INTRODUCTION
Ma thèse professionnelle porte sur
une nouvelle Technologie : le Software-Defined Networking
(SDN). Cette technologie est issue de travaux universitaires américains
qui ont débuté en 2007. Les universités
de Stanford et de Berkeley ont incubé cette innovation et restent
à la pointe des recherches dans ce domaine. Les premières
applications opérationnelles ont émergé en
2012.
J'ai choisi comme champ de recherche le SDN
car cette technologie de réseau a attiré mon attention
parmi la profusion de nouvelles technologies actuelles. Les promesses de cette
technologie m'ont semblé répondre aux faiblesses des
services réseaux actuels. Il faut d'ailleurs noter que le
Réseau est resté à l'écart de la révolution
Cloud de ces dernières années. Avec un peu de provocation, on
pourrait dire que le Réseau est resté au
20ème siècle quand le reste de l'IT passait
au 21ème siècle.
A titre d'exemple, il est étonnant de constater que la
configuration des réseaux est faiblement
automatisée. Dans le meilleur des cas, des scripts
informatiques sont utilisés. Dans d'autres cas, un technicien prend la
main sur les noeuds du réseau pour modifier une règle de routage
ou ajouter un VLAN. On comprend les délais que peuvent
prendre une telle opération et les risques d'erreur
associés.
A titre personnel, j'ai eu la chance d'avoir
un parcours professionnel varié dans le monde des Réseaux. J'ai
pu travailler sur les services LAN chez Cisco Systems et sur les services WAN
chez Bouygues Telecom. J'ai occupé des fonctions d'expertise technique
comme des fonctions marketing et commerciales. Cela m'a rendu sensible à
deux aspects de la Technologie :
· La Technique : un service doit
être bien né pour être capable de passer à
l'échelle.
· Le Business : l'innovation n'a
d'intérêt que si elle répond à l'usage d'un client.
C'est au travers de ces deux axes d'analyse que je souhaite étudier
cette technologie naissante du SDN.
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I La Présentation du sujet
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Les Réseaux ont connu une
évolution importante ces dix dernières années. Cette
explosion des performances a touché
simultanément les réseaux locaux (LAN) et les réseaux
opérateur (WAN). On peut synthétiser cette évolution sur 2
axes :
· Le Très Haut Débit
grâce aux évolutions du Cuivre et de la Fibre
o Le Réseau Local avec les PC raccordés à 1
Gbps
o Le Data Center avec les Serveurs raccordés à 40
Gbps
o Les Accès Opérateur entre 100 Mbps et 1 Gbps
o Les Backbone Opérateur avec des Artères à
100 Gbps
· Le Multi Service grâce à la
souplesse du protocole IP :
o Sur le LAN avec la CoS Ethernet
o Sur le WAN avec la QoS MPLS
Mais cette course à la performance a
laissé de côté le niveau de service
attendu par les DSI. Aller très vite est une chose, s'adapter
en est une autre. De nombreuses opérations manuelles
sont encore nécessaire pour ajouter un VLAN sur le LAN ou
modifier une règle de routage sur le WAN.
Cela impacte directement la mise en oeuvre de la moindre
évolution de services business. A l'heure du Cloud et des
Infrastructures IT « élastiques », il n'est
plus acceptable que le Réseau soit encore
à l'âge de pierre (c'est à dire dans les
années 2000).
Le SDN est une Technologie conçue pour
apporter des réponses aux faiblesses des architectures
et services Réseau actuel. Sa philosophie est de créer un
dialogue entre les applications et le réseau. Ce nouveau
framework apporte :
· Une Automatisation des
Opérations.
· Une Adaptation et Elasticité des
Ressources.
· Une Connaissance permanente de l'Etat du
Réseau.
Ces caractéristiques ne sont pas sans rappeler celles des
infrastructures Cloud, publiques ou privées.
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Le SDN est une démarche
globale. Cette technologie s'applique à l'ensemble
des Réseaux. Dans le cadre de ma thèse, je ne vais
m'intéresser qu'aux Réseaux B2B. Cela inclut les
réseaux locaux (LAN), les réseaux nationaux
(WAN) et les réseaux des Data Center
et du Cloud.
Le Fil Rouge de ma recherche est ce que le
SDN peut apporter aux entreprises, en termes de performances,
en termes de services. Mon objectif est de donner des
préconisations opérationnelles pour qu'un fournisseur de
services B2B (Opérateur ou autre) se prépare à
l'arrivée et la mise en oeuvre de cette Technologie SDN.
1 Qu'est ce que la Technologie SDN?
Le Réseau a toujours eu une
place à part dans l'IT, qu'il s'agisse de gérer le
réseau local (LAN) ou le réseau national (WAN, Internet). Il
suppose des compétences spécifiques que les
ingénieurs systèmes ne possèdent que rarement. Les
techniciens et ingénieurs Réseau sont une équipe
dédiée dans la plupart des DSI.
Les équipements et services Réseau sont un
périmètre sous leur responsabilité unique. Ces personnels
sont déclenchés par les autres équipes de la DSI pour
adapter les réseaux aux besoins de l'IT. Il faut noter que la
majorité de leurs interventions sont manuelles :
directement en CLI ou au travers de Scripts.
Une raison de cette autonomie des équipes
réseaux est que les équipements réseaux (Switchs,
Routers) sont des plateformes fermées : Hardware et
Software embarqués dans un boitier propriétaire. A titre
d'illustration, c'est ce qui a fait le succès du leader des
équipements réseau : Cisco Systems. C'est une approche
très différente de l'Informatique où le Hardware
(les Serveur, les PC) est décorrélé du Software (OS et
Applicatifs).
Le schéma ci-dessous décrit l'Etat de
l'Art actuel d'une architecture Réseau. Chaque noeud du
réseau (Switch, Routeur) est un boitier
propriétaire. Il intègre deux fonctions principales : la
fonction Control et la fonction Data Plane.
Le Control est l'intelligence du boitier, il lui permet de déterminer
les destinations que les paquets doivent atteindre. Le Date Plane est la
capacité de traitement du boitier, il lui permet de faire transiter les
paquets à très grande vitesse vers leur destinataire.
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Schéma d'une architecture Réseau « classique
»
Le point essentiel est que les applications ne
dialoguent pas avec le réseau, une médiation humaine est
nécessaire. L'arrivée des architectures Cloud vient bousculer cet
état de fait. Les applications sont hébergées sur un
nouveau type d'infrastructures IT : Le Cloud. Public ou
privé, sa caractéristique est identique : sa
capacité à être élastique c'est
à dire à s'adapter à la demande des utilisateurs.
Dans ces conditions, le Réseau
devient le maillon faible des infrastructures IT.
L'intervention humaine pour sa programmation fait perdre un temps
précieux, sans compter les risques d'erreurs. Ajouter à cela que
l'homme ne peut évidemment pas être aussi réactif qu'une
machine pour gérer les montées en charge soudaines.
Le SDN, Technologie ou Framework, est
une nouvelle façon d'appréhender les
Réseaux. Il s'agit d'un renversement de paradigme
: la fonction Control n'est plus distribuée
mais centralisée. Le SDN ne laisse que la fonction Data
Plane dans les noeuds du réseau. La centralisation apporte une vision
complète du réseau et une capacité à le modifier
très rapidement. Dit autrement, la fonction Control donne des ordres
à la fonction Data Plane de chaque noeud. Les noeuds ne
sont plus que des exécutants pilotés par un
serveur central.
Le schéma ci-dessous décrit une
nouvelle Architecture Réseau avec
l'implémentation de la Technologie SDN.
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Schéma d'une architecture Réseau SDN
Le Software-Defined Networking (SDN) est une
réponse aux faiblesses des réseaux actuels. En centralisant la
fonction Control, il permet :
· Un dialogue direct entre les
Applications et le Réseau : c'est l'interface
Northbound.
o Cette interface n'est pas encore normalisée : elle
s'appuie sur des API.
· Une configuration automatique des noeuds
du Réseau : c'est l'interface Southbound.
o Cette interface a été normalisée : elle
est basée sur le Protocol OpenFlow.
Le schéma ci-dessous décrit la Technologie SDN sur
un plan plus conceptuel. La fonction Control prend le nom de Network OS
: le Réseau n'est plus vu comme un empilement de noeuds mais
comme une structure homogène.
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Diagramme des interfaces du SDN
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Un point essentiel du SDN est que la
fonction Control devient une fonction informatique
et non plus une fonction Réseau. Elle peut être
déclenchée par des applications, au travers
d'API, comme toute autre fonction. C'est la raison pour laquelle la
littérature parle de Network OS.
C'est un changement profond pour les designs
d'infrastructures IT dont la mesure où le Contrôleur SDN
devient un serveur comme un autre. Il entre donc dans le champ
d'expertise des équipes informatiques et plus dans celui des
équipes réseaux.
Sans entrer encore dans les détails techniques de cette
innovation, on comprend que la création d'un Network OS
apporte des avantages certains :
· Rapidité de mise en oeuvre des
changements.
· Maîtrise du réseau dans son
ensemble.
· Réductions des erreurs
humaines.
· Baisse des coûts (CAPEX et
OPEX).
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2 Les Objectifs de ma Recherche
Le SDN est un champ de recherche
très vaste dans la mesure où il s'applique à tout
type de réseaux : d'un réseau local Entreprise à un
backbone Opérateur, d'un noeud unique à une chaine de
services.
J'ai choisi de limiter mon champ de recherche aux
réseaux pour les entreprises. Cela concerne aussi bien
les LAN (réseaux locaux) que les WAN
(réseaux d'interconnexion de sites). Je traiterai aussi des services
d'infrastructure IT dans le CLOUD, dans la mesure où
ils proposent des fonctions réseaux avancées.
Mon objectif est de faire progresser la
connaissance générale de cette nouvelle
Technologie et d'apporter une réponse opérationnelle
à la question de la mise en oeuvre sur le marché
B2B.
Je ne traiterai donc pas dans ma thèse les sujets
suivants, malgré leurs intérêts : ! Le SDN associé
à d'autres réseaux comme :
o Le coeur de réseau : les opérateurs vont
utiliser le SDN pour piloter leurs propres infrastructures réseau
(Routeurs de Coeur, Réseau d'accès, Antennes 3G/4G).
o Le service chaining : les opérateurs vont utiliser
le SDN pour provisionner des services mass-market sur leur réseau (ex :
la distribution d'un flux VoD).
! Les Technologies associées du SDN comme :
o Le Network Functions Virtualization (NFV) : c'est la
capacité de créer une fonction réseau comme une instance
applicative sur un serveur x86 (ex : Firewall, IDS).
o Le Network Virtualization (NV) : c'est la capacité
à créer des tunnels au dessous du réseau pour simuler
auprès des VM un même domaine réseau (ex : Solutions de
VMware).
Cette thèse n'a pas l'ambition d'étudier le SDN
en tant que Technologie. Il s'agit d'analyser la Technologie pour comprendre ce
qu'elle peut apporter. L'objet de cette thèse est de confronter la
Technologie SDN au Marché B2B. Dit
autrement, il s'agit de répondre à la question de la pertinence
économique du SDN, sur le segment des services aux entreprises.
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Ma question de recherche est issue d'un
constat que font une majorité de DSI d'Entreprises : mon réseau
n'est pas réactif. Le SDN semble pouvoir apporter une réponse
à cette frustration des DSI. Je vais donc me poser la question
des opportunités de cette technologie pour les
fournisseurs de services aux entreprises.
Une Technologie ne pouvant se mettre en oeuvre que
dans un contexte, le SDN devra être regardé sous
ce jour. Il s'agit de répondre préalablement à la question
: les conditions sont-elles réunies pour voir
l'émergence du SDN ?
Pour ce faire, le SDN doit valider certaines
hypothèses :
· Etre une technologie qui apporte une rupture de
modèle : une capacité à bouger les lignes.
· Etre une technologie qui peut sortir du
Lab : un déploiement sur des réseaux
opérationnels.
· Etre une technologie qui apporte du sens aux
clients : une nouvelle proposition de services.
L'analyse de ces hypothèses se fera tant sur un plan
théorique que sur un plan pratique. L'ambition est de confronter les
deux pour apporter une réponse à la question de ma recherche :
Quelles opportunités pour les fournisseurs de services aux entreprises
?
3 L'Intérêt pour mon Entreprise
Bouygues Telecom a développé
une activité commerciale sur le marché B2B depuis 15 ans. Cette
Business Unit (BU) proposent des services Voix et Data sur ses réseaux
mobiles comme fixes. Cette entité, appelée Bouygues
Telecom Entreprises (BTE), emploie 1 000 collaborateurs avec des
agences sur l'ensemble du territoire français.
Le Marché B2B a longtemps
été segmenté en activités étanches :
· Les opérateurs fournissent des
capacités réseau nationales (le WAN).
· Les intégrateurs installent et
maintiennent des capacités réseau locales (le LAN).
· Les hébergeurs fournissent des
mètre carrés sécurisés ou des capacités
informatiques.
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Ces dernières années, les
Opérateurs B2B font bouger les
frontières de leur activité afin de répondre aux
besoins de leurs clients. Les principaux acteurs du marché
français ont ainsi amorcé une nouvelle stratégie de
fournisseur global de services IT :
· Orange Business Services (OBS) a
été le précurseur avec :
o Le rachat en 2006 de plusieurs intégrateurs
Réseaux : Silicomp, Diwan et Neocles.
o La création en 2012 du Cloud Souverain
Cloudwatt.
· SFR Business Team s'inscrit dans cette
tendance avec :
o Le rachat en 2014 d'un intégrateur
Réseau majeur : Telindus.
o La création en 2012 du Cloud Souverain
Numergy.
Ainsi, Orange Business Team est entré dans le Top10 des
SSII en France et SFR Business Team devient le premier Intégrateur Cisco
en France.
Bouygues Telecom Entreprises est aussi
engagé dans cette stratégie de diversification même si
certains choix restent encore à faire :
· Pour les Intégrateurs : une
proximité nouvelle avec des filiales du Groupe Bouygues
dont l'intégrateur/mainteneur Bouygues Energie Services ou la
SSII S. Aucun rapprochement n'est actuellement annoncé.
· Pour le Cloud : le lancement d'offres
d'infrastructures IT en 2012 en partenariat avec Microsoft,
là où les deux autres acteurs ont privilégié la
solution OpenStack.
A l'heure de la recomposition du secteur Telecom
en France, Bouygues Telecom Entreprises doit maintenant lutter contre
deux gros acteurs : OBS et SFR/Completel.
La question se pose pour mon Entreprise de se
différencier sur ce marché B2B. Quelle stratégie
Réseau ? Quels choix technologiques ?
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II La Méthodologie utilisée
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Notre Univers IT est exaltant car il
foisonne de nouvelles technologies et d'innovations. Les startups produisent
sans discontinuer de nouveaux concepts techniques, de nouveaux modèles
économiques, de nouveaux services aux utilisateurs. Parmi la myriade de
nouvelles solutions sortant chaque année, il est bien difficile de
détecter celles qui seront un succès de celles qui seront un feu
de paille.
La Technologie SDN étant au
début de son cycle d'innovation, les « réservoirs de savoir
» disponibles sont peu nombreux. J'ai donc choisi une méthodologie
de recherche se focalisant sur quelques aspects de l'écosystème
technologique.
Concernant les informations disponibles sur
le SDN, il est intéressant de noter que je suis passé du «
pas assez » au « trop plein ». En l'espace de 18
mois, le SDN est passé d'un sujet d'initiés
(au moment de ma candidature au mastère, Novembre 2012)
à un sujet médiatique (au moment de la
finalisation de ma thèse, Avril 2014).
Cette soudaine vague d'informations comporte le risque majeur
d'être noyé sous les discours marketing des différent
acteurs. J'analyse cela comme un bruit ambiant dont il faut se détacher
et non comme un savoir existant sur lequel travailler.
1 L'Analyse de la Littérature
Ma stratégie concernant la
Littérature a été de me focaliser sur
quelques domaines. Ces domaines m'ont semblé pouvoir
être révélateurs du niveau de maturité
de la Technologie SDN :
· La Recherche comme indicateur
avancé.
· La Normalisation comme indicateur de
maturité technologique.
· L'Open Source comme indicateur de
diversité technologique.
· Les Cabinets de Conseil comme indicateur
de maturité économique.
La littérature sur le SDN est encore
assez pauvre dans la mesure où l'on traite d'une
nouvelle Technologie. Par nature, il y a très peu de
réalité sur le terrain et donc peu d'analyses et d'études.
Toutefois, la notoriété récente de cette technologie a
amené certaines publications. C'est notamment le cas des cabinets
Gartner et Forrester qui ont diffusé plusieurs notes
sur le sujet ces dernières semaines.
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Le SDN est une Technologie créée et
développée aux Etats Unis. Fidèles à leur
philosophie de diffusion de la connaissance, les
américains ont mis en ligne deux types de littérature :
· Des documents de recherche : issus des
universités de Stanford et Berkeley.
· Des documents de normalisation : issus
de l'organisme Open Networking Foundation (ONF).
Il est intéressant de noter que l'approche de
recherche et normalisation américaine est très pragmatique : la
technologie est mise en situation dans de nombreux use cases.
Pour finir, on peut déplorer que la
littérature française soit quasiment
inexistante. A noter tout de même, une publication de
l'organisme de recherche en informatique dépendant du CNRS,
l'INRIA.
Le monde de l'Open Source est, par nature,
une source importante d'informations. L'objectif de cette communauté
étant le partage et la co-création, le savoir y est en quasi
libre accès. C'est donc une riche source de documentation
et de spécifications.
Au delà de l'accès à une documentation
de très bon niveau, à défaut d'être
académique, l'Open Source est aussi un
révélateur de la maturité d'une technologie. Ce
monde se saisit généralement d'une Technologie pour la
développer en Open Source lorsqu'elle a déjà un certain
stade de notoriété et de diffusion. Il faut garder à
l'esprit qu'une partie des développeurs Open Source sont des
collaborateurs de grandes entreprises IT mis à disposition de la
communauté. Ces entreprises ne délègent des collaborateurs
que si elles y voient un intérêt business.
Les Cabinets de Conseil sont un
réservoir de savoir facile d'accès et de grande
qualité. Facile d'accès car leurs portails web
centralisent toutes les thématiques techniques et disposent de fonctions
de recherche très puissantes. De grande qualité
car les analystes qui rédigent les notes sont des chercheurs
émérites avec une longue expérience dans le Conseil.
Un point de vigilance est la neutralité
discutable de ces analyses. Les analystes passent beaucoup de temps
avec les éditeurs de logiciels et les équipementiers.
Consciemment ou inconsciemment, ils se font parfois l'écho du discours
marketing de leurs interlocuteurs.
Les notes des cabinets sont une lecture importante des DSI.
Il m'a semblé pertinent de les consulter pour analyser l'état de
connaissance actuel des Managers IT des grandes entreprises.
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Ma stratégie concernant le
Terrain a été de lire entre les
lignes. En effet, l'étude terrain est rendue difficile par le
fait que le SDN n'a pas de réalité opérationnelle,
à de rares exceptions près. C'est d'ailleurs le propre de
l'étude d'une nouvelle Technologie.
Afin de confronter le SDN à une
réalité, je me suis appuyé sur plusieurs
sources terrain. Afin de disposer d'un contenu suffisant pour
être pertinent, j'ai choisi de me baser sur :
· Des sources directes :
o Un feedback des DSI : ma propre
expérience professionnelle m'a amené à constater que les
DSI avaient souvent les mêmes frustrations et attentes vis à vis
des services Réseau.
o Un entretien terrain avec
l'ingénieur d'étude en charge du SDN à la
Direction Technique de Bouygues Telecom : Ljubomir G.
