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Le secteur des PMI à  Meknes: approche spatiale et sectorielle


par Mimoun IBRAHIMI
Institut National d'Aménagement et d'Urbanisme-Rabat-Maroc - Diplôme d'études supérieures en aménagement et urbanisme 2001
  

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Paragraphe 3: PMI et intégration économique à Meknès

Comme le suggère le titre de ce paragraphe, notre intérêt pour l'analyse de l'intégration se situe à un double niveau, celui du secteur des PMI comme totalité et celui des branches le composant.

Nous cherchons sur la base des analyses menées au niveau des deux derniers paragraphes d'avoir une idée sur le degré d'intégration de ce secteur et sur la nature de l'articulation et de la complémentarité entre ces différentes branches et en relation avec d'autres secteurs d'activité.

Il s'agit ici d'analyser dans un premier lieu les aspects définitionnels de la notion de l'intégration et de ces différents niveaux d'analyse et de perception (3-1) avant d'essayer dans un second lieu d'examiner le degré d'intégration entre les différentes

156

branches du secteur des PMI à Meknès (3-2) entre ce secteur et l'ensemble du système productif local (3-3). Nous tenterons dans un dernier lieu de mesurer l'intensité ou le degré de cette intégration notamment par le biais du taux de valeur ajoutée appliqué à chacune des branches composant ce secteur à Meknès (3-4).

3-1: Aspects définitionnels et différents niveaux d'analyse et de perception de

l'intégration.

La notion d'intégration est parmi les notions dont la paternité revient à diverses disciplines notamment les sciences économiques et les sciences politiques. Son utilisation a été souvent rencontrée dans les analyses des disparités entre régions, pays, secteurs économiques, groupes sociaux, etc. Et c'est cette utilisation pluridisciplinaire de la notion d'intégration qui rend sa définition assez difficile et imprécise.

Dans le domaine de la discipline économique qui nous intéresse ici, on trouve la notion d'intégration dans diverses écoles et théories de pensée.

Pour les théoriciens de l'économie industrielle notamment la théorie de la firme, l'intégration est présentée comme constituant un des principaux déterminants des

stratégies de croissance des grandes firmes industrielles. Ainsi pour Morvan (Y) "
qu'une firme intègre ses activités si elle tend à faire passer sous son contrôle des activités situées en amont de son processus de production, réalisant par là une « intégration vers l'amont » et/ou des opérations situées en aval de ce processus, réalisant par là une « intégration vers l'aval »"1.

C'est donc un processus d'intégration d'activités situées en amont du segment de production ou se trouve la firme intégrante ( approvisionnement en matières premières ou en inputs semis - finis) ou en aval ( distribution) . L'objectif étant d'endogeniser le maximum de surplus à travers la réduction voire l'élimination de certains coûts de transaction et de certaines marges intermédiaires.

D'autre part à un niveau plutôt macro-économique, on trouve la notion de l'intégration chez les économistes de développement, une définition plus complète a été donnée par Dieebold (W): " on peut considérer l'intégration soit comme un processus d'accroissement des liens entre des centres d'activités économiques séparés par des frontières nationales, soit comme une condition obtenue quand par une estimation quelconque, les liens sont plus marquants que les séparations» 2 .

Quant à la transposition de l'utilisation de cette notion dans l'analyse du sous-développement, elle revient notamment à Samir Amin et Gunnar Myrdal. Ce dernier considère que " dans tous les pays sous-développés, le problème du développement économique consiste avant tout à chercher l'intégration nationale dans sa combinaison nécessaire avec le progrès économique, l'un étant à la fois résultat et condition de l'autre"

3

.

(1) MORVAN (Y) cité par AOUADI (S): " Intégration et compétitivité du systéme productif tunisien" Actes de journées études organisées par l'Union Maghrebine des Economistes sous le théme de " Mondialisation de l'économie, intégration régionale et restructurations au Maghreb" Rabat le 30 Septembre 1995, pp 193- 218.

( 2) DIEEBOLD cité par AOUADI (S): " Intégration et compétitivité du systéme productif tunisien" opp cté pp:193-218.

(3) MYRDAL ( G) cité par AOUADI (S): " Intégration et compétitivité du systéme productif tunisien"... , opp cité, pp 193218.

(4) LA JUGIE ( J) cité par AOUADI(S): " Intégration et compétitivité du systéme productif tunisien"... , opp cité, pp 193218.

157

Au niveau de l'économie régionale destinée à l'analyse des disparités régionales, l'intégration consiste selon Joseph La jugie à faire de l'espace considéré " un ensemble caractérisé par des éléments structurels relativement comparables et par des relations étroites et continues entre ces divers éléments " 4 .

Toutefois l'utilisation de la notion d'intégration économique, dans le cadre global de l'économie de sous-développement, s'est affinée au fil du temps en s'acheminant vers un niveau méso-analytique, celui des branches d'activités et des secteurs économiques. A ce niveau d'analyse, l'intégration d'une branche ou d'un secteur traduit leur aptitude à développer en leur sein, c'est à dire, au sein des entreprises locales ou nationales les composant, la fabrication de la plus grande quantité possible d'inputs concourant à l'élaboration d'un produit fini.

Le terme d'intégration évoque ainsi, selon S.Aouadi, un certain degré d'autonomie d'un système productif par rapport aux approvisionnements extérieurs

3-2: Faiblesse des relations inter-branches au sein du secteur des PMI

à Meknès

La notion de l'intégration dans un espace donné suppose que chaque branche alimente les autres branches du même espace et est alimentée par elles. Ainsi, l'activité industrielle, quelle que soit, la dimension des entreprises la composant, ne signifie pas seulement la création et le rassemblement d'un certain nombre d'usines, sans cohérence fonctionnelle, mais c'est l'existence de complémentarité entre ces usines pour que chacune d'entre elles trouve à la fois dans l'autre un partenaire faisant les deux rôles de fournisseurs et de clients.

En effet, l'intensité ou le relâchement des liens entre les différentes entreprises constituant les branches d'un système productif sont révélateurs du degré de complémentarité ou d'articulation entre les différentes composantes d'un secteur donné.

Dans ce cadre et à la lumière des développements menés précédemment, nous pouvons dire que les liens entre les branches formant le secteur des PMI à Meknès sont très faibles. Ces liens qui se mesurent par les flux d'échanges de produits et notamment des produits intermédiaires, se limitent seulement à certaines sous-branches. C'est le cas par exemple de la boulangerie et de la pâtisserie qui utilisent des inputs (farine) achetés à des minoteries situées au niveau local.

Cependant, ces échanges inter-branches demeurent très limités au sein du secteur des PMI à Meknès, tout comme le sont aussi les activités de sous-traitance comme nous avons pu le constater dans le paragraphe précédent.

Ce sont justement ces types de liens qui contribuent à la consolidation et à la complémentarité entre les branches ou les entreprises locales formant un secteur de PMI à l'image un petit peu des « districts industriels » définis comme étant des " entités socio-territoriales caractérisées par la présence active d'une communauté de personnes et d'une population d'entreprises dans un espace géographique et historique donné (ou existe) une osmose parfaite entre communauté locale et entreprises...l'organisation territoriale et la division du travail renforcent la circulation des compétences et engendrent des effets

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d'apprentissages collectifs spontanés, engendrés par les complémentarités technologiques et l'existence des liens étroits entre les hommes et les entreprises "1.

Pour G. Benko, M. Dunford et J.Heurley " l'agrégation d'un nombre de petits ateliers, comme la création de quelques grandes usines, permet d'atteindre les avantages de la production à grande échelle "2, formant ainsi, selon les mêmes auteurs une sorte « d'usines sans murs » où un ensemble d'entreprises spécialisées se substitueraient à une entreprise intégrée unique afin de réaliser des produits finis .

Le fait que les PMI de Meknès soient situées, en général, en aval du cycle de production, fait que ces entreprises n'entretiennent pas de relations entre elles.

En effet, le processus de l'industrialisation au Maroc s'est réalisé par import-export. Aussi, la majorité des entreprises marocaines et celles situées à Meknès ont été créées pour satisfaire les besoins du marché local. En conséquence, et comme l'a bien montré A.Kaioua pour le cas de Casablanca, les filières techniques de production industrielle sont très courtes au Maroc, celles qui sont susceptibles d'être longues, comme par exemple, le textile demeurent dans la plus part des cas incomplètes .

La structure détaillée des PMI enquêterais à Meknès suivant leur position dans le processus de fabrication permet de constater que la majorité de ces entreprises se situent en fin de chaîne au dernier stade de la production industrielle.

Tableau n° 61: Situation des PMI de Meknès dans la chaîne de production des biens.

Position

Branche

Amont

(Fabrication .
biens de base)

Centre

(Fabrication biens intermédiaires)

Aval

(Fabrication . biens
finals)

N/bre

%

N/bre

%

N/bre

%

Industrie Agro-alimentaire

-

-

-

-

17

32.70

Industrie Chimie et Parachimie

-

-

04

7.70

12

23.10

Industrie Textile et Cuir

-

-

01

1.90

09

17.30

I.M.M.E.E

-

-

04

7.70

05

09.60

Total

-

-

09

17.30

43

82.70

Source: Enquête-PMI. Juillet/Août. 2000.

Il ressort de la ventilation ci-dessus que la majorité des PMI enquêterais à Meknès se situent en fin de chaîne au dernier stade de la production. Elles représentent plus de 82,70 % de l'ensemble de l'échantillon enquêté. Quant aux unités produisant des biens intermédiaires, elles sont très peu nombreuses ( 17,30 %) alors que celles produisant des biens de base sont inexistantes.

( 1) BECATINI cité par LONGHI ( C) : " La dynamique des éspaces urbains " in Les Annales de la Recherche Urbaine N° 76 - Septembre 1997 , pp: 134- 145.

(2) BENKO (G), DUNFORD (M), HEURLEY (J) : " Districts industriels: Vingts ans de recherche" in revue éspaces et territoire n°88/89, Année 1997, pp 305-321.

159

Ainsi à l'exception de certaines PMI qui relèvent notamment des branches des industries chimiques et parachimiques et des industries mécaniques et électriques, toutes les autres unités produisent exclusivement pour la consommation finale.

Un tel système limite considérablement les possibilités d'échanges entre ces unités de production et fait que l'essentiel de l'activité s'organise au sein de filières de production industrielle très courtes.

La faiblesse du degré d'intégration du secteur des PMI à Meknès ne se limite pas aux relations inter-branches mais concerne également les relations de ce secteur avec l'ensemble du système productif local.

3-3: Faible intégration au système productif local

Un secteur est dit plus au moins intégré au système productif local lorsqu'une bonne partie des biens intermédiaires ou des matières premières qu'il utilise pour élaborer sa production est d'origine locale, c'est à dire qu'il recourt peu à l'importation ou à l'acquisition de ses inputs dans d'autres régions ou localités.

Concernant le secteur des PMI à Meknès, nous pouvons dire de manière générale qu'il est faiblement lié au système productif local. Cependant ce degré d'intégration diffère d'une branche à une autre.

Ainsi pour la branche des Industries agro-alimentaires, celle-ci tire le principal de son approvisionnement en matières premières des récoltes au niveau local ou régional. Elle présente ainsi des rapports variés entre les unités de transformation et l'intégration dépend de loin de la matière première traitée.

Pour les céréales, l'intégration semble être parfaite. La première transformation réalisée au niveau des minoteries de la ville débouche sur la consommation finale ( si les produits sont livrés aux foyers) ou sur une deuxième transformation si les produits sont retravaillés encore au niveau des unités alimentaires situées en aval de la chaîne: la production des pâtes alimentaires, des gâteaux et du pain.

En transformant directement des matières premières agricoles brutes pour produire des biens courants destinés à la consommation finale, les PMI de la branche agro-alimentaire contribue ainsi à la valorisation des produits d'origine locale tels que les céréales, les olives ou autres les fruits et légumes.

La même remarque peut être formulée à l'égard de certaines sous-branches des industries chimiques et parachimiques et particulièrement celles des matériaux de construction ( Briqueteries, agglomérés et articles en ciment, etc.) et du travail du bois ( Scieries, menuiseries).

Par contre , la branche des industries du textile et cuir se présente comme la branche la plus extravertie de l'activité industrielle dans son ensemble à Meknès. Toutes les unités dont dispose la ville s'approvisionnent en quasi-totalité de leurs intrants à partir de l'étranger et Casablanca constitue dans la plupart des cas un relais.

3-4: Mesure du degré d'intégration du secteur des PMI à Meknès

Dans ce dernier point, nous cherchons à travers un essai de mesure de l'intégration du secteur des PMI à Meknès, à caractériser autant que possible l'articulation et la complémentarité entre ces différentes branches, leur contribution propre à l'effort

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productif et le degré d'autonomie ou de dépendance de ce secteur par rapport aux approvisionnements extérieurs.

Il existe plusieurs manières de mesurer l'intégration d'un secteur déterminé notamment par le biais de la valeur ajoutée et des consommations intermédiaires. Toutefois, et à défaut de statistiques et d'informations fines et fiables, nous nous contenterons dans ce qui suit du premier critère pour essayer de mesurer l'intégration du secteur des PMI à Meknès.

L'intégration par la valeur ajoutée est calculée en rapportant la valeur ajoutée au chiffre d'affaires ou à la production. Dans ce cadre une firme ou une branche est dite relativement intégrée si son taux de valeur ajoutée est relativement élevé.

Le tableau ci-après indique les différents degrés d'intégration par la valeur ajoutée des branches constituant le secteur des PMI à Meknès.

Tableau n° 62: Intégration par la valeur ajoutée du secteur des PMI à Meknès par branches d'activité.

Branches

Intégration par la valeur ajoutée

Valeur Ajoutée/ Production ( en %).

Industries agro-alimentaires

12, 75

Industries textile et cuir

36,76

Industries Chimiques et parachimiqes

25,76

Industries mécaniques et électriques

32,08

Total PMI

22,18

Source: Elaboré à partir des données de la Direction de L'industrie. Rabat. 1998.

Le taux d'intégration de l'ensemble du secteur des PMI à Meknès est de l'ordre de 22,18 %. même si l'on ne dispose pas d'une norme de référence communément admise, nous considérons intuitivement ce taux comme faible en soi et comme faible au taux calculé pour l'ensemble du secteur industriel au niveau national pour la même année et qui est d'environ 34 % 1 .

La faiblesse du degré d'intégration caractérise notamment la branche des Industries agro-alimentaires avec un taux de valeur ajoutée de 12,75 %. Cette branche apparaît donc comme la branche la plus désintégrée du secteur des PMI à Meknès.

Par contre les autres branches affichent des taux relativement meilleurs avec 32,76 % pour les industries textile et cuir, 25,76 % pour les industries chimiques et parachimiqes et 32,08 % pour les industries mécaniques et électriques.

De façon globale, la désintégration ou le faible degré d'intégration du secteur des PMI à Meknès, saisie de ce point de vue, peut s'expliquer par le positionnement des entreprises relevant de ce secteur à l'aval des filières de production à un stade peu avancé et peu générateur de valeur ajoutée.

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld