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Lexique-grammaire et complétive de l'adjectif qualificatif.


par JoàƒÂ«l Cédric ANYOU ELANGA
Université de Yaoundé 1 - Master es lettres  2019
  

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3. SYNTAXE DE LA COMPLÉTIVE ADVERBIALE

L'adverbe fait partie des mots-dits opérateurs. Ces unités linguistiques sont capables de gouverner des complétives à leur droite. Wilmet (1998 :567) pense que ces complétives sont des compléments de l'adverbe, et les adverbes eux-mêmes sont des compléments circonstanciels de l'énonciation. Les adverbes et les complétives qu'ils introduisent sont illustrées ci-dessous :

8.a. Heureusement que le cinéma a été inventé un siècle plus tard (LP28/02/03)

8.b. Bien sûr que tu en as envie (LP01/11/02)

8.c. Peut-être qu'il va bientôt mourir (VB :27)

Les mots en gras, à savoir heureusement, bien-sûr et peut-être, sont les adverbes. La suite introduite par que à la droite de ces adverbes est la complétive. La dépendance entre l'adverbe et la complétive est prouvée par le test de l'effacement. En effet, la complétive de chacune de ces phrases ne peut exister en l'absence de l'adverbe. Dès lors, la suppression de l'adverbe génère un énoncé agrammatical comme le montrent les dérivés suivants:

8.a'. *Heureusement que le cinéma a été inventé un siècle plus tard (LP28/02/03)

8.b'. *Bien sûr que tu en as envie (LP01/11/02)

8.c'. *Peut être qu'il va bientôt mourir (VB : 27)

Parler d'une complétive de l'adverbe est mal perçu aux yeux de certains théoriciens. Ils estiment en réalité que cette construction ne devrait nullement recevoir une telle interprétation. Pour eux, l'adverbe ne régit pas de complétive, il est un simple ajout du

discours, un élément adventice et fondamentalement accidentel qui n'a pas une grande incidence sur le schéma de la phrase.

Pour Bacha (1998 : 26-27),

si l'on peut effectivement établir un parallélisme entre l'adverbe en -ment et l'adjectif correspondant pour heureusement, ce n'est pas le cas pour bien sûr, peut- être ou sans doute. De plus, les adverbes en -ment eux-mêmes ne sont pas tous sémantiquement équivalents à la phrase impersonnelle comportant l'adjectif apparenté (// est certain que Paul est venu comporte un degré de certitude plus grand que Certainement, Paul est venu, et la mise en équivalence elle-même n'est pas toujours possible (on ne dirait pas *// est infaillible que Pierre arrive en retard comme on dit Pierre arrive infailliblement en retard).

Goose et Grevisse dans Le Bon Usage (1993) les appellent des «sous-phrases» ou des «pseudo-propositions» et précisent qu'elles apparaissent surtout dans la langue familière. Wilmet (1997 :556-557), lui, parle de sous-phrase complétive», «complément de l'adverbe», parallèle, donc, au «complément de l'adjectif» de type : tout heureuse (triste, fière, confuse...) que Pierre ne chante pas, Marie a promis sa venue. Si l'on abrège cette présentation des points de vue, l'on est à mesure de dire que le débat n'est pas tranché. Pour des besoins de réalisme et compte tenu des occurrences attestées de cette construction, l'analyse suivra les positions de Kanté (2016), Gatoone (2012), Wilmet (1997) et Bacha (1998) : il existe une complétive de l'adverbe, c'est une construction attestée, problématique quant à son analyse et qui mérite encore d'être élucidée.

Les phrases ayant une complétive de l'adverbe posent donc de nombreux problèmes à l'analyse. Le statut de phrase des énoncés qui les intègrent est-il réellement soutenable ? Quel est la fonction de Que P dans les suites Adv + Que P ? Ne peut-on pas les saisir comme des structures dérivées ? Si oui, quelles pourraient être leurs structures profondes ? Par ailleurs, toutes les complétives adverbiales admettent-elles cette source ? Le problème de la liste des adverbes opérateurs et de leurs propriétés distributionnelles est également à débattre. Autant de questions qui interpellent les grammairiens.

Convenons-en, toutes ces questions ne sauraient recevoir un traitement satisfaisant dans cette modeste analyse. Il leur faut des études moins générales que celle-ci. Nous tenterons de nous prononcer sur quelques-unes d'entre elles.

