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 > 

Attitudes et comportements des parents vis à  vis du broutage dans la commune de Yopougon.

( Télécharger le fichier original )
par Josselin Wilfried Azi
Félix Houphouet Boigny Cocody - Master 1 2013
  

Disponible en mode multipage

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1

SOMMAIRE

DEDICACE

..3

REMERCIEMENTS

4

LISTE DES TABLEAUX

5

LISTE DES GRAPHIQUES

.6

SIGLES ET ABREVIATIONS

.7

AVANT- PROPOS

8

INTRODUCTION

9

I- Problématique

.. 11

II- Méthodologie

..27

 

PREMIERE PARTIE : PRESENTATION ET FACTEURS EXPLICATIFS DU

BROUTAGE 33

Chapitre I : présentation du broutage 34

1-Etat des lieux 34

2-Mode opératoire du broutage . 36

Chapitre II : les facteurs explicatifs du broutage .39

1- Les facteurs sociaux 39

2-Les facteurs économiques ..43

DEUXIEME PARTIE : ATTITUDES ET COMPORTEMENTS DES

PARENTS VIS-A-VIS DU BROUTAGE A YOPOUGON .48

Chapitre I: Attitudes des parents vis-à-vis du broutage à yopougon 49

1- Attitudes des cadres supérieurs et cadres moyens 49

2- Attitudes des ouvriers qualifiés et sans emplois 51

2

Chapitre II : Comportement des parents vis-à-vis du broutage à yopougon 53

1- Comportement des cadres supérieurs et cadres moyens 53

2- Comportement des ouvriers qualifiés et sans emplois 55

TROISIEME PARTIE : CONSEQUENCES ET PROPOSITIONS 58

Chapitre I : Conséquences

59

1- Au niveau des attitudes des parents

59

2- Au niveau du comportement des parents

60

 

Chapitre II : Propositions

.61

1- A long terme

61

2- A cours terme

63

 

CONCLUSION

...64

REFERENCE BIBLIOGRAPHIQUE

65

ANNEXE

.69

TABLE DES MATIERES

..74

3

DEDICACE

À

Mon père AZI KOUASSI VENANCE et à ma fiancée SIKA LAURE AMENAN ELISABETH qui m'ont toujours soutenu et encouragé dans mes études à qui je dois un grand merci.

Mon grand frère, AZI EDENI FRANCK EVRAD qui à toujours su assumer ce double rôle d'ainé et de père à qui je dois mon parcours. Voici ici le résultat de ta grande bonté.

4

REMERCIEMENTS

Aucun travail ne s'accomplit dans la solitude. C'est pourquoi nous trouvons donc normal que figure en début de ces pages des remerciements adressés à ceux qui ont aidé, concouru à la réalisation de cette étude :

PROFESSEUR ALAIN SISSOKO, Doyen de la faculté de Criminologie, très apprécié des étudiants pour son sens du travail et de la communication qui ne cesse d'oeuvrer au bon fonctionnement de notre département.

DOCTEUR AKADJE AHIOURE MATHIEU, 2eme vice doyen, directeur et encadreur de ce mémoire qui de par sa rigueur dans le travail et sa disponibilité à toujours su m'encourager et m'orienter dans cette étude.

A tous les professeurs et enseignants chercheurs ainsi qu'au personnel de l'UFR de Criminologie.

Au DOCTEUR N'DRI YAO EUGENE au département de psychologie qui n'a pas hésité à me donner des documents.

A mon groupe d'étude composé de : M. BABRI GNAORE ERIC, M. BATHAHI AYMAR M. GUEHI SESEHA HERVE, qui depuis la première année, m'ont toujours montré leur intérêt pour le travail et qui m'ont aidé dans la réalisation de ce mémoire.

5

LISTE DES TABLEAUX

Tableau n°1 : Répartition des facteurs sociaux selon la catégorie sociale p.39

Tableau n°2 : Répartition des facteurs économiques selon la catégorie sociale p.43

Tableau n°3 : Répartition de la catégorie sociale des parents selon leurs attitudes p.49

Tableau n°4: Répartition du comportement des parents selon la catégorie sociale p.53

Tableau n°5: répartition du comportement des enquêtés selon le quartier habité p.56

6

LISTES DES GRAPHIQUES

Figure 1 : Diagramme circulaire de repartions des plaintes par type d'arnaque

7

SIGLES ET ABREVIATIONS ATCI : Agence des Télécommunications de Côte Ivoire

DITT : Direction de l'Informatique et des Traces Technologiques

IC3 : Internet Crime Complaint Center

OMS : Organisation Mondiale de la Sante

PLCC : Plateforme de Lutte Contre la Cybercriminalité

UFR : Unité de Formation et de Recherche

8

AVANT-PROPOS

La criminologie est l'étude scientifique du phénomène criminel. Elle tente de comprendre les causes ou les motivations qui poussent les personnes à passer à l'acte. Elle étudie aussi la victime, la réaction de la société face à l'acte et la prévention du crime (traitement, resocialisation). C'est à juste titre qu'on considère le criminologue comme étant un spécialiste ou expert qui tente de comprendre toutes formes de transgressions des normes sociales qu'elle soit légales ou culturelles.

A l'UFR criminologie, après une phase théorique de notre formation en Master I sanctionné par une attestation d'admissibilité, l'étudiant est amené à produire un mémoire répondant à des exigences académiques de la phase pratique de notre formation.

Dans le cadre de ce mémoire, nous avons porté notre choix sur l'étude du phénomène du broutage. Il s'agit des attitudes et comportements des parents vis-à-vis du broutage dans la commune de Yopougon.

Le broutage devenant de plus en plus important, il nous est apparu nécessaire de porter notre attention sur ce phénomène.

C'est pourquoi, nous voulons que ce travail soit perçu comme une contribution aux réflexions précédentes de ce phénomène multiforme et délicat.

9

INTRODUCTION

« L'internet a transformé le monde en un village planétaire. Il améliore la productivité des entreprises, révolutionne les méthodes de travail et rend possible l'émergence de nouveaux modèles d'affaires permettant de communiquer, négocier, échanger et de commercialiser en temps réel. En ce sens, son apport est capital pour nos sociétés. Il est devenu au fil des temps si indispensable que peu d'organisations et de particuliers peuvent s'en passer aujourd'hui. Cette révolution a également rendu possibles de nouvelles formes de criminalité liées au cyberespace : la cybercriminalité »1.La cybercriminalité est un phénomène qui concerne la planète tout entière pour ne pas dire mondiale2. Les délits commis grâce à l'outil informatique sont multiples. Au nombre de ceux-ci, il y a le phénomène du «broutage», qui constitue non seulement un problème économique, mais porte aussi gravement atteinte à l'image de la Côte d'Ivoire.

Cette pratique appelée broutage est une terminologie utilisée par les ivoiriens. Sa présence en Côte d'Ivoire est l'oeuvre du réseau nigérian. Les premiers réseaux de cybercriminels sont arrivés du Nigeria. Ils fuyaient la répression orchestrée contre cette activité illicite. Il s'est alors produit un apprentissage criminel entre les populations venues du Nigeria et les ivoiriens. En effet, Selon la théorie de l'association différentielle d'Edwin Sutherland : « le comportement criminel n'est pas héréditaire mais appris au contact d'autre personne, par un processus de communication. Il s'apprend surtout à l'intérieur d'un groupe restreint de

(1) Ali el Azzouzi, « la cybercriminalité au Maroc », 1ere édition, Casablanca, 2010, p.14

(2) Jean-Jacques Bogui « La cybercriminalité et les escroqueries internet en Côte d'Ivoire », Afrique contemporaine, 2010/2 n°234, p.157. « L'Internet Crime Complaint Center (IC3) a recensé 275 284 plaintes en 2008 et 66,1% des auteurs de ces arnaques étaient originaires des Etats-Unis. Dans le classement des dix premiers pays en nombre d'arnaqueurs établi par cette organisation, les Etats-Unis venaient largement en tête (66,1%) suivis du Royaume-Uni (10,5%) et du Nigeria (7,5%).On retrouve également aux sixième et septième rang, derrière le Canada (3,1%) et la chine (1,6%), deux autres pays africains, l'Afrique de Sud (0,7%) et le Ghana (0,6%).trois autres pays européens terminent ce classement, il s'agit de l'Espagne (0,6%),l'Italie (0,5%) et la Roumanie (0,5%) »

relations interpersonnelles (familles, bandes...) »3.Certains ivoiriens se sont appropriés cette forme de délinquance ; ils en ont fait une véritable activité criminelle. Les auteurs de cette délinquance sont généralement des jeunes élèves, étudiants et chômeurs. C'est donc une délinquance juvénile.

C'est dans le souci de trouver une solution en vue de réduire ce phénomène que nous sommes amenés à faire une étude portant sur : « les attitudes et comportements des parents vis-à-vis du broutage dans la commune de yopougon ».

Dans cette étude, il nous parait important, pour une meilleure compréhension, d'articuler notre travail autour de trois axes. Nous présenterons dans un premier temps le broutage et ses facteurs explicatifs. La deuxième partie de notre étude portera sur les attitudes et comportements des parents vis-à-vis du broutage. Enfin, dans la troisième partie, nous traiterons des conséquences de l'attitude et du comportement des parents vis-à-vis du broutage et des propositions.

10

(3) Raymond Gassin, « Criminologie », 1ere édition Dalloz, Paris, 1988, p.17

11

I- PROBLEMATIQUE

1- Justification du choix du sujet

a) Motivation personnelle

Nous envisageons travailler sur le broutage à yopougon car nous y habitons. Dans cette commune, nous avons constaté que certains de nos amis ont de plus en plus tendance à se tourner vers ce phénomène au lieu de se consacrer sur leur étude.

Nous avions été même poussés à la pratique de ce phénomène du fait de la publicité d'avoir de l'argent facile que faisaient nos amis mais nous avons été contrarié d'arrêter par nos parents. Notre attachement à ce sujet est de savoir si certains parents favorisent ou pas cette pratique chez leurs enfants. Telles sont les raisons qui nous ont amené à choisir ce sujet comme travail de recherche.

b) Pertinence sociale

Mener une étude qui porte sur « les Attitudes et Comportements des parents dans le phénomène du broutage » est opportune en ce sens que la famille constitue la première cellule de socialisation et le creuset de toutes conduites sociales. Connaitre la position des parents vis-à-vis du broutage, tout en les associant aux programmes et moyens de lutte, serait de nature à démotiver cette pratique chez ces jeunes ou à les dénoncer. En effet, les parents étant plus proche des enfants, il est plus facile pour eux de les sensibiliser en vue de réduire cette forme de criminalité en particulier et la criminalité en générale.

12

(4) Dictionnaire le robert, 2005, P.30

(5) Alice H. Eagly & Shelly Chaiken, « La psychologie des attitudes », 1ere édition, Orlando, 1993, p.1

c) Pertinence scientifique

Une étude du phénomène du broutage portant sur les attitudes et comportements des parents permettra d'apporter des solutions de luttes. Il s'agit de cerner la position des populations sur le broutage pour l'adapter aux actions de préventions ou de répressions. De plus, nous souhaitons ajouter notre touche aux nombreux ouvrages, rapports, journaux, articles et mémoires de maitrise que nous avons parcourue. Il sera question de faire en sorte que cette recherche soit un apport et une arme au plan académique pour lutter contre la cybercriminalité.

2- CADRE CONCEPTUEL

Dans tout travail scientifique, une définition des concepts est indispensable pour cerner les réalités de la recherche.

2-1- Définitions des concepts

2-2- Définition des concepts explicites

a) Attitudes

Attitude désigne : « comportement qui correspond à une disposition psychologique. Disposition à l'égard de quelqu'un ou quelque chose »4. Le concept d'attitude a été largement développé en psychologie sociale. C'est au début du XXe siècle que la définition du concept d'attitude s'affine. Une attitude est : « une tendance à évaluer une entité avec un certain degré de faveur ou de défaveur, habituellement exprimée dans des réponses cognitives, affectives et comportementales »5.Cette définition rejoint la première par son caractère psychologique, mais elle va plus loin et à le mérite de préciser les différentes réponses sous lesquelles l'attitude peut s'exprimer. L'attitude peut être également définie comme : « l'ensemble des

13

14

? DIFFERENCE ENTRE L'ATTITUDE ET LE COMPORTEMENT

15

16

17

18

d) La réaction sociale

Le terme « réaction » signifie selon le dictionnaire le robert : « la réponse à une action par une action contraire, un comportement face à une action extérieure »20.Par contre « Social », ramène à la société. Parlant de réaction sociale, nous pouvons noter qu'il s'agit de la réponse, d'une action ou d'un comportement qu'adopte la société face à des actes qui menacent leur tranquillité. C'est aussi : « la manière dont le groupe social se comporte face au phénomène criminel »21.Cette réaction de la société se présente sous deux formes : une forme préventive et une forme défensive. Dans sa phase préventive, elle pose des actions en vu d'empêcher ou prévenir la criminalité, dans sa phase défensive tournée essentiellement vers la répression, il s'agit d'intervenir afin d'arrêter les coupables d'infraction et les sanctionner.

(20) le dictionnaire le Robert, 2005, p.356

(21) Boah Cofy Pascal Henry Yebouet, « Insécurité et sécurité privée en Cote d'Ivoire », Cahier de la sécurité, n°21, revue trimestrielle d'octobre 2012, p.119

19

3- PROBLEME ET QUESTIONS DE RECHERCHE

3-1 Problème de recherche

Avec les technologies de l'information et de la communication, on assiste aujourd'hui au développement de la cybercriminalité. La cybercriminalité occasionne de nombreux problèmes au point d'en faire une préoccupation mondiale. En effet, plusieurs structures et organisations s'investissent dans la recherche avec pour but d'éliminer ou atténuer ce phénomène.

En Afrique, précisément en Côte d'Ivoire, la cybercriminalité, connue sous la forme du broutage, fait l'objet de nombreuses recherches et cela démontre à quel point ce phénomène est épineux. En Côte d'Ivoire, les notions de cybercafés et d'internet semblent se confondre avec le vol, l'escroquerie et la criminalité. En effet : « des enquêtes menées par l'Agence des Télécommunications (ATCI) semblent indiquer que la Côte d'Ivoire est l'une des plaques tournantes des cybercriminels »22. La pratique du broutage en Côte d'Ivoire soulève plusieurs problèmes.

Au niveau politique, cela donne une mauvaise réputation à la Côte d'Ivoire. Selon M. Mathieu Akadjé : « la Côte d'Ivoire figure sur la liste des espaces à haut risque en matière de transaction électronique en Afrique »23.De plus, pour M. Jean Jacques Bogui : « l'image du pays et des citoyens ivoiriens à l'extérieur qui ne cesse de se dégrader »24.

Au niveau économique, Il s'agit ; « des difficultés qu'ont les entreprises et les hommes d'affaires ivoiriens, victimes de cette triste image, éprouvent d'énormes difficultés à profiter des avantages du cyberespace dans leurs activités avec des partenaires étrangers »25.Cela à pour conséquence, la perte de certain marché qui diminue leur chiffre d'affaire.

(22) Mathieu Akadjé « Cybercriminalité et `'broutage» à Abidjan », Revue internationale de Criminologie et de police technique et scientifique, volume LXIV, 2011, p.300.

(23) Idem, p.300

(24) Jean-Jacques Bogui, op.cit, p.164

(25) Idem, p.164

20

Au niveau social, selon M. Ignace Biaka Zasseli : « le broutage en Côte d'Ivoire pose le problème de la délinquance sexuelle, l'abus d'alcool et l'exhibitionnisme sexuel, l'abandon scolaire, la cybercriminalité en milieux scolaire et universitaire »26.

Pour résoudre tous ces problèmes constatés dans le secteur de l'informatique, plusieurs dispositions et recherches ont été menées par les autorités gouvernementales et structures. Cependant, le broutage demeure toujours et prend de l'ampleur. C'est pourquoi, vu la persistance de ce phénomène, de nombreuses questions méritent à nos yeux d'être élucidées.

3-2 Questions de recherche

V' Quel est le regard des parents vis-à-vis de la pratique du broutage ?

V' Le comportement des parents favorise ou pas la pratique du broutage ?

V' Une politique efficace nécessite t'elle pas l'implication des parents dans la lutte contre

le phénomène du broutage ?

(26) www.afriqjet.com/afrique-ouest/1974-cybercriminalité-en provenance-de la côte d'ivoire.

21

4- REVUE DE LITTERATURE

Le phénomène de la cybercriminalité a fait l'objet de plusieurs travaux de recherches. Cela démontre l'attention portée à la compréhension et à la maitrise de ce phénomène.

M. Eric Freyssinet27 fait une photographie de la lutte contre la cybercriminalité réalisée en milieu d'année 2010. Ainsi en France, tout comme en Europe, cette délinquance technologique est en perpétuel évolution. L'auteur soutient qu'une lutte contre la cybercriminalité passe par une évolution des législations et le développement technologique des mesures de sécurisation. Selon lui, il faut développer des programmes en partenariat pour une vue plus large des actions de lutte.

M. Ali el Azzouzi28qui a étudié la cybercriminalité au Maroc, quant à lui décrit la cybercriminalité comme étant un phénomène en plein évolution. C'est une activité rentable et organisée qui présente de multiples visages, c'est-à-dire plusieurs formes d'actes criminels par exemple : l'attaque virale, le blanchiment d'argent, la pédophilie sur internet, la fraude à la carte bancaire et l'escroquerie en sont quelques-uns. L'auteur expose toute une batterie de mesures législatives entreprises et la création de structures au Maroc afin de lutter contre ce phénomène.

La cybercriminalité n'est pas méconnue de la société ivoirienne. En Côte d'Ivoire, elle est connue sous le nom du broutage. De nombreux chercheurs ivoiriens se sont intéressés à ce phénomène. Ces études décrivent le phénomène, les techniques ou méthodes utilisées, les obstacles dans la lutte, les conséquences et tentent de faire des propositions.

De nombreux auteurs s'accordent sur le fait que le « couper-décaler » à été un élément propulseur dans le développement du broutage. M. Kohlhagen Dominik29établit un lien entre

(27) Eric Freyssinet, « La cybercriminalité en Mouvement », Annale des Mines-Réalité industrielle, France, Novembre 2010, p.28-33

(28) Ali el Azzouzi, « la cybercriminalité au Maroc », 1ere édition, Casablanca, 2010, p.1-156

(29) Kohlhagen Dominik, « Frime, escroquerie et Cosmopolitisme Le succès du « coupé-décalé » en Afrique et ailleurs », Politique africaine, Edition Karthala, n°100, 2005, p.99

22

le broutage et le « couper-décaler ».En parler populaire ivoirien, « couper » donne sens à escroquer et « décaler », prendre le large, prendre la fuite. L'auteur expose toute une manière de vivre, de se comporter, de s'affirmer, des jeunes ivoiriens qui repose sur l'escroquerie via internet c'est-à-dire dans notre contexte, le broutage. En effet, le couper-décaler à été un élément prépondérant dans le développement du broutage, les individus poussés vers une culture du succès matériel sans condition, du luxe et de l'abondance. Selon ses termes : « la réussite semble effectivement réservée à ceux qui savent défier l'ordre et qui « coupent », aux escrocs et malfrats confirmés, à ceux que le parler abidjanais désigne aussi comme des « brouteurs ».Ce point de vu est également partagé par M. F. Gbadamassi30qui soutient le point de vu de M. Kohlhagen Dominik tout en mentionnant le « couper-décaler » comme étant un mouvement culturel né de l'escroquerie, il qualifie le « couper-décaler » comme étant la danse des brouteurs à l'origine et qui à participé au développement du broutage en Côte d'Ivoire.

D'autre auteur comme M. Mathieu Akadjé31 souligne également le développement et la recrudescence du phénomène du «broutage» en Côte d'Ivoire. Cette nouvelle délinquance, qui repose essentiellement sur l'escroquerie, a recourt à diverses méthodes et techniques employés par les brouteurs avant d'en faire une description de ces méthodes criminelles. Pour

M. Akadjé, les principales conséquences restent liées à l'économie et à l'image de la Côte d'Ivoire. Cependant on observe malheureusement une collaboration et un partenariat entre les brouteurs et certains établissements de retrait d'argent ainsi que la complicité déplorable de certains policiers qui complique dans la lutte. Il serait donc nécessaire de mettre en oeuvre des mesures de luttes plus efficaces.

(30) www.afrik.com/article6691.html, F. Gbadamassi, « Les origines douteuses du couper-décaler quand l'escroquerie donne naissance à un mouvement musical... »,17 octobre 2003

(31) Mathieu Akadjé, « Cybercriminalité et `'broutage» à Abidjan », Revue internationale de Criminologie et de police technique et scientifique, volume LXIV, 2011, p.299-310

23

Pour M. Jean-Jacques Bogui32 c'est un phénomène universel mais dramatique pour un pays comme le notre en voie de développement. Les cybercriminels sont issus des milieux défavorisés et selon son article : « la majorité de ces escrocs du net est issue des milieux défavorisés de la capitale économique ivoirienne. »Ainsi, ce sont les conditions économiques précaires de ces derniers qui les poussent vers la pratique du broutage. Les principales conséquences restent liées à l'économie, à l'image de la Côte d'Ivoire et aussi à l'éducation car les cybercriminel sont très jeunes. Il propose de sensibiliser et éduquer la jeunesse.

