L'Influence du numérique sur
les arts martiaux mixtes
Mémoire de recherche écrit par Massyne
Sahel sous encadrement de Matthieu Delalandre
Juin 2022 Master 1 Cultures et
Promotion 2021-2022 Métiers du Web
Remerciements
Je tiens à chaleureusement remercier de nombreux
acteurs tout aussi divers que pertinents, qui ont permis le bon
déroulement, l'enrichissement mais également l'aboutissement de
cet ouvrage universitaire. J'aimerai premièrement remercier, Matthieu
Delalandre en tant que tuteur de recherche, pour son encadrement tout au long
du mémoire mais aussi et surtout pour sa réelle expertise sur les
arts martiaux mixtes, que celui-ci a déjà étudiés
et dont l'ouvrage tient en point d'appui certaines de ses études.
Cet ouvrage universitaire n'aurait jamais vu le jour et
n'aurait été d'aucun intérêt pour la recherche sans
la contribution de nombreux répondants tant sur les enquêtes
qualitatives que sur les enquêtes quantitatives. Je tiens à vous
remercier infiniment pour l'accord de votre temps, de votre expérience,
quelle soit professionnelle, amateure ou encore spectatorielle ainsi que de
l'intérêt que vous avez pu porter pour cette étude.
J'aimerai citer chacun d'entre vous mais celà est malheureusement
compliqué, cependant votre contribution et certains de vos noms (pour
ceux qui ont notamment participé aux études qualitatives) sont
aisément retrouvables au sein des parties constituants cet ouvrage. Je
me permets néanmoins de remercier plus particulièrement Hamza
Allal pour son réel apport au sein de cette étude que cela porte
sur l'exposition numérique ou encore sur la participation à des
dérivés du MMA. Je tiens également à remercier
Ramzan Jembiev, pour son retour d'expérience en tant que professionnel
de MMA propulsé dans sa carrière par les réseaux sociaux
et également, Gregory Bouchelaghem, ancien combattant professionnel du
Pride et Youtubeur à succès qui nous a permis d'en apprendre
davantage sur la popularisation du MMA par le numérique.
Même si ces remerciements paraissent à la fin,
les remerciements du coeur eux, les situent à une place unique, je
souhaite remercier mes parents pour leur soutien infaillible et pour la
motivation qu'ils ont pu me donner pour parvenir à un rendu des plus
qualitatifs, pouvant être évoquant et instructif pour des
spectateurs, des techniciens du MMA tout comme à des non initiés.
Je tiens à remercier une fois de plus mon père et ami, pour son
omniprésence lors de rendus universitaires d'une grande importance ainsi
que de sa disponibilité pour enrichir mes idées, donner son point
de vu ou encore pour me relire.
Enfin, je tiens à remercier toutes celles et ceux qui
liront dans son entièreté ou partiellement cet ouvrage et je me
tiens à disposition (à l'adresse mail
massynesahel@gmail.com) pour
plus d'informations mais aussi pour répondre à certaines
questions que certains d'entre vous pourraient se poser, que ces
dernières portent sur ce mémoire, sur le numérique ou
encore directement sur les arts martiaux mixtes.
2
3
Table des matières
Introduction 4
I - Une évolution progressive et une naissance des
mixed martial arts marquée par la
télévision et le numérique
10
A) Origines historiques et substantielles du MMA
sport-spectacle 10
B) L'émergence du MMA, la résultante d'une
symbiose entre les canaux de diffusions
numériques et télévisuels et la
création de l'UFC 18
C) Débat sur la sportivisation et la diffusion d'un
sport violent : Le cas Français 27
II - Stratégies de diffusions d'un sport
extrême tourné autour du spectacle et du
spectaculaire : le cas UFC 36
A) Une orientation vers le «mainstream» 36
B) Le numérique au service de la starification des
combattants 49
C) Attente et recherche spectatorielle 63
III - Influence du numérique sur les pratiques
sportives du MMA 73
A) Émergence d'organisations amatrices de MMA sur le
web, le cas YFC. Du gazon à
l'Octogone 73
B) La vidéo comme ouverture à
l'accessibilité et à l'apprentissage technique de ce
sport 84
C) Apparition de circuits parallèles et de pratiques
dérivées sur le web 92
Conclusion 104
Bibliographie 106
Annexes 119
4
Introduction
Légalisé seulement en France depuis
février 2020, le MMA acronyme de «Mixed Martial Arts» que nous
pouvons traduire comme «arts martiaux mixtes» est à l'aube
d'un événement historique. Ce sport anciennement appelé
«free-fight» est un sport de combat mêlant une diversité
d'arts martiaux associant des percussions, de la lutte ainsi que du combat au
sol. Le MMA est aujourd'hui considéré comme un véritable
sport-spectacle, de par la technicité et la violence des confrontations
mais aussi de par la scénarisation et l'organisation de ses
événements. La discipline jouit aujourd'hui d'une
popularité toujours plus croissante, que la France illustre parfaitement
bien que celle-ci soit le dernier pays d'Europe à l'avoir
autorisé.
Autrefois jugée trop violente et déshumanisante,
la discipline bénéficie d'une légalisation très
récente mais qui a été suivi d'un développement
d'organisations et d'évènements MMA croissants sur l'Hexagone,
ainsi que d'un essor de diffusions numériques
(télévisuels,web principalement) par les médias
français quasi immédiat suite à cette annonce, laissant
percevoir la popularité déjà existante et en partie
dûe aux contenus numériques étrangers ou amateurs
français qui ont sans nul doute participé à cette
évolution. En 2013, lors d'une audience à l'assemblée
nationale, l'ex député PS des Deux-Sèvres Jean Grellier,
avait déjà indiqué une progression et un
intérêt numérique et sportif des français pour les
arts martiaux mixtes : «Le développement (du MMA) est
exponentiel et suscite un réel engouement, notamment chez les
jeunes»1.
Dana White actuel président de L'Ultimate Fighting
Championship (l'UFC), plus grande organisation d'arts martiaux mixtes au monde
a par ailleurs annoncé, lors de L'UFC Fight Night ayant eu lieu le
samedi 19 mars 2022 à Londres, l'organisation d'un
événement UFC qui aura lieu en France prochainement « On
le souhaite depuis longtemps. C'est un peu comme organiser un combat à
New York. Il y a beaucoup d'excitation, je pense que ça peut être
incroyable. Je suis impatient. Ce serait aussi ma première fois à
Paris, je n'y suis jamais allé. Donc j'ai vraiment hâte. Ce sera
pour quand ? Cette année ! »2 .
1
https://www.cairn.info/revue-corps-2018-1-page-353.htm.
2 P.CHEVRINAIS «MMA. Un événement
UFC organisé en France prochainement ?»
Ouest-france.fr, 20 mars 2022.
5
L'organisation d'un événement UFC à Paris
véritable victoire pour le MMA, n'est pas étonnant bien que sa
légalisation soit très récente car comme l'a
souligné le directeur général de l'UFC Lawrence Epstein
auprès de l'AFP (l'Agence France Presse), les audiences TV et le suivi
sur les réseaux sociaux représente un marché important et
une croissance très rapide « Nous avons bon espoir que 2022
soit l'année où nous organisons un événement UFC en
France, en sachant que le coronavirus a un rôle de joker dans tout ceci.
Mais nous serions heureux de faire une série d'événements
sur une base annuelle en France. Nous avons eu beaucoup de discussions à
ce sujet. C'est un marché important. On le voit à travers nos
audiences TV, notre suivi sur les réseaux sociaux. La croissance est
très rapide ».
L'organisation d'un tel évènement répond
finalement à un engouement et à un intérêt qui se
fait en premier lieu numériquement mais qui suit par la suite par une
popularisation passant par l'organisation d'évènements physiques
en France. Par popularisation, nous entendons ici le fait de croître en
popularité, de gagner en connaissance et en reconnaissance. Ce
schéma de popularisation est un schéma singulier se
caractérisant par une sportivisation fondée initialement sur la
compétition et sur le spectacle d'où l'appellation de
«sport-spectacle». Ces propos illustrent ainsi donc une parfaite
corrélation entre popularisation du sport sur le territoire
français et influence numérique, nous amenant ainsi à nous
questionner sur le processus et les stratégies numériques
permettant cela.
Au-delà même de la France, le MMA compte
aujourd'hui une fanbase de 550 millions de fans dans le monde (Donn
Davis)3 et est devenu selon une étude de Brent et Kraska en
2013, le sport le plus populaire auprès des jeunes
téléspectateurs américains âgés de 17
à 35 ans. Une tranche d'âge qui dans les faits, représente
une population plus connectée, illustrable en parallèle par une
étude du CREDOC concernant le baromètre du numérique en
2021 sur l'hexagone, montrant que l'utilisation d'internet et des vidéos
en ligne chez les 18-24 ans et les 25-39 ans était la plus
développée4.
Le choix de ce sujet d'étude portant sur l'influence du
numérique sur le MMA a été l'aboutissement d'un travail
préliminaire de recherche, de rédaction de questionnements et
de
3 D.DAVIS «PFL Founder Donn Davis: `There Are 550
Million MMA Fans Around the World, the Most Underserved Fan Base',
sporttechie.com, 11 août
2021.
4
https://www.blogdumoderateur.com/barometre-numerique-10-chiffres-cles-2021
6
problématiques sur l'émergence des arts martiaux
et des sports de combats comme «culture pop». Les arts martiaux et
les sports de combat étant tout aussi divers et tout aussi riches de par
leur histoire, leur pratique mais aussi de par leur importance sur l'espace
numérique, une centralisation sur un sport particulier fut donc
nécessaire. Le choix thématique sur les arts martiaux mixtes
s'est ainsi imposé comme «idéal" de par leur récente
démocratisation en France, leur implantation numérique mondiale
et de par leur essor toujours plus grandissant faisant aujourd'hui de ce sport
celui bénéficiant de la croissance la plus rapide au
monde.5
Le cadrage temporel de ce mémoire porte la focale sur
les origines du MMA à la naissance même de ce sport, ainsi que de
son acceptation et de sa popularisation toujours plus croissante. Cet ouvrage
place en son coeur et tire toute son importance sur les stratégies et
méthodes de diffusions ainsi que de la portée des outils
numériques mettant en exergue un véritable sport-spectacle.
Les enjeux inhérents au sujet de l'influence du
numérique sur les arts martiaux mixtes sont d'ordre économique
avec les revenus générés par la discipline et en
particulier par la plus grande organisation sportive de ce sport, l'Ultimate
Fighting Championship. Le sujet porte également des enjeux
socio-numérique, avec la démonstration d'une symbiose entre MMA
et numérique ainsi que d'une influence sur la popularisation et de la
réceptivité de ce sport, de sa sportivisation ainsi que de sa
législation.
Dans cette démarche de recherche, des appuis
fondamentaux précédents cet ouvrage ont été
nécessaires à l'élaboration de ce mémoire, des
appuis rares mais richissimes compte tenu de la nature même des arts
martiaux mixtes relevant d'une évolution technique et
réglementaire complexe ainsi que d'une évolution et d'une
popularisation toujours en pleine mutation. Le peu d'étude portant sur
ce sujet et encore moins portant sur sa corrélation avec le
numérique, est cependant «comblé» par des recherches
ambitieuses et dynamiques portées par des chercheurs de la sociologie et
du sport dont cet ouvrage se nourrit.
Matthieu Delalandre et Céline Collinet dans l'ouvrage
«Le mixed martial arts et les ambiguïtés de sa sportivisation
en France» (2012), font état bien avant sa légitimation sur
l'Hexagone, du processus de sportivisation et de réception de ce sport
par les pouvoirs
5
https://www.thestatszone.com/archive/the-growth-of-the-ufc-ahead-of-the-historic-ufc200-13892
7
publics mais également des institutions
réclamants son encadrement ainsi que son applicabilité
légitime en tant que pratique. Cet ouvrage est donc un réel point
d'appui pour notre mémoire et pour l'étude approfondie des
origines et des questions portant sur la permissivité du MMA sur notre
territoire.
Matthieu Quidu «Le Mixed martial arts, une «atteinte
à la dignité humaine ?» (2019) contribue quant à lui
à l'émission d'hypothèses «susceptible de rendre
compte des fondements sous-tendant de tels jugements
dépréciatifs». Ainsi, l'analyse se porte dans un premier
temps sur les enjeux sociaux-économiques ne relevants pas directement de
la morale puis dans un second temps, sur la réception spectatorielle
d'un sport violent pouvant alors générer un trouble
résultant «d'une expérience affective de dégoût
et de la transgression par la discipline de nombreux tabous
symboliques».
«L'engagement corporel en MMA: entre sportivisation et
mise en spectacle d'une violence instrumentale tolérée»
(2018) de Yann Ramirez met en exergue la centralité de notre ouvrage
portant sur le sport-spectacle associé au numérique, son ouvrage,
démontre par l'établissement et le recensement d'études
empiriques, de l'instrumentalisation de la violence par les organisations du
MMA, une instrumentalisation qui finalement est plus visuelle que
«destructrice» et répond à des attentes spectatorielles
tout en veillant à une certaine intégrité des combattants.
À travers cette étude, nous pouvons saisir les
intérêts stratégiques des organisations de MMA et en
particulier de l'UFC pour un oscillement entre spectacularisation et
sportivisation afin d'une part de garantir de véritables
«show» aux spectateurs et d'autre part d'intégrer «la
vague extrême de la violence instrumentale tolérée».
La recherche expose finalement un sport plus spectaculaire que dangereux avec
un comparatif établit avec d'autres sports de percussions comme la boxe
anglaise ou thaïlandaise qui s'avèrent être plus dangereuses
et «destructrices».
Un second ouvrage plus récent rédigé en
2021 par Yann Ramirez «Dans la cage du MMA. Sociologie d'un sport du XXI
siècle» succédant à la légitimation du MMA en
France, représente un solide appui pour notre ouvrage de par le
traçage des origines de sport-spectacle du MMA et de ses
intérêts économiques ainsi que de ses stratégies
commerciales. Cet ouvrage permet également de comprendre les motivations
et les profils des spectateurs que nous associerons avec l'utilisation directe
du numérique.
8
Enfin, un ouvrage plus général et
centralisé sur le sport-spectacle «Le sport spectacle. Les
coulisses du sport business» (2003) de Michel Pautot motive cette
étude en mettant en exergue l'importance du numérique au travers
notamment de la télévision qui a permis l'octroi d'une place
considérable du sport dans notre société mais aussi dans
notre modèle économique.
Notre ouvrage a pour vocation d'alimenter et de contribuer,
tout comme les études l'ayant précédé, à la
recherche portant sur les arts martiaux mixtes en apportant dans notre
présente étude, une réelle focale sur les
stratégies et méthodes de diffusions numériques de ce
sport et de leur portée socio-économique.
Afin d'apporter matière à cet ouvrage, une
importance capitale est portée sur l'étude de terrain, cette
importance porte en premier lieu sur l'apport de preuves et d'observations
propres au maître d'ouvrage mais aussi sur le sujet en lui-même,
sujet peu étudié et nécessitant ainsi d'autant plus une
approche de terrain.
L'ensemble des terrains proposés au sein de cette
recherche consiste à apporter des éléments explicatifs de
l'influence que le numérique porte sur les arts martiaux mixtes et en
particulier sur sa popularisation. Par «éléments
explicatifs» nous entendons par là les motivations des acteurs
qu'ils soient pratiquants ou non, spectateurs ou organisateurs
d'événements martiaux, mais aussi les outils numériques
utilisés dans l'exergue d'une consommation de ce sport ou encore de son
exposition.
Cette recherche est premièrement nourrie par des
études qualitatives avec divers entretiens répartis en trois
parties distinctes. Dans un premier temps, deux entretiens ont
été réalisés avec des professionnels
français des arts martiaux mixtes, l'un étant avec Gregory
Bouchelaghem plus connu sur les réseaux sociaux sous le nom de
«GregMMA», véritable personnalité publique et Youtuber
de la chaîne Karaté Bushido Officiel (611 000 abonnés) mais
aussi connu comme étant l'un des premiers combattants français de
ce sport quand bien même la pratique de cette discipline était
interdite.
Le second entretien avec un professionnel des arts martiaux
mixtes est cette fois établi avec Ramzan Jembiev jeune combattant de 22
ans comptant plus de 141 000 abonnés sur Instagram et ayant
débuté sa carrière mais aussi sa popularité suite
à un combat et un KO
9
spectaculaire organisé en amateur sur la chaîne
Youtube Ibra Tv (KO qui sera par ailleurs partagé sur les réseaux
sociaux par l'une des plus grandes organisations de MMA, le One Championship
Japon).
La seconde catégorie d'entretien quant à elle se
constitue de quatre pratiquants amateurs de MMA dont la pratique et
l'intensité de cette dernière varie. Les entretiens portent
principalement sur l'usage et l'influence du numérique sur leur
pratique. Parmis ceux-là se trouve un pratiquant ayant
déjà participé plusieurs fois à des combats de MMA
sur la chaîne IbraTv et a déjà planifié un combat en
juin avec la chaîne youtube et l'organisation clandestine «King Of
the Street», chaîne ne faisant pas de MMA mais des combats libres
avec très peu de règles et d'une extrême violence. Cet
entretien sera l'occasion de comprendre la création de circuits
parallèles au MMA qui surenchérissent en violence qui est mise en
exergue par le numérique.
Enfin, la troisième catégorie d'entretien, quant
à elle, s'intéresse à deux spectateurs non pratiquants
d'arts martiaux et consiste à analyser et comprendre les motivations
spectatorielles et l'utilisation des outils numériques autour du
visionnage de ce sport.
Afin de complémenter cette recherche, une étude
quantitative comptant 178 participants a été menée par
l'établissement d'un sondage scindé en deux rubriques, l'une
renvoyant aux pratiquants d'arts martiaux mixtes et une seconde renvoyant aux
non pratiquants. Cette étude consiste tout comme les entretiens
précédents, à comprendre et analyser l'influence du
numérique sur la popularisation des arts martiaux mixtes auprès
de pratiquants de ce sport, de non pratiquants et de manière plus large
auprès des spectateurs.
Enfin une étude de cas et des analyses de traces
viennent enrichir cette étude, l'étude de cas traitée
concerne ici la chaîne Youtube «IbraTv». Notre
intérêt à travers l'exploitation de ce terrain est de
montrer que de célèbres influenceurs et Youtubeurs
initialement suivis pour un contenu totalement différent
comme des caméras cachées
appelées «Prank» ou encore des vidéos
à caractère humoristique, proposent aujourd'hui de créer
des vidéos portant sur le MMA. Ce terrain est d'autant plus important
qu'il nous permettra de comprendre les raisons pouvant amener des Youtubers
à proposer ce genre de contenu à une communauté totalement
étrangère du moins dans sa majorité à ce sport. Il
sera d'autant plus intéressant de voir la réceptivité des
abonnés habitués à des contenus
10
totalement différents appartenants aux divertissements des
plus «standards» à savoir des vidéos pranks,
humoristiques et des caméras cachées. Cette
réceptivité traduira la portée que peuvent avoir des
influenceurs Youtubers sur la diffusion, le partage et la découverte des
arts martiaux mixtes auprès de communautés principalement non
initiées.
Une analyse de trace se portera quant à elle sur la
présence numérique de L'Ultimate Fighting Championship sur
l'ensemble de l'espace numérique ainsi que de ses divers supports.
L'intérêt de nous intéresser à la présence
numérique de l'UFC réside dans l'exploitation de divers outils
numériques par cette organisation lui permettant de créer un
intérêt certain pour les arts martiaux mixtes par le biai de la
retranscription et du partage de son contenu spectaculaire au plus grand nombre
d'individus qu'ils soient initialement passionnés d'arts martiaux mixtes
ou non.
Cette étude souhaitant ainsi mettre en évidence
les contributions du numérique aux arts martiaux mixtes aura pour fil
directeur la problématique suivante : Comment le
numérique a-t-il pu contribuer à la popularisation des mixed
martial arts ?
Notre recherche s'organisera ainsi en trois parties, la
première considérera l'évolution progressive et la
naissance des mixed martial arts marquée par le numérique, la
seconde partie quant à elle traitera les stratégies de diffusions
du MMA tournées autour du spectacle et du spectaculaire avec le cas UFC.
Enfin, la dernière partie abordera l'influence du numérique sur
les pratiques sportives des arts martiaux mixtes.
Partie 1 : Une évolution progressive et une naissance
des mixed martial arts marquée par la télévision et le
numérique.
A) Origines historiques et substantielles du MMA
sport-spectacle.
Avant d'établir les origines et les fondements
mêmes des arts martiaux mixtes il convient de revenir sur sa
définition afin de la rendre plus complète que celle
proposée précédemment,
11
«Les arts martiaux mixtes, souvent
désignés par le sigle anglais MMA (mixed
martial arts), et anciennement appelés combat libre
ou free-fight, est un sport de combat complet,
associant pugilat et lutte au corps à corps. Les deux combattants
peuvent utiliser de nombreuses techniques ; selon les
fédérations, sont autorisées les techniques de percussion
telles que coups de pied, de poing, de genou et de coude, mais aussi les
techniques de corps à corps debout (clinch), de projections et
de soumission (grappling) et quelquefois des techniques
particulières de percussion au sol»6.
Les arts martiaux mixtes tenants ainsi de l'association de
plusieurs arts martiaux et sports de combat, n'ont pas émergés
comme tels mais ont été le fruit d'évolution
socio-historique et politique avant de devenir le sport que nous connaissons
aujourd'hui comme étant le sport de combat le plus complet et avec la
croissance la plus rapide au monde7.
Le MMA tel que nous le connaissons, revendique historiquement
l'héritage du pancrace antique, sport dont l'association du mot
«pan» (tout) et de «kratos»(force) signifie «Tout est
permis en force»8, comme son sens l'indique, tous les coups
étaient permis à l'exception de crever les yeux et de mordre son
adversaire. Ce sport antique s'est vu introduire aux jeux olympiques en 648 av.
J-C, à la différence des arts martiaux mixtes modernes, il n'y
avait pas de limite de temps, ainsi, le seul moyen de départager les
adversaires était lorsqu'un adversaire se soumettait par un signe de la
main ou encore lorsque l'un d'eux était inconscient. Le pancrace
représentait également un excellent entraînement militaire
et les techniques prohibées et énoncées
précédemment pouvaient être autorisées chez les
Spartiates. Véritable sport-spectacle, de par la variété
techniques (que nous pouvons retrouver dans le MMA) et la violence
spectatoriellement désirée, le pancrace antique véhiculait
l'idée d'un «combat à mort» entre deux hommes de
qualités sportives exceptionnelles mais aussi une forme «d'offrande
cathartique visant à purifier le monde de la violence
immanente».9
Les rencontres sportives avaient lieu dans une arène et
l'arbitre était muni d'un fouet ainsi que d'un bâton afin de
veiller au respect des interdits. Le pancrace était si spectaculaire
et
6
https://fr.wikipedia.org/wiki/Arts_martiaux_mixtes
7
https://www.thestatszone.com/archive/the-growth-of-the-ufc-ahead-of-the-historic-ufc200-13892
8 Y.HOMANT «Jeux antiques :
Lutte, pugilat et pancrace»,
herodote.net, Le Média de
l'Histoire, 27 juillet 2021.
9 Y.RAMIREZ «Dans la cage du
MMA, sociologie d'un sport du XXIe siècle». 2021, p30.
12
populaire que des mythes et légendes que nous pourrions
associer à la starification des combattants de MMA prennaient vie. De
nombreux pancratiastes (athlètes pratiquants le pancrace) étaient
socialement établis comme héro, comme Dioxippos ou encore
Polydamas de Scotoussa champion olympique de la discipline en -408 av JC et
dont la légende associe ses exploits à ceux
d'Héraclès faisant ainsi de cette épreuve, le sport
préféré des spectateurs de l'antiquité. (Stella
Nenova)
La popularité de ce sport ainsi que de sa
diversité technique était telle, que Alexandre Le Grand cherchait
à recruter ces athlètes dont l'habileté au combat sans
arme était légendaire10.
Outre une diversité technique s'approchant grandement
de celle des arts martiaux mixtes, des références historiques
lors de l'organisation de combat de mixed martial arts ont lieu, en faisant
notamment référence à la gladiature et au munera qui ont
repris de nombreuses disciplines provenants de la Grèce Antique dont le
pancrace et qui répondaient déjà à une ambition
d'exposition spectatorielle d'une discipline extrême. (Yann Ramirez)
Ces références anhistoriques
s'établissent dans l'intérêt de légitimer la
pratique des arts martiaux mixtes mais aussi sa diffusion et sa promotion
spectaculaire rappelant non sans moindre, les combats de fiers et braves
guerriers gladiateurs adulés par une foule de spectateurs. Le MMA a donc
réellement puisé dans ces références afin de
construire et de renforcer un système de sport-spectacle. Les
éditions de L'Ultimate Fighting Championship étaient par ailleurs
retransmises jusqu'en 2012, avec à leur début une introduction
vidéo exposant un gladiateur accompagné d'une musique solennelle,
se préparant au combat en s'équipant de son plastron, de son
bouclier ainsi que d'un glaive puis, entrant dans la lumière de
l'arène.
L'organisation en elle-même des programmes des combats
ainsi que des entrées n'est pas sans rappeler les oppositions
journalières des gladiateurs, des moins expérimentés et
moins renommés aux plus populaires d'entre eux. Il en est de même
pour les entrées des athlètes marquants une continuité
solennelle entre l'arène et la cage octogonale, sublimée par
l'applaudissement des spectateurs et l'accompagnement de musique.
10 S.NENOVA «Pancrace»,
worldhistory.org, 9 février
2016.
13
La première ligue française de MMA la ARES
Fighting Championship créée en 2019 par Fernand Lopez tire par
ailleurs directement son nom de la mythologie grecque et de la
référence à Arès, dieu de la guerre.
Comme nous avons pu le voir, il existe une certaine filiation
historique et sportive entre le pancrace antique et les arts martiaux mixtes
contemporains dûe notamment à certains points communs dans la
diversité technique s'exprimant par le mélange de percussion, de
lutte ainsi que de combat au sol. Concernant l'aspect spectacle que nous
connaissons aujourd'hui du MMA, celui-ci a en partie exposé des
références aux muneras (combats de gladiateurs) qui eux
même ont repris le pancrace antique dans leurs pratiques. La reprise
anhistorique de la gladiature dans le MMA répond à des
justifications de légitimité de pratique d'un sport extrême
mais répond aussi à une forme scryptée de
spectacularisation, avec les spectateurs autour des combattants et les
combattants s'affrontants dans l'arène représentée de
manière contemporaine par la cage octogonale.
Les arts martiaux mixtes bien qu'ayant une filiation avec le
pancrace antique, tiennent véritablement racine de pratiques de combat
datant de la fin du XIXe et du début du XXe siècle ainsi que de
leur association. Le MMA doit en grande partie ses racines au Jiu-jitsu
Brésilien, sport associant lui aussi plusieurs arts martiaux dont le
Judo et le Jiu-jitsu japonais. Le fruit de cette association résulte de
Mitsuyo Maeda dont la tâche était de montrer la
supériorité du judo dans le monde11 et de le
promouvoir. Cependant Maeda s'émancipait des règles de Jigoro
Kano, fondateur du judo et de l'école Kodokan, en ayant notamment
recours davantage à des techniques de jiu-jitsu face à des
opposants plus lourds et plus puissants comme face des boxeurs ou des lutteurs
américains. (Ramirez 2020)
En 1914, le japonais s'installant au Brésil,
reçu le soutien d'un brésilien influent et homme d'affaires,
Gastao Gracie, et enseignera ensuite son savoir martial au fils
aîné du brésilien, Carlos. Cet échange de
procédés amènera à une transmission du savoir car
par la suite, Carlos Gracie enseignera à ses frères dont Helio
Gracie, qui par nature chétif, focalisera et développera un
éventail technique au sol, ce qui donnera naissance au «JJB»
plus
11 tâche que Jigoro Kano fondateur de
l'école Kodokan et du Judo, dont la volonté était de
s'émanciper des techniques mortelles du ju-jitsu a confié
à son élève ainsi qu'à d'autres judokas qu'il
envoie à travers le monde.
14
communément appellé Jiu-jitsu brésilien.
«Cette hybridation se produit originellement à partir d'un
échange de services entre deux individus provenants de cultures
différentes»12.
Si nous avons évoqué, les origines du jiu jitsu
brésilien et de son héritage aux arts martiaux mixtes, cela est
en lien direct avec le rôle que la famille Gracie jouera dans le
sport-spectacle et dans les origines les plus profondes du MMA.
La famille Gracie est également à partir des
années 1920, responsable du développement d'une forme de combat
hybride intitulé Vale Tudo autrement dit «tout vaut» en
portugais et qui sera l'ancêtre le plus proche des arts martiaux mixtes
contemporains. Ce sport s'est vu naître suite à l'impulsion de la
famille Gracie avec l'organisation de «Gracie Challenge», qui
étaient des défis martiaux sur invitation ouverte et qui
étaient adressés à tous les combattants, de tous styles et
sports/arts martiaux confondus. L'intérêt de l'organisation d'un
tel challenge était de prouver l'efficacité ainsi que la
supériorité du propre art de la famille, le Gracie
Jiu-Jitsu13.
Les rencontres n'avaient que peu de règles et
rappellent fort bien le pancrace antique que nous mentionnons
précédemment dans cet ouvrage, de par la signification du nom de
ces sports (dont le mot signifie tout est permis en force et tout est permis)
mais aussi de par leurs règles, le Vale Tudo n'avait comme interdit que
l'interdiction de mordre et de crever les yeux et s'exerçait sans
protection ni limite de temps.
Le Vale Tudo était à l'origine un réel
affrontement interstyle et centré sur les performances sportives au
détriment parfois d'un côté spectacle «pur», la
durée des combats allant parfois jusqu'à plusieurs heures pouvait
en effet entraîner un sentiment de lassitude chez les spectateurs.
Cette forme de combat hybride est néanmoins rapidement
devenu populaire au Brésil et dans «les cirques»14
brésiliens dès 1920 loin encore de toute numérisation. La
violence et la diversité des profils que cela soit sur le style martial,
le poids ou encore la taille attiraient et
12 Y. RAMIREZ «Dans La Cage Du MMA, sociologie
d'un sport du XXIe siècle», 2021, p33.
13 Il s'agit ici d'une seconde appellation du JJB mais
qui contient dans son nom, l'influence que la famille Gracie a porté sur
la discipline.
14 Terme devenu populaire en 1959 afin de
décrire les combats présents dans l'émission de
télévision Herois Do Ringue
15
intriguaient les spectateurs par l'existence parfois de
réel déséquilibre au combat(il n'y avait aucune
catégorie de poids). Des traces écrites de ces combats subsistent
et approuvent la popularité des affrontements inter-style avec notamment
un article du Japanese-American Courier datant du 4 octobre 192815
relatant l'affrontement entre un bahianais «aux dimensions
monstrueuses» opposé à un lutteur japonais de «petite
taille» remportant le combat par l'utilisation d'une prise de Jiu Jitsu.
L'article par ailleurs, mentionnera l'intérêt spectatoriel du
combat par non pas la célébrité des combattants, mais par
l'utilisation de styles différents, la capoiera brésilienne pour
le bahianais et le Jiu Jitsu pour le japonais.
C'est au cours des années 1950, que le Vale Tudo se
développe et gagne en popularité par de toutes premières
diffusions télévisuelles suscitant la curiosité mais aussi
l'engouement pour un contenu aussi spectaculaire dans sa violence et dans ses
oppositions. C'est sur l'un des principaux réseaux de
télévision brésilien de l'époque, la TV
Continental16 que l'émission de télévision
«Heróis do Ringue» que nous pouvons traduire comme
«Héros de l'anneau» présentait des oppositions
interstyles chaque lundi et cela pendant deux ans. Les animateurs et les
organisateurs de l'émission comptaient par ailleurs des membres de la
famille Gracie dont notamment Carlos Gracie.
La télévision permettait la diffusion et le
partage de cette forme de combat hybride au plus grand nombre mais aussi
à des non initiés dont la critique de ces pratiques s'est
avérée importante. Ce fut le cas lors de l'organisation d'un
grand combat au Maracanazinho dont la capacité d'accueil et les
infrastructures véhiculent au Vale Tudo une stature de géant et
une forme de légitimité de diffusion et de médiatisation.
Le combat opposait Jão Alberto, pratiquant du Gracie Jiu Jitsu
(élève de Helio Gracie) face à Soares Vinagre pratiquant
de lutte.
Lors de cette confrontation, Jão Alberto effectue une
prise de soumission à son adversaire qui tente de résister et
finit par se faire une fracture apparente au bras. Cette scène exposant
en direct et en heure de grande écoute (22h), la fracture apparente de
Soares Vinagre se tordant de douleur, a choqué la presse, le public
présent au Maracanazinho ainsi que des milliers de spectateurs de la
«Heróis do Ringue». C'est à partir de cet
événement que le programme a
15
https://web.archive.org/web/20071015153406/http://www.time.com/time/magazine/article/0,9171,928
081,00.html
16
https://www.museudatv.com.br/programas/herois-dos-ringues/
16
reçu de vives critiques sur l'aspect
déshumanisant et de «cirque» de son contenu, réclamant
ainsi son interdiction. Le programme ayant par la suite perdu tous ses sponsors
a été retiré des canaux de diffusions
télévisuels. (Marcelo Alonso 2009)
Cet exemple nous montre bien l'influence des canaux de
diffusions télévisuels et numériques à asservir ou
desservir la popularité d'une pratique encore plus lorsque celle-ci est
extrême et violente. Ce qui justifie et conforte l'intérêt
de cette étude de porter focal sur l'influence du numérique
concernant les arts martiaux mixtes qui ont déjà vu leur
ancêtre subir de diverses influences et notamment par les retransmissions
télévisuelles.
Le Vale-Tudo avait la particularité de
représenter un réel affrontement interstyle au détriment
quand bien même l'offre d'un spectacle de violence extrême
était offert, de ne pas établir de limite de temps ce qui pouvait
rendre les combats réellement longs et amener à un sentiment de
lassitude ou à une diminution d'audience au fil du combat. Ainsi,
l'organisation des combats laissaient une prédominance à la
performance physique face à l'intérêt purement
spectatoriel.
Le combat le plus long de l'histoire du free fight et du
Vale-Tudo sera par ailleurs celui opposant Hélio Gracie fondateur du Jiu
Jitsu Brésilien faisant 65kg17, face à son ancien
disciple Waldemar Santana pesant 95kg. Le combat ayant eu lieu en 1955, dura 3
heures et 45 minutes et termina sur une défaite de Hélio Gracie.
Ce combat bien plus qu'un spectacle, représentait la
supériorité d'un style martial ou encore d'une école. La
défaite de Gracie face à Santana, amènera de nombreux
élèves du fondateur de Jiu Jitsu Brésilien à
rejoindre la nouvelle école de Waldemar Santana lui-même ancien
disciple du vaincu.18
Comme nous le mentionnons précédemment, cette
défaite n'était pas la simple résultante d'un spectacle
violent ou d'une performance physique mais d'un réel affrontement
martial englobant tradition, enseignement et honneur. L'honneur, ainsi que
l'héritage martial de la famille Gracie étant en jeu, Carlson
Gracie (neveu d'Hélio) décida de venger son aîné au
cours d'un combat se déroulant à Maracanazinho en 1956, devant 25
000 personnes et dont il sortira vainqueur.19
17
http://www.jujutsu.wikibis.com/combat_libre.php
18 Y.RAMIREZ «Dans la cage du MMA - sociologie
d'un sport du XXIe siècle" 2021, p35
19
http://www.carlsongraciecolumbus.com/m-aboutbjj.html
17
Les arts martiaux mixtes modernes tiennent également
comme ancêtre qui les influencera, le Shoot wrestling, terme
désignant et regroupant divers systèmes de combats hybrides
nés à la fin des années 1970 au Japon et se rapprochant
grandement des spectacles et scénarios des organisations de catch
japonaises. Sous son appellation, le Shoot Wrestling regroupe notamment de
célèbres et populaires disciplines des années 80's comme
le «Pancrase», la RINGS submission fighting, le Shoot Boxing, le
Shootfighting mais plus populaire encore le Shooto20.
L'évocation de cette discipline est fondamentale pour comprendre
l'avènement concret du MMA comme sport spectacle et plus seulement comme
simple opposition interstyle.
La particularité du Shoot wrestling réside dans
l'exécution des techniques qui sont réellement portées
mais aussi et surtout dans l'issue du combat qui est connue à l'avance
et qui suit ainsi une trame scénarisée lors de son
déroulement. La diversité et la mixité des techniques est
une partie intégrante à cette discipline semblable au MMA, avec
notamment la combinaison de lutte, de sambo, de clés de soumission,
d'étranglement et de boxe pieds/poings. Le Shoot Wrestling incarnait le
véritable sport-spectacle avec des shows très
médiatisés, pour exemple, en 1976, Muhammad Ali légende de
la boxe anglaise et à son apogée21, a combattu le 25
Juin 1976 à Tokyo, le lutteur japonais Antonio Inoki, permettant ainsi,
la rencontre entre deux disciplines jouissant d'une grande popularité et
d'un grand intérêt spectatoriel.
La discipline a évolué et a été
propulsée par Satoru Sayama, qui souhaitait à la
différence du Vale-Tudo plus accès sur la
compétitivité, associer trois éléments,
l'intensité, la compétitivité et le spectacle de catch.
(Yann Ramirez, 2020)
Cette volonté d'associer ces éléments
résulte dans la nécessité de tenir le spectateur en
haleine, de maintenir l'excitation, la performance et l'enjeu sportif tout en
offrant un spectacle d'un esthétisme impressionnant. Cette
volonté sera réellement appliquée par la création
du Shooto, organisation de sports de combat et d'arts martiaux mixtes
fondée par Satoru Sayama en 1986. Le Shooto s'inscrit dans la
modernisation du combat libre avec l'adoption précoce seulement trois
ans après sa création, de règles strictes et de
l'institution
20
https://fr-academic.com/dic.nsf/frwiki/1536922
21 Muhammad Ali aura une période
d'activité intense avec quatre combats par an, et sortira tout juste de
son combat le plus intense l'opposant à Joe Frazier le 1er Octobre
1975.
18
de différentes catégories de niveaux, allant de
la Class D,C,C+ pour les amateurs jusqu'à la Class B et A pour les
professionnels. L'organisation japonaise est considérée comme
l'une des premières véritable compétition d'arts martiaux
mixtes avec l'organisation en 1989, de son premier combat professionnel.
Les règles inscrites s'apparentent grandement aux
règles des arts martiaux mixtes modernes avec le port de gants,
l'interdiction des morsures, des coups de tête et l'interdiction des
coups de pied et de genou portés à la tête d'un adversaire
sol.
Ce développement historique et substantiel des arts
martiaux mixtes et d'un grand nécessaire, afin de comprendre et de
saisir les échanges politiques,culturels et sportifs qui ont aujourd'hui
façonnés le sport de combat avec la plus grande diversité
technique mais aussi avec l'un des plus grands intérêts
spectatoriels. Cette diversité culturelle remontant les origines du MMA,
peut également nous inciter à nous demander si cela n'est pas
également une composante du succès de ce sport à ce
jour.
Les arts martiaux mixtes modernes ayant subit de nombreuses
influences tant dans leur pratique que dans leur représentation et dans
leur transmission, doivent également grandement à la
télévision et au numérique ainsi qu'à l'Ultimate
Fighting Championship qui ont contribué de façons successives,
à l'émergence d'un sport autrefois perçu et
qualifié de «sous-culture urbaine».
B) L'émergence du MMA, la résultante d'une
symbiose entre les canaux de diffusions numériques et
télévisuels et la création de l'UFC.
Bien que des organisations d'arts martiaux mixtes aient
précédé l'UFC comme le Shooto, la naissance du MMA moderne
est souvent attribuée à L'Ultimate Fighting Championship qui a eu
pour réel rôle de dévoiler et d'exposer au public ce sport
autrefois majoritairement méconnu. Cette attribution s'explique
également par les origines que tire le MMA dans le Vale-Tudo dont la
famille Gracie en est la principale représentante et créera avec
d'autres associés, l'Ultimate Fighting Championship. L'UFC n'est pas
devenue instantanément la plus grande organisation d'arts martiaux
mixtes que nous connaissons aujourd'hui, cette dernière a
19
subi de nombreuses évolutions tout comme le MMA moderne
et le tout sous l'impulsion du numérique.
Avant de démontrer une quelconque symbiose et un
avènement du MMA, il convient de définir et de qualifier ce
qu'est L'Ultimate Fighting Championship. L'UFC créée en Novembre
1993 par R.Gracie, J.Milius, C.McLaren, A.Davie, B. Meyrowitz, D. Isaacs est
une organisation américaine, la plus grande organisation au monde d'arts
martiaux mixtes (MMA). Historiquement, l'UFC ou du moins son origine,
débute dans les années 90 avec l'organisation d'une rencontre
à élimination directe entre 8 combattants issus de
différents styles martiaux afin d'en décider lequel était
le meilleur, rejoignant ainsi la continuité du Vale-Tudo que nous
évoquions précédemment ainsi que de l'ascension de la
famille Gracie encore présente dans la phase évolutive du MMA.
Art Davie, promoteur de kick boxing à l'origine de ce
projet, propose à Rorion Gracie prometteur du jiu-jitsu brésilien
et fils du créateur de ce sport de se joindre à lui. Art Davie
fait de même avec le cinéaste John Milius afin d'organiser cet
événement. L'association en elle même d'un promoteur de
kick boxing à un promoteur de Jiu-jitsu brésilien signe un
échange martial jamais vu entre une discipline pied-poing et une
discipline de sol assurant un rendu spectaculaire d'autant plus que John Milius
cinéaste, se joint à eux pour superviser la rencontre et
subjuguer le côté spectaculaire. L'association de ces acteurs
marque ainsi un début symbiotique entre le sport et le spectacle et plus
particulièrement entre le combat libre et la télévision.
Nous ne pouvons encore à cette époque qualifier de
«MMA» les oppositions qui renvoient aujourd'hui le terme à un
sport codifié et socialement ainsi que sportivement accepté, les
toutes premières rencontres UFC précédents les
règles unifiées sont donc ainsi qualifiées de «combat
libre».
Initialement, le tournoi s'intitulait «War of the Worlds"
et présentait des combattants de tout style martial sans classement par
catégorie de poids. Ce type de confrontation prenait le terme
américain de «No Holds barred»22 et
présentait tout bonnement les caractéristiques d'une exportation
du Vale Tudo brésilien et plus particulièrement du «Gracie
Challenge» sur le continent nord américain. La rencontre unique et
spectaculaire de ces combattants dont la brutalité était mise en
avant assurait un véritable show mais il ne manquait qu'un canal de
22 Le terme No Holds Barred est un terme
américain signifiant «Tous les coups sont permis». La
désignation des confrontations de «MMA» n'était donc
encore pas présente.
20
diffusion, c'est ainsi qu'en 1993, Art Davie signe avec le
diffuseur Semaphore Entertainment Group (SEG) pour permettre cette rencontre.
Le diffuseur va par ailleurs changer le nom du tournoi en «The Ultimate
Fighting Championship» et créer l'octogone, célèbre
surface de combat octogonale bordée de grillages. Le premier gala,
»L'UFC 1» a lieu le 12 novembre 1993 au McNichols Sports Arena de
Denver dans le Colorado et est un énorme succès
télévisuel ce qui incitera la SEG à développer le
concept et à créer une franchise.
Le succès de ce premier UFC est fondamentalement
important à décrypter afin de saisir l'enjeu de cette
étude et de la corrélation entre numérique ainsi
qu'évolution et popularisation du MMA.
Le premier événement UFC nommé «UFC
1 : The Beginning», s'est déroulé sous la forme d'un tournoi
comportant huit participants et ne comptant aucune catégorie de poids et
aucune limite de temps, seules les interdictions de porter les doigts aux yeux
et de morsures étaient présentes. La victoire se remportait par
soumission ou par knockout23. Le vainqueur de ce tournoi sera par
ailleurs un membre de la famille Gracie, Royce qui marquera par cette victoire
l'avènement du jiu-jitsu brésilien, du combat au sol, et de
manière plus général du combat libre. L'UFC 1 a
révolutionné le monde du combat et cela notamment par son
organisation et par sa promotion résultante d'une symbiose entre
représentants de sports d'arts martiaux et de sports de combat avec des
représentants du monde audio-visuel. Ainsi, les
téléspectateurs pour la grande majorité néophyte de
ce genre d'affrontement, se voyait proposer des affrontements interstyle avec
une diversité de combattants tant par le poids, l'origine ethnique et
par la discipline, s'affrontants dans un Octogone, conférant ainsi la
représentation des confrontations à celles d'un Fight Club mais
le tout retransmis télévisuellement.
Outre la performance physique des combattants que nous
pouvions retrouver dans le Vale-Tudo au Brésil, les confrontations
étaient orchestrées dans l'intérêt non pas seulement
d'observer la supériorité d'un style martial mais
également de maintenir et de susciter l'intérêt
spectatoriel des néophytes face à la discipline. C'est ainsi que
l'UFC apparaît et se distingue au fil du temps de ses
prédécesseurs.
23 le terme «Knockout» désigne la
mise hors combat d'un combattant suite à un coup porté par
l'adversaire, l'invalidant ainsi temporairement de ses capacités.
21
Cet avènement et cette révolution dans le monde
du combat libre tient en acteur essentiel le rôle de John Milius,
cinéaste et réalisateur du célèbre film «Conan
le Barbare» qui sera en tant que directeur créatif à
l'origine de la mise en place de la très célèbre cage
octogonale grillagée devenue aujourd'hui une marque
déposée, évitant les chutes hors de la surface de combat
tout en maintenant une pression combative ainsi qu'une représentation de
gladiature hors pair. John Milius apportera également
crédibilité et expertise en matière de concepts et de
valeurs de production. Cet appui du cinéaste et de sa réputation,
a ainsi favorisé les investissements dans l'UFC dont le nombre
d'investisseurs était de vingt-huit24 lors du premier
événement organisé.
La violence des combats, la grande limitation de règle
et les stratégies de mise en scène de l'événement
marque ainsi les débuts de l'UFC comme organisation de combat libre (qui
sera par la suite la première organisation d'arts martiaux mixtes au
monde) mais également de véritable «combat-spectacle»
qui fera le fort de son succès. Rappelons que nous ne pouvons encore
parler de «sport-spectacle» du fait d'un manque de formalisation de
réglementation précise.
La télévision sera finalement le fer de lance de
la retranscription d'un réel événement combat-spectacle et
qui permettra par son canal de diffusion de faire découvrir et de
partager les oppositions interstyles au plus grand nombre, connaisseurs comme
néophytes, pratiquants de sports de combat comme simples spectateurs.
L'intérêt de la télévision qu'elle soit
numérique ou non pour ce genre d'évènement, résulte
dans sa force d'attractivité et de son pouvoir de diffusion, ainsi un
individu souhaitant assister à cet évènement par simple
curiosité sera plus susceptible de consommer en premier lieu cet
événement de manière numérique plutôt que de
manière physique, qui dans les faits engendrera des frais
supplémentaires et une nécessité de déplacement.
La stratégie de diffusion de L'UFC 1 représente
pleinement les motivations et les intentions long termistes de l'organisation
de s'inscrire comme la première dans les arts martiaux mixtes. Pour
cela, la diffusion de son contenu passe par l'établissement d'un
système de
24
Boxinginsider.com «The
Octagon, A Man Named Milius, and His Imprint on the UFC», 15
février 2011.
22
pay-per-view que nous pouvons traduire comme
"télévision à la carte» ou encore par «paiement
à la séance». Ce système de diffusion comme son nom
l'indique permet aux spectateurs, plutôt que de souscrire à un
abonnement ou de se rendre sur les lieux de l'événement,
d'acheter directement la séance retransmise en direct. Ce
procédé était utilisé dès les années
1950 et plus particulièrement dans la boxe anglaise qui jouit
également d'une popularité historique et actuelle
indiscutable.
Durant l'UFC 1, le choix du pay-per-view semble être
moteur et prédicateur d'un succès certain, pour preuve, les
spectateurs étaient près de 780025 à
l'Aréna sportif McNichols et le nombre de pay-per-view acheté
était de 86 00026. À ce jour, le pay-per-view reste un
système de diffusion numérique privilégié par
l'UFC. En plus du pay-per-view, l'événement a attiré de
nouveaux publics par le biais des magasins de location de vidéos tels
que Blockbuster Video27.
La télévision ne peut évidemment pas
à elle seule créer une audience même si elle a cette
capacité à rechercher et à toucher des publics
«profanes». L'organisation de l'UFC 1 l'a bien compris d'une part par
l'exposition d'une violence spectaculaire nouvelle aux yeux des spectateurs et
d'autre part par les stratégies de mise en scène
évoquées précédemment mais également aussi
par les tensions et le suspens des rencontres atypiques ne comptant pas de
catégorie de poids.
Toutefois, le succès de l'évènement est
également dû à la qualité de l'équipe de
commentateurs pour le pay-per-view, principalements constitués de
célébrités comme Bill Wallace, Kathy Long,
célébrités issus des arts martiaux et des sports de combat
mais aussi de Brian Kilmeade à ce jour commentateur politique pour Fox
News et enfin Jim Brown, ancien joueur de football américain et
considéré comme l'un des plus grands joueurs de l'histoire de la
NFL28.
L'intérêt pour les affrontements interstyle et la
portée de la télévision sur les spectateurs notamment via
le pay-per-view ne fut que croissant avec à partir de l'UFC 2
près de 300 000
25
https://www.tapology.com/fightcenter/events/ufc-1-the-beginning
26
https://www.ufc-fr.com/evenement-147.html
27 Snowden, Jonathan (12 November 2020). "UFC 1, 25
Years Later: The Story Behind the Event That Started an Industry". Bleacher
Report. WarnerMedia.
28 "Joe Montana, Jim Brown on Hall of Fame 50th
Anniversary Team".
NFL.com. July 29, 2013.
23
pay-per-view vendus.29
Bien que comme nous avons pu le voir, le combat libre alors
véritable combat-spectacle a pu grâce à la
télévision et à l'UFC, émerger et susciter un grand
intérêt spectatoriel auprès des spectateurs, ce dernier a
également subi les attentes mais aussi les critiques qui sont propres
à la capacité des canaux de diffusions (analogiques et
numériques) de toucher un public large mais également plus
exigeant sur le contenu télévisuel «la
télévision touche un public constitué d'une
majorité de téléspectateurs occasionnels qui ont peu de
connaissances techniques sur l'activité»30. La
méthode de diffusion par pay-per-view qui a fait découvrir l'UFC
à ses débuts ainsi que les affrontements interstyles a
également et paradoxalement souligné les faiblesses de
l'organisation et des rencontres et celà sur divers points.
Premièrement, les différences de poids et
l'absence de catégories qui initialement suscitaient la curiosité
et l'intérêt des spectateurs ont finalement parues comme une
réelle problématique. En effet, l'organisation des rencontres ne
répond plus à la nécessité d'équilibrage
composante caractéristique de la compétition (M.Delalandre,
M.Quidu 2015), l'absence de limite de temps et d'arbitre a également
était un point problématique soulevé par les spectateurs
et cela notamment à travers la consommation télévisuelle
des événements (Pay-per-view).
Les succès de Royce Gracie, notamment durant l'UFC 1
dont il a été vainqueur, ont prouvé l'importance et les
qualités du combat au sol, motivant ainsi l'ensemble des combattants
à s'entraîner au combat au sol, ce qui, par cause à effet a
amené à des combats plus longs et jugés moins
intéressants car allant de plus en plus à un match nul
plutôt qu'aux KO tant appréciés des spectateurs. Cette
problématique concerna également directement la Semaphore
Entertainment Group qui voyait la durée de l'événement
dépasser celle prévue par la chaîne responsable de la
retransmission du pay-per-view.
Les attentes spectatorielles et les «normes»
télévisuelles ont ainsi remis en cause les questions
organisationnelles de l'UFC ce qui motivera progressivement l'évolution
du combat libre en «MMA» et en son avènement. C'est donc ainsi
qu'en 1995, la SEG institua
29
https://www.ufc-fr.com/evenement-148.html
30 M.DELALANDRE & M.QUIDU «Vocabulaire de
philosophie du sport», 2015
une limite de temps de trente minutes mais aussi la
présence de juges afin de donner issue aux combats à la fin de la
limite de temps fixée.31
La télévision a également par sa
possibilité de retransmission, mit en exergue une violence extrême
qui était le fer de lance de l'UFC. Cette violence exprimée et
retransmise n'a pas tardé à y trouver des opposants se dressant
d'une part face à l'UFC et d'autre part face au combat libre. La
stratégie marketing articulée autour de l'absence de
règles, de la brutalité des combats et des blessures des
combattants a été payante dans les tous débuts de l'UFC,
lui permettant de s'attirer un public mais également l'attention des
médias, cependant sa popularité grandissante l'a naturellement
confronté à des discussions ainsi qu'à des débats
sur sa légitimation. Il était en effet difficile de
négliger ou de ne pas voir la violence mise en exergue et cela à
la simple vue des affichages des premiers événements.
24
Les nombreuses vagues de critiques ont tout d'abord
commencées en Amérique du Nord et plus particulièrement
aux Etats-Unis durant la fin des années 1990, (Heilbron, Van Bottenburg,
2006) avec la comparaison du sénateur McCain qui compara en 1996, le
combat libre à des combats de coqs33, l'installation de
l'octogone ne fut qu'argument pour supporter ces dires.
31 D.WALTER Mixed Martial Arts : «Ultimate Sport
or Ultimately illegal ? A Bief History Of Mixed Martial Arts», 2003.
32 Affiche de l'UFC 2, mettant en avant le
caractère violent et sans règles des rencontres
33 Abramzon, Modzelewski,2011
25
McCain et le sénateur républicain Ben
Nighthorse-Campbell écrivirent une lettre aux gouverneurs des
États américains dont laquelle ils présentent les combats
de l'UFC comme «un sport sanglant brutal et répugnant» et
soutiennent leur interdiction sur le territoire américain34.
S'ensuit une interdiction progressive dans une majorité d'état et
des problématiques d'organisations des événements UFC qui
se voient déplacés en fonction de la légitimation,
d'état en état. De plus, les outils télévisuels et
plus particulièrement le pay-per-view qui a lancé la
première phase de popularisation du combat libre se voit suspendu.
Ces divers éléments ont mis l'UFC au bord de la
faillite avec notamment le retrait des distributeurs Time Warner et TCI en
1997, nécessitant ainsi une réponse rapide aux interdits et aux
problématiques éthiques que représentent l'organisation
des combats UFC. C'est ainsi que dès l'UFC 18, en 1999, le terme
«de mixed martial arts» autrement dit «arts martiaux
mixtes» ou encore l'acronyme de «MMA», est utilisé pour
la première fois par Jeff Blatnick commentateur télé et
membre de la commission de l'UFC (Yann Ramirez, 2021).
Celui-ci, invita les spectateurs «à une petite
révolution sémantique»35 en prônant la
différence entre les arts martiaux mixtes et le no holds barred
renvoyant par son appellation à des combats très violents et
très peu réglementés, caractéristiques des combats
libres. «Ne vous référez plus au no holds barred, ce sont
des arts martiaux mixtes36». Cette nuance, amènera
progressivement à l'avènement du MMA moderne de par son gain en
légitimité mais aussi en popularité.
Cet avènement ainsi que la qualification d'arts
martiaux mixtes (MMA) que nous connaissons si célèbre
aujourd'hui, a été la résultante d'une réelle
évolution réglementaire mais aussi de perspective spectatorielle.
Comme nous le savons, la violence et les confrontations
«musclées» le tout retransmis télévisuellement,
ont fait le succès de l'UFC à ses débuts mais ont
également paradoxalement presque causé sa perte du fait de sa
popularité croissante et des débats portants sur l'éthique
du combat libre. C'est ainsi, que l'appellation d'arts martiaux mixtes
constitua les réels débuts de l'avènement de ce sport et
se généralisera
34 John McCain Breaks Up a Fight, The senator says
extreme fighting should be banned. You got a problem with that ? Eddie Goldman
does. A.Silverman, 1998
35 Y.RAMIREZ «Dans la cage du MMA, sociologie
d'un sport du XXIe siècle» 2021, p39.
36 D.MELTZER «Whenever you hear the term mixed
martial arts, you should think Jeff Blatnik», MMA Fighting 2012.
26
mondialement dans les années 2000 37. S'en
est suivi, la création de règles unifiées portées
par la New Jersey State Athletic Control Board alors chargée de
réglementer toutes les expositions et les compétitions
liés aux sports de combat.
Cette création réglementaire s'appliquera au
sein des Etats américains autorisant le MMA (Yann Ramirez, 2021). Cette
nouvelle réglementation s'appliquera pour la première fois lors
de l'événement UFC 28 qui a lieu le 17 novembre 2000 à
Athlantic City dans le New Jersey. Les règles unifiées
interdisent de nombreux coups qui étaient autrefois
caractéristiques du «No Rules» et du «No Holds
Barred» comme les coups de pieds et de genoux portés à la
tête lorsque l'adversaire est au sol, les frappes à
l'arrière du crâne, les frappes à la colonne
vertébrale ou encore les coups de têtes38. De plus, les
suivis et les contrôles médicaux sont plus nombreux et plus
méticuleux afin de ne pas seulement rendre «mainstream» le MMA
mais aussi d'assurer une réelle prévention et protection pour les
combattants.
Une seconde phase réglementaire aura lieu en 2001 et
propulsera l'avènement du MMA moderne, lorsque les frères Lorenzo
et Frank Fertitta dirigeants d'une compagnie de médias et de casinos la
«Station Casinos" mais aussi promoteurs dans le milieu du sport,
décident de racheter l'UFC au bord de la faillite pour deux millions de
dollars39. Leurs intentions sont claires, «chercher à
transformers l'UFC, et le MMA dans le même temps, en un bon sport, propre
et avec des règles actualisées, lui permettant
éventuellement d'être reconnu et
légitimé"40. Ces ambitions répondent non
seulement à démocratiser le MMA en tant que pratique mais aussi
et surtout comme sport-spectacle et en tant que «loisir» librement
accessible par la diffusion télévisuelle et numérique.
Lorenzo, anciennement membre de la NSAC (Nevada State Athletic
Commission) et en collaboration avec celle-ci, obtient l'autorisation pour
l'organisation d'évènements UFC dans le Nevada qui par ailleurs,
tient la capitale historique du MMA, Las Vegas, à ce jour lieu du
37 R.GARCIA, D.MALCOLM (2010), «Decivilizing,
civilizing or informalizing ? The International development of Mixed Martial
Arts», International Review for the sociology of sport, p35-59.
38
https://coldmma.com/fr/basics/rules.html
/ Règles unifiées du MMA.
39 N.KIRSCH « UFC sale Officially Closes for $4
Billion, Fertitta Brothers Earn Huge Payday»
https://www.forbes.com/sites/noahkirsch/2016/08/22/ufc-sale-officially-closes-for-4-billion-f
ertitta-brothers-earn-huge-payday/ Rapporté dans Forbes.
40 D. WALTER Mixed Martial Arts : «Ultimate
Sport or Ultimately illegal ? A Bief History Of Mixed Martial Arts»,
2003.
27
siège social de l'organisation. L'avènement du
MMA moderne est marqué par l'UFC 33 qui sera un réel second
souffle pour l'UFC avec un retour de la vente des pay-per-view mais aussi avec
l'arrivée de nouvelles règles plus restrictives comme
l'imposition de limite de temps et de rounds, la création de cinq
catégories de poids, mais également une liste de 31 fautes et de
8 manières bien réglementées d'obtenir victoire.
Cette stratégie réglementaire a propulsé
le développement ainsi que l'évolution du MMA, qui paraît
moins «bestial» plus équilibré avec les
catégories de poids et maintient ainsi un équilibre correct entre
la compétition, le spectacle et le sport, équilibre qui autrefois
était annihilé par l'absence de règles qui mettaient en
avant l'aspect spectacle d'une violence extrême. Cet équilibre
favorise ainsi l'autorisation et le développement de ce sport notamment
par le numérique et le pay-per-view qui fera du MMA l'un des sports les
plus suivis au monde mais aussi de l'UFC la première organisation d'arts
martiaux mixtes et cela notamment grâce à sa stratégie
marketing de diffusion. « La domination de l'UFC a encouragé les
autres organisateurs à suivre son modèle. Les règles
unifiées touchent l'ensemble du MMA mondial, à quelques
exceptions près».41
C) Débat sur la sportivisation et la diffusion d'un
sport violent : Le cas Français.
Bien que la popularité pour les arts martiaux mixtes
résultante d'une symbiose entre le numérique (à travers
notamment les réseaux sociaux et de la télévision) et le
sport-spectacle croît et s'implante mondialement avec la création
d'organisation de MMA sur le continent nord américain, asiatique et
océanique, ainsi même que sur l'ensemble de l'Europe dès la
fin des années 90 et enfin sur le continent afriquain dès le
début des années 2000, certains pays et ce même tardivement
après une adoption quasi unanime mondiale, s'opposèrent à
la pratique mais également à la diffusion du MMA.
Ce fut le cas de la France dont nous parlions lors de
l'introduction de cet ouvrage qui n'a autorisé le MMA qu'en
février 2020 et qui ne tardera pas à accueillir un
événement UFC à Paris courant 202242. Tout
comme les interdictions préexistantes à l'avènement du
MMA
41 Y.RAMIREZ «Dans la cage du MMA, sociologie
d'un sport du XXIe siècle» 2021, p41.
42 P.CHEVRINAIS «MMA. Un
événement UFC organisé en France prochainement ?»,
ouest-france.fr, 20 mars 2022.
28
moderne, le numérique a joué un réel
rôle de popularisation du sport et de la création d'une fanbase de
plus en habituelle et fidèle à la discipline tout en atteignant
des spectateurs plus occasionnels et donc plus susceptibles de percevoir une
forme de déshumanisation lors d'une confrontation entre deux combattants
au sein d'un Octogone.
Le numérique s'inscrit donc ainsi toujours dans le cas
français avant légitimation de la pratique, comme
émissaire du MMA en portant le sport-spectacle à la connaissance
des spectateurs français qui malgrés son interdiction
étaient fort nombreux comme le prouve les dires de l'ex
député PS des Deux-Sèvres Jean Grellier en 2013, qui avait
déjà indiqué une progression et un intérêt
numérique et sportif pour les arts martiaux mixtes : «Le
développement (du MMA) est exponentiel et suscite un réel
engouement, notamment chez les jeunes»43. Paradoxalement et
depuis sa logique historique de diffusion du MMA, le numérique (à
travers notamment la télévision) représentait
également un catalyseur de l'évolution de ce sport violent et
celà à travers notamment le pouvoir public.
La première dénonciation de ce sport porte sur
la moralité d'une confrontation laissant deux individus au sein d'une
«cage» recourir à une multitude de techniques violentes les
laissant pouvoir asséner des coups à l'adversaire lorsque
celui-ci se retrouve à terre. Dans son ouvrage, «Le mixed martial
arts, une «atteinte à la dignité humaine» 2019, M.Quidu
s'accorde à poser une définition afin de démontrer
l'importance moralisatrice à travers l'opposition du MMA. Ainsi, la
morale conviendrait d'être une situation «impliquant un tort
flagrant causé à autrui» (Ogien 2004) mais également
à tendre sur une cardinalité principale qui serait que «tout
ce qui ne nuit pas à autrui est permis» (Boudon 2004). Pharo, quant
à sa définition de la moralité posera la souffrance comme
barrière franchissable de la moralité «la souffrance indue
ainsi comprise apparaît aujourd'hui comme une sorte d'équivalent
séculier du mal, qu'il faut essayer de réduire par tous les
moyens, du moins aussi longtemps qu'on prétend parler et agir au nom de
l'éthique».
La problématique probante du MMA moderne tant bien
qu'une succession de réglementations et d'encadrement en faveur de la
protection des combattants a eu lieu, reste sa naturelle spectacularisation
véhiculant des affrontements violents plus que ce qu'ils ne le sont
vraiment et ce toujours à des fins de sport-spectacle ainsi qu'à
des critères d'attractivités
43 M.QUIDU «Introduction. MMA et engagement
corporel paradoxal» cairn.info, 2018, p353-360.
29
numériques « Dans le but de vendre toujours plus
de pay-per-view, l'UFC a donc opté pour une mise en
scène de ce sport qui a oscillé entre sportivisation et
spectacularisation. Cela a des répercussions sur la réception de
la violence sportive chez les spectateurs et les
détracteurs».44
De plus, le port de gants fins lors des affrontements de MMA
favorise les blessures dites superficielles mais qui reste néanmoins
d'un esthétisme impressionnant, il en est le cas notamment des coupures
fréquentes exposant ainsi la vue du sang mais sans que la traumatologie
ne soit plus importante que dans un autre sport de combat comme la boxe
anglaise, où les coups ne sont pas portés à l'ensemble du
corps comme en MMA mais uniquement à la tête et au
corps.45
La stratégie de diffusion du MMA comme sport-spectacle
et la portée du numérique entraîne donc de réels
débats sur l'hexagone avant sa légitimation, entre les
spectateurs appréciants la discipline que cela se porte sur la
sportivité ou le spectaculaire mais aussi entre «certains
spectateurs, non nécessairement spécialistes du MMA ou plus
généralement des sports de combat et dès lors incapables
d'en apprécier la performance physique, la prouesse technique ou encore
l'élaboration stratégique, peuvent être amenés de
façon tout à fait sincère, lorsqu'ils sont
confrontés au visionnage de combats actuels, à y percevoir une
atteinte à la dignité humaine».46
Ce constat n'est en rien péjoratif mais questionne au
contraire les conditions et les stimuli de l'expérience intuitive
d'indignation morale pouvant d'une part permettre aux organisations de MMA
d'attirer plus de public si cela est possible et d'autre part de réduire
les détracteurs de la discipline d'où un intérêt
fondamental de constat.
Autre élément sujet à débat en
France sur la sportivisation du MMA, la présence et le
déroulement de combat en «cage»47 bien que selon de
nombreuses études dont celles de M.Delalandre et C.Colinnet dans
l'ouvrage «Le mixed martial arts et les ambiguïtés de sa
44 Y.RAMIREZ "L'engagement corporel en MMA : entre
sportivisation et mise en spectacle d'une violence instrumentale
tolérée» 2018, Dans Corps p361-370
45 Les techniques de MMA étant tout aussi
diverses, les percussions peuvent se porter sur l'ensemble du corps et le
combat peut-également être amené au sol ce qui limite la
répétition des coups portés à la tête que
nous pouvons constater en boxe anglaise qui est pourtant socialement bien plus
toléré.
46 M.QUIDU «Le mixed martial arts, une
«atteinte à la dignité humaine ?» 2018, p31 sur
cairn.info.
47 Le terme cage est souvent le terme péjoratif
désigné pour qualifier l'Octogone
30
sportification en France» cette surface de combat semble
nécessaire afin de garantir sécurité aux combattants mais
aussi d'autoriser «un éventail technique plus important que le ring
traditionnel, l'appui sur le grillage permettant par exemple de se sortir plus
facilement d'une situation délicate lorsqu'on est contrôlé
au sol»48. De plus, l'étude précédemment
citée met également en avant, sous la base d'un questionnaire de
pratiquant de MMA établi, la préférence pour «la
cage» pour son importance sécuritaire «qui revient dans la
bouche de plus de la moitié des acteurs interviewés».
Ainsi, les débats français allant à
l'encontre de la sportivisation du MMA se présentent principalement sous
la forme de la symbolique et de la représentation
«déshumanisante» de la discipline plutôt que sur des
critères traumatologiques ou encore sécuritaires.
Ces débats et ces critiques sont comme explicité
précédemment, principalement portés par les pouvoirs
publics, par la presse et même par des représentants sportifs
« Parmi ceux-ci, les dirigeants des fédérations concurrentes
de sports de combat semblent exercer une forme de « protectionnisme »
par crainte d'une fuite de leurs licenciés vers les arts martiaux
mixtes». (Delalandre et Colinnet, 2015)
L'une des principales critiques et prise de position ayant
catalysés l'ascension mondial du MMA réside chez des dirigeants
politiques dont nous nous permettons de reprendre une certaine chronologie de
M.Quidu (2018), avec notamment la prise de position de Thierry Braillard sous
le gouvernement Hollande alors chargé des sports : « les
compétitions avec autorisation de coups portés au sol, pour moi,
c'est une atteinte à la dignité humaine ; elles ne sont pas
tolérées par le code du sport, qui plus est dans des cages, ce
qui rappelle plus les jeux du cirque »49. Les prises de
positions politiques à l'encontre du MMA continueront et celà en
toute transcendance des gouvernements politiques, Chantal Jouanno, alors
ministre des Sports sous la gouvernance Sarkozy se prononcera sur le sujet
« il n'y aura pas de légalisation du MMA. C'est contraire à
toute éthique, à toutes les valeurs du sport que l'on essaie de
défendre, à toute forme d'art au sens propre. Cela n'a rien
à voir avec le sport. Pour moi, ce
48 M.DELALANDRE et C.COLINNET «Le mixed martial
arts et les ambiguïtés de sa sportification en France» 2012,
p301.
49 Prise de position dans l'émission
«Stade 2» diffusée le 26 avril 2015 sur la chaîne
télévisuelle France 2
31
n'est que du jeu de paris d'argent et c'est cela qui
détruit parfois le sport. On ne va pas légaliser les combats de
chiens ou les combats de coqs. C'est la même logique
»50.
Ces propos ne sont pas sans rappeler ceux du sénateur
américain John McCain qui compara en 1996 le combat libre à des
combats de coqs51 et soutena par ailleurs son interdiction dans les
états américains.
Le paysage médiatique fut bien critique et restrictif
et celà bien plus proche aux débuts de l'avènement mondial
du MMA. Le Conseil supérieur de l'audiovisuel recommandera par ailleurs
et celà dès 2005, de ne pas diffuser sur les chaînes de
télévision les combats de MMA qui « portent atteinte
à la dignité des participants, qu'ils sont susceptibles de nuire
gravement à l'épanouissement physique, mental ou moral des
mineurs et sont contraires à la sauvegarde de l'ordre public
52».
Ainsi, la «censure» numérique via les canaux
télévisuels catalyse grandement la discipline en France et
crée même des amalgames avec pour exemple la diffusion d'un
reportage s'intitulant «Le free fight : la folie des combats
clandestins» porté par M6 en 2014 dans l'émission
Enquête exclusive mélangeant et associant sans nulle distinction
«free fight» que nous connaissons comme le No Holds Barred ou le
Vale-Tudo qui comme nous l'avons vu ne comporte que très peu de
règles, avec le MMA qui lui a connu son avènement mondial par
l'arrivée de règles unifiées. Cette représentation
médiatique pleine d'amalgame renvoie encore une fois à des
représentations d'un sport issu et appartenant à une
«sous-culture» populaire. De plus, d'autres polémiques amenant
le MMA à être associé à des mouvances radicales ont
eu lieu avec notamment suite aux attentats de Nice mais également de
L'Isle-D'Abeau, une présentation biographique des terroristes
articulée autour de leur pratique du MMA, justifiant ainsi une
expérience et des attraits certains pour la violence brute (Matthieu
Quidu 2019).
Cette «bataille» politique, journalistique, sportive
mais également numérique portée par certains acteurs
français amène certe un mur face à l'avènement
mondial du MMA
50 Propos tenus lors d'une Interview
réalisée en 2011 pour le magazine d'arts martiaux : Karaté
Bushido.
51 Abramzon, Modzelewski,2011
52 M.QUIDU «Le mixed martial arts, une
«atteinte à la dignité humaine ?» 2019.
