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Quels outils marketing et quelles stratégies de communication employer pour transformer l'image négative des festivals de musique électronique en France ?


par Antonin Vanderriest
ECE INSEEC - BBA 2021
  

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c. La répression des free parties...

Jusqu'à ce moment-là, on ne pouvait pas encore noter de confrontation directe entre les forces de police ou de gendarmerie et les teufeurs, cela va vite changer. Une période nouvelle arrive, marquée par la LSQ, durant laquelle n'importe quel type de regroupement techno est aussitôt soumis à l'illégalité. Bien que comparées aux mesures prisent dans le même contexte par la Grande Bretagne les dispositions légales adoptées en France ne semblent pas aussi prohibitionnistes, elles ne sont en réalité pas moins dangereuses pour les amateurs de free. Nombre de leviers sont à la disposition des autorités souhaitant mettre fin à une soirée, et celui faisant le plus de ravages permet aux gendarmes la saisie des « caissons » (sorte de grosses enceintes) ainsi que de tout le matériel nécessaire à la diffusion de la musique. Ce nouveau risque touche directement le capital économique du mouvement, débouchant sur des effets dévastateurs.

La conséquence directe de la LSQ est de rendre systématique l'interruption de la soirée en cours par les autorités. Alors qu'avant, les force de l'ordre ne pouvaient que laisser libre court à la soirée et seulement négocier un arrêt de la musique aux premières lueurs du jours, elles ciblent désormais le centre de la fête et font saisir, ou au moins interrompre le son. Cette technique est dans les faits on ne peut plus efficace tout simplement car privés de ce pourquoi les participants sont venus, c'est-à-dire de la musique, ils n'ont alors plus de raison de rester et quittent donc les lieux assez rapidement.

Seulement, ces arrêts brusques sont en réalité assez dangereux pour les participants. En effet, pour les consommateurs de produits stupéfiants, Lionel Pourteau précise que cette fin précipitée de la fête peut donner lieu à des bad trips puisque cela ne permet pas une évacuation normale de la drogue par l'organisme, qui est habituellement lente et progressive44. En plus de ces potentiels bad trips, il y a bien entendu la dangerosité de faire reprendre la route à ces teufeurs sous l'effet de psychotropes ou de l'alcool tard dans la nuit là où le corps cherche d'habitude le sommeil,

43 Pourteau L. (2012), Techno, une subculture en marge 2, Paris, ed. CNRS Editions, p. 81

44 Pourteau L. (2012), Techno, une subculture en marge 2, Paris, ed. CNRS Editions, p. 85

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sommés par les autorités de quitter l'évènement. Bien entendu, si les forces de l'ordre constatent un état bien trop élevé d'ébriété ou de défonce ils demandent aux personnes concernées de se reposer dans leur voiture. Cependant ces décisions sont prises au cas par cas relevant de l'appréciation des autorités présentes. De plus, les barrages routiers ne couvrent souvent pas toutes les sorties et nombre de participants arrivent à quitter la free dans un état totalement inadapté à la conduite.

Ces répressions, évidemment jamais effectuées dans la joie et la bonne humeur que ce soit pour les autorités ou les technophiles, ne sont pourtant que très rarement violentes. Malheureusement, quelques évènements font faire parler d'eux et contribuer à l'abandon ou la radicalisation de bons nombres de teufeurs.

Connu pour être à l'origine de pas moins d'une quarantaine de free parties entre 96 et 99, Voodoo'Z Cyrkle, un collectif du Sud-Ouest, s'offre un certain prestige au sein du mouvement. D'autant plus qu'il est connu pour privilégier l'aspect musical au détriment de la consommation de drogues, proscrite. Avec un quota de presque une free par mois, il fait tourner la tête des gendarmes locaux qui décident un beau jour de mettre définitivement fin à leurs rassemblements. Après 8 mois d'enquêtes mais aussi d'infiltrations, menées par une unité de 6 hommes, les domiciles des membres de ce collectif sont perquisitionnés par la police et pas moins de 11 personnes sont interpellées. Ils sont notamment accusés de délit d'agression sonore, d'infraction à la SACEM, de travail dissimulé, d'usage et détention de stupéfiants (trop peu pour être destinés à de la revente) ainsi que d'exploitation de débit de boisson sans autorisations. Même si finalement le chef d'accusation d'infraction à la SACEM n'est pas retenu (en effet, la musique de rave étant très souvent improvisée en live et donc non couverte de droit d'auteur) ces membres écopent de 10000 francs d'amende chacun, en comprenant 5000 avec sursis, mais sont également interdit de présence dans n'importe quel évènement de type rave ayant l'obligation de se présenter au commissariat tous les dimanche matin. Au sein du mouvement techno cette nouvelle se répand comme une trainée de poudre et devient dans les représentations free l'image type de la répression aveugle de l'Etat. Ces conséquences poussent les organisateurs à redoubler d'effort pour trouver des lieux de regroupement suffisamment dissimulés pour ne pas entrainer leur découverte et donc l'intervention des autorités. Ces recherches vont cependant parfois un peu trop loin, à l'instar de Ben Lagren qui se verra écoper de 191 000€ d'amende pour la tenue d'une free party dans une grotte sans avoir pris en compte les risques d'éboulements ou

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d'intoxications au monoxyde de carbone45. D'autres évènements notoires vont également servir à la mise en récit et à la diffusion d'une histoire commune de la répression. Ces derniers serviront de base tangible dans les discours des organisateurs, se définissants comme les victimes de ce conflit.

Pour les organisateurs, c'est donc avec la boule au ventre qu'ils organisent leurs soirées, jamais à l'abri des effets dévastateurs de la LSQ et de se voir saisir tout leur matériel sonore, ce qui aura un effet considérable sur l'enthousiasme général en comparaison aux débuts du mouvement. Si ces saisies sont les plus grosses craintes lors de ces évènements, c'est parce le matériel en question constitue l'essentiel du patrimoine des sound systems, que ce soit économiquement parlant (il y a pour plusieurs milliers d'euros de matériel) ou culturellement parlant, la musique étant la base du mouvement. Il faut savoir que pour que ces mesures aient un réel effet, le matériel saisi n'est quasiment jamais rendu, ou alors gardé suffisamment longtemps pour faire retenir la leçon. Représentant une arme économique redoutable, due aux coûts plus qu'onéreux du matériel et à la difficulté d'en racheter, ces actes de répression mettent bien souvent un terme définitif à l'activité des sound systems concernés ainsi qu'à leurs existences même en tant que groupe social.

Déjà loin d'être évidentes, ce ne sont pas ces nouvelles méthodes d'intervention qui vont faciliter les actions des forces de l'ordre, toujours largement dépassées en nombre et provoquant lors de leur arrivée non désirée au coeur de la fête une certaine tension de la part des teufeurs. Existant à l'origine un certain rejet réciproque entre ces deux groupes sociaux, les négociations déjà compliquées et peu courtoises avant la création de la LSQ, elles s'effectuent maintenant dans un contexte d'animosité accrue.

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"Des chercheurs qui cherchent on en trouve, des chercheurs qui trouvent, on en cherche !"   Charles de Gaulle