M. N'guessan Boris33 dans une étude portant sur les obstacles aux actions de la police scientifique en matière de lutte contre la cybercriminalité à Abidjan souligne les difficultés ou obstacles que rencontre cette structure. Il s'agit des difficultés à rassembler les preuves au niveau des enquêtes et collaborations avec les différents opérateurs, un manque de culture de cyber sécurité de la part des usagers du net, la corruption de certains agents des forces de l'ordre et des agents des maisons de transferts de fonds et enfin le caractère transfrontalier de la cybercriminalité qui met à mal la lutte contre la cybercriminalité. Il propose la sensibilisation, le renforcement du personnel de la D.I.T.T et l'élaboration d'un cadre juridique.

Ces travaux bien qu'étant distincts de notre objet d'étude présentent le phénomène du broutage associé à celui de la cybercriminalité. Les études de nos prédécesseurs ont insistée sur la présentation du broutage, les causes et conséquences tout en mentionnant les obstacles liés à la lutte ainsi que les propositions. Cependant, quel est l'attitude ou le comportement des parents sur le broutage ? Une telle question nous amène à faire une étude portant sur les regards, tendances et, réactions observables et concrètes, de toutes personnes vivant à

(32) Jean-Jacques Bogui, « La cybercriminalité, menace pour le développement les escroqueries internet en Côte d'Ivoire », Afrique contemporaine, n°234, 2010, p.159

(33) N'guessan Stéphane Boris, « les obstacles de la police scientifique (DITT) en matière de lutte contre la cybercriminalité à Abidjan » mémoire de maitrise UFR criminologie, 2013-2014

24

yopougon et qui a connaissance de l'escroquerie via internet. Ce qui n'a pas été abordée par ces différents auteurs. D'où l'intérêt de notre sujet.

5-

25

OBJECTIFS ET HYPOTHESES DE RECHERCHE 5-1- Objectifs de recherche

Il s'agit de définir les objectifs que vise la recherche ou le chercheur. C'est le but précis que vise notre étude.

5-2- Objectifs général

Notre objectif à travers cette étude vise à décrire, connaitre la cybercriminalité en général et le broutage en particulier. Il s'agit de comprendre et expliquer l'attitude et le comportement des parents vis-à-vis du phénomène du broutage dans la commune de yopougon en vue de mieux lutter contre ce phénomène.

5-3- Objectifs spécifiques

Cette étude à pour objectif de :

V' Appréhender la perception des parents sur le phénomène du broutage ; V' Mener une politique de lutte en fonction de chaque commune ;

V' Proposer des solutions en vue de réduire ce phénomène ;

6- HYPOTHESE DE RECHERCHE 6-1- Hypothèses générale

La perception favorable qu'ont les parents du broutage à yopougon, favorise ce phénomène.

26

6-2- Hypothèses spécifiques.

V' Les parents ont un regard favorable du phénomène du broutage à Yopougon.

V' Les parents par leur comportement encouragent le broutage à Yopougon.

V' L'adhésion des parents est indispensable dans la lutte contre le phénomène du broutage.

27

II- CADRE METHODOLOGIQUE

Toute recherche, pour être cohérent, se doit de respecter et suivre une démarche d'étude définie. Il s'agit de la méthodologie que doit suivre ou adopter le chercheur. Ainsi dans le cadre de notre étude, nous sommes amenés à justifier chaque étape de notre démarche.

1- Justification du choix du terrain

Dans cette étude, notre choix s'est porté sur yopougon pour trois raisons. D'abord, après une pré-enquête, il ressort que le phénomène du broutage est une réalité, mais encore qu'il semble prendre de l'ampleur. Ensuite, toutes les couches socio-économiques et culturelles y sont représentées : les couches aisées, moyennes démunies et les couches défavorisées. Enfin, Yopougon, avec ses nombreux maquis, bar climatisés et boites de nuit sans oublier sa célèbre rue princesse, en un mot la commune de la joie, constitue l'endroit idéal des « brouteurs » pour s'amuser, faire la fête.

Nous avons choisi par simple observation quatre (04) quartiers de yopougon censés représenter les différentes couches sociales présente à Yopougon. Il s'agit de : Niangon (sud et nord), Wassakara, Maroc, Port-bouet 2. Ce choix se justifie par l'étendue de la commune et l'insuffisance de nos moyens techniques et financiers, qui ne nous a pas donné la possibilité de travailler sur toute la commune.

Nous avons choisi Niangon parce que nous habitons le quartier. Aussi, il existe de nombreux maquis fréquentés par les brouteurs et plusieurs cybers. Au quartier Maroc, lors de la pré-enquête, il semblerait que plusieurs brouteurs y habitent ; il existe aussi de nombreux maquis. Notre choix s'est porté sur Wassakara et port-bouet 2 parce que ce sont des quartiers où l'on trouve des brouteurs et des personnes de couche sociale défavorisée.

Apres avoir justifié notre terrain d'enquête, nous allons procéder au choix et à la justification de notre population d'enquête.

28

2. Population d'enquête

Le choix de notre population d'enquête s'est porté sur les hommes et femmes de toutes les catégories sociales de la commune de yopougon.

3. Echantillon d'enquête et technique d'échantillonnage

3-1- Technique d'échantillonnage

Il existe deux sortes de techniques de sondage. Nous avons les techniques de sondages probabiliste ou aléatoire et les techniques de sondages non probabiliste ou empirique.

Pour réaliser notre échantillon, nous avons privilégié la technique de sondage non probabiliste ou empirique.

Nous avons opté pour l'échantillon par quota. Elle nous a permis, bien que ne disposant pas de base de sondage, de fixer un quota de personnes appartenant aux différentes catégories sociales c'est-à-dire des personnes aisées (cadre supérieures), des personnes moyennement aisées (cadre moyen), des policiers, des ouvriers qualifiés, des personnes sans emplois et des brouteurs.

3-2- Echantillon d'enquête

Notre échantillon est reparti de la façon suivante : 10 cadres supérieures, 20 cadres moyens, 25 ouvriers qualifiés, 30 sans emplois, 05 policiers et 10 brouteurs (05 déscolarisés et 05 scolarisés). Tout cela nous donne un échantillon d'enquête de 100 personnes interrogées dont 57 hommes et 43 femmes.

29

4 -Techniques de recueil des données

Pour la collecte des données et des différentes informations nécessaires à la réalisation de cette étude, nous avons privilégié les outils ci-après :

- L'observation ;

- L'entretien ;

- Le questionnaire ;

- La recherche documentaire ;

a) L'observation

Il existe deux (02) types d'observations : l'observation directe et l'observation indirecte. Dans notre étude, nous avons choisi l'observation directe. Ce type d'observation comprend : l'observation neutre et l'observation participante. Nous avons donc privilégié l'observation neutre qui consiste à se porter spectateur et d'observer le phénomène se dérouler. Elle nous a permis d'observer les brouteurs dans leurs quartiers et dans les cybers. Nous avons pu observer douze (12) cybers à Niangon, trois (03) à Wassakara, vingt-un (21) au quartier Maroc et enfin neuf (09) à Port bouet 2. C'est au cours de cette phase de notre pré enquête que nous avons mieux orienté nos questions, et savoir par la même occasion que certains brouteurs fréquentent les cybercafés à proximité de leurs lieux d'habitation.

b) L'entretien

Dans le souci d'être objectif dans cette étude, nous avons privilégié la technique de l'entretien avec certains brouteurs et policiers. Cela leur a permis de s'exprimer librement.

30

c) Le questionnaire

Le questionnaire à été notre principal outil de collecte d'informations. Il a été élaboré à partir d'une pré-enquête avec certains brouteurs ainsi que les témoignages des populations et des gérants de cybercafés.

Nous situons ici l'administration directe dans un contexte d'entretien guidé par des questions préconçues ; le recueil des données s'est fait par la prise de notes et par enregistrement.

L'administration indirecte, quant à elle, a consisté à laisser le questionnaire aux enquêtés et ensuite repasser au bout de quelques heures pour collecter les réponses.

Notre questionnaire est une combinaison de questions fermées et ouvertes ; les inconvénients de l'un étant complétés par les avantages de l'autre et vis-versa. Les questions fermées ont permis de recueillir les données à partir de réponses standardisées, elles sont facilement exploitables.

Les questions ouvertes dans la mesure où elles donnent la latitude aux enquêtés de réfléchir et de répondre librement représente une richesse au niveau du contenu des réponses.

d) La recherche documentaire

Dans le cadre de notre recherche, nous avons eu à consulter les livres, les ouvrages, les statistiques portant sur la cybercriminalité en général et sur le broutage en particulier. Elle nous à permis d'avoir une connaissance générale de notre objet d'étude, d'élaborer notre problématique et de construire notre revue de littérature.

31

5. Méthodes d'analyses

Il convient dans ce travail de retenir deux types d'analyses de données : l'analyse qualitative et quantitative car ces méthodes nous paraissent complémentaires en science sociale.

L'analyse qualitative nous a permis de porter un regard sur la description et / ou l'étude des attitudes et des comportements des enquêtés. Tandis que l'analyse quantitative qui relève de technique de la statistique, nous a permis de quantifier les résultats issus de notre enquête. Elle nous a permis ici de faire la répartition en pourcentage des réponses.

6. Approche disciplinaire

Nous avons utilisé une approche pluridisciplinaire :

- L'approche sociologique : le broutage est un phénomène social, il faut alors appréhender son étude et comprendre les facteurs qui peuvent agir sur les attitudes et les comportements des parents.

-L'approche psychologique : pour comprendre les comportements, les motivations personnelles et les attitudes des individus dans le passage à l'acte en matière de cybercriminalité.

-L'approche criminologique : le broutage est un mal pour la société ivoirienne car elle constitue un obstacle à son développement, à sa sécurité. Cette approche nous a permis de comprendre le phénomène et aussi de faire des propositions pour lutter contre ce phénomène ou de le réduire dans des proportions tolérables. Cette dernière approche est celle qui nous permet de mieux cerner la cybercriminalité.

32

7- Difficultés rencontrées

Les difficultés que nous avons rencontrée pendant de la réalisation de ce mémoire sont diverses. Tout d'abord, lors de la documentation, certains travaux d'étudiants traitant de la cybercriminalité, bien que figurant dans le catalogue des ouvrages de l'UFR criminologie ont été introuvables dans les armoires de la bibliothèque du fait de la crise postélectorale de 2011. Par conséquent nous n'avons pas pu les consulter.

