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Geostrategie energetique en Afrique de l'ouest ( cas de la Chine et le golfe de Guinée)

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par DEMBA BA
ENSIATE  - Ingénieur éco-énergétique 2017
  

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GEOSTRATEGIE ENERGETIQUE EN AFRIQUE DE L'OUEST ( Cas de la chine et le golfe de guinée)

DEMBA BA

ING51

Cïntenue du mémïire

Sources et bibliographies

Table des matières

remerciements

Introduction

Conclusion

Sommaire

Annexes

Plan

2

INTRÏDUCTIÏN

Pour les paléoanthropologues, l'Afrique est le continent où serait née l'espèce humaine. Pour les géographes, l'Afrique est le troisième continent du globe, dont la surface recouvre 6 % de la planète. Pour les climatologues, l'Afrique est un continent chaud, avec une température moyenne supérieure à 21°C, neuf mois sur douze, et avec une intensité de rayonnement solaire constamment élevée. Pour les démographes, l'Afrique est le continent dont la population a le plus augmenté en pourcentage depuis le début du XXe siècle, et qui pourrait en 2050 être peuplé de 2,4 milliards d'individus, soit 25 % de la population mondiale.

L'Afrique de l'Ouest est une région terrestre couvrant toute la partie occidentale de l'Afrique subsaharienne. Elle comprend approximativement les pays côtiers au nord du golfe de Guinée jusqu'au fleuve Sénégal, les pays couverts par le bassin du fleuve Niger ainsi que les pays de l'arrière-pays sahélien.

Berceau des empires successifs du Ghana, du Mali et Songhaï, l'Afrique de l'Ouest est un ensemble de pays qui possèdent des influences et un héritage communs.

L'Afrique de l'Ouest est aujourd'hui une communauté de peuples, qui tend à se reconstituer politiquement, avec notamment la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao), et un espace de civilisation forgé par une histoire millénaire5. Selon le FMI, le PIB PPA global des États membres de la Cédéao s'élève à 564,86 milliards de dollars ce qui en fait la 25e puissance économique du Monde6. Les États ouest-africains ont créé la Cédéao avec le but initial de créer une union économique et monétaire ouest-africaine. Toutefois, en 1990, son pouvoir est étendu au maintien de la stabilité régionale avec la création de l'ECOMOG, groupe militaire d'intervention qui devient permanent en 1999 ce qui lui confère d'importants moyens de pression diplomatique. Néanmoins d'importants dysfonctionnements apparaissent au sein de la Cédéao suite transitions démocratiques difficiles en Guinée (2009) et en Côte d'ivoire (2010). Ils s'amplifient face à l'émergence de divers groupes djihadistes qui constituent aujourd'hui la première menace sécuritaire dans la région. Ainsi, en 2012, des groupes armés prennent le contrôle du Nord du Mali qui est contraint de demander l'intervention militaire de la France face à l'inaction de la Cédéao et aucune réponse militaire commune n'a été mise en place face à l'insurrection djihadiste au Nigeria menée depuis 2009 par Boko Haram et Ansaru.

L'Afrique de l'Ouest présente une grande variété géographique et culturelle entre l'océan Atlantique à l'ouest et au sud, le Sahara au nord, et approximativement le 10e méridien à l'est. Tandis que le fleuve Niger est généralement considéré comme la frontière septentrionale de la région, sa frontière orientale est plus floue. Certains la placent le long du Bénoué, d'autres sur une ligne reliant le mont Cameroun au lac Tchad. Les États de la CEDEAO revendiquent ouvertement leur caractère ouest-africain tandis que la Mauritanie y est incluse dans la définition de l'Organisation des Nations unies. La Mauritanie a quitté la CEDEAO en 2000 et fait désormais partie de l'Union du Maghreb arabe et de la Ligue arabe.

? Les ressources énergétiques et démographie ?

1. L'Afrique de l'ouest a des réserves fossiles et ne pas les utiliser pour développer sa croissance pourrait paraitre injuste. Aujourd'hui, 94 % de son l'électricité provient du charbon. Pourtant son terrain est aussi particulièrement propice aux énergies renouvelables et le manque d'infrastructures existantes devrait pousser à se tourner vers des énergies renouvelables hors réseau.

2. Les prévision demographiques sont claires 1/4 de l'humanité vivra en Afrique en 2050 : aujourd'hui l'Afrique compte 1,2 milliard d'habitants et à la population la plus jeune du monde, cependant l'afrique de l'ouest a la population la plus jeune du continent. 50 % des francophones de la planète vivent en Afrique en ce moment. Le continent représente 15 % de la population mondiale et 3,6 % des émissions mondiales de CO2. La consommation énergétique moyenne est de 0,5 tep/hab. contre 1,2 en moyenne mondiale. 4,4 % : c'est la croissance africaine sur les 5 dernières années (dont 25 pays entre 6 et 13% : aucun autre continent ne fait mieux).

3. En Afrique 650 millions de personnes vivent sans électricité (soit 70 % de la population). L'électricité coûte en moyenne jusqu'à 3 fois plus cher qu'en Europe ou aux Etats-Unis. 8 % des réserves pétrolières mondiales en Afrique, 8 % du gaz (principalement en Afrique du Nord et dans les pays riverains du Golfe de Guinée) et 4 % du charbon (Afrique australe). 1/3 des réserves minières sont en Afrique. Le Nigéria, premier producteur du continent, est au sixième rang des exportateurs mondiaux de pétrole. (OPEP : nigérian) Le Nigéria est représentatif de l'exploitation de colossales ressources énergétiques marquée par une répartition inégale des richesses : deux millions de barils par jour produits par le Nigéria et 100 millions de pauvres sur une population de 173 millions. Selon la Banque mondiale, l'Afrique aurait besoin d'un apport annuel de 7 GW de production électrique pour faire face à la demande croissante d'électricité, alors que seulement 1 GW est effectivement ajouté chaque année.

Quelles sont les capacités en termes de renouvelables en Afrique de l'ouest ?

1. L'Afrique de l'Ouest fait partie des régions les plus ensoleillées de la planète, car le soleil est présent quasiment toute l'année. Dans plusieurs pays la volonté politique d'utiliser les énergies renouvelables semble présente notamment au Maroc : la centrale solaire NOOR 1 développe 160 MW depuis le 4 février 2016 et à terme ce sera 580MW. Le Maroc vise 42 % de sa production d'électricité grâce aux renouvelables d'ici 2020. Mais le véritable défi du continent sera d'amener l'électricité dans les zones rurales.

2. 63 % de la population d'Afrique sub-saharienne vit dans ces zones.

3. L'accès à l'électricité y est actuellement tout simplement impossible car le coût de l'extension du réseau est prohibitif : entre 7 000 et 15 000 euros le kilomètre. Il faudrait 830 milliards de dollars pour réussir à raccorder toute l'Afrique au réseau électrique avant 2030.Selon un rapport de l'Agence internationale de l'énergie : « en 2040, deux tiers des systèmes autonomes et des mini-réseaux des zones rurales seront alimentés par le solaire photovoltaïque, de petites centrales hydroélectriques ou l'éolien ». L'Afrique pourrait donc

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trouver son émancipation énergétique par des solutions « hors réseau » et renouvelables. La population n'attend plus la solution de grand plans étatiques mais prend son destin en main en utilisant des offres à son échelle

Qu'en est-il de la géostratégie mis en place depuis les années d'indépendance ?

1960 est la date ou la plupard des pays de l'afrique ont eu leur indépendance. Cependant niveau acces a l'energie, ce n'est pas encore regler pour la plupart de la population.

Aujourd'hui en 2017 on se rend compte que cette Afrique peine encore à subvenir à ses besoins énergétique.Comme le montre le graphe Cette problemetique est plus visible lorsqu'on parle de l'afrique de l'ouest. L'Afrique ne peut continuer à éclairer les autres continents grâce à ses ressources en restant elle-même dans l'obscurité », a lancé le président sénégalais Macky Sall à la tribune de l'Assemblée générale de l'ONU, le 21 septembre dernier.

Cette phrase à elle seul résume la situation énergétique de l'afrique actuel. En effet depuis la découverte spectaculaire d'importants gisements pétrolifère au golfe de guinée, cette partie de l'afrique fait l'objet de convoitise de puissance étrangère afin de garantir leur indépendance énergétique. Cela est d'autant plus que d'actualité aujourd'hui avec la venue sur le continent d'autre puissance notamment la chine les usa jusqu'alors présent qu'au moyen orient. Au XXI siècle l'Afrique de l'ouest n'arrive déjà pas à satisfaire 100% de la demande énergétique de sa population locale. « Pour les pays africains, la question de l'énergie reste donc un enjeu vital parce qu'il ne peut y avoir d'industrialisation et de développement sans accès à l'énergie (...).

Quel sont les principaux vecteurs qui freine ce processus pourtant indispensable au développement de l'Afrique de l'ouest.

Qu'adviendra-il de ce problème avec une population qui augmente de façon exponentielle.

C'est ce que le travail qui sera développer dans les moindres détails afin de mieux appréhender la question. On se penchera sur les politiques mis en place par les pays de l'Afrique de l'ouest ainsi que leur manière d'aborder le marcher mondiales, leur poids économique.

GLOSSAIRES

A- CLARIFICATION CONCEPTUELLE

Pour une meilleure compréhension de cette étude, il est méthodologiquement important de clarifier trois concepts : jeux, enjeux et offensive.

1- Jeux

Expression polysémique, le jeu est conçu ici comme une manière particulière d'agir. On peut distinguer trois classes de jeu, selon le rôle qu'y jouent la coopération et la lutte. En effet, selon ces deux critères, nous pouvons distinguer les jeux de coopération à l'état pur, les jeux de lutte à l'état pur, et les jeux de lutte et de coopération.

Dans les jeux de coopération à l'état pur, tous les joueurs ont des intérêts concordants, de sorte qu'ils forment une coalition se comportant comme un joueur unique. Par contre, dans les jeux de lutte à l'état pur, aucune possibilité de coopération n'existe entre les joueurs. Il en résulte que ces jeux sont des duels, c'est-à-dire des jeux à deux joueurs dont les intérêts sont strictement opposés. Enfin, dans les jeux de lutte et de coopération se rencontrent simultanément des intérêts concordants et divergents.

Dans le cadre de ce travail, nous nous intéresserons en particulier aux jeux de coopération à l'état pur, où les joueurs mettent en commun leurs moyens d'action au service d'une finalité collective. Dans cette optique, nous démonterons qu'en réalité, dans la gestion de la question pétrolière en Afrique, les responsables politiques africains et les multinationales pétrolières (chinoises en l'occurrence) ne forment plus qu'un. Car, une fois que ces derniers lui garantissent un accès préférentiel aux ressources naturelles, pétrole notamment, Pékin établit avec eux des " relations spéciales ".

2- Enjeux

L'enjeu peut s'entendre comme la chose pour la possession ou le contrôle duquel une entreprise est engagée. C'est ce que l'on gagne ou perd dans un jeu. Dans le cadre du présent travail, il s'agira dans un premier temps d'analyser les motivations réelles et profondes de l'offensive pétrolière chinoise sur le continent. Eu égard à ces motivations, il sera davantage question d'étudier les différentes manoeuvres ourdies par la Chine pour accéder au pétrole africain en général, et à celui du golfe de guinée en particulier.

3- Offensive

Expression très souvent utilisée dans le jargon militaire, l'offensive est une action d'envergure menée par une force armée et destinée à imposer à l'ennemi sa volonté. Seulement, cette

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conception de l'offensive s'applique beaucoup plus dans un contexte de guerre. La géostratégie ne servant pas uniquement à faire la guerre, il devient important de la relativiser, pour plutôt la percevoir comme une action d'envergure visant à remettre en cause ou à modifier un ordre existant.

Cette autre conception de l'offensive nous permettra de démontrer que par sa prise d'initiative, la Chine veut mettre fin au statu quo, au " patronage exclusif " des pays occidentaux dans le golfe de guinée, notamment en ce qui concerne l'accès aux ressources naturelles (pétrole en l'occurrence).

PRÏBLEMATIQUE & DELIMITATIÏN DU SUJET

Notre sujet de mémoire qui s'intitule : " GEOSTRATEGIE ENERGETIQUE EN AFRIQUE DE L'OUEST( Cas de la chine et le golfe de guinée) ", pose en toile de fond la question de la place de l'Afrique de l'ouest et plus précisément du golfe de guinée dans le redéploiement de puissances étrangère sur le continent et surtout celui de la nouvelle puissance chinoise.

Au plan temporel, la présente étude se propose d'étudier la dynamique chinoise dans le golfe de guinée autour du pétrole depuis 1993. En effet, l'important redéploiement de la Chine dans la sous-région depuis cette date est la preuve de son intérêt stratégique croissant pour la diplomatie chinoise.

La zone du golfe de guinée étant assez vaste pour être entièrement couverte dans le cadre d'un travail de DEA. Il sera davantage question d'une vue générale de la sous-région. Cependant, un accent particulier sera mis sur trois pays : le Nigeria, l'Angola et la Guinée Equatoriale. Ce choix tient à la place qu'occupent ces pays dans la géopolitique et la géostratégie du pétrole du golfe de guinée d'une part, et à l'intérêt à eux porté par Pékin pour la diversification de ses sources d'approvisionnement et la satisfaction de ses besoins énergétiques d'autre part.

REVUE DE LA LITTERATURE

La question de la dynamique chinoise autour du pétrole dans le golfe de guinée, est plutôt récente et très peu développée. Aussi la recherche bibliographique se résume-t-elle à quelques ouvrages, articles, revues et travaux de recherche.

Cédric De LESTRANGE ; Paillard C.A ; ZELENKO P. (2005) insistent entre autre sur l'importance du pétrole pour la satisfaction des besoins énergétiques des grandes puissances. Ils présentent des grandes zones pétrolifères mondiales, et l'assaut qu'elles subissent de la part des grands pays consommateurs. Cet ouvrage pose également la question du conflit d'intérêt et celle du redéploiement stratégique des principales puissances industrielles autour de l'enjeu pétrolier.

L'article de Michael T. KLARE (2008), quant à lui s'est consacré à l'enjeu pétrolier dans le monde. L'accent y est mis sur la relation entre matières premières et redéploiement stratégique des grandes puissances. De façon spécifique, il est question de la percée de la

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Chine sur de nombreux théâtres. L'auteur aboutit à la conclusion selon la quelle, l'approvisionnement en pétrole et en matières premières en voie de raréfaction est devenu l'enjeu géostratégique majeur déterminant de la politique des grandes puissances.

Ainsi, dans son rapport annuel intitulé : " Puissance militaire de la République Populaire de Chine ", le ministère de la défense chinois suggère que la Chine renforce ses capacités de "projection de puissance " dans les régions qui fournissent à Pékin les ressources dont l'importance est critique, en particulier les combustibles fossiles.

COPINSCHI P. ; NOEL P. (2005) dressent un brillant tableau de la place du golfe de guinée dans la géopolitique pétrolière mondiale. Le golfe de guinée y est présenté comme l' " autre golfe " un nouveau Moyen-Orient. S'il n'est certes pas comparable au golfe arabo-persique, il concentre tout de même l'essentiel des réserves pétrolières d'Afrique subsaharienne. Les atouts de la région et de son pétrole y sont vantés. Le pétrole africain est présenté comme étant au coeur de la politique de diversification des sources d'approvisionnement du marché mondial.

NTUDA EBODE(2004) a également mené une étude approfondie de la géopolitique pétrolière dans la sous-région. Pour lui, l'Afrique en général et le golfe de guinée en particulier constituent depuis quelques années une zone pivot du jeu géopolitique mondial du pétrole. En effet, l'érection du golfe de guinée en zone d'intérêt stratégique majeur confère à cette sous-région, un certain nombre d'enjeux, notamment sécuritaire, développemental, économique et géostratégique.

Wullson MVOMO ELA (2005) quant à lui s'intéresse à la place centrale qu'occupe le pétrole dans la sécurité énergétique mondiale (40 % de la production mondiale d'énergie). Le golfe de guinée y est présenté comme un "espace - enjeu " de la géopolitique du pétrole en ce début de 21e siècle. Le recul de la France sur ce théâtre est observé, en même temps que la montée en puissance de nouveaux acteurs étatiques (Etats-Unis, Chine, Inde...). L'auteur propose enfin une logique de gouvernance collective de cette région par les différents pays qui la composent.

S'intéressant également à cette question, Marie JOANNIDIS (2002) met un accent particulier sur l'importance du pétrole africain en perpétuelle croissance ainsi que sur l'offensive des grandes puissances, pour la diversification de leurs sources d'approvisionnement et la garantie d'une sécurité énergétique. De ce fait, le pétrole africain constitue une priorité stratégique et relève désormais d'une question d'intérêt national pour ces dernières. L'auteur interpelle les responsables politiques africains des pays producteurs de pétrole à une meilleure négociation des contrats d'exploitation avec les firmes pétrolières internationales. De même, l'auteur insiste sur la gestion peu orthodoxe de la question pétrolière dans son ensemble, mais aussi sur l'impact négatif de l'exploitation pétrolière sur l'environnement, l'économie et l'évolution politique des pays africains. Autant d'obstacles qui empêchent de faire de la manne pétrolière, un véritable outil de développement.

Côme Damien AWOUMOU(2005) procède à une délimitation précise de la région du golfe de guinée, autant sur le plan géographique, culturel et institutionnel. Il étudie la problématique des convoitises et sa nécessaire régulation. Quant aux questions de savoir : qui convoite le golfe de guinée ? Pourquoi ? Comment se manifeste cette convoitise ? Avec quelle

résistance ? Les réponses de l'auteur sont précises et édifiantes.

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A la question de savoir : Qui convoite ? La réponse de l'auteur est précise et détaillée. Sous l'instigation des Etats-Unis, le golfe de guinée est convoité par les occidentaux (France ; Grande Bretagne ; Belgique ; Espagne), les orientaux (Chine ; Japon ; Inde ; Israël), les pays du Sud (Brésil), et d'Afrique (Afrique du Sud ; Nigeria ; Libye ; Maroc), et par les acteurs privés de toutes natures : multinationales, institutions internationales, etc.

Le golfe de guinée et notamment sa composante Afrique centrale, bénéficie d'une position géostratégique qui le met en contact avec les toutes autres régions. La ruée vers le golfe de guinée peut donc être perçue comme une quête de puissance par le biais du contrôle d'une zone jusque-là négligée, l'expression d'un besoin de diversification des sources d'approvisionnement en matières premières, notamment le pétrole.

La convoitise se manifeste quant à elle sous forme d'investissements politique, militaire et économique.

Les résistances sont nombreuses et diverses. Mais celles qui retiennent davantage l'attention ici sont celles qui émanent des populations riveraines des zones d'exploitation. Ceci du fait d'un éventuel accroissement des conflits de localisation, de type expropriatif et de nature affective.

Pour tirer le meilleur avantage de ces convoitises, l'auteur propose l'érection d'un leadership collégial. Un axe Abuja Yaoundé Luanda lui semble à cet effet approprié.

Alain FOGUE TEDOM (2008) quant à lui présente tout d'abord l'Afrique comme une terre de convoitise de tout temps. Les ressources du golfe de guinée (hydrocarbures en l'occurrence) y sont ensuite présentées comme importantes, de bonne qualité et à l'abri des tensions sociales, mais aussi compte tenu de sa facilité d'évacuation. La ruée chinoise observée depuis quelques années autour de ce pétrole s'explique à la fois par les atouts sus évoqués de ce pétrole, mais surtout par l'incapacité des autorités politiques à protéger cette ressource rare en raison de leur cécité stratégique et du faible niveau de développement industriel des pays de la région.

S'agissant de l'offensive chinoise sur les pays de la région, CHOMTANG (2007) affirme que eu égard à la place qu'elle occupe désormais dans l'économie mondiale, la Chine nourrit les ambitions de grande puissance. Sa dépendance progressive vis-à-vis des ressources énergétiques l'amène à redéfinir sa politique à l'égard de l'Afrique. Le golfe de guinée, espace qui jouit d'une position géostratégique indéniable et d'un potentiel énergétique important, ne peut que susciter les appétits d'une telle puissance. Par une offensive diplomatique et commerciale, pékin entend investir le golfe de guinée afin de s'assurer le contrôle et l'exploitation des matières premières.

Pierre Antoine BRAUD(2005) étudie la stratégie pétrolière chinoise dans les relations qu'elle entretient avec l'Afrique. La Chine est devenue un partenaire de première importance au sud du Sahara, tandis que le continent africain présente des opportunités certaines pour trois aspects de la politique extérieure chinoise :

i. l'entretien d'un réservoir de voix au Nations Unies ;

ii. l'approvisionnement en ressources naturelles et la création de nouveaux débouchés à son économie ;

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iii. l'isolement de Taiwan.

L'offensive chinoise sur le continent africain constitue également le principal centre d'intérêt de Philippe HUGON. Il présente l'offensive économico- diplomatique lancée par pékin sur l'Afrique en ce début du 21e siècle. Les pays tels que le Nigeria, l'Angola et la Guinée Equatoriale sont au centre de cette offensive. Second consommateur mondial de pétrole, l'Afrique lui fournit jusqu'à 30%8(*) de ses approvisionnements, même si dans l'ensemble les relations commerciales entre la Chine et l'Afrique demeurent à l'exception de l'Afrique du sud- sur un model postcolonial. L'Afrique exporte des matières premières, alors que la Chine exporte des produits manufacturés.

S'agissant enfin du couple pétrole et développement des pays de la région, notre attention sera principalement portée sur l'ouvrage de Michel KOUNOU (2006). Dans cet ouvrage l'auteur procède à une analyse minutieuse de l'exploitation pétrolière dans le golfe de guinée depuis 1956. Contrairement à ce qui est observé dans les autres continents, le pétrole n'est pas une ressource assurant le progrès économique et social en Afrique, mais plutôt une ressource productrice d'insécurité pour les peuples d'Afrique.

L'intérêt de cette étude réside entre autre aspect sur une exigence de démarcation par rapport aux travaux sus-évoqués. Sans vouloir remettre en cause leur pertinence, il convient tout de même de préciser que nous essayerons d'analyser, outre les raisons de l'offensive Chinoise, sa stratégie d'accès aux ressources africaines en général, et au pétrole du golfe de guinée en particulier. Par ailleurs, un accent sera mis sur l'impact de cette offensive sur la démocratie et la paix en Afrique.

VI-HYPÏTHESES

Les hypothèses sont des tentatives de réponse à une ou plusieurs questions théoriques ou observations empiriques. Ce sont en fait des explications provisoires d'une réalité. Elles doivent alors être confirmées ou infirmées à la fin par les résultats de l'étude. Ce sont aussi des outils de sélection pour le chercheur, car elles aident ce dernier à choisir les faits, à les interpréter et à suggérer les procédures de recherche (Bokalli E. S.2006 :10).

