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Lexique-grammaire et complétive de l'adjectif qualificatif.


par JoàƒÂ«l Cédric ANYOU ELANGA
Université de Yaoundé 1 - Master es lettres  2019
  

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2.2. L'adjectif qualificatif : tête lexicale du GA en grammaire structurale

Dans la syntaxe dépendancielle de Tesnière, l'adjectif est le régissant du noeud adjectival. Selon Tesnière (1982 :181-188), par son aptitude à recevoir comme subordonnés les adverbes, l'adjectif s'apparente dans une certaine mesure au verbe. La plupart des adjectifs sont d'anciens participes, c'est-à-dire des formes d'origine verbale, et par conséquent susceptibles de comporter des circonstants. Par ailleurs, pour Tesnière, la phrase peut se réduire au seul noeud adjectival. Ce type de phrase est appelé phrase adjectivale. Elle

est entièrement régie par un adjectif. Le constat qui ressort de ce développement est que l'adjectif commence progressivement à être vu comme un prédicat.

Tesnière (Op. cit : 68-69) classe les adjectifs en deux espèces, à savoir les adjectifs attributifs et les adjectifs de rapport. Les adjectifs attributifs attribuent au substantif qu'ils déterminent une qualité ou une quantité. Les adjectifs de rapport indiquent que le substantif qu'ils déterminent est en rapport avec une personne ou une circonstance de temps ou de lieu. Bien que changeant de dénomination, cette classification est analogue à celle de la grammaire traditionnelle. L'auteur le reconnaît d'ailleurs en ces termes : les adjectifs de qualité particuliers sont ceux que la grammaire traditionnelle désigne ordinairement par les termes d'adjectifs qualificatifs. Les principaux sont ceux de qualité, de dimension, de couleur et d'ordre.

Ce qui est intéressant ici c'est cette tentative de catégorisation sémantique des adjectifs qualificatifs en paradigmes sémantiques. Ladite catégorisation pourrait nous aider à répondre à une de nos hypothèses de départ, à savoir que la catégorie sémantique à laquelle appartiendrait un adjectif qualificatif peut ou non le prédisposer à régir une complétive.

Toutefois, si Tesnière (op.cit. : 181) estime que l'adjectif n'a guère comme subordonné possible que l'adverbe, les développements possibles du noeud adjectival sont donc restreints ; On se demande si l'adjectif ne pourrait pas avoir des subordonnés autres que l'adverbe, au sens de Tesnière. Nous notons par exemple l'omission de la suite Adj+ Que P sur laquelle repose essentiellement notre travail.

Selon Maingueneau (1999 :77), le GA est une catégorie majeure mais « secondaire », car il dépend du nom, avec lequel sa tête, l'adjectif, s'accorde en genre et en nombre. À lui seul, un GA ne réfère à rien ; il contribue à la référence d'un GN. En la tête du GA se trouvent se trouvent l'adjectif qualificatif. Comme tout régissant, il appelle des compléments. Ce sont des GP, des infinitifs ou des complétives. Maingueneau n'étudie pas ces complétives régies par un Adjectif. Il postule à une hétérogénéité de la classe des adjectifs qualificatifs. Il la divise en trois sous-classes dont les qualificatifs purs, les relationnels et les antéposés. Nous reviendrons sur ces sous-classes infra.

Gardes-Tamine (1988 :120-121) met l'adjectif en relation avec le GN. Pour elle, les adjectifs constituent la deuxième catégorie d'éléments qui accompagnent le nom. Ils expriment des propriétés de ces éléments. Ils ne déterminent pas, ils caractérisent. Contrairement à Maingueneau, Gardes-Tamine, sur la base de critères sémantiques et syntaxiques, distingue plusieurs catégories d'adjectifs. On distingue ceux qui expriment une propriété intrinsèque, les adjectifs relationnels, les ordinaux et indéfinis et les participes.

Riegel et al. combinent les apports de la grammaire traditionnelle et les acquis de la linguistique contemporaine. Pour ces auteurs, l'adjectif est une partie élémentaire du discours. C'est un modifieur et caractérisant du nom. Il est variable en genre et en nombre et s'accorde avec le terme nominal qu'il modifie. Ils montrent que la classe de l'adjectif qualificatif est hétérogène. Elle comprend les adjectifs qualificatifs, les adjectifs relationnels et les adjectifs de troisième type.

De l'avis de Riegel et al (2014 :626-628), comme mot tête d'un GA, l'adjectif qualificatif est susceptible d'être complété par divers modifieurs. Il peut recevoir un adverbe, les compléments prépositionnels et les compléments propositionnels. Cette complémentation de l'adjectif est illustrée par les énoncés ci-dessous empruntés à Riegel et al.

4.a. Je suis content que vous soyez là

4.b. je suis content d'être là

4.c. je suis content de ce travail

Outre la possibilité de substitution entre les divers compléments du GN, les auteurs n'insistent pas sur la complémentation de l'adjectif. Ils ne caractérisent pas non plus les adjectifs recteurs de ces structures. Leur grammaire se rapproche de celle de Wilmet (1998 : 96) qui critique l'incohérence des approches traditionnelles lors de la classification des adjectifs qualificatifs et des adjectifs déterminatifs. En effet, certaines grammaires traditionnelles à l'instar de Dubois et al (1961), Chevalier et al. (1964), Dubois et Lagane (1973), Galichet (1970), Grevisse (1980) divisent la classe des adjectifs en adjectifs qualificatifs et en adjectifs non qualificatifs ou déterminatifs. Wilmet (Op. cit : 109) montre que des unités dites adjectifs déterminatifs fonctionnent comme les qualificatifs. Par conséquent, le terme supérieur d'adjectif désigne une classe de mots à laquelle s'agrègent, par transfert, des noms, des verbes, des pronoms, des adverbes.

Pour refondre cette classe, Wilmet (1997 : 96 et sq.) convoque trois paradigmes : quantification, caractérisation et quantification-caractérisation. Les adjectifs qualificatifs sont des caractérisants stricts directs. Pour Wilmet (1998 :188-190), les caractérisants déterminent (au sens étymologique de « fixer un terme ») l'extension du noyau N d'un syntagme nominal SN : (un) ballon et (un) ballon ROUGE, (le) globe et (le) globe TERRESTRE. Dans les caractérisants stricts directs, on a les adjectifs originels, les participes présents-adjectifs verbaux, les participes passés employés comme adjectifs, des noms, pronoms, adverbes et au moins une interjection transférée. Quelle conception les auteurs s'inscrivant dans le cadre du lexique-grammaire ont-ils de l'adjectif qualificatif ?

Chez ces derniers, la caractérisation de l'adjectif qualificatif se fait en termes sémantique et syntaxique.

Le lexique-grammaire est un cadre d'analyse développé par Gross (1975). Il est issu de la grammaire transformationnelle harrissienne. L'approche du lexique grammaire consiste essentiellement à recenser, sous forme de tables, un ensemble important de caractéristiques des prédicats, y compris les structures syntaxiques dans lesquelles ils peuvent apparaître. Il s'agit de la description des propriétés distributionnelles et transformationnelles des parties du discours prédicatives. Ce sont le verbe, le nom, l'adverbe et l'adjectif qualificatif. En effet, selon Laporte (1999 :3), un schéma de phrase simple comporte un élément lexicalement spécifié, et qui en principe a un caractère prédicatif ; plusieurs actants ou arguments peuvent s'y ajouter.

Le lexique-grammaire étudie plusieurs catégories d'adjectifs qualificatifs. Certaines études comme celle de Meunier (1981) portent sur les adjectifs prédicatifs. D'autres, à l'instar de Gross (1981), sont liées aux adjectifs en position d'argument d'un prédicat. Les dernières, à l'exemple de Giry-Schneider (2005), ont trait aux adjectifs qui ne sont ni l'un ni l'autre. Selon Meunier (1981), cité par Nuria Rodriguez (2000 : 68), Les adjectifs prédicables peuvent être actants de Npred (nom prédicatif). Dans le lexique grammaire, l'adjectif qualificatif s'étudie dans les trois configurations. Il peut être argument ou alors prédicat. Il faut donc distinguer l'adjectif comme argument de l'adjectif comme prédicat.

Selon Bonami (2007 :1) la notion d'argument est utilisée avec deux sens différents, respectivement syntaxique et sémantique. Plus généralement, on dira qu'une expression A est un argument sémantique d'une expression B si la valeur sémantique de A sert à remplir une place argumentale de la valeur sémantique de B. Au plan syntaxique, la notion d'argument se rapproche de celle de complément. Mais, elle ne saurait s'y réduire. Le débat sur cette notion est loin d'être tranché. Il dépasse largement le cadre de ce travail. Ainsi, quand il est un argument, l'adjectif qualificatif est régi par un nom. C'est ce dernier qui en détermine l'occurrence et la plupart des propriétés morphosyntaxiques. La relation dans ce cas se formaliserait comme suit Npred+Adj+X, ou Npred +X+ Adj. Dans cette formule, X représente un verbe ou un modifieur d'Adj.

L'adjectif qualificatif peut aussi être un prédicat. En tant que prédicats, selon Nuria Rodriguez (op. cit.), les adjectifs qualificatifs sélectionnent leurs structures argumentales, qui seront décrites à travers une représentation syntaxique. Dans une structure

prédicat/arguments, s'il y a plusieurs arguments, c'est le prédicat qui sélectionne chaque argument, c'est-à-dire que les possibilités qui peuvent apparaitre dans un argument dépendent du prédicat. Dans ce cas de figure, l'adjectif qualificatif conditionne et module l'apparition de ses compléments.

Parlant de la complémentation des adjectifs qualificatifs, Leger (2006 :19-21) pense qu'ils ont une complémentation phrastique. Pour elle, la réalisation syntaxique des compléments ainsi que leurs propriétés propres seraient entièrement ou partiellement prévisibles sur la base du sens des prédicats matrices. Autrement dit, le sens de tout adjectif requiert un type de complément. On se demande néanmoins si cet avis ne pourrait pas être évalué et nuancé.

Il y a des contre-exemples dans le cas des verbes. Certains synonymes n'ont pas les mêmes propriétés syntaxiques. Si les propriétés syntaxiques étaient prévisibles sur la base du sens, cela devrait être impossible. Comparons être mort et être décédé. C'est exactement le même sens. Mais la distribution du sujet n'est pas la même. On dit Mon cactus est mort ou Le moustique est mort, mais pas *Mon cactus est décédé ou *Le moustique est décédé. De même, savoir et connaitre ont exactement le même sens dans Luc sait l'âge de Marie et Luc connait l'âge de Marie. Ici la distribution du complément direct est différente. Luc sait que Marie a 17 ans, mais *Luc connait que Marie a 17 ans.

La complétive de l'adjectif relève de la complémentation phrastique. Leger (2006 :20), la complémentation phrastique réfère aux constructions qui comportent un prédicat et son sujet (qu'il soit lexicalement ou non), c'est-à-dire aux constructions complétives tensées et non tensées. Notre tâche consistera à déterminer la structure argumentale des adjectifs introducteurs de complétives et, si possible et dans une moindre mesure, les propriétés sémantiques de ces groupes de prédicats.

Que pouvons-nous retenir des grammaires modernes ci-dessus ? Y a-t-il avancée ? Si oui, en quel sens ? Les grammaires structurales mettent un accent sur la notion de groupe. L'adjectif qualificatif est le constituant central du groupe adjectival. Au-delà de sa connexion et de sa dépendance vis-à-vis d'un GN, les courants structuralistes et post-structuralistes relèvent régulièrement le caractère prédicatif de l'adjectif qualificatif. Ces grammaires insistent sur le fait que, dans son emploi argumental, l'adjectif qualificatif peut être régi par un N préd. Et dans son rôle prédicatif, il régit lui-même un ou plusieurs arguments.

Les grammaires structurales relèvent que la syntaxe de l'adjectif qualificatif est souvent associée à sa sémantique. Les structuralistes américains tels que Bloomfield ont systématisé les procédures de tests opératoires. Ils permettent d'étudier la syntaxe indépendamment des intuitions sémantiques. Dans ces tests, le sens intervient, mais seulement quand on évalue si l'application du test provoque un changement de sens. C'est la même procédure qui est adoptée dans le cadre du lexique-grammaire. En ce sens, selon Laporte (2018: 162),

The LG method is much about such practical techniques of elaborating the procedures of observation or the definition of features, in order to improve reproducibility. When you ask the right question, it is easier to agree on an answer. In practice, performers of LG work are trained to be systematically watchful of their own dubious or instable judgments, and to compare these judgments to those of their peers. This measurement of reproducibility is subjective, but peer controlled, in order that subjectivity does not affect the quality of the results.

En résumé, les procédures d'analyse en lexique-grammaire sont certes empreintes de subjectivité, mais l'emprise de cette dernière est moindre. En procédant rigoureusement aux tests et en posant la bonne question, on aboutit à des réponses satisfaisantes. Ces dernières mettent les études à l'abri d'analyses non reproductibles. Elles garantissent également aux descriptions une certaine rigueur. Les linguistes qui considèrent ces tests comme dépassés n'ont rien proposé de mieux pour s'assurer que leurs travaux aboutissent à des résultats fiables.

Même si les classifications structurales et les études syntaxiques dominent, le sens ne saurait être totalement exclu. En ce sens, de nombreuses études de l'adjectif qualificatif sont sémantiquement orientées. Le sens sert à délimiter le sujet de l'étude. On aura ainsi des études portant sur les adjectifs de couleur, les adjectifs spatiaux, ou des regroupements en classes d'objets. etc. Néanmoins, les travaux réalisés avec la méthode du lexique-grammaire aboutissent souvent à la constatation que la syntaxe n'est déterminée par la sémantique que de façon limitée et partielle. C'est le cas de l'étude de Guillet et Leclère (1992), travail consacré aux constructions transitives locatives en français. La classe des adjectifs qualificatifs est redistribuée en sous-classes. Tous ces paramètres concourent à donner à l'adjectif qualificatif le visage d'un constituant protéiforme. Ainsi, de la grammaire traditionnelle à la linguistique structurale, il y a eu des avancées dans la conception et la présentation de l'adjectif qualificatif. Au terme de ce parcours, on peut dresser un profil synthétique de ce constituant et citer ses différentes espèces ainsi que les critères de classification en paradigmes.

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"Ceux qui rêvent de jour ont conscience de bien des choses qui échappent à ceux qui rêvent de nuit"   Edgar Allan Poe