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Enjeux des nouvelles pratiques religieuses dans l’église catholique romaine à  Cotonou.


par Yaovi Martin CAPO
Université d'Abomey-Calavi - Maîtrise en Sociologie-Anthropologie 2018
  

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CHAPITRE 5 : QUAND LES ENJEUX DETERMINENTLES NOUVELLES PRATIQUES RELIGIEUSES DANS L'EGLISE CATHOLIQUE ROMAINE

La survie dans le champ religieux tient à la capacité d'innovation des groupes religieux dans l'optique de satisfaire les demandes exprimées ou les attentes des fidèles. A cet effet, ils s'inscrivent dans une démarche de concurrence. Cependant certains prêtres nient l'idée de concurrence dans laquelle se serait engagée l'Eglise catholique et la situent plutôt au niveau des NMR qui seraient déterminés à conquérir plus de monde. Or telle n'est pas la position des évêques, car ils se sentent très interpellés par la situation depuis des décennies. C'est pour cela qu'au synode africain de 1994, ils avaient planché avec lucidité sur la question de l'exode des catholiques vers les groupes religieux. « Si aujourd'hui on constate une grande affluence vers les nouveaux mouvements religieux de tous bords ou vers les Églises africaines indépendantes, cela tient en partie au fait que les gens se sentent mieux pris au sérieux jusque dans leur dimension thérapeutique dans ces Églises et nouveaux mouvements religieux. Il n'y a rien de plus évident dans les Évangiles que le ministère de Jésus comme "guérisseur ". Il a guéri les malades et à travers ces guérisons, il a manifesté l'avènement du Règne de Dieu. En outre, la mission qu'il confie à ses disciples, selon Saint Luc, est de "proclamer le Royaume de Dieu et faire des guérisons" (Lc 9, 2). » (Sabuni Kitutu, 2011, p. 239)

Cette prise de conscience montre combien, en Afrique, l'Eglise catholique est soucieuse de sa position dans le marché de la religion et prend, en conséquence, des initiatives pour répondre aux aspirations de ses fidèles. Quels sont alors les enjeux que recèlent les nouvelles pratiques religieuses observables dans l'Eglise catholique à Cotonou ?

4.1. Nouvelles pratiques religieuses comme stratégie de freiner l'exode des fidèles

L'enjeu des nouvelles pratiques religieuses consiste à soulager les fidèles souffrants, les délivrer de toute emprise d'esprits maléfiques et les aider à mieux vivre leur foi afin de ralentir leur exode vers les NMR.

4.1.1. Soulager la souffrance des fidèles

Les nouvelles pratiques religieuses répondent à un besoin fondamental des fidèles : soulager leur souffrance. De ce fait, elles s'imposent comme une nécessité et tant que la douleur ne trouve pas de solution adéquate les personnes souffrantes continuent de multiplier les recours. C'est ainsi que parmi les enquêtés, il y a plusieurs personnes qui recourent aux prêtres avec ou sans charisme d'exorcisme, aux responsables des groupes de prière charismatiques et certains sortent même du cadre de l'Eglise catholique pour consulter des pasteurs, des guérisseurs ou des maîtres spirituels. Ce qui rejoint l'inquiétude du nouvel archevêque de Cotonou, Monseigneur Roger Houngbédji qui dit que « lors du [dernier synode diocésain de Cotonou (1975-2015)], il est apparu que, malgré la grande vitalité de notre Église, qui se manifeste par le nombre important de baptêmes et de vocations, le manque d'approfondissement de la foi demeure. Le syncrétisme religieux est très prononcé. Beaucoup de catholiques croient encore à d'autres divinités ou participent aux cultes d'autres églises. »16(*) 

Alors, l'autorisation des nouvelles pratiques religieuses dans l'Eglise catholique apparaît comme un pas décisif pour porter assistance aux fidèles souffrants. Cependant, d'après les propos de l'archevêque, elles ne suffisent pas : il y a un travail capital en amont qui reste à faire, c'est-à-dire l'évangélisation en profondeur. Mais que peut l'homme en face de la douleur, de la misère, de la maladie, etc. ?

La maladie, la possession et toutes sortes de déconvenues survenues dans la vie sont pour les fidèles attribuées aux forces démoniaques, alors que les délivrances, les succès, les guérisons sont l'oeuvre de Dieu tel que la Bible l'établit. Et Jésus est venu confirmer cette thérapie divine par son ministère public pour asseoir chez les fidèles la croyance à cette guérison religieuse léguée à l'Eglise. Alors l'impuissance de la médecine biomédicale à traiter des maladies provoquées, qui sont en général des maladies incurables, aguerrit les fidèles à se tourner vers leur religion, recours idéal pouvant apporter la solution souhaitée. Cette propension qui se généralise révèle en outre que ce recours devient pour certains un palliatif à la précarité financière pour faire face aux coûts des soins médicaux. Ceux dont le niveau financier est relativement faible privilégient les instances des nouvelles pratiques religieuses en vue de recevoir gratuitement la guérison divine et avec l'assurance du non retour desdits maux, car la foi renforce la conviction que la guérison divine est totale et définitive.

Et comme la guérison divine est globale, en touchant toutes les dimensions de l'être humain, de plus en plus les fidèles attendent de Dieu une délivrance totale, qui mettrait fin à tous les déboires de la vie: les problèmes conjugaux, les difficultés affectives, la misère, le chômage, la peur ambiante due à la sorcellerie, à l'envoûtement, à la jalousie, etc. Pour eux, Jésus a fait mieux que tout cela, alors pourquoi l'Eglise catholique ne permettrait-elle pas à ses fidèles de jouir de ces miracles ? Plutôt que d'asseoir toute la doctrine sur la souffrance libératrice en imitation de Jésus Christ comme serviteur souffrant, de mieux en mieux, avec les nouvelles pratiques religieuses et l'obsession galopante de la peur des esprits maléfiques, de la sorcellerie, les fidèles croient en un Jésus guérisseur, libérateur et sauveur qui a vaincu la mort et qui peut les délivrer de toutes formes de possession.

* 16Propos recueillis par Lucie Sarr (à Abidjan), le 10/01/2017 à 17h09

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