à la Consommation qui est calculé mensuellement par l'Office National de la Statistique (ONS). Le fort taux d'ouverture qui caractérise l'économie mauritanienne se traduit par :

    - un système productif local qui exporte l'essentiel de ce qu'il produit (pêche, fer, pétrole) ;

    - une demande intérieure qui se porte essentiellement sur les importations (en provenance d'Europe pour la plupart) pour tout ce qui concerne les biens de consommations courantes.

    La Mauritanie, qui a réalisé des résultats encourageants sur l'année 2012, mise sur une croissance de plus de 5% en 2013, en comptant notamment sur un cours élevé des produits miniers (fer et cuivre) et sur la reprise économique de ses principaux clients et partenaires commerciaux.

    Au cours de la période 2001-2004, le taux d'inflation annuel moyen s'est situé à 7,2% contre un objectif de 2,4% assigné dans le Cadre Stratégique de Lutte contre la Pauvreté (CSLP I). Elle a été essentiellement portée par les chocs agro-climatiques, des politiques budgétaires et monétaire expansionnistes et la flambée des cours internationaux du pétrole. Après une forte remontée en 2005 (12,1%), l'inflation a fortement baissé en 2006 (6,2%) avant de se stabiliser à 7,3% en 2007 et 2008.

    En 2012 l'inflation mondiale est restée globalement modérée, sous l'effet notamment du ralentissement de l'économie mondiale et de la décélération des prix du pétrole et d'autres matières premières. Ainsi, dans les pays avancés, le taux d'inflation a baissé, à 1,9% contre 2,7% en 2011. De même, dans les pays émergents et en développement, l'inflation est passée de 7,1% en 2011 à 6,1% en 2012. Dans cet environnement international difficile, l'économie mauritanienne a connu une reprise, après le ralentissement lié à la sécheresse, observé l'année précédente. Le rythme de l'inflation a reculé, pour s'établir à 3,4% en glissement annuel et 4,9% en moyenne annuelle en 2012, contre respectivement 5,5% et 5,7% en 2011. Ce recul est lié à la poursuite d'une politique monétaire prudente et les effets modérateurs des prix administrés pour certains produits de première nécessité en faveur des populations les plus vulnérables.1(*)

    En 2013 l'inflation est tombée à 3,3 % (en glissement annuel) au mois de mars. Les prix des produits alimentaires locaux ont augmenté faiblement sous l'effet de bonnes récoltes et les prix administrés des principales denrées de base importées ont continué de transmettre de façon limitée les effets de la hausse des prix internationaux des produits alimentaires2(*).

    Dans ce contexte, et dans l'atmosphère de la conjoncture économique actuelle, et malgré les mesures de politiques économiques qui ont été prises, le niveau de l'inflation reste inchangé.

    Le mot inflation vient du latin inflare, qui signifie gonfler. Le terme inflation désigne une augmentation durable, générale, et auto-entretenue des prix des biens et des services. Elle est aussi provoquée par l'accroissement de la circulation de la monnaie (masse monétaire).

    L'inflation est au centre des préoccupations des autorités politiques et monétaires, des investisseurs et des populations. Elle est reconnue comme un phénomène néfaste pour une économie nationale en raison de ses effets rédistributifs sur le revenu et les richesses, ainsi que ses conséquences sur l'efficience économique. En effet, le taux d'inflation est l'un des quatre indicateurs clés qui permettent de visualiser synthétiquement l'état de santé d'une économie, ou conjoncture (le PIB et le chômage, liés à des objectifs de croissance ; le taux d'inflation et le solde de la balance des paiements, reliés à des contraintes d'équilibre intérieur).

    Si l'inflation a toujours, à long terme, des effets négatifs, elle peut avoir, à court terme des effets positifs.

    Il faudra préalablement pouvoir en mesurer les conséquences de l'inflation sur les ménages et sur les entreprises.

    Les ménages peuvent être perdants si les salaires ne suivent pas la hausse. En période inflationniste, il faut emprunter car l'inflation allège les charges de remboursements des prêts. Une inflation modérée et soutenue peut stimuler le crédit, donc les investissements et la consommation des ménages.

    Dans une économie de marché, les prix et leurs évolutions constituent un signal pour les producteurs et les consommateurs. L'évolution des prix à court et à long terme détermine les décisions d'investissement, de production, de consommation et d'épargne des agents économiques. Une inflation non maîtrisée est un facteur d'instabilité macroéconomique majeure redouté par les gestionnaires de l'économie. En effet, elle crée et accentue l'incertitude sur la conjoncture, réduit l'investissement et l'épargne, anéantit le pouvoir d'achat des ménages et affecte la compétitivité globale de l'économie.

    L'histoire économique donne des cas d'inflation chronique ou d'hyperinflation ayant conduit à des désastres socioéconomiques -Allemagne après la première guerre mondiale, Bolivie en 1985 - notamment la perte de valeur de la monnaie des échanges contraignant les agents économiques à chercher des devises comme substitut à la monnaie nationale.

    La lutte contre l'inflation est au centre de toutes les politiques économiques. Mais faute des mesures adéquates, de nombreux pays n'arrivent pas toujours à la juguler ou à la ramener et à la maintenir à de bas niveaux.

    En Mauritanie, plusieurs mesures de politique économique ont été mises en oeuvre pour faire face à ce dérèglement de l'économie. Mais les résultats, souvent décevants auxquels ont abouti ces mesures, ont amené les autorités du pays, à s'interroger quant à une politique économique appropriée de lutte contre l'inflation en Mauritanie.

    La multiplicité des causes de l'inflation conduit nécessairement à la multiplication des mesures à mettre en oeuvre pour y faire face. Toutefois, une bonne politique économique de lutte contre l'inflation nécessite, que les causes et la nature de ce phénomène soient préalablement connues et analysées. A cet effet il est important de répondre à la question suivante :

    Quelles sont les déterminants de l'inflation en Mauritanie ? Autrement dit quelles sont les causes principales de la hausse des prix en Mauritanie ?