La " macro-hypothèse " (Sindjoun L.2002 :20) autour de laquelle s'ordonne notre recherche est la suivante : Du fait de la place qu'elle occupe désormais dans l'économie mondiale, la Chine nourrit des ambitions de grande puissance. Sa dépendance énergétique l'amène à reconsidérer sa politique vis-à-vis de l'Afrique. Le Golfe de Guinée, espace qui jouit d'un potentiel énergétique important et d'une position géostratégique indéniable, ne pouvait que susciter ses appétits. Par une offensive politique, économique, diplomatique et militaire, pékin entend investir le Golfe de Guinée afin de s'assurer entre autre, le contrôle et l'exploitation des matières premières en présence, pétrole en l'occurrence. Seulement, engagé dans cette entreprise stratégique, pékin se souci peu du respect des valeurs démocratiques et des droits de l'Homme. En effet, le soutien politique qu'il apporte aux régimes africains s'avère être une sorte de caution à leur gestion, les conforte dans leur immobilisme politique, constituant ainsi un péril pour la démocratie et la paix.

De cette hypothèse originelle, dérive les « micro-hypothèses » (Sindjoun L.2002 :20) suivantes :

-

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l'offensive pétrolière chinoise en Afrique, notamment dans la sous-région du Golfe de Guinée s'explique en partie par son déficit énergétique. Lui-même lié à la croissance de la demande énergétique nationale par les différents secteurs d'activité et à l'épuisement progressif des réserves nationales.

- l'important potentiel énergétique, les nombreux atouts du pétrole et de la région du golfe de guinée, mais aussi et surtout l'incapacité politique et technologique des dirigeants à contrôler et à exploiter les ressources expliquent également la ruée de la Chine dans la sous-région.

- L'âpreté de la compétition entre puissances pour un accès privilégié et à un moindre coût aux ressources africaines, et notamment au pétrole du golfe de guinée a conduit la Chine à ne négliger aucune démarche pouvant concourir à la réalisation de son projet géostratégique. De ce fait, elle va s'approprier les recettes qui depuis les indépendances africaines permettent aux pays occidentaux de transformer l'espace africain au mieux de leurs intérêts. Celles-ci sont diplomatiques, politiques, économiques et militaires. L'extraversion dont souffrent les Etats de la sous-région et le subtil stratagème utilisé par pékin constituent un véritable catalyseur à la mise en oeuvre de cette offensive.

- La détermination de la Chine à accéder par tous les moyens au pétrole africain en général et à celui du Golfe de guinée en particulier, l'a conduit à soutenir politiquement les régimes africains en indélicatesse avec la communauté internationale pour des raisons de non-respect de la démocratie et des droits de l'Homme. Ce soutien pourrait s'avérer être un obstacle majeur à l'évolution politique des pays africains vers la démocratie et constituer une véritable menace pour la paix en Afrique.

PREMIERE PARTIE :

? LES ENJEUX DE L'OFFENSIVE PETROLIERE CHINOISE DANS LE GOLFE DE GUINEE

Depuis le milieu de la décennie 1990, la coopération sino-africaine semble avoir pris une nouvelle tournure. Pour Pékin, le pragmatisme a pris le pas sur la rhétorique. Du fait de la forte industrialisation que connaît le pays depuis quelques décennies, la Chine se livre à une quête effrénée de matières premières, en l'occurrence le pétrole à tous les points stratégiques de la planète. Animé par un esprit réaliste, Pékin s'est rendu compte de l'impérieuse nécessité d'une réorientation de sa politique vis-à-vis de l'Afrique. En effet, comme l'écrit Eric Patrick MOUPAYA (2008 :1) " la croissance et même la survie économique de la chine dépendent, et pour une part croissante, de l'Afrique ". La Chine absorbe désormais 25% de tout le cuivre consommé à travers le monde, 40% du charbon, 35% de l'acier, 10% du pétrole et sa demande ne cesse de croître, et 90% de tout l'aluminium (Moupaya E. ; 2008 : 1). Une économie dévoreuse d'énergie, boulimique en matières premières, qui s'est tout naturellement tournée vers la région du monde la mieux pourvue.

Aussi, selon toute vraisemblance, l'offensive pétrolière de la chine dans cette sous région aujourd'hui, pourrait-elle s'expliquer à la fois par une demande énergétique interne en perpétuelle croissance (chapitre1), et par le potentiel énergétique important de la sous

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région, couplé aux nombreux avantages de son pétrole. Mais aussi et surtout par l'incapacité politique et technologique des dirigeants à contrôler et à exploiter les ressources (chapitre2).

CHAPITRE I

:

La dépendance énergétique de la Chine

Jusqu'à présent, le débat autour de la dépendance pétrolière de la Chine reste ouvert. Si pour certains, la dépendance chinoise en termes d'énergie pétrolière est une illusion, obéit tout comme les autres puissances industrielles, à une volonté politique de ce pays de préserver ses réserves pétrolières pour l'avenir. Pour les autorités chinoises par contre, la dépendance pétrolière du pays est une réalité, un défi à surmonter pour rester compétitif sur le marché international. S'il est vrai que la plupart de pays industrialisés aujourd'hui évoquent cette dépendance énergétique pour justifier l'expansion de leurs firmes pétrolières à travers le monde, il n'en demeure pas moins vrai que ces mêmes pays optent pour la préservation de leurs réserves, visant ainsi à constituer des réserves stratégiques, représentant de dizaines d'années de consommation. Donc, dépendance supposée ou réelle, notre objectif n'est pas de prendre position. Il est simplement question d'analyser les données recueillies tout au long de nos recherches.

Par dépendance, nous entendons un assujettissement, une absence d'autonomie. La dépendance énergétique quant à elle peut être perçue comme le fait que le pays ne puisse plus subvenir à ses besoins par la production nationale et doit par conséquent importer la différence. La Chine a en effet longtemps cru qu'elle pourrait rester autonome énergétiquement, mais face à la croissance de sa consommation, elle va devoir se résigner à importer de plus en plus de pétrole. Se retrouver tributaire du marché mondial n'est certes pas une sensation très rassurante pour Pékin, mais c'est le lot de la plupart de pays industrialisés, pays dont la Chine aspire à faire partie au cours de ce siècle.

Dans le cadre de ce travail, la dépendance pétrolière de la chine sera analysée à travers son déficit énergétique interne (section1), mais aussi à travers l'absolue nécessité de ses importations (section2).

SECTIÏN I : Le déficit énergétique de la Chine

De nos jours, la Chine se dessine comme la seule puissance capable de contenir ou de contester l'hégémonie des Etats-Unis d'Amérique, elle est même devenue l' « adversaire reflet »de ces derniers. En effet, seul l'Empire du milieu peut réellement constituer une véritable menace pour les intérêts américains. Pourtant, la Chine se heurte à un véritable obstacle, celui de sa dépendance énergétique. Deuxième consommateur d'énergie dans le monde, la chine doit désormais nourrir une machine industrielle dont l'appétit semble insatiable. Or, ses ressources énergétiques tarissent à un rythme inquiétant et le pays est redevenu depuis 1993, un importateur de pétrole.

La mise en valeur de nouveaux gisements, notamment dans le bassin de Tarim dans le Xinjiang, reste très lente et ne permet pas de répondre à la hausse régulière de la consommation de pétrole, multipliée par deux depuis 1995. Cette situation s'explique essentiellement par la hausse de la production industrielle, l'augmentation régulière du parc

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automobile et la constitution depuis 2003 d'une réserve stratégique (représentant un trimestre de consommation), comme dans les grands pays industrialisés.

C'est à travers l'insuffisance des réserves et de la production (paragraphe1), mais également par la croissance de la demande intérieure par les différents secteurs de l'économie nationale chinoise (paragraphe2), que nous étudierons le déficit énergétique de la Chine.

Paragraphe 1 : Insuffisance des réserves et de la prïductiïn

Compte tenu de la forte croissance économique que connaît la Chine depuis quelques décennies et de la forte industrialisation qui s'en est suivie, la demande énergétique chinoise ne cesse de croître .C'est ce que semble d'ailleurs indiquer la baisse de l'offre énergétique. En effet, le taux de couverture de la Chine en pétrole ne cesse de chuter et s'établissait en 2002 à 69% (Chomtang Fonkou : 2007 : 9).

Aussi, la baisse, voir la chute du taux de couverture de la Chine en pétrole sera-t-elle analysée ici à travers l'insuffisance des réserves (A) et de la production (B).

A- Des réserves limitées

Les réserves de pétrole de la Chine font l'objet d'estimations contradictoires. L'agence de l'énergie des Etats-Unis estime les réserves prouvées en pétrole de la Chine à 2,5 milliards de tonnes, tandis que la British Petroleum (BP) avance le chiffre de 3,2 milliards de tonnes, et l'OCDE pense que ce chiffre atteint près de 4 milliards de tonnes et représenterait 2,3% des réserves mondiale.

Le pétrole en Chine, particulièrement au Nord du pays est un pétrole lourd et visqueux, riche en paraffine, ce qui le rend onéreux à raffiner. Les gisements de pétrole se situent principalement dans quatre zones.

Il y a tout d'abord la province du Heilongjiang qui constitue le centre principal de production du pétrole de la Chine avec 34% de la production nationale. Vient ensuite le champ de Daqing, l'un des plus vastes au monde qui représente à lui seul près du tiers de l'exploitation pétrolière nationale. Mais, mise en valeur depuis un peu plus d'un demi-siècle, sa production ne devrait guère pouvoir augmenter dans les années à venir. La région du Xinjiang quant à elle représente aujourd'hui 20% de la production de pétrole en Chine. Les principaux gisements du Xinjiang sont le bassin de Tarim Occidental, le champ de Karamay dans le bassin de Junggar et le bassin de Turpan-Hami. La province du Shandong représente quant à elle 16,6% de la production nationale. Enfin, nous avons les gisements off shore en mer de Chine et dans la mer de Bohai qui représentent moins de 10% de la production nationale. Les prospections restent par ailleurs gênées par les différends frontaliers avec le Vietnam. Les estimations des réserves (possibles et prouvées) contenues dans la mer de Chine sont très contradictoires. Dans l'hypothèse la plus favorable, ces réserves peuvent permettre d'envisager une production annuelle oscillant entre 19 mille et 50 mille tonnes par jour, soit l'équivalent de 10% de la production nationale.

Seulement ces grands gisements sont de nos jours confrontés à un certain épuisement, ceux du nord en particulier. En effet, les principaux champs pétroliers chinois comme Daqing, Sengli et Liaohe qui assurent 80% de la fourniture nationale de pétrole, ont atteint leur pic de production dans les années 1980 et leur exploitation devient de plus en plus coûteuse.

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L'insuffisance et la vulnérabilité des infrastructures de transport entre les ressources de l'Ouest et le reste du pays sont une autre explication au déséquilibre de la balance pétrolière chinoise. Sur ce déficit d'infrastructures vient se greffer le problème de la minorité Ouïgour (la plus importante des minorités de Chine). Les visées panturques du mouvement autonome Ouïgour inquiètent de plus en plus le gouvernement chinois qui craint que la sécurité de ses approvisionnements, notamment en provenance du Kazakhstan et du Tadjikistan, ne soit à terme menacée par les actes terroristes.

B- Une production insuffisante

La Chine a été l'une des premières nations à exploiter le pétrole avec son puits situé à Taiwan en 1878. Historiquement, la Chine a été le premier pays à utiliser le pétrole quand la République fut fondé en 1949, la production annuelle n'atteignait que 120 milles tonnes (ou 2,400 baril par jour) (Thalman P. (Dir.) ; 2006 : 28) et elle faisait partie des pays sous développés en consommation d'énergie, à cause entre autre des guerres. La production chinoise a progressivement augmentée jusque dans les années 1980, faisant alors de la Chine en 1985 un exportateur de pétrole avec 6,21 millions de tonnes exportées (Thalman P. (Dir.) ; 2006 : 28). En 1996, la production pétrolière chinoise a dépassé 156 millions de tonnes, contre 147 millions en 1995 et 144 millions en 1994, un chiffre inégalé à ce jour (De Lestrange Cédric ; Paillard Christophe Alexandre ; Zélenko Pierre ; 2005 : 173).

En 2003, la Chine a produit en moyenne 2,3 millions de barils par jour, la grande majorité (90% de ce pétrole) est extraite d'exploitation terrestres (on shore) et un tiers de cela provient du gisement de Daqing, principal champ pétrolier situé dans le nord Est et produisant 1 million de barils par jour, même si 50% de ces réserves ont d'ores et déjà été exploitées (De Lestrange Cédric ; Paillard Christophe Alexandre ; Zélenko Pierre ; 2005 : 173).

Concernant l'exploitation off shore, la plus grande d'entre elles se trouve dans la baie de Bohai, dans la mer jaune et a été découverte au début des années 1960. L'ouverture de cette réserve off shore aux compagnies étrangères à la fin des années 1970 a permis d'augmenter la production de manière significative. En effet, en 2003, ces sites off shore contribuaient pour 90% à l'augmentation annuelle de la production chinoise.

La dépendance pétrolière de la Chine s'accroît rapidement, car ses réserves et la croissance de sa production nationale sont insuffisantes. En effet, le taux de couverture en pétrole ne cesse de chuter, ceci sous le poids d'une forte croissance de la demande interne. On peut même aujourd'hui raisonnablement faire l'hypothèse que la croissance de la production pétrolière chinoise ne sera pas en mesure de compenser celle de la demande.

Paragraphe 2 : Une demande intérieure en pleine explosion

L'extraordinaire développement que connaît la Chine est assortie d'une demande croissante en matières premières et en ressources énergétiques : du gaz naturel, mais surtout du pétrole. Selon de récentes prévisions, l'économie chinoise va croître de 9% par an et ce pour les 20 prochaines années. La Chine est devenue en 2004 le deuxième plus gros consommateur mondial de pétrole, avec l'utilisation de 7 millions de barils par jour. De l'avis de nombreux experts, la consommation chinoise de pétrole devrait doubler d'ici 2010. A ce rythme, il est logique de s'attendre à ce que la Chine devienne à moyen terme aussi gourmande que les Etats-Unis. La croissance de la demande énergétique chinoise sera étudiée à travers la

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demande des principaux secteurs de l'économie nationale, à savoir la production d'électricité et le transport (A), ensuite l'industrie, le chauffage et le consommateur domestique (B).

A- La production d'électricité et le transport

La croissance économique de la Chine semble incontrôlable et sa demande d'énergie insatiable. Cette croissance galopante de la demande énergétique chinoise sera étudiée ici à travers la demande énergétique pour la production d'électricité (1) et de transport (2).

1- La production d'électricité

En 1980, la production d'électricité représentait environ 12% de la consommation en pétrole de la Chine. Depuis, la part de l'électricité dans les besoins en pétrole n'a cessé de baisser. Car, le pétrole est facilement substituable dans ce secteur. Il est désormais question pour la Chine de mettre en place des politiques lui permettant d'éviter l'emploi du pétrole dans la production d'électricité. Ainsi, les alternatives au pétrole sont nombreuses (gaz, charbon, nucléaire, hydraulique, solaire, éolien). La croissance de la production électrique chinoise a surtout été possible par un recours massif au charbon. Seulement, le charbon et surtout le charbon chinois, majoritairement de mauvaise qualité est responsable d'une importante pollution de l'air (Thalman P. (Dir.) ; 2006 : 11). La combustion du charbon a pour conséquences les pluies acides, la création des particules fines (comme les sulfates), sans oublier bien sûr les émissions de CO2. Seulement, en raison de son faible coût, on observe un recours au charbon, recours qui pourrait devenir un recours au pétrole. En effet, dans certaines zones côtières, le pétrole qui débarque dans les ports est moins cher que le charbon acheminé de loin par voie ferroviaire. Dans ces conditions, on avance un quadruplement de la consommation pétrolière dans le secteur électrique d'ici à 2020(Thalman P. (Dir.) ; 2006 : 13).

2- Les transports

Les transports ont connu ces dernières années un développement extraordinaire, parallèlement au développement économique de la Chine. En effet, des routes ont été construites, de nouvelles lignes de chemin, des aéroports. Toutefois, on remarque d'importantes différences dans le niveau d'équipement en infrastructures selon les régions. Plus les régions sont riches (côte Est et Sud, grandes villes), plus elles en sont dotées.

L'ouverture de la Chine au commerce extérieur a entrainé le développement des transports. Le flux des populations est devenu plus important et la richesse augmentant, ont aussi contribué à ce développement. Par exemple, de 1980 à 2002, le transport de fret a quadruplé et le transport des passagers a été multiplié par six. C'est surtout le transport par route et par avion qui a connu la plus forte augmentation.

De l'avis de THALMAN, " La part de la consommation totale d'énergie de la Chine dédiée au transport est passée de 5 à 9% entre 1991 et 1999. L'énergie utilisée pour le transport en Chine est surtout le pétrole (88% du total)" (2006 : 17). En Effet, tous les modes de transport font appel au pétrole comme quasi seule source d'énergie. Même les trains consomment du pétrole, puisqu'une grande partie des lignes de chemins de fer n'est pas électrifiée.

Le cas du transport routier par exemple semble très préoccupant, puisque sa consommation d'énergie a augmenté d'un tiers en 10 ans. La Chine connaît donc un accroissement rapide du

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trafic routier. Il faut donc de plus en plus d'énergie, et dans ce cas de pétrole, pour transporter ou acheminer des quantités de plus en plus importantes de fret et de personnes. La population rurale consomme deux fois plus d'énergie dans les transports personnels que la population urbaine. Ceci est dû au pouvoir d'achat grandissant des chinois qui remplacent peu à peu leurs vélos par des motos. En effet, Près d'un quart des chinois possèdent une moto, et le nombre de deux roues motorisées devrait atteindre 500 millions en 2010 (Thalman P. (Dir.) ; 2006 : 19). On peut aussi y ajouter l'augmentation fulgurante du nombre de voitures privées. A cet égard, un scientifique du ministère français de la défense affirme : " Dans dix ans, la Chine sera le plus gros consommateur mondial de pétrole, avec un parc automobile équivalent à celui du reste de la planète " (Pinel F. ; 2006 : 1).

3- L'industrie, le chauffage et la consommation domestique

La croissance de la demande énergétique chinoise sera étudiée ici à travers la demande industrielle (1), du chauffage et de la consommation domestique (2).

a) L'industrie

Il est important de préciser que dans le cadre de ce travail, nous ne comptons pas les raffineries de pétrole dans notre analyse des industries chinoises utilisant le pétrole. Les industries chinoises prennent de l'importance et deviennent de taille multinationale et elles sont ainsi plus que jamais boulimiques en énergie. Les industries qui consomment le pétrole peuvent être divisées en deux grandes catégories :

- l'industrie pétrochimique qui transforme le pétrole en des sous produits ;

- l'industrie qui utilise le pétrole comme source d'énergie

L'industrie pétrochimique est le secteur industriel qui utilise le plus de produits pétroliers, soit 56,9% de la consommation industrielle chinoise en 2003 (Thalman P. (Dir.) ; 2006 : 7). Viennent ensuite les minerais non métalliques, c'est-à-dire l'industrie du ciment, avec 11,5%, la sidérurgie avec 5,6% et la construction avec 4,8%. Outre ces secteurs, viennent également les machines et les métaux ferreux.

b) Le chauffage et la consommation domestique

Le mode de vie du milliard et demie d'habitants que compte la Chine est un autre élément qui permet de déterminer sa future consommation d'énergie. Une étude récente a essayé de quantifier l'impact sur la consommation d'énergie du mode de vie des populations chinoises. Deux types d'impacts ont été pris en compte, l'impact direct, qui découle d'activités consommatrices d'énergie (le chauffage, l'utilisation d'appareils électriques et l'éclairage), et l'impact indirect, qui provient de l'énergie utilisée pour produire des biens de consommations achetés par la population.

Les différences de mode de vie entre populations urbaines et rurales sont flagrantes en ce qui concerne les formes d'énergie utilisées dans l'impact direct. Le charbon compte pour plus de deux tiers de l'énergie utilisée directement par les habitants des campagnes, contre un quart pour les habitants des villes. Ceci s'explique par le fait que la cuisson des aliments ainsi que le chauffage se fait en campagne majoritairement par le charbon. Le pétrole quant à lui, représente un quart de la consommation d'énergie de la population urbaine, contre à peine

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10% pour celle rurale. Ainsi, la hausse de la demande en pétrole est liée étroitement à l'expansion des mégapoles chinoises de Pékin et de Shanghai de ces dernières décennies.

Bien que la population rurale semble responsable d'une consommation irréfléchie et inefficiente d'énergie, pour ce qui est de la consommation de pétrole, c'est bel et bien les habitants des villes qui en consomment le plus, ceci malgré le fait que la majorité de la population soit rurale. La contribution indirecte des résidents ruraux, n'est que d'un tiers de l'impact total (Thalman P. (Dir.) ; 2006 : 26). Ceci s'explique par l'énergie mise en place pour construire et faire fonctionner les habitations, les écoles et toutes les infrastructures que comptent les villes. En 2002, 40% de la population chinoise habitaient les villes. Face au développement de ces dernières, l'exode rural devient de plus en plus massif, et si ces nouveaux habitants des villes imitent leurs homologues, la demande en énergie et en pétrole croîtra d'autant plus.

Tableau n° 1 : Consommations énergétiques chinoises et évolutions

 

Pétrole

Gaz

Charbon

2002

25.4%

2.8%

65.7%

2003 (estimations)

26%

2.8%

65%

2015 (prévisions)

28.9%

9.4%

53.2%

2020(prévisions)

31.3%

12%

47.8%

Source : Géopolitique du pétrole Op. Cit. page.174.

Comme nous pouvons le constater dans ce tableau, la consommation chinoise de charbon connait une relative baisse depuis 2002, tandis que celle du pétrole et du gaz naturel connait une hausse significative.

L'accroissement des besoins énergétiques et pétrolier va entraîner la réorientation de la politique étrangère de la Chine, en faveur des intérêts pétroliers (Chomtang Fonkou : 2007 : 93).

SECTION II : Les importations d'hydrocarbures : une absolue nécessité

La très forte croissance de l'économie chinoise génère une demande en hydrocarbures que la production nationale n'est pas à même de fournir, et les importations nettes qui étaient de 61,91 millions de tonnes en 2002 devraient atteindre au minimum 200 millions de tonnes en 2020 (Miginiac Jean Philippe ; 2006 : 12). En 2010, la moitié des besoins pétroliers de la Chine dépendra ainsi de ses importations, lesquelles importations constitueront en 2020, jusqu'à 80% de ses besoins pétroliers (Miginiac Jean Philippe ; 2006 : 12).

Aussi, pour faire face à ce nouveau défi, la Chine a-t-elle lancé un véritable « quadrillage » diplomatique des principales zones pétrolières mondiales. Cette offensive politique pétrolière chinoise, dénote le caractère structurant du pétrole dans la formulation de la politique

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étrangère chinoise (paragraphe1). Elle nous permet également de comprendre l'important redéploiement de Pékin dans les zones pétrolifères mondiales (paragraphe 2).

Paragraphe 1 : le pétrole : un enjeu majeur de la politique étrangère chinoise

Le pétrole est considéré ici comme un enjeu majeur de la politique étrangère de la Chine eu égard à la subtile diplomatie menée par pékin pour le conquérir (A), mais aussi compte tenu de l'instrumentalisation ou de l'utilisation de ses compagnies pétrolières comme de véritables outils de politique étrangère (B).

A- La diplomatie pétrolière chinoise

La diplomatie pétrolière chinoise est un concept qui, en réalité n'est qu'un néologisme nous permettant de traduire l'idée d'une diplomatie au service des intérêts pétroliers. Pour la Chine en effet, la diplomatie constitue le cheval de Troie de son offensive pétrolière. Les autorités chinoises ont compris que pareillement aux Etats-Unis, le pétrole est d'un intérêt vital pour leur économie. Il semble donc évident à l'analyse que les offensives diplomatiques chinoises sur la scène internationale sont le juste reflet de cette ambition. Pékin entend en effet par le dynamisme de sa diplomatie tisser des liens de coopération étroits avec les pays producteurs de pétrole. C'est ce qui explique le quadrillage des principales zones pétrolifères mondiales par l'ensemble de son corps diplomatique.

L'attention médiatique de ces dernières années portée sur l'ouverture de la Chine et sa conquête du monde, démontre la crainte que l'Occident éprouve pour ce pays, jusqu'alors isolé et à l'histoire émaillée par la dictature et l'autoritarisme. La Chine utilise toutes les astuces pour se faire les amis parmi les pays producteurs de pétrole. Pour pékin en effet, la diversification et la garantie de ses approvisionnements extérieures contribueraient à limiter sa dépendance vis-à-vis du marché international et le mettrait à l'abri des chantages des pays ou groupes de pays tels que l'OPEP.

B- Les compagnies pétrolières chinoises : de véritables instruments de politiques étrangères.

Les compagnies pétrolières chinoises, instruments de la quête chinoise d'hydrocarbures, sont les suivantes : China National Petroleum Corp. (CNPC), Petro china, China National Off Shore Oil Corp. (CNOOC), China National Oil Development Corp. (CNODC), China National Star Petroleum (STAR), China National Petrochemical Corporation (SINOPEC), China National Chemicals Import and Export Corporation (SINOCHEM), China United Petroleum Corporation (CHINA OIL) et China United Petrochemical Corporation (UNIPEC) (De Lestrange Cédric; Paillard Christophe Alexandre ; ZELENKO Pierre; 2005: 175).

Pour mener à bien cette nouvelle stratégie de présence dans les zones productrices, la Chine privilégie le déploiement de son réseau d'entreprises pétrolières avec une multiplication des projets d'exploration et de production dans des pays peu occupés par les compagnies internationales et où la concurrence provient le plus souvent des compagnies Russes. La CNPC a ainsi acquis des concessions au Kazakhstan, au Venezuela, au Soudan, en Iraq (avant 2003), en Iran et au Pérou, sans autres véritables justifications que d'occuper les secteurs pétroliers encore vacants :

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" Dans ce cadre, la stratégie chinoise d'alliance tout azimut dans le monde pétrolier a de nombreuses cibles, comme l'Egypte, l'Algérie ou le Gabon. Ceci s'est traduit dans ces derniers cas en 2004 par des accords de prospections et d'exploitations, puis des contrats de commercialisation entre les compagnies opérant dans les pays producteurs et le groupe chinois SINOPEC" (De Lestrange Cédric; Paillard Christophe Alexandre; Zélenko Pierre; 2005: 175).

Accédant aux ressources des pays producteurs par le biais de ces compagnies pétrolières dont il est l'actionnaire principal, l'Etat chinois peut ainsi " sécuriser " une partie de son approvisionnement. Les nombreux accords de partage de la production signés par les compagnies pétrolières chinoises dans les pays producteurs témoignent de la réussite de ces stratégies.

Tableau n° 2 : Principaux fournisseurs en pétrole de la Chine en 2003 (En % des importations chinoises)

Arabie saoudite

15.6

%

Iran

15 %

Oman

11.3

%

Angola

9 %

 

Soudan

7.7

%

Yémen

5.2

%

Russie

4.5

%

Indonésie

4 %

 

Malaisie

2.3

%

Guinée équatoriale

2.2

%

Congo

1.5

%

Gabon

1.2

%

Cameroun

1.1

%

Algérie

0.75 %

Nigeria

0.6

%

Egypte

0.3

%

Autres

17.75 %

Source : François LAFARGUE, op.cit page 50.

Tel que nous pouvons le constater dans ce tableau, après les pays du Golfe arabo-persique, les pays du Golfe de Guinée occupent une place importante parmi les principaux fournisseurs en pétrole de la Chine. Les pays tels que l'Angola, le Nigeria, la Guinée Equatoriale, le

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Congo, le Gabon et le Cameroun fournissait en 2003 jusqu'à 15,6% des importations chinoises de pétrole.

La Chine a intérêt aujourd'hui à diversifier ses sources d'approvisionnement, et nous pouvons dès lors nous interroger sur les nouvelles régions où elle souhaite désormais étendre son influence.

Paragraphe 2 : Les offensives chinoises sur la scène internationale : une stratégie de diversification

Depuis 1995, le gouvernement chinois mène une politique énergétique internationale globale afin de minimiser sa dépendance excessive vis-à-vis du pétrole du Moyen Orient. En effet, depuis cette date, les importations chinoises ont sans cesse progressé pour atteindre 42,9% (Thalman P. (Dir.) ; 2006 : 9). La Chine ne néglige aucune zone susceptible de lui assurer un approvisionnement pétrolier. D'où le véritable quadrillage de la scène pétrolière internationale par cette dernière. Il sera donc question de montrer le souci de Pékin de diversifier au maximum ses sources d'approvisionnement en pétrole. Aussi, commencerons-nous tout naturellement par le Moyen Orient, centre névralgique de la scène pétrolière mondiale (A), ensuite l'Afrique et les autres régions du monde (B).

A- Le Moyen Orient

L'examen minutieux des sources d'approvisionnement pétrolier de la Chine nous permet de constater que le Moyen-Orient représente 45% des importations chinoises (Thalman P. (Dir.) ; 2006 : 9). Les principaux fournisseurs de pékin sont : L'Arabie Saoudite (14%), l'Iran (11%), Oman (13%), et d'autres pays 7%(Yémen, Iraq,...). La part du Moyen-Orient devrait même passer à 80% en 2010 (De Lestrange Cédric; Paillard Christophe Alexandre; Zélenko Pierre; 2005: 176).

Seulement, à l'analyse, on a la nette impression que la Chine n'est cliente de cette zone que pour des raisons de proximité. En effet, la Chine reconnaît elle-même la faiblesse de son influence dans la région, sa position étant précaire que la situation du moyen est instable et donc contraignante. Le pouvoir de contrôle de l'Etat chinois sur son ravitaillement en pétrole en provenance de cette zone demeure faible.

Au delà des facteurs d'ordre politique, ressortent également des contraintes techniques. En effet, une partie du pétrole en provenance du Moyen Orient est lourdement chargée en sulfure, ce qui exige certaines installations de raffinage dont la Chine ne peut indéfiniment augmenter la capacité, à moins d'investir massivement dans le renouvellement de ses raffineries. La Chine doit donc tenter de diversifier au maximum ses sources d'importations en même temps qu'elle doit continuer à rechercher les sources stables.

B- L'Afrique et les autres régions du monde

Comme les puissances occidentales plusieurs décennies avant, la Chine découvre au milieu des années 1990, l'importance du pétrole africain pour son essor industriel et économique. En effet, la Chine considère l'Afrique comme une véritable terre promise (Fogue Tedom A.; 2008 :157). La part de l'Afrique dans les importations chinoise représente environ 30%de la totalité des importations de pétrole de la Chine et ce taux ne cesse de croître. Ce qui importe le plus pour la Chine, ce sont les opportunités d'investissements directs. Celles-ci peuvent être considérées sous deux angles : il s'agit soit de réaliser des projets de prospection par le biais

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de joint-venture, soit d'acquérir des gisements pour diminuer la dépendance vis- à -vis du marché.

Les principaux fournisseurs africains de la Chine sont : l'Angola (4e rang des pays fournisseurs de la Chine, et le premier africain), l'Egypte, le Nigeria, la Guinée Equatoriale, le Congo Brazzaville, Gabon et le Cameroun.

En ce qui concerne les autres zones pétrolières mondiales, la diplomatie pétrolière chinoise y est présente et comparable à une véritable " toile d'araignée ".

En Amérique latine, zone d'influence des Etats-Unis, la Chine est tout aussi active. Durant sa visite dans plusieurs pays sud américains en novembre 2004, le président chinois HU JIN TAO a annoncé que la Chine investirait 100milliards de dollars en Amérique Latine au cours des 10 années à venir (Miginiac Jean Philippe ; 2006 : 13); (le président Jiang Zemin avait déjà effectué un tour d'Amérique Latine en 2001). Parmi les projets, un contrat énergétique de 10milliards de dollars au Brésil et plusieurs projets énergétiques au Venezuela, au Cuba, en Equateur, en Bolivie, au Pérou, en Colombie et en Argentine.

L'Asie centrale, qui concentre 6% (De Lestrange Cédric; Paillard Christophe Alexandre; Zélenko Pierre; 2005: 177) des réserves pétrolières mondiales, connaît également la présence de la Chine. En effet, la Chine y est active depuis 1997, quand la CNPC prit une participation de 60% dans la compagnie Casaque, Aktioubinsk oil. La Chine cherche tout particulièrement à renforcer sa présence au Kazakhstan, dans les champs pétroliers d'Aktioubinsk et d'Ouzen. Par ailleurs, Pékin et Moscou travaillent de concert à la cohésion des Etats du "Shanghai cooperation organization " (Chine, Russie, Kazakhstan, Kirghizstan, Tadjikistan, Ouzbékistan) pour leur permettre de mieux résister à l'enracinement des Etats-Unis dans la région depuis les attentats du 11septembre (Miginiac Jean Philippe ; 2006 : 13).

La diplomatie Chinoise du pétrole a même permis l'accès de Pékin aux ressources Canadiennes, directement dans " le jardin des Etats-Unis " (les ressources canadiennes sont actuellement considérées comme les deuxièmes réserves mondiales, derrière celles de l'Arabie Saoudite) (Miginiac Jean Philippe ; 2006 : 13). En 2004, à la suite de la visite en Chine du premier ministre canadien Paul Martin, les deux pays ont conclu une série d'accords énergétiques (canada-china statement on energy cooperation in the 21st Century) pour une implication de la Chine dans le développement des secteurs pétrolier, gazier et nucléaire canadiens. En avril 2005, PETROCHINA (filiale de la CNPC) et la canadienne ENBRIDGE signaient un mémorandum of understanding pour investir 2 milliards de dollars dans la construction d'un pipeline qui devrait transporter le pétrole canadien vers sa cote ouest, afin d'y être acheminé par tankers vers l'Asie. De nouveaux contrats sont par ailleurs en cours de signature entre les compagnies chinoises et canadiennes.

Ailleurs dans le monde, la Chine poursuit une politique identique de développement de ses participations. C'est ainsi qu'on retrouve la diplomatie pétrolière chinoise aux confins de la planète. Notamment en Australie, en Papouasie Nouvelle Guinée, en Indonésie, à Burma. Par ailleurs, proche de ses frontières, la diplomatie chinoise est engagée dans nombre de disputes territoriales avec ses plus proches voisins [Malaisie, Philippines, Taiwan, Vietnam, Bornéo (Iles Spratley et Paracel), Japon, etc.]. Derrière chacune de ces disputes, s'accumulent des réserves potentielles de pétrole ou de gaz.

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La dépendance énergétique (pétrolière en l'occurrence) de la Chine peut en partie expliquer son offensive dans les différentes zones pétrolières mondiales, notamment dans la sous région du golfe de guinée. Seulement, à l'analyse, elle ne peut à elle seule suffire à comprendre ou à véritablement cerner les différents contours de cette offensive. Aussi, sommes-nous amenés à aller chercher ailleurs, notamment en Afrique même, les véritables raisons de cette ruée. Le golfe de guinée étant de loin un géant pétrolier, comment comprendre cette offensive quasi systématique des principales puissances industrielles, notamment de la Chine dans cette sous région ? Qu'est-ce qui dans le golfe de guinée peut aider à comprendre les réelles motivations de cet assaut pétrolier chinois ?

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CHAITRE II :

LE GOLFE DE GUINEE : UNE ZONE PRIVILEGIEE DE LA SCENE PETROLIERE MONDIALE.

Comme l'écrit Alain Fogue Tedom (2008 : 133), "Au regard des attentes actuelles et surtout à venir des puissances industrielles par rapport aux ressources naturelles africaines en général et en particulier par rapport au pétrole du golfe de guinée, on est en droit de s'interroger sur la validité de l'analyse qui, au début des années 1990, soutenait l'idée qu'avec la fin de la guerre froide l'Afrique noire avait perdu tout intérêt stratégique pour les grandes

puissances ". Même si économiquement l'Afrique noire n'a qu'un poids marginal dans le commerce mondial, son sous- sol demeure l'un des plus riches du monde en matières premières. Le continent africain regorge en effet de nombreux gisements de pétrole dont l'industrie occidentale reste très demandeuse. Par ailleurs, à cause de son déficit d'autonomie stratégique et politique, elle offre aux compagnies étrangères la possibilité d'acquérir des concessions et de s'offrir des marchés captifs qu'elles ne peuvent trouver nulle part ailleurs (Fogue Tedom ; 2008 : 133). Cependant, malgré la richesse de son sous-sol en ces matières premières, l'Afrique noire, traversée par la corruption politique, est incapable de rationaliser leur gestion afin d'en tirer le meilleur profit.

Du fait de la place qu'il occupe désormais dans la géopolitique pétrolière mondiale, notamment dans la politique de diversification des sources d'approvisionnement énergétique des grandes puissances industrielles, le golfe de guinée est désormais un point névralgique de la scène pétrolière internationale. Sa position géostratégique, son important potentiel énergétique et les multiples atouts de son pétrole (section1), couplés à l'incapacité politique et technologique des autorités politiques locales à contrôler et à exploiter ses ressources (section 2), font de cette sous région une zone privilégiée de la scène pétrolière mondiale et une réponse éventuelle à la dépendance énergétique de la Chine.

SECTION I : Potentiel énergétique et atouts du brut du golfe de guinée

Troisième région mondiale productrice de pétrole, l'Afrique détient 10% (Kounou Michel ; 2006 : 16) des réserves mondiales et connaît depuis quelques temps une véritable ruée de la part des grands pays industrialisés. En effet, longtemps située dans un « angle mort » de la politique extérieure des principaux pays consommateurs (Etats-Unis, Chine, Japon), elle est aujourd'hui l'objet d'un véritable assaut. Jadis écartée des enjeux géostratégiques et des jeux des grandes puissances, l'Afrique en général et le golfe de guinée en particulier est devenu l'objet de convoitises des puissances consommatrices de pétrole.

Avant de procéder à une étude des différents atouts du brut du golfe de guinée (paragraphe 2), il serait judicieux au préalable de présenter le potentiel énergétique de cette sous région (paragraphe 1).

Paragraphe 1 : Le potentiel énergétique du golfe de guinée

Doté d'un potentiel énergétique important et de sources d'énergies diverses et variées (pétrole, gaz, biomasse, etc.), le golfe de guinée, jadis réputé pour la qualité de ses produits agricoles, est devenu depuis quelques années un véritable eldorado pétrolier (Ntuda Ebode ; 2004 : 44). Dans un contexte international marqué entre autre par la dépendance énergétique

des pays industrialisés (Etats-Unis, Chine, Japon, Union Européenne), le golfe de guinée regorge d'un pétrole non seulement réputé pour sa qualité, mais aussi et surtout des réserves en pleine croissance (A). Par ailleurs, le volume de la production y est particulièrement élevé

(B).

A- Des réserves de plus en plus impïrtantes

La région du golfe de guinée, où se concentre l'essentiel des réserves d'Afrique subsaharienne, est devenue depuis quelques années l'une des zones-phares de la scène pétrolière mondiale. Certes, elle n'est pas un " nouveau Moyen-Orient ", mais les réserves prouvées dans l'ensemble des pays de la région sont sans cesse revues à la hausse. Elles s'élèvent aujourd'hui à 55milliards de barils, soit 4.8% des réserves mondiales (Copinschi P. ; Noel Pierre. ; 2005 : 29).

L'Afrique subsaharienne, le golfe de guinée en particulier, compte des Etats détenteurs de pétrole ou en devenir dont les fonds terrestres et marins regorgent d'importantes réserves de pétrole brut. C'est par exemple le cas du Nigeria, de l'Angola et de la guinée Equatoriale.

Le Nigeria est de loin le pays détenteur de pétrole le plus important d'Afrique subsaharienne. Ses réserves prouvées sont passées de 31,5 milliards de tonnes en décembre 2002 à 35,2 milliards en avril 2005 (Kounou Michel ; 2006 : 33). Elles sont si importantes qu'elles représentent plus du double des réserves des autres Etats africains détenteurs (Kounou Michel ; 2006 : 33). En fin 2006, les réserves du Nigeria s'élevaient à environ 36,2 milliards de barils (Poissonnier H. ; Huissoud J. M ; 2008 : 20).

L'Angola quant à lui est un autre géant pétrolier africain, ses réserves s'élevaient en 2006 à 9 milliards de barils (Poissonnier H. ; Huissoud J. M ; 2008 : 20). Aux dernières évaluations, les réserves angolaises s'élevaient à 12 milliards de barils20(*).

Pour ce qui est de la guinée Equatoriale, ses réserves étaient estimées, en fin 2006, à 1,8 milliards de barils (Poissonnier H. ; Huissoud J. M ; 2008 : 20).

Tableau n° 3 : Productions et réserves d'hydrocarbures en Afrique (fin 2006)

Pétrole

Gaz

Pays

Réserv e milliar ds de barils

% mondi al

Réserv es en années de prod.

Prod. Millie rs de barils/ j

% mondi al

Réserv es (billion s de m3)

% mondi al

Réserv es en années

Prod. Milliar ds M3

% mondi al

Algérie

12.3

1.00 %

16.8

2005

2.20 %

4.5

2.50 %

53.2

84.5

2.90

Angola

9

0.70%

17.6

1409

1.80 %

 
 
 
 
 

Autre

0.6

0.10 %

24.6

68

0.10 %

1.21

0.70 %

100+

8.2

0.30

Cameroun

 
 
 

63

0.10

 
 
 
 
 

25

 
 
 
 
 

%

 
 
 
 
 

Egypte

3.7

0.30 %

15

678

0.80 %

1.94

1.10 %

43.3

44.8

1.60

0Gabon

2.1

20 %

25.3

232

0.30 %

 
 
 
 
 

Guinée Equatoria le

1.8

0.10 %

13.8

358

0.50 %

 
 
 
 
 

Libye

41.5

3.40 %

61.9

1835

2.20 %

1.32

0.70 %

88.9

14.8

0.50

Nigeria

36.2

3.00 %

40.3

2460

3.00 %

5.21

2.90

100+

28%.2

 

1.00 %

Rep. Du Congo

le)

(Brazzavil%

1.9

0.20

19.9

262

0.30 %

 
 
 
 
 

Soudan

6.4

0.50 %

44.2

397

0.50 %

 
 
 
 
 

Tchad

0.9

0.10 %

16.1

153

0.20 %

 
 
 
 
 

Tunisie

0.7

0.10 %

27.5

69

0.10 %

 
 
 
 
 

Total Afrique

117.2

9.70 %

32.1

9990

12.10 %

14.18

7.80 %

78.6

180.5

6.3 %

Sïurce : Enjeux n° 36 Juillet 2008, page 20.

Dans ce tableau, nous notons que dans la plupart de pays africains, les réserves et la production d'hydrocarbures (pétrole et gaz naturel) sont loin d'être négligeables. En effet, 2006, l'Afrique produisait un peu plus de 12% du pétrole mondiale et 6.3% de gaz. Les réserves de pétrolé s'élevaient quant à elles à 117.2 milliards de barils, soit 9.70 % des réserves mondiales. Pour ce qui est du gaz, en cette date, les réserves africaines s'élevaient à 14.18 millions de m3, soit 7.80 % des réserves mondiales.

B- Une prïductiïn massive

Le développement rapide de la production pétrolière en Afrique (plus 40% entre 1990 et 2004) permet au continent africain d'assurer aujourd'hui 12% de la production pétrolière mondiale (Poissonnier H. ; Huissoud J. M ; 2008 : 20) en augmentation constante depuis quelques années. La production africaine est en effet un élément clé de l'approvisionnement du marché mondial. Non pas que sa part dans la production totale soit très importante, mais l'homogénéité des produits pétroliers est telle que l'équilibre du marché, et donc le prix, sont déterminés par les « barils marginaux » (Charnoz Olivier ; 2003 :21).

Le secteur pétrolier africain, en pleine croissance, acquiert donc un poids stratégique supérieur au simple volume de sa production. A travers son pétrole, l'Afrique acquiert une nouvelle stature internationale, et suscite un regain d'intérêt stratégique. En effet, avec une production de 4 millions de barils par jour, dont l'essentiel provient du golfe de guinée, l'Afrique subsaharienne affiche une capacité de production s'élevant à 6 % des extractions mondiales. Davantage, dans 10 ans cette production aura augmenté de 30 % contre 16 seulement pour les autres continents (P. Bernard ; 2004 :4)2 e).

Dans le cadre de ce travail, nous présenterons la production du golfe de guinée à travers l'exemple des producteurs majeurs de la sous région, que sont : le Nigeria (1), l'Angola (2) et la Guinée Equatoriale (3).

1- Le NIGERIA

Récemment déclassé par l'Angola, le Nigeria est aujourd'hui le deuxième producteur africain de pétrole. La production pétrolière nigériane est restée jusque là concentrée dans les marécages du Delta du Niger au Sud, mais également en off shore, en 2006, elle s'élevait à 2460 millions de barils par jour (Poissonnier H. ; Huissoud J. M ; 2008 : 20), et pourrait avoisiner 4.4 millions de barils par jour en 2020 (Kounou Michel ; 2006 : 40). Seulement ces dernières années, eu égard aux attaques à répétition que subissent les installations pétrolières, la production connaît une certaine baisse. En effet, loin d'être sécurisée, la production nationale, après avoir fortement progressée entre 2002 et 2004, régresse à nouveau. Elle a chutée de 5 à 7 % selon les sources en 2006 et d'environ 4 % sur les huit premiers mois de 2007 (Maury Fréderic ; 2008 : 134).

Toutefois, pour certains analystes, avec la mise en service de nouveaux puits, la production connaîtra à nouveau une croissance régulière.

2- L'ANGÏLA

Eternel deuxième producteur de brut d'Afrique subsaharienne, en juin 2008, l'Angola a raflé la première place du palmarès au Nigeria (Meunier Marianne ; 2008 : 72). Une victoire symbolique, conséquence de la montée en flèche de sa production : multipliée par deux entre 2003 et 2007, elle a atteint 1,9 millions de barils par jour au premier semestre 2008 (Meunier Marianne ; 2008 : 72). L'avenir pétrolier de l'Angola parait radieux, le pays a rejoint l'organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) en janvier 2007 (Maury Fréderic ; 2008 : 138).

Entre 2004 et 2006, l'extraction pétrolière angolaise avait déjà progressé de 44% (Maury Fréderic ; 2008 : 138). Cette performance s'explique en partie, par la mise en production de nombreux champs en eaux profondes dont les perspectives ne cessent d'être révisées à la hausse. Selon les analystes, la production angolaise pourrait atteindre un pic à plus de 2.5 millions de barils par jour entre 2010 et 2012, avant de retomber à son niveau actuel en 2020 (Maury Fréderic ; 2008 : 136).

