2.4. IMPACT DES CONFLITS ARMES SUR LA VIE
ECONOMIQUE
C'est de l'économie d'une société dont
dépendent des satisfactions des besoins vitaux de sa population. C'est
un indice de l'effet fournit dans le développement ou dans son aspect
matériel, si elle est en baisse, il y a de quoi s'inquiéter sur
les conditions des vies de la population.
Pour le territoire d'Uvira, les conflits armés n'ont
pas apporté pour son économie des résultats positifs que
ça soit dans le domaine de l'agriculture, de l'élevage, de la
pêche et du commerce.
Ces conflits ont entravé l'agriculture de façon
que personne ne pouvait plus se rendre au champ. Le territoire d'Uvira
n'était pas loin d'être appelé le grenier du Sud-Kivu en
raison de sa vocation agricole et de sa quantité de production
déployée sur le marché de consommation de la province.
Dans le secteur qui a été sensiblement
touché étant donné que ses produits étaient
très enviés par toute sorte de prédateur qui pouvaient se
présenter dans le milieu pour l'élevage familial, les bêtes
étaient devenus pour leurs propriétaires un objet de poursuite.
Quelques cas des pillages d'animaux d*oint été enregistrés
dans le milieu, le 24/06/2000, à Kajembwe dans la cité de Sange
en territoire d'Uvira, plus de 40 vaches ont été pillés
par des personnes non identifiées. Le 08/08/1998, A Kigoma, les
Banyamulenge ont tiré sur tout le village et ont pillé toutes les
vaches de la population en nombre de 1 323 vaches, après que la
population ait fuit et 9 personne ont été tuées dont 2
femme et un enfant.54
54 Entretien avec la population de Sange
55 Idem à Kirungu
40
Le 29/10/1996, à Kirungu (moyen plateau d'Uvira)
après le massacre, 280 vaches ont été pillées par
ceux qui étaient leurs gardiens et auteurs de massacre.55
La pêche dans le territoire d'Uvira était un
support, cette dernière avait une importance aussi économique
qu'alimentaire. Les familles qui en avaient déjà
développé la pratique savaient mieux justifier leur
rentabilité efficiente. Après avoir décimé les
produits de l'élevage, on observe dans le domaine de pêche qui
diminua la consommation des poissons dans le territoire. Nous remarquons ici
que les populations deviennent de plus en plus vulnérables quant
à la consommation des protéines animales qu'on trouvait en partie
importante dans les poissons.
Le commerce
Dans toutes les sociétés modernes comme dans les
sociétés traditionnelles, le commerce joue un rôle capital
pour l'approvisionnement des populations en produits manufacturés et
autres.
En Territoire d'Uvira, le secteur a connu pendant les guerres,
une période difficile. Etant donné l'état des routes
nationales et locales étaient inaccessibles et impraticables faute de
l'insécurité exagérée. La communication entre
Uvira-Bukavu et d'autres milieux commerciaux était impossible. La
population n'était plus approvisionnée en produit de
premières nécessités.
Par ailleurs, les marchés locaux et les centres de
commerce qui servaient de
cadre d'échange n'étaient plus
opérationnelles suites aux pillages des produits et manque des
marchés d'approvisionnement. Dans les années 1996 et 1998,
nombreux marchés et centres de négoce dans le territoire ne
fonctionnaient plus normalement et les échanges ne se faisaient que dans
les lieux d'asile jusqu'en 2003.
Remarquons enfin que la vie socio-économique de la
population de Territoire d'Uvira a connu un grave redressement et le drame
risquerait de bloquer l'épanouissement intégrant de la
communauté qui aspirait à une libération intégrale
et le développement intégré. Il faudra alors beaucoup de
temps et de moyens pour se rétablir, mais aussi une paix durable et un
effort particulier des tenants du pouvoir.
Cette guerre n'a épargné aucun secteur de
l'économie. Dans le secteur primaire, la production vivrière
villageoise n'assure plus l'autosuffisance alimentaire causant un
déficit alimentaire chronique dans la région. Par ailleurs,
l'élevage et les activités de pêche, ont
considérablement diminué pendant la guerre en raison de pillage
des bêtes et des équipements. La majeure partie de
l'élevage bovin, particulièrement important sur les hauts
plateaux et plaine de la Ruzizi a ainsi été volée.
L'aviculture industrielle avait été entièrement
détruite pendant les troubles d'octobre - novembre 1996.
2.3.5. Sur le développement du territoire
Ces guerres ont conduit le territoire d'Uvira dans une
misère indescriptible et sous-développement chronique pendant que
les autres milieux progressent et vont l'avant. Quel développement au
quel devraient accéder notre territoire alors que la population
abandonne leurs activités, et subit des conséquences
néfastes :
41
Sur le plan matériel et
économique
· Destruction des infrastructures existantes :
hôpitaux, usines, communication,
· Abandon des activités économiques et chutes
de la production agricole, artisanale, industrielle ;
· Délabrement du tissu économique ;
· Pillage des biens
· Destruction méchante de la faune et de la flore
· Enrichissement illicite d'une minorité et
paupérisation de la majorité
· Émergence d'un commerce illégal la
contre bande ;
· L'argent logé dans les maisons a
été emporté ;
· Des maisons ont été détruites et
brûlées, démolies ;
Sur le plan humain
· Récurrence des assassinats, des tueries et des
massacres ;
· Taux élevé des déplacés
internes et externes des réfugiés, d'où chute
de la production ;
· Le recrutement des enfants dans les forces et groupes
armés, leur utilisation dans les affrontements ; enfants de moins de 18
ans
· Viol et violence faites aux femmes et jeunes filles par
des soldats et milices, ce qui fait l'objet d'humiliation par
la société et a créé leur
marginalisation
· Malnutrition et recrudescence de maladies y
afférentes ; la situation hygiénique et sanitaire plus
déplorable (malnutrition, sévère, beaucoup des maladies,
non accès des enfants à la vaccination)
· Augmentation du taux de mortalité, baisse
de l'espérance de vie
· Enlèvement prise d'otage et
disparition des personnes, libération conditionnée à une
rançon, etc.