    2. Intérêt de l'étude

    L'importance de l'étude réside dans le fait qu'il y a un lien étroit entre inflation et «coût de la vie». L'inflation et l'anticipation du risque d'inflation favorisent certains types de décision en matière d'investissement. Lorsqu'elle est élevée et instable, l'inflation mine la capacité de l'économie à maintenir des conditions propices à une expansion soutenue pour la création d'emplois. Elle suscite des incertitudes chez les consommateurs et les investisseurs et peut engendrer des cycles de surchauffe et de contraction, ce qui occasionne à son tour, des difficultés pour les ménages. Pour ces différentes raisons, la maîtrise de l'inflation est donc une condition essentielle à la stabilité macroéconomique.

    3. OBJECTIFS DE L'ETUDE

    L'objectif poursuivi dans cette note est d'analyser de façon empirique, les facteurs explicatifs de 1 ' inflation en Mauritanie, afin de proposer des recommandations de politique économique.

    Cet objectif principal, nous amène à fixer deux objectifs spécifiques :

    1) identifier les facteurs intérieurs de l'inflation ;

    2) identifier les facteurs extérieurs de l'inflation.

    L'hypothèse principale qui sous-tend cette note est que, l'inflation en Mauritanie a des déterminants aussi bien internes qu'externes. Pour la vérifier, trois hypothèses spécifiques ont été retenues :

    1) la masse monétaire influence positivement l'inflation.

    2) la production intérieure agit négativement sur l'inflation.

    3) les prix à l'importation ont un effet positif sur l'inflation.

    Ces hypothèses constituent la base de tout le processus d'analyse, au regard des objectifs escomptés.

    4. METHODOLOGIE DE L'ETUDE

    La méthode d'analyse adoptée à cette étude est la suivante :

    - Une étude documentaire pertinente autour de la littérature la plus récente possible et sur les bases de données de la Banque Mondiale, de l'Office National de la Statistique en Mauritanie (ONS), et Banque Centrale de Mauritanie sur la période de 1980 à 2012.

    - une approche économétrique.

    Comment peut-on capter les facteurs déterminants de l'inflation dans l'économie mauritanienne ? La réponse à cette question nous amènera à étudier le problème posé suivant deux points essentiels :

    1- analyses théorique et empirique

    2- analyse économétrique

    Le plan sera le suivant :

    - Introduction

    Chapitre 1 : analyse théorique et empirique.

    1. 1 : analyse théorique

    1.2 : analyse empirique

    Chapitre 2 : analyse économétrique.

    2. 1 : méthodologie

    2 2 :   Estimation du modèle et résultats

    Conclusion et recommandations

    Chapitre I : Analyse Théorique et empirique

    I.1 Analyse théorique

    L'analyse de facteurs explicatifs de l'inflation a été largement développée dans la littérature économique.

    On peut retenir principalement les types d'analyses théoriques suivants.

    I.1.1 L'inflation par la demande

    Sur un marché concurrentiel d'un produit, la hausse du prix est due à un excès de demande par rapport à l'offre. L'inflation par la demande est due au fait que la demande excède durablement l'offre sur les marchés.

    L'origine de l'excès de demande est le suivant :

    - hausse des dépenses de consommation à cause de la hausse des salaires ou de la hausse du crédit.

    - hausse des dépenses d'investissement des entreprises financées par le crédit bancaire sans épargne préalable

    - hausse des dépenses publiques avec déficit budgétaire

    - hausse de la demande extérieure

    - accroissement des revenus provenant d'un excédent courant (entrée de devises)

    Alors que l'insuffisance de l'offre est due aux :

    - blocage des importations

    - Inélasticité de l'offre due à divers goulots d'étranglements : pénurie de matières premières, d'énergie, d'outillage, de main d'oeuvre spécialisée, absence de capitaux.

    Keynes (1940) a mis en évidence la théorie de l'inflation par la demande durant la seconde guerre mondiale où les facteurs de production sont en partie orientés vers l'armement, ce qui a conduit à une rigidité de l'offre. Si le gouvernement fixe les prix, la population peut être confrontée à des pénuries (= épargne forcée). Si les prix sont libres, il y a hausse des prix.

    I.1.2 L'inflation par les coûts

    L'inflation provient d'une croissance de la rémunération des facteurs de production supérieure à celle de leur productivité. Cette hausse incite les chefs d'entreprise à relever le prix des biens et services offerts ce qui conduit à des revendications de nouvelles hausses de salaires.

    L'inflation est due à la hausse excessive des coûts de production : matières premières

    (chocs pétroliers), charges fiscales et financières, salaires et charges sociales.

    Le rôle des syndicats est important ici : ils parviennent à étendre à tous les salariés les hausses de salaires. Ils y aboutissent d'autant mieux qu'il y a plein emploi et que les entreprises sont en situation d'oligopole (elles peuvent facilement augmenter leurs prix).

    Ensuite peut se mettre en place la boucle prix/salaires. Dans cette boucle, le principe d'indexation des salaires sur les prix joue un rôle central et constitue un facteur élevé d'inflation.

    Au niveau de l'enchainement, l'inflation est souvent causée au départ par la hausse des prix des matières premières qui se répercute sur les produits finis. Les salaires étant en général indexés sur l'inflation, cela entraine une hausse des salaires, par un phénomène d'inflation de second tour.

    Pour Keynes : l'inflation s'explique par l'évolution des coûts salariaux. « L'accroissement de la quantité de monnaie ne produit aucun effet sur les prix tant que l'augmentation de la demande effective se traduit par une baisse du chômage. Aussitôt que le plein-emploi est atteint, la hausse de la demande effective entraîne la hausse des salaires et des prix ». Keynes, Théorie générale, 1936.

    Pour le courant keynésien, l'inflation est le résultat plus ou moins inéluctable de la croissance économique et des hausses de salaires qu'elle engendre.

    L'inflation par les coûts rejoint l'idée d'inflation de croissance. La croissance exerce une pression sur les ressources disponibles, et notamment une hausse des salaires, d'où hausse de la demande et des coûts.

    L'idée d'inflation de croissance se retrouve dans la courbe de Phillips : elle montre une liaison inverse entre le taux de variation des salaires nominaux et le taux de chômage.

    I.1.3 'inflation par les structures

    I.1.3.1 Les structures économiques

    En raison de l'obsolescence ou l'inadaptation de l'appareil de production, l'offre ne peut suivre la demande en raison d'une productivité insuffisante.

    I.1.3.2 Les structures institutionnelles

    Le 20ème siècle fut particulièrement inflationniste. Or au 20ème siècle est apparu le mode de régulation monopolistes, avec de nouvelles formes institutionnelles : oligopoles, conventions collectives, secteurs protégés de la concurrence, économie d'endettement prix rigides à la baisse, salaires nominaux déterminés par des conventions collectives et/ou indexés sur les prix.

    Trois enseignements de l'interprétation régulationniste :

    1- l'inflation est cumulative, la baisse des prix comme mécanisme de rappel a disparu

    2- l'inflation est associée à la croissance qu'elle contribue à entretenir : la hausse continue des salaires assure des débouchés croissants

    3- l'inflation se manifeste différemment selon les pays car le cadre institutionnel est différent : rôle de l'Etat, conventions collectives, degré de concurrence, système monétaire et financier.

    I.1.3.3 Les structures psychologiques :

    Le sociologue Georges Katona, (1951) dans l'analyse psychologique du comportement économique, prétend que les causes de l'inflation sont d'ordre psychologique, en raison de rôle prépondérant des anticipations. Les individus sont convaincus que le processus est cumulatif et sans fin (spirale). Ces prévisions sont auto réalisatrices : les anticipations d'inflation créent les conditions de sa réalisation et renforcent sa poursuite.

    I.1.3.4 Les structures sociales :

    La théorie sociologique de l'inflation a été présentée par Aujac (1950) : l'inflation est due à la lutte pour le partage du revenu national. Pour accroître sa part, chaque catégorie sociale tente d'infléchir les prix relatifs en sa faveur. Chaque catégorie adopte plus ou moins la même stratégie et l'inflation se trouve accrue, d'où de nouvelles revendications et une spirale prix/salaires.

    L'accroissement de certains prix ou salaires peut résoudre certaines tensions sociales, masquer certaines contraintes (mécontentement des agriculteurs, médecins). Pour Jean Marczewski, Inflation et chômage en France, 1977, les prix agricoles, fixés administrativement, sont responsables de l'inflation.

    L'inflation arbitre en quelque sorte le fonctionnement social.

    Pour Marx, l'inflation est le résultat d'un conflit entre patrons et salariés, mais aussi moyen d'augmenter les profits. Plus la masse des capitaux engagés est élevée, plus le prix des produits doit être élevé pour financer et rentabiliser cette accumulation du capital. En outre, la concentration des entreprises pousse au monopole et à la hausse des prix.

    Pour Charles Levinson, l'inflation mondiale et les Firmes multinationales(FMN), 1976, pour lui l'inflation est due aux FMN qui ont un pouvoir excessif, elles ont souvent une situation d'oligopole ou de monopole, elles ont la possibilité de se soustraire aux mesures anti-inflationnistes prise dans tel ou tel pays en jouant sur leurs implantations ; selon lui il faut édifier un syndicalisme mondial afin de constituer un pouvoir compensateur.

    I.1.4 L'inflation par la monnaie

    I.1.4.1 La théorie quantitative de la monnaie

    Pour les monétaristes l'inflation est l'augmentation continue du prix des marchandises en terme de monnaie ; On ne peut parler d'inflation que dans une économie monétaire et dans la mesure où on utilise la monnaie comme numéraire.

    On peut énoncer la proposition symétrique : l'inflation est la baisse de la valeur de la monnaie en termes de marchandises. Chaque unité monétaire a un pouvoir d'achat inférieur. L'inflation concerne plus la valeur de la monnaie que la valeur des produits. Ce qui détermine la valeur de la monnaie est la demande, comme pour tous les produits. L'offre de monnaie est déterminée par la banque centrale et le système bancaire. La banque centrale en a le contrôle via les réserves obligatoires et la politique d'open market.

    La demande de monnaie dépend de multiples facteurs. En particulier le taux d'intérêt ; s'il est élevé, l'individu va préférer placer son argent sur des placements rémunérés et la demande de monnaie sera faible. Un autre facteur, qui est le niveau moyen des prix dans l'économie. Quand le niveau des prix élevé, le montant d'une transaction typique est important et les gens veulent avoir plus d'argent dans leur portefeuille, on a une forte demande de monnaie.

    Or la valeur de la monnaie est l'inverse de P( valeurs de biens et services mesurées en monnaie) ; par conséquent, lorsque la valeur de la monnaie est faible, la demande de monnaie est élevée.

    Le niveau général des prix s'établit à un niveau qui garantit l'équilibre entre l'offre et la demande de monnaie.

    I.1.4.2 Historique de la théorie quantitative

    Cantillon (irlandais, 1680-1733) montre comment la monnaie agit sur les prix. Excédent commercial => entrée de devises => hausse de la demande => hausse des prix.

    David Hume (1711-1776): si la quantité de monnaie double miraculeusement en une nuit, les prix seront multipliés par deux le lendemain. .