Au niveau des jeunes internautes et des brouteurs, il y a eu de l'indifférence et de la méfiance à notre égard. Nous étions considérés comme un `'espion» par certains qui refusaient de nous adresser la parole. Nous nous sommes présenté comme étudiant pour pourvoir avoir des informations après plusieurs tentatives d'approches.

Quant à la population, elle nous lançait souvent des injures de toutes sortes et en voici quelques un de leurs propos : « Laisser les enfants se chercher » ; « Ils broutent pour nourrir leurs familles et donnent du travail à certaines personnes en créant de petites activités » ; « Les maudits étudiants qui aiment papier là » Cette situation nous a donné beaucoup de retard dans l'élaboration de ce mémoire.

PREMIERE PARTIE
PRESENTATION ET FACTEURS EXPLICATIFS DU
BROUTAGE

34

CHAPITRE I : PRESENTATION DU BROUTAGE

1-Etat des lieux du broutage

« Depuis quelques années, le développement de l'usage d'internet est assez impressionnant dans la capitale économique de la Côte d'Ivoire »34.Toutes les communes d'Abidjan en particulier et les villes de la Côte d'Ivoire en générale ne sont laissées pour compte dans cette volonté de découvrir le monde numérique et internet. Ne dit-on pas que la criminalité évolue au même rythme que la société ? En effet, « avec le développement du système informatique de communication, unanimement perçu comme une révolution technologique, il n'est pas étonnant d'assister au foisonnement d'un type spécifique d'infractions à connotation économique: la cybercriminalité ou criminalité technologique »35. Selon Mme Stéphanie Perrin : « la cybercriminalité se caractérise par trois aspects : d'abord, le nouveau crime consistant à pirater, s'introduire ou espionner les systèmes informatiques d'autres personnes ou organisations ; ensuite les cas dans lesquels le crime est ancien mais le système nouveau, comme dans les tentatives d'escroquerie par Internet. Enfin, l'enquête dans laquelle l'ordinateur sert de réservoir de preuves indispensables pour que les poursuites engagées dans le cadre de n'importe quel crime aboutissent »36. La cybercriminalité en Côte d'Ivoire connue sous la forme du broutage se situe dans le deuxième aspect c'est-à-dire le cas ou le crime est ancien mais le système nouveau, comme dans les tentatives d'escroquerie par Internet. La pratique du broutage gagne du terrain. Selon M. Gueu Denis37, les auteurs de cette pratique sont des jeunes en générale des ivoiriens comme non Ivoiriens et qui fonctionnent par groupe. « Le broutage, est perçu aujourd'hui par la jeunesse, en manque de repère, comme une noble activité génératrice de revenus. Les arnaqueurs sont, quant à eux, adulés et courtisés par une tranche de la population. Ces bourreaux sont perçus

(34) Jean-Jacques Bogui, op.cit, p.158

(35) Mathieu Akadjé, op.cit, p.300

(36) Jean-Jacques Bogui, op.cit, p.159

(37) Gueu Denis, op.cit, p.100

35

inconsciemment ou consciemment comme des héros »38. Depuis des cybers, ces escrocs font plusieurs victimes à travers le monde, surtout en Europe.

La pratique du broutage est en pleine croissance. En effet, selon la Plateforme de Lutte Contre la Cybercriminalité (P.L.C.C) le préjudice pour l'année 2013 s'élève à 3,6 milliards de FCFA contre 3,3 milliards en 201239. « Les cybercriminels opérant sur le territoire ivoirien sont très nombreux à parler avec fierté de leur activité dans les medias nationaux et étrangers, quelques fois même à visage découvert comme s'ils n'avaient pas conscience de la gravité des actes qu'ils commettent »40. A yopougon, la pratique du broutage est non seulement une réalité et il semble que le phénomène persiste et prend de l'ampleur. Plusieurs cas de broutage ont été signalés dans cette commune. Selon la P.L.C.C : « Le nommé kouassi kouame jules césar dit Flora flament alias « dinzo la merveille », jeune ivoirien âgé de 19 ans a été interpellé à Yopougon Niangon à gauche par les agents de la P.L.C.C suite à une information anonyme le mercredi 25 novembre 2014. Il s'est avéré au cours de l'enquête que des plaintes concernant la nommée Flora flament étaient portées à nos services par trois(3) personnes. En effet, il séduisait ses victimes en prétendant être une ressortissante française qui se trouvait à Abidjan et qui recherchait un amant. Le montant total de ses escroqueries s'élève à 22.900 Euros soit 15.000.000 FCFA. Il a été déféré devant le parquet d'Abidjan pour répondre de ses actes »41. « Cinq (05) individus dans la commune de yopougon Niangon ont été interpellés pour chantage à la webcam et bien d'autre chefs d'accusation le mercredi 03 septembre 2014 »42. Selon la même structure : « deux (02) suspects ont été interpellé en pleine activité

(38) http://hadrielgeaux.mondoblog.org/2014/02/25/en-cote-divoire-au-nom-de-la-dette-coloniale-broute/

(39) http://actu.atoo.ci/larticle.php?id=20468

(40) Jean-Jacques Bogui, op.cit, p.160

(41) http://cybercrime.interieur.gouv.ci/?q=node%2F283

(42) http : // cybercrime.interieur.gouv.ci / ?q=node%2F268

36

cybercriminelle, dans la commune de Yopougon quartier Banco II. En effet, ce qui en apparence paraissait être un simple magasin de vêtements, cachait en vérité le noeud d'un réseau cybercriminel bien ficelé. Après avoir monté leurs escroqueries via Internet, les cybercriminels recommandaient à leurs victimes de se faire transférer des sommes d'argent par le biais de coupon de recharges pour cartes prépayées. Ainsi, les cybercriminels se faisaient communiquer des codes de rechargement, représentant la valeur des sommes demandées à leurs victimes. Ils acheminaient ensuite ces différents codes de rechargement reçus vers la boutique de vêtement qui servait de point de paiement des sommes arnaquées »43. Nous nous arrêterons à ces trois (03) faits car le site de la P.L.C.C en dit long sur les escroqueries via internet dans la ville d'Abidjan en général et à yopougon en particulier. D'une façon générale, la pratique du broutage est devenue rapidement en Côte d'Ivoire un cancer social qui ronge l'économie et la jeunesse.

2-Mode opératoire des brouteurs

Dans la pratique du broutage, les brouteurs ont recours à deux (02) modes opératoires. Il s'agit d'une part du mode opératoire reposant sur l'infraction d'escroquerie et d'autre part du mode opératoire reposant sur les méthodes criminelles.

L'escroquerie est une infraction pénale, un délit intentionnel. C'est une atteinte à la propriété, en d'autre terme une atteinte aux biens. Selon l'article 403 du Code Pénal Ivoirien : « L'escroquerie est le fait, soit par l'usage d'un faux nom ou de fausses qualités, soit par l'emploi de manoeuvres frauduleuses, de persuader de l'existence de fausses entreprises, de faire naître l'espérance ou la crainte d'un succès, afin de se faire remettre des fonds »44.

(43) http://cybercrime.interieur.gouv.ci/?q=node%2F275

(44) Code Pénal ivoirien, Article 403, juriste édition, p.103

D'abord, le brouteur cherche à établir une confiance entre lui et sa victime, il cherche à se faire aimer. Ensuite, à l'aide de manoeuvre frauduleuse, de fausse qualité et de persuasion, il arrive à soutirer des biens chez sa victime. Dans une étude réalisée sur le broutage, M. Akadjé Mathieu45 précise que le broutage est une nouvelle forme de délinquance, qui n'est, en fait, que de l'escroquerie via Internet. Le broutage est donc une pratique illicite qui repose sur l'escroquerie en utilisant l'outil informatique.

En ce qui concerne le mode opératoire reposant sur les méthodes criminelles utilisées par les brouteurs, elles sont nombreuses et variées. Plusieurs chercheurs dans leurs études décrivent ces méthodes criminelles. Cependant, nous retiendrons dans cette étude, l'approche de M. Akadjé Mathieu et M. Bogui Jean-Jacques sur les méthodes criminelles. Dans certains articles ou revues, il convient de rappeler que les techniques ou méthodes criminelles changent de nom, d'appellation mais se rejoignent tous. Il s'agit de la technique dite de l'amour, la technique de l'immobilier, la technique de l'héritier, la technique de la loterie.

La répartition des plaintes par type d'arnaque selon la P.L.C.C, montre que la technique de l'amour est la plus utilisée par les cybercriminels ivoiriens avec prés de 270 plaintes.

37

(45) Mathieu Akadjé, op.cit, p.300

Figure1 : Diagramme circulaire des répartitions des plaintes par type d'arnaque selon la

P.L.C.C

38

39

CHAPITRE II : LES FACTEURS EXPLICATIFS DU BROUTAGE

Les conduites criminelles sont le produit d'un ensemble de facteurs. Une conjoncture de facteurs qui pèsent sur l'individu et qui le pousse inexorablement à entrer en conflit avec les lois.

En Côte d'Ivoire, parlant du broutage, plusieurs facteurs où causes tentent d'expliquer le phénomène. Ainsi pendant notre enquête, nous avons posé la question suivante aux enquêtés : « quelles sont les causes du broutage ? ».Les réponses obtenues sont consignées dans le tableau n°1 suivant.

Tableau n°1 : Répartition des facteurs sociaux selon la catégorie sociale

Causes

Catégories sociales

Amour du gain facile

Effet des pairs

Négligence familiale

Total

 

Eff

%

Eff

%%

Eff

%

Eff

%

Cadre supérieurs

10

43.47

10

43.47

03

13.04

23

100

Cadre moyens

20

55.55

12

33.33

04

11.11

36

100

Ouvriers qualifiés

21

55.26

11

28.94

06

15.78

38

100

Sans emplois

27

54

16

32

07

14

50

100

Les policiers

05

41.66

04

33.33

03

25

12

100

Les brouteurs

00

00

00

00

00

00

00

00

Total

83

52.20

53

33.33

23

14.46

159

100

1- Les facteurs sociaux

« L'actualité sociale et politique des années quatre-vingt-dix a vu se développer le Thème de la « démission parentale » face à la délinquance juvénile. Cet article vise à clarifier le rôle de la famille dans la genèse et l'enracinement de la délinquance »46 .

Plusieurs facteurs sociaux peuvent conduire à la pratique du broutage. Ainsi, se référant au tableau n°1, trois facteurs semblent être la cause du broutage à yopougon.

