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Dégradation des ligneux pérennes dans le bassin versant de Houdouvou (extrême-nord Cameroun)


par Maxime DJAFNGA DABIDJOUM
Université de Maroua - Master 2021
  

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INTRODUCTION GENERALE

1. Contexte de la recherche

Le Sahel est une entité biogéographique définie en première instance par son climat tropical aride à semi-aride, contrôlé par la mousson du golfe de Guinée et l'Harmattan (alizé) saharien. Mais au cours du quaternaire la végétation sahélienne a dû s'adapter à des fluctuations climatiques entre les climats tropicaux humide et aride, voire hyperaride. La distribution des précipitations au cours de la saison des pluies et leur redistribution par ruissellement à la surface des sols sont les facteurs prépondérants de la diversité du couvert végétal et de sa production. Les nuances du régime hydrique des sols qui résultent de l'interaction entre la redistribution des eaux de pluie et la texture des sols, sont à la base d'une forte différenciation des formations végétales, en particulier de leur composante pérenne arbres et arbustes alors que la composition des herbacées annuelles varie largement d'une année à l'autre au gré de la distribution des pluies dans l'espace et le temps.

Les espèces pérennes sont des espèces qui vivent au moins deux ans. En botanique, une plante est pérenne lorsque le végétal est vivace donc pérennant, vit plus de deux années. La plante vivace est alors pérennante. Les plantes pérennes se retrouvent dans la végétation sahélienne et celle de la savane soudanienne (Ouédraogo et al, 2009). La localité de l'Extrême-Nord du Cameroun qui se situe en zone semi-aride est composée des espèces ligneuses pérennes. Cependant ces espèces qui sont censées vivre longtemps connaissent une dégradation du fait de son contexte climatique rude de l'Extrême-Nord et des activités humaines. Bien même que ces espèces soient souvent plantées par l'homme, elles meurent souvent trop jeunes et ne parviennent pas à atteindre leur degré maximum de maturation.

Dans les systèmes agraires du Sahel, les arbres ont une importance capitale pour les populations. Ils leur procurent divers bénéfices : aliments, médicaments traditionnels, fourrages, bois de feu, bois d'oeuvre et de service. Au-delà de ce rôle pour le bien-être de la population, les arbres sont reconnus pour leur rôle fondamental dans le maintien de l'équilibre des écosystèmes

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L'Extrême-Nord Cameroun et plus précisément la localité de Houdouvou se situe dans une zone ou on observe une accentuation de la dégradation des ressources ligneuses pérennes. La végétation de ce milieu est confrontée à de nombreux problèmes liés aux processus climatiques, édaphiques et anthropiques. Cette étude s'inscrit dans une perspective de la dégradation des ligneux pérennes en milieu semi-aride.

Si Abdel-kerim (2019) a permis d'expliquer la dynamique du couvert végétal ligneux dans le terroir de Tetal au Tchad, cette étude vise à mieux comprendre le phénomène dans un contexte de dégradation des espèces ligneuses pérennes dans la localité de Houdouvou, tout aussi important car elle va nous permettre de nous interroger sur l'avenir des ligneux qui qui vivent plus de deux ans dans des zones ou les conditions climatiques sont rude et dont la durée de survie est en train de se dégradée en fonction du temps. Elle permettra aussi de comprendre les acteurs impliqués dans leurs mutations, d'analyser les enjeux de la dégradation de ces ressources ligneuses dans un contexte soudano-sahélien, d'en déduire les éventuels effets pour l'Homme et pour la nature. Une meilleure compréhension de cette dynamique ligneuse permettrait ainsi d'élaborer et de tester des méthodes et outils nécessaire pour une gestion efficace et efficiente de la ressource ligneuse pérenne en zone à stress hydrique, singulièrement dans la localité de Houdouvou.

Les espèces ligneuses pérennes qui peuplent la localité de Houdouvou se dégradent de plus en plus et d'autres tendent à se raréfier dans l'espace et dans le temps. C'est dont conscient de cette dynamique régressive que cette étude se propose d'analyser la dégradation des ligneux pérennes.

Ainsi, elle consistera à faire un état des lieux des ligneux pérennes en zone semi-aride à travers une analyse de la diversité des espèces et une étude dendrométrique de ces espèces. Il sera aussi question de déterminer les facteurs à l'origine de l'altération des ligneux pérennes et les marques spatio-temporelles de cette dégradation. La proposition des moyens de pérennisation constituera le dernier point de ce travail.

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Justification du choix du sujet

La première raison ayant conduite à choisir ce sujet est l'exploitation constante des ligneux pérennes dans la localité de Houdouvou et de la conséquence directe qu'elle engendre. Il a été observé une réduction et une disparition de nombreuses espèces ligneuses pérennes (Combretum migranthum, Dalbrgia melanoxylon, Erophaca baetica, Grewia villosa, Gymnosporia senegalensis, Ozora insignis), une forte pression anthropique sur le couvert végétal est également notée, ainsi que le déracinement des arbres. Ces problèmes ont conduit à se poser tant de question qu'il est nécessaire d'analyser afin de comprendre : Quel est la place des ligneux pérennes dans le maintien de l'environnement et dans la survie des populations riveraines ? Qu'est-ce qui explique aujourd'hui, la réduction des essences ligneuses dotées de la capacité de vivre plus longtemps que les autres espèces végétales ? Les autorités locales applique-t-elles les lois et code forestière ? Quelles mesures faudra-t-elles pour valoriser ces espèces ?

La seconde raison porte sur le choix du domaine d'étude. Il s'agit de mener une étude « Biogéographique » en orientant le phénomène d'étude dans la dynamique régressive de la végétation ligneuse. Il est ainsi question de comprendre ce qui se passe dans cette science biogéographique avec les ligneux en général et les ligneux pérennes en particulier, de comprendre à travers cette étude ses objectifs, ses objets d'études, ses méthodes, ses champs d'études, ses auteurs, ses théories ses interdisciplinarités avec les autres sous-branches de la géographie et autres sciences et afin ses particularités et les résultats. À cette fin donc, cette étude porte sur la dégradation spatio-temporelle des ligneux pérennes dans les terroirs de Houdouvou, arrondissement de Meri.

3. Délimitation du sujet

Afin de mieux circonscrire et localiser géographiquement l'étude, il est question de faire une délimitation thématique, spatiale et temporelle de ce thème de recherche.

3.1. Délimitation thématique

La thématique étudiée se situe dans le domaine physique de la géographie, particulièrement en biogéographique. La biogéographie, par définition est l'étude de la répartition actuelle ou passée des êtres vivants animaux et végétaux et de l'organisation

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de leurs communautés à la surface de la terre, ainsi que des facteurs et modalités de leurs considérations spatiales et fonctionnelles.

Il s'agit plus précisément de la phytogéographie1 ou biogéographie végétale qui est l'étude la répartition des plantes et des formations végétales sur la terre, s'appuyant sur l'association ou la communauté des organismes végétaux (phytosociologie) et la végétation naturelle potentielle.

La main de l'homme associé aux conditions rudes du climat contribue à la dégradation de l'environnement et par ricochet à la destruction des ressources ligneuses dites pérennes. Dans cette perspective, l'étude de la végétation faite dans le cadre de cette thématique vise à identifier, à caractériser et à évaluer le niveau de dégradation des ligneux pérennes en zone semi-aride.

3.2. Délimitation spatiale

La recherche se déroule à l'Extrême-Nord Cameroun, dans le département du Diamaré, dans une périphérie de la ville de Maroua, chef-lieu de la région. Il est située entre le 10ème et 11ème degré de latitude Nord et le 14ème et 15ème degré de longitude Est et est découpée en neuf communes. La zone est choisie sur la base des critères suivants : zone présentent un déficit hydrique, zone d'érosion des couvertures ligneuses, espace en pleine mutation. Il s'agit plus précisément de la localité de Houdouvou dans l'arrondissement de Meri. La figure 1 et 2 ci-dessous localise la zone où l'étude est mené dans l'optique d'analyser les implications de la dégradation des ligneux pérennes.

1 Science au croisement de la botanique et de la géographie, qui étudie la répartition des végétaux à la surface du globe et les causes de cette répartition ainsi que les relations existantes entre les espèces ou communautés végétale d'une part, et les caractéristiques géographiques, et biologique d'autre part.

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Figure 1.Localisation de la zone d'étude

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La figure 1 donne une indication plus globale de la zone d'étude dans le département du Diamaré et dans l'arrondissement de Meri. La localisation de la zone d'étude avec les unités d'occupations du sol est représentée dans la figure 1.

Figure 2. Localisation de Houdouvou

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3.3. Délimitation temporelle

Le cadre spatial de la recherche ainsi délimité, il importe par la suite de situer l'étude dans le temps. Pour une meilleure analyse et une bonne explication de la dégradation spatio-temporelle des espèces pérennes dans la localité de Houdouvou, il s'est avéré impérieux pour nous de délimiter ce travail dans l'intervalle 2001 à 2021.

La borne inférieure est représentée par l'année 2001. Le choix de cette borne est fait par rapport aux facteurs identifiés pour le cas de ce travail. 2001 est une date ou la démographie n'était pas aussi importante que 2021 et donc la pression sur les ligneux était moins grande.

