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D'une motricité subie à  une motricité agi : le soin psychomoteur comme soutien à  l'élaboration d'une motricité intentionnelle chez l'enfant porteur d'autisme


par Juliette Landeau
Université Claude Bernard Lyon 1 - ISTR - D.E. Psychomotricien 2022
  

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3.1.2. Les espaces du mouvement

La question des espaces est cruciale dans le développement du geste (Obéji, 2020). On distingue plusieurs notions d'espace au cours du développement. Au départ, c'est l'espace des déplacements qui se construit, c'est-à-dire l'organisation générale de l'espace, se situer dans celui-ci et pouvoir l'explorer.

Cette exploration est conditionnée par l'intérêt que va porter l'enfant aux objets : « Il est nécessaire de donner l'envie, la sécurité, de partager l'expérience, afin que l'enfant oriente ses perceptions sur ces objets parce qu'investi par d'autres. » (Obéji, 2020, p. 57)

L'exploration dépend aussi du sentiment de sécurité interne de l'enfant (Dugravier & Barbey-Mintz, 2015). Il se construit par le biais du système d'attachement à un adulte, créé par l'accumulation d'interactions avec celui-ci. Plus le lien d'attachement est sécure, plus l'enfant ose explorer un environnement inconnu. Les réactions émotionnelles provoquées par le milieu seront aussi mieux maîtrisées.

Puis l'espace des objets se développe, avec un repérage des différents objets du milieu (Obéji, 2020). La visualisation d'un espace nécessite de s'appuyer sur sa mémoire sensori-motrice, sur les mouvements du corps nécessaires pour s'y rendre, et implique donc d'avoir déjà pu l'explorer (Poincaré, 1917, cité par Obéji, 2020).

Enfin, l'espace des limites est maîtrisé, l'enfant fait la différence entre l'intérieur et l'extérieur, le soi et le non-soi (Obéji, 2020). Penser les espaces dans le geste, c'est aussi penser à celui du corps. Plusieurs noms existent pour représenter cet espace, comme le schéma corporel, l'image du corps, l'espace corporel, espace du soi... La construction de cet espace se fait par l'exploration sensorielle, par la perception de stimuli internes et externes. L'image du corps se construit alors que la perception sensorielle passe d'un fonctionnement monomodal à multimodal, et permet de délimiter l'intérieur et l'extérieur de celui-ci.

Le dialogue tonique participe à l'intégration du corps comme unité différenciée de son environnement (Livoir-Petersen, 2008). Le processus de construction de l'espace du corps est permis par le milieu humain ainsi que par la répétition des expériences (Obéji, 2020).

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Si l'image du corps n'est pas stable, les mouvements vont avoir pour rôle un maintien constant de celle-ci, allant à l'encontre de l'instrumentation du geste (Bullinger, 2007a).

3.2. Les processus de représentation 3.2.1. Tout commence dans l'interaction

Les processus de représentation commencent dans l'interaction entre l'organisme et son milieu (Bullinger, 2007a). Les caractéristiques stables de l'organisme et celles de l'environnement permettent une cohérence dans leurs échanges. Ainsi, l'équilibre sensori-tonique de l'organisme est indispensable à l'interaction. Cette cohérence et cet équilibre sont essentiels pour que les échanges entre l'organisme et son milieu donnent lieu à l'activité psychique. En effet, ils sont ce qui permet d'interagir sans se désorganiser et à terme de modifier ses conduites.

Piaget, en 1936, décrit trois niveaux de connaissance des objets (cité par Bullinger, 2007a). Le premier correspond à une connaissance dans l'interaction, et permet l'habituation à des signaux sensoriels perçus dans cette interaction.

Le second niveau de connaissance des objets correspond à la connaissance du geste sensori-moteur, dans ses aspects de vitesse, de force, qui peut alors être anticipé et répété. La représentation est alors centrée sur le mouvement et ses caractéristiques.

Enfin, ce sont les objets et l'espace qui sont représentés grâce à la trace du geste, à ses effets. La représentation ne dépend plus du mouvement, elle est déplacée sur l'effet de celui-ci. Le geste peut alors être planifié dans une perspective de modification du milieu et devenir action instrumentale.

L'activité psychique se construit grâce à la répétition et à la régularité des expériences sensorielles (Bullinger, 2007a). Au départ, le traitement des signaux sensoriels se fait sur la base du tout ou rien, d'alerte et d'orientation dans ce qu'on appelle la boucle archaïque. Le développement de la perception, développé précédemment, donne accès à une instrumentalisation progressive du geste.

La répétition des expériences sensorielles permet de les mémoriser et de les comparer, et à terme de les symboliser. Pour Obéji (2020), mémoriser et comparer les expériences implique que celles-ci aient fait trace et qu'elles trouvent un écho entre elles, qu'elles se généralisent et ne dépendent plus d'un contexte strict. D'un geste réalisé uniquement en réponse à l'environnement, le sujet va pouvoir passer à un geste d'instrumentation actif. L'anticipation repose alors sur la stabilisation des processus d'activation et d'inhibition musculaire, mais aussi sur la capacité à mémoriser et comparer les expériences entre elles.

LANDEAU (CC BY-NC-ND 2.0)

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3.2.2. Appropriation du corps

Un équilibre psychocorporel est essentiel dans les processus d'élaboration des représentations (Obéji, 2020). Passer d'un mouvement purement sensori-moteur à une action symbolique nécessite en effet de pouvoir se sentir maître de son corps (Orjubin, 2022). Ce sentiment constitue la première étape au développement de l'autonomie. Maîtriser son corps, c'est se le représenter comme un objet à part entière de l'environnement, être soi-même acteur dans son milieu.

La seconde étape à la constitution de l'autonomie est l'appropriation de ses capacités psychomotrices en les adaptant au contexte temporel, spatial et social.

Le milieu humain joue un rôle crucial dans le passage de la boucle archaïque, système d'alerte aux stimuli, à la boucle cognitive (Bullinger, 2007a). Effectivement, grâce au dialogue tonique, le milieu humain donne accès à une régulation des états toniques engendrés par la perception des flux sensoriels. Livoir-Petersen (2008) décrit trois rôles du milieu humain dans la réorganisation tonico-émotionnelle du bébé. Ceux-ci sont de faire cesser ce qui a désorganisé le bébé, de le rassurer en lui apportant des éléments familiers et de montrer de l'empathie par le biais du dialogue tonique.

L'équilibre tonique nécessaire à l'interaction est alors maintenu et prend du sens dans celle-ci (Bullinger, 2007a). La boucle cognitive est constituée par l'apparition des représentations. Celles-ci offrent de nouveaux moyens de régulation tonique, d'anticipation et de compréhension du monde, et permettent de se détacher de l'environnement immédiat (Bullinger, 2007b).

Ainsi, de nouveaux gestes peuvent être mis en place, les conduites sont transformées.

LANDEAU (CC BY-NC-ND 2.0)

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LANDEAU (CC BY-NC-ND 2.0)

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