A partir de 2002, la stabilisation politique explique le « boom pétrolier » angolais. EXXON MOBIL, TOTAL, CHEVRON : les trois majors constituent le trio de têtes des opérateurs dans le pays. Derrière elles, le chinois SINOPEC exploite lui aussi sa part du brut, pour le plus grand bonheur de Pékin, premier acheteur du pétrole angolais. La société nationale

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d'hydrocarbures (SONANGOL, concessionnaire) dispose également d'une filiale active dans la production.

3- LA GUINEE EQUATORIALE

La Guinée Equatoriale a été pendant longtemps considérée comme un « désert en hydrocarbures » (Ewangue Lucien ; 2006 : 20). Cependant, avec la découverte dans les eaux territoriales équato-guinéennes d'importantes réserves de pétrole, cette perception a radicalement évolué. C'est avec la découverte du gisement de ZAFIRO par MOBIL en 1995, que le pays arbore véritablement la stature de pays producteur de pétrole, alors qu'il importait encore la totalité de son pétrole une décennie auparavant. Plusieurs champs importants sont exploités en permanence : ceux situés dans l'île de BIOKO (ALBA, ZAFIRO, et JADE) et ceux situés sur le continent (CIBA, etc.). En 1996, la production de brut s'élevait à 40.600 barils par jour (Kounou Michel ; 2006 : 4). Elle a augmenté lors des deux derniers exercices de l'ordre de 40%. C'est avec l'exploitation du gisement de Mbini, à 40km au sud de Bata que la capacité de production s'est vue renforcée.

Ce gisement serait actuellement le plus important du golfe de guinée, selon les premières estimations. Avec une augmentation de 20 %, la production de pétrole, favorisée par la découverte de nouvelles réserves, a presque triplé, passant d'environ 125 milles barils par jour en 2002 à 350 milles barils par jour en 2005. Le petit ruisseau pétrolier équato-guinéen s'est transformé en véritable torrent et on pourrait dépasser les 500 milles barils par jour à l'horizon 2010 (Kounou Michel ; 2006 : 44). MALABO se positionne aujourd'hui comme le troisième producteur au sud du Sahara et est devenu le premier producteur pétrolier de la zone CEMAC. Selon toutes les projections, les eaux profondes équato-guinéennes feraient de cet Etat, un des plus grands producteurs de pétrole de l'heure et des années à venir.

Au-delà de son potentiel énergétique important, le brut du golfe de guinée présente de nombreux atouts qui attisent les convoitises des principaux pays industrialisés, notamment la Chine dont la demande énergétique semble insatiable.

Paragraphe 2 : les atouts du brut du golfe de guinée

Plusieurs facteurs expliquent le regain d'intérêt actuel pour le brut du golfe de guinée. Ce pétrole, comme celui de l'Afrique noire en général présente des avantages qui le soumettent aux convoitises et aux rivalités des principales puissances consommatrices : sa qualité, sa situation offshore (A), ses atouts d'ordre économique (B), enfin le caractère incitatifs des régimes contractuels et fiscaux(C) dans les pays de la région.

A- Un pétrole de qualité et à l'abri des tensions sociales 1. La qualité du brut du golfe de guinée

Traditionnellement, deux critères déterminent la qualité du pétrole : sa viscosité (léger, moyen, lourd) et sa teneur en souffre (doux ou sulfuré) (Kounou ; 2006 : 29). En effet, plus il est léger et doux, meilleur est sa qualité. C'est par exemple le cas du "Bonny light" qui fournit de rendements élevés en essence. Le pétrole du golfe de guinée est réputé de bonne qualité, tant il est léger et doux. La qualité de ce pétrole en fait un produit très demandé par les puissances industrielles de l'heure, en l'occurrence la Chine.

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2. un pétrole à l'abri des tensions sociales

D'origine maritime pour l'essentiel, le pétrole du golfe de guinée est offshore, et par conséquent à l'abri des troubles sociaux et politiques. En effet, comme le souligne robert MURPHY, conseillé pour l'Afrique au département d'Etat Américain, situés pour la plupart en mer, les gisements du golfe de guinée sont relativement à l'abri des troubles sociaux et politiques qui pourraient subvenir dans la région. La production offshore présente en effet l'avantage de limiter les interactions potentiellement explosives entre les compagnies et les populations locales. Le risque politique, du point de vue des compagnies en est réduit d'autant. Si l'instabilité politique est dans certains pays comme le Nigeria l'un des problèmes majeurs entravant la croissance de la production, en Angola et au Congo Brazzaville, la quasi-totalité de la production est offshore, c'est ce qui en partie explique le fait qu'elle n'ait jamais été interrompue malgré les conflits qui s'y sont déroulés (Copinschi P. ; Noel P ; 2005 : 31).

B- Les avantages d'ordre économique

Les avantages d'ordre économique tiennent aux spécificités de la région elle-même, ces spécificités sont liées à la nature géologique des zones prospectées. En effet, pour NTUDA EBODE (2004 : 47) :

" Celles-ci permettent de réduire les délais entre la mise à jour des découvertes et leur exploitation. Les investisseurs pouvant ainsi rapidement récupérer leurs capitaux. Comparée à la mer du Nord, la région bénéficie en outre d'un climat plus clément, ce qui facilite les opérations au large des cotes. Par ailleurs, son taux de réussite de forage des puits d'exploitation est d'environ 50%, alors qu'il n'est que de 10% dans le reste du monde. Davantage, 50 à 60% des puits d'exploration qui y sont forés permettent de découvrir un gisement d'une capacité supérieure à 100 millions de barils ".

Bien plus, les Etats pétroliers de la région sont largement ouverts aux investisseurs étrangers et aucun n'a jamais véritablement nationalisé les activités pétrolières, pas même le Nigeria et l'Angola pourtant membres de l'OPEP. Il est par conséquent plus facile d'agir sur le prix de leur production pétrolière. Contrairement au Moyen-Orient, au Mexique, au Venezuela, à la Russie ou encore à l'Afrique du Nord, l'Afrique subsaharienne fait pleinement partie du segment concurrentiel de l'industrie pétrolière internationale.

De plus, la facilité d'évacuation est un atout supplémentaire face à d'autres régions comme l'Asie centrale dont l'enclavement constitue l'un des principaux obstacles à la croissance de la production. Enfin, le coût d'exploitation est relativement bas, car les bassins étant proches des côtes, il est facile de faire passer sans frais de transport supplémentaires, le pétrole des puits de forage vers les tankers.

C- Des régimes contractuels et fiscaux incitatifs

Les conditions contractuelles et fiscales y sont particulièrement incitatives. Il s'avère que les producteurs pétroliers africains traitent avec désinvolture les relations contractuelles avec les grandes ou moyennes compagnies exploiteuses du pétrole africain (Kounou Michel ; 2008 : 10). En effet, les gouvernements africains, du fait des difficultés financières auxquelles ils

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sont confrontés, ont tendance à assouplir les législations et les régimes fiscaux applicables aux compagnies pétrolières étrangères. Ainsi, il est en effet assez curieux de constater que les associations (joint-ventures), jadis prisées depuis les années 1970 par les gouvernements africains, sont presque systématiquement remplacées par des contrats de partage de la production(CPP), rédigés en des termes généralement plus avantageux pour les compagnies étrangères (Kounou Michel ; 2008 : 10). La Guinée Equatoriale constitue dans ce sens un véritable cas d'école. En effet, la répartition des bénéfices du pétrole n'y est pas favorable à l'Etat, qui ne recueille que 25% du chiffre d'affaire, abdiquant 75% aux compagnies étrangères. Pour attirer les investissements étrangers, les autorités ont cru devoir à ce point brader le pétrole, même si aujourd'hui Malabo proclame qu'avec les nouveaux contrats, cette part ténue des dividendes pétroliers s'élèvera à 40%.

En Angola, plusieurs compagnies se distribuent les puits et intérêts pétroliers, au détriment de la compagnie nationale Angolaise (SONANGOL).Cette dernière procède généralement par joint-venture pour des gisements offshore du Cabinda, et se trouve en minorité depuis des années -SONANGOL (41%), Cabinda Gulf Oil Chevron (39.2%), Agip (9.8%) et Elf (10%) (Kounou Michel ; 2008 : 11).

Au Nigeria, deux principales associations lient la société nationale aux compagnies

étrangères. La première regroupe la NNPC (55%) et Shell (45%) ; tandis que la deuxième est constituée de la NNPC (60%) et EXXON MOBIL, Chevron Texaco, ENI/Agip et TotalFinaElf (40%) (Favennec JP ; Copinschi P. ; 2003 : 137). Dans les négociations des contrats pétroliers, contrairement aux autres pays producteurs africains, le Nigeria s'en sort relativement mieux. En effet, dans les deux contrats signés avec les compagnies étrangères, la part de la compagnie nationale NNPC est nettement supérieure, au regard des chiffres publiés.

Au total, on s'aperçoit de manière générale que quelle que soit la modalité contractuelle retenue, les compagnies pétrolières étrangères engrangent d'énormes profits. Elles s'accaparent en effet d'une part importante de la production pétrolière africaine pour en tirer un plus grand bénéfice sur les marchés internationaux. D'un point de vue purement réaliste, l'attitude de ces compagnies s'avère être assez compréhensive. Mais, ce qui est tout de même curieux, c'est le fait que ce soit avec la complicité des africains qu'elles parviennent ainsi à spolier le continent de ses richesses.

Donc, dans le souci de mieux cerner les différents contours de cette offensive chinoise dans la sous région, il est nécessaire d'intégrer à notre analyse la volonté de la classe dirigeante africaine à servir cette initiative ou du moins à faciliter sa mise en oeuvre.

SECTION II : L'incapacité politique et technologique des dirigeants à contrôler et à exploiter les ressources.

Parmi la panoplie de raisons qui pourraient être évoquées pour expliquer l'offensive pétrolière de la Chine dans le golfe de guinée, le caractère prépondérant de l'incapacité politique et technologique des dirigeants à contrôler et à exploiter les ressources s'impose à l'analyste. Ainsi, le déficit d'autonomie politique et stratégique, compris comme étant l'absence ou l'insuffisance d'autonomie dans la définition des objectifs politiques et la gestion des affaires publiques, nous permettra de démontrer qu'en réalité, l'extraversion étatique, caractéristique de l'Etat postcolonial africain est une cause prépondérante de la ruée de pékin dans la sous région depuis quelques années. En effet, à travers ces pans de souveraineté

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que les pays africains en général, et ceux du golfe de guinée en particulier concèdent à leurs partenaires extérieurs dans la définition, voire l'orientation de leur gestion quotidienne, la possibilité pour ces derniers de transformer ces espaces au mieux de leurs intérêts demeure élevée. C'est donc cette possibilité de pouvoir influer sur l'orientation des politiques locales qui structurent majoritairement l'offensive de pékin, comme celle des autres puissances industrielles dans la sous région.

Aussi, l'étude minutieuse de cette extraversion étatique nous permettra-t-elle de mieux cerner les différents contours de cette incapacité politique des dirigeants à contrôler et à exploiter les ressources (paragraphe 1). Par ailleurs, à travers la faible demande énergétique des pays de la sous région liée à une sous industrialisation, nous étudierons cette incapacité technologique (Paragraphe 2).

Paragraphe 1 : L'incapacité politique

Il sera question ici de démontrer que le déficit d'autonomie politique et stratégique dont souffrent les Etats du golfe de guinée peut être invoqué pour expliquer l'incapacité des autorités politiques locales à contrôler et à exploiter les ressources. C'est dire que l'offensive de la Chine dans le golfe de guinée pourrait en partie s'expliquer par la possibilité qu'a Pékin de pouvoir influer sur la gestion de la question pétrolière de ces Etats. Le déficit d'autonomie politique et stratégique entretenu à la fois par l'élite politique africaine et par les puissances étrangères constitue une passerelle que pékin pourrait utiliser pour mettre en oeuvre ses objectifs.

Cette incapacité politique sera analysée ici à travers l'extraversion des Etats de la sous région (A). Il sera ensuite question de montrer que le pétrole du golfe de guinée est politiquement à la portée des multinationales à visée stratégique, chinoise en l'occurrence

(B).

A- L'extraversion des Etats du golfe de guinée : un élément structurant de leur incapacité politique à contrôler et à exploiter leurs ressources

L'incapacité politique de la classe dirigeante africaine à contrôler et à exploiter les

ressources, peut à plusieurs égards se présenter comme la conséquence de leur extraversion étatique. En effet, le concept d'extraversion étatique en Afrique noire renvoie à la question centrale du déficit d'autonomie stratégique et politique dont souffrent de nombreux pays. Il met en lumière les espaces de souveraineté que les pays africains laissent à leurs partenaires étrangers pour l'élaboration de leurs politiques. Nombre de pays africains en effet, au mépris de la maxime chère à Georges Washington (1732-1799) selon laquelle, aucune nation ne doit être crue au-delà de son intérêt, associent leurs partenaires étrangers, (la Chine en l'occurrence) à la définition des sujets vitaux pour leur indépendance et leur survie. Cette situation les prive ainsi de toute autonomie stratégique. De ce fait, ces derniers deviennent incapables de maîtriser ou de contrôler, même de façon relative, leur destin politique, stratégique et économique. Du fait de cette extraversion, leurs partenaires étrangers ont la possibilité d'influer sur la gestion de la question pétrolière, comme sur celle d'autres questions importantes. C'est justement cette capacité à pouvoir influer sur la définition, voire l'orientation de la question pétrolière dans ces Etats qui explique en majeur partie l'offensive de pékin, comme celle des autres puissances industrielles dans la sous région du golfe de guinée.

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En effet, le golfe de guinée étant de loin un géant pétrolier, l'offensive dont il est aujourd'hui l'objet de la part des grandes puissances industrielles s'explique davantage par cette possibilité pour ces dernières de pouvoir interférer dans la gestion de leur politique pétrolière. Avec plus de pétrole que le golfe de guinée, la Russie par exemple, en raison de sa maturité stratégique n'est pas l'objet des mêmes convoitises.

Toutefois, il est important de préciser que cette extraversion est la résultante de la rencontre des intérêts des partenaires étrangers qui, en l'organisant se sont ménagés des monopoles économiques et des marchés captifs à travers le continent d'une part, et d'autre part, celui d'une classe dirigeante africaine désireuse de prendre appui sur des alliés extérieures pour se maintenir au pouvoir contre la volonté de leurs peuples.

B- Un pétrole politiquement à la portée des multinationales

Intentionnellement, les régimes africains ont préféré faire dépendre leur pouvoir des soutiens extérieurs, dans le but d'imposer plus facilement leur autorité à leurs populations. C'est ce qui explique la perte de monopole politique des dirigeants sur la gestion de la question pétrolière, comme d'ailleurs dans plusieurs autres secteurs clés de la vie nationale. Cette perte de monopole entraîne une dépendance voire une vulnérabilité de l'élite politique africaine en même temps qu'elle permet à ses partenaires étrangers de transformer l'espace africain au mieux de leurs intérêts. C'est dire que eu égard à la collusion d'intérêts entre l'élite politique africaine en général et celle du golfe de guinée en particulier, et les multinationales à visée stratégique, les ressources africaines sont désormais politiquement à la portée de ces dernières. C'est ce qui explique majoritairement cette ruée quasi systématique des grands pays industrialisés, notamment de la Chine dans la sous région du golfe de guinée.

L'opacité créée et entretenue autour du volume réel de la production de pétrole illustre assez cette réalité. En effet, la ruée des multinationales pétrolières en Afrique s'explique en partie par la difficulté, voulue et entretenue, des autorités politiques locales à instituer un contrôle hermétique sur le volume réel de la production quotidiennement extrait des entrailles du continent (Kounou Michel ; 2006 : 116). C'est ce qui explique d'ailleurs l'intensité avec laquelle cette ressource stratégique est pompée.

Les méthodes utilisées pour entretenir le flou autour du volume réel de la production sont multiples et variées. La première méthode (la plus utilisée), consiste à sous estimer la quantité de brut vendu ou la quantité livrée, en contre partie des substantielles commissions versées par les acheteurs (Airault Pascal ; 2008 : 33). C'est donc dire que c'est volontairement et surtout complaisamment que les autorités politiques locales se fient aux chiffres fournis par les compagnies étrangères. Davantage, le phénomène de « tankers fantômes », dont la cargaison s'évapore sans laisser de traces, est une autre méthode couramment utilisée. Ces fameuses " cargaisons fantômes" (Airault Pascal ; 2008 : 33), ces tankers non déclarés dont le contenu s'évapore mystérieusement, constituent malheureusement un phénomène à la mode dans le golfe de guinée.

Ainsi, à travers ces différentes méthodes, les compagnies pétrolières réussissent à entretenir le flou autour du volume réel de la production extraite quotidiennement, ceci avec la complicité bienveillante des autorités politiques locales. Cette complaisance relève elle-même d'un fait : l'incapacité technologique.

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Paragraphe 2 : Incapacité technïlïgique

L'incapacité technologique des Etats du golfe de guinée à exploiter les ressources est étroitement liée à leur déficit d'autonomie politique et stratégique. En effet, l'extraversion dont souffrent ces Etats, se caractérisant par une absence de vision stratégique et de volonté politique, peut être évoquée ici pour expliquer cette incapacité technologique des Etats à exploiter et à transformer eux-mêmes leurs ressources. La faiblesse de la consommation énergétique locale (A), liée à l'absence voire à l'insuffisance de structures de raffinage (B) nous permettra donc d'étudier cette incapacité technologique.

A- La faiblesse de la demande énergétique lïcale

Si le golfe de guinée est aujourd'hui désigné comme la réserve mondiale d'hydrocarbures, c'est moins parce qu'il détient les plus importantes réserves que parce qu'il regorge d'un pétrole facile d'accès pour les puissances industrielles en raison de la faible demande des pays de la sous région comparée à leur capacité de production (Fogue Tedom ; 2008 : 163). Le regain actuel pour le golfe de guinée s'explique donc aussi par l'incapacité des Etats à exploiter eux-mêmes leurs ressources, mais également par leur faible besoin en énergie lié à une sous industrialisation. Comme l'affirme Géraud Magrin (2008) " La consommation énergétique en Afrique sub-saharienne est en effet très faible et estimée à 0,5 tonne équivalent pétrole (tep)/an/habitant, contre 4 en Europe et 8 aux Etats-Unis". La faible consommation d'énergie est à la fois un symptôme de pauvreté et un obstacle à l'amélioration économique et sociale : l'insuffisance et le coût de l'énergie pénalisent l'industrie, le transport et toutes les activités modernes. De plus, l'accès aux énergies modernes (électricité, gaz, produits pétroliers) est très limité. Les énergies dites traditionnelles, issues des matières premières renouvelables (bois et charbon de bois) et de sous-produits agricoles (résidus de culture, déjections animales), occupent une place prépondérante.

Si le continent dispose d'importantes ressources, (énergie renouvelable ou d'énergie fossile), celles-ci sont très nettement sous-exploitées. La consommation énergétique est de ce fait très faible en Afrique, ne représentant que 5,5 % de la consommation mondiale pour une démographie équivalente à 13 % de la population de la planète (Leroux Florence ; 2004). Elle s'oriente essentiellement vers la biomasse, composée notamment du bois de chauffe et de ses dérivés

Quand la rareté, l'inaccessibilité et la pauvreté se conjuguent pour limiter l'usage de ces sources modernes ou traditionnelles, le recours à l'énergie animale (dromadaires, bovins, équins) ou humaine s'impose. Dans les pays les plus riches en ressources mais pauvres en énergie disponible, la dépendance énergétique et pétrolière illustre la sous valorisation des potentialités naturelles.

B- L'insuffisance de structures de raffinage

L'insuffisance des structures de raffinage est une parfaite illustration de cette incapacité technologique des Etats à exploiter et à transformer eux-mêmes les ressources. En Afrique subsaharienne, et dans le golfe de guinée en l'occurrence, les activités d'exploration, de production, de raffinage et de commercialisation pétrolière ; de même que les technologies utilisées, autant que les capitaux investis, sont et demeurent étrangers. Les pays de la sous région concèdent leur souveraineté en matière pétrolière à des multinationales à visée stratégique. C'est ce qui explique en partie leur incapacité à pouvoir mettre en oeuvre une

33

politique pétrolière logique et cohérente. Ainsi, ils ne sont toujours pas en mesure de structurer une stratégie lucide de gestion de toute la problématique pétrolière. De ce fait, seules quelques petites raffineries ont été construites pour des besoins immédiats des entreprises étrangères basées localement, et ces petites raffineries n'opèrent que dans des conditions minimales, c'est-à-dire en dessous de leurs capacités (Favennec JP ; Copinschi Philippe ; 2003 : 142).

Les quantités de pétrole raffinées localement sont en effet extrêmement faibles, pour ne pas dire insignifiantes. Davantage, les opérations de raffinage et la détermination des coûts des produits raffinés chez eux leur échappent et leur échapperont encore, tant et aussi longtemps que demeurent les lois commerciales roublardes et iniques actuelles (Kounou Michel ; 2008 : 10). L'insuffisance criarde de structures de raffinage sur l'ensemble du continent peut en partie s'expliquer par une volonté occidentale de maintenir une sorte de " tutelle technologique " dans ses relations avec l'Afrique. En effet, dans les relations qu'elle entretient avec l'Afrique, l'Occident, tout comme les autres partenaires entendent perpétuer la dépendance technologique de l'Afrique.

Le Nigeria par exemple, un géant pétrolier africain ne dispose que de quatre raffineries à port Harcourt Rivers state I (150.000 barils/jours), à Warri (118.000), à Kaduna (110.000), à port Harcourt-Alésa Eleme II (60.000) (Kounou Michel ; 2006 : 59). Ses capacités de raffinage sont largement suffisantes, mais ne couvrent pas les besoins internes ; c'est dire que le Nigeria se trouve dans une situation ambivalente d'un pays ayant les moyens de fournir suffisamment de pétrole raffiné à sa population ,mais paradoxalement, le pays continue à subir les contrecoups de pénuries à la pompe. Voilà pourquoi le gouvernement a pris des mesures visant à emmener les compagnies pétrolières à raffiner au moins 50% du pétrole au pays à partir de 2006 (Kounou Michel ; 2006 : 61). Cependant, les raffineries nigérianes sont en proie à des problèmes multiples, qui incluent des actes de sabotage, des incendies spontanés, une négligence chronique de la maintenance et la corruption. Tous ces maux ont contribué à la baisse de la production du pays. L'Angola, premier producteur de brut africain depuis juin 2008 (Meunier Marianne ; 2008 : 72), ne dispose paradoxalement que d'une raffinerie digne de ce nom, la Fina petroleos De Angola. Située à Luanda, elle a une capacité de traitement journalier de (39.000 barils/jours). Quant à la Guinée Equatorial, jusqu'en fin 2006, elle ne disposait toujours pas de structures de raffinage.

Tableau n° 4 : Dotation en raffineries et activités de raffinage des Etats pétroliers africains en janvier 2005

 

Nombre de
raffineries
1er/1 2005

Localisation et capacité des

raffineries en baril/j au 1er janvier 2005

Terminaux importants d'évacuation rapide au 1er janvier 2005

Nigeria

4

Port Harcourt-Rivers State

(150 000 barils/j), warri

(118 750), Kaduna (110 000), Port Harcourt-Alesa Eleme (60 000).