La borne supérieure, 2021 renvoie à la dernière des dates où le choix de ce sujet est fait et où le couvert ligneux connait une dégradation par rapport à celle de 2001 et c'est surtout le moment où les menaces sur les ligneux pérennes sont perçu en direct tant du côté des riverains que du côté des autorités.

4. Revue de la littérature

La dégradation des espèces ligneuses dites pérennes dans la localité de Houdouvou est le résultat des facteurs d'origines naturelles et anthropiques. La dégradation de ces ligneux a des conséquences sur la nature en générale et sur les hommes en particulier. Dans cette optique, la revue faite dans le cadre de ce travail est axée autour de la caractérisation des formations végétales pérennes en zone semi-aride, des facteurs de la dégradation du couvert ligneux, des conséquences de la dégradation de la végétation pérenne et enfin des stratégies de gestion et de préservation de la végétation pérenne en zone semi-aride.

4.1. Caractérisation des formations végétale pérenne en zone semi-aride

La caractérisation des ligneuses pérennes analyses les différents ligneux pérennes à travers leurs identifications, leurs structures, leurs localisations, leurs processus de germinations et leurs évolutions.

Babacar, et al dans Flore et végétation de la Réserve Spéciale de Faune de Gueumbeul (Sénégal) ont réalisé une étude entre 2010 et 2014 dans la Réserve Spéciale de Faune de Gueumbeul (RSFG) abritant une faune riche et variée ainsi qu'une flore diversifiée mais peu connue. Cette étude est entreprise pour déterminer la structure de

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la flore et de la végétation, élément indispensable pour une bonne gestion des ressources de cette réserve. L'étude floristique a montré que la flore de cette réserve est riche de 100 espèces réparties en 82 genres et 42 familles parmi lesquelles, les Poaceae, les Fabaceae, les Convolvulaceae et les Amaranthaceae sont les plus diversifiées. Les Dicotylédones dominent cette flore. Les Thérophytes constituent l'essentiel de la flore, suivis des Phanérophytes.

Les plantes pérennes doivent faire face à un défi commun : une longueur de cycle très importante combinant âge d'évaluation et âge de reproduction. Cette dernière pouvant représenter plus d'une décennie (Catherine Bastien (2019). Chez les arbres forestiers et fruitiers, le fort encombrement spatial et l'âge d'évaluation des critères économiques de production limitent souvent les possibilités de phénotypage et augmentent les coûts d'évaluation.

L'évolution des ligneux suivant un processus de germination est étudiée par Ouedraogo et al; (2009). Ainsi, il met en évidence le rôle que jouent les jeunes plants dans l'établissement de la végétation adulte. Ils déterminent par ce fait les stades de croissance où les plantes les plus jeunes sont vulnérables, et la conquête des plantes adultes dans le milieu. Ils établissent la théorie de la sélection naturelle dans une logique d'adaptation des végétaux dans leur écosystème. Dans le même ordre d'idées, Jean Marie Fondoun dans Situation des Ressources Génétiques Forestières du Nord Cameroun préparé pour l'Atelier sous régional FAO/IPGRI/ICRAF sur la conservation, la gestion, l'utilisation durable et la mise en valeur des ressources génétiques forestières de la zone sahélienne aborde plusieurs thèmes qui caractérisent la région soudano-sahélienne.

Dans son article, il fait une description de la végétation Camerounaise et celle de la savane soudanienne (début de la plaine de la Bénoué au Sud de Maroua) en particulier. Dans cette étude, il note que le couvert végétal de cette zone est dominé par une forêt sèche et éparse. La pression de l'agriculture a suffisamment transformé le paysage en une savane plus ou moins arbustive dominée par l'abondance de combretum et terminalia. Les composantes de cette formation sont : Boswellia dalzielii, Commiphora africana et les résineux Commiphora pedunculata, Dalbergia melanoxylon aux

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branches épineuses, Diospyros mespiliformis, Lannea fructicosa et Lannea microcarpa. Dans la vallée de la plaine de la Bénoué, avec un lac permanent et les surfaces inondables, on rencontre une flore particulière dominée par Borassus aethiopum. Il continue son analyse avec la caractérisation des formations végétale de la savane sahélo-soudanienne (Sud de Maroua jusqu'au bord du Lac Tchad). Il note ainsi une steppe épineuse qui forme une broussaille d'épineux qui colonisent les sols calcaires dont les principales espèces constitutives sont Acacia seyal, Balanites aegyptiaca, Capparis sp. Combretum aculeatum, Ziziphus abyssinica. Les prairies périodiquement inondables déstabilisées par le pâturage intensif, les feux de brousse et l'agriculture industrielle présentant un paysage boisé dont les principales composantes colonisatrices des sols noirs argileux sont Acacia seyal et quelques fois, Acacia nilotica var. adansonii.

Couteron et al. (1992) dans une étude au Nord-ouest du Burkina Faso montre la structure et l'état des peuplements dans les hauts glacis gravillonnaires (fourrés tigrés), les bas de glacis (savanes arbustives), les bas- fonds (forêt claire). Aussi, les mesures des différentes variables d'état des peuplements montrent que les densités d'arbres vivants ainsi que les taux de mortalité sont variables selon les situations écologiques ; la régénération, en revanche, en dépend moins nettement et est relativement abondante. Dans le même ordre d'idée, Oumar et al. (2014) dans une étude sur l'état de la végétation ligneuse dans trois unités d'utilisation des terres d'une zone agropastorale au Sénégal (Région de Kaffrine) détectent la présence de 40 espèces ligneuses relevant de 33 genres et 21 familles avec une proportion importante des espèces de la famille des Combretaceae. Par ailleurs, les paramètres étudiés montrent une nette différence entre ces entités témoignant de leur hétérogénéité, mais avec un plus grand niveau de stabilité du peuplement dans la forêt. Pour ces auteurs, le peuplement est globalement jeune avec une importante proportion des individus dans les premières classes de diamètre et de hauteur.

Dans cette littérature, moules auteurs ont identifié et caractérisé les formations ligneuses des milieux sahéliens. Il s'agit précisément Acacia seyal, Balanites aegyptiaca, Capparis sp. Combretum aculeatum, Ziziphus abyssinica. Ce travail se propose de faire un état des lieux des ligneux pérennes dans la localité de Houdouvou à

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travers une classification des espèces arborées et arbustives et une analyse dendrométrique de la répartition de ces espèces.

4.2. Les facteurs de la dégradation du couvert ligneux.

La dégradation des ligneux pérennes est la résultante des facteurs d'origines naturelles et anthropiques. Ces facteurs vont des fortes variabilités pluviométriques aux activités humaines en passant par les défaillances institutionnelles.

Téwéché et al. (2016), dans l'ouvrage intitulé risque et catastrophes en zone Soudano-Sahélienne du Cameroun : aléas, vulnérabilités et résilience traitant de la dynamique régressive de la végétation ligneuse dans la réserve forestière de Zamay ressortent que la réserve subie une régression. Cette régression est due à la conjugaison des problèmes institutionnels et des facteurs naturels et anthropiques. Dongmo (1996), Fotsing (1997) et Atangana (2002) vont dans le même sens en présentent l'inventaire des espèces ligneuses et la dynamique de la population dans la zone de production de bois de feu à Maroua. Ils démontrent que plusieurs espèces ligneuses sont en voie de disparition suite aux exploitations abusives et incontrôlées des arbres.

Pour Timberlake (1985) et Pearce (1988), l'évolution rapide et sans contrôle des territoires et la dégradation de l'environnement est une conséquence logique de la croissance démographique accélérée. Ces auteurs démontrent qu'il y a trop d'hommes mais pas assez de nourriture ni de matières premières. De même, Ramade (1994) considère qu'il existe une relation quasi mécanique et linéaire entre la dégradation de l'environnement et la croissance démographique.

Dans le rapport de la FAO (2010) « Foresterie urbaine et périurbaine en Afrique. Quelles perspectives pour le bois-énergie ? » Document de travail sur la foresterie urbaine et périurbaine, la problématique bois-énergie pour l'approvisionnement des villes est traité et analyse ainsi les déterminent sociaux, économiques, institutionnels et environnementaux du bois-énergie urbain en Afrique. Ainsi, on note que le point commun entre la forêt de la Matmora (Maroc), les galeries forestières du plateau des malgaches (Madagascar), les côtes sèches et les systèmes agroforestiers du Mali, est que ces forêts périurbaines participent largement à l'approvisionnement en bois-énergie des agglomérations et villes d'Afrique. Tous les écosystèmes forestiers urbains et

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périurbains d'Afrique sont soumis à une pression d'intensité variable, mais en augmentation constante de la part des populations citadines. Ce si s'explique par le phénomène de l'exode rural et d'une démographie hors de contrôle associé souvent à une gouvernance déficiente et qui provoque par ricochet le développement anarchique des villes. Nonobstant, les espaces naturels, même dégradés jouent alors un rôle essentiel dans la fourniture de produits et commodités de première nécessité.

De même Abdel-kerim (2019) traitant de la dynamique du couvert végétal ligneux dans le terroir de Tetal au Tchad montre que les activités humaines sont les principales causes de la dégradation des ligneux. Dans la thématique relative aux facteurs qui causent une mutation du couvert ligneux Badawé et Nisso (2016) relèvent que les facteurs anthropiques à travers les effets de la croissance démographique causent la dynamique du couvert végétale. Ces effets se traduisent par l'augmentation des demandes en bois de chauffe. En effet la savane de Zokolé constitue la source de ravitaillement en bois de chauffe. Outre les effets démographiques, ils ont relevé les effets des activités agricoles. En effet les changements d'affectation et d'utilisation des terres, l'extension des parcelles agricoles encouragée par la culture du coton augmente le processus de dégradation du couvert végétal. Pour ce qui est des facteurs institutionnels, on note en premiers ressort les défaillances des institutions qui oeuvrent dans la protection des arbres. Cette défaillance se traduit par une insuffisance de contrôle de la part des administrations compétentes, par le manque de personnel qualifié ainsi que des moyens matériels et financiers. Le dernier facteur à relever concerne les facteurs naturels notamment les fortes variations pluviométriques. Ainsi, le déficit hydrique que connais la savane de Zokolé entraine la modification du couvert végétal.

Cette revue dresse une liste des facteurs naturels et des facteurs anthropiques à l'origine de la dégradation des ligneux. Pour ce travail, il est question de montrer les implications de ces facteurs dans la dégradation spatio-temporelle des ligneux pérennes dans la localité de Houdouvou dans l'optique d'analyser le processus de dégradation de ces espèces.

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4.3. Conséquence de la dégradation de la végétation pérenne

La dégradation des ligneux pérennes à des conséquences sur l'environnement en général et sur les hommes et leurs activités en particulier. L'augmentation des vagues de sécheresses, des périodes de chaleur, la raréfaction du nombre des ligneux, la perte des productions agricoles à travers la baisse de la fertilité des sols sont là des conséquences directes de la dégradation des ligneux pérennes.

Le rapport de la FAO (1947) sur la mort des forêts de l'Afrique tropicale indique que l'Afrique tropicale tend vers la savanisation générale. Du point de vue de l'économie forestière, sur le plan régional et mondial, les conséquences en sont sérieuses. L'Afrique, sauf dans les régions de forêt équatoriale, est déjà importatrice de bois. Son développement et l'accroissement de sa population ne pourront qu'aggraver cette situation. Dans les pays à climat très sec, les défrichements incontrôlés autour des centres habités ont déjà abouti à raser complètement tous les boisements, de sorte que les femmes sont parfois obligées d'aller chercher des fagots de bois de feu à plusieurs heures de marche, ou de les acheter très cher au marché. Les bois d'oeuvre manquent ; il n'y a plus de bois droits, sauf dans des galeries forestières très éloignées. Le problème du bois se pose partout dans ces régions sèches et peuplées, et touche aussi bien les populations locales que les services publics. Les sociétés humaines ont peu à peu accru leurs impacts sur les écosystèmes par leur essor technique et démographique, au point que l'écroulement de civilisations florissantes a pu être attribué, au moins pour partie, à la dégradation de leur environnement (Diamond, 2005).

L'exploitation anarchique et mal maitrisée des terres a des conséquences néfastes telles que les défrichements, l'érosion, la baisse de fertilisation et la destruction d'une partie des ressources naturelles (Le Thiec, 1996 : CIRAD, 1988). L'augmentation de la population dans les communautés rurales se traduit par une pression accrue sur l'environnement physique de la zone, notamment sur les formations naturelles. Les conditions édaphiques étant peu favorables à l'agriculture (présence des sols érodés, appauvris et peu profonds sur cuirasse ferrugineuse) les paysans n'hésitent pas à grignoter les terres marginales sous végétation naturelle, (Diatta et al., 1994) ce qui dégrade le sol par une érosion non contrôlée suite à l'intensification des cultures de coton

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et céréales (Boli et al., 1992). La suppression de la couverture forestière en Afrique a des conséquences sur le climat, la conservation des sols et les réserves d'eau, qui sont infiniment plus grandes que partout ailleurs dans le monde. Tout d'abord, comme il a été mentionné, il s'agit d'un phénomène général qui affecte la majeure partie de l'Afrique tropicale, c'est-à-dire qui atteint des proportions l'élevant au niveau d'un facteur climatique général

Les travaux de Ganota (2014) sur la dynamique des recrûs ligneux dans les terroirs de Djaba, Sakdjé et Gamba dans la périphérie ouest du parc national de la Bénoué montrent que, les techniques culturales basées sur la pratique de culture sur brulis ou de culture intensive, provoquent des effets négatifs sur la dynamique de régénération des ligneux. Malgré la forte capacité de régénération de nombreuses espèces parmi lesquelles Bridelia feruginea, Combretum collinum, Isoberlinia doka, Piliostigma thonningii, Annona sengalensis, il a été noté qu'autant ces pratiques culturales favorisent à travers la préservation la survie de certaines espèces socioéconomiques ; autant elles réduisent la densité de régénération, la richesse et la diversité des ligneux après la mise en culture.

Konan et al. (2015) dans Dynamisme de la structure diamétrique du peuplement ligneux des différents biotopes de la forêt classée de Yapo-Abbé, Sud de la Côte d'Ivoire montrent que l'exploitation récurrente des espèces végétales pour la production de bois d'oeuvre, l'artisanat et les différentes constructions d'habitations des populations riveraines, le déplacement des engins pendant le transport après la coupe des arbres dans la forêt naturelle et l'installation des parcelles agricoles, ont fortement perturbé la flore et la végétation ligneuses de la forêt classée de Yapo-Abbé. Toutes ces actions anthropiques y ont entraîné un appauvrissement du cortège floristique ligneux. La perturbation de ce massif forestier a modifié la flore ligneuse du biotope forêt naturelle, où Dacryodes klaineana, Parinari excelsa et Parkia bicolor, trois espèces dominantes, sont remplacées par Heritiera utilis (espèce introduite) dans la zone reboisée et par Musanga cecropioides dans les jachères.

Plit. (1983) indique que les conséquences fâcheuses de la dégradation du milieu naturel se font déjà ressentir dans diverses branches de l'économie. Parmi les effets

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directs nous pouvons citer : l'exploitation réduite des forêts dont le potentiel productif a diminué et la baisse de la valeur touristique des régions dans lesquelles les forêts ont été dévastées. De plus cette dégradation de la végétation a accéléré l'érosion du sol en Afrique.

La littérature faite à ce niveau dresse les éventuelles répercussions de la détérioration des ressources ligneuses sur l'environnement et sur les hommes. Ce travail de propose d'analyse les implications socio-économiques de la dégradation des espèces pérennes afin de mettre sur pieds des bases pour une préservation de cette ressource indispensable à la vie des Hommes.

4.4. Stratégies de gestion et de préservation de la végétation pérenne en zone semi-aride

Afin de ralentir la dégradation des ligneux pérennes et ces effets dans un contexte semi-aride, des stratégies, politiques et moyens sont mises en oeuvres. Ces stratégies vont de l'individuel au collectif en passant par le politique.

Manceron (2011) relève que la plupart des discours actuels sur les aires protégées évoquent la nécessité de prendre en compte la périphérie dans le cadre des actions de conservation. Dans un rapport de Cirad de juin 2004, Binot (2004) évoque la gestion participative des ressources en Afrique Centrale en parlant de la gestion concertée des ressources naturelles, la prise en compte des périphéries d'aires protégées pour une meilleure gestion des ligneux. Cet auteur prend ainsi pour exemple le parc national de Zakouma au Tchad. Il propose aux décideurs des outils d'aménagement (plans d'aménagement, politiques de conservation) qui prennent en compte les stratégies de subsistance des acteurs locaux.

Dans le mémoire de Master II recherche de Toumba Tizi portant sur la gestion des ressources ligneuses et en eau en zone sahélienne : cas de Mindif (Nord-Cameroun), 2010, il relève de niveau de gestion : D'une part il y a ceux qui concourent à l'augmentation de la quantité des ressources ligneuses par des actions de suivi, de contrôle, de protection ou de reboisement. D'autre part ceux qui exploitent ces ressources pour la satisfaction de leurs besoins.

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Ainsi, les acteurs qui interviennent dans la protection et la restauration des ressources ligneuses sont composés de l'Etat, de la commune, de la SODECOTON et de la population locale. En ce qui concerne l'Etat, c'est à travers la loi n°94/01 du 20 janvier portant régime des forêts, de la faune et de la pêche au Cameroun qui insiste sur la protection de la nature et de la biodiversité. La gestion est assurée par les administrations chargées des forêts et de la faune (article 35). Les droits d'usage sont reconnus aux populations riveraines. Elles peuvent donc l'exploité pour une utilisation personnelle. Les services de l'Etat qui interviennent comme acteur sont les services déconcentrés du ministère des forêts et de la faune. La commune de Mindif est un autre acteur de la gestion du couvert végétal ligneux. Elle intervient par des actions de reboisement et la principale espèce utilisée est l'Azadirachta indica. Pour ce qui est de la Société de Développement de Coton du Cameroun (SODECOTON), elle agit à travers certains projets crée comme le DPGT puis l'ESA depuis 2005. ESA mène des actions dont le but est la capitalisation des ressources naturelles (sols, eaux, arbres) utile à la production agricole. Le projet effectue des reboisements. Pour ce qui est de la population locale, elle est considérée comme la principale bénéficiaire des ressources ligneuses dans les zones rurales sahéliennes. Elle participe à la gestion de ces ressources par des actions de reboisement.

Le Plan d'Action Mondial pour la conservation, l'utilisation durable et la mise en valeur des ressources génétique forestières (GPA-FGR) est un cadre stratégique basé sur les résultats du rapport de l'Etat des ressources génétiques forestières dans le monde, publié par la FAO en juin 2014. Son but était d'étudier les ressources génétiques des arbres, de développer des stratégies et des approches pour leurs conservation et gestion durables, et pour disséminer les connaissances et sensibiliser les organismes nationaux et internationaux concernés. François Tardieu (2012) dans Mécanismes d'adaptation des plantes aux changements climatiques propose plusieurs stratégies pour permettre l'adaptation des plantes face aux changements climatiques. Il propose ainsi une optimisation du cycle végétatif car chez les plantes annuelles, la durée du cycle va de quelques semaines à un an suivant les espèces, avec une forte variabilité génétique à l'intérieur de chaque espèce. Il faut aussi une optimisation des échanges « eau - gaz carbonique », une optimisation du rapport « reproduction/production » et une

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optimisation de l'architecture de la plante. C'est dans le même ordre d'idée que l'Association Vigne (Asvigne) propose la méthode PLASA (Planter Sans Arrosage). Elle est une innovation technique de plantation d'arbre au sahel qui consiste à faire de la frange capillaire la source principale d'alimentation du plant en eau en saison sèche et de l'arrosage anthropique un appoint.

Cette revue fait un état des lieux des stratégies mises en place pour assurer une pérennisation de la ressource ligneuse. Elle va permettre de se fixer afin de proposer des stratégies plus innovantes capables de répondre aux besoins des politiques en matière de préservation des ligneux.

5. Problématique

Suite à l'augmentation graduelle des contraintes climatiques au cours de l'Holocène2 (Le Houérou, 1997), le Sahara est devenu un pôle d'aridité à l'échelle planétaire (Ozenda, 1991). Ce changement s'est accompagné de flux d'espèces végétales et animales, mais aussi d'adaptations diverses et souvent spectaculaires qui font de la faune et la flore sahariennes actuelles un enjeu de conservation biologique et de développement humain durable important, bien que le nombre d'espèces soit relativement faible (Ozenda, 1991).

Dans la majorité des régions semi-arides, le couvert végétal ligneux naturel est inférieur à ce qui peut être considéré comme couvert souhaitable. La dégradation des écosystèmes arides est liée classiquement à deux facteurs : les changements climatiques et les activités humaines. Les premiers sont considérés comme inéluctables à l'échelle du siècle. Cependant, la végétation des zones arides est adaptée à ce type de changements récurrents, et leurs effets sur la disparition d'espèces sont généralement limités (Darkoh, 2003).

L'augmentation du prix des produits pétroliers ne fait qu'accroitre l'utilisation des produits ligneux en Afrique. Dans les zones desservies situées en deçà de 30 km du centre urbain, les besoins en bois de chauffe de ce centre urbain ont initié la vente la

2 Holocène : Nom de l'ère géologique qui représente les 11 000 dernières années. Il correspond à la dernière partie de l'ère quaternaire, période la plus récente dans l'échelle des temps géologiques.

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vente du bois énergie. Ce si est à l'origine d'une surexploitation des ligneux pérennes et provoque par ricochet sa dégradation. Les besoins en bois sont tels que les espèces de reboisement en occurrence le Faidherbia albida et l'Azadirachta indica n'échappent plus à la coupe (Toumba T., 2010). La fragilité de l'écosystème associé à une exploitation anarchique accélère la dégradation du couvert ligneux. Cette érosion du couvert ligneux accélère le ruissellement qui à son tour décape les sols agricoles, limites l'infiltration et aggrave le problème de manque d'eau. Les contraintes naturelles conjuguées aux affres des actions de l'homme limitent la disponibilité des espèces pérennes et provoquent par ricochet sa raréfaction.

Si beaucoup d'études ont été consacrées à la dégradation des ressources ligneuses au Cameroun en général et dans l'Extrême-Nord en particulier, les données sur les mécanismes de dégradation des ligneux pérennes dans un contexte climatique rude, et surtout sur les indicateurs de cette dégradation restent éparses et leur compréhension encore limitée.

Au cours de ces dernières années, les travaux d'impacts des conditions naturels, principalement climatique sur les ressources ligneuses ne cessent d'être menés. L'étude des couverts ligneux se heurte à des problèmes écologiques, climatiques, édaphiques et anthropiques. Cette recherche analyse le processus d'érosion de la végétation pérenne en zone semi-aride. Dans ce contexte, dans quelles conditions les espèces qui parviennent à vivre longtemps évoluent-elles dans les zones semi-arides ? Quelles sont les caractéristiques de ces espèces ligneuses pérennes ? Quels sont les facteurs qui contribuent à la dégradation de ces espèces ? Quel contrecoup subit la population et l'environnement des zones semi-arides ? Quelles sont les conditions de préservations et pérennisation des espèces ligneuses pérennes dans ces zones à forte péjoration climatique ?

6. 18

Problème de recherche 6.1. Problème générale

Les végétations pérennes de la localité de Houdouvou subissent des contraintes d'ordres climatiques et anthropiques. Ces contraintes conduisent à la dégradation des ligneux pérennes dont il faut caractériser et analyser.

6.2. Problèmes spécifiques

Problème spécifique 1 : L'état des lieux des ligneux pérennes de la localité de Houdouvou reste à faire.

Problème spécifique 2 : Les facteurs de la dégradation spatiale des espèces ligneuses pérennes de la localité de Houdouvou sont connus mais les indicateurs et le processus de cette dégradation n'ont pas été suffisamment identifiés et caractérisés.

Problème spécifique 3 : Les marques de l'altération des ligneux pérennes sont connu mais les effets socio-économiques et environnementaux sont à présenter et à analyser.

Problème spécifique 4 : Les conditions de préservation et les politiques règlementaires de protection et de gestion des ligneux pérennes en zone à stress hydrique sont à identifier et à préconiser.

7. Question de recherche 7.1. Question générale

Comment se caractérise la dégradation spatio-temporelle des ligneux pérennes dans la localité de Houdouvou ?

7.2. Question spécifique

Question spécifique 1 : Quel est l'état des lieux des ligneux pérennes dans la localité de

Houdouvou ?

Question spécifique 2 : Comment les processus naturels et les actions anthropiques contribuent-ils à la dégradation des ligneux pérennes ?

Question spécifique 3 : Dans quelle mesure la dégradation des espèces ligneuses pérennes à des effets sur l'environnement et les activités humaines ?

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Question spécifique 4 : Comment peut-ont préservé à long terme les ligneux pérennes dans la localité de Houdouvou ?

8. Objectif de recherche

8.1. Objectif général

Analyser le processus de dégradation des espèces ligneuses pérennes dans la

localité de Houdouvou.

8.2. Objectif spécifique

Objectif spécifique 1 : Faire ressortir toutes les espèces pérennes et leurs caractéristiques.

Objectif spécifique 2 : Déterminer les facteurs à l'origine de la dégradation des ligneux pérennes.

Objectif spécifique 3 : Déduire les contrecoups qui découlent de la dégradation des ligneux pérennes.

Objectif spécifique 4 : Proposer des solutions pour restreindre la dégradation des ligneux pérennes dans la localité de Houdouvou.

9. Hypothèse de recherche

9.1. Hypothèse générale

Les conditions rudes du climat sahélien associées aux actions anthropiques

favorisent la dégradation spatio-temporelle des ligneux pérennes.

9.2. Hypothèse spécifique

Hypothèse spécifique 1 : Plusieurs espèces ligneuses pérennes peuplent la localité de

Houdouvou.

Hypothèse spécifique 2 : Les activités humaines et les conditions rudes du climat sont à l'origine de l'érosion des espèces ligneuses pérennes.

Hypothèse spécifique 3 : La détérioration des espèces ligneuses pérennes est à l'origine de l'augmentation de la sécheresse dans la zone et impact sur les activités des hommes.

Hypothèse spécifique 4 : Mettre sur pied de bonne politiques en matière de protection des arbres peut endiguer ou freiner le processus de dégradation des ligneux pérennes.

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10. Cadre conceptuel et théorique

10.1. Cadre conceptuel

Dans le but de mieux cerner et de comprendre la thématique abordée, il est judicieux de définir et de donner le sens des mots clés de ce sujet : Dégradation spatio-temporelle, ligneux pérennes.

Dégradation spatio-temporelle

Le dictionnaire Larousse défini la dégradation comme l'action d'endommager quelque chose, de l'abîmé, de l'altéré. Elle est aussi définie comme la détérioration progressive d'une relation, d'une situation. En écologie la dégradation est le remplacement d'une formation végétale par une autre, généralement moins diversifiée (par exemple d'une forêt par une garrigue ou par une prairie, à la suite d'une exploitation intensive ou d'incendies répétés).

Selon Yves Lacoste (2003), le concept de « dégradation » vient d'un terme religieux signifiant que l'on est privé d'un « grade ». D'après lui, en géographie, le mot s'applique à la détérioration d'un sol qui perd de sa fertilité sous l'effet de l'érosion ou du lessivage. Ici, il s'agit donc de l'érosion hydrique causée par le ruissellement qui emporte tous éléments utiles aux plantes. Mais Roger Brunet (sous la direction, 2006) estime que la dégradation « s'applique à un certain stade de l'évolution des sols. Ce terme désigne également la transformation subie par certains caractères ou constituants du sol. »

On peut donc dire que le terme de dégradation renvoie dans son premier sens au processus de détérioration des sols. Toutefois, on peut appliquer ce concept de dégradation à d'autres domaines. Ici, il s'agit du couvert végétal. Dès lors, ce terme est associé à cette notion de perte : perte d'une valeur, d'une qualité ou d'une richesse. Concernant le couvert végétal, la dégradation peut être comprise dans le sens de fléchissement d'une ressource en l'occurrence la végétation.

La dynamique spatio-temporelle peut être définie comme l'évolution dans le temps et l'espace des surfaces végétales, soit vers un stade de dégradation ou d'amélioration, soit vers un état d'équilibre plus ou moins stable. Elle rend compte de l'ensemble des variabilités spatio-temporelles (Taibou et Seck, 2012).

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Dans ce cas, la dégradation spatio-temporelle est perçue comme une détérioration, une régression, au plan quantitatif et qualitatif de la ressource végétale. Il s'agit d'une perte de qualité et une diminution de la quantité des ressources naturelles disponibles qui sont le plus souvent dues à plusieurs facteurs qui sont d'ordre physique et anthropique. Le concept traduit une altération, une modification du couvert végétal rendue possible par une vulnérabilité persistante des conditions climatiques. Dans le cadre de cette étude, la dégradation est la diminution, l'altération voire la disparition des ligneux pérennes.

Ligneux pérennes

Si le terme ligneux a été utilisé dès 1781 par Jean-Jacques Rousseau, pour désigner ce qui a la consistance du bois, un ligneux au sens botanique du terme est une plante vasculaire dont le vaisseau qu'est le bois (conducteur de la sève brute contenant l'eau et les sels minéraux puisés dans le sol) est imprégné de lignine. La présence de la lignine et l'existence de fibres ligneuses confèrent aux espèces dites ligneuses une rigidité, à l'opposé des plantes herbacées.

En botanique, une espèce est pérenne lorsque le végétal est vivace donc pérennant, vit plus de deux années. La plante vivace est alors pérennante. La pérennité s'applique à de nombreux autres domaines mais, par définition, tout ce qui est pérenne dure ou vit longtemps, durablement, voire de façon permanente. Les arbres sont pérennes par nature car leur développement prend de nombreuses années. En définition large, ce qui est pérenne ne subit pas de dégradation dans le temps dans des conditions environnementales normales et s'il n'y a pas d'incident (le feu pour du bois par exemple) venant contrecarrer la pérennité. L'érosion due au temps n'a pas d'effet.

La plupart des arbres sont pérennes quand de nombreuses herbacées ne le sont pas, étant plutôt des annuelles. Le terme pérenne s'applique à un organisme complet, quand le terme pérennant s'applique à un organe ou une partie du végétal. Toutefois, un organisme pérenne peut avoir des parties caduques, comme les feuilles.

Il convient d'approfondir certains points pour faire de la description ci-dessus une définition formelle. Toutes les plantes ligneuses pérennes, sont incluses dans le concept de ligneux; l'association entre composantes ligneuses et non ligneuses peut être un

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arrangement spatial, une séquence dans le temps ou une combinaison des deux le " ou " doit être entendu comme " et/ou ". (YOUNG, 1995)

Dans le cadre de notre étude, les espèces pérennes sont des ligneux qui ont une durée de vie d'au moins deux ans et ont ainsi la capacité de vivre pendant longtemps.

Opérationnalisation du concept de dégradation des ligneux pérennes

Les concepts de dégradation spatio-temporelle des ligneux pérennes définis ci-dessus sont opérationnalisés dans le tableau 1.

Tableau 1. Opérationnalisation du concept de dégradation des ligneux pérennes

Concept

Dimensions

Variables

Indicateurs

Dégradation spatio- temporelle des ligneux pérennes

Naturelle

Variabilité pluviométrique

Baisse et augmentation des pluies au fil des années

T° relativement élevée

Maximum des températures

Dégradation de la qualité des sols

Niveau d'aridité des sols

Diminution de la masse

pédologique arable

Niveau Erosion hydrique

Niveau d'érosion éolienne

Anthropique

Dynamique démographique de la population périurbaine

Augmentation des populations

Exploitation des terres pour les

activités agricoles et pour
l'élevage

Zone à production agricole, type d'agriculture

Zone de pâturage et d'élevage

Pratiques culturales

inappropriées

Labour non conventionnel

Prélèvement du bois pour les

activités des hommes

(utilisation domestique,
constructions des habitations)

Arbres abattu, brûlé, écorché, taillé,

Zone de vente des bois et charbons

Construction en toit de paille

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Acteurs

Cultivateurs, femmes,

éleveurs, Bûcherons

Spatiale

Types d'espèces

Liste des espèces

Essences prélevés

Nombre des individus

écorchés et élagués

Raréfaction des espèces

ligneuses

Densité des espèces, Indice de

raréfaction, Indice de
régénération

Occupation de l'espace

Zone de culture, zone

dégradée, zone de pâturage

Spécifique

Espaces dénudés

Superficie des espaces nus

Espaces dégradés

Densité de peuplement, Indice de surface terrière

Diminution des ligneux

Nombre d'arbre présent

Évolutions des superficies

Quantité de superficie

augmentée

Gestion

Individuelle

Plantation des arbres,

protection

Collective

Plantation des arbres,

protection, sensibilisation

Institutionnelle

Plantation des arbres,

protection, sensibilisation

10.2. Cadre théorique

Pour cette étude, trois principales théories ont été évoquées. Il s'agit de la théorie de

la tragédie des biens communs de Garrett J. Hardin, de la théorie du passager clandestin de Mancur Olson et la théorie du Patch Dynamics de Thompson.

- La Théorie de la tragédie des biens communs de Garrett J. Hardin

Garrett James Hardin, né le 21 avril 1915 à Dallas, et mort le 14 septembre 2003 à Santa Barbara en Californie, est essentiellement connu pour sa publication de 1968 intitulée « The Tragedy of the Commons » (ou Tragédie des biens communs).

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Biologiste de profession, il reste une figure importante de l'histoire des théories et des concepts économiques contemporains. Il met en évidence la compétition qui se met en place à partir du moment où des ressources naturelles limitées en quantité sont placées dans un terrain « commun ». Cette compétition sur le domaine commun mène à la destruction des ressources communes à plus ou moins court-terme.

La tragédie dont parle Hardin concerne les biens qui n'ont été attribués à personne en particulier, ou que personne ne s'est approprié. Si un bien est laissé sans surveillance et à libre disposition de tout le monde, il risque de souffrir de surexploitation et de s'épuiser. Bien que Hardin ait surtout pensé aux ressources naturelles quand il a écrit son article, cette tragédie concerne tous les biens possédant les deux caractéristiques suivantes :

- Ce sont des biens dont il serait complexe ou coûteux de les attribuer à quelqu'un

en particulier, ou d'en assurer la surveillance (par exemple le fond des océans). - Ce sont des biens rivaux. Ce qui veut dire que si je puise le pétrole au fond d'un

océan, au bout d'un certain temps, il n'en restera plus pour les autres.

Nonobstant, quelques solutions sont présentées par Hardin. Il s'agit de la nationalisation qui consiste à attribuer la ressource à l'Etat qui disposera ainsi du choix de l'exploitation, de la redistribution ou alors de la limitation de l'accès à la ressource. Toute la responsabilité de la pérennité de la ressource revient donc à l'Etat. Une autre solution concerne la privatisation qui consiste à la mise en place d'un droit de propriété pour une ou plusieurs personnes. Ces personnes ont alors la responsabilité d'une utilisation intelligente de la ressource. Elinor Olstorm, autre théoricienne des biens communs préconise la gestion de la ressource par la communauté locale. Ainsi la communauté locale doit alors mettre en place un accès contrôlé à la ressource.

Cette théorie s'applique dans le cadre de notre recherche dans la mesure où les espèces ligneuses pérennes sont à la disposition des populations locales et comme tout le monde a la possibilité d'y avoir accès, ils risqueraient de souffrir de surexploitation et de s'épuiser.

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- La théorie du passager clandestin de Mancur Olson

Développé en économie, la théorie du passager clandestin, traduit de anglais « free-rider » désigne le comportement d'une personne ou d'un organisme qui profite d'un avantage sans en payer le prix ou sans y avoir investi des efforts particuliers. Dans les sciences sociales, le free-rider problem (traduit en français par « problème du passager clandestin ») est un type de défaillance du marché ou d'une organisation qui se produit lorsque ceux qui bénéficient d'une ressource ou d'un service (biens publics tels que routes ou hôpitaux publics, biens de nature communale) ne le paient pas où le sous-paient. Les passagers clandestins peuvent poser problème car sans payer ou en sous-payant le bien (soit directement par des redevances, des cotisations ou des péages, soit indirectement par des taxes), ils continuent à y accéder ou à l'utiliser. Ainsi, le bien peut être sous-produit, surutilisé ou dégradé.

Dans le cas de notre travail, cette théorie concerne les personnes ou groupes de personnes qui exploitent les ressources ligneuses sans payer ce service de la nature et la surexploite jusqu'à la dégradation. Cette exploitation anarchique conduit à la dégradation des ligneux pérennes.

La théorie Patch Dynamics du Concept de Pickett et Thompson (1978)

Dans le but d'une meilleure compréhension des réactions des populations et des écosystèmes après des perturbations, Pickett et Thompson ont développé en 1978, la théorie du « Patch Dynamics Concept ». Celle-ci vise à comprendre et à décrire la dynamique naturelle des populations et des écosystèmes après une perturbation d'origine naturelle ou anthropique. Elle éclaire tout particulièrement sur les stratégies de reproduction, dispersion et compétition chez des espèces et des biocénoses. Cette théorie se fonde sur trois notions de base qui en constituent l'ossature :

- La notion de « Patch", le patch étant un élément du "pattern" paysager ; chaque tache constituant une unité écologique fonctionnelle, plus ou moins stable ou isolée, pour une certaine échelle temporelle et éco paysagère ;

- La notion de perturbation écologique ; entendue comme tous les évènements qui altèrent dans le temps et dans l'espace les relations entre les organismes vivants et leurs habitats. La perturbation d'un milieu terrestre est suivie d'une série de

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séquences de recolonisation appelée succession écologique caractérisée par un stade pionnier à faible nombre d'espèces, puis de stades à plus grand nombre d'espèces et enfin d'une diminution du nombre d'espèces quand le site s'approche du stade climacique ;

- La notion de succession écologique qui décrit le processus naturel d'évolution et développement de l'écosystème d'un stade initial à un stade théorique dit climacique. Suivant le type de perturbation écologique ayant entrainé la formation d'un néo sol, on peut distinguer la succession primaire de la succession secondaire. La succession écologique est l'ensemble théorique des étapes décrivant dans les trois dimensions et dans le temps un cycle évolutif théorique et complet pour un lieu donné.

Cette théorie s'applique dans le cadre de cette recherche dans la mesure où la localité de Houdouvou fait face à plusieurs perturbations écologiques due aux variabilités climatiques et anthropiques à travers les activités humaines qui entraine la destruction des ligneux et par ricochet leur raréfaction.

11. Méthodologie

L'analyse du processus de dégradation des ligneux pérennes dans la localité de Houdouvou nécessite une méthode adéquate pour aboutir à des bons résultats. La méthodologie utilisée dans le cadre de cette étude est hypothético-déductive. Cette approche base son raisonnement sur des hypothèses qui seront vérifiées par les résultats. Pour ce faire, la méthodologie est organisée sur des étapes comprenant la collecte et le traitement des données.

11.1. Caractérisation des ligneux pérennes

Pour la caractérisation des ligneux pérennes, la norme DNCN (2009) utilisée pour la classification des types ligneux (TED et GIZ, 2013) sera utilisée. Le tableau 2 indique les différentes mesures pour la classification des ligneux pérennes.

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Tableau 2. Caractérisation de la végétation ligneuse pérenne

Les observations de terrains ont permis d'identifier deux principaux types de formations pérennes. Il s'agit des arbres dont la hauteur est supérieure à 7 m et des arbustes dont la hauteur est inférieure ou égale à 7m. Cette classification a été faite à base des matériels de collecte de données.

11.2. Matériels de collecte des données

A ce niveau, il s'agit des matériels de dendrométrie, des outils d'identification botanique et enfin des outils de collecte de données.

11.2.1. Matériel de dendrométrie

Afin de déterminer la hauteur et la circonférence des ligneux pérennes dans la localité de Houdouvou, un certain nombre de matériels ont été nécessaires afin de faire des relevés dendrométriques. (Planche photographique 1)

- Un décamètre permettant de mesurer les hauteurs et les diamètres des différentes espèces inventoriées ;

- Une ficelle de 50 mètres et 300 mètres permettant de dimensionner les placettes et les mailles

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A

 
 
 
 

B

Long: 10°38'21»N Lat : 14°10'13»E Al : 420.2m

Long : 10°38'31»N Lat : 14°10'23»E

Al: 420.2m

 

Photo A : Délimitation d'une placette

Photo B : Mesure de la circonférence à 1.30 m du sol

Source : Djafnga, 2021

Planche photographique 1. Mesure de relever dendrométrique

La planche photographique 1 montre des étapes ayant conduite à faire des relevés dendrométriques. La photo A montre la délimitation des placettes avec un décamètre et la photo B illustre la mesure de la circonférence d'un arbre dans une placette.

- Un sous-main pour soutenir les fiches d'inventaire botanique et d'enquête dans le village ;

- Un téléphone portage à pixel élevé (Camon 12 pro) avec 32 méga de Pixel pour la réalisation des photographies d'illustrations ;

- Un GPS pour relever les coordonnées géographiques des photos prises sur le terrain et les coordonnées des placettes réalisées ;

- Un sac constitué de papier format vide. Son rôle sera de récolter les échantillons de feuilles, de fleurs ou de fruits pour l'identification précise de l'essence ;

- Un GPS ou appareil téléphone avec application GPS pour les coordonnées afin relever les coordonnées géographiques des prises sur le terrain

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11.2.2. Outils d'identification botanique

Il s'agit :

- De la carte de localisation de Houdouvou ; elle permet de nous conduire sur le site d'étude sans avoir un guide ou renseignement ;

- Les images Google Earth, Earth explorer et Landsat de la zone étudiée ; elles serviront à afficher l'image et à expliquer le phénomène à étudier.

- Le livre guide Arbres et Arbustes du SAHEL leur caractéristiques et leurs utilisations de Hans-Jûgen von Maydell Giz 1990. Il sert à identifier les espèces et les noms et ceci pour faire une liste des espèces et des familles dans chaque placette afin d'effectuer des calculs botaniques.

11.2.3. Outils de collecte de données

? Fiches d'inventaires

Ces fiches comportent un certain nombre de variables dont les descripteurs sont, entre autres : les espèces inventoriées, leurs hauteur et diamètres, la géomorphologie du milieu, les facteurs de dégradation. L'état des arbres (morts, vivants, blésés), les mares, cours d'eau, le taux de recouvrement, la régénération.

? Fiches d'enquêtes

Dans le cadre de ce travail de recherche, différentes fiches d'enquêtes sont élaborées pour la collecte des données liées à la dégradation de l'environnement en général et aux activités socio-économiques des populations. Il a été question de déterminer l'importance socio-économique des ligneux pérennes pour les riverains de la localité de Houdouvou et d'identifier les facteurs qui causent et aggravent la dégradation spatio-temporelle des ligneux pérennes.

? Guide d'entretiens

Dans le cas de cette étude, divers questionnaires sont définis pour une interview avec les autorités administratives et traditionnelles de la localité pour compléter les informations qui sont collectés à travers les observations et les enquêtes.

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11.2.4. Matériels de géo-référencement et d'identification des placettes

- Un GPS pour la localisation des centres des placettes. La cartographie des couverts étudiés a été réalisée grâce aux relevés des points et limites au GPS.

- Des cartes géo-référencées des espaces boisés étudiés.

- Un décamètre de ruban 100 mètre pour les mesures des côtés des placettes et les distances entre les transects effectués.

11.3. La collecte des données

Le travail à ce niveau consiste à présenter le processus de collecte des données secondaires et primaires qui ont fait l'objet d'un traitement et d'une analyse.

11.3.1. Données secondaires

La collecte des données secondaires représente la première phase de collecte de cette recherche. Elle a consisté à s'approprier les travaux effectués, contenu dans les ouvrages, les thèses, les mémoires, les articles, et les rapports. Elle a également permis d'avoir une idée générale sur la thématique étudiée, et de cerner ce qui a été déjà fait. Cette collecte a été structurée comme suit :

? La recherche documentaire sur internet

La recherche documentaire sur internet a permis de collecter deux types de données. Il s'agit des données textuelles (thèses, mémoires, articles, rapports) et les données médias (images satellitaire Landsat). Ces données ont été acquises sur Google et sur des sites spécialisés dans les recherches documentaires comme Google schoolar. L'acquisition des cartes et images satellitaires quant à elle a été faite grâce au logiciel Google Earth.

? L'exploitation de la documentation

L'objectif premier ici a été d'identifier les principaux oeuvres et documents traitant des sujets relatifs à la dégradation des ligneux. Il s'agit des données concernant les ouvrages, les thèses et mémoires, les articles, les rapports d'activités, les bases de données SIG. L'exploitation de la documentation ne s'est pas seulement focalisée sur les écrits issus de la discipline, mais sur tous les aspects relatifs au sujet. Des documents ont ainsi été consultés dans le centre de documentation de l'Ecole Normale Supérieure

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de l'Université de Maroua, dans la documentation du département de sciences environnementales de l'Ecole Nationale Supérieure Polytechnique de l'université de Maroua. Une fois collectés, les différents documents ont été soumis à une série d'analyses basées sur l'analyse de contenu. Les résultats obtenus à travers cette opération d'analyse de contenu ont permis de comprendre l'évolution des écrits observés sur ladite thématique et de savoir où se situent les manquements afin de nous situer à la suite de ces auteurs.

11.3.2. La collecte des données primaires

Elles sont aussi relatives aux données floristiques portant essentiellement sur les ligneux. Outre ces données, les relevés de terrain au GPS pour la cartographie des zones à couverture végétal et zones dégradées, la géo localisation et de la caractérisation des pistes de passages, la délimitation des espaces habités, des espaces dégradés, et la localisation des placettes ayant servi pour les relevés floristiques.

? L'échantillonnage

Avant de se lancer dans les différents types de collectes, un travail d'échantillonnage a été effectué. Ce travail d'échantillonnage a permis de délimiter notre champ d'opération. L'échantillonnage choisi dans le cadre de cette étude est l'échantillonnage aléatoire simple. Il est basé sur le principe que tous les éléments de la population ont une probabilité égale de faire partie de l'échantillon. On parle d'échantillon car cela ne représente qu'une partie du groupe de personnes (ou de la population cible) dont l'opinion ou les comportements nous intéressent. Le nombre des individus enquêté pour cette étude est de 120 personnes.

? Les entretiens

Au cours de cette recherche, les entretiens nous ont donné l'occasion de contacter directement les personnes ressources qui, de par leurs expériences, compétences ou responsabilités, nous ont fourni des informations de diverses natures sur la dégradation spatio-temporelle des ligneux pérennes dans la localité de Houdouvou. Les questions ont été focalisées sur la caractérisation du couvert végétal, sur les processus et facteurs de leur dégradation et sur les moyens de pérennisation. Ainsi, nous avons fait des entretiens avec le chef du village de la localité de Houdouvou pour avoir des

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informations sur les personnes qui dégradent le plus la végétation, sur le niveau de dégradation des ligneux pérennes. Des entretiens ont aussi été mené avec les gardiens de la zone de reboisement, les autorités des eaux et forêts et des responsables des structures de reboisement notamment le chef du projet de reboisement de l'entreprise SOTCO chargé du reboisement le tronçon de route Maroua- Meri et des structures environnantes.

? Les enquêtes par questionnaires

Pour cette recherche, deux questionnaires (Annexes 1 et 2) ont été administrés pour obtenir des données quantitatives et qualitatives sur la dégradation spatio-temporelle des ligneux pérennes dans la localité de Houdouvou. Les questionnaires ont été administrés aux populations riveraines. Ils sont adressés aux hommes et aux femmes. Au total, 120 personnes ont été enquêtées parmi lesquels 60 hommes et 60 femmes. Cette égalité résulte du fait d'une proportion aussi grande des hommes que des femmes dans la localité.

Ces questionnaires ont permis de mettre en relief le niveau de bois prélevés, les types d'espèces et le milieu de prélèvement. On s'est aussi s'intéressés à la période de prélèvement, aux superficies des parcelles exploitées pour l'agricultures, a la proportion des arbres et arbustes coupés et élagués, aux types et nombre d'espèces végétales abattus, à la source de leur feu de cuisine, à la provenance des bois exploités et les types d'arbres pérennes de la localité. En outre, les questions se sont orientées vers ce qui augmente la dégradation des ligneux pérennes, des activités les plus pratiquées, au rôle des arbres coupés dans la localité, aux cultures qui dégradent le plus la végétation ligneuse et aux techniques de conservation des arbres. La planche photographique 2 montre des entretiens et des enquêtes qui ont été faites à Houdouvou.

Long : 10°38'31»N Lat : 14°10'29» Al : 500m

Photo B : Enquête auprès d'un riverain

Long : 10°38'61»N Lat : 14°10'43»E Al : 420.2m

Photo A : Entretien avec les gardiens de la zone de reboisement

B

Long : 10°35'12»N Lat : 14°13'21»E Al: 432.2m Photo C : Entretient avec un agent des eaux et forêts

A

C

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Source : Djafnga, 2021

Planche photographique 2. Entretiens et enquêtes

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La planche ci- dessus montre la collecte de données primaires par entretiens et par questionnaires. Ainsi la photo A montre des entretiens avec les gardiens de la zone de reboisement, la photo C, un entretien avec une autorité des eaux et forêts et la photo B, une enquête auprès d'un riverain de la localité.

? Les observations de terrain

Elles ont permis une fois sur le terrain de toucher la réalité, de mieux comprendre les actions des hommes et de faire ressortir leur implication dans la dégradation des espèces ligneuses pérennes dans la localité de Houdouvou. Elles sont d'une précieuse utilité dans l'évaluation des activités que les hommes exercent sur les plantes. Elles ont également aidé à mesurer les écarts entre la réalité sur terrain et les hypothèses émises. En outre, l'observation directe dans la zone d'étude nous a permis d'apprécier le niveau de dégradation des ligneux pérennes. La descente sur le terrain a approfondi notre connaissance sur la zone d'étude, pour comprendre les différentes interactions qu'entretiennent les groupes humains et les ressources ligneuses pérennes.

? Inventaires des espèces

Les inventaires sont faits sur la base d'une fiche élaborée en fonction du contexte des espaces exploités et zones dégradées. Le dispositif de collecte des données est constitué des placettes carrées de 30 m x 30 m réalisés dans des mailles de 300m x 300m de manière aléatoire, suivant diverses orientations dans le sens des quatre points cardinaux. Pour étudier la distribution et l'abondance des espèces, au total trente-six (36) placettes sont réalisées dans les quatre zones de collecte (zone de reboisement, d'habitations, de cultures et dégradées). Dans les différentes placettes, toutes les espèces ligneuses pérennes qui peuplent la localité ont été identifiées, les individus dénombrés, les paramètres dendrométriques : la circonférence des individus a été mesurés à hauteur de poitrine à l'aide d'un mètre ruban de 5 m de longueur et leur hauteur estimée. Les traces d'anthropisation à savoir les individus morts, les souches des individus coupés totalement ou partiellement, écorcés sont notées.

? Période de relevés

Les relevés botaniques effectués dans la localité de Houdouvou se sont déroulés en juillet 2021. La disponibilité des gardiens de la zone de reboisement nous a permis

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d'être assisté et guidé, ce qui a boosté la recherche. L'ensemble des relevés effectués ont permis d'obtenir pour chaque observation, les paramètres ou indicateurs relatifs à la composition floristique, la densité des peuplements ligneux et l'indice de biodiversité, la structure des peuplements (caractère dendrologique) et, son potentiel et sa dynamique (mortalité, taux de couverture), la pression humaine (pastoralisme et exploitation du bois, la qualité approximative des pâturages). Il s'agit d'un ensemble de données cohérentes pour approcher les tendances évolutives des surfaces concernées par l'étude et pour juger de l'impact des actions de l'exploitation sur l'environnement.

? Phase de relevé

La fiche de relevés floristiques est élaborée autour des éléments qui renseignent sur les espèces en fonction du sol, de la pente, du relief, du type végétal, sur les traces anthropiques et la surface de la maille. Elle a permis de recueillir les indicateurs relatifs à la composition spécifique, à la physionomie et au fonctionnement biologique des ligneux. Elle a permis de caractériser l'hétérogénéité et la diversité spécifique des ligneux.

La fiche de relevés floristiques a été élaborée afin de déterminer la répartition des espèces ligneuses, pour comprendre leur mode d'adaptation en fonction des sols, en fonction des types de formations végétales, les savanes boisées (arborée et arbustives), les formations isolées, les formations steppiques.

Ainsi, les données floristiques ont été réalisées à travers des placettes délimitées dans des mailles. La méthode de maille a été empruntée à Boudet (1991), dans laquelle sont délimitées des placettes suivant l'homogénéité des strates (arbres et arbustes), sur la base des entités représentatives. L'objectif est de déterminer l'aire minimale de relevés floristiques. Au total, quatre mailles de neuf placettes ont été faites ; chaque maille mesure 300m de chaque côté, les placettes mesurent 30m de chaque côté chacune. Les mailles ont été traversées par quatre transects avec un point d'intersection au centre de la maille comme l'illustre la figure 3.

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Figure 3. Dispositif d'échantillonnage : une maille de neuf placettes.

La figure ci-dessus montre le croquis des mailles qui ont été posés dans la localité. Au total, quatre mailles de neuf placettes ont été faites dans les quatre zones identifiées de la localité. ; Chaque maille mesure 300m de chaque côté, les placettes mesurent 30m de chaque côté chacune également. Les mailles sont traversées par quatre transects avec un point d'intersection au centre de la maille.

Les relevés ont été effectués dans 36 placettes, réparties dans quatre terroirs de la localité de Houdouvou représentant les zones de reboisements, les zones de cultures, les zones d'habitions et les zones dégradées, afin de déterminer la composition floristique de ces lieux (figure 4).

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Figure 4.Disposition des mailles dans la zone d'étude

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12. Traitement et analyse des données

Les instruments que nous avons cités plus haut nous ont fourni des informations qualitatives et quantitatives qui sont, traitées, analysées et classifiées manuellement sur Word ; Excel ; et Qgis pour la réalisation des cartes. Cette opération a consisté au dépouillement des questionnaires, au traitement des données biogéographiques et cartographiques.

12.1. Traitement des données qualitatives

Le traitement à ce niveau concerne les informations qualitatives issues du terrain comme les enquêtes par questionnaire et les interviews. Les informations assemblées, dérivant des enquêtes de terrain ont été codifiées, dépouillé et interprété. On a fait un dépouillement informatisé grâce au logiciel SPSS. Les interviews enregistrées grâce au magnétophone du téléphone ont été retranscrits. De plus, les données secondaires comme les documents textes ont été saisi grâce au logiciel Word.

12.2. Traitement des données quantitatives

Le traitement des données quantitatives a nécessité : les logiciels de statistiques pour les données quantitatives, Les données statistiques ont été traités à base de Microsoft Excel pour produire des tableaux, des figures, des graphiques. Les calculs des données chiffrées ont été effectués à partir de l'application des formules mathématiques. Le traitement quantitatif des informations a permis faciliter la visualisation des données, on a ainsi donné les tendances centrales comme les moyenne et élargie les perspectives des formules botaniques. Ce qui nous a permis ainsi lire les informations par les diagrammes à barres, les diagrammes angulaires, les histogrammes, les graphiques chronologiques et les dendrogrammes.

12.3. Traitement et analyse cartographique

Le traitement des données cartographique a consisté à réaliser premièrement une carte de localisation de la zone d'étude et d'occupation du sol grâce au logiciel QGIS 2.18. Ce même logiciel a permis de dresser une carte pour une analyse diachronique de la végétation sur 20 ans. Le logiciel Google Earth a permis d'obtenir des images satellites qui ont été insérer dans le logiciel QGIS afin de délimiter la zone d'étude et les différentes occupations du sol et Adobe Illustrator a servi dans les travaux de finalisation.

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12.4. Traitement et analyse des données botaniques

Il s'agit ici des traitements et analyses liés aux relevés botaniques. Une première observation des résultats bruts permet d'établir la liste des espèces pérennes et de les scinder en listes des arbres pérennes d'une part et d'arbustes pérennes d'autres part. Le traitement des données proprement dit concerne entre autres :

? Les analyses structurales

Cette analyse est basée sur deux calculs à savoir : les calculs de hauteurs des espèces et les calculs de diamètres. Ces calculs ont pour objectifs d'étudier la structure horizontale et verticale des espèces pérennes disponibles dans la localité en fonction des types de zones.

La structure horizontale est celle qui étudie la répartition des individus et la manière dont ils occupent l'espace. Elle est définie par la répartition des végétaux suivant le plan horizontal (Gounot, 1969) et correspond aux différents types de distribution des arbres en fonction de leur répartition par unité de surface.

La structure horizontale permet enfin d'évaluer l'abondance, la dominance et la fréquence relative tandis que la structure verticale s'intéresse aux différentes strates d'une formation végétale.

? L'analyse des indicateurs de dégradations

Il s'agit ici des éléments qui appuient l'étude des structures afin d'identifier les lieux les plus dégradés. Ils sont entre autres :

? La densité de peuplement

La densité d'un taxon végétal est le nombre d'individus de ce taxon présents par unité de surface. Elle représente aussi le nombre d'arbres sur pied ramené à l'hectare. C'est un indicateur important de l'état d'un écosystème. Il peut être avantageusement utilisé en combinaison avec d'autres descripteurs tel la taille moyenne des individus ou encore le recouvrement. La densité permet également de définir les tendances à l'installation ou à la raréfaction des individus des taxons pérennes et d'évaluer ainsi les tendances évolutives (régénération, dégradation) d'une formation végétale.

Les densités des espèces ont été calculées par placette et par zone selon la formule suivante :

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? Abondance relative

L'abondance relative est un descripteur de base de l'état de la parcelle et un indice simple de la compétition moyenne dans la formation. L'abondance relative d'un taxon exprime le nombre d'individus de ce taxon comparé au nombre total d'individus dans l'échantillon. Elle est donnée par la relation suivante :

Abondance relative= Nombre d'individus du taxon / Nombre d'individus de l'échantillon×100.

? Taux de mortalité

Pour l'analyse de nos données, on va aussi s'appesantir sur le taux des espèces

morts.

Pour ce faire, on va avoir besoin des effectifs des individus morts qu'on va multiplier par 100 et diviser par l'effectif total.

Taux de mortalité = effectif d'individus morts x 100/ Effectif total

? Calcul des indices de diversité (Shannon, Equitabilité, Simpson).

La diversité prend en compte non seulement le nombre d'espèces, mais également la distribution des individus au sein de ces espèces. L'indice de Shannon doit être associé à l'indice de Simpson.

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- Indice de Shannon (il s'exprime en bit)

L'indice de Shannon et Weaver (1949) est l'indice le plus simple dans sa catégorie, et donc le plus largement utilisé. Plus la valeur de l'indice H' est élevée, plus la diversité est grande. Cet indice est calculé de la manière suivante :

Avec S = nombre total d'espèces

pi = (nj/N), fréquence relative des espèces

nj= fréquence relative de l'espèce j dans l'unité d'échantillonnage

N = somme des fréquences relatives spécifiques

Plus la valeur de l'indice H' est élevée, plus la diversité est grande.

Le seuil d'appréciation de l'indice de Shannon est le suivant :

- si H< 3bit, la diversité floristique est faible ;

- si 3 = H > 4bit, la diversité floristique est moyenne ;

- si H = 4 bit, la diversité floristique est forte.

- Indice de Simpson

L'indice de Simpson (1949) accorde plus d'importance aux espèces les plus

fréquentes qu'à la richesse spécifique totale. Il est donc plus sensible aux espèces les

plus fréquentes qu'à la richesse spécifique totale (Magurran, 1988). L'indice de Simpson

est une formule permettant de calculer une probabilité, soit la probabilité que deux

individus sélectionnés aléatoirement dans un milieu donné soient de la même espèce. Il

est représenté par la formule suivante :

Avec i = 1...n, Pi = ni/N (ni= nombre de relevés dans lequel, l'espèce i est présente ; N= nombre total de relevés) ; D = Indice de Simpson.

Avec Pi = ni/N (ni= nombre de relevés dans lequel l'espèce y est présente ; N= nombre total de relevés) ; D = Indice de Simpson.

? Indice d'équitabilité de Pielou

L'indice d'équitabilité s'exprime aussi en bit. Il est compris entre 0 et 1 (Lacoste et Salanon, 2010). L'évaluation de l'équitabilité est utile pour détecter les changements d'origine anthropique. La mesure de l'équitabilité correspondant à l'indice de Shannon-Weaver est réalisée selon la formule suivante :

Avec :

E= équitabilité

S ou R= richesse floristique

H'= valeur de Shannon.

? Indice de raréfaction

Il se calcul suivant l'équation de Géhu & Géhu (1980) :

Avec : RI= Indice de raréfaction

ni= Nombre de relevés dans lesquels l'espèce i est présente

N= Nombre total de relevés.

Les espèces dont le RI ?80% sont considérées comme des espèces très fréquentes

dans la formation étudiée et celles où le RI >80% sont des espèces rares.

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? Indice de fréquence

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L'analyse quantitative de la végétation tient compte aussi de la fréquence des espèces. La fréquence de l'espèce(s) est égale au rapport du nombre de relevés (n) où l'espèce est présente sur le nombre total (N) de relevés réalisés :

F(x) = n/N

Dans la plupart du temps, ce paramètre est évalué en pourcentage :

F(x) = n × 100/N

13. Intérêt de la recherche

L'étude réalisée sur la dégradation spatio-temporelle des espèces pérennes ne peut être efficiente et efficace que lorsqu'elle permet de résoudre objectivement les problématiques qui se présentent dans sa thématique.

L'intérêt de cette recherche réside sur le fait que les ligneux pérennes vivent longtemps, durablement, voire de façon permanente. Cependant, les contraintes climatiques, édaphiques et anthropiques causent leur dégradation et leur raréfaction. Cette étude va ainsi permette d'analyser le processus de cette dégradation afin de poser les jalons pour un développement durable des ligneux pérennes dans le sahel en général et dans la localité de Houdouvou en particulier.

Au niveau académique, cette recherche va nous permettre de prime abord d'obtenir le diplôme de master II en géographie physique option environnement et d'avoir des connaissances plus approfondie dans le domaine de la biogéographie, particulièrement en botanique ;

L'intérêt scientifique de cette recherche vise la connaissance des principales espèces pérennes qui peuplent la localité de Houdouvou. Il s'agit aussi d'apporter une contribution à la connaissance sur les différents problèmes que subit les ressources ligneuses dans le septentrion afin d'apporter de l'eau dans le moulin aux réflexions menées au sein de la communauté scientifique en termes de dégradation du couvert ligneux pérenne. Par ailleurs, la végétation étant une combinaison des facteurs naturels et humains, cette étude peut permettre d'identifier à l'échelle spécifique, les

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caractéristiques d'une répartition phytogéographique afin d'analyser leur vitesse de dégradation dans l'espace et dans le temps.

Au niveau opérationnel, l'intérêt de cette étude réside dans le fait de la détermination des facteurs qui entrent dans la dégradation des ligneux pérennes en vue de mettre sur pied des politiques plus efficaces en relation avec le contexte local des habitants de la localité de Houdouvou. En adéquation avec les politiques de préservation de l'environnement, les pouvoirs décisionnaires devront sur la composition spécifique des ligneux pérennes entreprendre des actions de reboisement, pour mieux organiser la structure végétale de la localité.

Pour mener à terme ce travail, il est judicieux d'axé notre réflexion autour de quatre principaux chapitres. Le chapitre liminaire consistera à faire un état des mieux des ligneux pérennes dans la localité de Houdouvou. Pour ce qui est du deuxième chapitre il sera orienté vers l'analyse du processus de dégradation proprement dit à travers les indicateurs naturels et anthropiques du processus de dégradation. Le chapitre trois sera axé sur l'analyse des effets socio-économiques et environnementaux de la dégradation des ligneux pérennes. L'analyse des politiques mise en place, l'évaluation de ces politiques, et la proposition de nouvelles perspectives constituera le port étendard du chapitre quatre.

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"Il existe une chose plus puissante que toutes les armées du monde, c'est une idée dont l'heure est venue"   Victor Hugo