32
mais crée également un réel flou
juridique avec la publication seulement le 3 octobre 2016, d'un décret
visant à interdire la pratique du MMA en
compétition53. Cette décision a créé une
vive réaction pour les pratiquants mais aussi pour les nombreux
spectateurs du MMA que nous mentionnons au prémisse de cet ouvrage.
Bertrand Amoussou président de la CFMMA (Commission
française du MMA) déclarera «Le ministère nous prend
pour des idiots. Tous les pays ont reconnu le MMA en Europe. Sauf la France et
la Norvège»54 et mettra en avant le décalage
entre la popularité et le suivi de ce sport en France et de son
traitement politique et médiatique. La CFMMA affirma par ailleurs que la
mesure concernait 240 clubs sur l'Hexagone.
Face à cette interdiction probante des
réticences des politiques et des sphères profanes de la
discipline, la popularité croissante et l'intérêt
grandissant tant sportivement que spectatoriellement a amené à
une étude approfondie du sujet. Une première mission de rapport
parlementaire menée par le sénateur Jacques Grosperrin et le
député Patrick Vignal le 7 avril 2016 et qui sera rendu le 8
novembre 2016, débouche sur une nouvelle mission observationnelle
menée par la Confédération française des arts
martiaux et des sports de combat. À la suite de cette mission, un
rapport circonstancié sous la tutelle de Patrick Winck sera rendu fin
2018 au ministère des Sports. La ministre des sports Roxana Maracineanu
lancera fin juin 2019 un «appel à manifestation
d'intérêt» auprès de plusieurs
fédérations afin de leur octroyer sous égide, la
discipline.
Le ministère des sports annoncera le 7 février
2020, la place du MMA sous égide de la Fédération
française de boxe choisi notamment pour ses moyens économiques
importants et pour son indépendance vis à vis du MMA mais
également pour le «lien fort dejà acquis entre le
développement du sport amateur et du sport
professionnel»55. C'est donc ainsi qu'en février 2020,
le MMA obtient légalisation en France mais aussi par la suite en
Norvège, accueillant ainsi ce sport à la popularité
incontestée sur tout le continent européen.
Les motivations et les décisions de légaliser le
MMA suite à une réelle «bataille»
53 Publication dans le Journal Officiel
54 propos retranscrits sur le journal Ouest France
dans un article de C.Napoux «MMA : le sport de combat est officiellement
interdit en France» publié le 27 octobre 2016.
55 Propos rapportés par Lefigaro, L.ANDRIEU
«Le MMA officiellement autorisé en France sous la houlette de la
boxe» publié le 07 février 2020.
politico-médiatique n'ont pas clairement était
spécifiées bien que nous le savons, celà répond en
premier lieu à une popularisation et à un avénement
mondial et notamment auprès des plus jeunes, mais des motivations
économiques ont également probablement contribuées
à la décision.
En 2018, avant le rendu du rapport circonstancié de
Patrick Winck l'un des plus grands événements du MMA a eu lieu,
avec la confrontation lors de l'UFC 229 le 6 octobre , de deux grandes stars du
MMA dont Nurmagomedov «The Eagle» l'invaincu (26-0), face à
«The Notorious» Conor Mcgregor plus grande
célébrité historique du MMA, se disputant ainsi le titre
de «lightweight»56.
Cette date marquera par le biai du numérique et du
pay-per-view, l'événement de MMA le plus populaire et le plus
suivi depuis l'existence de la discipline avec une vente de près de 2
400 000 pay-per-view57, cela ne prend évidemment pas en
considération les diffusions qui peuvent se faire directement sur des
canaux de chaînes payantes disposants des droits de diffusions mais aussi
des sites de streaming «illégaux» dont les français fut
très friands de par l'interdiction de diffusion en France.
33
56 Titre de poid léger à l'UFC allant de
66kg à 70kg
57
https://www.ufc-fr.com/page-252.html
Consultation des ventes de Pay Per View pour chaque événement.
34
( recherche menée sur Google Trend montrant un pic de
saisie du terme «MMA» en France au cours du mois d'octobre 2018
accueillant l'UFC 229 et montrant ainsi l'intérêt numérique
français pour la discipline).
Enfin et naturellement, compte tenu de la popularisation de la
discipline en France et des intérêts économiques
inhérents à cette dernière, le Conseil Supérieur de
l'Audiovisuel (CSA) de par sa délibération n°2020-58 du 21
octobre 202058 autorise la diffusion du MMA sur les canaux de
télévisions français mais avec un encadrement tout de
même préétabli. Les retranscriptions fut autorisées
avec cependant, la nécessité d'afficher la classification de
catégorie 4 que nous connaissons plus particulièrement comme
l'affichage «déconseillé aux moins de 16 ans».
58 Délibération présente et
détaillée sur le site
https://www.csa.fr au lien :
https://www.csa.fr/Reguler/Espace-juridique/Les-textes-adoptes-par-l-Arcom/Les-deliberations-et-reco
mmandations-de-l-Arcom/Recommandations-et-deliberations-du-CSA-relatives-a-d-autres-sujets/Deli
beration-n-2020-58-du-21-octobre-2020-du-Conseil-superieur-de-l-audiovisuel-relative-a-la-retransmis
sion-des-combats-d-arts-martiaux-mixtes-sur-les-services-de-television-et-les-services-de-medias-au
diovisuels-a-la-demande-JO-du-6-novembre-2020-modi
35
À cela s'ajoutent des critères précis
quant à l'organisation de programmation des services de diffusions
linéaires et numériques gratuits qui ne pourront diffuser avant
22h30. Les plateformes et les chaînes payantes quant à elles,
disposent d'une autorisation de diffusion à partir de 20h30.
Ainsi, le numérique dont le contenu était
principalement étranger ou amateur (certains youtubeurs
«média» faisaient déjà des reviews sur les
combats MMA et notamment UFC) apporta une première vague de
popularité mais aussi de découverte aux néophytes des
sports de combats ce qui créera les polémiques
précédemment étudiées. Mais l'autorisation du CSA
maintiendra et accentuera cette croissance de popularité par le biais du
numérique avec par exemple la chaîne youtube RMC SPORT qui
diffusera de nombreux reportages et séquences de MMA issue de ses droits
de diffusions avec par exemple la vidéo «Ngannou v Gane : Le film
choc RMC Sport avant le combat EP.1 Collision»60 qui fera 1,8
Millions de vues et qui touchera un large public dont des «profanes de la
discipline» et sera l'une des vidéos les plus visionnées de
la chaîne.
59 Tweet de la Fédération
Française de MMA annonçant la décision du CSA.
60 lien de la vidéo :
https://www.youtube.com/watch?v=WE4USXYYb8c
· L.Salvaudon, N. Medini, J.Lopez, M.Bonneau « Ngannou v Gane
: Le film choc RMC Sport avant le combat « EP.1 Collision », RMC
Sport, Youtube, 14 Janvier 2022.
36
Cette partie portant sur les origines historiques et
substantielles du MMA fut primordiale afin d'en comprendre son évolution
sociale, sportive et spectatorielle ainsi que de sa naissance symbiotique avec
la télévision et le numérique mais aussi avec la
création de l'UFC. De plus, il fut notamment intéressant de
constater et d'analyser que les secteurs numériques et
télévisuels de diffusions du MMA ont à la fois
propulsés la discipline mais aussi «victime de son
succès», l'ont placée au coeur de nombreux débats
houleux avant de la faire accepter sur l'ensemble des continents et de la faire
prospérer.
Après l'appréciation d'une évolution
progressive et d'une naissance des mixed martial arts marquées par la
numérisation, il semble primordiale afin de cerner l'influence du
numérique sur la popularité de la discipline, d'en analyser les
stratégies de diffusions mais aussi de sa présence sur les divers
outils numériques et celà en étudiant le cas bien
précis de l'Ultimate Fighting Championship organisation historique de
référence du MMA mondial.
Partie 2 : Stratégies de diffusions d'un sport
extrême tourné autour du spectacle et du spectaculaire : le cas
UFC
A) Une orientation vers le « mainstream»
Bien que jouissant d'un intérêt nouveau et de son
avènement dès l'intégration des règles
unifiées qui permettront de par leur réglementation de
répondre aux critiques et au soucis éthiques du combat libre, le
MMA par le biais de l'UFC arrivera par de nombreuses stratégies de
diffusions numériques à mondialiser mais aussi à
hétérogénéiser les spectateurs.
Parmi celles-ci, l'une notable concerne la création
d'une téléréalité la «TUF» acronyme de
«The Ultimate Fighter» diffusée pour la première fois
le 17 janvier 2005 et mettant en scène des combattants de MMA
professionnels encore inconnus du grand public. Le format de l'émission
reprend les éléments propres aux
télé-réalités et de leur succès. Le principe
était simple, deux combattants professionnels de l'UFC tutoraient durant
six semaines chacun une équipe de huit combattants qui s'affrontaient
lors d'un tournoi afin d'en nommer «The Ultimate Fighter», titre qui
honorera le vainqueur avec la signature d'un contrat UFC alors
37
plus grande organisation mondiale de MMA.
La première saison diffusée sur la chaîne
Spike TV est un véritable succès et attire plusieurs millions de
téléspectateurs, ce succès s'explique par la mise en avant
inédite de la vie des combattants à travers laquelle il est
possible de suivre leur entraînement, la vie en communauté au sein
d'une villa, leur combat mais aussi les animosités existantes dont le
grand public est friand. C'est ainsi que l'UFC et le MMA ont su se
démocratiser et permettre l'avènement de futurs champions
iconiques de l'UFC comme Rose Namajunas, Nate Diaz ou encore Kamaru Usman
actuel champion en titre des poids mi-moyens.
L'émission diffusée après la
célèbre World Wrestling Entertainment61
«Raw»jouissait d'un taux de rétention de 57% de
téléspectateurs62 doublant ainsi le taux habituel de
Spike TV.
La réussite de cette
téléréalité portant sur le MMA est
définitivement marquée par la diffusion en direct et gratuite de
la finale de la première saison du TUF opposant Stephan Bonnar face
à Forrest Griffin faisant ainsi de ce combat l'un des plus
mémorables et exposera définitivement la discipline aux yeux du
grand public. Selon une étude de D.Andrew, C.Greenwell et S.Kim en 2009,
17,8% des américains auraient découvert le MMA par
l'intermédiaire du TUF63, Le combat sera par ailleurs reconnu
comme le plus grand combat de l'UFC en 200964.
La stratégie de diffusion de l'UFC marquée par
son premier grand succès avec le TUF considérera
l'émission alors comme essentielle pour l'expansion et la survie de
l'organisation et des arts martiaux mixtes dans le monde. L'émission qui
popularisa grandement le MMA et l'UFC sera par ailleurs à l'origine des
prémisses de la starification de certains de ses combattants, dont le
numérique et les nouvelles TIC65 comme les réseaux
sociaux, propulsera leur notoriété à l'échelle
mondiale.
61 La WWE est actuellement la plus organisation
mondiale de Catch et diffusée dans plus de 145 pays. Celle-ci dispose
par ailleurs de deux branches avec leurs propres «stars» qui sont
SmackDown et Raw.
62 NewBay Media «Spike's Ultimate Fighter Pins
Ratings» 13 novembre 2011.
63 Observation faîte dans «An Analysis of
spectator motives and media consumption behavior in an individual combat sport
: cross-national differences between American and South Korean Mixed Martial
Arts Fan» 2009, K.Seungmo, T. Greenwell, D.Andrew, J.Lee, D. F.Mahony
vol.10, numéro 2, p.163.
64 Dans «The Ultimate 100». le 11 Juillet
2009 par Spike.
65 NTIC acronyme de Nouvelles technologies de
l'information et de la communication.
38
Par ailleurs, au cours de la première saison de
«The Ultimate Fighter» s'opérait une réelle transition
entre le télévisuel analogique et numérique courant 2005
aux Etats-Unis avec la loi de transition vers la télévision
numérique et celà jusqu'à une transition complète
au plus tard pour le 17 février 200966. Cette transition
permettait d'une part d'éliminer certaines interférences visibles
et d'effets d'images fantômes, de proposer des programmes en hautes
définitions et d'autre part d'augmenter de manière drastique la
pluralité des chaînes télévisuels. En 2004, David
Ernst alors directeur de recherche dans le cabinet de conseil Initiative
spécialisé dans les médias, qualifiera la transition
télévisuelle numérique comme une transition
expérientielle chez le téléspectateur « Les
magnétoscopes numériques ont changé la manière dont
le public conçoit la télévision et mettent en
évidence son désir d'avoir davantage de contrôle sur son
expérience télévisuelle67 ».
Ainsi, le télévisuel numérique s'inscrira
dans la continuité logique de la télévision analogique qui
a fait connaître le MMA mais se démarquera de par sa
qualité de diffusion et de sa capacité de toucher un plus large
public et d'ainsi naturellement populariser à un plus grand nombre et
à accorder le succès que connaît aujourd'hui le MMA. Cette
transition amène naturellement de nouveaux formats
télévisuels comme la TV réalité sportive, à
se développer et à s'adapter à des fins d'expansion et de
démocratisation à un public nouveau.
Le TUF est à ce jour actuellement programmé et
sera diffusé le 3 mai 2022 avec «The Ultimate Fighter: Team
Peña contre Team Nunes», une opposition entre deux équipes
de huit combattantes féminines qui se garantit
«électrique», suite à L'UFC 269 le 11 décembre
2021 qui opposa Amanda Nunes face à Julianna Peña qui gagnera par
soumission et sera championne des poids coq féminin68.
66 Union Internationale des
télécommunications :
https://urlz.fr/i9O0
67 Tenu propos lors d'une interview mené par
le journal Les Echos dans son article «Etats-Unis la télé
s'habille en numérique» publié le 14 avril 2004, L.
MAILHES
68 Il s'agit là d'une catégorie de poids
allant de 57kg à 61kg.
39
L'essor des NTIC et de l'ensemble du numérique a permis
à l'UFC et au MMA de s'inscrire d'une part dans la continuité
logique des transmissions télévisuelles à l'origine du
succès de la discipline et d'autre part d'adapter le contenu sportif
afin de le démocratiser au grand public. Un contenu qui est aujourd'hui
de par les capacités numériques, diversifié sur une
multitude de plateformes et permet dans la même continuité du
souhait de l'UFC, de se populariser.
Un exemple notamment probant, réside dans
l'originalité de ce sport en tant que sport de combat de mettre en avant
des combattantes féminines et de les mettre «en
lumière» par le TUF que nous avons pu voir mais également
aussi par de nombreux biais numériques comme la
télévision, le cinéma, les jeux-vidéos mais aussi
par les réseaux sociaux même de l'organisation «Même si
la présence féminine dans cette pratique reste globalement
faible, l'inégalité de genre paraît moins forte
qu'ailleurs, ou du moins, marquée par une ambivalence. Ce sport
offrirait des opportunités que la boxe anglaise ne propose pas ou
très peu par exemple»70.
L'exemple que nous avons pu donner précédemment
avec l'organisation d'un TUF comportant des équipes uniquement
féminines démontre bien cela, de plus, le MMA autrefois
perçu comme «sous-culture» populaire tenait en son lexique des
mots et des associations
69 Affiche du TUF 2022 opposant la team Peña
face à la team Nunes
70 Y.RAMIREZ «Dans la cage du MMA sociologie d'un
sport du XXIe siècle» 2021, p131.
40
propre au côté «bestial»,
«viril» et masculin ce qui renforce cet étonnement et ce
questionnement face à la féminisation de la pratique
professionnelle.
Les arts martiaux mixtes et notamment au sein de l'UFC, voient
en effet une cohabitation dans les mêmes évènements entre
homme et femme, incitant ainsi naturellement les spectateurs à observer
les combats féminins jusqu'à la fin de l'évènement
qui caractérise la fin de la carte principal de celui-ci71.
L'un des contributeurs de cette étude appartenant au groupe des
spectateurs non pratiquants de MMA justifiera par ailleurs son visionnage par
celà «Je regarde des combats féminins quand je connais
les combattantes et que je sais que le combat va être un bon combat sinon
en général j'évite. Je regarde pas d'autres sports
féminins car c'est moins intéressant que les sports masculins,
c'est plus chiant à regarder pour moi et là je les regarde car
c'est mélangé au combat masculin car tout est
mélangé au même événement, tu regarde
déjà les combats masculins et y'a les combats féminins qui
passent en même temps tout est regroupé. En plus on a parfois des
combats très intéressants, très techniques on a pas
l'habitude de voir des femmes combattre comme ça dans un autre sport
c'est même assez impressionnant».
Cette mise en valeur est notable bien que les femmes restent
sous représentées dans le milieu avec en octobre 2020, pour 715
athlètes, 117 femmes représentants ainsi une proportion de 16,4%
des combattants contre 3,6% en 201372.
Nous avançons ici l'hypothèse que le
numérique, facteur probant d'une popularisation et d'une
démocratisation du MMA a contribué au rôle d'ouverture et
à la diversité de genre au sein de la discipline afin d'en
effacer son image passée, de renforcer sa popularité et son
ouverture au grand public. Il est en effet assez original de voir une
starification de combattantes féminines comme Amanda Nunes dans la
discipline et d'un effectif de pratiquantes amateurs aussi peu nombreuses.
Cependant, il est indéniable que ces stratégies n'aient
actuellement que peu fonctionnées ou du moins à une
échelle beaucoup moins importantes pour les pratiquantes et spectatrices
féminines que pour les hommes.
71 Bien évidémment les femme peuvent
également être en tête d'affiche, cet exemple mentionne les
cas les plus fréquents où l'on retrouve des spectateurs et des
combats tournés autour des têtes d'affiches masculines.
72 Y.RAMIREZ «Dans la cage du MMA sociologie d'un
sport du XXIe siècle» 2021, p135.
41
Lors de l'établissement de notre questionnaire
s'adressant aux pratiquants de MMA et diffusé largement sur les
réseaux sociaux et notamment sur des groupes Facebook
spécialisés sur les arts martiaux mixtes, nous n'avons
reçu qu'une proportion de réponses de 3% de femmes sur
l'échelle de 83 pratiquants de MMA contre 27% de réponses pour
les non pratiquantes de MMA sur 96 réponses de spectateurs non
pratiquants de la discipline. L'hypothèse émise ici repose sur le
paradoxe entre la mise en avant et la starification de combattante
féminine et le faible taux de spectatrices mais aussi de pratiquantes de
la discipline. Cela nous amène ainsi à nous questionner si cette
stratégie ne répond pas à une stratégie
d'attraction des spectatrices en plus de l'offre déjà
diversifiée des catégories et des combattants proposé aux
spectateurs déjà établis.
Le numérique permettrait ainsi d'une part de
populariser et de démocratiser le MMA de par sa capacité de
diffusion et d'attraction de publics nouveaux mais aussi d'ouvrir la discipline
et sa pratique professionnelle aux femmes. Ainsi, le numérique
répondrait à une stratégie économique et
commerciale propulsée sous son égide et prenant le nom
«mainstream», établit comme nom de grande partie de cet
ouvrage et pouvant être qualifié comme stratégie marketing
qui «désigne le marché grand public, la tendance majeure
de consommation. Le mainstream recouvre la plus grande partie de la demande et
s'adresse donc au plus grand nombre de consommateurs potentiels. C'est un
phénomène de masse, qui peut être amené par
l'actualité, la mode, les médias, les relais d'influence (stars,
journalistes, blogueurs, youtubeurs)».73
Ronda Rousey ancienne pratiquante de MMA à l'UFC,
illustre parfaitement ce lien de corrélation entre numérique et
«mainstream» tendant ainsi à faire rayonner le MMA aux yeux de
tous. La combattante aujourd'hui âgé de 35 ans a commencé
son évolution dans les arts martiaux par les championnats du monde de
judo et les jeux olympiques de Pékin en 2008 où elle
décrochera une médaille de bronze. Par la suite, celle-ci
évoluera au sein de la catégorie poids coqs de l'UFC avant d'en
devenir la championne de 2012 à 2015 et deviendra ainsi une
véritable star de ce sport.
Sa mise en avant et son succès au sein de
l'organisation et de la discipline des arts martiaux mixtes sera telle que
Netflix lui consacrera un reportage intitulé «Through My Father's
eyes»
73 Définition du «Journal du net»
42
à l'effigie des stars légendaires comme Michael
Jordan ou de Conor McGregor plus grandes stars du Basketball et du
MMA74. Ce reportage aura naturellement vocation de centraliser la
vie de la jeune femme mais aussi de centraliser la pratique d'un sport dont
beaucoup de consommateur Netflix peuvent-être étranger.
Une popularité d'une part naît d'une
stratégie de diffusion, de compétition et de starification
numérique propre à l'UFC et d'autre part, de la reprise et de
l'intérêt suscité par d'autres plateformes
numériques telles que Netflix ou même du monde
cinématographique qui poussera la popularisation de la combattante et de
ce sport encore plus haut.
Sa popularité et sa mise en avant sera si grande qu'en
plus de rayonner dans un sport de combat chose extrêmement rare dans la
pratique professionnelle féminine, celle-ci sera à la tête
de nombreuses grosses affiches avec les plus grandes stars mondiales du
cinéma hollywoodien notamment dans Expendables 3 ou Fast and Furious 7
au côté de Sylvester Stallone ou encore de Arnold Schwarzenegger
et bien d'autres. Ainsi, d'une manière naturelle et laissant croire
à un ordre naturel des choses, le numérique de par sa
pluralité de plateformes et d'outils, nourrit la popularisation de la
discipline.
L'UFC se distingue et assoit ainsi sa notoriété
et sa volonté de «mainstream» par ce genre de stratégie
numérique plus qu'efficace afin d'attirer de nouveaux publics, de
démocratiser la pratique du MMA et de se défaire des
représentations et associations négatives du passé.
De plus, dernièrement le film de Halle
Berry75 «Meurtrie» sortie le 24 novembre 2021 sur la
plateforme Netflix mettant en avant une ancienne championne de MMA au fond du
trou et souhaitant reconquérir sa gloire passée dans l'octogone
pour elle mais aussi pour son fils Jackie qu'elle a abandonnée et dont
elle cherche la rédemption, sera un grand succès et permettra une
fois de plus de faire connaître la discipline.
Parmi d'autres stratégies mainstream notables du MMA et
de l'UFC, nous pouvons citer la création d'une franchise de jeu
vidéo la EA Sports UFC créé en 2014 et
développée par Electronic Arts, l'un des principaux producteurs
et développeurs mondiaux du jeu vidéo. À
74 Bien que Ronda Rousey jouit d'une grande
célébrité, celle-ci reste moindre face à Conor
McGregor qui a révolutionné le MMA et popularisé la
pratique.
75 à noter qu'il ne s'agit pas ici d'une
production UFC.
43
l'image de la téléréalité sportive
du TUF qui avait pour objectif de plonger en immersion les spectateurs dans la
vie des combattants en devenir, les jeux vidéos EA Sports UFC quant
à eux permettent non seulement celà mais permettent
également une immersion personnelle dans l'univers de ce sport et de
l'organisation avec la création d'un avatar entièrement
personnalisé et d'ailleurs bien souvent à l'image de son
joueur.
Cet avatar en plus d'avoir une grande possibilité de
personnalisation comme la modification du corps, du visage, des cheveux, du
style76 jusqu'à aller au choix même des oreilles
boursouflées souvent signe de frictions liés aux combats ou aux
entraînements de lutte et de jiu-jitsu brésilien, peut
également par une interface «prendre vie» dans certains jeu de
la franchise comme l'UFC 3. Cette interface est la Game Face qui permet via la
prise de photo de profil et de face, de modéliser au sein du jeu
vidéo le visage de l'utilisateur, une immersion alors poussée
à son summum pour incarner sa personne via un avatar et disputer les
championnats de MMA de l'UFC.
En plus de la personnalisation physique poussée de
l'avatar il est également possible de se spécialiser dans un
domaine au sein de la discipline du MMA dans la rubrique «Type de
combattants»77 avec les choix: Kickboxing ,Boxe,
Équilibré ,Lutte ,Jiu-Jitsu, ce choix n'est pas sans rappeler
l'origine et les fondements même des arts martiaux mixtes qui comme leur
nom l'indique mélangent plusieurs disciplines martiales.
Par ailleurs, de nombreux combattants à l'instar de
Khabib Nurmagomedov ancien champion des poids légers et invaincu de
l'UFC (29-0) proviennent initialement d'une discipline
«spécialisée», le daghestanais a par exemple
était champion du monde de sambo, ceinture noir de judo et expert en
lutte, une expertise qui par ailleurs lui sera reconnu par tous les experts de
ce sport comme sa plus grande force.
Le jeu popularise grandement le MMA et les stars de l'UFC avec
la possibilité pour le joueur d'adopter l'allure de combat d'un
combattant UFC78 et jusqu'à même reproduire leurs
provocations lors des combats. Une fois la création de l'avatar
personnalisé effectuée, le
76 possibilité d'y intégrer des
signes «distinctifs» comme des tatouages ou des coupes de cheveux peu
communes.
77 à des fins de cohérences bien que la
plupart des jeux EA Sports UFC présentent des fonctionnalités
similaires *hors game face, nous mentionnons ici des fonctionnalités
présente au sein de EA Sports UFC 4.
78 position de combat
44
début du jeu en mode carrière de EA Sports UFC 4
se déroule sur un octogone dans un parking en tant que combattant
amateur dans une organisation presque inconnue. L'intérêt ici est
tout comme le suivi de l'émission de
téléréalité sportive du TUF, d'assister à
une réelle évolution, «notre» propre évolution
en tant que combattant jusqu'à en devenir professionnel et affronter les
champions en titre des différentes catégories de l'UFC.
En plus d'offrir une expérience de jeu unique dans
l'univers du MMA et de l'UFC, le jeu est d'une très grande
précision technique avec la possibilité d'effectuer des
sparrings79 et de s'entraîner avec un professionnel de
l'organisation pour apprendre ou perfectionner de nouvelles techniques
très diversifiées et parfaitement reconstituées dans le
jeu. Cela permet d'une part de profiter d'une expérience de jeu
réaliste et d'autre part d'en apprendre grandement sur la
technicité proposée par le MMA.
Lors d'un entretien mené avec le groupe des spectateurs
non pratiquants de MMA l'un d'entre eux, Thomas, était joueur de la
franchise EA Sports UFC et répondait à notre question concernant
l'apport ou non d'informations pertinentes sur le MMA par le numérique
via ces jeux. «J'ai commencé à jouer aux jeux UFC depuis
l'UFC 2 jusqu'à l'UFC 4, clairement je trouve que c'est une
révolution dans ce sport je mets sans réfléchir les jeux
UFC au même niveau que les jeux FIFA c'est les deux seuls types de jeux
de sports auxquels je peux jouer sinon sur les autres on ressent aucun
challenge, aucune adrénaline. Le plus intéressant sur les jeux
UFC c'est le mode carrière ça te permet de te mettre dans la peau
d'un combattant UFC, c'est vraiment lourd surtout que tu sera amené
à affronter les plus grandes stars de ce sport dont tu peux être
fan. Aussi, le jeu est tellement bien fait que je pense honnêtement qu'on
peut découvrir ou apprendre des techniques comme ça ou même
élaborer des game-plans pour ceux qui pratiquent le MMA ou d'autres
sports de combat. Après les jeux UFC te permettent aussi de
découvrir des combattants et leur style donc je trouve ça pas mal
sachant que je me suis intéressé au sport en 2016 avec Conor
McGregor et que l'UFC 2 est sorti la même année.»
Dans cet entretien semble se dégager plusieurs axes
concernant les jeux EA Sports UFC, premièrement le gameplay autrement
dit, les caractéristiques de jouabilité du jeu semble être
un point d'attractivité pour la discipline d'autant plus que le rythme
du jeu est soutenu par la
79 forme
d'entraînement commune dans les sports de combats et des arts martiaux,
prenant la forme d'un combat
45
possibilité de placer des «KO» ou encore des
«soumissions» ce qui peut à tout moment du jeu renverser
l'issu d'un combat qui partirait simplement sur décision. Ensuite, le
côté expérientiel et personnalisé du mode
carrière permet et renforce cette attractivité pour le jeu mais
aussi pour le sport grâce à la capacité d'identification
à son avatar. Enfin, semble ressortir de cet entretien la
capacité d'apprentissage ou à minima d'apports d'informations du
jeu sur le MMA que cela soit sur les techniques de combat ou encore sur les
combattants UFC. De plus, les jeux EA Sports UFC permettent d'incarner au
delà de notre avatar, de nombreux combattants et combattantes de toutes
catégories de poids avec dans leur arsenal, l'ensemble de leur panel
technique et de leur tempérament respectif connu depuis leur
présence au sein de l'Ultimate Fighting Championship.
L'intérêt et la capacité de ces jeux
résident dans la découverte du MMA et de l'UFC auprès des
non-initiés d'une part afin de populariser et de maintenir cette
politique de démocratisation du MMA par le numérique et d'autre
part de fidéliser le public déjà présent pour la
discipline sportive et pour l'organisation.
Cette popularisation et cette stratégie n'est nul fruit
du hasard du fait de l'association de la plus grande organisation d'arts
martiaux mixtes, organisation d'un sport-spectacle en vogue, avec l'association
d'un des plus grands du jeu vidéo, capable d'apporter de grandes
compétences en développement, en renommé mais aussi en
diffusion pour un public plus large. Cette association n'est pas sans rappeler
celle de Art Davie promoteur de kick-boxing, de Rorion Gracie promoteur de
jiu-jitsu brésilien et celle de John Milius qui ont fait émerger
et découvrir les prémisses du MMA par le combat libre au
début des années 1990.
Cette nouvelle forme d'accessibilité et de
popularisation numérique pour le MMA est une véritable
réussite tant d'un point de vu sportif pour la discipline
qu'économique. De plus, récemment en février 2022, le
dernier jeu UFC, l'EA Sports UFC 4 a été rendu disponible en
toute gratuité sur le Playstation Plus80 laissant ainsi
à tous les abonnés la possibilité de
télécharger et de jouer au jeu et d'ainsi rentrer en toute
immersion dans le monde du MMA et de l'UFC.
80 Le Playstation Plus est un service d'abonnement
présent sur PS4 et PS5 permettant à ses
bénéficiaires de pouvoir jouer en ligne et de
bénéficier à chaque mois de 3 à 4 jeux gratuits.
L'abonnement est un véritable succès et est souscrit par une
majorité de joueurs qui se voient pour certains «contraints»
d'y adhérer pour jouer en multijoueur mais bénéficient
toutefois en parallèle de certains jeux gratuits.
46
Il serait inconvenu et cette étude serait certainement
incomplète si nous n'étudions pas également le cas de la
présence numérique de l'UFC sur les réseaux sociaux,
présence qui répond parfaitement et principalement à cette
stratégie «mainstream» et qui s'inscrit dans la
continuité de «super puissance» de la plus grande organisation
d'arts martiaux mixtes dans le monde. Négliger ces plateformes pour
étendre et démocratiser le MMA serait une erreur et ne donnerait
pas toute la renommée dont jouit aujourd'hui l'UFC.
Selon une étude concernant le rapport Digital
202281 de janvier 2022 menée par DataReportal, 93,4% des
individus se connectant à internet utilisent les réseaux sociaux
et l'utilisateur «type» serait âgé de 20 à 29
ans. Le rapport démontre par ailleurs une utilisation moyenne des
réseaux sociaux chez les utilisateurs de 2h27 chaque jour avec en terme
de temps d'utilisation, Youtube qui se démarque en première place
comptant 23,7 heures par mois.
C'est donc naturellement que nous allons analyser la
présence de l'UFC sur ces plateformes. Premièrement, en allant
sur la chaîne Youtube «UFC - Ultimate Fighting Championship»,
nous pouvons y voir figurer le nombre d'abonnés qui
s'élèvent à 13,5 M d'abonnés pour 5 milliards et
136 millions de vues. Nous pouvons y voir de nombreuses propositions de
contenus, peut-être même trop diversifiés et parfois trop
spécialisés, ce qui pourrait amener un néophyte de la
discipline ou même un spectateur habituel à s'y perdre. Pour
exemple, du simple jour où nous consultons cette chaîne nous
pouvons y voir 9 vidéos sortient en seulement moins de 24 heures, des
vidéos «teaser» pour les combats à venir mais
également des conférences de presse.
De cet «amas» de contenu se distingue très
nettement un type de contenu particulier qui fait beaucoup plus de vues que les
autres et qui s'intitule «L'UFC Embedded» et qui prend le format des
tants suivis «vlog». Les UFC Embedded sont de véritables Vlog
Series qui permettent de suivre la préparation physique et mentale des
combattants, leur loisir, leur point de vue et leur caractère mais aussi
de manière plus générale leur vie personnelle. Un
excellent moyen donc de dépasser le «simple» stade de suivi
purement «sportif» du MMA et de l'UFC, ce qui rejoint une fois de
plus cette stratégie mainstream qui vise à attirer un grand
public. Par
81 S.KEMP «Digital 2022: Global Overview
Report», 26 janvier 2022.
47
ailleurs, il est encore notable que ces UFC Embedded
concernent les hommes mais aussi les femmes.
Sur cette capture nous pouvons ainsi distinguer
l'intérêt spectatoriel sur ce type de contenu, par ailleurs lors
d'un de nos entretiens avec le groupe de pratiquants de MMA, l'un d'entre eux
nous partagera avoir découvert ce sport plus en détail mais aussi
avoir été partiellement motivé pour sa pratique sportive
par ce genre de contenu «Déjà l'UFC à
l'époque c'était quelque chose d'impressionnant c'était un
vrai spectacle c'est d'ailleurs encore le cas aujourd'hui c'est tout un
spectacle qui est fait c'est assez bien foutu d'ailleurs, y'avait les
vidéos de promotions que je regardais pas mal les UFC Embedded avec tout
ce qui prépare les combats, par exemple les vidéos de
préparations de combat, les promotions ou encore tout simplement la
routine des combattants».
D'autres contenus sont évidemment très
regardé celà concerne plus particulièrement les combats de
«grosses affiches» pour un titre ou encore un combat entre stars de
la discipline mais aussi des compilations de «Knockouts» (KO) vu
plusieurs dizaines voir centaines de millions de fois; il en est notamment le
cas pour la vidéo Youtube de la chaîne UFC intitulée
«Top 20 Knockouts in UFC History» comptant 136 Millions de vues,
transcendant ainsi la perspective sportive à des fins plus
spectaculaires ce qui confirme également ce côté
«mainstream» et sa grande capacité de partage et de diffusion
qui s'adresse ainsi autant à des néophytes de la discipline
qu'à des connaisseurs. Cet exemple relaté illustre grandement la
popularisation du MMA avec une corrélation du numérique et du
sport-spectacle.
De plus, il est primordial de reconnaître à la
présence numérique de l'UFC sur les réseaux
48
sociaux le rôle que joue certains médias et
youtubeurs amateurs et professionnels afin de «vulgariser» la
pratique et d'effectuer un réel «filtre» tant sur la diffusion
d'informations que sur l'analyse techniques portant sur le MMA ou encore sur
l'UFC. Cette vulgarisation permet sans nul doute de suivre la logique de
popularisation de ce sport par le numérique, il en est notamment le cas
de chaîne youtube comme «La Sueur», «Ilies Mkt» ou
encore plus récemment depuis la légalisation du MMA en France, de
la chaîne Youtube RMC SPORT comptant plusieurs millions de vues sur ses
vidéos comme «Ngannou v Gane : Le film choc RMC SPORT avant le
combat EP.1 Collision» faisant 1.8 millions de vues.
Sur le reste des réseaux sociaux, l'UFC ne
désemplit pas, bien loin de là avec 28 millions de Fans sur
Facebook, 32 millions de Fan sur Instagram, 10 millions de Fan sur TikTok et 9
millions de Fan sur Twitter.
Fait intéressant, notre étude de terrain nous a
permis par ailleurs d'établir des hypothèses
et celà notamment grâce à notre
questionnaire délivré à 178 répondants et portant
sur l'influence du numérique sur les arts martiaux mixtes. Comme
énoncé lors de l'introduction de cet ouvrage, ce questionnaire
est scindé en deux parties avec d'une part les pratiquants de MMA et
d'autre part les non pratiquants qu'ils soient spectateurs habituels,
occasionnels ou totalement inconnus de la discipline. Parmi cette
deuxième catégorie constituée de 96 répondants,
nous avions posé la question suivante : «Recherchez-vous par
vous-même du contenu concernant le MMA ou celui-ci vous est-il
directement proposé ?», à cette question deux principaux
résultats en sont ressortis. Premièrement, 40,6% des
répondants recherchent du contenu sur le MMA et celui-ci leur est
également proposé, celà n'est en rien très
étonnant car les algorithmes (sur les réseaux sociaux notamment)
adaptent et proposent leur contenu en fonction des recherches mais aussi des
habitudes de visionnage. Le résultat intéressant à
observer concerne les 29,2% de répondants qui ne recherchent pas de
contenus sur le MMA mais se le voit tout de même proposé, cela
démontre bien une stratégie «mainstream» parfaitement
rodée et fonctionnelle.
Comme nous l'avions mentionné d'une part, les canaux
télévisuels, jeux-vidéos et cinématographiques
favorisent cette stratégie, de même que la création de
contenu «adapté» et en vogue comme le TUF mais nous estimons
que le principal du contenu de MMA proposé et sans recherche
menée au préalable découle des réseaux sociaux tels
que Instagram et celà notamment au travers de «Réels»
qui correspondent au partage et à la diffusion de vidéos de court
format. L'utilisateur n'a ainsi besoin que de «scroller» pour changer
de vidéo et
49
l'algorithme lui proposera ses préférences mais
aussi les vidéos les plus populaires et notamment spectaculaires
(KO,trashtalking etc...) dont font partie les vidéos MMA et notamment
les vidéos liées à l'UFC qui sont repartagées de
nombreuses fois. Cela expliquerait également le nombre de fans plus
élevés sur ce réseau social avec évidemment une
prise en compte nécessaire au niveau de la moyenne d'âge des
utilisateurs. Le jeu UFC dont nous parlions précédemment reprend
par ailleurs le même principe avec à la fin de chaque combat en
mode carrière, les réactions des internautes suite au partage
d'une vidéo sur les réseaux sociaux montrant comment l'adversaire
a été mis KO ou comment celui a été soumis.
Cette capacité numérique de toucher de large et
de nouveaux publics est une fois de plus probante avec la comparaison des
pratiquants de MMA déjà «initiés»
spectatoriellement et sportivement à la discipline qui n'ont
été que 6% à avoir du contenu de MMA proposé sans
avoir mené la moindre recherche.
Enfin et de manière plus générale, la
découverte de ce sport est selon notre enquête, principalement
portée par le web avec 30,1 % de nos pratiquants de MMA qui l'ont
découvert ainsi puis de 21,7% l'ayant découvert par la
télévision suivi de 20,5% par leur entourage. Concernant le
groupe de non pratiquants celui-ci à découvert la discipline
à 43,8% par le web, 19,8% par la télévision et 21,9% par
leur entourage. Ainsi, la stratégie «mainstream» du MMA
porté par l'UFC et notamment à travers les réseaux sociaux
répond d'une part à une «nécessité» de
survie afin de se développer et de prospérer mais d'autre part
à une nécessité d'adaptation des processus de diffusions
et de partage, adaptation encore plus importante pour un sport qui se veut
sport-spectacle à l'image de la WWE qui compte plus de 88 millions
d'abonnés sur sa chaîne Youtube.
B) Le numérique au service de la starification des
combattants
Ainsi, bien que les différents canaux numériques
et les stratégies d'attractions de l'UFC82 permettent la
captation de nouveaux publics et la découverte du MMA, cette
dernière est en partie grandement due à la starification de
certains combattants dont il serait dommageable de ne pas parler. Certaines
stars de l'UFC au-delà même de Ronda Rousey dont nous parlions
82 Rappelons que l'UFC n'est pas la seule
organisation d'arts martiaux mixtes à effectuer ce genre de
stratégies mais est la plus notable et la plus puissante.
50
précédemment dans cet ouvrage, ont
réellement su donner vie à l'UFC et de capter une attention et
une reconnaissance mondiale pour les arts martiaux mixtes, il en est notamment
le cas de Conor McGregor. Le processus de starification d'un combattant
amène inéluctablement à la construction d'une fan base,
d'une communauté mais aussi d'intéraction entre celle-ci
supplée par une mise en exergue issu des outils numériques qui
créeront au delà même de cette fan base un réel buzz
ce qui attirera donc des publics nouveaux.
Cette stratégie de l'UFC qui en plus de mettre en avant
le côté spectaculaire des combats par des KO, soumission ou encore
par d'impressionnantes blessures (qui rappelons le sont plus impressionnantes
que traumatologiques) va au-delà en surenchérissant dans le sport
spectacle par la starification de certains athlètes atypiques. Cette
stratégie répondant à des fins de popularités mais
aussi et surtout économiques ne peut-être mise en avant sans
l'évocation de Conor McGregor dont le surnom «The
Notorious»83 n'est pas hasardeux.
Bien que la discipline jouissait d'un public avant
l'apparition du dublinois, celle-ci restait assez restrictive à
l'Amérique du Nord ou encore principalement au public qui recherchait
des informations et des diffusions du MMA par eux-même sans avoir des
propositions algorithmiques (notamment sur les réseaux sociaux avec
l'exemple des réels Instagram), cinématographiques ou encore
télévisuelles (notamment en France où la diffusion de la
discipline était interdite). C'est pour cet ensemble
d'éléments que de nombreux médias estiment que le
combattant a fait sortir le MMA de l'anonymat, Le Parisien avait par exemple
rédigé le 18 Janvier 2020, un article intitulé «MMA :
McGregor, l'homme qui a révolutionné son
sport»84.
Par ailleurs, des figures iconiques du MMA en France comme
Fernand Lopez, cofondateur de la MMA FACTORY85 et directeur sportif
de la ARES Fighting Championship dont nous parlions au prémice de cet
ouvrage, reconnaissent un nouvel avénement pour la discipline «
Conor McGregor est pour tout le monde dans le MMA, un game changer, un homme
qui a tout révolutionné, rappelle Fernand Lopez. Il a fait sortir
notre sport de l'anonymat et de la niche dans laquelle il était
cantonné. Sans lui, vous ne parleriez de notre discipline.
»86. Le combattant est également
désigné par la presse étrangère notamment par le
magazine Time87
83 Que nous pouvons traduire comme «le
célèbre».
84 Article d'Eric MICHEL
85 célèbre club de MMA
français
86 E.MICHEL «MMA : McGregor, l'homme qui a
révolutionné son sport», 18 Janvier 2020 dans LeParisien.
87 A.SCHWARZENEGGER «Conor McGregor», Time
Magazine 2017.
51
comme étant en 2017, l'une des cent
personnalités les plus influentes et pour Forbes, sportif le mieux
payé en 2021 avec une richesse estimée à 180 millions de
dollars.88
Avant d'exposer notre terrain d'une personnalité
publique du monde du MMA français suivant un schéma de
popularisation unique, il est important d'expliquer pourquoi et comment le
numérique à savoir le pay-per-view, les réseaux sociaux et
même les médias ont pu mettre en exergue la
notoritété de Conor McGregor et d'ainsi, démocratiser et
populariser le MMA.
Premièrement, dans la continuité d'un
sport-spectacle, le MMA au sein de l'UFC se doit-être
générateur de tension mais aussi d'intrigue afin de stimuler le
téléspectateur et de créer un engouement sportif,
économique mais aussi médiatique autour d'une rencontre entre
combattants. Cette stratégie se maintient dans celle de maintenir un
équilibre compétitif et sportif avec un affrontement
équilibré où chaque combattant aurait sa chance mais aussi
d'un équilibre spectaculaire permettant d'attirer des publics plus ou
moins communs au MMA.
Le succès de Conor McGregor illustre d'autant cette
stratégie que celui-ci incarne cet «équilibre» presque
parfait du sport-spectacle. Premièrement d'un point de vu sportif et
compétitif celui-ci lors de sa confrontation en 2015 face à
José Aldo, alors champion de la division poids plumes et invaincu depuis
10 ans, place un Knockout (KO) en seulement 13 secondes et devient ainsi le
nouveau champion mais détient également la victoire la plus
rapide de l'UFC pour un combat de titre. Le 13 novembre 2016, Conor McGregor
remporte son combat par KO face à Eddie Alvarez pour le titre de
champion des poids légers et devient ainsi le premier combattant UFC
à détenir le titre de champion dans deux catégories
différentes.
Son style de «Striker» que nous pouvons
définir comme un style de combat utilisant principalement des techniques
de percussions (pied, genou, coude, coups de poing) plaît grandement au
grand public et offre de nombreux KO spectaculaires, sur les 22 victoires du
dublinois, 19 d'entre elles se sont finis par des KO de quoi
générer un fort intérêt spectatoriel
88 Forbes, «les sportifs les mieux payés
en 2021, Conor McGregor, sportif le plus payé de la planète
», 28 juin 2021.
https://www.forbes.fr/classements/serie-dete-1-50-les-sportifs-les-mieux-payes-en-2021-conor-mcgregor-s
portif-le-plus-paye-de-la-planete/
52
pour le combattant mais aussi pour le MMA. Pour exemple de
nombreuses vidéos «compilations» portant sur les KO du
combattant existent sur la plateforme Youtube et génèrent
plusieurs dizaines de millions de vues comme la vidéo publiée sur
la chaîne de l'UFC intitulée «Top Finishes: Conor
McGregor» et comptabilisant 43 millions de vues et 414 000 mention
«likes».
Les prouesses sportives du combattant ne sont pas les seules
à être misent en avant par les réseaux sociaux et par les
médias, car celles-ci sont également accompagnées d'un
véritable «show», l'icône du MMA a également
propulsé la discipline par son trashtalking89, son attitude
atypique, son charisme ainsi que de son mélange de confiance et
d'insolence faisant de lui une super-star de l'UFC90 mais aussi une
super star mondiale. Sa renommée et son trash-talking lui permettront
par ailleurs de mettre sous pression de nombreux adversaires par une guerre
psychologique au plus grand plaisir des spectateurs et de la presse, nous
pouvons par exemple retrouver sur la plateforme youtube de nombreuses
vidéos représentants cet intérêt pour les
spectateurs comme celle de la chaîne GBz MMA «All of the Conor
McGregor insults to Jose Aldo» comptant 11 millions de vues. Celui-ci
déjà grandement partagé sur les réseaux sociaux et
par la presse pour ses performances sportives de même que pour son
trashtalking en conférence de presse ou lors des pesées,
n'hésite pas à utiliser les réseaux sociaux pour mener
cette guerre psychologique et pour en renforcer sa notoriété. Son
utilisation habile des réseaux lui doit également grandement sa
popularité.
89 Le trash-talking désigne une provocation
verbale s'exprimant sous forme de propos provocateurs ou encore insultants
envers l'adversaire au vu de l'organisation d'une compétition
établie ou en devenir.
90 D.HEITNER «Cocky, Confident Conor McGregor Is
Perfect For The UFC» Forbes, 2014.
53
Cette association presque parfaite du sport-spectacle
retransmis par les divers outils de partage numérique font ainsi de lui
quelqu'un qui «excelle dans tous les domaines, le combat mental comme le
combat physique.» mais aussi comme «le meilleur pour vendre un combat
depuis Mohammed Ali» d'après les propos92 tenus par Dana
White, président de l'UFC.
«Dans une étude de 2016, les chercheurs Lamar
Reams et Stephen Shapiro font le lien entre la vente des Pay-per-view selon les
têtes d'affiches, l'influence de celles-ci sur Twitter et la
fréquence de leurs apparitions dans les
médias93». Cette influence est aujourd'hui d'autant plus
grande et notamment sur Instagram où Conor McGregor dont le pseudo
«thenotoriousmma» compte 42,9 millions d'abonnés contre 32,4
millions d'abonnés pour le compte UFC, montrant non sans mal la
popularité numérique mais aussi la lumière que le
combattant a mit sur l'UFC et sur le MMA aux yeux du monde.
Afin d'entrer plus en détail sur la réussite
économique de l'UFC avec sa superstar McGregor, il est nécessaire
de quantifier les interactions se portant sur ses réseaux sociaux. Dans
l'article
91 Tweet d'avant combat de Conor McGregor avant son
combat contre Floyd Mayweather. Nous pouvons traduire celui-ci par «Je
vais lui briser le visage».
92 G.POISSON «
Ghetto,trashtalk,frasques...comment Conor McGregor est devenu la plus grande
star des sports de combat» dans
Francetvinfo.fr le 23 janvier
2021.
93 Y.RAMIREZ «Dans la cage du MMA: sociologie
d'un sport du XXIe siècle» 2021, p91.
54
du journal Forbes «Réseaux Sociaux : Les Sportifs
Les Plus Influents» de 201994, un classement est
effectué en prenant compte de l'engagement et des interactions incluant
«likes», commentaires et partages sur Instagram, Twitter et Facebook.
Parmi le classement de tous les sportifs les plus populaires sur les
réseaux sociaux en ressort Conor McGregor à la septième
place en comptabilisant 159,7 millions d'interactions au cours des 6 premiers
mois de l'année 2019.
Cette notoriété et cette lumière mise sur
le MMA et l'UFC ont naturellement fait découvrir la discipline dans le
monde la rendant «visible dans 175 pays et commentée dans une
quarantaine de langues pour un potentiel d'un milliard de
ménages95». Au cours de notre enquête de terrain
certains interrogés au sein des groupes de pratiquants de MMA et de non
pratiquants spectateurs de la discipline explique avoir connu le sport par
l'intermédiaire de la super star de l'UFC, l'un d'entre eux Thomas, dont
nous parlions lors de l'évocation des succès du jeu vidéo
de l'organisation nous avait dit l'avoir acheté suite à son
intérêt né pour le MMA « J'ai découvert le
sport grâce à McGregor quand il a gagné contre Alvarez sa
deuxième ceinture, je crois que c'était en 2016. À
ce moment-là, pas mal de journaux en parlaient mais c'est surtout
grâce à Twitter que je l'ai connu, j'avais des potes qui
partageaient ses KO ou encore ses conférences de presse.». Les
réseaux sociaux sont sans surprises au vu des interactions que
génèrent le combattant, réel facteur d'ouverture de cette
discipline pour beaucoup d'individus et notamment les plus jeunes. Par
ailleurs, cela semble aussi avoir motivé la pratique du MMA chez
certains de nos enquêtés «J'ai connu le MMA sur les
réseaux sociaux avec la hype McGregor, on en a fait par la suite dans ma
salle c'est comme ça que je m'y suis mis.»
Cette vague de popularisation est sans conteste dûe aux
stratégies portées autour du MMA comme sport-spectacle et au
pouvoir de diffusion du numérique de toucher un plus large public et ce
notamment au travers des réseaux sociaux. Parmis nos
enquêtés tous n'ont pas connu le MMA par les réseaux
sociaux ou encore par le numérique, cela semble notamment le cas chez
les enquêtés plus âgés situés vers la
trentaine et au début de la quarantaine d'année «J'ai
commencé à regarder le MMA à 16 ans avec un DVD d'un grand
de mon quartier, à l'époque c'était le Pride la plus
grande organisation du MMA avant d'être
94 · Forbes, « Réseaux Sociaux : Les
Sportifs les plus influents », 20 août 2019, .
https://www.forbes.fr/classements/sports/reseaux-sociaux-les-sportifs-les-plus-influents-et-rentables/
95 T.RAMIREZ «Dans la
cage du MMA: sociologie d'un sport du XXIe siècle» 2021,
p92.
55
rachetée par l'UFC, ca se passait au Japon avec une
ambiance et des scénarios de fous avec de vrais scénarios une
ambiance de gladiateur j'ai kiffé. C'est en grandissant vers l'âge
de 18 ans quandj'ai bossé, j'achetais mes DVD de plusieurs
organisations, le premier DVD que j'ai acheté c'était l'UFC 51
c'était Tito Ortiz je voyais un mec avec une teinture blonde je me
disais lui il doit cogner.». Cette enquête de terrain semble
ainsi confirmer l'existence de plusieurs vagues de popularisation mais aussi de
démocratisation du MMA, avec une première vague principalement
télévisuelle puis d'une seconde numérique qui a
propulsé la discipline de par ses plateformes multimodales et de par sa
puissance de diffusion.
Cette enquête de terrain et les recherches de cet
ouvrage sont confirmées par Gregory Bouchelaghem autrement appelé
«GregMMA», véritable personnalité publique et Youtubeur
de la chaîne Karaté Bushido Officiel (611 000 abonnés) mais
aussi connu comme étant l'un des premiers combattants français de
ce sport quand bien même la pratique de cette discipline était
interdite. Dans le cadre de notre étude, nous recherchions l'avis d'un
créateur de contenu autour du MMA mais aussi d'un véritable
spécialiste de la discipline ce qui justifie notre choix pour Gregory
Bouchelaghem. De par son expérience en tant que combattant professionnel
de MMA mais aussi en tant que Youtubeur faisant plusieurs millions de vue sur
ses vidéos comme la vidéo «GregMMA Vs Major Gerald
@Légion étrangère» qui compte 2,5 millions de vues,
Gregory Bouchelaghem avait le profil idéal pour nous expliquer l'essor
du MMA, discipline devenant aujourd'hui une réelle culture pop. Dans le
cadre de notre entretien, nous lui avions posé la question suivante :
«En tant qu'ancien professionnel de MMA et icône des arts martiaux
Français sur Youtube, as-tu pu constater une évolution de
l'intérêt des gens pour ce sport comparé à avant ?
» à laquelle celui-ci a répondu « Les nouvelles
stars comme McGregor, Cyril Gane, Khabib, ils ont propulsés le MMA
à un autre niveau donc y'a plus d'engouement et puis bien entendu le
sport a été dédiabolisé on comprend maintenant que
c'est pas une boucherie même si ça reste un sport brutal, y'a
plein de règle et les consignes de sécurité sont bien
respectées donc médecin tout ça». Ainsi, les
stars de l'UFC ou encore les superstars comme McGregor auraient d'une part
popularisé le MMA mais également démocratisé la
discipline en brisant l'image «bestiale» que renvoyait ce sport
souvent encore associé au combat libre.
Un tel essor et une telle popularité de la discipline
engendre naturellement un succès économique pour l'UFC qui
viendra alimenter cette stratégie d'expansion. Initialement
détenu par les frères Fertitta que nous évoquions dans la
première partie de cet ouvrage,
56
l'UFC qui avait été achetée pour
«seulement» 2 millions de dollars a été revendue en
2016 pour 4 milliards de dollars au groupe Endeavor Group Holdings, entreprise
de production artistique et sportive spécialisée. L'entreprise
est par ailleurs considérée comme la plus influente et importante
dans le secteur artistique96. Ce rachat par une entreprise
spécialisée du secteur n'est pas hasardeux et maintient la
volonté de l'UFC de faire du MMA un véritable sport-spectacle. En
2019, l'organisation d'arts martiaux mixtes était par ailleurs
valorisée à 7,6 milliards de dollars97
dépassant ainsi largement de célèbres franchises sportives
comme la National Football League (NFL) ou encore la Major League Baseball
(MLB).
Cette starification de ses combattants comme Conor McGregor
l'amènera par ailleurs à faire des ventes records dans divers
secteurs comme dans le jeu vidéo dont l'affiche du jeu EA Sports UFC 3
est illustré par le combattant mais aussi et surtout dans la vente de
Pay-Per-View.
Pour dire, la machine de communication que représente
l'UFC a même personnifiée l'organisation par son président
Dana White, mis en scène durant les conférences de presse, les
prises de paroles importantes, et séparant même les combattants
qui voudraient «en découdre» avant combat. Pour dire, ce
dernier est même suivi par 7,3 millions d'abonnés sur Instagram,
du jamais vu pour le président d'une organisation sportive.
96
https://www.zonebourse.com/cours/action/ENDEAVOR-GROUP-HOLDINGS-66480633/societe/
97 C.SMITH «The Endeavor IPO is actually a
risky bet on the future growth of UFC», 19 Septembre 2019, Forbes.
57
Ce tableau confirme nos recherches ainsi que nos observations,
nous pouvons y voir les meilleures ventes de pay-per-view au cours de
l'histoire de l'UFC ainsi qu'un nom ressortir en tête de liste et
à maintes reprises, celui de la superstar du MMA, Conor McGregor avec
une réelle prouesse économique et marketing de l'UFC 229 en 2018,
pour une vente de 2 400 000 de pay-per-view dont les gains estimés sont
de 180 millions dollars99. Cet UFC 229 justifie de sa
réussite par une réelle mise en lumière numérique
(télévision,média,réseaux sociaux) de
l'affrontement entre l'irlandais superstar de son sport revenant après 2
ans d'absence, face à Khabib Nurmagomedov, «The Eagle»
invaincu comptant 27 victoires pour 0 défaite. Le trash talking des deux
hommes est extrêmement virulent et la rencontre des deux
98 source Statista 2022, tableau disponible sur
https://www.statista.com/statistics/680659/ultimate-fighting-championship-leading-pay-per-view-event
s-by-buyrate/
99 J.SKUDDER «UFC : Top 10 Biggest Earning PPV
Events In History (Ranked)», 4 mars 2022 dans GiveMeSport.
58
combattants est encore plus spectacularisée avec des
insultes, des menaces de mort et des provocations. L'Irlandais proposera un
verre de whisky de sa propre marque, la Proper Twelve à Khabib
Nurmagomedov dont la foi musulmane est connue de tous et lui dira «Tu
seras mort à l'instant où je poserais les mains sur toi, tu
m'entends ? Tu es mort putain !»100. L'engouement sportif mais
aussi spectaculaire pour cette rencontre prend donc une dimension historique
dans l'histoire de l'UFC, d'autres vidéos alimenteront
l'intérêt spectatoriel de la rencontre comme une vidéo
surprenante montrant Khabib Nurmagomedov à l'âge de 9 ans,
s'entraînant à la lutte avec un ours ce qui ne manquera pas de
susciter l'intérêt pour le combattant comptant aujourd'hui 33,4
millions d'abonnés sur Instagram faisant ainsi de lui le combattant le
plus suivi après son adversaire.
Conor McGregor popularisera également le MMA en
s'offrant sur la scène médiatique mondial en 2017, lors de
l'organisation d'un combat l'opposant face à la superstar de la boxe
anglaise Floyd Mayweather, combat qui entraînera la vente de 4 300 000
pay-per-view pour 600 millions de dollars101 et s'inscrira comme le
deuxième pay-per-view le plus vendu de l'histoire du sport.
Le combattant d'arts martiaux mixtes sera par ailleurs le
sportif le mieux payé de la planète en 2021 avec un revenus de
180 millions de dollars dont 22 millions en revenus sportifs et 158 millions en
revenus extra sportifs102.
Cette réussite probante dans la vente de pay-per-view
pour l'UFC, amènera l'organisation à signer en 2019 avec l'ESPN,
un contrat de 1,5 milliards de dollars assurant la diffusion de 12 pay-per-view
annuellement103 et celà jusqu'en 2025. Cette réussite
n'est pas seulement économique mais également symbolique car la
société signataire appartient à Walt Disney Company, un
succès permettant ainsi également de faire gagner en
légitimité et de démocratiser encore plus le MMA.
100 Conférence de presse de l'UFC 229 visionnable sur
rmcsport.bfmtv.com au lien :
https://urlz.fr/icmv
101 D.RAPHAEL «Floyd Mayweather - Conor McGregor pulled
in 4.3M domestic PPV buys, $600M» le 15 décembre 2017 dans ESPN.
102 Classement effectué selon Forbes le 28 juin 2021.
103 R.GOLDBERG «Dana White says UFC woth 7 billion after
ESPN television contract» le 20 août 2018 dans Bleacher Report.
59
Au sein de cette partie centrée autour de la mise en
lumière des combattants professionnels de MMA par le numérique et
plus particulièrement par les réseaux sociaux, nous avons pu voir
l'influence socio-économique de celà d'une part sur le MMA et
d'autre part sur l'UFC mais notre étude de terrain nous a permis
d'étudier un cas plus rare ou le numérique propulse directement
une carrière professionnelle d'un combattant de MMA amateur.
Jusqu'ici nous avions pu voir un gain de popularité, en
notoriété et même une starification d'athlète
professionnel et celà dû par une mise en exergue au sein de la
plus grande organisation d'arts martiaux mixtes au monde, mais nous verrons ici
la capacité du numérique à populariser un amateur de MMA
et à en faire un professionnel parmis les plus suivis des combattants
français. Afin d'étudier et de comprendre ce processus que nous
pouvons qualifier «d'inversé» c'est à dire dont la
popularité se bâtit dans la pratique amateur avant même la
pratique professionnelle, nous avons établit un entretien avec Ramzan
Jembiev un jeune combattant professionnel de 22 ans et combattant en
catégorie de -65kg. L'approche pour cet entretien ne fut par ailleurs
pas simple compte tenu de la grande notoriété du combattant de
MMA comptant 140 000 abonnés sur Instagram et recevant des dizaines de
sollicitations par jour. Afin d'obtenir un entretien avec le combattant nous
avons décidé d'effectuer une approche sur le réseau social
Twitter ou celui n'a «que» 7 900 abonnés, pouvant donc ainsi
consulter l'ensemble des sollicitations qu'il reçoit.
Ramzan Jembiev dont le surnom est «Loup Noir» est
qualifié comme un véritable «Phénomène sur
internet»104 par de nombreux médias
spécialisés dans les sports de combat, comme la Sueur. Le jeune
homme de 22 ans avant de mener une carrière professionnelle suivi par
près de 140 000 abonnés sur Instagram, s'est premièrement
illustré sur les réseaux sociaux et notamment via Youtube au sein
de la chaîne Ibra Tv. La chaîne du célèbre Youtubeur
«IbraTv» de son vrai nom Ibrahim Tsetchoev et comptant 4,59 millions
d'abonnés, propose en effet un contenu de vidéo
spécialisé sur le MMA du nom de «Youtube Fight Club»
portant l'acronyme YFC dont l'évocation nous rappelle par ailleurs celle
de l'UFC. Le concept de ce format vidéo est simple, faire affronter des
combattants amateurs sur du gazon dans un stade selon les règles du MMA
et le tout encadré par un combattant professionnel faisant ici office
d'arbitre.
104 «Ramzan Jembiev «Loup Noir» annonce son 1er
combat de MMA» 7 Novembre 2018 dans La Sueur.
60
Le niveau des combattants amateurs est très disparate
avec la pratique pour certains du MMA depuis quelques mois ou encore une
pratique d'un autre sport de combat pour d'autres, mais ressort de ces
confrontations un profil particulièrement impressionnant de par sa lutte
au sol mais aussi de sa boxe pied-poing, celui de Ramzan Jembiev. Le jeune
combattant français a ainsi su se distinguer au fil de ses combat sur la
chaîne dont au sein d'une vidéo intitulée «Combat -
LOUP NOIR vs Maxime le MILITAIRE (YFC8)» qui fera 9,4 millions de vues
pour 180 000 mentions «likes» ainsi que d'une multitude de
commentaires francophones et anglophones justifiant ainsi de la
hype105 pour le combattant.
Si un engouement numérique commence à se faire
autour de ce combattant amateur, s'est véritablement la vidéo
«COMBAT MMA : Ramzan LOUP NOIR Vs AMADOU le soldat (YFC10)» en 2019
qui créera un énorme buzz suite à un spectaculaire KO
acrobatique. La vidéo «amateur» sera par ailleurs
partagée par des médias professionnels spécialisés
dans le MMA comme SportsCenter, la plateforme ESPN dont nous parlions
précédemment dans cet ouvrage mais aussi le
OneChampionchipJapan106 sur Instagram. Le combattant amateur gagne
ainsi et très rapidement, une grande notoriété lui
permettant d'acquérir 100 000 abonnés sur Instagram et d'ainsi
d'être approché par le «100% Fight» avec lequel il
débutera sa carrière professionnelle en jouissant
déjà d'une grande popularité. Aujourd'hui Ramzan Jembiev
est le troisième combattant français de MMA le plus suivi sur les
réseaux sociaux après la star de l'UFC Ciryl Gane et du jeune
combattant Morgan Chapa tout aussi habile des réseaux sociaux avec
notamment la production de ses propres vidéos Youtube.
Suite à une popularité numérique presque
unique dans le MMA français nous lui avons directement demandé si
les réseaux sociaux avait était décisif pour ses
débuts professionnels « Clairement oui, je ne le nie pas ma
notoriété s'est faîte avant mes débuts
professionnels et a contribué à mon lancement, j'ai pu montrer
mon style de combat et ça a plu.
Aujourd'hui le MMA en France est pas assez payé
donc pour quelqu'un qui débute c'est impossible d'en vivre sans avoir
une grosse notoriété.» en ressort ainsi un
caractère de dépendance notamment financière au
numérique et plus particulièrement sur les réseaux sociaux
afin de pouvoir consacrer une entière disponibilité à la
pratique professionnelle du MMA. La popularité de Ramzan Jembiev lui
permet donc principalement de vivre de ses nombreux sponsors comme CDDream,
Natura Force et bien d'autres que nous pouvons voir
105 hype : Qui est à la pointe de la mode.
Définition
Larousse.fr.
106 Plus grandes organisations d'arts martiaux mixtes
asiatiques.
61
bien exposés sur son Instagram. De plus, il semble
intéressant de souligner cette impossibilité de vivre pleinement
du MMA et de l'associer à l'ensemble des combattants professionnels
français qui sont pour une majorité «méconnu»
sur les réseaux sociaux et ne bénéficient donc ainsi pas
de la ferveur d'un sponsor et donc d'une possibilité de vivre uniquement
de la discipline. Nous avions par ailleurs pu voir celà dans d'autres
sports à échelle professionnelle avec Pierre Martins,
entraîneur de Kick Boxing (que nous connaissons via ses
entraînements) 7 fois champions du monde dont 3 fois en amateur et 4 en
professionnel qui nous partageait son impossibilité de s'entraîner
sans adopter un autre travail à côté et qui soulignait par
ailleurs le manque de reconnaissance de la France envers ses sportifs.
Le numérique à l'échelle Hexagonale
semble ainsi d'une part répondre à une demande de la part des
spectateurs du MMA mais d'autre part de permettre aux professionnels d'en vivre
et de les inciter au partage de leur pratique. Cette situation issue des
maigres subventions françaises accordées aux professionnels de la
discipline mais aussi à sa récente légalisation en France
incite donc et peut même contraindre de nombreux combattants
français à être actifs sur les réseaux sociaux
«Franchement pour gagner en notoriété ça passe
par les réseaux principalement donc c'est hyper important d'être
actif sur ses réseaux, tu partage ton entraînement, les affiches
mais tu crée aussi une proximité avec les gens qui te suivent tu
leur dois bien ça.».
Par ailleurs, cette dépendance financière par
les réseaux sociaux pour une pratique professionnelle entièrement
dédiée, nous a amené à demander à Ramzan si
sa présence sur ces réseaux faisait partie de son
«boulot», question à laquelle celui-ci nous a
répondu« Oui exactement et c'est pour ça que j'ai
quelqu'un qui gère ça vu que pour moi c'est un travail à
temps plein et c'est ici que ma communauté est.» Ainsi, une
forte notoriété sur les réseaux sociaux permettrait d'une
part de vivre du MMA à temps plein mais d'autre part prendrait
également à temps plein la gestion de ces contenus ce qui
nécessite donc de déléguer cette partie à un
manager afin de se concentrer sur sa pratique sportive.
Hormis l'aspect pécunier mais aussi de
nécessité d'une relation bâtie entre le MMA et le
numérique en France, nous avons demandé à Ramzan si sa
popularité était vecteur de motivation dans sa pratique
professionnelle ou encore si celle-ci tenait également des
inconvénients.»Être populaire c'est aussi une motivation
supplémentaire, beaucoup me supporte et veulent me voir gagner donc j'ai
pas envie de les décevoir».
62
Cette popularité joue donc également un
rôle motivationnel dans la pratique mais également dans la
performance sportive allant de pair avec la préparation mentale
associée à l'exercice du sport à haut niveau et pouvant
par ailleurs faire l'objet à part entière d'un ouvrage
universitaire ou scientifique. Concernant les inconvénients, celui-ci a
évoqué «Le problème c'est qu'on a une image
à tenir et qu'on a pas le droit à l'erreur, je suis jeune et je
suis loin d'être parfait donc si je fais une bêtise ça peut
me coûter cher» la notoriété numérique
semble donc malgrés l'offre d'avantages forts intéressants comme
l'ouverture d'une carrière professionnelle mais aussi sa pratique
à temps plein, comporter des inconvénients d'ordre d'image public
à entretenir et à tenir pouvant entraîner avec une mauvaise
gestion un bad buzz qui retournerait l'engouement initial tourné autour
du combattant contre lui. Cet entretien sonne d'autant plus vrai que l'ancien
manager de Ramzan Jembiev est recherché par la police pour avoir
escroqué le combattant ainsi que des membres de sa communauté, ce
qui a suscité certaines vives critiques auprès du «Loup
Noir» qui a tenu à s'exprimer officiellement par le biai de story
Instagram mais aussi de live Twitter auprès de certains médias
amateurs.
Les jeunes talents du MMA français représentent
donc ainsi un réel intérêt spectatoriel (de par le
sport-spectacle qu'est le MMA mais aussi de par la starification de certains
combattants) mais aussi d'espoir pour la discipline à l'échelle
mondiale avec la fédération d'une communauté francophone
fidèle et qui soutient ses combattants. Un de nos pratiquants de MMA
nous dira au cours d'un entretien suivre «des combattants
français comme Salahdine Parnasse et compagnie qui ne sont pas
forcément à l'UFC, je les suit pour leur apporter du soutien mais
aussi pour suivre leurs entraînements et leurs petites vies de
combattants quoi, forcément c'est divertissant». Rappelons par
ailleurs que Salahdine Parnasse est également un jeune combattant de MMA
de 24 ans détenant 112 000 abonnés sur Instagram et
s'entraînant avec Ramzan Jembiev à la Atch Academy.
63
C) Attente et recherche spectatorielle
Parmi les terrains déjà énoncés,
nous en avons mené un, fondé principalement sur
l'intérêt spectatoriel, le terrain se partage d'une part par une
fonction qualitative et d'autre part par une fonction quantitative. De plus,
celui-ci se décline sous plusieurs formes, premièrement, comme
nous avons pu l'énoncer dans l'introduction de cet ouvrage, celui-ci se
présente sous la forme d'un questionnaire Google Form comportant 178
réponses, ce questionnaire est par ailleurs scindé en deux avec
d'une part des pratiquants de MMA représentants 46,6% des
répondants et d'autre part des non pratiquants au nombre de 96,
représentants ici 53,4% sur l'ensemble de nos répondants.
Principalement questionnés sur leurs habitudes et leurs moyens de
visionnage autour du MMA, les répondants se voient également
exposés des questions sur leur perception du sport mais aussi sur leur
préférence au sein de celui-ci.
À cette étude quantitative, s'ajoute une
étude qualitative fondée sur l'entretien direct avec 2
spectateurs de ce sport au profil différent et qui ne sont pas
pratiquants de la discipline. Premièrement, il convient d'attribuer une
définition sur l'intérêt et la recherche spectatorielle,
nous pouvons définir tout d'abord le «spectatoriel» comme
étant ce «qui appartient à celui, celle qui regarde un
spectacle, qui observe un événement, un
phénomène»107 et l'intérêt tout
bonnement comme un «sentiment de curiosité à l'égard
de quelque chose, de quelqu'un ; agrément qu'on y
prend»108. Les enquêtes portent également
principalement sur la valeur de diffusion et l'utilisation du numérique
quant à l'accès ou non à des ressources concernant le
MMA.
Premier élément ressortissant de notre
enquête mais qui reste toutefois à nuancer, concerne le genre des
répondants. Les répondants pratiquants d'arts martiaux mixtes
sont en effet à 96,4% des hommes et seulement 3,6% de femmes ce qui
rejoint notre observation précédente mettant en lumière
une exposition prédominante des femmes à l'échelle
professionnelle en comparaison avec la pratique loisir ou encore amateur. Ces
chiffres sont à notre sens non biaisés ou du moins de
manière moindre car la diffusion du questionnaire pour les pratiquants
de ce sport s'est principalement porté sur des groupes Facebook comme
«Tu sais que tu fais du MMA quand .....» ou encore sur Twitter et
relayé par des petits compte média comme «La
Mêlée / MMA». Le biai aurait pu être plus
élevé si la diffusion de ce questionnaire
107 définition de Spectatoriel, - elle par le
cnrtl.fr
108 définition d'intérêt, par
larousse.fr
64
s'établissait principalement par nos propres
réseaux avec une prépondérance d'un genre sur un autre.
Concernant le questionnaire portant sur les non pratiquants de
MMA, celui-ci a été répondu par une majorité encore
une fois masculine s'élevant à 72,9% pour 27,1% de femmes, ce qui
reste toutefois bien plus élevé que les réponses de nos
pratiquantes. Enfin concernant la prépondérance au niveau des
tranches d'âges au sein de notre étude, celle-ci se fait observer
pour les nons pratiquants qui sont à 62,5% des 18-25 ans contre une
tranche d'âge beaucoup plus hétérogène chez les
pratiquants de MMA avec 33,7% de 18-25 ans et 31,3% pour les 26-35 ans.
L'intérêt de scinder le questionnaire en deux
parties distinctes permet d'une part d'observer des différences
significatives portant sur la perception de la discipline et d'autre part d'en
observer l'intérêt en tant que sport mais aussi en tant que
sport-spectacle. Nuançons tout de même que parmis nos
répondants non pratiquants, 60,4% d'entre eux ont déjà
pratiqué un sport de combat ou un art martial, la valeur étant
purement quantitative, cela peut-être nuancé par les
apprentissages et les initiations à des sports comme le Judo durant
l'enfance.
Ensuite, afin de convenir de l'intérêt
spectatoriel et d'ainsi mesurer la recherche et l'attente des spectateurs des
arts martiaux mixtes, il semble d'abord nécessaire d'y observer
conjointement à notre sujet d'étude propre au numérique,
de la fréquence de visionnage de contenu numérique concernant le
MMA. En ressort, pour notre échantillon de pratiquant, un visionnage se
faisant «Très souvent» de l'ordre de 59% des réponses,
suivi de «Souvent» à 28,9% puis de
«Occasionnellement» à 10,8%. Par ailleurs, les
répondants expriment à 75,9% rechercher du contenu sur le MMA par
eux même et que celui-ci leur est également proposé contre
seulement 16,9% pour ceux qui recherchent du contenu sur le MMA sans que
celui-ci ne leur soit proposé. Ainsi, nous posons naturellement
l'hypothèse que le numérique et plus particulièrement les
réseaux sociaux tels que Instagram ou encore Youtube proposent de
manière algorithmique du contenu numérique susceptible de plaire
et se référençant aux recherches des utilisateurs, ce qui
renforce ainsi la consommation «numérique» du MMA par cet
intermédiaire. De plus, et de manière plus naturelle sans
injonction algorithmique, l'abonnement ou le suivi de compte
spécialisé dans le MMA amène naturellement au fil des
publications de ces comptes suivis, la proposition d'un contenu tournant autour
de la discipline.
65
Concernant les non pratiquants, le visionnage de contenu
numérique portant sur le MMA est plus hétérogène
avec 45,8% des répondants regardant «Occasionnellement», 22,9%
regardant «Très souvent» et 14,6% regardant
«Souvent», nous y retrouvons cependant 40,6% des répondants
cherchants du contenu sur le MMA et se le voyant proposer ce qui confirme notre
hypothèse précédente.
S'en dégage néanmoins un élément
fort intéressant sur les propositions numériques portants autour
du MMA car 29,2 % des répondants affirment ne pas rechercher du contenu
sur le MMA mais que celui-ci leur est quand même proposé, ce qui
vient maintenir et renforcer notre hypothèse mais aussi notre sujet
d'étude exprimant l'influence du numérique dans la popularisation
mais aussi dans la découverte du sport.
Le visionnage de contenu numérique se rapportant au MMA
se fait principalement via le web (réseaux sociaux, plateformes de
partage, streaming etc..) suivi de la télévision mais aussi des
jeux vidéo. Notre groupe de pratiquant affirme à 97,6%
accéder à des ressources portant sur le MMA par
l'intermédiaire du web et pour les non pratiquants à 81,3%. La
télévision n'est cependant pas en reste avec un accès
à 37,5% pour les non pratiquants mais aussi 47% pour les pratiquants.
S'en dégagent ainsi une légère différence montrant
un accès plus multimodales pour les sportifs de la discipline que pour
les autres, cela se remarque également pour l'accès à du
contenu sur le MMA à travers le jeu vidéo qui se fait à
28,9% pour notre premier groupe contre 10% de moins pour le second.
Ensuite, maintenant que nous connaissons les principaux
accès multimodaux aux ressources numériques concernant le MMA, il
est intéressant d'y constater l'intérêt existant pour cette
utilisation.
66
L'intérêt «de consommation
numérique» concernant le groupe de pratiquant d'arts martiaux
mixtes est hétérogène mais laisse distinguer
principalement deux résultats en particulier, d'une part d'un
intérêt concret pour l'apprentissage du MMA et de ses techniques
mais d'autre part d'un intérêt informationnel afin de se tenir au
courant des actualités portant sur la discipline. Il est
également intéressant de souligner que pour les pratiquants de la
discipline le divertissement ne revêt que la quatrième place en
termes d'intérêt. De plus, le suivi de personnalités
sportives du MMA prédomine également. Le constat de cette
enquête montre une forme de continuité «extra-pratique»
sportive qui vise à s'instruire techniquement, d'être
«à jour» dans ce sport mais aussi d'en suivre les icônes
qui en plus d'être des «stars» de la discipline en sont des
sportifs hors pairs ce qui explique la prédominance du suivi des
sportifs et stars de ce sport sur le divertissement. Ressort ainsi de cette
analyse une centralisation plus axée sur le sport que sur le spectacle
marquant ainsi finalement une prédominance sachant que le MMA est
socialement caractérisé comme «sport-spectacle».
Résultat tout aussi intéressant que
différent chez le groupe de non pratiquant qui place le divertissement
au coeur de son intérêt d'utilisation et de visionnage de contenu
portant sur le MMA avec une réponse majoritaire de 59,4% des
répondants suivi de l'apprentissage du sport et de ses techniques
à 46,9%.
La comparaison des deux groupes met ainsi en exergue un
intérêt plus technique pour l'un et plus divertissant pour l'autre
ce qui maintient et valide l'inscription historique du MMA comme
sport-spectacle et de son évolution recherchant conjointement un
équilibre entre la compétition sportive, l'encadrement du sport
mais aussi l'organisation d'événement et de confrontation
spectaculaire.
67
Fait intéressant, à la question
«Recherchez-vous un contenu particulier sur le MMA ?», notre analyse
précédente se maintient et se confirme avec une différence
de réponses entre les deux groupes laissant encore une fois une
appréciation plus technique pour un groupe et plus
«spectaculaire» pour l'autre.
Nous pouvons à travers le recensement des
réponses ci-dessus, observer un attrait véritablement technique
lors du visionnage numérique des pratiquants de MMA. Ce qui, plus que la
recherche de «sport-spectacle» que nous connaissons propre à
la majorité des spectateurs non pratiquants (et que notre étude
confirme), s'inscrit dans une perspective d'apprentissage technique par le
numérique. Des réponses comme «les beaux gestes de KO et les
combats épiques" ou encore «Trash talking et compilation de
KO» existent tout de même mais de manière moindre que
l'intérêt spectatoriel technique de l'ensemble de nos pratiquants.
Il serait tout de même intéressant d'approfondir cette
étude par une diffusion encore plus large d'un questionnaire comme
celui-ci tout en établissant un échantillonnage pleinement
représentatif tant au niveau de l'âge que la durée de
pratique des répondants afin de définitivement confirmer cette
recherche. De plus, nos répondants expriment avoir principalement
débuté le MMA pour «perfomer dans la pratique de la
compétition» à 46,9%
68
ce qui peut également expliquer cette attention plus
particulière pour l'apprentissage et l'appréciation technique
plutôt que spectaculaire.
Contrairement à notre précédent groupe,
les non pratiquants sont quant à eux plus intéressés par
des contenus de «Compilation de KO», de «Trash talking» ou
encore des «Pesées» qui composent la grande majorité
des réponses. Il est par ailleurs assez étonnant qu'à
cette question aucun des répondants si ce n'est un seul d'entre eux ne
précise «l'apprentissage technique» sachant qu'ils
étaient 46,9% à répondre être
intéressés par l'apprentissage du sport et de ses techniques.
Ainsi, le second groupe semble être beaucoup plus attiré par le
MMA comme «sport-spectacle» avec la recherche de spectaculaire
notamment à travers les compilations de KO, d'actions
«violentes» dans ce sport mais aussi de «show» à
travers le trash talking que nous avons précédemment
étudié et qui s'inscrit comme une véritable technique
marketing dans les grandes organisations d'arts martiaux mixtes comme l'UFC.
Cette observation corrèle avec les contenus
numériques proposés et notamment sur les réseaux sociaux
de l'UFC, la chaîne Youtube UFC propose fréquemment des contenus
portant sur des KO comme le «TOP 20 Knockouts in UFC History «
comptabilisant des centaines de millions de vues.
L'intérêt de ce type de contenu réside
dans sa capacité à fédérer un public (occasionnel
ou non) qui peut-être «profane» de la discipline mais qui peut
y apprécier la dimension sportive ( à rappeler que les
pratiquants de MMA consultent également ce type de contenu) mais aussi
et surtout spectaculaire. Ainsi, le visionnage de ce type de contenu ne
nécessite ni recherche et nul besoin en connaissance technique afin d'en
apprécier la dimension109 purement «spectaculaire»
et esthétique contrairement à des sports comme le baseball qui
nécessite une connaissance particulière des règles afin
d'en apprécier plus largement la prouesse sportive. L'opposition de deux
combattants dans un Octogone semble à priori innée de sens pour
les
109 Rappelons que le «spectacle» n'est qu'une des deux
dimensions du MMA qui est avant tout un sport mais qui a construit son
modèle économique et marketing sous l'appelation et sous la
volonté d'être un «sport-spectacle»
69
spectateurs et permet ainsi de générer une
expérience spectatorielle mais aussi sensorielle avec la création
et le maintien d'un suspens.. De plus, il n'est pas rare d'entendre des
commentaires comme «Je n'aimerai pas être à sa place» ce
qui montre la capacité du spectateur à s'insérer
pleinement dans la tension combative des confrontations mais aussi de ce type
de compilation de KO et de contenu «spectaculaire». Le
numérique et les réseaux sociaux permettent ainsi de populariser
le MMA auprès de spectateurs habituels, de pratiquants avec des
connaissances techniques plus poussées mais également à
des spectateurs occasionnels qui représentent tout de même 45,8%
de nos répondants du second groupe. L'alliance entre le sport et le
spectacle semble ainsi être une alliance «gagnante» capable de
créer un public hétérogène à
l'intérêt variable.
Afin d'alimenter cette étude portant sur les recherches
et l'intérêt spectatoriel pour le MMA par le prisme du
numérique, nous avons établi deux entretiens avec des
spectateurs110 habituels de la discipline. Au premier entretien
établi avec notre répondant plus âgé111
et dont nous avions précédemment dans cet ouvrage, observé
son début d'intérêt en tant que spectateur pour le MMA
durant l'époque du Pride112, nous l'avons questionné
sur ses préférences de visionnage des contenus numériques
en lien avec ce sport« Ce que je préfère je pense, comme
beaucoup c'est le spectaculaire. C'est bien de voir la technique de voir un
kickboxeur contre un mec qui fait du jiu-jitsu brésilien ou du
grappling, les oppositions de style quoi mais ça reste le spectaculaire.
Pourquoi le spectaculaire ? Je sais pas peut-être qu'on a grandi dans un
environnement de violence ça doit jouer même si maintenant on est
plus censé être responsable ça reste toujours ce
côté spectaculaire.» En ressort de cette réponse
un élément premièrement très intéressant qui
réside comme nous avons pu le voir jusqu'ici sur l'essence même
des arts martiaux mixtes fondés initialement sur l'opposition de style.
Cette notion d'opposition de style tend tout de même à
disparaître avec l'augmentation de la polyvalence des combattants dans
les combats au sol ou debout mais semble garder sa popularité et son
intérêt notamment auprès des spectateurs plus
âgés ayant connu le sport à ses débuts.
Ensuite, le répondant évoque un
intérêt prioritaire sur le spectaculaire en l'associant à
la violence que peuvent prendre les combats d'arts martiaux mixtes ce qui
rejoint par ailleurs ce
110 Il s'agit ici de l'entretien de spectateurs ne pratiquant pas
la discipline. La nuance est ici importante car comme nous avons pu le voir il
existe des intérêts divergents en fonction de la pratique des arts
martiaux mixtes ou non.
111 répondant âgé d'une trentaine
d'année.
112 Autrefois l'une des plus grandes organisations de MMA avant
d'être rachetée par l'UFC.
70
grand intérêt spectatoriel sur les canaux
numériques et notamment sur les réseaux sociaux pour les
compilations de KO.
Par ailleurs, nous avons pu voir qu'au sein de la discipline
il y avait plusieurs moyens de «neutraliser» son adversaire parmis
les plus populaires nous avons les fameux KO tant plébiscités du
public et traditionnellement rattaché au combat debout et aux sports de
percussions, mais nous avons également les soumissions majoritairements
ici associées au combat au sol et faisant emprunt à des
techniques de grappling ou de jiu-jitsu brésilien.
Souvent les «KO» sont perçus comme plus
surprenants ou encore plus «spectaculaires», mot qui revient tout au
long de cette étude et transcende par ailleurs toutes les
périodes que nous avons jusqu'ici évoquées. Nous avons ici
cherché à savoir si le combat debout et marqué par des
frappes (ou percussions) autrement appelé le «striking»
était préféré par nos répondants au combat
au sol. «le striking, le coup de poing, pour moi le coup de poing ca
reste la base de tout» nous répond notre premier
interrogé et le second répondra à cette question par
«Je préfère le striking car le combat au sol 9 fois sur
10 on dort, on se fait chier on s'endort c'est ni amusant ni plaisant à
regarder». Ainsi la préférence des spectateurs
interrogés semble résider dans «l'amusement» , le
plaisir de regarder un sport esthétiquement impressionnant et violent,
bien que le combat au sol soit une partie intégrante du
déroulement des combats de MMA et même une partie fondamentale
pour exceller dans la pratique de ce sport comme l'invaincu Khabib
Nurmagomedov, la préférence semble donner dans les
échanges de coup en combat debout perçu comme plus violents, plus
spectaculaires et plus intenses car aussi peut-être plus commun (avec la
popularisation notamment des sports tels que la boxe anglaise) ou encore
perçus comme moins technique que le combat au sol. Une
prédominance semble ainsi se porter sur le spectacle que sur la prouesse
sportive pure avec pour les plus expérimentés d'entre nous, la
connaissance de toutes la subtilité mais aussi la technicité non
visible pour le combat au sol aux yeux de certains spectateurs sur les
techniques du sport, ce qui peut donc amener à une impression de combat
plus "soporifique".
De plus, historiquement le marketing autour du MMA et de l'UFC
que nous avons pu voir, tourne autour de l'esthétisme perçu plus
que reçu avec des blessures plus spectaculaires que traumatiques qui
sont également caractéristiques du striking et qui sont
partagées sur de nombreux réseaux sociaux sans nécessiter
chez la part du spectateur de grande connaissance technique afin d'en
apprécier la confrontation. Tout comme les logiques
télévisuelles mais
71
également vidéographiques percevables sur la
plateforme Youtube, le spectateur doit être maintenu en éveil, une
tension doit se maintenir, un esthétisme doit marquer l'oeil mais aussi
une certaine intensité, un certain rythme propre aux logiques
spectatorielles du numérique. Ainsi, de nombreux modèles de
vidéo sur Youtube par exemple, sont rythmés par de nombreuses
coupures, des bandes sons, des visuels afin de maintenir le regard du
spectateur sur la vidéo, il en est de même avec le striking selon
les résultats de notre enquête. Le striking permettrait
d'après nos entretiens de maintenir une intensité propre au
logique télévisuelle «Ce que je préfère
c'est les combats intenses, l'intensité du combat, soit les techniques
simples, traditionnelles, de boxes anglaises ou des techniques plus
originales». Bien évidemment le manque d'appréciation
pour le combat au sol ne résulte pas nécessairement d'un manque
de connaissance pour ce style de combat ni de connaissance technique, mais
notre étude a montrée qu'une plus grande technicité
perçue ou concrète dans le MMA serait plus apte à plaire
à des pratiquants qu'à des non pratiquants de la discipline.
L'intérêt de notre étude qualitative
portant sur les recherches et les motivations des spectateurs à
consulter du contenu numérique portant sur le MMA nous a par ailleurs
permis d'observer outre de ce que nous avons déjà ici
développé, l'importance des réseaux sociaux et celà
notamment au travers de débriefs et d'actualités portant sur ce
sport. Ainsi, comme a pu le montrer notre sondage de nombreux spectateurs
souhaitent percevoir des informations «additionnelles» sur la
discipline afin d'en rester à jour mais également afin d'avoir
une perception plus «professionnelle» de ce sport dépassant
ainsi le simple visionnage d'un contenu qui ne serait qu'uniquement
spectaculaire. «Après chaque combat je regarde une chaîne
sur youtube qui parle de MMA, elle s'appelle La Sueur, je trouve que ça
apporte beaucoup de bien au MMA, là ou beaucoup regarde uniquement le
côté violent, bah là ca apporte un vrai professionnalisme,
si tu penses que les mecs c'est des mecs violents bah tu te trompe. C'est un
sport comme un autre, c'est des mecs super entraînés, ils savent
ce qu'ils font c'est super bien encadré, t'as des médecins t'as
tout ce qu'il faut. C'est tous des professionnels, après bien sûr
t'as des gars qui viennent entre guillemet de la rue qui ont plus cet instinct
de violence mais c'est complétement différent, mais je trouve que
les chaînes comme La Sueur ça brise ce côté de
violence donc c'est pour ça que j'aime bien regarder les
débriefs».
Le numérique à travers notamment la diffusion de
vidéos professionnelles mais aussi amateurs de médias du MMA
semble ainsi grandement contribuer à la popularisation de ce
72
sport et celà notamment par l'explication de
game-plan113 , de technique mais aussi d'informations portant sur
les combattants, leurs entraînements et même leur état
d'esprit. Ce type de contenu apporte selon nos répondants une
réelle réponse sur les questions autrefois posées
concernant la légitimation du MMA, une réponse et une preuve du
professionnalisme qui résulte de la pratique de la discipline au sein
des grandes organisations d'arts martiaux mixtes bien que celles-ci
surenchérissent parfois dans le spectacle et de la mise en avant d'une
violence qui est finalement strictement encadrée.
Enfin, la starification des combattants que nous avons
précédemment étudiée semble auprès de nos
deux répondants au sein de cette enquête qualitative, être
une motivation pour le visionnage et pour l'intérêt porté
sur le MMA mais aussi une forme de garantie tant sur la technicité, la
performance sportive que sur le «show» que ces derniers peuvent
proposer «Forcément je suis plus hypé par les combats
stars c'est là ou y'a le plus de tension, le plus d'engouement, le plus
d'adrénaline, le plus d'intensité et puis les stars ça
reste les meilleurs combattants je serai plus hypé mais je suis aussi
capable de regarder un combat entre guillemet moins important par exemple
j'étais à fond devant le combat de Belal Muhammed et Vicente
Luque».
Notre recherche prouve et valide donc ainsi ici des
différences significatives mais aussi certains points communs entre
l'intérêt spectatoriel des pratiquants de la discipline et des non
pratiquants. Cette recherche souligne également la capacité du
MMA à travers les grandes organisations d'arts martiaux mixtes mais
également à travers le numérique, de répondre
à ces intérêts et d'ainsi caractériser un
équilibre presque-parfait entre le sport et le spectacle que nous
connaissons aux arts martiaux mixtes aujourd'hui et qui permet leur
démocratisation et leur popularisation fulgurante à travers le
monde.
« Il ne s'agit pas seulement de l'avènement du
MMA, mais également de celui du sport-spectacle, dont la fonction est
d'assurer l'incertitude et la recherche d'identification du spectateur, par la
fabrication de combattants rivaux, mais sans altérer
l'égalité de l'opposition. Le sport-spectacle doit créer
une intensité dramaturgique durant les combats
».114
113 Stratégie sportive prédéfinie afin de
maximiser ses chances de victoire.
114 Y.RAMIREZ «Dans la cage du MMA, Sociologie d'un sport du
XXIe siècle» 2021, p39.
73
Nous avons pu voir jusqu'ici les principales phases
évolutives du MMA ainsi que son évolution symbiotique avec le
numérique lui assurant une popularisation auprès d'un public de
plus en plus hétérogène, mais comme dans toute phase de
popularisation, des influences manifestent et notamment du numérique,
peuvent affecter la pratique sportive du MMA au profil de spectateur toujours
plus demandeur en apprentissage sur le sport ou encore en demande de
spectacle.
Partie 3 : Influence du numérique sur les
pratiques sportives du
MMA
La troisième et dernière partie de cet ouvrage
portera donc ainsi sur l'influence du numérique sur la pratique de ce
sport, une influence qui finalement confirme la popularisation de la discipline
en amenant naturellement à l'émergence d'organisation amatrice de
MMA sur le web, d'ouverture à l'accessibilité technique par
l'apprentissage vidéo mais aussi de pratique dérivée de la
discipline et au contenu jugé extrême voir «inhumain».
Ces trois axes que nous étudierons à travers de nombreuses
études de cas mais aussi de terrains avec des enquêtes tant
qualitatives que quantitatives nous montreront certaines résultantes
propre à la popularisation numérique du MMA au profit d'enjeux
sociaux-économiques inhérents à la discipline. Les
enquêtes qualitatives auprès de combattants professionnels et de
médias du MMA sur le web mais aussi auprès d'amateurs
participants à des organisations amatrices ou encore
«dérivés» ou «déviantes» du MMA
apporteront une réelle expertise à notre ouvrage ainsi que d'une
réelle compréhension du processus de popularisation par le
numérique. Par ailleurs, les enquêtes quantitatives et
qualitatives porteront directement la focale sur les pratiquants et sur la
relation existante ou non entre leur pratique sportive et le
numérique.
A) Émergence d'organisations amatrices de MMA sur le
web, le cas YFC. Du gazon à l'Octogone
Nous avons pu mentionner le YFC précédemment au
sein de cet ouvrage en mettant en avant son rôle sur la
«starification» de Ramzan Jembiev à l'échelle
Hexagonale et au sein du MMA Français mais nous n'avons que très
peu développé l'origine mais aussi le contexte de la
74
création de cette organisation amatrice de MMA qui a
prit naissance sur le web via la plateforme Youtube. L'intérêt
d'étudier le cas YFC, réside dans un exemple des plus concrets de
popularisation du MMA par le numérique et celà plus
intéressant encore, qu'il s'agit d'un cas français et que nous
disposons d'un terrain pour son étude.
Tout d'abord le «YFC» acronyme de Youtube Fight Club
était initialement un format de vidéo occasionnel de la
chaîne Youtube Ibra TV comptant 4,59M d'abonnés et lancée
par Ibrahim Tsetchoev en 2014. La chaîne classée 25ème sur
la liste des youtubeurs français en fonction du nombre d'abonnés,
12ème sur le nombre de likes de vidéos et plus intéressant
encore, 4ème sur le nombre de commentaires vidéos115,
nous montre l'importance de sa viralité mais aussi de l'importance des
réactions et des intéractions portant sur son contenu.
Initialement, le Youtubeur s'est grandement fait
connaître et a basé l'essentiel de son contenu sur la
création de vidéo «Prank116» qui existait
alors peu sur le paysage du Youtube Français mais qui rayonnait de
succès sur les chaînes anglophones. De plus, Ibrahim Tsetchoev
n'hésite pas à faire dans le spectaculaire avec des vidéos
comme « Faire tomber de la cocaïne devant la police» ou encore
«Worldcup final football Streaker» où celui-ci s'introduit sur
le terrain lors de la finale de la coupe d'Europe 2016 opposant la France et le
Portugal et effectue un enchaînement gymnastique en plein match. La
vidéo fera par ailleurs 5.4M de vues et comptera plus de 200 000
mentions «j'aime». En 2019, le Youtubeur sera même
invité et participera à la finale de Ninja Warrior sur TF1 avec
un descriptif par l'émission lors de son passage le qualifiant de
«Star d'internet/ Justicier des rues»117.
Ainsi, l'essentiel de la fanbase de la chaîne Youtube et
du vidéaste IbraTv se compose d'abonnés l'ayant suivi pour ce
type de contenu, une communauté à priori majoritairement
néophyte et éloignée du MMA mais en recherche de
divertissement et de spectaculaire. En 2018, le Youtubeur va pour la
première fois faire une vidéo YFC où celui-ci combat
personnellement dans une vidéo intitulée «Youtube Fight Club
- Combat 1 : Ibratv vs Ismael», une vidéo qui fera plus de dix
millions de vues ainsi que plus de 277 000 mentions «j'aime». La
vidéo débute avec un disclaimer118 où le
Youtuber prend un air dramaturgique en
115 Source : de
https://influencerwiki.fr/ibratv-youtuber/
116 Le mot Prank issu de l'anglicisme définit ici des
canulars notamment tournés en caméra cachée.
117 Vérification possible sur la chaîne Youtube
«Ninja Warrior : Le Parcours des héros» avec la vidéo
«La Finale Ninja Warrior du youtubeur Ibra tv !» 27 mars 2019.
118 Avertissement
75
prononçant « La vidéo qui va suivre est
destinée pour les vrais bonhommes et les femmes qui aiment voir les
hommes s'affronter. Si tu fais partie des fragiles ou tu n'aimes pas un sport
violent, je te conseille de quitter cette vidéo». Des propos
provocateurs sous une musique épique mais qui suscite la
curiosité des spectateurs. La première rencontre YFC prend la
forme d'un combat classique de MMA avec l'accompagnement d'un arbitre qui n'est
qu'une connaissance du Youtubeur, la particularité de la rencontre
réside ici dans son amateurisme tant visuel que organisationnel. Le
combat se déroule en effet sur un terrain synthétique sans aucune
délimitation, les combattants n'ont aucune licence sportive de MMA (la
licence pour la discipline n'existait pas encore en France) et il n'existe
aucune limite de temps. Néanmoins, le contenu spectaculaire et
inédit119 de la chaîne est un véritable
succès auprès de la communauté du Youtubeur et au
delà, car le partage de ses vidéos en devient viral nous avons
par exemple vu le cas de cas Ramzan Jembiev participant à un YFC et
étant repartagé par des organisations mondiales du MMA comme le
One ChampionShip.
Le second YFC, le YFC 2 intitulé «Combat mon
frère vs Ismael et Maga assassin vs David le boxer» marquera
définitivement le contenu prometteur pour le jeune youtubeur mais
également l'intérêt certain des spectateurs
majoritairements néophytes du MMA avec plus de vingt deux millions de
vues et 334 000 mentions «j'aime» sur cette vidéo, se
rapprochant donc ainsi grandement des statistiques des vidéos UFC les
plus visionnées.
Cet exemple concret apporte encore une fois matière
à l'essence de cet ouvrage, la création d'un contenu sur le MMA
porté par un influenceur et star d'internet auprès d'un large
public montre parfaitement la capacité du numérique à
populariser le MMA. Cette association «gagnante» est d'autant plus
explicable que comme nous avons pu le voir la communauté de IbraTv est
initialement présente pour du contenu spectaculaire et inédit et
la proposition de contenu portant sur le MMA rejoint parfaitement cette attente
spectatorielle ce qui explique
119 IbraTv est en effet la première personnalité
publique du Youtube Francophone à proposer des vidéos portant sur
des combats de MMA.
76
l'intérêt suscité pour ces vidéos
mais aussi pour la continuité du YFC. Les vidéos YFC popularisent
d'autant plus le MMA qu'avant sa légalisation les retranscriptions
télévisuelles sur les chaînes françaises
n'existaient pas, il existait cependant des vidéastes francophones et
des créateurs de contenu amateur (qui ne proposaient pas l'organisation
de combat mais surtout des débriefs sur les combats de grandes
organisations mondiales) mais suivis principalement par des spectateurs
habituels et initiés à la discipline.
De plus, la popularisation s'est également
portée du fait que les abonnés ayant
précédés la création de ce type de format de
vidéo se le sont vu proposé en suggestion lors de chaque sortie
de vidéo du Youtubeur. Enfin, le récurrent positionnement des YFC
en tendance amène également la venue d'un grand public
hétérogène à s'intéresser à la
chaîne Youtube mais aussi au MMA.
Le retour des spectateurs et l'engouement pour les combats
d'arts martiaux mixtes sur la chaîne Youtube IbraTv a par ailleurs permis
un changement dans l'organisation mais aussi dans la pratique du YFC. Bien que
le format de vidéo jouit d'un énorme succès dès le
YFC 1, de nombreux spectateurs ont critiqué l'organisation
qualifiée de «bancale». IbraTv fort du succès des YFC a
ainsi décidé d'en faire une véritable organisation
amatrice de MMA sur le Youtube Francophone en multipliant les rencontres et en
améliorant certains axes de l'organisation. Pour exemple, dès le
YFC 2 une limite de temps a été installé fixant 3 rounds
de 3 minutes, durant le YFC9, le youtubeur prendra comme arbitre120
Matthieu Letho Duclos un combattant professionnel de MMA afin d'apporter plus
de professionnalisme au contenu proposé. D'un point de vue
réalisation, l'installation de replay et de slowmotion sur les
meilleures actions du combat a lieu pour le plus grand plaisir des spectateurs,
reprenant les codes de diffusions propres aux plus grandes organisations d'arts
martiaux mixtes.
Cependant, c'est véritablement au cours de cette
année 2022, que l'organisation amatrice d'arts martiaux mixtes a
commencé à prendre un nouveau tournant. Premièrement, la
chaîne IbraTv a fait des YFC la majorité de ses propositions de
vidéos au cours de cette année avec 18 vidéos sur 26
consacrées au MMA mais aussi au striking. Des limites d'espace de combat
ont par ailleurs été fixées avec des bottes de foins
venant encore une fois prouver le côté amateur de l'organisation
mais des éléments pertinents de professionnalisation ont
été
120 Arbitre ayant rejoint l'organisation le 19 juillet 2019 et
exerçant encore ce rôle à ce jour.
77
perceptibles. Premièrement, le YFC a noué un
partenariat avec la marque de boisson énergisante Gorilla Energy Drink,
marque partenaire de la star UFC, Khabib Nurmagomedov mais aussi avec
MyProtein. Ensuite, l'organisation de MMA a invité plusieurs
étoiles montantes de combattants professionnels français du monde
de ce sport comme Salahdine Parnasse venant assister au YFC 34
accompagné de sa ceinture de champion poids plume du KSW. Le Youtube
Fight Club s'est également constitué d'une équipe
composée de commentateurs, d'arbitres avec Mathieu Letho Duclos que nous
avons précédemment vu mais aussi d'un soigneur travaillant en
hôpital. Rappelons que l'organisation amatrice génère de
grands revenus d'une part par la monétisation Youtube et d'autre part
par la présence de sponsor, cependant la légalité
d'organisation de ces combats restent en suspens de même que le
financement de ces événements et de ses intervenants.
Cependant suite à l'essor du MMA français avec
sa récente légalisation mais aussi avec la grande
visibilité et le grand succès du YFC, l'organisation est depuis
mars 2022 encadrée par la Fédération Française du
MMA (FMMAF) ce qui lui donne à présent une réelle
légitimation mais aussi un réel poids cette fois officiel, sur le
MMA français. La FMMAF amène à présent un cadrage
renforcé et une application stricte des règlements applicables au
MMA sur notre territoire avec notamment la mise en place de personnel
professionnel pour l'arbitrage ou encore pour procurer des soins. De plus,
association historique sur l'Hexagone, avec un partenariat noué entre le
Bellator121 et Le YFC ( à présent acronyme de Your
Fight Club et montrant petit à petit un détachement avec
Youtube), où l'organisation de Ibrahim Tsetchoev produit le YFC 37 avec
pour la première fois, 3 combats professionnels avec à la
clé 2 contrats pour le Bellator. Cette association marque
définitivement preuve de l'influence du numérique sur la
popularisation du MMA avec l'association d'une plus grande organisation d'arts
martiaux mixtes mondial et du YFC qui apporte une réelle valeur
ajoutée au niveau de la visibilité du MMA à
l'échelle française mais aussi mondiale ( de nombreux
commentaires étrangers sont perceptibles sur les vidéos
Youtube).
Aujourd'hui, le YFC est en réelle phase de
professionnalisation et le nom de Ibrahim Tsetchoev est dorénavant
inscrit sur le circuit professionnel des arts martiaux mixtes. Les combats YFC
se déroulent à présent sous l'égide de la FMMAF
dans un Octogone de manière extrêmement professionnelle avec le
déroulement même de la toute première
121 L'une des plus grandes organisations de MMA au monde.
conférence de presse de l'organisation d'arts martiaux
mixtes partagée le 26 mars 2022 sur la chaîne IbraTV.
L'association du MMA comme sport-spectacle et du
numérique se marque encore une fois et de manière
soulignée dans cette étude, comme une véritable symbiose
donnant lieu d'une part à la création d'un réel
écosystème socio-économique mais aussi d'un réel
processus d'échange, offrant une popularité et une
démocratisation grandissante pour la discipline. Les YFC
dépassent actuellement la simple diffusion numérique avec la
création à présent de véritable
événement physiques sur l'Hexagone, le premier en date est le
«YFC 2» dont le numéro semble reprendre l'ordre des
événements professionnels établis par l'organisation.
78
122 Lien de la Billetterie du YFC 2 partagé depuis la
story de IbraTv sur Instagram le 16 Mai 2022.
79
Il est pour l'instant délicat d'estimer les recettes
effectuées sur ce genre d'événement, tout d'abord car il
s'agit du premier événement de l'organisation à laquelle
des spectateurs peuvent assister physiquement mais aussi car il existe une
certaine discrétion de l'organisation que nous avons par ailleurs
essayé d'approcher par l'intermédiaire de Sanbiev, animateur lors
des rencontres sportives, qui nous a partagé ne pas pouvoir
échanger d'informations quelconques portants sur la voie de
professionnalisation du YFC.
Il existe néanmoins trois tarifs, le premier
étant le tarif «VIP» d'un prix de 180 euros, le second
«Bord de Cage» à 150 euros et le dernier «Places
debout» à 50 euros. Le nombre de places totales n'est cependant pas
spécifié. Il serait relativement intéressant afin de
nourrir cette étude de même que le sujet porté sur la
popularisation du MMA par le numérique, d'observer si les
événements physiques YFC obtiennent une meilleure
visibilité et vendent plus de places que d'autres organisations d'arts
martiaux mixtes déjà bien implantées en France.
La professionnalisation de l'organisation semble marquer une
véritable évolution dans le paysage du MMA Français avec
l'apport d'un réel professionnalisme notamment depuis l'encadrement par
la FMMAF et les sponsors associés mais aussi de par l'expérience
numérique des réseaux sociaux, du buzz et de la communication de
Ibrahim Tsetchoev.
Nous estimons malgrés la très récente
mais aussi fulgurante évolution du Your Fight Club que l'organisation
peut véritablement se démarquer mais aussi se propulser parmis
les premières organisations françaises123 d'arts
martiaux mixtes compte tenu de son schéma de professionnalisation unique
et de l'engouement spectatoriel qu'elle a pu jouer pour le MMA en France. D'un
point de vu visibilité, et notamment sur Youtube, il est
indéniable que le YFC se hisse à la première place des
organisation française d'arts martiaux mixtes, pour exemple, la
majorité des vidéos de l'organisation atteint un nombre de vues
à minima 100 fois supérieur à celles de la ARES Fighting
Championship.
L'évolution singulière de l'organisation sous
l'influence du numérique et de l'engouement qu'elle suscite,
amène un réel intérêt à la suivre et
d'observer si celle-ci peut au-delà du numérique, devenir un
véritable succès sur l'organisation d'événements de
MMA physiques.
123 marquant ici la nuance par organisation française
nous excluons évidemment les grandes organisations mondiales comme le
Bellator ou l'UFC qui peuvent établir des événements sur
l'Hexagone.
80
Il serait par ailleurs aussi intéressant de voir le
profil des spectateurs venant assister physiquement aux
événements et de connaître leurs motivations mais aussi de
savoir si ils ont pu être influencés par le «label»
IbraTV. Le numérique, en plus d'ouvrir la voie de la
professionnalisation à des combattants comme Ramzan Jembiev a ainsi
cette capacité à même de professionnaliser des
organisations d'arts martiaux mixtes.
Au cours de notre étude sur le cas du YFC et de
l'influence du numérique sur son organisation mais aussi sur sa pratique
du MMA, nous avons jugé pertinent d'établir une enquête sur
les raisons qui amèneraient un pratiquant amateur de sports de combat
à combattre au sein de l'organisation mais aussi de s'exposer
numériquement devant des millions de personnes sur le web et notamment
sur Youtube.
Le combattant avec qui nous avons conjointement mené
cette enquête est Hamza Allal, deux fois participants avec le YFC 27 et
le YFC 28 et dont les combats ne se déroulaient pas en MMA
«pur» mais en règle de striking uniquement. Il est tout
d'abord nécessaire de spécifier que ces participations ont eu
lieu avant la phase de professionnalisation de l'organisation qui
n'était nullement encadrée par la FMMAF et dont les combats
avaient lieu sur des terrains de football en synthétique mais aussi sur
des zones de combat délimitées par des bottes de foins dans un
hangar. Pour comprendre au mieux cette enquête, il est également
nécessaire de comprendre le processus de sélection de notre
combattant, des prérequis mais aussi des «récompenses»
proposées.
Tout d'abord, tout comme l'origine même du YFC,
l'ensemble du processus organisationnel de l'entité repose par
l'utilisation du numérique cela est également le cas pour la
sélection ( à noter que l'entité s'est
professionnalisée il y a peu et n'a donc plus recours à ce type
de sélection) des combattants amateurs désirants se
présenter à l'un de ces événements.
Dans les archives Instagram de Matthieu Letho Duclos
anciennement arbitre au sein du YFC, nous pouvons y retrouver une annonce de
candidature.
81
L'annonce ci-dessus était effective il y a encore
quelques mois et a permis à notre interrogé, Hamza Allal, de
concourir pour la participation aux combats de l'organisation. Comme nous
pouvons le voir, les pré-requis sont des pré-requis
principalement amateurs et les récompenses proposées sont tout de
même assez dérisoires compte tenu de la forte visibilité
des vidéos de l'organisation mais aussi de l'exposition numérique
des combattants. Par ailleurs, notre motivation à interroger Hamza Allal
se porte pour sa participation à deux éditions du YFC mais aussi
pour son importante exposition et visibilité. En effet, ses
participations au YFC 28 et au YFC 27 cumulent 2,3 millions de vues, 67 000
mentions j'aime et plus de 4000 commentaires sur la chaîne Youtube Ibra
TV.
Il est ainsi fortement intéressant d'étudier les
motivations amenant le combattant à s'exposer numériquement
auprès de millions de spectateurs d'autant plus que les YFC
n'étaient pas encadrées et ne proposaient également pas de
«rémunération» attractive.
Le jeune participant âgé de 25 ans, a un profil
finalement assez typique des participants amateurs que nous pouvons retrouver
sur la chaîne IbraTV, avec une pratique de la lutte lors de son enfance
(non compétitive) puis de la boxe thaï pendant deux ans avant de se
mettre à la musculation puis de s'entraîner en toute autonomie
pour ses combats depuis maintenant un
124 Annonce portant sur les candidatures du YFC retrouvable sur
Instagram : matthieu_ltd
82
an au sein de la Giga Arena125 à Bordeaux.
Interrogé sur ses motivations de participation aux YFC, celui-ci nous
expose une réelle volonté d'offrir une prouesse sportive mais
aussi et surtout un véritable spectacle pour les spectateurs
«Mes motivations c'est clairement de faire des combats j'attends rien
en particulier, juste essayer d'offrir des combats cool à voir c'est
pour ça que j'adore le KickBoxing, Le grappling c'est efficace mais les
gens préfèrent voir du striking et je suis pareil. On
préfère voir des enchaînements, des esquives, KO, du sang,
et des beaux gestes».
La récompense pécuniaire proposée pour la
participation à ces combats ne semble donc ainsi pas être
perçue comme un objectif ni comme une motivation principale justifiant
cette exposition numérique. Cependant, l'offre mais aussi la
participation à un format de vidéo tournée autour du
spectaculaire, du «show» mais également autour de la
compétition sportive semble être l'élément principal
justifiant ces combats. De plus, ce type d'événement,
relayé et diffusé sur les réseaux sociaux comme Youtube
semble être pour le combattant, un élément additionnel
d'adrénaline mais aussi d'expérience sportive et sensorielle.
À la question posée afin de savoir si le YFC
permettait de développer et de faire connaître le MMA
auprès d'un public non initié, Hamza apporte tout de même
une nuance en mettant en avant que les YFC permettent avant tout de faire
connaître le monde des sports de combat et celà notamment par la
présence de différents styles d'affrontements que prends certains
événements avec d'une part du MMA «pur» et de l'autre
des combats uniquement fondés sur du pied-poing. «Le YFC c'est
pas mal pour les gens qui sont vraiment inconnus au monde du combat, car l'on
voit de tous les niveaux après un moment donné ça s'est
tourné vers le KickBoxing car les gens voulaient voir plus de striking
que du grappling et je les comprends tout à fait mais maintenant depuis
la nouvelle version YFC oui clairement. Mais avant je t'aurais dit non.
Maintenant c'est clairement un bon moyen de voir du vrai MMA».
Pour notre répondant, l'intérêt que peut
véritablement porter la chaîne IbraTV pour les arts martiaux
mixtes est relativement récent et fait suite à la
professionnalisation mais aussi à l'encadrement de l'organisation. Par
ailleurs, celui-ci éprouve la volonté de réaliser des
combats de MMA et de se dissocier du style des combats «striking»
auxquels il participait dans les précédentes éditions
«Après combattre sur du foin ou un stade c'est pas top,
mais
125 Il s'agit ici d'un complexe sportif.
83
voilà on fait avec ce qu'on a. Maintenant c'est sur
octogone et forte chance que j'y participe une fois ma licence FMMAF
acquise».
Au-delà de notre hypothèse portant sur une
éventuelle future «percée» du YFC en tant
qu'organisation professionnelle française d'arts martiaux mixtes compte
tenu de son origine et de sa visibilité numérique
caractéristique, nous avons demandé à Hamza Allal si
celui-ci estimait que l'organisation pouvait véritablement
réussir sa transition professionnelle «C'est en train de le
devenir, la dernière vidéo y'a eu des combattants professionnels
de MMA. En France t'as ARES l'organisation de combat de MMA pro mais YFC c'est
1 million de vues par vidéo en moyenne. C'est qu'une question de temps
avant que cela devienne la plus grosse de France, après quand ? Cela
reste à savoir».
La fidélité mais également
l'intérêt porté pour l'organisation semble être
maintenu et même renforcé pour les combattants amateurs du YFC
comme Hamza Allal. Il serait cependant relativement pertinent d'étudier
mais aussi d'analyser l'évolution du nombre de spectateurs, des
interactions et de manière plus générale de la
popularisation du MMA par le numérique que peut engendrer l'organisation
depuis son encadrement.
Comme nous avons ainsi pu le voir jusqu'ici, le
numérique peut motiver une pratique sportive compétitive chez des
combattants amateurs de par une motivation d'exposition mais également
d'une motivation sportive renforcée par la visibilité et par
l'engouement suscité autour d'événements tels que le
YFC.
Au-delà de ces cas très particuliers, il semble
également pertinent d'étudier l'influence numérique sur
l'apprentissage technique des pratiquants d'arts martiaux mixtes mais aussi des
non pratiquants afin d'en évaluer la motivation, l'importance mais
également la fréquence.
Notre ouvrage universitaire traitant essentiellement de
l'influence du numérique et de sa contribution à la
popularisation des arts martiaux mixtes, n'a pas la prétention de
s'inscrire comme une étude référentielle en sociologie du
sport en abordant de manière profonde et spécialisée,
l'aspect technique mais également pratique des arts martiaux mixtes.
Cependant, comme toutes disciplines mais également centre
d'intérêt, la popularisation par le numérique amène
à la création d'une pluralité de contenus mais aussi
à sa vulgarisation favorisant ainsi
84
une accessibilité aux arts martiaux mixtes et à
leur apprentissage. Ce point sera donc étudié ici à
travers un véritable travail d'enquête que nous avons mené
mais ne peut-être entièrement traité dans cette
présente étude.
B) La vidéo comme ouverture à
l'accessibilité et à l'apprentissage technique de ce
sport.
L'émergence du numérique et plus
particulièrement des réseaux sociaux, a réellement
bousculé les schémas informationnels mais également
d'apprentissage et celà principalement par l'ouverture de la
création de contenu amateur et professionnel avec des
«possibilités presque infinies pour le
Do-it-yourself»126. La plateforme Youtube que nous reprenons en
référence pour sa contribution de popularisation des arts
martiaux mixtes depuis le début de cette étude en est le meilleur
exemple.
L'émergence des médias numériques a ainsi
favorisé l'expression de soi, de ses connaissances et de ses divers
attraits en la création de contenu fourni plutôt que produit
(Hartley 2008). Cette émergence permet ainsi de consommer du contenu
fourni et se distingue donc par sa large et facile accessibilité
abaissant notamment des contraintes pécuniaires mais également
physiques et temporelles. La particularité des réseaux sociaux et
des plateformes comme Youtube réside comme nous avons pu le voir, dans
sa relative accessibilité et liberté de consommation mais
également dans sa démocratisation de production de contenu.
Ainsi, n'importe qui peut avoir accès au contenu127
présent sur la plateforme et tout le monde peut en publier. Le web 2.0 a
été un véritable créateur
«d'opportunités de développement intellectuel et de
socialisation par la construction d'apprentissage via les réseaux
sociaux»128.
De plus, d'après Stuart et Hubert Dreyfus129
(1980), la montée en compétence mais aussi en apprentissage
amène naturellement au passage d'un choix composé de deux
options, la première résidant par l'apprentissage
mimétique comportant une phase d'essais-erreurs et une seconde
encadrée par un guide pédagogique. Leur affirmation repose sur
l'importance et la
126 Dale C. SPENCER « From Many Masters to Many Students :
Youtube, Brazilian Jiu Jitsu, and communities of practice », Journal of
Media, Media and Cultural Studies, 2014.
127 Sous réserve qu'il n'y ait aucune limite d'âge
et que les vidéos ne soient pas en privé.
128 Dale C. SPENCER « From Many Masters to Many Students :
Youtube, Brazilian Jiu Jitsu, and communities of practice », Journal of
Media, Media and Cultural Studies, 2014, p.2.
129 Tous deux professeurs émérites exerçant
à l'université de Californie.
85
qualité jouée par la seconde option qui serait
plus efficace notamment en cas d'activités dangereuses. Marquons tout de
même une nuance entre l'instruction en ligne et celle physique. En
ressort néanmoins la limitation d'erreur et une plus grande
rapidité de monter en compétence en favorisant l'apprentissage
par l'intermédiaire d'un encadrant pédagogique que par des
tentatives purement mimétiques.
La pluralité de contenu sur les réseaux sociaux
et notamment sur Youtube, permet une accessibilité aux arts martiaux
mixtes marquée par une première approche virtuelle pour de
nombreux néophytes mais aussi pour des groupes sociaux
éloignés de la discipline. Ainsi, il n'est aujourd'hui plus
forcément nécessaire de «pousser» les portes d'un club
de MMA pour découvrir mais aussi pour prendre connaissance de ce sport.
D'un autre côté, les pratiquants de la discipline peuvent quant
à eux mener des recherches plus précises afin de découvrir
ou d'approfondir certains éléments d'apprentissages techniques
mais aussi informationnels.
La pluralité de contenu peut cependant devenir un
avantage comme un inconvénient. Premièrement, celle-ci permet une
expression de soi à des pratiquants de MMA amateurs ou professionnels
mais aussi à des non pratiquants dans leur création et dans leur
partage de contenu. Cependant, la diversité des profils peut amener la
question quant à la qualité des enseignements et des informations
partagées portant sur la discipline. Une mesure et un approfondissement
des recherches sur les créateurs de contenu peut ainsi être
nécessaire afin de répondre aux diverses attentes du
«consommateur».
D'un autre côté, les réseaux sociaux et
les plateformes comme Youtube mettent fréquemment en avant des
créateurs reconnus et jugés «crédibles» par leur
pairs mais aussi par des pratiquants de MMA qui par leurs différentes
interactions et contributions mettent en avant des contenus d'apprentissage
qualitatifs et pédagogiques. La présence de professionnels sur ce
type de plateforme est également très fréquente, assurant
ainsi une expertise et une accessibilité à l'apprentissage qui
finalement répond à un «don contre-don». D'une part, le
créateur de contenu fournit un format vidéo où il partage
ses connaissances et son expérience, de l'autre, le
«consommateur» va apporter reconnaissance mais aussi contribution au
créateur par l'attirail interactif que nous connaissons comme les
abonnements, les mentions likes, les commentaires etc... La création
d'un contenu qualitatif est d'autant plus intéressante que cela peut en
fonction du nombre d'abonnés mais aussi de la réception des
spectateurs, aboutir sur une monétisation ou encore sur des partenariats
ce qui souvent incite à développer les formes
86
de contenus vidéos, les sujets abordés mais
également la vulgarisation des techniques étudiées.
Notre ouvrage universitaire mettant en avant la popularisation
des arts martiaux mixtes par le prisme du numérique a également
vocation en plus de porter focal sur la réception spectatorielle, de
mesurer l'influence des contenus numériques sur la pratique sportive du
MMA ainsi que de sa diffusion informationnelle.
Les outils vidéos et les plateformes comme Youtube
démocratisent grandement la discipline de par leur large
accessibilité allant du néophyte au pratiquant
expérimenté mais aussi professionnel. Notre étude
qualitative a par ailleurs mis en avant des résultats très
pertinents portant sur l'intérêt du visionnage de contenu sur le
MMA afin d'en tirer un apprentissage sur ce sport mais aussi de ses techniques.
Ainsi, nos répondants pratiquants avaient répondu à 84,3%
être principalement intéressés par cet aspect là, le
plaçant ainsi devant les actualités sur le MMA ou encore sur son
divertissement. Tout aussi intéressant, le second groupe principalement
constitué de spectateurs occasionnels de ce type de contenu, a
exprimé une voix de 46,9% pour l'intérêt de l'apprentissage
du sport mais aussi de ses techniques, le classant ainsi en second après
le divertissement (59,4%).
Cet attrait pour la volonté d'en apprendre plus sur la
discipline mais également sur l'apprentissage technique est
caractérisé par l'ensemble de nos répondants quand bien
même 53,4% ne sont pas des pratiquants. Cette étude met ainsi en
avant une demande et une recherche spectatorielle à laquelle de nombreux
types de contenus numériques peuvent répondre. Dans une
volonté d'enrichir cette étude de manière la plus
pertinente possible, nous avons décidé d'effectuer une
enquête qualitative auprès d'un Youtubeur jouissant d'une
très grande visibilité sur le Youtube Francophone mais
également dans les sports de combat et plus particulièrement dans
les arts martiaux mixtes. Comme nous avons pu le voir, les répondants
pratiquants et non pratiquants mettent en avant un intérêt commun,
il nous a ainsi semblé naturel de nous orienter vers une chaîne
regroupant ces deux ensembles.
Ainsi, nous avons pu nous entretenir avec Gregory Bouchelaghem
plus connu sous le nom de «GregMMA» sur la chaîne Youtube,
Karaté Bushido Officiel qui compte plus de 619 000 abonnés ainsi
que plus de 150 millions de vues cumulées. La chaîne Youtube issue
du magazine Karaté Bushido a pour objectif de fournir du contenu
inédit portant sur tous les
87
aspects des arts martiaux et donc également sur le MMA.
Si nous avons décidé de nous entretenir avec Gregory Bouchelaghem
afin d'en apprendre plus sur l'apprentissage technique et
l'accessibilité au MMA par la vidéo, c'est également parce
que celui-ci fait parti des premiers combattants français de la
discipline et a également participé à la
célèbre organisation du Pride130. De plus,
au-delà de fournir du contenu portant sur le MMA et la
présentation mais également l'apprentissage technique de la
discipline, celui-ci apporte une véritable touche de divertissement et
fait principalement le succès de la chaîne Youtube. Le
succès de l'ancien combattant professionnel comptant plusieurs millions
de vues pour certaines de ses vidéos comme «Le Major Gerald BRISE
GregMMA» (3,4 Millions de vues) ou encore «GregMMA défie
@Salahdine PARNASSE» (1,2 Millions de vues) est tel que la chaîne
Youtube a décidée de le mettre principalement en avant, assurant
ainsi une visibilité à la chaîne, aux arts martiaux et au
MMA.
Cette présente capture d'écran issue de la
vidéo «GregMMA défie @Salahdine PARNASSE»131
montre une fois de plus la capacité du numérique à
populariser et démocratiser la discipline à travers des formats
vidéos en portant ce sport à la connaissance de certains, et en
fournissant des éléments d'apprentissages techniques à
d'autres.
C'est ainsi d'une réelle expertise d'un ancien
combattant professionnel de MMA devenu Youtuber que nous pouvons enrichir notre
étude, soulignant une fois de plus une continuité dans la
symbiose des arts martiaux mixtes et du numérique.
Notre premier terrain propre à cette partie concernera
donc une enquête qualitative auprès de GregMMA en tant que
créateur de contenu numérique, par la suite une étude
qualitative fondée sur l'entretien avec des pratiquants d'arts martiaux
mixtes consistera à observer l'importance que peut avoir l'apprentissage
par le numérique sur leur pratique sportive.
130 Qui rappelons le a été rachetée par les
frères Fertitta en 2007 afin d'être «absorbé» par
l'UFC.
131 Vidéo retrouvable sur :
https://www.youtube.com/watch?v=r3Cd5NA1wD4
Karaté Bushido Officiel,Youtube, 23 Octobre 2020.
88
Afin de comprendre le processus ayant amené l'ancien
sportif professionnel du Pride à créer du contenu
numérique sur le MMA et d'informer mais aussi de transmettre ses
connaissances techniques via Youtube nous lui avons posé la question
concernant ses motivations. «Je fais des vidéos sur le MMA car
c'est tout simplement ma passion, j'adore en faire, en parler et
m'éclater et il s'avère que ça plait donc c'est parfait.
En plus, ça permet de faire connaître le sport à des gens
qui n'y connaissent rien mais aussi à partager certaines techniques et
certains Tips pour les pratiquants». Ressort ainsi de la
réponse à cette question une volonté de
«prolonger» mais aussi de partager la passion et l'expérience
de l'ancien combattant professionnel à des pratiquants d'arts martiaux
mixtes mais également à des personnes n'ayant aucune connaissance
de la discipline. L'objectif semble donc d'une part de favoriser
l'accessibilité à du contenu portant sur le sport grâce aux
canaux numériques et à leur viralité et de l'autre, de
favoriser et de développer l'apprentissage technique par le
numérique.
Il est ainsi intéressant de connaître les profils
mais aussi les motivations que peuvent avoir les individus visionnants les
vidéos de la chaîne Karaté Bushido Officiel et plus
particulièrement celles de GregMMA «Le type de gens qui
regardent viennent bien sûr des arts martiaux ou encore des sports de
combat, mais y'a aussi des gens qui suivent pour se marrer car ils aiment bien
ma personnalité et puis l'ambiance de la bonne humeur et de la baston.
Les gens à mon avis recherchent de la castagne, de l'action et viennent
aussi pour apprendre sur les différents sports de combat. Après
je pense que si y'avait pas ce côté baston et bon délire on
n'aurait pas eu autant de visibilité». L'attrait des
vidéos semblent donc ainsi être principalement
déterminé par le type de format mettant en avant les
confrontations sportives par le contact physique, l'originalité mais
aussi de par l'humour, la pédagogie et l'ambiance que transmet la
chaîne et cela notamment à travers Grégory Bouchelaghem. Ce
type de contenu favorise ainsi tout comme le sport-spectacle que se
veut-être le MMA, de rassembler des pratiquants et des connaisseurs en
sports de combat et arts martiaux ainsi que des néophytes, permettant
à chacun de ces groupes de trouver leur équilibre entre
apprentissage et divertissement.
Par ailleurs, nous avons également questionné le
Youtubeur sur l'évolution de l'intérêt que les individus
peuvent avoir pour le MMA mais aussi pour ses vidéos traitant de la
discipline. «Les nouvelles stars comme McGregor, Cyril Gane, Khabib,
ils ont propulsé le MMA à un autre niveau donc y'a plus
d'engouement et puis bien entendu le sport a été
dédiabolisé on
89
comprend maintenant que c'est pas une boucherie même
si ça reste un sport brutal, y'a pleins de règles et les
consignes de sécurité sont bien respectées donc
médecin tout ça».
Cette réponse fait ainsi écho à notre
précédente analyse au sein de cet ouvrage traitant de la
starification des combattants de MMA par le numérique et de leur
relative influence sur la popularisation de la discipline. Le gain en
popularité du MMA par ce prisme semble par ailleurs susciter un
réel engouement pour le visionnage de contenu vidéo sur la
discipline comme sur la chaîne Karaté Bushido Officiel mais aussi
pour la pratique du sport en lui-même. «C'est le sport à
la mode les jeunes adorent ça, internet aide au développement, on
voit du MMA partout maintenant dès que t'as un KO à l'UFC tu le
voit sur le fil d'actualité twitter et puis comme je t'ai dis les stars
de ce sport ont propulsés la discipline ça explique aussi
pourquoi on a des clubs remplit aujourd'hui».
Youtube et son système de suggestion semble aussi
être une réelle première approche pour de nombreux
néophytes de la discipline qui vont par le biai de vidéos
découvrir mais aussi apprendre sur les arts martiaux mixtes
«avec les suggestions, les tendances et tout t'as plein de gars qui
n'y connaissent rien qui voit une de nos vidéos par exemple, qui vont
regarder et qui vont kiffer. Youtube donne une visibilité au MMA
après le sport en lui-même est pas influencé sauf dans la
pratique t'as des gars par exemple qui ont eu une galère dans un
sparring et qui vont voir en vidéo comment se sortir d'une prise ou quoi
». La vidéo serait donc ainsi selon notre spécialiste,
un réel outil d'accessibilité et de découverte pour le MMA
notamment auprès des néophytes mais aussi un outil
d'apprentissage qui serait plus pratique que théorique pour les sportifs
de la discipline visionnant les vidéos portant sur ce sport.
Cette étude aurait pu maintenir la focale sur la
chaîne Youtube Karaté Bushido Officiel afin d'en analyser les
commentaires mais aussi les interactions et d'observer si un apprentissage
numérique de la discipline s'opérait ou non mais nous avons
préféré afin d'en diminuer les biais mais aussi
d'élargir le champs de l'apprentissage numérique à
d'autres chaînes Youtube et à d'autres formats, d'élaborer
conjointement une enquête qualitative avec quatre pratiquants de MMA.
Cette enquête porte sur la capacité mais
également sur la réception du numérique et notamment de la
vidéo, comme outil d'apprentissage technique auprès d'un public
pratiquant déjà les arts martiaux mixtes. Le premier point commun
que nous pouvons observer au sein de nos enquêtés porte sur leur
ancienneté dans les sports de combat et dans les arts martiaux.
90
La totalité des répondants a pratiqué par
le passé un sport ou un art martial avant de débuter le MMA.
Ressort de notre enquête, une principale orientation vers les arts
martiaux mixtes pour leur diversité technique mais aussi pour leur plus
grande «liberté» que cela soit dans les règles mais
aussi dans la technicité «Alors ce qui m'a amené au MMA
s'est le fait d'être plus libre dans l'approche du combat sachant que
j'ai commencé avec la boxe française donc c'était pieds
poings, ring, c'était beaucoup à la touche et au point qu'il
fallait marquer dans les assauts».
Ensuite ressort de notre enquête, conjointement à
l'enquête quantitative qui mettait en avant que 84,3% de nos pratiquants
d'arts martiaux mixtes recherchaient des éléments d'apprentissage
technique par des contenus numériques, une majorité de nos
répondants (trois sur quatre), ayant appris ou apprenant des techniques
par le biais du numérique. Toutefois, l'enquêté
répondant par la négative exprime regarder des vidéos
portants sur l'apprentissage mais consomme ces dernières plus en
divertissement qu'à des fins pédagogiques « Je regarde
surtout les combats, les résultats, tout ce qui est les techniques
YouTube et compagnie ça m'arrive de regarder un petit peu mais c'est
plus pour passer le temps que d'essayer vraiment de les mettre en
application».
Une nuance est également nécessaire d'être
mise en avant parmi les répondants utilisant le numérique
à des fins d'apprentissage technique, parmis ceux là, la
fréquence et l'importance de l'apprentissage numérique est
à souligner, en ressort de notre étude des recherches
principalement ciblées afin d'améliorer une pratique ou encore de
sortir d'une difficulté rencontrer en club »Oui, ça
m'est arrivé j'ai même appris une sortie de garde comme ça
et je pense avoir amélioré ma lutte notamment grâce
à l'apprentissage par le biais du numérique. Mon talent en lutte
est de zéro donc ça a pu clairement
m'améliorer».
Il est également intéressant de voir que
l'apprentissage technique par le numérique est pour certains de nos
répondants une forme de continuité de pratique, s'inscrivant
comme un véritable travail de recherche ou encore d'étude visant
à approfondir ses connaissances mais aussi sa perception du combat
«Oui,oui, oui. C'est quelque chose que je fais pas mal et que j'ai
pratiqué dans différents sports assez tôt je dirais
dès l'époque du Sanda. Ça m'a même été
conseillé à l'époque par les professeurs. Je m'en rappelle
qui prenait par exemple Tyrone Spong qui était jeune ça pouvait
aussi être des films comme Bruce Lee quoi des films du cinéma.
Aujourd'hui ça peut aussi m'arriver de taper le nom d'une technique dont
on me parle ou encore d'une technique dont je me souviens plus trop ou encore
d'aller chercher des
91
spé solutions quand je rencontre des
difficultés en club ou des mises en échec dont j'arrive pas
à m'en sortir je vais faire des recherches dans ce sens là. Je
peux très bien aller chercher du côté du Sambo pour les
projections ou soumissions. Ça peut aussi être des vidéos
carrément de highlights de combat UFC».
La solidité mais aussi la crédibilité des
enseignements présents sur le web semble être attestées
mais aussi conseillées par divers coachs et enseignants en club comme le
montre le témoignage précédent mais aussi notre sondage
mettant en avant des recherches de contenus numériques afin de trouver
des «Techniques à utiliser lors d'entraînements en tant
que
coach».
|
Ces résultats ne sont par ailleurs pas étonnant
car comme nous avons pu le voir
|
|
précédemment, de nombreux professionnels mais
également coachs perpétuent leurs enseignements et leurs
expériences via le numérique.
Ainsi, notre enquête met en avant une véritable
possibilité d'apprentissage numérique mais aussi et surtout de
perfectionnement lors de la pratique du MMA. Ce type d'outil pédagogique
a ainsi prouvé de sa pertinence notamment de par sa diversité
mais aussi de par sa qualité permettant aux pratiquants de retrouver des
éléments techniques ciblés, expliqués et
détaillés par des individus qualifiés. Le numérique
marque ainsi une modification et une évolution des pratiques sportives
mais il est cependant intéressant de savoir si celui-ci est perçu
comme un élément complémentaire de la pratique en club ou
comme une réelle alternative.
Sur cette question, la réponse de nos répondants
est presque unanime, l'apprentissage numérique est une réelle
valeur ajoutée pour la pratique sportive et est perçu comme un
bon complément à la pratique mais aussi à l'apprentissage
en club. Cependant, en ressort de notre enquête, que le numérique
ne permettrait pas d'être une alternative de l'apprentissage dans un club
de MMA et cela notamment pour l'acquisition de compétences jugées
élémentaires et à la base de la discipline. Ainsi,
l'apprentissage par les canaux numériques ne serait effectif que si une
application sur le «terrain» des techniques étudiées
avait lieu et cela notamment à travers la répétition
d'exécution avec un partenaire ou encore lors de sparrings.
«Sûrement pas comme une alternative parceque pour moi on peut
pas se passer du terrain c'est aussi une question d'apprentissage des
habiletés motrices, y'a des logiques qu'on ne peut pas percevoir sans
pratiquer comme la distanciation avec l'adversaire ou encore l'occupation de
l'espace de combat, Après complémentaire, oui clairement, comme
je te disais il peut
92
m'arrivait d'aller chercher dans des vidéos des
techniques pour les reproduire, pour m'en rappeler ou pour les essayer suite
à une technique dont un ami me parle et dont il m'envoi la
vidéo».
La complémentarité est ainsi clairement
exposée mais est aussi renforcée de par l'aspect propre aux arts
martiaux et aux sports de combat qui nécessitent une confrontation
régulière afin de reproduire des techniques
étudiées en situation de combat, dépassant ainsi la simple
théorie à la pratique effective et la mise en situation
«réelle». L'apprentissage dans les sports de combat et dans
les arts martiaux est également caractérisé par la mise en
situation face à de divers adversaires amenant ainsi l'individu à
adapter ses techniques mais aussi son style de combat en fonction de ses
capacités mais également de l'opposition. L'apprentissage
purement numérique d'une technique ne peut ainsi mettre en exergue le
caractère imprévisible ou encore combatif d'un adversaire.
Comme nous avons pu le voir, le numérique tend à
favoriser l'apprentissage du MMA de manière complémentaire sans
pour autant être une réelle alternative aux clubs de la discipline
ou encore de faire découvrir ce sport et certains de ses
éléments techniques à des néophytes. Cependant, le
numérique et plus particulièrement le web, de par la mise en
avant et la popularisation croissante de ce sport, a vu se développer
certains bouleversements au sein de la discipline. Le MMA aujourd'hui de plus
en plus populaire et socialement accepté tend vers une normalisation
sociale ainsi que d'une forme de «banalisation». Née donc
ainsi naturellement, la création de format
«déviant132» ou de dérivés de la
discipline, permettant de s'écarter de l'acceptation sociale de ce sport
et bien souvent de surenchérir sur l'aspect «spectacle» mis en
exergue sur le web en attirant des pratiquants mais également des
spectateurs pour ce type de contenu.
C) Apparition de circuits parallèles et de pratiques
dérivées sur le web.
L'apparition de circuits parallèles et de pratiques
déviantes, ou encore dérivées sur le web, peuvent
également être expliquées133 par une forme de
standardisation présente au sein du MMA aujourd'hui
démocratisé. Cette standardisation s'explique premièrement
dans l'apparat
132 La qualification ici présente de déviance ne
représente en rien un quelconque jugement de valeurs mais résume
une transgression de normes sociales mais aussi dans certains cas de lois.
133 L'explication n'est évidemment exhaustive.
93
même des combattants avec de moins en moins
d'excentricité comme il pouvait en avoir lors du Pride mais aussi du K-1
avec le port de chaussure de lutte ou encore de Kimono qui se sont vu interdire
par l'instauration des règles unifiées au profit d'un short de
combat non moulant ou à compression. De plus, l'attitude se veut
également de plus en plus neutre quand bien même la
présence de trash-talking reste présente et souhaitable pour
certains événements. «La sportivisation n'est cependant
pas la seule raison de la standardisation. En effet, la commercialisation de
l'UFC a fait du combat un produit à vendre, policé, qui doit
plaire au plus grand nombre»134.
Des études précédents notre ouvrage ont
par ailleurs misent en avant un risque de lassitude perceptible lors des
combats de MMA (Yann Ramirez 2015), de par une diversification techniques des
combattants qui contrairement aux débuts de l'UFC ne restent pas dans un
seul et unique style mais tendent à harmoniser leurs compétences
techniques et défensives, ce qui renforce l'équilibre des combats
mais diminue également les possibilités de «finir le
combat» avant le temps réglementaire. Ainsi, de plus en plus de
combats finissent par une décision se jouant aux points plutôt que
par un KO ou encore par une soumission dont le public, comme nous avons pu le
voir précédemment, est très friand.
La recherche de l'équilibre entre la sportivisation du
MMA et le spectacle a naturellement amené à la création
des règles unifiées que nous avons pu voir et donc à un
réel encadrement et une réelle mesure de la violence
exercée lors des rencontres sportives. Cependant, bien que cet
équilibre favorise la popularisation du MMA auprès d'un grand
public, certains individus et spectateurs minoritaires de la discipline peuvent
éprouver une lassitude dans leur recherche de spectaculaire et plus
particulièrement de violence. Ce qui amène inéluctablement
à la création de circuits parallèles et de pratiques
dérivées des arts martiaux mixtes aujourd'hui largement
accessibles grâce au numérique et plus particulièrement
grâce au web.
L'existence de pratiques dérivées des arts
martiaux mixtes et désportivisée mise en exergue sur le web,
présente également un réel intérêt
d'étude car celle-ci va finalement à contre-courant du MMA qui
autrefois était caractérisé sous le nom de free-fight et
était perçu comme étant une discipline brutale et
sanguinaire qui peinait à se faire accepter par le grand
134 Y.RAMIREZ « Dans la cage du MMA : Sociologie d'un sport
du XXIe siècle» 2021, p56.
94
public et qui a dû favoriser la sportivisation ainsi que
la réglementation afin de prospérer. Cette avancée
à contre-courant que nous avons qualifiée de
«déviance» ou encore de «dérivée» est
en réalité le point central du marketing de ce type de pratique
qui se veut transcender toutes normes sociales mais également sportives.
Le marketing et le point d'attractivité de ces pratiques reposent, comme
nous allons le voir, sur le spectaculaire mais aussi sur l'extrême ainsi
que sur la limite et le dépassement de l'interdit.
Il existe de nombreux contenus dérivés du MMA
accessibles sur le web et plus particulièrement sur Youtube, ce contenu
est par ailleurs tout aussi quantitatif que diversifié. Nous pouvons par
exemple y retrouver, le Hip Show mélangeant Parkour135 et
arts martiaux mixtes et étant développé en Russie qui
apparaît comme un véritable laboratoire européen pour le
combat-spectacle (Yann Ramirez). Sur le continent Nord Américain nous
pouvions retrouver entre 2005 et 2014 les «Felony Fights» qui
étaient produits par une société de production
américaine la Felony Fights et qui mettaient en avant des combats de rue
entre anciens prisonniers mais également entre gangs rivaux. Les
confrontations étaient dénuées de toute sportivisation et
ne comportaient aucune règle quand bien même un combattant
était KO, celui-ci pouvait encore recevoir de nombreux coups directement
portés à la tête avant que le combat soit
arrêté. Certaines de ces vidéos sont par ailleurs encore
accessibles via Youtube et à notre grand étonnement, sont
entièrement libres de visionnage et ne comportent aucune restriction
d'âge.
135 Discipline sportive acrobatique consistant par des mouvements
agiles et rapides, à franchir des obstacles naturels ou urbains.
95
Il existe également des dérivés moins
violentes et qui puisent de nombreux éléments du MMA moderne, il
en est notamment le cas du Lingerie Fighting Championships, une
société nord américaine mettant en avant par
Youtube137, par pay-per-view mais également par la
création d'événements physiques, des affrontements
semblables au MMA, de femmes en petite lingerie. Ce dérivé
à défaut d'exposer une pleine violence comme les
éléments que nous avons pu voir auparavant met en avant la
sexualisation et le divertissement sportif à des fins de
combat-spectacle. La description de la chaîne Youtube expose pleinement
la motivation de ce genre de contenu «Lingerie Fighting Championships
est une ligue MMA très unique dans laquelle de belles femmes se battent
en ne portant que de la lingerie».
À la différence des dérivés que
nous venons de mentionner et qui sont accessibles notamment via Youtube, nous
avons dans le cadre de cet ouvrage, pu nous entretenir avec un participant de
King Of The Streets, une organisation de combat underground138
possédant sa chaîne Youtube comptant près de 830 000
abonnés. La différence avec les exemples
précédents, réside principalement dans sa
visibilité, les contenus exposés précédemment peine
et cela
136 Affiche DVD de la société de production Felony
Fights mettant en avant l'aspect violent et choquant de son contenu.
137 Avec une chaîne de 351 000 abonnés et portant le
même nom que la société.
138 L'organisation met en avant le côté
«Underground» c'est-à-dire la forme clandestine des
combats.
96
malgré la volonté de «spectacle»,
à dépasser la centaine de millier de vues tandis que le
KOTS139 dépasse ce nombre et franchit même parfois les
millions de vues.
L'analyse de cette organisation de combat clandestin est
d'autant plus intéressante que celle-ci jouit d'une grande
visibilité sur le web mais également car cette dernière
est récente et à date de sa création le 11 décembre
2016140. Par ailleurs, notre enquêté participant
à ces combats, n'est autre que Hamza que nous avons
précédemment interrogé pour sa participation au YFC. Le
KOTS est un véritable «fight club» underground qui organise
des combats à mains nue où il n'y a pas de règles, pas de
rounds et où tous les coups sont permis141. Ces combats
peuvent se dérouler dans une multitude d'endroits différents, que
cela soit en forêt, dans des parkings ou encore des hangars. La
majorité de ces combats clandestins se déroulent sur du
béton ce qui, en plus de l'absence de règles, accroît la
traumatologie des participants.
Concernant le profil des combattants, « la plupart
des gars au K.O.T.S sont des hooligans issus du football. J'ai aussi
croisé des combattants professionnels, des amateurs, des néonazis
et des antifascistes qui viennent régler leur compte dans la cage, mais
aussi des gars lambda qui n'ont rien avoir avec tout ça et qui veulent
vivre une expérience de combat sans règles. Et après que
ce soit au niveau des combattants ou des spectateurs, il y avait de tout : tous
les milieux professionnels, toutes les cultures, toutes les
nationalités»142. La particularité de cette
organisation, qui se veut assimilable au film Fight Club de David Fincher,
réside dans sa diffusion numérique compte tenu de sa forme
illégale. En effet, les combats sont disponibles en direct pour tous
détenteurs de Pay-Per-View, il est également possible de voir ces
combats en différés sur la plateforme Youtube et plus
particulièrement sur la chaîne Youtube «KING OF THE
STREETS» comptant 830 000 abonnés pour plus de 79 Millions de vues
cumulées.
Tout comme les Felony Fights, les vidéos de King Of The
Streets ne disposent d'aucune restriction d'âge et sont ainsi accessibles
par tous. Cependant, les vidéos de Felony Fights présentent sur
Youtube n'appartiennent pas à une chaîne unique et ne jouissent
pas d'une
139 Acronyme de King Of The Streets.
140 Il s'agit ici de la date de la création de la
chaîne Youtube de l'organisation de combat clandestin.
141 excepté les morsures et les coups dans les parties
génitales.
142 C. VILLA «Fight Klub :Charles Villa dévoile
les coulisses d'un club de combat underground / BrutX», Youtube, 9
septembre 2021.
grande visibilité ce qui peut justifier une certaine
permissivité mais concernant le KOTS celà semble assez intriguant
d'autant plus que les vidéos de l'organisation sont également
monétisées.
143
97
Ainsi comme nous pouvons le voir, le numérique et plus
particulièrement Youtube permet de mettre en avant des
dérivés de MMA souhaitant surenchérir dans le spectacle et
plus particulièrement dans la violence. Youtube, en plus de donner
visibilité à ce type de contenu, le monétise
également de manière paradoxale compte tenu de ses règles
en vigueur qui ne semblent pas être ici respectées. De plus, la
permissivité de ce type de contenu sans aucune restriction d'âge
favorise son visionnage mais également son développement et
celà notamment au travers des Pay-Per-View permettant d'accéder
à ces combats en direct.
Comme nous avons pu le mentionner précédemment,
le développement de ces dérivés va en réel
contre-courant de la démocratisation du MMA, ce type d'affrontement peut
par ailleurs nous rappeler le Vale-Tudo ancêtre iconique du MMA à
la différence que celui-ci mettait en avant un réel affrontement
inter-style tandis que ce type de combat underground ne met en avant que
l'extrême agressivité ainsi que l'extrême violence des
rencontres qui ne jouissent par ailleurs bien souvent pas de technicité
propre aux sports de combat et aux arts martiaux.
143 Consignes relatives aux contenus adaptés aux
annonceurs. Source :
support.google.com
98
De plus, le Vale-Tudo ne déshumanisait par les
rencontres entre les combattants et ces dernières ne se
déroulaient pas sur du béton.
L'encrage marketing du KOTS repose véritablement sur
l'aspect illégal et clandestin des rencontres. Pour exemple, les
spectateurs tout comme les combattants ne sont au courant de l'emplacement des
combats que la veille et sont alertés par la messagerie Telegram,
messagerie connue pour sa grande sécurité mais également
pour permettre des échanges en toute confidentialité. Les combats
se déroulent principalement dans des endroits obscurs et urbains comme
dans des parkings ou encore des hangars désaffectés.
L'organisation est perceptible dans chaque vidéo où nous pouvons
y voir les caméramans entièrement cagoulés ainsi que
«l'arbitre» dont le seul et unique rôle est de séparer
les combattants lorsque l'un d'eux perd connaissance ou subit une soumission et
est contraint d'abandonner. Les spectateurs sont aussi en nombre à
être entièrement cagoulés ou encore masqués.
Concernant les «infirmiers» ces derniers interviennent uniquement
à la fin du combat pour prendre en charge le vaincu et pour le
déposer devant un l'hôpital en cas de besoin. Le marketing passe
également par la tenue de ces «infirmiers» qui sont
cagoulés ou masqués et qui portent une tenue s'apparentant
à celles observables dans les hôpitaux psychiatriques du
19ème siècle.
Concernant le montage vidéo, celui-ci respecte un code
couleur à savoir le rouge en référence aux combats
sanguinaires qui ont lieu dans cette organisation. Lors de la fin d'un combat
succédant à une soumission ou à une perte de connaissance
d'un des combattants, une seule et unique bande son apparaît, celle-ci ne
contient aucune parole et est semblable à un bourdonnement accentuant au
même moment les violentes images diffusées.
Sur la chaîne Youtube KING OF THE STREETS, la
vidéo «REGLEMENT DE COMPTES - Tom [Hype Crew] vs Cyrus
[Streetfighter] - K.O.T.S:91 [Combat sur les toits]» est l'une des plus
violentes que nous avons pu voir et celà non pas seulement sur cette
chaîne mais sur l'entièreté Youtube. Cette vidéo
d'une extrême violence a été visionnée plus de 2
Millions 300 000 fois et a reçu 59 000 mentions «j'aime» ce
qui montre encore une fois l'intérêt mais aussi la
visibilité pour ce genre de vidéo. Au lancement de la
vidéo, une publicité apparaît, montrant encore une fois
l'illogisme de la plateforme et le non-respect de sa loi sur la
monétisation. Sur cette vidéo se déroulant sur un toit,
nous pouvons y voir deux hommes ensanglantés se battre sur du
béton sous les cris de détresse et les pleurs d'un des proches
d'un combattant. La violence est extrême, nous pouvons y voir un opposant
écraser la tête de
son adversaire contre le sol bétonné. À
la différence de la majorité des vidéos de l'organisation
clandestine, celle-ci est soumise à une vérification d'âge,
qu'un simple compte bénéficiant du renseignement d'un âge
supérieur ou égal à 18 ans peut satisfaire.
99
Comme nous pouvons le voir sur la capture d'écran
ci-dessus, la violence et la traumatologie extrême diffusées par
le KOTS répondent à une demande de «spectacle» chez
certains spectateurs qui ne peuvent trouver ce type de contenu dans des
confrontations sportivisées comme dans le MMA et qui s'orientent donc
vers ces dérivés qu'ils vont entretenir de par le visionnement
qui va financer la monétisation des vidéos de l'organisation,
mais également de par l'achat de pay-per-view ou de place pour assister
directement aux combats. Le numérique et plus particulièrement le
web donne ainsi visibilité à des événements
totalement illégaux mais pire encore, les finance quand bien même
sa réglementation interdit celà.
Nous avons cherché à savoir afin d'en enrichir
notre étude, les motivations qui pouvaient animer une participation
à ce type de combat clandestin et plus intriguant encore à une
exposition numérique au sein d'une organisation telle que la KOTS. Hamza
Allal, combattant au YFC que nous avons interrogé et qui n'a pas de
soucis pour l'anonymat, nous permet de comprendre les attraits d'une
participation mais également de visionnage pour ce type de contenu.
144 Capture d'écran issue des commentaires de la
vidéo Youtube «REGLEMENT DE COMPTES - Tom [Hype Crew] vs Cyrus
[Streetfighter] - K.O.T.S:91 [Combat sur les toits]» KING OF THE STREETS,
10 Janvier 2022.
100
Schéma classique, notre enquêté nous
explique avoir approché par lui-même l'organisation underground,
premièrement via leur instagram comptant 183 000 abonnés, avant
d'être réorienté vers le Telegram du KOTS. Les
échanges se font uniquement en anglais et une date sera fixée
avant d'être repoussée au 24 juin quelque part en Suède.
Rappelons que spectateurs comme combattants ne connaissent le lieu du combat
seulement (au mieux) vingt-quatre heures avant son début. Parfois, les
combattants ne prendront connaissance du lieu du combat qu'une fois avoir
été déposé là bas par un membre de
l'organisation.
Nous avons également questionné le jeune homme
de vingt-cinq ans sur la rémunération pour la participation au
KOTS «Le KOTS te paie uniquement si t'es gagnant, après le
montant aucune idée.» La perspective d'un gain d'argent ne
semble donc pas être facteur de motivation pour le participant à
notre étude d'autant plus que celui-ci n'a aucune information portant
dessus et que l'organisation ne lui en a également pas fourni.
Cependant, suite à nos recherches, et plus particulièrement sur
le documentaire réalisé par Charles Villa pour BrutX et portant
sur «les coulisses d'un club de combat underground»146,
les rémunérations varient en fonction du niveau des combattants,
qu'ils soient novices, amateurs ou professionnels, mais aussi en fonction de
leur notoriété et de leur palmarès au sein de
l'organisation. «Je sais qu'en général la victoire,
c'est quelques centaines d'euros, genre 400, et si ils perdent ils ne
145 Affiche du combat KOTS opposant notre enquêté
face à son adversaire Mariusz.
146 N.DUMOND, C.VILLA «FightKlub», BrutX, 2021. lien :
https://home.brutx.com/serie/fight-klub-1252
101
gagnent rien»147. La
rémunération proposée n'est donc ainsi réellement
pas proportionnelle aux risques physiques mais également psychologiques
encourus pour la participation à ce type de combat. Notre
enquêté Hamza Allal résidant à Bordeaux, devra par
ailleurs se déplacer jusqu'en Suède où se déroulera
son combat par ses propres moyens et la victoire ainsi que la
rémunération proposée ne couvrira que partiellement ses
dépenses.
Si la rémunération ne semble nullement justifier
une quelconque participation et exposition numérique pour ce genre
d'événement, nous avons questionné Hamza sur ses
motivations qui dépassent le «simple» critère
pécunier. «Le KOTS c'est le vrai combat, on aime tous la
violence et la voir. On peut pas faire mieux que le KOTS, son
atmosphère, pas de règles,pas de round, le seul but mettre KO son
adversaire. Je trouve ça extrêmement excitant à voir,
encore plus à vivre. Ce que je recherche clairement c'est tester
actuellement mes aptitudes au combat dans un vrai combat sans merci, et aucune
compassion.» Notre répondant expose ainsi ses motivations
comme étant principalement expérientielles, d'une part pour
l'ambiance clandestine et d'autre part pour l'extrême violence des
combats qui justifierait sa participation mais aussi le visionnage
numérique pour ce type de contenu. Le KOTS met en exergue comme nous
avons pu le voir précédemment, une extrême violence voire
une déshumanisation des combattants qui répond à une
demande spectatorielle pour les spectateurs mais aussi expérientielle
pour les participants.
La participation à ce type de combat est
réellement perçue comme un moyen de prouver sa valeur mais aussi
sa force dans un affrontement sans artifice, primitif et qui ôterait
toutes corruptions ou encore décisions extérieures sur l'issue du
combat. Des rémunérations aussi basses et l'absence de
rémunération pour le perdant représente ainsi belle et
bien cette valeur expérientielle qui si elle n'était pas aussi
recherchée, justifierait d'une baisse du nombre de participant et d'une
augmentation même des rémunérations afin d'en attirer un
plus grand nombre.
Afin de comprendre plus en détails ce qui pourrait
amener des spectateurs de MMA à s'orienter (partiellement il est
important de le préciser) vers ce type de contenu numérique, nous
avons demandé à Hamza ce qui faisait que le KOTS soit aussi suivi
sur Youtube et sur les réseaux sociaux. Rappelons que Hamza avant de
s'inscrire pour combattre dans cette
147 propos de Charles Villa au sein du documentaire
«FightKlub» pour BrutX.
102
organisation, était un spectateur. «La
qualité de l'événement y est pour beaucoup selon moi, ce
côté district, urbain, illégal. On a l'impression
d'assister à un combat clos à l'abri de tous, et cette
atmosphère est dantesque. Mais le gros point c'est le fait que ça
soit uniquement par KO ou soumission. Les gens sont toujours
déçus de voir un combat se décider par décision et
non par un KO».
La réponse de notre enquêté semble ainsi
corréler avec notre hypothèse portant sur un sentiment de
lassitude chez certains spectateurs du MMA qui décident de rechercher un
contenu «plus spectaculaire», plus violent mais aussi moins
professionnel. Le point d'ancrage marketing du KOTS reposant sur son image
clandestine et son extrême violence est un succès et
réussit à véhiculer la fameuse image de «Fight
Club» s'apparentant au film de David Fincher et dont la première et
la deuxième règle de l'organisation fictive est: «Il est
interdit de parler du Fight Club», l'ambiance en elle même du KOTS
donne cette impression de combat à huis clos, mais la logique de
l'organisation répond principalement à des fins commerciales et
économiques et est diffusée à un grand nombre par la
plateforme Youtube mais aussi également par le Pay-Per-View.
Concernant les motivations de participation à ce type
de combat, nous avons pu voir que celles-ci répondent principalement
à une motivation expérientielle, d'une part pour l'ambiance de
l'organisation de combats clandestins et d'autre part pour comme a pu le citer
notre enquêté, «tester mes aptitudes au combat dans un
vrai combat sans merci, et aucune compassion». Cette réponse
n'est d'ailleurs pas sans rappeler la phrase de Tyler Durden dans Fight
Club148 « Comment est-ce que tu peux te connaître si
tu t'es jamais battu ?».
Enfin, il paraît primordial de comprendre pourquoi notre
combattant ne participe à ce type de combat que si celui-ci est
retransmit numériquement, nous l'avons alors directement
questionné sur les raisons de son exposition numérique.
«Le fait d'être exposé
numériquement c'est un plus histoire de prouver de quoi t'es capable car
tu peux toujours dire, j'ai mis KO telle personne de telle façon mais si
y'a pas de vidéo ça sert à rien. C'est pour ça que
j'adore le KOTS et YFC, pour pouvoir prouver ce que je vaux, l'ambiance et la
qualité visuelle des combats». Ainsi, l'exposition
numérique semble être d'après notre répondant partie
intégrante de l'ambiance véhiculée par le KOTS et
l'expérience proposée visant à montrer sa force et sa
valeur par l'établissement d'une confrontation physique extrême.
Il est par ailleurs intéressant de voir que le numérique
s'inscrit ici premièrement dans un rôle de transmission et de
partage mais également dans un
148 D.FICHER «Fight Club», 1999.
103
réel rôle d'archive des confrontations physiques
pour les combattants, archives qui font office de réel trophée et
celà notamment en cas de victoire et plus particulièrement par
KO.
Il est néanmoins intéressant de voir que le
numérique et plus particulièrement le web peut mettre en exergue
ce genre de confrontation interdite et plus intriguant encore de les
monétiser. Le numérique tout comme les organisations comme le
KOTS semble également aller à contre-courant des premiers canaux
de diffusions. Autrefois et nous avons pu le voir, le Vale-Tudo et les combats
libres ont subi de nombreuses critiques ce qui a voué à leur
mutation et à leur transformation sportive donnant naissance au MMA.
Cette mutation était nécessaire afin de répondre aux
critiques mais aussi à la censure télévisuelle de ces
disciplines. L'émergence du web a quant à elle renversée
ce schéma en permettant la proposition de contenu encore plus
extrêmes et encore plus facile d'accès.
Malgré que comme nous avons pu l'observer une lassitude
peut se faire ressentir chez une minorité de spectateurs du MMA qui
s'oriente vers des pratiques et des contenus extrêmes
dérivés de la discipline, les arts martiaux mixtes
prospèrent de par leur stratégie mainstream afin de
fédérer un large public mais aussi de par leur réel
équilibre trouvé entre la sportivisation et le spectacle qui fait
aujourd'hui de ce sport une figure emblématique et presque parfaite du
sport-spectacle.
De plus, les dérivés que nous avons
mentionné dans cet ouvrage ne jouissent d'aucun grand succès et
sont limités à quelques dizaines ou centaines de milliers de vues
par vidéo sur Youtube, exception pour le KOTS, qui lui, jouit d'un
succès croissant et d'une plus grande visibilité sans toutefois
s'avérer être un concurrent pour le MMA. Il n'est par ailleurs pas
possible qu'une organisation clandestine comme le KOTS puisse pérenniser
sans alerter les pouvoirs mais aussi l'opinion publique. Le MMA ne
peut-être remplacé ou concurrencé par ce genre de pratique,
de par son prototypage et son évolution singulière à
travers l'histoire, les polémiques mais aussi des enjeux sociaux
économiques inhérents à nos sociétés.
104
Conclusion
Les arts martiaux mixtes ont connu une évolution
singulière marquée par une sportivisation inversée mettant
en avant l'aspect compétitif de la discipline plutôt que du loisir
que nous pouvons retrouver aujourd'hui. Des contraintes
socio-économiques posées par les canaux de transmissions
télévisuelles et numériques ont motivées
l'évolution du Vale-Tudo et du combat libre à évoluer vers
le MMA moderne afin de répondre à des questions éthiques
mais aussi à un format commercial bien ficelé.
Notre étude a pu mettre en avant l'importance mais
également la nécessité pour la discipline sportive et
notamment au travers de l'UFC, de diversifier sa présence et ses
stratégies de diffusions par les canaux numériques. Les canaux
numériques sont comme nous avons pu le voir, un réel outil de
mise en exergue et de sublimation du sport-spectacle et plus
particulièrement du MMA. La technicité et la diversité
stylistique du MMA ainsi que les affrontements spectaculaires et plus
particulièrement lorsque l'issue fini par un KO ou une soumission,
peuvent par l'intermédiaire du numérique, susciter
l'intérêt spectatoriel de pratiquants de la discipline ou de
«technicien» mais aussi de simple spectateurs habituels ou encore
occasionnels. La recherche de l'équilibre entre la sportivisation et le
spectacle aboutit à la création d'un véritable
sport-spectacle qui se veut mainstream et qui propose une diversité de
formats numériques tels que les Pay-Per-View, les jeux vidéos ou
encore le cinéma. De plus, l'usage du numérique avec la
particulière mise en scène des combats mais aussi de
personnalités du MMA, aboutit à une starification de certains
combattants comme «The Notorious», Conor McGregor et donc ainsi
à une popularisation naturelle de la discipline. Cette popularisation
croissante favorise premièrement l'intérêt spectatoriel
pour la discipline mais également comme nous avons pu le voir, la
pratique de la discipline en elle-même. De plus, les recettes issues de
l'essor du MMA et plus particulièrement via l'UFC, permettent le
financement de nouveaux projets mais également une expansion de
diffusion et des événements sportifs comme il en est en dernier
exemple en date, le cas avec la France.
Notre ouvrage a par ailleurs mis en exergue la création
d'une dépendance pour les professionnels du MMA français avec le
numérique. Pour les combattants professionnels français il est en
effet quasi indispensable de jouir d'une certaine notoriété sur
les réseaux sociaux afin de vivre pleinement de la discipline sportive.
Comme nous avons pu le voir avec Ramzan Jembiev, la présence d'une
communauté nombreuse et active favorise la signature de contrat mais
aussi la venue de sponsors capables «d'assumer» la carrière
d'un combattant.
Outre la diffusion de contenu numérique portée
par de grandes organisations mondiale du MMA comme l'UFC, de nombreux contenus
amateurs favorisent la popularisation mais également la
découverte de la discipline. Le cas du YFC est un exemple frappant de
la
105
symbiose naturelle entre la recherche de divertissement sur le
web et l'intérêt qui peut-être porté pour le MMA par
une communauté non initiée à la discipline. Cet exemple de
symbiose entre numérique et MMA est d'autant plus important que
l'organisation a pu se professionnaliser grâce au soutien et à
l'attrait de sa communauté pour le visionnage de ce sport-spectacle.
De plus, la diversité de contenus numériques sur
le web, qu'ils soient amateurs ou professionnels, permettent également
une découverte plus technique de ce sport pour les non initiés
mais également une forme d'apprentissage complémentaire à
la pratique en club pour les initiés.
L'aboutissement et la maturation des arts martiaux mixtes
comme véritable sport-spectacle capable de satisfaire un technicien
comme un spectateur occasionnel a inévitablement ouvert la porte
à certaines dérivés de ce sport qui souhaitent
surenchérir dans le spectaculaire mais aussi dans la violence
extrême. Ces dérivés profitent par ailleurs du
numérique et plus particulièrement du web pour proposer leur
contenu ou encore le financer. Comme toute popularisation, la création
de dérivés existe, que cela soit pour répondre à
des fins économiques mais aussi afin de s'éloigner du grand
public et de s'approprier une pratique qui se veut non inclusive.
Certaines difficultés se sont présentées
lors de l'enrichissement de cet ouvrage, il était en effet difficile
d'approcher certains acteurs de la popularisation du MMA par le
numérique il en est tout particulièrement le cas de Sanbiev,
animateur de l'organisation YFC qui pour des soucis de confidentialité
notamment liés à la récente montée professionnelle
de l'organisation, a refusé un entretien. De plus, la discipline en
elle-même continue sa pleine évolution ce qui, au moment de la
rédaction même de cet ouvrage, a bouleversé certains de nos
modes d'organisations. L'évolution du MMA et plus
précisément son évolution symbiotique avec le
numérique prend aujourd'hui encore de toutes nouvelles formes qui
nécessiteront de nouvelles études portant là dessus. En
effet, de nouvelles formes de contenus numériques sont pensées
afin d'enrichir l'expérience de sport-spectacle du MMA. Ces nouvelles
formes répondent à des innovations technologiques récentes
et se présentent notamment par la forme du Métavers qui à
l'aide d'un casque de réalité virtuelle, permet à son
utilisateur de se plonger dans un monde virtuel, en réseau et
animé.
Dana White actuel président de l'UFC avait par ailleurs
exprimé en Janvier 2022 sa volonté de monétiser un combat
UFC dans l'univers virtuel du métavers « Nous cherchons
à faire un combat dans le métavers. Nous y travaillons depuis un
moment. Ce sera un combat en direct, un combat réel qui se
déroule à l'intérieur du métavers. Les enfants
à la maison, vous pourriez mettre vos lunettes et vous pourriez vous
lever et aller vous promener. Vous savez que nous travaillons toujours dessus
mais ce sera bientôt. Nous allons nous battre au milieu du
métavers.»149
149 E.COLIN «L'UFC va organiser un combat MMA dans le
Métavers»,
Conseilscrypto.com, 22 janvier
2022.
106
Bibliographie
Références générales sur
le numérique et les réseaux sociaux :
Livres
Sociologie
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», 2020.
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l Bilkher Diakhate, Benjamin Pineau « L'impact des
réseaux sociaux chez les sportifs de haut niveau », 2018.
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passions ordinaires à l'ère du numérique», Paris,
Editions du Seuil et La République des Idées. 2010.
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https://www.cairn.info/revue-reseaux-2014-2-
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107
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l Yann Ramirez « Streetfight : mythe ou
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l C. VILLA «Fight Klub :Charles Villa dévoile les
coulisses d'un club de combat underground / BrutX», Youtube, 9 septembre
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l (avertissement, vidéo d'une extrême violence)
« REGLEMENT DE COMPTES - Tom [Hype Crew] vs Cyrus [Streetfighter] -
K.O.T.S:91 [Combat sur les toits] » KING OF THE STREETS, Youtube, 10
Janvier 2022.
l N.DUMOND, C.VILLA «FightKlub», BrutX, 2021. lien
:
https://home.brutx.com/serie/fight-klub-1252
119
Annexe
Annexe : Entretiens avec les spectateurs de MMA :
Entretien Mehdi
1. Depuis quand regarde-tu le MMA et regarde tu souvent
ce sport ?
J'ai commencé à regarder le MMA à 16 ans
avec un DVD d'un grand de mon quartier, à l'époque c'était
le Pride la plus grande organisation du MMA avant d'être rachetée
par l'UFC. Ça se passait au Japon avec une ambiance et des
scénarios de fous avec de vrais scénarios une ambiance de
gladiateur, j'ai kiffé. C'est en grandissant vers l'âge de 18 ans
quand j'ai bossé j'achetais mes DVD, de plusieurs organisations. Le
premier DVD que j'ai acheté c'était l'UFC 51 c'était Tito
Ortiz, je voyais un mec avec une teinture blonde je me disais lui il doit
cogner.
Je regarde souvent, je suis même abonné à
RMC sport juste pour voir les combats. Les cartes de l'UFC Fight Night je
regarde pas trop, je suis vraiment les grosses affiches c'est-à-dire les
affiches stars mais aussi des belles affiches genre Belal Muhammad vs Vicente
Luque, c'est pas les meilleurs mais ils sont dans le classement et ça
pour moi c'est immanquable tu vois.
2. Comment as-tu découvert ce sport ?
Note : Question répondue précédemment.
3. Que préfères-tu dans le visionnage des
arts martiaux mixtes ?
Ce que je préfère, je pense comme beaucoup c'est
le spectaculaire, c'est bien de voir la technique de voir un kickboxeur contre
un mec qui fait du jiu-jitsu brésilien ou du grappling, les oppositions
de style quoi mais ça reste le spectaculaire. Pourquoi le spectaculaire
? Je sais pas peut-être qu'on a grandi dans un environnement de violence
ça doit jouer même si maintenant on est plus censé
être responsable ça reste toujours ce côté
spectaculaire.
4.
120
Préfères-tu le striking ou le combat au
sol ? Peux-tu expliquer la raison de ta préférence ?
Je préfère le striking même si y'a des
combattants je les trouve hors norme au sol, et qui m'impressionne comme Khabib
qui pour moi a révolutionné le monde de la lutte où tu
sents un sentiment de supériorité tu sents qu'il domine et que
t'as beau avoir un mec qui s'entraîne 2 heures tous les jours en lutte
qui a de très bonnes notions de lutte hein, mais en face t'as
l'impression c'est un enfant de 6ans mais ça reste quand même le
striking. Le coup de poing, pour moi, le coup de poing ça reste la base
de tout.
5. Où et comment regardes-tu les combats de
MMA ? Comment faisais-tu avant sa légalisation de diffusion en France
?
Je regardais en streaming, mais là récemment je
me suis abonné à RMC sport je peux regarder en live ou si je
travaille en rediff mais sur RMC Sport, super qualité rien à dire
je me suis abonné juste pour ça. Avant comment je faisais, bah
c'était le streaming et avant ça c'était le bouche
à oreille avec les grands de mon quartier qui me disaient comme
ça c'était passé.
6. Quels types d'outils numériques utilises-tu
dans le cadre d'un accès aux contenus concernant le MMA ? (web,
télévision,jeux vidéos,cinéma,
autre...)
Note : Question répondue précédemment.
7. Joues-tu à des jeux de combat UFC ?
Penses-tu qu'ils apportent des informations pertinentes sur le MMA ? Si oui
Pourquoi ?
J'ai essayé, après je pense que pour kiffer un
jeu comme ça qui est super réaliste, les mouvements, tu vois
c'est des mouvements que si tu veux l'adapter en jeu vidéo faut que ce
soit parfait et moi je l'avais téléchargé sur
téléphone mais je pense que sur une console super performante ca
peut être pas mal. Malheureusement j'ai pas de console donc je
préfère pas y jouer.
8.
121
Préfères-tu regarder des combats de
« stars » du MMA ou es-tu peu regardant sur les combattants
?
Forcément je suis plus hypé par les combats
stars c'est là ou y'a le plus de tension, le plus d'engouement, le plus
d'adrénaline, le plus d'intensité et puis les stars ça
reste les meilleurs combattants je serai plus hypé mais je suis aussi
capable de regarder un combat entre guillemet moins important. Par exemple,
j'étais à fond devant le combat de Belal Muhammad et Vicente
Luque.
9. Te renseignes-tu sur des debriefs ou des
actualités du MMA ? Si oui, où et dans quel but ?
Après chaque combat je regarde une chaîne sur
youtube qui parle de MMA, elle s'appelle La Sueur. je trouve que ça
apporte beaucoup de bien au MMA, là ou beaucoup regarde uniquement le
côté violent, bah là ça apporte un vrai
professionnalisme, si tu pense que les mecs c'est des mecs violents bah tu te
trompes. C'est un sport comme un autre, c'est des mecs super
entraînés, ils savent ce qu'ils font c'est super bien
encadré, t'as des médecins t'as tout ce qu'il faut, c'est tous
des professionnels après bien sûr t'as des gars qui viennent entre
guillemet de la rue qui ont plus cet instinct de violence mais c'est
complétement différent mais je trouve que les chaînes comme
La Sueur ça brise ce côté de violence donc c'est pour
ça que j'aime bien regarder les débriefs.
10. Regardes-tu des combats féminins et
regardes-tu des pratiques féminines dans d'autres sports ?
Je regarde que les grosses affiches, bah le dernier gros
combat féminin c'était Amanda Nunes qui a perdu sa ceinture, mais
sinon y'a quelques combattantes que je vais regarder et encore je pense que y'a
que Amanda Nunes que je vais regarder et je suis pas sûr de me
réveiller pour regarder un combat féminin. Sinon dans les autres
sports je regarde pas du tout les pratiques féminines, le foot par
exemple qui est mon sport préféré, je regarde pas j'ai
l'impression que c'est un autre sport. Ça m'arrive pendant les JO de
regarder les athlètes féminines, le patinage artistique je trouve
qu'il y a des sports fait pour les hommes d'autres pour les femmes et d'autres
mixtes. Mais un sport de combat pour les femmes je trouve ça moche.
122
11. Suis-tu des combattants sur les réseaux
sociaux? Si oui, lesquels et pourquoi ?
Non je suis pas forcément des combattants sur les
réseaux sociaux, j'attends juste les combats moi, sinon j'ai dû
m'abonner à des chaînes de combattants mais je
préfère regarder leurs combats en live en faite.
Entretien Thomas
1. Depuis quand regarde-tu le MMA et regarde tu souvent
ce sport ?
Je regarde le MMA depuis 5-6 ans à peu près, et
je regarde au moins 2 événements par mois plus du contenu sur
youtube concernant le MMA mais aussi sur les réseaux sociaux.
2. Comment as-tu découvert ce sport ?
J'ai découvert le sport grâce à McGregor,
quand il a gagné contre Alvarez sa deuxième ceinture, je crois
que c'était en 2016. À ce moment-là, pas mal de journaux
en parlait mais c'est surtout grâce à Twitter que je l'ai connu,
j'avais des potes qui partageaient ses KO ou encore ses conférences de
presse.
3. Préfères-tu le striking ou le combat
au sol ? Peux-tu expliquer la raison de ta préférence
?
Je préfère le striking car le combat au sol 9
fois sur 10 on dort, on se fait chier on s'endort c'est ni amusant ni plaisant
à regarder.
123
4. Où et comment regardes-tu les combats de MMA ?
Comment faisais-tu avant sa légalisation de diffusion en France
?
Je.regarde.le.MMA.en.streaming.et.avant.que.ce.soit.légalisémême.chose.sur.freestreamslive
1.
5. Quels types d'outils numériques utilises-tu
dans le cadre d'un accès aux contenus concernant le MMA ?
Clairement le contenu c'est via le web et un peu par les jeux
vidéos.
6. Joues-tu à des jeux de combat UFC ?
Penses-tu qu'ils apportent des informations pertinentes sur le MMA ? Si oui,
Pourquoi ?
Oui j'ai commencé à jouer aux jeux UFC depuis
l'UFC 3 jusqu'à l'UFC 5, clairement je trouve que c'est une
révolution dans ce sport je mets sans réfléchir les jeux
UFC au même niveaux que les jeux FIFA c'est les deux seuls types de jeux
de sport auquel je peux jouer sinon sur les autres on ressent aucun challenge,
aucune adrénaline. Le plus intéressant sur les jeux UFC, c'est le
mode carrière ça te permet de te mettre dans la peau d'un
combattant UFC c'est vraiment lourd surtout que tu sera amené à
affronter les plus grandes stars de ce sport dont tu peux être fan.
Aussi, le jeu est tellement bien fait que je pense honnêtement qu'on peut
découvrir ou apprendre des techniques comme ça ou même
élaborer des game-plans pour ceux qui pratiquent le MMA ou d'autres
sports de combat. Après les jeux UFC te permettent aussi de
découvrir des combattants et leur style donc je trouve ça pas mal
sachant que je me suis intéressé au sport en 2016 avec Conor
McGregor et que l'UFC 3 est sorti en 2018.
7. Préfères-tu regarder des combats de
« stars » du MMA ou es-tu peu regardant sur les combattants
?
En général je préfère regarder des
combats de stars car c'est l'assurance de regarder un combat plus intense t'as
un meilleur combat en quelque sorte même si un combat de star est pas
forcément un combat technique mais ça m'arrive aussi de regarder
toutes les cartes avec
124
des mecs que je connais pas c'est comme tout on peut
découvrir de bonnes surprises. Y'a des nouveaux qui arrivent, qui
peuvent être excitants et qui peuvent remplacer des gars à la
retraite ou des combattants qui enchaînent les mauvaises performances.
8. Te renseignes-tu sur des debriefs ou des
actualités du MMA ? Si oui, où et dans quel but ?
Je fais en sorte de me renseigner clairement, en m'abonnant
à des chaînes sur Youtube comme Ilies Mkt ou encore La Sueur que
ce soit sur Twitter ou encore Youtube comme ça je suis tenu au courant
des actualités sans avoir pour autant à chercher de
moi-même à chaque fois c'est super utile.
9. Regardes-tu des combats féminins et
regardes-tu des pratiques féminines dans d'autres sports ?
Je regarde des combats féminins quand je connais les
combattantes et que je sais que le combat va être un bon combat sinon en
général j'évite. Je regarde pas d'autres sports
féminins car c'est moins intéressants que les sports masculins,
c'est plus chiant à regarder pour moi et là je les regarde car
c'est mélangé au combat masculin car tout est
mélangé au même événement, tu regarde
déjà les combats masculins et y'a les combats féminins qui
passent en même temps tout est regroupé. En plus, on a parfois des
combats très intéressants, très technique on a pas
l'habitude de voir des femmes combattre comme ça dans un autre sport
c'est même assez impressionnant, je pense notamment à « Cris
Cyborg » t'as même pas l'impression que c'est une femme vu comment
elle se bat et avec la carrure qu'elle a.
10. Suis-tu des combattants sur les réseaux
sociaux ? Si oui, lesquels et pourquoi ?
Oui je suis de « grandes stars » du MMA comme Conor
McGregor, George St Pierre, Khabib histoire d'être au courant sur leur
carrière, parfois de voir des clash notamment sur Twitter ou encore de
tout simplement suivre leurs entraînements. T'as parfois l'impression
d'avoir accès à un contenu exclusif que l'UFC ne te montrera
jamais et surtout c'est en libre accès, c'est gratuit ça change
de tout ce qui est lié de manière générale à
la diffusion du sport.
125
Annexe : Entretiens avec les spectateurs de MMA :
Fiche entretien pratiquant de MMA (1)
Quels sports de combat as-tu pratiqué et sur
quelles durées ?
J'ai fait du judo pendant 15 ans , j'ai fait de la boxe
anglaise pendant 3 ans et puis depuis 7ans je fait du Jiu-jitsu
brésilien, de la lutte et de la boxe thaï.
Comment as-tu connu le MMA ?
J'ai connu le MMA sur les réseaux sociaux avec la hype
McGregor, on en a fait par la suite dans ma salle c'est comme ça que je
m'y suis mis.
Qu'est ce qui t'as motivé à pratiquer le
MMA ?
La complexité de ce sport à mélanger
toutes les disciplines, je suis quelqu'un qui aime les sports un peu
extrême et c'est vrai que dans le MMA on trouve toute la
complexité de mélanger toutes les disciplines et d'essayer
d'exceller dans chacune donc c'est vraiment ce qui m'a poussé à
pratiquer le MMA.
Que regardes tu sur les outils numériques
concernant le MMA ?
Je regarde surtout les combats, les résultats, tout ce
qui est les techniques YouTube et compagnie ça m'arrive de regarder un
petit peu mais c'est plus pour passer le temps que d'essayer vraiment de les
mettre en application.
Regardais-tu des combats de MMA avant sa
légalisation en France et donc de sa diffusion sur des chaînes
françaises ? Et si oui, comment faisais-tu et comment fait tu
aujourd'hui ?
Bien sûr que je regardais le MMA avant sa
légalisation en France, ça fait des années que je suis fan
de ce sport, je regardais sur des sites de streaming comme MMA CORE, ça
m'est aussi arrivé de payer RMC ou RMC SPORT 4 où les UFC passent
pour avoir les soirées. Je regarde ça je dirais depuis 2-3 ans
après le pride. Aujourd'hui je regarde principalement sur MMA CORE en
streaming et bien sûr sur Facebook, Insta et tout ça quoi.
Est-ce que tu as appris ou est-ce que tu apprends des
techniques par le biais du numérique ?
J'apprends sur youtube vraiment rapidement ça m'arrive
de regarder une petite vidéo pour regarder un détail technique ou
deux mais ça doit correspondre à 20% de mon apprentissage, je ne
suis pas trop là-dessus.
126
Vois-tu l'apprentissage numérique comme quelque
chose de complémentaire à l'apprentissage en club ou comme une
alternative ?
Perso je vois pas l'apprentissage numérique comme
quelque chose complémentaire mais je sais que mon prof s'inspire
beaucoup de vidéos pour nous restransmettre ensuite ses cours. Pour moi
ce n'est pas complémentaire, mais je sais que dans mon entourage il y a
beaucoup de gens qui en utilisent.
Est-ce que tu suis des combattants particuliers sur
les réseaux sociaux ? Et si oui pourquoi ?
Oui je suis quelques combattants de l'UFC sur les
réseaux sociaux, même des combattants français comme
Salahdine Parnasse et compagnie qui ne sont pas forcément à
l'UFC, je les suis pour leur apporter du soutien mais aussi pour suivre leurs
entraînements et leurs petites vies de combattants quoi. Forcément
c'est divertissant et puis par exemple Morgan Chiappa j'aime bien voir en
détails ses entraînements et ses façons de cuter.
Appartiens-tu à une communauté en ligne
autour du MMA ? Si oui, que recherches- tu à travers elle ?
Sur les réseaux j'appartiens à plusieurs groupes
de MMA, en faite au travers de ça j'aime bien lire tous les
commentaires, toutes les analyses dans ces communautés c'est ca que je
recherche, partager les points de vues différents des autres autour des
gameplans utilisés, des combats. Je recherche vraiment l'analyse en
profondeur du MMA dans certains combats.
Enfin, selon toi le numérique a-t-il
joué un rôle important dans la popularisation du MMA ?
Pour moi oui, le numérique a un rôle très
important dans le développement, c'est ce qui lui donne sa grande
visibilité capable je l'espère un jour, d'en faire le sport
numéro un devant le foot !
Fiche entretien pratiquant de MMA (2) « Micha Melki
»
Quels sports de combat as-tu pratiqué et sur
quelles durées ?
J'ai fait de la boxe française pendant un an et demi,
de la boxe anglaise pendant deux ans, de la boxe thaï pendant un an et
demi et maintenant, je fait du MMA depuis le début de l'année.
J'ai également fait dans le passé de l'aïkido, du
karaté et du judo mais disons que dans ma pratique martiale il y a une
utilisation très très réduite de ces sports-là.
J'ai pratiqué deux ans de judo quand j'étais tout petit ,
karaté beaucoup moins et aïkido un an.
127
Comment as-tu connu le MMA ?
Je l'ai connu via des potes qui m'ont fait connaître
ça par des vidéos.
Qu'est ce qui t'as motivé à pratiquer le
MMA ?
La diversité des techniques, une plus grande
liberté dans les règles mais aussi la hype Conor McGregor.
Que regardes tu sur les outils numériques
concernant le MMA ?
Je regarde des combats, des vidéos analytiques, je vais
aussi chercher des conseils pour mon sol surtout, parce que c'est le grappling
et la lutte que j'ai le plus besoin de travailler puisque je suis satisfait de
mon pied poing. Je tiens à préciser que je fais du MMA en loisir
je ne cherche pas à être compétiteur même si faire
une compétition un de ces quatre me botterait bien.
Regardais-tu des combats de MMA avant sa
légalisation en France et donc de sa diffusion sur des chaînes
françaises ? Et si oui, comment faisais-tu et comment fait tu
aujourd'hui ?
Je regardais pas le MMA sur des chaînes
françaises mais sur des sites comme MMA CORE ou MMASHARE des choses
comme ça et parfois sur Youtube car on pouvait en trouver. Aujourd'hui
de toute façon j'ai pas la télévision donc je regarde pas
plus sur les chaînes françaises, si j'avais la télé
je regarderai probablement
Est-ce que tu as appris ou est-ce que tu apprends des
techniques par le biais du numérique ?
Oui, ça m'est arrivé j'ai même appris une
sortie de garde comme ça et je pense avoir amélioré ma
lutte notamment grâce à l'apprentissage par le biais du
numérique. Mon talent en lutte est de zéro donc ça a pu
clairement m'améliorer.
Vois-tu l'apprentissage numérique comme quelque
chose de complémentaire à l'apprentissage en club ou comme une
alternative ?
Je pense pas que ça puisse être une alternative
je pense que c'est complémentaire sinon aujourd'hui les sports les plus
populaires seraient le Kung Fu ou le Karaté sauf qu'en faite
128
c'est le travail pratique qui permet réellement de
progresser d'où l'intérêt de faire des sparrings de MMA
pour devenir réellement fort.
Est-ce que tu suis des combattants en particuliers sur
les réseaux sociaux ? Et si oui pourquoi ?
Oui y'en a quelques uns que je suis mais je m'en fous un peu,
je vais très peu sur les réseaux sociaux je vais suivre nos
poulains, Cyril Gane, Ngannou j'ai un peu suivi la hype. On va dire que ce ne
sont pas les combattants les plus transcendants qui ont existé non plus.
Même les plus vieux combattants je ne les suis pas tant que ça.
Appartiens-tu à une communauté en ligne
autour du MMA ? Si oui, que recherche tu à travers elle ?
Je suis dans quelques groupes Facebook autour du MMA mais rien de
très sérieux
Enfin, Selon toi le numérique a-t-il
joué un rôle important dans la popularisation du MMA ?
Là oui oui oui ! Clairement le numérique a
joué quasiment TOUT dans la popularisation du MMA, je pense que sans
ça on aurait pas autant de fan de Khabib ou de Mcgregor d'un paquet de
combattant de MMA c'est parce qu'ils sont présents sur les
réseaux sociaux, que ils sont présents dans l'air du
numérique, retrouvable via internet, si on avait pas eu internet je
pense que la télévision française ne ce serait jamais
penché dessus, il n'y aurait jamais eu un tel succès je pense.
Fiche entretien pratiquant de MMA (3) « Mustang Urlin
»
Quels sports de combat as-tu pratiqué et sur
quelles durées ?
J'ai débuté par le taekwondo dès
l'âge de huit ans jusqu'à dix-huit ans, je suivais en
parallèle le football.
Comment as-tu connu le MMA ?
J'ai connu le MMA par le biais de films de combat car enfant
j'étais très bagarreur et même dans la rue je participais
aux bagarres entre quartier .
Qu'est ce qui t'as motivé à pratiquer le
MMA ?
J'ai aimé le MMA grâce à Conor. Je
pratique dans une organisation clandestine de combat en Afrique pour de
l'argent. Oui effectivement, quand tu prends l'argent tu finis
indépendant et tu
129
veux encore et encore. L'argent qu'ils te donnent en
général est tellement faisable que pour payer ta maison tu as
besoin de ça encore et encore
Que regardes tu sur les outils numériques
concernant le MMA ? Je regarde par le canal du web.
Est-ce que tu as appris ou est-ce que tu apprends des
techniques par le biais du numérique ?
J'apprends des techniques par le biais numérique en
observant du jiu-jitsu brésilien ou boxe anglaise. Je pratique la
transposition didacticiel.
Vois-tu l'apprentissage numérique comme quelque
chose de complémentaire à l'apprentissage en club ou comme une
alternative ?
Non, apprendre par le numérique n'est pas
forcément complémentaire si et seulement si l'individu a une
présence d'esprit développé.
Est-ce que tu suis des combattants en particulier sur
les réseaux sociaux? Et si oui, pourquoi ?
Oui je regarde regarde beaucoup Ngannou, c'est mon cousin
camerounais . Adesanya aussi je l'observe beaucoup car nous avons le même
style.
Appartiens-tu à une communauté en ligne
autour du MMA ? Si oui, que recherches-tu à travers elle ?
Je suis dans une communauté en ligne. J'observe les
techniques inutiles développé par les charlatans du net.
Enfin, selon toi le numérique a-t-il
joué un rôle important dans la popularisation du MMA ?
Oui le numérique participe pleinement à la
popularisation car aujourd'hui certains combattants MMA sont payés en
fonction de leur communauté sur internet.
130
Fiche entretien pratiquant de MMA (4) « Steven »
Pouvez-vous vous présenter de manière
générale ?
Je m'appelle Steven, étudiant actuellement en master
STAPS et aussi en master CMW, j'ai 27 ans et je suis pratiquant de MMA cette
année. Je pratique les sports de combat depuis déjà un
moment.
Quels sports de combat avez- vous pratiqué et sur
quelles durées ?
J'ai commencé à la préadolescence avec de
la boxe française à L'UNSS, j'en ai fait deux ans car ça
m'a bien plu puis je me suis orienté vers le Sanda, c'est de la boxe
chinoise qui mélange pieds poings et lutte. Puis après deux
années de Samba, j'ai fait du MMA mais ça s'appelait à
l'époque du Pancrace, à l'époque du lycée.
Après ça, j'ai arrêté le lycée je suis parti
travailler, j'ai repris le MMA quelles que années plus tard ca doit
être en 2015. J'ai repris le MMA à Paris à la natural band
fighters que j'ai du arrêter à cause des études surtout au
niveau du bac et de la distance. Dans le même temps, j'ai pratiqué
de la boxe thaï environ trois ans et le Sambo, et cette année je
suis reparti vers le MMA même si c'est compliqué avec les
études.
Comment avez-vous connu le MMA ?
À l'époque, y'avait une sorte de légende
urbaine à l'époque du collège/lycée autour du MMA.
On parlait de freefight, de combat, sans règle, de morsure, tirage de
cheveux on parlait de tout ça à l'époque je m'en rappelle
très bien. Je me suis très vite intéressé en
tombant sur tout ce qui était lié à l'UFC avec George St
Pierre, Lyoto Machida, Brock Lesnar en poid lourd. Y'avait toute une campagne
qui était faîte donc ça passait sur une chaîne qui
s'appelait je crois, «combat sport» et une autre dont j'ai
oublié le nom. C'était des chaînes luxembourgeoises il me
semble. J'ai commencé à regarder là, y'avait les combats
et les fameuses promos de l'UFC à partir de là je m'y suis
intéressé j'ai trouvé un club pas très loin
à Noisy le Grand à l'époque on parlait de pancrace et j'ai
fait un an là bas ;
Qu'est ce qui vous a motivé à pratiquer le
MMA ?
Alors ce qui m'a amené au MMA, s'est le fait
d'être plus libre dans l'approche du combat sachant que j'ai
commencé avec la boxe française donc c'était pied poing,
ring, c'était beaucoup à la touche et au point qu'il fallait
marquer dans les assauts. De là, je suis passé au
131
Sanda qui était un peu plus libre car ça
intégrait technique de lutte et de projection, sachant qu'au Sanda
y'avait une partie plus traditionnelle type Kung Fu chinois. Y'avait des cours
qui intégraient certaines logiques de self-défense, de sol et
comme ça m'intéressait et que je voulais avoir cette
liberté de passer au sol, je me suis orienté peu à peu
vers le MMA.
Avez-vous été éventuellement
motivé par la proposition de contenu portant sur les arts martiaux
mixtes sur les canaux télévisuelles et numériques
?
Je pense que oui. Déjà l'UFC à
l'époque c'était quelque chose d'impressionnant, c'était
un vrai spectacle c'est d'ailleurs encore le cas aujourd'hui c'est tout un
spectacle qui est fait c'est assez bien foutu d'ailleurs. Y'avait les
vidéos de promotions que je regardais pas mal les UFC Embedded avec tout
ce qui prépare les combats, par exemple les vidéos de
préparations de combat, les promotions ou encore tout simplement la
routine des combattants. À l'époque, je lisais aussi pas mal les
Karatés Bushidos à la bibliothèque y'avait pas mal
d'articles sur les techniques. Je pense que ça a participé
à ma motivation y'avait aussi un côté nouveau
c'était un truc assez peu connu vraiment nouveau.
Apprenez-vous ou avez-vous déjà appris des
techniques par le biais du numérique ?
Oui, oui,oui. C'est quelque chose que je fais pas mal et que
j'ai pratiqué dans différents sports assez tôt je dirais
dès l'époque du Sanda. Ça m'a même été
conseillé à l'époque par les professeurs je m'en rappelle
qui prenait par exemple Tyrone Spong qui était jeune. Ça pouvait
aussi être des films comme Bruce Lee quoi, des films du cinéma.
Aujourd'hui ça peut aussi m'arriver de taper le nom d'une technique dont
on me parle ou encore d'une technique dont je me souviens plus trop ou encore
d'aller chercher des spé solutions quand je rencontre des
difficultés en club ou des mises en échec dont j'arrive pas
à m'en sortir, je vais faire des recherches dans ce sens là. Je
peux très bien aller chercher du côté du Sambo pour les
projections ou soumissions. Ça peut aussi être des vidéos
carrément de highlights de combat UFC.
Voyez-vous l'apprentissage numérique comme un
élément complémentaire à l'apprentissage en club ou
comme une alternative ?
Sûrement pas comme une alternative parceque pour moi, on
peut pas se passer du terrain c'est aussi une question d'apprentissages des
habiletés motrices y'a des logiques qu'on ne peut pas percevoir sans
pratiquer comme la distanciation avec l'adversaire ou encore l'occupation de
l'espace de combat. Après complémentaire, oui clairement, comme
je te disais il peut m'arriver d'aller chercher dans des vidéos des
techniques pour les reproduire, pour m'en rappeler ou pour les essayer suite
à une technique dont un ami me parle et dont il m'envoi la
vidéo.
132
Suivez-vous des combattants en particulier sur les
réseaux sociaux? Et si oui, pourquoi ?
J'en suis pas mal, y'en a beaucoup qui ont même dû
finir leur carrière depuis car j'ai commencé jeune dès que
j'ai eu mon compte Facebook. Après y'en a pas mal que je suis plus comme
nouveaux représentants du MMA français comme Morgan
Charnière, Salahdine Parnasse, Ramzan Jembiev, tous ces jeunes là
qui performent un peu donc oui j'en suis depuis pas mal. Après je suis
pas spécialement ce qu'ils font ou je mets pas forcément de like,
j'ai pas forcément d'intéraction avec eux.
Appartenez-vous à une communauté en ligne
autour du MMA ?
Pas vraiment, je suis la page de mon club et de la messagerie
de celui-ci mais ce n'est pas vraiment une communauté il n'y a pas
vraiment d'interaction.
Selon vous le numérique a-t-il joué un
rôle important dans la popularisation du MMA ?
Oui, moi je dirais que oui, parce que ça m'est
arrivé comme ça y'avait quand même Karaté Bushido
mais c'est essentiellement par les vidéos que j'ai pu voir ce qui se
faisait comment ça se faisait, ce qu'était le MMA, ce qui m'a
d'ailleurs éloigné des représentations qu'on avait plus
jeune au collège et au lycée où quand on parlait de free
fight on imaginait des combats sans règles dans des caves sans
protection sans arbitre. Donc je dirais que oui, le numérique a permis
de me faire connaître le MMA et à me le faire apprécier
mais aussi à suivre l'UFC comme on peut suivre du foot ou encore du
basket.
133
Annexe : Entretien avec Hamza Allal :
1) Quels sports as-tu pratiqué ou pratique-tu
?
J'ai pratiqué quand j'étais jeune de la lutte
à Mulhouse. Ensuite quand j'avais 16 ans, je faisais de la boxe
thaï en club jusqu'à 18 ans et j'avais arrêté pour la
muscu, là c'est uniquement à Giga Arena depuis que j'ai repris le
pieds poings il y a plus de 11 mois.
2) Quelles sont tes motivations à participer
au YFC et cela devant des millions de spectateurs ?
Mes motivations c'est clairement de faire des combats
j'attends rien en particulier, juste essayer d'offrir des combats cool à
voir c'est pour ça que j'adore le KickBoxing,
Le grappling c'est efficace mais les gens
préfèrent voir du striking et je suis pareil. On
préfère voir des enchaînements, des esquives, KO, du sang,
et des beaux gestes.
3) Comment juges-tu l'organisation au niveau de son
professionnalisme ? Ya-t-il des infirmiers ou du personnel de santé
?
Les deux YFC que j'ai fait, on avait droit à un
infirmier, après combattre sur du foin ou un stade c'est pas top, mais
voilà on fait avec ce qu'on a. Maintenant c'est sur octogone et forte
chance que j'y participe une fois ma licence FMMAF acquise.
4) Penses-tu que le YFC permet de développer
et de faire connaître le MMA aux néophytes ou au contraire qu'il
s'éloigne du « vrai sport » ?
Le YFC c'est pas mal pour les gens qui sont vraiment inconnus
au monde du combat, car l'on voit de tous les niveaux après un moment
donné ça s'est tourné vers le KickBoxing car les gens
voulaient voir plus de striking que du grappling et je les comprends tout
à fait mais maintenant depuis la nouvelle version YFC oui clairement.
Mais avant je t'aurais dit non. Maintenant c'est clairement un bon moyen de
voir du vrai MMA.
5) Penses-tu que le YFC puisse devenir une
réelle organisation professionnelle en France ?
C'est en train de le devenir, la dernière vidéo
y'a eu des combattants professionnels de MMA. En France t'as ARES
l'organisation de combat de MMA pro mais YFC c'est 1 million de vues
134
par vidéo en moyenne. C'est qu'une question de temps
avant que cela devienne la plus grosse de France, après quand ? Cela
reste à savoir.
6) As-tu des projets d'avenir professionnel dans la
discipline ? Si oui, passer par le numérique serait-il un moyen
d'atteindre cela ?
Passer par le numérique clairement oui ça peut
aider. Mais j'ai pas non plus un projet prédéfini avec le
KickBoxing. Je sais juste que je tire un réel plaisir à combattre
et m'entraîner du coup je continue.
7) Tu as annoncé sur tes réseaux,
participer au « King Of The Street » réel Figth Club ne
comportant aucune règle et étant aussi diffusé
numériquement, peux-tu expliquer tes motivations et ce que tu recherches
à travers ce combat sortant des « clous » du MMA ?
Le KOTS c'est le vrai combat, on aime tous la violence et la
voir. On peut pas faire mieux que le KOTS, son atmosphère, pas de
règles, pas de round, le seul but mettre KO son adversaire. Je trouve
ça extrêmement excitant à voir, encore plus à vivre.
Ce que je recherche clairement c'est tester actuellement mes aptitudes au
combat dans un vrai combat sans merci, et aucune compassion.
8) Es-tu payé pour la participation à King
Of The Street et si oui combien ? Le KOTS te paie uniquement si t'es
gagnant, après le montant aucune idée.
9) Selon toi, pourquoi le « free fight »
notamment au KOTS est aussi suivi sur Youtube et sur les réseaux sociaux
?
La qualité de l'événement y est pour
beaucoup selon moi, ce côté district, urbain, illégal. On a
l'impression d'assister à un combat clos à l'abri de tous, et
cette atmosphère est dantesque. Mais le gros point c'est le fait que
ça soit uniquement par KO ou soumission. Les gens sont toujours
déçus de voir un combat se décider par décision et
non par un KO.
10) Enfin, fais-tu ce genre de combat sans être
exposé numériquement ? Si non, pourquoi ne combattre qu'en
étant exposé sur le web ?
Le fait d'être exposé numériquement c'est
un plus histoire de prouver de quoi t'es capable car tu peux toujours dire,
j'ai mis KO telle personne de telle façon mais si y'a pas de
vidéo ça sert
135
à rien. C'est pour ça que j'adore le KOTS et
YFC, pour pouvoir prouver ce que je vaux, l'ambiance et la qualité
visuelle des combats.
Annexe : Entretien avec Gregory Bouchelaghem :
1. Pourquoi faire des vidéos sur les arts
martiaux et plus précisément sur le MMA ?
Je fais des vidéos sur le MMA car c'est tout
simplement ma passion, j'adore en faire en parler et m'éclater et il
s'avère que ça plait donc c'est parfait. En plus, ça
permet de faire connaître le sport à des gens qui n'y connaissent
rien mais aussi à partager certaines techniques et certains Tips pour
les pratiquants.
2. As-tu une idée des gens qui regardent tes
vidéos ? Sont-ils principalement des pratiquants d'arts martiaux, des
non pratiquants ? Que recherchent t-ils à travers tes vidéos
?
Le type de gens qui regardent viennent bien sûr des
arts martiaux ou encore des sports de combat, mais y'a aussi des gens qui
suivent pour se marrer car ils aiment bien ma personnalité et puis
l'ambiance de la bonne humeur et de la baston. Les gens à mon avis
recherchent de la castagne, de l'action et viennent aussi pour apprendre sur
les différents sports de combat. Après je pense que si y'avait
pas ce côté baston et bon délire on n'aurait pas eu autant
de visibilité.
3. En tant qu'ancien professionnel de MMA et
icône des arts martiaux Français sur Youtube, as-tu pu constater
une évolution de l'intérêt des gens pour ce sport
comparé à avant ? Si oui pourquoi selon toi ?
Les nouvelles stars comme McGregor, Cyril Gane, Khabib, ils
ont propulsés le MMA à un autre niveau donc y'a plus d'engouement
et puis bien entendu le sport a été dédiabolisé on
comprend maintenant que c'est pas une boucherie même si ça reste
un sport brutal, y'a plein de règles et les consignes de
sécurité sont bien respectées donc médecin tout
ça.
4. Penses-tu que la production de vidéo
Youtube sur le MMA influence ce sport et si oui en quoi ?
Ça l'influence question popularité c'est
sûr avec les suggestions, les tendances et tout t'as plein de gars qui
n'y connaissent rien qui voient une de nos vidéos par exemple qui vont
regarder et qui vont kiffer. Youtube donne une visibilité au MMA
après le sport en
136
lui-même est pas influencé sauf dans la pratique
t'as des gars par exemple qui ont eu une galère dans un sparring et qui
vont voir en vidéo comment se sortir d'une prise ou quoi .
5. Penses-tu que le numérique a un lien avec
la démocratisation du MMA notamment en France avec sa récente
légalisation?
C'est le sport à la mode les jeunes adorent ça
internet aide au développement, on voit du MMA partout maintenant
dès que t'as un KO à l'UFC tu le vois sur le fil
d'actualité Twitter et puis comme je t'ai dis les stars de ce sport ont
propulsées la discipline ça explique aussi pourquoi on a des
clubs remplis aujourd'hui.
6. Que peut apporter selon toi le numérique
(youtube, réseaux sociaux etc...) aux professionnels du MMA ? Est-ce
vraiment important qu'ils soient actifs dessus aujourd'hui ?
Bah aujourd'hui en France quand t'es sportif surtout dans le
MMA vaut mieux être actif sur les réseaux pour ta carrière
avec les orga, les sponsors et tout, et puis partager sa passion avec les
autres ça nous aide à rester dans le bain donc clairement c'est
important oui.
Annexe : Entretien avec Ramzan Jembiev :
Ta popularité sur les réseaux sociaux
t'a-t-elle permis d'ouvrir des portes dans ta carrière ?
Clairement oui, je ne le nie pas ma notoriété
s'est faîte avant mes débuts professionnels et a contribué
à mon lancement, j'ai pu montrer mon style de combat et ça a
plu.
Aujourd'hui le MMA en France est pas assez payé donc
pour quelqu'un qui débute c'est impossible d'en vivre sans avoir une
grosse notoriété.
Est-ce important selon toi, que les professionnels du
MMA soient actifs sur les réseaux aujourd'hui ?
Franchement pour gagner en notoriété ça
passe par les réseaux principalement donc c'est hyper important
d'être actif sur ses réseaux, tu partage ton entraînement,
les affiches mais tu crée aussi une proximité avec les gens qui
te suivent tu leur dois bien ça.
Considères-tu que ta présence sur les
réseaux fait partie de ton « boulot » en plus de ta
préparation physique et mentale pour tes combats ?
Oui exactement et c'est pour ça que j'ai quelqu'un qui
gère ça vu que pour moi c'est un travail à temps plein et
c'est ici que ma communauté est.
Ta popularité te motive-elle encore plus dans ta
carrière ?
Être populaire c'est aussi une motivation
supplémentaire, beaucoup me supporte et veulent me voir gagner donc j'ai
pas envie de les décevoir.
Ya-t-il des inconvénients à être
aussi suivi sur les réseaux sociaux ?
Le problème c'est qu'on a une image à tenir et
qu'on a pas le droit à l'erreur, je suis jeune et je suis loin
d'être parfait donc si je fais une bêtise ça peut me
coûter cher.
Annexe : Formulaire portant sur l'influence du
numérique sur les mixed martial arts (178 réponses) :
137
Annexe : Partie du formulaire consacrée aux
pratiquants de MMA.
Vous êtes :
83 réponses
 quelle tranche d'âge appartenez-vous ?
83 réponses
|
· Moins de 18 ans
· 18-25 ans
m 26-35 ans
· 36-45 ans
· 46-55 ans
· Plus de 55 ans
|
138
 quelle catégorie socioprofessionnelle
appartenez-vous ?
83 réponses
|
|
|
· 1. Agriculteurs exploitants
· 2. Artisans, commerçants et chefs d'entreprises
m 3. Cadres et professions intellectuelle...
· 4. Professions intermédiaires
· 5. Employés et personnel de service
· 6. Ouvriers qualifiés
§ 7. Manoeuvres et ouvriers spécialisés
· 8. Autres personnes sans activité prof...
· Je ne sais pas
|
|
Combien d'année{s} de pratique avez-vous en MMA ?
83 réponses
15
10 i
1 ans mais je suis k...
2 ans 3 ans
0 15 ans 3
Il II il il
10
6 années. Depuis 1995
4 ans
139
Pourquoi avez-vous débuté le MMA ?
n -
n -
n --
n --
n -
n
n
n
n -
n -
n
n -
n
n -
n --
n --
n --
n .
n -
n --
81 réponses
Recherche d'un équilibre... Apprendre à se
défendre Performer pour la pratique... Recherchede convivialité
Phénomène de mode Se dépasser trop peur et trop honte
C'était un complément au jjb Afin de m'amuser lors de c.., Amour
de ce sport M'amuser. Affection pour les sports d... Pouvoirexplorer
plusieurs.-. J'ai grandis dans le MMA Évolution sportive Principalement
pour la div... Evolution dans la pratique... Passion pour ce magnifiqu,,. Cumul
de plusieurs discipl... J'ai aider au developpeme... Mon grand frère a
voulu q... Et surtout apprendre d aut... Suite logique après une pr...
Apprendre sans relache la bagarre Passion des arts martiaux J'aime me battre
Complémentaire a ma pra.-.
o 10 20 30 40
140
Visionnez-vous du contenu numérique concernant le MMA
?
83 réponses
· Jamais
· Occasionnellement
· Sauvent
· Très souvent
Qu'est-ce qui vous intéresse dans l'utilisation et le
visionnage de contenu sur le MMA ?
83 réponses
L'actualité surie MMA
Le suivi de sportifs et stars de...
Le divertissement L'apprentissage de ce spart et... Je n'ai
aucun intérêt pour ce ca... II--Les
Les sensations de visionner un... I
Tout (a I Très peu (voire aucun) intérêt
p... F Je suis coach donc donne des i... F
ufc F
|
-
|
|
0 20 40 60 80
Quels types d'outils utilisez-vous dans le cadre d'un
accès aux ressources concernant le MMA ?
83 réponses
Le web (réseaux sociaux, plate...
La télévision Les Jeux vidéos Le
cinéma
Aucun '--
Combattre et aller voir combattre
Presse" Youtube Fight pass
0
|
20 40 60 80 100
|
|
141
Ouestion Facultative : Recherchez-vous un contenu particulier
sur le MMA ? (trash talking,pesée,compilation de KO etc..)
52 réponses
Techniques b utiliser lors d'entraînements en tant que
coach
Je recherche plutot des combat entier
Non,suivi de I UFC et orga française surtout
KO et JJB
Analyse de fight et techniques
Je regarde que des combats ou presque
Technique breakdowns
Techniques expliquer
Juste les combats et les instructions
Considérez-vous le MMA comme un sport «
récent » ?
83 réponses
|
· Plutôt d'accord
· D'accord
· Pas d'accord
· Plutôt pas d'accord
|
|
142
Comment avez-vous connu ce sport ?
83 réponses
|
|
|
· Par l'entourage
· Par le biais d'un club
· Le web
· La télévision
· Les jeux vidéos
· Le cinéma
· magasine fightsport + did il y a 15-2C... Par le jjb
113
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Pensez-vous que le numérique a joué un rôle
important dans la popularisation de ce sport ?
83 réponses
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· D'accord
· Plutôt d'accord
· Plutôt pas d'accord
· Pas d'accord
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Avez-vous des remarques ou des suggestions concernant cette
enquête ou sur l'influence du numérique sur le MMA ? `Optionnel
16 réponses
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Une plateforme intéress... Pas du tout
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2
0
Demande la discipline principal... Je considère le MMA
actuel co... Non Influence notable du PPV, du ci... Le MMA reste tres peu
accesib...
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Si vous souhaitez être recontacté(e) pour un
entretien merci de renseigner votre adresse mail. *Optionnel
23 réponses
2
I il I I I I I I
Kurthlogan@yaho... Sans problème ad... dajulienne@oran...
jeremypodbe@g... nicolasdardot64@... thomas.manu...
Pas specialement arnaud.gillot(c)ora... emeric.fretard@y...
Ijshingitai(c)gmail.... romainlabarrel (c)...
Annexe : Partie du formulaire consacrée aux non
pratiquants de MMA.
Vous êtes :
96 réponses
 quelle tranche d'âge appartenez-vous ?
96 réponses
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· Moins de 18 ans
· 18-25 ans
· 26-35 ans
· 36-45 ans
· 46-55 ans
· Plus de 55 ans
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144
 quelle catégorie socioprofessionnelle
appartenez-vous ?
96 réponses
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· 1. Agriculteurs exploitants
· 2. Artisans, commerçants et chefs d'entreprises
· 3. Cadres et professions intellectuelle...
· 4. Professions intermédiaires
· 5. Employés et personnel de service 6. Ouvriers
qualifiés
· 7. Manoeuvres et ouvriers spécialisés
· 8. Autres personnes sans activité prof...
· Je ne sais pas
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145
I-
Qu'est-ce qui vous intéresse dans l'utilisation et le
visionnage de contenu sur le MMA ?
96 réponses
L'actualité sur le MMA
Le suivi de sportifs et stars de ce
sport
146
Le divertissement
L'apprentissage de ce sport et de ses techniques Je
n'ai aucun intérêt pour ce contenu
Le sang la sueur et les larmes
q 20 40 60
Quels types d'outils utilisez-vous dans le cadre d'un
accès aux ressources concernant le MMA ?
96 réponses
Le web [réseaux sociaux,
plateformes de partage. stream...
La télévision Les jeux vidéos Le
cinéma Aucun
20 40 60 80
Recherchez-vous par vous-même ce contenu ou vous est-il
directement proposé ?
96 réponses
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· Le contenu m'est directement proposé
· Je recherche par moi-même du contenu sur le
MMA
· Je recherche par moi-même du contenu sur le MMA et
celui-ci m'est également proposé
· Je ne cherche pas de contenu et ne tombe pas sur du
contenu concernant le MMA.
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Annexe : Affiche de l'UFC 2, mettant en avant le
caractère violent et sans règles des rencontres.
Annexe : Recherche menée sur Google Trend
montrant un pic de saisie du terme «MMA» en France au cours du mois
d'octobre 2018 accueillant l'UFC 229 et montrant ainsi l'intérêt
numérique français pour la discipline
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Annexe : Tweet de la Fédération
Française de MMA annonçant la décision du CSA.
Annexe : Affiche du TUF 2022 opposant la team
Peña face à la team Nunes.
152
Annexe : Observation de l'intérêt
spectatoriel pour les UFC Embedded.
Annexe : Tweet d'avant combat de Conor McGregor avant
son combat contre Floyd Mayweather. Nous pouvons traduire celui-ci par «Je
vais lui briser le visage».
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Annexe : Tableau recensant les meilleures ventes de
Pay-Per-View au cours de l'histoire de l'UFC. Source : Statista
2022.
Annexe : Observation de la portée du
numérique et plus particulièrement de la chaîne Youtube UFC
sur la popularisation du MMA.
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Annexe : Second YFC qui marquera définitivement
le contenu prometteur du jeune Youtubeur IbraTV ainsi que de
l'intérêt certain des spectateurs néophytes du
MMA.
Annexe : Lien de la Billetterie du YFC 2
partagé depuis la story de IbraTv sur Instagram le 16 Mai
2022.
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Annexe : Annonce portant sur les candidatures du YFC
retrouvable sur Instagram : matthieu_ltd
Annexe : Capture d'écran issue de la
vidéo «GregMMA défie Salahdine Parnasse» et montrant
une fois de plus la capacité du numérique à populariser et
démocratiser la discipline à travers des formats
vidéos.
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Annexe : Affiche DVD de la société de
production Felony Fights mettant en avant l'aspect violent et choquant de son
contenu.
Annexe : Consignes relatives aux contenus
adaptés aux annonceurs. Source :
support.google.com
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Annexe : Capture d'écran issue des commentaires
de la vidéo Youtube «REGLEMENT DE COMPTES - Tom [Hype Crew] vs
Cyrus [Streetfighter] - K.O.T.S:91 [Combat sur les toits]» KING OF THE
STREETS, 10 Janvier 2022.
Annexe : Affiche du combat KOTS opposant notre
enquêté face à son adversaire Mariusz.
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