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La compétence de la Cour pénale internationale face aux Etats tiers au statut de Rome

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par Shai Lakhter
Université Paris 2 Panthéon-Assas - Certificat d'éudes internationales générales 2017
  

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A. Une compétence universelle de la Cour pénale internationale ?

L'idée d'une compétence universelle des tribunaux n'est pas récente. Elle a été initiée au XIIIe siècle pour les vagabonds qui n'ont pas de domicile fixe17. Quatre siècles plus tard, Grotius a distingué les « délits ordinaires » qui ne concernent que les particuliers, des « délits qui intéressent en quelque façon la société humaine »18. Face à la gravité de tels délits, les États en cause avaient deux choix : juger ou extrader (aut dedere, aut judicare)19.

La compétence universelle pose plusieurs enjeux (1) qu'il convient d'identifier. Le principe de complémentarité de la C.P.I rend nécessaire une analyse préliminaire du système juridique français (2), avant de déterminer quel est le sort d'une telle compétence pour la Cour (3).

1. Les enjeux de la compétence universelle

La notion de compétence universelle ne peut pas être définie unanimement. Aux fins de la présente étude, la compétence universelle s'entendra comme « la compétence pénale basée sur la nature du crime, indifféremment du lieu où celui-ci a été commis, de la nationalité de l'auteur ou de la victime, ou de tout autre lien avec l'État exerçant une telle compétence »20

La compétence universelle pose la question de savoir si un État peut juger un suspect sans que le crime ait été commis sur son territoire ou que ce dernier soit un de ses ressortissants. En d'autres termes, il s'agit de la question de l'application de la loi dans l'espace.

L'application de la loi dans l'espace ne pose pas, en règle générale, de difficultés. De ce fait, il est largement admis, en vertu d'une compétence personnelle, qu'un État soit compétent pour juger des crimes commis par un de ses ressortissants ou à l'encontre d'un de ses ressortissants, même en dehors de son territoire21. De même, en vertu d'une compétence réelle, l'État est compétent pour juger des crimes touchants à ses « intérêts essentiels »22

En revanche, la légalité d'une compétence universelle est plus délicate, car elle touche au coeur de la souveraineté des États. Hormis les cas précités, la question consistait à savoir si le droit international autorise ou prohibe une expansion de la compétence extraterritoriale des États.

Telle était la question à laquelle était confrontée la C.P.J.I dans l'affaire du Lotus jugée le 7 septembre 192723. L'affaire en question concernait le procès en Turquie d'un commandant de navire français ayant détruit un navire turc. Confrontée à la question de la compétence des tribunaux, la Cour semble affirmer de prime abord le principe de liberté en droit international. Elle décide ainsi que « Loin de défendre d'une manière générale aux États d'étendre leurs lois

17 Peyro- Llopis (A.), La compétence universelle en matière de crimes contre l'humanité, Bruxelles, Bruylant, 2003. p.2.

18 Ibid.

19 Carreau (D.), La compétence universelle au regard du droit international, in Les droits et le Droit : mélanges dédiés à Bernard Bouloc, Paris, Dalloz, 2007, P.89

20 Article 1 des principes de Princeton sur la compétence universelle (nous traduisons).

21 P. ex. art. 113-6 du C.P

22 Bailleux (A.), La compétence universelle au carrefour de la pyramide et du réseau, Bruxelles, Bruylant, 2005, Pp.16-29.

23 C.P.J.I, Affaire du lotus, arrêt du 7 septembre 1927, Série A- n°10

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et leur juridiction à des personnes, des biens et des actes hors du territoire, il [le droit international] leur laisse, à cet égard, une large liberté, qui n'est limitée que dans quelques cas par des règles prohibitives ; pour les autres cas, chaque État reste libre d'adopter les principes qu'il juge les meilleurs et les plus convenables ».

Cette liberté laissée aux États est immédiatement tempérée. La Cour décide ainsi que « il y a lieu de se demander si les considérations qui précèdent valent réellement pour la matière pénale ». La question de la compétence universelle n'a pas été tranchée par cet arrêt. L'arrêt laisse à se demander si, par son lien étroit avec l'ordre public, la liberté des États est limitée en matière pénale. Dès lors, la légalité d'une compétence universelle en droit international reste incertaine, d'autant plus que dans un récent arrêt24, la C.I.J s'est abstenue de statuer sur la question.

Malgré l'ambiguïté de sa légalité en droit international, il n'en reste pas moins que « la compétence universelle est, en effet, une des méthodes les plus efficaces pour dissuader et prévenir les crimes internationaux en augmentant les chances de poursuite et de condamnation de leurs auteurs »25.

Ayant cette conception à l'esprit, la compétence universelle est exercée dans de multiples États à travers le monde26. La présente étude se concentrera sur le cas de l'État français.

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