· Des sources indirectes :
o Une analyse des fournisseurs de SDN : le
positionnement des acteurs (startups, équipementiers) donne des
informations sur la maturité technique et économique d'une
Technologie.
o Les témoignages des acteurs du
CLOUD : plusieurs acteurs (Facebook, Google) ont fait des
communications approfondies sur leur expérience de
l'implémentation du SDN (sous forme de blogs, de publications ou
d'interviews).
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III Les Données
récoltées
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Le SDN étant une technologie nouvelle, la
collecte d'informations poursuit plusieurs objectifs :
· Comprendre la technologie : beaucoup
de choses sont écrites sur le SDN. Il est important de revenir aux
fondamentaux c'est à dire à la conception de cette technologie.
Ces aspects techniques sont analysés au travers de la documentation de
recherche et des spécifications de normalisation.
· Définir son niveau de maturité
: la question se pose de la mise en oeuvre opérationnelle du
SDN. Au delà des prototypes montrés dans les labs, il est
important de déterminer l'horizon opérationnel de cette
technologie. L'analyse du marché et des produits proposés doit
nous aider dans cette démarche.
· Déterminer sa capacité de
rupture : une technologie peut d'inscrire dans une tendance ou
apporter une nouvelle manière de travailler. Nous cherchons à
déterminer si le SDN a une capacité à bousculer le
marché des services Réseau. Nous analyserons cela au travers de
l'écosystème du marché Réseau, notamment les
Opérateurs et le Cloud.
Le fil rouge de cette analyse reste les services B2B. Les
différents points ci-dessus sont donc regardés sous ce jour.
1 La Littérature
Le SDN étant une Technologie récente dont la
littérature s'est fortement enrichie ces derniers mois. Certains
documents (les analyses de Forrester) sont sortis quelques jours avant mon
bouclage, ils auraient mérité une étude plus
approfondie.
i Une Notoriété Récente
L'étude de notoriété permet de
déterminer l'intérêt que porte les acteurs
d'un secteur à une Technologie. Un intérêt est le
garant de développements plus poussés de solutions.
Des outils web permettent de mesurer l'évolution de la
notoriété d'une Technologie. Les plateformes Google
et Gartner archivent les requêtes des
utilisateurs sur des mots clés. On peut ainsi observer la montée
d'une tendance sur un nouveau sujet. Cette tendance peut ensuite être
analysée avec différents filtres : pays, type de secteur, taille
d'entreprises.
18
GOOGLE met à disposition son outil
Google Trends. La recherche a été
réalisée sur le mot clé « Software-Defined Networking
».
Source : GOOGLE Trends Ð Mars 2014
On observe que la courbe est à zéro avant 2012 car
il n'y avait un nombre suffisant de requêtes pour que Google les
intègrent dans ses analyses.
19
GARTNER a réalisé une étude
spécifique cette tendance. Elle est basée sur le nombre de
recherches sur le site
gartner.com avec les mots clés
« SDN » et « Software-Defined Networking ».
Source : GARTNER Analysis Trends - Septembre 2013
L'analyste du Gartner conclue dans son
document de synthèse : « Interest in software-defined networking is
increasing year over year, and it is time for vendors to develop a
clear road map and SDN solutions » (Peter J. Grant, Sept
2013).
En conclusion, on constate que les
analyses sur Google et Gartner sont concordantes : elles montrent que le sujet
du SDN a commencé à intéresser les utilisateurs
à partir de 2012. Le rachat de la startup Nicira par
VMware pour 1,2 Md$ en juillet 2012 n'est certainement pas étranger
à ce phénomène.
Le même constat peut se faire en regardant le nombre
d'articles publiés dans la presse IT. Il y a 18 mois, très peu de
chose existait. Aujourd'hui, un site de presse IT en ligne publie sur le SDN
tous les jours.
Cette notoriété est le
premier signe qu'il se passe quelque chose sur le
marché du réseau. On ne peut pas faire le lien avec un quelconque
intérêt busines mais cela montre que le SDN commence à
avoir l'attention, notamment de la part des DSI accédant au site
de Gartner.
20
ii La Recherche
L'analyse de la Recherche & Développement
(R&D) permet de déterminer sa maturité d'un
domaine technologique. L'objectif est de définir si la Technologie SDN
est encore dans les labs (phase de recherche) ou si elle commence à
avoir une réalité opérationnelle (phase de
développement).
Rappel historique
Il faut noter que le SDN et Open Flow, son protocole star,
s'inscrivent dans un courant de recherche visant à
rendre les réseaux plus flexibles, plus adaptatifs. Des chercheurs de
l'INRIA et de l'Université de Santa Cruz faisaient remarquer dans une
analyse : « While OpenFlow has received considerable attention from
industry, it is worth noting that the idea of programmable networks and
decoupled control logic has been around for many years »
(Nunes et al., 2014).
Dans les années 1990, les protocoles Open Signaling ou
Active Network ont été développés dans le
même esprit que OpenFlow. Plus récemment dans les années
2000, on a vu l'émergence des protocoles NetConf et Ethan. Aucun de ces
projets de recherche n'a connu le moindre déploiement
opérationnel ou la moindre notoriété.
Il semble indéniable que le SDN cristallise
aujourd'hui les attentes d'un marché. On constate depuis
quelques mois un fort engouement de certains acteurs de ce marché. Il
n'est qu'à voir l'enchainement des annonces des constructeurs et des
articles de presse sur le sujet.
La Recherche américaine
La Technologie SDN est avant tout un domaine
d'expertise américain. Cela s'inscrit dans la domination
américaine sur les Technologies Réseaux depuis 30 ans : invention
de Ethernet, invention de Internet/IP, invention du Wifi.
Deux universités américaines
sont à la pointe des recherches sur le SDN : Standford
et Berkeley. C'est d'ailleurs dans ces lieux que la Technologie SDN
est née. En 2007, Les premiers développements ont
été réalisés dans le cadre d'une thèse
d'étudiant, Martin Casado, sous la direction des deux
professeurs, Nick McKeown de Stanford et Scott
Shenker de Berkeley.
21
Au delà de l'anecdote, il faut noter que ces recherches
ont donné lieu à la création d'une Start-Up :
Nicira. Dans la grande tradition américaine, la recherche se
réalise en gardant à l'esprit un objectif de valorisation, de
sortie sur le marché. En Juillet 2012, Nicira est
racheté par le spécialise de la virtualisation VMware, filiale de
EMC Corporation, pour 1,3 milliard de dollars.
Il est important de noter dès maintenant que
le marché donne déjà une réponse à
la question des opportunités économiques autour du SDN.
Il est d'ailleurs impressionnant de constater la capacité de la
recherche américaine à créer de la valeur. En
l'espace de 5 ans, le SDN est passé d'un sujet de
thèse à un technologie valorisée au delà
du milliard de dollars.
Les universités de Standford et Berkeley ont mis en
place un centre de recherche commun pour
accélérer encore les développements autour du SDN. Cette
plateforme porte le nom de Open Networking Research Center (ONRC).
Sur son site Internet, l'ONRC précise son objectif : « The
Open Networking Research Center is charged with developing a comprehensive
intellectual framework for this new era of networking
».
Le schéma ci-dessous détaille le framework
proposé par l'ONRC, avec les outils logiciels associés.
Source : ON.LAB Ð 2014
22
Ce centre de recherche met en oeuvre une plateforme
spécialisée, ON.LAB, dont l'objectif est de
développer et mettre à disposition des logiciels SDN
(Contrôleurs SDN, Switch virtuels). C'est aussi la
possibilité de réaliser les tests
d'interopérabilité entre solutions pour préparer la
normalisation et la création d'un marché homogène.
Le schéma ci-dessous détaille les
logiciels développés par ON.LAB pour chaque
couche logique du framework SDN.
Source : ON.LAB - 2014
Nous sommes ici dans une démarche de valorisation
de la recherche sur 2 plans :
· La création de propriété
intellectuelle : la guerre des brevets se gagne bien avant que la
technologie n'atteigne le stade industriel.
· La vente de savoir faire : la
conception et la vente de produits permet de financer la recherche et de
favoriser l'éclosion de nouvelles start-ups.
23
L'objectif des acteurs de la recherche et des
acteurs industriels est de diffuser largement cette technologie. On.lab
l'affiche clairement dans sa présentation « Why SDN and ON.LAB are
Hot Topics » : son objectif est « Crossing the Chasm
», reprenant le titre à succès de Geoffrey A. Moore :
Source : ON.LAB - 2014
L'industrie américaine est
présente en force à l'ONRC. On note la participation de
douze sociétés IT « sponsor » parmi
lesquelles HP, Google, Cisco ou encore NTT Docomo. Selon les acteurs, cette
technologie SDN inquiète ou intéresse. Dans les deux cas, c'est
la conséquence d'une même analyse : le SDN est une
technologie de rupture qui offre de nombreuses possibilités de
services.
Ces services sont des opportunités
pour certains acteurs et des risques pour d'autres
acteurs. A titre d'exemple, c'est un risque pour CISCO qui propose des switchs
à forte valeur ajoutée et c'est une opportunité pour HP
qui veut prendre des parts de marché à CISCO en se
différenciant.
24
L'Europe en général et la France en particulier
sont peu présentes dans la recherche sur le SDN. Les
véhicules de la recherche existent mais très peu de publications
sont réalisées :
· Organismes publiques français : INRIA et Ecoles
TELECOM
· Pôle de compétitivité français
: Images et Réseaux
· EU Framework Programme 7 : OFELIA
On ne voit pas de réelle volonté de se
positionner sur cette technologie. La plateforme européenne
OFELIA était intéressante : il s'agissait de mettre sur
pied un centre d'expérimentation OpenFlow. Elle avait pour objectif de
valider la compatibilité de différentes solutions SDN. Mais les
programmes européens sont courts (et très administratifs). Le
programme OFELIA s'est terminé en septembre 2013,
même si, officiellement, la plateforme continue de fonctionner.
A noter dans ce marasme, la volonté de quelques uns.
Un chercheur de l'INRIA, madame Pascale Vicat-Blanc, a eu le courage de lancer
sa start-up, Lyatiss, en Juin 2010. Elle était
précédemment responsable d'une équipe de recherche
à l'INRIA : RESO. Cette équipe était
spécialisée dans la virtualisation et l'optimisation des
réseaux Très Haut Débit.
On peut craindre que l'Europe sera distancée
sur la Technologie SDN qu'elle l'est sur les Technologies
Réseaux existantes. On note d'ailleurs sur ce sujet, comme sur d'autres,
que l'ambition européenne n'est plus que d'expérimenter
sur des TestBed des technologies conçues par d'autres pays.
En conclusion, on constate la
poursuite d'efforts importants de R&D dans le SDN. Cela
confirme l'intérêt du marché pour cette
technologie. Il est intéressant de constater que le SDN est à la
fois :
· Un sujet de Recherche :
les laboratoires des universités conduisent des programmes de recherches
pour améliorer cette technologie.
· Un sujet de Développement
: des plateformes de Tests & Validation sont mises en
oeuvre pour valider le bon fonctionnement opérationnel,
l'interopérabilité entre solutions et l'intérêt du
marché.
Cette maturité du SDN est une opportunité
pour les services B2B. A court terme, elle offre la
possibilité de présenter des FOC (Proof Of
Concept) à des clients sur la base du matériel open source
disponible, c'est à dire sans investir dans des infrastructures
couteuses. A moyen terme, elle offre la possibilité de proposer des
Solutions évolutives, c'est à dire avec une
pérennité dans le temps.
25
iii La Normalisation
L'analyse de la normalisation d'une Technologie permet de
déterminer la capacité de cette technologie
à se diffuser largement. Une normalisation
précise est la garantie que les solutions de deux fournisseurs
différents pourront fonctionner ensemble. Pour une entreprise, c'est la
garantie qu'elle pourra mettre des fournisseurs en concurrence
sans risque de détériorer son service.
Dans le cas du SDN, c'est la capacité de choisir deux
fournisseurs différents pour :
· La fonction Control : 1 serveur central
hébergeant le contrôleur réseau (ou Network OS).
· La fonction Data Plane : Des swichs
déportés traitant les paquets (ou Netwok Devices).
Il est indispensable que l'interface entre les 2
fonctions/équipements soit normalisée pour garantir le bon
fonctionnement bout en bout.
Une instance dédiée a
été créée pour le normaliser le SDN :
l'Open Networking Fondation (ONF). Sa création date de
2011. Ses premiers travaux ont porté sur l'interface
South Bound du SDN. Ils ont aboutis à la diffusion du protocole
Open Flow.
Le schéma ci-dessous détaille cet exemple.
L'interface est ici normalisée par le protocole OpenFlow.
Source : ONF Ð 2014
26
L'ambition de l'ONF est plus vaste : elle vise le SDN
dans son ensemble. Il s'agit de proposer un framework SDN
complet. Le schéma ci-dessous présente la
maturité actuelle de ce framework.
Source : ONF - 2014
L'objectif de l'ONF est de diffuser le SDN dans les
différents environnements Réseau. Pour se faire,
elle diffuse de nombreux document d'implémentation pour les univers
Campus, Cloud ou encore
Opérateurs. Le schéma ci-dessous est
l'illustration de l'implémentation du SDN sur un réseau
Opérateur.
FIGURE 1 Network Diagram (Private Cloud highlighted in red
rectangles)
27
n
Source : ONF - 2014
La promesse de l'ONF pour un Opérateur
est de mieux valoriser ses infrastructures. Elle
écrit en 2013
provider whee resources are cotrolled by a single administrativ
domain and made
dans son document Operator Network Monetization : «
legacy networks are inflexible, static, and closed
available to uers on an a-needed basis via programmatic
interfaces.
to innovation. This severely limits the
operator's ability to cost-effectively respond to the scale,
Prite Clouds aow Enterise to rapidly rsnd to chgin user
requirements fr
performance, and user experience requirements of today's
dynamic environments ».
new applications, network services, and devices wih minimal cost
and complexity
Le SDN est un moyen de créer une nouvelle
expérience client (généralisation de revenus avec
de nouveaux
dise neanl bl plications Ke ommniatons qiments ild
services) et d'industrialiser les opérations (baisse des
coûts).
flexible pah management finegrained polcy enforce
Le SDN permet de coupler le Réseau avec les
Applications (les services) : cela donne des leviers pour
enable IT an network operators to shae and provision nework
esources basd
appliquer de nouveaux types de SLA, de nouveaux services.
on business and operatona objectives Orchestration
28
L'ONF imagine ainsi des services B2B de type
:
· Bandwidth on Demand
· Bandwidth Exchange
· Network Features for Pay
· Pay forQoS
Les instances de normalisation « historiques
» se saisissent maintenant du sujet SDN. C'est un signe que la
Technologie prend de l'ampleur. On peut citer l'IETF qui est
l'instance de normalisation des Réseaux. Un nouveau groupe de travail a
été créé le 20 décembre 2013 : le
Service Function Chaining (SFC). Sa cible de normalisation est
2015.
En conclusion, bien que la
Technologie SDN soit récente, un effort très important de
normalisation a été réalisé. Cette
rapidité à normaliser le SDN est liée à la
création très tôt d'un organisme
dédié : l'ONF. Cela a permis aux promoteurs du SDN
d'avancer en autonomie, sans être contraint par les
organismes de normalisation liés à l'univers des Réseaux :
IETF, ITU, 3GPP.
Toutefois, l'avancée de la normalisation n'est ni
totale ni homogène :
· La normalisation de l'interface dite
« South Bound » est très
avancée. Il s'agit de l'interface entre le Contrôleur et
le Noeud Réseau. La normalisation a privilégié le
protocole Open Flow pour cette interface.
· La normalisation de l'interface dite
« North Bound » en est aux prémices.
Il s'agit de l'interface entre le Contrôleur et les Applications. La
normalisation a privilégié l'approche par API pour cette
interface.
En complément de la normalisation, plusieurs
structures se sont mises en place pour vérifier :
· Le bon respect des
spécifications de normalisation.
· L'interfonctionnement des
équipements de différents fournisseurs.
La maturité de la normalisation
(les spécifications et les outils pour valider leur
application) permet déjà de déployer des
réseaux utilisant cette technologie. C'est donc une
réelle opportunité pour les fournisseurs de services B2B
de se positionner sur ce marché sans prendre trop de risques.
29
iv L'Open Source
Le monde Open Source est un indicateur de la
capacité d'innovation d'un domaine technique. Il n'est
qu'à voir ce que Linux a apporté au domaine des serveurs ou
Firefox au domaine des navigateurs web. Même si ce n'est pas une
règle exacte, la présence de solutions Open Source est souvent
un gage de dynamisme et de succès d'un
domaine.
Dans le domaine des Réseaux, peu de choses avaient vu
le jour jusqu'à ces dernières années. Deux
initiatives sont actuellement en plein développement. Elles
disposent de partenariat de développement avec les plus grands noms de
l'IT.
· OpenStack : créé en
2010, il s'agit d'un projet de plateforme Cloud. La Nasa et
Rackspace en sont à l'initiative. Cette plateforme est composée
de différentes briques IaaS (Application, Orchestration, Stockage). La
brique Réseau à la Demande a été livrée en
septembre 2012 sous le nom de code
QUANTUM.
· OpenDaylight : créé en
2013, il s'agit d'un projet de plateforme SDN. La fondation
Linux en est à l'initiative. Cette plateforme est composée de
différentes briques SDN (Contrôleur, Réseau Virtuel,
Protocole OpenFlow). La première version a été
livrée en Février 2014 sous le nom de code
HYDROGEN.
On peut aussi évoquer le projet Floodlight,
créé en 2012 à l'initiative de Big Switch Network. Son
objectif est limité à la mise à disposition d'un
contrôleur SDN.
A noter que OpenFlow n'est pas un projet
OpenSource à proprement parler. Il s'agit d'un projet de
normalisation d'un protocole de commande Réseau sous la
responsabilité de l'Open Networking Foundation (ONF).
En conclusion, le dynamisme
récent des projets Open Source montre l'intérêt que porte
la communauté IT au sujet SDN. De très nombreux
développeurs travaillent maintenant sur ces projets. Cela ouvre
des opportunités du fait :
· De la mise à disposition de
matériel fiable et peu onéreux.
· De la livraison régulière de
nouvelles fonctionnalités.
Comme souvent avec l'Open Source, c'est une
opportunité de créer des services au dessus de la
technologie.
30
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v Les Cabinets de Conseil
|
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Les cabinets de conseil IT fournissent des analyses
sur les technologies, sur les fournisseurs et sur les marchés.
Ces analyses sont lues aussi bien par les entreprises qui achètent des
technologies IT (les Grands Comptes) que par les entreprises qui créent
ces technologies IT (Equipementiers, Opérateurs). Ces cabinets essayent
de mettre des chiffres (issus d'enquêtes) en face de la
déferlante de nouvelles technologies.
Les plus gros cabinets, comme Gartner ou Forrester, ont
une influence importante sur le secteur IT. Leurs
analyses/prédictions sont diffusées dans la presse et sont lues
avec attention par les décideurs. Ils ont le mérite de donner un
cadre, conceptuel et rationnel, sur lequel discuter. Reconnaissons-leur que
prédire l'avenir est un exercice bien difficile.
Ces cabinets n'ont diffusé une note
spécifique au SDN que très
récemment. Cela montre que le SDN sort de la technique pour
devenir un sujet à part entière :
· Is Software-Defined Networking Ready For The Enterprise?
(Forrester, 5 mars 2014)
· Mainstream Organizations Should Prepare for SDN Now
(Gartner, 18 mars 2014)
Gartner comme Forrester détaille les avantages et
opportunités du SDN et encourage leurs client entreprise
à s'y intéresser de près dès maintenant.
On peut citer un analyste de Forrester : « Enterprises with distributed
business operations need a new sourcing strategy for next-generation
network services. It should be user-centric in order to achieve
business objectives. » (Thomas, 2014)
Il faut noter que Gartner avait
édité des notes SDN à contenu très
technique depuis 2011. Ce n'est que cette année qu'une note
à destination DG a été diffusée.
En conclusion, il est
intéressant de constater que les analyses de ces deux grands
cabinets convergent. Il faut garder à l'esprit que les notes de
ces cabinets sont lues par les DSI des grandes entreprises.
Etant donné la rigidité traditionnelle des réseaux, une
telle promesse de rupture ne manquera pas de piquer leur curiosité et
d'éveiller leur intérêt.
Du chemin reste bien sur à parcourir
avant que le SDN n'intègre le schéma directeur
d'une majorité de DSI. Cela étant, toute technologie de rupture
suppose une adaptation des infrastructures et des équipes IT. Une telle
adaptation demande du temps et de l'anticipation. Certains DSI
pourraient être tentés d'inscrire une ligne SDN à leur
budget 2015 pour moyen appréhender cette Technologie.
C'est donc une opportunité pour les
fournisseurs de services B2B de se positionner
dès maintenant sur le SDN. La
légitimité de proposer ce type de services risque de se
déterminer dès maintenant. Les premiers acteurs à en
parler et à montrer des choses dessus marqueront des points dans
l'esprit de leurs clients DSI.
31
Le SDN étant une Technologie récente, il existe
très peu de terrains. L'étude des terrains
disponibles se lit plus en délié qu'en plein. Dit autrement,
très peu d'acteurs ont une expérience SDN
réellement exploitable. On apprend donc beaucoup de ce qui
n'est pas dit ou des contraintes exprimées d'une technologie peu
connue.
i Les Startups
Dans le domaine IT, les startups sont
un indicateur avancé du potentiel d'une Technologie
:
· Sur le plan technique : elles
développent les premières solutions opérationnelles,
faisant passer une technologie du stade de la R&D (la théorie) au
stade du Terrain (la pratique).
· Sur le plan commercial : elles
déploient leurs solutions dans quelques entreprises, des early-adopters.
Il s'agit le plus souvent de partenaires et non de clients.
· Sur le plan stratégique :
elles sont rachetées par de grands groupes IT pour les plus
prometteuses, validant la pertinence de leur approche technologique.
Il faut noter que les grands groupes IT ont
abandonné l'idée de produire de l'innovation de rupture.
Leur R&D se focalise sur l'amélioration des gammes existantes.
L'innovation est intégrée par la mécanique des
rachats de startups.
Le cas de Cisco Systems illustre ce propos. Il est
resté le leader incontesté des réseaux grâce
à une myriade d'achats successifs : les switch avec Crescendo, le wifi
avec Aironet, la téléphonie avec ActiveVoice ou encore la
sécurité avec Alita Networks et PixStream. Cet exemple est
d'autant plus intéressant que Cisco est certainement un des
équipementiers les plus en danger avec l'arrivée du SDN.
Les Startups du SDN connaissant ce
même phénomène depuis quelques mois : les
grands groupes IT rachètent celles qui ont développées des
premières solutions. L'exemple le plus parlant est certainement le
rachat de l'équipe à l'origine du SDN, Nicira, par le
spécialiste de la virtualisation, VMware (filiale de EMC
Corporation).
32
Comme souvent, la première opération lance un
mouvement général de rachats. Aucun groupe IT ne veut
prendre du retard sur le marché et se retrouver sans solution
SDN. Le schéma ci-dessous montre la vague de rachat qui
a suivi celui de Nicira.
Source : ON.LAB Ð 2014
En conclusion, le marché
semble valider la pertinence de la technologie et du modèle
économique du SDN. Les grands groupes IT ont ainsi
déboursés des centaines de millions de dollars
pour acquérir des sociétés sans chiffre
d'affaire.
Le marché voit donc de très belles
opportunités commerciales dans les services
SDN, ce qui explique la valorisation exceptionnelle des startups. A
noter qu'une des dernières opérations en date concernent la
startup Corente, spécialisée dans le SDN pour les réseaux
WAN. Elle a été rachetée par Oracle en Janvier
2014.
ii Les Equipementiers
Dans le domaine IT, les équipementiers
sont un indicateur de la maturité d'une
Technologie. Ces groupes IT étant très surveillés par les
marchés, ils se doivent de trouver un modèle
économique aux solutions qu'ils proposent. Il est donc
intéressant de voir le moment où ils mettent à leur
catalogue commercial une nouvelle technologie.
Force est de constater que les annonces
s'enchainent depuis ces 6 derniers mois. L'ensemble
des acteurs de l'IT propose des solutions basées sur la technologie SDN
ou sur un équivalent. Dans la majorité des cas, il s'agit de
l'intégration dans leur portefeuille de produits des technologies issues
des startups rachetées.
33
En parallèle, on assiste à la poursuite
des grandes manoeuvres dans ce domaine. Pour les acteurs restés
à l'écart des rachats de startups de 2012/2013, c'est l'annonce
:
· de partenariats : par exemple entre les
équipementiers Ericsson et Ciena
· de vente d'activités : par
exemple l'annonce de la cession de la division SDN de IBM pour 1 Md$.
En conclusion, il est difficile
de s'y retrouver dans un marché aussi animé par des annonces
diverses et variées. Mais cette effervescence semble indiquer que le SDN
est bien une lame de fond qui pourrait rebattre les
cartes de l'IT. Cela confirme donc le potentiel de cette
Technologie.
Deux stratégies semblent devoir se distinguer
:
· Des acteurs voient le SDN comme une
opportunité : ils veulent utiliser cette technologie comme un
différenciateur pour remplacer les acteurs en place chez les
entreprises. C'est par exemple le cas de DELL qui est
très actif en proposant des applications au dessus de son
contrôleur SDN (optimisation de la qualité ToIP, détection
d'intrusion, géolocalisation wifi).
· Des acteurs voient le SDN comme un risque
: ils voient le danger de cette technologie sur leur business model.
Ils proposent des solutions concurrentes du SDN afin de répondre aux
demandes de leurs clients tout en conservant un modèle
propriétaire. C'est par exemple le cas de CISCO qui
vend des équipements réseau en mode boites noires.
Dans les deux cas, l'analyse est la même
: les promesses de la technologie sont en
passe de devenir une réalité. Le SDN apporte une
réponse aux besoins des entreprises. Il va donc faire bouger les lignes
du secteur des Réseaux.
iii Les DSI
Les DSI et leurs équipes sont les
utilisateurs quotidiens des services réseaux
proposés par différents acteurs (Opérateurs,
Intégrateurs, Mainteneurs). Les écouter permet de comprendre
leurs frustrations mais aussi celles des Métiers qui sont leurs clients
internes. Les DSI sont une formidable caisse de résonnance
de l'ensemble d'une entreprise.
Mon expérience personnelle m'a
amené au contact d'un grand nombre de DSI, en tant qu'Ingénieur
Avant Vente. J'ai eu la chance de traiter tant des sujets réseaux LAN
(avec Cisco Systems) que des sujets réseaux WAN (avec Bouygues
Telecom).
34
Il est intéressant de confronter les
frustrations des DSI avec les promesses de la
Technologie SDN. Une Technologie n'a d'intérêt que si elle
rencontre des utilisateurs, des clients.
Les principales demandes des DSI que j'ai pu relever sont :
· Aspects techniques :
o Adapter la bande passante aux applications et aux bursts.
o Activer des services réseaux rapidement (QoS,
Sécurité É)
· Aspects opérationnels :
o Faire les évolutions (installation, configuration) plus
rapidement
o Réduire les erreurs c'est à dire la
non-qualité
· Aspects financiers :
o Réduire les budgets d'investissement
o Réduire des équipes informatiques
Comme le font remarquer Gartner et Forrester dans leurs
analyses, le SDN promet de répondre à la plupart des besoins des
DSI :
· Automatisation du réseau :
o cela réduit les délais de change management et
les risques d'erreur.
o cela réduit la taille des équipes
nécessaires à son fonctionnement.
· Communication avec les applications :
cela permet une réponse adaptée aux besoins des clients.
· Utilisation de switch « low
cost» : les coûts de ces équipements sont faibles ce qui
réduit les investissements.
En conclusion, la technologie
SDN semble répondre aux frustrations et contraintes des DSI. Mieux que
d'y répondre, elle pourrait leur apporter un saut de valeur
en faisant passer le réseau dans une autre dimension : celle du
Cloud.
35
Le SDN est un sujet pour les plus gros
Opérateurs. Cette Technologie est vue comme un moyen de
gérer de manière plus efficace leurs réseaux
très étendus. Ils le font actuellement sur la base de
plateformes OSS qui montrent leurs limites : chaque
équipementier dispose de son propre OSS, incompatible avec celui de ses
concurrents. Cela oblige les Opérateurs a déployé des
surcouches de supervision avec des Hyperviseurs
qui agrègent et consolident les informations des
différents OSS.
AT&T a montré la voie avec un
premier déploiement expérimental de SDN sur son réseau
national. Le schéma ci-dessous illustre cette implémentation. Il
est base sur les travaux de Jen Rexford à Princeton.
Source : ON.LAB - 2014 (basé sur les travaux de Jen
Rexford à Princeton)
Au delà de l'administration de leur réseau, les
Opérateurs s'intéressent au SDN pour le provisionning et
la gestion des services aux utilisateurs. On parle ici de mettre en
oeuvre une technique de Service Chaining qui permettrait de
pousser automatiquement une configuration bout en bout pour un service. Des
équipementiers comme Ericsson font déjà des
expérimentations avec les clients opérateurs.
L'interview de l'ingénieur de Bouygues Telecom
a permis de constater que le Service Chaining intéressait aussi
cet opérateur :
· Un intérêt : cela s'adresse un volume
d'opérations importants (les services grand public).
· Une inquiétude : le SDN/ServiceChaining sera-t-il
capable de passer à l'échelle.
Une inquiétude, probablement culturelle chez les
Opérateurs est la crainte de perdre le contrôle sur le
réseau avec des noeuds réseau qui se provisionnent et se
déprovisionnent automatiquement.
36
Plusieurs technologies sont en cours de
déploiement chez les opérateurs. Elles concernent des
éléments structurants de leurs infrastructures. A ce titre, elles
portent une capacité de rupture :
· Sur l'accès au réseau :
la Fibre Optique se déploie largement en France. Elle
est disponible sous 2 formes : le FTTO et le FTTH. Sans entrer dans le
détail de leurs caractéristiques, le FTTO est
destiné aux sites importants (Siège, Directions
Régionales, Entrepôts) quand le FTTH est
destiné aux sites secondaires (Agences, Boutiques). La
conséquence directe est qu'une Entreprise pourra raccorder
l'ensemble de ces sites en Fibre dans quelques années,
là où elle utilise majoritairement du SDSL 2 Mbps aujourd'hui.
4 Cette technologie permet aux Entreprises de disposer de
connexion data à Très Haut Débit (THD). La Fibre a un
avantage fort : sa capacité à monter en débit sans
nouvelle installation.
· Sur le coeur de réseau : le
VPLS se déploie largement sur le Coeur et les PoPs
Régionaux. Sans entrer dans les détails techniques, cette
technologie permet de fonctionner nativement en ETHERNET. Elle
vient remplacer/compléter la technologie MPLS qui imposait une
communication IP entre l'Opérateur et le Client.
4 Cette technologie permet aux Entreprises de s'affranchir
des contraintes de plan d'adressage IP. Le VPLS a un avantage fort : sa
capacité à fonctionner sur le WAN comme s'il s'agissait d'un
LAN.
L'association de ces deux technologies
pourrait être un accélérateur à la
diffusion du SDN. En effet, elles offrent nativement une
capacité d'évolution en temps réel que ne permettent pas
les technologies phares actuelles : les accès SDSL et les services
MPLS.
Dit autrement, pour faire évoluer son accès ou
son service, une entreprise doit contacter son Opérateur. Celui-ci
lancera alors des études pour préparer un nouveau
déploiement ou des modifications concertées de configuration.
En conclusion, la Technologie
SDN est bien dans le radar des Opérateurs. Elle
intéresse dans un premier temps les plus gros Opérateurs. Ils ont
des infrastructures Réseau très étendues et l'effet
d'échelle SDN fonctionnera à plein pour eux. Ces
Opérateurs ont dépassé les craintes initiales
que peuvent encore avoir de plus petits Opérateurs. L'exemple
AT&T montre que la Technologie SDN est bien opérationnelle.
37
Sur un plan purement technique, qui est le coeur du
métier d'une direction réseau d'Opérateur, la
configuration automatique du réseau rappelle des bons souvenirs
(implémentation réussie de la Voix NGN) et des
mauvais souvenirs (implémentation avortée du
Trafic Engineering MPLS). Le SDN doit rassurer sur sa capacité
à passer à l'échelle.
Aucun Opérateur n'a, pour le moment, fait
d'annonce pour proposer le SDN comme Service Commercial. C'est
assez surprenant dans la mesure où ils en constatent les
bénéfices sur leur propre environnement. Les opportunités
pour les fournisseurs de services B2B, que sont la plupart des
Opérateurs, sont encore à déterminer mais il semble
certain que le potentiel business existe.
v Le Cloud
Les acteurs du Cloud font partie des
promoteurs importants de la technologie SDN. Ils sont
particulièrement sensibles à cette Technologie pour deux raisons
:
· Ils ont des infrastructures Réseaux
très importantes et disposées dans le monde.
· Ils ont une culture informatique forte
et ils ont développé les notions d'élasticité.
On constate que les premiers déploiements
opérationnels SDN sont faits sur les réseaux du Cloud.
C'est donc un terrain d'étude très important pour comprendre la
maturité de la technologie et sa capacité à passer
à l'échelle. Les responsables de ces programmes étant
difficiles d'accès, il ne m'a pas été possible de
procéder par entretien. J'ai donc choisi d'analyser les
interviews données à la presse et les
publications mises en ligne.
Les Infrastructures Réseau
Les équipements Réseau ont un
poids important dans le budget des acteurs Cloud. Ceux-ci
cherchent donc à le limiter notamment en simplifiant et industrialisant
leur conception. Cette démarche est globale est infrastructures IT.
Google a beaucoup communiqué sur l'utilisation de serveurs
créés en interne. Facebook a lancé l'initiative
Open Compute Networking (OCN) pour partager des designs
hardware, de datacenters. La philosophie est la désagrégation
c'est-à-dire l'utilisation de composants simples et
interchangeables. L'objectif affiché est de s'affranchir au
miximum des équipementiers, pour gagner de la valeur.
L'initiative OCN a été lancée en avril
2011. Deux ans plus tard, en mai 2013, le projet a
été étendu au design de Réseaux.
Plusieurs spécifications ont déjà été
diffusées. Il s'agit de proposer des développements ouverts tant
sur le Hardware que sur le Software. Le priorité porte aujourd'hui sur
le développement de switch « top of the rack » (centraux) puis
« leaf » (accès). Il s'agit de définir un environnement
hardware
38
pour pouvoir installer tout type d'OS sur ces switch. Le
développement SDN est déjà
identifié mais comme une Priorité 3.
A noter que le président de l'initiative OCN est le
Directeur des Opérations de Facebook, Najam Ahmad, dont
l'interview au journal PC World (4 octobre 2013) nous donne des
éléments sur l'utilisation du SDN pour un géant du Cloud
:
· «Networking needs to come out of the dark
ages, or the closed era, and come into the open.»
· «SDN is more a philosophy than a
product,» «OpenFlow is a product to make SDN happen, but
there are other ways to do SDN as well.»
· «making Facebook's network as flexible as the rest
of its IT stack»
Il faut noter que l'ambition de Facebook ne
s'arrête pas au Data Center. Le SDN s'applique aussi aux
réseaux WAN : «Facebook would like to do more with the
Border Gateway Protocol (BGP), the protocol used to make core
routing decisions on the Internet» (Ahmad, 2013).
Cela s'inscrit dans la même logique que les recherches de
Google sur le WAN avec son G-Scale Network.
Cela représente une complexité certaine : «One of the main
challenges in B was integrating OpenFlowbased switch control
with existing routing protocols to support hybrid network
deployments » (Jain, 2013).
Les conclusions des travaux de Google ont été
présentées à la conférence SIGCOM du 13 août
2013 :
· Des caractéristiques spécifiques des
infras Google (maîtrise complète des applis, du LAN et du WAN)
· Utilisation du SDN pour gérer la charge du WAN
et les incidents
· Le SDN permet une communication entre les applications
et le réseau
L'objectif principal de cette expérimentation
était de valider qu'il était possible de ne plus faire de
l'oversouscription sur les liens WAN
Google a ainsi réussi a maintenir une charge de
presque 100% en nominal pour une charge de 70% en moyenne.
39
Les fonctions Réseau
De manière assez surprenante, les services
réseau WAN ont été le parent
pauvre des plateformes Cloud. La méthode d'accès aux
services Cloud était Internet, sécurisé par une couche SSL
ou IPSec. Les lignes sont en train de bouger avec notamment l'annonce le 24
Février 2014 de la fonction Azure ExpressRoute.
Celle-ci permet de raccorder son réseau VPN MPLS
à ses services Cloud chez Azure.
Concernant les services réseau du DataCenter, la
virtualisation des fonctions réseau était déjà en
place. La nouveauté est l'utilisation du SDN. Google a
annoncé le 4 Avril 2014 la mise en oeuvre du SDN dans 2
de ses Data Centers : c'est le service Andromeda.
La fonction Auto Scaling
Le Cloud évolue sans cesse et propose
régulièrement à ses clients de nouvelles
fonctionnalités. Une des fonctionnalités les plus
intéressante est l'Auto-Scaling. Il s'agit de la
capacité des infrastructures IT à s'adapter automatiquement
à la charge. Cette adaptation peut se faire à la hausse (on parle
Scale-Up) ou à la baisse (on parle Scale-Down). Le
Scale-Up est intéressant pour la disponibilité du
service en cas de forte demande. Le Scale-Down est
intéressant pour ne pas payer des ressources dormantes en cas de faible
demande. Amazon est un des premiers fournisseurs à proposer ce
service.
On note à ce propos une confusion dans les
esprits. Beaucoup de collaborateurs dans les DSI associent
l'élasticité au Cloud, le marketing ayant
été très efficace. C'est vrai dans la mesure où il
est possible de démarrer de nouvelles capacités quasi
instantanément (ex : des VM). Mais il n'est pas toujours explicite que
cette élasticité est du ressort des utilisateurs IT : à
eux de regarder les statistiques pour adapter les infrastructures Cloud.
L'Auto-Scaling vient rendre automatiser cette fonction.
Un point essentiel est qu'il faut que les
applications aient été développées
pour en profiter de cette fonction d'Auto-Scaling. Cela suppose donc
quelques adaptations pour les applications en place pour qu'elles puissent
déclencher les fonctions d'Auto-Scaling de la plateforme Cloud :
· Sur des seuils : le monitoring de la
charge
· Sur un calendrier : les heures de
bureau
· Sur des événements :
enregistrement de dates
40
Cela permet aux infrastructures Cloud de s'adapter
à une campagne marketing qui s'emballe ou d'anticiper la charge
liée à un événement connu (élections ou
match de foot). Gartner a donné quelques exemples de règles
d'Auto-Scaling (Leong, 2014) :
· "do not scale this application beyond 100 VMs."
· "do not continue to scale the application once spend has
exceeded $10,000 during this calendar month."
Cette fonction Auto-Scaling fait porter des
contraintes importantes sur les infrastructures, notamment
Réseaux. Le réseau est fortement sollicité pour s'adapter
à la demande en quasi-temps réel. En extrapolant cette fonction
sur un service de bout en bout, le réseau doit avoir cette même
capacité de « respiration ». La Technologie SDN prend tout son
sens dans cet environnement :
· Une VM démarre en quelques
minutes
· Un Processus démarre en quelques
secondes
· Un Thread démarre
immédiatement
En conclusion, les acteurs
Cloud sont les leaders de la Technologie SDN. Leur promesse
d'élasticité suppose que le Réseau soit aussi souple que
le reste de l'IT. D'autre part, la taille de leurs réseaux fait porter
des coûts très importants de CAPEX et d'OPEX. Ils sont donc leader
dans la conception de switch, comme ils l'avaient fait il y a
quelques années avec les serveurs. Les interviews des responsables de
Facebook ou Google montrent leurs motivations et leur prise de recul sur la
Technologie SDN. On constate que des moyens importants ont été
mis en place pour réussir.
Ces déploiements à grande
échelle valident le modèle du SDN. Un
bémol vient du fait que ces acteurs sont des
spécialistes de l'informatique et disposent d'une
capacité de développement et d'adaptation
très importantes. L'innovation est leur ADN et leur raison d'être.
Le déploiement du SDN dans des entreprises non IT suppose des
procédures plus précises, c'est à dire un
accompagnement. Cet accompagnement client est source
d'opportunités business pour les fournisseurs de services B2B.
A l'issu de cette analyse, on peut se poser la
question du « reste à faire » pour que les acteurs du
Cloud proposent des services SDN en dehors de leurs Data
Centers. Ne pourrait-on pas imaginer que ces acteurs se proposent de
manager les instructures réseaux de leurs clients ? du
NaaS (Network as a Service) ?
41
|
IV Les Recommandations
opérationnelles
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|
La Technologie SDN porte en elle une
réelle capacité de rupture. Sa conception
technique remet en cause les modèles monolithiques du Réseau,
tels que nous les connaissons depuis plusieurs dizaines d'année. A
l'heure de l'IT en mode Cloud, il apparaît que le
Réseau est en retard sur ce trend technologique.
Le schéma ci-dessous rappelle l'innovation
apportée par le SDN : l'intelligence du Réseau
est centralisée dans une nouvelle couche de contrôle
(précédemment, elle était distribuée dans chacun
des noeuds réseau). Ce changement de paradigme permet
un pilotage centralisé du Réseau. On parle ainsi
de NetworkOS pour cette nouvelle fonction. Cela permet aux
applications, c'est à dire chaque client du réseau, de demander
des ressources précises et de les faire évoluer « à
la demande ».
Schéma d'architecture théorique SDN
Le SDN s'inscrit dans la tendance Cloud.
Cette technologie permet au Réseau d'offrir des services
d'automatisation (orchestration) et d'élasticité (change
management temps réel). Pour faire un parallèle, on peut dire que
le SDN apporte au Réseau ce que le CLOUD a apporté
à l'Informatique.
L'étude théorique a
montré que les promesses du SDN étaient bien
en phase avec les attentes des DSI, pour ne pas dire leurs
frustrations. Le Réseau est une brique de leur SI qui
leur coute cher (CAPEX et OPEX) sans qu'il soit au niveau de
performance attendue. Apporter une réponse à cette
situation est un gage d'opportunités business pour les acteurs qui s'y
intéressent.
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Sur un plan pratique, cette étude a
montré que la Technologie SDN était sortie du
Lab. Les premiers déploiements valident sur le terrain la
capacité des Solutions SDN à répondre aux
promesses de la Technologie SDN. La normalisation s'est
emparée du sujet SDN ce qui est un gage de montée en
puissance de la Technologie sous l'effet massification des
solutions compatibles.
Le marché semble aussi valider les opportunités
de cette Technologie. Après la vague de rachats de
startups, aux valorisations impressionnantes pour du B2B, les grandes
sociétés de l'IT sortent des premières solutions
commerciales. Enfin, les premiers déploiements
opérationnels débutent. Ils se réalisent chez les
acteurs les plus concernés : ceux qui ont des infrastructures
réseaux très importantes et très dispersées. Des
annonces ont été faites par Facebook,
Google ou encore ATT. Pour prendre un exemple
français, le cloud souverain Numergy a annoncé
déployer la solution SDN de Alcatel-Lucent dans ses Data Centers.
Le schéma ci-dessous montre un
retour terrain d'une mise en oeuvre opérationnelle du
SDN. Il s'agit de l'offre Andromeda de Google : un service SDN
intégré à son offre IaaS Compute Engine. Ce service a
été annoncé le 4 avril 2014. Cet exemple
illustre que le schéma théorique du SDN est validé par des
mises en oeuvre à grande échelle.
Source : GOOGLE - Open Network Summit 2014
L'étape suivante sera l'utilisation
du SDN par des entreprises hors IT. L'étude a
montré que des secteurs comme la Banque, la
Finance ou la Distribution seraient les
premiers concernés. Ces entreprises s'appuieront sur des fournisseurs de
services pour la mettre en oeuvre. La pratique rejoint la théorie : le
SDN offre de belles perspectives pour le B2B. C'est ce que
cherchait à démontrer cette thèse.
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La Technologie SDN est à un point de bascule
dans sa maturité : elle est en train de passer de la phase de
la théorie à celle de la mise en pratique. Nous
sommes toutefois aux prémices de cette nouvelle phase ce qui explique la
difficulté pour trouver des terrains d'analyse. Et pour cause,
très peu de fournisseurs B2B (pour ne pas dire aucun) ont mis en place
des services SDN.
Cette situation montre que nous sommes à un
moment clé de l'innovation de Services. Cette phase suit
généralement la phase d'innovation technique qui voit la
conception d'une Technologie. L'étude a montré que les lignes
étaient en train de bouger ce qui allait créer des
opportunités business. Il est trop tôt pour les définir
avec précision mais il serait dangereux d'attendre que
l'horizon s'éclaircisse.
Retour sur la Théorie
J'ai regardé le SDN sous 2 angles
théoriques pour répondre à ma question de
recherche :
· La Technologie : la
littérature est riche dans la mesure où les
américains ont une tradition de diffusion de leurs travaux de recherche.
Bien que technique, cette littérature permet d'appréhender le SDN
dans sa globalité et d'en comprendre les promesses et les enjeux.
· Le Business : la littérature
est pauvre dans la mesure où le SDN est une nouvelle
technologie qui n'a que très rarement été
implémentée. Quelques publications intéressantes ont
toutefois été faites ces tous derniers mois (Gartner,
Forrester).
La difficulté a été
d'évaluer le potentiel de cette Technologie, et donc ses
opportunités business, sur une base théorique
restreinte. C'était d'ailleurs tout l'enjeu de cette
thèse : être capable de déterminer le succès
commercial d'une Technologie très tôt dans sa vie.
A noter que les publications de mars 2014
des cabinets Gartner et Forrester
m'ont permis de conformer l'analyse que j'avais faite jusque là.
Retour sur le Terrain
L'étude terrain était
difficile car très peu de personnes connaissent la
Technologie SDN et encore moins l'ont réellement
implémentée. Ce n'était pas une surprise dans la mesure
où le SDN est une Technologie récente. C'était même
un des enjeux de cette recherche : travailler très en amont du
business.
Les premiers déploiements
opérationnels (chez Google ou Facebook) m'ont permis de valider
le potentiel de la Technologie. La pratique valide la théorie : le
SDN peut passer à l'échelle.
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La très mauvaise connaissance de la
Technologie par les fournisseurs de service B2B, notamment en
Europe y compris chez des grands acteurs IT, m'a permis de valider qu'il y
avait une opportunité business forte pour des acteurs se positionnant
tôt : prime aux premiers entrants.
Cette analyse pratique me permet de faire des recommandations
opérationnelles pour initier le sujet chez les Fournisseurs de Services
B2B : ma conclusion étant que le SDN sera un sujet business
important dans les 24 prochaines mois.
Limites de l'étude
Le SDN est un domaine en pleine
effervescence. Cette étude a été
réalisée à un moment où le marché a
validé la pertinence de cette Technologie (Novembre 2012 - Avril
2014). Le « buzz » qui a entouré le sujet ces
derniers mois a généré des comportements et des analyses
parfois irrationnelles. Il faut donc prendre avec prudence certains
éléments. L'analyse devra se poursuivre sur les prochains
trimestres pour voir comment cette Technologie entre et sort de la
Vallée du Désespoir.
Le SDN est un domaine ultra dominé par les
américains. L'étude est donc basée sur de
nombreux documents ou exemples de ce pays. Il est très difficile de
trouver des éléments pertinents en France. Il y a donc un biais
d'analyse dont il faut se méfier : les comportements américains
et européens ne sont pas identiques. Il est possible que la Technologie
SDN mette plusieurs années à atteindre les entreprises
européennes.
Travaux complémentaires :
Sur un domaine aussi récent que le SDN, les
vérités d'aujourd'hui ne sont pas forcément celles de
demain. Il faut reconnaître que nous ne pouvons pas encore
déterminer avec précision la manière dont le SDN entrera
dans les Entreprises. Pour nous préparer à l'adoption du SDN, il
sera intéressant de regarder régulièrement les prises de
position des différents acteurs :
· les Equipementiers : il y a eu
beaucoup d'annonces ces dernières semaines. Rencontrer ces acteurs
permettrait de mieux appréhender leur positionnement et leurs solutions
(forces et faiblesses).
· Focus sur CISCO : le leader des
Réseaux B2B est l'équipementier le plus en danger. Il a
annoncé en novembre 2013 sa stratégie avec une solution
propriétaire : ACI (Application Centric Infrastructure).
· Focus sur AWS : le leader du Cloud
B2B est étrangement silencieux sur le sujet. Etant donné son
avance technologique sur les solutions Cloud, il est très peu probable
qu'il reste sans rien faire.
· Focus sur GOOGLE : le challenger du
B2B a annoncé fin février 2014 le lancement d'un service SDN sur
son offre IaaS. Etant donné la puissance de cet acteur, il est à
regarder de près.
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1 Former des Collaborateurs
Le SDN est basée sur des architectures et des protocoles
nouveaux. Les collaborateurs d'un Fournisseur de Services B2B ne les
connaissent pas. Comme pour les Entreprises clientes, les technologies Ethernet
ou IP sont connues mais pas celles du SDN.
Afin de préparer la conception des services B2B puis de
les commercialiser, il convient de former en priorité
les collaborateurs suivants :
· Architectes Réseaux et IT: pour
préparer les évolutions sur les architectures et les
équipements
· Chef de produit Marketing : pour
préparer les offres commerciales
· Ingénieurs Avant Vente : pour
tester les nouvelles offres auprès des clients
· Professional Services : pour mettre en
oeuvre les premières implémentations chez les clients (POC, Plan
de Formation, Pilotes).
L'intérêt de cette préconisation est de
disposer de collaborateurs aux points essentiels de la chaine de valeur de
l'entreprise. Cela permet à l'ensemble de l'entreprise de monter
en expérience sur le sujet SDN. Il sera aussi possible de faire
jouer des boucles de rétroaction pour s'adapter à ce
marché naissant.
Horizon : 12 mois
2 Monter une Equipe Virtuelle
Le SDN est un sujet nouveau, il ne touchera pas une
majorité de collaborateurs avant plusieurs années. Pour amorcer
ce sujet au sein d'un Fournisseur de Services B2B, il peut être
intéressant de monter une équipe virtuelle pour
travailler sur le lancement d'offres SDN :
· Efficacité d'une petite
équipe très motivée : effet Task Force.
· Economies dans la mise en place : pas de
Staffing lourd à lancer.
L'intérêt de cette préconisation est de
disposer d'une ossature organisationnelle souple et réactive. En cas de
succès du SDN, elle permettra de faire grossir rapidement la structure
à partir de cette base. En cas d'échec du SDN, elle permettra de
déconstruire cette équipe beaucoup plus facilement qu'une
structure dédiée.
Horizon : 18 mois
46
3 Penser Client plutôt que Technologie
Les Entreprises, clientes des fournisseurs
de services, sont intéressées par les promesses de cette nouvelle
technologie SDN. Cette technologie existe dès maintenant comme le montre
les solutions des équipementiers. L'enjeu des prochaines années
sera d'offrir des services pertinents aux Entreprises. Il est indispensable de
développer chez les fournisseurs de services une culture «
Client » c'est à dire des usages.
L'intérêt de cette préconisation est de
réfléchir dès maintenant aux services qui
seront pertinents au dessus de la Technologie SDN. Cela revient à se
poser la question : « moi, Opérateur Telecom, en quoi serai-je
légitime à proposer des services SDN ? »
Horizon : 18 mois
4 Développer des Use Cases
Le SDN fait faire un saut qualitatif aux
Entreprises en leur donnant un contrôle en temps réel de leur
Réseau. Les DSI, clients des fournisseurs de services, vont donc se
poser des questions dans les prochains mois. C'est d'autant plus vrai que les
DSI vont être surinformés :
· La presse se fait l'écho chaque jour des annonces
sur le sujet.
· Les cabinets de conseil sortent des notes à leur
intention.
Les fournisseurs de services ont intérêt
à développer des Use Case SDN pour fixer la
réflexion des DSI. Ces Use Case seront une base
d'échanges pour mieux comprendre l'intérêt que
représente cette technologie. Il apparaît peu probable que les
Entreprises fassent un big bang Réseau en implémentant
massivement le SDN. Les Use Case permettront de déterminer et de cibler
les domaines métier les plus appétents à
cette nouvelle Technologie.
Horizon : 24 mois
47
5 Lancer des Expérimentations
Le SDN est une véritable rupture pour
le monde IT dans la mesure où il va rapprocher des équipes qui
vivaient jusque là cloisonnées : l'Informatique et le
Réseau. Une des clés du succès de cette Technologie est
d'ailleurs la capacité des DSI à faire travailler
ensemble ces deux mondes :
· L'Informatique va devoir
intégrer dans ces développements applicatifs le pilotage du
réseau (c'est la notion d'appel à des fonctions réseau par
des API).
· Le Réseau va devoir ouvrir ses
infrastructures et les piloter sur une base informatique (c'est la notion de
NetworkOS ou Contrôle centralisé du Réseau).
Les fournisseurs de services pourront proposer des
environnements de Testbed et prestations d'accompagnement
à leurs clients. L'expérimentation offre l'avantage pour
les équipes de rendre concret le SDN. Cela permet de
sortir des idées reçues et de faire travailler les équipes
IT ensemble.
L'intérêt de cette préconisation est
qu'elle peut se réaliser avec des investissements légers
dans la mesure où une majorité de matériel SDN
est disponible en Open Source. Pour les entreprises clients,
c'est l'opportunité de monter dans la courbe d'apprentissage
de cette Technologie et de préparer le futur staffing des
équipes (ou de-staffing).
Horizon : 24 mois
6 Définir une Stratégie
Verticale
Le SDN va probablement intéresser les
plus grandes entreprises, dans un premier temps. A
l'intérieur de cette segmentation, les études montrent que les
entreprises des secteurs bancaires, financiers, distribution ou e-business
seront les plus appétences. Il s'agit des entreprises qui ont des
réseaux très étendus à
gérer ou des besoins de réactivité
très importants.
L'intérêt de cette préconisation est
d'être plus efficace dans le ciblage du potentiel business et donc de
limiter les investissements commerciaux sur la phase d'amorçage du
SDN.
Horizon : 36 mois
48
7 Préparer de Nouveaux
Services
La Technologie SDN, de par ses caractéristiques
techniques, va modifier les services Réseau tels que nous les
connaissons aujourd'hui. C'est donc l'opportunité pour les
Fournisseurs de Services B2B de définir de nouvelles offres commerciales
:
· Dans son univers concurrentiel : pour
un opérateur Telecom, ce pourra être de proposer des accès
réseaux WAN avec des services dynamiques. Le client pourra augmenter sa
bande passante en temps réel ou ajouter un service de firewall de la
même façon.
· En dehors de son univers
concurrentiel : pour un opérateur Telecom, ce pourra être
de proposer la gestion des réseaux LAN de ses clients (ex : offre de LAN
Managé). Le client pourra donner l'accès à ses
équipements du réseau local (switchs, wifi) afin qu'ils soient
managés par un contrôleur central chez l'opérateur.
Les Fournisseurs de Services B2B doivent intégrer
dès le départ une des préoccupations premières de
leurs clients DSI : le chemin de migration depuis les
infrastructures existantes.
L'intérêt de cette préconisation est de
travailler très tôt les offres pour de
nouvelles cibles business. L'univers de ses clients est une
chose connue. Attaquer de nouveaux univers demande un investissement plus
important et donc de l'anticipation.
Horizon : 36 mois
49
8 Maîtriser le Risque de
Désintermédiation
La technologie SDN, de par ses caractéristiques
techniques, ouvrent les réseaux, tant LAN que WAN. Cela
peut modifier profondément la chaine de valeur de cette
filière. Le SDN fait porter un risque de
désintermédiation pour les fournisseurs de services B2B,
notamment pour les Opérateurs Telecom.
Pour un opérateur, la valeur est dans le réseau
managé. A titre d'exemple, les opérateurs privilégient
actuellement les accès MPLS face aux accès íNTERNET. Sur
un accès MPLS, un opérateur apporte, et valorise, des services
pour ses clients B2B : CoS Bout en Bout, Statistiques d'Usage,
Sécurité des Données.
Avec le SDN, l'Opérateur pourrait être vu
comme un simple tuyau. La valeur serait alors captée par
d'autres qui viendraient installer leurs équipements et donc leurs
services. Ce risque de désintermédiation pourrait être
accéléré par 2 autres technologies de
réseaux WAN :
· Internet : les entreprises pourraient
être tentées de souscrire à des accès Internet peu
onéreux auprès de leur opérateur et à des services
à valeur ajoutée auprès d'un fournisseur SDN.
· Ethernet : ces nouveaux accès
« niveau 2 » entrent au catalogue des opérateurs. Il s'agit
d'accès Fibre en Haut Débit sans aucun service IP. Les
entreprises pourraient installer au dessus de ces accès des services SDN
d'un autre prestataire.
Il pourrait arriver au Marché B2B ce qui arrive au
marché Mass Market : l'arrivée de services OTT
(Over The Top) concurrents des services de l'Opérateur. La
même méthode serait à l'oeuvre : une Box de
services installée derrière le réseau
opérateur.
Il semble nécessaire que les Opérateurs se
préparent à cette concurrence en
proposant eux même, très tôt, des services SDN. Il ne faut
pas sous estimer cette concurrence qui viendra d'acteurs très puissants
: les géants du Cloud.
Horizon : immédiatement
50
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