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Le développement de la filière cacao et son incidence sur la gestion des terroirs forestiers en zone de Beni


par Rodrigue MAKELELE KAHAVIRAKI
Université Catholique du Graben - Licence 2021
  

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INTRODUCTION

I. PROBLEMATIQUE

. L'agriculture est le berceau de l'activité humaine. Apparue au Néolithique, 10 000 à

9 000 ans avant J.C., cette activité n'a cessé d'être au centre du développement depuis lors.

Aujourd'hui encore, si moins de 5 % de la population active des pays développés travaille

dans l'agriculture, elle reste l'activité principale des individus dans les pays pauvres et en

développement1.Ainsi, l'agriculture était la première activité humaine, et ce sont les progrès

techniques en son sein qui ont permis aux innovations de la révolution industrielle de se

développer grâce à l'afflux de travailleurs. Initialement donc, il a fallu nécessairement une

augmentation de la productivité agricole pour que la transition économique vers une

industrialisation puisse s'effectuer2.

Le secteur agricole peut, conjointement à d'autres secteurs, accélérer la croissance, réduire la pauvreté et préserver durablement l'environnement. L'agriculture comprend les activités de cultures, de l'élevage, de l'agroforesterie et de l'aquaculture ; elle contribue au développement en tant qu'activité économique, en tant que moyen de subsistance et en tant que source de services environnementaux ; elle est donc un unique instrument du développement3. L'agriculture peut alimenter la croissance de l'économie nationale, offrir des opportunités d'investissement au secteur privé et être le principal moteur des industries apparentées et de l'économie rurale non agricole. Les deux tiers de la valeur ajoutée agricole dans le monde émanent des pays en développement.

Dans les pays à vocation agricole, l'agriculture contribue pour 29 %, en moyenne, au produit intérieur brut (PIB) et emploie 65 % de la population active. Les industries et les services associés à l'agriculture dans les chaînes de valeur contribuent souvent pour plus de 30 % au PIB dans les pays en mutation et les pays urbanisés4.

De ce fait, Perkins, Radelet et Lindauer5 considèrent que la politique basée sur l'agriculture est la seule qui soit compatible dans nos pays en développement vue que la

1Mazoyer, M., &Roudart, L., Histoire des agricultures du monde, Université Libre de Bruxelles, 1997, p25.

2 Gollin, D., Parente, S., &Rogerson, R.,«The role of agriculture in development» in American Economic Review, 2002, p 160-164.

3 Banque Mondiale, « L'agriculture au service du développement, Rapport sur le développement dans le monde », 2008, p3, [En ligne] disponible sur www.worldbank.org, consulté le 04 mars 2021

4 Idem, p5

5 D.H. Perkins, Radelet& David L. Lindauer, «Economie du développement», 3ème édition, De Boeck, p701

2

majorité de la population est agricultrice. Outres ceux-ci, d'autres auteurs soutiennent cette perspective. D'autant plus, la déclaration de Maputo de 2003 portant sur les produits africains ne soutient ladite vision tout en soulignant le rôle fondamental que jouent la production agricole et le commerce de ces produits dans la formation des revenus et d'emploi, la création des richesses ainsi que leurs contributions aux recettes des pays via ses exportations6. Ainsi, actuellement, plusieurs pays du monde basent essentiellement leurs politiques de développement rural sur le développement et la régulation des chaines de valeur de ces produits agricoles7. C'est à ce juste titre qu'il est judicieux de mettre en évidence l'importante place qu'occupent les cultures pérennes depuis l'antiquité.

Au cours des dernières décennies, les cultures pérennes ont connu un formidable essor dans les zones tropicales humides. Grâce à une demande toujours croissante en chocolat, café et caoutchouc naturel, les plantations de cacaoyers, de caféiers et d'hévéas se sont répandues sur plusieurs dizaines de millions d'hectares à travers tous les continents. Les retours financiers que procurent ces cultures sont considérables et pèsent souvent de manière déterminante sur les économies des pays producteurs. Par ailleurs, ces productions agricoles alimentent aussi des filières économiques dynamiques et importantes pour les pays du Nord, telles que celles des pneumatiques, de l'agro-alimentaire ou des produits cosmétiques. Cependant, le nouveau contexte de politiques libéralisées et mondialisées, ainsi que l'émergence de questions nouvelles sur la gestion durable des territoires et des ressources naturelles, amènent à s'interroger sur la place qui sera réservée à ces productions agricoles au cours du XXIè siècle8.

L'expression « cultures pérennes » trouve son origine dans la nature du matériel végétal utilisé, matériel dont la durée d'exploitation est de l'ordre de 25 ans, soit à peu près une génération. Pourtant, les produits de consommation issus de ces cultures pérennes sont de natures très différentes et les utilisations finales apparaissent très diverses. Entre la boisson stimulante, le pneu, le savon et l'huile alimentaire, il existe peu de similitudes. Tous ces produits possèdent néanmoins une caractéristique commune : une part plus ou moins importante de la production est échangée sur un marché international et est utilisée pour

6 Union Africaine & NEPAD, « Directives : Mis en oeuvre du PDDAA pays sous la Déclaration de Malabo », p4, [En ligne] disponible sur www.au.int, consulté le 04 mars 2021

7 Joseph Foumbi, « Intégration régionale en Afrique de l'Ouest : des chaînes de valeur agricoles régionales pour intégrer et transformer le secteur agricole », Nations Unis CEA/BSR-AO, 2012, p14

8Denis DESPREAUX, Dominique NICOLAS, et Ali « L'avenir des cultures pérennes : investissement et durabilité en zones tropicales humides » CIRAD-CP, boulevard de la LIRONDE, Montpellier Cedex, volume 8, 2001, p50-53.

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alimenter un réseau d'entreprises de type plus ou moins industriel9. Le principal avantage de cette ouverture sur le monde extérieur et industriel est de pouvoir accéder à une demande beaucoup plus importante que celle d'un marché intérieur aux débouchés limités. On passe alors à une échelle mondiale et à une distribution possible aux consommateurs de tous les continents. Les volumes de ces nouveaux marchés n'ont cessé de croître et ont absorbé finalement sans grosses difficultés l'explosion de l'offre. La consommation mondiale de cacao est ainsi passée d'à peine plus de 100 000 tonnes au début du XXè siècle, à près de 3 millions de tonnes de nos jours. Autre avantage, étroitement lié au premier : l'accès, à travers les cultures pérennes, à des sources de revenus financiers substantiels10.

Toutefois, aujourd'hui, le cacao est produit presque dans toutes les régions tropicales, de l'Afrique de l'Ouest et Centrale, à l'Asie et à l'Océanie. L'Afrique est le premier continent producteur du cacao car en elle seule, produit plus de 70% de la production mondiale11.

Cependant, Selon des études faites sur les causes de la déforestation,l'agriculture serait la cause principale de la perte des forêts12.Les paysans congolais pratiquent en majorité l'agriculture itinérante sur brûlis. La majorité des ménages cultivent moins d'un hectare par an pour la subsistance.

L'agriculture modifie souvent très fortement les milieux naturels, surtout dans les zones à forte densité de population où les mêmes espaces sont exploités pendant de longues périodes de temps sans laisser les sols se reposer par un système de jachère. Elle a donc un impactnégatifsur la capacité des écosystèmes forestiers à contribuer à la régulation du climat par la séquestration du carbone13.En effet, Thangata14 et al prônent que le mécanisme REDD+ mis en oeuvre dans la Convention Cadre des Nations Uniessur les Changements Climatiques(UNFCCC)devraitpermettre aux pays en développementde tirer des bénéfices pour réduire leur déforestation, la dégradation forestière, augmenter leurs stocks de carbone forestier et la conservation de leurs forêts.L'effondrement des prix est directement lié à une

9Denis DESPREAUX, Dominique NICOLAS, et Ali, Op.cit., p 60

10 Idem, p 63

11KOKOU EDOH ADABE et LIONEL NGO-SAMNICK, E., « production et transformation du cacao », éd. CTA et ISF, Douala, 2014, p18 disponible sur https://cgspace.cgiar.org/handle/10568/76733

12MECNT,. « Synthèses sur les études sur les causes de la déforestation et de la dégradation en RDC », PAO, PNUD, PNUE, Kinshasa,2011, p 25.

13 MECNT, Op.cit. p 30

14Thangata,P.H.,& Hildebrand, P.,» Carbon stock and sequestration potential of agro forestry Systems in smallholder agro ecosystems of sub-Saharan Africa: Mechanisms for reducing emissions from deforestation and forest degradation' (REDD+)»;Agriculture,EcosystemsandEnvironment, 2012, p172-183.

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forte augmentation dela production de cacao au cours des dernières années sur des parcellesdéboisées des forêts indigènes.La production mondiale de cacao a quadruplé depuis 1960. Cela s'est faitdirectement au détriment des forêts indigènes, notamment en Afrique del'Ouest, mais aussi en Indonésie et en Amérique latine. Les pays les plustouchés sont le Ghana et la Côte d'Ivoire. Au cours de l'année écoulée, la déforestation est devenue un sujet très débattu dans le secteur du cacao,avec le lancement par l'industrie de la Cocoa and Forests Initiative, la publication par l'ONG MightyEarth d'un rapport marquant sur ce sujet15,et denombreuses entreprises individuelles qui prétendent vouloir s'engagerdans des projets anti-déforestation. La déforestation peut également être attribuée au désintérêt des entreprises pour les effets environnementauxde l'approvisionnement en cacao bon marché et à l'absence quasi-totale d'application de la loi sur les zones protégées par les pouvoirs publics.16.

Les forêts tropicales couvrent environ 15% de la surface terrestre etjouent un rôle clé dans lecycle mondial du carbone17.Elles contiennent 50% de stocks de carbone àl'échelle global18. La République démocratique du Congo (RDC) quant à elle possède une superficie de 155 millions d'hectares de couvert forestier. Les forêts congolaises, au regard de leur grande étendue et de leur richesse exceptionnelle en ressources forestières et fauniques, sont une des locomotives du développement socio-économique et de réduction de la pauvreté des populations. De plus, elles contribuent de manière substantielle à l'équilibre environnemental mondial, national et local.Cependant, elles sont menacées de dégradation non seulement par des coupes non contrôlées, mais surtout par l'agriculture itinérante sur brulis, l'exploitation illégale et les feux de forêts. Environ 532 000 hectares de forêt sont perdus chaque année, entraînant ainsi des pertes importantes en matière de biodiversité19.

Ces forêts sont d'une grande importancenotamment pour satisfaire les besoins en bois, en produits alimentaires (pêche,chasse,cueillette et culture) mais aussi pour,le rôle qu'elles jouent sur le plan économique,socioculturel et environnemental20.

'5MightyEarth, »Chocolate'sDark Secret», London, 2017,P45.[En ligne ] disponible sur http://www.mightyearth.org/wp-content/ consulté le 06 mars 2021 à 15h45.

'6Fountain, A.C.et Hutz-Adams, F. «Baromètre du cacao », éd. Voice network, Leiden, 2018, p4

17DorvilW., « Evaluation de la biomasse et des stocks de carbone sur des placettes forestières en foret tropicale humide de Guadeloupe », 2010, p 78.

'8Ramade F., « Elément d'écologie. Écologie fondamentale, Edition science international », Paris, 1994, p221 '9Rapport du Fonds National de Réduction des Emissions dues à la Déforestation et à la Dégradation des Forêts, Kinshasa, 2017, p2 [En ligne] disponible sur www.fao.org consulté le 4 mars 2021

20Quentin M., « Développement des équations allométriques afin d'estimer les stocks de carbone séquestré dans les forets primaire du Nord- Est du Gabon »,Afrique centrale, Libre ville, 2012, p143

5

Avec la forte demande en chocolat dans le monde, la culture du cacao bénéficie d'une potentielle demande et d'un marché sûr garantissant certains avantages stratégiques21. Le revenu et les moyens de subsistance des exploitants sont devenus des thèmes principaux dans le débat sur le cacao.

Pour que ce débat avance, les entreprises doivent s'engager à mettre fin à la pauvreté structurelle dans leurs chaînes d'approvisionnement et à mettre les données à disposition. Il est essentiel non seulement de dialoguer, mais aussi de coordonner des activités visant à réduire les niveaux de pauvreté dans les familles productrices de fèves22. Ce qui justifie une petite variation des revenus des exploitants cacaoyers dans certains pays africains comme la Cote d'ivoire, le Ghana etc.

D'où, La culture du cacao est une des jeunes filières, introduite au début des années 2002 au Nord-Kivu. Cette filière crée un engouement auprès de la majorité des planteurs désireux de diversifier leurs cultures23. La pertinence du développement de celle-ci via l'amélioration de sa chaine de valeur se veut d'importance capitale. De ce qui précède, le présent travail se propose répondre aux questions ci-après :

1. Quels sont les facteurs qui favoriseraient le développement de la filière « cacao » en zone de Beni ?

2. Quelle incidence, ce développement a-t-il surles terroirs forestiers ?

3. Comment les producteurs prennent en compte les questions environnementales dans leurs pratiques culturales ?

II. HYPOTHESE

Une hypothèse s'avère une réponse anticipée ou provisoire à une question qui est posée ; d'où elle n'est qu'une réponse partielle au problème posé.24Une hypothèse est une solution provisoire qu'on avance à une question de la recherche qui doit être confirmée ou infirmée par le processus de recherche.25

21Hutz-Adams, F., A., et Ali., « Renforcer la compétitivité de la production de cacao et augmenter le revenu des producteurs de cacao en Afrique de l'Ouest et en Afrique centrale », Ed. SÜDWIND, Berlin, 2016, p14

22Programme détaillé pour le développement de l'agriculture africaine de NEPAD RDC disponible sur https://www.google.com/search?client=firefox-bd&ei

23Ringoet, A., « Note sur la culture du cacaoyer et son avenir au Congo Belge », INEAC, Bruxelles, 1944, p35 24QUIVY, R. et VAN COMPENHOUDT, L, « Manuel de recherche en sciences sociales », éd Dunod, Paris, 1988, p.132

25MUHINDO KATSUVA, A., Initiation à la recherche scientifique, cours inédit, G1Faculté des sciences économiques et de Gestion, UCG/Butembo, 2015-2016.

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L'existence des débouchés adéquats est amplement suffisante pour développer une filière par la chaine de valeur. Elle met accent sur le travail en commun entre agriculteur et entreprise avec une interdépendance entre ces premiers pour la formation d'une chaine de valeur. D'où les relations entreprise-agriculteur comme relation commerciale où les deux parties collaborent et coordonnent pour renforcer les affaires.

Vu sans doute que le marché est le principal moteur de toute filière et que la promotion

de celle-ci (filière) dépend du potentiel de croissance et des perspectives d'expansion du

marché, nous partons dans ce travail des hypothèses selon lesquelles :

Les facteurs qui favoriseraient le développement de la filière « cacao » sont l'existence

d'une firme gouverneure ou chef de file et l'existence d'un marché sûr. Néanmoins, au cours des dernières années, le cours du cacao sur le marché est monté. Les firmes agro-industrielles informées se sont installées dans la région de Beni et ont vulgarisés la culture du cacao. Percevant les signaux du marché international et augmenter les revenus, les paysans ont adopté la culture du marché. Cependant, dans l'enthousiasme, et faute de mesures contraignantes de la part des autorités, les paysans adoptent une gestion non-durable des terroires où les cacaoyers sont cultivés. L'agroforesterie reste la seule initiative communautaire pour l'équilibre environnemental.

III.

CHOIX ET INTERET DU SUJET

L'économie des pays en développement est encore essentiellement dépendante de

l'agriculture26. Cette dernière, est généralement considérée comme l'un des moteurs de la

croissance le plus performants dans l'économie nationale et globale. En Afrique, comme

ailleurs dans les PED, la croissance agricole contribue plus que tout autre secteur à la

croissance globale de revenu en milieu rural où vit et travaille la bonne partie des plus

vulnérables27.

Eu égard aux atouts que présente l'agriculture sur le développement des PED, nous

nous sommes tourné vers ce secteur pour s'imprégner de son efficacité par la promotion du

développement de certaines filières agricoles notamment celle du cacao. En RDC et plus

particulièrement au Nord Kivu, les plantations sont de type familial et sont développées du seul effort des paysans. A présent, les paysans ont pris la filière cacaoyère à leur compte, expression du dynamisme local. Ainsi, les planteurs continuent à développer l'expérience de

26 Guy Piclet, « notions d'économie générale et d'économie rurale », Rome, 1973, p30 27Joseph Foumbi, Op.cit., p90

7

cette culture dans un cycle allant jusqu'au décorticage et séchage. La production est exportée sans aucune transformation à forte Valeur Ajoutée28.

Raison pour laquelle l'intérêt que nous portons à ce sujet est d'essayer de déterminer les facteurs favorisants le développement de la filière Cacao via sa chaine de valeur selon les politiques agricoles congolaises pouvant être mis en valeur pour la population du territoire de Beni afin que le niveau de vie socioéconomique des populations rurales à base de cacaoculture soit élevé ainsi que relever les effets que ce développement de filière cause sur la gestion des terroirs forestiers dans le cadre du développement durable vu que l'agriculture menace les forêts de l'Afrique centrale. Il est donc question de mener une étude sur le développement de la filière Cacao et son incidence sur la gestion des terroirs forestiers en zone de Beni.

D'où personnellement, les cultures de rente sont des facteurs de revenus de ménages agricoles, le cacao se présente comme l'alternative du café dont les plantations du robusta avaient été ravagé par la trachéomycose dans les années 1990 et qui n'ont jamais été reconstitués, le développement de la filière est émaillée des massacres des populations dont on ne connaît toujours les contours. Tout de même, la déforestation qui l'accompagne présente un risque environnemental qu'il faut prévenir. Ce qui pousse mon choix dans ce secteur vu l'interet de dévenir un acteur de la filière.

IV. OBJECTIFS DU TRAVAIL

Tout travail n'évoluant pas en vase clos selon quelques méthodologies et techniques est dit de caractère scientifique. Cependant, il doit se fixer un certain nombre d'objectifs généraux d'une part et spécifiques d'une autre part.

L'objectif de la présente étude est d'expliquer les facteurs favorisant le développement de la filière cacao dans la zone de Beni tout en répertoriant les externalités de ceux-ci sur la gestion des terroirs forestiers pour une économie de l'environnement.

Spécifiquement, il sera question de :

1. Décrire la filière cacao et identifier ses acteurs selon les interventions de chacun d'eux et interactions; tout en analysant les potentialités et contraintes de développement du marché cacaoyer en zone de Beni

28Ringoet, A., Op.cit. p39

8

2. Expliquer les contraintes et les risques que représente la gestion actuelle des terroirs dans la perspective du développement de la filière tout en mettant en exergue les initiatives communautaires pour prévenir le risque environnemental couru dans la culture du cacao en territoire de Beni.

V. METHODES

Tout travail scientifique doit être élaboré selon une certaine approche méthodologique. Madeleine GRAWITZ 29précise que la méthode est constituée de l'ensemble des opérations intellectuelles par lesquelles une discipline cherche à atteindre les vérités qu'elle poursuit, les démontrer, les vérifier et que les techniques sont des outils mis à la disposition de la recherche et organisées par la méthode en vue de récolter les données.30De ce fait, dans cette perspective, nous utilisons dans ce présent travail, une approche inductive qui est avant tout un moyen de démonstration.31. L'application de cette approche se veut par le fait que l'étude elle-même part d'une situation précaire que présente nos jours la filière cacao dans la région de Beni de laquelle situation résulte les différends auxquels se heurtent les acteurs de la filière en étude.

Du point de vue méthodologique général, nous appliquons ici, une méthode structurale. A partir même de sa définition héritée de Boudon32, cette méthode est applicable sur un ensemble des caractères interdépendant et étant sous forme de système. Etant un travail portant sur le mode du développement de la filière, le recours à celle-ci y est pertinent.

Madeleine Grawitz dans son ouvrage, note qu'une structure est toujours une théorie d'un système et n'est rien d'autres33. C'est à ce juste titre que nous appliquons également une analyse structurale dans l'identification d'interactions qu'entretiennent les acteurs de cette filière « Cacao ».

A ce qui concerne la collecte des données, nous avons tout d'abord identifié les acteurs de la filière « cacao » via sa description. Ainsi, l'échantillon est constitué notamment des fonctionnaires des entreprises de commercialisation du cacao (ESCO-KIVU, SCAK, MAVUNO, VIRUNGA CHOCOLATE), des planteurs du cacao en vue de faire une induction. Pour l'effectivité, nous utilisons la technique d'interview et la documentation

29GRAWITZ, M., « Méthodes des sciences sociales », éd. Dalloz, Paris, 2001, p.351 30Idem, p48

31 Ibidem, p16

32 Idem, p429 33Ibidem, p352

9

comme tout processus de recherche. Outre ces techniques, nous servons également

d'entretient via des focus groups avec les paysans à Oicha, Mutwanga et Mangina ainsi que les agronomes privés que publics dans la vulgarisation des bonnes pratiques culturalespour s'imprégner de l'itinéraire agronomique du cacaoyer ainsi que la prise de conscience des enquêtés..

Vu que la technique comme la méthode de recherche se veut répondre à une question déjà éditée, nous usons une technique qualitative que quantitative dans l'analyse de la problématique qui constitue la base de la recherche.

VI. DELIMITATION DU SUJET

Du point de vue spatial, la présente étude s'effectue au Nord-est de la République Démocratique du Congo, dans la province du Nord-Kivu, dans la « Zone de Beni » une zone, étant qu'un espace dont les activités économiques sont polarisées par une ville ou une localité. Par conséquent, nous attendons par « zone de Beni », la ville de Beni et le territoire de Beni. Néanmoins, elle s'étend peu plus dans le territoire d'Irumu par l'intervention permanente de l'ESCO-KIVU.

VII. SUBDIVISION DU TRAVAIL

Pour atteindre l'objectif de ce travail, nous procédons en trois moments hormis l'introduction et la conclusion. Le premier consiste dans la revue de la littérature sur la filière et chaine de valeur (1), la transformation du milieu rural (2), la gestion des terroirs (3) et le cacaoyer (4). Le deuxième décrit la structuration et développement de la filière « cacao » dans la zone de Beni et enfin le troisième relève et analyse les effets du développement de la filière « cacao » sur la gestion des terroirs forestiers dans la même zone de Beni.

VIII. DIFFICULTES RENCONTREES

Lors de notre étude, nous n'avons pas été en mesure de pouvoir atteindre toute les régions de la zone suite à une forte insécurité malgré la réalisation de ce travail, nous a couté plus qu'une vie. C'est à ce juste titre que nous avons laissé d'autres villages ailleurs que ceux étudiés. D'autant plus que les moyens financiers nous constituaient une contrainte majeure pour élargir le milieu d'investigation et même augmenter la fréquence des focus groupe avec les paysans.

10

CHAPITRE I : REVUE DE LA LITTERATURE SUR LA FILIERE ET
CHAINE DE VALEUR, LA TRANSFORMATION DU MILIEU RURAL,

LA GESTION DE TERROIR ET LE CACAOYER

Dans le chapitre ci, il est question de la conceptualisation théorique sur la filière agricole et chaine de valeur, de la structuration et développement de filière et chaine de valeur, la gestion de terroir ainsi que le cacaoyer. En un, ce chapitre comporte quatre sections principales.

I.1. Notions de chaine de valeur et de filière agricole

Cette section présente l'essentielle de la littérature sur les concepts de chaine de valeur ainsi que celui de filière étant donné que leur compréhension est cruciale pour bien mener notre analyse.

I.1.1. Origine et évolution des concepts « filière » et « chaine de valeur » 1. la filière

D'après Europe Aïd34, une direction générale de la commission européenne du développement et de la coopération, l'approche par filière, fut développé dès les années 50 en France par l'Institut National de Recherche Agronomique (INRA) et par le Centre de coopération Internationale en Recherche Agronomique pour le développement (CIRAD) et en Afrique francophone par la suite.

Cependant, P. Lebailly35 estime que l'utilisation de ce concept est plus vieille que les développements de ces deux institutions. Pour lui, cette notion de filière fut utilisée déjà depuis le 18è siècle par Adam Smith en le décrivant à des fins pédagogiques pour illustrer la division du travail dans son ouvrage célèbre intitulé « Recherche sur la nature et les causes de la richesse des nations ».

A part Adam Smith, Lebailly cite Stoffaes également qui selon lui, certaines actions du pouvoir public auraient été guidées dès le 18ème siècle par une approche faisant intervenir les filières. Il souligne tout de même que le courant marxiste apporte une dimension nouvelle à la filière, notamment par les travaux de Kautsky qui réaffirme le rôle central de la circulation et analyse les rapports entre agriculture et les industries d'aval alors en plein développement.

34Europe Aïd, « analyse et développement des chaines de valeurs inclusives pour appuyer les petits producteurs à accéder aux marchés agricoles », commission Européenne, mai 2011, P2

35Lebailly, P., « concept de filière, économie agro-alimentaire et développement », F.S.A.G, Belgique, 1990, p9

11

C'est après que cette théorie des filières s'est développée essentiellement parmi les économistes francophones.

Par ailleurs, du côté anglo-saxon Davis et Goldberg36 mettent en jour cette notion de filière vers les années 1957 en y introduisant le concept d' « agrobusiness ». ils affirment que la filière permettait de décrire les différentes opérations nécessaires pour passer d'une matière première à un produit fini. En ajout, Goldberg37 attire son attention vers les avantages d'une vision globale des problèmes posés par la formation et l'acheminement d'un produit jusqu'au stade final : elle est une approche englobant tous les aspects d'une filière de produits agro-industriel est indispensable pour que tous les participants à ces filières de produits puissent mettre au point des stratégies efficaces à court et moyen terme. Shaffer s'est fait quant à lui vers les années 68, l'avocat de l'analyse des filières en économie rurale.

2. La chaine de valeur

Ce concept « chaine de valeur » fut introduit par Michael Porter38 en 1986 dans son ouvrage « L'avantage Compétitif ». Cet auteur cherche à démontrer que la chaine de valeur permet une décomposition d'activités de l'entreprise en opérations séquentielles élémentaires afin d'identifier les sources d'avantage concurrentiel potentiels39.

De ce qui précède, dans la recherche de l'identification des lieux essentiels de création de la valeur40, Porter propose une classification des activités de l'entreprise sous deux typologies. Il typifie les activités principales et celles de soutient de l'entreprise. Il les représente sur la figure suivante :

36Institut Numérique, « le concept filière », [En ligne] disponible sur www.institutnumerique.org, site consulté

le 9avril 2021

37Lebailly, P. Op.cit., p10

38 Michael Porter, «avantages concurrentiels », Inter Edition, Paris, 1986, p52

39Strategor, « politique générale de l'entreprise », 3ème édition, Dunod, Paris, 1993, p45

40 Michel G., « stratégies de l'entreprise »Economica, Paris, 1995, p18

12

Figure 1 : Représentation des activités de l'entreprise selon M. Porter

Source : www.chohman.free.fr, site consulté le 9 avril 2021 à 11h 23 minutes

Ici, les activités principales sont essentiellement des activités de la création matérielle à la vente du produit, inclus sont transport jusqu'au client et le service après vente. Autrement dit, ces activités sont celles qui ajoutent de la valeur au produit de l'organisation. Les activités de soutien quant à elles, viennent à l'appui des activités principales en assurant : les achats de moyens de productions (approvisionnement) en fournissant la technologie (recherche développement), en gérant les ressources humaines (recrutement, embauche, formation, développement du personnel) et en assumant les activités administratives indispensables au bon fonctionnement du système41. Ces activités englobent la direction générale, la planification, la finance, la comptabilité, l'aspect juridique, les relations extérieures et la gestion de la qualité ; elles forment ce que M. porter appelle « Infrastructure de la firme42 ».

Notons cependant que ce concept est utilisé aussi dans la gestion des entreprises. Ainsi, ce concept s'applique au domaine industriel et plus à plus dans le domaine de développement comme un instrument privilégié pour la lutte contre la pauvreté. Ces nouvelles applications du concept « chaine de valeur » ont poussé J. Foumbi à affirmer que la chaine de valeur d écrit l'ensemble des activités devant concourir harmonieusement à produire et à vendre un produit tout en permettant aux intervenants à tous les niveaux d'engager les meilleurs bénéfices possibles. Cet auteur explique de ce fait que la chaine de valeur englobe les fournisseurs, les producteurs, les transformateurs et les acteurs impliqués dans la commercialisation jusqu'au consommateur final, tant au niveau national, régional, qu'international43.

41HOHMAN C., « le concept de chaine de valeur », [En ligne] disponible sur www.chohman.free.fr, site consulté le 9 avril 2021 à 12h04

42 Idem

43 Joseph Foumbi, Op.cit., p32

13

I.1.2 Définition des concepts filières et chaines de valeur

Le concept de filière et celui de chaine de valeur sont très proches et leurs sens sont très souvent confondus44. Ce point se propose de lever cette équivoque en procédant par la définition de deux concepts jusqu'à leur confrontation.

1. La filière

Le concept « filière » ne se limite pas à la simple succession d'opérations de transition d'une matière première à un produit fini. Cette notion intègre, outre la succession d'opérations, un certain nombre d'éléments dont la technologie, l'analyse du tableau d'entrée et sortie et enfin l'analyse des stratégies des firmes tel qu'affirme Morvan45.

Le premier élément traduit, comme explique Fontan, l'importance de la technologie pour développer des systèmes de production ; le deuxième élément est la possibilité de découpage du système productif et la vision des liens et des relations entre les opérations ; et le dernier, la volonté d'atteindre une certaine efficacité économique.

De cela, la Collectif Stratégie Alimentaire46 (CSA) propose un schéma représentatif des principales dimensions d'une filière. Ce schéma se présente comme suit :

Figure 2 : représentation des étapes de la filière

Telle qu'illustre la figure précédente, les principales dimensions d'une filière sont la production, la transformation et la commercialisation. Sans oublier en amont les intrants (crédit, engrais, mains d'oeuvre, ...). Les flux de produits sont dirigés de gauche à droite, tandis que les flux économiques et financiers vont dans le sens inverse. Le flux d'information

44Europe Aïd, Op.cit. p32

45Fontan C., Op.cit.p3

46 CSA, « L'approche filière : conceptions, avantages et risque pour l'agriculture familiale », rapport du séminaire organisé par le CSA le 27 novembre 2013 à Bruxelles, p3, [En ligne] disponible sur www.csa-be.org, site consulté le 9 avril 2021 à 12h32

14

quant à eux, vont dans les deux sens. En plus de ce deux sens, on y ajoute la dimension technique.

Soulignons tout de même que, le concept « filière » a été traité par plusieurs auteurs et construit bien au fil du temps par les travaux de ces derniers. De ce fait, Garouste47 montre que cette pluralité des traitements est génératrice d'une certaine ambigüité dans l'appréhension du sens de ce concept étant donné qu'il existe autant des notions qu'il y en a d'auteurs. Ainsi, un rapprochement entre cette multitude des conceptions y est établi.

De ce fait, Shaffer et Lindent A., cité par Lebailly48, insistent dans la définition de la filière sur les liens entre les différents acteurs d'un système donné à des niveaux différents du processus à la réalisation d'un ou plusieurs produits prêt à la consommation. Goldberg quant à lui, attire l'attention sur les avantages d'une vision globale des problèmes posés par la formation et l'acheminement d'un produit jusqu'au stade final. C'est dans cette optique que Charlotte Fontan49 souligne dans sa définition, outre la succession des opérations, l'importance que joue les services d'accompagnement (technologies et techniques nécessaires, les relations complémentaires...), les résultats économiques, l'ensemble des acteurs ainsi que leur relations et stratégies existant entre eux dans le processus même de production.*

En somme, il est à retenir que dans la plupart des cas, la filière intègre également l'ensemble des activités complémentaires qui concourent, d'amont en aval, à la réalisation d'un produit fini outre les activités entrant effectivement dans le processus de transformation et que la filière intègre en général plusieurs branches. Elle est donc un tout comme ensemble d'actes de productions, de transformation et de distribution relatifs à un produit ou à un groupe des produits homogènes et concourant à la satisfaction d'un mémé besoin final issu de la consommation tout en considérant l'ensemble des techniques et technologies nécessaires, les relations de complémentarité, les résultats économiques , l'ensemble des acteurs ainsi que les stratégies et relations existant entre eux.

47Fontan C., Op.cit.p2 48Lebailly P. ; Op.cit., p10 49Fontan C., Op.cit.p7

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2. La chaine de valeur

Obtenir un produit à la consommation nécessite plusieurs opérations en amont et en aval. Celles-ci, allant de la production à la consommation via la transformation et la distribution50. Ces étapes constituent un ensemble d'enchainement logique d'actions dont le bon fonctionnement dépend d'un certain nombre d'acteur (fournisseur, producteur, transformateur, distributeur ; etc.). Étant à la base d'une valeur ajoutée, chacun dans son maillon respectif. D'où le concept de chaine de valeur.Plusieurs auteurs s'intéressent au concept « chaine de valeur » tout comme celui de filière.

Kaplisnky51, spécialiste de ce concept et la communauté européenne52 définissent la chaine de valeur comme un ensemble d'activités requises par la transformation d'un produit ou de service comprenant la conception, les différentes phases intermédiaires de sa transformation, la distribution jusqu'au consommateur final sans omettre le traitement des déchets après son usage. Joseph Foumbi53 à son tour, aborde une autre conception de chaine de valeur. Selon lui, cette dernière peut revêtir différentes dimensions et peut de ce fait être de longueur variable celle-ci pouvant aller du local à l'échelle mondiale. Une chaine de valeur n'est ni plus ni moins qu'un partenariat étroit entre différents maillons de chaine d'approvisionnement, dans le but de répondre aux demandes des consommateurs et de créer de la valeur et des profits54.

De ce qui précède, la chaine de valeur, est de toute évidence, à considérer comme une répartition des tâches entre différents acteurs des maillons respectifs pour concourir à la production d'un bien clairement défini. Cette répartition des taches suppose que, par ses activités spécifiques, chacun des acteurs a une valeur bien déterminé qu'il ajoute au produit. Cette valeur peut avoir été ajouté par extraction, production, transformation ou soit par le changement de place du produit ou encore du temps considéré comme moment de vente ou de consommation.

50Encyclopédie Guiness, « L'univers, la terre, la vie sur terre, le monde aujourd'hui, le corps humain, technologie et industrie », SPL, London, 1991, p280

51 Joseph Foumbi, Op.cit., p33

52EuropeAid, Op.cit., p9

53 Joseph Foumbi, Op.cit., p34

54 Cantin L., « l'approche chaine de valeur : une nouvelle façon de générer de la valeur et des profits », Québec, 2005, p71

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3. Convergence entre « Chaine de valeur » et « Filière »

Départ les définitions prédéfinies, il apparait superficiellement que le concept de Chaine de valeur et celui de Filière sont synonymes. Certes, les deux traduisent quasiment une même réalité qui est celle du processus de transformation d'une matière première à un produit fini. Cependant, tout en poussant loin de l'analyse conceptuelle, il ressort que les deux concepts ne sont pas identiques car l'un est une complémentarité de l'autre.

De ce qui précède, le Collectif Stratégies Alimentaires55 propose de clarifier la différence entre les deux pour lever ce conflit conceptuel.

Cette organisation affirme qu'à l'origine, le concept de « Filière » est francophone et a été développé par des institutions de recherche françaises telles que l'INRA et le CIRAD depuis les années 60 autour des relations de l'agriculture avec les secteurs amont et aval. Ce concept est issu d'une approche technico-économique de la production et renvoie aux opérations techniques le long de la chaine de production. En plus le concept anglophone « Value Chain » qu'on traduit par chaine de valeur a été introduit dans les années 80 par Michael Porter intimement lié à l'analyse des avantages compétitifs des entreprises. Ce concept de Chaine de valeur selon porter, renvoi à la décomposition des étapes de production d'une entreprise de manière à identifier les avantages concurrentiels possibles aux différents maillons de la chaine de production.

De cette différentiation linguistique, la confusion provient couramment de la détermination des équivalents de concepts dans l'une ou l'autre langue. Le CSA56 souligne dans cette optique, le cas du vocable Filière qui, jusqu'aujourd'hui, n'a pas trouvé de traduction fidèle en anglais et est souvent traduit par « Value chain » ce qui explique une distinction non significative de ces notions.

Bien qu'il y ait tendance de considérer les deux concepts comme étant identique, le CSA57 donne une précision en se basant sur leur utilisation en tant qu'outil d'analyse. De cela, il ressort que le concept « filière » et « chaine de valeur » se réfèrent à des types d'analyses différents. La filière relève une notion d'ensemble et renvoie à des analyses systémiques, tandis que la chaine de valeur quant à elle, renvoie plutôt à des analyses séquentielles, ou éclatées des différents maillons de la chaine de production.

55 CSA, Op.cit., p3

56 Idem

57 Ibidem

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Autrement dit, la filière regroupe un ensemble de chaines de valeur, elle englobe toutes les étapes de transformation de l'amont jusqu'à l'aval pour obtenir une famille de produits.

La filière a alors été très souvent définie en tenant compte du produit de base, tandis que la chaine de valeur elle, est spécifiquement définie sur base du produit fini.

Outre cette vision sensuelle, l'histoire nous révèle clairement que le concept de filière est antérieur à celui de la chaine de valeur. Cela montre qu'il existe certainement une probabilité que la chaine de valeur ait été mise en pied sur base ou en référence de la filière. Par soutenance de l'hypothèse ci-hautement énoncé, F. Cheriet58 montre clairement qu'au-delà d'un clivage théorique ou d'une opposition empirique, la chaine globale de valeur (CGV) constitue un cadre d'analyse développé sur la base des apports des précédents courants des analyses de filière. L'auteur soulève que l'interdépendance de ces concepts n'est pas unidirectionnelle.

En bref, les deux concepts sur un certain plan, chute sur une convergence et une dichotomie finalement. Temple et al cités par FouedCheriet59, nous proposent une clarification résumée dans le tableau ci-dessous :

58Cheriet F., « Filières agroalimentaires et chaine globale des valeurs : concept, méthodologie et perspective de développement », HAL, 2015, p1

59 Idem

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Tableau 1 : Convergence et divergence entre filière et chaine de valeur

Convergences

Méso-économie des
filières

CGV

Supply-Chain

Référentiels Théoriques

Référentiels néo-institutionnels (Nouvelle Economie Institutionnelle) Référentiels sur l'entreprise et structure de marché

Démarches

méthodologiques

Prise en compte de plusieurs acteurs/approche systémique

Prise en compte explicite des processus techniques et organisationnel Pratique de l'interdisciplinarité

Questionnement empirique

Recherche finalisée/gouvernance et processus de décisions publiques et privées

Divergences

Méso-économie des
filières

CGV

Supply-Chain

Référentiels

Economie

institutionnelle

Sociologie du

développement

Marketing inter

organisationnel

Discipline dominantes

Géographie et

Agronomie

Gestion, Sociologie,

Politique

Gestion, Logistique

Questionnement empirique

Gouvernance des

politiques publiques

sectorielles

Gouvernance des

relations

internationales

Gouvernance des

relations

interentreprises

Source : FouedCheriet,

Ici la CGV désigne un réseau inter-organisationnel construit autour d'un produit reliant des ménages, des entreprises et des Etats au sein de l'économie mondiale.

4. Chaine de valeur et filière agricole

Précédemment, il a été donné la définition de deux concepts « filière » et « chaine de valeur » auxquels il est possible d'adjoindre un qualificatif « agricole », « industriel » ... suivant le domaine dans lequel on se situe. De ce fait, selon notre domaine d'investigation, aux concepts « chaine de valeur » et « filière » s'ajoute l'adjectif « Agricole » pour appréhender leurs applications dans le domaine spécifiques.

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a. Chaine de Valeur Agricole

L'approche par chaine de valeur est de plus en plus privilégiée pour lutter contre la pauvreté dans les PED60. Les partenaires au développement s'en servent dans la conception de leurs stratégies d'appui au secteur pouvant contribuer à cette lutte. Cette approche par chaine de valeur est appliquée à l'agriculture vu que la plupart des pauvres habitent des milieux ruraux et que l'agriculture étant leur activité principale61.

Selon la FAO62, la chaine de valeur agricole implique un ensemble d'acteurs qui participent à une séquence d'activités liées entre elles, créant une valeur ajoutée et visant à porter un produit de son état de matière première au consommateur final. La préférence de cette approche est due au fait qu'elle met en lumière la répartition des valeurs ajoutées tout au long de la chaine de valeur d'un produit agricole donné et permet de mettre un accent particulier sur la structuration de la chaine basée sur la capacité du produit agricole final à accéder aux marchés local et global63.

Selon J. Foumbi64, l'approche par chaine de valeur dans l'agriculture vise à maitriser la production et la valorisation des produits agricoles sur des filières stratégiques choisies. En effet, la productivité agricole est souvent entravée par les disfonctionnement liés au financement des acteurs, à l'approvisionnement en intrants, à la difficulté d'accès à la technologie appropriée et aux services adéquats, et par l'incapacité des agriculteurs à être couverts des divers risques et aléas. Il montre que la création d'une chaine de valeur sur chaque produit agricole jugé stratégique permettrait aux acteurs à tous les maillons de la chaine de valeur de tirer meilleur profit de leur travail et partant à contribuer à la réduction de la pauvreté et à l'essor économique du pays.

Ainsi, ce concept a été appliqué à la mondialisation par plusieurs auteurs en vue de montrer le degré d'intégration à l'économie-monde de certaines région dans le cadre des produits agricoles d'exportation (café, cacao, banane, coton, papaïne, vanille...)65. En termes d'ajout, la FAO66 montre que la chaine de valeur alimentaire est composée de toutes les

60 Joseph Foumbi, Op.cit., p33

61 Banque Mondiale, « stimuler la croissance agricole et le développement rural dans les pays en développement », ADR, 2003, p1, [En ligne] disponible sur www.worldbank/rural, site consulté le 10 avril 2021

62 Miller C., et Jones L., « financement des chaines de valeurs agricoles », FAO, Rome, 2013, p9

63 Joseph Foumbi, Op.cit., p33

64 Idem

65EuropeAid, Op.cit., p12

66 FAO, « comment faire en sorte que les chaines de valeurs contribuent à améliorer la nutrition ? », mars-avril, 2017, p2, [En ligne] disponible sur www.fao.org, site consulté le 10 avril 2021 à 13h25

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parties prenantes contribuant aux activités cordonnées de production et d'ajout de valeur requises pour la production des denrées alimentaires.

Les interventions de cette approche dans le domaine agricole visent traditionnellement, l'accroissement de la rentabilité économique des acteurs agricoles. Par ailleurs, cette approche s'oriente vers l'optique d'amélioration nutritionnelle en offrant les possibilités de renforcer l'offre et /ou la demande d'aliments nutritifs à chaque maillons de la chaine de valeur67.

Autrement dit, « la chaine de valeur vue sous l'angle du développement du secteur agricole s'apparente à une filière agricole structurée autour d'une organisation. Son avantage comparatif par rapport à une agriculture traditionnelle réside du fait qu'elle vise à la fois l'élévation du niveau de vie des p'tits producteurs, le développement de l'entreprenariat et des PME, une productivité élevée et des produits de qualité contrôlés. Outre l'approche par chaine de valeur permet d'assurer à l'avance que le produit tient compte des attentes des consommateurs potentiels et de la demande du marché68 »

b. Filière Agricole

Outre la chaine de valeur, la filière représente un domaine d'investigation adapté aux recherches en économie agro-alimentaire. Elle permet notamment « une approche intégrée des problèmes liés au développement des produits agricoles dans les pays du tiers monde69 ».

Charlotte Fontan70 souligne que c'est à partir de la deuxième moitié des années 70 que le concept de filière a effectivement été utilisé dans le domaine de l'économie agricole. Cet auteur affirme tout de même que le concept « filière » a été appliqué pour la première fois dans le domaine de l'agriculture dans les années 50 avec comme travaux réalisés par l'INRA puis par les études menées par la Société d'Etude pour le Développement Economique et Social (SEDES)71.

Pierrick Freval72 quant à lui, considère qu'une filière agricole est centrée sur un produit agricole de base et sur tout ou partie de ses transformations successives. Pour lui, en analyse économique, une filière peut justement être considérée comme un mode de découpage du

67 FAO, Op.cit., p2

68 Joseph Foumbi, Op.cit., p35

69Lebailly P., Op.cit., p9 70Fontan C., Op.cit., p4

71 Idem

72 Pierrick Freval, « éléments pour l'analyse des filières agricoles en Afrique sub-saharienne », Bureau des politiques agricoles et de la sécurité alimentaire DCT/EPS, 2000, p20

73BENSHARIF A. et RASTOIN J.L., « concepts et méthodes d'analyse des filières agroalimentaires : Application par la Chaine Globale de Valeur au cas de Blé en Algérie », MOISA, 2007, p3

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système productif privilégiant certaine relation d'interdépendance. Elle permet de repérer les relations de linéarité, complémentarité et de cheminement entre les différents stades de transformation.

FREVAL montre que dans la décomposition des filières on peut privilégier trois approches : technique, comptable et économique et méso économique qui seront explicitées par Hugon.

? L'approche technique : elle se construit d'amont vers l'aval en partant du premier stade de production agricole y compris l'acquisition des facteurs de production ou au contraire de l'aval (vente sur le marché domestiques ou internationaux) vers l'amont (transformation, transport, production agricole, approvisionnement en intrant).

? L'approche économique et comptable : elle consiste à étudier les flux et la répartition des consommations intermédiaires entre les différents secteurs et de la valeur ajoutée entre les différents acteurs : producteur, Etat, intermédiaires,... cfrla tableau intra branche de Leontief.

? L'approche méso économique : elle fait repérer, le long des diverses opérations, les acteurs, leur logique de comportement, leur mode de coordination, et repérer ainsi les noeuds stratégiques de valorisation et de dégagement des marges.

En somme, Goldberg73 traduit mieux les notions de chaine de valeur et de filière appliqué en agriculture. Pour lui, l'approche filière englobe tous les participants impliqués dans la production, la transformation et la commercialisation d'un produit agricole. Elle y inclut les fournisseurs de l'agriculture, les agriculteurs, les entrepreneurs de stockage, les transformateurs, les grossistes et détaillants permettant au produit brut de passer de la production à la consommation. Elle concerne finalement toutes les institutions qui affectent et coordonnent les niveaux successifs sur lesquels transitent les produits.

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I.2. Développement et structuration de filière

Le développement de la filière est sujet à des multiples théories. L'enjeu majeur de toutes ces théories porte sur la mise en évidence des effets de domination exercé sur l'agriculture par son environnement amont et aval tel que préconisent A. BENCHARIF et J.L. RASTOIN74. De ce fait, certains auteurs s'accordent à considérer que « la production pousse la chaine de valeur », et tant d'autres argumentent que « le marché tire la chaine de valeur » et tant plus que d'autres disent qu'il faut « la régulation de la chaine de valeur ». Ce point cherche essentiellement à faire transparaitre les laudateurs et non laudateurs de toutes ces visions en vue de se situer dans le cadre de notre recherche. L'aperçu général sur le développement rural et théories de structuration et développement de la filière se présentent à l'ossature.

I.2.1. Aperçu général sur le développement rural 1. contexte

Arriver à matérialiser le développement rural nécessite la mise en pieds des politiques s'inscrivants dans cette perspective. Sachant que la finalité première de ce développement est l'augmentation des revenus des populations rurales ainsi que l'amélioration de leur niveau de vie, soit augmenté de la production du travailleur rural soit de l'élévation du prix de sa production ou encore de l'effet conjugué de deux75. Cependant, il est important de souligner qu'une politique de revenu basée sur l'élévation des prix n'est pas réaliste, car elle génère de l'inflation sur le plan intérieur.

Vu cette insuffisance, les Nations Unies prônent une politique passant par « l'amélioration de la productivité » ainsi que « la politique garantissant les prix stables ». Ce premier se matérialise le biais du progrès technique et permet ainsi un meilleur rendement des facteurs de productions (la capital, le travail et l'organisation) tel que prône Joseph Aloïs SHUMPETER. Le second quant à lui, ne peut résulter que d'une politique rationnelle de stockage et de commercialisation conçue et appliquée par le pouvoir public.

A côté de la finalité de relever le niveau de revenu, les U.N estiment que le développement rural poursuit deux types d'objectifs. Notamment ceux à court terme (5ans) ainsi que ceux à long terme (20-30ans). Pour les objectifs à court terme, les Nations Unies poursuivent assurer au maximum la couverture des besoins alimentaires de la population,

74 BENSHARIF A. et RASTOIN J.L., Op.cit. p3

75 Nations Unies, « Définition et objectifs du développement rural », Commission économique et sociale pour l'Afrique », 1969, p4, [En ligne] disponible sur www.uneca.org, site consulté le 10 avril 2021 à 14h54

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accroitre les exportations et réduire les importations afin d'augmenter les disponibilités en devises, réduire l'exode rural et les sous emplois dans les milieux ruraux. A côté de ces objectifs à court terme s'ajoute celui du relèvement du niveau de revenu76.

Au long terme, les Nations Unies préconisent deux objectifs principaux ; notamment la réalisation du passage progressif de la condition du paysan au statut d'agriculteur ainsi que réorienter et diversifier les activités rurales77.

Ces objectifs se résument comme suit selon Pierrick Freval78 : la lutte contre la faim et la pauvreté en contribuant à la sécurité alimentaire ainsi qu'en augmentant le revenu des producteurs ruraux, l'augmentation des revenus des ruraux, la croissance économique équitable de la valeur ajoutée, participation plus grande aux échanges marchands, l'exploitation raisonnée des ressources, préservation de l'environnement. Il ressort qu'en matière du développement rural, les changements impliquent des modifications à la fois dans le domaine technique, économique et social.

Vu ces objectifs, le développement de la filière agricole serait l'outil le mieux adapter dans la perspective de leurs atteintes tel que pense C. Fontan79. Plusieurs auteurs travaillent ainsi à la rédaction des théories qui s'inscrivent dans cette quête de développement des filières agricoles en milieu rural.

2. Facteurs favorisant le développement agricole et rural80

C'est sur base des expériences acquises couronné sur le plan du développement agricole et rural notamment en Asie de l'Est, en Europe centrale et dans plusieurs pays d'Amérique latine mais aussi en tenant compte des échecs passés que la Banque Mondiale81 propose les facteurs critiques pour un développement réussit du secteur agricole et rural.

Il s'agit effectivement des facteurs suivants :

a. Des investissements suffisants en zone rurale

Les pays qui ont su développer leurs zones rurales ont fait la preuve de leur engagement en allouant aux zones rurales des ressources publiques destinées à

76 Nations Unies, Op.cit., p5-7

77 Idem

78 Pierrick Freval, Op.cit., p16 79Fontan C., Op.cit., p34

80 Banque Mondiale, Op.cit. p1

81 Idem

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l'infrastructure, la recherche et l'assistance technique nécessaire pour accroitre la productivité agricole et non agricole. Des investissements publics appropriés en soins de santé et de services d'éducations en zone rurales sont également essentiels pour une active population.

b. La bonne gouvernance

Labonne gouvernance est un facteur déterminant de la bonne gestion des dépenses publiques destinées aux services ruraux susmentionnés et d'un climat propice aux investissements du secteur privé dans les zones rurales. Les agriculteurs, qu'il s'agisse des exploitations familiales ou société, sont des entrepreneurs et ces derniers ne n'investiront pas dans une activité faisant objet d'une lourde fiscalité, non protégé par l'Etat de droit, les routes des dessertes agricoles non praticables, ni de service d'eau ou d'électricité.

c. La stabilité politique

Elle se distingue de la gouvernance en ce sens qu'elle fait davantage référence à l'absence des conflits armés ou d'autres troubles civils. Dans la majeure partie du continent africain, dans certaines régions d'Amérique centrale et en Asie centrale, ou l'agriculture est en déclin, ce facteur fait malheureusement défaut. Les troubles et guerres civils détruisent des vies, et portent atteinte aux infrastructures et à la sécurité. Il n'est donc pas surprenant que les milliers de personnes demeurant pauvres et souffrant de famine vivent dans les pays tels que le Congo, Haïti, Soudan ou les guerres civils sont pratiquement endémiques.

d. Croissance économique et formation de revenu

Un élément de succès plus large tient à la croissance économique qui produit le revenu dont les consommateurs ont besoin pour acheter des quantités croissantes des produits agricoles. Les économies en expansion sont tributaires des même facteurs ci précédent que la réussite de l'agriculture un cercle vertueux.

e. Gestion des risques et vulnérabilité

Les personnes dont les revenus dépendent de l'agriculture comptent parmi les plus vulnérables au monde. Des facteurs externes tels que le climat, la sécheresse, les fluctuations des prix des produits agricoles peuvent en un seul événement ou en une saison compromettre le travail des agriculteurs. En raison de cette instabilité de revenu, il est plus difficile aux agriculteurs d'avoir accès au crédit nécessaire et à d'autres services financiers qui pourraient le mettre à l'abri de ces aléas. La banque mondiale examine et met en oeuvre divers

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instruments et stratégies (tels que l'irrigation, l'assurance récolte et le micro financement rural) pouvant réduire l'impact de chocs externes que l'agriculteur ne maitrise pas non plus.

f. Réforme de la politique agricole et commerciale

Un problème de longue date, qui n'a été abordé que peu par la communauté des bailleurs de fonds, est celui de l'incidence de la politique agricole et commerciale américaine, japonaise et européenne les pays en développement. Le secteur agricole est florissant là où la terre et la main d'oeuvre sont bon marché, il en découle un avantage comparatif pour les PED.

Toutefois, des grosses subventions et des niveaux de protection élevée dans les pays de l'OCDE empêchent les produits agricoles des PED d'avoir accès au marché de l'OCDE, tout en maintenant le prix agricoles mondiaux à des niveaux artificiellement bas. Le fait de ne pas avoir accès au marché de l'OCDE, n'incite pas vraiment les pays pauvres d'investir dans l'agriculture.

I.2.2. Théories de développement et de structuration de la filière

Dans les points précédents, il a été question de démontrer que le développement des filières agricoles est primordial pour le développement des pays en développement. Il est du coup important de souligner que le niveau d'atteinte des objectifs est fonction de l'outil mis en oeuvre. Autrement dit, la voie choisie dans la concrétisation du développement de la chaine de valeur est déterminant dans l'atteinte des résultats escomptés. Le choix est alors fait sur base du contexte de l'adaptation de l'environnement des NPI ou selon qu'on se situe dans un PED.

Tel que souligné dans les parties précédentes, il est maintenant important de répertorier les théories sur le pilotage en amont, en aval et celui de la régulation de la chaine de valeur82.

1. La production pousse la chaine de valeur ou le marché tire la chaine de valeur

La compréhension de ces deux théories est vraiment littérale. La théorie selon laquelle la production pousse la chaine de valeur ou modèle de pilotage par le bas de la chaine83 suppose qu'il faut que la production existe pour que la chaine de valeur se développe. Selon ce courant, l'action à mener dans l'optique du développement d'une chaine de valeur est à mener au niveau du maillon production et nulle part ailleurs. Car il est supposé que ce maillon

82 BENSHARIF A. et RASTOIN J.L., Op.cit. p3

83 Miller C. et Jones L., Op.cit., p33

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est générateur d'effets d'entrainement suffisant au développement de la chaine de valeur dans son intégralité.

D'après la FAO, bien que ces modèles de développement de chaine de valeur soit susceptible de conduire à des véritables réussites, ils se doivent tout de même d'affronter deux difficultés majeurs.

Premièrement, les producteurs peuvent ne pas bien saisir les besoins du marché et ne pas comprendre les acteurs de la chaine qui sont proche de l'utilisateur final. Deuxièmement, les producteurs doivent souvent lutter pour obtenir de financements, à moins qu'ils aient des partenaires solides et/ou qu'ils jouissent d'une aide financière... et des liens avec des marchés et des partenaires fiables et compétitifs84.

Par contre, la seconde théorisation, celle-ci suppose que le marché tire la chaine de valeur, aboutit aux propos selon lesquels l'existence des débouchés adéquats est amplement suffisante pour développer la chaine de valeur. Ce modèle est aussi qualifié par la FAO sous la dénomination « agriculteur sous contrat85 ». Tout compte fait, le dénominateur commun pour ces deux théories réside dans le fait qu'elles musent toutes sur les relations qu'entretiennent les acteurs de la chaine de valeur.

De ce fait, nous identifions ici la théorie de « two to trade86 » voulant dire qu'il faut deux pour le commerce. Développé par Ted Schrader et al. En 2015, cette théorie part des changements rapides observés dans la structure de répartition géographique de la démographie qui est générateur des opportunités à saisir dans les chaines de valeurs des produits agricoles de plus en plus complexe. Pour relever ces défis de saisi des opportunités, les agriculteurs peuvent augmenter le volume de leur production et adhérer à une sécurité alimentaire plus stricte et norme de qualité. Du côté des entreprises agroalimentaires, il faudra que celles-ci exploitent les occasions d'affaires en fournissant des produits aux villes et en développant la production des biens de plus grande valeur.

Cependant, cette théorie met accent sur le travail en commun entre agriculteur et entreprise. Les auteurs expliquent cela par le fait que les entreprises et les agriculteurs ont

84 Idem

85Ibidem, p35

86Scherder T. et al., « It takes two trade, understanding and improving famer-firm relations in Africa », Wageningen UR, and Arnherm, the Netherlands : center for development Innovation, rayal Tropical institute,2015, p203

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besoin de devenir interdépendant pour assurer la responsabilité commune de formation d'une chaine de valeur dans une Afrique à rapide évolution.

La théorie définie les relations entre agriculteurs et entreprise comme une relation commerciale où les deux parties collaborent et coordonnent les activités les uns avec les autres, dans le but de renforcer les affaires. Pour se faire, les agriculteurs et les entreprises s'engagent dans une communication et une planification avant la transaction peut-êtremême avant que la récolte soit plantée.

La théorie « twotrade » fait promouvoir des situations pouvant conduire à privilégier la relation entre acheteur et fournisseur. Il est justement question des relations paysannes émergentes lorsque les agriculteurs, les entreprises ou les deux établissent des relations acheteurs-fournisseurs privilégiés sur une plus longue période, initiative qui viendra de l'une ou l'autre de deux parties prenantes. Il s'agit effectivement du développement de la chaine de valeur conditionné par l'existence d'une firme mettant en collaboration les producteurs et les vendeurs en achetant les productions des premiers pour la transformation et ainsi l'adapter à la demande.

Toutefois, la théorie de régulation de la chaine de valeur traduit une autre conception. 2. La régulation de la chaine de valeur

Dans cette vision, c'est l'intervention de l'Etat pour le développement de la filière qui est promus. Le pouvoir public agit ainsi dans la perspective d'orientation de la production, de l'échange, de la consommation des biens et services et la constitution du capital dans le secteur agricole. La justification de l'intervention du gouvernement dans le secteur agricole est, selon J.L. NZWEVE87, de deux dimensions : à la fois politique et économique.

Pour Jean Louis DUPRE et Stéphane YRLE, cité par J.L. NZWEVE, dans la dimension politique, la souveraineté alimentaire est défendue comme une composante de l'autonomie nationale et l'Etat moderne s'efforce de produire sur place l'essentiel de la nourriture consommée. Cependant, la dimension économique quant à elle traité par Pierre Boulanger cité par le même auteur. Pour J.L. NZWEVE88, l'intervention publique en économie se fonde sur les spécificités du secteur agricole qui éprouvent les mécanismes

87 KAMBALE NZWEVE, « Construction de la filière caféière, initiatives et perspectives de politique agricole au Nord-Kivu », CRIG, PUG, 2015, p86

88 Idem

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autorégulateurs : la diversité des produits agricoles, l'hétérogénéité et l'instabilité récurrente du marché.

Ainsi, sur base des mécanismes mis en oeuvre par les pays de l'OCDE, l'Etat peut justement procéder par l'aide directe aux producteurs ou des facilités pour l'exportation. Cependant, dans les pays en développement, il est très souvent relever des situations telles que les Etats sont incapables d'appliquer ces mécanismes. De ce fait, il existe parmi ces pays, ceux qui sont réduit au simple prélèvement des taxes, la régulation du marché étant en conséquence, laissé aux organisations professionnelles.

Pragmatiquement, pour réguler le marché agricole, les services publics s'appuient de plus en plus sur un partenariat avec les entreprises privées et les organisations des producteurs, les fournisseurs d'intrants, les transformateurs, des distributeurs et des interprofessions. Pour reprendre ainsi les propos de Claude MENARD, l'Etat reste arbitre mais il ne définit plus les règles de manière unilatérale et s'appuie plutôt sur les concertations, les négociations, les contrats, les conventions, les compromis, et les ajustements des acteurs publics et privés opérants dans les filières agricoles pour construire les solutions aux problèmes d'équilibre des marché agricoles.

Dans ce sens, il est à observer que, « la régulation de la filière » traduit le concept même de « politique agricole89 ». Il existe tout de même une différence entre les deux. Le premier concept est, à plus d'une politique agricole, une politique participative. L'Etat n'a plus de monopole de l'élaboration et de la mise en oeuvre de la politique agricole.

I.3. Notions sur la gestion de terroirs I.3.1. Essai définitionnel

La notion de terroir a été donnée par un consensus de plusieurs intervenants dans le domaine de la gestion de terroir. Elle comporte nombreuses facettes, ce qui la rend souvent imprécise. Le sens de terroir varie en effet selon que l'on se situe dans le domaine littéraire, sociologique, agronomique etc...

Pour l'agronome, le terroir est perçu surtout comme une étendue de terre limitée, considérée du point de vue de ses aptitudes agricoles. Le sociologue y ferait surtout référence

89 KAMBALE NZWEVE, Op.cit., 90

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aux relations affectives, à la culture et au mode de vie qui caractérisent un groupe humain vivant dans une entité géographique rurale90.

Après avoir défini et conçu le développement à l'échelle de tout le territoire ou de la région sans souvent tenir compte des spécificités et aspirations du niveau local, l'on a fini par opter pour un développement dit « à la base ». Cette base se réfère au terroir qui peut être défini comme l'espace rural géré par une communauté qui affirme y exercer des droits d'exploitation et d'occupation dans un cadre socio-économique et culturel défini. Malgré la diversité des définitions de ce concept et des débats parfois sémantiques qu'il génère, on admet néanmoins le terroir comme étant l'unité de base de gestion des ressources naturelles91.

Le terroir n'est donc pas un concept de géographie physique. Il est avant tout économique, sociologique, écologique et juridique. Ce concept de terroir ne saurait donc se résumer à une simple addition des ressources naturelles disponibles tel que l'eau, le sol, la végétation92, ...

I.3.2. Structure du terroir93

La structure d'un terroir dépend de plusieurs facteurs mais son fonctionnement et sa dynamique dépend essentiellement de trois groupes de facteurs :

? Les types de besoins à satisfaire. En fait les regroupées dans un même terroir ont de besoins communs à satisfaire comme des besoins alimentaires, monétaires, culturels, sécurité... qui varient d'une communauté à une autre ;

? La culture, indiquant des différences dans le mode de vie, les valeurs et mentalités, les liens affectifs et de solidarité ;

? Le temps, car d'une année à l'autre, d'une période à l'autre, les éléments du terroir se modifient, les générations se succèdent les unes aux autres, les besoins et mentalités évoluent.

Le schéma ci-dessous permet de se rendre compte qu'un terroir se différencie d'un autre élément essentiellement par les ressources disponibles, les systèmes de production mis en pratique, la structure sociale etc....

La structure du terroir se presente ci-dessous :

90Goumandakoye, M. et Bado Jean Babou., L'aménagement des terroirs : Concept et opérationnalisation, éd. CILSS, Ouagadougou, 1991, p12

91 Idem, p 10

92 Eger, H. etBado, J., «village land management, soil and water conservation in the central plateau of Burkina», Faso, éd. CILSS, Ouagadougou, 1990, p45

93Goumandakoye, M. et Bado Jean Babou., Op.cit., p 13

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Figure 3 : Répresentation de la structure de terroir

Source : Goumandakoye, M. et Bado Jean Babou., L'aménagement des terroirs : Concept et opérationnalisation, éd. CILSS, Ouagadougou, 1991, p14

Par souci de simplification, le schéma ci-dessous donne une définition schématique du terroir.

Figure 4 : définition schématique du terroir

Source : Goumandakoye, M. et Bado Jean Babou., L'aménagement des terroirs : Concept et opérationnalisation, éd. CILSS, Ouagadougou, 1991, p15

Le terroir est un tout réagi par un certain nombre de paramètres. Ces derniers sont tel que le paramètres économiques, sociologiques, administratifs et politiques, géographiques et technologiques.

95PNUD/UNSO, « Gestion de terroir : le concept et son développement », 1995[En ligne] disponible sur www.pnud/ unso.org consulté le 2 avril 2021 à 21h20

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I.3.3. Limites du terroir94

En théorie, un terroir peut être délimité et son emprise géographique défini. Dans les zones d'agricultures sédentaires, les limites du terroir peuvent être établies. Toutefois dans les zones pastorales, la délimitation exacte serait fastidieuse, sujette à équivoque et sans portée pratique.

Cependant, la délimitation dans les zones agricoles a son importance parce qu'elle inculque aux communautés rurales la notion d'espace fini et elle facilite la définition du cadre spatial dans lequel s'exerceront les activités à mener.

Il faut toutefois indiquer que faire de la délimitation d'un terroir un préalable à tout aménagement peut conduire à des obstacles insurmontables tels que l'exacerbation des conflits de terre entre des communautés voisines, risque d'enfreindre des tabous (cas ou la coutume interdit la désignation des limites du terroir). Il faut s'assurer de la faisabilité de la délimitation auprès des populations du terroir concerné, mais aussi de celles environnantes.

I.3.4. Gestion du terroir et aménagement du terroir

a. Gestion de terroirs

a) Contexte historique

Le concept« Gestion de terroirs » est apparu ces dernières années en Afrique de l'Ouest sahélienne en réponse au problème de la dégradation de l'environnement mis en évidence par différents phénomènes tels que: la dégradation des sols suite à l'érosion éolienne et hydrique, le déclin de la fertilité des sols, la réduction de la densité du couvert végétal, une vulnérabilité accrue à la sécheresse, ainsi qu'une réduction générale de la diversité des espèces végétales et animales. Ces problèmes d'environnement peuvent considérablement varier d'un endroit à l'autre; ils résultent, en effet d'un grand nombre de facteurs locaux, nationaux et régionaux95.

La zone Sahélienne a, dans son ensemble, connu une baisse importante du niveau de précipitations annuelles au cours des 30 dernières années. Sur cette toile de fond, un ensemble de facteurs économiques, démographiques et institutionnels se sont greffés, exerçant une forte pression sur les sols, les ressources en eau, les pâturages et les forêts de la

94Goumandakoye, M. et Bado Jean Babou., Op.cit., p16

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région. Il n'a pas toujours été facile d'apprécier l'importance relative de ces différents facteurs, comme le prouve le fastidieux et stérile débat sur la "désertification" et son origine anthropique ou climatique, ni même de préciser l'importance réelle de la dégradation des ressources dans un endroit donné; ceci est, en partie dû à l'insuffisance d'observations à long terme à partir desquelles on pourrait déduire des tendances claires concernant, par exemple, l'épaisseur ou la qualité des sols96.

On a de plus en plus de preuves du caractère dynamique et flexible des systèmes sahéliens, dont les niveaux de couverture végétale et de productivité ainsi que leur composition en espèces, sont fortement affectés par l'importance et la répartition de la pluviométrie. Par ailleurs, il est clair que les régions les plus touchées se trouvent dans des zones agricoles où les densités de population élevées et les défrichements subséquents sont les causes principales de dégradation des ressources naturelles97.

La "progression du désert " comprise comme étant le déplacement inexorable de dunes de sable vers le sud n'est pas un problème significatif pour la région Soudano-Sahélienne dans son ensemble. Là où des problèmes localisés de déplacement de dunes existent, ils ne sont pris en compte que dans la mesure où ces mouvements menacent des biens d'importance majeure-tels des routes, des champs ou des villes. On dispose maintenant de nombreux éléments permettant d'inverser l'image classique du pasteur nomade responsable de la dégradation catastrophique de l'environnement au Sahel. Ainsi, on reconnaît de plus en plus que ces systèmes pastoraux sont adaptés et méritent une attention et une aide accrue leur permettant d'assurer une production animale pérenne sur les pâturages faiblement arrosés du Sahel98.

96 CLISS., Club du Sahel, Le Sahel face au futur, OCDE, Paris, P 35

97Doka, M. et Gouman, D., étude sociologique : la dégradation des ressources forestières, IRSH/MHE, Niamey, 1986 , p 28

98 CLSS, PA-CLSS, Le Sahel en lutte contre la désertification, leçons d'expérience, GTZ, Eschborn,1989, p324

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b) Principe d'approche de gestion de terroir99

a. Sécurité foncière

Les populations ont besoin de droits pérennes et effectivement respectés sur les terres et autres ressources pour être incitées à les gérer correctement et à investir dans leur amélioration.

b. Participation des populations

La participation des populations locales à l'analyse de leurs problèmes, à l'identification de leurs besoins prioritaires, au choix des activités et à leur réalisation, est un élément central de la Gestion de Terroirs.

c. Approche "globale"

Une approche "globale" est requise qui reflète la complexité du milieu rural et qui essaye déprendre en compte l'ensemble des questions sociales, économiques, écologiques, politiques, institutionnelles et légales, afin d'assurer aux populations un plus grand contrôle de leur futur et une confiance accrue en ce qui concerne leur vie et leur moyens de subsistance. Une meilleure écoute des populations locales devrait permettre l'ancrage des activités de Gestion du Terroirs aux besoins prioritaires des villageois et partant, favoriser cette approche globale.

b. Aménagement du terroir100

L'aménagement au sens agro forestier se réfère à la mise en valeur rationnelle des ressources naturelles pour la satisfaction pérenne en quantité et en qualité des besoins des populations.

Quant à cela, l'aménagement du terroir se définit comme un processus d'élaboration et de mise en oeuvre concertée d'un ensemble d'actions et des mesures permettant de valoriser toute les ressources du terroir en vue d'un développement durable.

L'aménagement d'un terroir ne saurait réussir s'il est coupé de l'économie nationale et régionale. A titre d'exemple, à quoi servirait-il d'arriver à une forte production agricole si les

99PNUD/UNSO, Gestion de terroir : le concept et son développement, 1995 [en ligne] disponible sur www.pnud/ unso.org consulté le 2 Avril 2021 à 21h20

100Goumandakoye, M. et Bado Jean Babou., Op.cit., p17

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moyens d'écoulement vers d'autres zones restent inexistants. Comme définit ci-dessus, l'aménagement des terroirs peut être ainsi schématisé dans ses composantes :

Figure 5 : Composantes de l'aménagement des terroirs

Source : Goumandakoye, M. et Bado Jean Babou., L'aménagement des terroirs : Concept et

opérationnalisation, éd. CILSS, Ouagadougou, 1991, p17

c. Gestion et aménagement de terroir, quelle relation ?

Les deux termes Gestion et Aménagement101de Terroirs sont le plus souvent employés pour décrire un ensemble de projets conduits dans une région donnée. Par convention, la gestion de terroirs (GT) fait référence à la gestion proprement dite (administration) des ressources naturelles dans un espace donné (le terroir). L'aménagement de terroirs (AT) fait référence à l'amélioration (aménagement) des ressources dans une zone donnée. En fait, Aménagement de Terroirs et Gestion de Terroirs ont été employés

101Boiffin,J.,Territoire :agronomie, géographie, écologie, où en est-on? Le point de vue d'un chercheur agronome, in « NaturesSciencesSociétés n°12», Paris, 2004, P. 307

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indifféremment dans les deux sens : gestion et amélioration. Le terme de "gestion" est utilisé pour décrire une série d'interventions comprenant l'utilisation des ressources disponibles, l'affectation de terres à certains usages, la limitation de leur accès à certaines périodes, et le contrôle du niveau de leur utilisation. L'"aménagement" correspond, quant à lui, à un ensemble d'investissements visant à augmenter les niveaux de productivité, réduire le risque agronomique, conserver les sols et les ressources en eau et améliorer les conditions de culture.

La gestion de terroirs est donc focalisée sur la gestion des ressources naturelles à l'échelle du milieu rural ou du campement et s'exerce à trois niveaux interdépendants102:

? "le niveau technique, lié à l'environnement physique, par exemple les méthodes optimales de recyclage des éléments fertilisants, de gestion des forêts naturelles, de contrôle de l'érosion du sol;

? "le niveau socio-économique, relatif aux structures sociales dans lesquelles les populations vivent et organisent leur existence; il concerne la famille et la communauté, la répartition du pouvoir entre les individus et les groupes, la gestion des bénéfices économiques et la répartition des profits générés par les investissements collectifs;

? "le niveau institutionnel où la législation et son application déterminent l'accès aux ressources naturelles des différents groupes sociaux, et les moyens permettant le respect de ces droits dans la pratique.

Apres cette brève présentation de la notion sur la gestion de terroir, chutons sur la notion de cacaoyer.

I.4. Le Cacaoyer

Le cacao étant une plante industrielle de culture congolaise fait l'objet de traitement dans ce travail en vue de voir l'évolution de sa production et surtout de prime, identifier sa mode de maintenance.

102Traoré Touta Alain, Application de l'approche gestion des terroirs pour la mise en place d'une zone sylvo-pastorale : Atouts et Limites, Mémoire inédit, département de géographie, Université de Ouagadougou, 2001, P.4

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I.4.1. Historique103

Le cacaoyer était cultivé en Amérique par les mayas biens longtemps avant l'avenue des Européens. C'est en 1630 que le mexicain HERNANDEZ donne la première description botanique de l'arbre « cacahoquahuitl », ses fruits « cacahocentl » et ses graines « cacahoatl ».

Le mot cacao, directement dérivé de la langue maya et qui est universellement employé aujourd'hui, a fait pour la première fois son apparition dans la littérature botanique en 1605 sous la plume de Charles de l'ECLUSE.

en 1700, TOURNEFFORT le retint le mot « cacao » comme nom de genre. Cependant qu'en 1737, LINNEE préféra lui substituer par celui de « Théobroma cacao » un nom plus noble signifiant nourriture des Dieux pour rappel de l'origine divine que les aztèques attribuaient aux Dieux.

C'est dans l'espèce théobroma cacao signifiant nourriture décrite par LINNEE que se classe aujourd'hui tous les cacaos cultivés.

I.4.2.Botanique.

Le cacaoyer est un arbre de petite taille, pouvant atteindre 5 à 7 mètre de hauteur moyenne. Parfois il dépasse cette taille lorsqu'il pousse à l'état sauvage dans la forêt.

Il sied de spécifier que sa taille, son importance ainsi que le développement de sa floraison dépendent beaucoup de son environnement.104

a) la graine

La graine du cacaoyer est spécifiquement appelé fève de cacao ; cependant, cette appellation est réservée à la graine ayant subi les opérations de fermentation et de séchage105.

La graine du cacaoyer est décrite par certains principaux caractères ; entre autre :

la longueur : elle peut varier de 20 à 30 millimètres en moyenne et 25 millimètres pour les amelonado africains ;

103BRAUDEAU, J., le cacaoyer, Ed. G-P. Maisonneuve et Larose, paris, 1969, p1 104BRAUDEAU, J., Op.cit., p23

105 Idem, p24

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la largeur : elle peut varier de 10 à 17 millimètres de moyenne ainsi que 12,5 pour les amelonado africains ;

l'épaisseur : elle varie de 7 à 12 millimètres en moyenne et de 8 à 8,5 pour les amelonado africains.

b) le système racinaire

Après germination de la graine, la racine subit une croissance très rapide et s'enfonce verticalement dans le sol. Tandis que sur la base de l'hypocotile naissent des racines latérales disposées en six séries verticales et qui se développe horizontalement tant que le pivot s'allonge.

En moyenne, le pivot peut atteindre 30 à 40 Centimètres durant 4 à 5 mois et 70 à 80 centimètres après 5 à 6 ans. 106

L'absence du pivot chez les jeunes boutures plogiotropes explique leur faible développement végétatif ainsi que leur sensibilité à la sécheresse dès leurs premières années de plantation.107

c) la partie aérienne108

§1 le tronc

Après l'apparition des premières feuilles du jeune sémenceau, le bourgeon terminal poursuit son développement et la tige croît verticalement. Les feuilles longuement pétiolées et à l'aisselle des quels les bourgeons axillaires sont visibles.

§2 la couronne et ramification secondaire

Le nombre des branches de la couronne est normalement cinq. Cependant, cela peut varier de 2 à 5 plus rarement. En plantation, les arbres adultes présentent souvent des anomalies liées aux origines suivantes :

? Traumatisme : entraine la disparition de certaines branches principales ;

? Egourmandage mal conduit : entraine la malformation de plusieurs troncs dont les couronnes se gênent mutuellement ;

106BRAUDEAU, J., Op.cit. p29

107 Idem p30

108 Ibidem p31-33

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? Dégâts d'insecte. §3 la feuille

Les feuilles qui apparaissent lors de chaque poussée sont très souvent pigmentées ainsi que leur couleur varient selon les cultivars ou les clones, du vert pâle plus au moins rosé ou violet foncé.

Ses pétioles varient de 7 à 9 centimètres tant que les limbes peuvent atteindre 50 centimètres.

I.4.3. Classification

Les cacaoyers cultivés présentent une très grande variabilité si l'on se referait aux caractères de couleur, de dimension et de forme des différentes parties.

cependant, PITTIER109 reconnait deux formes de cacaoyer ; à l'occurrence :

? les criollos : sont les cacaoyers dont les fruits sont allongés, côtelés et dont les cotylédons sont blanc ;

? les forasteros : sont les cacaoyers dont les fruits sont arrondit, presque lissés et dont les cotylédons sont violets ;

Ainsi actuellement, on y ajoute une troisième forme ici-bas.

? les trinitarios : sont polymorphes où l'on peut observer les caractères intermédiaires

entre les criollos d'une part et les forasteros d'une autre part. néanmoins, une disjonction s'observe dans ses descendances.

I.4.4. Description

Ayant bien lu et notifier présentement dans les sections précédentes, le cacaoyer est un arbre de petite taille variant entre 5 à 6 mètres de hauteur moyenne qui atteint son plein développement vers l'âge de 10 ans ainsi que sa floraison dépend directement de sa situation environnementale. Cette plante se maintien de 25 à 30 ans. L'écologie du cacaoyer est celle des forets au climat chaud et humide, sèche prolongée, sans saison: sèche prolongée.

- La température moyenne annuelle optimale est de 25 degrés minimum absolu de 10 degrés.

109PITTIE, cité par BRAUDEAU, J., Op.cit., p10

110FLOOD, J. et Ali,.« A la découverte du cacao, Ed. CABI Biosciences », Kiev, 2003, p.11-50 disponible sur https://www.share4dev.info/kb/output view.asp?outputID

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- La pluviométrie optimale est de 1500 à 2500mm. La période sèche ne doit pas excéder trois mois. Le taux d'humidité relative de l'aire doit être élève (optimum85%) ;

- Le jeune cacaoyer a besoin d'être protège d'éclairement trop intense pendant le trois premières années. Cependant, la région ou l'éclairement incident est inférieur à 1800heures par an le plein potentiel productif du cacaoyer est d'obtenir en plein soleil, sous condition d'apports rigoureux et réguliers d'intrant à fin d'entretenir la fertilité de sols et de protéger les arbres d'une pression parasitaire a très intense au soleil, si le recours aux intrants n'est pas assure, il est généralement préférable de permanant interceptant entre 20 et 40% du rayonnement ;

- Les propriétés physique du sol doit assurer une bonne rétention de l'eau mais les racines ne doivent pas être asphyxiées. Le sol doit être légèrement acide et sa teneur en matière organique élevées dans l'horizon supérieur ;

- Le cacaoyer peut passer jusqu'à 1000m d'altitude sous l'équateur, à la latitude de 20degre nord ou sud, seul le niveau de la mère lui convient.

I.4.5. Parasites et ennemis du cacaoyer110

a) Les insectes parasites

Il est évident qu'existe certaines familles d'insectes piqueurs ou ravageurs des cacaoyers. Dans la culture du cacao, surtout la famille des mirides domine de loin l'ensemble du groupe d'insecte nuisible au cacaoyer.

Les mirides ont une morphologie assez diverse ; d'entre autre les hélopeltis qui sont moustique du cacaoyer, sahalbergella, distantiella et monalonion qui est pain du cacao.

Principalement, les piqûres sur les cabosses et jeunes rameaux se traduisent par des nécroses pouvant entrainer la mort de ces derniers.

Les punaises pentatomidés (Atoleceraserrato et Bathycoelia) provoquent des lésions soit sur rameau soit sur cabosse.

b) Les principales maladies cryptogamiques

La pourriture brune des cabosses est due au microbe appelé « phytophthora polmivora ». Cette maladie est la plus ancienne et la plus ravageur de toutes les maladies du cacaoyer.

111KOKOU EDOH ADABE et LIONEL NGO-SAMNICK, E., production et transformation du cacao, éd. CTA et ISF, Douala, 2014, p18 disponible sur https://cgspace.cgiar.org/handle/10568/76733

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Outre cette maladie, le continent de l'Amérique héberge uniquement les maladies ci-après :

> La moniliose ou pourritures des cabosses dues à crinipellisroreri ;

> La maladie du balai sorcière due à crinippellisperniciosa ;

> Mort subite du cacaoyer due à ceratocystisfombriata ;

> La galle des coussinets floraux ;

> La trachéomicose.

c) Les maladies virales

Surtout en Afrique, la plus importante des maladies virales est le swollen shoot. Sa transmission est faite par certains insectes étant son vecteur. Ainsi, peut-on citer :

· Le psylle du cacaoyer

· La cicadelle

· Les coléoptères foreurs des tiges

· Les coléoptères et lépidoptères déformateurs

· La chenille mineuse de tronc et de branche

· La chenille de cabosses

· Et les fourmis blanches ou termites.

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