Bonny Island, Bass River, Escravos, Forcados, Odudu, Pennington, Kwa Iboe

Angola

1

Fina Petroleos De Angola, Luanda (39 000).

Luanda, malango (Cabinda), Palanca,

Quinfuquenn

Congo

Brazzaville

1

Congolaise de raffinage (CORAF), pointe noire (21 000)

Pointe Noire

Guinée

Equatoriale

0

 

Proposition pour Bioko en 2007

Gabon

1

Sogara, Port Gentil (17 300)

Cap Lopez, Oguendjo, Gamba.

Soudan

4

El Gily (50 000), Khartoum

(50 000), Port Soudan (21 700), El Obeid (10 000)

Port Gentil Offshore, Lucina. M'bya

Port- Soudan

Cameroun

1

SONARA

Limbé, Kribi

Afrique du Sud

4

Shell/BP-Durban (172 000), Caltex-Cape Town (110 000), Engen-Durban (150 000), National petroleum- Sasolburg 8 747)

Durban; Cape Town, Sasolburg.

RD Congo

1

 

-

Côte-d'Ivoire

1

Abidjan, (65 200).

Abidjan

Tchad

0

-

-

Ghana

1

Tema (45 000)

Accra

Bénin

0

-

-

Mauritanie

0

-

-

Sao Tome & Principe

0

Freetown (10 000)

Freetown

Sïurce : Michel KOUNOU, Op.cit., page 60

De ce tableau, il ressort clairement que malgré la place de plus en plus importante qu'ils occupent dans le paysage pétrolier mondial aujourd'hui, les pays africains demeurent très faiblement dotés en raffineries. Cette absence ou cette insuffisance de structures de raffinage explique en partie les fréquentes pénuries de pétrole à la pompe, malgré le fait que ces pays soient d'importants détenteurs et producteurs de pétrole.

Si l'offensive pétrolière chinoise en Afrique en général, et dans le golfe de guinée en particulier, s'explique à la fois, par un important besoin énergétique interne liée à une croissance de la demande nationale, les atouts du pétrole et de la région du golfe de guinée, couplés au déficit d'autonomie politique et stratégique dont souffrent les Etats de la sous région constituent à l'analyse le modus vivendi de cette offensive chinoise. De ce fait, dans la nouvelle ceinture pétro stratégique qu'est aujourd'hui le golfe de guinée (Owona Nguini E.M. ; 2008 : 6), le redéploiement stratégique des grandes puissances industrielles étatiques (Chine en l'occurrence) constitue le principal centre d'intérêt de notre étude. C'est dire qu'après avoir procédé à l'analyse des motivations de l'offensive pétrolière chinoise dans le

golfe de guinée, il est désormais question de s'intéresser aux stratégies mises en oeuvre par pékin pour accéder au pétrole. Aussi, est-il important pour nous de mener une étude de la démarche suivie par la Chine pour accéder au pétrole du golfe de guinée d'une part, et de l'impact politique de cette offensive chinoise sur l'évolution de la démocratie et de la paix en Afrique en général, et dans le Golfe de Guinée en particulier, d'autre part.

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DEUXIEME PARTIE :

DE LA STRATEGIE PETROLIERE CHINOISE ET DE SON IMPACT POLITIQUE

EN AFRIQUE

Eu égard à la compétition économico- diplomatique que se livrent les pays industrialisés pour le contrôle des ressources pétrolières africaines en général et le pétrole du golfe de guinée en particulier, il devient particulièrement intéressant d'analyser les différentes démarches utilisées par ces derniers. En effet, dans un contexte africain marqué par une concurrence accrue des différentes firmes multinationales pour un accès préférentiel au pétrole, leur capacité à mettre en oeuvre de nouvelles stratégies, à se démarquer de leurs concurrents, garantira le succès de leurs différentes initiatives. La Chine, nouvel acteur étatique majeur de la scène pétrolière africaine, déploie elle aussi des stratégies lui permettant non seulement de se distancer des autre puissances industrielles présentes sur le continent, mais de s'octroyer cette ressource stratégique tant convoitée (chap.3).

Par ailleurs, la Chine ne plaçant aucune condition politique autre que la non-reconnaissance de Taiwan à l'établissement des relations diplomatiques avec ses partenaires africains, son soutien aux régimes africains pourrait constituer une sorte de caution politique à leur gestion archaïque de la société et provoquer un immobilisme politique, réveillant ainsi en eux l'habitus autoritaire. Aussi, le processus de démocratisation laborieusement entamé en Afrique dans les années 1990, risque-t-il d'être sérieusement entravé, ceci du fait du soutien de la Chine aux régimes africains. C'est dire que dans sa détermination à soutenir ses partenaires africains qui lui fournissent du pétrole et bien d'autres matières premières, la Chine pourra constituer un sérieux frein à la démocratie et à la paix en Afrique (chap.4).

CHAPITRE III

:

DE LA STRATEGIE PETRÏLIERE CHINÏISE DANS LE GÏLFE DE GUINEE

Dans son étymologie grecque, la stratégie signifie : « conduire la guerre ». C'est le général prussien Friedrich Wulheim Bülow qui vulgarise ce concept en 1794. Au-delà des définitions courantes élaborées par les grands stratégistes classiques, de Karl Von Clausewitz à Basil h. Liddel Hart et à Raymond Aron, qui considèrent la stratégie comme étant l'art d'employer les forces militaires pour atteindre les résultats fixés par la politique. Dans le cadre de ce travail, nous concevons la stratégie comme étant l'art de cordonner des actions, de manoeuvrer habilement pour atteindre un but. Il sera donc question d'étudier les différentes manoeuvres ou démarches utilisées par la Chine pour s'octroyer du pétrole dans le golfe de Guinée.

Dans sa quête et sa conquête du pétrole africain en général, et celui du golfe de guinée en particulier, la Chine a mis en oeuvre une stratégie énergétique globale, se déployant aussi bien dans les domaines politiques et économiques (section 1), que diplomatiques et militaires (section 2).

37

SECTION I : Les piliers politique et économique de la stratégie pétrolière chinoise

Dans son déploiement stratégique autour du pétrole du Golfe de Guinée, la politique et l'économie constituent deux socles importants sur lesquels repose l'offensive chinoise. En effet, dans la course qui l'oppose aux autres puissances industrielles en Afrique pour la quête et le contrôle des ressources, la Chine a choisi de faire reposer sa stratégie sur deux importants piliers : la politique et l'économie. De ce fait, son soutien aux régimes africains, sous le couvert des principes de neutralité et de non-ingérence (paragraphe 1) constitue le pilier politique de cette stratégie. Par ailleurs, s'étant rendu compte de l'important déficit infrastructurel dont souffrent ses partenaires africains, Pékin a logiquement choisit de faire reposer son offensive économique sur une dotation en infrastructures (paragraphe 2).

Paragraphe 1 : L'instrumentalisation des principes de neutralité et de non-ingérence

Alors que la problématique qui structure la scène politique africaine au lendemain de la guerre froide porte sur la démocratisation, la Chine se présente comme un soutien inconditionnel aux régimes africains (Fogue Tedom ; 2008 : 158). Ce soutien se matérialise par une démarche assez subtile de la Chine consistant à se réfugier derrière certains principes consacrés du droit international : à savoir les principes de neutralité et de non-ingérence. Il est en effet assez curieux de constater que pendant que les chancelleries occidentales et l'ensemble de la communauté internationale décrient régulièrement la gestion archaïque du pouvoir en Afrique, la Chine quant à elle se complait à une non prise de position, invoquant de façon quasi permanente les principes de neutralité et de non-ingérence. D'où la nécessité pour nous de nous interroger sur le sérieux de cette attitude. Aussi, serait-il judicieux dans un premier temps de présenter de façon assez sommaire le contenu de ces principes consacrés de droit international (A), pour ensuite montrer l'instrumentalisation que pékin fait de l'utilisation de ceux-ci (B).

A- La neutralité et la non-ingérence : deux principes consacrés de droit international

La non-ingérence ou la non-intervention est un principe de droit international renvoyant à une interdiction faite à un Etat d'interférer dans le domaine de compétence d'un autre Etat, en vertu des principes d'égalité et de souveraineté des Etats.

La neutralité quant à elle est un acte unilatéral par lequel un Etat renonce ponctuellement ou de façon permanente à intervenir dans un conflit armé international, ou le cas échéant à prendre position vis-à-vis de la gestion interne d'un autre Etat.

C'est dire que sur un plan purement normatif, la non prise de position de la Chine par rapport à la gestion interne de ses partenaires africains est tout à fait compréhensible. La Chine, tout comme les autres Etats de la scène internationale dans leur collaboration avec les pays africains devraient respecter la souveraineté de ces derniers, en évitant toute forme d'ingérence. Cette conformité, du moins formelle, de la Chine au droit international devrait à priori être saluée. Seulement, il serait assez naïf de croire que la Chine engagée qu'elle est dans la course aux hydrocarbures en Afrique puisse autant se soucier du respect du droit international. Croire ainsi à la bonne foi de la Chine dans de pareilles circonstances serait faire preuve d'un angélisme coupable. S'inscrivant dans une perspective essentiellement réaliste, la Chine instrumentalise à merveille le droit international à des fins politiques.

38

B- La lïgique d'instrumentalisatiïn

Dans les relations que la Chine entretient avec ses partenaires africains, la neutralité et la non ingérence ne sont en réalité que des instruments au service de sa quête de pétrole. La Chine ne respecte pas uniquement ces principes en tant que textes consacrés, mais s'en sert pour atteindre son objectif (accéder au pétrole de la sous région). En effet, pour les dirigeants africains, la non prise de position de la Chine vis-à-vis de leur gestion interne constitue une sorte de caution politique à leur action, surtout dans un contexte où ils sont au quotidien critiqués pour leur gestion quelque peu rudimentaire du pouvoir. En adoptant cette attitude, Pékin espère se rapprocher davantage des dirigeants africains et obtenir un accès préférentiel à leurs ressources, le pétrole en l'occurrence.

En se réfugiant derrière le principe de neutralité, la Chine refuse de juger l'action des dirigeants africains et ne pose pas de condition politique autre que la non reconnaissance de Taiwan à l'établissement des relations diplomatiques avec ses partenaires africains. Ceci, contrairement aux occidentaux qui, sous la pression de leurs électeurs, exigent (du moins officiellement), le respect de la démocratie, des droits de l'Homme et des libertés individuelles comme pré-condition à l'établissement des relations de coopération. C'est dire que dans le but de mieux rassurer ses partenaires, la Chine entend fonder ses relations sur la non-ingérence et la neutralité. Cette disposition du partenariat stratégique sino-africain s'inscrit dans la panoplie des actes de rupture avec le modèle de développement et de coopération promu par les anciennes puissances coloniales. Elle constitue une perpétuation de la logique de bloc qui veut que la Chine et l'Afrique, même après la fin de la guerre froide, s'identifient au même camp. En effet, pour la Chine, la variable démocratique ne doit aucunement influencer ses relations avec les dirigeants africains. Ce soutien de la Chine aux régimes africains en indélicatesse avec la communauté internationale s'illustre parfaitement au Nigeria. Dirigé d'une main de fer par le général Sani ABATCHA arrivé au pouvoir après un coup d'état en 1993, le Nigeria est officiellement mis au banc de la communauté internationale. Pour apporter son soutien au pays et le sortir de son isolement international, le premier ministre chinois y effectue en 1997 une visite officielle. Cette visite est perçue par le gouvernement sanguinaire nigérian comme un soutien politique majeur. D'ailleurs, quelques mois plus tard, elle aboutit à la signature de deux protocoles de coopération portant sur la prospection chinoise dans le Bassin du Tchad et dans le delta du Niger (Fogue Tedom; 2008 : 159).

En ce qui concerne le principe de non- ingérence, la démarche chinoise est la même et vise le même objectif. En invoquant cet autre principe, pékin peut alors soutenir les régimes africains peu soucieux de la notion de gouvernance. La Chine se présente donc comme une alternative aux régimes occidentaux jugés trop pressants sur les pratiques démocratiques. Mais, ce qui compte pour la chine, c'est l'accès au pétrole, peu importe les moyens.

Comme nous avons pu le constater, sur le plan politique, la stratégie chinoise d'accès aux ressources de la sous région repose sur une habile instrumentalisation des principes de neutralité et de non-ingérence. Cette stratégie lui permet de se rapprocher davantage des dirigeants africains, favorisant ainsi une étroite collaboration dans le domaine énergétique. Par ailleurs, l'important investissement infrastructurel chinois en Afrique en général et dans le golfe de guinée en particulier suscite des interrogations. En effet, pékin semble vouloir s'appuyer sur cette dotation infrastructurelle pour accéder au pétrole.

39

Paragraphe 2 : Pétrïle cïntre infrastructures

L'absence criarde d'infrastructures en Afrique a très vite été constatée par la Chine et semble selon toute vraisemblance être le socle sur lequel repose sa stratégie économique d'accès aux ressources. Pour obtenir de nouvelles concessions pétrolières ou des contrats pétroliers à long terme, la Chine propose en échange de construire des infrastructures routières, ferroviaires ou hydrauliques chez ses fournisseurs en hydrocarbures. Tout se passe, comme si les dirigeants africains avaient sous-traité aux Chinois leurs responsabilités étatiques: construire des routes et des chemins de fer, des logements, des réseaux d'eau et d'électricité. Dans une posture essentiellement clientéliste, pékin propose à ses partenaires africains la réalisation des projets d'infrastructures, en contre partie d'exportations de pétrole vers la Chine. S'il est vrai que cette pratique est observable sur l'ensemble du continent, dans le cadre de ce travail, l'accent sera mis sur les pays du golfe de Guinée. Notamment, le Nigeria (A), l'Angola (B) et la Guinée Equatoriale (C).

A- Le Nigeria

Pour obtenir des exportations de pétrole vers la Chine, pékin a conclut avec les autorités fédérales nigérianes plusieurs accords de partenariat dans le domaine des infrastructures. Le besoin urgent du Nigeria en infrastructures rencontre une industrie chinoise de la construction très compétitive au niveau international. Aussi, Le président Nigérian, Umaru Yar'Adua, a-t-il préconisé la mise en place d'un partenariat stratégique mutuellement bénéfique entre les deux parties, pour le développement rapide du secteur de l'énergie et des infrastructures de transport du Nigeria sous la houlette de la Chine. En effet, lors d'une visite officielle en Chine en février 2008, Umaru Yar'Adua a déclaré au chef de l'Etat chinois que son administration mettait déjà en place un cadre réglementaire pour l'implication des investisseurs privés étrangers dans le développement des infrastructures publiques au Nigeria."Le Nigeria est au point de départ de son voyage vers l'année 2020, où nous espérons nous joindre au groupe des vingt pays les plus industrialisés du monde", a déclaré

M. Yar'Adua. "Nous avons besoin de ce partenariat stratégique avec la Chine qui, nous en sommes convaincus, sera mutuellement bénéfique pour les deux pays. Nous nous penchons sur le rôle que la Chine peut jouer dans des secteurs essentiels comme ceux de l'électricité, de l'énergie et du transport. Je suis également sûr que vous vous intéressez au rôle que peut jouer le Nigeria pour la garantie de la sécurité énergétique en République populaire de Chine", a poursuivi le chef de l'Etat nigérian. Il a insisté sur le fait que son pays a besoin des investissements étrangers directs de la Chine pour développer ses infrastructures de

transport, particulièrement les voies ferrées et les voies navigables et pour développer son réseau d'approvisionnement en gaz domestique, ainsi que sa production et sa distribution d'électricité. De ces différentes prises de positions du président Nigérian il ressort clairement la disposition de son gouvernement à troquer son pétrole contre les infrastructures chinoises.

De ce fait, pékin s'est engagé au Nigeria dans divers projets locaux, notamment, la réhabilitation des chemins de fer (Chung Lian Jiang ; 2004 : 5). Par ailleurs, le

gouvernement fédéral a signé un protocole d'accord avec le conglomérat du gouvernement chinois GUANDOND XINGUAND INTERNATIONAL GROUP pour la construction d'un lien ferroviaire rapide de Lagos à Abuja, ainsi qu'un lien ferroviaire entre l'aéroport international Nnamdi AZIKEWE et le centre ville d'Abuja.

La Chine a également remporté un important contrat routier au Nigeria. La compagnie chinoise CHEC (China Harbour Engineering) a signé un accord prévoyant la construction

40

d'une rocade autour de la ville pétrolière de Port Harcourt au Nigeria, pour un montant d'un milliard de dollars

Des représentants de la CHEC ont signé un protocole d'accord, pour la construction d'un périphérique à six voies d'une longueur de 125 km. En effet, Le gouvernement fédéral a fait du développement des infrastructures dans la région de Port Harcourt l'une des pièces maîtresses de ses efforts pour y ramener le calme.

Davantage, la Chine a même lancé en orbite un satellite de télécommunication pour le compte du Nigeria. Ce satellite géostationnaire couvrira l'Afrique, une partie du proche Orient et le sud de l'Europe. Il apportera de grands changements pour les services de télécommunication, de diffusion et de l'Internet en Afrique.

B- L'Angïla

En Angola, en échange de contrats pétroliers à long terme, la Chine propose de construire des infrastructures routière, ferroviaire ou hydraulique à des tarifs préférentiels. Elle va notamment construire plusieurs milliers de logements à Luanda. Les relations entre l'Angola et la Chine se sont en effet considérablement resserrées depuis le début de l'année 2005, avec l'octroi par la China Eximbank d'un prêt de deux milliards de dollars pour la remise en état des routes et des voies ferrées, notamment à Benguela, province stratégique pour les exportations de minéraux. Par ailleurs, la Chine devient un important débouché pour les exportations de pétrole, les entreprises chinoises récupérant les anciens permis de la compagnie pétrolière Total dont la réputation pâtit de ses démêlés avec la justice française. Les entreprises chinoises se positionnent rapidement dans les secteurs angolais du BTP, des télécommunications, de l'énergie et des mines.

Ces investissements dans les infrastructures font partie des conditions préalables à la consolidation de la paix et de la résolution de graves problèmes sociaux, engendrés par 27 ans de guerres civile et de gabegie économique. Le projet financé par des prêts chinois concerne non seulement la réhabilitation des trois grandes voies ferrées du pays- les 1336km de la ligne de bengela reliant Lobito à la frontière orientale avec la Zambie et la République démocratique du Congo ; les 479km de la ligne de caminho de Ferro de Luanda reliant la capitale à Malanje ; et les 907 km de la ligne intérieure moçamedes, depuis la ville côtière de namibe- mais aussi la construction de plusieurs tronçons transversaux entre les trois lignes existantes Est-ouest. Par ailleurs, ayant déjà réhabilité l'aéroport du 17 septembre, la Chine se verra également confier la construction d'un nouvel aéroport dans la province centrale de Benguela.

C- La Guinée Equatïriale

La stratégie pétrolière chinoise consistant à troquer des infrastructures contre des exportations de pétrole vers la Chine est également observable en Guinée Equatoriale. En effet, à travers la construction des logements et autres infrastructures routières, les entreprises chinoises du BTP y gagnent de plus en plus du terrain. Le président équato-guinéen Teodoro Obiang Nguema avait indiqué en octobre 2005, à son retour d'un voyage à Pékin, que la Chine serait désormais "le principal partenaire du développement de la Guinée équatoriale"). Il avait également implicitement ouvert aux Chinois les portes de l'exploitation pétrolière en Guinée équatoriale, jusqu'ici quasi-exclusivement aux mains d'entreprises américaines, affirmant avoir offert au gouvernement chinois la possibilité de pouvoir exploiter certaines de leurs ressources naturelles. Dans le cadre de cette coopération entre la

Guinée équatoriale et Pékin, une quinzaine d'entreprises chinoises vont construire quelques 10.000 logements sociaux et 2.000 km de route dans le pays. Par ailleurs, deux compagnies chinoises construisent déjà des routes sur la partie continentale, la plus vaste et plus peuplée du pays, tandis qu'une autre réalise à Malabo, sur l'île de Bioko, le futur siège de la Radiotélévision nationale (RTVGE). Li Zhaoxing, le ministre chinois des affaires étrangères a posé la première pierre d'un ensemble de 400 logements qu'une entreprise chinoise doit construire à Malabo. De son côté, la Guinée Équatoriale a choisi une compagnie chinoise pour rénover le réseau électrique très vétuste de la capitale (Katendi François ; 2007).

Comme nous avons pu le constater, la politique et l'économie sont deux socles essentiels sur lesquels repose la stratégie chinoise d'accès au pétrole du Golfe de Guinée. Seulement, l'offensive pétrolière chinoise dans la sous région repose également sur d'autres éléments, qu'il est désormais question de présenter. En d'autres termes, il s'agit d'étudier l'usage fait par la Chine de ses dispositifs diplomatiques et militaires à la mise en oeuvre de son offensive pétrolière dans le Golfe de Guinée.

SECTION II : Dispositifs diplomatiques et militaires

Les dispositifs diplomatiques et militaires sont de véritables indicateurs des ambitions géopolitiques des grandes puissances dans une région donnée, autour d'un enjeu déterminé. En effet, comme l'affirme François Thual (1996 : 26) " que ce soit en temps de paix ou de guerre, la structuration des moyens militaires est un des indices les plus parlants des ambitions géopolitiques d'un pays, (...) analyser les dispositifs militaires c'est s'attaquer à l'aspect le plus significatif des moyens dont dispose un Etat pour asseoir ses prétentions". Par ailleurs, afin de garantir le succès de ses objectifs géopolitiques, tout pays met en place un dispositif diplomatique, un dispositif de gestion de ses relations extérieures.

La Chine, puissance émergente de ce début de 21ieme siècle entend justement prendre appui sur ces instruments pour accéder au pétrole du golfe de Guinée. Aussi, est-il question pour nous d'étudier les différentes manoeuvres diplomatiques (paragraphe 1) et militaires (paragraphe 2) entreprises par la Chine autour du pétrole du Golfe de Guinée.

Paragraphe 1 : la diplomatie : le coeur de la stratégie pétrolière chinoise

La diplomatie chinoise, à pied d'oeuvre dans le golfe de guinée depuis un peu plus d'une décennie, est à coup sûr l'élément le plus visible de son redéploiement stratégique dans la sous région. La diplomatie énergétique de la Chine se présente le plus souvent sous la forme d'une offre multidimensionnelle pour les pays d'accueil. Ces derniers ont souvent en commun les caractéristiques suivantes : implantés dans des zones de crise désertées par les majors pétroliers occidentaux (cas de l'Angola et du Soudan), ils sont souvent engagés dans un bras de fer avec la communauté internationale pour des raisons de politique intérieure; ils disposent, par ailleurs, de réserves pétrolières peu convoitées ou n'offrant aucune rentabilité immédiate. La stratégie d'implantation des compagnies pétrolières chinoises s'adapte au cas de chaque pays (Mbaye Cisse ; 2007 : 9). C'est donc à une véritable diplomatie pétrolière, articulée en fonction des circonstances que se livre pékin en Afrique. De ce fait, il sera précisément question ici d'analyser les différentes recettes utilisées par la diplomatie chinoise pour s'octroyer le pétrole. A cet effet, les exemples Nigérian(A) et Angolais(B) sont illustratifs à plus d'un titre.

A-

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Le Nigeria : pétrole contre promesse diplomatique

Au Nigeria, la diplomatie chinoise fait preuve d'une parfaite adresse adaptée aux circonstances. Pour pénétrer ce marché, pékin fait preuve d'une habileté diplomatique déconcertante. Si les prédécesseurs du président Hu Jin tao avaient accordé leur soutien politique au dictateur nigérian Sani Abacha, l'actuelle diplomatie chinoise valse sur le soutien potentiel qu'elle pourrait apporter au Nigeria engagé dans la course à un siège permanent africain au Conseil de Sécurité de l'ONU (Mbaye Cisse ; 2007 : 10). En effet, la Chine soutient l'élargissement du conseil de sécurité et proclame la nécessité d'accorder des sièges aux pays africains, une volonté clairement affichée par l'ex-président Nigérian Olesegun Obasanjo. C'est dire que contre des garanties d'accès au pétrole, la Chine se propose de soutenir la candidature du Nigeria. Lors de la visite à Abuja du ministre chinois Tang Jiaxuan en 2000, le président Nigérian Olesegun Obasanjo a exprimé sans réserve sa forte insatisfaction en ce qui concerne la non-représentation des pays africains au sein du siège permanent du conseil de sécurité des nations-unies. Obasanjo a fait comprendre qu'il souhaitait une aide de la part de la Chine pour obtenir deux sièges permanents en faveur des pays africains, sous-entendu le Nigeria (Chung Lian Jiang ; 2004 : 5).

L'engagement chinois a été confirmé par un communiqué conjoint sino-nigérian, dans son article 9, signé lors de la visite de Jiang Zemin à Abuja du 14 au 16 avril 2002. L'article 2 de ce communiqué se termine par une valorisation de la coopération dans le secteur énergétique, la Chine étant encouragée et soutenue dans sa participation à l'exploitation des hydrocarbures au Nigeria (Chung Lian Jiang ; 2004 : 5). Grace à sa souplesse diplomatique, la Chine a réussi à s'insérer sur le marché pétrolier du Nigeria.

B- L'Angola : pétrole contre soutien économique

La pratique de la diplomatie énergétique chinoise se révèle également efficace en Angola, pays meurtri par plusieurs décennies de guerre et devenu aujourd'hui le premier fournisseur de pétrole de la Chine en Afrique subsaharienne. Tirant profit de son long compagnonnage avec le gouvernement de Luanda, notamment la vente régulière d'armes pendant la guerre de libération angolaise des années 1970, et de l'affaiblissement des intérêts français consécutif à l'Affaire Falcone, la China Petroleum & Chemical Corporation (CPCC) réussit en novembre 2004, à arracher, devant la compagnie française Total, l'exploitation du bloc 3/80 au nord du pays (Mbaye Cisse ; 2007 : 9). Cette belle percée coïncide avec les tentatives du Fonds Monétaire International et de la Banque mondiale d'amener Luanda, à plus de transparence sur les fonds pétroliers : "l'Angola, alors 3éme sur 102 pays les plus corrompus selon Transparency International, avait vu, en 2001, un tiers des revenus de l'Etat s'évaporer, alors qu'un quart de la population souffrait de famine et attendait une aide alimentaire extérieure. Pékin mit alors à la disposition de Luanda un prêt de 2 milliards de dollars à 1,5% d'intérêts sur 17 ans, en échange de 10.000 barils de pétrole par jour" (Mbaye Cisse ; 2007 : 9). Les autorités angolaises pouvaient désormais s'opposer au FMI et à la BM. Le pragmatisme chinois portait une fois de plus ses fruits, car en 2005, le géant asiatique supplante les Etats-Unis et devient le premier importateur du pétrole Angolais. Davantage, en 2006, l'Angola devenait le premier fournisseur africain de la Chine.

43

Paragraphe 2 : La coopération militaire sino-africaine : un instrument au service des
intérêts pétroliers chinois

Même si la diplomatie pétrolière demeure au coeur des préoccupations chinoises, il n'en reste pas moins que Pékin use d'autres instruments pour asseoir sa position en Afrique et accéder au pétrole. La gamme d'initiatives bilatérales et multilatérales s'étend à la coopération militaire. Aujourd'hui, la coopération militaire a revêtu les mêmes allures que la coopération économique, sous couvert du sacro saint principe de la non-ingérence. Pékin n'apporte plus son soutien aux mouvements de libération africains, comme il le fit dans les années 1970 à l'union nationale pour l'indépendance totale de l'Angola (UNITA) ou au front de libération du Mozambique (FRELIMO) (Niquet Valérie ; 2006). Il est beaucoup plus question aujourd'hui d'un partenariat stratégique visant à un rapprochement dans le domaine énergétique. Ce partenariat stratégique concerne la fourniture d'armes (A) et la formation du personnel militaire (B).

A- Pétrole contre matériel militaire

Les contrats de vente d'armes passés par la Chine avec ses partenaires africains prennent souvent la forme d'un échange d'articles d'armement contre des matières premières. En effet, pour assurer des livraisons régulières de pétrole en provenance de l'Afrique, consolider ses liens bilatéraux et payer ses factures de pétrole, la Chine adopte des démarches diverses, parmi lesquelles la livraison d'armes et de matériel militaire. C'est ce que semblent confirmer (De Lestrange Cédric ; Paillard Christophe Alexandre ; Zélenko Pierre ; 2005 : 175) lorsqu'ils affirment : "Les livraisons d'armes permettent aux chinois de négocier l'obtention des concessions auprès des pays producteurs. (...) l'Angola et le Nigeria acceptèrent cet échange".

Cette stratégie chinoise d'accès au pétrole africain est observable sur l'ensemble du

continent. En effet, Le marché africain, comme dans le domaine des BTP, est l'occasion de tester un matériel souvent rustique et peu prisé sur les marchés occidentaux. C'est en Afrique que la Chine trouve un débouché pour ses avions d'entraînement K8, fournis à la Namibie, au Soudan et au Zimbabwe. La Chine pourvoit des hélicoptères au Mali, à l'Angola et au Ghana, de l'artillerie légère et des véhicules blindés à la quasi-totalité des pays de la région australe, ainsi que des camions militaires, des uniformes, du matériel de communication(Niquet Valérie ; 2006). La coopération est particulièrement étroite avec le Zimbabwe depuis le début des années 1980 et s'est renforcée en 2004. Pékin lui fournit des chars, de l'artillerie, des blindés ainsi que des camions, des vedettes rapides et des batteries de défense antiaérienne (Mbaye Cisse ; 2007 : 12).

Par ailleurs, l'empire du Milieu va même jusqu'à recourir à la vente de technologies de pointe et d'équipements nucléaires en échange d'importations pétrolières. La Chine maintient souvent des relations militaires avec ses fournisseurs de pétrole. De ce point de vue, les cas de l'Angola, du Soudan et du Nigeria sont révélateurs. La Chine n'a pas hésité à vendre au Soudan des avions de surveillance F-7 et des avions de transport Y-8 en pleine guerre civile, pendant la période où ses compagnies pétrolières étaient engagées dans l'exploitation des gisements pétroliers de Muglad (Mbaye Cisse ; 2007 : 13). Ces ventes sont réalisées le plus souvent par la North Industry Corporation (NORINCO) et Polytech Industries, la plus importante firme de vente d'armes de l'armée chinoise.

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En 1995, lorsque le Nigeria a été isolé et sanctionné par la Communauté internationale pour l'exécution de neuf dissidents politiques ogonis, Pékin a continué à vendre des armes à ce pays, en dépit de la forte pression occidentale (Chung Lian Jiang ; 2004 : 4). En Angola, pékin a soutenu militairement toutes les parties ennemies : le mouvement populaire pour la libération de l'Angola (MPLA) ; le Front National de Libération de l'Angola(FNLA) et l'union nationale pour la libération totale de l'Angola(UNITA) (Fogue Tedom ; 2008 : 162).

Les pays africains sont devenus les premiers acheteurs d'armes et d'équipements militaires chinois. Dans un continent aussi instable, regorgeant déjà de matériel de guerre, l'arrivée d'armes supplémentaires n'est pas vraiment souhaitable. Mais, comme l'a dit le ministre des Affaires étrangères chinois, Zhou Wenzhong, " les affaires sont les affaires et la Chine ne mélange pas les affaires et la politique" (Mbaye Sanou ; 2006).

B- La fïrmatiïn du persïnnel militaire

Dans le domaine de la formation, on assiste depuis quelques années à une augmentation significative du nombre de stages de formation militaire dans tous les domaines, à un moment où les portes des académies militaires européennes sont de plus en plus fermées aux élites africaines. Nombreux sont les cadres militaires africains qui depuis quelques années se sont formés en Chine. La Chine s'est même engagée à former dans les trois prochaines années, environ 15000 africains, dont une bonne partie de militaires (Mbaye Cisse ; 2007 : 13).

La Chine offre également à de nombreux pays africains d'importants programmes de formation du personnel en Chine pour des officiers qui y effectuent des stages de plusieurs mois, ou sur place avec des instructeurs chinois. C'est le cas de l'Angola, où des instructeurs chinois ont formé des militaires. Seulement, et comme il fallait s'y attendre, la Chine attend en contre partie des conditions préférentielles à la coopération dans le domaine pétrolier.

Ainsi, comme nous avons pu le constater, la stratégie chinoise visant à accéder au pétrole du Golfe de Guinée repose sur une offensive aussi bien politique et économique, que diplomatique et militaire. Cependant, la mise en oeuvre de cette stratégie a d'importantes conséquences politiques en Afrique. En effet, le déploiement stratégique de la Chine autour du pétrole africain en général, et celui du Golfe de Guinée en particulier, se traduit quelque fois par un soutien inconditionnel et une vente incontrôlée d'armes aux régimes autoritaires. Ce qui entrave sérieusement l'enracinement d'un embryon de démocratie en Afrique, et transforme en véritable mythe de Sisyphe les efforts de restauration d'une paix durable.

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CHAPITRE IV

:

DE L'OFFENSIVE CHINOISE, DU PROCESSUS DEMOCRATIQUE ET DE LA PAIX EN AFRIQUE

Il est important de préciser que si nous avons choisi d'aborder dans le cadre de ce chapitre uniquement l'impact de l'offensive Chinoise sur la démocratie et la paix, cela ne signifie aucunement que cette offensive n'a pas d'effets sur d'autres secteurs tels l'économie, le social, ou encore l'environnement.

Jusqu'ici, notre étude a spécifiquement porté sur l'offensive pétrolière chinoise dans le Golfe de Guinée. Néanmoins, signalons que ce cas peut être perçu comme un reflet, illustrant de manière générale l'offensive chinoise et même des autres puissances industrielles en Afrique. Aussi dans ce chapitre, parlerons-nous non seulement de la Chine, mais également des puissances occidentales. Plus encore, nous ne restreindrons plus notre analyse au cas spécifique du Golfe de Guinée, mais nous élargirons notre champ d'étude à l'Afrique en général.

Faire une étude portant sur la démocratie exige que l'on s'entende sur le sens à accorder au mot. Les auteurs tels que Joseph Schumpeter et Robert Dahl ont retenu de la démocratie une définition simpliste et minimaliste. Dans leur acception de la démocratie, ils mettent en relief les mécanismes participatifs réduits au vote (Mbatchom: 2007). Samuel P. Huntington semble y souscrire lorsqu'il dit : " Si l'élément fondateur de la démocratie réside dans l'élection des dirigeants par le peuple, alors le moment décisif du processus de démocratisation est celui où un gouvernement choisit selon des critères autres que démocratiques se trouve remplacé par un nouveau gouvernement adopté au cours d'élections libres, ouvertes et honnêtes" (Huntington, 1991 : 7). Selon Mbatchom ( 2007) :

" L'on ne saurait cependant s'arrêter à cette définition qui fait de la démocratie une

" electoral democracy " pour reprendre Hans-Jurgen PUHLE. En effet, ce dernier stigmatise l' "electoral democracy". Cette dernière d'après lui a le mérite d'intégrer en plus du vote, les principes tels que le "Checks and balances ", l'Etat de droit, la garantie des libertés civiles et politiques. L'on aboutit à ce qu'il appelle "democratic rechsstaat" (Etat de droit démocratique) (PUHLE, 2005 : 7) ".

C'est dire que contrairement aux partisans de la conception minimaliste qui réduisent la démocratie au vote, dans le cadre de ce travail, c'est à cet "Etat de droit démocratique" que nous nous intéresserons. Surtout dans un contexte où, la Chine, régulièrement critiquée par l'ensemble de la communauté internationale pour l'absence de démocratie et le non-respect des droits de l'Homme, jette son dévolu sur l'Afrique.

En effet, l'ampleur de l'offensive chinoise sur le continent africain ne laisse pas

indifférent, tant les enjeux qu'elle suscite sont multiples. Le retour remarqué de la Chine intervient dans un contexte géopolitique mondial caractérisé par la redéfinition d'un nouvel ordre politique dans lequel l'Afrique peine à trouver ses repères. Cette situation survient également à un moment critique où le continent, bien que traversé par de multiples conflits, amorce un mouvement de démocratisation sous l'oeil vigilant des anciennes puissances coloniales, mais également sous la poussée significative des populations, dont les aspirations à un peu plus de citoyenneté ne cessent de se faire valoir (Mbaye Cisse ; 2007 : 14). En effet,

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la chute du mur de Berlin en novembre 1989, n'a pas seulement marqué la fin des totalitarismes en Europe de l'Est. Elle a répandu les vents de la démocratie à travers les continents en appelant à une plus grande participation des peuples aux choix de leurs destins respectifs (Mbaye Cisse ; 2007 : 14). En Afrique, les années 90 inaugurent l'ère des conférences nationales et de la démocratisation de la vie politique. A partir de cette date, on a assisté à la mise en place progressive de l'aide, désormais jaugée à l'aune des efforts de démocratisation des régimes africains.

Grosso modo, le retour de la Chine survient à un moment où la recherche d'un environnement politique stable, commandé par des règles de dévolution du pouvoir transparentes, est en marche. Qu'en sera-t-il avec l'arrivée de la Chine ?

L'analyse de l'impact politique de l'offensive chinoise sur la démocratie en Afrique ne peut se faire indépendamment de la posture des démocraties occidentales par rapport au même processus. Les multiples dénonciations occidentales faites à l'encontre de l'offensive chinoise ne seraient en réalité qu'une sorte de lutte de positionnement, visant à jeter le discrédit sur cette dernière, avec des buts inavoués de disqualification de la Chine. En effet, s'il est vrai que les démocraties occidentales ont, de par les multiples pressions exercées sur les gouvernements, contribué à l'enracinement d'un embryon de démocratie en Afrique, il n'en demeure pas moins vrai que face à la sauvegarde de leurs intérêts, la promotion des valeurs démocratiques a très souvent été reléguée au second rang (section 2). En plaçant ses relations avec les pays africains sur le socle immuable et sacro-saint de la neutralité et de la non-ingérence, la chine semble constituer un frein à l'évolution de la démocratie et un péril pour la paix et la stabilité en Afrique (section 1).

SECTION I : L'offensive chinoise : une menace pour la démocratie et la paix ?

L'un des principaux avantages de la coopération sino-africaine, aux yeux des dirigeants africains, réside dans le fait qu'elle n'est pas soumise aux contraintes d'un cadre juridique, institutionnel et moral rigide dans lequel l'occident entre en interaction avec l'Afrique (Nkoa Colin François ; 2007 : 39). Le fait que la Chine soit une dictature qui supplante les démocraties occidentales en Afrique Noire peut se traduire par le durcissement du non respect des droits de l'Homme, le renforcement des régimes autoritaires et des conflits (Amougou ; 2008 : 3). En effet, Contrairement aux pays occidentaux, la coopération chinoise ne fait pas du respect des droits de l'homme, des principes démocratiques et de bonne gouvernance, une conditionnalité pour bénéficier de son aide financière. Faisant la déclaration suivante : " business is business and we import from every source we can get oil from", les officiels du ministère chinois du commerce entérinent ainsi l'idée selon laquelle seul l'intérêt compte (Taylor : 2004). Si à première vue cette politique semble être pour les Etats africains un moyen de mener une politique de développement autonome en sortant du diktat des conditionnalités de financements accordés par les institutions financières internationales et les pays occidentaux, elle comporte aussi un danger. C'est de servir de couverture aux dictateurs africains. Le principe de non ingérence qu'instrumentalise ainsi la Chine pour ne pas froisser ses fournisseurs de matières premières et ses clients africains comporte donc ce danger potentiel de renforcer les dictatures qui trouvent en elle un allié de poids (Amougou ; 2008 : 13-14). Ce soutien de la Chine aux régimes africains constitue pour ces derniers une alternative politique et diplomatique face aux conditionnalités imposées par l'ensemble de la communauté internationale, et représente un véritable péril pour la démocratie(A) et la paix (B) en Afrique.

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Paragraphe 1 : une menace pïur la démïcratie

La présence de plus en plus remarquable de la Chine en Afrique témoigne, sans doute, de l'étroitesse des liens qui existent désormais entre cette puissance émergente et ses partenaires africains. Ces derniers voient en l'arrivée de la Chine un moyen de réaliser leur développement et une alternative face aux mesures draconiennes imposées jusque là par les partenaires occidentaux (Chomtang Fonkou ; 2007 : 102). En effet, contrairement aux institutions financières internationales et aux pays occidentaux qui ne se privent pas d'imposer le respect des critères de bonne gouvernance et des droits de l'Homme comme préalables à leur aide, outre la non-reconnaissance de Taiwan, pékin ne pose pas de conditions politiques à l'aide économique ou à l'établissement des relations diplomatiques. Cette situation affaiblit les conditionnalités de démocratisation et de respect de droit de l'homme en Afrique dans la mesure où les Etats courtisés face à cette alternative que leur offre la Chine, ont très souvent tendance à retrouver leur habitus autoritaire. En effet, en Afrique, les efforts de démocratisation soutenus par l'ensemble de la communauté internationale se voient minés par l'alternative offerte par Pékin à des régimes politiques peu enclins à se soumettre aux règles de démocratisation et de bonne gouvernance. Le soutien de la chine aux régimes Zambien (A) et zimbabwéen (B) illustre assez bien cette réalité.

A- L'ingérence chinïise dans la vie pïlitique zambienne

De prime à bord, il est important de préciser que dans le cas de la Zambie, l'intérêt de la Chine pour ce pays est davantage tourné vers l'exploitation minière et non pétrolière. Mais, l'attitude de pékin reste et demeure la même chaque fois qu'il s'agit de la quête de matières premières en général.

L'intervention de la Chine dans la vie politique zambienne lors de récente élection présidentielle a suscité beaucoup d'interrogations. Contrairement au principe de non ingérence tant utilisé par pékin pour justifier sa non prise de position vis-à-vis de la gestion des affaires publiques de ses partenaires africains, le soutien officiel de la Chine au régime sortant a surpris plusieurs. C'est donc dire que Lorsque la situation le commande, la Chine peut violer ce principe de non ingérence et s'immiscer dans les affaires internes de ses partenaires. En effet, la Chine, tout comme les puissances occidentales avant elle soutient les régimes africains et s'ingère dans la gestion locale des affaires publiques à mesure que la sauvegarde de ses intérêts l'exige. Cette attitude constitue un sérieux frein à l'évolution politique de ces pays, notamment à l'avancée de la démocratie pourtant si indispensable au développement du continent. Malgré son discours de non ingérence, les intérêts de la Chine en Afrique l'amènent très souvent à se prononcer vis-à-vis de la gestion interne de certains pays.

En 2006, lors des présidentielles Zambiennes, l'ambassadeur chinois a mis en garde l'opinion publique que l'élection du candidat antichinois Michael Sata, allait sérieusement compromettre l'engagement chinois dans le pays. Celui-ci surfait sur la vague de mécontentement liée à la réputation des entreprises chinoises d'exploiter les travailleurs locaux dans des conditions de sécurité et d'hygiène déplorables. La victoire du sortant, Mwanawasa, a mis fin à la mini-crise diplomatique. Selon Thompson j-p (2007) : "En

Zambie, la désapprobation des actions chinoises s'est fait ressentir jusque dans les urnes. En 2006, le candidat à l'élection présidentielle Michael Sata, a fait campagne sur des thèmes anti-Chine. Plusieurs Zambiens ont été très affectés par l'exploitation des mines de cuivre par les compagnies chinoises et par l'arrivée massive de produits chinois dans les marchés du

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pays. (...) À cette occasion, en rupture flagrante avec sa politique de non-ingérence, la Chine avait menacé de couper les liens économiques avec la Zambie si le candidat Sata remportait les élections".

Tous les pays africains devraient méditer sur cet exemple qui montre que la Chine n'hésitera pas à s'engager sur le terrain de la politique intérieure si ses intérêts économiques sont menacés.

B- La Chine : une heureuse alternative pïur le régime zimbabwéen

Malgré les multiples pressions exercées par l'ensemble de la communauté internationale sur le régime zimbabwéen, le président Robert MUGABE demeure impassible et continue à mener une politique répressive, et à museler l'opposition. Avec la dégradation continue du niveau de vie des masses populaires, le gouffre économique et social, la politique de prébendes, de copinage, de castes d'anciens résistants, le gouvernement Zimbabwéen gravit chaque jour des sommets de despotisme. Ceci grâce au soutien du gouvernement chinois. Les déclarations du président Zimbabwéen Robert MUGABE illustre assez bien cette réalité. En effet, lors du 25eme anniversaire de l'accession de son pays à l'indépendance, il affirmait : "il nous faut nous tourner vers l'Est, là où le soleil se lève, car la Chine apporte une aide et établit un partenariat qui vise à promouvoir une coopération réciproque sans poser de conditions préalables" (Amougou; 2008). C'est dire que pour les dictateurs africains qui peuplent le continent, pékin constitue une réelle alternative aux conditionnalités imposées par l'occident. Les relations étroites que la Chine entretient avec le Zimbabwe montrent bien l'indifférence de Pékin vis-à-vis des critiques de l'ensemble de la communauté internationale. Ce soutien de la Chine au régime du président MUGABE constitue pour ce dernier une importante caution politique et le conforte dans son immobilisme politique. Seulement, cette attitude de la Chine représente une véritable menace voire un réel péril pour la démocratie dans ce pays. Malgré la création, le 13 février 2009, d'un gouvernement d'union national, plusieurs observateurs avertis de la scène politique zimbabwéenne demeurent sceptiques quant à l'évolution du pays vers une démocratie consensuelle et l'amélioration de la situation des droits de l'Homme dans le pays.

Davantage, la vente régulière d'armes chinoises au régime Zimbabwéen permet à ce dernier d'exercer une pression permanente sur l'opposition. Selon le journal Britannique the Guardian, les dockers sud-africains ont refusé, le 29 mars 2008, de débarquer sur leur sol la cargaison d'un navire chinois, le An yue Jiang, porteur de 77 tonnes d'armes envoyées par le régime communiste chinois pour soutenir Robert MUGABE (Girard, Aurélien : 2008). Cette cargaison comprenait : 3.5 millions de munitions ; des fusils d'assaut AK47 ; 1500 roquettes de 40mm ; des lance roquettes, des obus de mortier. Ces armes sont parties de pékin le 1er Avril, soit trois jours après les élections générales, au moment où très probablement les résultats réels des élections ont été connus par le pouvoir zimbabwéen (Girard, Aurélien : 2008).

Mais pour certains analystes, les gouvernements occidentaux n'ont pas le droit de pointer du doigt la politique de la Chine, car ils investissent eux-mêmes dans des pays producteurs de pétrole comme la Guinée équatoriale où, selon les groupes de défense des droits de l'Homme, le régime en place est tout aussi répressif. En effet, comme nous l'avons vu plus haut, les régimes occidentaux ont une conception à géométrie variable des «Droits de l'Homme», jugent la politique des autres États "non démocratiques" à l'aune de leurs intérêts. Aussi,

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aboutit-on aisément à la conclusion selon laquelle, la Chine ne pourra pas imposer la démocratie en Afrique pas plus que la France, les Etats-Unis n'ont pu le faire.

Cette situation représente une menace pour l'édification de l'Etat de droit en Afrique. En premier lieu, le soutien de la Chine constitue une bouée de sauvetage à des régimes politiques souvent décriés. Elle perpétue ensuite la mal gouvernance politique du continent sous prétexte de respect de la souveraineté des Etats (Mbaye Cisse ; 2007 : 15). Le partenariat stratégique sino-africain n'offre guère de perspectives politiques viables tant la Chine elle-même continue d'être régulièrement mise au ban des accusés sur les questions des droits de l'homme.

Paragraphe 2 : un péril pïur la paix ?

Loin d'assurer le développement de l'Afrique, le partenariat stratégique sino-africain soulève également des interrogations légitimes sur l'avenir de la paix et de la sécurité. Le soutien militaire inconditionnel de Pékin à des régimes politiques décriés, la vente incontrôlée d'armes par les firmes chinoises et les tentatives d'une implication militaire directe de Pékin dans la sécurisation de ses investissements pétroliers sont autant de sujets préoccupants (Mbaye Cisse ; 2007 : 25). La détermination de la Chine à accéder par tous les moyens aux ressources pétrolières africaines la conduit souvent à opter pour des choix en contradiction totale avec les idéaux de paix pourtant prônés par sa politique africaine. En effet, sur un plan purement formel, la Chine prétend vouloir "appuyer les efforts actifs de l'UA et des autres organisations régionales africaines ainsi que des pays concernés pour régler les conflits locaux et leur fournir une assistance dans la mesure du possible. Pousser énergétiquement le conseil de sécurité des Nations-Unies à suivre de près les conflits régionaux africains et apporter son assistance au règlement de ces conflits. Continuer à soutenir l'action de l'ONU pour le maintien de la paix en Afrique et à y prendre part" (Chomtang Fonkou ; 2007 : 132133). Seulement, au-delà de ces initiatives louables, dans la quête de ses intérêts pétroliers en Afrique, la Chine ne se soucie guère de son influence sur la paix et la stabilité. L'importance des investissements consentis par la Chine à travers plusieurs pays africains, notamment dans le secteur pétrolier, pourrait se traduire concrètement sur le plan de la sécurité par un engagement plus marqué de Pékin (Mbaye Cisse ; 2007 : 20). L'attitude de Pékin au Tchad (A), en Angola(B), et au Soudan(C) est assez illustrative de cette réalité.

A- Pékin et l'instrumentalisatiïn de la rébelliïn tchadienne

Au Tchad, nouveau pays pétrolier convoité par Pékin malgré ses relations diplomatiques avec Taiwan, la crise institutionnelle progressive a connu son paroxysme en 2006 avec la crise au Darfour et les offensives répétées des mouvements rebelles. La montée des mouvements d'opposition armée s'est traduite par de nombreuses attaques visant à renverser le pouvoir du Président Idriss Deby. En janvier 2006, l'un des chefs de file de l'opposition a été reçu à Pékin, alimentant les soupçons d'une aide chinoise à son combat (Mbaye Cisse ; 2007 : 21). Ndjamena n'hésite plus à dénoncer l'aide militaire chinoise accordée au Rassemblement pour la Démocratie et la Liberté de Mahamat Nour, depuis les dernières attaques de novembre et décembre 2006. La Chine est accusée d'être de connivence avec le Soudan pour accélérer la chute du Président Idriss Deby et procéder à une nouvelle redistribution des cartes pétrolières (Mbaye Cisse ; 2007 : 21).

Très intéressée par les potentialités pétrolières Tchadiennes, la Chine est prête à déstabiliser le régime du président Deby ou du moins à le faire chanter, espérant elle aussi participer à

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l'exploitation du pétrole du pays. En effet, un tronçon d'oléoduc Tchad-Soudan permettrait de rediriger les flux tchadiens vers la Mer rouge (à destination de la Chine via Port-Soudan) et non plus vers l'Atlantique (via Kribi au Cameroun). Aussi, en jouant la carte du soutien à la rébellion, la Chine espère-t-elle suffisamment inquiéter le gouvernement tchadien et l'amener à lui concéder une part dans l'exploitation de son pétrole. La crainte qu'inspire la Chine au gouvernement tchadien s'est d'ailleurs confirmée par le renouement des relations diplomatiques entre les deux pays, le 6 aout 2006, ceci après 9 années de rupture (Bergevin : 2006). Pour se faire une place sur le marché pétrolier tchadien, Pékin utilise le spectre de l'instabilité politique.

B- Le sïutien de la Chine au régime de Luanda : une menace pïur la paix ?

Après un peu plus de deux décennies de guerre civile, les "blessures" à peine pansées, l'Angola risque de retomber dans un cycle infernal de violence. En effet, le soutien de la Chine au régime de Luanda, considéré par l'opposition comme une sorte de bouclier, sur lequel s'appuie le gouvernement pour commettre plusieurs exactions, risque de précipiter à nouveau le pays dans une instabilité endémique. Mbaye Cisse (2007 : 21) affirme à cet effet : "En Angola, pays à peine sorti d'une longue guerre civile en 1997, la Chine s'est engagée dans une vaste opération de charme qui inquiète les observateurs. (...) Elle est accusée par l'opposition politique de financer la campagne électorale du parti au pouvoir, le MPLA. Sans préjuger de l'avenir des prochaines élections, initialement prévues à l'autonome 2006 mais encore repoussées en 2008- 2009, il n'est pas exclu que ce pays en reconstruction ne retombe dans les démons de la violence du fait de la capacité de la classe dirigeante à se soustraire aux critiques et à l'arbitrage de la communauté internationale grâce à la manne chinoise".

C'est dire que le soutien de la Chine au régime angolais pourrait amener les dirigeants à davantage fermer le jeu démocratique, hypothéquant ainsi toute chance d'alternance au pouvoir. De ce fait, l'opposition pourrait aboutir à la conclusion selon laquelle, la prise des armes reste et demeure le seul moyen d'accéder au pouvoir. Aussi, risque-t-elle de se transformer en rébellion armée, plongeant à nouveau le pays dans un cycle de violence infernale. Selon Fogue Tedom (2008 ; 144) : "Dans la problématique des conflits politiques africains (...), le mauvais fonctionnement de l'Etat et des institutions politiques en Afrique Noire est en cause. C'est l'incapacité de l'Etat à assurer la cohésion nationale et à créer les conditions d'un débat politique contradictoire, susceptible d'éviter que la violence ne demeure le seul moyen d'expression qui fasse réagir les autorités politiques, qui génère l'insécurité politique".

Le soutien de la Chine aux régimes africains (angolais en l'occurrence) conforte les dirigeants dans leur immobilisme politique, les amène, du fait de leur déficit de légitimité politique, à recourir à l'intimidation et à la répression politique pour étouffer toute velléité contestataire et soumettre leurs adversaires. Seulement, l'inconvénient de cette dérive autoritaire est que, paradoxalement, la terreur et la peur qu'elle répand, loin de susciter l'adhésion, renforcent plutôt la défiance et persuadent les adversaires politiques du pouvoir en place que, seul le recours aux armes peut conduire à l'alternance (FOGUE TEDOM ; 2008 : 144). Ainsi, aussi longtemps que les dictateurs africains exerceront une oppression sur l'opposition politique ou syndicale, ceci avec la bénédiction de leurs partenaires extérieures, la crainte et la soumission recherchée risqueraient bien de se transformer en défiance.

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C- Le véto chinois et la perpétuation des exactions du régime soudanais au Darfour

Le soudan constitue aujourd'hui un véritable sujet de discorde entre pékin et la communauté internationale. En 2004, face au conseil de sécurité qui menace Khartoum de sanctions sur sa production pétrolière, la Chine brandit une menace de véto et s'abstient, en septembre, de voter l'embargo sur les armes. Malgré les accusations portées par le gouvernement américain en l'encontre du régime soudanais sur le déplacement de milliers de civils des zones pétrolières, la Chine opte pour la protection d'un pays, fournisseur de 7% de ses importations de brut (Pinel, Fabienne ; 2006 : 1). En avril 2005, elle s'est abstenue au cours de la saisie de la Cour Pénale Internationale (CPI) visant à traduire en justice les responsables soudanais supposés impliqués dans des crimes de guerre au Darfour. Aujourd'hui, le Soudan s'oppose toujours au déploiement de troupes onusiennes sur son sol, avec le soutien discret de Pékin (Mbaye Cisse ; 2007 : 15). Cette attitude pour le moins irresponsable de la Chine, au regard du rôle de grande puissance qu'elle entend jouer au cours de ce 21e siècle, conforte le gouvernement soudanais et constitue pour ce dernier une sorte de " parapluie " face aux différentes critiques de la communauté internationale en général et aux sanctions du conseil de sécurité de l'ONU en particulier.

Depuis le début de la crise du Darfour, la junte soudanaise est passée maîtresse dans l'art d'éviter les sanctions, ce qui lui a permis de continuer de procéder aux exactions en toute impunité, avec le soutien, d'un allié de poids, la Chine. Le président Omar el-Béchir s'est opposé au déploiement des troupes onusiennes (17 000 militaires et 3 000 policiers) en remplacement des soldats de l'Union africaine. La Chine, qui n'a pas voté la résolution s'est aussi opposée à l'adoption de toute sanction contre le régime soudanais. Au détriment d'une action commune internationale dans le cadre du règlement d'un conflit, Pékin a plutôt privilégié ses intérêts avec Khartoum (Samson Didier ; 2006). Quand bien même le président chinois Hu Jin tao demande à son homologue soudanais de trouver "une solution correcte au Darfour et de continuer à améliorer la situation humanitaire", on comprend que ce n'est qu'une clause de style, visant uniquement à apaiser le courroux de la communauté internationale.

Pire encore, par une fourniture régulière d'armes à l'armée soudanaise et à sa milice armée, les jenjawids, pékin contribue à entretenir cette violence infernale sur les populations civiles du Darfour. En effet, la Chine est le principal fournisseur d'armes du soudan. "Selon certaines sources, parmi les avions de chasse chinois vendus au Soudan depuis les années 90 figurent plus de 40 Shenyang J-6 et J-7, et plus récemment des chasseurs supersoniques F-7, version améliorée du MiG-21 Fishbed russe. La Chine aurait fourni 50 hélicoptères Z-6 au Soudan en 1996. En 2001, la société chinoise Harbin Dongan Engine aurait signé un contrat de réparation d'hélicoptères Mi-8 pour le Soudan .L'Iran aurait financé en partie l'achat par le Soudan de 21 avions de chasse J-6 et de deux avions-cargo Y-8 D, une version de l'Antonov An-12 fabriquée sous licence en Chine,..." (Bergevin ; 2006 ; 7).

Seulement, ce soutien sans faille de la Chine au régime soudanais contribue à perpétrer les massacres au Darfour. Aujourd'hui, la Chine participe indirectement à la continuation de ce que la communauté internationale qualifie désormais de génocide. En fournissant du matériel militaire, une aide économique considérable, surtout en empêchant à l'ONU de déployer ses forces de maintien de la paix au Darfour, pékin contribue à la perpétuation des massacres constatés au Darfour. Tout en espérant que la Chine n'utilisera pas cette fois encore son droit de véto pour empêcher l'exécution du mandat d'arrêt international délivré le 04 mars 2009

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par la cours pénale internationale contre le président Béchir et deux de ses acolytes pour crime de guerre et crime contre l'humanité.

S'il est vrai que cette attitude pour le moins irresponsable de la Chine en Afrique lui vaut de nombreuses critiques de la part de l'ensemble de la communauté internationale, nous ne devons aucunement oublier le fait qu'en réalité la Chine n'innove pas. Les puissances occidentales avant elle ont, et continuent d'ailleurs à faire pareil chaque fois que leurs intérêts stratégiques l'exigent.

SECTION II : la posture occidentale vis-à-vis de la démocratie en Afrique

En Afrique, la posture des démocraties occidentales vis-à-vis de la promotion des valeurs démocratiques semble prêter à confusion. En effet, en fonction des circonstances, ces dernières mènent une politique de deux poids deux mesures. De tradition libérale, on se serait attendu à ce que ces puissances mènent une politique essentiellement tournée vers la promotion de la démocratie. Seulement, inscrites dans une démarche réaliste, elles font très souvent passer la promotion de leurs intérêts stratégiques avant celle de l'idéologie libérale. C'est ce qui amène Fogue Tedom (2008 : 51) à constater que : " Dans les pays africains riches en matières premières stratégiques, les réformes démocratiques butent encore sur des considérations géostratégiques. Dans ces pays, en fonction de leurs intérêts et non sur la base des critères démocratiques, les puissances occidentales ont par leurs soutiens multiformes-directs/indirects-aux parties engagées dans la course au pouvoir, contribué à retarder l'évolution du processus démocratique ". C'est donc dire qu'en dépit de leurs prises de position apparentes en faveur de la démocratie, la promotion et la sauvegarde de leurs intérêts restent et demeurent l'objectif primordial de leur engagement sur le continent. Raison pour laquelle il serait impératif de présenter au préalable le rôle joué par l'occident en faveur de la démocratie (paragraphe1) ; avant de circonscrire les facteurs qui constituent un frein au processus de démocratisation en Afrique (paragraphe 2).

Paragraphe 1 : Le rôle de l'occident en faveur de la démocratie en Afrique

Les partenaires traditionnels de l'Afrique ont, de part les multiples pressions exercées sur les régimes africains, contribué directement ou indirectement à la promotion de la démocratie sur le continent. En effet, ces derniers soumettent généralement les africains à un double ajustement politique (démocratisation, respect des droits de l'Homme) et économique (bonne gouvernance, réformes structurelles) pour bénéficier de leur aide (Nkoa François Colin ; 2007 : 39). L'accord de Cotonou signé en juin 2000 et qui régit la coopération entre les pays de l'UE et 77 pays ACP, pour une durée de 20ans est un exemple de ce type de coopération conditionnée. La coopération UE-ACP telle que définie par l'accord de Cotonou dépasse le cadre étroit de la coopération économique et commerciale pour intégrer d'autres éléments considérés comme essentiels au développement et qui constituent autant de conditions pour bénéficier de l'aide communautaire. Il s'agit de la consolidation de la paix, la prévention et la résolution des conflits, le respect des droits de l'Homme, les principes démocratiques et l'Etat de droit, la bonne gestion des affaires publiques (Nkoa François Colin ; 2007 : 39). Dans le cadre de ce travail, c'est à travers les exemples de la France (A) et des Etats-Unis (B) que nous étudierons la contribution de l'occident à la promotion de la démocratie en Afrique.

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A- La France et la démïcratie en Afrique

Il est question d'étudier la contribution de la France à la promotion voire à l'enracinement d'une culture démocratique en Afrique. En effet, dans les années 1990, la France opère un changement de cap vis-à-vis de sa politique africaine, même si elle redoute la démocratisation du continent, synonyme de l'éveil de l'opinion publique africaine et de possible remise en question de ses intérêts, elle participe tout de même dans la mesure de la préservation de ses intérêts, à la vulgarisation de la démocratie sur le continent. La XVIème conférence des chefs d'Etat de France et d'Afrique de juin 1990 à la Baule en France, offre au président Français François MITTERAND l'occasion de tenter d'apaiser le courroux de l'opinion publique africaine. Lors d'une conférence de presse, il adopte une posture progressiste en totale rupture avec l'archaïsme traditionnel de la politique africaine de la France, en déclarant à propos de l'aide à l'Afrique, " C'est évident que cette aide traditionnelle, déjà ancienne, sera plus tiède en face des régimes qui se comporteraient de façon autoritaire, et qu'elle sera enthousiaste pour ceux qui franchiront ce pas avec courage et autant qu'il leur sera possible " (Fogue Tedom ; 2008 : 107). Cette approche a été plus ou moins maintenue par son successeur Jacques Chirac pour qui, "être donneur d'aide aujourd'hui, c'est en règle générale appartenir à la grande famille des nations industrialisées et démocratiques. Une famille qui a sa culture, ses solidarités et ses réflexes, notamment la bonne gouvernance, la transparence, le dialogue, la rigueur, l'efficacité. C'est pourquoi les donneurs tendent à se détourner des pays aidés qui ne respectent pas ces mêmes critères que, par ailleurs, ils s'imposent à eux-mêmes" (Mbaye Cisse ; 2007 : 14). Toutefois, il faut bien le noter, ces apparentes prises de position en faveur de la démocratie ne constituent aucunement l'objectif visé par Paris. Subrepticement, le président MITTERAND laisse l'opportunité à l'archaïsme structurant la politique africaine de son pays de réapparaitre une fois la tempête démocratique maitrisée. L'un des enjeux d'un tel discours est d'exorciser définitivement tout attachement à l'idéologie communiste et au non alignement, et surtout de disqualifier le communisme qui venait d'échouer. Ce discours entendait également briser les liens avec le communisme qui constituait un grand frein à la préservation des pré- carrés et des chasse-gardées occidentales.

Selon Fogue Tedom (2008 : 107) " l'absence de maturité politique et stratégique de l'opinion publique africaine aidant, celle-ci ne réalise pas la ruse voire la supercherie politique du président français. Elle s'enthousiasme devant ce qu'elle interprète naïvement comme une subite adhésion de la France à leur soif de liberté. Ce qu'elle retient de la Baule c'est une prise de position claire du président MITTERAND sur l'universalité de la démocratie et surtout sur la nécessité pour les régimes autoritaires africains de s'en accommoder ".

S'il est vrai comme nous venons de le voir que la France contribué à lancer l'idée de la promotion de la démocratie en Afrique, qu'elle sera la position des Etats-Unis par rapport à la diffusion de cette même démocratie sur le continent, si tant est vrai que depuis la fin de la guerre froide, ils ne cachent plus leur détermination à s'attaquer aux monopoles économiques et politiques de leurs anciens alliés Européens ? Autrement dit, dans cette offensive américaine ou dans cette nouvelle vision de leur politique africaine, qu'elle sera la place accordée à la démocratie ?

B- Les Etats-Unis et la promotion de la démocratie en Afrique

Parler de promotion de la démocratie exige un instant que l'on précise qu'il s'agit en réalité d'assistance à la consolidation démocratique. En effet, la démocratie n'est pas une apparition spontanée mais bien plus, le résultat d'un processus appelé démocratisation ; cette dernière commence avec l'ouverture du régime autoritaire qui laisse apparaître quelques fissures (Mbatchom : 2007). De ce fait, il sera davantage question d'étudier la contribution des Etats-Unis à la consolidation ou à l'enracinement de la démocratie en Afrique. Dès le début de la décennie 1990, les discours des officiels américains avaient comme leitmotiv la démocratie et le développement de l'Afrique. Ainsi, Le 25 avril 1990 M. Herman COHEN alors secrétaire d'Etat adjoint chargé des affaires africaines déclarait : "Reformes politiques et économiques sont étroitement liées à la croissance et au développement en Afrique " (Afrique Etats-Unis N°9 du 15 juin 1990). Le 27 octobre 1991, Nancy KASSEBAUM ; sénatrice à Washington considérait que l'Administration américaine devrait coopérer avec les Africains pour créer les conditions propices à l'épanouissement de la démocratie. Le 10 octobre 1996, le Secrétaire d'Etat M. WARREN CHRISTOPHER prononçait à ADDIS-ABEBA un discours lors du sommet de l'O.U.A. Il disait en substance que la démocratie est la seule condition pour le développement durable en Afrique (Mbatchom : 2007).

Par ailleurs, dans le cadre de la coopération entre les Etats-Unis et l'Afrique matérialisée par l'existence de la loi sur la croissance et les opportunités en Afrique, plus connu sous le sigle AGOA (African growth and Opportunity Act), un certain nombre de conditions politiques sont imposées aux gouvernements africains. L'AGOA est une loi visant à promouvoir le commerce entre l'Afrique et les Etats-Unis sous la bannière de la promotion de critères politiques très sélectifs allant de la démocratisation, à la libéralisation, en passant par la bonne gouvernance et le respect des droits de l'homme. En effet, selon (Nkoa Colin François (2007 : 39) :

" Les avantages offerts par l'AGOA (...) font l'objet d'une évaluation et d'un contrôle par le congrès américain qui peut ainsi décider de retirer de manière unilatérale ces préférences. Ce contrôle est exercé en s'appuyant sur des éléments tels que le respect des droits de l'homme, les principes démocratiques, la bonne gouvernance. En cas de violation de ces principes, les avantages octroyés par les Etats-Unis dans le cadre de cette initiative sont retirés. La Cote d'Ivoire, la Mauritanie et l'Erythrée ont déjà ainsi été sanctionnés ".

Donc, par une politique de conditionnalité et de multiples pressions exercées sur les gouvernements africains, les Etats-Unis ont contribué à la promotion de la démocratie en Afrique. Toutefois, s'il est vrai comme nous venons de le constater que les Etats-Unis et la France ont joué, volontairement ou non, un important rôle en faveur de la démocratie en Afrique, comment comprendre leur propension à soutenir ou à promouvoir une indigénisation de la démocratie sur le continent ? Autrement dit, les prises de position américaines et françaises en faveur de la démocratie en Afrique ne sont-elles pas en réalité une simple manière de contenter l'opinion publique africaine en mal de changement ?

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Paragraphe 2 : L'occident et la tropicalisation de la démocratie en Afrique

Il est peut être contradictoire de parler d'occident et de la tropicalisation de la démocratie. Car, la seule évocation de l'occident nous fait penser à priori à la diffusion de l'idéologie libérale. Seulement, dans leurs relations avec l'Afrique, les démocraties occidentales, considérées à tort ou à raison comme les défenseurs de la démocratie, ont très souvent fait passer leurs intérêts stratégiques avant la promotion des valeurs démocratiques. En effet, selon Fogue Tedom (2008 : 139) :

" Le débat autour de l'intérêt et de la nécessité de démocratiser le continent africain a souffert des enjeux géostratégiques des principales puissances occidentales engagées en Afrique. Dans ce débat, la résistance française ou encore le revirement américain lors de la tournée africaine de BILL CLINTON à Entebbe en Ouganda en mars 1998 ne peuvent se comprendre qu'à l'aune de ces enjeux. La démocratisation de l'Afrique implique une émancipation politique des africains et le développement de leur esprit de discernement. Dès lors, elle peut apparaitre dangereuse pour la réalisation de certains des objectifs géostratégiques de ces puissances ".

C'est donc dire que c'est dans le souci de défendre ou de promouvoir leurs intérêts stratégiques en Afrique que les démocraties occidentales (France et Etats-Unis en l'occurrence) ont soutenu l'idée d'une indigénisation de la démocratie en Afrique. Aussi, verrons-nous que le discours progressiste du président français François MITTERAND en 1990 à la Baule en France n'était en rien un coup fatal porté à l'autoritarisme en Afrique comme ont bien voulu nous le faire croire certains (A). Davantage, au regard de l'attitude américaine visant elle aussi à faire passer avant toute chose la défense de ses intérêts, les espoirs de l'opinion publique africaine vis-à-vis de l'offensive américainene risquent-ils pas d'être bafoués (B) ?

A. La Baule : une démocratisation en trompe oeil

Convaincue que la démocratisation, synonyme de prise de conscience de l'opinion africaine constitue une menace pour ses intérêts en Afrique, sous la pression des populations africaines et de l'ensemble de la communauté internationale, la France feint lors de la conférence de la Baule de juin 1990 d'opter pour la démocratisation du continent. En effet, la Baule est un soutien en trompe oeil à la lutte pour la démocratie que les populations africaines semblent déterminées à mener. Prisonnière des considérations géostratégiques, la France ne veut pas prendre le risque de soutenir la démocratisation du continent, démocratisation susceptible de remettre en cause ses intérêts sur le continent. Mais pour contenter l'opinion africaine, elle adopte une posture progressiste. Pour Fogue Tedom (2008 : 109) :

" Le discours de la Baule, abusivement et surtout idéologiquement considéré comme " le détonateur du processus de démocratisation en Afrique " (Michel ROUSSIN, Afrique majeure, paris, Ed. France-Empire, 1997, pp 14-15), n'est rien d'autre qu'un exercice géostratégique de transformation des contestations politiques africaines du début des années 1990 au mieux des intérêts de la France. En effet, redoutant les conséquences de la montée incontrôlée de ces contestations pour les pouvoirs qui lui garantissent un " patronage exclusif " dans ses anciennes colonies et donc pour elle-même, la France était stratégiquement dans l'obligation de donner l'impression à la rue africaine qu'elle était à ses côtés. Dans le même temps pour

des raisons géostratégiques, elle ne pouvait courir le risque de voir les populations africaines devenir maitresse de leur destin politique et par conséquent, les Etats de son pré-carré s'émanciper de sa tutelle politique, stratégique et économique au moment même où, après avoir déclaré le nouvel ordre mondial, les Etats-Unis venaient de proclamer la libre concurrence politique et économique entre les anciens de la guerre froide ".

Lors de cette même conférence, le président MITTERAND appelle à l'indigénisation ou à la tropicalisation de la démocratie en affirmant, " Si la démocratie est un principe universel, il ne faut pas oublier les différences de structures, de civilisations, de traditions, de moeurs. Impossible de présenter un système tout fait...La France n'a pas à décider je ne sais quelle loi constitutionnelle qui s'imposerait de facto à l'ensemble des peuples qui ont leur propre conscience et leur propre histoire ".

Soulignant cette duplicité française, Jean Pierre COT, ancien ministre français de la coopération affirmait : "c'est très caractéristique de la politique française (en Afrique) - et notamment celle de François MITTERAND - que de tenir, d'un côté, un discours généreux, d'entretenir des espoirs, et d'autre part, de pérenniser une pratique qui vise exactement le contraire ". En clair, malgré ses prises de position en faveur de la démocratisation du continent, la France devait garantir la survie de ses " amis fidèles ", même au prix du maintien des Etats africains dans l'immobilisme et l'archaïsme politique. De la survie politique des régimes africains dépendait la survie des intérêts français en Afrique.

C'est ce que confirme d'ailleurs l'étude des relations qu'elle entretien avec ses partenaires africains depuis la décennie 1990. En effet, l'analyse des relations franco-africaine depuis cette période laisse paraitre un soutien multiforme et quasi permanent de la France aux régimes africains. Cela se vérifie par exemple à travers l'élection présidentielle de 1992 au Cameroun. A l'issue de cette première élection présidentielle pluraliste, qui mettait aux prises Paul BIYA soutenu par la France et John FRU NDI soutenu par la diplomatie américaine, élection favorable au candidat Paul Biya. Le Floch Prigent, président d'ELF de l'époque fait des déclarations selon lesquelles c'est avec l'appui de sa compagnie que le président BIYA a pu s'imposer (Le Floch Prigent, l'express du 12/12/1996, p.66).

Pareillement, au Congo, après la décision du nouveau président élu, Pascal LISSOUBA, de vendre la part de l'Etat congolais dans l'exploitation du principal gisement du pays à la compagnie américaine OXY, Jusqu'à lors tenue à l'écart de l'exploitation congolaise par l'ancien pouvoir au profit exclusif de la compagnie française ELF, la France réussit après de nombreuses tractations diplomatiques et économiques à obtenir le rachat de la dette d'OXY. Mais, désormais, il est clair que le nouveau président représente une menace pour la sauvegarde des intérêts français au Congo. De ce fait, la France s'arrangera à le faire partir. C'est ainsi qu'après une première guerre civile en 1992, une seconde en 1998 aboutira au renversement de LISSOUBA. Le rôle actif de la France dans ce renversement semble se confirmer par les déclarations de Le Floch Prigent, lorsqu'il affirmait que parmi ses missions diplomatiques en Afrique figurait le "maintien du Congo dans ses liens avec la France (...) " (Cf. l'express 12/12/1996, pp 68-69).

Au regard de cette politique de deux poids deux mesures menée par la France en Afrique, qui consistait à soutenir d'une part, l'idée de la nécessité de la démocratisation du continent, mais continuant paradoxalement à soutenir les régimes africains d'autre part, on comprend très vite que Paris est inscrit dans la dialectique des intelligences. En effet, la France n'est pas prête à sacrifier ses intérêts stratégiques en Afrique sur l'autel de la Démocratie. D'ailleurs,

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sa maturité stratégique ne lui interdit-elle pas de faire passer la promotion des valeurs démocratiques avant la recherche et la sauvegarde de ses intérêts ? Qu'en est-il de l'offensive américaine aux allures progressistes ?

B. Les Etats-Unis et l'indigénisatiïn de la démïcratie en Afrique

Au-delà des apparences, et contrairement aux espoirs que l'opinion publique africaine lui voue, l'offensive américaine sur le continent est réfléchie et s'inscrit en droite ligne dans la dialectique des intelligences, visant le renversement du " patronage exclusif " des anciennes puissances coloniales et l'ouverture du marché africain aux investisseurs américains. En effet, les Etats-Unis n'entendent pas continuer à assister impassibles au partage du " gâteau africain " par les différentes chancelleries européennes. Pour s'attirer un certain capital de sympathie au sein de la population africaine, la diplomatie américaine dans son ensemble feint d'adhérer à l'idée de la nécessité de démocratiser le continent. Seulement, les prises de position de l'ancien président américain Bill CLINTON en faveur de la tropicalisation de la démocratie, à ENTEBBE en OUGANDA en 1998, apparait comme un coup fatal au processus démocratique laborieusement engagé sur le continent.

C'est en effet pendant son voyage en Ouganda que Bill CLINTON à l'occasion avait réuni autour de lui plusieurs chefs d'Etat africains : l'ougandais Yoweri MUSEVENI, le congolais Laurent Désiré KABILA, le Rwandais Pasteur BIZIMUNGU, le Kényan Arap MOI et le Tanzanien Benjamin MKAPA déclarait qu' " il n'ya pas de modèle établi pour les institutions ou la transformation démocratique " (Fogue Tedom ; 2008 : 60). Le président américain venait d'annoncer aux progressistes africains que son pays ne pouvait sacrifier ses intérêts économiques sur l'autel de la défense des libertés politiques en Afrique. En effet, " en soutenant qu'il n'ya pas de model de démocratie, dans un réalisme qui ne peut que renforcer la lecture essentiellement géostratégique de l'action de tous les partenaires étatiques étrangers de l'Afrique, Bill CLINTON, après les puissances européennes responsables du " pouvoir de la minorité " que la nouvelle politique africaine des Etats-Unis entendait combattre, venait de souscrire lui aussi à une indigénisation de la démocratie en

Afrique " (Fogue Tedom ; 2008 : 60).

C'est par exemple le cas au Cameroun où, après la longue période de défiance qui a précédé l'élection présidentielle de 1992, afin de mieux servir leurs intérêts dans le pays, les Etats-Unis décident de changer d'attitude et de cohabiter harmonieusement avec le pouvoir de Yaoundé. Le soutien américain au régime du président Paul BIYA s'illustre à la veille de l'élection présidentielle de 1997. Redoutant les trucages électoraux, l'opposition refuse de se présenter devant les électeurs, tant que les garanties de transparence ne seront pas données par le pouvoir. Dans l'espoir que les Etats-Unis fassent pression sur le président BIYA pour garantir la transparence du scrutin, un des leaders de l'opposition, Samuel EBOA rencontre le successeur de Frances COOK (ancienne ambassadrice des Etats-Unis au Cameroun) qui lui répond que, " c'est la stabilité politique du Cameroun qui intéresse les Etats-Unis et non le soutien à tel ou tel candidat ou formation politique " (Ela Pierre ; 2002 : 100). Selon Fogue Tedom (2008 : 84) :

" La réponse du diplomate américain, en fait un revirement au regard de 1992, (...) et annonçait par le fait même le renoncement de son pays par rapport à sa volonté initiale et officielle de ramener aux africains en même temps que le libéralisme économique, la démocratie. Elle dévoilait la réconciliation intervenue entre le gouvernement camerounais et les intérêts américains. C'est donc sans surprise qu'après la création en 1999 de la

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multinationale américaine EXXONMOBIL, fruit de la fusion d'ESSO et de MOBIL, jusqu'ici limité en Afrique Noire dans le raffinage et la distribution, on apprendra qu'elle a obtenu des autorités camerounaises le permis de prospecter du pétrole sur deux gisements off-shore : Ebodjé et Ebomé Marine ".

Au regard de ce qui précède, il ressort que malgré leur contribution à la promotion voire à l'enracinement d'un embryon de démocratie en Afrique, le principal souci de la France était de sauvegarder ses intérêts, tandis que pour les Etats-Unis, il était avant tout question de remettre en cause la main mise européenne sur l'exploitation des richesses africaines. La France et les Etats-Unis s'intéressent aux richesses africaines, à la seule différence que la France veut garder la main mise sur leur exploitation, alors que les Etats-Unis veulent avoir droit au chapitre. Aussi les Etats-Unis cristallisent-ils leur critique autour de la politique africaine de la France. Fondent leur offensive sur un discours sur la démocratie, les droits de l'Homme et la bonne gouvernance. Se sentant menacée par cette offensive américaine, la France feint elle aussi de s'inscrire dans cette logique progressiste. En effet, le contexte de démocratisation dans lequel intervient la mise en oeuvre de leur nouvelle politique africaine les oblige à s'inscrire dans la dialectique des intelligences. Feignant d'opter pour l'idée de la nécessité de la démocratisation du continent, ils continuent en fonction des circonstances et surtout chaque fois que leurs intérêts l'exigent à soutenir les régimes africains même autoritaires. Les donneurs de leçons se révèlent être les meilleurs amis des régimes dictatoriaux. Leurs différentes prises de position en faveur de la démocratie ne constituent en réalité qu'une manière subtile d'accroître leur capital de sympathie auprès des populations africaines.

De ce fait, au vue de la percée chinoise sur le continent, un conflit entre intérêts occidentaux et chinois sur le continent est à prévoir. En effet, Il est évident que les puissances occidentales qui profitaient du " consensus de Berlin ", et qui s'appropriaient les richesses du continent africain ne la voient pas d'un bon oeil, et ils ont dressé un certain nombre d'obstacles devant la Chine pour l'empêcher de menacer leur position monopolistique. Obstacles consistant pour l'essentiel à obscurcir au maximum l'offensive chinoise en Afrique. En réalité, la pénétration chinoise en Afrique dérange au plus haut point.

Au-delà de leur différence de posture vis-à-vis de la démocratie en Afrique-contrairement aux démocraties occidentales qui par un ensemble de conditionnalités imposées aux pays africains prétendent soutenir l'idée de la démocratisation de l'Afrique, la Chine, outre la non reconnaissance de Taiwan, ne pose pas de conditions politiques à l'établissement des relations diplomatiques avec ses partenaires africains- la Chine, tout comme les puissances occidentales visent avant tout la défense de leurs intérêts. En effet, selon Fogue Tedom(2008 : 158) : " A ce sujet, il faut souligner que si les démocraties occidentales affirment soutenir sans réserve l'opinion africaine qui aspire à la liberté, exige les réformes démocratiques effectives et soulève la question de la légitimité politique des gouvernants, dans les faits, tétanisés par leurs intérêts géostratégiques elles constituent au contraire un obstacle à l'émancipation politique des africains (voir l'attitude de la France dans la gestion de la succession du président togolais en 2005 ou encore la complaisance des Etats-Unis face aux dérives autoritaires du président MUSEVENI en OUGANDA). A partir de cette lecture, si le soutien politique des autorités chinoises aux régimes africains réfractaires aux réformes démocratiques est tout à fait logique au regard de la nature autoritaire du gouvernement de pékin, il est nécessaire de souligner que ce positionnement chinois n'est différent qu'en apparence de celui de ses rivaux que sont les démocraties occidentales ". C'est dire que même

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quand les valeurs sont présentées comme les motivations dans la politique internationale, il faut être prudent, ne pas prendre pour explication ce qui mérite explication.

Dans leur quête effrénée de matières premières, ces puissances ont transformé l'Afrique en un simple champ de manoeuvre où se déploient au quotidien leurs conflits d'intérêts autour de la quête et du contrôle des matières premières stratégiques (pétrole en l'occurrence). Seulement, leurs luttes de positionnement n'est pas sans effets sur la démocratie et la paix en Afrique.

CÏNCLUSIÏN GENERALE

Parvenus au terme de ce mémoire portant sur les : " enjeux et jeux pétroliers chinois en Afrique : étude de l'offensive chinoise dans le Golfe de Guinée ", il convient de dresser un bilan et de fixer quelques perspectives.

La problématique de ce travail, faut-il le rappeler, relevait de la place du Golfe de Guinée dans le redéploiement de la nouvelle puissance chinoise en Afrique. En fait, il s'est agi, grâce aux instruments des méthodes géopolitique et stratégique, d'étudier outre les motivations profondes de l'offensive pétrolière chinoise dans le Golfe de Guinée, le déploiement stratégique de la Chine autour du pétrole. Il s'est agi également de mesurer l'impact politique de cette offensive sur l'avenir de la démocratie et de la paix en Afrique.

La question centrale du sujet fut donc la suivante : En quoi est-ce que le Golfe de Guinée constitue à la fois un enjeu et un terrain du jeu pétrolier chinois en Afrique ? Autrement dit, quelles sont les raisons de l'offensive pétrolière chinoise et les stratégies mises en oeuvre par pékin pour accéder aux ressources africaines en général et au pétrole du golfe de Guinée en particulier? Davantage, hormis la non reconnaissance de Taiwan, Pékin ne s'encombrant pas de conditions politiques à l'établissement des relations diplomatiques avec ses partenaires africains, quel peut être l'impact d'une telle attitude sur l'évolution de la démocratie et de la paix en Afrique ? Au total, doit-on se réjouir ou redouter la dynamique chinoise autour du pétrole africain ?

A cette question centrale, nous avons émis une hypothèse principale qui postulait que, du fait de la place qu'elle occupe désormais dans l'économie mondiale, la Chine nourrit des ambitions de grande puissance. Sa dépendance énergétique l'amène à reconsidérer sa politique vis-à-vis de l'Afrique. Le Golfe de Guinée, espace qui jouit d'un potentiel

énergétique important et d'une position géostratégique indéniable, ne pouvait que susciter ses appétits. Par une offensive politique, économique, diplomatique et militaire, pékin entend investir le Golfe de Guinée afin de s'assurer entre autre, le contrôle et l'exploitation des matières premières en présence, le pétrole en l'occurrence. Seulement, engagé dans cette entreprise stratégique, pékin se soucie peu du respect des valeurs démocratiques et des droits de l'Homme. Pékin n'a en effet pas la réputation d'être un grand défenseur de la démocratie et des droits de l'Homme. Le soutien politique qu'il apporte aux régimes africains peut s'avérer être une sorte de caution à leur gestion, les conforter dans leur immobilisme politique, constituant ainsi une menace pour la démocratie et la paix.

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Au terme d'un tel processus, après enquête et analyse visant à vérifier notre hypothèse initiale, les informations collectées, traitées et organisées dans ce mémoire nous conduisent aux conclusions suivantes, dont le caractère partiel et précaire est évidemment de mise.

1) La Chine, manufacture du monde, dont la consommation de pétrole, de gaz naturel et de charbon est bien supérieure à la production de ses combustibles, se heurte à un déficit énergétique croissant. Pour faire face à sa dépendance croissante vis-à-vis du pétrole, pékin relance, depuis les années 2000, sa longue marche commerciale et stratégique pour diversifier ses sources d'approvisionnement à travers le monde. Quasiment absente de l'Afrique, il ya à peine 25 ans, la Chine est aujourd'hui le troisième partenaire commercial de l'Afrique et un acteur important sur le continent dans le domaine énergétique. Comme le souligne Valérie Niquet, directrice du centre Asie de l'Institut Français des Relations Internationales (IFRI), la Chine dont la croissance demeure particulièrement gourmande en énergie et en matières premières trouve en l'Afrique un nouveau grenier où s'approvisionner en pétrole. La présence chinoise actuelle en Afrique est une affaire d'intérêts. En effet, "la quête de ses intérêts l'oblige à passer par l'Afrique". Plus de 30 % des importations chinoises de pétrole proviennent actuellement de l'Afrique, dont la majorité du Golfe de Guinée. C'est donc cette boulimie énergétique de la Chine qui l'a conduit à lancer cette offensive pétrolière en Afrique en général et dans le Golfe de Guinée en particulier.

2) Dans la nouvelle ceinture pétro stratégique qu'est le Golfe de Guinée, les atouts du pétrole et de la région, couplés au déficit d'autonomie politique et stratégique dont souffrent les Etats de la sous région constituent à l'analyse le modus vivendi de cette offensive chinoise. En effet, le Golfe de Guinée semble désormais être, du fait de la place qu'il occupe dans la géopolitique pétrolière mondiale, notamment dans la politique de diversification des sources d'approvisionnement énergétique des grandes puissances industrielles un point névralgique de la scène pétrolière internationale. Aussi, la Chine, puissance émergente, boulimique en matières premières espère-t-elle y satisfaire ses importants besoins énergétiques, surtout quand on sait qu'en raison de leur extraversion étatique, la plupart des dirigeants des pays de la sous région sont prompt à servir les intérêts étrangers une fois qu'ils obtiennent en retour de leurs partenaires extérieures la garantie d'une " assurance vie politique ".

3) Pour s'octroyer le pétrole du Golfe de Guinée, pékin fait preuve d'un réalisme et d'un pragmatisme à nul autre pareil, use des moyens aussi bien politique et économique, que diplomatique et militaire.

Au niveau politique, l'Empire du milieu use d'une neutralité bienveillante et met en avant l'un des principes sacrés de la coexistence pacifique, celui de la non-ingérence dans les affaires intérieures des Etats avec lesquels elle coopère (Chomtang Fonkou ; 2007 : 123).

Au niveau économique, la Chine la Chine fait preuve d'une habileté déconcertante, en faisant reposer son offensive pétrolière sur une politique de dotation infrastructurelle. En échange des importations de pétrole, la Chine, offre à ses partenaires africains des infrastructures, si importantes pour leur développement (routes, voies ferrées, hôpitaux, écoles,...). Même si la qualité de ces infrastructures est très souvent remise en question, cette politique clientélaire a permis à la Chine de remettre en cause le leadership des puissances occidentales sur le contrôle et l'exploitation des matières premières stratégiques et de se hisser parmi les principaux pays importateurs du pétrole africain.

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Sur le plan diplomatique, la Chine a su faire preuve d'une subtile diplomatie adaptée aux circonstances. En effet, en fonction des besoins conjoncturels des pays concernés, Pékin a subtilement mis en oeuvre une réponse diplomatique adéquate. Ce qui au finish lui a permis de resserrer les liens avec ces pays et à accéder aux ressources naturelles (le pétrole en l'occurrence), dont son industrie est si demandeuse.

Sur le plan militaire enfin, l'offensive chinoise a reposer sur une politique consistant à la fois à tronquer du matériel militaire contre des importations de pétrole, et à la formation du personnel militaire africain.

4) L'offensive pétrolière chinoise dans le Golfe de Guinée, eu égard au soutien accordé par Pékin aux régimes africains en indélicatesse avec la communauté internationale pour des raisons de non respect des droits de l'Homme, ne sera pas sans effets sur l'avenir de la démocratie et de la paix. En effet, dans un contexte où les régimes africains sont au quotidien fustigés par l'ensemble de la communauté internationale pour leur gestion rudimentaire du pouvoir, le soutien de la Chine semble constituer pour ces derniers une sorte de " bouée de sauvetage ". Confortant ainsi ces dirigeants dans leur logique de pouvoir perpétuel. Par ce comportement, la Chine est restée fidèle à une logique qui lui est propre, son idéologie et le réalisme dans les relations internationales. En s'inscrivant dans cette logique, la Chine n'innovait aucunement, les puissances occidentales avant elle, avaient et continuent d'ailleurs à faire passer avant toute chose la promotion de leurs intérêts. En effet, nul besoin de se le cacher, sur la scène internationale, la promotion des intérêts surpasse celle des valeurs.

En somme, l'examen de l'offensive pétrolière chinoise dans le Golfe de Guinée soulève quelques inquiétudes. En effet, dans sa détermination à accéder par tous les moyens au pétrole de la sous région, la Chine risque de se comporter comme un éléphant dans un magasin de porcelaine et annihiler les efforts de démocratisation laborieusement entamés sur le continent depuis les années 1990. Par ailleurs, la vente incontrôlée d'armes à des régimes africains décriés risque de raviver plusieurs foyers de tension et plonger à nouveau le continent dans une instabilité endémique. Au demeurant, la Chine semble avoir la même carte de l'Afrique que les puissances Européenne et américaine : celle du pétrole et des mines. Leur déploiement dans le Golfe de Guinée à l'aube du 21e siècle n'a donc rien d'anodin, et l'on craint à la longue une nouvelle forme de pillage des ressources du continent par le géant asiatique (Chomtang Fonkou ; 2007 : 124), ceci avec la complicité bienveillante des autorités politiques locales. Face à cette offensive chinoise aux allures "messianiques", les africains devraient restés très lucides, éviter de se laisser une fois de plus embobiner. Eviter que leurs partenaires extérieurs en général ne transforment le continent en simple réservoir de matières premières et en déversoir de produits manufacturés. Le modèle chinois et ses effets présents et potentiels en Afrique noire peuvent être comparés à une symphonie politique et économique déjà jouée par les anciennes puissances occidentales.

Avec l'arrivée ou l'entrée en scène du géant asiatique, nous assistons à une intensification du pillage des ressources pétrolières africaines. Les questions que nous devons dès lors nous poser sont les suivantes :

- comment préserver l'Afrique de ce pillage ?

- comment tirer profit au maximum de la manne pétrolière ?

- comment rendre ce partenariat avec la Chine véritablement gagnant-gagnant ?

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"Ceux qui rêvent de jour ont conscience de bien des choses qui échappent à ceux qui rêvent de nuit"   Edgar Allan Poe