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De l'étudiant, lycéen au manifestant : étude d'un rituel contemporain

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par Anthony Mettler
UBO Brest - Master 1 Staps  2008
  

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2.1.4. Un répertoire d'action :

Faut-il considérer que les mouvements sociaux sont les armes des faibles en quelque sorte réduits à manifester et à faire grève faute de pouvoir être entendus par des voies plus institutionnelles. Pour Charles Tilly8, il existe des formes d'institutionnalisation propres aux mouvements sociaux. En effet, tout mouvement social est confronté à un répertoire préexistant de formes protestataires plus ou moins codifiés, inégalement accessibles selon l'identité des groupes mobilisés.

7 Touraine, A. (1978), La voix et le regard, Seuil, Paris

8Tilly, C. (1986), La France conteste de 1600à nos jours, Fayard, Paris

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De plus, cette domination touche également au fait que les mouvements sociaux ont besoin de publicité notamment celle des médias. Donc, l'élaboration de contestation s'opère sous forme de discussions entre appareils « représentatifs », groupes de pression de la haute administration sans que cela ne soit complété par une publicité ou d'un débat et des enjeux dans l'espace public (Pierre Rosanvallon)9. A l'inverse, l'action de la « rue » est contrainte de se développer dans des conditions de publicité qui privilégie le jugement de l'ensemble des citoyens. Les mouvements sociaux constituent une arme des groupes dans un espace social et un temps donnés. Il existe bien une affinité entre la position de dominé et le recours à des formes moins institutionnalisées, moins officielles de prise de parole, comme les médias ou bien l'opinion publique.

Toujours selon Charles Tilly, il y a apparition de nouvelles formes d'engagements associatifs de dimension internationale telles que Greenpeace complétée d'une montée des logiques d'expertise. Il s'agit là d'une nécessité pour les groupes de mobiliser à leur profit les arguments de la science et des projets chiffrés. Puis, la dimension symbolique prend de l'importance par la construction d'images autour des groupes et des causes comme la construction d'une mythologie moderne du paysan à la fois entrepreneur et protecteur de la nature. Nous pouvons dire que les mouvements sociaux ne sont pas un univers de pure fluidité, de spontanéité absolue car ils connaissent des dimensions d'institutionnalisation, des cadres organisateurs.

2.1.5. L'organisation des mouvements sociaux :

Des mouvements sociaux peuvent émerger sans que des organisations préexistantes n'en soient les initiatrices comme cela a été le cas lors des violences dans les banlieues françaises. Tout mouvement social qui tente de s'inscrire dans la durée pour atteindre des objectifs est confronté à la question de l'organisation qui coordonne les actions, rassemble des ressources, mène un travail de propagande pour la cause défendue, ressort comme une nécessité pour la survie du mouvement, ses succès. William Gamson10 parle de « bureaucratisation » des mouvements avec des statuts écrits, une tenue de fichier des

9 Rosanvallon, P. (1981), la crise de l'Etat providence, Seuil, Paris

10 Gamson, W. (1975), The strategy of Social Protest, Wadsworth, Belmont

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adhérents ou encore création d'échelons hiérarchiques. Dès lors, les mouvements sociaux dotés d'une telle organisation parviennent, dans 71% des cas, à être reconnus par leurs interlocuteurs, contre 28% pour les mouvements moins organisés. Une organisation fortement centralisée, mais surtout unie, se révèle plus efficace. En pratique, l'immense majorité des mouvements sociaux est structurée par des formes plus ou moins rigides d'organisation tels que les relais partisans, les syndicats, les associations, la coordination ou encore un rôle central lié à quelques animateurs. Les mouvements sociaux ne sont donc nullement au pôle d'une pure expressivité, d'un refus de toute organisation. Entre un mouvement social et un groupe de pression la différence n'est pas toujours évidente mais elle peut aussi se penser en termes de trajectoire. Donc, un mouvement social est organisé de façon à pouvoir fonctionner ce qui remet en question l'idée de spontanéité de la contestation. N'y aurait il pas une construction ou une incitation à la mobilisation.

Il existe un certain nombre d'éléments à prendre en compte afin de pouvoir comprendre la structuration d'un mouvement social. Tout d'abord, l'action collective et individuelle est une coopération entre acteurs croyant en leur acte. Cette action est orientée pour une cause, par un moyen qui est la grève, avec l'intention d'agir ensemble après avoir élaboré un projet. Cette action vise un changement profond du mode de vie ainsi que des enjeux localisés. De plus, la participation des acteurs à agir contre un adversaire identifié est primordiale et dans ce cas la mobilisation massive d'individus est nécessaire pour faire pression. Il existe également une domination à la fois dans les formes de protestations, dans les moyens de communications ce qui implique une adaptation du degré d'expertise des acteurs. Enfin, un mouvement social peut émerger sans organisation, cependant, s'organiser permet de durer dans le temps et d'être reconnu par l'institution. Dès lors émerge la question de la fonction du mouvement social.

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