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Le statut et les droits de la femme dans la pensée de John Stuart Mill

( Télécharger le fichier original )
par Camille Lepoutre
Université Paris 2 Pantheon Assas - Master 2 Recherche Philosophie du droit et droit politique 2017
  

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Master 2 Philosophie du droit et droit politique (finalité recherche)

Année universitaire 2017-2018

Le statut et les droits de la femme dans la pensée de John Stuart Mill

Septembre 2018

Mémoire présenté et soutenu par Camille LEPOUTRE

Sous la direction de Monsieur le Professeur Philippe RAYNAUD

1

REMERCIEMENTS

J'adresse mes sincères remerciements à,

Monsieur le Professeur Philippe Raynaud pour avoir accepté de diriger mon mémoire mais plus encore pour l'intérêt qu'il a porté à mon sujet, pour ses conseils avisés et sa disponibilité,

Mes camarades de classe, pour leur soutien, leurs conseils et le partage de leur expérience, Ma famille et mes amis pour leur soutien indéfectible, leur confiance et leurs encouragements,

Mademoiselle Alice Fillion, sans qui ce mémoire se serait probablement perdu dans les méandres des voies postales, entre Montpellier et Paris.

2

ABREVIATIONS

Part. Partie

Art. Article

Ed. Edition

Ibid Ibidem (même endroit)

Op. cit. Opere citato (dans l'ouvrage cité)

p. Page

3

SOMMAIRE

Introduction 5

Première partie : Le socle théorique du féminisme millien 11

Titre premier : Une égalité naturelle 12

Chapitre 1 : Le renversement de l'opinion adverse 12

Chapitre 2 : La nature de la femme, une connaissance entravée 15

Titre deuxième : Une égalité juridique dans la sphère privée : le mariage 20

Chapitre 1 : Les conséquences néfastes du statut juridique de la femme 20

Chapitre 2 : La nécessaire intervention des lois civile et pénale pour empêcher cette tyrannie 25

Titre troisième : Une égalité juridique dans la sphère publique : un accès égal à l'éducation et aux

professions 29

Chapitre 1 : Un accès juste mais conditionné 29

Chapitre 2 : L'accès aux professions 33

Deuxième partie : Le féminisme millien ou la transposition logique des thèses de l'auteur à la

question féminine 38

Titre premier : L'éthologie et l'étude de la condition féminine 39

Chapitre 1 : L'éthologie dans le Système de logique 39

Chapitre 2 : La science de l'éthologie appliquée au cas des femmes 42

Titre deuxième : L'émancipation des femmes ou la doctrine de la liberté 46

Chapitre 1 : John Stuart Mill et la doctrine de la liberté 46

Chapitre 2 : La doctrine de la liberté appliquée au cas des femmes 50

Titre troisième : Une émancipation bénéfique ou la doctrine utilitariste 54

Chapitre 1 : L'utilitarisme millien 54

Chapitre 2 : La doctrine utilitariste appliquée au cas des femmes 57

Troisième partie : L'activisme influencé de John Stuart Mill 63

4

Titre premier : Un activisme induit par Harriet Taylor Mill 64

Chapitre 1 : Une influence induite par la nature de leur relation 64

Chapitre 2 : L'influence intellectuelle existant entre Harriet Taylor et John Stuart Mill 68

Titre deuxième : Une défense pragmatique, l'utilisation de la presse écrite 71

Chapitre 1 : Une dénonciation commune de l'injustice des tribunaux envers les femmes 71

Chapitre 2 : Les dénonciations « propres » à John Stuart Mill 75

Titre troisième : Un activisme opiniâtre dans le domaine politique 79

Chapitre 1 : Une argumentation théorique en faveur du suffrage féminin 79

Chapitre 2 : Les actions de John Stuart Mill en faveur du suffrage féminin durant son mandat 82

Conclusion du mémoire 87

5

Introduction

« Les êtres humains n'ont pas à la naissance la place qu'ils occuperont dans la vie et ne sont pas enchaînés inexorablement à la place à laquelle ils sont nés ».1

Telle est l'analyse qu'effectue John Stuart Mill de la société moderne dans laquelle il vit. Cette société anglaise du XIXe siècle est une société renouvelée et démocratique, régie par des principes nouveaux : la justice, la liberté, le mérite, ... Pour le philosophe qu'est Mill, ce nouvel état de fait marque la fin des temps où chaque individu avait une place prédéterminée au sein de la société et aucune perspective d'évolution sociale.

Pour l'auteur, l'histoire est une marche constante vers le progrès social. Les idéaux démocratiques de liberté et d'égalité ayant émergé au siècle des Lumières ont donc logiquement vocation à s'étendre à l'ensemble des sociétés et des relations qui les composent. Nous sommes d'ores et déjà entrés dans l'ère contemporaine et le modèle de vie en société qui se développe alors est celui dans lequel nous vivons encore actuellement.

Toutefois, ce ne sont que les prémices de cette structure sociale et les postulats de départ de cette dernière n'en sont qu'au stade des balbutiements. Ainsi, l'avènement de la société nouvelle n'empêche pas certaines « anomalies » de subsister. Certaines relations sont donc toujours régies conformément aux coutumes anciennes et prennent l'apparence de reliques.

Ainsi, alors même que l'Angleterre est régie par une femme, la reine Victoria, ces dernières ne bénéficient pas du progrès social et de l'avènement de ces principes nouveaux. Au contraire, « dans le dernier tiers du XIXe siècle, la sujétion des femmes est inscrite tant dans la loi que dans les pratiques sociales »2. Relique de temps révolus ? La position d'exclusion et d'infériorité des femmes s'explique également par le règne victorien marqué par le retour à des moeurs puritaines. Leur mise à l'écart est justifiée par leur rôle « naturel » d'épouse et de mère au foyer.

Il existe donc, en définitive, un décalage frappant entre les principes supposés orienter la société moderne et la position des femmes qui ne bénéficient à aucun moment de ce progrès. Cet

1 Stuart Mill (J.), « L'asservissement des femmes », Petite Bibliothèque Payot, 2016 p.49

2 op. cit. p.8 - Préface de Sylvie Schweitzer

écart va amener certaines femmes à dénoncer ce qui, pour elles, est une injustice infondée.

Le XIXe siècle, période puritaine par excellence, va donc également être le théâtre des premières véritables revendications féministes, même si ce terme n'est pas communément employé à l'époque. A la fin du XVIIIe siècle, une des premières féministes britanniques, Mary Wollstonecraft, rédige ce qui est considéré aujourd'hui comme l'un des premiers essais de philosophie féministe en Angleterre : A Vindication of the Rights of Woman (1792).

A l'époque de John Stuart Mill, certaines femmes se distinguent par l'intensité de leur militantisme. C'est le cas, par exemple de Josephine Butler, militante féministe qui dénonce notamment la situation des prostituées et se bat pour l'accès des femmes à une véritable éducation.

Surtout, les femmes se mobilisent en cercles, sociétés, associations afin de donner davantage de poids à leurs requêtes. Lydia Becker et Millicent Fawcett en sont deux exemples célèbres. Au XIXe siècle, ces deux femmes militaient au sein des tous premiers mouvements suffragistes. Barbara Bodichon, figure féministe importante, crée un des premiers cercles féministes anglais, fonde un journal visant à dédier un espace spécial pour les femmes sur les sujets féministes ou encore rédige une synthèse et critique des lois anglaises sur les femmes.

Dans ce mouvement de protestation des femmes contre leur condition, certains hommes trouvent également leur place. C'est le cas, par exemple, de l'écrivain William Thompson, célèbre notamment pour la publication d'un essai sur la condition des femmes : Appeal of One Half the Human Race, Women, Against the Pretensions of the Other Half, Men, to Retain Them in Political, and thence in Civil and Domestic Slavery. Notons, cela a son importance, que cet essai a plus tard été considéré comme l'écrit commun de William Thompson et d'Anna Wheeler, écrivain militante pour les droits des femmes.

Si les femmes, notamment des classes éduquées et politisées, s'engagent de plus en plus pour la défense de leurs droits ; la mobilisation des hommes est encore très timide. Dans sa majorité, l'opinion publique ne remet pas en cause la situation des femmes et, au contraire, empêche les partisans de l'égalité entre les hommes et les femmes de se faire entendre. Peu d'attention et de crédit est accordé aux mouvements féministes principalement composés de femmes.

6

Dans ce contexte, le philosophe et écrivain politique John Stuart Mill va représenter un

7

genre particulier et relativement inhabituel de défenseur des droits des femmes.

John Stuart Mill, né à Londres en 1806 et décédé à Avignon en 1873, est le fils de James Mill, utilitariste convaincu et ami de Jeremy Bentham. Celui-ci a une enfance quelque peu particulière du fait de l'éducation que décide de lui dispenser son père3. Ainsi, il débute l'apprentissage du grec à trois ans et celui du latin à huit ans. Il est initié à la philosophie, aux sciences, à l'économie, aux questions politiques et prend une avance considérable sur le niveau moyen d'éducation des enfants de son âge, même les plus éduqués. Ses journées sont rythmées par l'étude et ses seuls moments de répit sont les balades qu'il effectue en la compagnie de son père et durant lesquelles les deux discutent de ses dernières lectures.

Si cette éducation est, sans nulle doute, en partie à l'origine de l'esprit brillant que deviendra John Stuart Mill ; elle est également responsable, selon lui, de l'épisode dépressif de ses vingt ans. Dès son enfance, Mill n'a de contact social qu'avec des adultes et sa vie entière est organisée autour de son éducation intellectuelle. Cela va avoir pour conséquence, au début de son âge adulte, de rendre Mill insensible, incapable, selon lui, d'émotions et le plonger dans la mélancolie. Il va peu à peu sortir de cette crise, notamment, selon ses dires, grâce à la poésie qui lui permet à nouveau de ressentir des émotions.

C'est également à cette période que Mill remet en question les courants intellectuels qui lui ont été enseignés tels que l'utilitarisme et se tourne vers d'autres opinions. L'on trouve parfois, dans son oeuvre intellectuelle prolifique, des idées apparemment contradictoires. Cela peut, au moins en partie, être expliqué par l'évolution de sa pensée à mesure qu'il s'est enrichi de diverses influences.

John Stuart Mill fait partie des personnalités intellectuelles ayant un grand nombre de domaines d'intérêt et d'activité. Avant tout célèbre pour ses idées libérales et utilitaristes et pour ses écrits politiques et philosophiques ; il a également publié sur les sciences, l'économie, la religion, et cætera. Il est écrivain, philosophe, logicien mais aussi homme politique, journaliste. Il serait donc impensable de résumer son oeuvre à ces quelques lignes. Il réfléchit et écrit à la fois sur des thèmes philosophiques célèbres tels que la liberté, sur des questions de société et de gouvernement politique ou encore sur des sujets divers en lien avec l'actualité, anglaise ou non.

Il entretient un lien particulier avec la France où il se rend dès ses quatorze ans. Il écrit

3 Orazi (F.), « John Stuart Mill et Harriet Taylor : écrits sur l'égalité des sexes », ENS éditions, 2014 p.15-17

8

d'ailleurs en français, notamment pour correspondre avec des auteurs renommés tels qu'Auguste Comte. Il se rend régulièrement en France tout au long de sa vie et l'évoque dans plusieurs écrits, à propos de l'épisode de la Terreur, par exemple, ou encore des caractères nationaux. Il passe ses derniers moment avec son épouse Harriet Taylor, dont l'influence sur sa vie et son oeuvre sont indéniables, et les derniers instants de sa vie en France, à Avignon.

Dans la seconde moitié de sa vie, l'intérêt de John Stuart Mill pour la cause féminine va progressivement s'accroître jusqu'à devenir prééminente. A cette période, le philosophe a d'ores et déjà acquis une renommée grâce à divers essais politiques, philosophiques ou encore économiques. Il dispose ainsi d'une notoriété et d'un certain crédit en Angleterre mais aussi au sein des élites intellectuelles et sociales d'autres pays. Cette particularité va donner une importance à son engagement tardif en faveur des droits des femmes.

En effet, bien que John Stuart Mill se décrive (dans son Autobiographie4) comme favorable à l'égalité entre les hommes et les femmes depuis sa jeunesse, il ne prendra expressément position que bien plus tard. Ainsi, si l'on trouve, même parmi ses premiers écrits, certaines allusions à cette question ; il faut attendre 1869 pour que soit publié un essai spécialement consacré à ce sujet : De l'assujettissement des femmes5.

Cet ouvrage relativement conséquent constitue notre source principale d'informations sur le féminisme millien. Le titre original, The Subjection of Women, a donné lieu à différentes traductions. Le terme subjection a en effet été alternativement traduit par asservissement ou par assujettissement. Or, les définitions de ces deux termes varient sensiblement.

L'asservissement est défini comme l'action d'asservir ; l'assujettissement comme l'action d'assujettir. Les définitions6 données de ces deux verbes laissent apparaître plusieurs éléments communs : la mise en place forcée d'une dépendance et d'une soumission d'une part, d'une domination de l'autre, la privation de libre-arbitre, de liberté. Toutefois, un élément supplémentaire semble ressortir uniquement de l'assujettissement. L'action d'assujettir impliquerait la soumission à une norme, une règle, une loi ou un règlement.

L'assujettissement serait donc la sujétion, la soumission à une norme particulière et non à un

4 Stuart Mill (J.), « Autobiography », John M. Robson et Jack Stillinger, 1981

5 Stuart Mill (J.), op.cit.

6 Dictionnaire Larousse en ligne: https://www.larousse.fr/dictionnaires/francais

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simple pouvoir de fait. Cette qualification semble correspondre davantage pour décrire la condition des femmes dans l'Angleterre du XIXe siècle puisque leur infériorité et leur exclusion ressortait précisément de la loi.

Cette exclusion légale du fait du législateur va être dénoncée par John Stuart Mill dans son essai féministe. Mais, nous l'avons évoqué, il n'est pas le seul, à cette période, à s'indigner de la condition réservée aux femmes. Néanmoins, sa thèse a un caractère spécifique, et c'est notamment ce que nous allons tenter de démontrer dans notre recherche.

Les commentateurs de Mill ne s'accordent pas sur la qualité féministe de l'auteur. Ovationné par certains, il est qualifié de féministe tempéré, « traditionnel et patriarcal »7 par d'autres. Nous n'exprimerons aucune opinion sur ce sujet puisque le but de notre étude n'est pas d'évaluer les thèses féministes développées par Mill mais de les analyser afin d'en faire ressortir les principes fondateurs et les logiques internes. Il s'agit de donner au lecteur des éléments positifs et objectifs sur la pensée de John Stuart Mill afin qu'il se forge une opinion personnelle sur les points de divergence des commentateurs.

Nous allons donc nous intéresser au statut et aux droits dévolus à la femme dans la thèse millienne, par opposition à ceux qui sont les siens dans la société anglaise du XIXe siècle. Pour ce faire, il est essentiel d'avoir à l'esprit le contexte dans lequel Mill a exprimé cette opinion et de ne pas analyser son propos à l'aune des valeurs et des standards des sociétés occidentales du XXIe siècle. C'est donc vers cet idéal de neutralité que nous essaierons de tendre tout au long de cet exposé.

Le statut de la femme, ici, s'entend vis-à-vis de la société en général, et de l'homme en particulier. Nous nous intéresserons donc à la fois à la position de la femme au sein de la société, à la place qui lui est accordée par la loi et les moeurs ; et au rapport que celle-ci entretient avec l'homme, en particulier lorsqu'il s'agit de son époux. Il convient, pour cela, d'étudier comment sont réglés leur rapports par la loi et l'opinion publique mais aussi le statut qui lui est accordé par rapport à celui de l'homme (est-il inférieur, égal, supérieur?). Dans son oeuvre, John Stuart Mill décrit ce statut de la femme afin de le critiquer et de proposer un statut alternatif qui lui semble plus juste et bénéfique.

7 Lejeune, Françoise, "John Stuart Mill, un féministe sous influence", Ces Hommes qui épousèrent la cause des femmes (Martine Monacelli et Michel Prum eds), 2010 p.7

10

La question des droits sera davantage traitée de façon conditionnelle et non positive. En effet, l'angle adopté par John Stuart Mill est le suivant : il choisit de se concentrer non sur les droits qu'a la femme dans la société mais sur les droits qui lui sont injustement déniés. Il s'attache ensuite à défendre l'accès à ses droits pour la femme.

Nous choisissons ici volontairement de faire référence à la femme et non aux femmes afin, non d'en faire une catégorie naturelle distincte mais de mieux identifier les femmes comme constitutives du groupe de sexe féminin dans la société, par opposition au groupe de sexe masculin. Le but n'est pas d'envisager leurs rapports en termes de rivalité et d'affrontement mais seulement de mettre en exergue l'importance des différences de traitement qui existaient alors entre ces deux groupes.

Enfin, nous décidons de traiter la question du féminisme millien dans le cadre de sa pensée et de son oeuvre intellectuelle complète. En effet, les commentateurs de John Stuart Mill ne s'accordent pas sur ce point. Certains auteurs ont vivement critiqué De l'assujettissement qui, pour eux, n'avait aucune cohérence dans le parcours intellectuel du philosophe. Ils ont également reproché à ce dernier d'avoir été « aveuglé » par ses sentiments pour son épouse, Harriet Taylor. Ces critiques émanaient principalement des commentateurs du XIXe siècle. A l'inverse, les commentateurs plus récents ont fait un travail de recherche sur l'éventuel lien entre le féminisme millien et ses idées développées sur d'autres thèmes. D'autres se sont davantage appesanti sur l'influence d'Harriet Taylor sur les idées féministes de son époux, avec le risque, peut-être, de surestimer la dette que l'auteur avait envers celle-ci.

Le féminisme de John Stuart Mill s'inscrit-il ou dépasse-t-il le cadre de son oeuvre théorique ?

Pour répondre à cette interrogation, il nous faut nous intéresser à deux problématiques. Tout d'abord, existe-t-il un lien entre certaines thèses de l'auteur et ses idées féministes ? D'autre part, serait-il parvenu à un tel constat et un tel engagement en faveur de cette cause sans l'influence d'Harriet Taylor ?

Après avoir analysé précisément quelles sont les thèses de l'auteur sur la cause féminine (Première partie), nous tenterons de les mettre en perspective avec son oeuvre globale (Deuxième partie) et d'apprécier l'ampleur de l'influence d'Harriet Taylor dans son militantisme (Troisième partie).

PREMIERE PARTIE : Le socle théorique du féminisme millien

John Stuart Mill est un féministe de la première heure. Sa vie personnelle, le récit qu'il en fait dans son Autobiographie mais aussi ses écrits ne laissent aucun doute à ce sujet. Toutefois, De l'assujettissement8, essai qui constitue l'exposé principal de ses opinions sur la condition féminine, n'est publié qu'en 1869 soit quatre ans avant sa disparition. On y trouve l'aboutissement de ses thèses sur le sujet, dont certaines idées brièvement exposées dans des écrits plus anciens. Nous nous intéresserons donc principalement à cette oeuvre pour étudier le socle théorique développé par Mill à l'appui de ses idées féministes.

Le philosophe et logicien, comme dans ses divers essais, s'astreint ici à un raisonnement rigoureux. Il s'agit d'une oeuvre achevée visant à emporter l'adhésion du lecteur et à le rallier à la cause « féministe », bien que John Stuart Mill n'emploie ce mot à aucun moment. Pour ce faire, Mill débute par la démonstration d'une thèse essentielle à son oeuvre : celle de l'égalité naturelle entre les hommes et les femmes (Titre premier). Ce postulat va ensuite lui permettre de défendre ce qui, à ses yeux, ne serait qu'une conséquence logique de cette égalité naturelle et du principe de justice : l'égalité juridique dans les sphères privée (Titre deuxième) et publique (Titre troisième).

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8 Stuart Mill (J.), op.cit.

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"Je ne pense pas qu'un écrivain puisse avoir de profondes assises s'il n'a pas ressenti avec amertume les injustices de la société ou il vit"   Thomas Lanier dit Tennessie Williams