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Cadre institutionnel, aide publique au développement et développement socioéconomique et politique en Haïti de 2000 à  2011.


par Smith Paul
Université d'état d'Haïti - Licence en Administration Publique  2019
  

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4.3.3 L'appareil administratif et la fonction publique

En ce qui a trait à l'appareil administratif et surtout la fonction publique, la déficience administrative apparait plus dangereuse pour le pays lorsqu'on sait qu'« aucune politique publique ne peut être exécutée, voire a priori élaborée, en l'absence des connaissances, des savoir-faire et savoir-être d'un corps bien rodé de techniciens capables de la porter84 ». Tant du point de vue leur performance que du point de vue de leur répartition, la fonction publique est loin de répondre à sa vocation. L'effectif de la fonction publique peut être considéré pléthorique lorsque l'on prend en compte la taille du personnel d'appui et la pénurie des compétences techniques, leurs allocations spatiales et la non disponibilité des ressources matérielles indispensables au bon fonctionnement des administrations85. C'est l'un des plus grands maux de l'administration publique haïtienne. Mais il s'ajoute aussi la question des services publics qui font défaut particulièrement en dehors de la capitale.

En dépit des principes et instruments de gestion prévus par la loi en la matière, le recrutement des fonctionnaires se fait essentiellement sur recommandation et non par concours86. Dans cette condition, il est impossible de procéder à une bonne répartition des ressources humaines car on ne sait pas les compétences du personnel.

Les faiblesses de l'administration publique est d'autant plus grave lorsqu'on tient compte de la concentration du services publics, et la gestion des collectivités territoriales.

« Rien d'étonnant donc que les élections du 21 mai 2000 aient abouti à un fiasco. Le climat pré-électoral, dominée par un esprit d'intolérance exacerbée, avaient été des plus violents87.

Les problèmes de l'administration publique

Les faiblesses structurelles constituent les causes majeures des problèmes économiques et sociaux du pays. Etant par nature une problématique transversale, la gouvernance recoupe en

83 Jean Robert Simonise, « Aux origines de l'insécurité en Haïti », Le Nouvelliste, 03-11-2011.

84 Jean-Abel PIERRE, Sociologie Economique de la Corruption. Vers une étude emblématique

85 CCI, p19-20.

86 Jean Abel Pierre, op. cit.

87 PROSPER Avril, op cit, Page 75

84

long et en large toutes les entités de la société88. Et elle est constitué le cadre de références de la sphère publique. De la façon dont l'administration publique fonctionne aujourd'hui, elle est le domaine privilégié du népotisme, de la prévarication et de l'enrichissement rapide.

Le phénomène de la corruption

Dans les premières années du 3e millénaire, la déficience de l'administration publique, tant du point de vue des cadre (la fonction publique) que du fonctionnement de l'appareil administratif, et l'ampleur était telle que le gouvernement en place a dû mettre sur pied une cellule de réflexion sur l'administration publique baptisée CNRA. Les résultats ont révélé une administration inefficace et ne peut répondre aux besoins de la population conformément avec sa mission. La question de la mauvaise gouvernance et surtout de la corruption est l'un des problèmes qui caractérisent ladite administration. L'ULCC (2007a) a écrit :

« Des mesures concrètes, permettant de ralentir la tendance évolutive de la corruption au sein des institutions publiques, furent décidées et appliquées. En effet, à la diligence du Ministère des Affaires étrangères, Haïti a déposé le 7 juin 2004 à l'Organisation des États américains (OEA) ses instruments de ratification de la convention contre la corruption. L'Unité de Lutte Contre la Corruption (ULCC) a été officiellement créée en septembre 2004. Plus récemment, une Commission Gouvernementale d'Enquêtes Administratives sur la corruption a été constituée et a remis un rapport volumineux sur la corruption dans l'Administration Publique au cours de la période 2002- 2004. »

Tous les rapports ont fait ressortir ce fléau qui paralysent le secteur public. Jean Abel Pierre (2014) a écrit :

« Haïti est l'un des pays dont le niveau de corruption est le plus élevé au monde. Telle est, en général, la conclusion des études réalisées tant par des organismes nationaux qu'internationaux durant les deux dernières décennies. Dans un rapport publié en 2004 par l'organisation Transparency International (TI) sous le thème spécifique de « corruption politique », Haïti figure parmi les trois pays perçus comme les plus corrompus du monde avec le Nigeria et le Bangladesh. Selon les données agrégées des rapports annuels de TI, dont une vue panoramique est présentée dans le tableau I (ci-après), de 2002 à 2013 Haïti accuse une note moyenne de 1,8

88 Mémoire du Gouvernement d'Haïti, p15.

85

dans l'Indice de Perception de la Corruption (IPC), le situant dans la catégorie des pays perçus comme les plus corrompus au monde89. »

Si les acteurs de la communauté internationale, les bailleurs de fonds notamment la BM ont toujours fait de la lutte contre la corruption une de leurs préoccupations majeures en ce sens que celle-ci est une entrave pour le développement économique, social et politique (Magaly Brodeur, 2012 et Tearfund 2012), en Haïti, la corruption et la bonne gouvernance semble ne pas être une mesure de l'allocation de l'aide. Car, au fur et à mesure que l'allocation de l'aide augmente, la corruption augmente d'ampleur. On se demande alors ou est le renforcement institutionnel comme facteur de la bonne gouvernance ? (Darine Bakkour, 2013). Dans cette perspective, certains critiquent vont même dire que l'aide internationale favorise la corruption, comme M. Cue Rio (2013) : « La question de la capacité d'absorption se pose avec plus d'acuité encore lorsque l'aide est destinée à des pays mal gouvernés, où la corruption est très présente et les institutions sont faibles. Dans un tel contexte, une partie de la littérature soulève le risque de gaspillage, voire d'une aide qui pourrait encourager la corruption ».