Sur le plan sécuritaire
· Création des milices et groupes armés
à caractère tribalo-ethnique, insécurité
psychologique accrue ;
· Florescence du commerce des armes
légères et des petits calibres ;
· Violation massive des droits humains
· Mise en place des coalitions sur des bases sectaires
essentiellement tribales, etc.
Sur le plan social
· Détérioration des relations entre les
groupes tribaux, les familles
· Cohabitation pacifique difficile, des communautés,
suscitions
· Partage difficile,
· Renforcement de l'intolérance
de la méfiance, la haine, les préjugés et le
stéréotype
· Réduction des travaux
d'intérêts communautaire
· Phénomène enfants de la rue, de la
délinquance juvénile
· Dislocation des familles
42
? Adoption des attitudes des natures à pérenniser
les conflits ? Mariage interdit entre jeunes des groupes opposés, etc.
56
? Augmentation des veuves, des orphelins et une
vulnérabilité en prévalence élevée.
Panser les plaines
conflictuelles
Au coeur même de nombreux conflits qui déchirent
le territoire d'Uvira se situe dans des sentiments de colère, peur,
humiliation, haine, insécurités exécution, les blessures
sont parfois profondes.
Même lorsque le conflit paraît être
résolu, au terme d'un processus de médiation d'un jugement ou de
verdict des urnes, les plaies ne sont toujours pas refermées et, avec
elles, demeure le risque de les voir renaître. « Un
conflit ne peut être considéré comme pleinement
résolu tant que les tissus relationnel endommagé n'a pas
été réparé » 57
Les médiateurs devront intervenir pour que les parties
antagonistes se présentent des excuses et se pardonnent afin de
réparer les tissus relationnels endommagés par le conflit.
L'objet, c'est la réinitialisation. La mise en place d'une
représentation de la commission vérité et
réconciliation (CVR) réellement opérationnelle à
l'instar de celle qui avait existé en République d'Afrique du
Sud, permettra aux acteurs de se pardonner mutuellement.
Les excuses, lorsqu'elles sont sincères, elles jouent
un rôle crucial dans la cicatrisation des blessures affectives et la
réparation des tissus relationnels, le pardon est une stratégie
de résolution des conflits.
- Dans sa dimension biblique : pardonner pour Dieu, c'est
rejeter le péché
derrière lui, de manière à ne pas le voir
(Esaï 44 : 22), le supprimer totalement comme s'il n'avait jamais eu lieu.
Pardonner, c'est réhabiliter quelqu'un dans sa dignité de
créature, la considérer comme son fils en lui remettant ses
dettes, en tenant plus compte de ses dettes. (cfr Luc 15, 32)
- Par Willam URY, pardonner est une tâche ardue. Cela
exige une rigoureuse
maîtrise de soi, un contrôle permanent de nos
instincts les plus profonds, la capacité de retenir sa langue et fermer
refus de se laisser aller à la bassesse de sentiment propres à
notre époque
Le pardon ne signifie ni l'oublie de l'offense, ni
l'absolution. Il signifie le refus de la haine, le désir de ne pas
confondre la perte subit et la punition qu'elle nous paraît devoir
entraîner. 58
- Dans sa dimension séculaire, le pardon est
ignoré par la justice. Celle-ci est insensible aux aveux et à la
demande de pardon. C'est plutôt en politique que le pardon est
appliqué. En politique, le pardon s'appelle « Amnistie » du
grec « amnistia » qui signifie « pardon ».
L'amnistie est accordée par le chef de l'Etat à
un groupe de gens ou à une partie de la population responsable de crime
réprimé par la loi.
En gestion des conflits, le pardon est un acte qui
extériorise l'amour des ennemis et la volonté de reconstruire une
relation nouvelle, sans haine ni vengeance.
Il prouve la sincérité de son amour
vis-à-vis de l'adversaire. Le pardon est très important. Il
libère l'offensé et l'offensant. 59
56 Moïse RWABIRA MAKUBULI, Les ONG et la gestion des
conflits en territoire d'Uvira ; cas de Héritiers de la Justice et de
GASAP, Mémoire, ISDR-Bukavu, 2006, P.20
57 William URY, Cité pas Moïse RWABIRA MAKUBULI, Op.
Cit, P. 43
58 Idem, P. 43.
59 Moïse RWABIRA MAKUBULI, Op. Cit, P.20
43
Nous ne pouvons ne pas dire, en dépit de tout ce qui
précède, que l'Etat a le devoir de se passer de l'impunité
pour punir tous les acteurs des crimes, des massacres, des assassinats, des
tueries des innocents, des viols et violences sexuelles et droits humains, des
exaction, des pillages et des démolitions, selon la loi et la
défense de droits humains.
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