(46) www.laurent-mucchielli.org/public/ contrôle-parental-du risque-de delinquance.pdf

40

La négligence familiale est un facteur qui pousse à la pratique du broutage à yopougon. Dans notre contexte, on parle de négligence familiale lorsqu'un membre de la famille, qui a le devoir de prendre soins de vous, ne répond pas à vos besoins fondamentaux. Cela peut inclure par exemple ; le fait de ne pas vous donner de la nourriture et des vêtements, des soins de santés et d'hygiènes, ne pas assurer que vous êtes supervisés au besoin...etc.

Dans notre échantillon, 23 réponses désignent ce facteur comme une des causes sociales de la pratique du broutage soit 14.46% des réponses. La délinquance des enfants est souvent due à un manque d'implication et une incompétence dans la surveillance de la part des parents. En effet, certains parents se désengagent très tôt vis-à-vis de l'enfant qui est livré à lui même.

Certains propos des enquêtés ont été recueilli a ce sujet. Dans la catégorie sociale des cadres supérieurs un informaticien comptable affirme : « C'est dommage mais certains de ces jeunes broutent pour avoir ce que leurs parents ne peuvent les offrir». Un autre enquêté dans la catégorie des cadres moyens soutient que : « Rare sont les parents qui s'occupent normalement de leurs enfants de nos jours donc les enfants sont amenés à brouter pour s'en sortir ». A Niangon, un parent de la catégorie des sans emplois désigne ce facteur et selon ses propos : « Il n'y a rien à la maison et les temps sont durs donc si les enfants peuvent se débrouiller, qu'il le fasse pourvu qu'il ne soit pas pris ».

Les parents ne pouvant répondre aux besoins des enfants, ceux-ci s'adonnent à des pratiques illicites comme le broutage.

A côté de la négligence familiale, l'effet des pairs est également un facteur qui favorise la pratique du broutage. « L'influence des groupes de pairs sur les enfants et les adolescents est très importante. Par exemple, des chercheurs américains ont pu montrer que le fait d'appartenir à une bande nombreuse de copains a une influence sur le développement de l'intelligence, sur les performances scolaires ou encore sur l'entrée dans la sexualité. Pour

41

revenir à notre sujet, des facteurs directs de la délinquance, l'influence des pairs est sans doute celle sur laquelle la recherche en criminologie a le plus insisté ces vingt dernières années »47. Pendant notre enquête, 53 réponses désignent ce facteur comme l'une des causes du broutage soit 33.33%. En effet, une fois l'adolescent intègre un groupe, commence alors une autre forme de socialisation dite secondaire. L'individu cherche à assimiler ou à s'intégrer dans le groupe, à travers divers processus tel que l'imitation et l'apprentissage de la sous culture de ce groupe. Ainsi, lorsqu'il s'agit de valeurs déviantes telle que le broutage, il apprendra naturellement à faire le broutage. Selon Gabriel Tarde : « Chaque personne se comporte selon les us et coutumes de son milieu ; de ce point de vue, si quelqu'un vole, il ne fait qu'imiter quelqu'un d'autre. Car l'imitation explique les fonctions psychiques telles l'habitude et la mémoire »48.Toujours dans le même ordre d'idée, selon la théorie de l'association différentielle de Sutherland qui relève de la sociologie de la délinquance : « Les comportements antisociaux s'expliquent par la fréquentation assidue d'individus antisociaux. Plus exactement, les comportements délinquants s'acquièrent au cours d'un processus de communication ou d'interaction symbolique dans un groupe restreint de criminels »49.

Les propos de quelques enquêtés témoignent de l'effet que peut avoir l'appartenance à un groupe sur la pratique du broutage. Selon le témoignage de la mère d'un brouteur de notre quartier : « Ce sont les amis de mon fils qui l'on mit dans affaire de broutage là, il partait au maquis ensemble pour faire la fête.» dans un entretien avec un brouteur celui-ci explique son passage dans le broutage : « Je suis parvenu au broutage grâce à mon voisin de classe que j'accompagnais retirer son wess et petit à petit je suis rentré dedans ».On retiendra que l'effet du groupe ou des pairs sur certains jeunes les pousse à la pratique de ce phénomène.

(47) www.laurent-mucchielli.org/public/ contrôle-parental-du risque-de délinquance PDF.

(48) Opadou Koudou, Histoire de la Criminologie les grands courants théoriques d'hier à aujourd'hui, 1ere édition, Presse Universitaire d' Abidjan, p.57

(49) Opadou Koudou, op.cit, p.71

L'amour du gain facile constitue le facteur le plus important parmi les facteurs sociaux que contient notre tableau. Il s'agit ici de la grande facilité dans l'obtention de la réussite, le mépris des moyens conventionnel dans le succès. 83 réponses de nos enquêtés soit 52.20% désignent ce facteur comme étant la cause sociale la plus importante qui pousse les jeunes à la pratique du broutage. Selon M. Gueu Denis : « La pratique du broutage se justifie par l'amour du gain facile ancré dans la mentalité d'une grande majorité qui extériorise cette mentalité sur internet »50. Selon les propos des enquêtés, la jeunesse s'adonne à la paresse et refuse le travail. Un policier affirme : «Les jeunes de maintenant aiment la facilité, au lieu d'aller à l'école c'est broutage qui les intéressent ». Un autre enquêté dans la catégorie sociale des cadres supérieurs affirme : « Personne ne veut fournir d'efforts de réussite dans la société ivoirienne, tous le monde à recours à des pratiques peu conventionnelles et c'est ce qui pousse nos enfants à faire le broutage. La perte de l'effort personnel ».

Au regard de ces divers facteurs sociaux qui favorise le broutage, c'est-à-dire la négligence familiale, l'effet des pairs ou du groupe et l'amour du gain facile, ainsi que des théories sociales qui les justifient, force est de constater qu'il existe d'autres facteurs tels que les facteurs économiques qui favorisent également le broutage.

42

(50) Gueu Denis, op.cit, p.99

43

2- Les facteurs économiques

Au delà des facteurs sociaux qui tentent de rendre comptent des causes qui favorisent la pratique du broutage à yopougon, il existe d'autres facteurs tels que les facteurs économiques. Tableau n°2 : Répartition des facteurs économiques selon la catégorie sociale

Causes

Catégories Sociale

Pauvreté

Chômage

Manque de moyen des parents

Total

 

Eff

%

Eff

%

Eff

%

Eff

%

Cadre supérieurs

03

18.75

08

50

05

31.25

16

100

Cadre moyens

12

40

13

43.33

05

16.66

30

100

Ouvriers qualifiés

15

36.58

16

39.02

10

24.39

41

100

Sans emplois

17

34.69

21

42.85

11

22.44

49

100

Les policiers

05

38.46

05

38.46

03

23.07

13

100

Les brouteurs

10

35.71

10

35.71

08

28.57

28

100

Total

62

35.02

73

41.24

42

23.72

177

100

Parlant des facteurs économiques qui favorisent le broutage, nous nous intéresserons au chômage, à la pauvreté et au manque de moyen des parents.

A la lecture du tableau ci dessus, le manque de moyen des parents est une cause qui pousse certains jeunes à pratiquer le broutage. Dans notre étude, le terme manque de moyen des parents va désigner l'insuffisance des revenus financiers, la situation financière précaire des parents. 42 réponses désignent ce facteur comme cause du broutage soit 23.72%. En effet, l'insuffisance des revenus financiers des parents qui ne leurs permettent pas d'assurer les besoins de la famille obligent certains jeunes à de tel pratique. A cet effet, un parent de la catégorie des cadres moyens affirme : «La vie est devenue chère, le maigre salaire ne peut pas tout faire ». Selon M. Gueu Denis51, le revenu faible fortement contrarié par le coût de la vie qui ne cesse de croître est souvent à l'origine de certains comportements délictueux qui surgissent dans notre société.

(51) Gueu Denis, op.cit, p.98

44

(52) Opadou Koudou, op.cit, p.55-56

La pauvreté constitue un facteur qui favorise la pratique du broutage. Dans notre contexte d'étude, le mot pauvreté prend le sens d'indigence économique. Au regard de notre tableau, nous avons 62 réponses des enquêtés sur 177 réponses au total qui désignent la pauvreté comme cause du broutage soit 35.02%. Ce sont donc les mauvaises situations économiques des personnes, l'absence des ressources financières qui les conduisent à la délinquance c'est à dire à la pratique du broutage. Les individus ne disposant pas de moyens financiers ou ne bénéficiant pas des richesses ou retombés de la société se trouvent contraint d'utiliser les moyens qui ne sont pas conventionnels pour réussir. Il existera donc une relation étroite entre la pratique du broutage et l'incapacité de l'individu à satisfaire ces besoins économiques. A la lumière de la théorie Marxiste sur le développement de la criminalité développée par Opadou Koudou : « Le comportement criminel est le produit de la société capitaliste au point où il est permanent chez les prolétaires qui sont issus de couches sociales et économiques défavorisés »52. La pauvreté est donc un facteur qui favorise le broutage en Côte d'Ivoire. Les propos de certains enquêtés sur la pauvreté comme cause du broutage sont nombreux. Selon un enquêté de Port-bouet 2 : « C'est la pauvreté qui fait que les jeunes font le broutage, il n'y a pas l'argent. Si ces jeunes sont pauvre et n'ont rien à manger que voulez-vous qu'ils fassent si ce n'est pas le broutage, qui peut les faire sortir de leur situation ». Un autre enquêté pris dans le quartier Maroc affirme : «C'est la pauvreté qui amène nos frères au broutage .Au lieu de lutter contre le broutage, lutter contre la pauvreté et vous verrez qu'il n'aura plus de brouteur ». Nous avons recueilli le témoignage d'un brouteur : « Je vivais avec mon cousin à Wassakara qui est chauffeur et c'était très difficile de manger encore moins se vêtir. J'étais amené par moment à transporter des bagages avec une brouette pour pouvoir survenir à mes besoins. Aujourd'hui, grâce au broutage j'ai un pressing, plusieurs cabines de transfert

45

d'unité. Mon frère à son propre taxi et nous vivons à Niangon. Je suis devenu un opérateur économique ».

De plus en plus en Afrique, le chômage constitue un facteur important dans la délinquance des jeunes. En Côte d'Ivoire, le taux de chômage est de 9.4% a annoncé le ministre Koné Nabagné Bruno53. La réduction du chômage constitue l'une des politiques majeurs du gouvernement. A l'intersection de tous les efforts que fait le gouvernement pour réduire le chômage et l'espoir de trouver du travail chez les jeunes, se développe la criminalité ou la délinquance.

A la lecture du tableau ci-dessus, le chômage constitue le facteur le plus important avec prés de 73 réponses sur 177 réponses au total soit 41.24%. En effet, devant tous les sacrifices consentis au cours de la formation et qui débouche sur un vide ; c'est-à-dire aucune insertion professionnelle, certains jeunes sont livrés à eux même et sont obligés de subvenir à leurs besoins par tous les moyens possibles, et l'une des façons les plus courantes et à la mode est le broutage. Ainsi durant notre enquête, plusieurs enquêtés nous ont fait savoir que c'est parce que cette jeunesse n'est pas occupée qu'elle s'adonne au broutage. C'est ce que témoigne un brouteur et selon ses propos : « On ne trouve rien à faire, on nous traite de bon à rien .on devient brouteur on dit c'est mauvais. Que voulez vous qu'ont fassent à la fin ». Un enquêté de la catégorie des sans emplois relate que : « Tant qu'on ne cherche pas à résoudre le problème du chômage, le broutage ne pourra jamais disparaitre. Que voulez-vous que ces jeunes fassent ?qu'ils laissent tous tombés et meurt de faim ? ».

On comprend à travers les propos des enquêtés que le chômage constitue non seulement une cause directe d'entrée dans le broutage, un sérieux problème et un défis pour le gouvernement.

(53) http://koaci.com/articles-87744

Nous avons aussi recueilli le témoignage d'un brouteur de la commune de Yopougon sur internet qui justifie que le chômage est la première cause qui pousse au broutage. Selon Samasahad Boazizi de la commune de Yopougon, l'inégalité et l'injustice sont à la base de cette situation, « C'est vrai que je suis entré dans ce mouvement pour jouir de la belle vie, mais le véritable motif c'est ce problème de chômage qui m'inquiète vraiment. Quel choix nous offre t'-on dans ce pays où les plus forts mangent les pus faibles ? Si eux, ne veulent pas prendre les taureaux par les cornes pour nous trouver de l'emploi après tous ces années d'effort à l'école, on peut nous-mêmes le faire car le jeune ivoirien est très intelligent ! »54.

46

(54) http://tomorrowmag.net/quand-le-broutage-entre-dans-les-moeurs/

47

Conclusion Partielle

Au regard de tous ce qui précède dans cette première partie, le broutage est un phénomène réel en Côte d'Ivoire et prend de l'ampleur. C'est une pratique criminelle qui repose sur l'escroquerie, utilisant diverses méthodes criminelles. Plusieurs facteurs sont à l'origine du broutage. L'Etat à travers ses structures spécialisées dans la lutte contre ce phénomène essaie un temps soit peu de l'atténuer.

DEUXIEME PARTIE
ATTITUDES ET COMPORTEMENTS DES PARENTS VIS-A-VIS DU
BROUTAGE

CHAPITRE I : ATTITUDES DES PARENTS VIS AVIS DU BROUTAGE

Comme nous l'avons défini dans nos concepts explicites, le mot attitude va désigner la tendance chez les enquêtés a évaluer la pratique du broutage. Nous mettrons l'accent ici sur les sentiments des enquêtés, les croyances, les appréciations, les positions favorables ou défavorables vis-à-vis de cette pratique.

Ainsi pour saisir ou dégager l'attitude des enquêtés vis-à-vis de ce phénomène, nous leurs avons posé la question suivante : « Quels jugements ou appréciations avez-vous des brouteurs ? »

Les réponses des enquêtés selon la catégorie sociale sont consignées dans le tableau ci-dessous.

Tableau n°3 : Répartition de la catégorie sociale des parents selon leurs attitudes

Attitudes

Catégories sociales

Favorables

Défavorables

TOTAL

 

Eff

%

Eff

%

Eff

%

Cadres supérieurs

01

10

09

12

10

10

Cadres moyens

00

00

20

26.66

20

22

Ouvriers qualifiés

03

30

22

29.33

25

30

Sans emplois

06

60

24

32

30

35

TOTAL

10

100

75

100

85

100

1- attitudes des cadres supérieurs et cadres moyens

Sur les 10 cadres supérieurs que contient notre échantillon 09 ont répondu « défavorables ». Soit 12% des réponses des enquêtés précisent qu'elles ont une appréciation négative des brouteurs et donc du broutage. Une seule personne a répondue « favorable ». En ce qui concerne les cadres moyens, tous ont répondu « défavorables », soit 26.66%.

49

personnes interrogées qui sont des cadres supérieures et des cadres moyens n'apprécient pas

Par rapport à notre échantillon, nous pouvons dire qu'à Yopougon la majeure partie des

50

le broutage. Ils sont contre cet amour du gain facile encré dans la mentalité de ces jeunes qui extériorisent cela sur internet à travers le broutage. Une telle appréciation peut s'expliquer par leur statut socioprofessionnel qui est le fruit de plusieurs efforts. Nous avons recensé les propos de certains enquêtés qui justifie cette appréciation. Un enseignant d'université dans la catégorie des cadres supérieurs à Niangon affirme : « Le broutage n'est pas un moyen de réussite légale, je ne peux avoir qu'une attitude négative d'une telle pratique ». Nous avons interrogés un ingénieur des medias qui précise : « Les brouteurs nous crées assez de problèmes. Je ne sais pas si certaines personnes jugent bien cette pratique mais moi je vois cela très mal ». L'attitude des policiers face au broutage n'est pas différente de celle des parents. A Niangon nord, dans le commissariat du 17e arrondissement deux (02) policiers affirment : « Nous sommes chargés de lutter contre ce phénomène donc ne pouvons pas avoir une appréciation favorable. Un de nos collègues s'est fait radier sur de telle pratique ».Un autre affirme : « Il est vrai que certains de nos collègues sont complices de ces jeunes mais dans tous les métiers il y a des brebis galeuses ».

Cependant, nous avons recueilli les propos d'un cadre supérieurs du BNETD qui à une appréciation positive du broutage. Selon ces propres termes : « Oui, j'apprécie souvent les brouteurs car ce sont des jeunes intelligents, n'est ce pas un exploit de vendre un patrimoine national ? La forêt du banco. Il faut plutôt les récupérer et les encadrer ».

51

2- Analyse des attitudes des ouvriers qualifiés et des sans emplois

Au regard du tableau ci-dessus, nous constatons 22 personnes dans la catégorie des « ouvriers qualifiés » qui ont répondu « défavorables ». Ils n'apprécient pas les brouteurs soit 29.33%. Dans la catégorie sociale des « sans emplois », 24 réponses soit 32% des personnes n'apprécient pas les brouteurs. On observe en somme 10 personnes qui ont une appréciation favorable du broutage contre 75 personnes qui ont une appréciation défavorable de cette pratique.

Dans la catégorie sociale des ouvriers qualifiés un enquêté a répondu : « Je ne peux jamais aimer les brouteurs encore moins les envier car ce sont des personnes qui ne gagne pas bien leur vie ». Un ferronnier affirme : « Il est mieux d'apprendre un métier et gagner sa vie au lieu de tromper les gens sur internet ou aller vendre son âme pour avoir de l'argent ». Chez les « sans emplois », un parent du quartier port-bouet 2 affirme : « Je ne travaille pas mais je préfère gagner normalement ma vie au lieu de devenir brouteur pour finir malheureux ».

Une propriétaire de maquis affirme : « Les brouteurs font marcher les maquis, payent assez de boissons et souvent même partage de l'argent mais j'ai une appréciation négative d'eux car ils donnent aux autres l'envie de faire comme eux et vont voler leurs parents. J'ai même une amie qui à perdue sa petite soeur qui avait suivit un brouteur pour aller au Benin et n'est plus jamais revenue ». Chez les brouteurs, qui sont naturellement les adeptes de cette pratique, ils ont une bonne appréciation du broutage. Ils sont fiers et ont une image positive d'eux. Un élève du collège Anador de yopougon qui pratique le broutage affirme : « Moi mes parents m'empêchent mais avec mon téléphone, je bara (travailler en argot ivoirien) ». Un autre brouteur déscolarisé nous donne son témoignage : « J'ai arrêté l'école pour me consacré au broutage. Au début c'était très difficile, mes amis rapportaient à mes parents que je n'allais plus à l'école que je passais mon temps dans les cybers. Après mon échec en classe

52

de troisième, mon père a refusé de payer ma scolarité, il dit j'ai choisi ma voie. Je suis resté deux années à ne rien faire et j'ai quitté la maison par la suite pour m'installer avec des amis. C'est comme ça que je suis renté dedans ». Les propos d'un policier à ce sujet attirent notre attention : « Je crois que les parents ont un mauvais regard du broutage. Aucun parents ne veux voir son fils devenir voleur encore moins brouteur. Ces jeunes ne font qu'à leurs têtes ».

On peut donc déduire en se référant à notre échantillon qu'à Yopougon les parents ont une attitude négative ou défavorable du broutage. Cependant quant n'est ils de leurs comportements vis-à-vis de ce phénomène ?

53

CHAPITRE II : COMPORTEMENTS DES PARENTS VIS A VIS DU BROUTAGE

Après avoir analysé l'attitude des enquêtés à Yopougon face au broutage, nous allons maintenant nous pencher sur le comportement des enquêtés vis-à-vis de cette pratique. En faisant l'étude du comportement des enquêtés, nous nous intéresserons aux réactions observables, manifestes et concrètes c'est-à-dire les actions ou les actes favorables ou défavorables.

Pour évaluer ou saisir le comportement des enquêtés, nous avons à travers toujours notre questionnaire posé la question suivante : « Quelle sera votre réaction si vous avez un proche ou une connaissance qui pratique le broutage et gagne beaucoup d'argent ? »

Nous avons consigné la réaction des enquêtés dans un tableau selon la catégorie sociale

Tableau n°4: Répartition du comportement des parents selon la catégorie sociale.

Comportements

Catégories sociales

Encouragement et soutient

Refus et

opposition

Pas de

réponses

Total

 

Eff

%

Eff

%

Eff

%

Eff

%

%

Cadres supérieurs

01

8.83

9

13.23

00

00

10

11.76

Cadres moyens

00

00

18

26.47

02

40

20

23.52

Ouvriers qualifiés

04

33.33

20

29.41

01

20

25

29.41

Sans emplois

07

58.33

21

30.88

02

40

30

35.29

Total

12

100

68

100

05

100

85

100

54

1- Comportements des cadres supérieurs et cadres moyens

Chez les cadres supérieurs et les cadres moyens, il y a au total 30 personnes dont 10 cadres supérieurs et 20 cadres moyens.

09 cadres supérieurs ont une réaction de refus et d'opposition face au broutage soit 13.23% contre une (01) personne qui a une réaction d'encouragement et de soutient.

Pour les cadres moyens, 18 personnes ont une réaction de refus et d'opposition soit 26.47%. Sur les 30 enquêtés dans ces deux catégories, nous avons obtenu 27 personnes qui ont une réaction de refus et opposition soit 39.80%, 01 personne qui a une réaction d'encouragement et de soutient et deux (02) personnes qui n'ont pas répondu à la question.

Les cadres moyens et les cadres supérieurs ne soutiennent pas et n'encouragent pas la pratique du broutage à yopougon. Ils ont donc une réaction d'opposition et de refus face à tous ceux qui pratiquent le broutage. Pour justifier de telles réactions, nous avons noté les propos des enquêtés. Un enquêté de la catégorie sociale des cadres moyens, une infirmière relate : « Si j'ai un enfant qui pratique le broutage, je le chasse, il ne faudrait pas qu'il parte voir des marabouts pour envouter ma maison ». Un autre enquêté, un intendant militaire affirme : « Je vais le dénoncer à la police pour éviter qu'il ternisse mon image ». A niangon dans notre quartier la mère d'un brouteur, soutient : « Pour mon fils après plusieurs tentatives pour le raisonner, j'ai dû informer son père et celui-ci est venu le chercher pour l'emmener avec lui loin de ses amis car s'était trop ». Les cadres supérieurs et les cadres moyens ont un comportement défavorable de la pratique du broutage.

55

2- Comportements des ouvriers qualifiés et sans emplois

Lorsqu'on observe le tableau ci-dessus, chez les ouvriers qualifiés, 20 personnes refusent et s'opposent au broutage soit 29.41% et 21 personnes chez les sans emplois soit 30.88%. Au total, dans les deux catégories, 41 personnes refusent et s'opposent au broutage contre 11 personnes qui soutiennent et encouragent le broutage. On constate que les enquêtés ont un comportement de nature à ne pas favoriser ou à ne pas encourager le broutage.

Un vitrier affirme : « Je ne gagne pas des millions dans mon métier mais je ne vais jamais accepter que mon enfant soit brouteur ». Un sans emploi affirme : « Nous sommes tous au chômage, vivons dans la galère mais nous ne broutons pas alors pourquoi accepter qu'un de mes frères broute, je refuserai et m'opposerai contre cette pratique ». Les ouvriers qualifiés et les sans emplois réagissent défavorablement face au broutage. Ils ont donc une attitude et un comportement défavorable à la pratique du broutage.

Pour vérifier les propos des parents, nous avons interrogé des policiers pendant notre enquête pour savoir si le comportement défavorable des parents face à la pratique du broutage était confirmé. Nous leurs avons demandé : « Quels est le comportement des parents lorsque vous appréhendez un brouteur ». Ils nous ont répondu qu'il était rare de voir un parent se présenter. Selon les propos d'un policier : « Nous n'avons pas connaissance des cas de broutage où les parents se présentent. Plusieurs brouteurs sont déférés devant les parquets de yopougon ou du plateau pour répondre de leurs actes » .Un autre policier affirme : « Lorsque ces jeunes sont appréhendés ils sont pour la plupart accusés d'avoir escroqué des sommes importantes et un règlement à l'amiable suppose le remboursement, ce que certains parents ne peuvent pas ».Il ressort que les comportements défavorables des parents est confirmé par la police de yopougon. On peut en déduire que le comportement des enquêtés reflète leurs attitudes.

56

Dans le but de déterminer d'avantage le comportement des enquêtés, nous allons nous référer à la question n°8 de notre questionnaire. Nous avons demandé aux enquêtés : «Quel sera votre réaction si vous avez un enfant qui gagne beaucoup d'argent d'une manière peu conventionnelle ? ».

Nous avons consigné la réaction des enquêtés dans un tableau selon le quartier habité.

Tableau n°5 : répartition du comportement des enquêtés selon le quartier habité

REACTIONS

QUARTIER HABITE

Encouragement et soutien

Refus et opposition

PAS DE REPONSE

Total

 

Eff

%

Eff

%

Eff

%

Eff

%

Niangon

Sud & Nord

07

41.18

29

35.80

01

50

37

37

Wassakara

03

17.64

12

14.81

00

00

15

15

Port-Bouet 2

04

23.53

16

19.75

01

50

21

21

Maroc

03

17.64

24

29.63

00

00

27

27

Total

17

100

81

100

02

100

100

100

On observe 81 enquêtés qui ont une réaction de refus et d'opposition contre 17 enquêtés qui ont une réaction d'encouragement et de soutient. On en déduit que le comportement des enquêtés selon la catégorie sociale et le comportement des enquêtés selon le quartier habité n'est pas différent. Nous avons recueilli les propos de quelques enquêtés. Selon un enquêté de niangon : « L'idéal pour moi n'est pas d'avoir beaucoup d'argent mais la manière dont on gagne son argent je ne peux pas admettre cela ». Un autre à Wassakara affirme : « Ce n'est pas parce je vis dans ce quartier que je vais accepter l'argent de voleur ». En somme, les parents ont un comportement défavorable du broutage à yopougon.

57

Conclusion partielle

Au terme de cette deuxième partie de notre sujet, après avoir analysé successivement l'attitude et le comportement des parents à Yopougon face au broutage, il ressort que les parents ont une attitude et un comportement défavorable face à la pratique du broutage. Ils ont donc une perception négative du broutage, opposés à la pratique de ce phénomène sous toutes ses formes. Notre hypothèse selon laquelle les parents ont une perception positive de la pratique du broutage dans la commune de yopougon, est par conséquent invalidée.

TROISIEME PARTIE

CONSEQUENCES ET PROPOSITIONS.

58

59

CHAPITRE I : CONSEQUENCES

1- Conséquences des attitudes des parents sur le broutage

Comme nous l'avons vu dans la deuxième partie, les parents à Yopougon ont un regard négatif du broutage. Ils ont un mauvais jugement et par conséquent une attitude défavorable envers ce phénomène. Il sera question de voir l'effet ou la conséquence de cette attitude sur la pratique du broutage.

Sur le plan sociale, l'attitude défavorable des parents à pour conséquence de ne pas encourager la pratique du broutage chez certains jeunes. On pourra donc associer les parents aux programmes de lutte. Cela aura un impact sur les conséquences sociales de ce phénomène. Les parents seront plus aptes à éduquer leurs enfants, à les sensibiliser d'arrêter cette pratique. Chez les jeunes brouteurs scolarisés, les parents pourront les empêcher de s'incruster dans le broutage et d'abandonner l'école.

Sur le plan politique, le mauvais jugement de la pratique du broutage à pour conséquence de permettre à l'état de développer des stratégies de lutte autour des parents. En plus des structures qui luttent contre ce phénomène, les parents peuvent constituer un moyen de lutte. Cela va contribuer à redonner une bonne image à la Côte d'Ivoire.

60

2- Conséquences du comportement des parents sur le broutage

Les parents ayant un comportement défavorable du broutage, il est évident qu'ils vont s'opposer à cette pratique.

L'opposition de certains parents face au broutage, à pour conséquence de pousser certains jeunes déjà bien enracinés à se cacher pour faire le broutage. De plus, face a tous les diverses formes de réactions de la part des parents, la plupart des jeunes brouteurs avec les retombés de leurs activités quittent le domicile familiale pour se prendre un appartement. Commence alors une véritable carrière de cyberdélinquants chez ces jeunes. N'ayant pas une autre activité à exercer, ils s'investissent à plein temps et fréquentent de grands cybercriminels. Au fil du temps, ils apprennent ou se constituent en groupe pour créer de grands réseaux de cybercriminels. En absence de contrôle parentale ces jeunes s'adonnent à des pratiques occultes dans le but de fructifier ou rendre rentable leurs activités ce qui ne fait qu'augmenter la criminalité et propager le sentiment d'insécurité.

En revanche, les réactions d'oppositions et de refus de la part des parents, obligent certains jeunes brouteurs à abandonner. Cela empêche ces jeunes d'acquérir une véritable expérience et personnalité cyber délinquantes. Selon le témoignage de Souba one l'officiel, « J'étais brouteur et j'ai dû arrêter à cause de mes parents surtout ma mère. Lorsque mon père m'avait chassé de la maison, c'est elle qui m'a convaincue d'arrêter et aujourd'hui je continue d'aller à l'école ».

On constate que le comportement défavorable de certains parents, produit une conséquence susceptible d'un double aspect sur le développement de la pratique du broutage. Cela pousse certains brouteurs à s'incruster d'avantage dans cette pratique ou à l'abandonnée.

61

CHAPITRE II : PROPOSITIONS

Toutes études qui vise à la compréhension d'un phénomène social, d'un mal social pour être objectif se doit de faire des propositions de solutions. Cette partie de notre travail, sera consacrée à faire des propositions contre le broutage.

1- A long terme

Lutter contre le broutage demande beaucoup et surtout une grande volonté politique.

Il faut dans un premier temps faire une étude de la cybercriminalité selon chaque commune. Eviter de généraliser les programmes de luttes, car trop généraux et larges, ils passent souvent inaperçus.

La lutte contre le broutage doit être l'affaire des maires. Il faut Par exemple, créer une brigade municipale chargée de lutter contre la cybercriminalité pour permettre de visiter les cybers et mettre à jour le cahier d'identification des internautes. A travers des patrouilles, cette police doit intimider et dissuader les brouteurs.

Il faut interdire les artistes qui font spécialement les éloges de ces brouteurs considéré comme des modèles.

Il faut relever les éléments nécessaires à identifier les ordinateurs et cellulaires de telle sorte à remonter aux auteurs.

La création d'un Centre de Gestion des Activités Numériques est opportune pour surveiller et coordonner les activités de chaque brigade municipale, ainsi que l'activité des internautes. Il faut créer des partenariats communaux et même sous régionaux de lutte contre la cybercriminalité.

62

Sur le plan économique, il faut exiger plus de renseignements sur les retraits d'argent, surtout pour les sommes d'argent importantes. Pour les retraits supérieurs à un million, il faut exiger plus de renseignement chez le bénéficiaire.

Il faut de plus en plus rendre difficile la contrefaçon ou la fabrication de certains documents tel que les attestations d'identités, les signatures, les stickers. Trouver les moyens nécessaires de vérifier l'authenticité des documents par des appareils. Il faut plus de sérieux dans les commissariats pour élaborer une pièce. Il semblerait que c'est dans les commissariats que les brouteurs confectionnent les pièces dont ils ont besoin pour retirer leurs butins.

Créer un logiciel informatique dont le but est d'empêcher toutes activités suspectes sur l'ordinateur. Ce logiciel sera vendu et installé par le Centre de Gestion des Activités Numériques, à tous ceux qui désirent créer un cyber. Cela permettra par la même occasion d'identifier les cybers.

Elaborer des dispositions juridiques qui prévoient les cybers délits dans le code pénal est nécessaire. Il faut faire la médiatisation des sanctions à l'encontre des brouteurs, des policiers et les agents qui facilitent le retrait de leurs butins.

63

2- A court terme

Les propositions à court terme visent à trouver des moyens et stratégies en vu de réduire ou d'éliminer le broutage dans la commune de yopougon.

L'engagement des parents dans la lutte contre le broutage à yopougon s'avère être un moyen efficace pour réduire ou atténuer ce phénomène. En effet pendant notre enquête plusieurs enquêtés nous ont exprimé cette volonté de privilégier les parents comme des acteurs dans la lutte.

Il faudrait privilégier le rôle de la famille dans la lutte contre la pratique du broutage. La cellule familiale, doit être impliquée dans certains programmes de lutte. Il s'agit pour les parents de sensibiliser les jeunes, les éduquer à l'utilisation de l'ordinateur. Interdire les jeunes de fréquenter les brouteurs.

Il faudrait recenser tous les cybers de la commune pour faciliter les contrôles des agents de police. Les patrouilles de police dans les cybers vont intimider et dissuader les brouteurs.

Pour le broutage chez les jeunes qui vont à l'école, il faut mettre l'accent sur l'éducation, prévenir aux dangers de l'informatique. Il faut créer des clubs scolaires, composé d'élèves, d'enseignants et d'agents municipaux dont le but est de sensibiliser sur le broutage en milieux scolaire.

64

CONCLUSION GENERALE

Au terme de notre sujet qui a porté sur l'étude des attitudes et comportements des parents vis-à-vis du broutage dans la commune de yopougon, notre objectif premier était de comprendre et d'expliquer l'attitude et le comportement des parents vis-à-vis du phénomène du broutage. A la suite de ce travail de recherche, il ressort que plusieurs facteurs conduisent à la pratique du broutage. Il s'agit de facteurs sociaux et économiques. Quant à la perception des parents sur le broutage à Yopougon, nous retenons que les parents ont une attitude et un comportement défavorable face à la pratique du broutage. Ils ont par conséquent, une perception négative de ce phénomène contrairement à ce que notre hypothèse affirme.

Dès lors, il apparait opportun d'impliquer les parents dans la lutte contre le broutage ou de privilégier leur rôle par une éducation et des sensibilisations. L'action des parents, produira un effet sur la formation de la personnalité des cyberdélinquants, qui sont en pleine construction d'une personnalité cybercriminelle et de lutter contre le broutage.

L'Etat doit initier des stratégies et programmes de luttes en fonction de chaque commune. La lutte contre le broutage doit être aussi une priorité pour les autorités municipales.

Les solutions proposées loin d'être de simple écriture, doivent être prises en compte et appliquées. Tous les acteurs doivent s'impliquer dans la lutte. L'Etat doit manifester une réelle volonté de lutter contre le broutage avant qu'elle n'atteigne son paroxysme.

En définitive, ces quelques lignes servent certes de conclusion à notre travail de recherche. Mais nous espérons que notre étude sera sujet de critique parce qu'aucune oeuvre humaine n'est parfaite. Les critiques servant à se perfectionner et à aller de l'avant nous en tiendrons compte pour une amélioration en termes de qualité.

65

BIBLIOGRAPHIE

? OUVRAGES

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? ARTICLES

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68

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http://hadrielgeaux.mondoblog.org/2014/02/25/en-cote-divoire-au-nom-de-la-dette-coloniale-

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http://actu.atoo.ci/larticle.php?id=20468

http : // cybercrime.interieur.gouv.ci /?q=node%2F268

http://cybercrime.interieur.gouv.ci/?q=node%2F283

www.laurent-mucchielli.org/public/ contrôle-parental-du risque-de délinquance PDF.

http://koaci.com/articles-87744

ANNEXES

69

70

Enquête portant sur les attitudes et comportements des parents vis-à-vis du phénomène du broutage dans la commune de yopougon.

RENSEIGNEMENT SUR LE PARENT

Sexe : .

Profession .

Lieu d'habitation

Nombre d'enfants .

1- Avez-vous entendu parler du broutage ? Oui Non

Si oui par qui ?

2- Quels sont les moyens utilisés dans le broutage ?

Un ordinateur Oui Non

Un téléphone portable Oui Non

3- Quelles sont les causes du broutage ?

La pauvreté ? Oui Non

Le chômage des jeunes ? Oui Non

L'amour du gain facile ? Oui Non

L'effet des pairs ? Oui Non

Le manque de moyen des parents ? Oui Nom

Une négligence familiale ? Oui Non

Autre à preciser

4- Quelles sont les conséquences du broutage

5- Soutenez- vous les mauvaises actions de vos proches ou connaissances ? Oui Non

6- Selon vous tous les moyens sont ils bon pour réussir ? Oui Non

7- quels jugements ou appréciations avez-vous des brouteurs ? Favorable défavorable

71

Si favorable pourquoi

8- Quel sera votre réaction si vous avez un enfant qui gagne beaucoup d'argent d'une manière peu conventionnelle ?

Réaction d'encouragement Oui Non

Réaction d'opposition Oui Non

Autre à préciser

9- Selon vous certains parents encouragent-ils le broutage chez leurs enfants ? Oui Non

Si oui comment ?

10- pourquoi malgré les efforts de luttes le broutage persiste et prend de l'ampleur :

1- Parce qu'on n'associe pas le point de vu des parents ? Oui Non

2-

Parce que les parents soutiennent les enfants ? Oui Non

3- Parce que les moyens de luttes sont inefficaces ? Oui Non

4- Parce que les policiers et agents sont souvent complices ? Oui Non

Autre à presicer

11- Quel sera votre réaction si vous avez un proche ou une connaissance qui pratique le broutage et gagne beaucoup d'argent ?

Réaction d'encouragement et de soutient Oui Non

Réaction de refus Oui Non

Autre à préciser

12- Une participation des parents dans la lutte pourra réduire le broutage ? Oui Non

Si Oui comment

13- Que proposez-vous pour lutter contre le broutage ?

72

QUESTIONS D'ENTRETIEN DESTINEES AUX POLICIERS

1- Que pensez-vous du broutage ?

2- Quelles sont les causes du broutage ?

3- Quels est le comportement des parents lorsque vous appréhendez un brouteur ?

4- Les parents encouragent-ils cette pratique chez leurs enfants ?

5- Pourquoi certains policiers sont complices des brouteurs ?

6- Pourquoi malgré tous ce que l'Etat fait le broutage prend de l'ampleur ?

7- Quelle sera votre réaction si vous avez un enfant qui broute ?

8- Que pensez- vous si l'Etat associe les parents dans la lutte contre le broutage ?

9- Quelle solution pour améliorer la lutte contre le broutage au niveau de la police ?

73

QUESTIONS D'ENTRETIEN DESTINES AUX BROUTEURS

1- Quels sont les raisons qui vous poussent à brouter ?

2- Saviez-vous que le broutage est interdit et punis ?

3- Vos parents ont-ils connaissance de cette pratique chez vous ?

4- Si oui est-ce qu'ils vous ont déjà demandé d'arrêter ?

5- Pourquoi malgré tous ce que l'Etat fait le broutage prend de l'ampleur ?

6- Est-ce que certains parents encouragent le broutage ?

7- Quelles sont les conséquences du broutage ?

8- Que pensez- vous si l'Etat associe les parents dans la lutte contre le broutage ?

9- Quelles mesures vous proposez pour lutter contre le broutage ?

74

TABLE DES MATIERES

SOMMAIRE 2

DEDICACES 3

REMERCIEMENTS 4

LISTE DES TABLEAUX 5

LISTE DES GRAPHIQUES 6

SIGLES ET ABREVIATION .7

AVANT-PROPOS 8

INTRODUCTION 9

I- Problématique 11

1- Justification du choix du sujet 11

a) Motivation personnelle 11

b) Pertinence sociale 11

c) Pertinence scientifique 12

2- CADRE CONCEPTUEL 12

2-1- Définitions des concepts 12

2-2 -Définition des concepts explicites 12

a) Attitude .12

b) Comportement 13

c) Parents 14

d) Broutage 14

2-3- Définition des concepts implicites 15

a) Cybercriminalité 15

b) Déviance 16

c) Délinquance juvénile 17

75

d) Réaction sociale 18

3- PROBLEME ET QUESTIONS DE RECHERCHE 19

3-1- Problème de recherche 19
3-2- Questions de recherche 20

4- REVUE DE LITTERATURE .....21

5- OBJECTIFS ET HYPOTHESES DE RECHERCHE .....25

5-1 Objectifs de recherche ....25

5-2 Objectifs général 25

5-3 Objectifs spécifiques 25

6- HYPOTHESE DE RECHERCHE 25

6-1- Hypothèses générale ...25
6-2 Hypothèses spécifiques .26

II- CADRE METHODOLOGIQUE 27

1- Justification du choix du terrain 27

2- Population d'enquête 28

3- Echantillon d'enquête et technique d'échantillonnage 28

3-1 Technique d'échantillonnage ....28
3-2 Echantillon d'enquête 28

4- Techniques de recueil des données 29

a) L'observation .29

b) L'entretien 29

c) Le questionnaire 30

d) La recherche documentaire .30

5- Méthodes d'analyses ...31

6- Approche disciplinaire 31

76

7- Difficultés rencontrées

32

PREMIERE PARTIE : PRESENTATION ET FACTEURS EXPLICATIFS DU

 

BROUTAGE

33

Chapitre I : présentation du broutage

34

1-Etat des lieux

34

2-Mode opératoire du broutage

36

Chapitre II : les facteurs explicatifs du broutage

...39

1- Les facteurs sociaux

39

2-Les facteurs économiques

.43

DEUXIEME PARTIE : ATTITUDES ET COMPORTEMENTS DES

 

PARENTS VIS-A-VIS DU BROUTAGE A YOPOUGON

48

Chapitre I: Attitudes des parents vis-à-vis du broutage à yopougon

49

1- Attitudes des cadres supérieurs et cadres moyens

49

2- Attitudes des ouvriers qualifiés et sans emplois

51

 

Chapitre II : Comportement des parents vis-à-vis du broutage à yopougon

53

1- Comportement des cadres supérieurs et cadres moyens

.49

2- Comportement des ouvriers qualifiés et sans emplois

51

 

TROISIEME PARTIE : CONSEQUENCES ET PROPOSITIONS

58

Chapitre I : Conséquences des attitudes et des comportements des parents 59

1- Au niveau des attitudes des parents 59

2- Au niveau du comportement des parents 60

77

Chapitre II : Propositions

....61

1- A long terme

61

2- A cours terme

63

 

CONCLUSION

64

REFERENCE BIBLIOGRAPHIQUE

.65

ANNEXE

.69

78






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"Il existe une chose plus puissante que toutes les armées du monde, c'est une idée dont l'heure est venue"   Victor Hugo