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Peche et conservation du poisson par les populations de Nziou et de Londji I dans la region du sud Cameroun: une analyse anthropologique des choix et finalités des savoir-faire des pecheurs


par Moise Mvetumbo
Universite de Yaounde 1 - Master en anthropologie 2013
  

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III-2-Dynamique adaptative des populations des pêcheurs à l'origine du changement

Elle se situe sur un triple aspect: Les contraintes économiques, l'acquisition des savoirs techniques et l'adaptation à l'environnement qui se trouve entre la carence des ressources et la rivalité entre les acteurs. Pour s'adapter au nouvel environnement économique, afin de conjuguer les efforts, la vie est marquée dans les villages Nziou et Londji I par une montée en puissance des regroupements associatifs entre d'une part, les membres d'une communauté et d'autre part, les ressortissants des communautés différentes. A cause des potentielles retombées, se retrouver dans un groupe associatif aux finalités bien indiquées est devenue une mode au sein des populations. Chose normale car, comme l'affirme MAISONNEUVE J. (2010:5) «le groupe est associé à l'idée de force [...] se`' regrouper» exprime bien l'intention de renforcement mutuel d'individus qui se sentent isolément impuissants». En effet, ces structures paysannes bien organisées constituent non seulement des forces de défense des droits des membres, des cadres d'échange d'expériences entre les collègues sur les contraintes et opportunités de leur activité, mais également sont des organes à la quête des programmes d'aide et d'assistance allouée par l'Etat et/ou ses partenaires sociaux.

Dans les villages étudiés, plusieurs savoir-faire en matière de pêche et de conservation des produits halieutiques existent. En fonction des aspirations des uns et des autres, chaque groupe de pêcheurs prend des initiatives allant dans le sens d'acquérir des compétences `'fortes», bénéfiques et surtout compétitives. Au regard des envies, des défis quotidiens des communautés en matière de quête alimentaire, de subsistance et de revenu, l'adoption des cultures de pêche et de fumage nouvelles par ces dernières doit être comprise comme la résultante des initiatives individuelles visant à multiplier les probabilités de capture pour ce qui est de la pêche, assurer un état de fraicheur durable et une transformation rapide pour ce qui est de la conservation. Cette sélection des savoirs nouveaux, des pratiques jugées à tort ou à raison efficaces, découle même des quêtes permanentes des populations de toutes les sociétés. Nous pouvons dont comprendre pourquoi CLAIDIERE N. (2009:160) reprenant RICHERSON et BOYD, (2005) affirme que la: «culture est le résultat de mécanismes d'apprentissage originaux qui ont évolué pour permettre à l'homme de s'accommoder à des environnements variables temporellement et spatialement». Les communautés de pêcheurs des villages Nziou et Londji I ne sont pas loin de cette réalité.

Cependant comment s'y prendre dans un environnement où rien n'est donné d'avance? Pour parvenir à leur fin, les populations s'en servent de prime à bord des opportunités que leur

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offre la cohabitation à savoir: les mariages interethniques, la situation de contact permanent, le travail en équipes composées des ressortissants des diverses cultures aux compétences spécifiques et variées, mais aussi de la multiplicité des agents de transmission des connaissances au sein de la communauté. Sur ce dernier point, nous avons relevé dans cette catégorie d'acteurs qu'en dehors de l'entourage immédiat du jeune pêcheur ou de la jeune fumeuse de poisson, les ressortissants des autres communautés présentes sont fortement impliqués dans ledit processus.

Dans ce contexte, il faut relever avec force que, la créativité et le dynamisme sont nécessaires aux différentes parties en cas de résistance, car si les techniques se répandent assez rapidement bien qu'elles soient à sens unique, il convient de reconnaître que la combinaison de l'esprit d'initiative des communautés ou acteurs en quête de nouveaux savoirs et de la disponibilité d'ouverture de celles détentrices des savoirs sollicités, a offert dans les villages Nziou et Londji I un climat propice à l'acquisition de nouvelles compétences ou à la dynamique permanentes des techniques. Chose juste puisque la conservation ou le changement rapide des traits culturels d'une manière générale et des techniques de pêche et de conservation en particulier, dépend des circonstances contextuelles et des besoins des différents acteurs ou parties en présence. Car selon GUGLIELMINO C. et al. (1995:7589), «les mécanismes de transmission culturelle, avec leurs différents degrés de conservatisme, déterminent la stabilité des traits culturels». En fonction des situations et opportunités d'échange qu'offre le contact tant en mer qu'au niveau des ménages entre les ressortissants des différentes communautés de pêcheurs (camerounais, nigérians et béninois) détenteurs des savoirs multiformes, les acteurs de pêche acquièrent progressivement les techniques envieuses apportant de ce fait, du nouveau dans leurs méthodes de travail.

Toutefois, il convient de rappeler que dans une situation où sévissent la carence et dans une moindre mesure la concurrence pour l'accès aux ressources, chaque groupe de pêcheurs présent en fonction de ses besoins, perfectionne au quotidien ses savoirs, nourrit des ambitions et reste en éveil afin de tirer le meilleur profit des portions des ressources halieutiques exploitables. Dans cet élan, l'on note une implication stratégique des communautés par secteur d'activité. La présence massive des communautés béninoises et nigérianes au niveau de la pêche est une manière pour ces derniers de contrôler l'ensemble de la filière. A ce sujet, c'est le pêcheur qui décide du choix des clients, des opportunités de pêche et de vente. Ainsi, dans cette situation, plus un groupe d'acteurs a des motivations supplémentaires, plus est significative sa fréquence dans la participation dans l'activité de pêche.

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III-3-Modification du prix relatif et degré de participation des différents acteurs de pêche

La pratique de la pêche a connu plusieurs modifications au niveau des pêcheries côtières de Kribi d'une manière générale et celles de Nziou et de Londji I en particulier. Pour exercer en toute liberté la pêche, il faut désormais disposer d'un certificat de navigabilité au prix de 44000francs CFA renouvelable tous les ans moyennant une somme de 22000 francs CFA environ, d'un permis de pêche au prix de 3000francs CFA. Et comme ces contraintes ne suffisaient pas, la concurrence, la carence croissance due à la dégradation des ressources et à la pollution marine ont engendré la nécessité d'employer les engins plus coûteux. En effet, le pêcheur peut acquérir le moteur moyennant 1500000(cent cinquante mille) FCFA environ, la pirogue à moteur à 400000(quatre cent mille) FCFA, les ballots de filets 300000(trois cent mille) FCFA. La nécessité de pratiquer une pêche long séjour avec ses lots de dépenses; le pêcheur est appelé à débourser pour une sortie en mer des sommes considérables estimables entre 25000(vint et cinq mille) et 30000(trente mille) FCFA. Moyens jugés excessifs par bon nombre de nos informateurs. Ces situations ont entrainé une sorte d' handicap pour les acteurs qui ne remplissent pas l'intégralité de ces conditions à jouer le rôle de subalternes. Car, seuls les détenteurs des matériels de pêche, décident de la carrière des employés (personnel navigant) et des opportunités des opérations de pêche sans oublier la détermination du profil des acheteurs dans certaines circonstances.

D'après les résultats de nos entretiens, il ressort que dans la catégorie des détenteurs des matériels, les pêcheurs béninois et nigérians présents sont majoritaires. Ainsi, au côté de cette facilité d'accès par rapport aux pêcheurs locaux dont leur octroie leur statut économique, le souci de recouvrir les fonds investis amènent ces derniers à rester en permanence en activité. Ces aspects économiques peuvent en partie expliquer le niveau de participation limitée des populations locales en dépit des observations apparentes sur l'uniformisation des techniques de capture et de conservation des produits de pêche. Puisqu'en réalité, pour qu'un savoir nouvel puisse intégrer sans anicroche les connaissances d'un individu et influencer son mode de fonctionnement, il faut en qu'en dehors de son bien être recherché, que ce dernier dispose du temps, des moyens de son expérimentation et de sa pérennisation. Sur ce sujet, CHAREST PAUL estime que:

Le progrès technologique répond au besoin de tous les hommes de toutes les sociétés d'augmenter leur bien-être en minimisant leurs efforts tout en augmentant au maximum leur rendement. Dans cette recherche de la maximisation, les changements technologiques sont rapidement acceptés à condition que les avantages en soient apparents et que l'on dispose de capitaux suffisants (CHAREST, P., 1973:45).

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Etant sous la domination de leurs collègues béninois et nigérians plus assis financièrement, l'engagement des acteurs locaux dans la pêche ne peut être que limité. En toute connaissance de cause, hors mis ces différents scénarii, certains éléments sont à prendre en compte dans cette tentative d'explication. Parmi ces aspects, nous pouvons mentionner:

4 La diversification des activités de productions des populations. En effet, si les pêcheurs issus de la migration vivent essentiellement de la pêche et de ses activités connexes, les acteurs locaux se livrent en dehors de cette activité principale à l'exploitation et à la commercialisation du sable et du bois, mais aussi pratiquent la chasse et l'agriculture. Ces différentes occupations complémentaires les amènent dans une moindre mesure à consacrer par moment un temps relativement court à l'activité de pêche.

4 L'adoption massive des techniques exogènes nécessite un temps pour leur assimilation et intégration profondes dans les savoir-faire locaux. Dans ce sillage et à partir de la panoplie des techniques introduites, valorisées et utilisées par les différentes communautés, nous pouvons comprendre que les pêcheurs locaux ne peuvent surpasser dans un écart de temps assez court les personnes ou groupes d'acteurs promoteurs de certaines techniques à la «mode». Pour atteindre le but escompté, il leur faudra en dehors d'une motivation supplémentaire et permanente, plus de temps afin qu'à travers leur expérience, les différents acteurs puissent rivaliser à armes égales.

4 Les perceptions de la disponibilité des ressources halieutiques sont significatrices et donnent quelques indices sur les causes de leur subordination. Ainsi, la perception du poisson comme une ressource qui restera éternellement disponible par certains, place la compétition attendue entre les acteurs des différentes communautés comme une bataille inopportune. Les propos de ce pêcheur décrivent mieux cette vision partagée par plus d'un pêcheur autochtone: «le poisson ne finira jamais dans l'eau. Les autres pêcheurs sont de passage, nous sommes d'ici et ils iront nous laisser avec notre mer» (NLEND ALBERT, Pêcheur, Batanga, Londji I, le 19/12/2010). Dans cette logique, ces derniers ne sont pas dans une pêche de compétition, mais une pêche de subsistance, car comme l'avait déjà relevé KEKE M. et al. (1993:23), les populations camerounaises côtières traditionnellement tournées vers la mer, ont toujours considéré la pêche comme une activité de subsistance. Par contre les pêcheurs béninois et nigérians se livrent à une pêche de compensation, une pêche axée sur la maximisation rapide du profit. Fort de leurs multiples obligations, la principale source de revenu qu'est la pêche, est en permanence en exploitation. C'est pourquoi, malgré le degré de changement observable dans leur activité principale de survie, le degré de participation des locaux dans l'exploitation des ressources halieutiques reste moins important par rapport aux acteurs issus de la migration.

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Cependant, le changement des techniques étant dès lors une réalité vivante, quelles conséquences entraine-t-il dans le quotidien des populations de Nziou et de Londji I ?

IV-IMPACT DE LA DYNAMIQUE DES TECHNIQUES DE PECHE ET DE COINSER-VATION DU POISSON DANS LES VILLAGES NZIOU ET LONDJI I.

Que nous soyons au niveau des captures que de la transformation du poisson, il ressort des entretiens que les techniques actualisées de pêche et de fumage ont apporté des nouveautés multiformes au rang desquelles l'adoption d'une nouvelle organisation des rapports entre les acteurs de pêche, une réduction des risques de métier de pêche et de fumage, l'émergence de la pêche de compensation, et des conflits entre les acteurs...

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"La première panacée d'une nation mal gouvernée est l'inflation monétaire, la seconde, c'est la guerre. Tous deux apportent une prospérité temporaire, tous deux apportent une ruine permanente. Mais tous deux sont le refuge des opportunistes politiques et économiques"   Hemingway