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Le secteur des PMI à  Meknes: approche spatiale et sectorielle


par Mimoun IBRAHIMI
Institut National d'Aménagement et d'Urbanisme-Rabat-Maroc - Diplôme d'études supérieures en aménagement et urbanisme 2001
  

Disponible en mode multipage

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Royaume du Maroc
Ministère de l'aménagement du territoire
de l'environnement, de L'Urbanisme et de l'Habitat
Institut national d'aménagement et d'urbanisme

Le secteur des PMI à Meknès :

Approche spatiale et sectorielle

Mémoire de troisième cycle pour l'obtention du diplôme des

études supérieures en aménagement et urbanisme

Présenté et soutenu publiquement par :

Mimoun IBRAHIMI

Sous la direction de :

M. Mohamed BOUSLIKHANE
Professeur à l'INAU

Membre du Jury :

M. Mohamed BOUSLIKHANE

Professeur à l'INAU

M. Ben Haddou ZERHOUNI

Professeur à l'INAU

M. Abdelaziz ADIDI

Enseignant - Chercheur à l'INAU

Mme. Latifa KHADRI

Chef de la division des statistiques et des documentations au

ministère du commerce et de l'industrie

M. Mohamed ABDOU

Enseignant - Chercheur à la faculté des sciences économiques à

Meknès et président du CEDRE

Février 2001

1

Président

Suffragants

2

Remerciements

Le présent travail a été réalisé dans une atmosphère d'entente et de sérénité que mon professeur M. Mohamed Bouslikhane a su créer et favoriser . Ses encouragements, Ses conseils précieux et son appui m'ont été d'une importance décisive dans l'accomplissement de cette modeste étude .

Qu'il trouve ici l'expression de ma gratitude et de mes remerciements et qu'il soit sûr, pour toujours, de ma profonde reconnaissance .

Je remercie également Madame Latifa KHADRI et Messieurs: Benhadou ZERHOUNI, Abdelaziz ADIDI et Mohamed ABDOU, pour avoir accepté de faire partie du jurry.

Mes remerciements vont aussi aux chefs des PMI et aux employés qui , dans leurs entreprises, m'ont reçu et ont trouvé toujours le temps de répondre à mes questions

Je remercie enfin tous ceux qui ont contribué de prés ou de loin à la réalisation de ce modeste travail.

3

DédICACE

A la mémoire de mon père Assou Oubrahim ;

A ma chère mère Beda Omar et à ma soeur Fatima;

A ma chère femme Aicha et à mes enfants Khalil , Mohamed Amine

A tous mes amis et collègues de travail;

Je dédie ce modeste mémoire .

4

Liste des abréviations

PMI Petite et moyenne industrie

PME :. Petite et moyenne entreprise

PSA Procédure simplifiée accélérée

BNDE Banque nationale pour le développement économique

ODI Office de développement industriel

MCI Ministère du Commerce et de l'Industrie.

CNJA Conseil National de la Jeunesse et de l'avenir.

PIB Produit Intérieur Brut.

FMI. Fonds monétaire international

PNB Produit National Brut.

PAS Programme d'Ajustement Structurel

ENPAU Enquête Nationale sur la Population active urbaine..

UAT Unité d'Assistance Technique.

AMAPPE Association Marocaine pour la Promotion de la petite entreprise.

CMPE Centre Marocaine pour la Promotion des Exportations.

PIACE Programme d'Information et d'Assistance à la Création d'entreprises.

PROMAR Programme de Promotion des Activités économiques en milieu rural.

OFPPT Office de Formation Professionnelle et de Promotion du Travail.

PNAZI Programme National des Zones industrielles.

P. A Plan d'Aménagement.

SDAU Schéma Directeur d'Aménagement Urbain.

RGPH Recensement Général de la population et de l'Habitat.

CERED Centre de Recherche Démographique.

SAU Superficie Agricole Utile.

DPA Direction provinciale de l'Agriculture.

SARL Société à Responsabilité Limitée.

SNC Société en Nom Collectif.

SA Société Anonyme.

VA Valeur Ajoutée.

TME Travailleur Marocain à l'étranger

ERAC Etablissement Régional d'Aménagement et de Construction.

VRD Voirie et réseau Divers.

AEP Adduction de l'eau potable.

RADEM Régie Autonome de Distribution de L'électricité de Meknès.

IAA Industries Agro-Alimentaires.

ITC Industries du Textile et Cuir.

ICP Industries Chimiques et parachimiques.

IMMEE Industries Métallurgiques Mécaniques Electriques et Electroniques.

CMTR Crédit moyen Terme Réescomptable.

CJP Crédit Jeune Promoteur.

CJE Crédit Jeune Entrepreneur.

ONUDI Organisation des Nations Unies pour le Développement Industriel.

AT Admission Temporaire

MP Matières Premières.

CA/ TTC chiffres d'affaires toute taxe comprise.

HT Hors taxes.

5

Table des matières.

Introduction générale

Chapitre préliminaire:

Fondements et aperçu historique sur la politique publique d'appui à la PMI au Maroc

Section 1: Motivations et fondements de la politique publique d'appui à la PMI au Maroc.

Paragraphe 1: Contexte de crise économique , financière et sociale. 1-1: Contexte de crise économique et financière. 1-2: Faible performance du secteur public.

1-3 : Aggravation du problème du chômage.

Paragraphe 2 : Concentration régionale des activités économiques.

Paragraphe 3 : Autres éléments explicatifs: Fondements politiques et facteurs exogènes.

Paragraphe 4 : Fondements théoriques du schéma de développement basé sur les PMI: Quelques éléments de repère.

4-1: Thèse de la technologie intermédiaire.

4-2: PMI et esprit d'entreprise.

4-3: Industrialisation à petite échelle.

Section 2 : Délimitation de la politique d'appui à la PMI.

Paragraphe 1: Assistance financière en faveur des PMI.

Paragraphe 2 : Assistance technique et cadre institutionnel.

Paragraphe 3 : Instruments juridiques d'incitation en faveur des PMI.

Section 3 : Environnement industriel favorable à la PMI.

Paragraphe 1 : Le programme national d'aménagement des zones : industriel: Volonté de l'Etat de régionaliser le développement industriel.

6

Paragraphe 2 : Les zones d'activités économiques ou l'implication des collectivités locales dans la promotion des PMI.

Paragraphe 3 : Les pépinières d'entreprises: Du partenariat en faveur des jeunes

promoteurs.

3-1: Origine, définition et fonctions des Pépinières d'entreprises.

3-2 : Présentation du programme des Pépinières d'entreprises au Maroc

Conclusion

Partie I : Contexte socio-économique et caractéristiques générales des PMI à Meknès.

Chapitre I: Contexte socio- économique général de la ville de Meknès

Section I : Historique et évolution spatiale de la ville de Meknès

Paragraphe 1 : Meknès une ville marquée par un riche passé.

Paragraphe 2 : Meknès pendant la période coloniale.

Paragraphe 3 : Meknès depuis l'indépendance

Section II: Aspects géographiques, administratifs et démographiques

Paragraphe 1 : Aspects géographiques, morphologiques et hydriques.

Paragraphe 2 : Aspects administratifs.

Paragraphe 3 : Aspects démographiques: Structure et évolution de la population de

Meknès

Section III: L'analyse des activités économiques.

Paragraphe 1 : Des potentialités agricoles importantes

Paragraphe 2 : Les secteurs de l'artisanat, du tourisme et du commerce.

Paragraphe 3 : Le secteur industriel.

Conclusion

Chapitre II: Les PMI à Meknès: Structures, poids socio-économique et principaux

acteurs

Section I: Les principaux aspects structurels.

Paragraphe 1 : historique et périodisation des créations.

1-1: Historique.

1-2: Périodisation des créations

Paragraphe 2 : Structure par taille et par branches d'activités.

2-1: Structure par branches d'activités.

2-2: structure par taille.

Paragraphe 3 : Statut des PMI et propriété juridique du capital.

Paragraphe 4 : Caractéristiques inhérentes aux locaux d'exploitation.

4-1: Superficie du local.

4-2 : statut d'utilisation du local.

Section II: poids socio - économique des PMI à Meknès.

Paragraphe 1 : Evolution globale des PMI à Meknès.

1-1: Le rythme de croissance du nombre des PMI et des effectifs employés.

1-2: Evolution des grandeurs

Paragraphe 2 : Appréciation de la performance du secteur des PMI à Meknès

2-1 : Présentation des ratios de performance.

7

2-2: Des écarts persistants.

Paragraphe 3 : Poids dans l'économie urbaine.

Section 3: Profils des actifs des PMI à Meknès. Paragraphe 1 : Profil des chefs des PMI à Meknès.

1-1: Structure par sexe et par age.

1-2: Origine géographique.

1-3:Trajectoire sociale et statut antérieur des chefs des PMI.

1-4 : Niveau d'instruction.

Paragraphe 2 : Structures et composantes générales de la main d'oeuvre.

2-1: Structure de la main d'oeuvre par sexe et par age.

2-2: Origine de la main d'oeuvre.

2-3: Niveau d'instruction de la main d'oeuvre.

2-4 : Structure professionnelle.

Conclusion de la 1ère partie.

Partie II: Logique de déploiement, Composantes et Tendances spatiales

des PMI à Meknès.

Chapitre I: Facteurs déterminants de la localisation des PMI à Meknès.

Section I: Fondements théoriques et relations entre localisation et taille d'entreprises.

Paragraphe 1 : Théories de localisation.

1-1: Théories classiques de localisation.

1-2: Théories actuelles de localisation.

Paragraphe 2 : Relations entre la localisation et la taille des entreprises.

Section II: Facteurs de localisation actuelle et exigences idéales d'implantation des

PMI à Meknès.

Conclusion.

Chapitre II: Composantes et Tendances spatiales des PMI à Meknès.

Section I: Localisation spontanée des PMI à Meknès.

Paragraphe 1 : Les quartiers industriels à Meknès : Une structure dominée par les

PMI.

1-1: Le quartier industriel d'Ain Slougui.

1-2 : Le quartier industriel de la route d'Agourai.

1-3: Le quartier industriel de la route d'El-Hajeb.

1-4 : Les quartiers industriels de Sidi Said et lafarge ciment.

1-5: Le quartier industriel de la route de Moulay Driss.

Paragraphe 2: Les aires de diffusion intra-urbaines et périphériques des PMI à

Meknès.

2-1 : Le tissu urbain: Espace de foisonnement des PMI à Meknès.

2-2: Les zones péri-urbaines: Nouvelles aire de développement de l'industrie et des

PMI à Meknès.

Section II: Les implantations des PMI en zone industrielle et zones d'activités

économiques.

Paragraphe 1: Zone industrielle de Sidi Bouzekri: Facteur de localisation des PMI à

Meknès.

1-1: Raisons d'être de la zone industrielle de Sidi bouzekri.

1-2: Localisation, superficie et consistance de la zone.

1-3: Montage technico-financier.

8

1-4: Opérationalité de la zone et place de la PMI.

Paragraphe 2: Les zones d'activités économiques et la pépinière d'entreprises.

2-1: Les zones d'activités économiques à Meknès.

2-2: La pépinière d'entreprises de Meknès -Hamria.

Section 3: PMI et stratégie d'aménagement industriel à Meknès.

Paragraphe 1: Programmation de nombreux espaces d'accueil au niveau du SDAU.

Paragraphe 2: Dispositions des plans d'aménagement en matière d'aménagement

industriel.

Paragraphe 3: Décalage entre aménagement industriel et tendance spatiale des PMI.

Conclusion.

Partie III: Aspects fonctionnels, Contraintes et perspectives des PMI à

Meknès.

Chapitre I: Financement, modalités de fonctionnement et degré d'intégration des

PMI à Meknès.

Section I: Financement des PMI à Meknès.

Paragraphe 1: Soutien financier: Répartition inégalitaire des crédite alloués à la PMI

au Maroc.

2-1: cas de la procédure simplifiée accélérée et du crédit convention.

2-2: Cas des crédits jeunes promoteurs et jeunes entrepreneurs.

Paragraphe 2: Analyses des modes de financement des PMI à Meknès.

2-1: Modes et sources de financement de la création.

2-2: Sources de financement de l'activité.

Paragraphe 3: Difficultés du recours au crédit bancaire.

3-1: Conditions peu satisfaisantes d'accessibilité

3-2: Coûts très élevés des crédits bancaires

3-3: Processus très lent d'obtention des crédits bancaires

Section 2: Modalités de fonctionnement et degré d'intégration des PMI à Meknès.

Paragraphe 1: Aires d'approvisionnement et d'écoulement

1-1: Aires d'approvisionnement en matières premières

1-2: Aires d'écoulement de la production

Paragraphe 2: Les PMI et la sous-traitance à Meknès

2-1: Définitions, typologie et importance de la sous-traitance pour les PMI

2-2: PMI et sous-traitance à Meknès

Paragraphe 3: PMI et intégration à Meknès

3-1: Aspects définitionnels et différents niveaux d'analyse et de perception de

l'intégration

3-2: Faiblesse des relations inter-branches au sein du secteur des PMI à Meknès

3-3: Faible intégration au système productif local

3-4: Mesure du degré d'intégration du secteur des PMI à Meknès

Conclusion

Chapitre 2: Compétitivité, contraintes et perspectives des PMI à Meknès

Section 1: Compétitivité du secteur des PMI à Meknès

Paragraphe 1: PMI et choix technologique

Paragraphe 2: Système et sources d'information

Paragraphe 3: PMI et gestion de la qualité

Paragraphe 4: PMI et gestion des ressources humaines

Section 2: Contraintes et perspectives des PMI à Meknès

9

Paragraphe 1: Principaux facteurs de blocage des PMI à Meknès et problèmes

d'inadéquation des services urbains

1-1: Contraintes majeures au développement des PMI à Meknès

1-2: Inadéquation des services urbains

Paragraphe 2: Perspectives et recommandations

2-1: Perspectives de développement des PMI à Meknès

2-2: Quelques recommandations pratiques.

10

INTRODUCTION GENERALE

Le concept traditionnel de développement, dans sa variante libérale comme dans sa variante socialiste, repose sur l'idée que l'industrie de grande taille est la clé de l'essor économique et du progrès social. Cette conviction qui apparaissait, explicitement ou implicitement, au coeur des politiques, stratégies et programmes mis en oeuvre un peu partout dans le monde pendant les années soixante et soixante dix, est sérieusement contestée voire remise en cause de nos jours.

Le fait est que le monde a été le théâtre de mutations et bouleversements profonds sur les plans économique, technique, organisationnel et spatial. Ces mutations ont eu pour conséquence de " remettre en cause ou, du moins, de relativiser la notion d'économies d'échelles associée à l'unité de production de grandes dimensions" 1 . Ceci intervient après une longue période où l'on pensait que l'efficacité des entreprises était forcément liée à leur taille et que l'activité économique était vouée, quel que soit le secteur, à une concentration inexorable.

L'expérience a, en effet, montré les limites et l'insuffisance de la théorie considérant que tout essor socio-économique est intimement lié à la réalisation de grands projets capitalistiques notamment dans le domaine de l'industrie industrialisante. D'autant plus qu'une industrialisation en profondeur n'a pu résoudre le fléau du chômage, ni faire face aux problèmes des disparités régionales.

Les unités de petites et moyennes tailles se sont donc, imposées comme alternatives stratégiques de développement depuis la fin des années soixante dix, période où l'on a commencé à constater que les projets fortement capitalistiques dans le tiers monde n'étaient pas aussi " industrialisant que les modèles théoriques les décrivant " 2 .

Au Maroc, on a également assisté à une prise de conscience du rôle des petites et moyennes entreprises dans le tissu productif national et dans le domaine de la création des emplois. A ce titre, la promotion de ces entreprises est devenue " l'un des leitmotive de la politique industrielle au Maroc "3 . Ce regain d'intérêt en faveur de cette catégorie d'entités économiques, longtemps mises à l'écart et peu intégrées aux circuits financiers, intervient pour plusieurs raisons dont notamment la crise économique, le chômage et l'accentuation des disparités régionales.

Certes, il ne s'agit pas d'opposer systématiquement les petites et moyennes entreprises aux grandes entreprises. Ces dernières restent des acteurs déterminants de l'évolution économique et du fonctionnement des systèmes de production. Cependant du point de vue du système productif local, le rôle des petites et moyennes entreprises est stratégique et ce, pour les raisons suivantes 1 :

( 1) FERGUENE ( A) : " Les dynamiques industrielles endogènes: quels enseignements pour une alternative au modèle standard dans les pays du Sud ? " in revue espaces et sociétés n° 88/ 89, édition l'harmattan, février 1997, pp: 5-19.

( 2) ALKAOUACHY ( F) : " Ouest l'analyse économique marocaine face à la problématique de l'entreprise ? " in revue AL ASSAS n° 86, juin 1988, pp:36-40.

( 3) Collectif : Etudes sur le secteur industriel au Maroc, Edition El Maarif El Jadida, Rabat 1991, p: 78. ( 1) HINTI ( S) : Les dynamiques économiques des collectivités locales, Edition Tafoukte, Rabat 1998, p:130.

11

* Les petites et moyennes entreprises ont une assise locale et un ancrage territorial. En effet, alors que la grande entreprise agit par rapport à une logique fonctionnelle basée sur des critères financiers et stratégiques, la petite et moyenne entreprise agit davantage avec une logique territoriale. Son efficacité dépend étroitement de son insertion dans l'ensemble des relations sociales, économiques et culturelles qui définissent la spécificité d'un territoire.

* Le rôle des petites et moyennes entreprises est considéré comme indispensable à la revitalisation et au développement des tissus économiques locaux.

* Le développement local basé essentiellement sur les petites unités de production, est souvent perçu ou présenté par les collectivités locales comme étant un moyen d'atténuer les problèmes économiques et sociaux. Cela signifie que les petites et moyennes entreprises sont désormais appelées à tenir une place de premier choix dans la constitution des territoires mis en difficultés par la crise économique et sociale.

Ainsi, en matière de développement local l'option en faveur des ces unités de production de petite et moyenne taille ne résulte nullement d'une " apologie de l'infiniment petit-small is beautifull- mais plutôt d'un choix stratégique qui fait des petites et moyennes entreprises des outils privilégiés, mais non exclusifs du développement local"2 .

Par ailleurs et dans le même ordre d'idées, les planificateurs marocains voyaient en cette catégorie d'entreprises, un instrument essentiel de régionalisation économique et de décentralisation industrielle eu égard notamment aux multiples avantages qu'elle présente:

* Sa dimension qui se prête à une décentralisation de la production et sa faculté de dissémination des activités économiques.

* Sa qualité d'être grande consommatrice de main d'oeuvre.

* Sa contribution à la mise en valeur des ressources locales et son adaptation aux besoins spécifiques locaux.

* Sa capacité de résistance aux contextes de crise économique par la souplesse de sa gestion.

* Son rôle dans l'émergence de nouveaux entrepreneurs et dans l'encouragement de l'esprit d'entreprise et des initiatives locales.

Mais au delà de ces caractéristiques, l'intérêt pour les Petites et moyennes entreprises dans le nouveau contexte économique marqué par la mondialisation, s'explique par le souci des pouvoirs publics de mobiliser l'ensemble du potentiel productif pour l'amélioration de la compétitivité économique garant de la réussite de l'insertion dans l'économie mondiale dans les meilleures conditions.

Dans ce cadre, les pouvoirs publics marocains ont entrepris progressivement une politique d'appui à la PME/PMI consistant en un ensemble de mesures. La première de celles-ci revêtait un caractère financier avec la mise en place de la procédure simplifiée accélérée (PSA) qui est une ligne de crédit de source nationale gérée par la banque nationale de développement économique (BNDE).

Mais c'est le plan triennal 1978-1980 qui, tout en mettant l'accent sur les projets de petite ou moyenne taille dans le cadre d'une meilleure répartition régionale des

( 2) ZRIOULI ( M) : La région au Maroc, édification d'une nouvelle colléctivité locale, édition OKAD, Rabat 1995, p 331.

12

investissements, a véritablement tracé les axes d'orientation de la politique de développement des petites et moyennes entreprises. De même le plan quinquennal 19811985 a édité clairement une stratégie de promotion de cette catégorie d'entreprises qui s'articule autour des axes suivants:

? Priorité accordée aux petites et moyennes entreprises car moins capitalistiques, créatrices d'emplois et plus facilement décentralisables;

? Déconcentration régionale des entreprises par la création en dehors des grands pôles de développement industriel déjà établis de micro-zones industrielles pouvant attirer les PMI moyennant l'aménagement des principales infrastructures physiques et de services;

? Développement des exportations;

? Promotion de l'initiative privée, etc.

En 1983, fût promulgué un code des investissements industriels qui a mis en relief les PMI et leur a réservé des avantages spécifiques. Dans le cadre de ce code, cette catégorie d'entreprises a reçu le droit de cité et s'est imposée en tant qu'agent juridique.

Depuis lors, plusieurs actions ont été entreprises en faveur de la PMI. Cet environnement a fait d'elle un agent économique à part entière qui n'a pas cessé d'attirer l'attention non seulement des investisseurs et des institutions financières mais aussi des chercheurs universitaires.

Actuellement un projet de charte de la PME est en cours d'élaboration et qui va permettre de doter ces entreprises d'une législation particulière tenant compte de leurs spécificités et de leur rôle en matière de développement socio-économique, de renforcement de la cohésion sociale et de développement régional..

Il est vrai qu'il existe plusieurs recherches ayant traité ce thème. Mais nous considérons que, dans l'ensemble, elles pèchent par leur caractère essentiellement économique et sectoriel et accordent peu intérêt à la dimension spatiale.

Notre ambition et notre souhait sont donc de tenter d'apporter une contribution aussi mince soit-elle à l'effort de réflexion dont ce sujet fait l'objet et continuera certainement à le faire dans les prochaines années.

De même, ce sujet constitue pour nous une satisfaction personnelle. Notre activité professionnelle au sein du Ministère de l'Industrie et du Commerce nous a permis

de prendre conscience d'un certain nombre de problèmes relatifs aux PME/ PMI. Par
contre l'information à l'institut national d'aménagement et d'urbanisme nous a permis d'intégrer la composante spatiale et de réaliser que la notion de l'espace n'est pas aussi neutre qu'on avait tendance à le croire.

Toutes ces considérations justifient, en fait, notre choix de ce sujet comme travail de recherche.

Pour ce faire, nous avons estimé que la ville de Meknès serait un exemple-type qui permet d'appréhender la place, le poids socio-économique et les implications spatiales

13

du secteur des PMI au niveau local et partant de bien saisir la portée et les limites de la politique publique d'appui à la PMI au Maroc.

Le choix de cette ville comme aire d'étude, est motivé par les considérations

suivantes:

* Le choix d'une ville intérieure du Maroc appelée à faire contre poids à l'axe Casa-

Kénitra, s'avère plus significatif pour évaluer cette politique notamment en termes de décentralisation industrielle;

* L'existence au niveau de la ville de Meknès d'un tissu industriel composé

essentiellement des PMI;

* La ville étudiée reproduit dans une large mesure le schéma général de la structure

industrielle nationale caractérisée par le pullulement des petites et moyennes industries qui représentent plus de 93%. du tissu productif national.

Partant des éléments ci-dessus, l'objet de ce travail se résume en fait en une tentative d'évaluation de la portée réelle du secteur des PMI dans l'espace de Meknès, à travers ses impacts directs et indirects dans les domaines aussi bien socio-économique que spatial.

Notre étude se propose donc à travers l'analyse des aspects structurels, fonctionnels, spatiaux et évolutifs du secteur des PMI dans la ville de Meknès et en relation avec d'autres espaces, de répondre à un certain nombre de questionnements compilés pour former notre problématique de base:

* Dans quelle mesure les PMI à Meknès ont pu répondre aux attentes placées

en elles, notamment en matière de création de l'emploi et d'intégration régionale ? tiennent-elles compte des potentialités tant naturelles, économiques qu'humaines de la région et répondent-elles aux besoins demandés et objectifs assignés?

* Quels sont les facteurs et les formes de localisation des PMI à Meknès? et dans

quelle mesure ce secteur contribue t-il à la structuration de l'espace urbain de la ville ?

* Peut-on prétendre à l'existence d'une intégration des différentes composantes

de ce secteur ? entre ce secteur et les autres secteurs de l'économie urbaine et régionale ?

* Quelles sont enfin les contraintes posées à ce secteur par l'environnement dans

lequel il se meut ? Environnement tant juridique, économique, financier, technique et humain ? Et quelles sont en conséquence les perspectives de ce segment du tissu productif local ?

Autant d'interrogations qui appellent des éléments de réponse et auxquelles nous essayerons d'apporter plus de lumière tout au long de cette étude.

Pour répondre aux questions soulevées plus haut, nous envisageons de partir des hypothèses suivantes qu'il convient de vérifier dans le cas de Meknès.

Hypothèse 1: En dépit de son importance numérique, le secteur des PMI à Meknès ne joue qu'un rôle relativement modeste dans le développement socio-économique de la ville. Cette situation est due à la conjugaison de plusieurs facteurs ( financier, humain, juridique, etc.) qui entravent le développement de ce secteur au niveau local.

14

Hypothèse 2: Le déploiement des PMI à Meknès est beaucoup plus une émanation locale ou interne que le fait d'un facteur exogène ou d'une certaine impulsion ou intervention de l'Etat à travers la politique d'appui à cette catégorie d'entreprises. Toutefois, ce déploiement s'est fait de manière quasi- anarchique en raison du manque des terrains aménagés au niveau de la ville.

Hypothèse 3: L'effet taille constitue une entrave à l'amélioration de la compétitivité des PMI à Meknès. Dans ce nouveau contexte marqué par l'ouverture et la mondialisation de l'économie, l'aptitude à la pénétration de nouveaux marchés est désormais l'oeuvre des entreprises ayant atteint un certain degré de concentration leur permettant d'améliorer leur compétitivité et d'être concurrentielles.

Par ailleurs et pour répondre aux questions que pose notre problématique, nous avons estimé que la meilleure démarche serait une méthode globale qui s'inspire à la fois des approches socio-historiques, économiques et spatiales.

En fait pour bien saisir la portée réelle du secteur des PMI au niveau de Meknès, il est clair qu'il faut d'abord le situer dans le contexte socio- économique général de la ville. Reste toutefois que la pertinence de notre recherche dépendra largement aussi de notre conception de la PMI.

Si l'on conçoit que celle -ci est enclavée entre l'artisanat d'une part et la grande entreprise d'autre part, il y'a sur le plan pratique toute une série de définitions. En réalité, il n'existe pas de définition universelle pour la PME de manière générale* . Les définitions utilisées sont fonction des finalités et des politiques régissant ce secteur. Elles font généralement appel à des critères relatifs aux chiffres d'affaires, à l'effectif employé ou encore au montant de l'investissement.

Cependant l'absence des normes quantitatives universelles n'empêche pas que les PME/PMI constituent dans tous les pays un groupe bien distinct. Les facteurs qui les distinguent étant essentiellement d'ordre qualitatif et comparatif.

Dans l'ordre qualitatif, le dirigeant est à la fois initiateur du projet, fournisseur du capital et gestionnaire. Ses avoirs privés et ceux de l'entreprise sont généralement confondus et les facteurs subjectifs et personnels jouent un rôle important dans la prise de décision.

L'aspect comparatif tient à la situation des petites et moyennes entreprises par rapport aux entités plus grandes et qui partagent ensemble le même espace économique.

Dans le cadre de ce travail, la PMI est définie comme étant toute entreprise industrielle, indépendante et ayant moins de 200 employés permanents. Au sein de cette catégorie d'entreprises nous distinguons:

* Les micro-entreprises industrielles ( 0 à 9 employés permanents.

* Les petites entreprises industrielles ( 10 à 49 employés permanents ).

* Les moyennes entreprises industrielles ( 50 à 199 employés permanents ).

Par opposition à la PMI, il y'a les grandes entreprises qui emploient plus de 200 personnes de façon permanente.

Nous avons retenu le critère de l'effectif de l'emploi d'une part parce que c'est le critère retenu par les milieux officiels ( Ministère du Commerce et de l'Industrie,

* La PMI est une composante de la PME qui concerne tous les secteurs d'activité économique.

15

Office de Développement Industriel ) et d'autre part parce qu'il a l'avantage de n'évoluer que très lentement dans le temps contrairement aux autres critères ( chiffres d'affaires, programme d'investissement, valeur ajoutée ).

Par ailleurs, plusieurs sources d'investissement ont guidé nos investigations à

savoir :

-Exploitation de la bibliographie relative au thème de l'étude ( Archives, travaux de recherche, ouvrages divers, textes juridiques...)

-Consultation des différents responsables d'organismes impliqués dans la promotion des PMI que ce soit au niveau central ( ODI, MCI, CNJA...) qu'au niveau local ( chambre de commerce, Délégation du Commerce et de l'Industrie, Communes...)

-Exploitation des différentes enquêtes annuelles menées chaque année par le Ministère du Commerce et de l'Industrie et qui portent sur l'ensemble des unités de transformation implantées au Maroc.

-Exploitation du fichier « qui produit quoi au Maroc? » élaboré par le Ministère du Commerce et de l'Industrie.

Aussi, pour apporter des éléments de réflexion plus affinés sur le thème, avons nous procédé à la réalisation de trois types d'enquêtes sur le terrain:

1. Enquête PMI: Elle a touché un ensemble représentatif de 52 entreprises. Soit environ 30 % des PMI localisées au niveau de la ville de Méknès. Pour constituer notre échantillon, nous nous sommes basés sur un listing établi par la Délégation Provinciale du Commerce et de l'Industrie de Meknès en 1998.

2. Enquête "dirigeants des PMI" : Elle a touché les chefs des PMI choisies dans l'échantillon précédent. Elle a pour objet principal de détecter les profils de ces entrepreneurs.

3. Enquête " employés des PMI" : Elle a porté sur un échantillon représentatif composé de 970 employés des PMI, Choisis selon l'activité et la taille de l'entreprise ainsi que les zones d'emplois de la ville. Ce nombre représente 15,70 % des effectifs totaux employés par ces entreprises dans l'espace d'étude ( voir tableau n°1.

Tableau n° 1: Echantillon des PMI et des effectifs ayant fait l'objet de l'enquête.

Tranches d'effectifs

0 - 9

10 - 49

50 - 199

Total

Branches

Nom bre

Emplois

Nomb re

Emploi

s

Nombr

e

Emploi

s

Nombr

e

Emploi

s

Industrie agro-

alimentaire

8

40

5

86

4

116

17

242

Industrie textile et cuir

-

-

6

184

4

142

10

246

Industrie chimie et parachimie

7

36

6

102

3

164

16

302

I .M.M.E.E

2

12

4

82

3

108

9

202

Totaux

17

86

21

354

14

530

52

970

% Total PMI à Meknès

29,70

15,70

16

Ces enquêtes directes sur le terrain ont été effectuées selon le calendrier

suivant:

- Du 06 au 21 Juillet 2000.

- Du 27 au 31 juillet 2000.

- Du 05 au 15 Août 2000.

- Du 18 au 30 Août 2000.

Entre ces périodes, il a fallu contacter les responsables et dirigeants des PMI afin de décrocher des rendez--vous pour les interviews.

Au moment du déroulement de ces enquêtes, nous avons tenu compte d'une caractéristique bien connue des PMI à savoir la grande importance des facteurs subjectifs qui interviennent dans leur fonctionnement. C'est pourquoi la formule de la collecte des données par courrier a été rejetée. Nous avons préféré procéder par interview directe. Chose qui nous a permis d'avoir un taux de réponse le plus élevé possible.

Quant au dépouillement des données contenues dans les questionnaires, il a été fait à la main.

La problématique posée ainsi que la méthodologie qui en découle nous ont amené à traiter ce sujet en trois parties distinctes en plus d'un chapitre préliminaire.

Au niveau du chapitre préliminaire, nous essayerons de donner un aperçu historique de la politique publique d'appui à la PMI au Maroc ainsi que les principaux axes la composant, tout en mettant en exergue les motivations et les fondements de cette politique.

Dans le cadre de la première partie, nous essayerons dans un premier temps de présenter notre aire d'étude tout en mettant en relief les potentialités et les atouts de cet espace. Lesquels atouts et potentialités sont susceptibles de constituer une base de développement des initiatives privées en général et des PMI de manière particulière. Dans un second temps, il est question d'analyser le contenu, les caractéristiques générales et le poids socio-économique des entreprises en question.

Au niveau de la seconde partie, l'accent sera mis sur les questions de la localisation des PMI à Meknès à travers l'étude de leur logique de déploiement, des formes de leur localisation et de la stratégie mise en oeuvre pour une répartition harmonieuse de ces unités dans l'espace urbain.

Dans une troisième et dernière partie, nous essayerons d'analyser certains aspects fonctionnels des PMI à Meknès en vue d'apprécier leur degré d'intégration. Notre attention se portera également sur l'analyse des contraintes de développement et sur les perspectives d'avenir de ce secteur dans l'espace d'étude.

17

Chapitre Préliminaire: Motivations, fondements et aperçu sur la Politique d'appui à la PMI au Maroc.

La politique d'appui à la PMI est par définition une composante de la politique industrielle, elle-même partie intégrante de la politique économique.

Par politique, nous entendons toute action de l'Etat qui vise des objectifs préalablement fixés et utilise pour les atteindre des moyens appropriés. Une politique d'appui à la PMI consiste donc à ce que l'Etat déploie un certain nombre d'efforts et utilise un certain nombre de moyens pour atteindre l'objectif fixé à savoir la promotion et le développement de ce secteur d'activité.

Au Maroc, la promotion de ce segment du tissu productif a été depuis la décennie 70 et est toujours à l'ordre du jour. Diverses communications des responsables font état de l'intérêt de la politique d'appui et de soutien de cette catégorie d'entreprises pour le développement économique et social.

C'est dire combien sont importants et l'intérêt et l'espoir portés sur ces entreprises considérées comme vecteur économique et social et élément fondamental pour la résolution d'un certain nombre de problèmes ( chômage, crise économique...etc..

Pour bien cerner cette politique d'appui à la PMI, nous nous proposons dans le cadre de ce chapitre préliminaire de répondre aux questionnements suivants.

? Quels sont les fondements et les motivations sur lesquels les pouvoirs publics ont fondé cette politique en faveur des PMI au Maroc ? (Section.

? Quel est le contenu de cette politique promotionnelle ? ( Section II.

? Quel environnement industriel favorable à la PMI au Maroc ? (Section
III.

Section I : Motivations et Fondements de la politique d'appui à la PMI au Maroc.

Les raisons sur lesquelles les pouvoirs publics fondent leur politique d'appui à la PMI sont multiples. Analysant cette question dans les pays sous développés, M.Botzung a écrit : " les justifications économiques et/ ou sociales de l'appui aux petites entreprises recouvrent un large éventail allant de la réduction de la pauvreté à la création d'emploi, à l'accompagnement de la mise en oeuvre des programmes d'ajustement structurel»1 et ajoute que " la légitimité d'une intervention particulière en appui aux petites entreprises procède d'une recomposition du rôle de l'Etat limitant son intervention directe dans la production et le contrôle de l'économie au profit d'un rôle de facilitateur des initiatives et de réformateur de l'environnement " 1 .

Cette citation résume dans une large mesure les principales raisons invoquées par les pouvoirs publics au Maroc pour justifier cette action en faveur des petites et moyennes entreprises.

Toutefois, l'objet ici n'est pas de recenser l'ensemble des facteurs qui ont amené l'Etat Marocain à opter pour cette politique promotionnelle, mais de donner

(1) BOTZUNG ( Michel ) : " Dispositifs d'appui et financement de la petite entreprise" In revue Tiers monde N° 145 Janvier -Mars 1996, PP. 135-151.

(1) BOTZUNG ( Michel ) : " Dispositifs d'appui et financement de la petite entreprise" In revue Tiers monde N° 145 Janvier -Mars 1996, PP. 135-151.

18

quelques indications de surface sur les conditions économiques et sociales qui ont présidé à ce choix en faveur de la PMI ( Paragraphes 1 et 2) et sur les fondements théoriques de cette politique ( Paragraphe 3.

? Paragraphe 1 : Contexte de crise économique, financière et sociale.

I-1 : Contexte de crise économique et financière.

Le regain d'intérêt en faveur de la PMI au Maroc est intervenu sur un " fond de crise au double plan interne et externe surtout après le retournement conjoncturel de

1978 "2

Ainsi, une attention particulière a été accordée à cette catégorie d'entreprises après la fin de réalisation du plan de développement économique et social (73-77. Ce plan ambitieux dans ses objectifs a été réalisé moyennant des déséquilibres internes et externes qui se sont manifestés par la hausse de la dette externe du Maroc.

Les indications ci-après permettent d'illustrer cette situation de crise qu'a connue le Maroc et qui a d'ailleurs conduit à la signature en 1983 d'un programme d'ajustement structurel avec le FMI et la banque mondiale.

? Déséquilibres internes : A ce niveau, il y a lieu de relever que le produit intérieur

brut (PIB) s'est nettement ralenti depuis 1978. Le taux d'accroissement annuel moyen qui s'établissait entre 1970 et 1977 à 5,8% a été ramené à 3 % seulement entre 1978 et

1984.

Au niveau des finances publiques, le déséquilibre s'est aggravé particulièrement depuis 1975. De 2,3% du PIB en 1973, il a augmenté à environ 7% en 1984.

? Déséquilibres externes : A ce niveau également, la situation s'est nettement

détériorée. Ainsi " en 1983, la dette extérieure marocaine représente environ 105% du PNB et environ 325% des exportations des biens et services. Si l'on exclut du total des dettes à court terme et envers le FMI, les ratios tombent à 92% du PNB et 285% des exportations et sont parmi les plus élevés du monde "1

Dans ce contexte de crise économique et financière, l'abandon des projets industriels, capitalistiques et coûteux au profit des PMI faiblement capitalistiques et ne demandant pas de ressources importantes en devises, parait à même d'améliorer la situation interne et externe de l'économie marocaine et de donner un nouveau souffle au secteur industriel au Maroc.

I-2 : Faibles performances du secteur public :

Outre ces facteurs, la politique en faveur des PMI trouve son origine dans la faiblesse des performances enregistrées au niveau des entreprises publiques industrielles.

La période antérieure à 1977 a été caractérisée par la prise en charge de l'Etat de l'investissement industriel dans les secteurs stratégiques. En effet, dans un pays comme le Maroc qui a hérité de son passé colonial, une bourgeoisie faible et embryonnaire, le secteur public est apparu dès les premières années de l'indépendance

(2) Collectif: Etude sur le secteur industriel au Maroc, édition Maria El jadida. Rabat 1991, p : 78.

( 1) BOUSLIKHANE (M) : La dette du tiers monde: Essai d'analyse historique, thèse pour le Doctorat es sciences économiques. Rabat 1992, p:471.

19

comme la condition indispensable pour remplir ce vide et pallier les inconvénients d'une telle situation.

Les performances économiques et sociales réalisées au début par le secteur public ont été enregistrées au prix d'une faible rentabilité financière. Un certain essoufflement s'est vite fait sentir par la suit et qui a abouti à la crise au niveau de ce secteur.

Devant cette situation, les atouts de la PMI ne peuvent être que séduisants. En effet, celle-ci ne nécessite à priori ni moyens financiers importants, ni technologie sophistiquée, ni marché considérable. De surcroît son " insertion dans le tissu industriel ne requiert pas de changements de structures existantes et mises en place... Au contraire, cette catégorie d'entreprises pourrait se greffer sur les industries préexistantes soit en amont soit en aval "2 .

I-3 : Aggravation du problème du chômage :

La décennie 1980 a été caractérisée par une crise financière aiguë qui a nécessité une politique d'austérité dont le point d'orgue a été la signature du programme d'ajustement structurel ( PAS) en 1983.

Ce programme qui avait pour objectif le rétablissement des équilibres budgétaires et financiers a eu des effets pervers sur le plan social. L'Etat, premier recruteur des diplômés de l'enseignement supérieur, a dû réviser à la baisse le nombre de postes budgétaires ouverts dans les lois de finances.

Le taux de chômage urbain qui était de 13.90 % en 1985 est voisin de 16% en 1993. Mais le plus préoccupant dans cette évolution est l'apparition et le maintien d'un taux de chômage important dans les couches des lauréats diplômés. Cette évolution est le reflet d'une part d'un fait positif (un important investissement en capital humain) et d'autre part d'un fait négatif (l'incapacité de l'appareil productif à valoriser cet investissement).

Le taux de chômage de ces diplômés a, en effet, passé de 3,5% à 13,4% (+10 points ) entre 1984 et 1993 suivant les statistiques de l'enquête nationale sur la population active (ENPAU).

Pour pallier le chômage des diplômés et devant l'incapacité du secteur public à créer des postes d'emploi, l'Etat a dû miser sur le traitement économique de ce phénomène notamment par l'encouragement et le soutien de la PMI censée être meilleure

créatrice d'emplois. Cette dernière s'impose de ce fait comme " l'excellence
voie qui permettra au gouvernement de réussir sa politique de traitement économique de chômage et de lutter en profondeur contre l'exclusion «1

Paragraphe 2 : Concentration régionale des activités économiques.

L'implantation géographique des activités économiques et industrielles au Maroc est caractérisée par sa forte concentration dans l'axe littoral Casa-Kénitra.

Cette concentration observée dès le lendemain de l'indépendance, demeure rigoureuse et constante en dépit de certaines mesures mises en place pour atténuer cette

(2) AL AYACHI ( A) : " Banque mondiale et PMI" opp cité, pp:13-16.

(1) Extrait du discours de Monsieur le Ministre des affaires générales du gouvernement lors de la séance de clôture des travaux du séminaire sur les PME/PMI organisé le 30 Novembre et le 1 Décembre 1999 à Rabat.

20

polarisation et faciliter une réorientation spatiale favorable à un rééquilibrage régional de l'activité industrielle.

Le tableau ci-après fait ressortir la concentration des emplois industriels au niveau de Casablanca en 1956,1967 et 1972--1998.

Tableau n° 2: Concentration des emplois industriels au Maroc.

Années

1956

1972

1994

1998

Emplois

%

Emplois

%

Emplois

%

Emplois

%

Casablanca

40.000

45,98

72.900

51,34

218.499

49,20

228.469

47

Reste du

Maroc

47.000

54,02

69.100

48,66

225.562

50,80

261.396

53

Total

87.000

100

142.000

100

444.061

100

489.856

100

Source : - Groupe huit/ODI, Etude sur les zones industrielles au Maroc 1979.

- Situation des industries de transformation au Maroc. Direction de l'Industrie.Rabat.1994 et 1998.

Le tableau met en évidence la permanence des déséquilibres spatiaux qui caractérise la diffusion de l'activité industrielle marocaine en faveur du grand Casablanca.

Malgré les avantages sélectifs octroyés par les différents codes des investissements et en particulier les deux derniers ( 1973 et 1983) en vue d'une décentralisation industrielle effective vers les zones démunies en industries, les régions industrialisées de longue date continuent de polariser la majorité des investissements.

Partant de ce constat, l'un des objectifs assignés justement à la PMI est celui de contribuer à l'effort de décentralisation industrielle, d'autant plus que cette catégorie d'entreprises est censée être facilement décentralisable.

? Paragraphe 3 : Autres éléments explicatifs : fondements

politiques et facteurs exogènes.

Au cours de la période antérieure à la mise en oeuvre de la politique de promotion des PMI (1978), la croissance et l'accumulation du capital ont été réalisés au profit d'une élite ou grande « bourgeoisie » nationale, grâce notamment à la marocanisation et aux avantages multiformes qui ont accompagné les codes des investissements. A partir de cette date, ce processus d'accumulation va s'élargir à une couche moyenne qui avait auparavant profité de manière faible de ce processus. La politique d'appui à la PMI avec toutes les incitations multiformes dont celle-ci a bénéficié s'insère dans ce cadre.

L'examen de cette politique montre, en effet, que les pouvoirs publics sont surtout animés par le souci de générer une couche sociale moyenne pour estomper les conflits sociaux. Il s'agit en effet, suivant les concepteurs du livre blanc-PME de " relever le défi du renforcement de la cohésion sociale "1 .

( 1) Ministère des Affaires générales du Gouvernement / Focus Group : Livre blanc-PME. Rapport de synthèse. Rabat.1999,p:7.

21

De ce fait les PMI sont appelées à jouer le rôle de " modérateur des tensions sociales, de catalyseur aux idées du système libéral, de véhicule de l'ordre de pensée et de mode de vie occidentaux " 2 .

Par ailleurs, force est de constater que cette politique en faveur de la PMI ne s'explique pas uniquement par des facteurs endogènes. En effet derrière tout ce qui a été pris en matière de promotion des PMI au Maroc, on trouve la banque mondiale et le Fonds Monétaire International (FMI). Cette politique a été recommandée par ces instances internationales et conduite avec leur assistance particulièrement sur le plan financier.

Tous ces éléments constituent en fait des motivations essentielles ayant poussé les pouvoirs publics à mettre en oeuvre une politique de soutien à la PMI au Maroc.

Quels sont donc les fondements théoriques de cette politique ?

? Paragraphe 4 : Fondements théoriques du schéma de

développement basé sur les PMI : quelques éléments de repère.

Au Maroc, la politique publique d'appui à la PMI ne se fonde généralement pas sur un modèle théorique bien précis. Les options retenues sont plutôt de fondements composites. Il est toutefois possible d'y déceler la paternité de trois séries de conceptions.

? La thèse des technologies intermédiaires(4-1)

? La thèse du manque d'esprit d'entreprise dans les pays sous développés (4-2 ). ? La thèse de l'industrialisation à petite échelle (4-3).

Dans ce qui suit, nous allons essayer de présenter succinctement ces conceptions ayant apparemment beaucoup inspiré les décideurs marocains à l'adoption et à la mise en place d'une politique de promotion des petites et moyennes unités de production.

4-1- La thèse des technologies intermédiaires :

C'est à l'économiste Anglais E.F.SCHUMACHER que l'on doit l'idée et la conception de « technologies intermédiaires » qui est apparue dès le début des années 60. l'auteur en question s'est inspiré de la philosophie Ghandienne sur l'industrialisation et la technologie à la suite d'un voyage effectué en Inde en 1963. En 1966 il créa à Londres l'intermediate technology Group ( ITG ) en vue de réunir des renseignements sur les technologies dont l'application serait bénéfique aux zones rurales des pays en voie de développement.

E.F . SCHUMACHER part de l'hypothèse que le " capital naturel dont nous disposons est limité et que nous en faisant un usage alarmant "1 . Sur la base des travaux de GHANDI et des statistiques portant sur la consommation mondiale des produits énergétiques et la pollution, l'auteur conclut au caractère dévastateur des technologies modernes actuellement utilisées, et propose une " technologie intermédiaire" dite aussi de " niveau moyen.

Le même auteur écrit plus loin qu'il s'agit d'une " technologie à laquelle tout le monde peut accéder et qui n'est pas réservée à ceux qui sont déjà riches et puissants "2 . C'est une technologie qui n'est pas sophistiquée et qui est consommatrice de main

(2) Al AYACHI ( A): Banque Mondiale et PMI au Maroc, in revue Al Assas n° 75, 1986 pp:13-16.

(1) Schumacher (E.F) : Small is beautiful, une société à la mesure de l'Homme, édition le Seuil, Paris 1978, p: 155.

(2) Idem, p,161.

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d'oeuvre. De ce fait elle s'adapte bien aux pays en développement où le facteur travail se trouve justement en abondance.

Le mérite de SCHUMACHER est d'avoir déclenché à l'échelle mondiale un mouvement de réflexion sur l'adaptation des technologies aux besoins et réalités des pays du tiers monde.

Pour les tenants de cette approche, les Pays sous-développés sont des pays actuellement retardataires en matière de technologie et pour lesquelles la technologie moderne que l'on associe à des entreprises assez grandes n'est d'aucune utilité. Seule une « technologie intermédiaire » conçue dans le cadre de petites entreprises peut leur assurer un avenir meilleur !

4-2- PMI et esprit d'entreprise:

Selon S. Watanabé, " Avoir l'esprit d'entreprise, c'est : être désireux et capable de créer et de mener une affaire en faisant preuve d'initiatives et d'énergie "3 . Cet esprit d'entreprise considéré comme le moteur de développement économique est censé faire défaut, d'après les organismes internationaux (BIT, Banque mondiale) , aux pays sous-développés. A ce titre la promotion des PMI est proposée par ces organismes comme le moyen le plus adéquat de génération des entrepreneurs. Celles - ci jouent de ce fait le rôle de pépinières d'entrepreneurs. De même elles sont considérées comme de " véritables écoles de patronat pour ceux qui veulent occuper une position dirigeante dans une grande école... c'est comme une période d'apprentissage pendant laquelle ils apprennent à assumer des responsabilités et à agir dans l'esprit de libre entreprise " 1 .

Dans ce cadre la promotion des PMI constitue un excellent moyen d'émergence d'entrepreneurs dynamiques capables de valoriser les ressources humaines et matérielles existantes afin de contribuer au développement et au renforcement du tissu industriel.

E.Staley et R.Morse soulignent que " l'une des plus importantes contributions que peut apporter une petite industrie active et saine dans le domaine du développement, se situe sur le plan des ressources en hommes. La croissance économique exige un nombre sans cesse plus élevé d'hommes doués de qualités d'initiatives et de commandement. La PMI peut constituer l'une de ces voies... elle est une véritable « serre » de chefs d'entreprises et de cadres "2 .

Les autorités marocaines épousent un tel point de vue. C'est ce qui explique d'ailleurs, le rôle dévolu à toutes les structures d'encadrement de la PMI au Maroc mises en place pour promouvoir cette catégorie d'entreprises.

4-3- L'industrialisation à petite échelle :

Cette notion est relativement récente dans la littérature consacrée aux pays en voie de développement. Elle a été utilisée par certains auteurs (A.FERGUENE) pour rendre compte "des dynamiques de développement s'inscrivant dans le cadre d'activités

(3) S. Watanabé cité par Ftouhi ( A) : Importance économique et contraintes du secteur des PMI au Maroc, mémoire présenté pour l'obtention du diplôme de l'ISCAE, casa, Décembre 1995. p:15.

(1 ) Kreuzel ( Dieter) :" les PME, véritables écoles de patronat " in revue initiatives, supplément économique, n° 702, Tunis, Avril, 1999,pp: 63-66.

(2) E.Staley et R. Morse, cités par Ftouhi ( Abdelkader) : Importance économique et contraintes du secteur des PMI au Maroc, opp, cité, p: 47.

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artisanales ou de petites industries et qui sont essentiellement le fait de petites entreprises regroupées spatialement selon une logique sectorielle "3 .

Mettant en cause le " modèle traditionnel ou conventionnel de développement ", le même auteur voit dans cette industrialisation à petite échelle une "nouvelle approche du développement au Sud...et une alternative prometteuse au schéma de développement périphérique classique " 1 .

Cette nouvelle approche, quel en est le contenu ?

Globalement, l'analyse du contenu de l'industrialisation à petite échelle peut s'articuler autour de six axes principaux 2 :

* Le premier axe concerne l'articulation de l'économique et du Social: Le développement n'est pas seulement une affaire économique car le socio-culturel joue également un rôle essentiel dans le processus de développement.

* Le 2ème axe a trait au type de développement local dont il s'agit et au rôle des facteurs institutionnels: Il s'agit d'un développement local par le bas dans le cadre des regroupements spatiaux de petites industries. L'Etat, les collectivités territoriales et les associations sectorielles ont un rôle déterminant à jouer (favoriser la dynamique d'innovation et appuyer le fameux passage du stade artisanal à l'industrie..).

* Le 3ème axe pose la question de l'uniformité ou de la diversité des voies de développement: Dans les expériences d'industrialisation à petite échelle, la tendance est à la diversité des voies et des stratégies. Par conséquent, il n'y a pas de façon unique de surmonter les difficultés, mais plusieurs voies et stratégies.

* Le 4ème axe porte sur le rejet de l'univers de la « production de masse » jugée très rigide au profit d'une "spécialisation souple " où les tâches de conception et d'exécution se réconcilient au sein d'ateliers flexibles et de petites dimensions. La concurrence acharnée entre grandes entreprises est également rejetée au profit de relations d'entraide et de solidarité entre des unités de petites tailles.

* Le 5ème axe concerne le rôle de la variable spatiale ou territoriale dans le processus de développement: Dans cette approche, l'espace n'est pas considéré uniquement dans son sens géographique (étendue ou distance) ou dans son sens économique (coûts de transport. Au contraire, il joue un rôle actif et parfois décisif dans la dynamique du développement économique et social à travers notamment les réseaux et les rapports qui s'y nouent entre les différents acteurs.

