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L'impact des revenus pétroliers sur l'économie d'un pays exportateur. Le cas du Gabon.

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par Sylvain ENGOANG
Université Pierre Mendès France de Grenoble II - Master 2 Finalité Recherche en Economie internationale et stratégies d'acteurs 2006
  

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CHAPITRE II

LES MECANISMES MACROECONOMIQUES DES
DISTORSIONS SECTORIELLES

Dans une économie à ressources naturelles abondantes, l'expansion d'un secteur en boum provoque des changements structurels à travers des mécanismes macroéconomiques qui ont été bien identifiés par les modèles de syndrome hollandais, entre autres, de Corden et Neary (1982). Dans le cas du Gabon, l'accroissement des revenus pétroliers à partir des années 70 a entraîné des transformations structurelles de l'économie à travers les mécanismes macroéconomiques suivants : les effets de dépense et les mécanismes d'allocation de ressources.

Section 1 : Les effets de dépense

Au Gabon, les effets de dépense résultent de l'utilisation faite des revenus pétroliers abondants. Ces effets de dépense peuvent être répartis en un effet de prix, qui passe par la surévaluation du taux de change de la monnaie nationale1, et en un effet de quantité, qui a trait à l'accroissement des importations. Cette section sera donc axée autour de deux aspects, à savoir : la surévaluation du taux de change et l'effet d'accroissement des importations.

Paragraphe 1 : La surévaluation du taux de change

Dans le cas de l'économie gabonaise, la surévaluation du taux de change « réel » provient du mouvement à la hausse des prix intérieurs. En effet, l'accroissement des recettes de l'Etat à partir des années 70, sous l'effet conjugué de l'augmentation de la production et du prix du pétrole, a entraîné une hausse substantielle du pouvoir d'achat des ménages par le canal du système de redistribution de la rente mis en place par les détenteurs du pouvoir

1 La monnaie dite « nationale » est le franc CFA, une monnaie commune aux six Etats de la Communauté Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale (CEMAC).

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étatique. En conséquence, les dépenses de l'Etat (dépenses de fonctionnement et d'investissement) et la consommation des ménages se sont accrues, entraînant une augmentation de la demande, certes, de biens et services importés, mais également des biens et services produits localement (produits agroalimentaires, matériels de construction, transports routier et aérien,...). Si la demande de biens importés pouvait être satisfaite aisément par le développement des activités informelles d'import-export, en revanche, celle des biens et services produits localement induit, en l'absence d'une augmentation conséquente de la production, une hausse du niveau général des prix comme le montre le tableau 4 ci-dessous. D'après ce tableau, on constate que la variation du niveau général des prix a été plus forte entre 1981 et 1982, soit 16,74 %, puis entre 1982 et 1983, soit 10,32 %, tout juste après le deuxième choc pétrolier de 1979.

Tableau 4 : Indice des prix à la consommation (prix de détail de Libreville, base 100 : 1980)

1981

Variation en %

1982

en Variation %

1983

en Variation %

1984

en Variation %

1985

Variation en %

1986

108,7

16,74

126,9

10,32

140,0

5,86

148,2

7,35

159,1

6,28

169,1

Source : BEAC (1991) : « Etudes et Statistiques », n° 187, décembre 1991.

Or, la hausse des prix intérieurs implique une surévaluation de la monnaie nationale, il s'ensuit une perte de compétitivité des biens fabriqués localement face aux biens importés devenus de moins en moins chers aux consommateurs gabonais. Un rapport conjoint de la Banque Africaine de Développement (BAfD) et de l'Organisation de Coopération et de Développement Economiques (OCDE) publié en 2006 souligne à cet effet que « le Gabon enregistre une augmentation des importations de produits bas de gamme, et une augmentation d'entrées frauduleuses de produits qui détériorent sa compétitivité »1. Cette perte de compétitivité des biens fabriqués localement va contraindre de nombreuses entreprises déficitaires produisant des biens de substitution aux importations à fermer leurs portes lorsqu'elles ne sont pas suffisamment subventionnées par l'Etat : c'est le cas, par exemple, de la Société de Textile du Gabon (SOTEGA), de la Société Gabonaise d'Elevage (SOGADEL) et de la Société Gabonaise des Piles (SOGAPIL) qui ont toutes disparues.

1 BAfD et OCDE (2006) : « Le Gabon », Perspectives Economiques en Afrique 2005/2006, http://www.oecd.org/dataoecd/20/54/34883788.pdf, p. 270, site consulté le 3 juillet 2006.

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