3.1. La suite Adv + Que P : une connexion en question

La structure de complétive de l'adverbe est problématique. En effet, cette construction ne devrait nullement recevoir une interprétation de phrase complétive. Selon

Wilmet (op cit), cette complétive est un complément de l'adverbe. La complétive étant donc complément l'adverbe, on se demande si cela ne suppose pas que l'adverbe soit un support et la complétive un apport d'information aux plans syntaxique et sémantique. Or, l'analyse du lien entre l'adverbe et la subordonnée qui est prétendument son apport révèle une autre réalité.

9.a. Heureusement que je suis un vieux fauve (SDI :111)

9.b. Bien sûr qu'elle l'était à sa façon (LP05/04/02 :52)

9.c. Peut-être que je réussis une vie ratée ( LP11/10/02)

9.d. Sûrement qu'ils attendraient le soir pour manger son bouc (VB :91)

Dans ces énoncés, les adverbes heureusement, peut-être, bien-sûr, sûrement ont à leur droite une complétive comme illustré ci-dessus. Cette complétive dépend-elle réellement de l'adverbe ? Le lien entre les deux est-il celui qui unit la complétive à ses régissants ?

Répondre à l'affirmative à ces questions serait nier une observation évidente. Le lien entre les deux est lâche. Ils peuvent apparaitre l'un sans l'autre. La complétive peut être effacée comme le montrent les dérivés ci-dessous.

9.a'. Heureusement

9.b'. Bien sûr

9.c'. Peut-être

9.d'. Sûrement

En emploi absolu, ces énoncés constitueraient contextuellement des réponses à des questions. Ils peuvent aussi être des exclamations.

Par ailleurs, la dislocation par extraction ou emphatisation de la phrase nous permet de dissocier l'adverbe de la complétive, avec effacement du Que. Dans le même contexte, l'adverbe est mobile. N'est-il même pas effaçable ? Commençons par illustrer la possibilité de dislocation de la phrase.

9.a». Heureusement, que je suis un vieux fauve

9.b». Bien sûr !, qu'elle l'était à sa façon

9.c». Peut-être, que je réussis une vie ratée

9.d». Sûrement qu'ils attendraient le soir pour manger son bouc

Voyons aussi comment l'adverbe peut être supprimé et tirons les conclusions qui en découlent à partir des énoncés ci-dessous.

9.a'''. Heureusement que je suis un vieux fauve 9.b'''. Bien sûr qu'elle l'était à sa façon

9.c'''. Peut être que je réussis une vie ratée

9.d'''. Sûrement qu'ils attendraient le soir pour manger son bouc

Leeman (1982 : 62), remettait déjà en doute le statut de cette structure. Pour elle, on peut évidemment s'interroger sur le statut réel de cette «complétive ». Au regard des démonstrations faites ci-dessus, ne peut-on pas conclure que l'adverbe ne régit pas de complétive dans ces structures ? La pseudo-complétive n'y est-elle pas en réalité la partie prédicative de tout l'énoncé ? Autrement dit, l'essentiel de l'information de ces énoncés n'est-il pas donné par le segment de phrase introduit par que ? On peut se demander si l'adverbe n'y est pas un élément adventice et fondamentalement accidentel sans incidence syntaxique sur la structure.

L'adverbe, initialement considéré comme support de la suite, apparait comme un simple constituant facultatif. On peut s'en passer. Cet élément est en fait un connecteur discursif. Il a pour rôle de renforcer la charge énonciative du message en le modalisant. L'adverbe semble faire un tout avec le morphème que. En effaçant donc le complexe adverbe + conjonction, le reste de la phrase reste sans problème. L'énoncé obtenu reste grammaticale et prédicatif tel que le montrent ces dérivés :

9. a''''. Heureusement que je suis un vieux fauve

9. b''''. Bien sûr qu'elle l'était à sa façon

9. c''''. Peut être que je réussis une vie ratée

9. d''''. Sûrement qu'ils attendraient le soir pour manger son bouc

Par conséquent, contrairement à Wilmet (op.cit.), ne peut-on pas conclure que nous avons affaire ici à une proposition indépendante ? Si la structure est ainsi revue, quelle peut être la fonction de Que ? Quel poste Adv occupe-t-il réellement ?

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"Ceux qui rêvent de jour ont conscience de bien des choses qui échappent à ceux qui rêvent de nuit"   Edgar Allan Poe