Les études menées sur la corruption et la mauvaise gouvernance dans l'administration publique ont révélé que le secteur public haïtien est très malade. Dans son rapport publié en mai 2007, le BRIDES, pour le compte de l'ULCC nous a laissé ce tableau :

% ONG %

Tableau 11 : Classement des institutions les plus corrompues : (Utilisateurs) ménages, entreprises privées et ONG

Rang Ménages % Entreprises

privées

1 Justice 81 DGI 68 DGI 74

2 AGD 78 Partis Politiques 66 AGD 71

3 DGI 73 Maires 63 Juges et

Magistrats

66

4 Collectivités 70 AGD 61 Partis politiques 64

territoires

89 Jean Abel Pierre, op cit., page 99

86

5 TELECO 69 Parlementaires 58 Tribunaux 1e

63

instance

6 Min. Justice 68 Tribunaux 55 EDH 61

7 Travaux publics 68 Min. Justice 51 Coopératives 59

8 CAMEP et SNEP 66 Serv. Circulation

véhicules

51 PNH 58

9 Circulation des

véhicules

66 Tribunaux 1ere instance

47 Autorités locales 58

10 PNH 64 PNH 45 Gouvernement 56

Source : BRIDES-ULCC, Gouvernance et corruption en Haïti, mai 2007, p27.

Les insuffisances dans les pratiques du secteur public créent des points d'entrée pour la corruption et sont un facteur clé du manque d'intégrité des agences publiques (BRIDES, 2007) et créent donc, comme le montre le tableau ci-dessus, un manque de confiance de la part de la population à leur égard. Quant aux formes de manifestation de la corruption, Jean-Abel P. (2014) énumère dont : Favoritisme90, Concussionnaire91, Evasion fiscale92, Pots-de-vin93 Prévarication94, Délit d'initié95 et le Trafic d'influence96. Bien que nous ne tentions pas dans le cadre de ce travail faire l'état sur chacun de ces formes ou pratiques corruptives, nous allons toutefois présenter quelques-unes :

Le clientélisme et le favoritisme

Les données fournies par BRIDES dans son étude recommandée par l'ULCC composent un tableau relativement favorable du recrutement du personnel. [...] Néanmoins, plus d'un tiers des employés du service public interrogés (41,5%) répondent que les recommandations d'un ami personnel ou d'une relation du responsable du service ont joué un rôle dans l'obtention de

90 Le favoritisme est une tendance selon laquelle on accorde des avantages par faveur au mépris de la règle ou du mérite.

91 Personne ayant commis un délit consistant à recevoir ou à exiger des sommes non dues, dans l'exercice d'une fonction publique.

92 L'évasion fiscale : ensemble de subterfuges employés par le contribuable pour payer moins d'impôts au gouvernement avec la contribution d'un agent du fisc.

93 Somme d'argent ou toute autre faveur offerte à une personne occupant une position de pouvoir pour accélérer les formalités administratives.

94 Détournement de fonds publics.

95 Consistant, dans les affaires, à se servir d'informations confidentielles pour en tirer un profit personnel.

96 Infraction qui consiste à obtenir de l'autorité publique des avantages en échange d'une récompense.

87

leur poste, et moins de la moitié (45,8%) confirment avoir été soumis à la période d'essai recommandée de 3 mois. L'accès à l'information sur l'emploi dans la fonction publique dépend également des relations personnelles : 36% des fonctionnaires ont dit avoir entendu parler de leur poste par notification personnelle (BRIDES, 2007a et 2007b)

Toutefois, CNRA arrivait à une conclusion que de graves problèmes liés à la déficience des ressources humaines et à la carence managériale qui perturbent le fonctionnement de cet appareil administratives, conclusion que Naud (2008) reprend dix ans plus tard. L'accointance politique et le favoritisme constituent des caractéristiques typiques de cette déficience.

La lourdeur administrative

L'administration publique haïtienne ne donne presque pas de résultats, elle est quasi-incapable de le faire avec de faibles moyens et l'administré se plaint quotidiennement [...]. En outre, c'est aussi une cause du désarroi des acteurs internationaux intervenant dans le renforcement des capacités nationales en Haïti qui se plaignent de la lourdeur de l'Administration (Destin JEAN, 2011). L'administration public haïtienne est en proie à ce phénomène de lourdeur surplombante qui est responsable majoritairement de son mauvais fonctionnement (J. Abel Pierre, 2014 :122). La conséquence directe et immédiate de cette lourdeur administrative est la fuite des services par les usagers.

L'inefficacité et l'inefficience

Le pourcentage des ménages répondants à l'étude de BRIDES montre un secteur public ou la mauvaise gouvernance jailli : ils ont classé les services fournis comme mauvais ou très mauvais, en se basant sur la qualité des services et leur efficacité. Cette piètre qualité de service constitue un obstacle important à l'accès aux services publics, décourageant complètement certains utilisateurs. Par exemple, 24,3% des utilisateurs qui avaient besoin des services de la Direction Générale des Impôts ont décidé de recourir à de tiers, et 31,9% de ceux-ci ont dit qu'ils perdraient trop de temps à utiliser ce service en particulier. Ce problème d'inefficacité fait partie des principales raisons invoquées par les répondants pour ne pas essayer d'accéder à un service public. L'une des raisons qui expliquent cette inefficience et cette inefficacité est que le budget des institutions publiques est quasi de fonctionnement (dans la rémunération du personnel seulement), et le volet d'investissement représente un très faible pourcentage.

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus