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La crise de la première période intermédiaire en Egypte pharaonique


par Mamadou Lamine Sané
Université Cheikh Anta Diop de Dakar - Maîtrise 2007
  

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CONCLUSION GENERALE

Au terme de ce travail de recherches, consacré à la crise de la P.P.I., il convient d'apporter un certain nombre de réponses aux questions que nous nous sommes posées au départ.

Il est en effet établi, qu'au cours de la période dite A.E., la civilisation égyptienne a connu une phase de gloire qui est éternisée par les pyramides. Cependant, après près de plusieurs siècles de stabilité, l'A.E devait sombrer dans une crise politique et sociale vers la fin de la VIe dynastie, particulièrement après le règne de Pépi II. Cette crise connue sous le terme de P.P.I., devait perdurer jusqu'à l'avènement du M.E. aux environs de -2050. Elle débuta par une phase violente au cours de laquelle l'Egypte allait traverser une situation particulièrement difficile. En effet, après avoir été victime d'une invasion Bédouine dans sa partie orientale, l'Etat pharaonique allait faire face à un soulèvement intérieur de la part des masses populaires. Ses dernières ayant comme cibles, l'Etat et ses agents, devaient s'en prendre aux symboles des institutions monarchiques et aux classes privilégiées considérées comme étant responsables de leur misère. Ces actions du peuple contre l'Etat et ses symboles eurent comme résultat, un effondrement du système monarchique et un bouleversement total de l'ordre établi. Une analyse de ces événements et des différents protagonistes, nous a permis d'arriver à la conclusion que contrairement à ce que pensent certains historiens, le soulèvement qui a causé la ruine de l'Etat memphite n'a pas été une révolution mais plutôt une révolte contre l'institution royale.

A la suite de ces événements violents, la monarchie pharaonique devait réussir à renaître avec la VIIIe dynastie, dans le lieu même où on avait procédé à sa mise à mort, à savoir Memphis. Cependant, le royaume des Deux-Terres devait mettre du temps pour recouvrir le contenu de cette appellation qui renvoie à l'union de la Haute et de la Basse Egypte sous l'autorité d'un seul maître. En effet, tout en se réclamant de l'héritage de la monarchie défunte, la VIIIe dynastie disposait d'une autorité qui dépassait à peine le pourtour de la région memphite. Face à cette carence d'autorité, les princes locaux, d'abord ceux d'Héracléopolis (IXe et Xe dynasties) ensuite ceux de Thèbes (XIe dynastie), vont usurper la dignité royale. La VIIIe dynastie, basée à Memphis, devait finir par disparaître et l'Egypte allait se retrouver dans une situation identique à celle qui la caractérisait avant la naissance de la monarchie : c'est-à-dire un royaume au Nord avec les héracléopolitains et un autre au

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Sud avec les thébains. Une guerre interne allait opposer ces deux royaumes qui ambitionnaient tous de réunifier l'Egypte à l'image de ce qu'elle fut à l'A.E. Cette guerre interne ne prit fin qu'au moment où les thébains réussirent à venir à bout de leurs rivaux et réunifier le pays à nouveau : c'est le début du M.E. situé vers -.2050.

La carence du pouvoir royale au cours de la P.P.I. s'était traduite au plan culturel, par une certaine régression au niveau de la production des oeuvres d'art ainsi que de leur qualité. Cette situation s'explique en grande partie par le fait que le centralisme monarchique à l'A.E, était tel que les activités d'art avaient été complètement contrôlées par l'Etat. L'effritement de ce dernier avait eu par conséquent des répercussions sur la production artistique.

L'autre caractéristique et non des moindres de cette période intermédiaire a été la crise de conscience qui se reflète à travers la littérature de cette époque de crise. En effet, l'écroulement d'un ordre politique et social qui apparaissait jusqu'ici comme étant immuable, allait entraîner l'émergence d'une nouvelle vision du monde. De ce fait, la P.P.I., tout en étant une période d'effondrement des valeurs anciennes, fut en même temps une époque riche en ce qui concerne le développement de nouvelles idées. Et, lorsque la monarchie se reconstitua par la suite, elle devait bénéficier de cet esprit nouvel qui est né au cours de la crise.

Après avoir décrit ce que fut la P.P.I. dans ses différentes facettes, nous nous sommes intéressés à la situation dont l'évolution devait conduire à cette crise de fin d'époque que fut la P.P.I. C'est l'objet de notre deuxième partie. Certes, comme l'a affirmé J. Vercoutter : « le problème de la disparition des civilisations est par bien des aspects, aussi mystérieux que celui de la mort des individus » (Vercoutter J., op.cit., 2003, p.115), mais c'est justement le rôle de l'historien que de chercher à reconstituer à partir des traces laissées par ces civilisations disparues, les éléments explicatifs de leur déclin. Ainsi, la question des causes de la crise nous a conduit à étudier l'évolution du système monarchique sous l'A.E. En effet, si durant cette période dite des pyramides, l'Egypte parvint à atteindre un haut niveau de civilisation, c'est parce qu'elle s'était dotée d'un système politique capable de mobiliser les énergies pour une cause commune. Autrement dit il y avait en place une monarchie fortement centralisée autour de pharaon. Mais ce système centralisé contenait en son sein, les germes mêmes de sa destruction, en ce sens qu'elle avait été instituée sur les bases de la négation de tout pouvoir à tendance personnelle. Cela dans un contexte où les anciennes aristocraties terriennes, politiques ou cléricales, représentées par les nomarques, prônaient un système décentralisé. La lutte politique qui opposa les deux tendances allait, dans un premier temps,

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être à l'avantage du pouvoir central qui réussit à instituer un système absolutiste au sein de la monarchie (c'est notamment sous les IIIe et IVe dynasties). Mais à partir de la Ve dynastie, les choses allaient prendre une nouvelle tournure par la faveur des changements politico-idéologiques qui ont accompagné l'avènement de cette dynastie. En fait, l'orientation cléricale prise par les pharaons de cette dynastie allait transformer la monarchie en une théocratie. Et à partir de ce moment, les nomarques allaient se voir confier, en plus de leurs charges civiles, des charges sacerdotales pourvues d'importants bénéfices. Cette situation allait permettre à ces derniers, de renforcer leurs pouvoirs au niveau local et d'évoluer vers une autonomie vis-à-vis de Memphis. Dés lors, allait s'ouvrir un processus d'affaiblissement du pouvoir royal, le quel processus devait aboutir vers la fin de la VIe dynastie, à affaiblir la royauté et cela en dépit des mesures prises par cette dernière pour contrer la tendance autonomiste des nomarques.

La monarchie qui s'était ainsi affaiblie par l'opposition des nomarques allait, à la fin du règne de Pépi II, être confronté à deux autres problèmes ; il s'agit de la crise du trésor et des difficultés d'adaptations à la modification des conditions climatiques intervenues durant cette période. La misère qui va s'abattre sur les masses populaires, du fait de ces difficultés, allait être un élément déterminant dans la révolte du peuple contre l'institution monarchique. C'est dire que les causes de la crise qui a provoqué l'effondrement de l'A.E., sont à chercher dans l'affaiblissement de la monarchie du fait de l'opposition des nomarques. Cette situation avait non seulement aggravé les difficultés financières mais elle a aussi rendu l'Egypte vulnérable face à la dégradation des conditions climatiques.

La crise de la P.P.I., après avoir perdurée pendant près de deux siècles, allait prendre fin pour laisser la place à une autre époque politiquement stable et culturellement riche : c'est le M.E.

L'Egypte devint à nouveau un pays uni et la monarchie allait se reconstituer sous sa forme de l'A.E. Toutefois le pays venait de traverser une longue période de crise au cours de laquelle, il a connu de gaves problèmes que furent entres autres, la disparition de la royauté, la guerre civile, l'invasion étrangère etc. Toute cette situation devait profondément marquer la conception que les Egyptiens se faisaient de leur civilisation. De ce fait, malgré le retour de la monarchie les choses ne devraient plus évoluer comme dans l'ancienne société. C'est ainsi que sur le plan politique, l'institution royale allait être de retour telle qu'elle se présentait à l'A.E. Mais derrière ce retour, se trouvaient de profonds changements. En effet, la crise avait fini par révéler que malgré le caractère divin dont elle se prévalait, l'institution

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royale n'avait pas pu éviter à l'Egypte de tomber dans la décadence. Et, au cours de cette crise, cette institution a subi de pires épreuves. Après avoir été destituée par le peuple, la royauté allait passer entre les mains des princes locaux qui s'affrontèrent autour de ses restes. Toute cette situation allait peser sur la nouvelle institution royale qui s'est reconstituée au M.E. Celle-ci, tout en continuant à apparaître comme un pouvoir de nature divine, devait évoluer vers une tendance beaucoup plus humaine. Les nouveaux pharaons ayant compris que la doctrine de royauté divine avait beaucoup perdu de sa valeur, allaient user des moyens d'action telle que la politique, pour asseoir leur pouvoir. En outre, tirant les leçons du processus politique qui a causé la fin de l'A.E., ces souverains allaient tout faire pour éviter que le pouvoir des chefs locaux ne puisse nuire au caractère centralisé de l'Etat égyptien.

A l'image de l'institution monarchique, la religion funéraire allait elle aussi connaître des évolutions notables. A ce niveau aussi, la crise avait révélé que cette religion funéraire, telle que la concevait l'ancienne société, ne présentait pas des garanties certaines pour assurer la survie éternelle à l'homme. Ce n'était pas le fait de se doter d'une sépulture ou de bénéficier d'un rituel funéraire qui pouvait assurer la survie de l'homme à l'au-delà mais c'était plutôt ses actions sur terre. Dès lors l'inégalité des Egyptiens devant la mort, qui faisait que seuls les privilégiés avaient les moyens de s'assurer une survie dans l'au-delà, allait disparaître permettant en même temps le développement de la religion osirienne.

Au plan culturel, on va assister au M.E, à une renaissance au niveau de l'art et de la littérature. Cette situation aussi trouve ses explications dans la crise de la P.P.I. Au plan artistique, il y a le fait que l'art égyptien avait toujours vécu sous la coupole de la monarchie qui était, à la base de toutes les productions. Cependant la disparition de celle-ci au cours de la P.P.I avait permis une certaine diversification des écoles d'art. De ce fait, pendant la période de crise, même si l'art avait connu une régression, il avait commencé à connaître une certaine diversification. Au niveau de la littérature aussi, la P.P.I., avait été une période très riche dans l'éclosion de nouvelles idées. Cela du fait que le bouleversement de la civilisation avait provoqué une crise des consciences qui a poussé les Egyptiens de l'époque à méditer sur leur sort. Il y a eu alors un développement de la pensée littéraire qui se caractérisa par une certaine liberté d'esprit. Ainsi, lorsque le M.E arrive, il va hériter de cette évolution notée dans l'art et la littérature.

La P.P.I. a été ainsi, une période de crise certes, mais elle a occupé une place importante dans le renouveau que va connaître la civilisation Egyptienne au cours du M.E.

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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille