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Le statut et les droits de la femme dans la pensée de John Stuart Mill

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par Camille Lepoutre
Université Paris 2 Pantheon Assas - Master 2 Recherche Philosophie du droit et droit politique 2017
  

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Chapitre 2 : La science de l'éthologie appliquée au cas des femmes

Pour John Stuart Mill, l'éthologie fait partie des sciences morales. Rétroactivement, nous pouvons considérer cette discipline comme une branche des sciences sociales, bien qu'elle n'ait en réalité jamais fait l'objet de plus amples développements. En tant que telle, cette science a en réalité vocation à s'appliquer à de nombreux sujets. Mill définit d'ailleurs son objectif pratique dans l'éducation en son sens large. Il s'agit d'étudier le caractère humain avec, éventuellement, d'exercer

118 Stuart Mill (J.), op.cit. p.874

119 Stuart Mill (J.), op.cit. p.944-945

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une influence sur lui dans un but précis. John Stuart Mill va appliquer sa science à un but : l'égalité entre les hommes et les femmes. Dès lors, il faut étudier ce phénomène précis afin d'apporter une réponse appropriée et de maximiser ses chances d'atteindre le but en question. Nous verrons que la question de la femme est présente dans l'essai même de l'auteur (Section 1) mais aussi, bien sûr, dans son oeuvre féministe, De l'assujettissement (Section 2).

Section 1 : L'exemple féminin dans le Système de logique

Comme nous l'avons vu précédemment, Mill considère que les lois empiriques, généralisations basées sur l'observation, ne sont des vérités que dans un contexte donné et dépendent donc d'un ensemble de conditions réalisées à ce moment. Appliqué à la question féminine, cela signifie qu'admettre, par exemple, l'infériorité intellectuelle des femmes ne signifie pas que l'on considère celle-ci comme naturelle ou que l'on y est favorable.

Il semblerait ainsi que Mill ne nie pas l'infériorité ou, tout au moins, la différence des femmes dans la réalité de son époque mais considère que cela n'est qu'une loi empirique qui dépend de nombreuses données, extérieures comme intérieures mais qui sont susceptibles d'être modifiées. Il est donc probable, s'il on suit les développements relatifs à l'éthologie, que la modification de certains « paramètres » serait bénéfique à celles-ci.

Cette thèse est précisément soutenue au sein du Chapitre V relatif à l'éthologie. John Stuart Mill y déclare que l' « On remarque ou on suppose entre l'homme et la femme une foule de différences mentales et morales; mais dans un avenir qui, on peut l'espérer, n'est plus très éloigné, une liberté égale et une position sociale également indépendante deviendront l'apanage commun des deux sexes, et leurs différences de caractère seront, ou entièrement détruites, ou considérablement modifiées. »

Il faut, dans un premier temps, étudier ce phénomène afin d'en déterminer les lois causales (lois de la formation du caractère). Il faut alors mêler déduction, afin de déterminer les lois, et induction, afin de vérifier si, dans la réalité telles causes amènent effectivement, le plus souvent, à telles conséquences. Dès lors que « la coïncidence des deux genres de preuves »120 confirme la thèse énoncée, « nous ne devons éprouver aucun embarras à juger [...] par quelles circonstances elles

120 Stuart Mill (J.), op.cit. p.868

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peuvent être modifiées ou détruites. »121

Cette étude approfondie du phénomène permet ensuite au logicien de passer à la phase « pratique » et de déterminer des principes pour aboutir à un but donné. Ainsi, une modification de l'environnement entraîne une modification des caractères. Cette modification est l'éducation évoquée par Mill et qui consiste, en réalité, en une palette variée d'actions.

Ainsi, nous voyons qu'il est aisé d'appliquer la science millienne à la question de la femme. De plus, il est important de préciser que l'auteur ne cite que deux exemples pour éprouver sa thèse. Il n'est peut-être pas anodin que, dès les années 1840, celui-ci ait choisi d'évoquer la question féminine, sans rien cacher de son opinion puisqu'il signifie expressément que ce changement, « on peut l'espérer ». Quelques années plus tard, dans un essai féministe cette fois, Mill laissera également la place à l'éthologie.

Section 2 : L'éthologie dans De l'assujettissement

Dès le Chapitre I de l'essai, Mill fait appel à une de ses opinions les plus ancrées : « l'extraordinaire perméabilité de la nature humaine aux influences extérieures »122. Dans ce passage, Mill réfute l'idée que les différences, en particulier celles entre les hommes et les femmes, seraient automatiquement naturelles. Selon lui, la question de la nature (naturelle ou circonstancielle) des différences homme-femme ne pourrait être réglée qu'après étude des « lois qui régissent l'influence des circonstances sur la personnalité »123. Il faudrait ainsi connaître les « lois de la formation du caractère »124Or, c'est précisément la définition que donne Mill de l'éthologie dans son Système de logique. Il est donc indubitablement question, ici, du recours à cette science. Au Chapitre III, les mêmes termes de « lois psychologique de la formation de la personnalité »125 sont employés. De plus, l'auteur qualifie les idées reçues sur les femmes de « simples généralisations empiriques »126, autrement dit de lois empiriques telles que définies dans le Système de logique.

Mill étudie également, tout au long de l'oeuvre, le phénomène qu'est l'infériorité des femmes dans la société. Il se penche sur les raisons qui pourraient l'expliquer, les causes qui pourraient être à

121 Ibid

122 Stuart Mill (J.), « L'affranchissement des femmes », op.cit. p.57

123 Stuart Mill (J.), op.cit. p.58

124 Ibid

125 Stuart Mill (J.), op.cit. p.120

126 Ibid

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l'origine de cet état de fait. Or, cette démarche relève de l'éthologie. Plusieurs fois, l'auteur prend en considération et met en cause l'influence négative de la société en général et plus particulièrement de l'éducation que les jeunes femme reçoivent. Ainsi, par exemple, « toute la force de l'éducation » est orientée afin que les femmes adoptent « le caractère idéal »127. Mais c'est également la société dans son ensemble que remet en question John Stuart Mill. Le fonctionnement de la justice, le manque de protection légale, l'opinion publique, l'éducation biaisée des femmes, leur absence d'éducation véritablement intellectuelle, leur dépendance envers leur époux, et cætera en font des êtres inférieurs. Ces éléments extérieurs influent de telle sorte sur le caractère de la femme que celle-ci peut même devenir un ressort de son infériorité.

John Stuart Mill, qui affiche comme but l'égalité entre les hommes et les femmes, souhaite donc mettre en oeuvre un ensemble de préceptes afin de poursuivre ce but, conformément à la science de l'éthologie. C'est ce qui explique, notamment, l'importance considérable accordée, dans De l'assujettissement, à l'éducation que doivent recevoir les femmes pour dépasser leur condition actuelle.

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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille