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Etude des milieux lagunaires et peri lagunaires: cas des baies de Cocody et du Banco de 1955-2010

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par N'DOMAN Venceslas N'Chot Paul Richard
Université Felix Houphoà¼et Boigny d'Abidjan Cocody - Maitrise 2010
  

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Conclusion

Bien que les baies de Cocody et du Banco ne soient pas en communication, il faut noter la similarité des sédiments et de certains végétaux qui composent ces baies. Hormis le développement des cultures maraichères et floristiques qui se développent sur leurs berges, la strate herbeuse couvre la majeure partie de la surface. Mais, il faut noter que la couche herbeuse présente une physionomie différente selon la baie et le degré d'hydromorphie. Ainsi sur la baie du Banco, les gramens ont une structure gazonnante alors que sur la baie de Cocody, les gramens ont un aspect vernissant à feuilles longues et étroites. C'est une végétation ouverte pouvant présenter deux strates dont le recouvrement s'intensifie au contact du plan d'eau. Si les végétaux herbacés se rencontrent à l'état spontané, il faut noter que la présence de certains arbres fruitiers comme le manguier dans ces zones n'est pas le fait du hasard. Ils ont été soumis à la dissémination passive par l'hydrochorie du fait des eaux ruissellements. Nous observons la présence de palétuvier sur les berges Ouest et Est de la baie du Banco et dans la partie centrale de la baie de Cocody montre que la mangrove tente de coloniser ce milieu qui est propice à son développement. Des conditions édaphiques particulières permettent le développement de formations hydromorphes.

Le sol de ces baies sont essentiellement composés de psammiton. Les sédiments convoyés ont une texture variable depuis l'argile plastique, jusqu'au sable fin ou grossier graveleux.

Ces baies présentent des signes de dégradation. Quelles en sont les causes ? Et quelles en sont les conséquences ?

 

Photo 17 : Reptation du talus jonchant versant du Lycée Technique (cliché : N'Doman V.2010)

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CHAPITRE III : LA DEGRADATION DES BAIES : CAUSES ET
CONSEQUENCES

I-LES CAUSES DE LA DEGRADATION DES BAIES DE COCODY ET BANCO 1- L'urbanisation incontrôlée

L'agglomération d'Abidjan a connu une croissance spectaculaire depuis les années 1950. Alors qu'elle comptait 48000 habitants au recensement de 1946, sa population a atteint 350 000 habitants en 1965, a dépassé le million d'habitants en 1975 pour ensuite poursuivre sa progression à un taux de croissance annuel estimé à 10% jusqu'au début des années 1980 P. Pottier et al (2008). Aujourd'hui, l'essor démographique s'est infléchi atteignant 3 à 6 % l'an et la population urbaine est estimée à plus de 5,6 millions d'habitants. C'est le miracle économique ivoirien qui a orienté un flux migratoire en provenance de toutes les régions encore très agricoles et aussi la population des pays de l'Afrique de l'Ouest et au-delà (on estimait à 50 000 le nombre de français résidant en Côte d'Ivoire en 1983). A la suite du déplacement massif de la population française du aux événements de Novembre 2004, la population française est estimée à 15000 hbts.

La ville d'Abidjan concentre aujourd'hui plus de 20% de la population du pays. Elle a enregistré depuis trente ans un accroissement continu équivalent à 100 000 habitants l'an. Cet essor est accompagné d'une croissance de l'espace urbain qui est passée successivement de 3000 ha de surface en 1965, à 8000 ha en 1975 et à plus de 60 000 ha en 2005. En effet, nous avons observé l'accroissement des surfaces bâties (fig 14). L'observation des photos satellites ont permis de remarquer l'agrandissement des quartiers précaires sur les versants et les interfluves au niveau du zoo d'Abidjan et de nouvelles maisons à proximité d'une vallée non loin de Coco-Service entre 2002 et 2010. En plus, l'interprétation des photos satellites de Google earth sur cette période, ont montré une augmentation du nombre de maison construites sur l'interfluve qui supplante la berge Est de la baie du Banco.

Aussi, remarque-t-on une reptation non loin du monument des Martyrs, sur la falaise jonchant le lycée Technique d'Abidjan Cocody (Photo 17).

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Figure 14 : Occupation du Sol dans le pourtour des baies de Cocody et du Banco

Cette reptation est causée par les populations environnantes qui ont des activités agricoles qui fragilisent la falaise. Ce phénomène est aussi perceptible sur les versants de la vallée d'Attécoubé derrière le sanctuaire Mariale. Cette vallée étant en communication avec la baie du Banco (Photo 18), les sédiments provenant de ces versants y sont charriés.

Les matériaux issus de la dégradation de ces versants sont directement acheminés vers les baies de Cocody et du Banco.

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Photo 18 : Glissement de terrain sur le versant de la vallée d'Attécoubé-Gbébouto (Cliché : N'Doman V.2010)

Enfin, les terrassements effectués dans les quartiers de Cocody peuvent être mis en corrélation avec l'ensablement des baies. En effet, les équipements tels que les caniveaux et les égouts etc. n'ont pas suivis l'évolution de la ville d'Abidjan. Développer dans un contexte qui reste malgré tout celui d'un pays en développement manquant cruellement de moyens financiers nécessaires pour endiguer une croissance exceptionnelle par son ampleur, la ville d'Abidjan s'est construite sans les équipements indispensables (P. Pottier et al, 2008).

2-Le manque d'équipements d'assainissement

Une analyse de la nature des dépôts qui composent les espaces gagnés par la terre dans les différentes baies, permet d'affirmer que les sédiments qui obstruent les baies urbaines de la lagune Ebrié sont des sables et des boues en provenance de l'agglomération d'Abidjan et des falaises environnantes. Ces sédiments sont entrainés dans les baies par les émissaires d'eaux pluviales qui aboutissent pour la plupart dans les baies urbaines. Ce sont les eaux pluviales (1900 mm par an) et les eaux de ruissèlement qui contribuent le plus à l'engraissement des baies. En effet, on rencontre encore dans la ville d'Abidjan de nombreux caniveaux non cimentés, c'est le cas de l'exutoire qui est situé le long de la route Abobo-Zoo

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dont l'extrémité est située derrière le quartier Plateau-Dokoui. Quand ceux-ci sont cimentés, on rencontre une dégradation avancée des émissaires dont les plus marquants sont situés au niveau du quartier HMA, au niveau du camp de Gendarmerie Agban (Photo 19) et derrière le district de Police d'Adjamé.

Photo 19 : Emissaire d'eaux pluviales dégradées avant sa réhabilitation vers la caserne d'Agban (cliché : N'Doman V.2010)

Photo 20 : Le thalweg de la vallée d'Attécoubé (cliché : N'Doman V. 2010)

La dégradation des caniveaux et les caniveaux à fond libre favorisent l'ensablement des baies de Cocody photo 19 et Banco photo 20.

Au niveau, du caniveau qui part des Deux plateaux passant par Cocody Danga, la construction de la digue située derrière la cité SODEFOR a permis d'atténuer ce phénomène. Mais, la composition argilo sableuse de la falaise de la berge occidentale favorise encore le phénomène à cause des pratiques culturales. Outre cela, l'on peut ajouter l'ampleur des fossés creusé par l'érosion du aux eaux de ruissellement (Photo 18 et 20) et du phénomène de reptation donne une idée de l'ensablement aux débouchés des émissaires. La pression qu'exerce la ville sur son environnement, est par conséquent partout préoccupante. Elle devient exceptionnelle sur les berges qui sont concernées par la pollution. Elle est particulièrement sujette aux pressions humaines les plus dégradantes (habitats précaires, latrines, dépôts d'ordures et émissaires naturels et industriels charriant les eaux usées) étant donné que la règle la plus fréquente étant le rejet dans le milieu naturel en occurrence la lagune.

3- Un réseau d'assainissement défaillant

L'ampleur et la rapidité du développement urbain de la Côte d'Ivoire, conjugués aux manques de moyens financiers, ont eu un impact alarmant sur l'assainissement et du traitement des déchets. Compte tenu d'un taux raccordement des égouts qui ne dépasse pas aujourd'hui 40%, alors qu'il était de 45 % en 1990, on peut donc estimer à 2.5 millions d'hbts la population d'Abidjan dont les eaux usées échappent au réseau collectif. Le réseau d'équipement individuel ne dépassant sans doute que de très peu 20% (données INS 1998), il est probable qu'encore 40% des eaux usées des ménages d'Abidjan finissent dans les rues, les caniveaux, et la nature.

Ce réseau de collecte des eaux usées est ancien, limité, est basé sur un collecteur de base et des collecteurs secondaires qui sont eux même générateurs de nuisances sur la lagune (Photo 21). Si la fonction du collecteur de base est en effet d'évacuer les déchets solides pour les dissoudre directement en mer, il n'en est pas de même des collecteurs secondaires qui débouchent directement en lagune (Dembélé et Botty 2001) (photo 22).

Photo 21 : Inondation du carrefour de l'Indénié par les eaux pluviales (cliché : N'Doman V.2010)

L'ensablement des émissaires du carrefour de l'Indénié dû à l'ensablement de la baie de Cocody gène l'écoulement des eaux pluviales vers la lagune.

Photo 22 : Déchets flottants sur les eaux usées carrefour de l'Indénié baie de Cocody (cliché : N'Doman V.2010)

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Les ordures rejetées dans les rues se retrouvent dans les baies par le biais des émissaires.

En outre, le collecteur principal, faute de débit adéquat ne fonctionnent pas correctement, les déchets autant solides que liquides sont directement acheminés en lagune sans bénéficier d'un traitement d'épuration efficace. Cette carence d'équipement ne concerne pas seulement les rejets industriels, mais également ceux de l'industrie et de grands équipements comme la polyclinique PISAM déverseraient une partie de leurs déchets liquides et solides directement en lagune (Agbadou 2000).

Dans le domaine de ramassage des déchets et des ordures ménagères, la carence est également constatée. Ainsi, on observe des dépôts sauvages d'ordures un peu partout dans la ville. A Attécoubé, les populations qui ont élu domiciles sur les flancs du versant, l'utilisent comme décharge (photo 23). Selon un rapport de la direction du cadre de vie 2001, la production des déchets ménagers estimée à près de 2 millions de tonne ne serait collectée que pour 50% environ, alors qu'en 1988, 70% des ménages urbains voyaient leurs ordures ramassées par un camion (Pottier et al 2008). Les pluies et les eaux de ruissellement, évacuent les déchets et les rejets divers de l'ensemble de l'agglomération d'Abidjan jonchant le sol ou s'accumulant au grès des dépôts improvisés. Leur charge se trouve par ailleurs accentuée par les matériaux facilement mobilisés, compte tenu de la mise à nu des sols ferralitique liés à la croissance urbaine.

 

Les populations riveraines déposent leurs ordures sur les versants de la vallée d'Attécoubé qui est en communication directe avec la baie du Banco.

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Photo 23 : Dépôts d'ordures sur le versant de la vallée d'Attécoubé (cliché : N'Doman V.2010)

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