    Ricardo et Mill disent : L'inflation est due au gonflement exagéré de la masse monétaire, à la « planche à billets », en raison par exemple d'une guerre ou d'un dérèglement des institutions (abandon de l'étalon or). Mill affine cette idée en prenant en compte la vitesse de circulation de la monnaie (V) qui correspond au nombre de paiements qu'effectue la monnaie en un temps donné.

    Irving Fisher (Le pouvoir d'achat de la monnaie, 1911) part du constat suivant : dans un échange, la valeur des biens échangés = la valeur de la monnaie fournie en contrepartie.

    MV = PY

    M : quantité de monnaie

    V : vitesse de circulation de la monnaie : nombre moyen de transactions financées par une même unité monétaire dans une période donnée

    P : moyenne pondérée des prix

    Y : production (plus exactement, il s'agit de T, le volume de transactions pour Fisher)

    Cette équation est appelée équation quantitative car elle lie la quantité de monnaie à la valeur nominale de la production (P.Y). Si M augmente, P augmente dans la même proportion.

    La théorie quantitative de la monnaie peut se résumer par deux propositions :

    - Le niveau général des prix est fonction de la quantité de monnaie en circulation

    - Le taux de croissance de la MM est la cause de l'inflation.

    Friedman publiera en 1956 un livre intitulé, Théorie quantitative de la monnaie : une nouvelle formulation. Il y donne une version un peu plus sophistiquée de la théorie quantitative.

    Cependant, l'idée de fond est identique et peut être résumée à la fameuse formule : « L'inflation est toujours et partout un phénomène monétaire » (1963). Il est intéressant de constater que cela rejoint la formule de Keynes : « Trop de monnaie chassant après trop peu de biens ». .

    L'inflation survient quand la quantité de monnaie augmente nettement plus vite que la production.

    Plus généralement, l'histoire montre que l'inflation a été toujours accompagnée d'une hausse à un rythme correspondant de la masse monétaire et que la hausse de la masse monétaire a toujours été accompagnée d'une hausse de l'inflation à un rythme proche. Et ce, pour tous les pays, malgré des contextes politiques et économiques différents,

    - I.1.4.2.1 Le lien entre la monnaie et les autres causes d'inflation

    Les explications réelles et monétaires de l'inflation ne sont pas incompatibles : des facteurs extra monétaires peuvent se trouver à l'origine d'un accroissement de la monnaie.

    Prenons un cas concret : les producteurs de pétrole sont capables de restreindre l'offre de pétrole (cartel de l'OPEP). On a une rareté relative du pétrole par rapport aux autres biens. Donc une hausse du prix relatif du pétrole. Cette hausse n'a aucune raison d'entraîner une hausse de la quantité de monnaie. Si la masse monétaire augmente au même rythme que la production, on va constater une hausse du prix du pétrole et une baisse du prix des autres biens. Ce sont les prix relatifs qui changent.

    Dans les années 1970, une inondation monétaire a été pratiquée. Elle a permis de payer le pétrole plus cher sans réduire la demande ailleurs. En effet, la Banque centrale est soumise aux pressions de diverses catégories sociales (gouvernement, banques, producteurs, etc.) ; si elle cède à leurs revendications et augmente la masse monétaire à un rythme plus élevé que la production, elle valide les sources de création monétaire et crée de l'inflation.

    - I.1.4.2.2. Les mécanismes de transmission d'un choc monétaire :

    Il est important de distinguer entre quantité nominale et quantité réelle de monnaie.

    La quantité nominale est la somme qui apparaît sur votre compte en banque.

    La quantité réelle est le pouvoir d'achat de votre argent, c'est-à-dire les encaisses réelles.

    M.V = P.Y Niveau d'encaisses réelles : M/P = Y/V

    En t1 on a M1/P1. Imaginons que la banque centrale double l'offre de monnaie, en imprimant des billets puis en les mettant en circulation au pays (ou en rachetant des obligations d'Etat). Se produit un accroissement de la quantité de monnaie de M1 à M2 => cela conduit les agents à détenir une encaisse réelle supérieure : M2/P1> M1/P1.

    Or les agents veulent détenir une part stable de leurs avoirs sous forme de monnaie, la nouvelle encaisse est excessive. En effet, les gens veulent conserver un niveau d'encaisses réelles étonnamment stable au cours du temps. Dans la plupart des pays, développés ou non, la quantité de monnaie en circulation correspond à 7 semaines de revenu (les entreprises sont les principaux détenteurs de monnaie).

    Les agents se débarrassent des encaisses excédentaires, ils augmentent leur consommation de biens et services, ou ils prêtent cet argent à d'autres ; à leur tour ces prêts permettent à d'autres agents d'augmenter leur consommation. D'où une hausse de la demande de biens et services. Comme la capacité de production de l'économie n'a pas varié, cela pousse les prix vers le haut. Le mouvement se poursuit jusqu'à ce qu'ils atteignent un niveau P2 tel que

    M2/P2 = M1/P1.

    On assiste à un retour du niveau d'encaisses réelles à son niveau initial. Il sera atteint non en réduisant les encaisses mais en augmentant les prix.

    Friedman propose un modèle plus complexe que celui des premiers quantitativistes. La réallocation du portefeuille des individus ne se fait pas seulement entre biens et monnaie mais entre de nombreux actifs : biens, monnaie, actifs financiers, immobilier, etc.

    Soit une hausse de l'offre de monnaie. La monnaie demandée, fonction du revenu, n'a pas changé. Donc les encaisses monétaires deviennent excédentaires. Les individus vont modifier la composition de leur portefeuille financier. Ils vont par exemple acheter des titres. Le prix des titres va augmenter. Les titres mobiliers devenant cher, les individus vont ensuite se tourner vers l'immobilier. Le prix de l'immobilier va à son tour augmenter. Le marché des biens et services est touché en dernier.

    Les effets de la hausse de la masse monétaire sur les prix ne sont pas immédiats. Ils dépendent du rythme auquel les individus prennent conscience de l'excès d'encaisses nominales par rapport aux prix initiaux, de la vitesse à laquelle ils désirent se débarrasser de ces encaisses excédentaires, de leurs prévisions concernant les variations futures de prix, de la répartition initiale de ces nouvelles encaisses entre les individus. En général, pour Friedman, il s'écoule ensuite 12 à 18 mois pour que l'inflation apparaisse ou s'accélère.

    - I.1.2.4.2.3 Les postulats

    - La vitesse de circulation de la monnaie est relativement stable au cours du temps, même si elle n'est pas parfaitement constante. Elle dépend de caractéristiques structurelles de l'économie : habitudes de paiement du public, conditions techniques.

    - La monnaie n'est pas demandée pour elle-même mais pour effectuer des transactions.

    - Le principe de dichotomie et neutralité de la monnaie.

    Considéraient que les variables économiques doivent être divisées en deux groupes : c'est la dichotomie classique : les variables nominales mesurées en unités monétaires (prix du maïs, PIB en valeur) et les variables réelles mesurées en unités physiques (production de maïs, PIB en volume). Hume considérait que les phénomènes monétaires déterminaient les variables nominales, mais pas les variables réelles. Par exemple, la production de biens et services est déterminée par la productivité et les facteurs de production. Quand la banque centrale double l'offre de monnaie, le niveau des prix double, les salaires doublent, et toutes les autres valeurs exprimées en Unité Monétaire(UM) doublent. Mais les variables réelles (production, emploi, salaires réels, taux d'intérêt réels) demeurent inchangées.

    - I.1.2.4.2.4 L'effet Fisher

    Ce principe de neutralité trouve une application importante en ce qui concerne l'évolution des taux d'intérêt. On a la relation : Taux d'intérêt réel = taux nominal - taux d'inflation.

    Taux d'intérêt nominal = taux réel + taux d'inflation.

    La croissance de la masse monétaire est sans effet sur le taux réel. Pour qu'il ne soit pas affecté, il faut que chaque variation du taux d'inflation soit accompagnée par la même variation du taux d'intérêt nominal.

    Selon Fisher : lorsque le taux d'inflation augmente, le taux d'intérêt nominal augmente du même montant, de telle sorte que le taux d'intérêt réel reste constant.

    I.2 Analyse empirique

    Plusieurs études empiriques à travers des modèles économétriques ont été réalisées par plusieurs économistes pour expliquer l'inflation dans certains pays. Parmi ces études on peut citer :

    I.1.2.1En France

    Le « Modèle Mètric » utilisé par Patrick Artus et Pierre Morin (1980) pour expliquer l'inflation en France. C'est un modèle de court terme qui simule l'évolution des prix et des salaires en France. Il analyse les facteurs auxquels est attribuée l'accélération de l'inflation postérieure à 1968. Il retient comme variables explicatives de l'inflation en France, la variation des taux de change, les prix internationaux, les salaires, les variables de commande de la politique économique telles que les dépenses des administrations en biens et services, la fiscalité, le taux d'intérêt sur le marché monétaire et des restrictions de crédit.

    I.1.2.2 En Tunisie

    L'étude réalisée par Roland Daumont, Maurio de Zamaroczy, Phillipe Callier et Bernard Ziller (1993), qui a porté sur le modèle économétrique : « les théories composites » pour expliquer l'inflation en Tunisie. Des résultats de cette étude empirique, il ressort que l'inflation en Tunisie s'explique principalement par la demande, la masse monétaire, les prix à l'importation et l'écart du produit intérieur brut réel par rapport à sa valeur tendancielle.

    I.1.2.3 Au Zimbabwe

    Chhibber A. (1991), l'inflation au Zimbabwe dépend des prix à l'importation, de l'excès de l'offre de monnaie sur la demande, des salaires et des prix.

    I.1.2.4 En zone franc

    La Commission Economique des Nations Unies pour l'Afrique (CEA. 1994) a élaboré un modèle économétrique d'inflation pour la zone franc. II ressort de cette étude que les principaux arguments sont la masse monétaire et le revenu réel. A court terme, un excèdent de la demande peut exercer un effet haussier sur les prix. Par contre à long terme, même en période de pénurie de devises, l'accès au compte d'opérations permet de financer les importations et donc d'atténuer les pressions inflationnistes dans la zone franc.

    I.1.2.5 Au Nigeria

    Azam J. P. (1995) interprète, à la lumière d'un modèle analytique avec anticipation rationnelle, l'inflation au Nigeria. Il ressort de cette analyse économétrique faite que l'inflation au Nigeria s'explique essentiellement par la politique des taux de change appliquée par le gouvernement et le déficit budgétaire.

    I.1.2.6 Au Mali

    Amadou Kouyata (2001) conclut dans sa note au ministre réalisé dans le cadre du programme de la gestion de la politique économique (GPE) concernant les déterminants de l'inflation au Mali ,que les prix à l'importation est la principale cause de l'inflation au mali et que son impact sur les prix intérieurs est plus important que celui des autres variables retenues dans son modèle, il a noté que l'inflation est un problème monétaire en constatant que la monnaie a progressé à un rythme plus élevé que celui de la production réelle, il a cité une autre cause qui est l'excès de l'offre par rapport à la demande.

    I.1.2.7 en Guinée

    KPONGHOUMOU Bangaly Zédyé(2006) , dans son dossier de la politique économique intitulé l'inflation en Guinée retenu que la croissance de la demande ,les prix à l'importation, l'insuffisance de l'offre par rapport à la demande jouent un rôle déterminant dans le processus inflationniste en Guinée, il a remarqué que la masse monétaire n'a pas d'impact direct sur l'inflation, malgré sa progression par rapport au PIB, et qu'elle n'a cessé d'augmenter à un rythme plus accéléré que celui de la production réelle.

    I.1.2.8 En Mauritanie

    DIAGANA Abderrahmane,(2008) en étudiant les déterminants de l'inflation en Mauritanie vu que l'inflation en Mauritanie s'explique par des facteurs internes et externes, en précisant que les facteurs internes influent de plus l'importation, c'est ainsi qu'une demande croissante en présence d'une offre rigide ou inélastique, et que l'inflation est un phénomène monétaire car la masse monétaire progresse à un rythme plus élevé que celui de la production réelle, ce qui est généralement de nature à accentuer la hausse de prix, et que le prix à l'importation a un impact aussi sur les prix intérieurs.

    - PNUD 2009 réalisait une étude qui traite les déterminants de l'inflation en Mauritanie dans le cadre de la poursuite de la mise en oeuvre du CSLP avec la révision de la Stratégie globale de CSLP et l'élaboration d'un plan d'actions pour la période 2011-2015, cette étude a abouti aux résultats suivants :

    - La modélisation de l'inflation en Mauritanie a montré que, sur le long terme, celle-ci est en partie importée et en partie d'origine monétaire. Pour le court terme, il faut y ajouter un effet d'inertie dû aux anticipations inflationnistes qui s'auto-réalisent en quelque sorte.

    - Il est distingué trois types de causes représentant trois niveaux d'influence sur la formation des prix:

    · au premier niveau, il y a les causes immédiates de l'inflation, correspondant à la hausse des prix des fonctions de l'IHPC (l'Indice Harmonisé de Prix à la Consommation), qui sont mises en exergue dans la note mensuelle publiée par l'ONS (Office National de la Statistique)

    · au second niveau, il y a les causes intermédiaires qui mettent en lumière les jeux des différents acteurs et les effets des options de politique mises en place;

    · au troisième et dernier niveau, il y a les causes profondes de l'inflation qui procèdent des faiblesses et/ou contraintes du système de gouvernance économique. Elles se manifestent dans l'incapacité de plusieurs parmi les politiques de développement du pays à prendre en charge convenablement les facteurs qui génèrent l'inflation en

    Mauritanie.

    Chapitre 2 : Analyse économétrique

    Nous exposons d'abord la méthodologie de l'analyse, ensuite l'estimation du modèle et les résultats, enfin les enseignements et recommandations.

    II.1  Méthodologie

    La méthodologie que nous avons adoptée consiste à faire une régression économétrique d'un modèle d'équation d'inflation. Pour éviter toute régression fallacieuse, nous étudierons les caractéristiques temporelles de la série, à travers la vérification de la stationnarité des variables.

    Une série statistique est stationnaire, si ces caractéristiques temporelles (moyenne, variance et covariance) sont indépendantes du temps.

    Les tests de DICKEY-FULLER, PHILIPS-PERRON (PP) postulent que lorsque la valeur absolue de la statistique du test est supérieure à la valeur absolue de la valeur critique, alors on accepte l'hypothèse de stationnarité ; dans le cas contraire, on la rejette. Nous effectuerons les tests de normalité des résidus, l'hmoscédasticité, de JARQUE BERA, et de DURBIN-WATSON.

    II.1.1 le modèle théorique

    Le modèle qui nous permet d'estimer et d'expliquer l'inflation dans le cadre de notre analyse est celui de KAHN ET KNIGHT(1991) qui a été développé par MOSER(1995).

    LogIPC = - áâ1b1IM- áâ1b2IPS + (áâ1b3+ áâ2- áâ1b4LogPIBR)- áâ2LogPIBR*+ (1-á)LogIPM (1)

    Où IPC est l'indice de prix à la consommation ; IM, le taux du marché monétaire ; IPS, le taux de prise en pension ; PIBR, le Produit Intérieur Brut Réel, c'est-à-dire la production effective ; PIBR* la production potentielle ; IPM, l'Indice de prix à l'importation et (á,â des paramètres).

    En différenciant l'équation (1) , l'évaluation du taux de l'inflation suivra la fonction suivante :

    D(LogIPC) =H(D(IM),D(IPC),D(LogPIBR),D(LogPIBR*),D(LogIPM)

    II.1.2 Choix des variables

    Dans cette étude, l'inflation est la variable expliquée du modèle spécifié. Les variables explicatives choisies sont celle qui sont principalement retenues par la théorie économique. Ce sont la masse monétaire, la production réelle, la demande et les prix de biens importés.

    II.1.3 Les données

    Les données de l'analyse sont fournies par les statistiques de la banque mondiale de l'Office National de la Statistique en Mauritanie (ONS), et Banque Centrale de Mauritanie sur la période de 1980 à 2012.

    II.2 estimation du modèle et résultats

    II.2.1 Estimation du Modèle

    INF = a0 +â1PIB + â2MM+ â3DMD+ â4PIM+åt

    La méthode des moindres carrés Ordinaires (MCO) a été utilisée pour l'estimation du modèle. Ce qui nous conduit à vérifier d'abord la stationnarité des variables retenues dans le modèle.

    En effet la stationnarité signifie que le degré de relation entre deux termes d'une série dépend uniquement de l'intervalle temporel entre eux et non du temps. Les séries non stationnaires subissent grandement l'influence du temps, et l'estimation d'une série intégrée sur une autre série intégrée de même ordre conduit à ce que l'on appelle « la régression fallacieuse ». C'est pourquoi, il est toujours nécessaire, lorsque l'étude porte sur des séries chronologiques, de s'assurer avant toute estimation par les MCO, que les variables sont stationnaires. Les deux tests les plus utilisés sont ceux de Dickey-Fuller Augmented (ADF) et de Philps-Perron (PP)

    II.2.1.1TEST DE STATIONNARITE DES VARIABLES

    Variable

    En niveau

    Différence première

    En différence deuxième

     

    Valeur calculé

    Valeur théorique

    Valeur calculé

    Valeur théorique

    Valeur calculé

    Valeur théorique

     

    TINF

    -0.94

    -1.96

    -8.54

    -1.96

    -12.63

    -1.96

    I(1)

    TCMM

    -0.11

    -1.96

    -8.50

    -1.96

    -10.70

    -1.96

    I(1)

    TCPIB

    -3.72

    -1.96

    -6.73

    -1.96

    -8.83

    -1.96

    I(0)

    TCPIM

    -4.32

    -1.96

    -7.59

    -1.96

    -9.77

    -1.96

    I(0)

    TCDMD

    -1.33

    -1.96

    -9.04

    -1.96

    -6.85

    -1.96

    I(1)

    Les valeurs ADF (TINF, TCMM et TCDMD) sont supérieures aux valeurs critiques (CV) on en déduit que ces variables sont non stationnaire à niveau au seuil de 5%, elles subissent donc l'influence du temps. Alors que les variables TCPIB et TCPIM sont stationnaires à niveau, en expliquant les techniques habituelles d'estimation (MCO), nous serons confrontés aux problèmes de régression fallacieuse. Pour éviter ces problèmes, il faut rendre les séries stationnaires.

    Pour rendre une série stationnaire, il faut stabiliser sa variance et sa moyenne. La stabilisation de la variance se fait par une transformation logarithmique et celle de la moyenne se fait par différence première.

    Ainsi nous avons

    INFL= Log(INF)

    MM= log(MM)

    PIB = log(PIB)

    DMD= log(DMD)

    PIM = Log(PIM)

    Les résultats du test de stationnarité de ces nouvelles variables sont consignés dans le tableau suivant:

    Variable

    En niveau

    Différence première

    En différence deuxième

     

    Valeur calculé

    Valeur théorique

    Valeur calculé

    Valeur théorique

    Valeur calculé

    Valeur théorique

     

    TINF

    -0.94

    -1.96

    -8.54

    -1.96

    -12.63

    -1.96

    I(1)

    TCMM

    -0.11

    -1.96

    -8.50

    -1.96

    -10.70

    -1.96

    I(1)

    TCPIB

    -3.72

    -1.96

    -6.73

    -1.96

    -8.83

    -1.96

    I(0)

    TCPIM

    -4.32

    -1.96

    -7.59

    -1.96

    -9.77

    -1.96

    I(0)

    TCDMD

    -1.33

    -1.96

    -9.04

    -1.96

    -6.85

    -1.96

    I(1)

    Les valeurs ADF sont toutes inferieures aux valeurs critiques (CV) on peut donc conclure que toutes ces nouvelles variables sont stationnaires au seuil de 5%.

    Apres avoir rendu stationnaires les série, nous allons faire la régression. Le modèle à estimer est :

    Log(INF) = a0 +â1log(PIB) + â2 log (MM)+ â3 log (DMD)+ â4 log (PIM)+åt

    L'estimation de ce modèle nous donne l'équation suivante

    Log(INF) = -0.72 - 0.07*log(PIB) + 0.74*log (MM) +0.03*log(DMD) +0.18*log (PIM)

    =66% = 54% p =0.011133 DW = 2.760257 N 32

    Eu égard au coefficient de déterminant ajusté nous pouvons dire que 54 % des fluctuations des prix sont expliquées par le modèle.

    II.1.2.2 Test de significativité globale

    Ce test nous a permis de vérifier la validité  globale du modèle par la règle de décision suivante :

    Le modèle est globalement significatif car la valeur de probabilité (F-statistic) qui est 0.011133 est inférieure à 5%.

    II.1.2.2.1 Test de Dubrin Waston (DW)

    Ce test permet de détecter l'autocorrélation des termes d'erreur dans le modèle.

    Les erreurs ne sont pas corrélées entre elle car la statistique de DW est égale à 2.760257 et proche de la valeur 2.

    II.1.2.3 Le test de significativité individuelle des coefficients au seuil de 5%

    Ce test nous donne les résultats suivants :

    Règle de décision si on dira que le coefficient est significatif.

    Variables explicative

    Coefficients estimés

    Ecart-type

    Valeur absolue du

    Valeur critique

    Conclusion

    TCMM

    0.747

    0.238

    3.135

    2.179

    significatif

    TCPIB

    -0.071

    0.264

    0.269

    2.179

    Non significatif

    TCPIM

    0.182

    0.200

    0.912

    2.179

    Non significatif

    TCDMD

    0.035

    0.443

    0.079

    2.179

    Non significatif

    A la lecture de ce tableau tous les coefficients des variables (TCPIB,TCDDMD et TCPIM) ne sont pas significatifs à l'exception de celui de la variable TCMM qui est significatif.

    II.1.2.4 Test white

    Ce test permet de dire si les erreurs sont homoscédastiques ou non. De ce deux tests (termes non croisés et termes croisés), toutes les probabilités sont largement supérieures à 5 % ce qui nous permet d'accepter l'hypothèse d'homoscédasticité des erreurs. Les estimations obtenues par les moindres carrés ordinaires sont optimales.

    II.1.2.5 Test de Ramsey

    Ce test nous permet de vérifier si le modèle est bien ou mal spécifié.

    Les deux probabilités (F-statistic et le log Likelihood ratio) sont supérieures à 5% (respectivement 4.57 et 6.02) ce qui signifie que le modèle est bien spécifié.

    II.1.2.6 Test de stabilité

    C'est le CUSUM test qui permet de détecter les instabilités structurelles. Eu regard aux figures (annexes) le modèle est structurellement stable car la courbe ne sort pas du corridor.

    II.2.2 Résultats

    A la lecture des résultats obtenus de l'estimation du modèle, il apparait que toutes nos hypothèses sont vérifiées et confirmées et tous les signes attendus des variables explicatives se confirment.

    .

    Le coefficient = 0.54) mesure la proportion des variations de la variable expliquée par les variables explicatives dans leurs ensemble. Ceci est confirmé par le test de Fisher qui n'est autre que le test de validité de notre modèle lui-même.

    Concernant la variable TCMM, les résultats confirment la relation positive qui la lie avec l'inflation.

    En effet, un accroissement de la masse monétaire de 1% se traduit par une augmentation de 2.35% du taux de l'inflation. C'est cette variable (TCMM) qui influence le plus souvent le taux d'inflation en Mauritanie. ceci peut s'expliquer par le fait que le pays disposant de sa propre monnaie nationale fait souvent recours à des bons de trésor (BT) pour financer l'économie ou pays les salaires de fonctionnaires.

    Le coefficient affecté à la variable PIB n'est pas significatif malgré qu'il ait bien le signe attendu. Cette variable est liée négativement au taux d'inflation. Ceci signifie que lorsque l'offre de biens et services augment, toutes choses étant égale par ailleurs, les prix intérieurs diminuent. En effet, une diminution d'un point de pourcentage de TCPIB entraine une augmentation de 0.20 % des prix.

    Quant à la demande (TCDMD), elle influence positivement les prix le coefficient positif affecté à cette variable signifie que lorsque la demande augmente de 1% les prix augmentent de 0.001%. Ces résultats confirme que la demande varie de manière inversement proportionnelle aux prix.

    Le coefficient affecté à la Variable TCPIM influence positivement les prix, le coefficient affecté à cette variable signifie que lorsque la demande augmente de 1% les prix augmentent de 0.001%. Ces résultats est d'autant plus compréhensible lorsque nous savons que la balance commerciale de la Mauritanie est largement déficitaire (plus de 40% des produits sont importés).

    Ces résultats nous permettent de tirer les enseignements suivants :

    - L'inflation en Mauritanie est fortement expliquée par l'accroissement de la masse monétaire

    - La hausse de la demande est aussi une cause de la hausse des prix en Mauritanie.

    - L'offre a un impact moins important que les autres variables retenues dans le modèle sur les prix.

    Ces enseignements appellent les recommandations suivantes pour une maitrise de l'inflation en Mauritanie.

    Conclusion et recommandation

    A partir des résultats de notre modèle nous tirons les enseignements suivants

    - La variation de la masse monétaire est la source principale de l'inflation en Mauritanie

    - L'offre a une action négative sur l'inflation

    - La demande influence positivement l'inflation mais avec un impact moindre comparativement par rapport à celui de la masse monétaire.

    - Le prix à l'importation a un impact positif sur l'inflation

    Suite à ces différents constats les actions suivantes sont nécessaires pour maintenir l'inflation à un niveau jugé raisonnable.

    Ø augmenter la production intérieure

    Comme le prix à l'importation agit positivement sur l'inflation en Mauritanie, il y a lieu d'encourager la production intérieure à travers :

    - la modification des structures de production industrielle, agricole et des services

    - L'augmentation des investissements privés en mettant un accent particulier sur la création des petites et moyennes entreprises et des petites et moyennes industries de transformation.

    Ø Ajuster la demande

    Lorsque la demande s'accroît et que l'offre est rigide, il y a un risque d'inflation. Dans cette situation, l'Etat doit ralentir la demande en

    - Encourageant l'épargne nationale

    - Réalisant des économies budgétaires et en réduisant le déficit public.

    - Réduction de la masse monétaire par une politique restrictive des crédits, car nous remarquons que le taux de croissance de la masse monétaire dépasse celui du PIB, ce qui se traduit par une hausse des prix. La gestion monétaire devrait être par conséquent rigoureuse et toute augmentation de la masse monétaire doit suivre l'évolution de la production, le cas échéant tout effort tendant à maitriser l'inflation est voue à l'échec.

    - Contrôler les prix (le blocage pur et simple des prix des certains produits, les denrées de première nécessité).

    Reference Bibliographique

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    - Artus et Morin (1980) « l'explication de l'inflation par le modèle Métric », cahiers des séminaires d'économétrie du centre National de Recherche Scientifique, P33-65

    - AZAM J P (1995) «  dollars en solde, politiques de change et inflation au Nigeria » revue économique vol 46, N°3 p 727-737 ; Mai 1995

    - BOCCRA et DEVARJAN S (1993) « determinants of inflation among franc zone countries in Africa » policy research working paper, WPS 1997, the World Bank.

    - BCM 2006 Rapport

    - BCM 2012 Rapport

    - CHHIBER A (1991) « Africa raising inflation causes consequences and cures» working papers ,WPS 577; the world bank, February 1991

    - DAUMONT R, ZAMARCZY M, CALLIER et ZILLER B (1999) « programmation financière : méthode et application à la Tunisie », Institut du FMI 1999.

    - DIAGANA Abdarhman ,2008 Dossier de la Politique Economique (DPE) : Analyse de déterminants de l'inflation en Mauritanie, ; Programme GPE Abidjan

    - DOE et DIALLO (1997) « les déterminants de l'inflation dans les pays de l'UEMOA », note d'informations et statistiques BCEAO n° 467 décembre 1999.

    - DOCOURE F B (2004) « méthodes économétrique + programme »,cours et travaux pratiques (logiciels EVIEWS ,STATA et SPSS) 2ém Edition

    - FMI 2012 rapport sur la Mauritanie

    - KEYNES J (1993) « la théorie générale de l'emploi et de la monnaie

    - KPOGHOMOU Bangaly Zédéy, 2006 Note au Ministre : l'inflation en Guinée  ; Programme GPE Abidjan.

    - Hermet.org/pages/textes/inflation.pdfý /chapitre 7 : l'inflation.

    - PNUD 2011 Etude sur les déterminants de l'inflation en Mauritanie, PNUD 2011

    * 1 Rapport annuel 2012 BCM

    * 2 Rapport de FMI N° 13/188 juillet 2013






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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius