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De l'étudiant, lycéen au manifestant : étude d'un rituel contemporain

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par Anthony Mettler
UBO Brest - Master 1 Staps  2008
  

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4.2.2. Le carnet de terrain26 :

Le carnet de terrain est l'élément indispensable de l'enquêteur afin de recueillir les données ainsi que les faits qu'il observe. Un instrument de ce type nécessite de l'organisation ainsi que de la rigueur afin de constater la régularité des faits et des pratiques observés. Ce carnet nous a permis de prendre note de l'ensemble des réflexions, des comportements du groupe et des personnes observées mais aussi de l'organisation spatiale d'une manifestation. Il nous a permis également de noter, par l'intermédiaire de schémas, le type de personnes présentes lors de manifestations étudiantes ou bien lycéennes. L'écoute des individus aux moments d'interactions est importante dans le travail de recherche que nous avons menée et le recueil sur papier ou par interviews des propos permettent de ne pas dénaturer le sens ainsi que le contenu exposé. Plus précisément, l'accès au sens que donnent les acteurs à leurs actions est primordial afin de comprendre et d'expliquer au plus juste le phénomène étudié. C'est en ce sens qu'il est important de retenir l'ensemble du lexique, tels que les mots ou expressions propres, utilisés par les observés afin de ne pas perdre la signification des propos. Bien sûr, tout au long de nos observations nous avons veillé au phénomène d'ethnocentrisme, pratique de jugement consistant à interpréter les comportements d'un groupe, d'un individu à partir de nos propres codes et références culturelles, en prenant en note l'ensemble des points de vue lors des AG par exemple. Au cours des observations sur le terrain nous avons également recueillit des tracts qui nous ont informés sur les objectifs des mobilisations, les revendications ou encore les auteurs de ces documents.

26 Cf. annexes 3

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5. Le mouvement brestois de 2007, un mouvement de contestation

Dans un premier temps il nous a paru nécessaire de qualifier le mouvement brestois en utilisant les caractéristiques énoncées lors de la conceptualisation. Nous chercherons à savoir si le mouvement brestois est un mouvement de contestation social répondant à une action orientée pour une cause, une action collective organisée et des interactions d'objectifs permettant la mobilisation.

5.1. Quels objectifs pour quelles populations

Concernant la population étudiante, nous avons pu observer que la mobilisation est orientée contre la Loi de Responsabilité des Universités. Il existait différents types d'étudiants que nous avons regroupés en trois orientations distinctes. Tout d'abord, les grévistes/bloqueurs que nous qualifions « d'irréductibles » c'est-à-dire les plus virulents mais aussi les plus « politisés » dans le mouvement. Ils ont comme objectif de participer à la grève mais surtout d'inciter les autres étudiants à se mobiliser. C'est pour cela que l'on parle de « bloqueur » car ils sont dans l'idée de bloquer la fac afin de permettre aux étudiants, bousiers par exemple, de ne pas suivre les cours et donc de se mobiliser. Comme cela a été le cas le 15 novembre 2007 lorsque la faculté de Segalen a été bloqué afin d'empêcher le bon déroulement des cours.

Puis, nous avions les grévistes/non-bloqueurs participant à la grève mais sans pour autant bloquer la fac. Ils sont dans un état d'esprit différent que les grévistes/bloqueur en ce qui concerne la vision ainsi que l'utilisation du blocage. En effet, au cours des AG, regroupant entre 300 et 400 étudiants, de sérieuses discussions avaient lieu entre les étudiants de ces deux types autour la logique et la définition d'un blocage. Les uns basés sur l'idée de l'utilisation du blocage comme moyen de mobiliser la masse comme outil politique.

Enfin, la cinquantaine d'étudiants orientés vers des objectifs anti-grévistes/anti-bloqueurs, manifestant sur les marches de la faculté de Segalen un matin de bonne heure et qui contestent les grèves et les blocages.

Dès lors, nous avons dans la même population des étudiants souhaitant manifester en bloquant, d'autres souhaitent manifester mais sans blocage enfin ceux qui manifestent pour ne

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pas avoir de manifestation. Il est impossible de restreindre les étudiants manifestant à de simples grévistes car chaque type de mobilisation à sa propre logique.

La population étudiante oriente sa mobilisation contre la LRU par une collaboration entre acteurs, la grève étant la pratique permettant de montrer un désaccord. Chaque groupe d'étudiant respecte une logique de fonctionnement qui lui est propre. Ce qui nous amène à l'idée qu'il puisse y avoir émergence de communautés éphémère, c'est-à-dire des communitas, qui défendent leur idée par un mouvement de contestation.

Concernant la population lycéenne, il existe trois types distincts de manifestants. Les grévistes anti-LRU sont des lycéens se mobilisant aux mêmes moments que les étudiants contre la Loi de Responsabilités des Universités. Nous avons pu noter au cours des observations que ce type de lycéens regroupe des jeunes issus de lycées généralistes tels que le lycée de l'Harteloire ou bien Kérichen dit « classique ». Ces lycéens avaient un comportement proche de celui des étudiants, à savoir qu'ils avaient une certaine retenu face aux forces de l'ordre, qu'ils n'étaient pas organisés mais qu'ils suivaient plutôt l'organisation étudiante.

Les grévistes anti Darcos quant à eux se sont mobilisés dès l'annonce de la note du ministre de l'Education Nationale. Ils manifestent contre cette note et nous avons constaté que les lycéens qui s'inscrivent dans cet objectif sont scolarisés dans des lycées plus techniques tels que le lycée Vauban ainsi que le lycée Dupuis de Lôme. Enfin les grévistes « casseurs » qui sont des lycéens cherchant la confrontation avec les forces de l'ordre plus que la volonté de revendiquer des convictions.

Donc, la population lycéenne oriente sa mobilisation contre la LRU ainsi que contre la note Darcos. Au même titre que les étudiants, il s'agit d'une action collective de contestation.

Le mouvement se termina mi décembre par des affrontements dans un quartier brestois. Il permet de mettre en avant le fait l'émergence d'une population de jeunes brestois qui s'oriente vers deux objectifs : les grévistes-lycéens/« casseurs » et les non-

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lycéens/« casseurs » 27. Comme nous le montre l'article de journal du Ouest France du 7 décembre 2007 : « la manifestation lycéenne dégénère à Brest ».

Ce que nous pouvons affirmer, en ce qui concerne les populations étudiantes et lycéennes, c'est qu'il existe une mobilisation orientée en faveur d'une cause. Cependant, une population ne répond pas obligatoirement à une seule orientation. En effet, il existe deux grandes orientations, l'une contre la LRU et l'autre contre la note Darcos et permet d'affirmer également le caractère contestataire du mouvement car l'ensemble des actions sont orientées contre un adversaire : l'Etat. Il semble que des communautés se soient créées autour d'objectifs communs suite à des interactions entre populations. Enfin, il est important de noter que la pratique de la grève est utilisée pour marquer le désaccord avec l'Etat dans notre cas mais subit un changement au moment du glissement du mouvement vers les lycéens car les affrontements qui n'existaient pas avec les étudiants émergent avec les lycéens.

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"Je voudrais vivre pour étudier, non pas étudier pour vivre"   Francis Bacon