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Lexique-grammaire et complétive de l'adjectif qualificatif.


par JoàƒÂ«l Cédric ANYOU ELANGA
Université de Yaoundé 1 - Master es lettres  2019
  

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3. DYNAMIQUE DES CONNEXIONS DANS LA SUITE V+ADJ+QUE P

Le statut du GV attributif et le traitement qui lui est réservé sont loin de faire l'unanimité. Pour certains, le complexe formé par V + Adj est un tout solidaire. Le verbe attributif qui s'y trouve apparait de ce fait comme une copule. Il serait donc un auxiliaire, un instrument. À l'opposé, d'autres estiment que V est non pas comme un mot de liaison, mais un verbe doté d'une autonomie et d'une valence. Le problème de la rection de la complétive y est consécutif. On se demande si la complétive dépend exclusivement d'Adj. ou concomitamment du verbe et de l'adjectif dans les suites V + Adj + Que P. Dans ces structures, on voudrait savoir si le verbe et l'adjectif sont coalescents au point de les considérer comme un prédicat complexe ou s'ils sont au contraire indépendants à tel point qu'on puisse les dissocier. Ces deux questions, solidaires et complémentaires, méritent grande une attention.

3.1. V + Adj : un prédicat complexe ?

L'ensemble V + Adj est considéré comme prédicat complexe par des linguistes. Ces derniers se fondent sur l'observation de la dynamique fonctionnelle et relationnelle des deux éléments qui composent ce complexe. Selon Onguene (2001 : 193-194),

lorsqu'en français l'élément attribut s'associe à être, les deux unités font corps et constituent un nucléus, centre structural régissant le reste de l'énoncé. L'auxiliaire attributif assure dans le nucléus une fonction structurale ; en cela, il devient un outil grammatical, un verbe vidé de son sens originel, tandis que l'auxilié assure une fonction sémantique par le contenu de l'attribut.

En d'autres termes, l'association être + Adj. Que P est coalescente. Et pour reprendre Onguene (op. cit : 198), le verbe être y apparaît comme pur lien, auxiliaire, instrument de prédication, mot de liaison, unité sans âme propre, mot postiche. Il importe d'observer ce fonctionnement dans les énoncés suivants :

13.a. J'ai été étonné que vous n'accordiez pas plus de place à Darwin (LP11/10/02 :31)

13.b. Je suis persuadé qu'au bout de l'explication nous pourrons prendre congé (LP : 36)

13.d. Tu es sûr que je t'ai demandé ton avis (TSTA : 133)

13.e. Je suis heureux qu'on m'ait donné ainsi ces deux messieurs (LP : 276)

Si l'on supprime l'un des éléments du binôme être + adj, nous obtenons un énoncé agrammatical. Procédons par exemple à l'effacement de l'adjectif qualificatif et observons le résultat.

13.a'. *J'ai été étonné que vous n'accordiez pas plus de place à Darwin

13.b'. *Je suis persuadé qu'au bout de l'explication nous pourrons prendre congé

13.d'. *Tu es sûr que je t'ai demandé ton avis

13.e'. *Je suis heureux qu'on m'ait donné ainsi ces deux messieurs

Le verbe être ne peut pas être dissocié de l'adjectif. Que l'on efface l'adjectif ou le verbe, nous aboutissons au même résultat. En leur appliquant le test de la négation, la portée de la négation se centre non pas sur le verbe seul ou sur l'adjectif exclusivement, mais sur l'ensemble formé par les deux ainsi que le montrent ces deux dérivés :

13.a. Je n''ai pas été étonné que vous n'accordiez pas plus de place à Darwin

13.b. Je ne suis pas persuadé qu'au bout de l'explication nous pourrons prendre congé

13.d. Tu n'es es pas sûr que je t'ai demandé ton avis

13.e. Je ne suis pas heureux qu'on m'ait donné ainsi ces deux messieurs

Ces deux tests montrent que la suite être + Adj. forme un complexe. Les deux forment un noyau indissociable. Si l'on s'y limite, on croirait que la structure attributive est simple. Il n'en est pas ainsi.

Nous constatons que cette considération n'est valable que pour l'attribut du sujet nucléaire, c'est-à-dire celui introduit par être. Elle est adéquate pour les constructions personnelles. Or, ci-dessus, nous avons étudié diverses structures de complétives adjectivales. Le verbe n'est pas toujours être. Il est quelques fois un substitut de la copule être et d'autres fois un VOA. Dès lors, en quittant le paradigme du verbe être pour les autres verbes attributifs, on peut obtenir une analyse différente. Autrement dit, on se demande si les

succédanées du verbe être et les VOA peuvent être dissociés de l'adjectif et s'ils sont aussi des auxiliaires, des unités sans âme.

Contrairement à être qui est neutre sémantiquement, ses substituts sont sémantiquement marqués. Feuillet (1984 :145-146) affirme :

Il n'est pas exact de prétendre que « être » est vide de sens : il est le centre, très peu sémantiquement marqué d'un système d'oppositions axiales [...] L'inconvénient de traiter « être » comme une copule et non comme un verbe « normal » est qu'il faut en ce cas distinguer plusieurs verbes « être » : un verbe absolu (sens exister) ; un verbe adjectal (où être équivaut à se trouver) ; un verbe objectal (commute avec appartenir) et une copule (qui commute avec d'autres copules à valeur prédicatives).

Ainsi, avec ou sans adjectif prédicatif, devenir, paraitre, rester, sembler, passer pour gardent un sème qui les particularise. Par exemple, devenir signifie entrer dans un état ; rester renvoie à la persistance d'un état.

14. a. Il apparaissait inconcevable que Jésus ait eu des frères (Lp18/04/03)

14. b. il ne semblait pas exclu que son mari se représente en 2007 (LP18/04/03 :7)
14. c. Il lui parut impossible que tous ces malheurs ne tombassent pas (SDI ; 154)

Nous pouvons en déduire que V et Adj sont indépendants. Ils ne sont pas soudés comme avec le verbe être. V + Adj serait donc un prédicat complexe dans les énoncés attributifs avec être. On pourrait parler d'unité verbale complexe ou d'adjectif complexe. En d'autres mots, on aimerait savoir lequel de l'adjectif et du verbe a de la prééminence sur l'autre. Quoi qu'il en soit, l'adjectif et le verbe se tiennent. Comme le pense Onguene (2001 :197), être apparait comme un élément de surface en forte cohésion avec un élément au contenu notionnel plus stable. D'où la réécriture transformationniste : GV attrib. ? Cop + {SN, SA, SP}. Par conséquent, il conviendrait de ne plus analyser l'adjectif comme attribut du sujet dans les structures actualisant être. On pourrait intégrer l'adjectif qualificatif au prédicat de la même manière que les SN des locutions verbales telles que avoir faim, faire connaissance, rendre hommage, faire long feu, tenir tête.

Par contre, avec les autres verbes attributifs, la fusion entre les deux est éclatée. L'adjectif peut donc naturellement être analysé comme attribut du sujet ou de l'objet. Dans ce contexte, nous ne saurons parler de prédicat complexe. Nous avons le verbe attributif et l'adjectif qualificatif. Cette répartition opère dans les structures personnelles et dans les structures unipersonnelles. Cette analyse permet donc de revoir la question de la dépendance de la subordonnée adjectivale.

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