* Le 6ème axe touche au problème de la force humaine de travail et de sa place au sein du processus de production. Ce dernier s'appuie sur l'emploi de machines à usages multiples, manipulées ou accentués par des travailleurs polyvalents et attribuant à l'homme un rôle prépondérant.

(1) Ferguène ( Améziane): " les dynamiques industrielles endogènes: quels enseignements pour une alternative au modèle standard dans les pays du Sud ?" opp cité, pp: 5-20.

(2) Idem.

(1) Ferguène ( Améziane): " les dynamiques industrielles endogènes: quels enseignements pour une alternative au modèle standard dans les pays du Sud ?" opp cité, pp: 5-20.

(2) Idem.

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Chacun des ces axes témoigne d'une rupture radicale avec les logiques économiques et sociales caractéristiques du développement " Standard " qui a prévalu auparavant (fordisme).

Nous estimons que la politique de promotion de la PMI au Maroc s'inspire beaucoup de ces trois conceptions même si les fondements théoriques de cette politique restent marqués par une certaine imprécision.

Quel est donc le contenu de cette politique ? C'est ce que nous allons voir dans la section suivante.

Section II : Délimitation de la politique d'appui à la PMI

Le secteur de la PMI est concerné par une multitude de mesures relevant de la politique d'appui en faveur de cette catégorie d'entreprises. Malgré cette diversité, nous avons privilégié, dans le cadre de cette section, l'étude de quatre niveaux qui nous paraissent être les plus importants. Il s'agit des volets suivants :

? Le volet d'assistance financière ( Paragraphe 1)

? Le volet d'assistance technique (Paragraphe 2)

? L'élaboration d'un cadre législatif (Paragraphe 3)

? La mise en place d'une infrastructure d'accueil et d'un environnement industriel

favorable à la PMI (vu l'importance de ce volet, il fera l'objet d'une section à part)

Paragraphe 1: Assistance financière en faveur de la PMI *

L'assistance financière vise à faciliter aux PMI l'accès aux moyens financiers. Ces entreprises sont, en effet, connues par leur vulnérabilité financière et par l'insuffisance de leurs moyens financiers qui ne leur permettent pas de se procurer des outils de production ni de subvenir au financement de leur besoin en fonds de roulement supplémentaire. Ce qui constitue un goulot d'étranglement.

Le financement bancaire des PMI a pris corps essentiellement avec la mise en place des modalités particulières en l'occurrence la procédure simplifiée accélérée (PSA) en 1972 , la ligne pilote et le crédit convention à partir de 1978.

1-1: La procédure simplifiée accélérée (PSA)

C'est une ligne de crédit d'origine nationale instituée en 1972 par la BNDE sur le CMTR auprès de la banque du MAROC. C'est une procédure spéciale réservée aux petites et moyennes entreprises, prévoyant des allégements en matière de constitution de dossiers, de mise en place de garanties et de délais de réponse.

Au titre de la PSA, les PMI recevables doivent avoir un actif net total de moins de 5 millions et un chiffre d'affaires annuel inférieur à 7,5 millions de dirhams. Les prêts individuels peuvent s'élever à un montant maximum de 1 million de Dhs ou 55% du coût de projet pour les nouvelles entreprises ou 65% pour les projets d'extension1 .

1-2 Le programme de crédit convention

* Au Maroc, une panoplie de plus en plus diversifiée de lignes de crédits en faveur des PMI est mise en place par les institutions bancaires parmi lesquelles nous pouvons citer: Crédit jeunes promoteurs, crédit jeunes entrepreneurs, crédit moyen terme réescomptable par Bank Al Maghreb, Fons de garantie pour la mise à niveau, Fons de dépollution industrielle, Ligne PROPARCO, etc.

( 1) BELKHAYAT ( M) : "Le financement des PMI au Maroc" - Les relations Banques/ Entreprises au Maroc, edition Toubkal, Rabat 1985, pp 91-101.

25

Il a été mis en oeuvre et développé avec l'aide soutenue de la banque Mondiale. Elle a consisté d'abord en un élément pilote de 5 millions de dollars sous forme d'un prêt consenti à la BNDE en 1977, d'un premier prêt projet intégré à la PMI de 25 millions de dollars en 1979 et d'un 2ème prêt projet de 70 millions de dollars en 19842 .

Les crédits consentis au titre du crédit convention peuvent financer le coût d'un projet jusqu'à concurrence de 50 %. Cette quotité peut atteindre 80% dans les cas d'un crédit mixte CMTR/PSA-CMTR.

Depuis 1978, d'autres lignes de financement extérieures ont été mobilisées au titre de crédit convention intégralement affectées au financement de la PMI.

Ces lignes proviennent de la banque européenne d'investissement (BEI),du fonds Koweïtien, de la banque africaine de développement (BAD)...etc.

Parallèlement d'autres lignes d'origine nationale ont été mises en place par le système bancaire marocain en faveur des PMI parmi lesquels nous citons à titre d'exemple: le crédit jeunes promoteurs (loi 14-94) le crédit jeunes entrepreneurs (loi 1394), le fonds de garantie pour la mise à niveau...etc.

Paragraphe 2: Assistance technique et cadre institutionnel.

En plus de sa composante financière, l'assistance à la PMI au Maroc comporte une assistance technique. Cette dernière peut être définie comme l'ensemble des actions comprenant des interventions diverses. Elle recouvre tous les aspects de la vie de l'entreprise puisqu'il s'agit essentiellement d'aider le promoteur à dépasser les différentes contraintes auxquelles il est confronté.

Plusieurs institutions et organismes assurent cette fonction d'assistance à la PMI au Maroc. Parmi ces institutions nous retenons : Le Ministère de l'industrie et du commerce, l'ODI, le CMPE, l'OFPPT , l'AMAPPE... etc.

Le Ministère de l'Industrie et du Commerce:

Ce département est le premier responsable du secteur industriel au Maroc. En tant que tel, son action est déterminante en matière de politique industrielle en général et de la promotion des PMI de façon particulière. A cet effet, une cellule des PMI a été instaurée au sein du Ministère et qui est chargée de l'encadrement général. Par ailleurs, et au niveau local, ce département a mis en place des cellules d'assistance-conseil au sein des Chambres de Commerce et de l'Industrie et des Délégations Provinciales du Ministère.

L'office de développement industriel [ODI] .

Compte tenu du regain d'intérêt que suscita la PMI au Maroc, l'ODI a créé en 1980, en son sein, un département spécialement chargé de la promotion des PMI. Ce département baptisé " unité d'assistance technique" (UAT/PMI) a été mise en place à l'occasion de la signature d'un crédit de 25 millions $ avec la banque mondiale pour le financement des PMI au Maroc.

Globalement l'action de cette unité vise à apporter aux PMI une assistance personnalisée et approfondie en matières d'études, de conseil, d'organisation et de

( 2) Idem.

26

diagnostic. Le rôle de cette unité s'est malheureusement émoussé avec l'épuisement de la ligne de financement étrangère qui l'a appuyée.

De même, le fait que l'ODI dont le siège est à Rabat ne dispose pas d'antennes dans les différentes villes du Maroc, fait que son action se concentre aux seules villes de Rabat et Casa. Ne répondant pas aux besoins de proximité, il n'est que rarement sollicité par les promoteurs des autres villes.

Le Centre Marocain de Promotion des Exportateurs ( CMPE )

Le CMPE a été crée en 1976. Il a pour rôle le soutien, l'aide et l'orientation des industriels et particulièrement les PMI exportatrices. Le CMPE se veut:

* Un observatoire des marchés extérieurs, de leur évolution et des perspectives qu'ils offrent ou pourraient offrir aux produits de l'industrie marocaine;

* Un outil d'assistance et de conseil aux industriels pour toutes les questions touchant à l'exportation;

* Un moyen de réaliser les actions de promotion spécifiques portant sur des produits et des cibles définies.

Les même critiques formulées à l'égard de l'ODI peuvent être reproduites, à l'encontre de cet organisme, surtout en ce qui concerne la proximité.

Le Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir*( Le CNJA.

Le CNJA a vu le jour le 20/2/1991 par dahir portant loi n°/1-90-190. Il a pour mission d'effectuer des recherches, études, enquêtes, réflexions, avis et propositions pouvant aider à définir et à appliquer, dans la grande concertation, la conduite de la politique de la jeunesse et de l'avenir.

La lecture des travaux du conseil depuis sa création permet de repérer 3 thèmes majeurs 1 :

1- L'emploi des jeunes en milieu urbain ou l'insertion par l'économique. Ce qui a conduit à l'élaboration du programme d'information et d'assistance à la création d'entreprises (PIACE).

2- L'emploi des jeunes en milieu rural ou l'insertion intégrée.

Le programme de promotion des activités économiques en milieu rural (PROMAR) initié par le CNJA fait du mode intégré d'insertion l'axe central de la promotion de l'emploi des jeunes en milieu rural .

3- La formation: variable déterminante dans toute stratégie d'emploi. Autres organismes d'assistance:

Parmi les autres organismes et institutions qui interviennent dans l'assistance des PMI au Maroc nous citons:

* L'office de formation professionnelle et de promotion de travail (OFPPT. Il intervient dans l'assistance à la gestion et à la formation des employés des entreprises.

* Dernièrement , ce conseil a été dissous et intégré au "conseil économique et social" prévu par la constitution. (1) Guerraoui ( Driss) : " Demain, l'emploi des jeunes" in revue vues économiques n° 2.1992,pp:18-24.

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* L'association marocaine d'appui à la promotion de la petite entreprise (AMAPPE.

* La société de promotion et assistance technique aux PME (SPAT-PME.

* Centre d'entreprise du Maroc.

* Le secrétariat d'Etat chargé de la promotion des PME.

* Différentes associations professionnelles.

* Les banques commerciales qui se sont dotées de cellules PME/PMI rattachées à leurs

services de crédit.

* Les institutions internationales d'assistance (projet Dyna-PME initié par l'USAID,

PNUD....etc.

Les prestations généralement fournies par ces organismes s'articulent autour des éléments suivants:

* Aide à la conception des projets (identification des projets, définition de la capacité de production, information sur les procédures de création.

* Aide à la réalisation des projets (montage des dossiers d'investissement)

Paragraphe 3- instruments juridiques d'incitation en faveur des PMI.

Depuis son indépendance le Maroc a connu 4 codes des investissements (19581960-1973 et 1983) et une charte d'investissement. Cela atteste de " l'intérêt que les pouvoirs publics accordent à ce moyen d'incitation et de promotion de développement. Mais ce pourrait tant aussi être la preuve de son échec répété "1 .

Schématiquement et selon l'importance qu'ils accordent à la PMI, ces instruments juridiques d'incitation peuvent être scindés en 2 catégories.

* Le code de 1983 qui accorde des avantages particuliers à la PMI et *

Les autres codes.

3-1- Le code des investissements industriels de 1983.

Le code promulgué en janvier 1983 met en reflet les PMI et leur accorde nommément un certain nombre d'avantages selon leur situation dans l'une des 4 Zones désignées dans le même code 1 .

Ce texte est considéré ainsi comme le premier de son genre à avoir accordé des avantages spécifiques à la PMI. Il est aussi le seul texte à avoir donné une définition juridique à cette catégorie d'entreprises.

Est PMI, selon l'article 3 de la loi 17/82 relative aux investissements industriels»: les entreprises industrielles, à caractère industriel ou de service lié à l'industrie qui ont:

( 1) Akesbi ( Najib): " L'expérience des codes des investissements au Maroc" in BES N) 151-152. Année 1983, pp:50-67.

(1) - Zone 1 : La préfecture de Casablanca-Anfa.

- Zone 2: Les préfectures de: Hay Mohamadi, Ain Sbaa, Ben-Msik-Sidi Othman, Ain Chok-Hay Hassani,Mohamadia-Zenata, la province de Benslimane.

- Zone 3: La préfecture de Rabat -Salé et les provinces de : Agadir,Fes,Kénitra,Marrackech,Meknès,Safi,Tanger et Tétouan.

- Zone 4: Les autres provinces du Royaume.

28

- Au moment de leur création, un programme en biens d'équipement d'un montant de 5 millions de dhs au maximum, avec un coût d'investissement en biens d'équipements qui ne doit pas excéder 70.000 dhs par emploi de personnel stable.

- Au moment de leur extension, un programme en biens d'équipement dont le montant augmenté de la valeur initiale des immobilisations brutes de 5 millions de dhs au total et un coût d'investissement total en biens d'équipements qui ne doit pas excéder 70.000 dhs par emploi de personnel stable".

Par emploi stable, il est entendu, toute création d'emploi donnant lieu au recrutement d'un salarié pour une période de 12 mois consécutifs au moins.

La ville de Meknès, aire de notre étude, relevait de la zone 3 selon la classification du code en question.

Parmi les avantages prévus par ce code et qui concernent particulièrement les PMI, on note essentiellement la prime de 5000 Dhs pour chaque emploi de personnel stable crée. Et ce, pendant les 4 premières années consécutives qui suivent la date de notification du visa de conformité.

Ce code qui a duré pendant 12 ans a été abrogé et remplacé en 1995 par la charte des investissements.

3-2 -Les autres codes et la charte des investissements

Il s'agit des codes de 1958, 1960, et 1973 et de la charte des investissements de 1995. Ces instruments d'incitation juridiques prévoient un ensemble d'avantages en faveur des entreprises qui investissent sans distinction entre leur taille ou catégorie.

Au contraire du code de 1983, ces textes n'accordent par d'avantages spécifiques ou particuliers à la PMI.

- La promulgation du code de 1958 a été motivée par la nécessité de stimuler l'initiative privée afin de compléter l'action de l'Etat dans le processus d'industrialisation considérée à l'époque comme symbole de la libération économique.

Deux ans après ce premier code éphémère, celui-ci sera abandonné tout comme du reste la politique industrielle qui l'a fondé.

- Le code de 1960 inaugure de façon très nette une nouvelle orientation. A une ère marquée par la tentative de donner à l'indépendance politique un contenu économique, devait succéder une ère de " libéralisation de l'économie marocaine par la mise au point d'une politique donnant la priorité à l'initiative privée et aux capitaux étrangers "1 .

Ce nouveau code a repris à son compte l'essentiel des avantages prévus par son prédécesseur en opérant toutefois une innovation de taille à savoir l'institution d'une

(1) KAIOUA ( A): " Industrialisation et mutations de l'espace" in la grande Encyclopédie du Maroc,Géographie humaine, première édition, octobre 1987, pp: 211-232.

* taux de prime varie en fonction de la localisation géographique des investissements: Pour la région de Casa-Mohamedia: 0 %.

Pour la province de Tanger : 20 % .

Pour le reste du Maroc: 15 %.

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prime d'équipement * pour les investissements agrées et réalisés en dehors de la seule zone Casa-Mohammadia. Ceci marque le début de la prise de conscience de la notion de développement régional et de la régionalisation de l'investissement.

- A l'instar de ces deux codes, le code promulgué en 1973 n'a guère accordé d'avantages spécifiques à la PMI, mais ce code apporta toutefois des innovations importantes en matière d'incitation à la régionalisation économique et d'aménagement du territoire.

Sur le plan des avantages accordés au secteur industriel, le code reprend naturellement l'essentiel des avantages contenus dans les codes précédents et au besoin en étend la portée.

- Enfin la charte des investissements de 1995. Elle s'appuie sur le principe de l'harmonisation et de la généralisation des avantages à toutes les opérations d'investissement sans discrimination entre les différents secteurs et sans tenir compte de la dimension de l'entreprise grande ou petite.

Une refonte des avantages dans un seul texte de droit commun a été donc opérée dans le but de simplifier les procédures et banaliser l'acte d'investir.

Il reste à signaler qu'un projet de charte de PME a été dernièrement élaboré sur la base d'un diagnostic ou livre - blanc, effectué par un ensemble d'experts, d'opérateurs économiques et de cadres de l'administration et ce dans l'objectif de doter cette catégorie d'entreprises d'une réglementation distincte des autres entreprises de grande taille.

Les objectifs fondamentaux que se propose cette charte visent à remédier aux déficiences dont souffre la PME/PMI par:

- La mise en place d'un cadre institutionnel de promotion et de soutien propre à ces entreprises;

- des mesures d'encouragement à la création et au développement ;

- des mesures d'incitation fiscale à la modernisation et au renforcement des structures de ces entreprises.

Section 3: Environnement industriel favorable à la PMI.

La notion d'environnement industriel englobe un certain nombre de facteurs qui conditionnent la réussite d'une entreprise dans un espace déterminé et qu'il est difficile de cerner de façon exhaustive.

Les auteurs de l'étude sur les zones industrielles entreprises en 1979 avancent que l'entreprise doit disposer 1 :

- De liaisons instantanées avec le monde extérieur(tel, fax...

- Des transports efficaces pour les marchandises et le personnel extérieur.

- De conditions d'approvisionnement en énergie et en eau

- D'un réseau bancaire adapté aux besoins et aux habitudes de l'industriel.

-De possibilités d'effectuer sur place l'ensemble des formalités administratives

auxquelles les entreprises sont soumises.

- De possibilités de recrutement de personnel qualifié.

- De possibilité de s'approvisionner sur place en fournitures industrielles, pièces de

rechange, etc.

(1) GROUPE DE HUIT / ODI: Les zones industrielles au Maroc, 1979, p C73.

30

- De moyens rapides pour dépanner, réparer, entretenir ses équipements... etc.

Toutefois dans le cadre de cette section, nous nous limiterons à l'étude des efforts déployés par les pouvoirs publics marocains dans le domaine d'aménagement industriel pour mettre à la disposition des investisseurs et plus particulièrement des PMI une infrastructure d'accueil qui leur soit favorable. Il s'agit, en l'occurrence, du

programme national des zones industrielles (Paragraphe 1) des zones d'activités
économiques (Paragraphe 2) et du programme des pépinières d'entreprises (Paragraphe 3).

Paragraphe 1: LE PNAZI: Volonté de l'Etat de régionaliser le développement industriel.

Le programme national des zones industrielles qui est l'aboutissement d'une étude entreprise par l'ODI en 1979, répond à un triple souci des pouvoirs publics1 :

- Aménager des zones d'accueil pour les industries dont l'implantation n'est pas liée à un site spécifique (donc notamment les PMI).

- Coordonner les actions d'aménagement industriel, jusque là engagées dans quelques villes en harmonisant des procédures souvent disparates.

- Favoriser la décentralisation industrielle.

Selon le professeur F. SEFRIOUI, la question des zones industrielles se situe à un niveau charnière entre deux ordres de préoccupations 2 :

- Le premier s'inscrit dans le cadre de l'aménagement de territoire et pose le problème fondamental de la localisation au niveau des ensembles régionaux.

- Le second intéresse un cadre spatial plus restreint et pose le problème de l'organisation de l'espace urbain et par voie de conséquence celui de la planification urbaine.

Ainsi conçue ajoute le même auteur " la zone industrielle se présente comme étant un outil privilégié de planification économique et spatiale et ce à différents échelons: National, régional et local. Elle est conçue pour servir essentiellement de support au déploiement des PMI "1 .

Le PNAZI avait démarré avec la sélection de 22 villes considérées comme potentiellement industrielles et présentant le plus d'atouts pour attirer l'investissement industriel.

Cependant, et suite à plusieurs réclamations émanant des collectivités locales, d'autres zones ont été projetées dans différentes villes du pays.

Le nombre total de zones industrielles recensées en l'an 2000 est de 70 zones dont 36 aménagées et 34 en cours d'aménagement correspondant ainsi à une assiette foncière totale de 3098 ha dont 1535 ha aménagés.

( 1) GROUPE DE HUIT / ODI: Les zones industrielles au Maroc, 1979, p C73.

( 2) SEFRIOUI ( F) : Shéma national d'aménagement du territoire, Dossier sectoriel Industrie, Octobre 1991, p 56. (1) SEFRIOUI (F) : Shéma national d'aménagement du territoire, Dossier sectoriel Industrie, Octobre 1991, p 56.

31

Le tableau suivant fait ressortir la situation du programme des zones industrielles au 30 Juin 2000.

Tableau n°/3 : Situation des zones industrielles au Maroc au 30/06/2000

Paramètres

zones

aménagées

zones en cours
d'aménagement

total
général

Nombre de zone

36

34

70

Superficie

1535

1563

3098

Nombre total e lots

4878

5314

10192

Nombre de lots attribués

4319

3330

7649

Nombre de lots disponibles

559

1984

2543

Unités en production

1460

315

1775

Unités en construction

936

312

1248

Taux d'attribution

88,54

62,66

75,05

Taux de valorisation

49,12

11,80

29,66

Source : Ministère de l'Industrie et du Commerce.Rabat 2000.

Bien que ce programme ait permis un développement fort appréciable du secteur industriel, plusieurs lacunes ont été constatées lors de la réalisation de ce programme, notamment:

- Les zones industrielles, à de rares exceptions, sont plutôt des lotissements industriels et ne disposent pas de services de maintenance, de gestion ou de facilités au bon fonctionnement des unités installées.

- L'offre en bâtiments prêts à porter est pratiquement inexistante.

- La lourdeur des procédures administratives pour mobiliser les moyens de réalisation de ces zones a engendré des retards considérables entre l'attribution des lots et la mise à disposition des terrains équipés. Il s'en est suivi des opérations de revente qui ont engendré un mouvement spéculatif sur ses terrains.

- La presque totalité des zones actuelles a été le fait du secteur public dont la mission s'est limitée à l'aménagement des zones et leur commercialisation.

- L'absence d'une vision stratégique en matière de planification industrielle et de planification territoriale.

- Le recours à une multitude d'aménageurs sans cohésion entre eux.

- L'absence de capacité de développement et d'organisation en matière de zones industrielles ( ERAC, SNEC, ANHI, Collectivités locales.

- Existence de goulots d'étranglements de type administratif au niveau des différentes étapes de réalisation des zones ( localisation, acquisition des terrains, approbation des zones, allocation et affectation des lots, etc..

- Démission des collectivités locales dans leur rôle d'entretien et de maintenance des équipements dans les zones industrielles, etc..

Compte tenu de ce qui précède et face aux contraintes budgétaires, à l'épuisement des réserves foncières et à la mouvance libérale actuelle, il est devenu difficile pour l'Etat de continuer à jouer ce rôle d'aménageur. C'est pourquoi les autorités marocaines ont adopté le principe de faire participer le secteur privé dans les activités d'aménagement, de promotion et de gestion de ce qu'est désormais appelé « parcs

32

industriels »* . Le principe adopté dans la réalisation de ces structures est "la mise en place d'un cadre de partenariat entre l'administration et le secteur privé favorisant le partage des responsabilités et la promotion de l'initiative privée "1.

Les engagements des «développeurs» privés incluent en plus de l'aménagement du parc industriel, la mise en place de structures performantes capables de mener une action promotionnelle soutenue pour attirer rapidement des investisseurs vers ces parcs, en leur assurant l'assistance nécessaire pour leur installation.

Pour sa part, l'Etat s'engage dans la réalisation de parcs industriels à:

* Aider les «développeurs» privés dans l'acquisition des terrains à des conditions avantageuses;

* Faciliter la tache aux «développeurs» privés pour mener à bien la concrétisation de ce projet;

* Contribuer à la mise en place des équipements hors site nécessaires aux branchements des parcs aux infrastructures énergie, d'eau et d'assainissement.

Par ailleurs, il a été décidé de lancer un programme de réhabilitation et de mise à niveau des zones industrielles existantes et ce, en vue de les ériger en zones modernes répondant aux normes internationales.

Paragraphe 2: Les zones d'activités économiques ou l'implication des collectivités locales dans la promotion des PMI.

Lancé en 1989, le programme de création des zones d'activités économiques, à travers le Royaume, vise à renforcer le rôle entrepris par les collectivités locales en matière de développement économique et social.

Il vise également l'amélioration du système incitatif des investissements, la création d'un plus grand nombre d'emplois et la promotion au niveau local, de nouveaux pôles de développement favorisant la correction des inégalités et des déséquilibres régionaux.

Ce projet fournit donc aux collectivités locales la " double occasion de réaliser des opérations nouvelles d'investissement en mobilisant les potentialités économiques locales et d'animer les actions de développement économique et social conformément à l'esprit de l'article 30 du dahir de 30 Septembre 1976 relatif à l'organisation communale "1 .

La notion des zones d'activités économiques concerne aussi bien les secteurs de la petite, moyenne et grande industrie que les secteurs de l'artisanat, du commerce, du tourisme et des services. Ce programme comporte 1028 zones d'une superficie totale de 34.379, 9 ha dont 2 :

* Un parc industriel est un espace planifié en fonction des besoins de développement industriels et des besoins exprimés par les investisseurs potentiels. Il consiste à mettre à la disposition des investisseurs des lots dotés de tous les équipements nécessaires pour l'installation et le fonctionnement des unités industrielles en particulier: l'énergie, l'eau, l'assainissement, les voiries et les télécommunications, des bâtiments prêts à l'emploi, ainsi qu'un ensemble de services d'accompagnement.

(1) Ministère de l'industrie, du commerce et de l'artisanat: " les parcs industriels " Rabat, Octobre 1996, p:1.

(1) Circulaire n°24 du 13 Mars 1989 du Ministère de l'intérieur aux Walis et Gouverneurs relative au programme de création des zones d'activités économiques à travers le Royaume.

(2) OURKIA (B): Le rôle des colléctivités locales dans l'aménagement des zones industrielles, DESAU, INAU 1993, p 119.

33

- 97 zones achevées, d'une superficie d'environ 2650,2 ha dont 56 intéressent le secteur industriel.

- 103 en cours de réalisation d'une superficie de 2080,7 ha dont 45 intéressent l'industrie. Les collectivités locales participent avec 7044,9 ha soit 20,50% du total du programme

Paragraphe 3: Les pépinières d'entreprises: du partenariat en faveur des jeunes promoteurs.

Les pépinières d'entreprises sont de nouvelles structures d'accueil récemment expérimentées au Maroc. Pour bien cerner cette notion nous allons voir dans un premier temps l'origine, la définition et les fonctions de ces pépinières d'entreprises (3-1) avant d'examiner dans un second temps les grandes lignes du programme mis en oeuvre au Maroc (3-2 ).

3-1) Origine, définition et fonctions des pépinières d'entreprises.

Sur les origines du concept " pépinières d'entreprises " ou " incubateurs"* M. Said Hinti rapporte que ce terme " passe pour être inventé en 1959 aux USA par J.L.MANCOSO alors qu'il venait d'aménager un site industriel désaffecté dans la ville de Batavia (Etat de New York) pour en faire un centre d'entreprises, recevoir son premier locataire. A un moment de dure récession pour les Etats de Nord-Est, cet homme d'affaires souhaitait susciter et préserver des activités et des emplois sur place par l'octroi à de nouveaux entrepreneurs de facilités d'installation, de crédits et de services de conseil. Cette expérience qui fût généralisée à cette époque fit, en effet, le pari de l'entrepreneuriat et se dota d'incubateurs pour favoriser la réussite de nouvelles entreprises en amenuisant les obstacles liés à leur démarrage. "1

L'ampleur du phénomène des pépinières dans le monde est donc liée à la crise de l'emploi. Elle constitue une réponse fondée sur la capacité des pépinières à favoriser la création d'entreprises et particulièrement les petites qui sont les plus aptes à créer de nouveaux emplois.

Mais qu'est ce qu'une pépinière?

Une pépinière est le « lieu où l'on cultive de jeunes plantes destinées à être transplantées » (voir le Robert).

Par analogie, dans le domaine économique, une " pépinière d'entreprise est une structure d'accueil proposant des locaux, des aides et des services adaptés aux besoins spécifiques des entreprises nouvellement créées "2 . Elle est présentée donc comme un lieu d'accueil temporaire pour porteurs de projets et jeunes créateurs d'entreprises. Elle a pour objectif de renforcer les chances de succès et de développement d'une jeune entreprise

(1) Hinti ( Said): Les dynamiques économiques des collectivités locales, opp cité, p:80.

* Différentes expressions sont utilisées pour désigner les pépinières d'entreprises parmi lesquelles le terme " incubateur" est le plus répondu, mais aussi d'autres faisant référence soit à la biologie soit à l'enfance comme " nurseries, crèches, pouponnières, couveuses, maternités d'entreprises " ou d'autres évoquant la localisation passagère " ateliers relais, Hôtels d'entreprises, centres d'appui...".

(2) Benko ( Georges B) : Géographie des technopoles, opp, cité, p: 185.

La pépinière d'entreprises présente quatre caractéristiques principales1 :

1---Une offre immobilière: locaux modulables, extensibles pour une location d'une durée limitée à des prix inférieurs aux coûts de marché libre;

2--- Des services et des équipements communs à l'ensemble des promoteurs ce qui entraînera la diminution des coûts de fonctionnement. Ils concernent en général les fonctions administratives (Secrétariat, tel...);

3--- Des conseils aux entreprises en matière de gestion, de marketing de comptabilité, de recherche, de transfert de technologie ainsi que la mise en relation privilégiée avec les milieux d'affaires ou scientifiques;

4--- Un lieu d'échanges et d'animation inter-entreprises, soutien technique et moral pour le chef d'entreprise par une intégration aux réseaux professionnels.

3-2 - Présentation du programme des pépinières d'entreprises au Maroc 2 .

Dans le cadre de la mise en oeuvre du fonds pour la promotion de l'emploi des jeunes, le département chargé de l'Industrie a lancé en 1995 une opération de grande envergure visant la construction de locaux professionnels en partenariat avec les collectivités locales, dans les différentes régions du Maroc. Ce programme consiste à mettre en place des infrastructures appropriées à l'accueil des projets promus par des jeunes promoteurs et ce, sous forme:

- De locaux modulaires en location de préférence à l'enceinte d'une zone industrielle; - De cellules d'accueil d'assistance et d'accompagnement du jeune promoteur dans l'étude et dans les différentes démarches administratives et bancaires relatives à la création et au démarrage de son activité.

En fin d'année 1997, l'opération " Locaux professionnels" changea d'appellation et non de contenu. On parlera désormais de "pépinière d'entreprises ". La raison de ce changement est sans doute la volonté des responsables d'intégrer les locaux professionnels au sein d'un programme national plus ambitieux et aux grandes finalités et d'être dans le peloton des pays qui ont déjà pris conscience de la valeur qu'ont ces pépinières d'entreprises dans la création d'activités nouvelles et dans le développement des territoires.

Les bénéficiaires de ces infrastructures sont les jeunes de 20 à 45 ans notamment les diplômés à la recherche d'emploi, désireux de créer des entreprises individuelles, des sociétés de personnes ou des coopératives.

Le programme est réalisé dans le cadre de partenariat entre le Ministère du Commerce et de L'industrie, les collectivités locales et les chambres de commerce et de l'industrie. L'apport du partenaire local consiste à la mise à disposition du projet des terrains viabilisés sur lesquels seront construits les locaux. L'apport du Ministère comprendra aussi bien la réalisation de locaux que la mise en place de cellules d'accueil et d'assistance.

(1) Benko ( Georges B) : Géographie des technopoles, opp, cité, p: 185.

34

( 2) Ministère du Commerce et de l'Industrie: Le programme des locaux professionnels, Rabat 1995.

35

Soixante opérations sont programmées à travers les différentes régions du Royaume. Ce qui permettra la construction de 430 000m2 de locaux, la création de 4 000 micro et petites entreprises et l'emploi de près de 40 000 personnes selon les estimations des responsables de l'administration de l'Industrie.

La gestion de ces pépinières d'entreprises d'une superficie moyenne de 2 ha chacune, sera assurée par le partenaire au niveau local qui dans le cadre d'une convention avec le Ministère du Commerce, de l'industrie et de L'Artisanat s'engage à réserver les recettes de location à la maintenance et l'extension de ses pépinières d'entreprises.

L'investissement global nécessaire à la réalisation de ce programme est estimé à 600 millions de dhs dont le financement se présente comme suit:

- Fonds pour la promotion de l'emploi des jeunes : 160 millions dhs.

-Participation des collectivités locales et des chambres professionnelles: 160 M dhs. -Financement externe : 280 millions dhs.

Enfin la réalisation de ce programme permettra d'atteindre les objectifs

suivants:

- La facilitation aux jeunes promoteurs notamment aux diplômés, de l'acte de création d'entreprises et partant la contribution à la réduction du chômage.

-La diminution du taux de mortalité des entreprises créées par les jeunes par le suivi et l'assistance dont elles bénéficieront.

-La participation à l'émergence d'une nouvelle génération d'entrepreneurs et la dynamisation de l'action régionale.

S'agissant du bilan actuel de ce programme, 31 conventions ont été signées entre le Ministère du Commerce et de l'industrie et les partenaires locaux dont 4 opérations seulement sont achevées, 4 autres sont en cours de réalisation, 17 sont en cours de lancement et 6 opérations sont mises en veilleuse pour des raisons liées à la non mobilisation des fonds nécessaires à la viabilisation au niveau des partenaires locaux..

36

Evolution récente des outils d'aménagement industriel au Maroc.

Avant 1 9 8 0

Absence de planification de l'aménagement

industriel

1 9 8 0

Prise de conscience de la nécessité de planifier l'espace industriel

Programme national des zones industrielles (PNAZI).

Organismes d'intervention

- Caisse de dépôt et de gestion. - ERAC.

- Communes.

Etat Aménageur

Dispositifs juridiques et

institutionnels

- Comité interministériel d'orientation (Ministère de L'industrie, l'Intérieur, l'Habitat, Finances, Plan).

- Comité du suivi chargé de l'exécution

du programme ( Ministère de
l'Industrie, de l'Habitat, de l'Intérieur, ODI, CDG

- Cahier des charges et des normes techniques d'équipement

1 9 8 9

Lancement du programme national des zones d'activités économiques

Décennie 1 9 9 0

- Mise en place d'un système de concession au privé en vue d'aménager des zones industrielles ( parcs industriels).

- Réhabilitation des zones industrielles existantes.

- Programme national des pépinières d'entreprises. Intervenants

- Ministère de l'Industrie.

- Communes.

- Chambres de commerce, de l'industrie et des services. - Agence du Nord.

Dispositifs juridiques

- Fonds pour la promotion de l'emploi des jeunes (loi 13/94).

37

CONCLUSION :

La politique d'appui à la PMI date du début des années 70. Elle est présentée par les pouvoirs publics comme un instrument précieux de développement économique, de la cohésion sociale et de l'intégration régionale..

L'examen de cette politique montre que celle-ci est marquée par la progressivité mais aussi par l'hésitation. Elle est justifiée par des motivations d'ordre socio-économiques, financières et politiques. Mais aussi par des facteurs exogènes et la volonté des pouvoirs publics de mener une politique de décentralisation industrielle.

Toutefois, l'intervention de l'Etat dans ce domaine n'est pas fondée sur une vision doctrinale bien définie mais consiste en une sédimentation de mesures et pratiques qui concernent généralement trois grands volets:

- Une assistance financière et technique prise en charge par différents organismes d'appui et par les banques.

- Des incitations juridiques au niveau des codes d'investissements industriels et de la charte des investissements.

- La mise en place d'un environnement industriel favorable à la PMI notamment au niveau de l'aménagement des infrastructures d'accueil.

Il reste toutefois à savoir dans quelle est la portée réelle de cette politique au niveau de Meknès, notre aire d'étude ? Tel sera l'objet des développements qui vont suivre.

38

Partie 1

Contexte socio-économique et caractéristiques générales

des PMI à Meknès.

39

Introduction

L'analyse du sujet, objet de notre mémoire, repose sur le fait que le secteur des PMI est en même temps un tout et une partie. Un tout qu'il faut étudier dans ses rapports internes et les inter-relations qui caractérisent ses différentes composantes. Mais aussi une partie où l'étude doit porter sur ses interactions avec les autres branches économiques ; Ceci aussi bien sur le plan des activités que sur les plans social et spatial.

Pour ce faire, il est nécessaire au départ d'examiner dans un premier chapitre, le contexte socio-économique de la ville de Meknès dans ses différents aspects. Cela nous permettra de mettre en exergue les atouts et les potentialités que cette ville offre pour le développement de l'activité économique en général, de l'industrie et des PMI en particulier.

Un second chapitre sera réservé à l'étude des caractéristiques et du poids socio-économique des PMI à Meknès. Et ce, dans le but, bien entendu, de saisir les spécificités de ce secteur, mais aussi sa portée réelle et ses limites.

40

Chapitre 1er : Contexte socio-économique général de la ville de

Meknès

Ville impériale située à 140 Km de Rabat et capitale de la région Meknès-Tafilalt dont elle concentre l'essentiel des activités économiques, la ville de Meknès dispose de réels atouts liés à sa localisation et à la qualité de son site naturel. De même qu'elle dispose d'un patrimoine historique important, de potentialités économiques indéniables et surtout d'une structure socio-économique spécifique qui a connu plusieurs mutations en fonction de la croissance urbaine de cette agglomération.

L'étude du contexte socio-éconmique général, poursuit un double objectif : la définition de la zone d'étude à travers la présentation de ses aspects physiques, historiques et humains, et la mise en relief des potentialités que recèle la ville et sa région et ses capacités à accueillir les hommes et les activités économique et notamment celles ayant trait à l'activité industrielle.

A cet égard, nous aborderons dans un premier lieu les aspects historiques et l'évolution spatiale de la ville (section I). Il s'agira ensuite d'étudier les aspects géographiques, administratifs et démographique (section II) avant d'aborder dans un dernier lieu les aspects économiques de la ville et de sa région (section III).

Section I : Historique et évolution spatiale de la ville de Meknès 1 .

L'examen de l'historie aussi bien ancienne que récente de Meknès montre bien que la ville est marquée par un riche passé notamment sous le règne du sultan Moulay Ismail qui fit d'elle sa capitale politique (Paragraphe 1. La période coloniale a de son côté énormément marqué l'histoire et l'espace urbain de Mekhnès (parag2) qui apparaît actuellement comme une ville compartimentée, éclatée et à croissance spatiale modérée (parag3).

Paragraphe 1 : Meknès une ville marquée par un riche passé.

La ville de Meknès a pris naissance dans un milieu géographique très favorable à l'implantation humaine. Des conditions climatiques favorables et une relative abondance d'eau sur des terres fertiles sont à l'origine d'une occupation humaine forte ancienne. Ainsi, de multiples vestiges (ruines de volubilis) témoignent d'une influence romaine très importante dans la région.

La période de l'histoire pré-islamique du Maroc qui suit la chute de l'empire romain est mal connue, mais il est admis que vers 950 au moment où la dynastie des Idrissides va s'effondrer, une fraction des tribus berbères des Meknassas, originaires de Taza vint s'installer sur les bords de l'oued Boufkrane englobant les bourgs qui s'y étaient développés. Vers 1070, Ibn Tachfine, sultan Almoravide s'empara de Meknes et fit construire un bastion défensif de surveillance (actuelle mosquée Al-Bardain) ainsi qu'une Kasba sur le plateau. Cette forteresse était appuyée par une série d'édifices défensifs entourant la ville. La cité qui n'était jusque là qu'un bourg rural prend alors un visage véritablement urbain. Des marchands étrangers s'y établirent développant les échanges notamment avec l'Espagne musulmane (Andalousie).

(1) Pour l'évolution historique de Meknès, nous nous sommes inspirés du SDAU de 1992 et de la Monographie de la Wilaya de Meknès de 1998.

41

Autour de 1145, Abdelmoumen, fondateur de la dynastie Almohade, conquiert la ville, la rase et en bâtit une nouvelle très marquée par le style andalou et ceinturée par une muraille percée de six portes.

Sous les Mérinides, Meknes est devenue résidence des vizirs et redevint une cité florissante. Les sultans successifs s'employèrent à l'embellissement de la ville et y faire construire plusieurs réalisations prestigieuses : Kasbas, Medersas, mosquées, etc.

La période qui suivit fût marquée par de nombreux désordres liés aux avènements et destitutions de dynasties, entrecoupée de courtes séquences de prospérité.

Mais pendant longtemps Meknès est restée au stade d'une petite ville de relais vivant sous la suprématie commerciale et culturelle de la grande cité voisine, Fès.

Au début du 17éme siècle, Meknes connût un regain d'activité économique avec l'arrivée des Musulmans d'Espagne. La population de la ville qui comptait alors 30.000 à 35.000 habitants va pratiquement doubler et atteindre 60.000 lorsque Moulay Ismail décide d'en faire sa capitale politique.

L'avènement au pouvoir des Alaouites va en effet bouleverser la destinée de Meknès. Mais " le plus puissant et le plus magnifique de la famille fût le frère d'Er-Rachid, Moulay Ismail, dont toutes les sympathies se manifestèrent pour Meknes "1

A partir de son règne (1672), Moulay Ismail a, en effet, choisi Meknes comme capitale administrative de son empire.

Ce choix est dicté par des raisons militaires et stratégiques (position centrale de la ville à l'intersection des grands axes du Maroc) mais aussi par le climat favorable, l'abondance des eaux et la fertilité des terres. Sa situation au centre du pays était un " facteur important pour la conduite des opérations militaires qui étaient nombreuses. Elle commandait également les routes commerciales du sud"1 .

Sous le règne de Moulay Ismail, Meknes - ville impériale- connût la réalisation de grandioses travaux. Il fit élever des kilomètres de murailles et des bastions, des portes monumentales ainsi que des Kasbas et des arsenaux.

Le sultan décida de séparer nettement l'ancienne médina de la cité impériale qu'il faisait bâtir. Ceci a constitué la première coupure historique qui marque encore fortement l'espace urbain de cette ville.

Toutefois cet essor particulier ne dura que l'âge d'un règne.

En effet après la mort de Moulay Ismail, Meknès fût pillée par ceux là même qui étaient ses défenseurs, les gardes d' « Abid ». Rapidement, les sultans qui lui succédèrent, transférèrent leur résidence vers Fès ou Marrakech. Meknès fût alors reléguée ou rang de ville province et se replia sur ses compagnes dans la sphère hégémonique de Fès.

Cette décadence est confirmée par le premier recensement effectué au début du 20éme siècle estimant la population de Meknes à 56.000 contre 60.000 habitants au début du règne de Moulay Ismail.

( 1) Ramade- Kacimi : Meknès, cité historique. Ed, Sud, Casablanca, 1997.p:21.

(1 ) Pickens ( Samuel) et Saharoff ( Philippe): Villes impériales du Maroc, edition internationales, Paris 1990,p:109.

42

Paragraphe 2 : Meknès pendant la période coloniale.

En 1910, Meknès était toujours contenue à l'intérieur de sa ceinture de murailles et comprenait les même unités : Médina, Mellah et palais royal.

L'avènement du protectorat au Maroc allait bouleverser bien de choses. On a assisté tout d'abord au déplacement du siège de la capitale de Fès à Rabat, à la privatisation des terres et à la libéralisation des échanges et à leur concentration sur l'axe atlantique. Les conséquences de cette politique sont la rupture des équilibres régionaux et la provocation des mouvements migratoires.

Mais c'est paradoxalement l'instauration du protectorat qui donna à Meknes un regain d'activité. Etant donné la position stratégique de Meknes, les premières implantations coloniales sont évidemment d'ordre militaire. En effet, dès 1911, des camps militaires s'établirent sur la rive droite de l'Oued Boufekrane.

A partir de 1920, la ville nouvelle fût construite sur le plateau en face de la Médina. Cette séparation constitue une seconde rupture historique qu'a connue la ville de Meknes.

Alors que la ville nouvelle (Hamria) connaissait un véritable rayonnement en tant que capitale régionale des colons, la médina se densifiait et des embryons de quartiers se développaient de manière anarchique (actuels Sbata, Beni-M'hamed et Zitoune).

Pour pouvoir intégrer les afflux des populations, une première phase d'extension du Mellah a été réalisée et une seconde celle des quartiers Dar Lekbira et Sidi Amar.

Avec la création d'un quartier industriel au centre de la ville européenne (quartier industriel Ain Slougui) s'est crée également l'embryon de Borj Moulay Omar.

Peu à peu, d'autres bidonvilles se sont créés dans la périphérie, composés pour la plupart des ruraux attirés par l'espoir de trouver un travail dans l'industrie.

Paragraphe 3 : Meknes depuis l'indépendance.

Après l'indépendance, alors que Fès réapparaît comme l'un des pôles principaux du Royaume, Meknes connaît une certaine récession économique. L'industrie basée sur les ressources agro-alimentaires connaît des difficultés et n'arrive pas à s'adapter à la demande internationale. De plus le quartier industriel paraît réellement étouffé, encerclé par la ville, sauf à l'Est.

En matière d'aménagement industriel, comme nous allons le voir plus loin, Meknes est le parent pauvre des villes marocaines dans ce domaine indispensable pour accueillir des investissements.

Sur le plan spatial, Meknes apparaît actuellement comme une ville compartimentée en raison d'importantes contraintes liées tant à la topographie qu'a l'histoire même de la ville.

La ville est elle-même scindée en deux ensembles distincts de part et d'autre de la vallée de l'Oued Boufkrane. Cette vallée sépare en effet deux formes urbaines différenciées : l'une ancienne avec un système urbain de type Médina, l'autre nouvelle planifiée selon les règles d'un urbanisme contemporain.

La croissance urbaine de Meknes se caractérise en général par deux formes différenciées :

-Une urbanisation suivant les grands axes de pénétration (routes de Fès, Rabat, El Hajeb Et Moulay Driss).

-Un remplissage progressif des espaces urbains à partir des quartiers d'habitat ancien (Borj.My.Omar, Sidi BABA ...) et de zones d'activités récentes, (Sefita, Cadem, Sidi Bouzkri)

S'agissant de la consommation de l'espace au niveau urbain, elle est plutôt de type modéré. En effet l'étude du mode d'occupation du sol et de son évolution effectuée dans le cadre de la préparation du SDAU de la ville montre que le taux moyen

annuel de croissance est de 2,2% entre 1971 et 1991, les surfaces urbanisées se sont accrues moins vite que la population (+ 2,5%) durant la même période 1 .

Les superficies consommées par l'habitat ont augmenté également. De 336 ha en 1971, elles sont passées à 1050 ha en 1991, soit un taux de croissance de +1,9 % en moyenne annuelle. Quant au rythme de croissance des zones industrielles, il a été soutenu (+3,5%) par an. De 135 ha en 1971, la superficie totale de ces terrains est passée à 252 has. Toutefois, ce taux est insuffisant pour faire face à la demande en terrains équipés 2 .

Le tableau suivant donne l'évolution de l'occupation des sols à Meknes de 1971 à 1991.

Tableau n°4: Evolution du mode d'occupation des sols à Meknes de 1971 à 1991

Mode d'occupation
du sol

Surface en 1971
( en ha)

Surface en 1991
( en ha)

Taux moyen
annuel de
croissance en %

Habitat

714

1050

+ 1,9

Zones industrielles

135

252

+ 3,1

Equipement

503

826

+2,5

Cimetières

67

100

+ 2,0

Palais royal

60

60

+ 0,0

Total zone urbanisée

1.412

1.188

+2,2

Périmètre urbain

7.880

7.880

-

Source : SDAU Meknes. Rapport Diagnostic 1992

Figure N°1: Evolution spatiale de la ville de Meknès.

(1)

43

SDAU de Meknès: Rapport objectifs et orientations. Année 1995, page: 9.

(2) Idem.

Section II : Aspects géographiques, administratifs et démographique. Paragraphe 1 : Aspects géographiques morphologiques et hydriques.

Bâtie à l'extrémité Nord de la plaine de Sais, la ville de Meknès se situe au coeur de la zone de contact entre le Rif et le moyen Atlas occidental.

Située au carrefour des routes Gharb - Fès - oriental et Tanger - Errachidia, la ville de Meknes jouit en outre de conditions climatiques favorables et des terres fertiles.

La ville s'étend sur un plateau dont la pente générale moyenne de 2 % est orientée Sud - Est / Nord - Ouest et dont l'altitude varie entre 620 m et 450 m (voir carte 1).

D'un point de vue géomorphologique, la région de Meknes présente trois ensembles successifs du Nord au Sud : Une zone collinaire, une pénéplaine fertile puis un relief accidenté aux sols généralement pauvres.

Sur le plan géologique, le plateau de Meknes - Sais se caractérise par une base marneuse sur laquelle se sont déposées des couches sédimentaires successives. La présence de dépôts sablo -gréseux puis calcaire traduit une sédimentation continentale pliocène.

S'agissant des données hydrologiques, trois oueds traversent la ville et font partie du bassin versant de l'oued R'dom lui-même affluent de l'oued Sebou, il s'agit de :

- Oued Boufkrane dont le cours encaissé et sinueux donne son caractère au site urbain de Meknes en séparant par une coulée verte, les deux plateaux sur lesquels est bâtie la ville. Son débit varie de 200 à 250 l/s selon la saison.

- Oued Bouishak à l'Ouest de la ville. Peu encaissé en amont, il ne le devient vraiment qu'à partir de la traversée de la route de Rabat. Avant de rejoindre Boufekrane au Nord de Sidi Baba, il reçoit 3 affluents : Oued krimal, Oudia, et Jnane El .Afia . Son débit d'étiage en amont et très faible : 1 l/s.

- Oued ouislam à l'Est de la ville : très encaissé. Il prend sa source au sud -Est de Boufkrane. Il connaît le plus fort débit des Oueds Meknassis et varie entre 300 et 400 l/s.

En plus de ces Oueds, les ressources hydriques proviennent aussi de la nappe phréatique située à une profondeur moyenne comprise entre 10 et 30 mètres.

44

Carte n°1: Relief de la région de Meknès.

La pluviométrie annuelle à Meknes oscille entre 400 mm et 700 mm. Quant à la température annuelle moyenne, elle est de 17,3°c. Cette abondance relative de l'eau, fait que l'on qualifie la région de Meknes de « château d'eau du Maroc ».

De façon générale les conditions topographiques à Meknes sont favorables à l'urbanisation et ne présentent pas d'handicaps particuliers.

Paragraphe 2 : Aspects administratifs.

Jusqu'en 1991, Meknes était le siége de la province qui porte le même nom La province de Meknes comptait alors une municipalité et deux cercles (El-hajeb et Meknes banlieue). Le cercle d'El-hajeb, partie sud de la province était constitué d'un centre autonome (El-hajeb) et de cinq communes rurales. Le cercle de Meknes banlieue occupant la partie Nord de la province abritait un centre autonome (My Driss Zerhoun) ainsi que huit communes rurales et cinq centres parmi lesquels Toulal et Douar Soussi.

Devant les difficultés d'ordre administratif, de coordination et de gestion et face au poids croissant de la municipalité de Meknes, il a été décidé un redécoupage de la province de Meknes intervenu par décret n° 2.91.90 du 1er janvier 1991. Ce nouveau découpage a scindé en deux l'ancienne province en créant :

-La province d'El Hajeb correspondant à l'ancien cercle.

-La Wilaya de Meknes qui comprend la Municipalité ainsi que l'ancien cercle de Meknes banlieue.

Par le même décret la Wilaya de Meknes est subdivisée en deux préfectures: Al Ismaïlia à l'Ouest et El Menzeh à l'Est dont la limite suit le tracé de l'Oued Boufekrane. Cette coupure administrative confirme la coupure historique entre la ville ancienne et la ville nouvelle et renforce le caractère bipolaire de la ville.

Par ailleurs le décret n° 2.92.468 du 30 Juin 1992 a subdivisé le périmètre urbain en quatre communes urbaines ; avant qu'un autre découpage n'intervienne pour instituer 8 communes urbaines dont 6 constituent l'agglomération de Meknes. Quatre dans la préfecture Al.Ismailia : Al.Ismailia - El-Mechouar - Maknassat Azzaitoune et Toutal. Deux autres dans la préfecture El-Menzeh :Hamria et Hay Ouislane (ex-Douar soussi ).

L'ensemble de ces communes urbaines forme la communauté urbaine de Meknes notre aire d'étude. ( voir carte administrative de la wilaya de Meknes.

45

Figure n°2: Meknès une ville scindée en deux.

Carte n°2: Découpage administratif de Meknès.

46

Tableau n°5: Découpage administratif de la Wilaya de Meknes.

Désignation

Cercles

Communes

Douars

Urbaines

Rurales

Meknès El Menzeh

2

4

11

192

Al-Ismailia

1

4

6

83

El-Hajeb

3

4

12

167

Total

6

12

29

442

Source : Monographie Wilaya de Meknes. 1998

Paragraphe 3 : Aspects démographiques : Structure et évolution de la population de Meknes.

3-1- Structure de la population de Meknes

La structure d'une population indique sa composition eu égard à certaines caractéristiques qui peuvent être de nature démographique (sexe, age ....) économique (branches d'activités ....) ou culturelle (niveau d'instruction ..) Les diverses structures traduisent ainsi l'état de la population à un moment donné de son évolution.

Dans l'ensemble, les structures de la population de Meknes s'apparentent à celles observées au niveau national et à celles des pays en voie de développement de façon générale.

3- 1- 1- Population et ménages

La ville de Meknes compte selon le RGPH de 1994 une population de 443.214 habitants et 85.739 ménages.

Le tableau ci-dessous fait ressortir la répartition de la population et des ménages suivant les communes urbaines de l'agglomération de Meknes.

47

Tableau n°6: Répartition de la population et des ménages à Meknes.

Communes

Population

Ménages

Surface( en ha)

Hamria

142.786

27.537

4.065

Ouislane

28.694

5.117

1.100

Total Préfecture

292.863

53.261

5.165

El Menzeh

(58,55 %)

(61,30 % )

( 52,10 %)

Al Ismailia

117.989

23.337

1.342

El Menzeh

44.932

9.261

479

Maknassate

96.145

18.113

1414

Azaitoune

 
 
 

Total Préfecture

314.680

59.501

4.735

Al Ismailia

(85,82%)

(89,21%)

(47,9%)

Total

443.214

85.738

9.900

Agglomération

(100%)

(100%)

(100%)

Sources : - RGPH.H .1994

- SDAU de Meknès. Rapport objectifs et orientations 1995.

48

La population de l'agglomération de Meknes représente environ 73% de l'ensemble de la population des deux préfectures AL Ismaïlia et Meknes El- Menzeh et 76,03% des ménages de ces deux préfectures.

Sur le plan régional, la ville de Meknes représente 23,28% de la population de la région Meknes -Tafilalt et 46,9 % de sa population urbaine.

Sur le plan national, Meknes représente environ 1,7 % de la population total du Maroc et est considérée parmi les grandes villes du Royaume.

S'agissant de la taille moyenne des ménages au niveau de la ville de Meknes, elle est de l'ordre de 5,17 personnes par ménage. La moyenne nationale étant égale à 5,85 personnes par ménage.

3- 1- 2- Structure par sexe et par age :

La composition par sexe est appréhendée par le biais du rapport de masculinité qui est le rapport entre l'effectif masculin et l'effectif féminin.

Pour la population de Meknes, ce rapport de situe aux environs de l'unité. C'est à dire qu'il y a autant d'individus de sexe masculin que de sexe féminin Concernant la répartition de la population par age, Meknes, à l'image de l'ensemble du Royaume, se caractérise par la jeunesse de sa population. En effet 30,7 % de la population ont moins de 15 ans à Al.Ismailia et 33,2 % à Meknes El- Menzeh ; contre 37 % au niveau national.

Par contre 7,6 % et 6,7 % de la population respectivement à Al Ismaïlia et el Menzeh sont âgés de 60 ans et plus. La moyenne nationale pour cette tranche d'age se situe à 6,8 %

Quant à la population en age d'activité (15-59 ans), elle représente 61,7 % à Al.Ismalia contre 60,2 % à Meknes El Menzeh. Ce taux est de 56,2% au niveau national.

Le Tableau suivant fait ressortir la répartition de la population de Meknes par sexe et par groupe age.

Tableau n°7 : Structure de la population de Meknes par sexe et par groupes d'age

Préfectures

Masculin

Féminin

Total

- 15 ans

15-59 ans

60 ans et plus

Meknès El

Menzeh

146.780

145.900

292.680

33,20

60,10

6,70

Al-Ismailia

159.149

155.714

314.863

30,70

61,70

7,60

Total

305.929

301.614

607.543

-

-

-

Sources : - R.G.P.H 1994.

- CERED : Situation démographique et socio - économique des provinces et préfectures du Royaume. Rabat - 1997

3- 1- 3 Structure de la population active.

La population active comprend l'ensemble des personnes occupées et les personnes en chômage. En d'autres termes, elle est constituée des personnes effectivement employées et celles qui sont à la recherche d'un emploi.

Le recensement de 1994 estime à 32,9% et 34,0 % les taux d'activité respectivement dans les préfectures d'El.Menzeh et Al Ismalia. Ces taux légèrement supérieurs au niveau national (32 %) sont toutefois loin des taux enregistrés au niveau de certaines villes du Maroc. C'est le cas par exemple de Casablanca avec un taux maximum de 44,8 %, de Rabat avec 42,7 %, de Marrakech avec 40,1% ou encore de Fès avec 36%.

49

Quant au taux de chômage, il est respectivement de 20,3% et 20,4% à Al Ismaïlia et El Menzeh contre seulement 16 % au niveau national

Ces taux apparemment élevés ne sont tout de même pas les plus importants au Maroc puisqu'on a enregistré 30,3% à Oujda, 26,4% à Nador et Khouribga mais seulement 9,3% à El Jadida et 13,6% à Fès.

Le tableau ci-après montre la structure de la population de Meknes selon le type d'activité

Tableau n°8:Structure de la population par type d'activité

Eléments

Meknès El
Menzeh

Al-Ismailia

Total

%

Ensemble des

actifs

31.980

13.070

45.050

31,52

- Actifs occupés

27.440

11.880

39.320

27,51

- Chômeurs 1

3.040

860

3.900

2,73

Ensemble

70.460

27.340

97.800

68,44

Inactifs

 
 
 
 

Non déclarés

40

-

40

0,02

Total

102.480

40.410

142.890

100

Source :CERED : Caractéristique démographique et Socio-économique des préfectures et provinces du Royaume. Rabat 1997.

Paragraphe 2 : Evolution et projection de la population de Meknes. 2-1- Evolution passée :

L'évolution de la population de la ville de Meknes a subi de profondes modifications en quelques générations. Le taux de croissance qui était supérieur à 4% par an avant 1960 est tombé à 3,23 % durant la période inter-censitaire 71-60, puis à 2,58 % entre 71 et 82 et à 2,69 % entre 82 et 94.

Cette baisse quoi que modeste, va à l'encontre de l'évolution générale des grandes villes du Maroc.

Le part revenant à l'accroissement naturel est de loin la plus importante (75%) alors que l'accroissement migratoire se situe aux alentours de 18.000 personnes pour chaque période inter-censitaire1 .

Le tableau suivant présente les grandes tendances de l'évolution passée de la population de l'agglomération de Meknes depuis 1960.

Tableau n°9 : Taux moyen annuel de la croissance démographique de la ville de Meknes.

Année

Population

Taux moyen de la croissance démographique

1960

175.945

 
 
 

3,23

1971

248.369

 
 
 

2,58

1982

319.800

 
 
 

2,69

(1) SDAU de Meknès: Analyse diagnostic.1992, p:4.

1994

443.214

Source : R.G.P.H (60,71,82,94)

50

Figure N°3 : croissance démographique de la ville de Meknes

450000

400000

350000

300000

250000

200000

150000

100000

50000

0

1960 1971 1982 1994

Années

2- 2- Projections futures :

Pour faire les projections de la population de Meknes nous nous sommes basés sur les travaux du CERED, qui donnent pour les deux préfectures de Meknes El-Menzeh et Al Ismaïlia 724.000 habitants en L'an 2010.

La projection retenue est de type moyen qui semble aller dans le sens de l'évolution observée au cours de ces dernières années.

Tableau n°10 : Evolution de la population totale des préfectures de la wilaya de Meknès. (en
milliers et au milieu de l'année)

Préfectures

1994

2000

2001

2002

2003

2004

2005

2006

2007

2008

2009

2010

Al-Ismailia

313

340

344

348

352

356

360

363

366

369

372

375

M.El Menzeh

292

316

320

324

328

331

334

337

340

343

346

349

51

Total

605

656

664

672

680

687

694

700

706

712

718

724

Source : CERED: Situation et prospectives démographiques du Maroc. Rabat 97

Les projections faites par l'étude du SDAU, concernant la population de l'agglomération de Meknes estiment celle-ci à 600.000 habitants à l'horizon 2012 suivant L'hypothèse basse (+1,6%) et à 670.000 suivant l'hypothèse hausse 2,5%.

Section III : L'analyse des activités économiques

L'économie de la ville de Meknes, et de sa région repose sur l'imbrication de plusieurs secteurs d'activité dont principalement le secteur agricole, l'industrie, le tourisme, L'artisanat et le commerce.

Paragraphe 1 : Des potentialités agricoles importantes.

L'agriculture est considérée comme le secteur clé de l'activité économique dans le la wilaya de Meknes. Non seulement elle occupe 1/3 de la population active, mais elle alimente aussi les autres secteurs d'activités en matières premières nécessaires à leur fonctionnement. C'est le cas en particulier du secteur de l'agro-industrie relativement prédominant dans la région.

1- 1- Structure foncière et mise en valeur agricole du sol

La surface agricole utile de la Wilaya de Meknes est estimée à 278.000 ha soit 71% de la superficie totale. Celle ci n'est que marginalement irriguée (6%).

Cependant, les caractéristiques géographiques du sol ainsi que les conditions climatiques favorables permettent une agriculture bour d'une productivité élevée. L'irrigué malgré sa faible part de la SAU connaît une mise en valeur intensive, largement orientée vers le maraîchage et l'arboriculture.

Le tableau suivant indique la répartition des terres de la Wilaya de Meknes.

Tableau n°11: Répartition des terres de la Wilaya de Meknes.

Eléments

Superficie

% Total

% SAU

Bour

261.636

67

94

Irrigué

16.564

4

6

SAU.Total

278.200

71

100

Parcours

45.500

12

 

Foret

34.000

9

 

Incultes

31.350

8

 

Total

389.050

100

 

Source : DPA de Meknes

La structure foncière de la Wilaya est extrêmement contrastée. En effet 80% des exploitations ont une superficie inférieure à 5 ha

Dans la région coexistent donc un petit nombre de très grandes propriétés et une multitude de micro-exploitations. Cette dualité se retrouve également au niveau de la mise en valeur agricole : tandis que les grandes propriétés sont très mécanisées et connaissent des pratiques culturales modernes, les petites exploitations font l'objet d'une mise en valeur plus traditionnelle et moins productive.

1- 2- Occupation du sol.

52

La zone de Meknes, est en grande partie spécialisée dans la céréaliculture qui occupe presque la moitié de la SAU, les légumineuses viennent en seconde position avec 45.000 ha, suivis de l'arboriculture où domine l'olivier (15.000 has) à égalité avec la vigne.

Enfin le maraîchage en zones irriguées (13.000 has) qui demeure une activité fortement rémunératrice et particulièrement utile pour l'approvisionnement en fruits et légumes des zones urbaines.

Tableau n°12. : Occupation du sol agricole.

Types de cultures

Superficies (en ha)

% de la SAU

Céréales

137.000

49,24

Légumineuses

45.000

16,65

Maraîchères

13.000

4,81

Fourragères

17.000

6,30

Industrielles

20.600

7,62

Autres

37.600

13,98

Total

278.200

100

Source : D.P.A : de Meknes

Dans la ville de Meknes, l'aspect le plus remarquable de l'agriculture réside dans l'existence d'un certain nombre de zones irriguées par l'épandage des eaux usées. Une activité essentiellement maraîchère s'est alors développée dans chacun des trois bassins des Oueds de Meknes.

1- 3- Le secteur de l'élevage

L'élevage occupe une place secondaire dans la Wilaya de Meknes. Selon les statistiques fournies par la DPA de Meknes, il a été constaté une prédominance de l'élevage des ovins au détriment des autres espèces. Le nombre de têtes des ovins est estimé à 468.000 têtes en 1999 contre 54.000 têtes pour les bovins et 21.000 têtes, pour les caprins.

Paragraphe 2 : Les secteurs de l'artisanat, du tourisme et du commerce

2- 1- L'artisanat

L'artisanat constitue un secteur vital de l'économie urbaine de la ville de Meknes tant par l'importance de la population qui vit de cette activité que par sa contribution effective à la production au niveau de la ville.

Ce secteur constitue en effet une source de revenus pour plus 24.200 artisans, répartis selon les secteurs d'activité comme suit :

Tableau n°13 : Répartition des Artisans de Meknes par secteur. Année 1999.

Désignation

Nombre d'artisans

%

Bois

1827

7,54

Textile

8.144

33,61

Métaux

1.535

6,35

Cuir

1.182

4,90

Céramique

458

1,90

Services

8.317

34,30

Travaux construction

1.611

6,65

Autres

1.156

4,90

Total

24.230

100

53

Source : Délégation de l'Artisanat - Meknes

Les autres indicateurs du secteur artisanal durant 1998 au niveau de Meknes se présentent comme suit :

* Valeur des exportations (en dhs) = 8.570.807

* Crédits octroyés aux artisans :

- Nombre bénéficiaires : 173

- Montants (en 103 dhs) = 1.973.

S'agissant de la localisation des unités, l'artisanat utilitaire et d'art sont essentiellement concentrés dans la médina et ses abords, alors que l'artisanat de service est largement dispersé sur la ville.

Le secteur d'artisanat à Mekhnès est confronté à de nombreux problèmes dont notamment :

* L'intensification de la concurrence tant sur les marchés intérieurs qu'extérieurs.

* La rigidité du mode de production qui offre peu d'espace à des améliorations

technologiques permettant d'accroître la productivité et d'améliorer la qualité.

* Problème de qualification de main d'oeuvre ...etc.
2-2: Le tourisme : Un secteur mal valorisé.

La ville de Meknes, une des quatre villes impériales du Royaume dispose d'un patrimoine important. Elle est surtout connue pour ses murailles, et en raison de la qualité de son patrimoine architectural et urbain. Les restes de la cité bâtie par Moulay Ismail constituent en effet un ensemble architectural unique dans le Royaume.

En dépit de la richesse de son patrimoine, L'activité touristique à Mekhnès reste très peu diversifiée et ses potentialités mal valorisées. La destination de Meknes au Maroc n'est proposée que dans le cadre de deux circuits : celui des « villes impériales » et le « grand tour du Maroc.

La place de Meknes est donc très secondaire sur le marché touristique marocain qui est très concentré sur la ville d `Agadir et Marrakech. En plus le seul produit proposé à Meknes (tourisme culture)est en concurrence directe avec la ville de Fès qui dispose, en la matière, de meilleurs atouts.

La durée moyenne de séjour à Meknes ne dépasse guère 1,5 jours. Quant à la capacité en lits des Hôtels homologués, elle est de l'ordre de 2400 lits ce qui représente seulement 2,05% du total national contre 24% pour Agadir, 12,33% pour Marrakech et 5,4% pour Fès.

2-3 : Le secteur du commerce

Meknes occupe une place centrale au niveau de l'armature urbaine au Maroc et joue un rôle régional de premier ordre au sein de la région Meknes-Tafilalt

La ville ismailite a été toujours considérée depuis sa création comme un lieu de contact et d'échange car elle se trouve au carrefour des principaux axes du pays. Aussi la ville de Meknes constitue à ce jour un centre de transactions commerciales et un axe de grands circuits commerciaux.

54

Le secteur du commerce occupe environ 25% des actifs totaux de la ville. Il constitue l'un des secteurs important de l'économie urbaine. Il est le canal principal de liaison entre le secteur productif (agricole, industriel ou artisanal) et l'utilisateur final (le consommateur.

Malgré l'éloignement du port (casa) la ville de Meknès dispose d'une infrastructure routière, ferroviaire et aéroportuaire (Fès -Sais) adéquate lui permettant de développer des transactions commerciales avec les autres villes du Maroc et avec l'extérieur.

Paragraphe 3 : Le secteur industriel

Dans le domaine de l'industrie de transformation, la ville de Meknes est surtout connue par les grandes réalisations industrielles qui y sont implantées telles que la cimenterie LAFARGE (ex-CADEM), SEFITA (Textile), société nouvelle des huileries de Meknes, SICOCHEMS (confection)... etc. Certaines même d'entre elles (cimenterie, huilerie)sont profondément ancrées dans le territoire de Meknes.

Hormis ces sociétés, le reste du secteur industriel est constitué des PMI qui jouent un rôle important dans le renouvellement et le développement du tissu industriel au niveau local.

Les principales activités en exploitation sont :

- L'agro-industrie ( Minoteries, huileries, conserverie.). Cette branche constitue l'essentiel du tissu industriel eu égard aux potentialités agricoles de la région.

- Textile et cuir (confection, Textiles, Cuir et articles en cuir)

- Chimie parachimie et matériaux de construction (cimenterie, briqueteries...).

- Les industries mécaniques, métallurgiques, électriques et électroniques. Ce dernier secteur est moins développé comparativement aux autres industries. Il concerne principalement les domaines de la chaudronnerie, travaux de tour, pièces de rechange...etc.

Comme le montre le Tableau n°14, La distribution sectorielle des industries de Mekhnès est très déséquilibrée. Les industries produisant des biens de consommation finale et nécessitant généralement une main d'oeuvre nombreuse et peu qualifiée et des moyens technologiques peu développés sont massivement représentées : Le textile et cuir et la transformation des produits agricoles accaparent à eux seuls 46,50 % des unités et concentrent70 % de la main d'oeuvre.

Les branches qui disposent en général d'un fort pouvoir d'entraînement et qui provoquent des effets multiplicateurs sur les autres secteurs demeurent faibles (Métallurgie, chimie, électricité).

Par ailleurs, malgré le fait qu'elle soit bien positionnée par rapport à la région Meknes-Tafilalt avec ses 185 établissements industriels (73% des entreprises de la région), la contribution de Meknes dans l'industrie nationale reste très modeste en comparaison avec d'autres villes du Maroc ainsi que le montrent les agrégats suivants :

Année 1998

 

Rang

% au Total national

Nombre d'établissements

185

8

3

Effectifs

14.116

8

3

Production (M. dhs)

4.261

11

3

Investissement(M.dhs)

191

11

2

Exportations (M.dhs)

612

11

2

Valeur ajoutée

1.390

11

3

Source : Elaboré à partir des données du Ministère du commerce et de l'industrie.

55

Grandeurs économiques par grands secteurs de l'industrie de transformation à Meknès.

56

Conclusion

L'étude du contexte socio-économique de la ville de Meknès nous a permis d'une part de présenter notre aire d'étude dans ses différents aspects à la fois physiques, démographiques, historiques et économiques. Elle nous a permis d'autre part de constater que la ville de Meknès et sa région recèlent de potentialités importantes susceptibles de lui permettre d'accueillir les Hommes et les activités économiques et notamment celles liées à l'activité industrielle.

Ces atouts et ces potentialités sont liés aux aspects suivants :

- Tout d'abord à une localisation favorable de la ville qui assure une fonction de « centre relais » au coeur d'une région agricole riche, bénéficiant d'un climat favorable et de sols fertiles.

- Ensuite, Meknès- ville au passé glorieux - est bâtie sur un site privilégié ne posant généralement pas de contraintes majeures à l'urbanisation. Ce qui a d'ailleurs permis une croissance urbaine aussi bien en termes démographiques et économiques qu'en ce qui concerne l'évolution spatiale de la ville.

- Enfin les potentialités que recèlent la ville et sa région dans les domaines économiques notamment agricoles.

Il reste toutefois de savoir dans quelle mesure ces atouts peuvent constituer une base ou une assise favorable au développement et à l'épanouissement des initiatives privées de façon industrielle et particulièrement celles liées au secteur des petites et moyennes industries ? Tel est l'objet du second chapitre.

57

Chapitre II: Les PMI à Meknès : Structure, poids socio-
économique et principaux acteurs.

Le chapitre précédent nous a permis d'une part de présenter notre aire d'étude et d'autre part de montrer que la ville de Meknès et sa région recèlent de potentialités économiques importantes à même de constituer une base indispensable à l'émancipation et au développement des initiatives privées en général et autant de facteurs objectifs pour l'émergence et la floraison des petites et moyennes entreprises de façon particulière.

Notre objectif au niveau de ce second chapitre consiste à analyser la structure du secteur des PMI à Meknès, les étapes de sa mise en place, son poids socio-économique et les acteurs qui y sont impliqués. Cela nous permettra non seulement de saisir la portée réelle de ce secteur, mais aussi ses limites.

Pour ce faire, nous allons essayer, dans un premier lieu, d'examiner quelques aspects structurels caractérisant le secteur des PMI à Meknès (section I. Notre attention sera focalisée par la suite sur l'analyse du poids socio-économique de ce secteur tout en essayant d'en apprécier les performances (section II). Enfin, nous tenterons d'approcher les principaux acteurs impliqués dans ce secteur à savoir : les petits et moyens entrepreneurs et les employés des PMI à Meknès (section 3).

Section 1 : Les principaux aspects structurels

A l'heure actuelle, on a tendance à considérer les petites et moyennes entreprises comme un bloc homogène souvent opposées aux grandes entreprises par conséquent à traiter cette catégorie d'entreprises de la même façon, que se soit l'Etat, les institutions financières et même les chercheurs. Mais, en fait, derrière la notion de "PMI." se cachent des profils d'entreprises totalement différentes, avec des problèmes très divers. Et ce, Malgré l'existence de traits communs entre les différentes composantes de ce secteur. Ce qui ne manque pas de contredire toutes les politiques d'approches et d'aides non sélectives en faveur de ces entités économiques.

Dans le cas de la ville de Meknès, les PMI ne forment pas, évidemment, un bloc homogène, mais présentent des profils diversifiés en fonction de plusieurs critères de démarcation: taille, branche d'activité, marché servi, etc.

L'étude des structures de ce secteur va ainsi nous permettre de dégager ces différents profils, mais surtout d'apprécier dans quelle mesure ces structures sont favorables ou non au développement du secteur des PMI dans la ville de Meknès.

Nous pouvons d'ores et déjà affirmer que l'une des caractéristiques essentielles de ce secteur dans la ville ismaélite est la prédominance en son sein d'entreprises relativement jeunes, de taille principalement petite et d'essence familiale.

Paragraphe 1: Historique et périodisation des créations.

1-1 : Historique.

Bien que le Maroc pré-colonial ait connu diverses formes de production industrielle (tissu, babouches, etc.), les véritables débuts de l'industrie moderne sont consécutifs à l'instauration du protectorat français. L'apparition des formes industrielles modernes remonte en effet, à la première guerre mondiale.

58

Dans les conditions de sa naissance, l'industrie marocaine, dont les hommes, les techniques, les capitaux et les débouchés étaient étrangers, était fondamentalement une industrie littorale et particulièrement casablancaise.1

La ville de Meknès ne dérogea pas à cette règle. L'apparition des industries de transformation dans la ville a été en effet intimement liée à la pénétration coloniale avec le début du 20 ème siècle. Mais ce n'est que vers la fin des années quarante que Meknès allait connaître l'installation de ces premières industries modernes. Celles-ci se sont concentrées dans le quartier industriel d'Ain Slougui situé à l'Est de la ville nouvelle. Ces industries étaient pour l'essentiel constituées d'entreprises de petite et moyenne taille à l'exception toutefois de deux grandes unités: l'usine du ciment située dans la périphérie de la ville et les huileries installées à Sidi Said sur la route de Rabat.

Une part importante de ces établissements était liée à la vocation agricole de la région et jouait un rôle important en matière de valorisation des produits agricoles d'origine locale.

Après l'indépendance, l'activité industrielle a connu comme toute l'économie de la ville une période de stagnation suite à la fuite des capitaux étrangers et au désintéressement des investisseurs Marocains de cette activité, préférant investir dans des activités spéculatives. C'est ce qui explique la stagnation de ce secteur durant la première décennie de l'indépendance.

Ce n'est qu'à partir des années soixante dix que ce secteur va connaître un développement relativement important marqué par la création de plusieurs unités et par la diversification croissante de l'activité industrielle: papier, bois, constructions métalliques, textile, ect.

En 1979, l'étude sur les zones industrielles au Maroc, entreprise par l'ODI, a recensé au niveau de la ville de Meknès 102 établissements employant 4320 personnes. 71,6 % de ces établissements étaient constitués d'entreprises employant moins de 50 personnes.

Toutefois, c'est le début des années quatre vingt qui va marquer un tournant décisif dans le renforcement du secteur industriel à Meknès grâce, notamment, à l'émergence d'un certain nombre de PMI appartenant à différentes branches d'activité.

En 1999, on comptait à Meknès environ 190 établissements industriels dont plus de 94% sont des PMI.

1-2: Périodisation des créations des PMI à Meknès.

Pour analyser les périodes de croissance de ces entreprises dans la ville de Meknès, nous avons décidé d'étudier les dates de création, c'est à dire, en fait, la pyramide des âges des PMI. recensées en 1999.

La date de création est en effet, un indicateur fort intéressant dans la mesure où il permet de rendre compte des mesures d'encouragement en faveur de ces entreprises et notamment, les codes des investissements industriels. A cet effet, nous avons retenu comme date de démarcation les différentes périodes coïncidant avec les dates de

(1) Kaioua (Abdelkader) : "Industrialisation et mutations de l'espace" in la grande encyclopédie du Maroc . Géographie économique. Année 1995.PP: 195-204.

promulgation de ces codes et particulièrement celui de 1983 qui se distingue par l'octroi d'avantages spécifiques à cette catégorie d'entreprises.

Tableau n° 15: Répartition des PMI de Meknès selon leur date de création

Date de création

Tranches d'effectifs

Total PMI

0 - 9

10 - 49

50 - 199

 

Nomb re

%

Nomb re

%

Nomb re

%

Nomb re

%

Avant 1956

1

2,30

4

3,95

3

10

8

4,60

1956 - 1973

1

2,30

9

8,85

4

13,35

14

8

1973 - 1983

3

6,90

25

24,50

13

43,30

41

23,40

1983 - 1995

21

48,80

58

56,85

9

30

88

50,30

A partir de 1995

17

39,70

6

5,85

1

3,35

24

13,70

Totaux

43

100

102

100

30

100

175

100

Source: Elaboré à partir des données de la Direction de l'Industrie. Année 1998.

59

Figure N°4 : Répartition des PMI de Meknès selon leur date de création.

90

80

70

 
 

60 50 40 30 20 10

0

Avant 1956 1956 - 1973 1973 - 1983 1983 - 1995 1995 - 2000

1

Périodes

60

Le fait le plus saillant qui se dégage lorsque l'on examine le tableau ci-dessus donnant la ventilation des PMI de Meknès selon leur date de création, c'est que la majorité de ces unités sont de création relativement récente. En effet plus de 64 % des PMI actuellement opérationnelles ont vu le jour après 1983 et plus de 50 % durant la période 1983-1995 coïncidant avec la durée d'application du code des investissements de 1983 ( loi 17/82).

Par contre, il a été constaté que les PMI toujours en activité et qui ont été créées durant la période coloniale, ne représentent que moins de 5 % du total des PMI. recensées au niveau de Meknès. Parmi celles-ci nous citons à titre d'exemple, les entreprises suivantes: Cheribon, SCVM (Agro-industrie) Imprimerie de Paris et Beyrouth, imprimerie le Parchemin (Chimie et Parachimie) Cohen, Constructions métalliques Flores, Garcia Frères et Rousseau et compagnie (Industrie mécanique.

Quant à la période post-coloniale jusqu'à 1973, elle a vu la création de 8 % des PMI actuellement opérationnelles au niveau de la ville de Meknès. Ce taux relativement bas reflète bien la situation de stagnation des investissements ayant caractérisé les débuts de l'indépendance politique du Maroc.

Par contre, une amélioration très sensible a été enregistrée au cours de la période 1973-1983 correspondant à la durée d'application du code des investissements industriels de 1973. Cette période a vu, en effet, la création d'environ 24 % des PMI actuellement opérationnelles au niveau de la ville de Meknès.

Telles sont en général les différentes périodes de croissance des PMI au niveau de la ville ismaélite. Cette répartition cache, bien entendu, un certain nombre de PMI. qui se créent et qui disparaissent rapidement chaque année. Il s'agit malheureusement là d'une caractéristique inhérente aux PMI de façon générale et particulièrement aux structures de faible dimension pour lesquelles le taux de mortalité est très élevé.

En tenant compte de la taille des entreprises, la même caractéristique ( la jeunesse ) se fait dégager. En effet, plus de 88 % des micro-entreprises ont vu le jour après 1983.

61

Ce pourcentage est de 62 % pour les petites entreprises mais seulement 33,35 % pour les entreprises de taille moyenne.

Sur le plan sectoriel, si l'agro-industrie à Meknès est connu pour être relativement ancien, le secteur du textile a été par contre le secteur clé des années 80. Par contre le secteur de chimie et parachimie avec 52 % des créations se situe à un niveau intermédiaire.

Peut-on trouver dans cette tentative de périodisation de la croissance des PMI à Meknès des signes de l'effet d'impulsion qu'exercent sur elles les mesures incitatives de l'Etat ?

Les statistiques analysées ci-haut permettent bien de faire une telle conclusion. Grâce aux avantages spécifiques accordées à la PMI notamment par le code de 1983, ce secteur aurait connu une amélioration sensible comme le laisse croire les données du tableau ci-après, donnant l'évolution des investissements de PMI agrées à Meknès de 1985 à 1995.

Tableau n °16 : Evolution des investissements agréés des projets PMI de 1985 à 1995. Ville de

Meknès.

Année

Nombre
dossiers

Emplois

Investissements (en 1000 dhs)

1885

15

551

17.795

1986

24

950

30.801

1987

48

1465

81.028

1990

32

1265

52.486

1991

66

2054

159.507

1992

26

711

23.375

1993

42

1173

42.583

1994

39

934

59.051

1995

51

1016

44.024

Source: Rapports annuels sur les investissements industriels agréés. Direction de l'Industrie.

Ces chiffres qui font ressortir l'importance des investissements agréés de petite et moyenne industrie durant la période 1985-1995, coïncidant avec la période d'application du code de 1983, témoignent de l'effet globalement positif de cet instrument incitatif en matière de relance des projets PMI à Meknès. Toutefois ces chiffres sont à prendre avec un peu de réserve car ce ne sont, en fait, que des intentions d'investir. Dans ce cadre, nous estimons qu'une analyse plus poussée en termes de facteurs déterminants d'investissement et de localisation, s'avère nécessaire pour apprécier à sa juste valeur le rôle ou l'impact des stimulants officiels en général en matière d'encouragements des investissements de petite et moyenne taille.

Paragraphe 2: Structure par taille et par branches d'activités.

62

Malgré l'existence d'un nombre important de PMI à Meknès et la diversification de ce segment du tissu productif, la structure de ce secteur est marquée par un ensemble de déséquilibres qui se manifestent aussi bien au niveau des branches d'activités qu'au niveau de la taille même de ces entreprises.

2-1 Structure par branches.

Du fait que le secteur des PMI à Meknès a connu des étapes de développement différentes, ce segment du tissu productif revêt actuellement les caractéristiques d'un déséquilibre dans les différentes branches qui le composent.

L'examen du tableau n°17 permet, en effet, de voir que malgré la diversification du secteur des PMI à Meknès, la structure de ce dernier reste marquée par un déséquilibre très net en faveur des branches de l'agro-alimentaire et de la chimie- parachimie qui totalisent ensemble plus de 60 % des PMI recensées au niveau de l'espace d'étude.

Cette structure reste marquée également par la prépondérance des industries de transformation de bien de consommation finale et des secteurs dits "traditionnels". C'est le cas particulièrement des branches de l'agro-alimentaire, du textile et cuir et de certaines sous-branches classées au niveau de la rubrique chimie- parachimie à savoir les matériaux de construction et l'industrie de bois.

Ces branches occupent à elles seules environ 70 % des PMI à Meknès alors que les autres branches représentent moins de 30 % du total. Il s'agit des branches des industries mécaniques, électriques et électroniques, papier, carton et imprimerie et la branche chimie et parachimie.

Il est clair donc que le secteur des PMI à Meknès connaît une concentration des unités de production dans un nombre limité d'activités relevant pour l'essentiel des branches dites traditionnelles, tandis que les branches dites "modernes" connues par leurs effets d'entraînement sont faiblement représentées. Toutefois ce secteur reste assez diversifié car toutes les branches sont représentées quoi que de manière inégale. Ce déséquilibre ne concerne pas uniquement la structure par branches; mais il existe aussi au niveau de la répartition par taille des établissements.

2-2 : Structure par taille.

En plus du déséquilibre sectoriel soulevé ci-haut, les PMI à Meknès se caractérisent par leur faible dimension. En effet, comme le montre le tableau n°16, les entreprises employant moins de 50 ouvriers permanents représentent prés de 83% de l'ensemble du parc des PMI à Meknès.

Les micro-entreprises et les petites entreprises sont beaucoup plus présentes dans la branche de l'agro-alimentaire que dans les autres branches avec des proportions respectives de 41,85 % et 24,50 %. Cela témoigne du caractère artisanal des PMI agro-alimentaire et surtout dans la sous-branche de la boulangerie- pâtisserie et de la biscuiterie.

Le foisonnement des micro-entreprises et des entreprises de petite taille caractérisent également la branche de la chimie - parachimie avec respectivement 39,50 % et 29,40% du total des entreprises de la même taille. Il en est de même pour la branche des industries mécaniques, électriques et électroniques où les micro et les petites entreprises représentent respectivement environ 14% et 32 % des entreprises de même taille.

63

Cette prépondérance est toutefois moins accentuée dans la branche du textile et cuir qui passe pour être la branche la plus utilisatrice de main d'oeuvre.

Si les micro et les petites entreprise sont prépondérantes par leur nombre, les entreprises de taille moyenne par contre sont faiblement représentées. En effet, les entreprises employant entre 50 et 199 ouvriers ne représentent qu'un peu plus de 17 % du total des PMI implantées à Meknès. Plus d'un tiers de ces dernières se concentrent dans la branche textile et cuir. Les branches de l'agro-alimentaire et de la parachimie regroupent chacune 26,65 % de ces établissements alors que la branche des industries mécaniques, électriques et électroniques ne compte que 13,35% des entreprises de taille moyenne.

Tableau n°17: Ventilation des P.M.!. à Meknès par branches et par tranches d'effectifs.

Branches
d'activités

Tranches d'effectifs

Total P.M.I.

0 - 9

10 - 49

50 - 199

 

Nomb re

%

Nomb re

%

Nomb re

%

Nomb re

%

I. A. A

18

41,85

25

24,50

8

26,65

51

29,15

I. T. C

2

4,65

14

13,70

10

33,35

26

14,85

I. C. P

17

39,55

30

29,40

8

26,65

55

31,45

I.M.M.E.E

6

13,95

33

32,40

4

13,35

43

24,55

Totaux

43

100

102

100

30

100

175

100

Source: Exploitation des données de la Direction de l'Industrie. Année 1998.

Figure N° 5 : Répartition des PM! à Meknès Par branches d'activité et tranches d'effectifs

100% 90% 80% 70% 60% 50% 40% 30% 20% 10% 0%

 

0 à 9 10 à 49 50 à 199

I.M.M.E.E I. C. P I. T. C I. A. A

Tranches d'effectifs

Paragraphe 3: Statut des PMI et propriété juridique du capital.

Le statut de l'entreprise et la propriété juridique du capital constituent également des critères d'analyse très importants car ils permettent d'une part de montrer le rôle et la dynamique de chacun des opérateurs économiques et d'autre part de mettre en relief l'une des spécificité principales des entreprises marocaines en général et des unités de

production de petite et moyenne taille de façon particulière, à savoir des entreprises de type individuel et d'essence familiale.

Le secteur des PMI à Meknès n'échappe pas à cette tendance générale comme l'illustre bien le tableau suivant donnant la ventilation de ces entreprises selon la forme juridique.

Tableau n°18: Répartition des PMI de Meknès selon leur forme juridique.

Forme juridique

Tranches d'effectifs

Total P.M.I.

0 - 9

10 - 49

50 - 199

 

Nomb re

%

Nomb re

%

Nomb re

%

Nomb re

%

Entreprise individuelle

14

82,35

8

38,10

2

14,30

24

46,15

Société en nom collectif

1

5,90

1

4,75

-

-

2

3,85

Société à

responsabilité limitée

2

11,75

8

38,10

4

28,60

14

26,95

Société anonyme

-

-

4

19,05

8

57,10

12

23,05

Totaux

17

100

21

100

14

100

52

100

Source: Enquête PMI. juillet/ Août 2000.

64

Figure N°6 : Répartition des P.M.I. de Meknès selon leur forme juridique.

65

100% 90% 80% 70% 60% 50% 40% 30% 20% 10%

0%

 

Société

anonyme

Société à

responsabilité

limitée

Société en

nom collectif

Entreprise

individuelle

0 à 9 10 à 45 50 à 199

Tranches d'effectifs

 

Le tableau et la figure ci-dessus suggèrent les remarques suivantes:

L'entreprise individuelle est de loin la forme dominante au niveau des PMI enquêtées à Meknès. En effet plus de 46 % des dirigeants de ces entreprises possèdent de manière individuelle et sans partage la propriété entière de leur entreprise.

Mais la PMI n'est pas nécessairement une entreprise individuelle. Les autres formes de société sont aussi représentées quoi que de façon moins importante.

C'est ainsi que la forme juridique "SARL" est représentée à raison de 26,95 % contre 23,05 % pour la " SA" et seulement 3,85 % pour la " SNC".

En tenant compte de la taille, nous constatons qu'il y'a une certaine corrélation entre la dimension et la forme de l'entreprise. Autrement dit, plus celle -ci est petite plus c'est la forme individuelle qui prédomine. De la même façon, plus elle est grande, plus elle opte pour une forme juridique de société : La société anonyme ou la société à responsabilité limitée.

Par ailleurs, il ne faut pas oublier que malgré l'organisation d'un certain nombre de PMI sous forme de société, ce statut n'est le plus souvent que formel car les principaux associés du gérant ne sont le plus souvent que les membres de sa famille. Ce caractère personnel ou familial souvent camouflé sous forme de société n'est pas sans présenter un certain nombre d'avantages notamment de point de vue gestion: Facilité de communication, rapidité dans la prise de décision, ect. Ce qui donne à ces entreprises une plus grande flexibilité par rapport aux grandes entreprises.

Mais ces atouts potentiels ne font pas oublier un certain nombre de goulots d'étranglements dont souffre cette catégorie d'entreprises : contraintes financières, étroite imbrication des affaires de la personne ou de la famille avec celles de l'entreprise qui n'est pas considérée comme objet distinct, ...etc.

66

De point de vue participation, le capital privé national détient le contrôle de plus de 94 % des PMI installées à Meknès. La participation du capital étranger se limite seulement à 10 PMI. Elle est totale dans 4 d'entre elles et partielle dans les 6 autres.

En revanche, aucune participation publique n'a été constatée dans ce domaine. Les PMI étant en effet considérées au Maroc comme une véritable " chasse gardée" des initiatives et des intérêts privés.

Paragraphe 4: Caractéristiques inhérentes au locaux d'exploitation.

Dans les paragraphes précédents, nous avons examiné certains aspects structurels caractérisant les PMI à Meknès. Au niveau de ce paragraphe, nous allons examiner certaines caractéristiques liées aux locaux d'exploitation. Il s'agit de la superficie des locaux et du statut de leur utilisation.

4-1: Superficie du local.

L'industrie est généralement une activité grande consommatrice de l'espace. Toutefois cette utilisation de l'espace diffère suivant la nature ou la branche d'activité industrielle exercée par les entreprises, mais aussi suivant la taille et la dimension de chaque entité économique.

Pour le cas des PMI à Meknès, nous pouvons dire d'une manière globale que la plupart de ces entreprises exercent leur activité dans des locaux à usage professionnel relativement exigus comme le montre le tableau suivant:

Tableau n°19: Ventilation des P.M.I. à Meknès selon la superficie du local d'exploitation.

Superficie en m2

Nombre PMI

%

Moins de 100

18

34,60

Entre 100 et 200

15

28,85

Entre 200 et 300

10

19,25

Entre 300 et 400

6

11,40

400 et plus

3

5,80

Total

52

100

Source: Enquête P.M.I. Juillet/ Août 2000.

Figure N° 7 : Ventilation des P.M.I. à Meknès selon la superficie du local d'exploitation.

Entre 200 et 300

19%

Entre 300 et 400

12%

400 et plus

6%

Entre 100 et 200

29%

Moins de 100

34%

67

Ainsi, plus de 34% des PMI enquêtées exercent leur activité dans des locaux n'excédant pas les 100 m2. Il s'agit essentiellement des micro- entreprises et de petites entreprises localisées au sein du tissu urbain parmi les quartiers résidentiels.

De même, environ les deux tiers des PMI enquêtées exercent dans des locaux n'excédant pas les 200 m2. Toutefois à mesure que l'entreprise est relativement grande, plus elle exige plus d'espace.

Les données de l'enquête révèlent que seulement 5,80 % des PMI à Meknès opèrent dans des locaux dont la superficie dépasse les 400 m2. Il s'agit essentiellement des entreprises de dimension moyenne localisées dans la zone industrielle, les quartiers industriels ou dans les zones péri-urbaines.

4-2: Statut d'utilisation du local.

L'examen du statut d'utilisation du local par les PMI de Meknès montre que la grande majorité des petits et moyens entrepreneurs, soit environ 60 %, louent le local où ils exercent leur activité. Ce constat apparaît plus nettement pour les micro-entreprises et les petites entreprises où respectivement 70,60 % et 66,65 des dirigeants de ces entreprises ne sont pas propriétaires de leurs locaux.

En revanche, les entreprises de taille moyenne présentent une structure légèrement différente puisque 57,15 % d'entre elles sont propriétaires de leurs locaux contre 42,85 % qui louent leurs locaux d'exploitation.

Tableau n°20: Ventilation des P.M.!. selon le statut d'utilisation du local.

Statut

d'utilisation du local

Tranches d'effectifs

Total PM!

0 - 9

10 - 49

50 - 199

Nomb re

%

Nomb re

%

Nomb re

%

Nomb re

%

Locataire

12

70,60

14

66,65

6

42,85

32

59,25

68

Propriétaire

5

29,40

7

33,35

8

57,15

20

40,75

Total

17

100

21

100

14

100

52

100

Source: Enquête P.M.I. Juillet/ Août 2000.

Figure N° 8 : Répartition des P.M.I. selon le statut d'utilisation du local

Propriétaire

Locataire

100% 90% 80% 70% 60% 50% 40% 30% 20% 10% 0%

 

0 à 9 10 à 49 50 à 199

Tranches d'effectifs

Ces observations de terrain corroborent clairement l'idée couramment admise sur le manque de moyens financiers des PMI à même de leur permettre l'accès facile et sans contrainte à la propriété. Mais cette situation pourrait aussi bien s'expliquer par le fait que les PMI enquêtées aient opté pour la location et ont préféré utiliser leur argent pour acquérir les moyens de production plutôt que d'investir dans la pierre.

Tels sont en général les principaux aspects structurels des PMI à Meknès.

Pour conclure, nous pouvons dire que ce secteur, malgré sa diversification et son importance numérique, se présente comme un secteur aux structures défavorables et marqué par un ensemble de déséquilibres qui affectent son développement. Lesquels déséquilibres se manifestent au niveau de la taille et des branches d'activités ainsi qu'au niveau d'autres critères y compris ceux liés aux locaux d'exploitation. Toutefois une analyse plus poussée en termes de poids socio-économique, s'avère nécessaire pour mieux saisir la portée réelle de ce secteur, ainsi que ses limites. Cela fera l'objet de la section suivante.

Section II: Poids socio-économique des PMI à Meknès.

L'analyse du rôle socio-économique de la PMI a fait l'objet d'un grand débat et d'une abondante littérature. Tous les avis s'accordent pour témoigner du rôle moteur des PMI dans le développement socio-économique des pays à travers notamment: l'éclosion et l'émergence d'entrepreneurs dynamiques, le renforcement du tissu industriel, le développement régional et local, ect.

L'éloge faite à l'égard des PMI nous incite à nous interroger sur la situation et l'importance de ce secteur au niveau de notre aire d'étude: la ville de Meknès.

L'analyse du rythme d'évolution de ce secteur à Meknès en termes globaux (paragraphe 1) ainsi que la place qu'il occupe dans l'économie urbaine (paragraphe 2)

69

semble nécessaire pour avoir une vue complète aussi bien sur la portée réelle de ce secteur que sur ses limites. Ces éléments seront renforcés par une analyse qui portera sur l'appréciation des performances affichées par ce secteur au niveau de Meknès en comparaison avec d'autres espaces au niveau national (paragraphe 3). C'est à travers l'analyse de ces éléments que l'on attend un éclairage sur la dynamique du secteur des PMI au niveau de la ville de Meknès.

Paragraphe 1: Evolution globale des PMI à Meknès.

L'étude du rythme d'évolution des principaux indicateurs des PMI permet de saisir dans quel sens cette évolution s'effectue et de voir dans quelle mesure ce secteur contribue t-il à l'animation de la ville, à l'activité économique urbaine et enfin à l'absorption du chômage.

Pour cerner les différents aspects de cette évolution, plusieurs indicateurs ont été retenus. Il s'agit du nombre des établissements, des effectifs employés, du montant de la production, du chiffre d'affaires, des investissements, de la valeur ajoutée et des exportations.

1-1: Le rythme de croissance du nombre des PMI et des effectifs employés. 1-1-1: Evolution du nombre des PMI.

Le nombre d'établissements nouveaux est un signe évident de la prospérité d'un secteur, tout comme la disparition massive d'anciens établissements en l'absence de fusion peut signifier la régression de ce secteur et sa saturation.

S'agissant du secteur des PMI à Meknès, le rythme de croissance de leur nombre peut être saisi à travers le tableau suivant:

Tableau n°21 : Indice d'évolution du nombre des PMI à Meknès.

Années

Nombre

Indice ( base 100 en 1990)

1992

156

100

1993

166

106,40

1994

159

101,90

1995

162

103,84

1996

166

106,40

1997

169

108,30

1998

175

112,17

Source: Exploitation des données de la Direction de l'Industrie.

70

Figure N° 9 : Evolution du nombre des PMI à Meknès.

1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998

A partir de 1992, l'évolution du nombre des PMI à Meknès a été relativement correcte. Ainsi, comme le montre le tableau ci-dessus, le nombre de ces entreprises est passé de 156 en 1992 à 175 en 1998. Soit une croissance globale de 12,17 % pour un accroissement annuel moyen de 2,02 %. En revanche, le nombre des grandes entreprises à Meknès n'a connu aucune évolution significative durant la même période. Cela témoigne du rôle des PMI en matière de renouvellement du tissu productif local et de génération de nouvelles couches d'entrepreneurs.

Toutefois, ce rythme d'évolution n'a pas permis, pour autant, de générer un secteur très dense de PMI au niveau de la ville de Meknès.

L'évolution du parc des entreprises comme toute population est le produit de mouvements démographiques plus ou moins intense et plus ou moins contrastés. Ces mouvements épousent partiellement les fluctuations économiques et sont déterminés par l'évolution de la situation économique générale dont ils sont bien l'expression. Mais ils sont sensibles à d'autres facteurs que les seuls indices de l'activité économique. Parmi lesquels on retrouve les incitations des pouvoirs publics encourageant les créateurs potentiels d'entreprises et la mise en place d'un environnement favorable à l'investissement.

Partant de ce principe, et en se basant sur l'évolution des PMI à Meknès, nous pouvons avancer que les mesures entreprises par les pouvoirs publics en faveur de cette catégorie d'entreprises n'ont pas été à même de permettre un développement de ce secteur au niveau de Meknès. Cette constatation sera d'ailleurs confirmée à travers l'analyse des autres indicateurs retenus à ce niveau d'analyse.

1-1-2: Evolution des effectifs employés par les PMI.

L'analyse de l'emploi revêt une place capitale. D'une part, parce que cet indicateur est considéré parmi les préoccupations centrales de toute politique de développement et d'autre part, parce que le poids de la main d'oeuvre constitue, entre autres, un critère très significatif de performance. Ce-ci, est d'autant plus vrai, pour les PMI, sensées être meilleures créatrices d'emplois.

Durant les années 90, le rythme d'évolution de l'emploi au niveau des PMI opérant à Meknès a été comme suit:

Tableau n° 22: Evolution des effectifs employés par les PMI de Meknès.

Années

Effectif total

Dont féminin

Taux de croissance annuelle (en %)

1992

4004

1009

-

1993

4212

938

5,20

1994

4430

955

5,17

1995

4672

980

5,46

1996

5180

1227

10,87

1997

5692

1290

9,88

1998

6181

1335

8,60

Source: Elaboré à partir des données de la Direction de L'Industrie.

Figure N° 10 : Evolution des effectifs employés par les PMI à Meknès.

4500

4000

7000

6500

6000

5500

5000

3500

3000

2500

2000

1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998

71

72

Le nombre des emplois au niveau des PMI de Meknès connaît une évolution assez régulière. ces emplois qui étaient au nombre de 4007 en 1992 ont, en effet, passé à 8181 en 1998, enregistrant ainsi une croissance globale de plus de 54 % pour un accroissement annuel moyen de 9,06 %.

Pour sa part, l'évolution des emplois féminins, a connu une amélioration sensible. Estimés à 1009 personnes en 1992, ces emplois sont passés à 1335 effectifs en 1998, soit une croissance globale de 32,30 % pour un accroissement annuel moyen de 5,38 %.

En dépit de cette augmentation annuelle des effectifs employés par les PMI de Meknès, elle reste très insuffisante en comparaison avec l'ampleur du phénomène du chômage au niveau de la ville et face aux demandes d'emplois exprimées chaque année notamment par les jeunes diplômés.

1-2 : Evolution des grandeurs économiques.

L'évolution des principales grandeurs économiques des PMI à Meknès durant ces dernières années, est récapitulée dans le tableau n° 22.Il en ressort à sa lecture que cette évolution traduit globalement un dynamisme certain de ce segment du tissu productif au niveau de Meknès.

1-2-1: Production, investissement et valeur ajoutée.

L'examen de l'évolution globale des indicateurs de la production et de la valeur ajoutée, réalisés par les PMI de Meknès, au cours de ces dernières années, fait ressortir une croissance assez nette.

En effet, la production réalisée par ces entreprises et qui était estimée en 1992 à 1.465,15 millions de dirhams, est passée à plus de 2.140 millions de dirhams en 1998. Le taux de croissance globale a donc été de 46,10 % correspondant à un accroissement annuel moyen de 7,68 %.

Parallèlement, la valeur ajoutée a connu une évolution beaucoup plus importante durant la même période de référence. Le taux de croissance globale de cet indicateur a été de 63,42 %, correspondant à un taux d'accroissement annuel moyen de 10,57 %.

S'agissant des investissements réalisés par ces entreprises durant la même période, ils ont connu une évolution en dents de scie. Le chiffre le plus important enregistré à ce niveau remonte à 1995 avec plus de 139 millions de dirhams.

1-2-2: Chiffre d'affaires et exportations.

Durant la même période considérée, le chiffre d'affaires réalisé par les PMI de Meknès, a connu une croissance globale de 16,83 %. En effet, estimé à 1.651,92 millions de dirhams en 1992, il est passé à plus de 1.930 millions de dirhams en 1998. Soit un taux d'accroissement annuel moyen de 2,80 %.

Par contre, le montant des exportations a connu une amélioration beaucoup plus sensible. De 56,43 millions de dirhams en 1992, il est passé à environ 227 millions en 1998. Soit un accroissement global de 302 % correspondant à une multiplication par 5,79 fois et à un accroissement annuel moyen de 50,34 %. Cela témoigne de la contribution de plus en plus croissante des PMI en matière du commerce extérieur et des exportations.

73

Mais ce dynamisme s'explique notamment par le rôle joué notamment par les entreprises de moyenne taille dans la sous-traitance comme nous allons le voir un peu plus loin.

Tableau n°23: Evolution des principales grandeurs économiques des PMI à Meknès entre 1992 et 1998.

Années

Production

C.d'affaires

Investissements

Exportation

V.Ajoutée

1992

1.465.155

1.651.924

88.315

56.430

261.966

1993

1.473.205

1.638.518

68.515

72.167

266.457

1994

1.439.660

1.522.773

139.119

85.665

349.034

1995

1.809.156

1.645.719

33.447

57.340

363.076

1996

1.820.147

1.669.340

90.320

169.200

364.030

1997

2.061.301

1.806.230

70.806

341.667

412.226

1998

2.140.620

1.930.040

89.320

226.892

428.124

Source: Elaboré à partir des données de la Direction de L'Industrie.

Paragraphe 2: Appréciation de la performance du secteur des PMI à Meknès.

L'étude des résultats réalisés par les PMI à Meknès nous a Meknès nous a permis d'apprécier l'importance de ce secteur dans le tissu industriel au niveau de Meknès et du dynamisme qu'il connaît au cours de ces dernières années. Cependant et pour ne pas tomber dans " l'admiration béate du Small is beautifull "1 comme disait J.R.Machart, il convient de souligner qu'en dépit de ces résultats, il n'en demeure pas moins que des écarts, plus ou moins importants, persistent entre les PMI de Meknès et les grandes entreprises du même espace. D'autres déséquilibres sont constatés entre ce même secteur et ses homologues localisés dans d'autres espaces au niveau national.

Pour mener à bien cette étude comparative, nous allons devoir dans un premier temps définir un certain nombre de ratios qui vont nous servir d'outils d'analyse avant de présenter dans un second temps, les résultats obtenus sur la base des données de la Direction de l'Industrie relatives à l'exercice 1998.

2-1: Présentation des ratios de performance des PMI.

Les ratios retenus afin d'examiner les comportements et la performance des PMI à Meknès sont les suivants:

- Valeur ajoutée / Effectif : Ce taux permet de mesurer la productivité apparente du travail en valeur. Laquelle productivité dépend de l'efficacité de gestion, de la différence d'intensité capitalistique, des processus de production et de la différence de la situation concurrentielle.

(1) Machard (J.R.): Réussir nos PME, opp, cité, p.60.

74

- Exportation / Chiffres d'affaires ( H.T): Ce taux éxprime le taux d'exportation ou la part du chiffre d'affaire réalisé à l'export sur le chiffre d'affaire total réalisé par les entreprises du secteur.

- Taux de valeur ajoutée : Il permet de mesurer le taux d'intégration des branches. Il est égal au rapport de la valeur ajoutée au chiffre d'affaires ( H.T).

- Investissements / Valeur ajoutée (H.T) : C'est le taux d'investissement. Il exprime la part de la valeur ajoutée destinés aux investissements et dépend des facteurs structurels.

- Investissements / Effectifs: Ce ratio exprime également l'investissement en valeur rapporté aux effectifs employés.

2-2: Des écarts persistants.

Le tableau ci-dessous donne les résultats des ratios calculés et appliqués aux grandeurs économiques réalisées par les PMI et les grandes entreprises industrielles à Meknès, ainsi que les PMI que les PMI de Fès, Casablanca et au niveau national.

Tableau n°24: Ratios de performance des PMI à Meknès. Année 1998.

Ratios

PMI de

Meknès

Grandes entreprises de Meknès

PMI de Fès

PMI de

Casa

PMI au

Maroc

Productivité apparente du travail Va/ Effectifs (en dhs)

69.264,50

112.680,87

72.143,80

95.101,60

76.585,90

Taux d'exportation Export/ C.Aff ( en %)

11,75

20,56

12,05

18,20

17,12

Taux de valeur ajoutée VA/CA( en %)

22,18

38,11

24,05

29,62

26,92

Taux

d'investissement.Invest / V.A ( en %)

20,86

11,56

21,12

26,35

22,58

Taux d'investissement Invest / Effectifs ( en dhs)

14.450,70

13.023,84

14.680,00

19.200,00

17.300,00

Source: Elaboré à partir des données de la Direction de L'Industrie.

Le tableau ci-dessus suggère les remarques suivantes:

2-2-1: Des écarts persistent entre les PMI et les grandes entreprises.

- La productivité apparente du travail au niveau des grandes entreprises de Meknès est de 1,62 fois supérieur à celle des PMI du même espace. Cela s'explique par la différence d'intensité capitalistique, mais aussi par d'autres facteurs liés à la gestion et à la situation concurrentielle

- Le taux d'exportation des grandes entreprises est près de deux fois plus élevé que celui des PMI. Cela témoigne d'une grande capacité des entreprises de grande taille à conquérir les marchés extérieurs où la concurrence est de plus en plus intense. Comme l'a souligné M. Tores: " S'il est généralement reconnu que la taille n'a pas beaucoup d'influence sur la propension à explorer, mesurée comme le rapport

75

entre le Chiffre d'affaires réalisé à l'etranger sur le chiffre d'affaires total de l'entreprise, on sait que la taille de l'entreprise a une forte influence sur la probalité d'exporter "1 . Chose qui se vérifie bien dans le cas de Meknès.

- L'effet taille se manifeste également au niveau du taux de valeur ajoutée. Ce dernier est, en effet, de 71,86% supérieur au niveau des grandes entreprises de Meknès par rapport aux PMI de la même ville.

- Ce n'est qu'au niveau du taux d'investissement que les PMI affichent des performances relativement meilleures par rapport aux grandes entreprises. Ce taux est de 20,86 % contre seulement 11,56 % pour les entreprises de grande taille.

2-2-2: Des écarts par rapport à d'autres espaces.

Tous les ratios retenus pour des besoins de comparaison font révéler que le secteur des PMI à Meknès se trouve dans actuellement dans une situation moins avantageuse par rapport aux mêmes secteurs dans les villes de Fès et Casablanca et même par rapport à l'échelon national.

Ainsi, par exemple, la productivité apparente du travail est supérieure de 4,15 %, 37,30 % et 10,57 % respectivement à Fès, Casablanca et au niveau national. Il est de même pour le taux d'exportation où le secteur des PMI à Meknès accuse un retard respectivement de -2,55%, -54,90% et -45,70% par rapports aux trois espaces considérés de manière respective.

Les mêmes constatations sont relevées au niveau des autres ratios à savoir le taux de valeur ajoutée et le taux d'investissement.

Cette situation peut s'expliquer par un ensemble de facteurs parmi lesquels nous citons: l'existence d'une infrastructure d'accueil adéquate, économies d'agglomérations, adéquation des services urbains, situation de la ville, etc.

Paragraphe 3: Place des PMI dans l'économie urbaine.

A titre indicatif, soulignons tout d'abord que l'étude du SDAU de Meknès au niveau de sa phase diagnostique en 1992, a révélé que le secteur secondaire occupait 25 % de la population active de la ville, dont 7 % seulement revient à l'industrie. Par contre le secteur tertiaire représente 56,50 % contre 18,50 % pour le secteur primaire.

Ces chiffres montrent à eux seuls que l'industrie et par conséquent la PMI, est un secteur à faible poids dans l'économie urbaine. Celle-ci reste, en effet, dominée par le commerce ( 15%), l'artisanat (17%) et l'administration. Ces derniers sont si importants que Meknès apparaît plutôt comme une ville de commerce, de services, d'artisanat et de commandement que comme une ville industrielle.

Dés lors, nous pouvons déjà en déduire que, l'impact des PMI déjà assez limité se trouve très faible au niveau local.

Qu'en est-il à présent des actifs de ce secteur dans l'espace d'étude ? C'est ce que nous essayerons de voir dans la section suivante.

Section 3: Profils des actifs des PMI à Meknès.

(1) TORRES ( Olivier) : " Territoire, PME globales et réseaux transnationaux " in Globalisation et compétitivité Sous direction SEFRIOUI ( F) , Edition Esprit, 1997 pp: 81-95.

76

Après avoir examiné certains aspects structurels des PMI et mis en relief leur place et leur poids socio-économique au niveau de la ville de Meknès, nous allons essayer dans la présente section de mettre en exergue certaines caractéristiques des actifs de ces entreprises à savoir les petits et moyens entrepreneurs et les employés. Nous estimons, en effet, qu'en dehors des problèmes proprement économiques, l'étude de ce secteur ne saurait négliger les aspects humains.

Pour ce faire, nous allons essayer dans un premier lieu d'approcher les dirigeants des PMI exerçant à Meknès ( paragraphe 1) avant de nous intéresser dans un second et dernier lieu à l'étude des composantes socio-économiques de la main d'oeuvre employée par ces entreprises ( paragraphe 2 ).

Paragraphe 1: Profils des petits et moyens entrepreneurs à Meknès

Diverses études au Maroc ont brossé à gros traits les profils des entrepreneurs ou créateurs d'entreprises industrielles. Compte tenu des spécificité socio-économiques du Maroc et compte tenu de sa faible antériorité industrielle, les créateurs marocains sont souvent à profils 1 :

? De commerçant fortuné, maîtrisant son domaine d'activité et recherchant une intégration en amont à travers la fabrication de produits déjà commercialisés.

? De gros agriculteurs ou propriétaires fonciers évoluant vers l'investissement industriel. ? De techniciens ou agents de maîtrise décidant de franchir le pas de la création pour y rechercher épanouissement et indépendance.

? Des autodidactes disposant d'une formation sur le tas, d'un métier ou d'un savoir-faire particulier.

? De cadres salariés commerciaux ou financiers qui décident de se " lancer".

Pour le cas de Meknès et avant d'essayer de ressortir les profils des dirigeants des PMI, il y'a lieu tout d'abord de faire quelques précisions méthodologiques.

Pour cerner cet aspect à la fois important et très difficile, nous nous sommes basés dans nos investigations sur l'enquête du terrain et les contacts avec les dirigeants de ces entreprises.

La population visée par l'enquête se composait exclusivement des chefs des PMI. C'est à dire les personnes ayant créé l'entreprise et qui en assument la responsabilité effective de direction. Les caractéristiques de l'échantillon retenu sont similaires à celles de l'échantillon des PMI déjà présentées au niveau de l'introduction générale de ce travail.

L'exploitation des données de l'enquête et les résultats des interviews directs avec les chefs des PMI nous ont permis de dégager certaines de leurs composantes socio-économiques relatives à la structure par sexe et par âge, l'origine géographique, la trajectoire sociale et professionnelle et enfin le niveau d'instruction.

1-1 : Structure par sexe et par âge.

(1) Tangeaoui (S aid) : Les entrepreneurs marocains : pouvoirs, sociétés et modernités.Edition Karthala. Paris 1993. p 85.

77

D'une façon générale, nous pouvons dire que la majorité écrasante des PMI à Meknès est dirigée par des hommes. La présence des femmes à la tête de ces entreprises est pratiquement négligeable.

Ainsi, nous n'avons relevé que 3 cas de PMI qui ont été créés et qui sont gérées par des dirigeants de sexe féminin. Elles concernent notamment des petites entreprises travaillant dans le domaine de l'agro-alimentaire.

S'agissant de la répartition de ces entrepreneurs par âge, il y'a lieu de noter que l'entrée précoce dans la vie professionnelle est une propriété spécifique aux personnes gérant les PMI à Meknès.

Le tableau suivant illustre bien cette situation:

Tableau n° 25 : Répartition des dirigeants des PMI à Meknès selon l'âge.

Tranches d'effectifs

Moins de 30 ans

Entre 30 et 45 ans

Entre 45 et 60 ans

60 et plus

0 - 9

5

71,40

08

34,80

3

16,65

1

25

10 - 4 9

2

28,60

12

52,20

6

33,35

1

25

50 - 199

-

-

3

13,00

9

50

2

50

Total

7

100

23

100

18

100

4

100

Source : Enquête dirigeants des PMI. Juillet/ Août 2000.

Figure n° 10 : Répartition des dirigeants des PMI selon l'âge

60 ans et plus De 45 à 60 ans De 30 à 45 ans Moins de 30 ans

100% 90% 80% 70% 60% 50% 40% 30% 20% 10% 0%

 

0 à 9 10 à 49 50 à 199

D'une manière générale nous pouvons dire que les chefs des PMI à Meknès sont relativement jeunes. En effet les données de l'enquête font ressortir que plus de la moitié de ces dirigeants, soit environ 58 % ont moins de 45 ans. Dans cette frange d'entrepreneurs, ceux qui ont un âge compris entre 30 et 45 ans sont majoritaires avec plus de 44 % de l'effectif total des chefs des PMI ayant fait l'objet de cette enquête.

Quant aux patrons plus âgés, c'est à dire ceux qui ont plus de 60 ans au moment de l'enquête, ils sont très minoritaires et représentent seulement un peu moins de 8 %. Ils

78

sont moins nombreux que les plus jeunes de moins de 30 ans qui constituent plus de 13 % dans l'effectif total des chefs des PMI à Meknès.

1-2 : Origine géographique.

L'étude des origines géographiques des dirigeants des PMI à Meknès fait apparaître une forte proportion des non Meknassis. En effet les éléments étrangers à notre aire d'étude constituent plus de 78 % de l'effectif total des chefs des PMI enquêtées comme le montre le tableau suivant:

Tableau n° 26 : Origines géographiques des chefs des PMI à Meknès.

Origines

Géographiques

Tranches d'effectifs

Total

des PMI

0 - 9

10 - 4 9

50 - 199

Nomb re

%

Nomb re

%

Nomb re

%

Nomb re

%

Meknès

6

35,25

4

19,00

1

7,15

11

21,15

Reste Région de Meknès

3

17,65

2

9,50

2

14,20

7

13,45

Fès

2

11,75

5

23,80

6

42,90

13

25

Souss

1

5,90

2

9,50

1

7,15

7,70

4

Kenitra/ Sidi kacem

-

-

3

14,30

-

-

3

5,80

Oriental

1

5,90

2

9,50

-

-

3

5,80

Rif

1

5,90

1

4,80

-

-

2

3,85

Rabat

1

5,90

-

-

1

7,15

2

3,85

Casablanca

-

-

-

-

1

7,15

1

1,90

Etranger

-

-

1

4,80

1

7,15

2

3,85

Autres

2

11,75

1

4,80

1

7,15

4

7,70

Totaux

17

100

21

100

14

100

52

100

Source : Enquête dirigeants des PMI. Juillet / Août 2000.

D'après les données du tableau ci dessus, plusieurs remarques peuvent être formulées:

- Les chefs des PMI originaires de la ville de Meknès ne représentent qu'un peu plus de 20 % du total des dirigeants des PMI enquêtées. 54,55 % de ces entrepreneurs dirigent des micro- entreprises employant moins de 10 personnes, 36,35 % d'entre eux sont à la tête de petites entreprises et seulement 9,10 % sont des dirigeants de moyennes entreprises.

- Les non Meknassis représentent environ les 4/5 des chefs des PMI enquêtées. Mais parmi ceux-ci une proportion importante provient des villes voisines de Meknès notamment Fès (25 % ), Kenitra / Sidi Kacem ( 5,80 %) et de certains centres ou villes dépendant de la région Meknès-Tafilalet ( El-Hajeb -Midelt - Errachidia - khénifra-Azrou,..etc) et qui totalisent ensemble 13,45% du total des chefs des PMI enquêtés. Ceci confirme le rôle de la ville de Meknès en tant que pôle d'attraction régional.

79

- Par contre les autres villes notamment Casablanca, Rabat, et autres villes atlantiques sont faiblement ou pas du tout représentées. Cela nous pousse à formuler l'hypothèse que les investisseurs originaires de ces villes préfèrent s'installer dans l'axe atlantique qui présente relativement beaucoup plus d'avantages, plutôt que de choisir une localisation dans une ville intérieure telle que Meknès.

- La même remarque peut être faite à l'égard des investisseurs dont l'origine géographique est l'étranger ( 3,85 % seulement). Cela montre que le déploiement du capital étranger demeure encore très faible au niveau de la ville de Meknès.

- Enfin, deux régions continuent en quelque sorte de représenter les " pépinières" des chefs d'entreprises au Maroc. Il s'agit notamment de Fès et de la région de Souss qui totalisent ensemble plus de 29 % des chefs des PMI à Meknès. 25 % proviennent en effet de Fès et 4 % de Souss.

Comme l'a souligné A. Kaioua " depuis quelques années, on enregistre une course serrée entre les capitalistes Fassis et ceux de Souss pour occuper plus de positions dans le monde industriel "1 .

Néanmoins pour le cas de Meknès, nous relevons un début de diversification des origines du capital des PMI comme l'illustre bien le tableau précédent.

1-3 : Trajectoire sociale et statut antérieur des dirigeants des PMI.

La trajectoire sociale et professionnelle des chefs des PMI à Meknès est un élément d'analyse fort intéressant qui permet de rendre compte des conditions et de l'environnement au sein duquel cette classe se développe.

Pour cerner cet aspect, nous nous sommes référés à deux indicateurs principaux à savoir : le métier du père de l'entrepreneur et le statut antérieur de ce dernier avant de créer son entreprise qu'il gère au moment de l'enquête.

Les données recueillies montrent des clivages importants au sein de la population étudiée comme le montre le tableau suivant:

Tableau n° 27 : Origine sociale et statut antérieur des chefs des PMI à

Meknès.

Métier du père Statut antérieur

Commerça nt

Artisan

Agricult eur

Propriétai re foncier

Industr iel

Salarié

Fonctionn aire

TME

Total

Etudiant

-

1

2

-

-

-

-

1

4

Chômeur

1

-

1

-

-

1

1

-

4

Technicien/ Salarié

2

3

3

-

1

2

-

1

12

Fonctionnaire

1

1

-

-

-

-

-

-

2

Profession libérale

2

-

-

1

-

-

1

-

4

TME

-

1

1

-

-

-

-

1

3

Agriculteur

-

-

4

-

-

-

-

-

4

(1) Kaioua (Abdelkader) : Casa : L'industrie et la ville. URBAMA, fascicule de recherche n° 30, Tours, 1996, P: 243.

80

Artisan

2

2

2

-

-

1

-

-

7

Commerçant

3

2

3

1

-

1

-

-

10

Industriel

1

-

-

-

1

-

-

-

2

Totaux

12

10

16

2

2

5

2

3

52

Source : Enquête dirigeants des PMI. Juillet/ Août 2000.

La lecture de ce tableau fait apparaître une relation assez importante entre la trajectoire professionnelle des chefs des PMI et leur origine sociale.

Avant la création de leur entreprise, environ la moitié des ces entrepreneurs ont exercé une profession de commerçant, d'artisan, d'agriculteur ou dans la fonction libérale. Ils ont investi essentiellement dans les branches de l'agro-alimentaire, du textile et habillement ou de la chimie et parachimie. La plupart d'entre eux sont des fils de commerçants, d'agriculteurs ou d'artisans.

Parallèlement, plus de 23 % des chefs des PMI ont commencé leur carrière professionnelle comme ouvrier ou technicien dans une autre entreprise à Meknès, Fès, Casablanca ou à l'étranger. LA plupart d'entre eux occupaient des postes de techniciens, d'ouvriers qualifiés ou d'employés. Après quelques années de salariat, ces anciens salariés ont décidé de s'installer à leur compte. Cette reconversion professionnelle intervient le plus souvent en raison de la préférence pour une activité indépendante synonyme d'une promotion sociale et d'épanouissement que les individus interrogés, résument par l'expression " être son propre patron".

Cette même raison est aussi avancée par les dirigeants des PMI qui occupaient auparavant des postes dans la fonction publique.

Par contre, pour plus de 15 % des dirigeants qui étaient avant la création de leur entreprise des étudiants ou étaient des chômeurs, cette reconversion marque indéniablement l'importance du contexte économique de ces dernières années. En effet, la crise du marché de l'emploi a contribué au développement de la création d'entreprises dans la plupart des cas par des mesures visant l'encouragement de l'auto-emploi. Le chômage apparaît donc comme un élément incitateur à la création des PMI." On n'avait pas le choix, il faut créer son propre emploi, ça c'est la première des choses qu'on regarde lorsqu'on est en chômage " nous disait un dirigeant interrogé à ce sujet.

Les anciens étudiants et chômeurs sont dans la plupart du temps fils d'agriculteurs, de commerçants, de commerçants ou de salariés mais jamais fils d'autres industriels ou de propriétaires fonciers.

Enfin, peu de dirigeants interrogés ont été avant la création de leurs entreprises d'anciens industriels. Ces derniers représentent à peine 3,85 %.

Comme on peut donc le constater, les trajectoires sociales et professionnelles des chefs des PMI à Meknès apparaissent aujourd'hui très diversifiées. Elles restent cependant dominées par des statuts de commerçants, des techniciens/ ouvriers et d'artisans comme étapes antérieures à la création d'une PMI.

81

1-4: Niveau d'instruction.

Lorsqu'on examine la formation des chefs des PMI à Meknès, on est frappé par le niveau relativement élevé de l'instruction de ces entrepreneurs. Plus de 60 % parmi eux ont, en effet, au moins le certificat d'études secondaires contre seulement 9,60 % qui sont analphabètes ou ayant reçu un enseignement coranique comme l'illustre bien le tableau suivant:

Tableau n° 28 : Niveau d'instruction des dirigeants des PMI à Meknès.

Niveau

d'instruction

Tranches d'effectifs

Total des PMI

0 - 9

10 - 4 9

50 - 199

Nombre

%

Nombre

%

Nombre

%

Nombre

%

Sans

1

5,90

-

-

1

7,15

2

3,85

Coranique

2

11,80

-

-

1

7,15

3

5,75

Primaire

7

41,20

7

33,35

2

14,35

16

30,80

Secondaire

4

23,50

10

47,60

8

57,15

22

42,30

Supérieur

3

17,60

4

19,05

2

14,15

09

17,70

Total

17

100

21

100

14

100

52

100

Source : Enquête dirigeants des PMI. Juillet/ Août 2000.

Ainsi plus de 90 % des dirigeants ont reçu au moins une formation primaire. Ce taux élevé d'instruction ne s'explique pas à notre avis par la composition de l'échantillon mais reflète une réalité liée ces dernières années au monde des affaires au Maroc. Les investisseurs ne sont plus ces détenteurs de capitaux analphabètes et parfois autodidactes. On assiste, en effet, à l'émergence d'une nouvelle génération d'entrepreneurs aux niveaux de formation élevés qui s'est lancée dans la vie entrepreneuriale par nécessité ou par conviction.

La combinaison de ces caractéristiques générales avec d'autres variables ( taille des entreprises, branches d'activité, date de création, etc) nous a permis de distinguer, grosso modo, deux grandes catégories de chefs des PMI à Meknès:

* Les dirigeants de la première génération composée d'anciens commerçants,

artisans et agriculteurs. D'une manière générale cette génération n'avait pas de difficultés financières pour se lancer dans la vie entrepreneuriale car elle avait accumulé des moyens financiers propres. Beaucoup parmi eux n'ont pas de niveau d'instruction élevé ni de formation professionnelle. Ces entrepreneurs formés sur le tas, investissent dans le secteur qu'ils connaissent le mieux et cherchent rarement la diversification.

* De jeunes entrepreneurs aux origines sociales et professionnelles diversifiées. Cette

catégorie de chefs des PMI actuellement en oeuvre à Meknès est très différente de la première. Elle est représentée par d'anciens techniciens, fonctionnaires, chômeurs et étudiants. Disposant au départ de moyens financiers limités, cette catégorie de dirigeants se caractérise par une forte capacité d'adaptation et par un esprit d'entreprise plus agressif. Beaucoup d'entre eux ont un niveau d'instruction élevé et ont acquis une formation scolaire et/ou professionnelle relativement importante.

82

Tels sont donc globalement les profils des chefs des PMI à Meknès. Qu'en est -il à présent de la main d'oeuvre employée par ces entreprises ? C'est ce que nous allons voir dans le paragraphe suivant.

Paragraphe 2: Structure et composantes générales de la main d'oeuvre.

L'approche de la main d'oeuvre employée par les PMI de Meknès, la connaissance de son origine, de son profil socio- économique, ...etc, ne constitue pas une tache facile. Toutefois à l'aide des dirigeants de ces entreprises et grâce à la collaboration des employés interrogés, nous avons pu avoir un certain nombre d'informations sur un échantillon composé de 970 ouvriers représentant 16 % de la main d'oeuvre employée par les PMI de Meknès.

L'exploitation de ces données nous a permis de mettre en relief les principales composantes socio-économiques de cette main d'oeuvre.

2-1 : Structure de la main d'oeuvre par sexe et par âge.

l'analyse de la structure par sexe de la main d'oeuvre employée par les PMI de Meknès fait révéler un déséquilibre important en faveur des effectifs masculins. Ceux-ci représentent en effet, 80 % des effectifs employés par ces entreprises contre seulement 20 % pour la main d'oeuvre féminine.

Ce taux, relativement faible de la main d'oeuvre féminine, est beaucoup plus équilibré au niveau des grandes entreprises de la ville et a atteint 47,5 % durant l'exercice 1998. Il s'explique par l'importance des effectifs féminins employés dans la branche du textile et de l'habillement. Toutefois ce taux tombe à 37,30 si l'on considère l'ensemble du tissu industriel au niveau local 1.

Par ailleurs, la jeunesse de la main d'oeuvre employée par ces entreprises, est un trait marquant. En effet 67 % des ouvriers enquêtés ont moins de 40 ans alors que 82% des femmes ouvrières ont moins de cet âge. Ce constat résulte de l'importance de l'emploi des jeunes filles dans la branche textile et habillement et dans certaines unités de l'agro-alimentaire.

Le tableau suivant donne la répartition de la main d'oeuvre employée par les PMI enquêtées par sexe et par age.

Tableau n° 29 : Structure de la main d'oeuvre employée par les PMI à Meknès ar sexe et par âge.

Groupes d'âge

Sexe

Total PMI

Masculin

Féminin

N/bre

%

N/bre

%

N/bre

%

15 -20

24

2,50

32

3,30

56

5,80

20 -25

67

6,90

43

4,40

110

11,30

25 -30

80

8,20

35

3,60

115

11,80

30-35

166

17,10

25

2,60

191

19,70

35 -40

154

15,90

24

2,50

178

18,40

40-45

117

12,05

18

1,85

135

13,90

(1 ) MCIA : Résultats de l'enquête annuelle sur les industries de transformation.. Décembre 1999.

83

45- 50

80

8,25

13

1,35

93

9,60

50-55

62

6,40

04

0,40

66

6,80

55 -60

23

2,40

00

00

23

2,40

60 et plus

03

0,30

00

00

03

0,30

Total

776

100

194

100

970

100

Source : Enquête " employés des PMI". Juillet/ Août. 2000.

2-2 : Origine de la main d'oeuvre.

Cet indicateur revêt une grande importance. Il nous renseigne d'une part sur la participation d'actifs d'origines différentes dans l'alimentation des PMI en main d'oeuvre et nous montre par conséquent le degré de dépendance du marché de l'emploi vis à vis de la main d'oeuvre venue d'autres localités. D'autre part, il nous permet de juger de l'aire d'attraction de la ville de Meknès de manière général et du degré de rayonnement du secteur des PMI de manière particulière.

Les résultats de l'enquête font apparaître que la main d'oeuvre employée par ces entreprises est composée largement d'éléments étrangers à la ville de Meknès comme le montre le tableau suivant.

Tableau n° 30 : Origine de la main d'oeuvre employée par les PMI de Meknès.

Lieu de naissance

Nombre

%

Nés à Meknès

223

23,00

Nés à Meknès rural

66

6,80

Total

289

29,80

Fès

57

5,90

Khémisset

70

7,20

Ifrane / AZrou

66

6,80

El-Hajeb

64

6,60

Khénifra/Midelt

42

4;30

Errachidia

42

4,30

Casablanca

24

2,50

Rabat

20

2,05

Taza

50

5,15

Beni-Mellal

14

1,45

Kénitra

30

3,10

Oriental

66

6,80

Rif

14

1,45

Sidi Kacem

60

6,20

Autres

62

6,40

Total

970

100

Source: Enquête employés PMI. Juillet/ Août 2000.

29,8 % seulement de la main d'oeuvre employée par les PMI, sont nés à Meknès ou dans les campagnes environantes. Par contre plus de 70 % sont issus de villes ou provinces différentes. Nous relevons toutefois que plus de 51,80 % des employés sont nés dans la région Meknès- Tafilalet notamment à El- Hajeb ( 6,6 %), Ifrane / Azrou (5,75

84

%), Khénifra / Midelt (4,30%) et Errachidia (4,30%). Cela montre encore une fois, le rôle attractif qu'exerce la ville de Meknès en tant que pôle régional. Cette attraction ne se limite pas aux provinces dépendant administrativement de la région en question, mais le dépasse pour embrasser aussi les villes et centres environnants. C'est le cas notamment de Khédive (7,20 %) de Sidi Kacem (6,20%) ou encore de Fès et de Taza avec respectivement 5,90 % et 5, 15 % du total des ouvriers enquêtés.

On remarque donc une diversité des origines géographiques des ouvriers des PMI de Meknès, avec tout de même une prédominance de la main d'oeuvre née en milieu régional et dans les villes et campagnes environnantes qui sont considérés comme les principaux bassins de recrutement de la main d'oeuvre employée par ces entreprises.

2-3 : Niveau d'instruction de la main d'oeuvre.

L'enquête menée auprès des salariés des PMI à Meknès, révèle que ce secteur puise l'essentiel de ses réserves de main d'oeuvre au sein d'une population scolarisée. Ainsi plus de 75 % des ouvriers enquêtés ont fréquenté au moins l'école primaire. Ce taux n'est pas dû à notre avis à la composition de l'échantillon mais reflète bien une évolution réelle de l'ouvrier marocain surtout dans les villes. Comme le souligne à juste titre A. Kaioua: " les rejets des divers établissements scolaires et universitaires font qu'une armée de réserve industrielle, relativement instruite vient gonfler chaque année les rangs des chômeurs. Elle remplace petit à petit l'ouvrier illettré et instable des premières années de l'indépendants dans les travaux liés à la production "1

Le tableau suivant donnant la ventilation de la main d'oeuvre employée par les PMI par niveau d'instruction, à Meknès illustre bien cette situation.

Tableau n° 31 : Niveau d'instruction du personnel des PMI à Meknès.

Niveau

d'instruction

Tranches d'effectifs

Total PMI

0 - 9

10 - 49

50 - 199

Nombr e

%

Nombr e

%

Nombr e

%

Nombr e

%

Sans

25

29,10

61

17,25

105

19,80

191

19,70

Coranique

20

23,05

16

4,50

34

6,40

70

7,20

Primaire

34

39,50

152

42,95

226

42,65

412

42,50

Secondaire

6

6,95

117

33,05

152

28,70

275

28,35

Supérieur

1

1,20

8

2,25

13

2,45

22

2,25

Totaux

86

100

354

100

530

100

970

100

Source: Enquêtes personnelles.Juillet / Août 2000.

Ainsi on relève que 42,50 % des ouvriers ont fréquenté l'école primaire et plus de 28 % l'enseignement de second degré. Néanmoins environ 20 % de la main d'oeuvre enquêtée, demeure analphabète alors que 7,20 % ont fréquenté seulement l'école coranique.

En tenant compte de la taille des entreprises, l'analphabétisme touche près de 30 % du personnel des micro-entreprises, 17,25% des ouvriers des petites entreprises et 19,80 % des employés des moyennes entreprises. A l'opposé, on constate que les micro-entreprises disposent généralement de peu d'ouvriers ayant suivi une formation

(1) Kaioua (Abdelkader) : Casa : L'industrie et la ville. URBAMA, fascicule de recherche n° 30, Tours, 1996, P:.

supérieure (1,20 %) contre 2,25 % pour les petites entreprises et 2,45 % pour les entreprises de taille moyenne.

2-4 Structure professionnelle.

La structure professionnelle de la main d'oeuvre représente un autre critère de connaissance de la diversité du secteur des PMI à Meknès.

Plusieurs difficultés pratiques rendent délicates cette approche notamment la distinction des niveaux de qualification. Néanmoins les données recueillies permettent d'avoir une mesure approximative du degré de qualification de ces ouvriers.

En effet, la distribution par catégories socio-professionnelles des ouvriers des PMI à Meknès fait apparaître un faible niveau d'encadrement de ces entreprises. Les cadres supérieurs et intermédiaires ne représentent, en effet, qu'un peu moins de 8 % du total de la main d'oeuvre employée par ces entreprises.

L'insuffisance des moyens financiers ne leur permet pas de recruter des cadres qui, de leur côté, cherchent à se faire embaucher dans grandes entreprises où le travail est relativement mieux rémunéré.

Tableau n° 32 : Répartition des ouvriers par catégories socio- professionnelles.

Catégories socio- professionnelles

Tranches d'effectifs

Total
PMI

0 - 9

10 - 49

50 - 199

N/bre

%

N/bre

%

N/bre

%

N/bre

%

Cadres supérieurs

-

-

3

0,85

9

1,70

12

1,25

Cadres moyens

3

3,50

18

5,10

41

7,75

62

6,40

Ouvriers qualifiés

17

19,65

58

16,40

94

17,75

169

16.70

Employés

6

6,95

25

7,05

39

7,25

70

7,20

Manoeuvres et autres

60

69,80

250

70,60

347

65,45

614

67,75

Totaux

86

100

354

100

530

100

970

100

Source: Enquête employés des PMI. Juillet / Août. 2000.

85

Figure N° 11 : Répartition des ouvriers par catégories socio- professionnelles.

Manoeuvres et autres

Cadres supérieurs Cadres moyens

Ouvriers qualifiés

Employés

86

La figure ci-dessus fait apparaître que la catégorie des manoeuvres est très prépondérante au niveau de la distribution de la main d'oeuvre employée par les PMI à Meknès. Cette catégorie représente, en effet, 67,75 % de l'ensemble des ouvriers employés par ces entreprises. L'importance de cette catégorie reflète bien le type d'industrie vers laquelle est orientée le secteur des PMI à Meknès. Il s'agit d'une activité située en aval à technologie simple, ne faisant appel à aucune spécialisation ou qualification de la part de la main d'oeuvre et partant, qui ne favorise aucunement la naissance et le développement d'une tradition industrielle et d'une technologie nationale.

Conclusion

L'étude des caractéristiques générales des PMI à Meknès, de leur poids socio-économiques ainsi que les composantes générales des actifs qui y sont impliqués, nous a permis de bien saisir la portée réelle de ce secteur ainsi que ses limites.

C'est un tissu qui se caractérise par la prédominance en son sein d'entreprises relativement jeunes, de taille principalement petite et d'essence familiale et qui est marqué par une certaine prépondérance des industries de biens de consommation finale.

Malgré sa diversification et son importance numérique, ce segment du tissu productif local se présente comme un secteur marqué par un ensemble de déséquilibres

87

qui affectent son développement. Lesquels déséquilibres sont liés aussi bien à certains aspects structurels de ce secteur qu'aux caractéristiques même des acteurs qui y sont impliqués à savoir les petits et moyens industriels et la main d'oeuvre employée par ces entreprises.

Par ailleurs, les développements précédents nous ont permis de relever le rôle relativement modeste de ce secteur en termes de poids socio-économique. Ce rôle assez limité apparaît aussi bien au niveau de la création peu satisfaisante d'emplois qu'au niveau de sa contribution aux grandeurs économiques et dans l'économie urbaine. Ces contre-performances ont été mises en évidence grâce à l'analyse d'un certain nombre de ratios.

Néanmoins, grâce à ce secteur, nous assistons à l'émergence d'un tissu productif local et surtout à la naissance d'une classe de nouveaux entrepreneurs. Ces indicateurs à eux seuls devraient inciter à déployer davantage d'efforts en vue d'un développement soutenu de ce secteur au niveau local.

Conclusion de la première partie

L'examen du contexte socio-économique et des caractéristiques générales des PMI à Meknès, a montré que ce secteur ne vit pas dans un vase clos. Au contraire, il est largement marqué par la nature du contexte socio-économique dans il vit.

En effet, le dit contexte présente des traits marquants pouvant générer des opportunités et ce, à différents niveaux:

- Au niveau historique, la ville de Meknès peut être fière de son passé et de son patrimoine très riches. Avec le Sultan My Ismail, elle a été élevée au rang de capitale politique du Maroc. Ce choix grandement fondé sur la position de la ville a permis d'imposer Meknès comme une des grandes villes du pays occupant une position centrale dans l'armature urbaine du Maroc..

- La ville de Meknès bénéficie de réels atouts liés à sa localisation au carrefour des grandes routes commerciales traditionnelles du Maroc et à la qualité de son site naturel. Ce qui lui permet de jouer une fonction de " centre relais" au coeur de la riche plaine de Sais.

- Au niveau économique, la ville de Meknès et sa région recèlent de potentialités économiques importantes notamment dans le domaine agricole.

Tous ces atouts ne sont pas sans avoir un impact direct sur l'activité exercée par les PMI et constituent, en fait, une assise globalement favorable au déploiement de ces entités et à leur développement à la condition d'être bien conçus et bien saisis.

Malgré cela, l'examen des caractéristiques générales des PMI et de leur poids socio-économique, a permis de constater que ce segment du tissu productif local se

88

présente comme un secteur aux structures défavorables et marqué par un certain nombre de déséquilibres liés aussi bien aux aspects structurels de ce secteur qu'aux caractéristiques même des acteurs qui y sont impliqués.

L'analyse menée a également montré que ce secteur, malgré sa diversification et son importance numérique, ne joue qu'un rôle relativement modeste au niveau de la ville de Meknès. Ce rôle assez limité réside aussi bien au niveau de la création peu satisfaisante d'emplois qu'au niveau de sa contribution aux différentes grandeurs économiques et à l'économie urbaine.

Une analyse à l'aide de ratios de performance a, par ailleurs, permis de mieux apprécier à sa juste valeur, le poids socio-économique de ces entreprises en comparaison avec les grandes unités au niveau de Meknès et avec leurs homologues dans d'autres espaces du Maroc.

En dépit de ces contre-performances, il n'empêche que ce secteur ait permis la réalisation de certains objectifs assignés à cette catégorie d'entreprises et notamment l'émergence d'une nouvelle couche d'entrepreneurs, la naissance et le développement d'un tissu productif local qui constitue un début même timide d'un processus de décentralisation industrielle, la création d'un certain nombre de postes de travail permettant à plusieurs familles de vivre et de participer à la valorisation des richesses locales.

Ces indicateurs à eux seuls militent en faveur de renforcement et du soutien de ce secteur très vital pour l'économie locale.

Partie 2 :

Logique de déploiement, composantes et

tendances spatiales des PMI à Meknès

89

Introduction

Au terme de cette analyse sur les caractéristiques générales des PMI à Meknès et de leur poids socio-économique qui a été menée sur la base d'un ensemble d'indicateurs à la fois quantitatifs et qualitatifs, il importe à présent d'approcher ce segment du tissu productif sous un autre angle, autre que socio-économique. Il s'agit en effet, de mettre en

relief les composantes spatiales de ce secteur à travers l'analyse de la logique de son déploiement, des formes de sa localisation et de la stratégie mise en oeuvre pour une répartition harmonieuse des unités relevant de ce secteur dans l'espace urbain de Meknès.

Nous privilégions dans notre démarche de partir des interrogations suivantes:

- Quels sont les critères ayant influé sur la localisation des PMI à Meknès?

- Comment se présente la distribution spatiale de ces entreprises dans l'espace urbain Meknassi?

- Quelle est la stratégie adoptée par la planification urbaine pour repartir ces unités de façon harmonieuse dans l'espace ?

La réponse à ces questions va nous permettre, d'une part, d'apprécier l'impact des PMI dans la structuration de l'espace urbain de Meknès et d'autre part, d'avoir une idée sur la portée réelle des efforts déployés par les pouvoirs publics pour la mise en place d'un environnement industriel favorable à ces entreprises notamment, dans le domaine des infrastructures d'accueil des investissements.

90

Chapitre 1: Facteurs déterminants de la localisation des PMI à Meknès.

Les problèmes de la localisation des activités revêtent une grande importance pour les entreprises car les coûts de production en dépendent. Mais aussi pour les collectivités locales et l'Etat, parce qu'ils ont en charge la répartition harmonieuse des activités dans l'espace.

Les questions relatives à la localisation des activités économiques en général et des industries en particulier, ont très tôt intéressé l'analyse économique. D'une part parce que le problème de la localisation se situe dans le prolongement même du développement économique et social et d'autre part parce que, avec l'avènement du capitalisme, le sol urbain sera doté de la fonction supplémentaire de production à côté de sa fonction traditionnelle d'espace résidentiel.

En effet, même si les géographes ont très tôt établi la relation entre l'implantation industrielle et la présence des matières premières, de la main d'oeuvre, du marché et de l'énergie, leurs études de la localisation industrielle demeurent pour l'essentiel "descriptives et conduisent à la construction de typologies ou à l'énumération des facteurs qui butent rapidement sur la diversité des cas particuliers. L'absence de

91

schéma théorique de référence et rigoureux ne permet ni de mettre en évidence l'articulation de ces facteurs ni d'intégrer les résultats sur d'autres modèles plus généraux " 1. Ce sont essentiellement les économistes qui ont essayé de formuler un certain nombre de théories relatives à la localisation industrielle que ce soit au niveau de la macroéconomie qu'au niveau de la micro-économie en situant la décision d'implantation d'un établissement industriel dans le cadre d'une politique d'entreprise.

Cela nous amènera dans un premier lieu à nous interroger sur les fondements théoriques relatifs à la localisation industrielle et sur l'incidence que pourrait avoir la

taille de l'entreprise en matière de choix d'implantation ( section 1) avant
d'examiner par la suite, les facteurs ayant influé sur les décisions de localisation des PMI à Meknès et les exigences idéales en matière de localisation telles qu'elles sont perçues par les chefs de ces entreprises ( section 2).

Section I: Fondements théoriques et relations entre localisation et taille des entreprises

L'étude des mécanismes déterminant la localisation des PMI à Meknès nécessite tout d'abord d'opérer un rapide détour théorique pour mieux appréhender cette question de localisation industrielle devenue incontournable aussi bien face à l'analyse économique qu'à l'épreuve de la réalité spatiale.

Nous nous attacherons dans un premier lieu à passer en revue les différentes approches de la localisation industrielle, aussi bien classiques qu'actuelles (paragraphe 1). Nous traiterons dans un 2ème et dernier lieu, des corrélations qui puissent exister entre

le choix de localisation et la taille des entreprises ( paragraphe 2).

Paragraphe I : Théories de localisation

Selon G.B. BENKO, le but de la théorie de la localisation est de " fournir une explication de l'organisation spatiale des firmes , d'identifier les variables qui déterminent la localisation et d'offrir des solutions analytiques. Elle doit aussi apporter des réponses détaillées aux nombreuses questions qui concernent l'éclatement spatial des firmes, l'influence de l'environnement, etc. "1.

Dans ce cadre, il y'a lieu de signaler que plusieurs approches ont été proposées, mais on peut distinguer globalement deux grandes approches: Les théories classiques et les théories actuelles.

1-2 : Théories classiques de localisation

Les théories classiques sont dites aussi weberiennes, portant ainsi le nom du père de la plus ancienne analyse théorique de la localisation : Alfred Weber (1909) qui a constitué le point de départ de bon nombre de réflexions sur le même thème. Ces théories ont cherché suivant le principe de la localisation optimale liée aux coûts de transport, à

( 1 ) BENKO ( G..B) : Géographie des téchnopoles, . Edition Masson, Paris 1991 , p: 15.

(1) BENKO ( G.B) : Géographie des téchnopoles ,opp cité, p: 16.

(2) Idem.

92

déterminer les facteurs pris en considération par les entreprises dans leur décision d'implantation. Les éléments mis en avant sont : Les coûts relatifs d'obtention de matières premières, ceux qui concernent l'accès au marché et enfin les coûts différentiels du travail, auxquels s'ajoutent les facteurs d'agglomération et les économies externes (2 .

Selon ces mêmes théories, les entreprises déterminent alors leur localisation en fonction des avantages comparatifs que possèdent les espaces au regard de ces différents facteurs. Il s'agit essentiellement de déterminer les normes de localisation d'une entreprise soucieuse de maximiser l'utilité ( les profits) en mettant l'accent sur les décisions individuelles.

Les principales reproches faites à ces théories de localisation tournent autour de la question fondamentale suivante: Les hypothèses de rationalité obligent à introduire dans les théories, des fonctions individuelles de comportement dans lesquelles les variables explicatives ont un caractère exclusivement économique (les facteurs de coût et de rentabilité sont ceux qui déterminent les comportements individuels). Or comme l'a souligné J.R.Cuardo " les facteurs de caractère strictement économique peuvent avoir une incidence réelle moins importante que celle qu'il semblerait raisonnable d'imaginer à priori "1 cela est dû surtout dans le cas des petites et moyennes entreprises, au fait de méconnaître les circonstances économiques qui interviennent dans des localisations alternatives.

Autrement dit ajoute le même auteur " l'hypothèse de rationalité économique qui imprègne les modèles néo-classiques et qui présuppose que tout processus de décision implique une recherche de la solution optimale parmi l'ensemble des localisations possibles, vient buter contre la rigidité et les limites découlant des voies d'information et conduit au concept de rationalité limitée établi par SIMON "2.

Outre le fait que grand nombre de décisions d'investissement ne tiennent guère compte de localisations alternatives, les limites de cette optique économique s'expliquent aussi par le fait que le problème de choix d'implantation n'est qu'un aspect du processus d'investissement. Ce dernier exige pour sa compréhension l'examen d'un grand nombre d'aspects dont la plupart sont de nature personnelle, culturelle, sociale ...en somme des problèmes non économiques.

1-2: Théories actuelles de localisation.

La théorie de la localisation a pris depuis les années 70, une dimension particulière due selon G.B.BENKO à " la rapidité des modifications technologiques et à l'accélération des processus d'innovations qui font apparaître de nouvelles activités dont on connaît mal la logique d'organisation "3.

Le rôle de ce facteur en matière d'évolution des choix de localisation des entreprises, a déjà été mis en exergue par B. Dezert et C.Verlaque en soulignant que "les choix d'implantations sont liés dans les pays anciennement industrialisés, dans le temps,

2

(1) CUARDO ROURA ( J.R) : " Facteurs de localisation industrielle: Nouvelles tendances" in revue économie régionale et urbaine n° 3.Année 1989,pp:471-555.

( 2) Idem.

( 3 ) BENKO ( G.B) : Géographie des téchnopoles ,opp cité, p: 16.

93

aux innovations dans le domaine technique (Techniques de fabrication, processus d'organisation, modes de transport utilisés, etc.)1 .

De son côté Alain Sallez, en se basant sur ce même critère, distingue quatre grandes phases historiques caractérisant les rapports des entreprises avec leurs territoires 2:

- L'ère de la dispersion: les facteurs fixent l'industrie (1750-1850).

La localisation des entreprises est déterminée par la présence de facteurs nécessaires à la production ( Matières premières, énergie, eau, voies de transport).

- L'ère de la polarisation (1850-1955).

Cette ère se caractérise par la concentration des entreprises industrielles dans les métropoles et grandes villes. Concentration favorisée par le développement des moyens de communication.

- L'ère de la division spatiale du travail ( 1955-1975).

Cette ère se caractérise par la tendance des firmes américaines et européennes à décomposer leur processus de production et à délocaliser certaines de leurs activités vers les pays du tiers monde ( zones de bas salaires).

- L'ère de la technopolisation.

Cette quatrième phase non achevée selon l'auteur trouve son origine dans l'introduction des applications de l'électronique dans la production et dans le développement des différentes formes de la télématique ( FAO, CAO, travail à distance).

Les entreprises face à la concurrence de plus en plus forte, rapprochent donc la recherche du développement et le développement de la production au sein d'unités intégrées. Ces mouvements se réalisent dans un contexte de mobilisation des investissements nationaux et internationaux au profit des agglomérations urbaines les mieux dotées en main d'oeuvre qualifiée et en potentiels de recherche. Ces éléments étant devenus déterminants dans le choix de localisation pour les entreprises " innovantes".

Quelles sont donc les théories qui tentent d'expliquer la naissance et l'implantation géographiques des nouveaux espaces industriels: Les technopôles* .

Plusieurs approches ont été proposées dans ce cadre parmi lesquelles nous retenons: la théorie du milieu innovateur et les autres approches basées sur la recherche de facteurs de localisation spécifiques aux industries de haute technologie.

* La théorie du " milieu innovateur":

La notion du milieu innovateur a été définie par C. Perrin ( 1989) comme étant "un ensemble territorialité dans lequel des réseaux innovateurs se développent par l'apprentissage que font leurs acteurs des transactions multilatérales génératrices d'extérnalités spécifiques à l'innovation et par convergence des apprentissages avec des formes de plus en plus performante de création technologique (1 .

(1) DEZERT ( B) et VERLAQUE ( C) : L'espace industriel. Edition Masson, 1978, p, 47.

( 2 ) SALLEZ ( A) : " les nouveaux territoires de l'entreprise.Analyses et pratiques...

* Le vocable technopole désigne tantôt une zone aménagée spécifiquement pour accueillir de manière sélective des activités de haute technologie " high tech" : Le technopole; tantôt il désigne l'ensemble géographico-économique, ville, métropole recelant ces activités: La technopole ( du grec polis, ville).

( 1) Cité par BENKO ( G.B): Géographie des téchnopoles, opp cité, p:15.

Cette approche du milieu innovateur développée par Aydalot, pose l'hypothèse du rôle déterminant joué par les milieux locaux comme incubateurs de l'innovation. Les comportements innovateurs dépendent de variables définies au niveau local ou régional. Le passé des territoires, leur organisation, leur capacité à faire apparaître un projet commun et le consensus qui les structure sont à la base de l'innovation. De même l'accès à la connaissance technologique, la présence du savoir-faire, la composition du marché du travail et bien d'autres composantes déterminent des zones de plus ou moins réceptivité à l'innovation (2) .

Ce sont évidemment les grandes agglomérations qui sont considérées comme des espaces propices à l'innovation et plus aptes à jouer le rôle d'incubateurs. Ce-ci, est dû au fait qu'elles intègrent tous les "ingrédients économiques, techniques, politiques, culturels nécessaires pour qu'émerge un ensemble socio-spatial représentatif de l'une de ces zones liées à la condensation en un même lieu d'activités de formation et de recherche, d'établissements à la fois industriels et tertiaires de services supérieurs, de réseaux informatifs multiples et croisés, qui caractérisent les nouvelles cités technologiques "3

* Approches se basant sur la recherche de facteurs de localisation spécifiques aux industries de haute technologie.

Dans ce cadre plusieurs critères et facteurs spécifiques ont été avancés pour caractériser ces espacés : Existence d'universités et instituts de recherches, Accumulation de laboratoires de recherche capables de développer des découvertes susceptibles d'être transférées vers des entreprises intermédiaires, présence de services et de climat politique des affaires, importance des économies d'agglomérations ou de grande urbanisation, existence d'un système d'informations et d'échanges, d'interrelations fluide et performant, organisation de l'espace qui assure à cet ensemble une bonne fonctionnalité, etc.

Paragraphe 2 : Relations entre la localisation et la taille de l'entreprise.

Quelle est la nature des relations existant entre la taille de l'entreprise et le choix d'implantation ?

Analysant cette question Isard, Scholer, Florence et Bain1 ont fait introduire dans leurs analyses théoriques des problèmes liés aux économies d'échelle dans le choix de la localisation suivant la taille de l'entreprise. Pour Florence plus particulièrement, il existe une relation inversement proportionnelle entre la taille d'un établissement et le nombre de sites susceptibles pour l'accueillir, c'est à dire que plus la taille d'un établissement est importante, plus le nombre de sites candidats à son implantation est limité. Inversement plus la taille d'un établissement est petite plus le nombre de sites candidats à son implantation est tés grand.

Cela ne veut-il pas dire que les petites et moyennes entreprises sont moins exigeantes et plus libres en matière de localisation ?

( 2) BENKO ( G.B): Géographie des téchnopoles, opp cité, p:15.

( 3) DREULLE ( Sylvie) et JALABERT ( Guy): " La technopole toulousaine: le développement de la vallée de l'hers" in revue Espace Géographique, tome XVI n°1 Janvier / Mars 1987, Paris, pp: 15-29.

94

(1) Cité par DEZERT ( B) et VERLAQUE ( C) : L'espace industriel. opp, cité, p: 24.

95

Il paraît bien que cette attitude a été adoptée par les concepteurs du programmes national des zones industrielles mis en oeuvre au Maroc au début des années 80.

En effet, dans l'annonce des objectifs visés par ce programme nous lisons: " Aménager des zones d'accueil pour les industries dont l'implantation n'est pas liée à un site spécifique, donc notamment pour les petites et moyennes entreprises "2 .

Cette citation laisse croire, en effet, que les PMI sont considérées comme des industries libres ( par opposition aux industries liées) ne répondant pas à des localisations précises et impératives ou à un facteur déterminant. Ce qui ne veut pas dire pour autant qu'elles se fassent au hasard.

Il est vrai que les auteurs de l'étude sur les zones industrielles rectifient le tir un peu plus loin en soulignant " qu'il n'y a pas d'industries « passe-partout » mais des branches adaptées aux diverses régions "1 et de souligner que l'éloignement de Casablanca peut être préjudiciable à de nombreuses industries à cause notamment du problème de maintenance, des coûts de transport et du difficile accès à l'information. Mais Il était bien évident qu'on avait misé sur la souplesse d'implantation des PMI pour amorcer un processus de décentralisation industrielle au Maroc.

Ces entreprises sont, en effet, considérées comme étant "moins capitalistiques, meilleures créatrices d'emplois et se prêtent facilement à la décentralisation industrielle. Elles constituent grâce à leur capacité d'adaptation, un facteur de souplesse, de redéploiement et de renouvellement du tissu productif et interviennent comme élément moteur dans la politique d'aménagement du territoire et de modernisation du tissu économique "2 .

Il s'agit, en fait, là d'un enjeu majeur sur lequel repose toute la politique publique d'appui à la PMI au Maroc.

Toutefois, il ne faut pas oublier que les PMI, ces dernières années, ont été obligées d'opérer dans un environnement où l'espace de référence est d'une dimension mondiale et non locale ou nationale et ce, avec l'ouverture de l'économie et partant l'internationalisation des procédés de production et des champs d'activités.

Face à cette évolution, ces unités sont, de plus en plus, confrontées aux contraintes d'une dynamique mondiale qui les oblige à élire domicile là où les externalités sont les meilleures, en vue de compenser les économies d'échelles qu'elles ne peuvent se permettre en raison de leur taille.

Ce sont évidement les grandes villes qui, du fait qu'elles offrent des services aux PMI que celles-ci ne sont pas en mesure d'intégrer comme peuvent le faire les très grandes firmes, ont tendance à concentrer la majorité des investissements industriels projetés par cette catégorie d'entreprises.

( 2 ) Groupe des Huit / ODI : Etudes des zones industrielles au Maroc , op p cité p: 2 ( 1 ) Groupe des Huit / ODI : Etudes des zones industrielles au Maroc , op p cité p: 2

(2) Extrait de l'allocation de M. le Ministre du Commerce et de l'Industrie lors de la séance d'ouverture de la journée organisée par La chambre du commerce de Casa sur le thème " La PME/PMI au service de la dynamique économique au Maroc". Casablanca. Octobre, 1995.

96

Quoi qu'il en soit, les petites et moyennes unités de production ont également leurs exigences propres en matière de localisation comme nous allons pouvoir le constater dans le cas des PMI à Meknès tout au long de le section suivante.

Section II: Facteurs de localisation actuelle et exigences idéales
d'implantation des PMI à Meknès .

Après avoir examiné certains aspects théoriques relatifs à la localisation, nous nous sommes fixé pour objectif principal au niveau de cette section l'analyse des critères ayant influé sur la localisation des PMI à Meknès et le niveau d'importance de chaque facteur de localisation possible.

Par facteur de localisation nous entendons tout phénomène susceptible d'influer d'une manière ou d'une autre le choix de l'emplacement des entreprises.

Cette question de localisation sera traitée en deux temps: Dans un premier lieu nous essayerons d'appréhender les critères ayant déterminé le choix de localisation actuelle des PMI à Meknès ( Paragraphe 1). Dans un second lieu nous traiterons des exigences idéales pour choisir un site de localisation selon les chefs des entreprises enquêtées ( Paragraphe 2).

Paragraphe 1: Facteurs influant sur la localisation actuelle.

Pour appréhender ces facteurs de localisation, la question suivante a été posée aux dirigeants des PMI formant notre échantillon d'enquête: « Quels sont les critères ayant déterminé votre choix de localisation à Meknès? ». Les dirigeants interrogés ont fourni des réponses variées et cité un nombre de facteurs allant de 1 à 5 selon l'importance de chaque facteur.

Pour exploiter ces données, nous avons opéré par pondération en accordant 5 points à l'élément cité en première position; à l'élément classé second, quatre point et ainsi de suite. Nous avons obtenu ainsi un total de 780 points.

L'importance de chaque facteur varie selon la taille de l'entreprise, la branche d'activité ou encore la date de création de l'établissement. Il existe toutefois des points communs indépendamment de ces critères de démarcation.

Tableau n ° 33 : Raisons d'implantation des PMI à Meknès.

Raisons d'implantation

Fréquence

%

Présence des matières premières

66

8,45

Proximité des fournisseurs et clients

98

12,50

Proximité de bassins de main d'oeuvre

49

6,30

Main d'oeuvre qualifiée

34

4,35

Existence ou proximité d'une zone industrielle

52

6,65

Infrastructures de base (routes, voie ferrée, etc.)

80

10,25

Disponibilité de terrain ou de local

97

12,50

Prix de terrain ou de local réduit (Acquisition ou location)

72

9,20

Aides et stimulants officiels

25

3,20

Présence de services administratifs, financiers,

techniques et commerciaux.

32

4,10

Raisons personnelles

150

19,20

Situation de la ville

25

3,20

97

Total

 

780

100

Source : Enquête PMI. Juillet / Août 2000.

1

100%

90%

60%

50%

40%

10%

0%

80%

70%

30%

20%

Situation de la ville

Raisons personnelles

Présence de services administratifs,

financiers, techniques et

commerciaux.

Aides et stimulants officiels

Prix de terrain ou de local réduit

(Acquisition ou location)

Disponibilité de terrain ou de local

Infrastructures de base (routes, voie

ferrée, etc)

Existence ou proximité d'une zone

industrielle

Main d'oeuvre qualifiée

Proximité de bassins de main d'oeuvre

Proximité des fournisseurs et clients

Présence des matières premières

Figure n° 12 : Facteurs influant sur la localisation actuelle des PMI à Meknès

98

Les raisons évoquées par les dirigeants des PMI pour justifier leur emplacement à Meknès sont nombreuses et très variées. Elles sont aussi si complexes qu'elles défient toute prétention à une formulation ou à une modélisation satisfaisante. Néanmoins de la lecture du tableau ci-dessus, nous pouvons faire les constatations suivantes:

- Les raisons personnelles sont avancées comme élément déterminant dans le choix de localisation des PMI à Meknès à raison de 19,30 % des points accordés, occupant ainsi la première position loin devant les autres raisons évoquées par les chefs d'entreprises.

- La proximité des fournisseurs et des clients ( marché) et la disponibilité du terrain ou du local viennent en seconde position avec 12,50 % pour chacun de ces deux facteurs.

- Les aides et stimulants officiels matérialisés notamment par les avantages fiscaux, n'occupent qu'une place marginale dans le classement des raisons d'implantation avec seulement 3,20 % du total.

Cependant, une meilleure interprétation des résultats de cette enquête n'est possible qu'avec un regroupement des facteurs de localisation en des catégories homogènes. Dans ce cadre nous distinguons les catégories classées suivant le schéma suivant:

Tableau n° 34 : Regroupement des raisons d'implantation des PMI à Meknès.

Catégories de
facteurs

Facteurs spécifiques

Fréquence

%

Facteurs liées au

foncier

-Disponibilité de terrain ou de local -Prix réduit de terrain ou de local

-Existence ou proximité de la zone
industrielle.

221

28,35

Facteurs liés à la

production et au
marché

- Présence de matières premières. -Proximité des fournisseurs et des clients. - Main d'oeuvre abondante et/ou qualifiée

247

31,70

Raisons personnelles

-Circonstances personnelles (origine locale de l'entrepreneur...)

150

19,20

Fonctions urbaines

- Infrastructures de base (routes, voies ferrées...)

- Situation de la ville

- Présence des services administratifs,
financiers, techniques et commerciaux

137

17,55

Aides et stimulants officiels

- Avantages fiscaux etc...

30

3,20

T O T A L

780

100

Source : Enquête PMI. Juillet./Août 2000.

Figure n°13 : Incidence des groupes de facteurs sur le choix de localisation des PMI à

Meknès.

4%

17%

19%

28%

32%

Facteurs liées au foncier

Facteurs liés à la

production et au marché

Raisons personnelles

Fonctions urbaines

Aides et stimulants

officiels

99

Le tableau et la figure ci-dessus suggèrent les observations suivantes: * Rôle déterminant des facteurs liés à la production et au marché.

Parmi les facteurs ayant déterminé le choix de localisation des PMI à Meknès, ceux liés à la production et au marché occupent une place importante avec 31,70 % du total des réponses. Ainsi les facteurs spécifiques composant cette catégorie affichent les résultats suivants:

- Présence des fournisseurs et des clients : 12,50 %.

- Présence des matières premières : 8,45 %.

- Abondance de la main d'oeuvre et main d'oeuvre qualifiée : 10,65 %.

Ces facteurs traditionnels de localisation continuent ainsi de jouer un rôle déterminant dans l'emplacement des entreprises et particulièrement des unités indépendantes comme la PMI.

En effet, il est généralement reconnu que cette entreprise " puise dans son environnement local la plupart des ressources matérielles et immatérielles, humaines et financières dont elle a besoin pour son fonctionnement et son développement, entretenant l'aphorisme " local is beautiful "1 .

Le rôle accordé à cette catégorie de facteurs indique l'importance des problèmes de marché, d'approvisionnement et de main d'oeuvre chez ces entreprises. Cela se justifie notamment par le fait que la plupart des PMI à Meknès s'approvisionnent et écoulent leur production au niveau du marché local ou régional.

* Importance des facteurs liés au foncier.

Avec 28,35 % du total des réponses avancées par les dirigeants enquêtés, les facteurs liés au foncier occupent la seconde place dans le classement des raisons ayant pesé sur le choix d'implantation des PMI à Meknès. soit par facteurs spécifiques composant cette catégorie:

( 1) TORRES (O) : " Territoire, PME globales et réseaux transnationaux " in Globalisation et compétitivité Sous

direction SEFRIOUI (F) .Edition Esprit. 1997.pp: 81-95.

100

- Disponibilité du terrain ou de local 12,50 %.

- Prix réduit du terrain ou du local 9,20 %.

- Existence ou proximité d'une zone industrielle 6,65 %.

Cette importance des facteurs liés au foncier en matière de choix de localisation des PMI témoigne du rôle décisif de ce facteur dans la décision d'investissement et de la nécessité de mettre à la disposition des promoteurs potentiels des infrastructures d'accueil adéquats et à des prix abordables pour les inciter à investir.

Cela explique également pourquoi les problèmes du foncier figurent parmi les contraintes majeures au développement industriel au Maroc 1 .

Par ailleurs, avec l'extension urbaine et l'encombrement de l'agglomération de Meknès, le sol industrialisable devient de plus en plus rare et cher. la périphérie urbaine notamment au niveau des axes routiers à la ville, offre un vaste potentiel foncier à des prix forts intéressants.

Avec la saturation de l'ancien quartier industriel, beaucoup d'unités de production ont dû s'installer dans la périphérie et profiter des opportunités foncières offertes par ces espaces.

Ces éléments, eux même, en relation avec le foncier attestent de l'importance de ce facteur dans la décision d'investir et partant dans toute stratégie d'aménagement industriel.

* Importance non négligeable des raisons personnelles.

Cette catégorie comprend divers éléments à l'exemple de : origine locale de l'entrepreneur, présence de parents ou d'associés, hasard, héritage, imitation d'un exemple réussi, etc.

Ces circonstances personnelles semblent constituer des facteurs d'une importance non moins négligeable vis à vis de la décision de localisation chez les chefs des PMI à Meknès. En effet ces facteurs, à caractère subjectif, ont été cités par plus de 19 % des dirigeants enquêtés comme éléments déterminants dans leur choix de localisation occupant ainsi la 3éme position derrière les facteurs liés à la production et au marché et les facteurs liés au foncier.

Pour la majorité des chefs des PMI ayant évoqué ces raisons personnelles, le choix de localisation est en fait « une question pré-déterminée » selon une expression de J.C.Roura1 .

Plusieurs facteurs de différente nature conditionnent cette décision parmi lesquels nous pouvons citer:

- Manque d'informations concernant les avantages qu'offrent d'autres zones ou régions.

- Familiarité avec la ville ou la zone où est installée l'entreprise.

- Résistance vis-à-vis du transfert, etc.

( (1) Ministère de l'Industrie et du commerce : Observatoire de la compétitivité internationale du Maroc. Année 1999.

(1) CUARDO ROURA ( J.R) : " Facteurs de localisation industrielle: Nouvelles tendances" in revue économie régionale et urbaine n° 3.Année 1989,pp:471-555.

101

Ce qui est caractéristique dans ce schéma de décision c'est que « le choix n'est guère déterminé par les conditions que peut offrir la ville ou la région choisie »2 .

En dépit de l'importance de ces considérations personnelles dans le choix de la localisation, leur classement en troisième position témoigne d'un minimum de rationalité dans le comportement des PMI enquêtées. Cela infirme l'idée qu'on se fait de cette catégorie d'entreprises selon laquelle " les décisions d'implantation sont prises par des hommes qui n'agissent pas toujours en pur agents rationnels"3 .

* Rôle du facteur "fonctions urbaines".

La littérature économique a toujours reconnu le rôle central joué par cette catégorie de facteurs dans le choix de localisation des entreprises. Mais contrairement à ces affirmations, les résultats de l'enquête réduisent l'importance de ces éléments qui ne sont pas considérés comme très influents.

Ce facteur "fonctions urbaines" qui est lié à la présence d'un certain nombre de services au niveau de la ville, n'arrive en effet qu'en avant dernière position avec 17,55 % du total des réponses. Les facteurs spécifiques composant cette catégorie sont très peu évoqués par les chefs d'entreprises enquêtées:

- Présence des services administratifs, commerciaux, financiers et techniques (4,10

%);

- Situation de la ville par rapport à d'autres villes ou à d'autres lieux (3,20%) - Infrastructures de base (routes, voies ferrées, etc.) 10,25 %;

Pris à part, ce dernier facteur demeure tout de même, d'une grande importance vis-à-vis de la décision de localisation surtout lorsqu'on sait qu'une grande partie des PMI est implantée sur les principales routes d'accès à la ville dont elles marquent l'entrée. Sans oublier le rôle déterminant qu'a joué la voie ferrée dans l'émergence de certaines espaces de concentration industrielle à Meknès, notamment le quartier industriel d'Ain Slougui.

* Influence limitée des aides et des stimulants officiels.

Si le rôle de la zone industrielle parait relativement important dans le choix de la localisation des PMI à Meknès, les autres aides et stimulants officiels en faveur de cette catégorie d'entreprises ne sont pas considérées comme facteurs déterminants ou influents. ces facteurs occupent en effet une place très marginale avec seulement 3,20 % du total des raisons évoquées par les chefs d'entreprises enquêtées.

Cette situation s'explique par le fait que " l'investisseur accorde plus d'importance à l'environnement économique et social plutôt qu'aux stimulants fiscaux limités dans le temps et dans leur portée "1 .

L'impôt exerce de ce fait peu d'influence sur la décision d'investissement et sur le choix de localisation. Cette inefficacité de l'impôt explique par ailleurs, son impact très réduit en matière de régionalisation des projets industriels en général et des PMI en particulier comme l'illustre bien le tableau suivant:

(2) IDEM.

( 3) MIRENE cité par DESERT (B) et VERLAQUE ( C): L'espace industriel, opp cité p:19.

( 1) BOUSSETTA ( M): " Les incitations fiscales à l'investissement industriel et développement régional " actes de coloque organisé par le Ministère de la Population sous le théme: Région et développement économique,Rabat le 19 et 20 octobre 1995.pp: 120-136.

102

Tableau n° 35: Structure des investissements agréés des projets PMI durant la

ériode 1986-1995 en %.

Années

Villes

86

87

90

91

92

93

94

95

Casa

48

54

49

49

44

41

37

32

Rabat / Salé

05

07

04

10

04

08

09

06

Tanger

05

06

06

07

05

06

09

21

Fès

07

05

06

05

05

07

04

05

Meknès

1,6

1,7

2,5

1,4

1,3

2,9

3,9

0,4

Reste du Maroc

33,4

26,3

32,5

27,6

40,7

35,1

37,1

35,6

TOTAL

100

100

100

100

100

100

100

100

Source: Rapports annuels des investissements agréés. Direction de l'Industrie.

Le développement régional est l'un des principaux objectifs du code des investissements industriels de 1983. Les avantages spécifiques accordés par ce dernier en dehors de Casablanca, sont-ils suffisants pour inciter les promoteurs industriels et particulièrement les PMI à investir dans les régions relativement moins développées?

Le tableau ci -dessus montre bien que la réponse à cette question est négative. La distribution géographique des investissements de PMI agréés, reflète l'inefficacité des avantages du code et l'échec de la politique de régionalisation poursuivie. Le grand Casablanca qui n'est pas concerné par les mesures d'encouragement à l'investissement est celui qui a polarisé le maximum des capitaux ( environ 50 %. Cette proportion a certes commencé à diminuer à partir de 1992, mais sans pour autant remettre en cause l'hégémonie de la capitale économique dans la polarisation des investissements.

En somme, nous pouvons dire que l'impact des stimulants fiscaux dans la réorientation des investissements industriels y compris de PMI, reste assez limité. Cela explique la position de ce facteur dans le niveau le plus bas de la hiérarchie des facteurs de localisation évoqués par les chefs des PMI enquêtées. Ces derniers justifient leur choix d'emplacement à Meknès pour des raisons autres que les stimulants fiscaux qui n'occupent qu'une place très marginale dans leur décision de choix de localisation.

A notre avis, le fait que ces facteurs ne soient pas en rapport avec les motivations réelles des décisions de localisation ainsi que leur généralisation actuelle sur l'ensemble du territoire national, expliquent les résultats de l'enquête et en tout cas démontre leur incapacité en tant qu'instrument de modification des contraintes de localisation.

En guise de conclusion de ce paragraphe, il est logique de se demander si les dirigeants des PMI sont satisfaits de leur localisation après l'avoir expérimentée?

65 % le sont contre 35 % qui estiment avoir commis une erreur d'appréciation lors du choix de la localisation de leur entreprise. Les mécontents mentionnent comme désavantages : Faiblesse de la demande, lourdeurs administratives, main d'oeuvre ne donnant pas entière satisfaction, inadéquation des équipements et des infrastructures d'accueil, etc.

Paragraphe 2 : Les exigences idéales pour choisir un site d'implantation.

Après l'examen des différents mobiles qui ont guidé le choix de localisation actuelle des dirigeants des PMI à Meknès, il s'agit maintenant de voir dans quelle mesure ces derniers considèrent leur choix comme opportun et pertinent à travers l'étude des raisons idéales de localisation, en essayant de connaître l'opinion des chefs des PMI sur ceci:

Quelles sont idéalement les principales exigences recherchées lorsqu'on choisi t un lieu d'implantation ?

Elle était demandée aux intéressés de classer ces exigences par ordre d'importance décroissante comme se fût le cas pour les facteurs de localisation actuelle. Ainsi, chaque élément de réponse a reçu une pondération et les résultats de cette enquête sont récapitulés dans le tableau suivant:

Tableau n° 36 : Raisons idéales pour choisir un lieu d'implantation.

Raisons

Fréquence

%

Infrastructures de base( routes, voies ferrées, etc.)

160

20,50

Terrains disponibles et moins coûteux

75

9,60

Proximité des fournisseurs et des clients

202

26,00

Zones industrielles aménagées

90

11,50

Environnement économique favorable( Banques,

entretien, etc.)

97

12,40

Proximité de main d'oeuvre et main d'oeuvre qualifiée

94

12,00

Avantages fiscaux

62

8,00

Total

780

100

Source : Enquête PMI. Juillet/Août. 2000

103

Figure n° : Raisons idéales de localisation des PMI à Meknès

1

 

0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80% 90%

Infrastructures de base

104

Ainsi pour ces mêmes dirigeants des PMI, dans le contexte économique marocain actuel, l'analyse des raisons idéales pour choisir un site d'implantation, fait ressortir un ordre tout à fait différent de celui des véritables raisons qui ont déterminé la localisation actuelle des PMI à Meknès.

En effet, la proximité des fournisseurs et des clients ( marché) a été le premier facteur idéal qui déterminerait le choix d'un site d'implantation. Par 26,00 % des réponses exprimées, ce facteur se détache très nettement de l'ensemble les autres facteurs.

Dans les raisons d'implantation, ce facteur occupait également une position importante avec 12,60 %. C'est dire combien les chefs des PMI sont surtout préoccupés par les problèmes d'approvisionnement en matières premières et surtout d'écoulement de leurs productions. La proximité offre / demande est en effet une des caractéristiques de ces entreprises pour lesquelles l'espace de production constitue un élément central de dynamisme commercial 1 .

Les seconds facteurs idéaux cités par les dirigeants des PMI enquêtées sont les infrastructures de base au sens large ( réseaux de communication, eau, électricité, télécommunications, etc.. Ces facteurs reviennent à raison de 20,50 % dans les réponses des chefs d'entreprises concernant les exigences idéales de localisation. Ces facteurs n'occupaient que la 4ème place dans le classement des raisons réelles ayant déterminé la localisation actuelle des PMI à Meknès.

La troisième raison idéale est l'existence d'un environnement économique favorable, raison apparemment très large, mais que les entrepreneurs enquêtés définissent par les éléments suivants: Réseaux bancaires adaptés aux besoins des entreprises, moyens rapides pour dépanner, réparer et entretenir ses équipements, services administratifs, etc.

Ces facteurs sont cités à raison de 12,40 %, un peu devant la proximité des bassins d'oeuvre et main d'oeuvre qualifiée avec 12,00 % du total des réponses. Mais il faut dire que la qualification du personnel est davantage recherché que son faible coût.

( 1) HINTI ( Said) : Les dynamiques économiques des colléctivités locales, opp cité p: 90.

Les facteurs liés au foncier qui occupaient une place importante dans les facteurs de localisation actuelle, sont paradoxalement peu évoqués au niveau des exigences idéales de localisation. Ainsi, le facteur " Zones industrielles aménagées" n'est cité qu'à raison de 11,50 % contre 9,60% pour le facteur" terrain disponibles et moins coûteux «.

Toujours en dernière position le facteur " avantages fiscaux " qui en principe devraient constituer l'un des principaux stimulants pour déterminer ou infléchir toute décision d'investissement dans une zone quelconque. Ce facteur est devenu en réalité un élément négligeable et s'avère être la dernière préoccupation des dirigeants des PMI pour le choix d'un site d'implantation.

Au niveau des résultats de l'enquête, ce facteur n'a réuni que 8,00 % du total des réponses avancées.

En termes d'enseignements, il parait bien que les chefs des PMI enquêtées sont surtout guidés par des raisons logiques, basées sur un calcul économique rigoureux dans toute décision de choix d'emplacement.

Même dans le cas où ces décisions sont entachées de circonstances

personnelles, cela se justifie par la possibilité de bénéficier d'une propriété (
terrain ou local) pour y réaliser son projet d'investissement, de tirer profit de sa familiarité avec la ville pour nouer des relations commerciales ou autres ou encore de bénéficier de l'aide des membres de la famille.

De manière générale, en choisissant d'implanter leurs entreprises dans leur ville d'origine, les entrepreneurs cherchent entre autres à tirer profit d'un certain nombre de ressources relationnelles. Leurs clients et leurs réseaux commerciaux ( Fournisseurs, aides ponctuelles, prêts, etc.) font le plus souvent partie de leur environnement immédiat.

C'est dire que ces raisons personnelles qualifiées de subjectives ne manquent pas le plus souvent de rationalité économique.

105

Conclusion

106

Au terme de cette analyse sur la logique de déploiement des PMI à Meknès, nous pouvons conclure que les facteurs ayant influé sur la localisation de ces entreprises sont divers et très complexes dans la mesure où des dimensions extra-économiques figurent parmi les facteurs qui entrent dans la détermination de la localisation de ces entités économiques.

Néanmoins, trois groupes de facteurs ont beaucoup pesé sur le choix d'implantation des PMI à Meknès. Il s'agit en premier lieu des facteurs liés à la production et au marché notamment la présence des fournisseurs et des clients, la présence des matières premières et l'abondance de la main d'oeuvre. Ces facteurs traditionnels de localisation continuent ainsi de jouer un rôle déterminant dans l'emplacement des industries et particulièrement des PMI. Il s'agit en second lieu des facteurs liés au foncier et en troisième lieu des facteurs d'ordre personnel ayant été cité comme facteurs déterminant de choix de localisation.

Quant aux aides et stimulants officiels, seule la création de la zone industrielle semble avoir joué un rôle relativement important dans le choix de l'emplacement des PMI à Meknès. Par contre les incitations fiscales et financières ne semblent jouer qu'un rôle très marginal dans les décisions de localisation et d'investissement. Cela montre que l'impôt en général, est incapable d'infléchir ou de réorienter les investissements industriels y compris ceux initiés par les PMI, vers les zones intérieures ou déshéritées du Maroc.

Telle est en général la logique de déploiement des PMI à Meknès, il reste à examiner les composantes et les tendances spatiales de ces entités dans l'aire d'étude. Ce sera l'objet du chapitre suivant.

Chapitre 2 : Composantes et tendances spatiales des PMI à Meknès.

Le secteur des PMI à Meknès, très diversifié tant par sa nature, par la taille de ses entreprises que par son âge, a différemment imprimé l'espace urbain de la ville ismaélite. Les unités relevant de ce secteur sont , en effet, aujourd'hui assez dispersées et très diffuses dans l'espace urbain et dans sa périphérie immédiate.

Nous pouvons ainsi distinguer plusieurs formes de localisation des PMI à Meknès à savoir :

- Implantations en quartiers industriels;

- Diffusion en zones intra-urbaines;

- Implantations en zones périphériques;

- Implantations en zone industrielle et zones d'activités économiques.

Toutefois, l'espace urbain de Meknès reste très marqué par la multiplication des quartiers industriels dont certains datent de la période coloniale. Ces quartiers ou zones industrielles de " fait " se sont constitués sur la base de la concentration d'un certain nombre d'activités industrielles sur un espace géographiquement déterminé.

Dans le cadre de ce chapitre, nous nous attacherons à examiner ces différentes formes de localisation des PMI, en essayant d'apprécier le rôle ou l'impact de ce secteur d'activité en matière de structuration de l'espace urbain de Meknès.

Pour ce faire, nous allons voir dans un premier point les formes de localisation spontanée des PMI à Meknès. Il s'agit notamment des implantations en quartiers industriels, en zones urbaines et périphériques ( Section 1). Dans un second et dernier lieu, nous examinerons les localisations de ces entreprises dans des zones aménagées et spécialement réservées pour accueillir cette catégorie d'entreprises. Il s'agit en l'occurrence de la zone industrielle et des zones d'activités économiques (Section 2).

Par ailleurs, nous essayerons dans un dernier point d'examiner la stratégie mise en oeuvre au niveau de la planification urbaine pour garantir une répartition harmonieuse de ces entreprises dans l'espace de Meknès ( section 3).

107

Section 1: Localisation spontanée des PMI à Meknès

Par localisation spontanée des PMI, nous entendons les formes d'implantations de ces entreprises dans des espaces non prévus au préalable pour accueillir des projets d'investissement et partant non aménagés et non dotés des équipements nécessaires. Il s'agit dans le cas de Meknès des quartiers industriels (Paragraphe 1) de la dissémination dans les zones urbaines et des implantations en zones périphériques ou péri-urbaines ( Paragraphe 2).

Paragraphe 1: Les quartiers industriels à Meknès : Une structure dominée par les PMI

Les quartiers industriels peuvent être définis comme étant des sites qui se sont développés par une prolifération d'industries sans avoir au préalable une planification spatiale. Les caractéristiques de ces quartiers sont généralement l'absence de plan d'aménagement préalablement établi et l'absence d'un maître d'ouvrages 2. Mais ils peuvent être officialisés par la suite et/ou recevoir des équipements réalisés postérieurement aux différentes implantations industrielles. C'est précisément le cas du quartier industriel d'Ain Slougui à Meknès.

(1) SEFRIOUI (F) : "Politique de décentralisation et aménagement industriel au Maroc" in La Vie économique, Octobre 1989, pp : 22-24.

108

Dans ce cadre, il y a lieu de signaler que la ville de Meknès compte actuellement six quartiers industriels dont trois localisés au niveau de la préfecture d'Al Ismaïlia ( Site Sidi Said, Route Agourai et Route El Hajeb) et trois autres au niveau de la préfecture Meknès El Menzeh (Ain Slougui, Lafarge Ciments et Route Moulay Driss).

I- 1: Le quartier industriel d'Ain Slougui 1-1-1: Description du site

Le quartier industriel d'Ain Slougui est considéré comme la plus ancienne zone d'activité de l'agglomération de Meknès. Créé durant les années quarante, ce quartier qui s'étend sur une superficie de dix huit (18) hectares, a eu tous les atouts classiques pour une localisation industrielle.

Situé à proximité du centre ville, il est limité au nord par la route de Fès, à l'ouest et au sud par les quartiers d'habitation qui constituent un frein à son extension. Ce noyau initial de l'industrie Meknassie sera définitivement consacré à l'activité manufacturière par les divers plans d'urbanisme qui se sont succédés à Meknès.

localisation du quartier industriel d'Ain Slougui

109

Depuis le restructuration administrative de l'agglomération opérée au début des années 90, ce vieux quartier industriel relève désormais du ressort territorial de la nouvelle Commune Urbaine de Hamria .

Par ailleurs, le quartier industriel d'Ain Slougui jouit d'une position privilégiée par rapport aux différents réseaux (eau, assainissement, voie ferrée, routes). En effet, par sa position centrale par rapport à la ville, le quartier est largement desservi par un réseau routier bien structuré. La principale voie d'accès au quartier reste la route de Fès. Quant à l'accès ferroviaire, le quartier est desservi par une antenne qui se détache de la gare à proximité immédiate du site.

S'agissant de la topographie et des caractéristiques des sols, le quartier d'Ain Slougui est situé sur un plateau assez plat marqué par une légère pente de l'ordre de 1% dans le sens ouest-est. Le ruissellement actuel des eaux se fait dans le sens de la pente vers l'Est. Les eaux pluviales et du ruissellement se jettent dans l'oued Ouislane qui passe à l'est de la ville. Le terrain est à l'abri des inondations.

Malgré ces atouts, les principaux inconvénients du site découlent de la localisation même de ce quartier par rapport aux zones de forte densité. En effet, fortement imbriqué dans le tissu urbain, ce quartier concentre une part importante de l'activité industrielle et notamment des PMI implantées dans la commune d'Hamria. Les nouvelles zones d'habitat qui se sont créées aux alentours du quartier se trouvent de ce fait sous le vent de ces activités.

I-1-2 : Les PMI dans le quartier d'Ain Slougui

Résultat d'une évolution de plusieurs décennies, le quartier industriel d'Ain Slougui, regroupe une trentaine d'unités économiques dont 22 opèrent dans le domaine de l'industrie. Les autres implantations sont constituées des dépôts de céréales, hydrocarbures et garage de la RATUM qui consomment beaucoup d'espace dans le quartier industriel.

La structure du tissu industriel dans le quartier est nettement dominée par la présence des PMI comme l'illustre bien le tableau suivant:

110

Tableau n° 37 : Répartition des entreprises par tranches d'effectifs dans le Quartier industriel d'Ain slougui.

Tranches D'effectifs

Etablissements

Emplois

N/bre

%

N/bre

%

0 - 9

3

13,60

25

1,50

10 - 49

12

54,55

267

15,85

50 - 199

6

27,30

613

36,35

Total PMI

21

95,45

905

53,70

Plus de 200

1

4,55

780

46,30

Total

22

100

1685

100

Source : - Enquêtes personnelles Juillet/Août 2000.

- Répertoire des établissements industriels à Meknès. Délégation du Commerce et de l'Industrie de Meknès.

A l'exception donc d'une seule unité, la SICOME ( confection), le tissu industriel dans le quartier d'Ain Slougui est constitué d'un ensemble de PMI employant moins de 200 personnes. Ces unités représentent en effet, 95,45 % des entreprises industrielles opérationnelles au niveau du quartier . Les petites entreprises ( entre 10 et 49 personnes ) sont fortement représentées avec plus de 54,55% , contre 27,30% pour les entreprises de moyenne taille ( entre 50 et 199 personnes ) et seulement 13,60 % pour les micro-entreprises (entre 0 et 9 personnes)

En dépit de leur importance numérique, les PMI ne contribuent qu'à un peu plus de la moitié de l'emploi industriel, contre 46,30 % pour la seule grande unité industrielle existant au niveau du quartier.

Par ailleurs, en raison même de son enclavement, le quartier industriel d'Ain Slougui, est en perte de vitesse. En effet, depuis quelques années, il évolue vers les activités de services qui sont plus en rapport avec sa proximité du centre de la ville nouvelle.

Avec l'ouverture à l'urbanisation de la partie nord de la base militaire, le quartier industriel d'Ain Slougui, qui n'avait pu être valorisé, jusqu'alors devient un enjeu majeur du développement de la commune d'Hamria.

La stratégie adoptée au niveau de la planification urbaine de Meknès, prévoit d'ailleurs la restructuration de cette zone pour la réaffecter et ce, dans le cadre d'une opération globale d'aménagement .

I- 2 : Quartier industriel de la route d'Agourai I-2-1 : Localisation et données du terrain

Le site est situé sur la route d'Agourai à 2 Km au sud ouest de Meknès. Les industries existantes couvrent une superficie totale de 13 hectares. Cependant les possibilités d'extension sont limitées compte tenu des lotissements qui sont en cours de réalisation.

La situation de ce quartier par rapport aux vents dominants pose des problèmes pour les quartiers sud - est de la ville ancienne ( Tourraine) qui sont sous l'influence

111

directe des vents de l'ouest. Il en est de même pour les zones d'extension de la ville vers le sud..

Le site se trouve sur le bassin versant de l'oued krimal qui se jette dans l'oued Bouhishak. Une pente moyenne marque ce terrain permettant le drainage des eaux vers la vallée de l'oued. Le terrain est tout de même à l'abri des inondations qui peuvent résulter des débordements des eaux en période de crue..

I-2-2 : Accès, raccordement et occupation

Le site est desservi par la route d'Agourai qui le relie à la ville, à la rocade sud ( distance de 2 kms) et à l'autoroute nouvellement créée.

L'alimentation en eau est réalisée à partir du réseau de la ville ancienne. Quant à l'alimentation en électricité, elle est faite à partir du poste de livraison ONE-RADEM de Djebara.

S'agissant de l'assainissement, la desserte des unités ne pose aucun problème aussi bien en ce qui concerne les eaux pluviales que les eaux usées.

Le quartier industriel de la route d'Agourai, est occupé en grande partie par les industries du bois, du textile et de la tannerie. Il se caractérise en outre, par la prédominance de grosses unités de production.

En effet, parmi les 7 entreprises industrielles opérationnelles au niveau du site, 4 sont de grande taille et comptent parmi les unités les plus importantes de la ville. C'est le cas des sociétés SEFITA, SIBOS et MAGHREB UNIFORMES INDUSTRIES avec respectivement 550, 637 et 579 emplois permanents. C'est le cas aussi de la société TANNERIES DE MEKNES (ex MANUCUIR) avec 213 emplois permanents.

Les autres unités localisées dans le site sont des PMI de taille moyenne : SIFAP (fabrication de papiers et cartons), TRICOTAGE HAUT ATLAS (bonneterie) et SCIAGE MAROCAIN (industrie de bois) employant respectivement 71, 130 et 25 personnes de façon permanente. Soit un total de 226 employés représentant seulement 10 % au niveau de ce quartier.

I- 3 : Quartier industriel "Route d'El Hajeb" I-3-1- Description du site

Le quartier industriel de la route d'El Hajeb se trouve au sud-est de la ville sur la route principale n° 21 à 6 Km environ de Meknès.

Le terrain est en fait constitué de deux parties, de part et d'autre de la route d'El Hajeb. La première représente 120 Ha. La seconde a une superficie d'une vingtaine d'hectares.

112

C'est un terrain relativement plat, marqué par une légère pente dans le sens est-ouest. L'accès routier est excellent: le quartier est desservi par la RP 21 et la Rocade sud, ce qui offre toutes les possibilités au trafic des poids lourds.

Le raccordement électrique et en eau potable n'a posé aucun problème, mais le raccordement au réseau d'assainissement de la ville n'est pas réalisable à court terme. Actuellement les eaux usées sont refoulées vers l'Oued Boufekrane, ce qui pose le problème de pollution de ces eaux..

I-3-2- Présence importante des PMI

Au contraire du quartier industriel de la Route d'Agourai, le site de la Route d'El Hajeb se caractérise par une présence importante des PMI.

En effet, sur les 15 unités industrielles que compte actuellement le quartier, 14 sont des PMI. Ces dernières emploient environ 460 personnes de façon permanente. Soit plus de 64 % de l'emploi industriel au niveau de l'ensemble du quartier.

Ces unités travaillent dans les domaines des matériaux de construction (SORIMAC, ISMAILIA CARREAUX, FILALIA DE CONSTRUCTION, MARBRERIE EKOUNKA), des industries mécaniques et métallurgiques (SICAR AUTO, FER SAIS, FMB, METAL MARE) et dans le domaine de la confection et habillement (PLITEX, SOHAME), etc.

Le tableau suivant donne la ventilation des entreprises et de l'emploi au niveau de ce quartier:

Tableau n°38 : Répartition des entreprises et de l'emploi dans le quartier
industriel de la route d'El Hajeb

Tranches D'effectifs

Etablissements

Emplois

N/bre

%

N/bre

%

0 - 9

01

6,25

09

0,76

10 - 49

11

68,75

314

26,65

50 - 199

02

12,50

131

11,12

Total PMI

14

87,50

454

38,53

Plus de 200

02

12,50

724

61,47

Total

16

100

1178

100

Source : - Enquêtes personnelles.

- Répertoire des établissements industriels à Meknès. Délégation du Commerce et de l'Industrie de Meknès.

113

A l'instar du tissu industriel de Meknès dans son ensemble, la structure du quartier de la route d'El Hajeb est donc dominée par les PMI dont l'effectif représente environ 88 % du total des entreprises existant dans le quartier et notamment celles employant entre 10 et 49 personnes qui constituent 73,25 %.

S'agissant de la contribution de ces PMI à l'emploi au niveau du quartier, ce chiffre a seulement 38,53 % contre 61,47 % pour les deux grandes entreprises recensées au niveau du quartier.

I- 4: Quartiers industriels de " Sidi Said"et " Lafarge ciment"

Ces quartiers présentent la particularité d'être occupés par deux grandes entreprises à savoir: La SOCIETE NOUVELLES DES HUILERIES DE MEKNES et LAFARGE CIMENT ( EX-CADEM).

I-4-1 : Quartier industriel " Lafarge ciment".

Situé au Nord-Est de Meknès, sur la route de Fès, non loin de la rive droite de l'Oued Ouislane, le quartier " Lafarge ciment" s'étend sur une superficie de 330 hectares. Ce site se caractérise en outre par un statut foncier particulier: Domanial à occupation temporaire.

Le terrain composé de deux parcelles de 180 et 150 hectares, est situé sur un plateau aux pentes assez faibles de l'ordre de 1,5 et 2 %.

Accès routier est facile par la route de Fès. Il en est de même pour l'accès ferroviaire du fait qu'un tronçon de chemin de fer arrive jusqu'à l'usine LAFARGE CIMENT

Les raccordements en eau potable, électricité et télécommunications sont facilement réalisables du fait de leur disponibilité à proximité. Quant aux eaux usées, elles peuvent être facilement rejetées directement dans l'oued Ouislane.

Le terrain présente donc les avantages de l'accessibilité et des raccordements aux réseaux; mais aussi certains inconvénients tels que les problèmes de l'assainissement et des nuisances par rapport à une partie de la commune urbaine de Ouislane située dans l'enceinte du terrain.

S'agissant de l'occupation du site, LAFARGE CIMENT ( EX-CADEM) est la principale unité implantée dans le quartier. Elle est aussi la plus étendue en superficie au niveau de la ville ( 300 ha y compris la carrière) . Cette société créée en 1950, emploie actuellement plus de 340 ouvriers permanents. Sa production est estimée à 707.000 tonnes par an.

I-4-2: Quartier industriel Sidi Said

A l'instar du quartier industriel précèdent, c'est une grande entreprise en l'occurrence la SOCIETE NOUVELLE DES HUILERIES DE MEKNES qui est à l'origine de la création du quartier industriel Sidi Said vers la fin des années quarante.

Ce site se trouve à la sortie ouest de la ville sur la route de Rabat. Sa superficie totale est de 13 hectares. Il est considéré comme ayant atteint ses limites d'extension en raison de sa proximité immédiate des quartiers d'habitat.

Sa desserte se fait facilement par la route de Rabat, principal accès de la ville du côté ouest.

114

Quant au raccordement du quartier aux réseaux, il s'est fait de manière progressive. L'alimentation en eau et en électricité n'ont posé aucun problème. Elle a été faite à partir des réseaux urbains. Il en est de même pour l'assainissement.

Cependant, le quartier industriel Sidi Said occupe une position extrêmement défavorable par rapport à la ville. Les odeurs et les fumées dégagées par les unités de production et entraînées par le vent, se rabattent directement sur les quartiers situés aux alentours.

S'agissant de l'occupation actuelle du quartier, on compte une grande entreprise : la SOCIETE DES HUILERIES DE MEKNES, occupant à elle seule 8 hectares et employant plus de 860 ouvriers. En plus des MOULINS DE ZERHOUN dont l'effectif employé est de l'ordre de 80 ouvriers permanents.

Le quartier était occupé par le passé par d'autres unités actuellement en cessation d'activité.

I- 5 : Quartier industriel Route Moulay Driss

Au contraire des autres quartiers qui sont relativement anciens, le quartier industriel de la route Moulay Driss présente la particularité d'être crée récemment vers la fin des années quatre vingt.

Ce quartier est situé à la sortie Nord de la ville, sur la rive gauche de moulay Driss à environs 5 kms du centre ville. La superficie de terrain s'étend sur 40 hectares.

L'accès routier de ce quartier est relativement facile puisqu'il est situé sur la rive gauche de la route de Moulay Driss.

L'alimentation en électricité est facilitée par la proximité du réseau. Mais l'assainissement et l'eau potable restent un sérieux handicap.

L'atout majeur du site est son éloignement du centre ville de Meknès, bien que le principal quartier avoisinant commence à s'y rapprocher.

De point de vue occupation, le quartier regroupa surtout des entreprises de taille moyenne ayant choisies leur emplacement pour des raisons de disponibilités de matières premières. Il s'agit notamment des deux briqueteries IDRISSIA et ZERHOUN employant au total 118 ouvriers permanents.

Pour conclure ce paragraphe, nous pouvons dire que l'une des caractéristiques structurelles de l'activité manufacturière dans les quartiers industriels à Meknès, est la prédominance des PMI en comparaison avec les entreprises de grande taille; à l'exception toutefois des quartiers Sidi Said et Lafarge - Ciment réservés exclusivement aux grandes unités.

Dans l'ensemble, les PMI représentent plus de 83 % des entreprises implantées dans ces espaces de concentration industriels. Mais leur contribution à l'emploi ne représente que moins de 30 % de l'emploi total au niveau de ces quartiers ( voir tableau n° 39 ).

Tableau n°39 : Répartition des entreprises industrielles par tranches d'effectifs dans les quartiers industriels de Meknès.

Quartiers

Nombre d'établissements

Effectifs employés

 

115

industriels

0-9

10-49

50-199

Total PMI

+ 200

Total
général

0-9

10-49

50-199

Total
PMI

+ 200

Total
général

Ain Slougui

3

12

6

21

1

22

25

267

613

905

780

1685

Route Agourai

-

1

2

3

4

7

-

25

201

226

1984

2210

Route El Hajeb

1

11

2

14

2

16

9

314

131

454

724

1178

Sidi Said

-

-

1

1

1

2

-

-

80

80

861

941

Lafarge Ciment

-

-

-

-

1

1

-

-

-

-

343

343

Route My

Driss

-

-

2

2

-

2

-

-

118

118

-

118

Total

4

24

13

41

9

50

34

606

1143

1783

4692

6475

Source : - Enquêtes personnelles. juillet/ Août 2000.

- Exploitation des Résultats de l'enquête annuelle sur les industries de transformation. Direction de L'Industrie. Rabat. 1998.

Figure n° 14 : Répartition des entreprises par tranches d'effectifs dans les
quartiers industriels de Meknès.

Ain

Slougui

Route

Agourai

Route El

Hajeb

Route My

Driss

Sidi Said Lafarge

Ciment

100%

80%

60%

40%

20%

0%

Quartiers industriels

plus de

200

50 à 199

10 à 49

0 à 9

Etab

Etab

Paragraphe 2 : Les aires de diffusion intra- urbaine et périphérique des PMI à Meknès

La présence des PMI à Meknès ne se limite pas aux quartiers industriels ou à la zone industrielle aménagée. Elle touche aussi la majorité des quartiers résidentiels et même l'espace péri- urbain de la ville.

II-1 : L'espace urbain : Espace de foisonnement de la PMI à Meknès

116

Comparée aux espaces de concentration pré-cités ( quartiers industriels et zone industrielle), cette forme de localisation se caractérise par une large dispersion des petites unités de production au sein des quartiers résidentiels de la ville de Meknès.

Le développement de ces activités constituent aujourd'hui l'une des spécificité principales du tissu urbain notamment de la préfecture Meknès El Menzeh. Il participe avec d'autres facteurs aux mutations profondes du paysage urbain de la ville ismaélite.

Les PMI installées en milieu urbain se caractérise par des formes de localisation spécifiques où l'implantation verticale constitue la forme dominante de la présence de ces unités.

Nombreuses sont, en effet, les PMI qui occupent le rez-de-chaussée, les garages et parfois même le sous-sol des immeubles, de telle sorte que pour les découvrir, il faut y voir de très prés.

Sous l'effet de la spéculation, on a assisté ces dernières années au remplacement des maisons individuelles ou petites villas par des immeubles de plusieurs niveaux. Cette extension verticale montre l'importance des changements urbains enregistrés par les différents quartiers notamment au niveau de la commune urbaine de Hamria.

Les spéculateurs profitent de l'avantage de situation centrale de ces quartiers pour augmenter leur rente. En général, ils louent ou vendent le sous-sol et le rez-de-chaussée aux entrepreneurs.

Cette forme de localisation au niveau de la ville de Meknès, concerne environ

80 PMI opérant notamment dans les domaines de l'agro-alimentaire ( biscuiteries,
boulangeries, etc.) et de la chimie parachimie (industrie de bois, etc.).

La grande majorité de ces PMI, se diffuse au niveau de la préfecture de Meknès El Menzeh dans les quartiers El Bassatine, Hamria (avenue des FAR, avenue des capucins, avenue de la gare, etc. ). Par contre à Al-Ismailia, la présence des PMI est moins dense et plus discrète. Elle se caractérise par la faiblesse de sa production et de son poids dans la structure productive de Meknès.

Par contre, au niveau de l'ancienne Médina, le pullulement des petites unités de production, est ici le caractère dominant. Ces unités dans de petites boutiques, sans enseigne ni écriteau, donne à cet espace un aspect de zone polyfonctionnelle ou micro-industrie et activités tertiaires sont étroitement liés à la résidence.

Le tableau suivant donne la répartition des entreprises industrielles disséminées au sein des quartiers résidentiels de Meknès .

Tableau n° 40: Ventilation des entreprises industrielles installées au sein du tissu urbain de Meknès par tranches d'effectifs.

Tranches D'effectifs

Etablissements

Emplois

N/bre

%

N/bre

%

0 - 9

53

64,65

310

14,40

10 - 49

18

21,95

276

12,80

50 - 199

08

9,75

560

26,00

117

Total PMI

79

96,35

1146

53,20

plus de 200

03

3,65

1009

46,80

Total général

82

100

2155

100

Source : - Enquêtes personnelles Juillet/Août 2000.

- Répertoire des établissements industriels à Meknès. Délégation du Commerce et de l'Industrie de Meknès. - Exploitation des Résultats de l'enquête annuelle sur de transformation. Direction de L'Industrie. Rabat. 1998.

D'après le tableau ci-dessus nous constatons une présence importante des PMI disséminées au sein des quartiers résidentiels. Le tissu urbain est de ce fait considéré comme un espace de foisonnement des PMI par excellence. 96,35 % des entreprises industrielles localisées dans cet espace sont, en effet, des PMI contribuant ainsi à plus de 53 % de l'emploi industriel. Le reste est constitué par des entreprises de grande taille , soit seulement 3,65 % du total des entreprises. Mais leur contribution à l'emploi demeure relativement importante (46,80%).

De façon générale, la présence des PMI dans les quartiers destinés à l'origine à l'habitat peut s'expliquer par la conjonction de plusieurs facteurs dont notamment la proximité de la main d'oeuvre et des marchés d'écoulement de la production, disponibilités de locaux d'exploitation, etc.

2-2 : Les zones péri- urbaines, nouvelles aires de développement de l'industrie et des PMI à Meknès

Depuis quelques années, l'espace péri-urbain est devenu le lieu de décolonisation et d'extension des industries de la ville y compris les PMI. Ce phénomène de "périphérisation" s'explique par l'encombrement de l'espace urbain d'une part et par les disponibilités foncières en périphérie d'autre part. Chose qui a favorisé l'implantation de plusieurs établissements au niveau de ces zones.

Ainsi, d'un espace essentiellement agricole, ces zones périphériques sont en passe de devenir depuis quelques années, un espace polyfonctionnel avec le développement d'un habitat résidentiel pour les citadins de Meknès, d'un secteur maraîcher très spéculatif et surtout d'activités industrielles et de PMI très diversifiées.

Inégalement répartis dans l'espace, ces établissements ont été mis en place d'une manière spontanée et ont donné naissance à des formes de localisations différenciées autour de la ville.

Toutefois la pression est de plus en plus forte aux entrées de la ville (route d'El -Hajeb, route d'Agourai, route de My Driss) où sont déjà localisés les principaux espaces de concentration industriels. Mais elle touche également des petits centres limitrophes de la ville à l'exemple de Dkhissa sur la route de Fès, Ain Orma dans la commune rurale d'Ait Ouallal, etc.

En tenant compte des implantations au niveau des quartiers industriels situés en périphérie, nous pouvons dire que généralement, l'industrie à Meknès se situe en zones péri-urbaines comme le montre la carte n° .

118

Abstraction faite de ces implantations déjà recensées au niveau du volet concernant les quartiers industriels , nous avons relevé une trentaine de PMI localisées en zones péri-urbaines ventilées comme suit:

Tableau n °41 : Distribution des PMI en zones périphériques de Meknès.

Tranches D'effectifs

Etablissements

Emplois

N/bre

%

N/bre

%

0 - 9

12

40

60

11,25

10 - 49

14

46,65

218

40,80

50 - 199

04

13,35

256

47,95

Total PMI

30

100

534

100

Source : - Enquêtes personnelles Juillet/Août 2000.

- Répertoire des établissements industriels à Meknès. Délégation du Commerce et de l'Industrie de Meknès

Les PMI installées en périphérie sont surtout des usines qui relevant des branches des industries chimiques et parachimiques, du textile et cuir et de l'agro-alimentaire. Ces entreprises sont pour la plupart des micro et petites entreprises qui représentent plus de 86 % du total des entreprises recensées dans ces espaces contre 13,35 % pour les entreprises de moyenne taille.

Dans l'ensemble, les PMI localisées en périphérie assurent environ 534 emplois permanents. Nombre relativement peu important par rapport à l'emploi dans les autres formes de localisations identifiées à Meknès.

Section II: Les implantations des PMI en zone industrielle et zones d'activités économiques

Après avoir étudié les formes de localisation des PMI dans des espaces où la diffusion de ces unités se fait de manière spontanée et " non réglementaire", nous nous proposons dans le cadre de cette section d'analyser d'autres formes de localisations dans des espaces aménagés et spécialement destinés au déploiement industriel de manière générale et des PMI de manière particulière. Il s'agit de la zone industrielle de Sidi Bouzekri (ParagrapheI) des zones d'activités économiques et de la pépinière d'entreprises ( Paragraphe II).

Paragraphe I: Zone industrielle de Sidi Bouzekri : Facteur de localisation des PMI à Meknès.

Une zone industrielle est un ensemble de terrains équipés par une institution d'aménagement ou par une collectivité territoriale afin de faciliter l'implantation, le fonctionnement et le développement des établissements à caractère essentiellement industriel. Il s'agit de mettre à la disposition des investisseurs potentiels des terrains aménagés en infrastructures et équipements de base à des prix préférentiels en fonction du site de localisation de la zone.

Pour la collectivité locale, la zone est tout à la fois un instrument d'urbanisme et un instrument de développement social et économique. Elle constitue un moyen de rationaliser l'utilisation du sol urbain, de contrôler la spéculation foncière et de protéger

119

l'environnement. Mais c'est surtout l'espoir d'attirer des entreprises pour la création d'emplois et pour s'assurer des recettes financières nouvelles.

Pour l'entreprise, s'établir en zone industrielle c'est bien souvent la possibilité des atouts techniques: besoins de l'usine en surfaces, meilleures solutions aux problèmes de pollution et de nuisances, environnement offert par la zone industrielle, etc. Pour les PMI, la zone industrielle permet essentiellement de minimiser les coûts d'implantation, de bénéficier de la présence de certains services et éventuellement de trouver des débouchés par des activités de sous-traitance. C'était également la possibilité de bénéficier de l'attribution d'aides publiques en particulier sur le plan des coûts fonciers ( code des investissements industriels de 1983).

La ville de Meknès, caractérisée surtout par la multiplication des quartiers industriels, dispose d'une seule zone industrielle aménagée sise à Sidi Bouzekri.

I-1: Raisons d'être de la zone industrielle de Sidi Bouzekri

La réalisation de la zone industrielle de Sidi Bouzekri entre dans le cadre du programme national des zones industrielles ( PNAZI) qui a été lancé au début des années quatre vingt suite à une étude réalisée par l'office de développement industriel (ODI) dans ce sens. La ville de Meknès a été retenue par l'équipe chargée de l'étude parmi les 22 villes choisies pour abriter ces zones. Et ce, sur la base d'un ensemble de facteurs de localisation ( facteurs de production et de marché, disponibilités de matières premières et de main d'oeuvre, facteurs d'environnement général, etc.) et d'implantation ( disponibilités foncières, situation topographique du terrain, vents dominants, réseaux, etc.).

Les objectifs recherchés à travers la création de la zone industrielle de Sidi Bouzekri sont:

- Résoudre le problème crucial du chômage et du sous-emploi dont souffre la ville. Et ce, par le biais de la création d'un nombre important d'emplois industriels permanents et corrélativement améliorer le niveau de vie de la population grâce aux revenus distribués.

- La valorisation sur place des richesses locales surtout que la région de Meknès recèle de potentialités importantes notamment dans le domaine agricole. Ce qui permettra de renforcer les liens d'intégration entre secteurs primaire et secondaire.

- Atténuer les liens de dépendance de la ville et de sa région vis à vis des autres régions du Maroc, dans le cadre d'une politique d'aménagement de territoire ayant pour but de favoriser les zones déshéritées par rapport à l'axe Casa-Kénitra et d'atténuer l'écart de développement entre les régions du pays.

En définitive, la zone industrielle est censée dynamiser le processus de croissance économique de la ville et de sa région, en assurant une fonction attractive des nouvelles implantations devant déboucher sur les objectifs énoncés ci-haut.

1-2- Localisation, superficie et consistance de la zone industrielle

La zone industrielle de Sidi Bouzekri se situe dans la périphérie de la ville de Meknès à 7 Km du centre ville, sur la Route d'El Hajeb (Carte n° ). Relevant du ressort territorial de la Commune Urbaine Meknassat Azzaitoune, la zone industrielle

120

s'étend sur une superficie totale de 35 Ha. Sa superficie nette atteint 27,52 Ha composée de 102 lots de contenances foncières variables.

Tableau n°42 : Consistance de la zone industrielle de Sidi Bouzekri.

Superficie des lots (m2)

Lots

Surface cumulée nette (en m2)

Nombre

%

Superficie

%

1000 à 2000

50

49

79552

28,90

2001 à 5000

37

36,30

90264

32,79

5001 à 10000

12

11,75

73921

26,85

Plus de 10000

3

2,95

31507

11,46

Total

102

100

275242

100

Source : ERAC Région Meknès-Tafilalet. Meknès.

La Zone industrielle de Sidi Bouzekri était destinée lors de sa création à recevoir des unités industrielles de 2ème et 3ème catégories et principalement les activités à forte utilisation de main d'oeuvre comme les branches du Textile et Cuir ou de l'Agro-Alimentaire.

La zone industrielle de Sidi Bouzekri présente des atouts d'accessibilité routière, de proximité de l'autoroute Rabat-Fès créée récemment et de proximité du centre ville où existent des accommodements des services aux entreprises relativement intéressants.

Carte n° : Localisation de la zone industrielle de Sidi Bouzekri à Meknès.

1-3- Montage technico-financier et commercialisation de la zone

L'aménagement de la zone industrielle de Sidi Bouzekri a été confiée à l'ERAC Centre / Sud. Les dépenses engendrées par la création de cette zone sont estimées à environs 23 millions de dirhams dont 94,80 % pour les frais de viabilisation et d'équipement et 5,20 % au titre des indemnités pour l'expropriation du terrain fixées par la commission d'expertise sur la base d'un prix unitaire de 3,42 DH /m2. Soit une somme totale d'environ 1.200.000 Dhs.

Le tableau ci-après donne la ventilation des frais d'aménagements de la zone industrielle par nature des opérations.

Tableau n°43 : Ventilation des frais d'aménagement de la zone industrielle de Sidi Bouzekri

ar nature d'opérations.

Opérations

Montants

%

Terrains ( Acquisition)

1.200.000

5,20

Adduction eau potable

4.600.000

20,00

Electricité

9.560.000

41,60

VRD + Téléphone

6.300.000

27,40

Divers

1.326.000

5,80

Total

22.986.000

100

Source : ERAC Région Meknès-Tafilalet. Meknès.

Figure n° 15 : Ventilation des frais d'aménagement de la zone industrielle de Sidi Bouzekri par
nature d'opérations.

VRD + Téléphone

27%

Divers

Terrains

6%

5%

Electricité

42%

121

L'aménagement de cette zone industrielle comprend en gros:

La voirie : Elle est de deux types. L'une dite principale de 20 m d'emprise.

L'autre dite secondaire de 15 m d'emprise.

L'adduction de l'eau potable de 40 m3/ jour/ ha. L'alimentation est assurée

par la RADEM.

l'électricité est connectée en 130 KVA/ ha.

Télécommunications : La zone est connectée 3 à 4 lignes par lot.

Par contre l'assainissement n'est pas encore réalisé et ce, après plus d'une

décennie d'operationalité de la zone.

Le prix de revient de la zone s'élève donc à environ 65,7 Dh / m2. Quant au prix de cession, ils ont été fixé par tranches de prix additionnelles comme suit:

* 1000 à 2000 m2 : 100 DH / m2. * 2001 à 4000 m2 : 90 DH / m2. * 4001 à 8000 m2 : 80 DH / m2.

* 8001 et plus : 75 DH / m2.

Actuellement tous les lots disponibles à la zone sont commercialisés. 1-4 : Operationalité de la zone industrielle et place de la PMI

1-4-1 : Valorisation des lots de la zone

Malgré l'attribution de l'ensemble des lots disponibles à la zone industrielle de Sidi Bouzekri, cette dernière n'a pas donné entière satisfaction dans la mesure où seulement une trentaine d'unités sont opérationnelles.

Plusieurs lots attribués au début des années 90 ne sont toujours pas valorisés. d'autres ne sont valorisés qu'à moitié ou sont utilisés comme dépôts comme le montre le tableau suivant:

Tableau n°44 : Situation de la zone industrielle de Sidi Bouzekri.

122

Lots

Nombre

%

Lots valorisés

47

46,10

Lots affectés comme

dépôts

10

9,80

Lots en cours de

valorisation

24

23,50

Terrains nus ou clôturés

21

20,60

Total

102

100

Source: - Enquêtes personnelles. Juillet/Août 2000.

- Municipalité Maknassate Azaitoune.Meknès.

Comme l'illustre bien le tableau ci-dessus, le taux de valorisation de la zone industrielle demeure relativement faible (79,20%).

Cette situation s'explique par un ensemble de facteurs de blocage liés, entre autres , à la conjoncture économique de façon générale , au non achèvement de l'aménagement de la zone (assainissement), mais surtout au phénomène de la spéculation foncière.

En effet, comme le souligne G.Guibert," la spéculation foncière est l'un des problèmes des zones industrielles, car elle limite leur développement " 1 .

Il est vrai qu'il existe des mesures visant à lutter contre ce phénomène au niveau du cahier des charges. Celles -ci touchent notamment les délais accordés aux attributaires ainsi que des pénalités de retard de 10 % du prix global payé pour le premier mois de retard et sont augmentées de 1 % de plus pour chaque mois de retard supplémentaire. Mais, l'administration n'a jamais fait usage de ces pénalités. Ce qui facilite la tache aux spéculateurs.

Conscient de ce problème, le comité des experts chargé de l'investissement institué par Sa Majesté le Roi le 13 Janvier 2000, a recensé, après une tournée dans 70 provinces et préfectures du Royaume, 5000 lots non utilisés. Il a par ailleurs constaté que seuls 25 % des lots affectés dans les zones industrielles ont fait l'objet de valorisation. Le reste est gelé.

En fait, il s'agit des cas de non respect du cahier des charges, lequel prévoit un délai de 6 mois pour commencer les travaux et de 2 ans pour entrer en exploitation.

Le problème n'est donc pas un manque de terrains dans les zones industrielles, mais d'abord et surtout un problème de spéculation foncière. C'est pourquoi, les Gouverneurs ont été invités à récupérer légalement les lots non valorisés qui seront , de ce fait, remis sur les marchés pour les investisseurs .

Malgré ces problèmes, la création de la zone industrielle de Sidi Bouzekri reste un tournant décisif en matière d'aménagement industriel au niveau de la ville de Meknès qui manque énormément d'espaces industriels aménagés.

( 1) GUIBERT ( G) : " Histoire des zones industrielles " in Revue Enjeux n° 22 Octobre 1990, pp: 58-66.

123

1-4-2- Place des PMI dans la zone industrielle

Si le taux de valorisation de la zone industrielle est d'environ 80%, le taux d'operationalité (unités industrielles opérationnelles / total des lots) n'est actuellement que de 36,27%.

Parmi les entreprises en activité, une seule seulement peut être considérée comme une grande entreprise. Il s'agit de la société SICOCHEMS (Confection) avec plus de 500 emplois permanents. Le reste est constitué des PMI réparties comme suit:

Tableau n° 45 : Répartition des entreprises industrielles opérationnelles dans la zone industrielle de Sidi Bouzekri selon les tranches d'effectifs.

Tranches d'effectifs

Etablissements

Emplois

Nombre

%

Nombre

%

0 - 9

06

16,20

43

2,60

10 - 49

20

54,05

410

24,60

50 - 199

10

27,00

695

41,65

Total PMI

36

97,25

1148

68,85

Plus de 200

1

2,75

520

31,15

Total général

37

100

1668

100

Source: - Enquêtes personnelles. Juillet 2000.

- Municipalité Maknassate Azaitoune. Meknès.

La zone industrielle apparaît donc comme un espace de déploiement essentiellement des PMI. Celles-ci constituent en effet la majorité écrasante des entreprises industrielles implantées et opérationnelles au niveau de la zone (97,25%). Mais ces entreprises n'interviennent qu'à raison de 68,85% au niveau de l'emploi industriel de la zone.

Les PMI en question opèrent dans les différentes branches d'activité suivantes:

124

Tableau n° 46: Répartition des PMI par branches d'activité au niveau de la zone industrielle de

Sidi Bouzekri.

Branches d'activité

Unités

Emplois

Nombre

%

Nombre

%

Industries agro-alimentaires

10

27,80

218

19

Industries chimiques et parachimiques

13

36,10

347

30,20

Industrie textile et cuir

4

11,10

282

24,55

IMME

9

25

301

26,25

Total général

36

100

1148

100

Sources: - Enquêtes personnelles.

- Exploitation du fichier "Qui produit quoi au Maroc?" Ministère du Commerce, de l'Industrie et de l'Artisanat. 1999.

Figure n° 16 : Répartition des PMI implantées dans la zone industrielle de Sidi
Bouzekri et de leurs emplois par branches d'activité.

100% 95% 90% 85% 80% 75% 70% 65% 60% 55% 50% 45% 40% 35% 30% 25% 20% 15% 10% 5% 0%

 
 

Unités Emplois

IMME

Industrie textile et cuir

Industries chimiques et

parachimiques

Industries agro-

alimentaires

Les données recueillies dans le tableau ci-dessus font apparaître une répartition inégale des PMI opérationnelles par branches d'activités dans la zone industrielle de Sidi Bouzekri.

La branche des industries chimiques et parachimiques vient en première position avec plus de 36 %, suivie par la branche agro-alimentaire avec environ 28 % et la branche des industries mécanique, électrique et électronique avec 25 % du total des

125

PMI. En dernière position, nous retrouvons la branche des industries du textile et cuir avec seulement 11,10 %.

Par contre la contribution de ces branches au niveau de l'emploi industriel, apparaît beaucoup plus équilibrée, avec toutefois un léger avantage pour la branche chimie et parachimie avec 30,20 % du total des emplois au niveau de la zone.

En termes d'occupation d'espaces, les PMI opérationnelles occupent 37,25% des lots attribués au niveau de la zone industrielle. Soit environ 25,5% de la superficie nette totale de la zone comme le montre le tableau suivant:

Tableau n° 47 : Occupation du sol au niveau de la zone industrielle de Sidi Bouzekri.

Unités ou Lots

Nomb re

Superficie en Ha

Lots octroyés

Superficie

%

Nombre

%

Unités industrielles

opérationnelles

Dont PMI

37

36

7,4770

7,0190

27,15

25,5

39

38

38,25

37,25

Unités opérationnelles

autres qu'industrielles

7

2,4510

8,90

7

6,85

Dépôts

9

2,9835

10,85

10

9,80

Unités en arrêt d'activité

8

2,7840

10,10

8

7,85

Lots en cours de

valorisation

23

4,9245

17,90

24

23,55

Terrains clôturés ou nus

14

6,90

25,10

14

13,70

Total

 

27,52

100

102

100

Sources: - Enquêtes personnelles.

- Municipalité Maknassat Azzaitoune - Meknès.

- Association de la zone industrielle de Sidi Bouzekri - Meknès

A la lumière de ce tableau, nous pouvons formuler les remarques suivantes:

* Les PMI opérationnelles au niveau de la zone industrielle de Sidi Bouzekri, occupent 1/4 de la superficie nette de la zone.

* En moyenne chaque PMI de la zone occupe 1,05 lots.

* L'installation de dépôts et autres activités non industrielles (sociétés de transport, ateliers de réparation, etc.) semble incompatible avec la nature des activités devant être abritées dans la zone. Ces activités ne remplissent pas les conditions requises pour avoir la dénomination "d'unités industrielles".

Paragraphe 2 : Les zones d'activités économiques et la pépinière d'entreprises

126

Au niveau de la ville de Meknès, la zone industrielle n'est pas l'unique espace industriel aménagé et destiné à accueillir des projets industriels, il y a également les zones d'activités économiques et la pépinière d'entreprises.

II-1: Les zones d'activités économiques

Dans un rapport émanant de la Délégation provinciale du Commerce et de l'industrie de Meknès, une zone d'activité économique est définie comme étant " un lotissement dépassant rarement les 10 ha, doté des équipements nécessaires à l'installation d'unités exerçant des activités légères...Elle a la particularité de recevoir des logements à l'étage contrairement à une zone industrielle"1 .

La ville de Meknès compte actuellement 3 zones d'activités économiques. Deux situées dans la préfecture de Meknès El-Menzeh et une autre à Al-Ismailia.

II-1-1: Zone d'activités économiques Zaytoune

Cette zone est située sur la route Haj Kadour , s'étend sur une superficie de 6249 m2 et comprend 12 lots. Le statut foncier du terrain est domanial. Cette zone dispose de tous les équipements nécessaires: voirie, eau, électricité, télécommunications, etc.

Une seule unité y est installée . Elle est spécialisée dans la confection des pièces et boulets pour les machines et matériels agricoles. l'effectif employé par cette entreprise est de 78 ouvriers permanents.

II-1-2: Zone d'activités économiques de "Borj Moulay Omar"

Cette zone est située au niveau du quartier "Borj Moulay Omar" relevant de la commune urbaine d'Hamrya. C'est un quartier très peuplé avec prés de 70.000 habitants et essentiellement voué à l'habitat même s'il abrite certains équipements et une petite zone d'activité économique. Cette dernière est d'une superficie de 1 ha répartie en 7 lots, est aménagée par le département de l'Habitat. Le statut foncier du terrain est un domaine public.

Cette zone dispose de tous les équipements nécessaires ( eau, électricité, télécommunications, etc.). Deux (2) unités industrielles y sont implantées et opèrent toutes les deux dans le domaine du textile: EDEN MAROC et MEKMAILLE employant respectivement 37 et 95 ouvriers permanents.

II-1-3 : Zone d'activités économiques Oujeh Arouss

Cette zone est située sur le territoire de la commune urbaine d'Al-Ismailia à Sidi Baba. Selon les concepteurs du SDAU de Meknès, il s'agit d'une "expérience récente d'insertion d'entreprises non polluantes, fortes consommatrices d'emplois dans des tissus résidentiels populaires"1.

La superficie totale de cette zone est de 25.370 m2, répartie en 20 lots. Le site est bien desservi par les différents réseaux, mais sa localisation à proximité des quartiers d'habitation ( Sidi Baba) présente des menaces sérieuses en matière de pollution industrielle.

(1) Délégation du Commerce et de l'Industrie à Meknès: L'infrastructure d'accueil dans la région de Meknès-Tafilalt. Nov. 1998 p.7

)1) SDAU de Meknès: Analyses-Diagnostic. 1992 p,76.

127

La zone d'activités économiques Oujeh Arouss regroupe de nouvelles implantations industrielles travaillant notamment dans la branche textile-habillement (sous-traitance internationale), et également dans la branche chimie-parachimie.

Sur un total de 11 entreprises localisées dans la zone, 10 sont des PMI

(ZERHOUN BROD, UNICOMEX, DURMACO, TRICOFIL, SERIBROD, POLYPLAST MAGHREB, PLASTIMEK, etc.). Une seule unité (SOUHAIL EUROPE) emploie plus de 200 ouvriers

permanents.

Le tableau suivant donne la répartition des entreprises et des emplois au niveau des zones d'activités économiques de la ville de Meknès.

Tableau n°48 : Répartition des entreprises et des emplois au niveau des zones d'activités
économiques de la ville de Meknès.

Zones d'activités

Etablissements

Emplois

économiques

0-9

10-

49

50-

199

Tota l

PMI

+200

Total général

0-9

10-

49

50-

199

Tota l

PMI

+200

Total général

Zaitoune

-

-

1

1

-

1

-

-

78

78

-

78

Borj My Omar

-

1

1

2

-

2

-

37

95

132

-

132

Oujeh Arouss

2

7

1

10

1

11

11

144

69

224

250

474

Totaux

2

8

3

13

1

14

11

181

242

434

250

684

Sources: - Enquêtes personnelles.

- Exploitation du fichier "Qui produit quoi au Maroc?" Ministère du Commerce, de l'Industrie et de l'Artisanat. 1999.

II-2- La Pépinière d'entreprises de Meknès-Hamria II-2-1- Contexte de création

Pour stimuler la création des emplois et faciliter l'insertion des chômeurs diplômés dans le monde du travail, de nombreux dispositifs ont été conçus par les pouvoirs publics à la fin des années quatre vingt, le plus novateur est son conteste la loi relative au fonds de promotion de l'emploi des jeunes (la loi 13-94) qui prévoit entre autres la construction d'infrastructures et de locaux professionnels pour accueillir les projets des jeunes promoteurs.

C'est dans le cadre de ce fonds que la pépinière d'entreprises Meknès-Hamria a été créée le 17 novembre 1995 lors de la signature d'une convention unissant le Ministère du Commerce, de l'Industrie et de l'Artisanat et la Municipalité de Hamria. Ce projet a pour objet la création de locaux professionnels prêts à l'emploi avec à la charge du Ministère le financement de la construction et à la charge de la Municipalité l'apport du terrain, son équipement en infrastructures, son aménagement et son entretien.

II-2-2- Coûts et structure de la pépinière d'entreprises

La parcelle choisie pour accueillir le projet de pépinière d'entreprises est d'une superficie globale de 12.466 m2. Elle est située au quartier industriel El Bassatine et relève du domaine de la commune urbaine d'Hamria ( voir carte n° ).

128

Le budget relatif à cette opération est estimé à environ 15,37 millions de dirhams répartis comme suit:

Tableau n° 49 : Ventilation des frais d'aménagement et de construction de la pépinière
d'entreprises de Meknès-Hamria.

Eléments

Coûts

%

Terrain

5.609.700,97

36,50

V.R.D ( TTC)

4.641.944,97

30,20

Construction (TTC)

15.124.000,00

33,30

Total

15.375.645,94

100

Source: - Municipalité d'Hamria-Meknès.

- Délégation du Commerce et de l'Industrie de Meknès.

La pépinière accueillera des petites entreprises opérant dans les secteurs de l'Industrie, des services liés à l'Industrie et les entreprises à caractère industriel dans des locaux variant entre 40 m2 et 160 m2 selon les demandes formulées par les jeunes promoteurs.

pépinière est construite sur une surface au sol de 4880 m2 répartie comme suit:

Tableau n° 50 : Consistance de la pépinière d'entreprises de Meknès-Hamria.

Superficie de locaux

Locaux

Superficie cumulée en m2

Nombre

%

Superficie

%

40 m2

17

29,80

680

13,90

80 m2

25

43,85

2000

41

120 m2

5

8,75

600

12,30

160 m2

10

17,50

1600

32,80

Total

57

100

4880

100

Source: Municipalité d'Hamria-Meknès.

129

II-2-3 : Situation actuelle de la pépinière d'entreprises.

Le projet de pépinière d'entreprises lancé en 1995 n'est toujours pas malheureusement achevé de nos jours. Le retard constaté à ce niveau, comme c'est d'ailleurs le cas pour la majorité des pépinières d'entreprises lancées dans le cadre d'un programme national, incombe en priorité aux collectivités locales qui ne sont pas en mesure d'honorer leurs engagements, soit en termes fonciers, soit en termes de viabilisation du terrain.

L'implication des collectivités locales dans l'aménagement des infrastructures d'accueil en partenariat avec d'autres acteurs inaugure certes une nouvelle ère en la matière. Cependant, faute de moyens et face à l'étendue des sphères de compétences des communes, ces dernières sont à l'origine des retards enregistrés dans la plupart des projets

lancés dans ce cadre. " les délais fixés en commun accord entre le Ministère du
Commerce, de l'Industrie et de l'Artisanat et le partenaire local, lors de la signature de la convention se trouvent dans la plupart des cas; largement dépassés" nous fait remarquer, à juste titre, le chef du service des zones industrielles au Ministère en question.

Pour surmonter cet handicap financier, il y a lieu de signaler que le conseil régional de la région Meknès -Tafilalet a réservé dans le cadre du budget de l'an 2000, une somme de 2.500.000,00 dhs pour l'équipement de la pépinière d'entreprises.

Outre ces problèmes d'ordre financier, d'autres blocages d'ordre juridique liés au principe même du partenariat dans le cadre duquel est prévu ce programme.

Défini comme étant une " opération de mise en commun des ressources et des possibilités entre deux ou plusieurs parties, en vue de réaliser un projet donné, projet qu'une partie isolée ne peut entreprendre à elle seule "1 , le partenariat est une forme de

(1 ( Masoudi (El Ayachi) : Les services extérieurs et les collectivités locales. Quel partenariat ? Actes de journée d'étude sur la déconcentration administrative organisée à Taounate le 22 et 23 Mai 1988.pp:30-35.

130

coopération qui présente plusieurs vertus( Réduction des coûts, entretien et maintenance des réalisations, gain de temps, rationalisation de la gestion des ressources, etc.). Mais, il n'en demeure pas moins que des obstacles persistent et entravent cette opération.

Outre la faiblesse des moyens humains et matériels des collectivités locales déjà évoquée ci-haut, il y a lieu de signaler les handicaps suivants2

- l'absence d'un cadre juridique uniforme pour le partenariat qui prévoit notamment les parties, leur participation, les domaines du partenariat, le règlement des litiges, etc.

- Le manquement des contractants à leurs engagements.

- L'absence d'instances d'arbitrages.

- L'absence de mécanismes de contrôle et d'évaluation.

Le programme des " Pépinières des entreprises" qui a été présenté comme un dispositif novateur et ambitieux, souffre malheureusement de ces mêmes lacunes entravant sérieusement sa bonne exécution.

Dans d'autres expériences (France), les projets de " Pépinières des entreprises" naissent d'un partenariat multilatéral regroupant les collectivités territoriales, les chambres de commerce, les associations, les universités, les centres de formation , le secteur privé, etc. Ce qui permet de surmonter les obstacles et contraintes financières et organisationnelles.

Au Maroc, l'expérience des " Pépinières des entreprises" suscite moins d'intérêt de la part des responsables politiques, économiques et sociaux. le partenariat unissant le Ministère du Commerce et de l'Industrie et les collectivités locales s'avère incapable de mener cette expérience vers l'avant et d'affronter avec rigueur les difficultés financières et organisationnelles. Le cas du projet initié à Hamria est assez éloquent.

Nous saluons la participation du Ministère des équipements et l'Agence du Nord dans la réalisation de certaines opérations. Mais ce programme doit être renforcé par l'introduction d'autres intervenants dans la réalisation des opérations en cours.

Section III : PMI et stratégie d'aménagement industriel à Meknès.

Après avoir traité de la logique du déploiement des PMI à Meknès et de leurs composantes et tendances spatiales, nous nous attacherons dans cette section à faire ressortir les principales suggestions et orientations retenues en matière de localisation à travers la présentation des zones d'implantation industrielle programmées au niveau des documents d'urbanisme à savoir le schémas directeur d`aménagement et d'urbanisme ( SDAU ) et les plans d'aménagement ( PA).

Paragraphe 1 : SDAU de Meknès : Programmation de nombreux espaces d'accueil

Au moment du lancement du SDAU en 1991, le territoire de l'agglomération de Meknès comptait quelques 252 ha occupé par l'industrie contre seulement 135 ha en 1971. Tout en soulignant que le rythme de croissance de la consommation de l'espace par cette activité a été soutenu ( +3,5 % par an en moyenne) les concepteurs du SDAU ont

(2) Idem.

insisté sur le fait que ce rythme est toutefois insuffisant pour faire face à la demande en terrains équipés 1.

L'analyse diagnostic a, en effet, montré que le manque de terrains destinés aux activités notamment industrielles, n'a pas permis à l'agglomérations de Meknès de répondre à la demande au cours des années quatre vingt surtout lors de la phase de délocalisation des entreprises européennes.

Ainsi, afin de permettre une revitalisation de l'activité économique en général et de l'industrie en particulier, le SDAU de Meknès préconise le renforcement de trois principales zones d'activités existantes : SEFITA et Sidi Bouzekri dans la préfecture d'Al Ismailia et El Bassatine ( Extension du quartier Ain slougui) dans la préfecture d'El Menzeh.

Face donc au déficit constaté en terrains aménagés, le SDAU propose au niveau du rapport "objectifs et orientations" élaboré en 1995, l'aménagement de 7 ha de zones d'activités comme minimum. Cela représente en vingt ans 140 ha.

Quant au quartier industriel, actuellement en perte de vitesse en raison de son enclavement et qui est devenu un enjeu majeur de développement de la commune d'Hamria, le SDAU insiste sur la nécessité de la restructurer. Ce qui conduira à créer une nouvelle zone d'activité et de logistique d'environ 150 ha desservis par la voie ferrée à l'Est de l'agglomération au Sud de Hay Ouislane.

Avec une superficie totale de 400 ha, ces quatre zones d'activités auxquelles il convient d'ajouter l'usine et la carrière de Lafarge Ciment, paraissent selon les concepteurs du SDAU, suffisantes pour faire face aux besoins de l'agglomération dans les 20 prochaines années.

Nous estimons de notre part que le problème foncier n'est pas seulement dû au manque des terrains aménagés ; mais il trouve son origine dans le problème de spéculation foncière qui gèle des lots destinés à être valorisé et aussi dans le statut juridique de sol qui rend difficile la mobilisation de certains terrains. C'est le cas par exemples à Meknès des terrains militaires qui posent énormément de problèmes pour l'extension urbaine et pour la mobilisation des terrains destinés aux activités de production.

Les concepteurs du SDAU soulignent toutefois, que l'implantation des entreprises industrielles relativement grandes reposera probablement sur une stratégie nationale volontariste d'aménagement du territoire. Quant aux petites

Carte n° : Zones industrielles prévues par le SDAU de Meknès.

1 - SDAU de Meknès : Rapport Diagnostic, année 1992.

131

132

implantations industrielles, elles constitueraient une demande limitée du point de vue des espaces à offrir. Cette demande devrait être satisfaite dans des zones artisanales de quartiers.

Le SDAU souligne, par ailleurs, que même, si le secteur industriel est au ralenti, il demeure en progression. C'est pourquoi l'action majeure proposée de création d'une technopôle de 120 ha, pourrait donner un coup de fouet à l'industrie et permettre le développement des services associés.

Tels sont, en général, les principales orientations du SDAU de Meknès en matière d'aménagement industriel. Quelles sont à présent les dispositions des plans d'aménagement dans ce domaine ?

Paragraphe 2 : Dispositions des plans d'aménagement en matière d'aménagement industriel.

La ville de Meknès est actuellement dotée de plusieurs plans d'aménagement dont 4 seulement sont actuellement approuvés.

Ces plans d'aménagement dont les dispositions ne sont apparemment, que partiellement conformes aux orientations du SDAU en matière d'aménagement industriel, ont prévu plusieurs zones d'accueil des investissements industriels.

L'intérêt accordé à ces infrastructures résulte essentiellement de la volonté des différentes communes de la Wilaya de se doter d'un espace industriel aménagé, susceptible d'attirer les investisseurs, d'assurer une assise économique pour le développement de leur territoire et d'augmenter leurs ressources financières propres.

Ainsi, au niveau de la commune de Ouislane, le plan d'aménagement prévoit la création de 2 zones d'activités de 1ère et 2ème catégories avoisinant la cimenterie Lafarge. Elles sont situées au nord-est de la ville de Meknès sur la route de Fès et sur la rive droite de l'oued Ouislane. Elles peuvent bénéficier facilement de tous les équipements en eau, électricité, télécommunications et sont d'un accès facile. S'ajoute à cela le fait que la plan d'aménagement prévoit la délocalisation à Ouislane de la gare Meknès-ville qui est de nature à renforcer les équipements de ces deux zones d'activités.

Parallèlement, au niveau de la commune Hamria, sont prévus dans le plan d'aménagement, la création de :

- Une zone industrielle de 1ère catégorie et une zone d'activité artisanale

et de services situées sur la rive gauche de la route de Moulay Driss.

- Une zone d'activité de 1ère catégorie à proximité de la zone d'activité

économique " Azzaitoune" sur la rive droite de la route Haj Kadour.

- Une zone d'activité économique à Ain Slougui jouxtant le projet de la

pépinière d'entreprises à Hamria. Sa superficie est de 4882 m2. Quant au nombre de locaux prévus, il est de 57.

Toutefois, l'emprise du domaine militaire au niveau de cette commune, est un handicap majeur à la constitution d'une réserve foncière pour les éventuels aménagements d'infrastructures d'accueil .

133

Par ailleurs, et au niveau de la commune de Sidi Slimane Moule Kifane, un projet d'une zone d'activité économique est prévu sur une superficie de 25 ha sur le terrain d'une ancienne distillerie appartenant au Ministère du Commerce et de l'Industrie. Cette zone bénéficie d'une situation excellente : Proximité de l'autoroute et de la route principale Rabat-Meknès et disposition à proximité de tous les équipements d'infrastructures : eau, électricité, voirie, etc.

Deux autres projets sont également prévus et sont actuellement à l'étude. Il s'agit

de :

- Une zone industrielle de 29 ha composée de 142 lots constituant

l'extension de l'actuelle zone industrielle de Sidi Bouzekri. L'aménagement de cette zone sera réalisé par les Habous à qui appartient également le terrain.

- Un parc industriel dans la commune rural d'Ait Ouallal. D'une

superficie de 172 ha, il est situé sur la route de Rabat. Initié par la commune, sa consistance comporte une zone industrielle, un complexe résidentiel, un complexe touristique et une aire de dédouanement.

Cette distribution des espaces d'accueil des investissements industriels fait apparaître l'importance des terrains affectés par la planification urbaine à l'industrie y compris la PMI.

La programmation de ces espaces semble avoir obéi à deux critères principaux :

- réservation de vastes superficies surtout en périphérie pour

l'implantation des entreprises des entreprises de taille relativement grande et à fort potentiel de pollution.

- Diffusion de petites zones d'activités urbaines au sein des quartiers

résidentiels, destinées surtout à la micro et à la petite industrie.

Paragraphe 3 : décalage entre aménagement industriel et tendances spatiales des PMI à Meknès

L'examen des espaces de concentration des PMI à Meknès et l'aménagement industriel dans cette ville, montre que ces deux opérations ne vont pas de pair. Bien au contraire, l'aménagement vient tard après la manifestation des besoins et de ce fait, il ne peut empêcher les implantations anarchiques et leurs conséquences sur l'environnement de se produire.

En dépit donc d'une stratégie ambitieuse d'aménagement industriel, la localisation dite spontanée et anarchique continue d'être dominante au niveau de la ville de Meknès. Cette tendance apparaît clairement au niveau des projets industriels de petite et moyenne taille initiés au niveau de la ville au cours de l'an 2000 comme il ressort du tableau suivant:

Tableau n° 51: Répartition des projets PMI initiés à Meknès par zones d'implantation. Période allant du 1-1-2000 au 31-11-2000.

Tranches d'effectifs

 

Tranches d'effectifs

 

Total PMI

Zones d'implantation

0- 9

10 - 49

50 - 199

134

 

Nom bre

%

Nombr

e

%

Nombre

%

Nombre

%

Zone industrielle

-

-

01

10,00

01

33,33

02

7,70

Quartiers industriels

01

7,70

02

20,00

01

33,33

04

15,40

Zones d'activités

économiques

01

7,70

-

-

-

-

01

3,85

Zones périphériques

01

7,70

04

40,00

01

33,33

06

23,05

Zones urbaines

10

76,90

03

30,00

-

-

13

50,00

Total

13

100

10

100

03

100

26

100

Source : élaboré à partir des données de la Délégation du commerce et de l'industrie de la Wilaya de Meknès.

Comme le montre bien le tableau ci-dessus, plus de 88 % des nouveauxprojets de petite et moyenne industrie ont été implantés dans des zones de localisation dites spontanées ; soit 50 % au sein du tissu urbain, 23,05 % dans des zones périphériques et 15,40 % dans des quartiers industriels. Les zones d'implantation aménagées et réservées à accueillir ce type de projet, n'ont accaparé qu'un peu moins de 12 % des nouveaux projets initiés à Meknès au cours de la période considérée ; soit 7,70 au niveau de la zone industrielle de Sidi Bouzekri et 3,85 ù au niveau des zones d'activités économiques.

Par taille d'entreprises, il semble bien que les micro-entreprises ont beaucoup tendance à s'implanter au sein du tissu urbain. N'exigeant pas généralement beaucoup d'espace, les chefs de ces entreprises se contentent le plus souvent de garages ou de rez - de -chaussée situés au sein même des quartiers résidentiels pour monter leurs affaires.

Par contre, plus l'entreprise est relativement grande plus elle a besoin d'espace et opte par conséquent pour une localisation en zones périphériques ou dans la zone industrielle.

Conclusion:

L'étude de la propagation des PMI à Meknès a permis de montrer la multiplicité et la diversité des formes de localisation de ces entreprises dans l'espace de Meknès. Nous relevons toutefois, une prédominance des formes de localisation dites spontanées notamment au niveau des quartiers industriels ayant vu le jour lors de la période coloniale ( Ain Slougui) ou qui ont été créés récemment, en plus des implantations ponctuelles et dispersées au sein du tissu urbain ou dans les zones périphériques.

Ces espaces accueillent la majeure partie des PMI opérationnelles au niveau de la ville Ismaélite. Par contre les espaces aménagés et destinés à accueillir cette catégorie d'entreprises, restent relativement faibles.

Cette situation s'explique entre autres, par la faiblesse de ces infrastructures au niveau de Meknès. L'unique zone industrielle qui existe au niveau de Meknès reste insuffisante pour faire face à la demande des investisseurs de terrains industriels aménagés. Mais elles trouvent son origine dans d'autre facteurs notamment le phénomène de la spéculation foncière qui gèle les lots équipés à des fins industrielles et réduit par conséquent la valorisation et l'operationalité de l'ensemble de la zone aménagée.

135

l'impact spatial le plus marquant de cette propagation étant un tissu de PMI éclaté et hétérogène où coexistent des entreprises de différentes tailles et de différentes branches.

En dépit de l'existence d'une stratégie d'aménagement industriel au niveau de la planification urbaine et qui a pour but de répondre à la demande des entreprises en espace industriels permettant ainsi une répartition harmonieuse de ces unités, nous constatons une tendance des PMI à s'implanter dans des zones de localisation dites spontanées. Ce phénomène peut s'expliquer par la persistance des problèmes liés au foncier, mais surtout par le décalage observé entre l'action d'aménagement industriel et la localisation des entreprises; révélant ainsi l'absence d'une stratégie concertée en matière de planification urbaine dans son ensemble.

Conclusion de la 2 ème partie

De l'examen de la logique de déploiement des PMI à Meknès et de l'étude de leurs formes de localisation et de la stratégie mise en place au niveau des documents d'urbanisme pour permettre une répartition harmonieuse de ces entités dans l'espace urbain, il se dégage un ensemble de conclusions que nous pouvons présenter ci-après:

- Le choix de localisation de Meknès comme lieu d'emplacement par les chefs des PMI, est motivé par une multitude de facteurs complexes et diversifiés. Toutefois trois principaux éléments émergent comme facteurs déterminants et ayant beaucoup influé sur la décision de choisir la localisation de ces entreprises à Meknès. Il s'agit en premier lieu des facteurs liés à la production et au marché, des facteurs liés au foncier en second lieu, en plus de certaines considérations extra-économiques ou d'ordre personnel.

- Sont nombreuses et diversifiées également les formes de localisation des PMI à Meknès. Cependant, on constate que l'émergence et le développement de ces entreprises, se sont faits, d'une façon plus ou moins, anarchique et non planifiée. C'est en effet, la forme de localisation dite spontanée qui prédomine notamment au sein des quartiers industriels, en zones périphériques ou au sein même du tissu urbain.

Par contre, la localisation dans des espaces aménagés et destinés à accueillir ces entreprises, reste relativement faible que ce soit au niveau de l'unique zone industrielle dont dispose la ville ou encore au niveau des zones d'activités économiques. L'aménagement industriel étant, en effet, considéré comme le parent pauvre à Meknès.

L'impact spatial de cette propagation étant un tissu de PMI fortement hétérogène, éclaté et éparpillé dans l'espace urbain.

Il est vrai qu'il existe toute une stratégie d'aménagement industriel au niveau de la planification urbaine ayant pour objectif de répondre à la demande des entreprises en terrains industriels et d'assurer une répartition harmonieuse de ces activités dans l'espace urbain. Mais vu le retard accusé au niveau de la réalisation de certains projets

136

prévus dans ce cadre, on constate une tendance des PMI à s'implanter dans des zones dites spontanées.

Cette tendance trouve son explication, à notre avis, dans la persistance des problèmes liés au foncier et dans le décalage observé entre l'action d'aménagement industriel d'une part et dans la localisation des PMI d'autre part. Ce qui révèle l'absence d'une stratégie concertée en matière de planification urbaine de façon générale.

Mais en dehors de ces aspects liés à la localisation des PMI et à la structuration de l'espace au niveau de Meknès, il reste à savoir comment ce secteur fonctionne t-il ? quel est son degré d'intégration ? Quelles sont ses contraintes et ses perspectives ? Cela fera l'objet de la dernière partie de ce travail.

137

Partie 3:

Aspects fonctionnels, intégration, contraintes et

perspectives des PMI à Meknès.

Introduction:

Les développements précédents nous ont permis globalement de saisir d'une part, les spécificités et le poids socio-économique des PMI à Meknès et d'autre part, d'examiner les principales composantes spatiales de ce secteur à travers l'analyse de sa logique de déploiement, des formes de sa localisation et de la stratégie mie en oeuvre pour une répartition harmonieuse de ces unités dans l'espace.

Cette troisième et dernière partie ambitionne d'approcher ce segment du tissu productif dans ses aspects fonctionnels.

Pour ce faire nous allons essayer, dans un premier lieu, d'analyser les aspects relatifs au financement ainsi que les modalités et les mécanismes de fonctionnement de ce secteur dans l'espace de Meknès et en rapport avec d'autres espaces. ( Chapitre 1).

Dans un second lieu, l'accent sera mis sur les contraintes au fonctionnement et au développement de ce secteur ainsi que sur ses perspectives d'avenir dans ce nouveau contexte marqué par la globalisation et l'ouverture de l'économie nationale (Chapitre 2).

138

Chapitre 1: Financement, modalités de fonctionnement et degré d'intégration des PMI à Meknès.

139

Dans le cadre de ce chapitre, nous allons essayer dans un premier point d'analyser la question du financement des PMI à Meknès. Celle-ci revêt ,en effet, une importance particulière. D'une part parce qu'elle constitue la principale demande des PMI auprès des organismes d'appui et d'autre part parce que même si les mesures relatives au financement ne constituent pas à elles seules des conditions suffisantes pour la promotion de ce secteur, il n'en demeure pas moins que les problèmes liés au financement sont des obstacles majeurs pour la création et la croissance des entreprises (Section 1).

Dans un second point, nous nous pencherons sur l'examen des modalités et des mécanismes de fonctionnement des PMI à Meknès à travers l'analyse des différentes aires d'approvisionnement en matières premières ainsi que les aires d'écoulement des produits . Un intérêt particulier sera accordé au phénomène de la sous-traitance compte tenu de l'importance qu'il revêt pour le système productif de façon générale et pour les PMI de façon particulière . Ces éléments , associés à d'autres indicateurs, vont nous permettre d'avoir une idée sur la nature des relations qu'entretiennent ces entreprises avec d'autres secteurs d'activités économiques et sur le degré d'intégration de ce secteur au niveau de la ville de Meknès (Section 2 ).

Section 1 : Financement des PMI à Meknès.

Le financement est de toute évidence la pierre angulaire sur laquelle s'appuient tous les aspects de développement. Toute entreprise qui ne dispose pas au bon moment d'un volume suffisant de moyens financiers est condamnée à l'échec. Le financement constitue, de ce fait, la base fondamentale de tout projet d'activité.

Nous avons vu au niveau du chapitre préliminaire que le système bancaire marocain met à la disposition des PMI toute une panoplie de lignes de crédit. Si théoriquement ces différents outils de financement pourraient être utilisées par ces entreprises, il sera question au niveau de cette section de savoir comment se présente la situation dans la réalité à travers le cas des PMI à Meknès ? Ces entreprises rencontrent-elles des difficultés dans la mobilisation des ressources nécessaires auprès du système bancaire ? Comment enfin cette assistance financière en faveur des PMI est-elle répartie entre les différentes régions du Royaume ?.

Paragraphe 1 : Soutien financier : Répartition inégalitaire des crédits alloués à la PMI au Maroc

L'un des objectifs assignés à la politique publique d'appui à la PMI au Maroc, est la contribution à l'effort de régionalisation et de décentralisation industrielle qui constitue certainement l'un des leviers essentiels de l'aménagement du territoire et en tout cas un facteur déterminant dans la transformation de la configuration socio-économique des différents espaces constitutifs du territoire national.

Or l'examen de la ventilation régionale des crédits accordés pour la promotion de la PMI montre que la décentralisation des investissements ne semble pas être l'une des priorités dans ce programme d'assistance financière en faveur de ces entités économiques.

140

En effet, depuis le lancement de l'expérimentation de la PMI, plusieurs catégories ont été utilisées, mais ces innovations financières qui sont intéressantes à plusieurs égards, semblent malheureusement " avoir privilégié la logique financière de la rentabilité et de la solvabilité et négligé les exigences de la régionalisation . Cette tendance apparaît bien à travers l'examen de certaines lignes composant le système du soutien financier à la PMI" 1 .

1-1 : Cas de la procédure simplifiée accélérée et le crédit convention

La ventilation régionale des CMTR dans le cadre de la PSA est marquée par la prédominance des deux ex-régions du Centre et du Nord-Ouest qui ont absorbé au cours de la période 1977-1985, prés de 64 % des crédits dispensés et bénéficié de 62 % du nombre des projets créés comme il ressort du tableau suivant :

Tableau n° 52 :Ventilation des CMTR dans le cadre de la PSA de 1977 à 1985 suivant l'ancien découpage régional.

Régions

économiques

Opérations

Programmes
d'investissement

CMTR

N/bre

%

Valeurs

%

Valeurs

%

Sud

93

5,90

44.925

5,80

23.208

6,30

Tensift

158

10,05

82.376

10,70

38.790

10,55

Centre

610

38,80

322.196

41,90

156.986

42,70

Nord-Ouest

367

23,30

164.330

21,40

76.714

20,85

Centre-Nord

154

9,80

61.695

8,00

29.558

8,00

Oriental

116

7,40

58.129

7,60

26.823

7,30

Centre-Sud

75

4,75

35.238

4,60

15.903

4,30

Totaux

1573

100

768.888

100

367.982

100

Source : Rapports annuels de la BNDE. Rabat. de 1977 à 1985.

N.B. ces données sont présentées à titre indicatif car elles ne concernent pas uniquement la PMI mais l'ensemble des branches de la PME.

La prédominance des ex-régions du Centre et du Nord-Ouest apparaît également au niveau des crédits alloués à la PMI dans le cadre de la ligne pilote où plus de 75 % de ces crédits ont été accaparés par ces deux régions correspondant à l'implantation de 28 projets sur 43 créés durant la période allant de 1979 à 1985.

Tableau n° 53 :Répartition régionale des crédits alloués à la PMI dans le cadre de la ligne pilote.

valeurs en 1000 dhs.

Régions

économiques

Opérations

Programmes
d'investissement

Montants des prêts

N/bre

%

Valeurs

%

Valeurs

%

Sud

-

-

-

-

-

-

Tensift

3

6,95

1.125

2,50

655

3,30

Centre

26

6,50

29.943

66,50

14.075

70,90

Nord-Ouest

2

4,65

3.500

7,70

1.100

5,55

Centre-Nord

9

20,95

5.873

13,00

2.580

13,00

Oriental

-

-

-

-

-

-

(1) ZRIOULI ( M) : La région économique au Maroc. Quel avenir? édition Okad, Rabat 1990, p 78.

141

Centre-Sud

3

6,95

4.659

10,30

1.435

7,25

Totaux

43

100

45.100

100

19.845

100

Source : Rapports annuels de la BNDE. Rabat. de 1977 à 1985.

1-2- Cas des crédits jeunes promoteurs et jeunes entrepreneurs.

La répartition régionale de ces deux lignes de crédits en faveur de la PMI présente la même caractéristique inégalitaire que dans les cas examinés ci-haut. En effet, l'examen de la ventilation régionale des crédits jeunes promoteurs (CJP) montre encore une fois la prééminence de deux ex-régions du centre et du nord-ouest qui ont absorbé plus de 73 % des crédits accordés entre 1988 et 1997 et bénéficié de presque 70 % des projets créés durant la même période.

Par contre, les autres régions du pays n'ont bénéficié que faiblement de ces prêts accordés dans le cadre de la loi 36-87 modifiée par la loi 14-94 relative à l'octroi de prêt de soutien à certains promoteurs comme le montre bien le tableau suivant:

Tableau n° 54 : Répartition des crédits jeunes promoteurs suivant l'ancien découpage régional

de 1988 à 1997.

Régions

économiques

Opérations

Programmes
d'investissement

Montants des prêts

N/bre

%

Valeurs

%

Valeurs

%

Sud

561

7,00

263.278.428

6,40

218.591.253

6,40

Tensift

620

7,70

263.430.086

6,45

223.363.452

6,50

Centre

3540

44,10

1.987.109.479

48,20

1.668.655.385

48,60

Nord-Ouest

2013

25,00

1.071.273.259

30,00

858.263.959

25,00

Centre-Nord

591

7,40

234.017.939

5,70

203.423.986

5,95

Oriental

280

3,50

120.775.777

2,90

101.460.827

2,95

Centre-Sud

422

5,30

182.570.246

4,40

154.581.325

4,60

Totaux

8027

100

4.122.455.214

100

3.428.344.242

100

Source : Ministère de l'Economie et des Finances.

La ventilation régionale des crédits jeunes entrepreneurs(CJE) ne déroge pas à la règle (déséquilibre en faveur des régions du Centre et du Nord-Ouest). En effet, ce dispositif créé pour la mise en oeuvre du fonds pour la promotion de l 'emploi des jeunes (loi 13-94) a accordé plus de 82 % des crédits aux jeunes entrepreneurs issus des seules régions du Centre et du Nord-Ouest finançant ainsi prés de 80% des projets crées dans ce cadre.

Tableau n° 55: Répartition des crédits jeunes entrepreneurs suivant l'ancien découpage régional. Période du 01-01-1995 au 30-10-1998

Régions économiques

Opérations

Programmes
d'investissement

Montants des prêts

N/bre

%

Valeurs

%

Valeurs

%

Sud

19

7,40

10.428.240

6,40

8.263.830

6,50

Tensift

17

6,60

9.258.793

5,65

7.206.800

5,70

Centre

123

47,80

76.715.270

46,85

60.486.920

47,80

Nord-Ouest

81

31,50

58.618.135

35,80

43.928.542

34,70

Centre-Nord

9

3,50

3.820.600

2,30

3.132.600

2,50

Oriental

4

1,60

2.644.557

1,60

1.530.600

1,20

142

Centre-Sud

4

1,60

2.249.600

1,40

1.989.000

1,60

Totaux

257

100

163.715.196

100

126.538.292

100

Source : Ministère de l'Economie et des Finances.

Il apparaît bien à travers l'analyse de ces indicateurs que la répartition régionale des crédits alloués à la PMI n'est nullement à la hauteur des objectifs qui lui ont été assignés, puisque les régions en retard n'en ont bénéficié que de façon marginale du fait de l'attraction des deux ex-régions du Centre et du Nord-Ouest.

Outre ces problèmes liés à la répartition non équitable de ces lignes de financement notamment les CJP et les CJE, il y a lieu de signaler que ces lignes connaissent de nombreux cas de contentieux au niveau du recouvrement.

Ce constat d'échec s'explique entre autres par le fait que cette démarche d'insertion des jeunes diplômés a donné lieu à des pratiques abusives, car " ne peut être entrepreneur qui veut ". Le fait d'accorder un crédit à un "Chômeur créateur d'entreprise alors qu'il ne porte pas en soi des capacités entrepreneuriales "1 , ne peut à notre avis que déboucher vers un échec.

Sous la pression de la marée du chômage, on a adopté ce système de traitement économique de la crise par l'aide à la création d'entreprise. Mais l'efficacité économique de cette option n'est pas toujours garantie car le chômeur est par nature une "personne vulnérable par son inactivité est donc peu apte psychologiquement à franchir avec succès le véritable parcours d'obstacle qu'est une création d'entreprise "2

D'autre part, chacun n'a pas vocation à devenir un entrepreneur et il ne suffit pas de lever l'obstacle de l'accès au crédit pour produire de nouvelles couches d'entrepreneurs .

Pour surmonter cet handicap, nous adhérons à l'idée " qu'il faut préparer à la fois le candidat à la future création (formation, esprit d'entreprise...) et l'espace économique à favoriser le développement de l'activité créée «3 .

Nous pouvons ainsi conclure que non seulement le système d'appui financier profite de façon inégale aux différentes régions, mais qu'il est aussi entaché de plusieurs imperfections.

Qu'en est -il du financement des PMI à Meknès, notre aire d'étude ? c'est ce que nous allons voir dans le paragraphe suivant.

Paragraphe 2 : Analyse des modes de financement des PMI à Meknès.

L'analyse des modes de financement des PMI à Meknès permet d'apprécier l'efficacité du système bancaire dans le financement de ces entreprises.

(1) HINTI ( S): Les dynamiques économiques des colléctivités locales, opp cité, p 88.

( 2) MACHART ( J.R) : Reussir nos PME , opp cité p,99.

( 3) HINTI ( S) : Les dynamiques économiques des colléctivités locales, opp cité, p 88.

143

Nous avons tenté sans succès d'évaluer la contribution des banques dans le financement de ce secteur car ces organismes restent peu ouverts à la recherche. Nous n'avons pu disposer de données chiffrées sur la participation bancaire dans le financement des PMI à Meknès. Aussi avons nous appréhendé cet aspect de la réalité économique en nous référant essentiellement aux contacts et interviews effectués auprès des chefs des PMI et de quelques cadres des banques de la place.

Les besoins de financement des PMI concernent soit les investissements au départ ( financement de la création) soit les investissements en cours d'activité soit enfin le fonds de roulement.

2-1: Modes et sources de financement de la création

Le financement de la création doit sous-entendre en fait, le financement du processus de création d'entreprises soit: la phase d'étude et de prospection, la phase de réalisation et de mise en place du projet et la phase de démarrage de l'activité .

Le financement de la création comporte une part d'incertitude et de risque généralement plus important et moins maîtrisé puisque de rien on veut faire quelque chose. Ce financement peut être réalisé de plusieurs façons et à partir de sources différentes .

S'agissant des PMI à Meknès, l'analyse de leurs modes de financement à la création fait ressortir une prédominance de l'épargne personnelle comme le montre le tableau suivant:

Tableau n°56: Sources de financement à la création des PMI à Meknès en %.

Sources de financement

Tranches d'effectifs

Total
PMI

0 - 9

10 - 49

50 - 199

Epargne personnelle et/ou apports des associés

70

59,30

58,80

62,50

Famille

15

18,50

5,90

14,05

Crédits bancaires

10

18,50

29,40

18,75

Crédits particuliers

5

-

-

1,60

Autres

-

3,70

5,90

3,10

Totaux

100

100

100

100

Source: Enquête PMI. Juillet. 2000.

Figure n° 17: Sources de financement à la création des PMI à Meknès .

Crédits bancaires

Famille

Crédits particuliers Autres

Epargne personnelle

et/ou apports des

associés

144

Pratiquement tous les chefs des PMI retenus dans l'échantillon ont constitué leur capital de départ au moyen de fonds privés que ce soit par le biais de l'épargne personnelle ou en faisant appel aux apports des associés .

Ces deux modalités sont en effet, la première source de financement de la création des PMI à Meknès . Elles sont citées à raison de 62,50% par les chefs d'entreprises interrogés . L'enquête révèle ainsi la part prédominante de l'autofinancement dans le démarrage de ces entreprises à Meknès .

Ce résultat impressionne par son ampleur , mais il confirme que les PMI sont confrontées aux contraintes de disponibilité de ressources et de crédit " Start-up" quant il s'agit de lancer un projet d'investissement .

L'engagement individuel et la contribution des formules d'association au montage d'une opération, sont encore accentués chez les micro-entreprises où ils atteignent un taux de 70% contre 59,30% et 58,80% respectivement pour les petites et les moyennes entreprises .

14,05 % des chefs des PMI ont également puisé dans les ressources de la famille . Ce recours aux apports familiaux témoigne d'une forte mobilisation de la famille dans ces entreprises. Cette source est plus fréquemment citée chez les micro- et les petites entreprises avec 15 % et 18,50 %. Elle est moins fréquente à mesure que la taille de l'entreprise devient relativement plus grande..

En ce qui concerne les emprunts bancaires, 18,50 % des chefs des PMI étudiées se sont adressés à des banques pour financer leurs investissements de départ. Dans ce domaine également, la taille joue un rôle relativement discriminant puisque la fréquence de ces emprunts atteint 29,40 % chez les entreprises de taille moyenne contre 18,50% pour celles de petite taille et seulement 10 % pour les micro-entreprises.

Nous avons aussi remarqué la présence d'une sorte de dualisme financier dans le financement de la création des PMI. Et ce, avec la coexistence d'un système financier

145

et institutionnel et répondant généralement aux besoins des entreprises relativement grandes avec un système financier informel plus fréquent dans les micro-entreprises. Ce dernier ne représente toutefois qu'une part très marginale dans les modes de financement de la création des PMI à Meknès avec seulement 1,60 %.

2-2 : Sources de financement de l'activité.

Les besoins de financement évoluent au cours du cycle de vie de l'entreprise. Au début, il s'agit de besoins à long terme pour financer la création, les équipements et le démarrage de l'activité. Ensuite les fonds de roulement augmentent avec l'activité de l'entreprise jusqu'au moment où une extension des capacités de production requiert de nouveau des capitaux à long et moyen terme.

Qu'elles aient eu besoin ou non de crédit pour assurer leur démarrage, les PMI recourent-elles au crédit après la phase de création ? Très nombreuses sont celles qui s'adressent à des sources externes pour couvrir leurs besoins de financement. Plus de 68 % recourent, en effet, au crédit pour financer le fonctionnement courant ou les investissements d'extension.

L'autofinancement est, certes, très largement dominant comme procédure de mobilisation des ressources dans le monde de la PMI, toutefois, les modalités et les sources de financement de l'activité semblent différencier selon le stade d'évolution de l'entreprise. Si à la naissance les ressources mobilisées pour le démarrage sont pratiquement dans leur majorité d'origine personnelle ou grâce aux apports des associés (62 %), les besoins de l'activité et de la croissance exigent un recourt manifeste à des sources externes. Mais c'est dans l'origine de ces sources externes que la différence de comportement est plus nette: le crédit bancaire devient plus incontournable et plus fréquent dans le fonctionnement des PMI qu'à leur création.

En effet d'après les données de l'enquête, quand elles s'endettent en vue de renouveler les équipements, financer l'exploitation ou procéder à des aménagements, les PMI s'adressent en premier lieu à la banque ( 32,80%) et en second lieu à des particuliers (29,70%). L'appel à la famille se fait dans une proportion très marginale ( 6,25%).

C'est généralement un schéma de financement assez différent de celui observé au stade de la création des PMI comme l'illustre bien le tableau suivant:

Tableau n° 57: Sources de financement du fonctionnement des PMI à Meknès en %.

Sources de financement

Tranches d'effectifs

Total
PMI

0 - 9

10 - 49

50 - 199

Autofinancement

50

29,60

11,80

31,25

Famille

20

-

-

6,25

Crédits bancaires

5

33,40

64,70

32,80

Crédits particuliers

25

37

23,50

29,70

Totaux

100

100

100

100

Source: Enquête PMI. Juillet./Août 2000.

Figure n°18: Sources de financement du fonctionnement des PMI à Meknès .

Crédits particuliers

Crédits bancaires

Autofinancement

Famille

146

Ces données montrent bien que les sources de financement externes à savoir les crédits bancaires et les crédits particuliers jouent un rôle important au niveau du fonctionnement des PMI à Meknès, ce qui n'était pas le cas au moment de la création de ces entreprises.

Le recours à la banque est plus sensible au niveau des entreprises de moyenne taille ( 64,70%) alors qu'il est très insignifiant au niveau des micro-entreprises qui font beaucoup plus appel à l'autofinancement et à des particuliers pour financer leur exploitation.

Paragraphe 3: Difficultés du recours au crédit bancaire

Les dirigeants des PMI qui ont fait l'objet de notre enquête, sont unanimes pour affirmer que le système bancaire joue un rôle très limité dans le développement économique en général et celui des PMI en particulier. La principale critique portée à l'encontre de ces institutions est désormais leur faible implication dans le financement de ces entreprises.

Si les activités de conseil et d'assistance technique ont induit généralement des résultats importants, le goulot d'étranglement de l'accès au financement n'a pas été levé. Et cela en dépit des efforts consentis par les structures d'appui pour aider les PMI dans le montage de dossiers "bancables".

Cette distorsion ou discordance entre assistance financière qui relève de la banque et l'assistance des organismes d'appui, fait de ces derniers de " simples vendeurs de conseil peu crédible" selon une expression du responsable de département d'assistance technique à la PMI de l'ODI1 .

(1) SLAOUI ( A) : " La prospection du promoteur - Entrepreneur " in revue de l'ODI n° 29. 1990, pp: 12-16.

147

D'une manière générale, les difficultés du recours au crédit bancaire se manifestent à trois niveaux: D'abord au niveau de l'accessibilité, ensuite au niveau du coût et enfin au niveau des délais.

3-1: Conditions peu satisfaisantes d'accessibilité au crédit

Les PMI enquêtées jugent généralement les conditions d'accessibilité au crédit bancaire peu satisfaisantes. Faute de crédibilité auprès de leurs banquiers, elles ont les plus grandes difficultés à prouver que leurs projets sont financièrement viables. Ce qui limite leur accès au crédit même lorsqu'elles sont en mesure de satisfaire toutes les exigences des banques.

Prêter à ce secteur est en effet perçu comme une opération très risquée par les banques. Les qualités de chef d'entreprise ne sont ni appréciées à leur juste valeur ni prises en considération lors de l'examen des dossiers de projets.

Un autre grand facteur restrictif tient aux garanties exigées par les établissements de crédit et qui sont jugées très lourdes par les entreprises. A ce facteur s'ajoutent aussi d'autres éléments restrictifs: Apports insuffisants en fonds propres des promoteurs, non tenue d'une comptabilité régulière, difficultés inhérentes aux procédures de financement, etc.

De telles exigences équivalent dans de nombreux cas à un refus de crédit. 3-2: Coûts très chers des crédits bancaires.

Les PMI bénéficient souvent conformément à des décisions des pouvoirs publics de bonifications d'intérêt ou de prêts à des taux spéciaux. C'est le cas de la majorité des lignes de crédit dont bénéficient ces entreprises. Malgré cela, les PMI enquêterais jugent ces conditions peu satisfaisantes. Pis, les frais, marges et taux bancaires sont jugés particulièrement élevés et nombreuses sont les PMI qui peuvent difficilement envisager d'y recourir.

Cela étant, quelques entreprises seulement désignent le taux d'intérêt comme un obstacle majeur. Pour l'obtention des prêts, les problèmes les plus graves semblent tenir aux procédures en vigueur qu'au coût de crédit lui-même.. Bien évidemment, les PMI apprécieraient une baisse des taux d'intérêt, mais elles ne situent pas là l'essentiel de leurs difficultés. Apparemment, ce n'est pas toujours le coût de prêts qui constituent le facteur clé, mais c'est surtout l'accessibilité ainsi que la rapidité de l'octroi du crédit.

3-3: Processus très lent d'obtention de crédit.

La rapidité d'obtention du crédit est aussi considérée comme facteur déterminant par les chefs des PMI interrogés. Dans la pratique, retarder l'octroi d'un prêt équivaut souvent à un refus de crédit. La lenteur des procédures d'approbation et du décaissement des prêts fragilise considérablement la situation financière des PMI qui doivent en plus supporter des charges intercalaires( intérêts dus pour la période entre l'accord du prêt et le décaissement) . Les délais de traitement des dossiers vont de 4 à 12 mois, auxquels il faut ajouter environ 3 mois pour que les fonds soient effectivement décaissés.

Les dirigeants des PMI estiment que ce processus pourrait être considérablement accéléré et bon nombre d'entre eux considèrent la lourdeur des procédures comme un sérieux obstacle.

148

En dépit donc de la diversité des lignes de financement existant en faveur des PMI, il s'avère que non seulement ces dispositifs profitent de façon très inégale aux différentes régions du Royaume, mais encore que les possibilités de financement mis effectivement à la disposition de ces entreprises sont insuffisantes et parfois inaccessibles à cause notamment d'un certain nombre de contraintes liées aux structures des PMI mais le plus souvent à l'attitude des institutions financières vis à vis de cette catégorie d'entreprises.

L'ensemble de ces contraintes influe sur les relations Banques -Entreprises et fait que ces liens ne soient pas toujours bien établis.

Pénalisé sur le plan financier, le secteur des PMI dans l'espace d'étude, le serait-il également au niveau des modalités de fonctionnement et de l'intégration économique ? C'est ce que nous allons essayer d'examiner dans la section suivante.

Section 2 : Modalités de fonctionnement et degré d'intégration des PMI à Meknès

Pour appréhender cet aspect lié aux modalités et mécanismes de fonctionnement des PMI à Meknès, nous allons essayer dans un premier point de traiter des circuits et aires d'approvisionnement et de commercialisation de ces entreprises ( Paragraphe 1) avant d'aborder dans un second point la pratique de la sous-traitance considérée comme un mode de fonctionnement des PMI et une base importante de leur développement ( Paragraphe 2). Dans un dernier point nous nous pencherons sur l'analyse d'un ensemble d'éléments relatifs à l'intégration de ce secteur que ce soit au niveau des relations inter-branches qu'en ce qui concerne les rapports avec le tissu productif local ( Paragraphe 3).

Paragraphe 1: Aires d'approvisionnement et d'écoulement

La détermination des aires d'approvisionnement en matières premières et des espaces de commercialisation est riche en enseignements car non seulement elle traduit dans les faits le degré d'intégration spatiale et sectorielle d'un secteur productif mais renseigne également sur l'existence d'économies d'agglomération (externalités) qui ne sont pas sans influer sur les coûts de revient et partant la compétitivité des entreprises.

1-1: Aires d'approvisionnement des PMI de Meknès

Stade fondamental dans le processus de production, l'approvisionnement en matières premières a de tout temps conditionné la localisation d'un bon nombre d'activités manufacturières même si le développement des transports a beaucoup contribué à la réduction de la dépendance des industries vis a vis des lieux d'approvisionnement.

Concernant l'espace d'étude, les aires d'approvisionnement en matières premières et biens intermédiaires différent sensiblement selon les branches d'activités comme le montre bien le tableau suivant:

Tableau n° 59: Lieux d'approvisionnement des PMI de Meknès par branches d'activités.

Lieux

d'approvisionnement

I.A.A

I.T.C

I.C.P

I.M.M.E.E

Total PMI

Meknès

14

82,30

-

-

8

50

2

22,25

24

46,00

Casablanca

1

5,90

2

20

4

25

5

55,55

12

23,00

Autres villes

1

5,90

1

10

3

18,75

1

11,10

6

12,00

Etranger

1

5,90

7

70

1

6,25

1

11,10

10

19,00

Total

17

100

10

100

16

100

9

100

52

100%

Source: Enquête PMI. Juillet./Août 2000

Figure n° 19: Lieux d'approvisionnement des PMI de Meknès.

Etranger

19%

Autres villes

12%

 

Meknès

46%

149

Casablanca

23%

Les données ci-dessous peuvent être interprétées selon deus approches: L'une globale et l'autre par branches d'activités.

1-1-1: Approche globale.

De façon globale, nous relevons une certaine prédominance de Meknès en tant que premier lieu d'approvisionnement des PMI localisées dans la ville ismaélite. Les résultats de l'enquête ont révélé, en effet, que plus de 46% de ces entreprises acquièrent les matières premières et les biens intermédiaires dans la ville même de leur localisation. Cela confirme l'idée selon laquelle ce genre d'entreprise puise dans son environnement local la plupart des ressources dont elle a besoin pour son fonctionnement et son développement.

Mais il n'empêche que beaucoup de PMI dépendent dans leur approvisionnement d'autres lieux autres que la ville de Meknès. C'est ainsi que 23% des entreprises enquêterais acquièrent leurs matières premières à partir de la ville de Casablanca alors qu'environ 1/5 de ces unités s'approvisionnent à partir de l'étranger.

Les espaces de Casablanca et l'étranger constituent de ce fait, respectivement la seconde et la troisième source d'approvisionnement des PMI à Meknès concrétisant ainsi un certain degré de dépendance vis à vis de la métropole du pays et de l'étranger.

Enfin l'approvisionnement à partir d'autres villes autres que Meknès et Casablanca, a constitué la dernière source avec seulement 11,55 % des PMI enquêterais. Mais seule une analyse par branches d'activités est susceptible de mieux appréhender la question de l'aire d'approvisionnement des PMI implantées à Meknès.

1-1-1: Approche par branches d'activités.

150

Selon le tableau n° 59 l'analyse des aires d'approvisionnement des PMI de Meknès montre que:

- Les PMI de la branche agro-alimentaire s'approvisionnent présqu'exclusivement sur place, soit 82,30 %. Les autres aires sont ex-équo par seulement 5,90 % chacune. Cette branche participe de ce fait à la valorisation des produits agricoles locaux et notamment les céréales et les oléagineux.

- Par contre, pour les industries de textile et cuir, le poids de l'étranger et dans un degré moindre Casablanca est très manifeste. 70 % des PMI enquêterais s'approvisionnent, en effet, de l'étranger contre 20 % à partir de Casablanca et seulement 10 % sur place. La prédominance de l'étranger en tant que source d'approvisionnement s'explique notamment par le fait qu'il s'agit d'unités pratiquant la façon et qui opèrent dans le cadre de sous-traitance internationale . Par conséquent une part importante des matières premières et articles sont livrées par les donneurs d'ordres étrangers.

- Les industries chimiques et parachimiques présentent une structure assez différente avec une prédominance de la ville de Meknès qui participe à raison de 50 % dans l'approvisionnement des PMI contre 25% pour casa, 18, 75 % pour les autres villes et seulement 6,25 % pour l'étranger.

- Enfin pour les IMMEE, nous relevons une présence beaucoup plus nette de Casablanca en tant que source principale d'approvisionnement des PMI de Meknès, soit 55 %. L'espace d'étude vient en seconde position avec 22,25 % contre seulement 11,10 % pour chacune des autres aires considérées.

En somme et sur la base des constatations ci- dessus, la dépendance de Meknès vis à vis de Casablanca et de l'étranger en terme d'approvisionnement en matières premières est on ne peut plus manifeste. Qu'en est-il à présent de la commercialisation des produits ? c'est ce que nous allons pouvoir examiner dans le point suivant.

1-2 : Aires d'écoulement des produits transformés par les PMI.

Dans ce cadre nous pouvons distinguer trois types d'espaces d'écoulement ou de marchés desservis par les PMI de Meknès. Il s'agit du marché local, du marché national et du marché extérieur.

Si une partie de ces unités travaillent exclusivement pour l'un ou l'autre de ces marchés, d'autres par contre sont présentes sur deux ou même les trois marchés. Aussi avons- nous décidé de ne prendre en considération que la vocation principale de ces entreprises pour la détermination des aires d'écoulement de leur production.

Les résultats obtenus peuvent être regroupés dans le tableau suivant:

Tableau n° 60 : Lieux d'écoulement de la production des PMI de Meknès par branches d'activités.

Branches

I . A . A

I . T . C

I . C . P

I M M E E

Total PMI

Marchés desservis

N/bre

%

N/bre

%

N/bre

%

N/bre

%

N/bre

%

Marché local

(exclusivement)

8

47,05

0

0

7

43,75

3

33,35

18

35,00

Marché national

8

47,05

4

40

8

50,00

4

44,30

24

46,00

Marché

international

1

5,90

6

60

1

6,25

2

22,25

10

19,00

Total

17

100

10

100

16

100

9

100

52

100

Source: Enquête PMI. Juillet/Août 2000

Figure n° 20: Lieux d'écoulement de la production des PMI de Meknès.

Mrché local

(exclusivement)

35%

Marché national

19%

151

Marché national

46%

Globalement plus de 4/5 des PMI enquêterais travaillent pour le marché local ou national. Parmi ces entreprises 35 % desservent le marché local de Meknès contre 46 % qui destinent leur production vers d'autres villes ou régions du Maroc.

Par ailleurs, les PMI locales participent également à l'ouverture de l'économie puisque 19 % de ces unités destinent totalement ou partiellement leur production à l'exportation.

Par branches d'activités, ce sont les PMI de la sous- branche confection et habillement qui font preuve d'un dynamisme relativement important en matière des exportations. Cela s'explique par le fait que ce sont généralement des unités de moyenne taille qui travaillent dans le domaine de la sous-traitance internationale. La contribution des autres branches restent très timide. Elles se contentent uniquement du marché local ou national pour écouler production.

Paragraphe 2: Les PMI et la sous-traitance à Meknès.

Dans ce paragraphe, il s'agit d'examiner la pratique de la sous-traitance qui est non seulement un aspect de fonctionnement des PMI, mais aussi un élément incontournable et indissociable de toute activité économique.

L'analyse de la place et de l'importance de cette pratique chez les PMI à Meknès (2-2) nécessite au préalable une bonne assimilation du concept même de la sous-traitance, de ses typologies et de son intérêt pour les entreprises de façon générale et pour les PMI plus particulièrement (2-1) .

152

2-1 : Définition, typologies et importance de la sous-traitance pour les PMI. 2-1-1: Définition de la sous-traitance.

La sous-traitance est un concept relativement récent qui a fait l'objet de plusieurs définitions . Celles-ci, loin de s'opposer, se complètent pour mieux rendre compte d'un phénomène aux multiples facettes.

Quoi qu'il en soit, la sous-traitance peut être définie comme le fait pour une entreprise d'effectuer des travaux pour le compte d'une autre entreprise suivant les directives de cette dernière. Autrement dit, il s'agit d'un " arrangement contractuel entre une firme principale (donneurs d'ordre) et une firme secondaire ( sous-traitant, preneur d'ordre) en vue de :

" La fourniture par le sous-traitant, sur ordre de la firme principale, des pièces, composantes, sous-ensembles et ensembles qui sont incorporés dans un produit vendu par la firme principale. Les deux firmes intervenant dans sa fabrication,

" La transformation de matières premières pour le compte de la firme principale -que celle-ci fournisse ou non les matières premières -et le traitement ou la finition des

pièces que la firme principale fournit et qui lui sont restituées" ( ONUDI ).

Le noyau dur de la sous-traitance est donc l'existence d'un donneur d'ordre qui confie le travail, d'un sous-traitant qui a la charge d'exécuter et de l'objet à sous-traiter.

2-1-2: Typologies de la sous-traitance.

La sous-traitance telle qu'elle a été définie ci-haut, peut être distinguée suivant plusieurs formes ou typologies:

* Sous-traitance de capacité ( ou conjoncturelle).

C'est une forme de sous-traitance sporadique. Le donneur d'ordres peut lui-même fabriquer le produit confié mais s'adresse néanmoins à un sous-traitant soit parce que son appareil de production est provisoirement saturé ou lorsque sa capacité de production est insuffisante pour faire face à un afflux anormal de commandes, soit pour faire face à des difficultés techniques( pannes) passagères. Le sous-traitant dans ce type de sous-traitance est un concurrent du donneur d'ordres

* Sous-traitance de spécialité ( ou structurelle) .

C'est la forme de sous-traitance où l'entreprise principale ou donneur d'ordres confie de façon permanente, en général, l'exécution de certaines opérations à un sous-traitant qui est spécialisé dans le type de travail confié. Elle se base sur la parfaite maîtrise et les bonnes compétences du sous-traitant qui possède des équipements et des moyens techniques appropriés et dispose d'un savoir-faire pour exécuter le travail confié.

Le donneur d'ordres ne peut fabriquer lui-même le produit confié soit parce que cela ne rentre pas dans le cadre de sa stratégie, soit parce qu'il estime qu'il ne peut pas le faire dans des conditions suffisamment concurrentielles. Le fait de s'adresser à un sous-traitant et lui confier certaines opérations lui reviendrait moins cher que s'il fabrique lui-même le produit confié. Dans ce dernier cas, on parle de "sous-traitance d'économies

".

Si on se place dans une optique spatiale, on distingue deux types de sous-

traitance :

153

* Sous-traitance locale ou "domestique".

Elle met en rapport des donneurs d'ordres et des sous-traitants localisés dans un même pays.

* Sous-traitance internationale ou "hors frontières".

Il s'agit de relations de sous-traitance dans laquelle le donneur d'ordre et le sous-traitant sont localisés dans deux pays différents. Ce type de sous-traitance donne lieu à des flux d'importation et d'exportation car les matières premières utilisées par le sous-traitant sont la plupart du temps importées et une fois le travail exécuté , le produit est exporté pour être commercialisé à l'étranger par le donneur d'ordres.

2-1-3: Importance de la sous-traitance pour les PMI. Pourquoi sous-traite t-on ?

L'objectif immédiat de l'activité de sous-traitance est en rapport étroit avec le gain sur les coûts, sur les délais et sur la qualité de la part du donneur d'ordres. En outre, celui-ci évitera inéluctablement des investissements à réaliser au niveau du matériel productif et des emplois à créer.

Pour une PMI, la sous-traitance est surtout un créneau qui lui permet de survivre et de croître en compagnie de la grande entreprise, non pas en concurrence directe et continue avec elle, mais dans une sorte de complémentarité .

Le rôle complémentaire de la PMI se manifeste par la possibilité de fabriquer de petites séries qui ne seraient pas rentables pour les grandes entreprises, mais aussi par le biais de la sous-traitance. Celle-ci étant de ce fait, considérée comme un moyen rationnel d'organisation du système productif et un mode très important d'articulation des PMI avec des entités de grande taille .

La sous-traitance est également " un lien de dépendance plus ou moins forte de la petite entreprise à l'égard de son client . La délocalisation de la grande entreprise ou sa disparition a des conséquences bien connues sur les petites et moyennes entreprises sous-traitantes , incapables souvent de se réorienter rapidement vers de nouveaux donneurs d'ordres "1 A cet égard, les sous-traitants de " capacité " ont , en général davantage d'autonomie que les sous-traitants de " spécialité " directement dépendants de leurs donneurs d'ordres.

2-2 : PMI et sous-traitance à Meknès

L'enquête sur le terrain a révélé qu'à Meknès, les PMI font recours à la sous-traitance . Toutefois, cette activité ne semble pas être une pratique très courante chez ces unités, que ce soit entre elles ou dans leurs rapports avec d'autre entreprises de grandes taille.

En effet, la grande majorité, plus de 64 % des PMI enquêterais ont déclaré n'avoir jamais pratiqué la sous-traitance , contre seulement 34,60 % qui ont déclaré la pratiquer de façon permanente ( cas de la confection) ou de temps à autre.

La sous-traitance est de ce fait une pratique plutôt exceptionnelle chez les PMI enquêterais. l'approche par secteurs permet, toutefois, de nuancer quelque peu ce premier résultat.

(1) Machart ( Jacques - Roger ) : Réussir nos PME , esprit d'entreprises , initiatives publiques: les synergies, opp cité, p 53.

154

Cela dit, même si toutes les branches sont concernées par l'activité de sous-traitance, l'importance de cette pratique diffère d'une branche à une autre comme le montre bien le tableau suivant:

Tableau n° 61: Importance de la sous-traitance chez les PMI à Meknès.

Nature

I.A.A

I.C.P

I.T.C

I.M.M.E

Total

N/bre

%

N/bre

%

N/bre

%

N/bre

%

N/bre

%

Sous-traitant et

donneurs d'ordres

-

-

1

6,25

1

10

1

11,10

3

5,76

Sous-traitant uniquement

-

-

5

31,25

6

60

4

44,45

15

28,84

Ne fait pas recours à la sous-traitance

17

100

10

62,50

3

30

4

44,45

34

64,40

Total

17

100

16

100

10

100

9

100

52

100

Source: Enquête-PMI. Juillet/Août. 2000.

Figure n°21: Importance de la sous-traitance chez les PMI à Meknès.

100% 90% 80% 70% 60% 50% 40% 30% 20% 10%

0%

 

I.A.A I.C.P I.T.C I.M.M.E

Ne fait pas recours à

la sous-traitance

Sous-traitant

uniquement

Sous-traitant et

d'oneurs d'ordres

Ainsi, la sous-traitance n'est pas une pratique exceptionnelle au niveau de la branche des industries textile et cuir puisque 70 % des PMI enquêterais de cette branche ont déclaré la pratiquer , 60 % en tant que sous-traitants et 10 % en tant que donneurs d'ordres et sous-traitants en même temps. Par contre, elle l'est au niveau des industries chimiques et parachimiques où environ les 2/3 des unités relevant de cette branche ont déclaré n'avoir jamais pratiqué cette activité contre 38 % qui déclarent y faire recours de temps à autre.

155

La branche des industries mécaniques, électroniques et électriques présente quant à elle une structure assez équilibrée au moment où la branche des industries agro-alimentaires se distingue par le fait de n'être nullement concernée par l'activité de sous-traitance . Nous n'avons , en effet, relevé aucun cas de sous-traitance au niveau des PMI relevant de cette branche .

Outre cette différenciation entre les branches quant à la pratique et à l'importance de la sous-traitance, l'enquête sur le terrain a révélé que les PMI ne sont pas seulement des preneurs d'ordres, mais contribuent dans certaines branches à la sous-traitance comme donneurs d'ordres et sous-traitants en même temps. Ce dernier cas se présente toutefois de façon très rare au niveau des PMI ayant fait l'objet de cette enquête ( 5,76 %).

S'agissant de la sous-traitance internationale ou " hors frontières" , il y a lieu de noter que cette activité existe à Meknès essentiellement en aval du système productif. Cette activité qui met en relation des PMI de Meknès avec des firmes localisées à l'étranger ( donneurs d'ordres), concerne notamment des entreprises de taille moyenne relevant de la branche de la confection. C'est une activité implantée et contrôlée par des firmes qui lui fournissent le travail.

Dans les pays développés, la sous-traitance est un instrument de déploiement industriel car elle constitue une véritable courroie de transmission entre différentes branches du système productif et est partout présente, aussi bien en amont qu'en aval. Par contre dans les pays sous-développés l'entreprise qui pratique cette activité reste très largement tributaire de l'étranger pour ses équipements, ses matières premières et ses débouchés.

Les PMI de Meknès pratiquant la sous-traitance internationale n'échappent pas, en général, à ce schéma. Equipées par des firmes étrangères et travaillant des matières premières importées en admission temporaire (AT), elles vendent la totalité de leur production à la firme étrangère qui a fourni les matières premières, les accessoires et les modèles. Ainsi donc cette forme de sous-traitance ne profite à la ville de Meknès que sur le plan de l'emploi. Les effets d'entraînement s'exercent dans le pays auxquels elle est liée la technologie et le commerce.

Par ailleurs, étant pratiquement une sous-traitance de " spécialité ", cette activité fait des PMI concernées des entités totalement dépendantes et les met dans une position d'infériorité par rapport à leurs donneurs d'ordres localisés à l'étranger.

Paragraphe 3: PMI et intégration économique à Meknès

Comme le suggère le titre de ce paragraphe, notre intérêt pour l'analyse de l'intégration se situe à un double niveau, celui du secteur des PMI comme totalité et celui des branches le composant.

Nous cherchons sur la base des analyses menées au niveau des deux derniers paragraphes d'avoir une idée sur le degré d'intégration de ce secteur et sur la nature de l'articulation et de la complémentarité entre ces différentes branches et en relation avec d'autres secteurs d'activité.

Il s'agit ici d'analyser dans un premier lieu les aspects définitionnels de la notion de l'intégration et de ces différents niveaux d'analyse et de perception (3-1) avant d'essayer dans un second lieu d'examiner le degré d'intégration entre les différentes

156

branches du secteur des PMI à Meknès (3-2) entre ce secteur et l'ensemble du système productif local (3-3). Nous tenterons dans un dernier lieu de mesurer l'intensité ou le degré de cette intégration notamment par le biais du taux de valeur ajoutée appliqué à chacune des branches composant ce secteur à Meknès (3-4).

3-1: Aspects définitionnels et différents niveaux d'analyse et de perception de

l'intégration.

La notion d'intégration est parmi les notions dont la paternité revient à diverses disciplines notamment les sciences économiques et les sciences politiques. Son utilisation a été souvent rencontrée dans les analyses des disparités entre régions, pays, secteurs économiques, groupes sociaux, etc. Et c'est cette utilisation pluridisciplinaire de la notion d'intégration qui rend sa définition assez difficile et imprécise.

Dans le domaine de la discipline économique qui nous intéresse ici, on trouve la notion d'intégration dans diverses écoles et théories de pensée.

Pour les théoriciens de l'économie industrielle notamment la théorie de la firme, l'intégration est présentée comme constituant un des principaux déterminants des

stratégies de croissance des grandes firmes industrielles. Ainsi pour Morvan (Y) "
qu'une firme intègre ses activités si elle tend à faire passer sous son contrôle des activités situées en amont de son processus de production, réalisant par là une « intégration vers l'amont » et/ou des opérations situées en aval de ce processus, réalisant par là une « intégration vers l'aval »"1.

C'est donc un processus d'intégration d'activités situées en amont du segment de production ou se trouve la firme intégrante ( approvisionnement en matières premières ou en inputs semis - finis) ou en aval ( distribution) . L'objectif étant d'endogeniser le maximum de surplus à travers la réduction voire l'élimination de certains coûts de transaction et de certaines marges intermédiaires.

D'autre part à un niveau plutôt macro-économique, on trouve la notion de l'intégration chez les économistes de développement, une définition plus complète a été donnée par Dieebold (W): " on peut considérer l'intégration soit comme un processus d'accroissement des liens entre des centres d'activités économiques séparés par des frontières nationales, soit comme une condition obtenue quand par une estimation quelconque, les liens sont plus marquants que les séparations» 2 .

Quant à la transposition de l'utilisation de cette notion dans l'analyse du sous-développement, elle revient notamment à Samir Amin et Gunnar Myrdal. Ce dernier considère que " dans tous les pays sous-développés, le problème du développement économique consiste avant tout à chercher l'intégration nationale dans sa combinaison nécessaire avec le progrès économique, l'un étant à la fois résultat et condition de l'autre"

3

.

(1) MORVAN (Y) cité par AOUADI (S): " Intégration et compétitivité du systéme productif tunisien" Actes de journées études organisées par l'Union Maghrebine des Economistes sous le théme de " Mondialisation de l'économie, intégration régionale et restructurations au Maghreb" Rabat le 30 Septembre 1995, pp 193- 218.

( 2) DIEEBOLD cité par AOUADI (S): " Intégration et compétitivité du systéme productif tunisien" opp cté pp:193-218.

(3) MYRDAL ( G) cité par AOUADI (S): " Intégration et compétitivité du systéme productif tunisien"... , opp cité, pp 193218.

(4) LA JUGIE ( J) cité par AOUADI(S): " Intégration et compétitivité du systéme productif tunisien"... , opp cité, pp 193218.

157

Au niveau de l'économie régionale destinée à l'analyse des disparités régionales, l'intégration consiste selon Joseph La jugie à faire de l'espace considéré " un ensemble caractérisé par des éléments structurels relativement comparables et par des relations étroites et continues entre ces divers éléments " 4 .

Toutefois l'utilisation de la notion d'intégration économique, dans le cadre global de l'économie de sous-développement, s'est affinée au fil du temps en s'acheminant vers un niveau méso-analytique, celui des branches d'activités et des secteurs économiques. A ce niveau d'analyse, l'intégration d'une branche ou d'un secteur traduit leur aptitude à développer en leur sein, c'est à dire, au sein des entreprises locales ou nationales les composant, la fabrication de la plus grande quantité possible d'inputs concourant à l'élaboration d'un produit fini.

Le terme d'intégration évoque ainsi, selon S.Aouadi, un certain degré d'autonomie d'un système productif par rapport aux approvisionnements extérieurs

3-2: Faiblesse des relations inter-branches au sein du secteur des PMI

à Meknès

La notion de l'intégration dans un espace donné suppose que chaque branche alimente les autres branches du même espace et est alimentée par elles. Ainsi, l'activité industrielle, quelle que soit, la dimension des entreprises la composant, ne signifie pas seulement la création et le rassemblement d'un certain nombre d'usines, sans cohérence fonctionnelle, mais c'est l'existence de complémentarité entre ces usines pour que chacune d'entre elles trouve à la fois dans l'autre un partenaire faisant les deux rôles de fournisseurs et de clients.

En effet, l'intensité ou le relâchement des liens entre les différentes entreprises constituant les branches d'un système productif sont révélateurs du degré de complémentarité ou d'articulation entre les différentes composantes d'un secteur donné.

Dans ce cadre et à la lumière des développements menés précédemment, nous pouvons dire que les liens entre les branches formant le secteur des PMI à Meknès sont très faibles. Ces liens qui se mesurent par les flux d'échanges de produits et notamment des produits intermédiaires, se limitent seulement à certaines sous-branches. C'est le cas par exemple de la boulangerie et de la pâtisserie qui utilisent des inputs (farine) achetés à des minoteries situées au niveau local.

Cependant, ces échanges inter-branches demeurent très limités au sein du secteur des PMI à Meknès, tout comme le sont aussi les activités de sous-traitance comme nous avons pu le constater dans le paragraphe précédent.

Ce sont justement ces types de liens qui contribuent à la consolidation et à la complémentarité entre les branches ou les entreprises locales formant un secteur de PMI à l'image un petit peu des « districts industriels » définis comme étant des " entités socio-territoriales caractérisées par la présence active d'une communauté de personnes et d'une population d'entreprises dans un espace géographique et historique donné (ou existe) une osmose parfaite entre communauté locale et entreprises...l'organisation territoriale et la division du travail renforcent la circulation des compétences et engendrent des effets

158

d'apprentissages collectifs spontanés, engendrés par les complémentarités technologiques et l'existence des liens étroits entre les hommes et les entreprises "1.

Pour G. Benko, M. Dunford et J.Heurley " l'agrégation d'un nombre de petits ateliers, comme la création de quelques grandes usines, permet d'atteindre les avantages de la production à grande échelle "2, formant ainsi, selon les mêmes auteurs une sorte « d'usines sans murs » où un ensemble d'entreprises spécialisées se substitueraient à une entreprise intégrée unique afin de réaliser des produits finis .

Le fait que les PMI de Meknès soient situées, en général, en aval du cycle de production, fait que ces entreprises n'entretiennent pas de relations entre elles.

En effet, le processus de l'industrialisation au Maroc s'est réalisé par import-export. Aussi, la majorité des entreprises marocaines et celles situées à Meknès ont été créées pour satisfaire les besoins du marché local. En conséquence, et comme l'a bien montré A.Kaioua pour le cas de Casablanca, les filières techniques de production industrielle sont très courtes au Maroc, celles qui sont susceptibles d'être longues, comme par exemple, le textile demeurent dans la plus part des cas incomplètes .

La structure détaillée des PMI enquêterais à Meknès suivant leur position dans le processus de fabrication permet de constater que la majorité de ces entreprises se situent en fin de chaîne au dernier stade de la production industrielle.

Tableau n° 61: Situation des PMI de Meknès dans la chaîne de production des biens.

Position

Branche

Amont

(Fabrication .
biens de base)

Centre

(Fabrication biens intermédiaires)

Aval

(Fabrication . biens
finals)

N/bre

%

N/bre

%

N/bre

%

Industrie Agro-alimentaire

-

-

-

-

17

32.70

Industrie Chimie et Parachimie

-

-

04

7.70

12

23.10

Industrie Textile et Cuir

-

-

01

1.90

09

17.30

I.M.M.E.E

-

-

04

7.70

05

09.60

Total

-

-

09

17.30

43

82.70

Source: Enquête-PMI. Juillet/Août. 2000.

Il ressort de la ventilation ci-dessus que la majorité des PMI enquêterais à Meknès se situent en fin de chaîne au dernier stade de la production. Elles représentent plus de 82,70 % de l'ensemble de l'échantillon enquêté. Quant aux unités produisant des biens intermédiaires, elles sont très peu nombreuses ( 17,30 %) alors que celles produisant des biens de base sont inexistantes.

( 1) BECATINI cité par LONGHI ( C) : " La dynamique des éspaces urbains " in Les Annales de la Recherche Urbaine N° 76 - Septembre 1997 , pp: 134- 145.

(2) BENKO (G), DUNFORD (M), HEURLEY (J) : " Districts industriels: Vingts ans de recherche" in revue éspaces et territoire n°88/89, Année 1997, pp 305-321.

159

Ainsi à l'exception de certaines PMI qui relèvent notamment des branches des industries chimiques et parachimiques et des industries mécaniques et électriques, toutes les autres unités produisent exclusivement pour la consommation finale.

Un tel système limite considérablement les possibilités d'échanges entre ces unités de production et fait que l'essentiel de l'activité s'organise au sein de filières de production industrielle très courtes.

La faiblesse du degré d'intégration du secteur des PMI à Meknès ne se limite pas aux relations inter-branches mais concerne également les relations de ce secteur avec l'ensemble du système productif local.

3-3: Faible intégration au système productif local

Un secteur est dit plus au moins intégré au système productif local lorsqu'une bonne partie des biens intermédiaires ou des matières premières qu'il utilise pour élaborer sa production est d'origine locale, c'est à dire qu'il recourt peu à l'importation ou à l'acquisition de ses inputs dans d'autres régions ou localités.

Concernant le secteur des PMI à Meknès, nous pouvons dire de manière générale qu'il est faiblement lié au système productif local. Cependant ce degré d'intégration diffère d'une branche à une autre.

Ainsi pour la branche des Industries agro-alimentaires, celle-ci tire le principal de son approvisionnement en matières premières des récoltes au niveau local ou régional. Elle présente ainsi des rapports variés entre les unités de transformation et l'intégration dépend de loin de la matière première traitée.

Pour les céréales, l'intégration semble être parfaite. La première transformation réalisée au niveau des minoteries de la ville débouche sur la consommation finale ( si les produits sont livrés aux foyers) ou sur une deuxième transformation si les produits sont retravaillés encore au niveau des unités alimentaires situées en aval de la chaîne: la production des pâtes alimentaires, des gâteaux et du pain.

En transformant directement des matières premières agricoles brutes pour produire des biens courants destinés à la consommation finale, les PMI de la branche agro-alimentaire contribue ainsi à la valorisation des produits d'origine locale tels que les céréales, les olives ou autres les fruits et légumes.

La même remarque peut être formulée à l'égard de certaines sous-branches des industries chimiques et parachimiques et particulièrement celles des matériaux de construction ( Briqueteries, agglomérés et articles en ciment, etc.) et du travail du bois ( Scieries, menuiseries).

Par contre , la branche des industries du textile et cuir se présente comme la branche la plus extravertie de l'activité industrielle dans son ensemble à Meknès. Toutes les unités dont dispose la ville s'approvisionnent en quasi-totalité de leurs intrants à partir de l'étranger et Casablanca constitue dans la plupart des cas un relais.

3-4: Mesure du degré d'intégration du secteur des PMI à Meknès

Dans ce dernier point, nous cherchons à travers un essai de mesure de l'intégration du secteur des PMI à Meknès, à caractériser autant que possible l'articulation et la complémentarité entre ces différentes branches, leur contribution propre à l'effort

160

productif et le degré d'autonomie ou de dépendance de ce secteur par rapport aux approvisionnements extérieurs.

Il existe plusieurs manières de mesurer l'intégration d'un secteur déterminé notamment par le biais de la valeur ajoutée et des consommations intermédiaires. Toutefois, et à défaut de statistiques et d'informations fines et fiables, nous nous contenterons dans ce qui suit du premier critère pour essayer de mesurer l'intégration du secteur des PMI à Meknès.

L'intégration par la valeur ajoutée est calculée en rapportant la valeur ajoutée au chiffre d'affaires ou à la production. Dans ce cadre une firme ou une branche est dite relativement intégrée si son taux de valeur ajoutée est relativement élevé.

Le tableau ci-après indique les différents degrés d'intégration par la valeur ajoutée des branches constituant le secteur des PMI à Meknès.

Tableau n° 62: Intégration par la valeur ajoutée du secteur des PMI à Meknès par branches d'activité.

Branches

Intégration par la valeur ajoutée

Valeur Ajoutée/ Production ( en %).

Industries agro-alimentaires

12, 75

Industries textile et cuir

36,76

Industries Chimiques et parachimiqes

25,76

Industries mécaniques et électriques

32,08

Total PMI

22,18

Source: Elaboré à partir des données de la Direction de L'industrie. Rabat. 1998.

Le taux d'intégration de l'ensemble du secteur des PMI à Meknès est de l'ordre de 22,18 %. même si l'on ne dispose pas d'une norme de référence communément admise, nous considérons intuitivement ce taux comme faible en soi et comme faible au taux calculé pour l'ensemble du secteur industriel au niveau national pour la même année et qui est d'environ 34 % 1 .

La faiblesse du degré d'intégration caractérise notamment la branche des Industries agro-alimentaires avec un taux de valeur ajoutée de 12,75 %. Cette branche apparaît donc comme la branche la plus désintégrée du secteur des PMI à Meknès.

Par contre les autres branches affichent des taux relativement meilleurs avec 32,76 % pour les industries textile et cuir, 25,76 % pour les industries chimiques et parachimiqes et 32,08 % pour les industries mécaniques et électriques.

De façon globale, la désintégration ou le faible degré d'intégration du secteur des PMI à Meknès, saisie de ce point de vue, peut s'expliquer par le positionnement des entreprises relevant de ce secteur à l'aval des filières de production à un stade peu avancé et peu générateur de valeur ajoutée.

Conclusion.

(1) Ministère du Commerce et de l'Industrie: Les industries de transformations au Maroc. Rabat, 1998.

161

Au terme de ce chapitre relatif au financements, au modalités de fonctionnement et au degré d'intégration du secteur des PMI à Meknès, il nous a été permis :

- D'une part de relever qu'en matière de financement, le secteur des PMI dans l'espace d'étude, est doublement pénalisé. D'abord à cause de la répartition inégalitaire des crédits alloués à ce secteur au Maroc qui privilégie la rentabilité et la solvabilité des entreprises au détriment des exigences de la régionalisation et de la décentralisation industrielle. Ensuite et enfin, à cause de la faible implication des institutions bancaires dans le financement aussi bien des investissements que de l'activité de cette catégorie d'entreprises.

- Et d'autre part, de souligner la faible intégration de ce segment du tissu productif aussi bien au niveau des relations inter-branches que par rapport aux autres secteurs du système productif local. Ce secteur, pourtant réputé par son ancrage territorial, est en fait, dépendant de Casablanca et de l'étranger que ce soit en terme d'approvisionnement en matières premières qu'en termes d'écoulement de la production. En plus, il est incapable de générer un tissu productif cohérent et suffisamment intégré au niveau de l'aire d'étude..

Quels sont donc les éléments pouvant expliquer ces contre -performances ? et quelles sont les perspectives qui s'ouvrent à ce segment du tissu productif ?

La réponse à ces questions sera abordée dans le chapitre suivant.

Chapitre 2: Compétitivité, contraintes et perspectives des PMI à Meknès.

Au niveau de ce dernier chapitre, il s'agit notamment d'examiner, dans un premier lieu, certains aspects de compétitivité du secteur des PMI à Meknès (Section 1). Nous nous attacherons dans un second lieu à analyser les facteurs de blocages inhérents à ces entreprises et les perspectives d'avenir de ce secteur face à la globalisation et à l'ouverture de l'économie marocaine (Section 2) .

Section 1: Compétitivité du secteur des PMI à Meknès.

Définie comme étant " la capacité d'un pays ou une entreprise à affronter durablement la concurrence "1, la compétitivité est devenue depuis quelques années, le nouveau mot d'ordre des politiques aussi bien des pays que des entreprises.

La compétitivité, cela est communément admis, relève certes de l'entreprise mais pas seulement. Elle dépend aussi entre autres de la capacité de l'Etat à faire respecter les règles de jeu transparentes, de l'existence d'une administration " facilitatrice", d'une justice efficace, du développement des infrastructures économiques de base, etc. Elle est donc un tout et ne se limite pas à certains aspects.

Dans la présente section, nous allons toutefois essayer d'appréhender certains éléments en relation directe avec la compétitivité des entreprises. Il s'agit notamment de la technologie, de la qualité, des systèmes d'information et de la gestion des ressources humaines.

( 1) NEZYS (B) cité par MDIDECH (H): L'industrie à Fès, composantes spatiales et dynamique sectorielle, mémoire DESAU, INAU 1998, p 123.

162

L'objectif étant d'une part d'avoir une idée sur le degré de compétitivité des PMI à Meknès et sur certaines contraintes inhérentes à ces éléments et d'autre part de détecter un ensemble de relations qu'entretiennent ces entreprises avec leur environnement immédiat et ce, en complément des analyses qui ont été menées tout au long des développements précédents.

Paragraphe 1: PMI et choix technologiques.

La technologie constitue un autre critère de différentiation des PMI et du secteur industriel de façon globale. Elle est aussi considérée comme un déterminant principal de la compétitivité en matière de production industrielle car, non seulement, elle permet de fabriquer des produits de qualité supérieure, mais encore elle conduit généralement à une réduction des coûts, ce qui a pour conséquence de modifier les règles du jeu de concurrence en faveur des entreprises innovantes.

Pour le cas de Meknès, rendre compte de la configuration technologique des PMI, s'avère une tache difficile. Cela est dû d'une part au caractère imprécis et partiel de l'information recueillie à ce niveau et d'autre part à l'extrême hétérogénéité du parc-machines utilisé par ces entreprises. Toutefois les données recueillies permettent de se faire une idée sur les lieux d'acquisition ou de provenance des machines utilisées, sur leur âge et sur les aspects de la maintenance liés à ces équipements.

1-1: Lieux d'acquisition des machines

Ne disposant pas d'une industrie locale des biens d'équipements, le tissu industriel marocain puise ses technologies en dehors du système productif national, ce qui met le processus d'industrialisation dans une situation de véritable dépendance vis à vis de l'étranger.

Les PMI de Meknès n'échappe pas en général à cette tendance comme le montre bien le tableau suivant:

Tableau N° : Lieux d'acquisition des machines utilisées par les PMI de Meknès en %.

Lieux d'acquisition des machines

%

Marché national

36

Italie

16

Espagne

6

Allemagne

11

France

22

Autres

09

Total

100

Source: Enquêtes personnelles. Juillet/Août. 2000.

Pour l'élaboration du tableau ci-dessus et vu l'aspect hétérogène du parc-

machines des PMI à Meknès, nous avons été amené à comptabiliser le nombre de fois

163

qu'un pays donné intervient dans la composition du parc-machines de chaque entreprise. Les données recueillies permettent ainsi de faire les constatations suivantes:

? La part qui revient au marché national est loin de suggérer un quelconque développement de l'industrie des biens des équipements au Maroc. Il s'agit essentiellement du matériel d'importation offert sur le marché national par des importateurs. Dans ce cadre la ville de Casablanca s'impose comme étant le principal centre commercial d'acquisition des biens d'équipement. La majorité du parc-machines acquis sur le marché national provient, en effet, de cette ville.

? Les fournisseurs traditionnels du Maroc à savoir la France, L'Italie et l'Allemagne occupent une place privilégiée. A eux trois, ils ont été à l'origine de 49 % du parc-machines utilisé par les PMI de Meknès. Ce-ci sans compter le matériel en provenance de ces pays qui est vendu sur le marché national.

? L'Espagne commence à émerger en tant que fournisseur de biens d'équipements pour les PMI locales. Ce pays participe avec 6% au niveau du parc-machines utilisé par ces entreprises.

1-2: Age des machines

La ventilation du parc-machines utilisé par les PMI de Meknès en fonction de son âge fait ressortir que ces entreprises utilisent du matériel de production d'âges fort différenciés. Toutefois, cet appareil productif est marqué par la présence d'un matériel relativement vétuste comme l'illustre bien le tableau suivant:

Tableau N° : Structure d'âge des machines utilisées par les PMI de Meknès

Ages des machines

Proportion des machines en %

Moins de 4 ans d'âge

10,80

Entre 4 et 6 ans

24,80

Supérieur à 6 ans

64,40

Total

100

Source: Enquête personnelles. Juillet/Août. 2000.

Ainsi environ des 2/3 du parc-machines des PMI peut être considéré comme vétuste et ayant un âge supérieur à 6 ans. 10,80 % seulement de l'appareil productif de ces entreprises peut être considéré comme relativement neuf.

Toutefois il faut se garder de tirer des conclusions hâtives car bien souvent l'âge d'un matériel de production pour une entreprise ne coïncide pas toujours avec la date de sa première mise en services mais plutôt à partir du moment où il est acquis par celle-ci. Si nous ajoutons à cette considération le phénomène de l'obsolescence ( un matériel même neuf peut être obsolète dans d'autres espaces de production) nous sommes poussés à croire que l'appareil productif usité par les PMI de Meknès est beaucoup plus avancé dans l'âge qu'ils ne le font apparaître les résultats de l'enquête mené sur le terrain.

Par ailleurs nombreux sont les dirigeants des PMI interrogés qui estiment que des machines de qualité et de niveau technologique intermédiaires, éventuellement achetées d'occasion, peuvent présenter un meilleur rapport performance-coût. Mais

164

nombreux sont aussi les dirigeants qui réalisent combien il importe de disposer d'un bon niveau technologique pour maintenir sa présence et sa compétitivité dans les marchés.

1-3: La maintenance industrielle.

La maintenance revêt une importance stratégique pour l'entreprise. Elle peut être corrective, si elle est effectuée après défaillance du matériel, ou préventive lorsqu'elle consiste en un ensemble d'actions visant à réduire la probabilité de défaillance de l'équipement. Dans tous les cas les actions de maintenance sont déterminantes dans la durée de vie d'un matériel.

Pour les PMI, la maintenance est surtout externe parce que ces entreprises ne disposent généralement pas de structures spécialisées faisant partie intégrante de l'entreprise. Qu'en est -il à Meknès ?

Dans le cas des PMI à Meknès, l'enquête a révélé que la maintenance industrielle est exclusivement externe. Elle est assurée, en grande partie, par des entreprises localisées au niveau national.

Tableau N° : Situation de la maintenance industrielle dans les PMI de Meknès.

Maintenance

Nombre

%

Locale

38

73

Etrangère

06

12

Etrangère + Locale

08

15

Totale

52

100

Source: Enquêtes personnelles. Juillet/Août. 2000.

Pour entretenir et réparer leur matériel, les PMI de Meknès font surtout recours à des entreprises localisées au niveau national ( 73 %). Là encore Casablanca émerge en tant que ville qui polarise l'activité de maintenance industrielle au niveau du Maroc. Nombreuses sont, en effet, les PMI enquêtées qui font recours à des entreprises localisées au niveau de cette ville pour la maintenance de leur matériel de production.

S'agissant de la maintenance étrangère, elle demeure encore importante et concerne notamment les entreprises de taille moyenne.

En termes de conclusions, nous pouvons dire que la situation des technologies et des machines utilisées par les PMI de Meknès traduit dans une large mesure la dépendance de ces entreprises vis à vis de l'étranger et de la ville de Casa. Cette dépendance se manifeste aussi bien au niveau des origines de ces machines qu'au niveau de leur maintenance.

Paragraphe 2 : Systèmes et sources d'information des PMI à Meknès

Dans un environnement économique en perpétuelle mutation, l'accès à l'information est devenu très vital pour les entreprises. En effet, l'information lorsqu'elle

165

est pertinente, fiable et opportune permet de réduire la marge d'incertitude, de faire des prévisions et d'élaborer des stratégies d'actions.

Les PMI à l'instar des autres entreprises ont également des besoins en informatique pour mieux fonctionner et être économiquement performantes. Ces besoins sont souvent très modestes mais très spécifiques. Ils sont aussi très divers et couvrent un champs très vaste.

Pour les PMI de l'espace d'étude, il s'agit d'examiner les sources d'information ayant trait notamment aux domaines de la technologie, des marchés, des politiques publiques et procédures administratives et de l'information financière et économique.

Le tableau suivant donne la ventilation des sources de l'information des PMI à Meknès suivant la nature de l'information dont ces entreprises ont besoin.

Tableau N° : Sources d'information des PMI à Meknès

Nature

Sources

Informations commerciales

Informations techniques

Informations politique publique et procédures administratives

Informations financières et économiques

Sources personnelles

14

26,90

14

26,90

11

21,15

14

26,90

Fournisseurs

04

23,00

10

19,85

05

9,60

04

7,70

Organismes d'appui et

associations professionnelles

12

7,70

10

19,25

05

9,60

04

7,70

Foires et Expositions

07

13,95

08

15,40

-

-

-

-

Presse, Revues, Journaux

02

3,85

17

32,70

08

15,40

07

13,45

Clients

13

25,00

-

-

-

-

-

-

Organismes financiers

-

-

-

-

05

9,60

19

36,55

Autres

-

-

03

5,75

03

5,75

-

-

Totaux

52

100

52

100

52

100

52

100

Source: Enquêtes personnelles. Juillet/Août. 2000.

Les données contenues dans le tableau ci-dessus suggèrent les remarques

suivantes:

- Sources d'informations techniques

La plupart des dirigeants des PMI s'informent par les revues et autres périodiques sur les faits nouveaux dans le domaine technologique. 32,70 % de ce type d'information proviennent, en effet, de cette source. Les contacts personnels ( Amis, visites...etc.) sont aussi très importants (26,90%) alors qu'environ 1/5 de cette information

166

est livrée par les fournisseurs même des biens d'équipements. Le reste provient de la participation aux foires et aux expositions ( 15,40%) et d'autres sources diverses (5,75%).

- Sources d'informations commerciales

En général, les sources personnelles sont particulièrement importantes pour la commercialisation. 26,90 % des dirigeants des PMI enquêtées utilisent leurs contacts personnels pour obtenir des informations sur les marchés participant ainsi activement à la recherche de nouvelles possibilités commerciales. Les fournisseurs et les clients sont également des sources importantes en matière d'informations commerciales avec respectivement 23% et 25 % du total des sources d'informations.

Le reste de ce type d'informations provient soit des associations professionnelles et organismes d'appui (7,70%), soit des foires et expositions (13,45%), soit encore de la presse, journaux ou revues spécialisées (3,85%).

- Sources d'informations sur la politique publique et les procédures administratives

Si la contribution des organismes d'appui dans le domaine d'information des PMI reste généralement très modeste, leur rôle en matière d'information sur la politique publique et sur les procédures administratives est particulièrement important.

En effet, 38,50 % de ce type d'information émanent de ces organismes d'appui ( chambres de commerce, Délégations de commerce et de l'industrie, associations professionnelles, etc.). Ce résultat témoigne du rôle important que commence à jouer ces organismes dans ce domaine surtout avec la mise en place de structures d'assistance à la PMI au niveau local fondées sur le principe de proximité.

Pour ce même type d'information, les dirigeants des PMI ont aussi tendance à compter sur leurs contacts personnels (21,15%) et sur la presse, revues et journaux (15,40%).

- Sources d'informations financières et économiques

Concernant ce type d'information, il provient essentiellement des organismes bancaires à raison de 36,55%. Les contacts personnels constituent la seconde source avec plus de 26% alors que 15,40% émanent des organismes d'appui et des associations professionnelles. Enfin un peu plus de 21% de cette information provient de la presse et des fournisseurs soit respectivement 13,45% et 7,70%.

La conclusion générale que l'on peut tirer de ces constatations empiriques, c'est que lorsqu'il s'agit d'obtenir l'information dont-ils ont besoin, les dirigeants des PMI enquêtées comptent beaucoup plus sur les services privés (sources personnelles, fournisseurs, presse, etc.) et utilisent modérément les sources institutionnelles et celles émanant des organismes d'appui. Ces derniers sont perçu par les chefs des PMI interrogés comme ayant une contribution très modeste en matière d'information de ces entrepreneurs.

Paragraphe 3: PMI et gestion de la qualité

L'émergence et le développement du concept de la qualité sont liés aux évolutions des modes de production, des marchés et des produits. Définie désormais comme " un ensemble de caractéristiques d'une entité qui lui confèrent l'aptitude à

satisfaire des besoins exprimés ou implicites" 1 , la qualité apparaît à l'heure actuelle comme étant un instrument privilégié du développement industriel et le catalyseur essentiel de la compétitivité des entreprises.

Certes le concept est largement véhiculé dans les médias, fait l'objet de nombreux colloques et séminaires et tout le monde prétend en faire. Cependant à vue d'oeil, la qualité fait défaut dans la majeure partie de notre production et dans la plupart des services privés et publics. A moins d'une nécessité réglementaire ou commerciale, notamment pour l'exportation, la qualité est " beaucoup plus un discours, très peu une pratique quotidienne «2

Dans ce cadre, il importe d'examiner dans quelle mesure les PMI de l'espace d'étude ont intégré cette nouvelle dimension ?

De prime abord, il convient de souligner que les PMI opérant à Meknès dans le cadre de la sous-traitance internationale sont de facto évincées, étant donnée que leur production obéit à des normes imposées par les donneurs d'ordres étrangers. Seules seront considérées ici les PMI travaillant pour le marché local ou national et celles dont les exportations ne s'inscrivent pas dans le cadre de la sous-traitance internationale.

Ainsi sur un total de 42 entreprises prise en considération aucune d'entre elles n'a déclaré avoir certifié ses produits selon une norme ISO ou même NM (norme marocaine).

La situation n'est guère meilleure au niveau national puisqu'en 2000, on compte seulement 20 entreprises au Maroc qui sont certifiées NM et 2400 normes élaborées par les services compétents !

Paragraphe 4: PMI et gestion des ressources humaines

L'une des caractéristiques distinctives des petites et moyennes unités de façon globale, tient à la personnalisation de leurs styles de gestion. leurs vues sur l'acquisition des compétences et la valorisation des ressources humaines, sont déterminées par leur perception des incidences à court terme de ces activités sur le cours des affaires. Elles sont en fait incapables de replacer ces questions dans une perspective à long terme1.

Dans le cas des PMI de Meknès, nous allons pouvoir vérifier cette affirmation en examinant les modes de recrutement de ces entreprises (4-1) leur politique de formation (4-2)

4-1: Modes de recrutement.

L'enquête menée dans ce cadre révèle que le principal mode de recrutement des ouvriers par les PMI de Meknès se fait par candidatures spontanées et par l'intermédiaire des parents et amis. Par contre les autres modes de recrutement n'occupent qu'une place marginale comme le montre le tableau suivant:

Tableau n° : Principaux modes de recrutement des PMI à Meknès.

Modes de recrutement Nombre

%

167

( 1) MINISTERE DU COMMERCE ET DE L'INDUSTRIE: Les dossiers de l'industrie: la qualité, Rabat 1999, p 4. (2) OUDGHIRI ( M) :" La qualité: tous concernés " in l'Economiste du 10 Novembre 1999.

(1) CENTRE DE COMMERCE INTERNATIONAL / CNUCED/OMC: Les PME et le marché mondial: une analyse des contraintes de la compétitivité, Généve 1992, p,64.

168

Par candidatures spontanées

35

67,30

Par l'intermédiaire des parents et amis

11

21,20

Par l'intermédiaire des annonces dans la presse

03

5,75

En contactant les écoles de formation technique

02

3,85

Par l'intermédiaire du CIOPE

01

1,90

Total

52

100

Source: Enquêtes personnelles. Juillet/Août. 2000.

Comme le montre la tableau ci-dessus, le recrutement direct par candidatures spontanées ( l'ouvrier se présente à l'entreprise) ainsi que par l'intermédiaire des parents et amis reste le principal mode de recrutement des PMI à Meknès. En effet 88,50 % des chefs d'entreprises enquêtées ont déclaré procéder par ce moyen pour recruter le personnel dans ils ont besoin. 5, 75 % le font par l'intermédiaire des annonces dans la presse, 3,85% en contactant des écoles de formation et seulement 1,90% par l'intermédiaire CIOPE.

4-2: Politique de formation et de qualification de la main d'oeuvre.

Dans la compétition mondiale actuelle, le degré de qualification et le niveau de formation des ressources humaines ont une influence décisive sur l'aptitude d'un pays à soutenir, à long terme, la concurrence internationale.

Conscient de l'importance et du rôle de la formation professionnelle notamment en matière de l'amélioration de la productivité des entreprises, l'Etat marocain a déployé des efforts importants dans ce domaine notamment par la mise en place de centres de formation sur l'ensemble du territoire national et toute une gamme de formations variées et conçues afin de répondre aux besoins du développement industriel et notamment les PMI incapables de satisfaire par elles même leurs besoins en la matière.

Cependant, en dépit des progrès réalisés dans ce domaine et malgré l'assistance technique et financière de L'Etat en faveur de la formation professionnelle, le recours à celle-ci s'avère très limité.

Les dirigeants des PMI enquêtées, tout en reconnaissant l'utilité de la formation continue, sont souvent dans les faits très réticents. Les raisons évoquées sont très nombreuses: La cherté de la formation, la qualité de la formation, les ouvriers quittent souvent l'entreprise après avoir reçue une formation pour un emploi meilleur, etc.

Ainsi, plus de 83 % des PMI enquêtées ne disposent d'aucun plan de formation et par conséquent ne dispensent à leur employés aucune formation sauf celle qu'ils reçoivent sur le tas. Ces entreprises relèvent de toutes les branches d'activité sans exception, mais cela concerne essentiellement les entreprises de faible dimension ( micro-entreprises et petites entreprises).

En revanche, environ 8 % des PMI enquêtées procèdent à l'amélioration de la qualification en faisant appel à la formation externe dans les différents établissements techniques privés et publics ou en organisant des stages en faveur de leur employés dans d'autres entreprises.

Enfin 9 % seulement des PMI enquêtées organisent des séances de formation interne pour améliorer la qualité de leur personnel.

169

Section II: Contraintes et perspectives des PMI à Meknès .

Il existe plusieurs études et enquêtes qui ont analysé cet aspect relatif aux blocages des PMI et mis en relief les différentes contraintes qui entravent le bon fonctionnement et le développement de ce secteur au Maroc .

Par ailleurs et tout au long des chapitres précédents, nous avons pu relever un certain nombre de contraintes et de facteurs de blocages inhérents au secteur des PMI à Meknès. Ceux-ci se rapportent aussi bien à des éléments internes aux entreprises (Structures défavorables, etc.) qu'à des éléments externes ( contraintes financières, défaillance des infrastructures d'accueil, etc.).

Notre objectif au niveau de cette section, est d'essayer dans un premier lieu, d'examiner l'ensemble des facteurs de blocage du secteur des PMI à Meknès, tels qu'ils

sont vécus ou perçus par les chefs de ces unités eux même ( Paragraphe
1). Nous nous attacherons dans un second lieu à examiner les perspectives d'avenir de ce secteur et à faire certaines propositions pratiques susceptibles d'améliorer la situation de ce segment du tissu productif au niveau local ( Paragraphe 2).

Paragraphe 1: Principaux facteurs de blocage des PMI à Meknès et problèmes d'inadéquation des services urbains

Si Meknès demeure un lieu relativement privilégié d'implantation des activités productives et plus particulièrement des PMI, eu égard aux potentialités économiques qu'elle recèle, elle est également la ville où le problème de fonctionnement des entreprises se posent avec une grande acuité.

1-1 : Contraintes majeures au développement des PMI à Meknès

Pour saisir l'importance de ces contraintes, nous avons demandé aux dirigeants des PMI enquêtées de citer les 5 principaux obstacles auxquels ils sont confrontés. Par la

170

suite nous avons procédé par méthode de pondération en accordant 5 points au premier élément cité, 4 points au second et ainsi de suite.

l'objectif étant non seulement de recueillir le point de vue des dirigeants de ces entreprises sur les contraintes au développement de ce segment du tissu productif à Meknès, mais aussi l'intensité et l'importance de ces obstacles.

Le tableau suivant fait ressortir ces principales contraintes classées par degré d'intensité décroissant.

Tableau n° : Classification des contraintes à l'implantation des PMI à Meknès.

Contraintes

Fréquence

%

Lourdeur des procédures administratives

148

19,00

Manque de terrains industriels et spéculation

foncière

117

15,00

Niveau élevé des impôts

102

13,05

Coût élevé de financement et difficultés d'accès au crédit

94

12,05

Faiblesse des infrastructures

62

7,95

Indisponibilité de main d'oeuvre qualifiée

47

6,00

Problèmes liés à la demande

39

5,00

problèmes de maintenances industrielle et

indisponibilité des pièces de rechange

31

4,00

Problèmes liés aux fournisseurs des matières

premières

28

3,60

Concurrence du secteur informel

23

2,95

Coût élevé des facteurs de production

22

2,80

législation du travail peu cohérente

18

2,30

Autres

49

6,30

Total

780

100

Source: Enquêtes personnelles. Juillet/Août. 2000.

Le tableau ci-dessous suggère les remarques suivantes:

1) Globalement les chefs des PMI interrogés sont du même avis sur les cinq grandes contraintes au développement de ce secteur à Meknès à savoir: la lourdeur des procédures administratives, le manque de terrains industriels et spéculation foncière, niveau élevé des impôts, coût élevé du financement et difficultés d'accès au crédit bancaire et enfin faiblesse des infrastructures. Ces contraintes jugées majeures représentent à elles seules 67 % de l'ensemble des contraintes citées par les dirigeants des entreprises enquêtées.

2)

171

La lourdeur des procédures administratives constitue la principale contrainte à laquelle se heurte les PMI enquêtées. En effet, une des plus grandes difficultés de ces entreprises est la toile bureaucratique où elles se voient enveloppées. Certes, des progrès substantiels ont été réalisées ces dernières années en matière de simplification des procédures administratives en vue d'améliorer l'environnement des affaires. Ces progrès restent cependant insuffisants eu égard au nombre encore important des autorisations administratives requises surtout au niveau local.

Il est nécessaire de simplifier l'entourage administratif des PMI par l'instauration d'un "guichet unique" ou un département administratif capable de coordonner les départements administratifs impliqués dans la création des entreprises.

L'expérience des comités provinciaux d'investissement créés sous la présidence des gouverneurs et composés des chefs des départements impliqués dans l'acte d'investir en vue de faciliter au niveau local la réalisation de tous projets d'investissement, n'a pas donné entière satisfaction. Les raisons de cet échec s'explique notamment par le caractère très rigide de cette institution mais surtout par la faiblesse des pouvoirs délégués aux chefs des services extérieurs qui sont le plus souvent incapables de prendre des décisions et sont obligés de consulter leurs services centraux..

Parallèlement le projet du centre des formalités des entreprises devant être créés au niveau des chambres du commerce et de l'industrie, n'a toujours pas été concrétisé de nos jours.

En attendant, créer son entreprise au Maroc reste un " véritable parcours de combattant"1. Ce constat montre que le système administratif marocain constitue un véritable blocage au développement de l'investissement industriel au Maroc.

3) Les contraintes relatives au manque des terrains industriels et à la spéculation foncière occupent la deuxième place au niveau des contraintes majeures au développement des PMI à Meknès. Dans leur réponses à l'enquête, les dirigeants de ces entreprises ont tous mentionné le foncier comme handicap principal pour l'investissement industriel. Ils insistent sur la nécessité d'organiser ce secteur et de contrôler les mécanismes de son fonctionnement en mettant sur le marché des terrains à des prix raisonnables affectés aux stricts besoins de l'industrie et aux vrais industriels et non aux spéculateurs ou en encourageant la construction de bâtiments pour location dans des zones équipés.

4) La contrainte fiscale vient en troisième position avec un peu plus de 13 % de l'ensemble des contraintes évoquées par les dirigeants interrogés. Certes les réformes entreprises dans le domaine fiscal ont donné lieu à une réduction des taux marginaux. Toutefois, demeure posé le problème de la pression et surtout de la multiplicité des taxes locales qui constituent une entrave sérieuse au parachèvement de la réforme fiscale. Par contre la contrainte financière, largement développée au niveau du premier chapitre de cette dernière partie, vient en quatrième position avec un peu plus de 12 %.

5) La faiblesse des infrastructures constitue également une contrainte majeure au développement du secteur des PMI à Meknès selon les chefs de ces entreprises. Le

( 1) JALLAL ( L) et GUIBERT ( G) : " Jeunes promoteurs, le parcours du combattant " in revue Enjeux n° 73, Avril 1995, pp: 39-42.

172

développement de toute activité productive exige, en effet, une disponibilité à un coût compétitif et sans défaillance des infrastructures et des services publics nécessaires à toute économie moderne notamment en ce qui concerne l'énergie, les télécommunications, les transports, etc.( Ce dernier volet sera traité de manière détaillée dans le paragraphe suivant).

6) A côté de ces contraintes considérées comme majeures par les chefs des PMI à Meknès, d'autres facteurs de blocages sont évoqués par ces entrepreneurs. Ils concernent notamment l'indisponibilité de la main d'oeuvre qualifiée, les problèmes liés à la demande, les problèmes liés à la maintenance industrielle et à l'indisponibilité des pièces détachées, la législation du travail jugée peu cohérente, etc.

1- 2: Problèmes d'inadéquation des services urbains

Dans ce second point, il s'agit essentiellement d'examiner l'adéquation des services urbains par rapport aux attentes des chefs des PMI de Meknès car non seulement les coûts de ces services représentent une fraction importante dans la comptabilité de ces entreprises mais encore parce que la compétitivité de ces dernières dépend énormément de la qualité de ces services et nombreuses sont les entreprises qui choisissent leur localisation en fonction de la qualité des services qu'elles sont susceptibles de trouver dans leur environnement .

Il est question ici de l'eau industrielle, de l'électricité, des moyens de télécommunications et de l'assainissement.

Le tableau suivant fait ressortir le degré de satisfaction des dirigeants des PMI à Meknès suivant la nature des services urbains rendus.

Tableau n° : Degré de satisfaction des dirigeants des PMI de la qualité des services urbains.

Services urbains Degré de satisfaction

Eau

industrielle

Electricité

Télécommunication

Assainissement

Solide

Liquide

Bon

32,70

59,60

92,30

11,50

12,60

Moyen

40,40

40,40

7,70

21,50

20,80

Insuffisant

19,20

-

-

48,10

36,90

Inexistant

7,70

-

-

18,90

26,70

Source: Enquêtes personnelles. Juillet/Août. 2000.

Globalement et sur la base des résultats de l'enquête consignés dans le tableau ci-dessus, nous pouvons dire que les services urbains sont jugés inadéquats, peu efficaces et ne répondent pas aux besoins des PMI localisées à Meknès. Le degré de satisfaction diffère toutefois selon la nature des services urbains rendus.

1-2-1: L'eau industrielle.

L'eau joue un rôle moteur dans l'activité industrielle de manière générale. Son abondance et sa qualité conditionnent dans une large mesure la localisation de plusieurs activités manufacturières.

173

Région passant souvent pour être le " château d'eau du Maroc", Meknès a toujours été réputée par l'abondance et la qualité de ses eux. Mais avec la croissance démographique et urbaine et le développement des industries dans la ville, plusieurs facteurs de déséquilibres sont apparus mettant en évidence l'acuité de la" question de l'eau " .

Parmi ces facteurs de déséquilibres soulignés d'ailleurs par le SDAU de Meknès1 , nous relevons essentiellement: l'insuffisance des ressources hydriques face à la croissance de la demande, l'appauvrissement de la nappe phréatique et la pollution par manque d'assainissement.

S'agissant des PMI de l'espace d'étude, l'usage de l'eau varie d'une branche à une autre. Si certaines n'en font qu'un usage limité ( usage domestique) d'autres par contre ne peuvent se passer de l'eau dans leur processus de production, soit en tant que matières premières ajoutée au produit, soit encore pour servir pour le lavage ou le refroidissement.

Si plus des 2/3 des dirigeants des PMI enquêtées s'estiment moyennement ou médiocrement servis, il n'en demeure pas moins que les tarifs appliqués à Meknès sont considérés comme les plus faible au Maroc ( 1,59 dhs/ m3 hors TVA contre 4,16 à Fès, 5,61 à Rabat et 5,63 dhs m3 à Casablanca).

Parmi les problèmes soulevés à ce niveau, nous notons en particulier, la faiblesse du débit de l'eau, les coupures sans avis préalables ( peu fréquentes) , etc.

Soulignons enfin que les données de l'enquête ont révélé que plus de 92% des PMI sont branchées au réseau urbain d'eau potable. 7,70 % de ces entreprises sont alimentées à partir des puits. Ces derniers sont cependant utilisés dans plusieurs unités même reliées au réseau, notamment au niveau de certains quartiers industriels et en zone périphérique.

1-2-2: Alimentation en électricité

L'énergie en général et l'énergie électrique en particulier constitue un facteur déterminant dans le processus d'industrialisation et dans le choix des sites pour la localisation industrielle.

A Meknès, la totalité des PMI enquêtées sont raccordées au réseau d'énergie électrique lui-même lié au réseau national. Mais seulement 59,60 % de ces entreprises s'estiment satisfaites de la qualité de ce service. Par contre plus de 40 % des chefs d'entreprises jugent la qualité de ce service de juste moyenne.

Parmi les problèmes soulevés à ce niveau, nous relevons essentiellement les coupures électriques sans avis préalable chose qui peut causer des préjudices techniques aux matériels et des dégâts aux produits fabriqués. En revanche tout le monde souligne avec satisfaction la décision de réduction de 17 % du coût de l'électricité qui constituait jusqu'à une date récente une contrainte à la compétitivité des produits industriels et particulièrement pour certaines branches.

1-2-3: Les télécommunications

Les télécommunications sont devenues aujourd'hui un outil indispensable pour toute activité économique que ce soit de production ou de service. L'existence d'un réseau

( 1) SDAU DE MEKNES: Rapport objectifs et orientations, Année 1995, p, 25.

suffisant et de qualité permet, en effet, à l'entreprise d'accéder à l'information et de s'adapter en temps réel aux différentes fluctuations du marché.

A ce niveau, le degré de satisfaction des dirigeants des PMI enquêtées est relativement important, soit plus de 92 %. Ce taux s'explique par les progrès appréciables que ne cesse de connaître le domaine des télécommunications et notamment le téléphone mobile, ayant entraîné une amélioration sensible au niveau de la qualité du service rendu et une baisse des tarifs appliqués.

1-2-4: l'assainissement

L'évacuation des rejets liquide issus des PMI et de l'activité industrielle pose un problème sérieux au niveau de la ville de Meknès. Même la zone industrielle de Sidi Bouzekri qui, en principe, devrait être dotée de tous les équipements nécessaires pour son bon fonctionnement, ne dispose pas d'un réseau d'assainissement. Les unités qui y sont installées ont été obligées de creuser des fosses sceptiques pour l'évacuation de leurs rejets liquides. Le même problème se pose au niveau des quartiers industriels de la route d'El-Hajeb et de Lafarge-ciment où les rejets sont directement versés dans les oueds. Ceci ne manque pas de poser des problèmes au niveau de l'environnement d'autant plus que ces rejets ne subissent aucun traitement. Cette situation se reflète bien au niveau du degré de satisfaction des dirigeants interrogés. 11,50 % seulement de ces derniers s'estiment satisfaits contre 21,50% qui ont déclaré être moyennement . Par ailleurs 48,10 % des chefs des PMI ont manifesté leur insatisfaction concernant la qualité du service d'assainissement liquide alors que 18,90 % de ces entreprises ne sont pas branchées au réseau urbain.

La situation n'est guère meilleure au niveau du service de l'assainissement solide. Ce domaine constitue, en effet, un sujet de plaintes de la majorité des chefs des PMI interrogés. Au cours de notre enquête, nous n'avons pas pu nous empêcher de constater un nombre importants de décharges sauvages dans les espaces de concentration industrielle et notamment à Sidi Bouzekri, Ain Slougui, Route D'El Hajeb Et Oujeh Arouss.

L'insatisfaction qui se dégage au niveau de la qualité de la plupart des services urbains examinés ci-haut, traduit une certaine inadéquation de ces services par rapport aux besoins des PMI locales. Cette contrainte qui s'ajoute aux autres contraintes relevées au niveau du paragraphe précédent constitue un handicap majeur au bon fonctionnement et au développement de ce segment du tissu productif local.

Qu'en est-il à présent des perspectives d'avenir ? C'est ce que nous essayerons de voir dans le paragraphe suivant.

Paragraphe 2: Perspectives et recommandations.

Dans le cadre de ce dernier paragraphe, nous allons essayer d'examiner dans un premier point, les perspectives de développement du secteur des PMI à Meknès (2-1) avant de tenter dans un second lieu d'avancer certaines propositions et recommandations susceptible d'améliorer la situation dans le secteur (2-2).

174

2- 1 : Perspectives de développement des PMI à Meknès.

175

Après avoir traité des perspectives de développement du secteur des PMI à Meknès selon les responsables de ces unités, nous essayerons de voir les perspectives de ce secteur face aux défis de la mondialisation et de l'instauration d'une zone de libre échange.

2-1-1: L'avenir du secteur vu par les chefs des PMI.

Les chefs des PMI sont directement concernés par le développement de leur secteur dans la ville. C'est pourquoi, il semble indispensable de tenir compte de leur point de vue et de ce qu'ils projettent de faire dans un proche avenir au moins.

Les lignes qui suivent se proposent de présenter la vision des responsables sur l'avenir de ce segment du tissu productif local. Cependant nous nous limiterons à la situation actuelle et au futur immédiat car très rares sont les petits et moyens entrepreneurs qui planifient à long terme l'avenir de leurs entreprises.

Le tableau suivant fait ressortir les perspectives du secteur des PMI selon les dirigeants interrogés et par branches d'activités.

Tableau n° : Perspectives des PMI selon les chefs d'entreprises.

Secteur

Perspectives

I . A. A

I . C . P

I . T . C

IMME

Total

Nom bre

%

Nom bre

%

Nom bre

%

Nomb re

%

Nom bre

%

Extension

03

17,70

03

18,75

-

-

02

22,2

08

15,4

d'activité

 
 
 
 
 
 
 

5

 

0

Renouvellement

01

5,90

02

12,50

-

-

03

33,4

06

11,5

matériel

 
 
 
 
 
 
 

0

 

5

Changement

01

5,90

02

12,50

-

-

01

11,1

04

7,70

d'activité

 
 
 
 
 
 
 

0

 
 

Pessimiste

04

23,50

03

18,75

07

70,00

01

11,1

15

28,8

 
 
 
 
 
 
 
 

0

 

5

Sans opinion

08

47,00

06

37,50

03

30,00

02

22,2

19

36,5

 
 
 
 
 
 
 
 

5

 

0

Total

17

100

16

100

10

100

9

100

52

100

Source: Enquêtes personnelles. Juillet/Août. 2000.

Globalement plus de 36 % des chefs des PMI sont "sans opinion" concernant les perspectives d'avenir de leurs entreprises. Cela témoigne que la plupart d'entre eux vivent la conjoncture économique presque au jour le jour et comme elle se présente. D'ailleurs cela apparaît clairement dans leurs réponses à la question relatives aux perspectives d'avenir. Nombre d'entre eux hésitent à se prononcer ou répondent " ne sait pas ".

Parallèlement environ 29 % de l'ensemble des dirigeants interrogés sont pessimistes quant à l'avenir de leurs entreprises. Attitude qu'ils justifient par la faiblesse de la demande, la concurrence aiguë et l'insuffisance du soutien au secteur de la part des

176

pouvoirs publics. Pour ces mêmes raisons 7,70 % des chefs de PMI ont déclaré leur intention de changer leur activité.

Par contre moins de 28 % des responsables ont déclaré leur intention d'investir, soit sous forme d'extension d'activité (11,55%) soit par renouvellement du matériel ( 11,55 %).

2-1-2: Perspectives face aux défis de la mondialisation et de la zone de libre échange.

La dernière décennie a été caractérisée par une évolution de plus en plus nette et irréversible vers la mondialisation. Les forces qui poussent à cette dernière sont de trois ordres: L'intégration croissante des processus de production, l'abaissement ou la supression des obstacles institutionnels au commerce international et la vitesse du progrès technologique1 .

La mondialisation, déjà présente dans notre vie, n'est pas un choix. Elle présente deux aspects antimoniques: Le premier est source de réelles potentialités et opportunités de croissance et des progrés offerts aux entreprises pour qu'elles s'y attachent à s'y insérer dans les conditions favorables. Tandis que le second est source de risques notamment de perte de compétitivité.

Dans les deux cas, la mondialisation est synonyme de défis qu'il importe de relever tant il est vrai que la globalisation des échanges n'est pas sans enjeux même en considérant que son corollaire s'appelle concurrence tous azimuts.

Les questions qui se posent à présent pour les PMI à Meknès comme d'ailleurs pour l'ensemble des entreprises du Maroc, sont donc de savoir si ces entités seront en mesure de relever cette concurrence et comment elles pourront tirer le parti de ces possibilités commerciales accrues ?

En dehors des actions que l'Etat est appelé à mener pour l'amélioration de l'environnement des affaires, l'élaboration d'une stratégie individuelle pour chaque entreprise est une nécessité urgente en vue de relever les défis de la mondialisation et de la zone de libre échange.

Interrogés sur ce point précis, les PMI enquêtées ont émis des opinions très diverses. Mais, il semble bien que ces entreprises, comme l'a souligné M.Meddab pour le cas du Maghreb," ne sont pas conscientes des échéances à venir. la mondialisation, la globalisation apparaissent aux yeux des responsables de ces unités comme des concepts théoriques sinon virtuels, bien loin de leurs préoccupations quotidiennes "1 .

Cela apparaît bien au niveau des réponses relatives aux stratégies et mesures entreprises par ces entreprises, pour faire face aux défis de la mondialisation et de la zone de libre échange.

Ainsi, plus de 80 % des chefs des PMI interrogés, ont répondu ne pas disposer de stratégie dans ce cadre. 19,20 % seulement ont déclaré avoir entrepris des mesures ou des dispositions pour se préparer à l'ouverture des marchés notamment vis à vis de l'union européenne, tels que: la recherche de partenariat, l'amélioration de la qualité des produits,

( 1) CENTRE DE COMMERCE INTERNATIONAL / CNUCED/OMC: Les PME et le marché mondial: une analyse des contraintes de la compétitivité, Généve 1992, p,64.

(1) MEDDAB ( M) : " la PME maghrébine et la mondialisation" in revue Réalités n° 702 , Tunis, Avril 1999, pp:35-39.

177

licenciement de personnel, investissement en équipements, diversification des produits, etc.

IL est vrai que la mise à niveau incombe en premier lieu à l'entreprise. Mais elle ne peut être concluante que si des mesures sont entreprises de la part de l'Etat et des différents organismes publics qui ont la charge de promouvoir l'initiative privée sur des bases solides et durables. Cela suppose que " la mise à niveau ne doit pas être perçue comme une opération ponctuelle à adopter uniquement en prévision d'une zone de libre échange, mais une étape d'un processus continu et d'une démarche dynamique " 2 .

2-1-3: Persistance des facteurs de blocage dans l'avenir.

Aucune esquisse de solution aux différents obstacles qui gênent le développement des PMI à Meknès n'est envisagé actuellement. Le manque d'infrastructures d'accueil, le peu d'intégration qui caractérise ce secteur et le retard accusé par rapport à d'autre pôles industriels tels que Fès, Tanger, Casablanca et Rabat/Salé, risqueraient, en l'absence d'une action rigoureuse des responsables, de constituer un sérieux goulot d'étranglement pour le développement de ce secteur dans la ville ismaélite.

- Le problème d'espace industriel

Un des sérieux problèmes qui bloquent le développement des PMI à Meknès est le manque de terrains aménagés à des fins industrielles. Or c'est un facteur vital pour la ville.

Malgré, l'implantation relativement ancienne des activités manufacturées, la ville de Meknès dispose de peu de zones d'activités et souffre de la faible disponibilité de terrains aménagés et destinés à accueillir des investissements. Cependant, la réalisation des différents projets prévus par les documents d'urbanisme et actuellement à l'étude, tels que le parc industriel d'Ait Ouallal, l'extension de la zone industrielle de Sidi bouzekri, la technopôle de ouislane et la pépinière d'entreprises d' Hamria, est de nature à renforcer et à consolider les infrastructures d'accueil au niveau de la ville et partant à atténuer la contrainte foncière.

- Tendance à continuer d'investir dans des branches dites " traditionnelles"

A l'examen des projets d'investissement initiés par les PMI au niveau de Meknès, on s'aperçoit qu'elles continuent à s'orienter vers des activités déjà connues par la ville et qu'il n'y a pas d'activités innovantes pour enrichir le tissu productif local comme le montre bien le tableau suivant:

Tableau n° : Répartition des projets initiés par les PMI à Meknès par branches d'activités. Période allant du 1-1-2000 au 30-11-2000

Branches ou sous-branches

Nombre de projets

%

Industrie agro-alimentaire

7

26,90

Produits de bois et menuiserie

5

19,25

( 2) BENZAKOUR ( L) : " La mise à niveau de l'entreprise africaine" Forum de l'entreprise organisé à Casablanca du 23 au 29 Août 2000.

178

Produits issus de la transformation des matériaux de carrière

5

19,25

Travaux de tour, fraisage et

rénovation moteur

3

11,50

Confection

2

7,70

Autres

4

15,40

Total

26

100

Source: Elaboré à partir des données de la Délégation de Commerce et de l'Industrie de Meknès.

Il est vrai que les données contenues dans le tableau ci-dessus, ne sont que des intentions d'investir obtenues à partir des demandes de certificats négatifs formulés par les promoteurs pour l'inscription au registre de commerce. Toutefois, elles donnent une idée significative sur la tendance des nouveaux projets initiés par les PMI à Meknès.

Les branches dites " traditionnelles" continuent de dominer la structure des investissements projetés par ces entreprises. Ainsi prés de 27 % de ces projets relèvent de la branche agro-alimentaire contre 19,25 % pour chacune des sous-branches " produits de bois et menuiserie" et " produits issus de la transformation des matériaux de carrière". Cela montre bien que l'idée selon laquelle les PMI ont relativement beaucoup tendance à innover n'est pas vérifiée dans le cas de la ville de Meknès

2-2 : Quelques recommandations et suggestions pratiques.

Face aux problèmes soulevés ci- haut et qui entravent le bon fonctionnement et le développement du secteur des PMI à Meknès, nous pensons qu'il n'y'a pas de solutions magiques qui seraient à la fois immédiates, peu coûteuses et susceptibles de satisfaire tous les acteurs. Il n'existe pas non plus de solution unique dans la mesure où l'amélioration de la situation ne peut procéder que d'un arsenal de mesures cohérentes, cordonnées et ayant obtenues un minimum de consensus de partenaires essentiels.

Pour contribuer à la résolution de certains de ces problèmes, nous nous permettons dans ce qui suit, quelques suggestions et propositions basées essentiellement sur les remarques et observations des chefs des PMI enquêtées.

Ces mesures peuvent être classées en deux catégories: Mesures nécessitant une intervention à l'échelle locale et mesures nécessitant l'intervention de l'administration centrale .

2-2-1 : Mesures nécessitant une intervention à l'échelle locale. Parmi ces mesures nous suggérons essentiellement:

* Doter la ville de Meknès de nouvelles infrastructures d'accueil notamment celles

prévues dans les document d'urbanisme.

* Activer la réalisation du projet de la " pépinière d'entreprises" de Hamria ayant

pour objet la mise à disposition de locaux prêts à l'emploi en faveur des jeunes entrepreneurs, l'offre des services adaptés à leurs besoins et l'aide à minimiser le coût de fonctionnement au niveau de la phase de démarrage.

179

* Réhabilitation de la zone industrielle de Sidi Bouzekri par l'accomplissement des

travaux d'assainissement et l'amélioration de la qualité des autres équipements dont dispose la zone.

* Respect strict des clauses des cahiers des charges par les promoteurs et lutte contre

la spéculation foncière au niveau de la zone industrielle de Sidi bouzekri.

* Lutter contre les activités informelles qui opposent une concurrence déloyale au

secteur des PMI, en essayant de les réintégrer dans le cadre légal.

* Inciter la chambre du Commerce, de l'industrie et des Services à jouer pleinement

son rôle en matière d'encadrement et d'assistance et surtout à la mise en place d'un " Centre de formalités" susceptible de simplifier les procédures administratives pour les Investisseurs.

* Recherche de synergies et de complémentarité entre le secteur productif de

manière générale et les établissements universitaires et technique au niveau local, pour l'orientation de la formation professionnelle et de la recherche scientifique et technique vers les besoins réels de l'économie locale.

* Améliorer la qualité des services urbains notamment l'assainissement, , l'eau mais

aussi la voirie et les transports urbains .

* L'amélioration de la qualité du contact avec les services administratifs.

* Réhabiliter les anciens quartiers Industriels par le renforcement et l'amélioration

des équipements dont ils disposent .

* Concevoir et mettre en place de nouvelles formules d'attraction des PMI par la

définition et la mise sur le marché de zones d'accueil plus adaptées et appropriées aux besoins des entrepreneurs. cela implique surtout de ne plus concevoir une Zone Industrielle comme un ensemble de lots à distribuer, mais comme un instrument de développement économique et sociale et un moyen de rationaliser l'utilisation du sol urbain, de contrôler la spéculation foncière et de protéger l'environnement 1 .

* La mise en place d'un observatoire industriel et notamment de la PMI( cellule

spécialisée) qui aurait pour tache de constituer une base de données pour le secteur, connaître ses besoins réels et l'orienter dans l'espace urbain. La création d'un tel instrument d'étude et de réflexion s'avère indispensable tout comme le sont la mise en place d'outils juridique et des infrastructures adéquates.

* Face à l'insatisfaction des besoins de financement des entreprises par les

institutions financières, il est souhaitable de mettre en place une formule de l'épargne de proximité pouvant contribuer au développement territorial sans porter atteinte à d'autres formes d'épargne.

* Soutien aux PMI dans le cadre de développement local par l'encouragement des

formes de partenariat entre les collectivités locales, les promoteurs et les autres organismes publics et privés dans l'objectif de revitaliser de l'économie locale.

A côté de cette liste de mesures pouvant être prises à l'échelon local et dont nous ne prétendons pas l'exhaustivité, il existe d'autres propositions ou suggestions qui nécessitent une intervention de l'administration centrale.

)(1) KAIOUA (A) : Csablanca, Ville et Industrie, opp cité, p, 524.

180

2-2-2: Mesures nécessitant une intervention de l'administration centrale

Au niveau central, plusieurs mesures peuvent être prises pour améliorer l'environnement des affaires de manière générale et des PMI de manière particulières, parmi lesquelles nous relevons:

· Intégrer la politique d'appui à la PMI dans le cadre d'une politique d'aménagement du territoire. Celle-ci devant constituer comme le soulignait le professeur A.Raounak le " cadre global dans lequel s'inscrit l'ensemble des actions des pouvoirs publics " 1. Cette politique devrait tendre à réduire les risques pour l'entreprise en créant un environnement assurantiel et adéquat favorisant la création et la promotion des investissements.

· Assurer un climat général favorable à la création et à l'expansion des PMI par le renforcement des mesures d'incitation et l'élimination des contraintes.

· Activer la réalisation du programme de mise à niveau des entreprises dans tous ces volets (Infrastructures d'accueil, technologie, associations professionnelles, etc.)

· Revoir le système éducatif : Dés l'école les valeurs de risque calculé, d'aventure économique, d'action collective, d'inventivité, de créativité et de rentabilité devraient être proposées en exemple. Cela exige une formation aux compétences de gestion et le développement chez les jeunes diplômés d'une culture entrepreneuriale. De même l'entreprenant, celui qui prend le risque de participer à l'aventure d'une création d'entreprise doit être pleinement reconnu et valorisé socialement.

· Doter les collectivités locales des moyens leurs permettant de mieux s'impliquer dans le développement économique et social, de participer au mouvement entrepreneurial et au soutien à la création des entreprises, de contribuer au redéploiement du tissu des PMI sur tout le territoire et de mobiliser les potentialités de proximité dans le cadre d'une politique redynamisée d'aménagement du territoire.

· Adopter un cadre réglementaire aux PME/PMI dans la mesure où leur taille et leur structure ne leurs permettent pas d'appréhender correctement toute la complexité des dispositifs normatifs, encore moins de les appliquer correctement.

· Moderniser les cadres juridiques existants et accélérer les réformes en cours en matière sociale, commerciale, judiciaire, etc.

· L'allégement des procédures administratives en matière d'octroi des autorisations et de permis délivrés par l'administration. Cela passe par la mise en place d'un interlocuteur administratif ou " Guichet unique " susceptible d'atténuer le problème de la lourdeur administrative et par la normalisation des procédures nécessaires..

· La décentralisation des décisions en matière des crédits bancaires et allégement de la procédure d'octroi des crédits à travers l'amélioration des conditions d'accès et du coût de financement des PMI.

· Renforcer les structures d'information et de formation des chefs d'entreprises, aussi bien par le truchement des moyens d'assistance existants que par l'insertion de programmes d'enseignements appropriés dans les universités et les écoles techniques.

(1) RAOUNAK ( A) : " Aménagement du territoire : bilan pour une nouvelle approche " , Revue Temps- présent, n° 48 du 17 Juillet 1998, pp: 18-19.

181

? Revoir le système fiscal dans sa globalité afin d'alléger les charges fiscales des PMI notamment la fiscalité locale dont la pression est ressentie par les entreprises.

? Encouragement des actions d'aménagement de terrains et de constructions de locaux professionnels à des prix préférentiels en faveur des PMI.

? Instaurer un cadre légal favorisant l'accès des PMI aux marchés publics à travers la sous-traitance des marchés octroyés aux grandes structure, etc.

Ces suggestions et propositions dont la majorité sont évoquées au niveau du livre- blanc sont , selon l'avis des chefs des PMI en question , de nature à améliorer la compétitivité des entreprises et d'améliorer le climat d'investissement et l'environnement des affaires à Meknès.

Conclusion

De l'examen de certains éléments de compétitivité, des contraintes et des perspectives du secteur des PMI à Meknès, il se dégage un ensemble de conclusions que nous pouvons résumer comme suit:

- La compétitivité du secteur des PMI à Meknès n'est pas, dans l'ensemble, déraisonnable par rapport à la norme marocaine. Toutefois, plusieurs facteurs vont au détriment de l'aptitude de ce secteur à supporter durablement la concurrence ou à être compétitif. Il s'agit, entre autres, des problèmes liés aux choix technologiques, des difficultés d'accéder à l'information et des carences liées aux méthodes de gestion et de qualité.

L'effet taille, apparaît au niveau de chacun des aspects évoqués plus haut et empêche toute action de " R et D " susceptible d'améliorer la compétitivité de ces entreprises. Laquelle compétitivité exige, à notre avis, un minimum de concentration surtout dans le contexte actuel où l'économie se globalise avec comme corollaire l'ouverture et l'internationalisation des marchés et la recherche continue d'une meilleure compétitivité à travers le rapprochement et la fusion d'entreprises; et dans lequel les entités économiques, même au niveau local, doivent faire face à la concurrence étrangère pour sauvegarder leur part de marché.

- Le secteur des PMI à Meknès est confronté à une multitude de contraintes qui handicapent son développement et son fonctionnement normal. Les chefs des entreprises en ont identifié cinq considérées comme majeures à savoir: la lourdeur des procédures administratives, le manque de terrains industriels, la pression fiscale, les difficultés financières et la faiblesse des infrastructures en plus de l'inadéquation de certains services urbains aux besoins des entreprises.

L'ensemble de ces contraintes, en plus d'autres facteurs de blocage internes à ces entreprises ou externes et liés à l'environnement général des affaires, fait que les perspectives de ce secteur restent, en l'état actuel des choses, très aléatoires à la fois face aux exigences de la compétitivité et face au double défi de la globalisation et de la zone de libre échange.

Conclusion générale

183

Au terme de cette étude sur le secteur des PMI à Meknès, nous pouvons dire que les trois hypothèses énoncées au niveau de l'introduction générale, sont toutes confirmées.

Meknès, ville impériale et capitale de la région Meknès-Tafilalet, recèle de potentialités économiques importantes, d'un passé très riche et d'une position stratégique qui lui permet de jouer un rôle de logistique et de relais .

Tous ces atouts et potentialités, semblent constituer une assise objective pour l'encouragement et le développement des initiatives privées de façon générale et d'essaimage des PMI de façon très particulière.

Cependant, il apparaît bien que la ville de Meknès ne connaît pas un véritable processus d'industrialisation basé notamment sur le secteur des PMI et ce, malgré l'existence de ressources diversifiées et assez importantes, tant naturelles, humaines, économiques que d'une volonté politique de promouvoir le secteur.

Ainsi, ces unités de production, en dépit de leur diversification et de leur importance numérique, ne jouent, en fait, qu'un rôle assez limité en matière de développement économique et social de la ville. En témoignent la contribution relativement limité de ce secteur aussi bien en matière de création d'emploi, dans les différentes grandeurs économiques et dans l'économie urbaine .

Ce rôle assez limité est dû à la conjugaison de plusieurs éléments inhérents aussi bien à des facteurs internes de ces entreprises qu'a des facteurs liés à l'environnement juridique, économique, financier, humain, etc. dans lequel évoluent ces entreprises.

Néanmoins, grâce à ce secteur on a assisté à l'émergence d'une nouvelle couche d'entrepreneurs dont la majeure partie ne sont pas Meknassis. De même, il a permis la création d'un nombre non négligeable de postes de travail notamment pour des ouvriers issus de la ville ou des centres environnants. Ce qui permet à de nombreux familles de vivre et de participer à la valorisation des ressources locales. Enfin le développement de ce segment de tissu productif dans une ville intérieure du Maroc, constitue en lui-même un début, même timide, de décentralisation industrielle qu'il importe d'encourager et de relancer. Cela n'est possible, bien entendu, que dans le cadre d'une politique globale d'aménagement de territoire ayant pour objectif la recherche d'une meilleure répartition des Hommes, des équipements et des activités dans le territoire national suivant la vocation économique de chaque région..

Par ailleurs, et en termes de localisation et de structuration de l'espace, l'analyse a montré que la logique de déploiement des PMI dans l'espace d'étude peut

184

s'expliquer par plusieurs raisons. Parmi les éléments ayant pesé sur le choix de localisation de ces entreprises à Meknès, il y'a lieu de signaler le rôle déterminant qu'ont joué les facteurs liés à la production et au marché, les facteurs liés au foncier et les raisons d'ordre personnel.

Par contre, les stimulants officiels et la politique publique d'appui en faveur de ces entreprises n'a, apparemment, joué qu'un rôle marginal en matière de déploiement des PMI à Meknès. L'étude a montré que non seulement cette politique a manqué d'efficacité, mais surtout qu'elle n'est pas de nature à favoriser un véritable redéploiement des PMI vers des villes intérieures ou déshéritées du Maroc

le volet relatif à l'assistance financières à cet égard un exemple éloquent qui montre bien la prédominance d'une vision sectorielle, au niveau de cette politique, au détriment même des exigences de la régionalisation et de la décentralisation industrielle . Cette politique n'a malheureusement jamais été conçue ou adaptée dans la perspective de faire de cette catégorie d'entreprises un véritable outil d'aménagement de territoire.

Parallèlement, les développements précédents, ont montré que le manque d'un aménagement industriel a surtout favorisé l'émergence et le développement d'une sorte de localisation spontanée et anarchique des PMI à Meknès notamment au niveau des quartiers industriels, en zones périphériques et au sein même du tissu urbain.

L'impact spatial le plus marquant de cette propagation étant un tissu de PMI hétérogène et éclaté en foyers éparpillés et aux contenus fort différenciés. La naissance et le développement des ces entités, se sont faits d'une manière anarchique et sans une insertion harmonieuse et planifiée dans l'espace urbain. La localisation s'est faite au gré des opportunités foncières exacerbées par la rareté du sol industriel et du poids social et matériel fort inégal des différents opérateurs. Cela révèle une certaine discordance entre l'action d'aménagement industriel et la localisation des PMI d'une part et surtout l'absence d'une stratégie concertée en matière de planification urbaine d'autre part.

Par ailleurs, et en matière d'intégration, nous avons relevé à travers notamment une analyse des modalités et des mécanismes de fonctionnement des PMI dans l'espace d'étude, que ce secteur souffre généralement de deux faiblesses majeures: d'abord au niveau des relations inter-branches , ensuite et enfin au niveau des rapports liant ce secteur à d'autres secteurs du tissu productif local.

Les unités issues de ce secteur fonctionnent la plupart du temps en vases-clos et n'entretenant que des liens très lâches entre elles et avec les autres unités composant le système productif local. Il s'agit, en effet, d'un secteur peu intégré à son environnement économique et social et dépendant de Casablanca et de l'extérieur tant par une partie de son approvisionnement et de ses ventes que pour sa technologie.

Pour toutes ces considérations, nous sommes portés à croire que le secteur des PMI à Meknès constitue une greffe qui s'accommode mal au paysage socio-économique de la ville et de sa région.

Notons enfin que l'effet taille est beaucoup plus sensible au niveau de la compétitivité de ces entreprises. L'analyse de certains éléments liés à ce point a, en effet, montré des contre-performances graves enregistrées par les PMI de l'espace d'étude.

Par ailleurs, l'étude des facteurs de blocage a montré que ce secteur souffre d'une multitude de problèmes qui handicapent son fonctionnement normal et son

185

développement. Parmi ces problèmes, nous relevons essentiellement: la lourdeur des procédures administratives, le manque de terrains industriels et la spéculation foncière, le niveau élevé des impôts, le coût élevé de financement et les difficultés d'accès au crédit, la faiblesse des infrastructures et l'inadéquation des services urbains.

S'agissant des perspectives d'avenir de ce secteur face au double défi de la globalisation et de la zone de libre échange, elles paraissent, en l'état actuel des choses, très aléatoires. Il n'en demeure pas moins que l'amélioration de ses perspectives passent par une véritable de ce segment au niveau local et par l'amélioration de l'environnement générale de l'entreprise.

De ce fait, il semble nécessaire de prendre des mesures et des actions qui nécessitent à la fois une intervention à l'échelle locale qu'une intervention à l'échelle nationale en faveur de cette catégorie d'entreprises. Lesquelles mesures et actions doivent être inscrites dans le cadre d'une action globale d'aménagement de territoire.

En l'absence d'actions efficaces, les mêmes déséquilibres et relations de sattelitisme des villes intérieures à l'image de Meknès, vis à vis de Casablanca et de l'extérieur, risquent de se perpétuer voire de s'amplifier d'autant plus que Meknès devra faire face à un grand problème: celui que pose la proximité de Fès, ville dynamique qui partage avec la ville ismaélite une partie de sa zone d'influence et qui se trouve à 60 kms.

Situées dans un environnement géographique commun: la plaine de Sais, les deux villes pratiquent les mêmes activités industrielles (Industrie agro-alimentaire, Textile et cuir).

Laquelle des deux villes va étendre sa zone d'influence au détriment de l'autre ? Laquelle des deux va montrer suffisamment de dynamisme pour éclipser l'autre ? Vont-elles évoluer parallèlement ou, au contraire, se compléter et contrebalancer l'influence de l'axe Casa-Kénitra en formant un axe intérieur ?

S'il est trop tôt pour répondre et si les données actuelles ne permettent d'émettre aucune hypothèse fondée, la question mérite réflexion.






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