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Dégradation de l'environnement et sante de la population dans la ville d'Aboisso

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par Gnake Mathieu NIAMKE
Université Felix Houphouet Boigny - Doctorat  2016
  

Disponible en mode multipage

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Université Félix Houphouët Boigny

Institut de Géographie Tropicale

 
 

UFR : Sciences de l'Homme et de la Société

 

1

Année académique 2015-2016

Soutenue publiquement le 4 Novembre 2016

THÈSE UNIQUE DE DOCTORAT Discipline : Géographie

Spécialité : Environnement et Santé

DÉGRADATION DE L'ENVIRONNEMENT ET SANTÉ DE LA POPULATION DANS LA VILLE D'ABOISSO

Présenté Par :

NIAMKE Gnanké Mathieu

Sous la direction de

M. ANOH Kouassi Paul

Professeur titulaire (Géographie, Université Félix Houphouët Boigny-Abidjan)

Composition du jury

Président du Jury : Monsieur OLADOKOUN Wonou David

Professeur Titulaire (Université de Lomé (TOGO)

Rapporteur : Monsieur ANOH Kouassi Paul

Professeur titulaire (Université Félix Houphouët-Boigny)

Examinateurs : Madame KOFFIE-BIKPO Céline Yolande,

Professeur Titulaire (Université Felix Houphouët-Boigny) Monsieur YAO GNABELI ROCH

Professeur Titulaire (Université Felix Houphouët-Boigny) Monsieur GOGBE TERE,

Maître de Conférences (Université Felix Houphouët-Boigny)

2

SOMMAIRE

INTRODUCTION GÉNÉRALE 14

1. JUSTIFICATION DU CHOIX DU SUJET 16

2. REVUE DE LA LITTÉRATURE 17

PROBLÉMATIQUE 35

OBJECTIFS DE L'ÉTUDE 38

APPROCHE MÉTHODOLOGIQUE 39

3 - APPROCHE THÉORIQUE 41

PREMIÈRE PARTIE : POPULATION, CADRE DE VIE ET MANIFESTATION DE LA

DÉGRADATION DE L'ENVIRONNEMENT À ABOISSO 64

CHAPITRE I : POPULATION ET CADRE DE VIE 65

CHAPITRE II : ÉTAT DES LIEUX ET MANIFESTATION DE LA DÉGRADATION DE

L'ENVIRONNEMENT À ABOISSO 85

DEUXIÈME PARTIE : RISQUES DE MALADIES LIÉS À LA DEGRADATION DE

L'ENVIRONNEMENT 110

CHAPITRE III : ABOISSO : UNE VILLE, SOUMISE AUX RISQUES SANITAIRES DU

MILIEU PHYSIQUE 111

CHAPITRE IV : LES RISQUES POUR LA SANTÉ LIÉS À L'ENVIRONNEMENT HUMAIN

141

TROISIÈME PARTIE : RELATION ENTRE DÉGRADATION DE L'ENVIRONNEMENT ET

SANTÉ À ABOISSO 167

CHAPITRE 5 : LES PROBLÈMES DE SANTÉ À ABOISSO 168

CHAPITRE 6 : LIEN ENTRE LA DÉGRADATION DE L'ENVIRONNEMENT ET MALADIES

DÉVELOPPÉES 202

CONCLUSION GÉNÉRALE 251

BIBLIOGRAPHIE Erreur ! Signet non défini.

RÉSUME 273

3

DÉDICACE

À mes parents

À mes parents qui m'ont toujours soutenu et aidé tout au long de cette étude, grâce à leurs conseils et encouragements, leurs présences. À mon père que j'ai connu à peine et qui aurait certainement placé toute sa confiance en moi dans cette aventure. À ma Maman, qui a toujours été présente pour moi.

À mes frères et soeurs

NIAMKE Élisabeth épse N'KPOMIN, EMMOU Tanin, NIAMKE Ama, NIAMKÉ Lucie, pour leur amour et soutien.

À mes tantes et mes oncles

Une dédicace particulière à ma tante EMMOU Brigitte, qui a placé en moi une grande confiance et m'a motivé à continuer mes études, à mon oncle EMMOU Yves pour ses conseils et à toutes mes tantes et oncles. À M. N'KPOMIN Adopo.

À la mémoire de

Ma grande soeur NIAMKE Cécile et de mon grand frère EMMOU Koffi, je dédie ce travail.

4

REMERCIEMENTS

Ce travail est la combinaison de plusieurs recherches effectuées dans le cadre de la thèse unique de doctorat en géographie option "géographie de la santé". Il s'inscrit dans la problématique de la relation environnement et santé.

Avant tout, je tiens à remercier M. ANOH Kouassi Paul, Professeur Titulaire de Géographie à l'IGT de m'avoir donné l'opportunité de faire cette thèse. Travailler sous sa direction a été une expérience enrichissante et rigoureuse.

Il a accepté de me suivre et de me guider dans ce dur et épineux trajet qu'est la recherche et ceci, depuis la maîtrise.

J'adresse mes sincères remerciements à M. ALOKO-N'Guessan Jérôme, Directeur de Recherche, pour les formations dont nous avons bénéficié, les conseils et orientations dans le cheminement de notre étude.

À M. AFFOU Yapi Simplice, Directeur de Recherche nous vous remercions d'avoir partagé avec nous votre savoir et votre passion pour la recherche. Vos connaissances, votre précision dans le travail et votre pédagogie nous ont guidé.

Je remercie Mme KOFFIÉ-Bikpo Céline, Professeur Titulaire de Géographie à l'IGT pour son encadrement et les formations reçues tout au long de ce parcours. J'ai beaucoup appris à vos côtés, notamment au cours des séminaires doctoraux organisés par l'IGT, cela m'a permis d'améliorer constamment le travail.

J'adresse mes sincères remerciements à M. HAUHOUOT Célestin, Professeur Titulaire, à M. GOGBÉ Téré, Maître de Conférences, qui durant notre formation n'ont cessé de nous accompagner par des conseils et des enseignements.

J'adresse aussi, mes remerciements à M. KOLI Bi Zueli, Professeur Titulaire Responsable du parcours Géographie Physique et Environnement, à M. ALLA Della André, Maître de conférences responsable du Laboratoire LAGERIS dans lequel nous avons reçu nos formations dans la spécialité « Géographie Physique et Environnement ». Nous avons reçu durant notre parcours, des conseils auprès du Professeur et des instructions pour améliorer constamment notre formation dans la spécialité.

5

Nous témoignons notre gratitude à M. TOURE Augustin et à M. KRA Yao Maîtres-assistants à l'IGT pour leurs nombreux conseils

Nous témoignons notre reconnaissance à l'endroit de M. KABLAN N'Guessan Hassy Joseph, Maître de Conférences, à Mme DIbi Kanga Pauline Maître-assistant, Mme KASSY Djodjo Maître-assistant, à Mme DIDIA Adjoba Marthe Maître-assistant, Mme KOFFI Micheline Maître-assistant à l'IGT, pour leur disponibilité et leurs critiques pour mener à bien cette étude.

Qu'il nous soit permis également de dire merci à M. KONAN Kouadio Eugène pour ses soutiens multiformes depuis notre année de maîtrise. Nous voudrions aussi dire merci à M. TUO Pega, Maître-assistant qui nous a apporté une assistance dans le LAGERIS.

Nos remerciements vont à l'endroit des enseignants de l'Institut de Géographie Tropicale, notamment aux Docteurs ABOYA Narcisse, KOUASSI Yao Aimé, COULIBALY Siriki, MEMEL Fréderic, LOBA Valery, KONAN Pascal, BOSSON Eby, BROU Marcel, OUATTARA Seydou et Ymba Maimouna,

Je remercie également M. ESSO Emmanuel, Docteur statisticien-démographe qui m'a aidé dans la mise en place de la méthode d'échantillonnage. Et m'a aussi orienté dans l'usage des tests statistiques pour la mise en corrélation des phénomènes étudiés.

Cette thèse est le fruit d'un travail qui a vu la participation de certaines personnes ressources et services. Je voudrais remercier la Mairie d'Aboisso, et son service technique. En équipe, je remercie aussi les camarades SYLLA Yaya, EBA Arsène, N'DOLI Stéphane, BROU Carême Baudouin, KONE Djineba, KOHE Cécile, SILUE K, N'DRI Ernest, qui étaient présents. Je remercie ma fiancée YAPI Apo Rita Gwladys, pour son soutien durant ces années de travail.

La réalisation de l'enquête de santé au niveau des structures sanitaires et l'enquête ménage n'auraient notamment pas été possibles sans le soutien des services du Ministère de la Santé et de l'hygiène publique. Au niveau des services de l'environnement, le remerciement est adressé au Ministère de la salubrité et de l'assainissement.

Toute ma reconnaissance va également à l'endroit de ma Tante EMMOU Brigitte pour ses encouragements et son aide indispensable à différentes étapes de la réalisation de cette thèse, à ma grande soeur NIAMKÉ Élisabeth et à son époux, M. N'KPOMIN Adopo, Maître assistant à

6

l'UFR SSMT à l'Université Felix Houphouët Boigny qui n'ont cessé de me motiver et de m'apporter tout le soutient fraternel. Aussi, je remercie toute la famille NIAMKÉ et EMMOU pour leurs soutiens à tous les niveaux.

Je remercie le District sanitaire de la ville d'Aboisso, d'avoir mis à ma disposition, des données sanitaires concernant les structures de santé. Je tiens également à remercier l'Institut National d'Hygiène et de Santé Publique, pour l'intérêt manifesté à cette étude et pour l'aide dont j'ai pu bénéficier. Je manifeste ma reconnaissance au Ministère de l'Environnement et du Développement Durable, qui m'a facilité l'accès à certains services dont j'avais besoin pour recueillir des informations. J'adresse un grand merci aux habitants de la ville d'Aboisso qui ont accepté d'être interrogés lors de l'enquête ménage et de santé.

7

LISTE DES TABLEAUX

Tableau 1 : Conférences internationales sur la prise de conscience de l'environnement 27

Tableau 2 : Démarche géographique de la géographie de la santé en milieu urbain 41

Tableau 3 : Tableaux des variables 47

Tableau 4 : Construction des strates 53

Tableau 5 : Détermination des ménages enquêtés 57

Tableau 6 : Présentation synoptique de la recherche 62

Tableau 7 : État de l'occupation du sol 68

Tableau 8 : Population totale par sexe et âge 69

Tableau 9 : Répartition des ménages par quartier 79

Tableau 10: Répartition des ménages de la ville d'Aboisso par quartier selon le type de

construction 80

Tableau 11: Aperçu du poids relatif à chaque secteur d'activité économique 82

Tableau 12: Niveau de dégradation de l'environnement en fonction de la taille du ménage 99

Tableau 13 : Table de loi Khi 2 102

Tableau 14 : Production moyenne journalière nationale des déchets ménagers par habitant en

Côte d'Ivoire 103

Tableau 15 : Production journalière des déchets selon la taille de population à Aboisso 104

Tableau 16: : État du logement dans les quartiers de la ville 108

Tableau 17: Classification des catégories de risques 114

Tableau 18 : Classification des catégories de risques 116

Tableau 19: Équipements utilisés pour la collecte des déchets 134

Tableau 20: Effectifs observés 147

Tableau 21 : Distribution spatiale de la production des déchets selon les quartiers de la rive

gauche et de rive droite 160

Tableau 22 : Pathologie et cas déclarés 171

Tableau 23:Distribution des faits de dégradation 172

Tableau 24 : Indicateurs d'évaluation du niveau de dégradation 174

Tableau 25 : Cotation par quartier 175

Tableau 26 : Niveau de catégorisation de l'environnement à Aboisso 175

Tableau 27 : Niveau de catégorisation de l'environnement à Aboisso 177

Tableau 28: Appréciation du risque de santé selon le sexe 178

Tableau 29: synthèse du tableau avec le khi2 calculé 178

Tableau 30: Indicateurs des déterminants de la santé : 179

Tableau 31: faits observés et maladies 183

Tableau 32 : Maladies et symptômes liés à la baignade 184

Tableau 33: État de l'environnement perçu par les populations 186

Tableau 34 : Lieux de rejets de déchets et durée de la collecte 193

Tableau 35 : Diffusion de l'information sur les problèmes de santé 196

Tableau 36 : Présence de rongeurs et état de santé à Aboisso 199

Tableau 37 : Indicateurs de la propagation de maladies 206

Tableau 38 : Maladies liées au manque d'hygiène 208

8

Tableau 39 : Perception du danger selon la distance 209

Tableau 40: Distribution de la production des déchets et des sites insalubres selon les quartiers

(Rive droite) 212
Tableau 41: Distribution de la production des déchets et des sites insalubres selon les quartiers

de la rive gauche 213

Tableau 42 : Risques et effets potentiels 214

Tableau 43: Maladies survenues dans les ménages durant les 6 derniers mois 215

Tableau 44 : Maladies retenues ayant un lien avec la dégradation de l'environnement 216

Tableau 45: Influence des rongeurs dans les domiciles des ménages 221

Tableau 46: Influence des rongeurs dans les domiciles des ménages avec calcul des khi2 222

Tableau 47 : Indicateur de la santé 228

Tableau 48 : Qualité de l'environnement et problème de santé 229

Tableau 49 : Table de KHI2 231

Tableau 50 : Indicateurs de la dégradation de l'environnement 236

Tableau 51 : Rapport maladies et faits de dégradation 239

Tableau 52 : Pathologies à incidence développées 242

Tableau 53 : La tranche d'âge, sexe et maladies développées selon le temps 243

Tableau 54: Population, santé et les saisons 244

Tableau 55 : Maladies déclarées selon les tranches d'âge 246

Tableau 56 : Niveau d'instruction et maladies 247

9

LISTE DES FIGURES

Figure 1: Cadre conceptuel 44

Figure 2: Localisation de la ville d'Aboisso 45

Figure 3: Schématisation de l'échantillonnage 52

Figure 4 : Évolution démographique de la population de la ville d'Aboisso (1965-2014) 67

Figure 5 : Échelle de représentation ville et quartier 70

Figure 6: Schéma des pratiques et représentations dans le cadre de vie 75

Figure 7: Schéma des faits observés dans le cadre de vie 76

Figure 8: Facteurs dégradant de l'environnement à Aboisso 89

Figure 9 : Modes des rejets des déchets par les populations 90

Figure 10: Production des déchets par les populations 92

Figure 11: Accentuation de la dégradation de l'environnement 93

Figure 12 : Volume de la population par quartier 95

Figure 13: Proportion de l'utilisation de l'eau par les populations. 96

Figure 14: Répartition des enquêtés en fonction de la pratique de l'incinération des déchets

(Source ; Nos enquêtes, 2016) 97

Figure 16 : Volume de population à Aboisso 106

Figure 17: Distribution du niveau de dégradation de l'environnement en fonction de la taille

de la population 107

Figure 18: Répartition des zones inondables. 117

Figure 19 : Facteurs de risque global 118

Figure 20 : Schéma décrivant le mode de vie et les facteurs liés aux risques sanitaires 119

Figure 21: Santé et environnement 120

Figure 22: Distribution des sites insalubres dans la ville d'Aboisso 123

Figure 23: Sites de déversement des Déchets et eaux usées déversés 125

Figure 24 : Triangle épidémiologique - acquisition et transmission de l'infection 129

Figure 25 : Proportion de la population déclarant la présence ou non des services de

ramassage des déchets et de l'assainissement 131
Figure 26 : Répartition des enquêtés selon le rythme de ramassage des déchets par les services

de la municipalité 133

Figure 27 : Le système de gestion des déchets dans la ville d'Aboisso 135

Figure 28 : Circuit de collecte des déchets à Aboisso 138

Figure 29: Schéma d'explication de la transmission directe 144

Figure 30: Répartition des enquêtes selon le niveau d'instruction 145

Figure 31: Perception du niveau d'assainissement à Aboisso par les populations 153

Figure 32: Problèmes de l'environnement évoqués par les ménages 154

Figure 33: Schéma de la densité de population et des relations environnementaux 155

Figure 34 : Caractérisation des risques 159

Figure 35: Caractérisation des risques 162

Figure 36: Relation population et environnement 163

Figure 37: La santé perçue par les populations 169

Figure 38: Niveau de dégradation de l'environnement à Aboisso 176

10

Figure 39: Les déterminants de la santé 185

Figure 40: Appréciation de l'état de l'environnement 189

Figure 41: Hygiène du milieu 191

Figure 42: Concentration et risques sanitaires 194

Figure 43 : La perception des ménages en ce qui concerne les effets des rongeurs dans leur

domicile. 198

Figure 44 : Maladies transmissibles par des vecteurs potentiels 200

Figure 45 : Site de groupage des déchets 207

Figure 46 : Matrice de corrélations 210

Figure 47: Maladies déclarées par les enquêtés 217

Figure 48 : État de santé et cadre environnemental 218

Figure 49 : Triangle épidémiologique 219

Figure 50 : Présence de rongeurs dans les domiciles 220

Figure 51 : Perception de la population sur la présence des rongeurs et l'état de santé 220

Figure 52 : Évolution des maladies infectieuses à Aboisso, de 2012 à 2015 225

Figure 53 : Cycle schématique de la bilharziose 226

Figure 54 : Évolution des cas de bilharziose à Aboisso (2012-2015) 227

Figure 55 : Corrélation santé et qualité de l'environnement 228

Figure 56: Zone d'exposition potentielle de risque pour la santé 232

Figure 57: : Perceptions de la population des faits qui dégradent l'environnement 233

Figure 58: Cycle de la transmission des microbes à partir des excréments humains 234

Figure 59: Corrélation linéaire population et saison 245

11

LISTE DES PHOTOS

Photo 1 : Une vue des habitats (TP-Extension), 72

Photo 2: Habitats précaires à Sokoura 78

Photo 3: Déchets sur le site du marché principal. 81

Photo 4: Déversement des déchets entre les habitats et état de l'environnement 88

Photo 5: Une vue des résidus de déchets déversés sur les rives du fleuve Bia 91

Photo 6: Caniveau obstrué 96

Photo 7: Tas d'ordure 96

Photo 8: Incinération des déchets à l'arrière cours d'une famille 98

Photo 9: Montée des eaux après une forte pluie 115

Photo 10: Déchets et eaux usées déversés dans le fleuve Bia 124

Photo 11: Vue d'un caniveau bouché le long d'un habitat 126

Photo 12: Vue d'un regard bouché 127

Photo 13: Travaux d'entretien des caniveaux 128

Photo 14: Un enfant à la recherche de bouteilles près d'une source infectieuse 130

Photo 15: Caniveaux bouchés par la présence des sachets plastiques et boue 132

Photo 16: Collecte de déchets par le service technique 136

Photo 17: Collecte des déchets par les services de la mairie 137

Photo 18: Eaux usée stagnante au niveau de la gare routière 143

Photo 19: Réceptacle des eaux usées à l'arrière cours d'un habitat 151

Photo 20: Un espace entre les habitats dans le quartier TP transformé, 152

Photo 21: Vue du lac au niveau du quartier TP-Extension 157

Photo 22: Vue du lac au niveau du quartier TP-Extension 161

Photo 23: Bia est souvent le lieu de soulagement pour les populations 180

Photo 24: Toilette à proximité d'une source infectieuse 181

Photo 25: Toilette à proximité d'une source infectieuse 182

Photo 26: Pratique de la lessive 182

Photo 27: baignade d'enfants dans la bia. 183

Photo 28: Une jeune mère lave son bébé dans la Bia,(cliché Niamké, 2014) 235

12

SIGLE ET ABRÉVIATIONS

ANASUR : Agence Nationale de Salubrité Urbaine

ANDE : Agence Nationale de l'Environnement

ASS : Annuaires des statistiques sanitaires

BNETD : Bureau National d'Étude Technique et de Développement

CAFOP : Centre d'Animation et de Formation Pédagogique

CDB : Convention sur la diversité biologique

CHR : Centre Hospitalier Régional

CHU : Centre Hospitalier Universitaire

CIAPOL : Centre Ivoirien Anti-pollution

CNUED : Conférence des Nations unies pour l'environnement et le développement

CNUEH :"Conférence des Nations Unies sur l'Environnement Humain"

DCGTX : Direction et Contrôle des Grands Travaux (Actuel BNETD)

DIB : Déchets Industriels Banals

DII : Déchets Industriels Inertes

DIS : Déchets Industriels Spéciaux

DSA : District Sanitaire d'Aboisso

Etc. : Et cætera (ou et cetera)

FAO : Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture

FEM : le Fonds pour l'environnement mondial

HG : Hôpital Général

IGT : Institut de Géographie Tropicale

INHP : Institut National de l'Hygiène Publique

INS : Institut National de la Statistique

INSP : Institut National de Santé Publique

IRA : Infection Respiratoire Aigüe

IRD : Institut de recherche et de développement

LAGERIS : Laboratoire Géographie de l'environnement des Risques et Santé

MG : Médecins généralistes

MOS : Mode d'Occupation Spatiale

OM : Ordures Ménagères

OMS : Organisation Mondiale de la Santé

ONG : Organisation non gouvernementale

13

ONU : Organisation des Nations Unies

PME : Petite et Moyenne Entreprise

PMI : Petite et Moyenne Industrie

PNAE : Plan National de l'Action Environnementale

PNDS : Plans Nationaux de Développement Sanitaire

PNUE : Programme des Nations Unies pour l'environnement

RGPH : Recensement Général de la population et de l'Habitat

RSS : Le Rapport sur la Situation Sanitaire

SICOGI : Société Ivoirienne de Construction et de Gestion Immobilière

SIG : Le système d'information de gestion

SIPIM : Société Ivoirienne de Promotion Immobilière

SIR : Société Ivoirienne de Raffinage

SNIS : Système National d'Information Sanitaire

14

INTRODUCTION GÉNÉRALE

L'environnement est défini comme l'ensemble des rapports réciproques entre les groupes humains et leur domaine spatiale, les interactions qui lient les sociétés et le milieu dans lequel elles se situent (Georges P, 1970). De cette relation, nait des diverses formes de dégradation à savoir : les pollutions, les déversements de produits toxiques, l'insalubrité, la mauvaise gestion des déchets. Le programme des Nations Unies pour l'Environnement indique dans son rapport du 25 Octobre 2007 que les problèmes les plus graves de la planète persistent dans la dégradation de l'environnement. De plus, les principaux risques pour la santé liés à l'environnement que nos pratiques et mode de vie génèrent ne cessent de se dégrader. En effet, les préoccupations environnementales, suscitent un intérêt particulier au sein des institutions internationales que nationales. Dans son ouvrage : « crise de la santé en milieu urbain », l'OMS (1994) indique qu'une bonne santé dépend en grande partie, d'un bon environnement. En Côte d'Ivoire, les synthèses des rapports sur l'environnement sont alarmants, comme le soutient Birgi H et al, dans le rapport final du profil environnemental (2006). Les auteurs du rapport relèvent que la dégradation de l'environnement est peu maîtrisée et ne cesse de s'accélérer.

Par ailleurs, la première conférence placée sous l'égide des Nations Unies et consacrée aux questions environnementales qui s'est tenue du 5 au 16 juin 1972 à Stockholm a constitué un tournant historique dans la prise en compte des questions d'environnement au niveau international. Elle a rassemblé des délégations de 113 États et de nombreuses ONG et fut présidée par le Canadien Maurice Strong. Elle a permis notamment d'instituer le Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE) dont le siège se trouve à Nairobi (Kenya). Le second sommet, dénommé "le Sommet de la Terre" tenue à Rio de Janeiro du 3 au 14 juin 1992 a marqué un grand pas en avant dans la prise en compte du développement durable en adoptant une déclaration, appelée déclaration de Rio sur l'environnement et le développement, qui comprend 27 principes précisant le contenu du développement durable. Le "principe" indique que « les êtres humains sont au centre des préoccupations relatives au développement durable. Ils ont droit à une vie saine et productive en harmonie avec la nature ». La conférence de Rio de Janeiro a montré que le développement durable passe par la protection de l'environnement. Cette approche a conduit l'État de Côte d'Ivoire à l'adoption du « Livre Blanc de l'Environnement de Côte d'Ivoire » en 1995. Ce livre présente le diagnostic complet de l'état de l'environnement dans notre pays et montre que la Côte d'Ivoire est confrontée à des problèmes environnementaux d'origines diverses : disparition du couvert forestier,

15

appauvrissement des sols, pollution et eutrophisation1 des eaux, pollution de l'air, dégradation du milieu urbain, persistance des maladies environnementales, manque d'éducation, manque de formation et de sensibilisation, inadaptation et instabilité du cadre juridique et institutionnel ainsi que la dispersion et les difficultés d'accès aux données environnementales. Conscient des risques importants qu'engendre la dégradation de l'environnement, l'État de Côte d'Ivoire a défini des stratégies pour gérer de façon rationnelle les ressources naturelles et promouvoir le développement durable à travers des programmes d'action. Avec cette volonté de l'État de préserver l'environnement, le constat demeure désolant. L'environnement continue de subir des dommages et certains problèmes persistent pour lesquels les mesures et les arrangements institutionnels actuels se sont systématiquement montrés insuffisants et pour lesquels des solutions sont encore en cours d'élaboration. Les informations statistiques de l'environnement en Côte d'Ivoire bien que difficiles à obtenir à cause de la diversité et de la dispersion de leurs sources, présentent un tableau sombre du lien dégradation de l'environnement et santé des populations. Pourtant, l'OMS (2012) déclare que de multiples déterminants environnementaux conditionnent l'état de santé des citadins, et les influences positives et négatives se cumulent en fonction du quartier ou de l'endroit où l'on habite dans la ville. Cependant, la ville d'Aboisso, tout comme les villes de la Côte d'Ivoire n'échappent pas à ces influences. Plusieurs éléments de cet environnement influent sur la santé : les conditions de logement, la gestion des déchets, les décharges où se produisent les infiltrations des eaux souillées, la pollution de l'eau, les effluents industriels et les déchets de tout genre, les produits agrochimiques mal utilisés, les particules en suspension et les fumées, le déversement des produits chimiques dans les eaux douces, l'accès à l'eau potable et à l'assainissement, les formes non hygiéniques d'évacuation des excrétas et des eaux usées accumulées, les systèmes de transport et la qualité de l'air. Toutes ces formes de dégradation de l'environnement ont une relation directe avec l'état de santé des populations, en témoigne Colette M, Christophe L, Tarik B, (Médecins généralistes et santé environnement, 2012). Ils affirment également que les préoccupations liées à l'impact des nuisances environnementales sur la santé de la population n'ont cessé de prendre de l'ampleur dans le champ médiatique, pour la population et chez les décideurs. Cependant, pour VALLÉ J. (2008), la géographie permet ainsi de développer une vision sociale et environnementale de la santé et de comprendre l'émergence d'une maladie comme le produit d'un jeu complexe de facteurs et d'acteurs qui dépasse la simple enveloppe corporelle.

1 L'eutrophisation est "l'asphyxie des eaux d'un lac ou d'une rivière" due à un apport exagéré de substances nutritives - notamment le phosphore - qui augmente la production d'algues et de plantes aquatiques.

16

1. JUSTIFICATION DU CHOIX DU SUJET

Selon l'Organisation Mondiale de la Santé dans le 1er article de la constitution de 1946, « La santé est un état de complet bien-être physique, mental et social et pas seulement l'absence de maladie ou d'infirmité ». Ainsi, elle prend en compte les aspects environnementaux qui constituent donc une dimension intégrante et importante pour la santé. Le concept de la santé et celui de l'environnement sont certes distincts mais étroitement liés. Par ailleurs, le problème de la dégradation de l'environnement dans nos sociétés prend de plus en plus de l'ampleur. Pour le Ministère de l'environnement et du tourisme (PNAE - CI, 1995), cela constitue un véritable problème environnemental majeur de la Côte d'Ivoire puisqu'il concerne près de la moitié de la population (6 millions d'habitants urbains). Les problèmes urbains résident dans l'insuffisance du drainage, de l'assainissement, de la collecte et du traitement des déchets ainsi que la pollution, du bruit de l'occupation de sites impropres à l'habitation et les maladies causées par l'insuffisance d'hygiène. Les indicateurs de la qualité de l'environnement que sont l'air, l'eau, le sol et les activités humaines subissent inlassablement des nuisances de tous genres. De ce point de vue, l'on perçoit l'intérêt que peut comporter cette étude qui est une contribution à une meilleure connaissance des facteurs environnementaux qui affectent la santé des populations.

Pourtant, la ville d'Aboisso située au Sud-Est de la Côte d'Ivoire, plus précisément à 116 Km d'Abidjan fait face à des problèmes importants de dégradation de son environnement. De façon générale, on observe une insuffisance en matière d'hygiène et d'assainissement. À cela s'ajoute la gestion approximative des déchets solides et liquides. Ces problèmes sont amplifiés par une croissance démographique qui est passée de 27 218 hbtss en 1998, à 43 282 hbtss RGPH (2014), mais aussi par la pauvreté et des insuffisances dans les techniques et méthodes de gestion des municipalités. De plus, Aboisso constitue une zone de forte pression démographique due à la concentration de la main d'oeuvre agricole autour des importantes entreprises agricoles et agro-industrielles (Maffou, 2013). Aussi, le rapport du MSLS (2011) indique que la région du Sud-Comoé présente des incidences du paludisme dans la population générale les plus élevées au niveau national tout comme les régions du Fromager, de Lagune 2 et des Lacs. Cette situation hautement inquiétante pour la santé des populations mérite qu'on mène une étude scientifique pour établir le lien significatif entre la dégradation de l'environnement et l'état de santé des populations. Dans cette thèse, il s'agit de montrer que la dégradation continuelle de l'environnement est le facteur explicatif des maladies que développent les populations à Aboisso.

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2. REVUE DE LA LITTÉRATURE

Aujourd'hui comme hier, santé et environnement sont indissolublement liés Vigneron E, (1999). La question de la dégradation de l'environnement et son impact sur la santé a été abordée par de nombreux chercheurs. L'intérêt accordé à cette problématique est d'autant plus important que plusieurs ouvrages ont développé différents aspects de cette thématique. En Côte d'Ivoire, des écrits existent également sur la dégradation de l'environnement, mais dans l'ensemble ne traitent pas en profondeur le problème de l'interaction dégradation de l'environnement et santé des populations. Notre étude « Dégradation de l'environnement et santé des populations dans le Sud Comoé : Cas de la ville d'Aboisso », a conduit à l'exploration d'une littérature en privilégiant une approche que nous avons organisée autour de trois axes.

- La notion de l'environnement et de dégradation ;

- La santé et le concept de la géographie de la santé ;

- Les impacts de la dégradation de l'environnement sur la santé des populations.

1 - Environnement et le concept de la dégradation de l'environnement

Les notions de l'environnement et de la dégradation présentent une diversité de définition. L'abondance de la littérature sur ces thématiques nous a permis de faire une large synthèse des différents écrits que nous avons organisés afin d'appréhender dans tous ses aspects, le sens de ces notions.

1.1- Notion de l'environnement

Jusqu'en 1960, le mot environnement était absent des dictionnaires. Mais avec l'émergence des problèmes environnementaux et des catastrophes écologiques à répétition, l'environnement rentre dans l'actualité. Ainsi, selon le Dictionnaire Larousse (1972), l'environnement est : « Ce qui entoure, ce qui environne, le milieu où vit une personne, l'ensemble des éléments qui conditionnent l'homme ».

Le code de l'environnement ivoirien (1996) défini en son article 1er, « l'environnement comme l'ensemble des éléments physiques, chimiques, biologiques et des facteurs socioéconomiques, moraux et intellectuels susceptibles d'avoir un effet direct ou indirect, immédiat ou à terme sur le développement du milieu, des êtres vivants et des activités humaines. »

Cette définition de l'environnement selon le code de l'environnement ivoirien est pareil à celle que nous propose le PNUE (2005) : « Aujourd'hui, on entend par environnement,

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l'ensemble, à un moment donné, des agents physiques, chimiques et biologiques et des facteurs sociaux susceptibles d'avoir un effet direct ou indirect, immédiat ou à terme, sur les êtres vivants et les activités humaines ».

Le terme environnement recouvre donc de nombreuses acceptions et ne correspond plus seulement à l'idée du milieu. Dans un sens assez généralement admis pour la santé environnementale, la notion d'environnement renvoie à nos milieux de vie (domestique, naturelle ou professionnelle). En Côte d'Ivoire, le Programme National d'Action Environnementale (PNAE, 1994), qui a élaboré le livre blanc, donne un aperçu de l'état de l'environnement urbain du pays. Le programme présente l'environnement physique et biologique avec les différentes composantes sociales, sanitaires et géographiques. Mais le rapport relève également que l'état de l'environnement est préoccupant.

Pour George P. (1980), la géographie a pour objet l'étude de la condition humaine dans son environnement, qu'elle a successivement subi, puis maîtrisé et dans certains cas détruit. Il définit l'environnement comme le milieu global au contact duquel sont confrontées des collectivités humaines et avec lequel, il se trouve placé dans une situation de rapport dialectique d'action et de réaction réciproque mettant en jeu tous les éléments du milieu.

Plus loin, Tricart J. (1981) affirme que la géographie a pour objet la description raisonnée et l'explication des divers aspects de la surface du globe terrestre, l'un des plus importants de ces aspects est la présence de quelques milliards d'hommes utilisant des ressources, s'adaptant au milieu et le modifiant. Le rapport homme-milieu se trouve ainsi au centre de ses préoccupations et qui est en fait la charnière entre les sciences humaines et celles de la nature.

Pour Bertrand G (2002), l'environnement envisagé par les géographes, ne recouvre pas la seule nature au sens restreint du terme, il n'est pas synonyme de géographie physique, pas davantage de faune et de flore, ce que l'on nomme aujourd'hui la biodiversité, pas plus que de pollution et de dégradation. Il désigne les relations d'interdépendance complexes existant entre l'homme, les sociétés et les composantes physiques, chimiques, biotiques d'une nature anthropisée, ce qu'il s'est proposé de nommer « géosystème ».

Si l'on suit Dauphiné A (1979), l'environnement est à la fois « une donnée, un perçu, un vécu ». Cette analyse permet de souligner que la planète ne porte pas d'environnement qui

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n'aient pas été à des degrés divers "modifiés" par les sociétés. Insister sur l'anthropisation de la planète pose naturellement la question du statut de l'homme dans la nature. Pour certains écologistes radicaux, l'homme est toujours celui qui dégrade l'environnement, qui perturbe les "paysages naturels" ou les milieux naturels, ce qui revient à considérer l'homme comme un intrus dans la nature.

Pour les géographes, l'environnement est un objet social qui intègre des données et des phénomènes sociaux associés à des éléments "naturels" dans un construit en quelque sorte "hybridé" pourvu d'une double dimension spatiale et temporelle. Cette dimension temporelle est fondamentale dans l'étude de l'environnement.

· Environnement et milieu naturel

L'environnement est aussi un cadre de vie, un produit de l'homme et de la société qui nécessite d'envisager les aspects historiques et culturels des sociétés. De ce point de vue, la perception et les représentations que les sociétés ont de la nature varient selon les cultures et selon les époques à l'intérieur d'une même aire culturelle.

Étudier un environnement c'est étudier une relation. Pour VEYRET Y (1999), l'environnement « traite des relations existant entre les sociétés et leur cadre physique, de la place des facteurs naturels dans l'aménagement à différentes échelles spatiales ». Elle écrit plus loin que ce terme « désigne les relations d'interdépendance qui existent entre l'homme, les sociétés et les composantes physiques, chimiques, biotiques du milieu en intégrant aussi ses aspects sociaux, économiques et culturels ».

Lorsque le géographe travaille sur un "géosystème", l'objet de sa recherche est un espace où sont en interaction des faits naturels et humains. Lorsqu'il travaille sur une question d'environnement, son regard se porte sur les rapports des sociétés avec un espace où la « nature » joue encore un rôle.

VEYRET Y (1999), affirme également que pour la géographie, société et nature (ressources, paysages...) sont indissociables ; il convient donc de gérer les interactions avec discernement et de manière durable. Mais toute transformation de la nature n'est pas obligatoirement catastrophique, tout aménagement n'est pas systématiquement dramatique ; certes, il faut envisager des « seuils » à ne pas dépasser pour que les aménagements ne dégradent pas les ressources et plus largement la nature. Ces seuils doivent être établis en fonction du niveau de développement, des données socio-économiques, techniques et culturelles qui caractérisent à un moment de son histoire le groupe social. VEYRET Y a proposé

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de nommer « géoenvironnement » la conception géographique de l'environnement pour en souligner la spécificité.

MORLON P. (1992), donne une définition du milieu et le décrit par la suite. Il affirme que le milieu naturel est ce qui, dans la nature, est perçu comme important à une date donnée par un groupe humain donné. Il dit également que décrire un milieu naturel ne consiste donc pas à accumuler autant de données que l'on peut, mais au contraire à choisir un nombre aussi petit que possible (principe de parcimonie du descripteur) qui permette de comprendre, prévoir et éventuellement agir.

· Environnement et milieu : cadre de vie des sociétés humaines

Dans un sens plus large, l'environnement comme le milieu, est ce qui entoure un lieu. Il est ce qui constitue le cadre de vie des sociétés humaines. Ces deux termes incorporent donc, outre des éléments « naturels », les équipements variés que les sociétés ont introduits (habitats, usines, voies de communications, espaces cultivés etc.).

Cet environnement, de ce fait, agit plus ou moins sur les sociétés. Il a une dimension matérielle, physique, conçue en ce sens. Les notions de milieu et d'environnement privilégient les relations d'une société avec l'espace construit où elle vit. Parlant de rapport homme et milieu, George P. (1963) a élargi les perspectives en donnant un intérêt plus grand aux facteurs sociaux et ont étudié l'impact des actions de l'homme sur le milieu. On passe alors à une géographie active à partir d'une géographie des particularités et des typologies : l'équilibre homme-milieu avec les facteurs endogènes et exogènes. C'est donc l'étude des interactions entre les diverses sociétés humaines et leur environnement et les déséquilibres qui en résultent.

Bally A et Ferras R (2004), ont traité de la question de l'environnement et du milieu dans leur ouvrage. Abordant la question de l'environnement, les auteurs ont d'emblée fait un bref historique de cette notion dont le sens a considérablement évolué. De 1917, la notion de l'environnement qui se résumait en une plante, a été définit en 1964, comme l'ensemble des facteurs biotiques (vivants) ou abiotique (physico-chimique) de l'habitat.

Quant à la notion de milieu, Bally A et Ferras R (2004), affirment que c'est ce qui nous entoure. Plus loin, Ciattoni A et Veyret Y (2007), abordent le concept de l'environnement comme l'ensemble des relations existant entre les sociétés et leur cadre physique, de la place des facteurs naturels dans l'aménagement à différentes échelles spatiales. Pour les deux auteurs, le

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terme recouvre à la fois un milieu et un système de relations, ainsi qu'un champ de forces physico-chimiques et biologiques en interrelation avec la dynamique sociale, économique, spatiale. Ces relations d'interdépendance existant entre l'homme, les sociétés et les composantes naturelles du milieu fondent l'approche environnementale qui inclut également perception et représentation.

George P (1970), précise l'objet de l'environnement comme l'ensemble des rapports réciproques entre les groupes humains et leur domaine spatial, les interrelations qui lient les sociétés et le milieu dans lequel elles se situent.

COMOLET (1991), le terme d'environnement désigne « l'entour, c'est-à-dire un ensemble de choses et de phénomènes localisés dans l'espace ». Pour insister sur les interactions qui existent entre l'environnement et les activités économiques, l'auteur analyse la notion d'environnement, ses composantes et ses relations avec le système. Il choisit la définition de Passet R., qui l'amène à distinguer l'environnement naturel de l'environnement urbain.

Conclusion partielle

L'objet de la revue de la littérature sur le concept de l'environnement nous a permis de clarifier le contenu de la notion d'environnement. Ainsi, l'environnement a été appréhendé sous plusieurs angles par différents auteurs, chercheurs et instituts. Toutefois, dans le cadre de notre étude, nous nous intéressons à l'environnement en tant que cadre de vie de l'homme, l'ensemble des éléments qui dans la complexité de leurs relations constituent le milieu et les conditions de vie pour l'homme. Aussi, l'environnement constitue pour nous tout ce qui concerne le cadre biophysique de l'homme : le sol, l'eau, l'air, la faune, la flore, le climat, le milieu de vie, tout ce qui se rapporte à la destruction ou à la protection de ce cadre environnemental : la pollution, le déchet, la déforestation, la destruction de la biodiversité. On retient également que c'est dans cet environnement que les hommes tirent en effet l'ensemble des ressources nécessaires à leur survie : l'air dont ils ne peuvent se passer pendant plus de quelques minutes, l'eau dont ils ne peuvent se passer pendant plus de quelques jours et la nourriture dont ils ne peuvent se passer pendant plus de quelques semaines, et enfin, les matériaux dont ils ont besoin pour leurs activités quotidiennes.

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Le cadre de vie que nous avons étudié correspond aux lieux d'habitations et à leur environnement immédiat (rues et routes) où les modes de gestion des eaux usées influent sur le bien-être et/ou la santé des populations.

1.2- Le concept de la dégradation de l'environnement et les facteurs de dégradation

Sur la question de la dégradation, de nombreux travaux scientifiques ont été produits aussi bien au niveau national qu'au niveau international.

DELFAU E. (2005), définit la dégradation comme un processus désagréable qui affecte la qualité de l'eau, pollue l'air et le cadre de vie. Dans son ouvrage, elle présente l'étalement urbain comme un mode d'occupation de l'espace concurrentiel par rapport aux espaces agricoles, forestiers ou faiblement anthropisés et établit un lien significatif entre l'étalement et la dégradation de l'environnement. Pour exemple, l'auteur présente les déchets stockés le long des berges qui se retrouvent souvent dans le cours d'eau, ce qui est source de pollution.

Pour Legrand T. (1998), il devient de plus en plus urgent de créer des politiques et des programmes pour limiter les effets négatifs de l'activité humaine sur l'environnement. L'auteur interpelle ici, les autorités sur la menace de la dégradation de l'environnement occasionnée par les diverses actions et activités de l'homme pour mieux prendre en compte la problématique de la dégradation de l'environnement.

CARO C. (1979), relève que pour des situations qui peuvent dégrader l'environnement, des luttes environnementalistes se créent et sont liées à l'exigence de la défense du cadre de vie. L'auteur cite par exemple la construction de nouveaux tracés d'autoroute, de centrales nucléaires, d'aéroports, etc. Dans son étude, elle évoque l'intensification des menaces sur l'environnement des années 1960, marquées par la multiplication d'accidents industriels. Elle fait également une analyse historique afin d'étudier les éléments constitutifs d'une prise de conscience de la dégradation de l'environnement.

Dans le rapport final du Profil Environnemental de la Côte d'Ivoire (2006), Halle B.et al, dressent les conclusions de la synthèse des différents aspects environnementaux de la Côte d'Ivoire. Nous retenons que la dégradation de l'environnement, est déjà peu maîtrisée avant la

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crise dans certains domaines (pollution de l'eau, déchets, déforestation), et cette situation ne cesse de s'accélérer suite à l'absence de mécanismes de contrôle dans plusieurs zones, à l'appauvrissement rapide de la population et à l'exploitation illicite de certaines ressources naturelles. De plus, le niveau de sensibilisation environnementale reste très faible.

Dans le même rapport on souligne que les problèmes prioritaires actuels qui ont liés la dégradation de l'environnement sont entre autres ; la pollution des eaux lagunaires, la déforestation, l'extinction de la biodiversité, le rejet des déchets toxiques, les érosions des sols, la désertification, etc. Ces problèmes sont multiples et variés.

Le FEM (2003), aborde la question de la dégradation mais en se limitant à celle liée aux sols. En effet, le Fonds de l'Environnement Mondial (FEM) définit la dégradation des sols comme « toute forme de détérioration du potentiel naturel des sols qui altère l'intégrité de l'écosystème soit en réduisant sa productivité écologiquement durable, soit en amoindrissant sa richesse biologique originelle et sa capacité de récupération ».

Pour la CDB (2005), la dégradation est toute association de perte de fertilité des sols, d'absence de couvert forestier, de manque de fonction naturelle, de compaction du sol, et de salinisation qui empêche ou retarde la régénération de la forêt non assistée par succession secondaire. Une forêt dégradée est donc pour la Convention de la Diversité Biologique (CDB) une forêt secondaire qui a perdu, à la suite d'activités humaines, la structure, la fonction, la composition ou la productivité des essences normalement associées à une forêt naturelle. De ce fait, une forêt dégradée offre une fourniture réduite de biens et services et n'a qu'une diversité biologique limitée.

Mariétou N. (2012), annonce pour sa part que ces dernières décennies, la dégradation de l'environnement en Afrique a été un sujet préoccupant et traité dans beaucoup d'ouvrages. Cette dégradation résulte de l'interaction entre les processus naturels, en pleine évolution et les pressions humaines sans précédent, couplées à une absence d'aménagement.

En ce qui concerne l'Afrique, le PNUE (2010), affirme que les risques environnementaux sont jugés responsables de près de 28 % du fardeau des maladies dans ce continent, parmi lesquelles figurent la diarrhée, les infections respiratoires et le paludisme, qui ensemble représentent 60 % des impacts sanitaires environnementaux connus dans la région.

Le quatrième rapport national sur la convention de la biodiversité biologique de Côte d'Ivoire (2009), relève qu'au niveau des risques environnementaux, biologiques et humains, il

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faut également relever que les barrages entraînent une dégradation de l'environnement à moyen ou long terme. Le barrage en réduisant la vitesse de l'écoulement de l'eau pénétrant dans le lac de retenue, favorise le dépôt des particules au fond du lac. À l'aval, l'érosion fluviale augmente, d'autre part le barrage favorise le développement de végétaux aquatiques entrainant ainsi, un appauvrissement en poisson et est parfois à l'origine des maladies telles que l'ulcère de burili, amibiase, bilharziose, onchocercose.

Veyret Y et Jalta J. (2010), affirment qu'en Europe, les grandes épidémies de peste apparues régulièrement et ayant provoqué des millions de morts étaient directement liées à la mauvaise qualité de l'environnement. Il est de même pour les épidémies de choléra qui se sont succédées au XIXème siècle en Europe (à Londres en 1832, à Marseille en 1835), elles sont les résultats de la mauvaise qualité de l'eau.

Des organisations internationales qui militent en faveur de la protection des forêts donnent également des aperçus sur la notion de la dégradation des forêts. On retient que la FAO (2002), définit la dégradation des forêts comme la réduction de la capacité d'une forêt de fournir des biens et services.

Pour Weber (1995), le terme d'environnement englobe habituellement les pollutions atmosphériques (globales comme pour le changement climatique), la dégradation des sols (érosion, salinisation, pollution), la déforestation et l'évolution des ressources en bois, la raréfaction de l'eau (la désertification et la persistance des sécheresses) et les pollutions de l'eau, la disparition d'espèces et l'évolution du cadre de vie. Pour l'auteur tous ces phénomènes sont généralement des dégradations.

En Côte d'Ivoire, le Programme National d'Action Environnementale (PNAE, 1994), donne un aperçu de l'état de l'environnement urbain du pays. Le programme présente l'environnement physique et biologique avec les différentes composantes sociales, sanitaires et géographiques et souligne l'insalubrité des villes due entre autres à la mauvaise gestion des ordures ménagères. Tout comme le PNAE, (1994), le Profil Environnemental de la Côte d'Ivoire, Août (2006), présente l'état actuel de l'environnement avec toutes les potentialités, évoque par la suite les différents dommages que subit l'environnement et surtout relève que les questions environnementales n'occupent pas une place prioritaire dans les décisions politiques et stratégiques.

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Aussi, faut-il ajouter que le rapport final du profil environnemental de la Côte d'Ivoire (2006) détermine les différents problèmes liés à la gestion de l'environnement en les classant par priorité. Nous avons donc :

- Les pollutions lagunaires

- La mauvaise gestion des déchets solides et des eaux usées

Pour l'OMS (2011), les facteurs de la dégradation de l'environnement sont également d'origine anthropique. L'organisation affirme que si les facteurs climatiques peuvent prendre une certaine part dans la destruction de l'environnement dans un contexte donnée et pendant un temps donné pour une région ou une zone donnée, il est clair que c'est l'homme lui-même qui prend la part la plus importante dans la destruction de son environnement tant en milieu rural qu'en milieu urbain et industriel.

La dégradation est généralement causée par des perturbations dont l'ampleur, la sévérité, la qualité, l'origine et la fréquence sont variables (FAO, 2006). Le processus de changement peut être naturel (feu, orages, neige, ravageurs, maladies, pollution atmosphérique, changement de températures, etc.) ou anthropique (exploitation forestière non durable, collecte excessive de bois de feu, cultures itinérantes, la chasse non durable, surpâturage, etc.).

Les facteurs environnementaux constituent un déterminant essentiel de l'État de santé des populations. Le manque d'hygiène, l'insalubrité, les déchets ménagers, industriels et médicaux, les agressions d'origine chimique, physique ou biologique, la contamination chimique des sols, l'utilisation intempestive de pesticides, l'insuffisance d'approvisionnement en eau potable, l'habitat précaire, l'insuffisance du système d'assainissement du milieu, constituent autant de risques sanitaires encourus par les populations.

Au vu de la diversité de travaux présentés sur la dégradation de l'environnement, nous avons relevé une divergence de définitions rattachée à cette notion. Il apparait donc nécessaire de préciser que dans le cadre de notre étude, par dégradation de l'environnement, il faut entendre processus désagréable qui affecte le cadre de vie lié à la prolifération des déchets à cause du manque aigu de structures appropriées de traitement de ces déchets, les diverses formes de pollutions (eau, air) et le développement anarchique des quartiers spontanés dépourvus de tout système d'assainissement présentant un certain niveau d'insalubrité. Aussi, il faut entendre par

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dégradation de l'environnement toujours dans le cadre de l'étude, la destruction ou l'altération des éléments constitutifs des milieux naturels tels que le sol, la forêt, la biodiversité.

1.3- La prise de conscience de la protection de l'environnement dans l'histoire

La préservation de l'environnement est l'un des trois piliers du développement durable et a été désignée comme l'un des huit objectifs du millénaire pour le développement. Dans l'histoire, l'attention portée à l'environnement s'est développée différemment selon les époques, les régions et les cultures. Plusieurs facteurs ont contribué à l'émergence d'un vaste mouvement en faveur de la protection de l'environnement naturel. Il s'agit entre autres de la religion, de la révolution industrielle et du courant romantique. La prise de conscience des effets négatifs de la révolution industrielle et agricole du XIXème siècle en Europe et en Amérique du Nord a aussi beaucoup joué en faveur de la protection de la nature. Parmi ces effets, il y a l'insalubrité des villes, la destruction des ressources naturelles, la dégradation des paysages ruraux, etc.

Ainsi, la première conférence placée sous l'égide des Nations Unies et consacrée aux questions environnementales avait pour nom "Conférence des Nations Unies sur l'Environnement Humain" (CNUEH). Elle s'est tenue du 5 au 16 juin 1972 à Stockholm et fut présidée par le Canadien Maurice Strong. Elle a rassemblé des délégations de 113 États et de nombreuses ONG. Elle a représenté un tournant historique dans la prise en compte des questions d'environnement au niveau international.

Pour RABHI P. (2006), avec l'ère de la technoscience, de la productivité et de la marchandisation sans limite, l'on ne voit plus dans la terre qu'une source de profit financier. Ainsi, il accuse l'homme d'agresseur de l'environnement et responsable des dommages que subit tous les êtres vivants. Il invite donc l'humanité à une prise de conscience et au respect de l'environnement.

Pour CARO C. (1979), la fondation de partis ecologistes nationaux, en 1980 en Allemagne et en 1984 en France, permet rapidement de se convaincre que des partis traditionnels aient pris conscience des défis écologiques. Le tableau suivant présente de façon chronologique les conférences sur l'environnement.

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Tableau 1 : Conférences internationales sur la prise de conscience de l'environnement

Dates

Noms

Précisions

Juin 1972

Conférence de Stockholm

Conférence des Nations unies sur
l'environnement

Juin 1992

Sommet de la Terre à Rio
de Janeiro

Conférence mondiale sur
l'environnement et le développement

Décembre 1997

Protocole de Kyoto

Sur la réduction de l'émission de gaz à effet

de serre

Novembre 2000

Conférence de La Haye

Suite Kyoto

Juillet 2001

Conférence de Bonn

Suite Kyoto

Octobre-novembre 2001

Conférence de Marrakech

Suite Kyoto

Août-septembre 2002

Conférence de
Johannesburg

Suite Kyoto

Décembre 2007

Conférence de Bali

Préparation Kyoto 2

Décembre 2009

Conférence de
Copenhague

Les États Unis et la Chine changent un peu
de discours...

Nov. - Décembre 2010

Conférence de Cancun, au
Mexique

Les Nations unies vont tenter de donner un
nouveau souffle aux négociations sur le
changement climatique. Aucun engagement
contraignant...

Décembre 2011

Conférence de Durban

Un accord pour la création d'un Pacte
mondial en 2015 est signé et un groupe de
recherche est formé.

Du 20 au 22 juin 2012

Conférence des Nations unies sur le développement durable à Rio de Janeiro, Brésil (RIO+20)

La conférence doit renouveler l'engagement en faveur du développement durable. Elle

évaluera quelles sont les réussites des
précédents sommets et fera la liste des lacunes qu'il reste à combler. Les Nations unies ont fixé deux priorités à ces travaux :

l'économie verte et l'éradication de la
pauvreté d'une part et le cadre institutionnel du développement durable d'autre part

Décembre 2015

COP 21

Les États s'engagent à limiter le réchauffement climatique à 2°C, considéré comme dangereux par les scientifiques.

 

Source : PNUE, 2015

À la fin des années 1960, face à l'intensification des pollutions de toutes sortes et à la prise de conscience montante au sein de la population sur les défis posés par la protection de l'environnement, les partis de gouvernement ne peuvent se permettre d'ignorer la situation. Certains événements spectaculaires, comme les marées noires en France ou le choc provoqué par la pollution du Rhin et de l'Elbe en Allemagne, poussent d'autant plus ceux qui ont des

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responsabilités politiques à prendre des mesures fortes et à montrer leur volonté de répondre aux attentes de la population dans ce domaine.

Ils sont également encouragés par la mobilisation internationale puisque l'année 1970 est décrétée par le Conseil de l'Europe « Année européenne de la protection de la nature » et que les préparatifs de la première Conférence des Nations Unies sur l'Environnement, en juin 1972 à Stockholm, débutent à cette époque. On peut également parler de la prise de conscience de la protection de l'environnement en Côte d'Ivoire.

Pour ADON G. (2009), l'engagement de la Côte d'Ivoire en faveur de la protection de l'environnement n'a pas été systématique. Il s'est fait de manière graduelle. En effet, après la méfiance affichée par les États africains lors de la conférence de Stockholm en 1972, peu à peu, l'on a pu constater, face aux différents problèmes écologiques qui ont secoué le continent, notamment la sécheresse au Sahel, l'apparition d'une prise de conscience de l'importance de la protection de l'environnement. Cette prise de conscience environnementale s'est manifestée par la forte participation de ces États à la Conférence des Nations unies pour l'environnement et le développement (CNUED) qui s'est tenue à Rio de Janeiro en 1992. Ainsi, durant les dix dernières années qui ont suivi cette conférence, la Côte d'Ivoire a considérablement renforcé sa politique en faveur de la protection de l'environnement et de la gestion des ressources naturelles. L'évolution de la politique environnementale est caractérisée non seulement par des actions de préservation de l'environnement, mais aussi et surtout, par le renforcement du système juridique en adoptant une série de textes réglementaires et en mettant en place des institutions spécialisées en matière de protection de l'environnement.

2- La santé et le concept de la géographie de la santé

La notion de santé n'est pas facile à définir. Les quelques tentatives de définitions tirées des lectures, nous renvoient à la définition la plus utilisée qui est celle de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Mais, certains auteurs ont bien voulu donner des définitions autres que celle de l'OMS

2.1- La notion de la santé

« La santé est un état de complet bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d'infirmité ».2 (OMS,1946)

2 La citation bibliographique de cette définition est la suivante : Préambule à la Constitution de l'Organisation mondiale de la Santé, tel qu'adopté par la Conférence internationale sur la Santé, New York, 19 juin -22 juillet

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Olivier J et Gutzwiller F. (1996), donnent une définition de la santé autre que celle de l'OMS. Les deux auteurs définissent la santé comme un processus dynamique caractérisé par un équilibre instable dans lequel l'individu tente de composer avec son environnement, en vue d'optimiser son bien-être. Les auteurs évoquent par la suite que l'état de santé est déterminé par quatre dimensions que sont : la dimension génétique et biologique, l'environnement naturel et social, le style de vie et le comportement en matière de santé. L'état de santé est le niveau d'autonomie avec lequel l'individu adapte son état interne aux conditions de l'environnement tout en s'engagent dans le changement de ces conditions pour rendre son adaptation plus agréable ou plus effective affirme les mêmes auteurs

Pour Berthet (1983), la santé suppose l'existence d'une force potentielle de réserve permettant à l'organisme de résister aux assauts qui, tant au point de vue physique que psychique, émaillent le cours de l'existence. Cette force potentielle de réserve est en partie due à notre héritage génétique, en partie acquise par l'application des règles les plus élémentaires de la vie saine qui permettent que tous les sujets infectés par un virus ou un microbe ne meurent pas, et que tous ceux qui ont à faire face à de graves troubles émotifs ne deviennent pas des névrosés.

Dufresne et al (1985) affirme que la santé est l'état d'une personne dont l'organisme fonctionne régulièrement, ou encore que cet état de l'organisme, bon ou mauvais, ou enfin, l'état sanitaire d'une collectivité.

La santé est une notion diversement perçue, mais on retient que la santé est également vue non seulement comme un état individuel relié à l'absence ou non de maladie, mais comme un équilibre dynamique, tant individuel que collectif, qui dépend d'un grand nombre de facteurs dont l'environnement.

1946 ; signé le 22 juillet 1946 par les représentants de 61 États. (Actes officiels de l'Organisation mondiale de la Santé, n°. 2, p. 100) et entré en vigueur le 7 avril 1948. La définition n'a pas été modifiée depuis 1946.

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2.2- Approche de la géographie de la santé

La géographie de la santé est l'une des spécialités de la géographie humaine. Cependant, hors des universités, la géographie de la santé reste méconnue et se voit fréquemment assimilée à l'épidémiologie descriptive (analyse spatiale des maladies). Il est donc important de présenter ici ce qu'est la géographie de la santé.

Fleuret S. et Thouez J-P. (2007), montrent que la géographie de la santé a considérablement évolué depuis deux décennies sous l'influence de nombreux travaux de recherche dans les domaines de l'épidémiologie, des sciences de l'environnement, des sciences sociales, de la santé publique ou du management des services pour ne citer que quelques exemples. D'une géographie médicale un peu étriquée, la sous-discipline a évolué vers une géographie de la santé riche et complexe.

Pour Haggett P (1973), la géographie est une discipline jeune en santé publique qui permet d'évaluer l'état sanitaire d'une population sur un territoire à l'aide de la dimension géographique et d'entreprendre sa modélisation. Son principal objectif est l'étude descriptive, explicative et spatiale de l'état de santé des populations sur un territoire (et donc des populations qui l'occupent) par l'étude conjointe des facteurs de risques pour la santé, endogènes (physique, biologique, génétique, psychique...) et exogènes (environnemental, social, économique, culturel...), et de leurs évolutions dans le temps et l'espace.

Picheral H (2001), la géographie de la santé est : « L'analyse spatiale des disparités des niveaux de santé des populations et des facteurs environnementaux physiques, biologiques, sociaux, économiques et culturel qui concourent à expliquer ces inégalités ».

Pour Salem G (1998), les géographes s'intéressent à la santé parce qu'elle est un observatoire sur le monde : la diffusion des pathologies et leurs impacts sur la mortalité sont fonction de l'accès à une offre de soins performants, mais aussi, de modes de vie, de gestion du territoire, de niveau d'éducation, etc. Sous cet angle, que ce soit à l'échelle planétaire ou micro locale d'un quartier ou d'une commune, que ce soit pour les pays développés, émergents ou en situation de crise humanitaire, la santé s'avère être à la fois une cause et une conséquence du développement. Les auteurs invitent ainsi à reconsidérer le coût de la santé comme un investissement durable.

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Llugany J. (2004), présente une autre définition de la géographie de la santé. Pour lui, la géographie de la santé se veut avant tout un outil pour tout pratiquant de la santé : du politique qui décide de l'évolution de son système et de ses priorités, de l'administrateur et du gestionnaire qui s'en occupent au quotidien et du professionnel qui la pratique, afin qu'ils considèrent ses aspects sociaux. Science moderne car toujours en phase avec les problèmes qui se présente à elle, la géographie de la santé a affiné ses concepts et ses outils pour en créer de nouveaux : l'originalité de sa démarche lui permet de savoir présenter les problèmes et de proposer des solutions. Elle fait prendre conscience des imperfections du système où malgré le remboursement intégral des soins de nombreuses catégories socioprofessionnelles ne profitent pas des soins, de qualité. Enfin, elle milite pour la mise en oeuvre d'une politique de planification des soins visionnaire et équitable.

Pour Vigneron E. (1995), la géographie de la santé est souvent mal perçue tant du côté des géographes que des épidémiologistes3. Le développement récent de la Santé Publique lui donne une occasion d'affirmer sa place et son rôle de science géographique. Pour y parvenir, la discipline doit d'une part se définir par rapport à l'épidémiologie et d'autre part, ce qui est un autre aspect de la même réflexion, approfondir ses caractères géographiques et scientifiques.

3 - Les impacts de la dégradation de l'environnement sur la santé des populations

Santé et environnement sont aujourd'hui au coeur de nombreuses préoccupations économiques, sociales, médicales, psychologiques, tant scientifiques que pratiques. En raison des profonds bouleversements provoqués par les mutations technologiques sur l'environnement naturel et humain, une attention croissante est portée à l'importance et au rôle des risques environnementaux sur la santé humaine.

Gilles (1992), ne cache pas son inquiétude quant à la relation environnement - déchets. Il affirme que les problèmes environnementaux sont aujourd'hui en première place des préoccupations mondiales. Il évoque le problème de santé des populations qui est fortement lié à la dégradation de l'environnement.

Un groupe d'experts de la Banque Mondiale (2006) déclare que le travail de collecte des déchets expose les personnes concernées à un risque sanitaire. En général, les maladies telles que la

3 Spécialiste de l'étude, de la prévention et de l'éradication des épidémies.

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tuberculose, la bronchite, la dysenterie, la parasitose intestinale, la diarrhée, les maladies parasitaires, les troubles visuels, les maux de tête et les troubles gastriques sont liées aux déchets.

Picheral H. (1995) affirme que les relations entre le lieu, l'espace et la santé demeurent ambigus du fait de conceptions disciplinaires différentes. D'abord du fait d'une confusion fréquente entre géographie et cartographie, et d'une définition encore mal cernée de l'environnement. La mesure de l'état de santé se fait par ailleurs le plus souvent à partir de données biomédicales et selon des méthodes biostatistiques. L'espace et le lieu sont alors compris comme de simples supports, indifférenciés, stables et immuables, sans référence à leur organisation et leur usage. On maintient enfin une frontière artificielle entre géographie des maladies et géographie du système de soins. Dès lors, les géographes doivent rester géographes et intégrer les faits de santé dans leur analyse de l'espace à plusieurs échelles.

Cairncross S. et al (2004), les facteurs liés à l'environnement sont la cause de 21 % des maladies dans le monde, et cette proportion est encore plus grande dans les pays en développement. D'après ces auteurs, 1,7 million de jeunes enfants meurent chaque année de diarrhées dues à une alimentation en eau non potable, à un assainissement et à une hygiène inadéquate. 1,4 million des décès d'enfants liés des infections respiratoires sont attribuables à la pollution de l'air atmosphérique.

Fischer G-N. et Dodeler V. (2009) étudient les risques environnementaux dans la perspective de la psychologie de la santé. Cette étude permet d'appréhender la nature des interactions santé-environnement en établissant des liens entre indicateurs de risques environnementaux et réponse sociale. Ils montrent en particulier que l'impact de l'environnement sur la santé comporte des enjeux spécifiques non seulement en raison des caractéristiques biologiques, mais aussi des comportements de santé liés à l'environnement

Le cabinet de la Ministre de la Santé de la Communauté française de Belgique, (2006) fréquemment interpellé sur des problèmes de santé environnementale relève que de nombreuses activités humaines, qu'elles soient industrielles, chimiques, agricoles, voire domestiques, sont responsables de dégradations de l'environnement (réchauffement de la planète, changements climatiques et perturbations des écosystèmes, diminution de la couche d'ozone, pollution des sols et des eaux mais également de l'air, etc.). Ces « menaces environnementales » constituent

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un risque majeur pour la santé de l'homme (apparition et/ou recrudescence de pathologies diverses : maladies cancéreuses, maladies infectieuses, malformations congénitales, pathologies cardiovasculaires et respiratoires, diminution de la qualité de vie et du bien-être, etc.).

Bertrand et al (2005), pointent la nécessité de distinguer « effets à court terme (quelques jours) et les effets à long terme (quelques dizaines d'années) des variations de la qualité de notre environnement sur notre santé ». Cette confusion est due au peu d'études qui estiment correctement les effets à long terme. Les effets à court terme sont par contre bien identifiés et probablement les auteurs des études citées ont tendance à extrapoler abusivement les effets à long terme.

Salem G. (1998), évoque la multiplicité des villes avec toujours le problème des impacts sanitaires, ainsi que l'émergence de pathologies nouvelles. La santé apparaît ainsi comme un puissant révélateur des inégalités interurbaines et des dynamiques sociales en cours.

Conclusion de la revue de la littérature

La littérature explique diversement les notions suivantes : dégradation, environnement et santé qui constituent les phénomènes abordés dans notre étude. Les différents documents consultés présentent l'état de l'environnement et relèvent un lien significatif entre l'état de santé des populations et l'environnement qui, aujourd'hui est de plus en plus dégradé

Certains auteurs abordent la question sous un angle en relevant les liens qui expliquent la question de la dégradation de l'environnement dans les villes surtout en Afrique, mais aussi, des stratégies qui pourraient faciliter une meilleure prise en compte des questions de l'environnement. Par ailleurs, les paramètres justifiant les raisons de la dégradation, bien qu'évoqués dans la littérature ne permettent pas de voir de façon concrète la corrélation de la dégradation de l'environnement et l'état de santé des populations. Cependant, les questions mathématiques théoriques et les tests statistiques sont aussi présents dans les écrits et représentent une justification non négligeable de ces travaux.

Notre revue critique de la littérature a donc, consisté à confronter les assertions des auteurs et à relever quelques insuffisances, parfois liées à la méconnaissance des maladies qui prolifèrent dans l'environnement "dit dégradé". Aussi, relevons que la revue de la littérature ne

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nous a pas permis de déterminer avec précision et surtout avec des tests statistiques la relation de causalité entre une pathologie et des facteurs d'environnement. À ce niveau, elle soulève beaucoup d'incertitude et parfois des contradictions laissant le champ ouvert à des polémiques dont les fondements scientifiques sont parfois peu explicités. Aussi, devrions-nous souligner que très peu de tests statistiques sont utilisés pour établir le lien significatif entre la dégradation de l'environnement et la santé des populations. Ces études posent donc les problèmes quant à la méthodologie d'analyse ainsi qu'au niveau de l'interprétation des résultats, très souvent basées sur les perceptions des populations et les données sanitaires. Certes, il existe plusieurs études qui traitent du lien dégradation de l'environnement et santé, mais celles qui utilisent les tests statistiques pour établir les corrélations dégradation et santé sont peu abondantes.

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PROBLÉMATIQUE

La dégradation de l'environnement fait aujourd'hui l'objet d'une attention particulière car elle constitue un problème majeur auquel de nombreux pays font face. Dans plusieurs pays africains notamment en Côte d'Ivoire, l'urbanisation mal maîtrisé constitue l'une des principales causes de la forte dégradation de l'environnement. Selon l'OMS (1994), avec la croissance non planifiée des villes africaines, la maîtrise de la qualité de l'environnement devient un enjeu important de santé publique. L'environnement subit en effet, de nombreux dommages dans nos sociétés. La présence permanente des déchets laissés sur place, l'insalubrité du cadre de vie, le déversement des eaux usées et le rejet des polluants dans les plans d'eau, la stagnation des eaux usées dans les rues, les productions industrielles participent continuellement à la dégradation de l'environnement. De cette relation environnement et population, perturbée par les causes multifactorielles, il existe un problème important qui est celui des effets sur la santé des populations. Selon le rapport de l'OMS (2006), intitulé : « Prévenir les maladies par des environnements salubres vers une évaluation de la charge des maladies environnementales », les facteurs liés à l'environnement sont la cause de 24 % des maladies dans le monde. Le rapport estime en outre que plus de 13 millions de décès sont dus annuellement à des causes environnementales évitables. Il souligne enfin surtout que dans les pays les moins développés, près du tiers des décès et des maladies qui surviennent sont provoquées par l'environnement, soit plus de 40% des décès des suites du paludisme et environ 94% des décès provoqués par des maladies diarrhéiques.

En outre, Cairncross S. et al (2004) a montré que la plupart des problèmes de santé liés à l'environnement urbain sont dus à une action de l'homme et peuvent donc être évités. Par ailleurs, la ville d'Aboisso, à l'image des villes de la Côte d'Ivoire fait face à une insuffisance de gestion dans l'assainissement, la gestion des déchets ménagers, le drainage des eaux pluviales (Service Technique Mairie d'Aboisso, 2016). En effet, avec le processus d'urbanisation la ville d'Aboisso a connu une croissance démographique importante avec une population qui est passée de 222 053 habitants en 1998 à 514 863 habitants en 2014 (INS,1998 ; 2014).

Cette croissance urbaine a provoqué une défaillance dans le service de gestion notamment au niveau du cadre de vie urbain.

On relève des problèmes liés à la gestion des déchets solides et liquides, d'éradication des vecteurs de maladies (rats, moustiques) et surtout des problèmes de canalisation. Tout

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comme la gestion, la politique de la promotion de l'hygiène bien que menée par les autorités demeure insuffisante. Pourtant, l'OMS ne cesse de rappeler que la mauvaise qualité de l'environnement est favorable à l'apparition et au développement des problèmes de santé. Depuis 1972, année où s'est tenue la Conférence des Nations Unies sur l'environnement à Stockholm (Suède), la relation étroite entre environnement et santé a pris de l'importance. Des représentants de 113 pays et d'autres acteurs pour examiner les questions d'intérêt commun se sont retrouvés à cette conférence. Cette étape marque la prise de conscience des questions de l'environnement. À l'issue des travaux plusieurs points d'accord ont été trouvés, notamment : la nécessité de poursuivre et d'élargir la discussion sur l'environnement en raison de la complexité de cette question, le droit des hommes à vivre dans un environnement sain ; un droit qui constitue également un devoir.

Au cours des trente (30) années qui se sont écoulées, l'environnement s'est progressivement imposé à l'ordre du jour de différentes instances, depuis le niveau international jusqu'au niveau local. Aussi, le sommet de la Terre de Rio en 1992 ; où la protection de l'environnement est alors apparue comme une étape incontournable des politiques de santé publique mondiales. Selon l'Organisation Mondiale de la Santé dans le 1er article de la constitution de 1946, « La santé est un état de complet bien-être physique, mental et social et pas seulement l'absence de maladie ou d'infirmité ». Elle prend en compte les aspects environnementaux, sociaux, psychiques et physiques et s'articule autour de la promotion, de l'éducation et de la prévention. Nous pouvons dès à présent constater que l'environnement est une dimension intégrante et importante de la santé. Ainsi, pour l'OMS (1992) "la santé humaine dépend essentiellement de la capacité de la société à gérer l'interaction entre les activités humaines et leur environnement". Le rapport sur la situation sanitaire du MSLS (2011) indique bien que la dégradation de l'environnement et les conditions d'hygiène déplorables dans nos villes constituent des facteurs favorisant le développement de gîtes larvaires, condition pour la survie du vecteur (la femelle du moustique du genre Anophèle). Le rapport relève par la suite que les incidences du paludisme dans la population générale les plus élevées se retrouvent dans les régions du Sud-Comoé, de Lagune 2, du Fromager et des Lacs. Il faut dire que durant les dix dernières années qui ont suivi cette conférence, la plupart des États africains, et singulièrement la Côte d'Ivoire, ont considérablement renforcé leur politique en faveur de la protection de l'environnement et de la gestion des ressources naturelles. En Côte d'Ivoire, l'évolution de la politique environnementale est caractérisée non seulement par des actions de préservation de l'environnement mais aussi et surtout par le renforcement du système juridique en adoptant une série de textes réglementaires et en mettant en place des institutions spécialisées en matière de

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protection de l'environnement. Ceci s'est traduit par diverses initiatives de lutte contre la détérioration de l'environnement entreprises par les autorités compétentes et qui ont favorisé entre autres la création de nombreuses ONG nationales de protection de l'environnement grâce aux campagnes de sensibilisation de la population sur le phénomène. Le gouvernement a décidé de mettre en place un plan cohérent d'actions en élaborant, en 1994, le Plan National d'Action pour l'Environnement (PNAE) dont la spécificité réside dans l'approche régionale des problèmes environnementaux. Le problème que soulève l'étude est que, malgré toutes les mesures et décisions prises, les actions menées pour préserver l'environnement, l'état de santé des populations continue toujours d'être affecté par la dégradation de l'environnement.

Ainsi, la question fondamentale de notre étude est : Pourquoi la dégradation de l'environnement affecte continuellement la santé des populations d'Aboisso malgré les efforts des autorités pour un meilleur cadre de vie ?

De cette question découlent les questions suivantes :

Comment se manifeste la dégradation de l'environnement à Aboisso ? et quelles en sont les causes ?

Quels sont les risques pour la santé liés à la dégradation de l'environnement à Aboisso ?

Quel est le lien entre la dégradation de l'environnement et la santé des populations ?

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OBJECTIFS DE L'ÉTUDE

Pour donner des réponses aux différentes préoccupations élaborées dans la problématique, des objectifs ont été dégagés.

OBJECTIF GENERAL

Cette étude vise à monter le lien étroit entre la dégradation de l'environnement et l'état de santé des populations.

OBJECTIFS SPÉCIFIQUES

- Expliquer la manifestation de la dégradation de l'environnement à Aboisso

- Identifier les risques sanitaires liés à la dégradation de l'environnement à Aboisso

- Montrer que la propagation des agents pathogènes du fait de la dégradation de l'environnement est liée au mauvais état de santé des populations à Aboisso.

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APPROCHE MÉTHODOLOGIQUE

La méthode hypothético-déductive est l'approche retenue pour conduire l'étude. En effet, le raisonnement scientifique de type hypothético-déductif prend naissance avec une question (ou un problème) se traduisant par une hypothèse soutenant provisoirement une théorie qu'il s'agira de tester en confrontant cette dernière aux « faits ». Le terme hypothético-déductif qualifie également une démarche qui s'appuie « sur des propositions hypothétiques pour en déduire des conséquences logiques »

Cette démarche nous permet de construire progressivement des théories générales et des modèles explicatifs que la communauté scientifique a pour mission de chercher à conforter ou à réfuter en la mettant à l'épreuve des tests empiriques.

Le raisonnement hypothético-déductif est la capacité de déduire des conclusions à partir de pures hypothèses et pas seulement d'une observation réelle. C'est un processus de réflexion qui tente de dégager une explication causale d'un phénomène quelconque. On a procédé donc par la formulation d'hypothèses et par la suite on a essayé de confirmer ou infirmer les différentes hypothèses émises.

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LA FORMULATION DES HYPOTHÈSES

Afin d'éclairer la question de la recherche, nous avons retenu des hypothèses dont la principale est : la dégradation accrue de l'environnement explique le mauvais état de santé et la propagation des maladies à Aboisso.

De cette hypothèse centrale découlent les hypothèses secondaires suivantes :

· Hypothèse 1 : La ville d'Aboisso est dégradée, parce que l'évolution de la population ne s'accompagne pas d'une gestion appropriée de l'environnement.

· Hypothèse 2 : Les risques de santé liés à l'environnement physique et les mauvaises conditions d'hygiène expliquent la détérioration de l'état de santé des populations à Aboisso

· Hypothèse 3 : Le mauvais état de santé des populations dans la ville d'Aboisso est lié à la propagation des agents pathogènes du fait de la dégradation de l'environnement

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3 - APPROCHE THÉORIQUE

3-1. Démarche de la géographie de la santé en milieu urbain

SALEM G. (1998), à travers une étude sur la ville de Pikine (Sénégal) a présenté la démarche géographique permettant d'éclairer les phénomènes de santé en milieu urbain.

Tableau 2 : Démarche géographique de la géographie de la santé en milieu urbain

DÉMARCHE

CONCEPTS

MÉTHODOLOGIE

DÉMARCHE GÉOGRAPHIQUE

SCIENCE SOCIALE DE L'ESPACE

L'espace support/produit/Enjeu des rapports sociaux

DÉFINITION DE L'ESPACE GÉOGRAPHIQUE

L'ESPACE SYSTÈME SOCIAL

(Échelles, frontières, pôle gestion de l'espace et contrôle

gradient, attraction etc.) territorial

INDICATEURS/MARQUEURS DE L'ESPACE

DÉMARCHE DE LA GÉOGRAPHIE DE LA SANTE

GÉOGRAPHIE DE LA SANTE

DÉFINITION DES FAITS DE SANTE ET DE SYSTÈME DE SANTE

L'ESPACE SOCIÉTÉ/TERRITOIRE

(Échelles, etc.) Gestion de l'espace

Considérée du point et contrôle territorial du point de

de vue sanitaire vue de la santé notamment du

Système de soins

INDICATEURS/MARQUEURS DE L'ESPACE

ÉTAT DES LIEUX

DÉFINITION DE L'ESPACE SANITAIRE dont la
géographie des maladies et la géographie du système de soins, etc.

PROFIL SANITAIRE DES POPULATIONS ET ESPACES DÉTERMINANTS DES ÉTATS DE SANTE

L'ESPACE SOCIÉTÉ / TERRITOIRE

Comme distribution gestion de l'espace et contrôle

Spatiale de risque : territorial du point de vue de la

Population et/ou zone santé, notamment le système de

à risque de soins

ÉTAT DE SANTE

Indicateurs synthétiques : mortalité, état nutritionnel, etc....
Indicateurs de morbidité réelle

Indicateur de morbidité diagnostiquée

Indicateur de desserte et de couverture sanitaires
Indicateur de mode de vie en relation avec la santé, etc...

APPLICATION DE LA GÉOGRAPHIE DE LA SANTE A LA SANTE PUBLIQUE

DIAGNOSTIC DE SITUATION SANITAIRES AIDE À LA DÉCISION

PLANIFICATION SANITAIRE ALLOCATION DE RESSOURCES

Source : SALEM G, 1998

SALEM G, nous montre à partir de ce schéma ci-dessus, que la démarche de la géographie de la santé consiste à caractériser une société afin de mener l'étude géographique des faits de santé. Ainsi, notre espace d'étude sera étudié à diverses échelles avec des indicateurs qui permettent d'établir la relation société et santé. En nous appuyant sur la démarche de la

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Géographie de la santé, il est question pour nous de mettre en relation les éléments de l'espace qui constituent les facteurs explicatifs du niveau de dégradation de l'environnement de la ville d'Aboisso face aux risques pathogènes.

3-2. Utilisation de théories pour conduire l'étude

Une théorie est un ensemble de propositions assurant la description ou l'explication d'un ensemble de faits. C'est également un outil scientifique dynamique qui guide l'observation et se modifie pour s'accommoder aux faits nouveaux.

- La théorie des systèmes

La théorie des systèmes est un principe selon lequel tout est système, ou tout peut être conceptualisé selon une logique de système. On parle aujourd'hui plutôt de Théorie systémique. Ce principe est formalisé en 1968 par Ludwig Von Bertalanffy dans « General System Theory », mais les bases sont multiples, la principale étant certainement le mouvement cybernétique. Ces théories ont permis le développement du concept de systémique.

Un système est d'après par Le Gallou (1992) : « Un ensemble, formant une unité cohérente et autonome, d'objets réels ou conceptuels (éléments matériels, individus, actions, etc.) organisés en fonction d'un but (ou d'un ensemble de buts, objectifs, finalités, projets, etc.) au moyen d'un jeu de relations (interrelations mutuelles, interactions dynamiques, etc.), le tout immergé dans un environnement ».

Avec la pluralité de définition de la théorie des systèmes, nous avons retenu celle qui suit dans le cadre de notre étude ;

- Von Bertalanffy :

o Un ensemble de parties. Un ensemble d'unités en interrelations mutuelles ;

o Un système ouvert avec des flux d'information, de matière, d'énergie, des vannes, des boucles de rétroaction.

- De Rosnay :

o Un système est un ensemble d'éléments constituant une entité, une unité globale avec une limite.

o Un système est un ensemble d'éléments en interaction dynamique organisés en fonction d'un but

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Le constat de la dégradation continuelle de l'environnement est de plus en plus relevé par de nombreuses études scientifiques. Le besoin d'intégrer les interactions dans diverses recherches et de présenter clairement le système est devenu une évidence. Ce concept de système guide notre étude car il aide à observer la réalité et l'ensemble des éléments dynamiques reliés entre eux. Aussi, il favorise une approche qui nous conduit à la découverte des relations que notre étude cherche à comprendre. L'approche systémique, c'est donc l'application du concept de système à la définition et à la résolution des problèmes. Cette approche nous fournit une stratégie qui permet d'apprécier et surtout énumérer des critères qui permettent de procéder à la vérification des hypothèses. Par ailleurs, ce système permet d'identifier les mécanismes du système de l'environnement et ceux des autres systèmes avec lesquels il interagit.

ü L'apport systémique dans l'étude

Actuellement, la santé intégrative ne fournit pas de modèle général expliquant le passage d'un état de santé à un état de maladie, puis à un état de guérison. Elle constate la complexité des mécanismes multifactoriels et agit par pragmatisme en s'appuyant sur l'expérience. À la différence des études basées uniquement sur de la description, ou des analyses et explications, l'apport de la théorie des systèmes s'attèle à identifier les sous-systèmes (sous- ensembles) qui jouent un rôle dans le fonctionnement du système. Cela suppose de définir clairement les limites de ces sous-systèmes (pour faire ensuite apparaître les relations qu'ils entretiennent entre eux ainsi que leurs finalités par rapport à l'ensemble). Comme l'étude vise à établir la corrélation, la théorie des systèmes aidera à mieux la mettre en pratique,

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Cadre conceptuel

DEGRADATION DE
L'ENVIRONNEMENT

RISQUES SANITAIRES

PROBLEMES DE SANTE

Milieu social

REEACTIONS HUMAINES

Milieu physique

Milieu biologique

Figure 1: Cadre conceptuel

Source : Evans et Stoddart, 1990 / Adapté par NIAMKÉ G M. (2016)

Le modèle multifactoriel systémique représenté ci-dessus pour conduire l'étude est constitué d'un ensemble d'éléments en interrelation qui constituent le système environnement. L'environnement subit constamment des dommages de toutes sortes qui donc traduisent la dégradation de celui-ci. Ce schéma nous aide à observer la réalité en le considérant comme étant formée d'ensembles dynamiques inter-reliés. Cette approche permet de placer l'homme au coeur d'un système environnement où sa santé ne cesse de se fragiliser à cause de toutes ses perturbations environnementales. Le modèle met en relation le sous-système milieu avec les composants : milieu social, milieu physique et milieu biologique, le sous-système état de santé et sous-système maladie. En ce qui concerne la santé, le modèle des facteurs déterminants de la santé est une approche qui explore tous les déterminants qui fragilisent l'état de santé des populations. Il ressort du modèle que la question de la dégradation de l'environnement induit des risques sanitaires. Ce modèle permet donc d'établir les interrelations

entre le sous-système dégradation et les maladies développées par les populations à Aboisso. La figure à la page suivante, est celle de la localisation de la ville d'Aboisso.

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Figure 2: Localisation de la ville d'Aboisso

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ÉCHELLES D'ANALYSE ET UNITÉS D'OBSERVATION

- Échelle d'analyse

Deux échelles d'analyse pour conduire notre étude : la première échelle concerne celle de

la ville et la deuxième s'observe au niveau des quartiers ;

- Au niveau de la ville

La ville d'Aboisso, présente plusieurs facettes qui subissent la dégradation de l'environnement. Elle abrite des sites qui sont les lieux de regroupement des déchets, que l'on observe à l'intérieur des quartiers. Aussi, la ville présente des espaces insalubres qui sont les manifestations de la dégradation de l'environnement.

- Au niveau des quartiers : une échelle des facteurs de dégradation et d'appréciation de l'état de santé

Le quartier constitue une échelle pour mieux apprécier le niveau de dégradation de l'environnement et surtout connaître l'état de santé des populations. À l'échelle du quartier, l'on peut mieux apprécier les rapports entre la survenue des maladies et l'état de l'environnement. On peut également identifier les pratiques des populations sur l'environnement qui parfois constituent des risques sanitaires. Les déterminants de santé qui constituent un fait important pour la santé seront observés à l'échelle du quartier.

- Les unités d'observation

Diverses entités spatiales nous ont permis d'observer les variables qui ont servi pour l'étude. Les sites de déversements des eaux usées, les espaces d'entreposage des déchets, les types d'activités, le type d'habitat sont des indicateurs permettant d'apprécier l'état de l'environnement. Aussi, la quantité des déchets, la nature des déchets, l'insuffisance de système de drainage ont permis de relever les faits liés aux problèmes environnementaux. Il a également des indicateurs telles que le taux de consultation dans les centres de santé, le nombre de cas maladies, la proportion des pathologies pour comprendre l'état de santé des populations.

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LES VARIABLES D'ANALYSE

ü Explication de choix des variables

Pour l'étude, les variables ont été retenues selon les hypothèses que nous avons formulées caractérisant, l'évolution de la population, le niveau de gestion de l'environnement, l'état de l'environnement, le risque sanitaire et l'état de santé des populations permettent une explication du rapport environnement et santé et aussi elles contribuent à vérifier les hypothèses en vue d'atteindre les objectifs.

Les variables pour la vérification de l'hypothèse 1.

Rappel de l'hypothèse 1 « La ville d'Aboisso est dégradée, parce que l'évolution de la population ne s'accompagne pas de gestion appropriée de l'environnement »

Tableau 3 : Tableaux des variables

Variables relatives à

Indicateurs

L'état de l'environnement :
Ces variables permettent d'apprécier l'état de
l'environnement et d'effectuer la hiérarchisation
du niveau de dégradation de l'environnement
selon les différents sites dans la ville

Les sites de déversements des déchets

Le cadre de vie des populations

Le type d'habitat

Les pratiques environnementales des populations

La gestion de l'environnement :

Ces variables permettent d'apprécier la gestion
de l'environnement dans la ville d'Aboisso

Dépôts sauvages

Fréquence de collecte des déchets Élimination des déchets solides et liquides Types de matériels pour la gestion de l'environnement Les voies de communications

Source : Niamké G M. 2016

Plusieurs études s'intéressant à l'environnement ont mis en évidence les liens entre la santé et la qualité de l'environnement. Les variables qui très souvent ont été utilisées pour caractériser la qualité de l'environnement sont l'accès à l'eau potable, l'assainissement, l'hygiène et la salubrité du logement et le quartier. Il ressort des conclusions de la plupart des études que la maîtrise de la qualité de l'environnement est désormais un enjeu majeur de santé publique (OMS, 1994). En effet, l'insalubrité, la promiscuité, l'hygiène défectueuse, le manque d'accès à une eau potable, la mauvaise élimination des déchets solides et liquides créent des conditions propices au développement de germes pathogènes responsables de nombreuses maladies (Briscoe et al. 1987).

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Les variables pour la vérification de l'hypothèse 2.

Rappel de l'hypothèse 2 « Les risques pour la santé liés à l'environnement physique et également crée par les mauvaises conditions d'hygiène expliquent la détérioration de l'état de santé des populations à Aboisso l'état de santé des populations »

Variables liées à

Indicateurs

 

Insuffisance de système de drainage

Aux risques sanitaires :

La quantité des déchets

Les variables relatives au risque

La nature des déchets

sanitaire permettent de rechercher les

Insalubrité des habitats

facteurs de risque associés à la

Multiplicité des zones insalubres

dégradation de la santé des populations.

Techniques de gestion des déchets et eaux usées

 

Utilisation des pesticides

 

Déchets déversés dans le fleuve Bia

 

La dégradation des infrastructures sanitaires

Condition d'hygiène :

Le conditionnement de l'eau

Les variables permettent d'apprécier les

Les pratiques hygiéniques

pratiques des populations

La conservation des aliments

Source : Niamké G M., 2016

Les risques sanitaires associés à la dégradation de la qualité de l'environnement traduisent le lien entre l'environnement et la santé. Aussi, ces variables guident la recherche sur la détermination de la distribution spatiale des risques sanitaires observés dans la ville d'Aboisso.

Les variables pour la vérification de l'hypothèse 3.

Rappel de l'hypothèse 3 « Le mauvais état de santé des populations dans la ville d'Aboisso est lié à la propagation des agents pathogènes du fait de la dégradation de l'environnement »

Variables liées à

Indicateurs

 

Les proportions des pathologies

L'état de santé des populations :

Le niveau d'instruction

Les variables permettent d'apprécier

La propagation des maladies

l'état de santé des populations

Système sanitaire

 

Les décès liés aux problèmes environnementaux

 

Taux de consultation dans les centres de santé

 

La typologie des maladies déclarées

Source : Niamké G M. 2016

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1- Les techniques de collecte des informations

Pour l'étude, nous avons utilisé plusieurs méthodes pour la collecte des informations, notamment des méthodes en sciences sociales et épidémiologiques. C'est par la recherche documentaire que nous avons débuté la collecte des informations. Elle s'est organisée dans les bibliothèques et nous avons donc visité les bibliothèques de l'Institut de Géographie Tropicale (IGT), de l'Institut de Recherche et de Développement (IRD), du Centre de Recherche et d'Action pour la Paix (CERAP), la bibliothèque du Ministère de l'Environnement et du Développement, de l'UFR des Sciences médicales de l'Université de Cocody, la bibliothèque du centre suisse et de recherche. Dans la continuité de la recherche des informations, nous avons associé l'approche de l'enquête de terrain. Au total, cinq techniques de collecte des informations ont été utilisées pour l'étude.

- L'analyse documentaire ;

- L'observation directe ;

- L'enquête ;

- L'interview ;

- Les sources audiovisuelles

1-1- L'analyse documentaire

L'analyse documentaire a permis de consulter un certain nombre d'ouvrages généraux et spécifiques en rapport avec notre sujet d'étude. Aussi, ont été exploités des documents cartographiques et statistiques, les mémoires, les rapports d'étude et les travaux de recherche (thèses, articles).

De toute l'analyse faite, certaines documentations restent en mémoire du fait qu'elles ont particulièrement guidé la compréhension et la réalisation de l'étude.

Les ouvrages généraux et spécifiques consultés ont servi non seulement à l'élaboration de l'approche méthodologique, mais aussi ont donné des indicateurs sur le niveau de dégradation de l'environnement et les maladies qui surviennent de cet état de fait.

En ce qui concerne les documents statistiques, les travaux ont été effectués avec les données statistiques recueillies auprès des différentes structures impliquées dans la gestion de l'environnement et les services de santé.

Ces données ont été utiles dans la détermination de la taille des échantillons pour la distribution des questionnaires.

50

1-2- L'observation directe

L'observation directe a reposé sur une présence durable dans la ville d'Aboisso et s'est faite au cours de plusieurs visites sur le terrain. Ces visites ont permis de prendre contact avec les populations, favoriser un dialogue permanent et surtout d'observer l'état de l'environnement de la ville. Elle a permis d'identifier les différents niveaux de dégradation de l'environnement, ainsi que les activités économiques exercées, les infrastructures et équipements sanitaires, aussi les pratiques environnementales des populations. L'exploitation des données d'observation s'est fait parallèlement au déroulement d'entretiens semi-directifs. Elle permet d'enrichir l'analyse des éléments recueillis par interviews et entretiens, en confrontant discours et pratiques. L'observation directe permet de décrire avec plus d'objectivité l'état de la situation du phénomène étudié.

1-3- L'enquête par questionnaire

Cette méthode a été utilisée afin d'obtenir l'information recherchée auprès des populations. Le questionnaire élaboré est une suite de questions destinées à faciliter le recueil de témoignages. À l'aide de l'outil questionnaire semi-ouvert écrit qui offrait plusieurs possibilités de réponses, nous avons recueilli des informations auprès des populations.

Les questions portent sur des faits de santé, les caractéristiques socio-économiques du ménage, les pratiques environnementales, des opinions, des croyances, ou encore des connaissances liées à l'environnement et la santé, les différentes maladies développées et leur fréquence de survenance, le lieu d'habitation, les solutions envisagées pour améliorer le cadre de vie. Cette enquête a pris en compte les ménages exposés et non-exposés que nous avons comparé à la proportion de malades observés entre un groupe de sujets exposés à un facteur de risque et un groupe de sujets non exposés à un facteur de risque. L'enquête par questionnaire vise à tracer un portrait des perceptions relatives à la dégradation de l'environnement et l'état de santé des populations de la ville d'Aboisso. L'enquête qui s'est déroulée de mars à juin, couplé de visites d'observation a visé donc à collecter des informations qui ont servi à établir des liens et faire des comparaisons dans le temps. Elle a permis également de décrire l'état de santé de la population et repérer les inégalités de santé entre les différents quartiers de la ville.

51

1-4- L'interview

Cette phase de la recherche a conduit à élaborer un guide d'entretien. Les conversations ont été engagées avec les autorités administratives, les autorités du district sanitaire, les services en charge de l'environnement, et des ONG.

Au niveau des autorités administratives, les informations recueillies ont porté sur :

- les acteurs de la gestion de l'environnement ;

- le budget de la gestion des déchets ;

- le personnel de la mairie affecté à l'assainissement de la commune ;

- les actions concrètes menées par la mairie et le conseil général pour assainir le

cadre de vie des populations ;

- les problèmes vécus quotidiennement en rapport avec l'environnement et les

solutions envisagées pour y faire face ;

- la relation administration et la population dans la gestion de l'environnement.

Au niveau des ONG et structures qui militent pour un environnement sain

Les actions menées par les différentes communautés et structures qu'ils gèrent.

- leurs opinions sur l'état de l'environnement de la commune ;

- les risques sanitaires et leur souhait pour une amélioration de la gestion de l'environnement.

Au niveau des autorités du district sanitaire, les informations recueillies ont porté sur ;

Au niveau de la description de l'état de santé, des informations sur les données sanitaires, sur les données sociodémographiques ont fait l'objet de d'échange.

2 - Méthode d'échantillonnage

L'enquête a été menée sur une population représentative avec des critères essentiels, pour ensuite procéder à une généralisation. Pour ce faire, nous avons retenu l'échantillonnage stratifié. Le principe consiste à découper la population en sous-ensemble appelés "strates". Le graphique suivant illustre le principe employé pour réaliser l'échantillonnage stratifié

Population d'étude

Échantillonnage

Sous-ensemble

Échantillon

Population d'étude

52

Figure 3: Schématisation de l'échantillonnage

Source : NIAMKE GM. Inspiré de Julie Vallée, 2008

V' L'échantillonnage stratifié

Le choix de l'échantillonnage stratifié, nous a conduit a divisé la population en groupes homogènes (appelés strates), en fonction des caractéristiques et critères arrêtés à l'avance qui sont mutuellement exclusifs, puis on sélectionne à partir de chaque strate des échantillons indépendants. Dans la présente étude, l'échantillonnage aléatoire simple a conduit la sélection de l'échantillon à l'intérieur de chaque strate.

V' Création des strates

L'échantillonnage stratifié nous assure d'obtenir une taille d'échantillon suffisante pour des sous-groupes de la population à laquelle nous nous intéressons. Étant donné que chaque strate devient une population indépendante.

V' Stratification préalable

L'enquête porte sur les ménages des différents quartiers retenus selon les critères : type d'habitat, sexe, âge, niveau d'instruction, état de l'environnement, niveau social. En ce qui

53

concerne l'état de l'environnement, cela permette de spatialiser les risques sanitaires, qui dans le sens défini par l'OMS (2002), est la probabilité qu'un individu contracte une maladie par voie directe ou indirecte. Les critères du sexe et de l'âge permettent de catégoriser la tranche d'âge et le sexe des populations les plus affectées. Le niveau social permet d'apprécier le comportement environnemental des populations.

Ainsi, s'appuyant sur ces traits, nous avons déterminé quatre strates auxquels nous avons associé des quartiers correspondant aux différents critères consignés dans le tableau.

Tableau 4 : Construction des strates

STRATES

CARACTÉRISTIQUES

1

Lotissement de type moderne, forte concentration d'activités, Zone d'exposition aux dépôts de déchets solides, des rejets liquides industriels et d'eaux usées.

2

Habitats résidentiels, constitués de villas économiques et de quelques immeubles, niveau de dégradation moyen.

3

Quartiers précaires dépourvus de systèmes d'assainissement adéquats avec un niveau d'insalubrité très élevé, suivie de plusieurs expositions aux dépôts de déchets et de rejet d'eaux usées.

4

Lotissement avec une forte concentration des populations, niveau de dégradation de l'environnement avancé, avec exposition aux dépôts de déchets, rejets d'eaux usées, espace entouré d'eau.

Source : : Niamké G M. 2016

Ø Le choix des ménages à enquêter

Plusieurs critères ont été retenus pour l'enquête ménage. En ce qui concerne l'enquête, dans le cadre de l'étude, nous retenons la définition du ménage comme un groupe de personnes qui partagent les mêmes repas, vivent ensemble sous un même toit, mettent en commun tout ou une partie de leurs ressources et reconnaissent l'autorité d'une personne appelée chef de ménage. Dans le ménage, il a été interrogé le chef du ménage ou une personne répondant au critère de l'âge, c'est-à-dire à partir de 18 ans.

Ainsi, le questionnaire conçu pour l'enquête sur les ménages s'est basée sur le critère d'âge, le type d'habitat, l'état de l'environnement et le niveau de dégradation selon nos observations et critères préalablement définis.

54

Le choix du critère du type d'habitat a été guidé afin de permettre d'observer le niveau d'insalubrité et de salubrité. Aussi, ce critère a permis d'observer le mode d'évacuation des déchets liquides et solides, et les sites des dépôts des déchets.

Concernant le niveau d'insalubrité, elle a permis de relever les risques sanitaires, qui dans le sens défini par l'OMS (2002), est la probabilité qu'un individu contracte une maladie par voie directe ou indirecte. À travers le niveau d'insalubrité les zones d'exposition potentielle selon la distance des lieux où se trouvent également des populations ont été observées. Les ménages dans les quartiers de forte concentration humaine ont également été sélectionnés pour l'enquête. Ce critère a permis d'apprécier le rapport densité humaine et insalubrité et aussi apprécier la quantité des déchets comparée aux autres quartiers de concentration moins dense, afin d'établir des corrélations.

Le questionnaire comptait 54 questions et une question ouverte (à la fin) qui permettait aux répondants d'apporter des précisions et de faire des propositions sur la question de la gestion de l'environnement de la ville.

Les questions étaient regroupées sous trois sections qui visaient à connaître les caractéristiques socio-économiques du ménage (Section I), les déterminants environnementaux et manifestation de la dégradation de l'environnement (Section II), et situation sanitaire (Section III).

Ø Tirage du nombre de ménages à enquêter

La part de la population sur laquelle porte l'étude a été obtenue à l'aide de la formule mathématique ci-dessous :

55

Formule de calcul de la taille de l'échantillon (n)

Z2(PQ)N

n = [e2 (N - 1) + Z2(PQ)]

- Source : Adil EL Marhoum (1999)

- Explication littéraire

- n = Taille de l'échantillon ,

- N = Taille de la population mère ,

- Z = Coefficient de marge (déterminé à partir du seuil de confiance) ,

- e = Marge d'erreur tolérée ,

- P = Proportion de ménages supposés avoir les caractères recherchés. Cette proportion variant entre 0,0 et 1 est une probabilité d'occurrence d'un événement. Dans le cas où l'on ne dispose d'aucune valeur de cette proportion, celle-ci est fixée à 50% (0,5) ,

- Q = 1 - P.

- Application mathématique de la formule

- On retient P = 0,50,

- Q = (1-0,5) = 0,50 ,

- On retient 95%, comme niveau de confiance donc Z= 1,96

- Marge d'erreur e = 0,05

(1,96)2 (0,5) (0,5) × (8696)

n = = 385

(0,05)2 × (8696-1) + (1,96)2(0,5) (0,5)

À un niveau de confiance de 95 %, la taille minimale de ménages représentatifs est estimée à 385

Cependant, dans le cadre de notre étude, nous avons estimé le taux de réponse à 95%, en vue d'un réajustement de la taille de l'échantillon afin de pallier à d'éventuel refus ou défection de la part des répondants. Ainsi, pour compenser la perte anticipée, il importe de multiplier la taille de l'échantillon par l'inverse des taux de réponses (GUMACHAN, MAROIS

et FEVE (2000). Dès lors, la taille d'échantillon de ménages corrigée est : n =385 × 100

95 = 405

- Déterminons la proportion des ménages

Nombre de ménages représentatifs

Proportion de ménages =

Nombre de ménages total

Proportion de ménages =

405

= 0,046

8696

56

On obtient donc une proportion de 4,60%, ainsi pour calculer le nombre de ménage à enquêter par quartier, on multiplie le nombre de ménage par la proportion obtenue.

- Exemple de calcul mathématique pour le quartier Administratif

4,60

Nombre de ménage à enquêter = 518 X = 23,82 Soit 24 ménages

100

57

Tableau 5 : Détermination des ménages enquêtés

Quartiers

Nombre total de ménage

Proportion de ménage (%)

Nombre de ménage à enquêter

SESSE

773

4,60

35

ADMINISTRATIF

518

4,60

23

ANTENNE

343

4,60

15

BELLE- VUE

o

4,60

0

COMMERCE

490

4,60

22

EBOIKRO SANWI

919

4,60

42

EBOIKRO SOS

0

4,60

0

EBROIKRO PROF

469

4,60

21

KONAN KAN

353

4,60

16

KOLIAHIWA

267

4,60

12

BOIS BLANC

121

4,60

5

PETIT MARCHE

538

4,60

24

LYCÉE

456

4,60

20

PANAN PANAN

499

4,60

22

PLATEAU

0

4,60

0

TP

853

4,60

39

SPE

161

4,60

7

SOKOURA

1558

4,60

71

TP. EXTENSION

272

4,60

12

TOTAL

 
 

386

Source : INS, 2014

 
 
 

58

3.1. Le traitement de l'information

Pour la méthode de traitement de données, on s'est proposé d'examiner les résultats de l'enquête en réalisant des traitements allant de l'analyse unidimensionnelle (tris à plats, tris croisés, histogrammes,) aux analyses multidimensionnelles en effectuant principalement des analyses factorielles de correspondances, ainsi que des tests statistiques.

Ainsi, selon le mode de traitement statistique et cartographique, nous avons utilisé diverses méthodes statistiques selon les questions d'analyse posées. Les tableaux, les graphiques, et des cartes sont les résultats des traitements opérés avec le maniement des données recueillies. Les logiciels tels que, Sphinx, Excel et Arcgis ont été utilisés pour la réalisation des opérations statistiques et cartographiques. Les données issues de nos enquêtes ont été saisies au fur et à mesure de la collecte au moyen du logiciel Sphinx, puis classifiées en catégorie selon les indicateurs liés au phénomène étudié.

Approche du traitement des données

La saisie des données recueillies a été faite avec le logiciel sphinx où nous avions préalablement élaboré un masque de saisie. La saisie des données terminées, nous avons procédé à un épurement de la base de données puis regroupés les informations selon les thématiques et les indicateurs définis. Ainsi, à l'aide des logiciels Excel, SPSS, Arc Gis, le traitement des données saisies a été réalisé. Les résultats de ces différents traitements se traduisent par les tableaux, les graphiques et les cartes présentés dans le document.

Analyse et interprétation de données obtenues

Les différentes informations que le logiciel de saisie à traduit et synthétisé ont permis de réaliser des graphiques (courbes et diagrammes) à partir du logiciel Excel version 2013. Nous avons également réalisé les cartes avec les logiciels suivants : Adobe Illustrator version CS 4, Arc View version 3.2 et Envi. Les résultats consignés dans les différents tableaux ont fait l'objet de commentaires, d'analyse, d'explication et d'interprétation. L'analyse des données a permis d'établir des relations entre les différents phénomènes observés et permis de mieux apprécier les relations entre les différentes variables et d'élaborer clairement les rapports de causalité. En sommes, les illustrations contenues dans ce travail final se présentent sous forme de photographies, de graphiques et de cartes.

§

59

La démarche statistique

Utilisation des tests statistiques pour notre étude

Plusieurs études réalisées s'appuient sur la base d'échantillons. En effet, comme il est presque toujours impossible de travailler sur la population totale concernée par l'enquête, diverses raisons sont évoquées pour expliquer l'usage de la base d'échantillon. On peut citer entre autres, le coût financier, les raisons techniques, le temps. Ainsi, on se demande comment savoir si une tendance observée dans un échantillon est bien valable pour l'ensemble de la population. C'est pour répondre à cette question que l'on fait appel aux tests statistiques. Ceux-ci permettent de s'assurer que les résultats observés dans un échantillon sont généralisables (ou non) à l'ensemble de la population concernée. Plusieurs tests statiques ont été utilisés à cet effet.

Le choix des tests statistiques

-Le test de Khi2

Le test d'indépendance du Khi2 (l'écriture anglaise est « chi-square ») a été développé par PEARSON K. (1857-1936).

L'expression test du Khi2 recouvre plusieurs tests statistiques, trois tests principalement :

· le test d'ajustement ou d'adéquation, qui compare globalement la distribution observée dans un échantillon statistique à une distribution théorique, celle du Khi2 ;

· Le test d'indépendance du Khi2 qui permet de contrôler l'indépendance de deux caractères dans une population donnée ;

· le test d'homogénéité du Khi2 qui teste si des échantillons sont issus d'une même population.

Le test qui nous intéresse ici est uniquement le test d'indépendance du Khi2. Ce test sert à apprécier l'existence ou non d'une relation entre deux caractères au sein d'une population, lorsque ces caractères sont qualitatifs où lorsqu'un caractère est quantitatif et l'autre qualitatif, ou bien encore, lorsque les deux caractères sont quantitatifs mais que les valeurs ont été regroupées.

Le test de Khi2 permet également de hiérarchiser les phénomènes selon leur importance et d'indiquer leur poids dans l'explication de l'association. Le test est mis en oeuvre pour savoir si une relation découverte au sein de l'échantillon étudié est valable à l'échelle de la population totale dont est tiré cet échantillon

Le test de Khi2, est un test de généralisation statistique permettant d'évaluer s'il existe une relation statistiquement significative entre deux variables ou si, à l'inverse, celles-ci sont

60

indépendantes. Le test d'indépendance du Khi2 sert à apprécier l'existence ou non d'une relation entre deux caractères au sein d'une population, lorsque ces caractères sont qualitatifs où lorsqu'un caractère est quantitatif et l'autre qualitatif.

Le test de Khi2 permet également de hiérarchiser les phénomènes selon leur importance et d'indiquer leur poids dans l'explication de l'association. Le test est mis en oeuvre pour savoir si une relation découverte au sein de l'échantillon étudié est valable à l'échelle de la population totale dont est tiré cet échantillon.

- Le test de régression

La régression logistique est l'un des modèles d'analyse multivariée les plus couramment utilisés en épidémiologie. Elle permet de mesurer l'association entre la survenue d'un évènement (variable expliquée qualitative) et les facteurs susceptibles de l'influencer (variables explicatives). Le choix des variables explicatives intégrées au modèle de régression logistique est basé sur une connaissance préalable de la physiopathologie de la maladie et sur l'association statistique entre la variable et l'évènement. Les principales étapes de sa réalisation, les conditions d'application à vérifier, ainsi que les outils essentiels à son interprétation sont exposés de manière concise. Nous discutons aussi de l'importance du choix des variables à inclure et à conserver dans le modèle de régression afin de ne pas omettre des facteurs de confusion importants. Enfin, un exemple tiré de la littérature permet d'illustrer le propos et de vérifier les acquis du lecteur.

- Tests de comparaison de moyenne appelés analyse de variance

Si le test de l'analyse de variance est significatif, cela indique qu'au moins deux moyennes sont différentes. Pour connaître quelles moyennes diffèrent entre elles, il faut réaliser ensuite un test de comparaisons multiples de moyennes. Un tel test permet de constituer des groupes de moyennes non significativement différentes entre elles. C'est ainsi que l'on peut analyser complètement l'influence du facteur étudié et que l'étude permet de prendre des décisions : choix, préconisation de certaines des modalités étudiées, par exemple. La statistique de test est la différence entre deux moyennes observées. Elle est comparée à une différence critique (valeur critique), encore appelée Plus Petite Amplitude Significative (PPAS).

61

- Stratégie de recherche et traitement des données

Pour collecter les informations afin de vérifier empiriquement le modèle théorique, un questionnaire a été administré aux ménages de la ville d'Aboisso. En ce qui concerne l'interprétation des résultats, elle permet d'identifier les facteurs influençant la dégradation de l'environnement dans l'ensemble du système et de montrer les risques sanitaires qui en découlent, mais aussi et surtout, le traitement vise à mettre en relation des variables afin de prouver le lien significatif.

6- Les difficultés liées à la recherche

Il faut disposer de ressources suffisantes afin de réduire considérablement les difficultés rencontrées au cours des différentes étapes de la recherche. Pourtant, cela a constitué un gros handicap pour nous sur le terrain. L'acquisition de données dans les différents services et institutions, les enquêtes de terrain et les expériences ont été difficiles. Les difficultés ont été également observées au niveau de la population qui est parfois méfiante aux questions relatives à l'état de santé. La disponibilité des autorités pour les rendez-vous d'entretiens très souvent manqués a constitué un frein de la collecte des informations.

Aussi, la difficulté a résidé dans la recherche des travaux scientifiques sur la question de la dégradation et l'état de santé des populations à Aboisso. Très peu de travaux montrent clairement la relation entre ces deux éléments à savoir : environnement et la santé. Le tableau synoptique qui suit présente la synthèse de de la méthodologie et des résultats attendus.

Tableau 6 : Présentation synoptique de la recherche

Constats Problèmes Objectifs Hypothèses Méthodologie Résultats Plan

 

La dégradation de l'état l'environnement à Aboisso

Les sites et les actions humaines constituent un risque pour la santé des populations

La santé des populations est fragilisée par la dégradation de l'environnement

Malgré les travaux d'assainissement et de ramassage des déchets effectués par les services, la ville compte des sites insalubres qui se différencient d'un quartier à un autre.

Malgré que la santé des populations reste fragilisée par la présence des détritus, cela continue de ne pas être toujours traité.

Bien que

l'environnement subisse continuellement des dommages néfastes par l'homme, il demeure le cadre de rapport quotidien pour l'homme entrainant ainsi des impacts sur sa santé.

Expliquer la manifestation de la dégradation de l'environnement à Aboisso

Identifier les risques pour la santé liées à la dégradation de l'environnement

Établir le lien entre la dégradation de l'environnement et la santé des populations

La ville d'Aboisso est dégradée, parce que l'évolution de la population ne s'accompagne pas d'une gestion appropriée de l'environnement.

Les risques pour la santé liés à l'environnement physique et également crée par les mauvaises conditions d'hygiène expliquent la détérioration de l'état de santé des populations à Aboisso

Le mauvais état de santé des populations dans la ville d'Aboisso est lié à la propagation des agents pathogènes du fait de la dégradation de l'environnement

- Recherches bibliographiques et documentaires -Entretiens libres - Questionnaire et observation de terrain

Recherches bibliographiques et documentaires -Entretiens libres - Questionnaire observation de terrain

Recherches Bibliographiques et documentaires -Entretiens libres - Questionnaire observation de terrain Analyse et traitement des données statistiques

Calcul enquête de terrain

La réalisation de la cartographie du niveau de dégradation de la ville

Présenter les

différents risques qui fragilisent l'état de santé des populations

Présenter les maladies liées à l'environnement développées par la population

1ère Partie : Population, cadre de vie et manifestation de la dégradation de l'environnement à Aboisso

2ème Partie : Risques de maladies liées à la dégradation de l'environnement

3ème Partie : Relation santé et la dégradation de l'environnement

62

63

STRUCTURE DE LA THÈSE

Cette thèse est organisée en trois parties. La première partie est consacrée à la question de la population, cadre de vie et manifestations de la dégradation de l'environnement à Aboisso. La seconde partie traite de la ville d'Aboisso, un espace dégradé soumis aux risques sanitaires. La troisième partie permet d'établir le lien entre la dégradation de l'environnement et la santé des populations.

PREMIÈRE PARTIE : POPULATION, CADRE DE VIE ET MANIFESTATION DE LA DÉGRADATION DE L'ENVIRONNEMENT À ABOISSO

 

64

Ces dernières décennies, la ville d'Aboisso a connu une expansion démographique qui s'est accompagnée de diverses activités socio-économiques exercées par les populations. Cette croissance urbaine, a entraîné un déficit dans le service de gestion de l'assainissement créant ainsi créant ainsi d'énormes problèmes liés à la qualité de l'environnement, notamment au niveau du cadre de vie urbain, avec une dégradation manifeste. En évoquant la problématique de la dégradation de l'environnement et la santé des populations à Aboisso, dans cette partie consacrée à la manifestation de la dégradation de l'environnement, nous aborderons la question de la population, le cadre de vie et aussi présenterons les différentes facettes de l'environnement et le niveau de dégradation.

65

CHAPITRE I : POPULATION ET CADRE DE VIE

Les difficultés liées à la non maîtrise de la croissance de la population urbaine, constituent des indicateurs qui contribuent à la dégradation de l'environnement. Soumise à une forte croissance urbaine dans un contexte de sous-équipement en services d'assainissement, la ville d'Aboisso n'échappe pas à cette situation qui se traduit par la propagation de nombreux espaces insalubres dégradant ainsi le cadre de vie. Ainsi, face à l'explosion démographique ces dernières années, de nombreux déséquilibres dans l'occupation de la ville sont observés. Comme de nombreuses villes de la Côte d'Ivoire, la ville d'Aboisso est constituée de centres administratifs et commerciaux. Aussi, de grandes masses de populations s'y trouvent-elles rassemblées sur de faibles superficies, où se concentre également la majeure partie des activités.

L'analyse des caractéristiques sociodémographiques des enquêtés revêt un caractère important du fait de l'utilisation de ces informations dans l'explication des niveaux et tendances des conditions de vie et de santé. Les données recueillies portent sur les caractéristiques essentielles des enquêté(e)s telles que l'âge, le lieu de résidence, le niveau d'instruction, les maladies développées, l'opinion sur la gestion de l'environnement dans la ville d'Aboisso.

66

1.1. Caractéristiques sociodémographiques

La ville d'Aboisso située dans le Sud-est de la Côte d'Ivoire à 116 km d'Abidjan, est le chef-lieu du Département d'Aboisso. Elle est composée d'une population de 43 282 habitants (INS, 2014) avec une superficie de 7 278 km2, regroupant 19 quartiers. La zone d'étude se caractérise par son site fortement accidenté, sa mutation spatiale (zone périphérique, zone en transition) et sa spécificité environnementale (zone industrielle, zone d'agriculture urbaine et périurbaine). On y trouve plusieurs secteurs d'habitats de types résidentiel et semi-résidentiel. La plupart des habitats sont constitués principalement d'habitats de bas et moyen standing et aussi de l'habitat précaire. Selon les estimations de l'Institut National de la Statistique, la population de la ville d'Aboisso a plus que doublé en 28 ans entre 1998 et 2014. Cette évolution de la population a été favorisée par des facteurs exogènes à la ville, notamment les déplacements dus à la crise post-électorale en 2010.

1.1.1. Évolution démographique de la ville d'Aboisso

En 1965, Aboisso était une petite agglomération de 8 964 habitants. Avec un taux de croissance moyen annuel de 4,76%, elle a atteint une population estimée à 14 272 habitants au recensement de 1975. En 1988, la population agglomérée d'Aboisso était de 21 218 habitants, soit un taux d'accroissement moyen annuel de 3,15%. De 1980 à 1998, la population atteignait les 80 000 habitants. Avec le dernier RGPH de 2014, la population est estimée à 43 282 habitants. Ce recensement, permet d'avoir des informations statistiques sur les ménages et aide à apprécier l'évolution de la population sur plusieurs périodes.

Population en millier

67

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

42

43 282

658

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

40

400

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

27

218

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

21

348

 
 
 
 
 
 
 
 

14

272

15

151

16

650

 
 
 
 
 
 

8

964

10

000

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

1960 1970 1980 1990 2000 2010 2020

Source, INS 2016

Année

Figure 4 : Évolution démographique de la population de la ville d'Aboisso (1965-2014)

Ce graphique en nuage de point permet de dégager les grands traits de l'évolution de la population avec les repères chronologiques. Entre 1960 et 1970, la population d'Aboisso croît lentement au rythme de 0,34% par an. La période suivante de 1975 à 1980, on observe une évolution de la population en dent de scie. De 1980 jusqu'à 1990, la population de la ville augmente de façon constante, puis de 2000 à 2012 on observe une augmentation rapide de la population. Sur le plan national le taux d'accroissement urbain atteint sa plus haute valeur à 10,3 % annuel et la population des villes double en sept ans (RGPH, 1998), avec un taux d'urbanisation qui est passé de 32 % en 1975 à pratiquement 50 % en 2014, Cette situation s'observe également dans la ville d'Aboisso, qui voit sa population passée de 27 218 habitants en 1998 à 40 00 habitants en 2007. Les causes de cette croissance sont multiples, d'une part, l'attrait des plantations s'atténue considérablement depuis la chute des cours à partir de 1960 et le courant migratoire devenu plus faible se détourne partiellement du milieu rural. D'autre part, les villes sont favorisées par de nouveaux facteurs de développement. La croissance économique générale multiplie les créations d'emplois secondaires et tertiaires concentrés dans les villes et en premier lieu la capitale, la mise en place d'un découpage administratif à mailles plus fines et l'ouverture des chefs-lieux de Sous-Préfecture favorisent l'essor de nombreux petits centres. Enfin, les ruraux originaires de l'environnement immédiat

68

prennent une part accrue dans le peuplement de la ville. Depuis les années 80, la courbe de croissance démographique de la ville d'Aboisso est exponentielle, elle n'a jamais été aussi rapide.

1.1.2. Évolution spatiale

En 1958, Aboisso était bâtit sur 90 ha, et constituait une petite agglomération avec une population de 7 500 habitants, soit un taux d'occupation d'environ 120 habitant/m2 soit 83hbtss/ha. En 1986, soit 28 ans après, la superficie urbanisée atteignait 417 ha, pour une population de 16 650 habitants, ce qui correspond à environ 250 habitant/m2 soit 40 hbts/ha de densité brute. Depuis cette date, le quartier Sokoura constitue le seul lotissement d'extension réalisé sur 40 ha (avec environ 30 ha de superficie utile), la ville d'Aboisso étant bâtit sur un site fortement accidenté et difficile à urbaniser. La densité brute actuelle est d'environ 56 hbts /ha. Cette évolution spatiale s'explique par l'urbanisation rapide que connaît en générale le Sud-Est de la Côte d'Ivoire. Le tableau 7, indique l'état d'occupation du sol de la ville d'Aboisso.

Tableau 7 : État de l'occupation du sol

QUARTIERS

POPULATION

LOTS BÂTIS

NON BÂTIS

EN CHANTIER

TOTAL DES LOTS

ADMINISTRATIF

120

27

8

3

38

BELLE- VUE

40

103

16

5

124

COMMERCE

3 900

260

6

10

276

EBROIKRO SANWI + PROF

800

101

42

116

259

SOS SETU

180

122

119

5

354

RIVE GAUCHE

5 020

502

114

102

718

TP + EXTENSION

1 440

153

10

17

180

TOTAL QUARTIERS LOTIS

10 900

1125

563

258

1949

 

SOKOURA

9 200

650

0

-

0

TOTAL VILLE

20 100

1775

601

343

1949

 

Source : BNETD, 2002

69

Contrairement à ce que semble indiquer le tableau7 précédent, à savoir une certaine prédominance de l'offre par rapport à la demande, la situation actuelle est plutôt difficile.

En 1981, le quartier S.O.S, entièrement viabilisé (routes bitumées, électrification et adduction d'eau) par la Société d'Équipement des Terrain Urbain (SETU), s'adressait à une clientèle à revenue élevé (cadres de la ville). En conséquence, sur les 1 949 parcelles totales signalées plus haut, seulement 220 étaient situées dans des lotissements évolutifs ou économiques. Par ailleurs, suite au retrait progressif de l'État des projets de lotissement et la liquidation de la SETU, la commune n'a bénéficié d'aucune autre opération d'extension. Depuis plusieurs années, l'offre foncière légale est restée inexistante face à une très forte demande, ce qui a favorisé l'émergence du quartier spontané de Sokoura. Cette zone a toutefois, bénéficié d'une régularisation foncière ultérieure à la faveur du projet de restructuration financé par l'USAID (716 lots).

1.1.3. Proportion de la population selon l'âge et le sexe

Le tableau 8 donne les estimations des effectifs selon le sexe et l'âge. On relève que la tranche d'âge de 20 à 64 ans, qui représente la population active à l'effectif le plus important soit 40,94% de la population totale de la ville d'Aboisso. Le nombre de personne de 20 à 64 ans, a augmenté de 1998 à 2014 pour atteindre 17 721 (en 2014).

Les données de l'enquête de terrain, présente 69,90% des hommes enquêtés et 30,10% de femmes.

Tableau 8 : Population totale par sexe et âge

Age Sexe

Masculin

Féminin

Total

0-4 ans

2258

2053

4 311

0-9 ans

2603

2664

5 267

10-14 ans

3951

3346

7 297

15-19 ans

4554

3586

8 140

20-64 ans

9812

7909

17 721

65 et plus

271

274

545

 

23 449

19 832

43 281

 

Source : INS, 2014

70

1.1.4. Structure de la population

On relève que la proportion de la tranche d'âge 15 à 34 ans (2014), occupe un taux important avec 19 262 habitants soit 40,50% de la population totale. La période de vie entre 15 à 34 ans est pour la plupart du temps marquée par l'entrée dans la vie active, impliquant ainsi cette tranche de la population dans diverses activités. Ce rapport permanent entre activités et environnement s'ouvre sur des risques de fragilisation de l'état de santé. Aussi, vient celle des moins de 15 ans qui compte 38,98% de la population totale. Cette information relative à la population en âge de travailler suscite une amélioration marquée des niveaux de vie, surtout dans le domaine de l'éducation et de la formation.

1.2. Caractéristique systématique des quartiers et cadre de vie

Notre étude s'inscrit dans une démarche systématique, défini à cet effet comme un système environnement-société. À cet effet, nous considérons comme sous-système les différents quartiers de la ville qui constituent des composantes environnementales. Un système est déterminé par le choix des interactions qui le caractérisent, c'est-à-dire le critère d'appartenance au système (déterminant si une entité appartient au système ou fait au contraire partie de son environnement). Ainsi, à partir de cette définition, les quartiers à Aboisso ont été analysés en prenant en compte un quartier comme un ensemble complexe de faits et d'éléments en relation, en traitant ces derniers dans leur globalité. Cette étape de l'analyse permet de relever et de présenter les observations à différentes échelles des quartiers de la ville, comme nous le montre la figure 5.

.

Échelle de la ville

Échelle du quartier

Source : Niamké, 2016

Cadre de vie

Habitat Travail, Loisirs, Commerces

Figure 5 : Échelle de représentation ville et quartier

71

Le cadre de vie est employé dans l'expression courante pour désigner « ce qui entoure un espace, une scène, une action ». Le découpage de la ville d'Aboisso, en plusieurs quartiers avec diverses fonctions (habitat, travail, loisirs, commerces) contribue à accroître l'espace de vie. Aussi, cette transformation des rapports de l'homme à son milieu tend à produire une unité urbaine qui traduit l'éclatement de la morphologie de la ville d'Aboisso. La direction des services d'hygiène et de salubrité de la ville d'Aboisso au cours de nos entretiens, a indiqué que le traitement des problèmes liés à l'environnement, est l'un des points d'action de la politique de la ville qui est mis en avant pour l'amélioration du cadre de vie. Le cadre de vie renferme un ensemble d'indicateurs à savoir ; la pyramide des âges des habitants, la catégorie socio-professionnelle, le niveau d'instruction, les origines géographiques (rurale/urbaine) et/ou nationales, sociales des habitants dans lequel les habitudes des populations sont réalisées. Il s'agit dans ce qui suit de faire ressortir les différents types d'habitats, les équipements et autres espaces qui environnent les populations de la ville d'Aboisso.

1.2.1. Création des quartiers et habitation

Par leur assise territoriale, les quartiers sont la première entité de la ville (Laganier et al. 2002). La définition des quartiers comporte à la fois une dimension géographique qui renvoie à leur localisation dans l'environnement urbain et une dimension sociale et culturelle L'enjeu dans notre étude est aussi d'organiser notre démarche autour de la comparaison de deux ou plusieurs quartiers afin de mieux apprécier le phénomène de dégradation de l'environnement selon la densité de chaque unité spatiale. La présentation des différents quartiers indiquera les critères de différentiation qui permettra de mener des analyses et traduire les résultats liés aux enquêtes et observations réalisées. L'image qui suit permet d'observer les quelques types

1.2.2. Les différents quartiers de la ville d'Aboisso

La ville d'Aboisso est divisée en deux grandes parties par un cours d'eau : la Bia. Un pont situé au 1/3 Sud de la ville les relie. La partie rive droite compte une population de 11 746 habitants, soit 69, 70% de la population de la ville et couvre au total, une surface de 353 hectares. La densité brute est de 33 hbts/ha.

72

1.2.3. La présentation des quartiers rive droite

Les quartiers de la rive droite, sont les plus anciens et les plus peuplés. Les quartiers évoluent du Nord au Sud, et sont composés des quartiers commerce ou Eboikkro sanwi, le quartier TP, le quartier collège, le quartier administratif, tous au bord de la lagune Bia. Plus à l'Ouest et dans le même ordre, le quartier Koliahiwa, le quartier résidentiel ou SETU (1ère et 2ème tranche), le village SOS, le quartier nouveau TP et Belle-vue.

Photo 1 : Une vue des habitats (TP-Extension), cliché Niamké, 2016

- Quartier commerce

Situé en bordure de la Bia, il est le premier quartier loti d'Aboisso. Principal centre d'activités et de services, ce quartier constitue le centre moteur de la ville. Toutes les activités modernes et traditionnelles y sont réunies. On y trouve aussi un grand nombre de services publics. Les constructions ont un ou deux niveaux avec des commerces, des bureaux administratifs au rez-de chaussée et des logements à l'étage.

- Quartier administratif

Le quartier administratif prolonge le quartier commerce au Nord, dont il est le prolongement en termes de représentativité des activités économiques Il a été loti en 1971, après le

73

déguerpissement du quartier agni (Ebouakro Sawi). On trouve dans ce quartier entièrement occupé, les grands services tels que la Préfecture, la Mairie, un central téléphonique.

- Quartier TP

Il est situé au Nord-ouest du quartier commercial. C'est un quartier ancien peu étendue, occupé par un habitat économique de type cour, situé en bordure de la Bia. Le site est parfaitement inondable pendant les crues.

- Les quartiers Koliahiwa, Sokoura et antenne

Du point de vue structure et organisation, ces quartiers ne présentent pas de grandes différences. Ils sont tous non lotis et ont de forte densité. Séparés par un talweg, Koliahiwa est au Nord et Sokoura au Sud. Sokoura a fait l'objet d'une restructuration qui a entraîné sa densification. Le trop plein de population est allé grossir la zone d'habitat spontané du quartier. Les quartiers Sokoura et Koliahiwa sont les quartiers non, lotis (quartiers qui ont été restructurés)

1.2.4. La présentation des quartiers rive gauche

Les quartiers de la Rive gauche, appelés Assouessi sont composés des quartiers Panan-Panan, Konan-Kan, Bois-Blanc, SPE et les quartiers Antenne et Sessé.

- Le quartier Sessé-antenne

Compris entre la bretelle du franchissement de la Bia et le carrefour des quartiers Konan-Kan, le quartier Sessé long de près de 2 km de route du Centre d'Animation et de Formation Pédagogique (CAFOP) et s'étend à l'Est sur une profondeur d'environ 1 500 m. C'est un quartier résidentiel moyen standing qui a fait l'objet d'un plan de lotissement. Il occupe le Sud-est de la rive.

- Le Konan-kan

En forme de cerf-volant, le quartier Konan-kan, est pris en sandwich entre les quartiers Sessé et Panan-Panan. La partie polygonale se développe de façon linéaire le long d'une colline avec un bras rattaché au polygone sur la crête, dans la direction Est. C'est un quartier évolutif, avec quelques parcelles en construction résidentielle moyen standing.

74

- Le Panan-Panan

C'est le quartier qui présente le grand nombre d'établissements de la ville. Progressivement Panan-Panan est devenu le quartier dortoir scolaire par excellence. Les constructions visiblement associent modernité et parfois un peu de traditionnelle.

- Le quartier Ebouakro-Sawi

C'est un quartier situé à l'Ouest du quartier administratif doit-il faisait partie avant le déguerpissement de 1971. Il est loti et est occupé par des résidentiels moyens standings. On y dénombre quelques commerces. Ce quartier est bien placé pour évoluer vers les quartiers commerce et administratif.

- Le quartier SETU - SOS

Ebouakro résidentiel ou SETU est le prolongement ouest d'Ebouakro Sawi. Il fait la jonction entre le village SOS et Ebouakro sawi. Ce quartier à vocation résidentielle haut standing est loti que le domaine SOS. Il occupe une superficie de 20,15 ha avec une extension prévue de 20 ha et représente à lui seul la surface d'un gros village.

- Le quartier Nouveau TP-belle vue

Ces quartiers se trouvent au Sud-ouest de la ville près du village SOS. Ils se caractérisent par l'inoccupation des lots et la beauté de leur site.

1.3. Rapport ménages et cadre de vie

Le cadre de vie présente une différenciation très marquée selon les ménages et les différents quartiers de la ville d'Aboisso. L'environnement urbain est approprié par des pratiques, déterminées elles-mêmes par des représentations sociales et des pratiques. Par ces processus d'appropriation, l'environnement urbain devient un cadre de vie avec lequel chacun entretient un rapport spécifique. Leurs rapports au cadre de vie sont en partie corrélés à des positions socio-économiques et à des localisations, mais en partie seulement, si bien qu'ils ont leur pouvoir explicatif propre sur les pratiques de mobilité.

Lorsque les ménages établissent un rapport fonctionnel avec leur quartier, cet usage est rarement exclusif. En effet, plus mobiles, ils investissent d'autres espaces que celui de leur quartier. Cette différenciation, en partie liée aux caractéristiques socioéconomiques des

ménages, est aussi liée au contexte dans lequel les habitants évoluent. Les pratiques des populations ont un effet sur l'espace, c'est ce qui traduit le schéma suivant. (Figure 6)

Source : Niamké, 2016

Figure 6: Schéma des pratiques et représentations dans le cadre de vie

Pratiques

Transformation

Incidence

Représentations

75

Les « pratiques » que nous évoquons dans cette étude, se traduisent par l'identité des ménages, la perception et des jugements implicites à leur milieu de vie. Cette identité est avant tout sociale et s'observe à l'échelle des quartiers. Cependant, les comportements s'expliquent aussi par les caractéristiques individuelles, les pratiques qu'apprécie la vie de quartier, son dynamisme et son caractère. « Les représentations sociales sont des systèmes d'interprétation régissant notre relation au monde et aux autres qui, orientent et organisent les conduites et les communications sociales ». Denise J

À la diversité des rapports au cadre de vie observable, s'ajoute la divergence du contexte de la vie quotidienne. Le contexte multi scalaire dans lequel s'inscrivent les pratiques des ménages au cadre de vie permet de passer d'une vision statistique de la mobilité à des façons de vivre, c'est à dire une approche concrète de la vie quotidienne et même une approche sensible à travers les représentations des milieux de vie. L'analyse du contexte urbain à différentes échelles confirme l'influence d'éléments et de combinaison d'éléments sur le cadre de vie. Le schéma des faits observés dans le cadre de vie, qui suit nous montre les éléments en interaction dans le cadre de vie.

Déchets et collecte

Activités économiques

État de santé

Aménagements

Risques majeurs

Nuisance, Pollution

Services et administrations

Quartiers et cadre de vie

Distribution et
collecte de l'eau

76

Source : Niamké, 2016

Figure 7: Schéma des faits observés dans le cadre de vie

Le cadre de vie fait référence à différents aspects dans le quartier qui se traduisent par la qualité de vie, qu'offre l'ensemble des éléments en interrelation. Ainsi, on observe que l'état de santé qui est un aspect à considérer fait partie intégrante de l'ensemble des éléments qui constitue le maillon du quartier.

1.4. Physionomie de l'habitat à Aboisso

Dans la ville d'Aboisso, l'habitat s'observe à travers différentes formes. Il résulte d'une configuration architecturale qui varie selon les milieux, les contraintes d'ordre physique (nature du terrain). L'extension de la ville d'Aboisso, a entrainé une diversité de logements et de constructions variées de l'habitat. Cette architecture innovante tend à se développer, car les populations manquant de plus en plus d'espace pour construire, doivent donc s'implanter dans des endroits où les contraintes sont plus nombreuses.

1.4.1. Types d'habitats

Selon le mode de construction ou de production des logements, on distingue l'habitat résidentiel, l'habitat résidentiel-évolutif et l'habitat spontané.

77

1.4.1. 1. L'habitat résidentiel

L'habitat résidentiel s'observe dans les zones dites résidentielles, qui désignent les zones urbaines appartenant à un quartier où l'habitat est planifié et est très souvent issu de grands chantiers. Il désigne un habitat où la conception, le financement, la réalisation d'un grand nombre de logements sont dus à la responsabilité d'un seul intervenant ou d'un nombre restreint d'intervenants. Le quartier Eboikro-SOS est le principal quartier résidentiel de la ville. Par contre, on retrouve des logements de haut standing à travers d'autres quartiers, notamment derrière le Lycée et le collège moderne.

1.4.1.2. L'habitat résidentiel-évolutif

L'on dénombre deux (2) quartiers mixtes évolutif- résidentiel. Le quartier commerce, abrite des bâtiments coloniaux, des équipements modernes, des boutiques et entrepôts, ainsi que des concessions d'habitat évolutif. Le quartier Eboikro Sawi, est l'un des premiers quartiers modernes de la ville. Bâti sur un site assez difficile, il est majoritairement composé d'habitat de moyen standing. Il couvre la plus grande partie de la ville. Les quartiers Rive gauche et TP, les plus grands quartiers évolutifs de la ville, sont largement dominé par les concessions à cour commune. Ils offrent des logements de petites tailles, deux (2) pièces et une (1) pièce généralement appelé « entrer- coucher ». Les coûts du loyer y sont accessibles aux ménages à revenu faible.

1.4.1.3. L'habitat spontané

À l'origine, ce type d'habitat est indépendant de la volonté de l'administration : il est le résultat d'une pression démographique urbaine très forte et d'un niveau de revenu très modeste. L'habitat spontané est d'une part adaptée aux besoins et aux faibles revenus d'une population sans emploi stable et répond d'autre part, à l'urgence qu'il y a à accueillir une population nombreuse. Ce type d'habitat se prête à une heureuse évolution sur place, par la réalisation de voiries, d'assainissement, de dessertes en eau et électricité, etc... L'habitat spontané ou encore habitat précaire, se caractérise par la densité du bâti, non structuré et par les matériaux de constructions utilisés souvent fragiles avec un manque d'espace entre les habitations. Il se caractérise aussi par son grand nombre de ménages au sein d'une seule habitation extrêmement contraignant et par la forte concentration de la population dans la zone. Les quartiers Sokoura et Koliahiwa, situés à la sortie de la ville par la route d'Ayamé, se sont implantés de façon spontanée et abritent selon INS, (2014) près de 1825 ménages ne disposant

78

pas de toutes les commodités. La photo présentée en dessous est une prise dans le quartier Sokoura, qui nous révèle une précarité non seulement dans les matériaux utilisés pour la construction, mais aussi au niveau sanitaire.

Photo 2: Habitats précaires à Sokoura, (cliché Niamké, 2016)

Cette image montre une cour de type précaire, construit avec des matériaux de récupération. C'est une habitation où vit une famille nombreuse avec des conditions de précarité prononcées. Les faits de promiscuité sont désagréables et laissent apercevoir des insuffisances en matière hygiénique. Cette situation de précarité, met en cause les indicateurs de l'état de santé des populations qui s'y trouvent.

1.5. Morphologie des logements

L'analyse effectuée selon la morphologie des logements s'est opérée en fonction du type du quartier où a été menée l'enquête ménage. Ce sont, les 19 quartiers de la ville qui ont été visités pour la réalisation de l'enquête et les observations. La morphologie des quartiers a été considérée comme indicateur pour l'appréciation de certains faits liés à l'état des logements. L'interaction complexe qui s'y déroule entre la population et le site.

Les problèmes que soulèvent les unités géographiques varie selon la taille du quartier. Ainsi, pour mener une analyse à un niveau géographique, il faudra tenir compte de plusieurs considérations des groupes de populations, d'effectifs les moins importants aux plus importants. Le tableau suivant fait un récapitulatif de la proportion des ménages enquêtés, en y associant le quartier où s'est déroulée l'enquête.

79

Tableau 9 : Répartition des ménages par quartier

Quartiers

Nombre total de ménage

SESSE

773

ADMINISTRATIF

518

ANTENNE

343

BELLE- VUE

o

COMMERCE

490

EBOIKRO SANWI

919

EBOIKRO SOS

0

EBROIKRO PROF

469

KONAN KAN

353

KOLIAHIWA

267

BOIS BLANC

121

PETIT MARCHE

538

LYCÉE

456

PANAN PANAN

499

PLATEAU

0

TP

853

SPE

161

SOKOURA

1558

TP. EXTENSION

272

TOTAL

 
 

Source : NIAMKÉ, 2016

Le tableau 9 permet de constater que 18,39 % des ménages enquêtées de Sokoura qui constitue le quartier le plus peuplé de la ville avec 1 558 habitants INS, (2014). À l'observation de ce quartier on relève que la concentration de population s'observe dans le quartier spontané.

En plus, selon le tableau, les quartiers Bois blanc et SPE représentent la proportion la plus faible de ménages enquêtées. Par contre, les quartiers tels que Commerce, koliahiwa, TP. Extension, antenne, konan Kan, lycée, Ebroikro prof, Panan panan, Administratif, Petit Marche restent les quartiers avec une proportion moyenne des personnes enquêtées Une autre lecture de ce tableau montre que le quartier spontané de Sokoura, TP, Eboikro Sanwi concentrent une forte densité de leur population.

80

Comparativement au tableau 9 qui présente la répartition des ménages par quartier, le tableau 10, présent la répartition des ménages de la ville d'Aboisso par quartier selon le type de construction.

Tableau 10: Répartition des ménages de la ville d'Aboisso par quartier selon le type de construction

QUARTIER

Total

Villa
moderne

Maison
simple

Logement
en bande

Appartement
dans
immeuble

Concession

Casse
traditionnelle

Baraque

Total

5337

353

1896

1074

157

1092

731

34

ADMINISTRATIF

326

13

276

7

19

6

0

0

ANTENNE

216

18

44

104

5

32

10

0

BELLE-VUE

0

0

0

0

0

0

0

0

BOIS BLANC

76

13

23

19

0

16

4

0

COMMERCE

308

21

103

67

25

80

0

0

EBOIKKRO SOS

0

0

0

0

0

0

0

0

EBOIKKRO SANWI

578

30

219

91

53

169

0

0

EBOIKRO-PROF

295

87

138

28

23

7

2

1

KONAN KAN

222

4

138

6

0

67

1

3

LYCEE

287

36

29

150

10

8

50

2

PANAN-PANAN

314

7

63

73

5

20

131

3

SOKOURA

980

12

304

10

2

241

395

9

TP

524

31

219

68

2

155

1

4

T.P EXTENSION

171

23

53

85

2

6

0

0

SESSE

486

37

126

163

3

137

9

2

PETIT MARCHE

338

21

76

107

8

117

1

3

KOLIAHIWA

168

0

57

9

0

18

80

2

PLATEAU

0

0

0

0

0

0

0

0

SPE

101

0

0

0

0

0

0

0

 

Source : INS, 2016

Ce tableau traduit la préférence en matière de logement des populations d'Aboisso. Les maisons simples accueillent le plus de ménages avec une proportion de 35,52%. Les concessions et les logements en bande occupent respectivement 20,46% et 20,12%. Par ailleurs, les baraques n'occupent que 0,63% et sont les formes de maison les moins répandues avec un taux inférieur dans l'ensemble des types de construction. En ce qui concerne les logements en bande, ils constituent le type de maison qui occupe la 3ème place de choix pour les populations qui y habitent. L'enquête réalisée a permis d'observer les types de matériau utilisés pour la construction des logements. Ainsi, on le voit clairement, les maisons dont les murs sont construits en bloc de ciment constituent le modèle le plus répandu dans toute la ville.

81

1.6. Activités économiques et dégradation de l'environnement

Le développement des activités économiques nous emmène à nous interroger sur le lien entre activités économiques et dégradation de l'environnement. La réalité que soulève le développement des activités économiques est qu'il s'accompagne de l'amélioration du bien-être de la population. Cette multiplicité des activités économiques, qui s'accompagnent de production des déchets est l'une des manifestations de la dégradation de l'environnement de la ville d'Aboisso. Les dégradations les plus particulièrement visibles sont les déchets non collectés qui polluent aux abords des rues et restent stockés sur les lieux de déversement des déchets. La photo 3 ci-dessous est celle prise au niveau du marché principal et dont la non collecte sur plusieurs jours entraîne des perturbations environnementales.

Photo 3: Déchets sur le site du marché principal.

(Cliché Niamké, 2016)

La production des déchets devrait s'accompagner d'une collecte efficace, afin d'éviter

les amoncellements des détritus qui visiblement créent des dommages environnementaux sur l'espaces mais, le constat que nous offre cette photo est que les déchets produits restent sur place pendant des jours avant d'être collectés. La conséquence de cette situation est traduite par la dégradation du cadre de vie.

1.6.1. Développement des activités et le phénomène de dégradation de l'environnement

La ville d'Aboisso, comme pour la plupart des villes de Côte d'Ivoire se caractérise par la densité de la population et par la diversité des activités. Pour Lussault, (2003), la densité des personnes et des réalités matérielles, mais aussi la diversité des groupes sociaux, des activités, des espaces urbains, constituent le couple densité/diversité qui ferait l'urbanité.

82

Selon le même auteur, l'urbanité dépend aussi, « de la configuration spatiale » de ce couple densité- diversité. Aboisso, connaît une diversité d'activités exercées par les populations. Selon les divers secteurs d'activités économiques, différentes activités sont également pratiquées par les populations.

1.6.2. Les secteurs d'activités de la ville d'Aboisso

La pluralité des activités qui se pratiquent dans la ville est regroupée selon les trois grands secteurs d'activité économique suivant à savoir le primaire, le secondaire et le tertiaire. Le secteur primaire regroupe les activités liées à l'exploitation des ressources naturelles : pêche, agriculteur, artisanat, et qui concernent la collecte et l'exploitation directe de ressources naturelles (matériaux, énergie, et certains aliments). Le secteur secondaire concerne les industries de transformation (agissant sur une matière) et le secteur tertiaire recouvre un vaste champ d'activités qui va du commerce à l'administration, en passant par les transports, les activités financières et immobilières, les services aux entreprises et aux particuliers, l'éducation, la santé et l'action sociale, la sécurité, le nettoyage, etc.). Pour mieux apprécier le poids relatif d'activité par secteur, referons-nous au tableau 11 ci-dessous.

Tableau 11: Aperçu du poids relatif à chaque secteur d'activité économique

Secteurs d'activités Part de la population Part de la population (%)

Primaire 54 13,98

Secondaire 108 27,97

Tertiaire 224 58,03

TOTAL 386 100,00

 

Source : Enquête NIAMKE, Février 2016

L'enquête réalisée auprès des ménages a permis de voir les tendances observées dans les différents secteurs d'activités. Ainsi, on a relevé que le secteur tertiaire occupe 58,03 % des habitants de la ville d'Aboisso. Ce secteur d'activité qui regroupe les branches telles que ; assurance, audit, banque, commerce, électricité, éducation, formation, hôtellerie, restauration, café, informatique, logistique réparation, transport, communication etc., est en effet pourvoyeur d'emploi. Le commerce et les petits métiers sont des activités où on retrouve plus de la moitié de la population active. En ce qui concerne le secteur secondaire, qui regroupe l'agroalimentaire, l'automobile, les bâtiments et travaux publics (BTP), l'industrie pharmaceutique, l'électronique, l'électroménager, l'industrie papetière, l'industrie du bois, l'artisanat d'art, occupe 27,97%. Ce secteur occupe le deuxième rang de la part de la population en activité après juste après le secteur tertiaire.

83

1.6.3. Activités économiques à Aboisso

Comme indiqué, la ville d'Aboisso regorge une diversité d'activités. L'enquête a relevé que plusieurs activités se pratiquent dans la ville selon les différents secteurs d'activités économiques. Le tableau ci-dessous fait un récapitulatif des branches d'activités à Aboisso. L'enquête a permis de déterminer l'ensemble des activités pratiquées par la population. Le secteur tertiaire domine pratiquement les deux autres secteurs d'activité. De toutes les branches d'activités que présente la ville, le commerce reste l'activité prépondérante. Elle occupe selon nos enquêtes réalisées plus de la moitié de la population active.

1.6.4. Activités humaines et leurs impacts sur l'environnement

Les effets des activités économiques sur l'environnement dans la ville d'Aboisso touchent divers espaces. Ces liens conduisent les populations à adopter des comportements qui visent à réduire les risques. Pour certains ménages, l'utilisation d'insecticides permet d'éviter la multiplicité d'insectes. Les activités économiques sont à l'origine des problèmes environnementaux qui affligent les rues et même les caniveaux. D'autres facteurs aggravant l'impact des activités économiques sur l'environnement sont liés à la croissance démographique et le comportement social. Les activités humaines peuvent être catégorisées selon les conséquences liées aux niveaux d'impacts.

84

Conclusion du chapitre I : Population et cadre de vie

L'ampleur des activités humaines ne fait que croître, de sorte que leurs effets augmentent en équipollent. Les crises environnementales s'accentuent également et les conséquences sur l'être humain constituent des menaces sérieuses. Les sociétés du Sud, les plus pauvres, donc les plus dépendantes de la nature, sont les plus vulnérables et sont déjà affectées, mais les sociétés du Nord ne sont nullement à l'abri et ressentent déjà les effets pervers de nos modes de vie. Des changements sociétaux de grande ampleur doivent donc être amorcés au plus vite avant que la situation ne nous échappe totalement. Les observations de terrain, ont poussé notre réflexion sur les liens entre les activités menées par les populations, la production des déchets et la préservation de l'environnement. Pour cela, le fait d'établir un état des lieux des atteintes à l'environnement a été nécessaire à l'entame du chapitre 2.

Nous avons vu de ce qui précède que l'état de l'environnement à Aboisso est marqué par de graves dégradations causées par les activités des hommes. Ces impacts que nous qualifions de néfastes conduisent dans la suite de l'étude, à présenter le mode de gestion de l'environnement, à relever les déterminants de la dégradation de l'environnement puis en faire des analyses et aussi établir le niveau de dégradation de l'environnement.

CHAPITRE II : ÉTAT DES LIEUX ET MANIFESTATION DE LA DÉGRADATION DE L'ENVIRONNEMENT À ABOISSO

 

85

Les relations entre population et environnement sont multiples, non linéaires, sensibles à diverses échelles d'observation. La manifestation de la dégradation de l'environnement dans la ville se définit à partir de l'état que présente l'environnement. Ainsi, à travers différents niveaux, et selon des critères définit, l'état de l'environnement peut être catégorisé, selon qu'il soit faiblement dégradé, fortement dégradé ou moyennement dégradé. Dans ce chapitre, une présentation de l'état de l'environnement est réalisée associant les facteurs qui concourent continuellement à expliquer la manifestation de la dégradation à Aboisso.

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2.1. L'environnement à Aboisso : les aspects à considérer

Pour traiter la problématique sur la dégradation de l'environnement et la santé des populations dans la ville d'Aboisso, il convient de prendre en compte une multiplicité de facteurs liés notamment à la physiographie (relief, géomorphologie), à la climatologie (pluviométrie, température, le climat et l'eau), aux ressources en sol, aux ressources forestières, aux ressources en eau et aux différentes variables liées à l'état de l'environnement.

2.1.1 L'environnement à Aboisso : dimension historique

Le processus de détérioration de l'environnement à Aboisso, tout comme dans plusieurs villes ivoiriennes remonte à l'époque coloniale (Service de l'hygiène publique Aboisso, 2016). Le Sud-Est ivoirien est une région pionnière de l'économie de plantation, qui a vu l'introduction du café à Élima, au bord de la lagune Aby, en 1982 et quelques années plus tard le cacao. L'activité agricole s'est progressivement intensifiée autour du binôme café-cacao qui est devenu le pilier de l'économie de la région (Hauhouot, 2004). La pression agricole exercée sur de vastes superficies va entraîner progressivement des dommages sur les forêts. Aboisso est une zone forestière à l'extrême Sud -Est de la Côte d'Ivoire, qui de plus en plus est le théâtre d'une exploitation des terres agricoles. En effet, les populations autochtones (Agni) installées entre le 16ème et le 18ème siècle, ont, à partir de leur village originel et profitant des pistes ouvertes dans la sylve par les exploitants forestiers, essaimé l'espace d'une multitude de campements de culture (Essan, 1986). Aussi, la baisse de la production agricole occasionnée par la dégradation des forêts qui a pour corolaire, l'insuffisance des terres cultivables et la réduction des superficies des cultures vivrières pose un autre problème à Aboisso. Autrefois, le manioc frais, la banane plantain, l'igname et le taro étaient produits en quantité suffisante dans la région d'Aboisso. Les superficies plantées de ces cultures couvraient plusieurs centaines d'hectares. Par exemple, en 1975, les exploitations de manioc couvraient 6000 ha, celles de la banane plantain s'étendaient sur 30 000 ha tandis que l'igname s'étalaient sur 1 200 ha. Au totale, ces cultures vivrières avaient une superficie de 37 200 ha (Statistiques agricoles, 1974). À partir de cette surface cultivée, c'était plusieurs milliers de tonnes qui ont été produits à Aboisso pour nourrir une population de moins de 100 000 ha (RGPH, 1975). Les vergers de café et de cacao sont vieillissants et souvent mal

entretenus. Ceci joue négativement sur leurs rendements déjà insuffisants (le rendement du café est compris entre 300 et 350 kg/ha ; celui du cacao ne dépasse pas 500 kg/ha.) Les cultures vivrières sont développées de manière extensive sur brûlis, pour la consommation des

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exploitants agricoles. En outre, s'ajoute la pression démographique qui s'accompagnent d'un développement progressif d'autres activités notamment les commerces de rue, associée à la pression des populations sur l'espace. À tous ces faits, il faut aussi mentionner la destruction des multiples forêts, champs, plantations de cacao et de café dans le cadre de la reconversion de culture.

2.1.2. L'environnement à Aboisso : état des lieux

La définition du terme environnement retenue pour notre étude, se réfère de manière stricte à l'ensemble des éléments constitutifs du milieu d'un être vivant, et, de façon plus large, à l'ensemble des éléments constitutifs du paysage naturel et du paysage artificiellement créé par l'homme susceptibles d'agir sur les organismes vivants et les activités humaines et la santé. Aboisso est située sur le cours inférieur du fleuve Bia, dans le Sud-Est de la Côte d'Ivoire, et dominée par des hauts plateaux. Le relief très accidenté, notamment dans la partie Nord-Est (dans les Sous-Préfectures d'Ayamé et de Bianouan) et à l'Est (dans la Sous-Préfecture de Maféré), aussi la ville représente une dépression au quadruple point de vue de la géomorphologie, de la climatologie, de la lithologie et de l'érosion. Autrement dit, les risques de désastres qu'encourt la ville (tremblements de terre, cyclones, tempêtes tropicales, glissements de terrain, éboulements, etc.) sont liés (en grande partie) à sa position géographique, sa topographie et à son histoire géologique. Aboisso, se trouve dans une zone inondable. Cette situation l'expose parfois à des inondations qui entraînent des destructions. Pour se faire une idée de la dégradation de l'environnement, observons le tableau de l'état de l'environnement qui se caractérise aujourd'hui par la multiplicité des sites insalubres, consécutivement au déversement des eaux usées dans les caniveaux qui sont quasi totalement bouchés. L'élimination anarchique des déchets dans la nature et dans le fleuve Bia, la pollution des sols et des eaux à cause des engrais et rejets industriels de tous genres constituent des problèmes observés qui dégradent l'environnement dans la ville. On peut également s'en convaincre en survolant le quartier précaire Sokoura, avec des facettes de l'environnement dégradé.

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2.2. Les différentes facettes de l'environnement à Aboisso

L'environnement dans la ville d'Aboisso, se présente sous plusieurs facettes. En effet, la ville est un véritable « melting-pot4 », à travers les multiples activités qui s'y trouvent. De ce fait, les milieux naturels se trouvent transformés, bouleversés, dégradés par les remblais et les déblais réalisés pour la réhabilitation et la construction des routes, et de diverses autres activités liées aussi à la construction des maisons. Pour les travaux d'aménagement de la route Grand Bassam - Aboisso-Noé, l'environnement a subi des atteintes, les travaux de terrassement mettant les sols à nu, comblant les cours d'eaux et les marécages qui servaient de déversoirs d'orage et de stations naturelles d'épuration des eaux usées. Ainsi, en se mêlant aux eaux usées, le ruissellement des eaux de pluie traîne des ordures déversées, crée des inondations des zones basses et accroît l'insalubrité du milieu. La photo 4 présente un tas de déchets entre les cours dans le quartier TP extension.

Photo 4: Déversement des déchets entre les habitats et état de l'environnement
(Cliché Niamké, 2016)

2.2.1. Manifestation de la dégradation de l'environnement

La manifestation de la dégradation de l'environnement de la ville s'observe à plusieurs niveaux selon l'échelle des quartiers. En plus de l'observation effectuée, l'enquête ménage a permis d'avoir une nette appréciation des faits de manifestations de la dégradation. Selon les différents quartiers, la dégradation bien que présente, est visible de diverses manières. Le

4 Endroit où se mêlent des éléments d'origines très variées, où se rencontrent des idées différentes.

89

tableau ci-dessous est le résultat de l'enquête de terrain réalisée auprès de la population. Cette partie de l'enquête a été consacrée à la perception des faits qui entraînent une dégradation constante dans la ville d'Aboisso.

inssuffisance de
gestion de
l'environnement
13%

canniveaux

bouchés

63%

manque de poubelles

22%

manque de materiels

2%

Figure 8: Facteurs dégradant de l'environnement à Aboisso
Source : Nos enquêtes, 2016

Les informations contenues dans le figure 8 traduisent les résultats de l'enquête opérée auprès de la population. Il s'agit de la question 23, concernant les facteurs qui pourraient expliquer la dégradation de l'environnement dans la ville d'Aboisso. Ainsi, sur un total de 385 enquêtés, on relève que 63,6 % soit plus de la moitié, affirment que les facteurs qui expliquent la dégradation de l'environnement sont liés aux caniveaux bouchés de la ville. D'autres facteurs comme le manque de poubelles, l'insuffisance de gestion de l'environnement et le manque de matériels ont été évoqués comme facteurs explicatifs de dégradation de l'environnement. De ce fait, après les caniveaux bouchés suit le manque de poubelles qui représente 22,00 %. L'enquête a montré que l'insuffisance de poubelles à travers diverses endroits de la ville explique le déversement des déchets très souvent dans les rues, le fleuve et dans les caniveaux. Les proportions les plus faibles sont particulièrement l'insuffisance de gestion de l'environnement avec 13,60 % et le manque de matériels avec 0,80 %. On retient de l'analyse que la perception des populations sur les facteurs qui dégradent l'environnement est dominée par les caniveaux bouchés. Aussi, pour une meilleure lisibilité le graphique ci-dessous est indiqué.

90

2.2.2. La perception de la population sur les facteurs de dégradation de l'environnement

Plusieurs facteurs peuvent expliquer la dégradation de l'environnement dans un espace donné. Pour l'étude et particulièrement à Aboisso, l'enquête a permis de montrer les facteurs qui expliquent cette dégradation de l'environnement dans la ville. L'enquête réalisée auprès des ménages sur la perception de la dégradation de l'environnement a permis de nous en rendre compte que plusieurs indicateurs sont visibles par la population pour décrire l'état de l'environnement.

2.2.3. Attitude des populations comme facteurs de dégradation de l'environnement Les facteurs expliquant la dégradation de l'environnement sont divers, mais parmi ceux-ci, on relève l'action de l'homme qui contribue également à la dégradation quotidienne du cadre de vie. Le comportement des ménages enquêtés a permis d'identifier les différents modes de rejet de déchets dans la ville d'Aboisso. Les lieux repérés qui servent de déversoirs des déchets sont ; les bacs à ordure ; la rue, les caniveaux ; le fleuve Bia, les puits perdus et fosses septiques. La figure 9 ci-dessous présente les proportions relevées de nos enquêtes des pratiques des populations, pour ce qui concerne le rejet des déchets.

Devant votre maison Dans la lagune Fosse septique

Bac à ordure Dans la rue à ciel ouvert Dans les caniveaux

21%

11%

3% 7%

14%

44%

Figure 9 : Modes des rejets des déchets par les populations

Source : Nos enquêtes, 2016

La figure 9 présente les différents modes utilisés par les populations pour le rejet des déchets liquides et solides. On relève que le mode de rejet des déchets dans les bacs à ordure demeure le plus utilisé par la population. Pour ce qui concerne le mode des rejets des déchets devant la maison, on a relevé que le fait le plus courant, est le rejet des déchets liquides. Les

91

rejets des déchets liquides s'observent à tous les niveaux, aussi bien devant les cours, dans la rue, mais aussi aux abords de la rive du fleuve Bia. L'illustration avec la photo 5 permet d'apprécier l'état de l'environnement au niveau de la rive du fleuve Bia sur le prolongement du quartier commerce. Sur la rive du fleuve Bia, on s'aperçoit qu'essentiellement les matières fécales des humains et animaux, les déchets ménagers s'y trouvent.

Photo 5: Une vue des résidus de déchets déversés sur les rives du fleuve Bia
(
Cliché, Niamké 2016)

Les abords du fleuve Bia, sont utilisés par les populations comme site de déversement des déchets de tout genre. Cette photo montre un aspect du comportement des populations dans le processus de dégradation de l'environnement. Cette situation de rejet permanent des déchets dégrade les rives de la Bia.

2.2.4. Le niveau d'implication de la population dans la dégradation de l'environnement

Le rôle de la population d'Aboisso dans la dégradation de l'environnement est visible à travers plusieurs faits et comportements observés. En effet, l'enquête réalisée auprès des ménages a relevé que la population à travers diverses actions contribue à la dégradation de l'environnement. Non seulement, elle produit quotidiennement des déchets, dont les rejets participent à la dégradation de l'environnement, mais aussi elle adopte des attitudes dont les répercussions affectent l'état de l'environnement. De nombreux cas d'insalubrité les plus souvent occasionnés par les populations ont été relevés. De la production de déchets à la gestion, on observe une implication des populations qui ne s'accompagne pas de bonnes

92

pratiques. La figure 10 montre le taux de proportion de la population dans la production des déchets à Aboisso.

Production des déchets Non

4%

96%

Figure 10: Production des déchets par les populations Source : Niamké, 2016

La population de la ville d'Aboisso produit régulièrement des déchets. La proportion de la population produisant des déchets est estimée à 96%, contre 4% des personnes répondant ne pas produire de déchets. Cette proportion traduit l'importance de la production des déchets par la population dans la ville à Aboisso. Parmi les éléments qui affectent l'état de l'environnement à Aboisso, nous avons relevé que le rejet des déchets dans les bacs à contribue également à la dégradation du cadre vie. Les observations menées sur les facteurs de dégradation et la perception de la population nous conduisent à élaborer la figure suivante. La figure 11, ainsi, réalisée montre les facteurs de l'accentuation de la dégradation de l'environnement.

Concentration des déchets à la décharge du marché

Stagnation des eaux usées

Rejet des déchets dans le fleuve Bia

Déchets non collectés

Caniveaux et égouts

Dégradation du cadre de vie

Dégradation de la santé humaine

93

Figure 11: Accentuation de la dégradation de l'environnement Tiré de cahiers scientifiques (2011), système de nuisance et mode de vie) Adapté par : Niamké, 2016

Une approche systémique des effets de nuisance sur l'environnement est représentée par la figure 11 : Aussi, de façon globale ce modèle permet de décrire la perception des populations liées à la question relative aux effets qui contribuent à la dégradation continuelle de l'environnement. Bien que, 44% de la population utilise les bacs à ordure comme réceptacle de déversement des déchets, on observe que les déchets laissés sur place avant le ramassage deviennent un effet de dégradation. La figure 11 permet de voir les indicateurs qui dégradent le cadre de vie. Notons que la santé humaine est perturbée par les indicateurs relevés.

2.3. Les facteurs de dégradation de l'environnement

Depuis plusieurs années, la qualité du milieu de vie en Côte d'Ivoire ne cesse de se dégrader et cela s'observe à l'échelle des villes. Aboisso est un exemple qui permet d'apprécier cette réalité. Cette dégradation constante et évolutive de l'environnement présente divers facteurs. Des résultats scientifiques ont prouvé que les activités que développent les hommes sont très souvent l'une des causes explicatives de la dégradation de l'environnement. De plus en plus, la ville d'Aboisso, qui présente un relief très accidenté, jalonné de vallées, reste soumise aux aléas de l'inondation. La croissance démographique s'explique généralement par deux facteurs principaux : les migrations et l'accroissement naturel. Le taux de croissance démographique dus à l'accroissement naturel est de 3,4% pour Aboisso, (RGPH, 2014) ce qui explique le niveau élevé du taux de croissance démographique.

94

2.3.1. La croissance démographique, un dommage pour l'environnement à Aboisso

Les relations population-environnement s'inscrivaient dans une grille d'analyse fortement imprégnée des idées malthusiennes5. Le postulat de départ était que : la croissance démographique a des effets néfastes sur l'environnement (Ehrlich, 1968). Cette thèse, a fait l'objet de diverses études afin de comprendre et d'établir clairement la relation entre la démographie et l'environnement. Dans le cas de notre étude, on peut noter d'un point de vue démographique que la croissance de la population n'a cessé d'être observée depuis 1975 jusqu'à 2016. De ce fait, cette croissance qui s'accompagne de modification de la consommation et de mode de vie, n'a cessé de perturber et intensifier les problèmes liés à l'environnement. Aussi, faut-il le relever qu'à partir de la fin des années 1980, plusieurs chercheurs se sont penchés de manière plus précise sur des études de cas, sur les relations entre la démographie et l'environnement. Tout comme l'observation dans la ville d'Aboisso, cette relation entre la croissance démographique et l'environnement influe négativement et directement sur le cadre de vie. Les questions liées à la gestion de l'environnement se posent. Les questions liées également liées aux équipements et infrastructures pour l'évacuation des eaux usées et déchets deviennent elles aussi problématiques.

2.3.2. Répartition de la population et pression sur l'environnement

La répartition de la population à Aboisso, est aussi considérée comme un facteur qui influence l'environnement. Les effets liés à la pression démographique sur l'environnement relevés dans l'étude sont pour le moins le fait d'une population en forte croissance. Cette tendance observée dans certains quartiers, est un indicateur qui a permis d'apprécier le système d'accentuation de la dégradation de l'environnement. La figure 12 présente le volume de la population par quartier.

5 Le malthusianisme est une politique prônant la restriction démographique, inspirée par les travaux de l'économiste britannique Thomas Malthus (1766-1834). Le terme est utilisé pour la première fois par Pierre-Joseph Proudhon en 1849.

Population en milliers

8000

4000

7000

6000

5000

3000

2000

1000

0

Quartiers de la ville

95

Figure 12 : Volume de la population par quartier Source : RGPH, 2014

Les quartiers SOKOURA avec une proportion de 17,04% de la population totale, suivi des quartiers TP et EBOIKRO SANWI respectivement avec 10,87% et 9,79% concentrent une part importante de la population de la ville. L'enquête a relevé que le niveau de dégradation est élevé comparativement aux autres quartiers. Pour Guillaume, (1994), les effets multiplicateurs de la dégradation de l'environnement sont notamment l'appréhension des problèmes de croissance démographique, qui jusque-là, ne sont pas intégrés dans les politiques de développement. La poussée démographique est également l'une des causes de l'insuffisance de l'offre d'infrastructures adéquates. Dans la ville d'Aboisso, la nature du site conditionne largement ses relations actuelles et futures avec l'environnement. Le site très accidenté provoque des problèmes d'inondation et de drainage ; Service hygiène Mairie Aboisso, (2016). L'environnement de la ville est lui-même modifié par l'homme et c'est dans ce contexte qu'il convient de prendre en compte le rapport environnement et dégradation. Certains faits de santé liés à l'eau s'observent de plus en plus dans les quartiers de la ville, notamment les quartiers les plus insalubres et avec de forte densité. Par exemple, 89% de la population utilise de l'eau courante, ce manque d'eau, combiné à d'autres problèmes d'assainissement, traduisent des problèmes de santé publique. La figure 14, montre la proportion de la population utilisant l'eau potable au quotidien.

11%

Oui Non

89%

96

Figure 13: Proportion de l'utilisation de l'eau par les populations.
Source : Enquête de terrain, 2016

2.3.3. Dépôt des déchets et la manifestation de la dégradation

Les décharges brutes provoquent des nuisances pour le voisinage à causes des odeurs et de la dégradation du paysage. De plus, elles condamnent de grands espaces qui, même après fermeture du site et remblaiement, restent impropres à de nombreuses activités. Les décharges provoquent la prolifération d'espèces nuisibles avec apparition permanente (rongeurs, moustiques) qui sont vecteurs de maladies. Elles présentent surtout des risques pour la santé des hommes et pour l'environnement : déchets qui conservent l'eau et qui peuvent contaminer les eaux superficielles et souterraines. Certains déchets en conservant l'eau de pluie constituent un terrain favorable au développement des moustiques. Ces menaces sont multipliées lorsque ces décharges se trouvent aux bords de rivières, dans les zones inondables et surtout à proximité d'habitations.

Les photos 6 et 7 montrent successivement les caniveaux bouchés et le site de groupage de déchets, qui ne suit pas un ramassage régulier des déchets.

Photo 6: Caniveau obstrué Photo 7: Tas d'ordure

(Cliché Niamké, 2016)

97

Les photos 6 et 7 montrent la transformation de l'espace de groupage des déchets à l'arrière du marché en dépotoir géant. Les deux coffres à ordure destinés à accueillir les déchets des populations du marché et celle du quartier, ne contiennent pas la quantité de déchets produite, ce qui se traduit par d'énormes quantités de déchets aux alentours des coffres.

2.3.4. Incinération des déchets : une pratique des populations à Aboisso

Toutes les ordures produites ne sont pas collectées puisqu'une partie de la population n'est pas desservie par le service de ramassage des ordures. Des tas d'ordures sont entassées très souvent à l'arrière cours de certains ménages. Notre enquête a permis d'observer que dans le quartier TP, des ordures sont groupées le long de certaines concessions. Ces ordures laissées sur place qui ne font pas l'objet de collecte régulière s'entassent et constituent un problème d'hygiène pour les populations. Notre enquête a relevé que le recours au brûlage des déchets est celui qui est utilisé par les populations pour évacuer les tas de déchets qui pullulent aux alentours des habitations. Les résultats de l'enquête ont relevé que 16% de la population pratique le « le brûlage volontaire ». La figure 15, présente la proportion des populations qui pratiquent l'incinération des déchets.

83,20%

Incinération Pas d'incnération

16,80%

Figure 14: Répartition des enquêtés en fonction de la pratique de l'incinération des déchets (Source ; Nos enquêtes, 2016)

Bien que, la proportion de la population qui pratique le brûlage des déchets ne représente que 16%, plusieurs raisons sont évoquées pour justifier cette pratique de l'incération des déchets par les populations. Il s'agit entre autres du niveau d'équipements et

la fréquence irrégulière de la collecte. Cette situation, continue de maintenir l'arrière cours des ménages comme réceptacle des déchets. Les deux (2) photos en dessous prisent lors de nos enquêtes montrent les pratiquent de l'incinération par les populations.

98

Photo 8: Incinération des déchets à l'arrière cours d'une famille (cliché Niamké, 2016)

Les images ci-dessus montrent que les ménages pratiquent l'incinération des déchets, et cela s'explique par le niveau de gestion des déchets. Les ménages que nous avons enquêtés estiment que la gestion des déchets pose un problème d'environnement pour leur quartier. Sans ignorer parfois, tous les risques qui accompagnent la pratique de l'incinération, elles avouent que c'est parce que c'est la seule alternative de réduire les tas d'ordure cette pratique se répand peu à peu dans la ville.

2.4 : Population et niveau de dégradation de l'environnement

La question de la dégradation se pose continuellement quand il s'agit de mesurer ou d'apprécier le niveau de dégradation de l'environnement à l'échelle de la ville. Ainsi, pour mener cette appréciation, il faut disposer de certains outils d'analyses et méthodes d'appréciation. Cela implique que des critères représentatifs à la fois de la dégradation de l'environnement et de l'évaluation des risques sanitaires soient clairement définis.

Des critères divers retenus à cet effet, ont guidé la réflexion. On peut mentionner les sites entourés de décharges de déchets, avec une concentration importante de déchets liquides et solide. Le test de Khi2 a été mobilisé à cette fin. L'utilisation du test de Khi2 déjà mentionnée dans l'approche méthodologique est appliquée à différente étape de notre recherche pour vérifier les liens de significativité.

· 99

Réalisation du test de Khi2

Ce test réalisé met en relation les deux variables suivantes : la taille du ménage et le niveau de dégradation. Elles s'inscrivent dans la démarche de la vérification de l'hypothèse 1, selon laquelle à Aboisso les sites les plus dégradés sont ceux qui concentrent plus de population. Pour rappel, le test de Khi2 , est un test d'inférence statistique permettant d'évaluer s'il existe une corrélation statistiquement significative entre deux variables ou si, à l'inverse celle-ci sont indépendantes. Le test qui est réalisé, vise à savoir si la taille du ménage peut être mise en relation avec la dégradation de l'environnement.

Le test est mené au seuil de 5%, ce qui signifie qu'on a un a un risque d'erreur de 5%. Le tableau n° 12 est le résultat du croisement de deux variables précédemment choisies.

Tableau 12: Niveau de dégradation de l'environnement en fonction de la taille du ménage

Effectif du ménage Niveau de dégradation

Oui Non Total

Moins de 3 personnes

27

1

28

de 3 à 5

189

32

221

de 6 à 8

107

20

127

de 9 à 11

6

1

7

de 12 à 14

1

0

1

15 et plus

2

0

2

Total

332

54

386

 

Source : Enquête, Niamké 2016

Ce tableau est constitué de neuf lignes (la taille du ménage) et quatre colonnes dans lesquelles sont réparties les 386 observations. À partir de ces données issues de l'observation on construit un autre tableau de contingence où seront calculées les valeurs dites théoriques ou attendues sous deux hypothèses : une hypothèse H0 et une autre hypothèse H1. Les hypothèses se déclinent comme suit :

· Hypothèse 0 : La taille du ménage n'influence pas la dégradation de l'environnement

· Hypothèse 1 : La taille du ménage influence la dégradation de l'environnement

100

Le choix de la formulation de l'Hypothèses H0, se justifie par le fait qu'à l'échelle des quartiers, on relève des indicateurs liés au volume de la population qui peuvent expliquer le changement à divers niveaux, notamment celui du cadre de vie et de l'environnement. La variable population permet ainsi d'apprécier le niveau de dégradation, comme certaines études l'ont montré.

· Calcul des valeurs théoriques (le résultat des opérations est consigné dans le tableau ci-dessous)

Le calcul de ces effectifs se fait de la manière suivante : total de la ligne concernée x total de la colonne concernée /total général.

· Application numérique :

Appliquons un exemple de calcul pour le ménage dont la taille est comprise entre 3 à 5

Effectif théorique = (332* 221/ 386) = 190,08

Tableau : Effectifs théoriques

 
 

Effectif du ménage

 

Niveau de dégradation

 
 

Oui

Non

Total

Moins de 3 personnes

24,08

3,92

28

De 3 à 5

190,08

30,92

221

de 6 à 8

109,23

17,77

127

de 9 à 11

6,02

0,98

7

de 12 à 14

0,86

0,14

1

15 et plus

1,72

0,28

2

Total

332

54

386

 

Source : Enquête, Niamké 2016

· Calculons le Khi2

Khi2 = (effectif observé - effectif théorique) 2 / effectif théorique

Tableau : Le résultat des Khi2 calculés est consigné dans le tableau suivant ;

Effectif du ménage

 

Niveau de dégradation

 
 

Oui

Non

Total

Moins de 3

0,35

2,17

2,53

de 3 à 5

0,01

0,04

0,04

de 6 à 8

0,05

0,28

0,33

de 9 à 11

0,00

0,00

0,00

de 12 à 14

0,02

0,14

0,16

15 et plus

0,05

0,28

0,33

Total

0,47

2,91

3,38

 

Source : Enquête, Niamké 2016

NB : Le Khi2 calculé est égale à la somme des Khi2, donc 3,38 (à partir du tableau ci-dessus)

· On calcule par la suite, le degré de liberté (DDL)6

DDL = (k-1) (r-1) avec k nombre de colonnes et r nombre de lignes DDL = (2-1) (6-1) = 5

· Recherchons le Khi 2 des tables

On effectue le croisement du degré de liberté avec la marge d'erreur de 5% comme le présente la table en dessous et on obtient ensuite : 11, 07

101

6 Degré de liberté

102

Tableau 13 : Table de loi Khi 2

Conclusion tirée après le test statistique du Khi2

On obtient après croisement que le khi 2 calculé (3,38) est inférieur au khi 2 des tables (11,07). Donc l'hypothèse HO qui stipule que « La taille du ménage n'influence pas la dégradation de l'environnement » est confirmée.

On retient donc ;

Deux hypothèses ont été émises, la première est l'hypothèse nulle (Ho), qui postule qu'il n'y a pas de lien entre la taille du ménage et la dégradation de l'environnement. La seconde hypothèse (H1), postule que la taille du ménage et la dégradation de l'environnement sont liés.

Le test de Khi2, réalisé précédemment a permis de confirmer l'hypothèse Ho et de rejeter H1. On retient en somme, que la taille du ménage n'est pas liée à la dégradation de l'environnement.

NB : La taille des ménages est différente de la densité de la population, également de la croissance de la population

103

2.4.1. La taille de la population : un indicateur de production de déchets

La production variable des déchets ménagers obéit à une logique de différenciation et de hiérarchisation des espaces de concentration des populations et de leurs activités. Konan, (2012). Certes, la disponibilité de données sur la production des déchets reste une difficulté, mais des études sur la question des déchets ont suffisamment été traitées, ce qui permet d'obtenir des résultats existants sur les quantités des déchets dans certaines localités de la Côte d'Ivoire.

Par ailleurs, notons que pour des études similaires sur la question des déchets, certains auteurs ont montré l'influence du poids démographique dans la production des déchets. En ce qui concerne la production des déchets en Côte d'Ivoire, ANDE, (2001), a produit les résultats que nous avons consigné dans le tableau n° Tableau 14

Tableau 14 : Production moyenne journalière nationale des déchets ménagers par habitant en Côte d'Ivoire

TYPE DE LOCALITÉ

POPULATION (habitants)

PRODUCTION (kg/hab/jour)

Abidjan

Plus de 3 000 000

0,9

Grandes villes

3 000 000 - 100 000

0,8

Villes moyennes

100 000 - 40 000

0,75

Petites villes

40 000 - 10 000

0,5

Villages

10 000 - 2000

0,35

Campements

Moins de 2000

0,2

 

Source : ANDE, 2001

Notre site d'étude qui est la ville d'Aboisso, fait partie des villes moyennes de Côte d'Ivoire. La production des déchets journaliers par habitants s'élève donc à 0,75 kg/hab.

À partir de ce tableau, on peut s'apercevoir que les localités disposant d'un poids démographique compris entre 40 000 et plus de 3 000 000 millions d'habitants ont une production journalière de déchets par habitant qui est supérieure à 0,5 kg/hab.

Ainsi, on observe une inégalité de la production des déchets sur l'ensemble des localités en Côte d'Ivoire. Le niveau de production des déchets ménagers constitue donc un facteur déterminant dans la prise en compte de la spatialisation du niveau de concentration

104

des déchets à l'échelle des quartiers. Observons la production des déchets de la ville d'Aboisso suivant le tableau 15.

Tableau 15 : Production journalière des déchets selon la taille de population à Aboisso

QUARTIERS

TAILLE POPULATION

PRODUCTION
DÉCHETS
Hab./jour

PRODUCTION
TOTALE

Administratif

3351

0,75

2513,25

Antenne

1754

0,75

1315,5

Belle-vue

0

0,75

0

Bois blanc

759

0,75

569,25

Commerce

2493

0,75

1869,75

Eboikkro sos

0

0,75

0

Eboikkro sanwi

4192

0,75

3144

Eboikro-prof

2940

0,75

2205

Konan kan

1743

0,75

1307,25

Lycée

1636

0,75

1227

Panan-panan

2827

0,75

2120,25

Sokoura

7299

0,75

5474,25

TP

4656

0,75

3492

T.P extension

1409

0,75

1056,75

Sesse

3279

0,75

2459,25

Petit marché

2884

0,75

2163

Koliahiwa

728

0,75

546

Plateau

0

0,75

0

SPE

464

0,75

348

TOTAL

42414

 

31 810,50

 

Source : (ANDE, 2001) / production obtenue à partir des statistiques INS, 2014

Au regard du Tableau 15, il ressort que le niveau de production des déchets évolue proportionnellement avec la taille démographique des quartiers. Ainsi, la variable « poids démographique » fait donc varier la production des déchets dans la ville d'Aboisso. La figure qui suit montre de façon croissante les productions des déchets par quartiers.

Le quartier Sokoura est largement au-dessus dans la production des déchets avec une proportion de 17,21%, suivi du quartier TP avec une proportion de 10,98. À côté des productions qui s'accompagnent du dynamisme de la population, on assiste de plus en plus à des sites insalubres dans ces différents quartiers.

105

2.4.2. Influence de la densité de la population sur la dégradation de l'environnement

La relation entre l'environnement et la santé humaine est un sujet qui paraît évident (OMS, 2011). Pourtant, de nombreuses études sont menées et essaient toujours de mettre en corrélation plusieurs indicateurs. En effet, la croissance démographique et le développement économique sont des déterminants qui influencent fortement l'environnement. Aussi, par le processus d'urbanisation, on observe plusieurs mutations qui s'opèrent dans le milieu urbain. L'espace urbain, constitue donc au fur et à mesure le support privilégié de toutes marques de l'emprunte environnementale. Les facteurs de la dégradation se combinent donc dans le milieu à forte pression humaine et développement d'activités et ouvre le champ à des analyses. L'évolution de la population ne se fait pas sans dommages sur le cadre de vie.

L'enquête a permis de révéler que les indices environnementaux sont très variables d'un quartier à l'autre mais surtout ces indices nous interpellent sur le niveau de dégradation du cadre de vie.

En effet, la ville d'Aboisso, de part cette pression démographique présente une accumulation d'objets usagés divers, de détritus, d'ordures, de bouteilles, de sachets, de produits en nombre etc., qui jonchent les rues, avec également le défaut d'hygiène environnementale

Facteur important d'appréciation de la distribution de phénomène, la population se présente comme un indicateur important pour l'appréciation des faits de dégradation de l'environnement. Des études réalisées sur la population ont montré la place de la population dans les politiques de planification.

En ce qui concerne le rapport la population et environnement, les projections de la population sont très souvent négligées et non prises en compte. Pour la ville d'Aboisso, en ce qui concerne les problèmes environnementaux, on relève que la population est un acteur qu'il faut prendre en compte dans les politiques de planification. La figure 15, présente la répartition de la population selon les quartiers de la ville d'Aboisso.

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Figure 15 : Volume de population à Aboisso

Source : CCT,2015 Réalisation : Niamké, 2016

Pour une meilleure appréciation de la taille de la population par rapport au niveau d'insalubrité, nous avons effectué une superposition des cartes du volume de la population et celle du niveau de dégradation. Ainsi, la superposition, nous permet de voir les disparités tant au niveau du site, que nous avons catégorisé à trois niveaux.

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Figure 16: Distribution du niveau de dégradation de l'environnement en fonction de la taille de la population

Source : CCT/BNETD : 2014 Réalisation : NIAMKE, 2015

L'un des éléments majeurs qui caractérise notre zone d'étude est le rythme d'accroissement de sa population urbaine. Ce phénomène a été associé dans le cas de notre au niveau de dégradation de l'environnement dans la ville, comme l'indique la figure ci-dessus. On observe ainsi, que le niveau de dégradation de l'environnement est lié au volume de la population.

108

Plusieurs indicateurs sont utilisés pour évaluer l'influence d'un fait de dégradation de l'environnement dans le milieu où l'on vit. Ainsi, les caractéristiques du niveau d'insalubrité sont regroupées dans le tableau 16

Tableau 16: : État du logement dans les quartiers de la ville

Faits observés

Accès difficile

Relativement propre

État du logement

Installation sanitaire défectueux

 
 
 
 

Déversement des eaux usées aux alentours des logements

Déversement des eaux usées dans les plans d'eau

Source : Niamké, 2016

À la lecture du tableau, on s'aperçoit que la ville d'Aboisso comporte plusieurs indicateurs qui caractérisent un milieu insalubre, et qui constituent un risque pour la santé des populations qui vivent dans un tel environnement. Les effets d'une situation d'insalubrité morbide sur la santé varient selon la nature des matières accumulées, le degré d'exposition et les personnes exposées.

Conclusion du chapitre II :

État des lieux et manifestation de la dégradation de l'environnement à Aboisso

Le chapitre II ainsi traité a permis de s'apercevoir du niveau de dégradation de la ville d'Aboisso. Tout en relevant les faits de santé qui caractérisent la ville, la spatialisation du phénomène est présentée à travers des supports cartographiques. La question de la répartition de la population a été un facteur déterminant pour l'analyse de l'influence du système environnement. Cela dit, à travers cette observation relative à la population, on relève que cet indicateur a permis d'apprécier le système d'accentuation de la dégradation de l'environnement.

109

Conclusion partielle : Première partie

La théorie utilisée pour l'étude (Théorie Générale des Systèmes), a permis de comprendre comment la ville d'Aboisso est structurée en termes de population et d'observer les disparités. La multiplicité des activités qui s'organisent dans la ville constituent des marqueurs pour apprécier non seulement le niveau de gestion des déchets solides ou liquides produits, mais aussi de voir le comportement de la population vis-à-vis de l'environnement. Le cadre de vie à Aboisso, subit constamment une dégradation due à une gestion approximative de l'environnement.

L'observation réalisée au cours de l'enquête a permis également de nous en rendre compte de l'effet de distribution de sites non contrôlés qui prolifèrent dans les environs des habitats. Concernant ce phénomène, l'enquête a montré que le mode de rejet des déchets le plus usuel est le rejet dans les bacs ou coffres à ordures. Certes, cela est la pratique la plus répandue avec 44%, mais est suivi d'autres types de rejets qui constituent également les marqueurs de la dégradation de l'environnement.

Les différents quartiers qui ont servi d'échelle d'analyse, nous ont permis d'établir une différentiation du niveau de la dégradation de l'environnement. Différents indicateurs ont pu guider les critères d'établissement de la catégorisation. Le poids démographique a été un déterminant clé pour la hiérarchisation du niveau de dégradation. Il ressort de nos analyses que les sites les plus dégradés sont ceux qui concentrent le plus de populations.

DEUXIÈME PARTIE : RISQUES DE MALADIES LIÉS À LA DEGRADATION DE L'ENVIRONNEMENT

 

110

Notre approche sur la conception des sites dégradés et maladies s'ouvre sur l'objectif qui vise à identifier les risques de maladies liés à la dégradation de l'environnement.

Dans la relation environnement et risques sanitaires, il existe plusieurs facteurs qui expliquent l'état de santé des populations. Les déterminants qui ont des effets néfastes sur la santé des populations sont relevés dans cette partie.

En se référant à la définition générale du risque sanitaire, et l'objectif visé par l'étude, il s'agit donc d'identifier l'ensemble des facteurs qui expliquent l'état de santé de la population dans son espace de vie.

Certains effets des déterminants environnementaux perturbent constamment le cadre de vie des populations donnant lieu à des irrégularités dont il s'agit de saisir le rôle pour comprendre les corrélations.

On peut distinguer deux grandes catégories de risques liés à l'environnement :

- Les risques que les activités humaines font peser sur l'environnement humain et naturel ; - Les risques que l'environnement naturel fait peser sur l'état de santé des populations

Il s'agit dans cette partie de présenter les aspects physiques qui influencent la santé des populations, mais aussi de montrer les risques de maladies liés à la dégradation de l'environnement et fait de dégradation créent par l'homme qui agissent sur la santé.

CHAPITRE III : ABOISSO : UNE VILLE, SOUMISE AUX RISQUES SANITAIRES DU MILIEU PHYSIQUE

 

111

Les influences environnementales sur la santé peuvent être positives ou négatives et englober une vaste gamme de facteurs : à l'échelle mondiale (changement climatique), à l'échelle nationale et régionale (récessions économiques, conflit, la pollution atmosphérique et des eaux), à l'échelle locale dans le milieu bâti (qualité de l'air intérieur) et dans l'environnement social.

Depuis la Conférence des Nations Unies sur l'Environnement de Stockholm (Suède) en 1972, le monde entier a pris conscience de la menace qui pèse sur la planète terre. Certes plusieurs mesures ont été prises par les gouvernants en vue de réduire les risques de santé liés à l'environnement. Mais, on relève que cette situation demeure encore préoccupante.

En effet, en Côte d'Ivoire, le livre blanc environnement, (1994) montre que les problèmes environnementaux deviennent de plus en plus cruciaux. Les rapports de l'homme avec son environnement sont mêlés de divers problèmes dont celui de la dégradation du milieu physique. Ainsi, on observe dans la ville d'Aboisso, que les faits de dégradation sont multiples.

Le chapitre introductif de cette partie, traite de la dégradation de l'environnement lié aux risques du milieu physique et dans son ensemble, établit le lien conceptuel entre les différents faits de dégradation et les facteurs de risques.

112

3.1. Le milieu physique de la ville d'Aboisso

La ville d'Aboisso est bâtie sur un site qui comporte à la fois les bas et hauts plateaux et présente une structure dans laquelle l'altération des minéraux est complète. Les sols appartiennent au groupe des sols ferralitiques fortement lessivés en base sous forte pluviométrie. On rencontre :

- des sols ferralitiques sur roches éruptives et métamorphiques (granite, schistes et roches basiques);

- des sols ferralitiques sur sables tertiaires ;

- des sols développés sur sables quaternaires ;

- des sols hydromorphes beaucoup moins étendus. Il s'agit des vallées et des bas-fonds. Le climat, de la ville est de type climat subéquatorial, chaud et humide. Il est rythmé par quatre (4) saisons de durées inégales : une grande saison sèche de Décembre à Février ; une grande saison pluvieuse de Mars à Juillet ; une petite saison sèche d'Août à Septembre ; une petite saison pluvieuse d'Octobre à Novembre. « Il se caractérise par l'abondance des précipitations avec une hauteur moyenne d'environ 2 000 mm dans les années 1960 ». (ANAM, 1960). Les précipitations y sont abondantes, avec une température quasi-constante d'environ 27 degrés Celsius. Au niveau du département d'Aboisso. Le réseau hydrographique est dense avec un plan d'eau qui occupe près du dixième de la superficie du territoire départemental. Le lac de la Bia occupe à lui seul 17 000 ha du territoire départemental. II existe également de nombreux affluents qui se déversent soit dans le lac Bia, soit dans la lagune Aby.

3.1.1. Données de l'environnement physique et facteurs de risques sanitaires à Aboisso

3.1.2 Le climat

Le climat, au niveau des départements d'Abidjan, de Grand Bassam et d'Aboisso est de type climat subéquatorial, chaud et humide. Il comporte une grande saison des pluies (mai-juin-juillet), une petite saison des pluies (septembre-novembre) et deux saisons sèches. Les précipitations y sont abondantes, avec une température quasi-constamment d'environ 27 degrés Celsius.

113

3.1.3. L'hydrographie et la pédologie

L'hydrographie du département d'Abidjan est constituée essentiellement de la lagune Ebrié, vaste étendue d'eau avec une superficie de 566 Km. Elle est alimentée en eau douce par trois bassins versants (Agnéby, Comoé, Mé), par quelques rivières (Anguédedou, Gbougbo, Banco) et le canal de Vridi (crée en 1950). Au niveau du département d'Aboisso, le réseau hydrographique est dense avec un plan d'eau qui occupe près du dixième de la superficie du territoire départemental. Le lac de la Bia occupe à lui seul 17 000 ha du territoire départemental. II existe également de nombreux affluents qui se déversent soit dans le lac Bia, soit dans la lagune Aby. Le réseau hydrographique de Grand Bassam est très fourni avec l'Océan atlantique, le fleuve Courbe 5 lagunes, un lac et un canal offrant ainsi d'énormes possibilités de navigation de pêche.

Pour ce qui est de la pédologie, au niveau de la ville d'Aboisso, les sols appartiennent au groupe des sols ferralitiques fortement lessivés en base sous forte pluviométrie. On rencontre

:

- des sols ferralitiques sur roches éruptives et métamorphiques (granite, schistes et roches

basiques) ;

- des sols ferralitiques sur sables tertiaires ;

- des sols développés sur sables quaternaires ;

- des sols hydromorphes beaucoup moins étendu. Il s'agit des vallées et des bas-fonds.

3.2. Facteurs de risques et classification

Le facteur de risque est la caractéristique individuelle ou collective, endogène ou exogène, augmentant de façon statistiquement significative la probabilité d'apparition et de développement d'une maladie. Le risque est omniprésent dans le quotidien des populations vivant dans la ville d'Aboisso. Cette variable étiologique peut être mesurée par le risque relatif (rapport de l'incidence observée dans une population exposée au risque sur l'incidence d'une population non exposée). Toute personne est donc confrontée à de nombreux risques environnementaux et doit prendre chaque jour des décisions pour éviter de s'y exposer. Le tableau qui suit présente la classification des risques.

114

Tableau 17: Classification des catégories de risques

Catégories de risques

 
 
 
 
 

Risques

 

Inondation

Risques naturels

Feux de forêts

 
 

Cyclone et tempêtes

 

Risques technologiques Risques industriels

Risques de ruptures de barrage

Risques de transports de matières dangereuses

Toxicité, pollution

Risques sanitaires environnementaux

Insalubrité, épidémie, maladies

 

Risques alimentaires

 

Source : Jean François G, (2002)

Parmi cette liste de risques de François G (2002), nous relevons que plusieurs risques liés à l'environnement ont été présentés. Une catégorie de risque a été relevé et précise la nature des risques que provoque les différentes catégorisations effectuées. Ainsi, le tableau montre bien, que les risques de maladies et d'insalubrité sont imputables aux risques sanitaires environnementaux. Les risques naturels sont également évoqués, notamment les risques liés l'inondation, ce qui nous interpelle car dans notre zone d'étude, plusieurs sites sont identifiés comme sites inondables.

3.3 Les risques de maladies liés à l'inondation

Une inondation est une submersion plus ou moins rapide d'une zone, avec des hauteurs d'eau et des vitesses de courant parfois très supérieures à la normale. Elle est due à une augmentation du débit d'un cours d'eau provoquée par des pluies importantes et durables. Les observations de ce phénomène sont remarquables dans la ville d'Aboisso, surtout pendant la saison pluvieuse. Il existe des facteurs aggravants tels que le caractère imperméable des sols et la morphologie du lit fluvial. En hydrologie, le lit est l'espace occupé par un cours d'eau, de façon permanente ou temporairement. Il regroupe deux entités distinctes :

· le lit mineur, lit ordinaire ou « lit apparent » : il est le chenal où l'eau s'écoule avant débordement. Il peut être occupé en permanence ou de manière saisonnière

· le lit majeur, appelé aussi « plaine d'inondation » ou « lit d'inondation », est la partie adjacente au lit mineur, inondée seulement en cas de crue. La bordure extérieure du lit majeur correspond au niveau de la plus grande crue historique enregistrée.

Les conséquences des risques d'inondations s'observent aussi bien sur la population que sur l'environnement. On peut traduire sous la photo ci-dessous, les conséquences de l'inondation.

115

Les facteurs aggravants les inondations sont ; l'intensité et la durée de précipitation, l'importance de la pente du versant. On note que la ville d'Aboisso dispose des pentes allant jusqu'à 15%. Il faut souligner aussi du fait des activités qu'il existe des obstacles à la circulation des eaux. La photo 9 suivante montre la remonté des eaux après une pluie.

Photo 9: Montée des eaux après une forte pluie, Cliché Niamké, 2016

La ville d'Aboisso fait face à ce phénomène de montée des eaux. Les dommages quand les faits se produisent sont importants : perturbation de la circulation, montée des eaux, inondation. Les conséquences se traduisent aussi bien, sur les biens matériels que sur le plan humain. Le tableau suivant, présente une classification des risques de d'inondation.

116

Tableau 18 : Classification des catégories de risques

Nature des conséquences Effets observables

Les conséquences pour la population

Lésions corporelles pendant et après l'inondation Pathologies liées à la défaillance de services collectifs (eau potable), Pathologies respiratoires, allergique ; Excès d'humidité, développement de moisissures, bâtis dégradés, Gastro-intestinales, dermatites. ; intoxication alimentaire ; maladies infectieuses

 

Les conséquences pour l'environnement

Le débordement des fosses septiques, la rupture de conduites souterraines, l'émission de produits chimiques stockés au niveau du sol peut polluer rivières, sols et végétation ; érosion du sol, éboulements

Les conséquences économiques

Dégâts matériels sur les habitations, les cultures agricoles, entreprises...

Interruption des trafics routiers

Coupures des réseaux d'eau, perturbation téléphoniques et électriques paralysie temporaire de la vie économique (coûts ou perturbations) et perte d'activité résultant des destructions ou dommages (édifices privés ou publics, infrastructures de transport ou industrielles, etc.)

 

Source : http://www.meteofrance.com/accueil (Consulté, en Février 2015) et adapté par Niamké, 2016

3.4. De la perception du risque d'inondation aux problèmes de santé

Les inondations sont une cause importante des dégâts qui se produisent dans la ville d'Aboisso pendant la saison des pluies. Certes les dégâts les plus visibles sont surtout matériels, mais il faut relever que les problèmes de santé sont aussi importants.

Le 03 février 2011, la ville d'Aboisso a connu une inondation dont plusieurs dégâts ont été enregistrés (Vidéo sur YouTube : Titre Inondation Aboisso Reportage). Suite à une inondation, de nombreux impacts sur la santé des habitants sont observés. Dans la littérature scientifique, la vulnérabilité aux maladies gastro-intestinales lors d'inondations est bien réelle. Elle dépend toutefois de divers facteurs de risque, en particulier de l'état de santé de la personne et de son genre, puisque les femmes seraient plus exposées aux risques de diarrhée que les hommes. Parmi les autres facteurs, on compte particulièrement des facteurs liés à l'exposition, dont le contact avec l'eau de la zone inondée, le niveau de l'eau de la zone sinistrée et le type de source d'eau de consommation. Le contact avec l'eau contaminée peut également favoriser

117

les infections respiratoires et cutanées ainsi que des maladies à transmission vectorielle. La figure 18 présente les différents sites inondables de la ville d'Aboisso.

Figure 17: Répartition des zones inondables.

La figure des zones inondables, montre la distribution des sites soumis à des risques constant d'inondation. Le site topographique constitué de hauts plateaux et des vallées larges occasionne des retenus d'eau qui perturbent les activités et entraînent des problèmes de santé des populations.

3.4.1. Indicateurs de risques et caractéristique des problèmes liés à l'environnement

La caractéristique majeure des problèmes de santé liés à l'environnement est la mise en jeu de phénomènes complexes de natures diverses. Une vision globale de ces phénomènes est donc nécessaire en vue d'évaluer l'ampleur de ces problèmes et de mesurer l'impact de chacun des divers facteurs de risques. Un premier indicateur de risque est la présence ou le

118

nombre de sites de déchets qui constituent des espaces dits « pollués ». Le nombre de sites fournit une meilleure mesure de la concentration des risques ainsi que les effets sanitaires que cela engendre selon que la population soit à proximité ou éloignée.

Pour cette étude, en plus de notre objectif principal qui est de montrer le lien entre la dégradation de l'environnement et le problème de santé des populations, il s'agira d'identifier les facteurs de risque global pour une meilleure explication du phénomène. La figure 16 qui suit, traduit l'interrelation des facteurs de risque.

· Salubrité de l'eau à usage domestique

· Hygiène et assainissement

· Pollution de l'air

· Vecteurs de maladie

· Risques chimiques

· Traumatismes non intentionnels

MALADIES

Source : (OMS, 2003), adapté par Niamké, 2016

FACTEURS DE RISQUE

Figure 18 : Facteurs de risque global

La figure fait ressortir les facteurs de risque qui influent le milieu physique et constituent de véritables sources de risques sanitaires. Dans l'étude réalisée par l'OMS, (2003) portant sur les facteurs de risques liés à l'environnement physique : maison, école et la communauté, il existe un lien significatif entre les maladies liées à la présence de certains risques environnementaux où la population naît, grandit, joue, apprend et travaille. Diverses maladies telles que le cancer, les maladies respiratoires, les troubles neurologiques, l'autisme, les malformations, les perturbations endocrines sont présentées comme issues de cette relation. En plus, l'étude a montré que les problèmes de santé les plus persistants demeurent le paludisme, les infections respiratoires aigües, la rougeole la diarrhée et le Syndrome Immunodéficience Acquise (SIDA). Tout comme l'étude qui est menée dans la ville d'Aboisso, les facteurs caractérisant la dégradation ont été identifiés et mis en corrélation pour enfin établir le lien.

La figure 18 explique bien les cas de maladie existants, mais l'un des principaux problèmes est que notre compréhension de l'évaluation préalable de la susceptibilité d'une

119

personne n'en est qu'à ses débuts. Par conséquent (à tout le moins jusqu'à ce que les analyses génétiques deviennent beaucoup plus perfectionnées), nous ne pouvons identifier de manière précise qui sera malade après une exposition à un agent pathologique. Nous avons recours à la probabilité pour aborder cette incertitude. On parle ainsi de « facteurs de risque » qui augmentent la probabilité statistique qu'une personne tombera malade. Certains facteurs de risque, comme ne pas porter de ceinture de sécurité en cas de collision automobile, ont un effet direct et probabiliste sur la vraisemblance d'un résultat indésirable. La notion de facteurs de risque suppose une relation causale, mais les associations statistiques qui identifient ces facteurs peuvent aussi comprendre des variables qui sont des marqueurs du véritable facteur de risque. La figure 19 qui suit présente l'interaction entre les facteurs de risques et les aptitudes humaines.

 

Facteurs de risques

 

Facteurs personnels (Aptitudes et capacités)

Facteurs

environnementaux

Interaction

HABITUDE DE VIE

Source : Inspiré de Julie vallée, (2009) et adapté par Niamké (2016)

Figure 19 : Schéma décrivant le mode de vie et les facteurs liés aux risques sanitaires

La figure 20 montre le rapport entre les différents facteurs qui interagissent et perturbent l'habitude de vie. Les facteurs de risques sont très souvent causés par les activités humaines et affectent l'état de l'environnement. La relation qui est traduite entre le facteur personnel et les facteurs de risques montre que la population peut elle-même s'exposer au

risque sanitaire qu'elle crée. Une causalité avérée entre environnement et état de santé est présenté plus loin dans la démarche de l'étude.

3.4.2. Influence de l'environnement physique sur la santé à Aboisso

Le profil de l'état de santé de la population d'Aboisso, peut subir considérablement des influences dû à l'environnement physique. Certes, on peut mettre en cause les comportements de la population ayant une incidence sur la santé ; influencés par l'environnement physique et social mais, il faut souligner que les facteurs de risques sont propagés dans l'environnement. En effet, l'environnement physique comprend les dangers biologiques, chimiques et physiques présents dans l'air, l'eau, le sol et les aliments. L'exposition à ces dangers peut se produire dans des lieux géographiques particuliers ou dans des endroits tels que le domicile, le lieu de travail, l'école et la collectivité dans son ensemble. Les indicateurs qui influencent l'aspect du milieu physique dont les effets se font ressentir directement sur la santé ont été étudiés au cours de l'enquête. Les déterminants environnementaux exercent leur influence dans les différents quartiers et surtout sur la population. Certaines maladies parasitaires liées à l'eau comme le paludisme, la maladie infectieuse parasitaire la plus importante de la ville avec 93 615 cas déclarés en 2015 est transmise par les moustiques qui se reproduisent dans les plans d'eau et espaces insalubres. La figure n° 21 qui suit explique le rapport environnement physique et santé.

 

Environnement physique

est

Déterminant de la santé

 
 
 

 
 

Dégradation

Subir

Impacte sur la santé

Source : OMS,1997

Cadre conceptuel : la santé environnementale Adapté par NIAMKE, (2016)

Physique

Psychologique

Social

120

Figure 20: Santé et environnement

L'environnement est aujourd'hui considéré comme l'ensemble des facteurs pathogènes « externes » ayant un impact sur la santé (substances chimiques toxiques, radiations ionisantes, germes, microbes, parasites, etc.), par opposition aux facteurs « internes » (causes héréditaires, congénitales, fonctionnelles, lésionnelles, psychosomatiques,

121

etc.). La figure montre que dans le système environnement, plusieurs facteurs contribuent à la dégradation de l'environnement et impactent directement la santé. La santé environnementale est alors l'ensemble des effets sur la santé de l'homme due à :

· Ses conditions de vie (expositions liées au cadre de vie et/ou, expositions liées à l'insalubrité)

· La contamination des milieux (eau, air, sol, etc.)

Évoquons dans ce même contexte, que l'Organisation mondiale de la santé, en juin 1999 a déclaré lors de la Conférence ministérielle Santé et environnement que : « L'environnement est la clé d'une meilleure santé », incluant dans ce terme, des paramètres liés à la qualité des milieux (pollution de l'atmosphère, de l'eau, des sols, déchets mais aussi nuisances sonores, insalubrité, etc.) et à l'ensemble des activités humaines (air ambiant, accidents domestiques, violences urbaines, etc.).

3.5. Les populations d'Aboisso soumises aux risques des zones d'exposition

Pour cerner au mieux les zones d'exposition aux risques, le niveau d'analyse doit être le plus local possible. Beaucoup de travaux utilisent donc le niveau le plus fin pour lequel les données sont disponibles Lucie Laurian (2008), Pour identifier la population soumise aux risques, on peut délimiter des « zones d'impact » autour de sites polluants. Ces zones sont généralement circulaires, avec un rayon donné, autour de sites dangereux.

Des recherches sur les zones d'exposition ont permis d'estimer de façon continue en fonction de la distance à la source de pollution (distance decay function)7 la distance estimative que peut emmètre une source de pollution par rapport aux sites d'habitation des populations. La plupart des études utilisent des rayons variant de 100 m à 3 km, les zones étant plus larges autour des sites les plus dangereux. Il est important de mesurer la sensibilité des résultats aux distances utilisées.

On peut estimer la population d'une zone en n'incluant que les unités censitaires entièrement incluses dans la zone. Cette méthode (polygon containment) peut cependant sous-estimer la population affectée. Une autre possibilité consiste à inclure les unités censitaires dont le centroïde (ou centre de gravité) est inclus dans la zone d'impact ou dont les frontières présentent une intersection avec la zone (méthode de polygon intersection).

7 Distance décroissance est un terme géographique qui décrit l'effet de la distance sur les interactions culturelles ou spatiales.

122

Comme une partie de ces unités peut être située en dehors de la zone, la population soumise au risque est alors surestimée. Enfin, on peut estimer la population de la zone en la rapportant à la proportion de la surface de chaque unité géographique contenue dans la zone (méthode de l'areas interpolation).

3.5.1. Analyse temporelle et spatio-temporelle

Les analyses transversales permettent de déterminer si, à un moment donné, certaines populations sont plus exposées que d'autres aux risques environnementaux. Les causes de ces inégalités ne peuvent être identifiées qu'au moyen d'analyses longitudinales du développement industriel urbain et périurbain, de l'évolution de la structure sociale des populations, des contraintes des populations défavorisées en matière d'emploi et de logement, et des décisions des industriels et des pouvoirs publics en matière d'implantation de sites dangereux et de contrôle de pollutions.

Analyser ces mécanismes nécessite de combiner des analyses longitudinales aux analyses spatiales. L'un des débats sur les inégalités en matière d'environnement porte sur la chronologie entre concentration de populations et localisation de sites polluants. À la suite de la localisation des sites dans les différents quartiers ou les populations sont plus concentrées, on procède à la comparaison des caractéristiques des populations des quartiers où sont présents des sites polluants avant et après l'implantation de ces sites et on compare les changements sociodémographiques de ces quartiers à ceux observés dans des quartiers dépourvus de tels sites.

Les zones d'exposition ont été localisées selon les critères que nous avons définis tout au long de l'étude. Des inégalités en matière d'exposition aux risques environnementaux ont été observées à l'échelle des quartiers. La présence des sites de foyers infectieux se différentie selon qu'on soit dans un quartier ou dans un autre.

La perception de la dimension spatiale des systèmes pris en compte est guidée par le choix de la théorie des systèmes qui conduit notre étude fondée sur l'interaction dynamique des facteurs qui expliquent la dégradation de l'environnement et les problèmes de santé.

Évoquons la figure 22, qui permet d'observer la distribution des sites insalubres.

123

Figure 21: Distribution des sites insalubres dans la ville d'Aboisso

La figure 22 nous présente la distribution des sites insalubres de la ville. À travers cette carte, nous observons une répartition des sites selon la rive gauche et la rive droite. On note que les sites insalubres sont plus nombreux sur la rive droite que sur la rive gauche. On a identifié 28 sites insalubres pour les quartiers de la rive droite dont 09 sites insalubres sur la rive gauche. Les sites ont été localisés selon les critères que nous avons retenus, notamment la quantité des déchets et le temps mis avant la collecte. Un fait de dégradation que nous avons également retenu est celui du niveau de dégradation que représente le site, que nous avons évalué par l'utilisation des côtes.

3.5.2. La pollution et mode de vie urbaine

L'érosion des sols chargés d'engrais et de pesticides arrachés aux milieux agricoles et aux terres non protégées, le rejet dans la nature des produits périmés et non biodégradables, les effluents des industries et des usines artisanales, les déchets solides et liquides ainsi que les eaux usées domestiques et commerciales sont des sources de pollution des eaux des

124

rivières, des lacs et des nappes phréatiques à Aboisso. La pollution liée au mode de vie urbaine (sachets et emballages plastiques, déversement des déchets dans le fleuve Bia) sont des faits quotidiens.

Photo 10: Déchets et eaux usées déversés dans le fleuve Bia (Cliché, Niamké 2016)

La photo traduit un fait de dégradation de l'environnement à Aboisso. Les populations déversent toutes sortes de déchets liquides et solides dans la Bia. Cette pratique de déversement des déchets tout au long de la rive est récurrente. Le cadre de vie est donc régulièrement soumis à des pratiques non hygiéniques des populations.

3.6. Déversement des déchets

Au regard de la figure 23, on obtient divers modes de déversement des déchets et eaux usées à travers la ville. Ainsi, en ce qui concerne le mode de déversement le plus répandu, on note que les ménages déversent les déchets et eaux usées dans les rues avec une proportion de 13,30%. Cette pratique des populations contribue non seulement à la dégradation du cadre de vie, mais surtout présente d'énormes risques sanitaires. Cette eau déversée stagne et se traduit en un foyer de site de développement de vecteurs de propagation de maladies.

On relève également que 40,10% des ménages déversent les déchets dans les bacs à ordures. Ce résultat exprime la volonté des populations à déverser convenablement leurs déchets et autres détritus dans les bacs à ordures, mais pourtant, d'autres sites servent de réceptacle des déchets et eaux usées, notamment les fosses septiques avec 6,21%, les puits perdus au prorata de 8,60% et dans les caniveaux du pourcentage de 9,90%.

Site de deversement des dechets

Total

dans puits perdus Fosse septique Dans la lagune Devant votre maison Dans les caniveaux Dans la rue à ciel ouvert Bac à ordure

0 50 100 150 200 250 300 350 400 450 Total des enquetes

Série1 2 Moy. mobile sur pér. (Série1)

125

Figure 22: Sites de déversement des Déchets et eaux usées déversés
Source : Enquête de terrain, 2016

Ce graphique à barre groupées permet de comparer les valeurs des différents sites de déversement des déchets et eaux usées par les populations. Dans l'ensemble, on retient à partir de l'enquête que plusieurs sites reçoivent les eaux usées et déchets déversés par les ménages sur l'ensemble de la ville.

3.6.1. Production des déchets et risques sanitaires

On observe dans la ville d'Aboisso, que les faits de dégradation de l'environnement sont fortement rattachés à la production des déchets qui abondent les rues et qui ne font pas l'objet de collecte régulière. Cette situation en effet insalubre s'observe aussi bien dans les quartiers de la rive gauche que ceux de la rive droite. Les manifestations sont visibles, eaux usées rejetées devant l'habitat et dans les caniveaux constamment bouchés qui passent tout au long des maisons. Les risques encourus sont énormes, mais les ménages continuent avec certaines habitudes qui participent à la dégradation de l'environnement. Des prises de vue, pour illustrer ces faits sont présentées à travers les photos 11 et 12.

126

Photo 11: Vue d'un caniveau bouché le long d'un habitat, (Cliché, Niamké 2016)

Selon l'enquête réalisée, les facteurs aggravant le plus l'environnement à Aboisso sont le fait des caniveaux bouchés. Il ressort que 63,60% affirment que l'aggravation de la dégradation de l'environnement reste accélérée par les caniveaux bouchés. À côté de ces faits qui dégradent l'environnement, les ménages, soit 22% estiment que le manque de poubelles est préoccupant et occasionne surtout la dégradation rapide de l'environnement. Bien que pour les ménages enquêtés, les caniveaux bouchés et le manque de poubelles sont les facteurs les plus dégradants, il faut souligner aussi que l'insuffisance de la gestion de l'environnement et le manque de matériels a été relevé comme facteur de dégradation.

3.6.2. Les déficiences des ouvrages de drainage des eaux usées

La question de drainage des eaux domestiques par les caniveaux demeure un véritable problème pour la ville d'Aboisso. En effet, signalons que la construction des édifices de drainage n'a toujours pas évolué malgré la dynamique d'évolution de la ville et celle de la population. Les eaux usées qui proviennent des ménages et des activités stagnent dans les caniveaux en raison des défaillances de ces différents édifices. Pourtant dans une ville, un système d'égout doit remplir les rôles de drainage des eaux de ruissellement pluviales en surface par des caniveaux se vidant régulièrement dans un réseau. Aussi, les toilettes sont reliées directement aux égouts par des canalisations facilitant ainsi et convenablement l'évacuation des eaux usées. Le constat à Aboisso en ce qui concerne l'évacuation des eaux

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usées est amer. Les eaux pluviales et eaux usées restent en surface car les caniveaux et les canaux à ciel ouvert sont défectueux et bouchés, comme le montre la photo 13.

Photo 12: Vue d'un regard bouché (Cliché, Niamké, 2016)

La photo ci-dessus présente un égout défectueux dans le quartier TP, l'un des quartiers avec forte concentration de population. Cette situation ne favorise pas l'évacuation des eaux usées domestiques.

3.6.3. La municipalité face aux problèmes de drainage des eaux usées

Bien que beaucoup d'efforts soient fournis pour une meilleure hygiène de la ville, le problème d'assainissement des eaux usées demeure alarmant. La difficulté est certes de veiller à ce que les populations ne déversent pas les eaux usées dans les rues, mais surtout de créer les conditions favorisant une meilleure d'évacuation des eaux usées. Sur la question du déversement des eaux usées, l'enquête a révélé que plus de 13,3% de la population déverse les eaux usées dans les rues et 9,9% dans les caniveaux. Face à cette situation, les efforts de la municipalité se poursuivent et s'observent à travers des travaux de débouchement et d'entretien des caniveaux. La figure 14 ci-dessous nous présente les travaux en cours de réalisation pour faire face aux problèmes d'évacuations des eaux pluviales et de ménages.

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Photo 13: Travaux d'entretien des caniveaux (Cliché, Niamké, 2016)

L'une des fonctions de base d'un caniveau est l'évacuation efficace et simple des eaux de nettoyage, domestiques et industrielles. L'ampleur du problème lié aux caniveaux pratiquement bouchés dans la ville, conduit à des travaux de la part des autorités. C'est ce que traduit la photo prise lors de nos enquêtes. Cependant, ces travaux de l'avis des techniciens, sont insuffisants pour réellement faciliter l'évacuation des eaux usées.

3.7. Problèmes liés à la gestion des déchets

La gestion partielle des déchets ménagers constitue un véritable problème pour les populations. En effet, les ordures ménagères accumulées avec la stagnation régulière et constante constituent de problème d'hygiène. Les mouches, les moustiques, les rongeurs et autres insectes nuisibles foisonnent ces espaces et de plus en plus devient des sites insalubres favorisant la multiplicité des vecteurs de propagation infectieux. Les eaux usées et pluviales qui stagnent dans les caniveaux dégagent également des odeurs insupportables. L'incinération des ordures sur les dépotoirs sauvages entraîne la pollution de l'air par les gaz qui se dégageant des fumées (Alla, 2007).

Par ailleurs, on relève que les problèmes liés à la gestion des déchets liquides et solides sont multiples dans la ville, en ce qui concerne les déchets liquides, ils proviennent des systèmes d'écoulement des eaux usées, des eaux usées des lavabos, douches, (eaux grises) et des toilettes (eaux vannes). Toutes ces eaux devraient être évacuées au moyen d'un système de canalisation classique, soit vers un égout extérieur soit vers un système d'épuration sur place, mais le constat est que cela n'est pas fait. On observe donc des caniveaux qui

129

contiennent à la fois des eaux et déchets et sont complétement bouchés. Aussi, relevons que ce qui devrait être fait c'est que tous les systèmes d'écoulement des eaux usées à ciel ouvert doivent être recouverts pour éviter que les parasites vecteurs de maladies ne se reproduisent et que des personnes puissent être contaminées par exposition directe. Mais, à ce niveau également des problèmes demeurent car des nombreux caniveaux sont à ciel ouverts. De petites quantités de déchets liquides infectieux (par exemple de sang ou d'autres liquides biologiques) sont parfois déversées dans les toilettes, pourtant la gestion de ce type de déchets requiert une autre méthode différente de celle qui se fait déjà par les autorités en charge. Ce qui devrait être fait pour faire face à ce type particulier de déchets est que le système le plus indiqué pour l'évacuation des eaux usées soit un système d'égout bien conçu et performant, qui doit être lui-même relié à une usine de traitement, cela n'est pas le cas. La dégradation du cadre de vie, crée des sites constitués de rigoles contenant des flaques d'eau stagnante qui deviennent des lieux de reproduction pour des insectes ou des rongeurs. Pour mieux appréhender ce système environnement, vecteurs et hôtes faisons appel au triangle épidémiologie ci-dessous ;

Environnement Hôte réceptif

Triangle
épidémiologique

Agent infectieux

Source : Audrey Fromageot, (2006)

Figure 23 : Triangle épidémiologique - acquisition et transmission de l'infection

130

Ce schéma du triangle épidémiologie explique comment à partir de la source infectieuse, les microorganismes transmettent l'infection. En effet, l'agent infectieux est un microorganisme qui cause, ou peut causer, une infection. Dans le milieu des soins, le terme « source infectée » désigne une personne atteinte d'une infection causée par un agent infectieux. L'« hôte réceptif » est un individu dont le système immunitaire n'arrive pas à lutter contre un agent infectieux particulier pour l'empêcher de contracter une infection lorsqu'il est exposé à un agent infectieux. Un hôte réceptif doit être exposé à un agent infectieux ou à une source infectée d'une façon qui permette l'acquisition d'une infection. L'intégrité des défenses internes d'un hôte réceptif, peut influer sur la capacité de l'hôte à prévenir la maladie après avoir été exposé à l'agent infectieux.

Ce schéma traduit donc, les problèmes de gestion des déchets, et notamment ses conséquences sur la santé des populations. L'illustration par l'image suivante présente les conséquences de l'insuffisance de gestion, de nombreux enfants se lancent dans les jeux ou recherche d'objets sur les sites infectieux, comme le montre la photo 14.

Photo 14: Un enfant à la recherche de bouteilles près d'une source infectieuse
(Cliché, Niamké, 2016)

La photo illustre le continuum d'exposition aux agents infectieux qui peut s'appliquer à l'hôte réceptif lorsqu'il entre en contact avec une source infectée ou un environnement contaminé et lorsqu'un hôte réceptif inhale un agent infectieux (comme des aérosols ou des gouttelettes).

131

Dans l'explication du triangle épidémiologique, on a le facteur environnement. Il comprend tous les facteurs, extérieurs à l'hôte réceptif ou à la source infectée, pouvant favoriser ou entraver l'exposition à l'agent infectieux ou sa transmission de la source infectée à l'hôte réceptif. L'environnement peut être propice à la survie et à la transmission de l'agent infectieux, ce qui peut augmenter potentiellement la taille de la dose à laquelle l'hôte est exposé.

3.7.1. Occupation de l'espace et manifestations de la dégradation

Des pratiques conscientes ou inconscientes contribuent à dégrader l'espace d'Aboisso. Cela s'observe notamment dans les différents quartiers, avec le niveau de service de collecte des déchets et de gestion du cadre de vie. Au cours de l'enquête sur l'intervention des services de collecte des déchets et d'assainissement dans les quartiers, les tendances recueillies sont traitées et représentées dans la figure ci-dessous.

service de collecte

non

oui

0 10 20 30 40 50 60 70

Proportion de la population

39,89

60,1

Source : Données de terrain, Niamké 2016

Figure 24 : Proportion de la population déclarant la présence ou non des services de ramassage des déchets et de l'assainissement

Cette figure montre que 60,1% de la population ne bénéficient pas des services de collecte et d'assainissement. Cette proportion de la population justifie les atteintes quotidiennes à l'environnement par l'absence des services d'assainissement, la présence des matières non dégradables (emballages plastiques et les sachets) ; ordures, eaux usées, contenus dans les caniveaux sans être enlevés sur plusieurs jours. Les emballages plastiques

132

qui pullulent dans la ville se retrouvent très souvent dans les caniveaux et entraînent des bouchons importants. Le service de ramassage ne couvre pas toute la ville, quand nous nous referons aux réponses données par les ménages au cours de l'enquête. En effet, les faits de dégradation sur le terrain ont permis de nous en rendre compte. Les services de collecte indiquent des points de groupage, puis procèdent à la collecte. Plus de 60 % des ménages estiment que, le point de groupage qui se trouve à distance éloignée de leur lieu d'habitation explique refus des services de collecte d'opérer. En plus, les ménages annoncent que les services de collecte sont invisibles et cela se confirme par les incinérations de déchets et les rejets des déchets dans des sites non contrôlés. La photo 15, suivante montre des plastiques obstruant le caniveau.

Photo 15: Caniveaux bouchés par la présence des sachets plastiques et boue
(Cliché, Niamké 2016)

La photo présente un caniveau bouché par les sachets plastiques qui pullulent dans la ville d'Aboisso. Ce fait de dégradation de l'environnement est récurrent dans les quartiers de la ville. À travers cette photo, on relève aussi que l'insuffisance de la gestion est à l'origine des problèmes d'assainissement des caniveaux.

plus d'un mois

période de ramassage

un mois

deux semaines

une semaine

un jour

proportion de la population

0,00% 10,00% 20,00% 30,00% 40,00% 50,00% 60,00% 70,00%

133

Source : Données de terrain, Niamké 2016

Figure 25 : Répartition des enquêtés selon le rythme de ramassage des déchets par les
services de la municipalité

Les populations ont relevé que les problèmes environnementaux sont préoccupants dans leur différent quartier, notamment en ce qui concerne la collecte des déchets. Ce sont, 66, 30% des populations qui estiment qu'après avoir rejeté où déposé des ordures ménagères ou autres déchets dans les coffres recommandés, il faut observer une semaine pour voir la collecte s'effectuer.

Cette situation de non collecte régulière soulignée par les ménages est de plus en plus fréquent. Ainsi, ce sont 15,30% des populations qui soulignent que les déchets restent sur place deux semaines avant d'être collectés et 1,7% qui estiment que les déchets restent plus d'un mois dans leur quartier avant d'être ramassés.

3.6.4 Système de traitement et évacuation des déchets

Les méthodes d'évacuation et de traitement des déchets varient selon les zones urbaines, et cette opération est liée aux moyens dont dispose chaque entité administrative pour la gestion des déchets. À Aboisso, le mode d'évacuation des déchets est une émanation de la municipalité. Elle consiste en une collecte des déchets que les populations déversent soit dans les lieux indiqués où dans la nature.

134

Pour la collecte des déchets et l'entretien de la ville, le service d'hygiène dispose des équipements suivants ; Trois (3) engins, une (1) benne, trois (3) tricycles, deux (2) tracteurs pour un travail de rotation subdivisé en deux (2) équipes. Pour la rotation, une benne est utilisée pour la collecte permanente des déchets. Les deux (2) autres bennes sont en panne. Ainsi, la benne associée à un tracteur effectue en moyenne trois (3) voyages par jour. Le poids total des déchets collectés est estimé à 100,5m3(Service d'hygiène Aboisso, 2016). De l'avis des agents du service technique, les moyens pour une gestion efficace de l'environnement dans la ville d'Aboisso ne sont pas réunis. Le tableau ci-dessous fait le récapitulatif des modes de collecte et équipements disponibles

Tableau 19: Équipements utilisés pour la collecte des déchets

DÉCHETS COLLECTÉS

MODE DE COLLECTE

ÉQUIPEMENTS

Ordures ménagères résiduels

Collecte collective

Trois (3) engins

Déchets secs

Apport volontaire

Une (1) benne

Déchets encombrants

 
 
 

Source : Service d'hygiène Aboisso, 2016,

Le tableau n°19, présente les équipements qui sont utilisés pour la gestion du cadre de vie à Aboisso. Le service technique d'Aboisso, avoue qu'avec cet effectif les travaux pour une meilleure gestion de l'environnement reste difficile. La quantité des déchets et les travaux que doivent mener le service nécessite un effectif du matériel plus conséquent. Le schéma qui suit est le modèle type de gestion des déchets qu'effectue le service d'hygiène de la mairie. En effet, la collecte des déchets est une activité qui nécessite des moyens matériels et humains pour une gestion appropriée, vu que la population de la ville ne cesse de s'accroitre, aggravant ainsi les problèmes de gestion de l'environnement déjà existant. Des études scientifiques ont mis en relief, l'évolution de la population et la gestion de l'environnement. En exemple citons, Lucie Laurian (2008), qui relève que la distribution des risques environnementaux à un lien étroit avec la population.

Production des déchets

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Déchets brûlés sur place /
Déchets enfouis

Pas de récupération

Système officiel

 
 

Poubelles Privées

Nettoyages des rues

Poubelles communautaires

 

Camion, remorque, tricycle de ramassage

DÉCHARGE

Source : Inspiré, du schéma de gestion dans les pays du Sud, Philippe Thonart (2005) et adapté par Niamké 2016

Figure 26 : Le système de gestion des déchets dans la ville d'Aboisso

La figure ci-dessus traduit le système de gestion des déchets dans la ville d'Aboisso de la production de ces déchets, à la collecte et à la mise en décharge. Ce système de gestion a été prouvé par l'étude de Kaupp, comme celui des pays du Sud. Notre étude également a permis de confirmer ce modèle de gestion. Ainsi, dans ce cycle, on relève qu'après la production des déchets par les ménages et les activités économiques humaines, la première étape de la gestion des déchets est la collecte. En fonction des dispositions mises en place, par les services techniques, les opérations de collecte des déchets s'effectuent. La collecte concerne aussi bien les déchets contenus sur les sites officiels que les dépôts sauvages de déchets, le service technique dispose de remorques comme le présente la photo n°16.

136

Photo 16: Collecte de déchets par le service technique, (Cliché, Niamké 2016)

Il est important de souligner que la ville d'Aboisso, ne dispose de filière de collecte informelle de déchets. La collecte des déchets est exclusivement réalisée par la mairie. Aussi, faut-il le souligner que le traitement des déchets médicaux est géré par les services de santé, qui incinèrent ces déchets.

3.7.2. Processus de la collecte des déchets

La gestion des déchets dans les villes africaines et en particulier celles de la Côte d'Ivoire suit un processus en trois étapes ; la pré-collecte, la collecte et le traitement. Pour l'ANASUR (2009), les deux premières étapes du processus ne sont pas correctement assurées. Les données de ladite structure, présente un taux de 51% de la collecte effective des déchets produits dans la ville d'Abidjan, comme indicateur de l'insuffisance dans le service de collecte des déchets. En ce qui concerne la ville d'Aboisso, il n'existe pas de pré-collecteurs, ce qui explique le fait que la mairie détient exclusivement la charge de la collecte des déchets. Ainsi, la collecte qu'effectuent les services techniques de la Mairie consiste à récupérer les déchets aux espaces de coffres et postes de groupage, et à les acheminer vers la décharge. Le transport des déchets s'effectue par des moyens de camions ou tricycles. Le transport des déchets s'effectue aux moyens de camions ou de tricycles. Les photos en dessous montrent une étape du processus de la collecte par les camions du service technique de la mairie.

137

.

Photo 17: Collecte des déchets par les services de la mairie, (Cliché, Niamké 2016)

La photo, montre le mode de conditionnement des déchets avec le transfert au centre de groupage. Les camionneurs pour la collecte passent devant les habitats en alertant la population par les klaxons, puis procèdent à la collecte des déchets mis en sac se trouvant devant les porte ou sites indiqués. La figure n° 27 suivant traduit le processus de gestion des déchets.

MÉNAGES

(Producteurs de déchets)

Apport volontaire

Gestion inappropriée

Collecte porte à porte

Coffre à ordures

Poste de groupage

Décharge

Enfouissement

Incinération

Dépôts non contrôlés

138

Voie non légal Voie légal

Modèle réalisé à partir du modèle de Philippe Thonart (2005) Figure 27 : Circuit de collecte des déchets à Aboisso

La figure indique le processus de la collecte des déchets à partir des ménages qui sont acteurs dans la chaine de production. Les deux flèches représentées indiquent chacune un processus. La flèche en pointillée indique la voie non légale de la chaine, tandis que la flèche pleine nous présente le circuit officiel. Les deux circuits sont suivis par les ménages, mais celui qui est en cause de la dégradation de l'environnement est le circuit qui correspond à la flèche pointillée. Pour finir, relevons que nos entretiens réalisés avec les responsables du service d'hygiène et d'assainissement de la ville nous ont permis de relever l'insuffisance des moyens matériels et financiers mis à leur disposition.

Conclusion du chapitre 3 : Aboisso : une ville, soumise aux risques sanitaires du milieu

physique

 

139

La ville d'Aboisso, en dehors des faits de santé provoqués par les hommes, le milieu physique offre un site qui est soumis également à des risques majeurs. La topographie constituée de hauts plateaux, et de larges vallées constituent un danger pour les populations. En effet, dans ce chapitre qui met en lumière l'aspect physique et associe les risques sanitaires, il ressort que la ville d'Aboisso est constamment en proie aux menaces du site physique surtout quand il s'agit de pluie, qui débouche très souvent sur des inondations.

Le risque pour la santé que couvre l'aspect physique prend également en considération diverses faits, dont celui de la participation des populations. En effet, les populations par leur comportement contribuent à dégrader l'environnement ce qui se traduit par des problèmes de santé énormes.

140

Conclusion partielle : Deuxième partie

Ce chapitre nous a apporté des connaissances utiles sur le contexte physique, de notre zone d'étude. Les enquêtes menées ont permis de comprendre les risques pour la santé lié à la topographie du site de la ville d'Aboisso. Il apparait ainsi que diverses causes physiques agissent et entraînent une perturbation sur l'état de santé de la population. Le contexte physique est donc un indicateur important à prendre en compte pour faire face aux problèmes de santé et aux à intégrer au politique de développement.

CHAPITRE IV : LES RISQUES POUR LA SANTÉ LIÉS À L'ENVIRONNEMENT HUMAIN

 

141

La gestion de l'environnement implique le processus de collecte, d'évacuation et de traitement des déchets. Les divers modes de cette gestion, combinés à la pluralité des sites insalubres qu'on rencontre dans la ville d'Aboisso suscitent de multiples interrogations sur les risques sanitaires que l'étude vise à montrer.

La question sur les impacts sanitaires qui se pose est très variée. À ce propos, différentes études ont été menées pour élargir la réflexion sur le phénomène, notamment sur les opérations de préservation de l'environnement par la gestion des déchets, de leur collecte, de leur recyclage ou de leur traitement. Dans ce chapitre, la question sera plus ouverte sur les déterminants qui expliquent les risques sanitaires dans la ville, tout en mettant également l'aspect sur l'impact de leur contact notamment chez l'homme (la population d'Aboisso), leurs émissions et leurs accumulations dans la ville, les risques associés aux déterminants. Dans ce chapitre, il sera question d'évaluer les risques encourus par les populations.

142

4.1. Dégradations anthropiques et risques sanitaires

L'homme agit constamment sur son milieu et cela à travers diverses manières. Toutes les actions que posent les populations ne sont toujours pas agréables pour l'environnement. Des activités sont souvent à l'origine de la dégradation de l'environnement, comme par exemple les commerces de rues, les restaurants où on observe des déversements des eaux usées dans les caniveaux bien que bouchés. Au niveau des actions, on distingue deux types d'impacts négatifs possibles de l'action de l'homme sur l'environnement : la pollution et la destruction de l'écosystème. Cependant, la destruction de l'écosystème n'étant pas l'objet central de notre étude, nous abordons, la pollution qui est une variable étudiée permettant de décrire également le niveau de dégradation à Aboisso.

4.1.1. Les facteurs de risques liés à l'environnement

Le poids des conditions environnementales dans la société est considérable et cela est attesté par l'Organisation mondiale de la santé (OMS, 2012) qui montre que les facteurs environnementaux expliqueraient 24% de la charge de la morbidité totale. En plus, selon toujours l'OMS, 40% des maladies dans le monde seraient attribuables à la présence, dans l'environnement physique des individus, d'agents pathogènes cliniques ou biologiques. Certes, le poids des conditions environnementales occasionne la présence d'agents pathogènes, mais il faut relever que les pratiques d'hygiène à l'échelle des quartiers et espaces domestiques soulèvent beaucoup d'interrogations. Notamment, les pratiques liées aux stockages des déchets ménagers, à l'usage et à la consommation de l'eau, les activités économiques susceptibles d'occasionner des risques environnementaux. L'ensemble de ces différentes pratiques s'effectuent dans un espace (résidence de travail et de loisirs), qui conditionne une bonne partie de la santé des populations. La théorie des systèmes évoquée plus haut et qui constitue le support de notre recherche, conduit a présenté les espaces de résidence, de travail, et de loisirs comme des sous-systèmes qui influencent la qualité de vie de façon quotidienne. Dans ce système donc, les premiers déterminants sont les facteurs de risques individuels liés non seulement aux comportements mais surtout aux modes de vies.

143

4. 1.2. Les risques d'exposition

Les risques d'expositions sont très variés et se définissent comme la probabilité que des effets sur la santé surviennent à la suite d'une exposition de l'homme à une source de contamination8 Le risque sanitaire dépend donc du contaminant, de son effet de toxicité, de la durée et de l'importance de l'exposition de l'homme. Dans la ville d'Aboisso, on observe des espaces qui se sont progressivement transformés en des lieux de risques d'exposition, notamment, le site de la gare routière, les berges du fleuve Bia et d'autres sites comme le marché et ses alentours. Au niveau de la gare routière, les travaux de voiries en cours occasionnent des situations qui découlent sur des risques d'exposition pour les populations. L'image qui suit présente un site au niveau de la gare routière qui concentre un point d'eau qui concentre des micros bactéries.

Photo 18: Eaux usée stagnante au niveau de la gare routière, (Cliché, Niamké 2016)

L'étude est menée à partir de la théorie des systèmes qui met des éléments en interrelation et conduit à une schématisation des faits pour mieux expliquer certains phénomènes observés. Ainsi, pour une conception des risques d'exposition la figure n° 28 permet de relever les faits d'exposition.

8 Une source de contamination est aussi appelée source de danger

Source d'exposition
(Micro-organisme
pathogène)

Vecteur

(Transmission croisée)

Transmission directe

Hôte réceptif

144

Figure 28: Schéma d'explication de la transmission directe

Source : OMS, (2010)

Les contaminants (ou dangers) peuvent être classés en 3 familles :

Les contaminants biologiques, appelés aussi agents pathogènes, tels que les champignons, les bactéries, les virus, les parasites. On peut y associer les vecteurs responsables de la transmission d'agents pathogènes à l'homme tels que les moustiques, les souris, les rats... ;

Les contaminants chimiques tels que les métaux lourds, les hydrocarbures ou les dioxines ;

Les contaminants physiques à savoir : les rayonnements ionisants, les rayons ultraviolets, les champs électromagnétiques, le bruit et les températures

4.1.3. Les populations face à l'exposition aux contaminants L'homme peut être exposé à ces contaminants :

par voie digestive, via l'eau ou les aliments, par défaillance dans les mesures d'hygiène individuelle (lavage des mains) ou collectives ;

Par voie respiratoire, via l'inhalation de gaz ou de particules,

Par voie cutanéomuqueuse : effraction cutanée (piqûre ou coupure accidentelle, projections sur peau lésée), projections sur muqueuse, projections sur peau saine, exposition externe aux rayonnements ionisants. Les conditions climatiques peuvent avoir un impact plus ou moins direct sur la santé des personnes ou des animaux, telles que les vagues de froid ou de chaleur qui touchent particulièrement les personnes les plus sensibles : personnes âgées, enfants en bas âge. Ces facteurs, de par leur diversité, le manque de connaissance qui peut les caractériser, sont pour certains difficiles à qualifier, à quantifier, et donc à gérer. Pour de nombreux risques de santé liés à l'environnement, les connaissances sont encore parcellaires,

145

incertaines, voire inexistantes. L'apparition des effets sanitaires de certains produits est parfois différée, rendant difficilement l'identification des liens de cause à effet (amiante). De nombreux facteurs rendent également difficile l'évaluation des risques sanitaires environnementaux : inégalités sociales face à la santé, accès aux soins, risques sanitaires liés au tabagisme et à la consommation d'alcool, risques sanitaires liés aux expositions professionnelles... En cas d'incertitude sur la santé de certains facteurs, les pouvoirs publics adoptent le principe de précaution. Le principe de précaution plaide pour un risque maîtrisé qui met en oeuvre une action proportionnée, consentie par les parties en jeu et garantie par une expertise scientifique.

4.2. Le niveau d'instruction : élément de vulnérabilité face à la dégradation de l'environnement

L'éducation est un moteur du développement. C'est aussi un déterminant qui exprime le fait qu'une population qui est instruite peut aisément s'imprégner de toute situation et en développer une réflexion ou plus encore, mieux apprécier une disposition. En matière d'éducation, il est admis, qu'une population suffisamment instruite un est indicateur qui contribue à une exécution des programmes de société établi par les autorités. Au cours de l'enquête, les informations obtenues sur le niveau d'instruction ont conduit à élaborer la figure ci-dessous.

Proportion des ménages

17,10%

Aucun Primaire Secondaire Supérieur Coranique

Niveau d'instruction

20,50%

44,60%

16,60%

1,30%

Figure 29: Répartition des enquêtes selon le niveau d'instruction

Source : Niamké, 2016

La figure n° 29, présente l'ensemble des ménages dont, 17,10% n'ont jamais fréquenté une institution d'enseignement moderne ou traditionnelle. Cette proportion observée, traduit

146

bien que toute la population n'ait pas bénéficié d'une scolarisation et qu'à ce jour ce groupe constitue un maillon important, qui doit être pris en compte dans la diffusion d'information des programmes essentiels. Aussi, faut-il relever que les ménages, ayant le niveau secondaire et/ou supérieur sont fortement représentés parmi les ménages avec un taux de 61,20%, (avec 44,0% pour le niveau secondaire et 16,60% pour le niveau supérieur).

Dans le contexte sanitaire le niveau d'instruction est un déterminant important de la santé selon le Programme National de Développement Sanitaire (PNDS, Côte d'Ivoire, 2013-2015). En effet, les déterminants de la santé sont de plusieurs ordres ; géographique, socioculturel, économique, environnemental et interne au système de santé. Mais, on relève que celui concernant le niveau d'instruction, de façon générale l'éducation de la population, lorsqu'il est faible, accroît les pratiques néfastes à la santé (mauvaises habitudes hygiéniques, absence de connaissance liés à une meilleure gestion environnementale de son cadre de vie...).

Pour le PNDS (2102), ces facteurs entraînent ainsi des changements significatifs dans les modes de vie des populations, la méconnaissance des normes de sécurité sanitaire, les risques liés à la prolifération des sites insalubres ou cadre de vie dégradé, ce qui expliquent en partie l'émergence de certaines affections.

4.2.1. Le niveau d'instruction, comme facteur d'accentuation de dégradation de l'environnement

La question de l'insalubrité a fait l'objet de plusieurs études scientifiques. Certains, auteurs comme Akram Nadir Bakhti et al (2015), ont montré que l'insalubrité est liée à plusieurs facteurs notamment le revenu. Pour d'autres auteurs, l'insalubrité péri-domiciliaire est liée au manque d'instruction. Dans cette séquence de notre étude, nous voulons vérifier si le niveau d'instruction est un facteur d'accentuation de la dégradation de l'environnement. Pour ce faire, nous avons donc procédé à la réalisation du test statistique de Khi2.

· Calcul statistique du test de Khi2 :

Nous adoptons le même principe du test, qui a été déjà effectué plus haut. Notons que le test consiste à calculer pour chaque case du tableau, l'effectif théorique qui devrait être sous l'hypothèse nulle des distributions.

147

Tableau 20: Effectifs observés

ÉTAT DE L'ENVIRONNEMENT

Dégradé Malsain Sain Total

NIVEAU D'INSTRUCTION

Aucun

38

20

8

66

Primaire

43

22

14

79

Secondaire

103

47

22

172

Supérieur

27

27

22

64

Coranique

5

0

0

5

Total

216

116

66

386

 

Source : Niamké, 2016

On pose les deux hypothèses suivantes :

H0 : Le niveau d'instruction n'explique pas la dégradation de l'environnement à Aboisso H1 : Le niveau d'instruction explique la dégradation de l'environnement à Aboisso

· Calcule des fréquences théoriques : Il s'agit du produit de la somme des colonnes par la somme des rangées, respective, divisée par la somme totale.

Le résultat des opérations est consigné dans le tableau ci-dessous

Tableau des effectifs théoriques de l'état de santé

EFFECTIF THÉORIQUE

ÉTAT DE L'ENVIRONNEMENT

 

Dégradé

Malsain

Sain

Total

 

NIVEAU D'INSTRUCTION

 
 
 

Aucun

37

20

11

68

Primaire

44,21

23,74

13,51

81,46

Secondaire

96,25

51,69

29,41

177,35

Supérieur

35,81

19,23

10,94

65,98

Coranique

2,8

1,5

0,85

5,15

Total

216

116

66

398

 

Source : Niamké, 2016

· Le Calcul du Khi2

Le Khi2 s'obtient par la formule :

· Khi2 = (effectif observé - effectif théorique) 2 / effectif théorique Le tableau qui suit renferme les opérations pour déterminer la valeur du Khi 2

148

 

ÉTAT DE L'ENVIRONNEMENT

 
 
 

Dégradé

Malsain

Sain Total

NIVEAU D'INSTRUCTION

 
 
 
 

Aucun

0,03

7,76

0,96

8,75

Primaire

0,03

11,16

0,02

11,21

Secondaire

0,47

-15,38

1,87

-

13,04

Supérieur

2,17

1,73

0,4

4,3

Coranique

1,73

1,5

0,85

4,08

Total

4,44

6,77

4,09

15,3

 

Source : Niamké, 2016

Le Khi 2 calculé est 15,30

On procède à la comparaison des Khi2 calculé au K}1I2 de la table

K}1I2 calculé = 15,30

K}1I2 de la table est de 20,05 pour un ddl = 8 et un seuil de confiance à 95%.

K}1I2 calculé = 15,30 est inférieure au Khi 2 de la table,

Conclusion du test sur la mise en relation niveau d'instruction et la dégradation de l'environnement par les populations à Aboisso.

Le KHI2 calculé est inférieur au KHI2 de la table, on conclut alors que le niveau d'instruction n'explique pas la dégradation de l'environnement dans la ville d'Aboisso. Le test de Khi2.

Ce résultat du test permet de taire les perceptions selon lesquelles, le niveau d'instruction est lié à la dégradation de l'environnement.

4.2.2. Lieu de rejet des déchets et le niveau d'instruction

Nous nous sommes intéressés dans cette section a une mise en relation basée sur l'hypothèse suivante : le niveau d'instruction n'a aucune influence sur le rejet des déchets. Dans la compréhension de cette hypothèse, nous voulons voir si, le fait de la multiplicité des sites incontrôlés, le rejet de déchets dans la rue, ou même dans le plan d'eau de la Bia a un lien avec le niveau d'instruction. Dans les interviews réalisées à ce sujet, les ménages abordent plutôt le manque ou l'insuffisance de point de collecte ou de bac à ordures comme facteurs explicatifs des sites incontrôlés. Nous avons donc mis en relation deux variables, l'une sur le

149

lieu de rejet des déchets et l'autre variable le niveau d'instruction. Le processus de l'application du test de Khi2, étant acquis, procédons par la formulation des hypothèses et les résultats.

Hypothèse (Ho) : Le rejet des déchets n'est pas influencé par le niveau d'instruction Hypothèse (H1) : Le rejet des déchets est influencé par le niveau d'instruction

Présentons le tableau de contingence, rappelons que le tableau de contingence un moyen particulier de représenter simultanément deux caractères observés sur une même population, s'ils sont discrets ou bien continus et regroupés en classes.

 
 
 

Niveau d'instruction

 
 

Lieu de déversement

Aucun

Primaire

Secondaire

Supérieur

Coranique

Total

Bac à ordure

22

31

74

25

0

152

Dans la rue à ciel ouvert

11

16

19

6

1

53

Dans les caniveaux

9

1

18

9

0

37

Devant votre maison

12

16

37

9

2

76

Dans la lagune

3

3

5

1

0

12

Fosse septique

4

7

9

2

1

23

Dans les puits perdus

5

5

10

12

1

33

Total

66

79

172

64

5

386

 

Les opérations mathématiques du test de Khi2 donnent les résultats suivants :

p = 7,1% ; Khi2 = 34,81 ; ddl = 24 (PS) La relation est peu significative

 

Les conclusions du test ne permettent pas d'établir significativement un lien entre le niveau d'instruction et les déchets déversés dans les divers sites de la ville.

4.3. Cadre de vie et risques sanitaires

Les cadres de vie se caractérisent par des frontières physiques, diverses personnes ayant des rôles définis et une structure organisationnelle (OMS, 1999). On peut également définir le cadre de vie comme le lieu dans lequel les individus vaquent à leurs activités

150

quotidiennes et où les facteurs environnementaux, organisationnels et personnels influent les uns sur les autres. Comme dans un système, les facteurs interagissent et perturbent non seulement le bien être, l'environnement mais surtout influencent la santé des populations à travers tous les risques sanitaires qui se présentent dans ce cadre de vie. Les espaces à risques sanitaires sont fortement présents dans le quotidien des populations. Cette présence des espaces à risque sanitaire à l'échelle de la ville, s'observe aussi bien dans les quartiers de la rive gauche que dans les quartiers de la rive droite. Ainsi, ces espaces à risques se caractérisent par le niveau élevé de morbidité qui est attribuable à un déficit de service sanitaire. Aussi, certaines études scientifiques associent la multiplicité des espaces à risques sanitaires à la précarité des conditions d'hygiène dans différents espaces vécus. L'observation menée dans la ville d'Aboisso, permet également d'associer davantage la qualité de vie des populations aux risques sanitaires. La production quotidienne des déchets n'est pas suivie d'une collecte régulière, ceci entraîne des dépôts d'ordures qui restent pendant des jours à proximité des habitations. L'enquête auprès des ménages sur la collecte des déchets a permis de voir la courbe de tendance, qui montre le temps mis par les services de l'hygiène pour évacuer les déchets restés sur place.

4.3.1. L'hygiène du milieu

L'évacuation des eaux usées et des ordures ménagères constituent très souvent pour les ménages une difficulté. En effet, la ville d'Aboisso présente une infrastructure insuffisante en matière de gestion de l'environnement. Les eaux usées sont déversées quotidiennement devant ou derrière les maisons. Les ordures ménagères sont aussi déposées à l'arrière cours ou devant les maisons. Hormis les ordures ménagères, on trouve aussi, derrière les habitations, toutes sortes de déchets provenant de divers travaux domestiques. Il s'agit de véritables dépotoirs dont le contenu est souvent incinéré.

151

Photo 19: Réceptacle des eaux usées à l'arrière cours d'un habitat, (Cliché, Niamké 2016) 4.3.2. Cadre de vie et déterminants environnementaux

Les déterminants environnementaux et le cadre de vie, influencent également l'état de santé de la population. Ils renvoient à une vaste gamme de facteurs extérieurs au corps de l'individu ou à des caractéristiques du milieu. Ils ont un impact, non seulement sur la santé, mais également sur le fonctionnement et la qualité du cadre de vie des populations. Un environnement constamment dégradé renferme des agents pathogènes (des agents microbiens, des contaminants chimiques) qui contribuent à l'apparition des maladies ou qui favorisent la propagation et la transmission des pathologies. Ainsi, la santé de la population est en étroite relation avec la qualité de l'environnement. Pourtant, le manque d'hygiène régulièrement observé, l'insalubrité, les déchets ménagers, l'insuffisance d'assainissement, l'insuffisance d'approvisionnement en eau potable, l'habitat précaire, constituent autant de risques sanitaires encourus par les populations de la ville d'Aboisso. Tous ces facteurs d'exposition accroissent les risques sanitaires et expliquent en partie la fréquence élevée des maladies infectieuses et parasitaires et les nombreuses formes de dégradation observées dans l'environnement. La photo qui suit nous présente un tas d'ordures ménagères entre des habitats dans le quartier TP.

152

Photo 20: Un espace entre les habitats dans le quartier TP transformé,

(Cliché, Niamké 2016)

La méconnaissance des règles d'hygiène pousse les populations à adopter des comportements non-hygiéniques qui se traduisent par le déversement des déchets (solides et liquides) entre les maisons à l'intérieur des quartiers.

4.4. Assainissement et risques sanitaires

L'assainissement est un processus par lequel l'être humain modifie son environnement afin de le rendre plus sain. Il s'agit ainsi d'une démarche visant à améliorer la situation sanitaire globale de l'environnement dans ses différentes composantes. Il comprend la collecte, le traitement et l'évacuation des déchets liquides, des déchets solides et des excréments. En effet, quand ce processus qui vise donc à évacuer tous ces déchets n'est pas observé aussi bien des caniveaux bouchés, des stagnations d'eaux dans les égouts et des ouvrages de régulation. Il convient de chercher à comprendre comment les populations s'adaptent face à la dégradation constante de leur milieu de vie, et du système d'assainissement, aussi il sera question de présenter les risques sanitaires liés à cette situation. En effet, la figure n°30 présente la perception des ménages en ce qui concerne le niveau d'assainissement de la ville.

niveau d'assainissement

très mauvais

mauvais

bon

0 50 100 150 200 250 300

Proportion des menages

153

Source : Niamké, 2016

Figure 30: Perception du niveau d'assainissement à Aboisso par les populations

À la lecture de la figure, on relève que plus de la moitié des ménages estiment que l'assainissement de la ville est très mauvais (71,71%). Ceci démontre que les ménages ont conscience des risques sanitaires encourus. Cette tendance confirme l'insuffisance de moyens matériels évoqués par les services en charge de la gestion de l'assainissement et surtout tous les risques pour la santé liés à l'environnement.

4.4.1. Le risque environnemental

Le risque environnemental désigne, la possibilité de survenance d'incidents ou accidents générés par l'activité d'une entreprise ou groupe humain pouvant avoir des répercussions nuisibles et significatives sur l'environnement BERAUD (2013). Le risque environnemental est évalué en tenant compte de la probabilité d'occurrence d'un événement (aléa) et du niveau de danger. Les effets nocifs des eaux usées sur l'environnement observés à Aboisso exposent de manière directe ou indirecte les populations à des risques sanitaires. En effet, on distingue deux catégories d'eaux usées domestiques : les eaux usées ménagères et les eaux vannes. En ce qui concerne la première catégorie, il faut relever qu'elle contient des solvants, des graisses et des débris organiques, tandis que la deuxième catégorie, c'est-à-dire l'eau de vanne est chargée de matières organiques azotées et de germes fécaux. Toutes ces différentes substances sont des risques de santé pour les populations.

154

4.4.2. Risques sanitaires liés aux réseaux techniques de la ville

Les réseaux techniques de la ville souffrent de divers problèmes qui ont été évoqués par les ménages lors de l'enquête de terrain. À l'échelle des quartiers de la ville, ces problèmes techniques sont significativement associés aux risques sanitaires.

Les problèmes liés au rejet des eaux usées, les obstructions d'égouts, l'obstruction des systèmes de drainages et les cassures de canalisation présente une insalubrité manifeste qui constituent de véritables gîtes de prolifération des agents pathogènes. Cette situation des sites insalubres favorise davantage la survie des germes pathogènes qui se traduisent par la présence des mouches et qui assurent souvent leur dissémination dans l'espace. En effet, les équipements d'assainissement disponibles et en bons états dans un service constituent un indicateur d'environnement hygiénique. Mais, la ville d'Aboisso n'en dispose que très peu d'équipements et enregistre des engins en mauvais état. La figure suivante présente les problèmes environnementaux que les ménages évoquent.

remontée d'eaux usées sur la chaussée

cassure des canalisations

6,22%

15,28%

obstruction des systèmes de drainage d'eaux pluviales

bouchage des égouts

22,54%

55,96%

Source : Enquête de terrain, 2016

Figure 31: Problèmes de l'environnement évoqués par les ménages

À la vue de la figure 31, les problèmes environnementaux sont plus observés au niveau des bouchages des égouts avec une proportion de 55,96%. Aussi, 22,54% des ménages considèrent que les obstructions des systèmes de drainage d'eaux pluviales constituent un problème d'environnement. En ce qui concerne les remontées d'eaux usées, 6,22% des ménages évoquent cette situation comme problème environnement. 15, 28% des ménages mettent en relief les cassures de canalisation comme l'un problème les plus visibles dans la ville.

155

4.5. Concentration des populations et risques sanitaires

Les problèmes de santé publique liés à une forte concentration de la population constituent les défis actuels des politiques de gestions urbaines et de gouvernance. Elles visent à diminuer, voire à supprimer, le contact humain avec les matières fécales ainsi qu'avec d'autres corps pathogènes dangereux pour la santé et présents dans l'atmosphère, l'eau, les denrées alimentaires et le sol. Comme plusieurs villes de la Côte d'Ivoire, les problèmes environnementaux s'accentuent avec la croissance et concentration de la population sur un espace. Les problèmes que soulève la croissance de la population sont multiples, entre autres on rencontre : les problèmes de canalisation, de mise en place de système de drainage des eaux usées de surface, l'élimination des déchets et autres déchets solides. La ville d'Aboisso rencontre également ce même type de problème, ce qui explique l'insalubrité des quartiers et surtout du quartier Sokoura qui est dépourvu de système adéquat d'assainissement. Le quartier Sokoura concentre une forte densification du bâti, imputable à une modification progressive dans l'occupation de l'espace. Cette occupation de l'espace limite les possibilités aux services de collecte d'atteindre certains sites et donc d'effectuer convenablement le service ramassage des ordures ménagères et autres déchets. Par ailleurs, face à cette situation on assiste à la propagation des sites inappropriés de dépôts de déchets dégradant davantage l'environnement. La figure en dessous présente l'interaction entre la population et le milieu de vie.

DENSITÉ

État des habitations
Assainissement
Risque naturel
Eau potable
Installation sanitaire

Promiscuité
Évacuation des eaux pluviales
Nuisance
Précarité sociale
Vétusté des installations sanitaires

Source : Niamké, 2016

Figure 32: Schéma de la densité de population et des relations environnementaux

La relation entre densité de la population et environnement se traduit par plusieurs faits qui ne sont pas à l'avantage des populations. En effet, des études scientifiques comme celle de Kientga S, (2008) sur la question de la relation environnement et santé, a relevé que le rapport densité de population et environnement demeure davantage dangereux pour les personnes à cause des contacts directes possibles avec le milieu soumis à de nombreux faits

156

de santé. Le schéma d'illustration du rapport densité de population et environnement met en évidence les liens entre état des habitations, les réalités observées, notamment la promiscuité et la vétusté des installations sanitaires.

4.5.1. L'insalubrité à l'échelle des quartiers

La production des déchets liquides et solides est liée aux activités des populations et à leur mode de vie. Les indicateurs tels que la taille des ménages, le niveau de production des déchets, le manque de caniveaux en bon état, permettent d'apprécier le niveau d'insalubrité du quartier. Une croissance démographique rapide peut échapper à la capacité des autorités de gestion de la ville, à gérer convenablement la salubrité, l'assainissement et à veiller à l'approvisionnement en eau. La croissance de la population, constitue ainsi une variable qui influence le niveau de gestion des espaces à l'échelle des quartiers. L'évolution démographique s'accompagne de plusieurs faits environnementaux qui contribuent à la dégradation de l'espace. À Aboisso, l'insalubrité est observée à travers plusieurs variables.

4.5.2. La caractérisation de l'insalubrité à Aboisso

La caractérisation de l'insalubrité dans la ville d'Aboisso, prend en compte plusieurs dimensions et pose de véritables problèmes dans les quartiers. Rappelons que l'insalubrité est une accumulation de facteurs néfastes pour la santé. Il s'agit de facteurs environnementaux, physiques, chimiques et biologiques. Au centre de ce sous-système insalubrité, se trouve la population qui, agit de multiples façons dans ce système relation « population-environnement ». Cependant, les faits qui relèvent de cette situation d'insalubrités sont diverses et on peut citer entre autres : le système de raccordement aux réseaux du système d'assainissement. La défaillance de ce système est à la base de l'insalubrité due à la stagnation des eaux usées et domestiques dans les différents quartiers. Il faut relever aussi, que le ruissellement est un fait de dégradation à Aboisso à cause du relief très accidenté constitué de des pentes relativement fortes. Bien que les facteurs physiques contribuent à des situations d'insalubrité, les populations de la ville d'Aboisso modifient sans cesse également l'environnement également. Ainsi, les systèmes d'interactions entre l'individu et l'environnement intègrent aussi bien les actions, les activités et les représentations dans la temporalité. Cette interaction sera également tributaire de la projection de l'individu dans le futur, toujours en relation avec l'environnement avec lequel l'individu est en interaction.

157

4.5.3. La caractérisation de l'assainissement des eaux usées et risques sanitaires

La question de l'assainissement des eaux usées, se pose avec acuité dans les différents quartiers de la ville d'Aboisso. Ce fait nécessite un regard particulier, car elle n'est sans doute sans conséquences sur l'environnement. Ainsi, les situations perceptibles qui entraînent les conséquences peuvent s'observer notamment au niveau des bas-fonds marécageux et lac dont le degré d'eutrophisation9 est important. La figure n° 21 suivante présente le lac au quartier TP-extension avec par des nutriments.

Photo 21: Vue du lac au niveau du quartier TP-Extension, (Cliché Niamké, 2016)

La photo n°21 présente le lac qui est envahi par les nutriments. Cette situation entraîne le développement d'agents pathogènes et expose donc les ménages à des risques sanitaires. Bien que l'enquête ait relevé que les ménages, soit 83, 54% ont connaissance des risques de santé de la présence d'une source d'eau insalubre dans leur environnement, ils ne respectent pas les pratiques environnementales. Les responsables sanitaires sont d'avis que les risques sont importants et indépendants du type de tissu urbain (quartiers précaires, moyen standing, haut standing), même si les taux de prévalence sont relativement différents.

La ville d'Aboisso, fait face à un dysfonctionnement observé dans presque tous les quartiers, en ce qui concerne l'assainissement. Les ménages interrogés, ont marqué leur adhésion à la mise à la place d'un nouveau système d'évacuation et de traitement des eaux

9 L'eutrophisation (du grec eu : « bien, vrai » et trophein : « nourrir ») est le processus par lequel des nutriments s'accumulent dans un milieu et/ou un habitat (terrestre et/ou aquatique). Cette situation entraine le développement d'agents pathogènes.

158

usées. Au total se sont 93,79 % des ménages qui ont souhaité le renouvellement du système d'assainissement. Selon les ménages, envisager la mise en place d'un nouveau système revient à courir moins de risques de voir des dépotoirs sauvages d'eaux usées et des déchets encombrés les réseaux d'assainissement. Dans l'enquête réalisée et les interviews menées auprès des ménages et auprès des responsables de santé, on s'aperçoit que tous sont conscients de l'ampleur des conséquences dus à la mauvaise gestion de l'assainissement et du cadre de vie.

4.6. Risques sanitaires et méthodes d'appréciation

L'évaluation des risques est née aux États-Unis, à l'aube des années 1980. Elle a été développée par le National Research Council qui l'a défini en 1983 comme étant l'utilisation de faits scientifiques pour définir les effets sur la santé d'une exposition d'individus ou de populations à des matériaux ou à des situations dangereuses. Appliqué pour la première fois aux rayonnements ionisants, son champ d'application s'est rapidement étendu aux risques sanitaires pour l'homme ou l'animal de toutes origines, physiques, chimiques et microbiologiques et s'étend maintenant à l'étude des impacts sur les écosystèmes. Elle vise à caractériser le risque sanitaire dans des situations données d'exposition d'une population humaine ou animale à un agent physique, chimique ou microbiologique (en estimant, quand cela est possible, la probabilité de survenue d'effets ou d'événements sanitaires). Cette démarche permet d'étudier « des risques à venir » et des risques trop faibles pour être caractérisés par les outils classiques de l'épidémiologie. Ainsi, le cadre conceptuel qui accompagne cette démarche se construit comme suit ; il s'agit d'utiliser méthodiquement les résultats de la recherche pour une gestion « scientifique » du risque et de prendre en compte dans une démarche aussi structurée et quantifiée que possible les lacunes dans la connaissance scientifique. La caractérisation des risques s'observe sur la figure suivante.

Appréciation de
l'émission

Appréciation de
l'exposition

159

 
 

Appréciation de
danger

 
 
 
 

Estimation du risque

Source : D. Fontenille, 2009

Figure 33 : Caractérisation des risques

La figure n°33 permet de faire une analyse qualitative du risque, qui nécessite de disposer d'un certain nombre d'informations nécessaire à l'étude dans un premier temps. Ensuite, il faut identifier l'analyse qui conduira l'étude dans un second temps et enfin, présenter l'estimation du risque auxquelles on doit faire des recommandations susceptibles de réduire le risque estimé.

4.6.1. Distribution spatiale des foyers selon le niveau de dégradation

La répartition des sites insalubres s'est effectuée dans un premier temps selon la subdivision de la ville en deux (rive gauche et rive droite) en tenant compte de critères relatifs au nombre de sites d'entreposage des déchets, des sites de déchets non contrôlés, du déversement des eaux usées, le système de canalisation, par quartier. Des calculs ont été effectués liés à la production des déchets, à la densité, au volume par unité de surface, la distribution spatiale de densité10. Le tableau qui suit présente la situation comparative des deux rives.

10 Nombre total de dépôts (sites insalubres + dépôts d'ordure) sur la superficie de l'unité spatiale

160

Tableau 21 : Distribution spatiale de la production des déchets selon les quartiers de la rive gauche et de rive droite

 

Quartiers

Taille population
(millier)

Production déchets
/hab/kg

Production
totale

RIVE
GAUCHE

ANTENNE

1754

0,75

1315,5

 

759

0,75

569,25

 

1743

0,75

1307,25

 

2827

0,75

2120,25

 

3279

0,75

2459,25

 

2884

0,75

2163

 

464

0,75

348

 

TOTAL PRODUCTION

10282,5

 

RIVE
DROITE

ADMINISTRATIF

3351

0,75

2513,25

 

0

0,75

0

 

2493

0,75

1869,75

 

0

0,75

0

 

4192

0,75

3144

 

2940

0,75

2205

 

1636

0,75

1227

 

7299

0,75

5474,25

 

4656

0,75

3492

 

1409

0,75

1056,75

 

728

0,75

546

 

0

0,75

0

TOTAL PRODUCTION

 
 
 
 
 

21528

 
 
 

Source : ANDE (2001), calcule adapté INS (2014)

 
 
 
 

Les indicateurs du tableau comparatif ci-dessus montrent que la production des déchets au niveau de la rive gauche, a une quantité nettement inférieure à celle de la rive droite. On peut donc dire que le site de la rive droite est plus exposé aux risques sanitaires. Le tableau a permis également d'établir la différence significative entre les deux rives.

4.6.2. De la condition favorable à la transmission vectorielle

L'introduction d'un vecteur peut être liée à des caractéristiques particulières. Ainsi la capacité de pondre des oeufs entrant en diapause et résistant au froid et à l'assèchement dès que la photopériode atteint un seuil minimal facilite l'introduction dans un territoire (on parle d'espèce non indigène) (D. Fontenille, 2009). C'est l'une des caractéristiques de l'anophèle qui affectionne les réceptacles tels que vases, fûts, emballages abandonnés, pneus, bouches

161

d'égout, creux d'arbre...) créant ainsi, les conditions propices au développent des larves et à l'émergence des vecteurs. La photo dessous permet de voir quelques usages du fleuve par les populations.

Photo 22: Vue du lac au niveau du quartier TP-Extension, (Cliché Niamké, 2016)

Un autre facteur qui peut avoir une influence directe ou indirecte sur la propagation et l'intensification des maladies à transmission vectorielle est celui de la modification des conditions de population, notamment dans les conditions de vie à risque où les populations utilisent à la fois le cours d'eau à plusieurs usages. Ces conditions ont un impact sur les risques de transmission de maladies à transmission vectorielle.

4.6.3. Perception de la maladie et évaluation des risques sanitaires

De l'avis des ménages, la maladie peut affecter tout le monde et donc, aucune personne n'en est épargnée. Ceci a été prouvé par la proportion de 83,4% de la population qui affirme être tombée malade au cours des six mois précédant nos enquêtes de février 2016. Le croisement des données effectuées avec les facteurs déterminants de la santé, montre la survenue de maladies liées aux risques de dégradation de l'environnement notamment ; le manque d'hygiène, l'insuffisance d'approvisionnement en eau potable, l'insalubrité, la mauvaise gestion des déchets ménagers, l'habitat précaire, l'insuffisance du système d'assainissement du milieu. Des études scientifiques ont prouvé que ces facteurs d'exposition expliquent en partie la fréquence élevée des maladies infectieuses, parasitaires, respiratoires, cutanées, des maladies chroniques et les nombreuses pollutions observées dans l'environnement. Par ailleurs, parmi les facteurs (l'air respiré, la poussière, la fumée de

véhicule, la saleté autour des maisons, les eaux usées, l'odeur de la lagune, la qualité de l'eau consommée, la présence des moustiques, les ordures qui sont non loin de nos maisons) soumis aux ménages au cours de l'enquête, 19,20% qui représentent la proportion la plus importante a évoqué la présence des moustiques comme déterminant affectant leur santé, cela confirme bien les problèmes de santé du au non-traitement des eaux usées et à leur stagnation dans la ville, qui occasionne la présence de germes et microbes pathogènes perçues par les ménages comme facteurs de maladies.

Hôtes

Environnement

Agents pathogènes

MALADIES

Caractéristiques
L'exposition préalable
L'infection
Susceptibilité
Âge

Caractéristiques
Le manque d'hygiène,
Densité de la population
L'insalubrité, l'habitat précaire,
Structure physique, structure sociale
L'insuffisance du système d'assainissement du milieu

162

Figure 34: Caractérisation des risques
Source : Hagget P. (1973), adapté par Niamké, (2016)

À travers ce schéma, on observe l'interaction avec double sens des flèches, qui montre la relation étroite des trois composantes, à savoir l'agent pathogène, l'hôte et l'environnement. Les caractéristiques que présentent l'environnement sont bien à prendre en compte dans la perturbation du cadre de vie et la présence des germes pathogènes. Dans sa relation, le schéma résume les facteurs qui ont une incidence sur l'environnement qui affecte la santé des populations. Ainsi, l'analyse des indicateurs et caractéristiques du « système

163

vectoriel » à l'intérieur d'un contexte (hôtes, agent, environnement...) permet de comprendre la dynamique de transmission d'une infection donnée.

4.7.1. Action de l'Homme sur l'environnement et risques sanitaires

L'Homme dépend de son environnement. C'est dans ce cadre qu'il pratique toutes ses activités économiques et domestiques et s'organise socialement. Dans ce rapport avec son environnement immédiat, des faits de dégradation perturbent l'environnement. Cela s'explique par le non-respect de certaines règles hygiéniques. Prenons pour exemple, la Bia qui reçoit les eaux usées domestiques de façon régulière. L'enquête a permis de relever que plus de 3,1% de la population déversent les eaux et de déchets dans la Bia, ainsi que 13,7% déversent les eaux usées dans la rue. Dans les faits, ce comportement des ménages traduit la dégradation du cadre de vie, ce qui rend donc le milieu malsain avec comme conséquence l'apparition des agents pathogènes. La figure n°35 permet d'observer la relation population et environnement dont le résultat s'observe par le développement des risques sanitaires.

Dégradation de
l'environnement

Densité de la
population

Risques sanitaires pour les
populations

Source : Niamké, 2016

Figure 35: Relation population et environnement

Les problèmes de l'environnement sont aggravés par les actions de l'homme. Le schéma montre que le rapport entre la population et l'environnement entraîne la dégradation et la conséquence de ce rapport est l'apparition des risques sanitaires. Tous les secteurs d'activités ont leur part de responsabilité dans la dégradation de l'environnement, traduit par la densité de la population dans le schéma. En effet, dans la concentration de la population

164

comme le montre le schéma toutes sortes de pratiques caractérisant les faits de dégradation de l'environnement sont menées.

À ce schéma se superpose l'impact négatif de l'environnement sur la santé par le cumul d'exposition (sites insalubres, promiscuité, dépôts incontrôlés des déchets...). Ce système environnement déjà perturbé par les populations contribue encore à renforcer significativement la relation entre le facteur de risque et la maladie. Les indicateurs démographiques constituent dans ce schéma un déterminant essentiel de la santé. Les indices synthétiques, obtenus à partir des données de l'enquête ménage confirment encore une fois la présence de risque sur le milieu de vie de la population à Aboisso. Cependant, la transmission d'une infection et le risque épidémique pouvant en résulter dépendent des conditions environnementales (niveau de dégradation) et de la population dans sa relation avec l'environnement (comportement éco-citoyen).

165

Conclusion partielle du chapitre 4 : Risque pour la santé liée au l'environnement humain

Il ressort de cette partie, qu'au-delà de l'évaluation des conséquences néfastes pour la santé humaine, des modifications constantes sur le système environnement contribuent à augmenter le risque sanitaire. Pour une meilleure appréciation du niveau de dégradation, la répartition des sites insalubres s'est effectuée dans un premier temps selon la subdivision de la ville en deux (rive gauche et rive droite). Il apparaît aussi, que la caractérisation de l'insalubrité dans la ville d'Aboisso, prend en compte plusieurs dimensions qui se résument dans le sous-système insalubrité. L'étude a permis de traiter la question liée aux facteurs qui accentuent la dégradation de l'environnement dans la ville et surtout à mis l'accent sur les risques de santé liés au cadre humain.

Conclusion partielle de la deuxième partie : Risque de maladies liés à la dégradation de

l'environnement

 

166

La deuxième partie du travail a été consacrée à l'identification des risques de maladies liés à la dégradation de l'environnement dans la ville d'Aboisso. En effet, la ville fait face à de nombreux problèmes environnementaux qui se traduisent par la multiplicité des sites où se développent des agents pathogènes.

Il s'est agi également dans partie de relever aussi, le rapport que l'homme entretien avec son milieu. Les actions des populations dans la ville d'Aboisso sont révélatrices de faits de dégradation. En effet, les différentes observations relevées ont montré la responsabilité de l'homme dans la relation environnement et dégradation.

Les marqueurs de l'environnement ont permis de faire une répartition spatiale du niveau de salubrité. Ce sont entre autres (Le manque d'hygiène, l'insuffisance d'approvisionnement en eau potable, l'insalubrité, la mauvaise gestion des déchets ménagers, l'habitat précaire, l'insuffisance du système d'assainissement du milieu)

TROISIÈME PARTIE : RELATION ENTRE DÉGRADATION

DE L'ENVIRONNEMENT ET SANTÉ À ABOISSO

 

167

Dans cette troisième partie de l'étude, il s'agit de mettre en relation la dégradation de l'environnement perçue à travers les déterminants de la dégradation et l'état de santé des populations. Il s'agit donc d'observer les indicateurs et d'établir significativement les corrélations de dépendance, et non la causalité des faits de santé. Les nuisances environnementales et sanitaires liées à la gestion de l'environnement restent d'actualité dans les différentes politiques de développement. Ainsi, à Aboisso tout comme dans certaines villes de la Côte d'Ivoire, la question de la santé en relation avec l'environnement demeure préoccupante. En effet, le tableau que nous présente la ville d'Aboisso en matière de gestion de l'environnement conduit à mener une analyse critique des systèmes de gestions déchets (évacuation des eaux usées, boues et matières fécales...) et d'en évaluer les impacts sur l'environnement et la santé des populations. Il s'agit donc de faire une analyse de la dégradation des déchets et les problèmes de santé, et de présenter les maladies déclarées à partir des faits de corrélation.

168

CHAPITRE 5 : LES PROBLÈMES DE SANTÉ À ABOISSO

L'OMS (1952), définit la santé publique comme la science et l'art de prévenir les maladies, de prolonger la vie et d'améliorer la santé physique et mentale à un niveau individuel et collectif. Ainsi, plus loin, l'OMS, rappel qu'un problème de santé se définit, pour un groupe de personnes ou une population, comme la différence critique entre l'état de santé réel, mesuré par des indicateurs et l'état de santé recommandé par des normes. Un problème de santé s'aperçoit selon les déterminant de santé qui constituent des facteurs qui influencent l'état de santé de la population.

À Aboisso, plusieurs déterminant de santé influencent la santé de la population. Ce chapitre vise à monter l'état de santé des populations et leur perception et aussi leur perception des problèmes qui occasionnent des écarts de santé.

169

5.1. Approche globale de la santé perçue par les populations

L'un des instruments les plus couramment utilisé pour mesurer l'état de santé des populations est la question communément appelée « santé perçue ». Cela consiste à recueillir le sentiment global de la population sur son propre état de santé en référence à ses attentes. La question est formulée très habituellement comme suit : comment jugez-vous votre état de santé actuel ? (Excellent, bon, passable, mauvais, très mauvais). OMS (1999).

Cette question tire son intérêt du fait de sa simplicité à l'analyser, à comprendre et surtout à l'administrer aux populations. Elle est en plus informative et fait intervenir l'ensemble des facteurs émotionnels, physiques, sociaux qui conduisent l'individu à exprimer son état de santé. Notre enquête a permis aussi d'apprécier l'état de santé perçue par les populations de la ville d'Aboisso, à travers la question : comment jugez-vous votre état de santé actuel ? la figure suivante montre l'état de santé perçue.

46%

3%

6%

24%

21%

excellent, bon passable, mauvais, très mauvais

Figure 36: La santé perçue par les populations Source : Enquête, Niamké 2016

La figure ci-dessus montre que 46% des enquêtés ont un état de santé mauvais, contre seulement 21% qui estiment être en bonne santé. L'appréciation de l'état de santé comme un indicateur de la détermination de l'état de santé perçue de la population a eu comme pour outil de détermination, l'enquête. Bien que, d'autres indicateurs pouvant mesurer la santé existent, ils n'ont pas été pris en compte dans le cadre de cette étude. Il s'agit notamment des facteurs liés à l'offre de soins ou à la qualité de soin. Cependant, l'aspect de l'organisation a été utilisé

170

comme critère pour nos enquêtes. D'après les résultats obtenus, l'état de santé perçue comme passable et bon, est sensiblement égale à 43%. Notons le très mauvais état de santé occupe la proportion la plus faible avec 3%. Ce chiffre montre bien que l'état de santé bien qu'instable et dominé par la modalité « mauvais », présente très peu des cas de très mauvais état de santé.

5.1.1. Indicateur mesuré de l'état de santé

Les différents instruments de mesure de l'état de santé se classent en trois (3) catégories (Mildred Blaxter, 1989). La première répond à un modèle médical ou biologique de la maladie qui définit le mauvais état de santé comme un écart à une norme physiologique. La seconde correspond à un modèle social et fonctionnel ou le mauvais état de santé se définit comme une incapacité à assumer des tâches. La troisième correspond à la mesure de l'état de santé particulière qui domine la perception de l'individu.

5.1.2. Incidence et prévalence

L'incidence et la prévalence sont deux indicateurs de base de la mesure sur la fréquence des maladies dans la population. La prévalence d'une maladie est la proportion observée à un moment donné de personnes atteintes par cette maladie. Elle représente le stock de maladies prévalant à un moment donnée. Elle est égale au nombre de malades recensés rapporté à la population totale. L'incidence exprime la fréquence des nouveaux cas de maladies données, observées durant un laps de temps au sein d'une population déterminée. Plusieurs maladies ont été listées (tableau 22) en vue de présenter dans l'ensemble les maladies qui sont diagnostiquées et dont souffrent les populations. Mais dans l'ensemble, toutes les maladies ne sont pas concernées pas notre étude, car il s'agit pour nous de montrer les maladies qui affectent les populations du fait de la dégradation de l'environnement.

171

Tableau 22 : Pathologie et cas déclarés

PATHOLOGIES NOMBRE DE CAS

2012 2013 2014 2015 TOTAL

Paludisme

54

636

86

136

89

384

93

615

323

771

Autres maladies infectieuses

6

073

9

725

12

177

127

992

155

967

Anémies

9

948

15

709

14

080

20

798

59

123

Infections respiratoires aigues

8

536

15

709

14

080

20

798

59

123

Diarrhées

6

095

8

230

6

566

8

503

29

394

Traumatismes

5

216

7

019

7

824

10

248

20

059

Dermatoses

2

907

4

305

4

684

7

299

19

195

Maladies indéterminées

2

261

3

072

2

879

2

849

11

061

Infections sexuellement transmissibles

2

385

2

057

 

534

5

738

10

714

Hyper Tension Artérielle

1

450

2

280

2

282

2

887

8

899

Fièvre typhoïde

 

755

1

287

1

138

1

216

4

396

Conjonctivite

 

456

 

505

 

454

 

907

2

322

Malnutrition

 

460

 

844

 

524

 

475

2

303

Varicelle

 

314

 

444

 

371

 

338

1

467

Zona

 

95

 

92

 

79

 

203

 

469

Bilharziose urinaire

 

21

 

43

 

24

 

37

 

125

Goitre

 

7

 

10

 

10

 

36

 

63

Pian

 

4

 

1

 

7

 

14

 

26

Coqueluche

 

5

 

1

 

5

 

2

 

9

Onchocercose

 

4

 

0

 

3

 

2

 

9

 

Source : District Sanitaire Aboisso, 2016

Le district sanitaire dresse l'état de santé des populations dans la ville d'Aboisso en 2016. Le tableau montre toutes les pathologies développées par la population et celle qui sont les plus répandues. Le paludisme demeure la pathologie qui affecte le plus les populations d'Aboisso.

5.2. Dégradation de l'environnement : un marqueur de problèmes pour la santé des populations

Le rejet des eaux usées, la défaillance du système de canalisation, et l'évacuation des déchets constituent un problème observé dans la ville d'Aboisso. Cette situation, perçue comme un dysfonctionnement dans la gestion de l'environnement est un marqueur de risque sanitaire pour les populations. La survenue des dangers probablement liés à la santé des populations est donc associée à l'ensemble des marqueurs du risque sanitaire fréquemment engendré par l'état de l'environnement. Les professionnelles de la santé relèvent que les marqueurs de la dégradation de l'environnement constituent de véritables dangers de santé. Le rejet incontrôlé des eaux usées dans la nature, dans les réseaux de canalisations bouchées,

172

dans le fleuve Bia, accentue davantage les problèmes liés à l'environnement. La présence des dépôts incontrôlés observés par endroits est le résultat de l'absence de coffres à ordure à proximité des lieux d'habitation, engendrant ainsi, une perturbation environnementale de l'espace de vie.

5.3. Distribution spatiale du niveau de dégradation de l'environnement à Aboisso

En tenant compte des facteurs liés à la zone d'influence que referment les faits de dégradation de l'environnement, l'étude s'est penchée sur l'influence des sites qui constituent des dangers pour la santé à l'échelle des quartiers. Pour une appréciation des rayons d'action des dangers, les facteurs liés à la distance ont été pris en compte. En ce qui concerne les différents sites considérés comme sites de danger infectieux, compte tenu de l'impact direct ou indirect que le site peut provoquer sur la santé des populations, une classification a été élaborée selon les paramètres ainsi définis. Les sites considérés comme sites dangereux sont les espaces de déversement de déchets solides tout comme les déchets liquides, les sites de forte concentration de déchets de tout genre, qui rendent insalubre un site et favorisent la prolifération des moustiques et de rats ou d'autres animaux à proximité des habitations. Dans la ville d'Aboisso, nos observations ont permis d'élaborer le tableau ci -après qui correspond au niveau de dégradation par quartier selon certains critères que nous avons retenus.

Tableau 23:Distribution des faits de dégradation

OBSERVATIONS

DES FAITS DE DÉGRADATION

Type

Description des déchets solides

Description des déchets liquides

Dépôts non contrôlés

Tas de dépôts de déchets au bord de la route

Rejets des eaux usées dans les rues

 

Déversement des eaux usées à proximité des habitations

Dépôts contrôlés

Lieux aménagés pour recevoir les déchets

Déversement des eaux usées dans les caniveaux

 
 

Source : Enquête, Niamké 2016

Le tableau 23, fait un récapitulatif des faits de dégradation observés dans la ville

d'Aboisso. On relève les dépôts contrôlés, les dépôts non contrôlés, ainsi que la description des déchets solides et liquides qui expliquent les causes de la dégradation de l'environnement.

173

L'existence de plusieurs faits de dégradation de l'environnement au niveau de la ville d'Aboisso constitue des facteurs de risques sanitaires pour la population. Ainsi, la présence des tas de déchets au bord des routes, les déchets rejetés sur les sites non légaux, ainsi que les rejets d'eaux usées, etc., sont des indices qui permettent de spatialiser le niveau d'insalubrité. Certes, les critères retenus afin d'apprécier la spatialisation du niveau d'insalubrité sont inscrites dans le tableau ci-dessus, mais à cela, s'ajoute les aspects que nous devons prendre en considération comme l'approche statistique. Par ailleurs, il faut souligner que ces différents sites qui décrivent et permettent également d'apprécier la dégradation de l'environnement constituent des zones favorables à la prolifération des espèces vecteurs de transmission de maladies.

5.3.1. Niveau de dégradation de l'environnement à l'échelle des quartiers

Pour l'évaluation du niveau de dégradation à l'échelle des quartiers, nous avons choisi la côte de dégradation comprise entre 0 et 1. Le nombre retenu est une traduction chiffrée des observations de terrain, selon les critères définis. Elle constitue un indicateur synthétique visant à associer une valeur numérique à une situation d'insalubrité. La croissance de l'indicateur correspond à des situations de gravité de plus en plus élevée.

Au regard de la méthode utilisée, la valeur de cet indicateur doit être interprétée comme un repère, qui peut être assimilé à la position d'un curseur sur une échelle à plusieurs niveaux, et non comme une valeur numérique destinée à mesurer avec précision le jugement porté sur l'état de l'environnement.

Ainsi, pour évaluer le niveau de dégradation de l'environnement les indicateurs suivants ont été retenus, associés aux indicateurs contenus dans le tableau n°24. Aussi, une attribution de côte selon les critères retenus a été effectué. Le tableau suivant présente la répartition des côtes selon les critères d'évaluation.

2

3

4

5

6

7

8

9

Tableau 24 : Indicateurs d'évaluation du niveau de dégradation

Côte

Critères d'évaluation

 
 

Indicateurs

Tas de dépôts de déchets aux abords de la route, dans les rues et espaces publics.

1

Dépôts d'ordures ménagères et autres détritus à proximité des habitations,

Tas de dépôts de déchets rejetés à l'arrière ou avant cour des habitations conditionnés et incinérés.

Sites aménagés pour recevoir les déchets, taux de concentration, durée de stockage

Déversement des eaux usées à proximité des habitations, des services et lieux des activités.

Déversement des eaux usées dans les caniveaux, dans les rues et à proximité des bacs à ordures,

Rejet des eaux usées et des déchets aux abords et dans le fleuve Bia

Déchets conditionnés dans les flux devant la porte ou à un endroit indiqué du quartier

Déchets emballés dans les sacs en plastiques ou bassines ouverts devant la cour et rejet d'eaux usées aux alentours

174

Source : Niamké, 2016

À partir du tableau ci-dessus, déterminons l'indice seuil (IS). Notons que l'indice seuil s'obtient par une opération mathématique du rapport de la somme des côtes sur la somme des côtes plus 1.

Pour l'application numérique on obtient :

???? = (0*1) +(1*1)+(1*2)+(1*3)+(1*4)+(1*5)+(1*6)+(1*7)+( 1*8)+(1*9)

10

= 4,5

 

L'indice seuil déterminé, il sera admis pour référence pour apprécier le niveau de dégradation de l'environnement. Cependant, après les calculs des indices effectués par quartier ; on admettra que le niveau de dégradation de l'environnement de catégorie A est élevé, très insalubre ou très élevé. Par la suite, on admettra aussi que le niveau de dégradation de l'environnement de catégorie B moyennement insalubre. Dans la catégorie de niveau de dégradation C, on retient un faible niveau d'insalubrité.

Le critère d'évaluation prend en compte la fréquence d'évacuation, le niveau de concentration des déchets, l'aire et la durée de stockage des déchets.

175

Tableau 25 : Cotation par quartier

 

QUARTIERS

SCORE ATTRIBUÉ

1

COMMERCE

7

2

BELLE- VUE

4

3

EBOIKRO SOS

1,5

4

PLATEAU

4

5

BOIS BLANC

3,5

6

SPE

6

7

KOLIAHIWA

8

8

TP. EXTENSION

4

9

ANTENNE

5

10

KONAN KAN

4,5

11

LYCÉE

4

12

EBROIKRO PROF

2

13

PANAN PANAN

4

14

ADMINISTRATIF

4

15

PETIT MARCHE

7

16

SESSE

6

17

TP

8

18

EBOIKRO SANWI

4

19

SOKOURA

9

 

Source : Niamké, 2016

L'approche d'évaluation du niveau de dégradation a permis ainsi de réaliser le tableau ci-dessus avec les scores attribués à chaque quartier selon l'observation et les critères retenus. Ainsi, le score était compris entre 0 et 10. Selon les trois catégories retenues à savoir :Les quartiers disposant d'un score supérieur à l'indice seuil (les quartiers sont retenus dans la catégorie A), ensuite les quartiers dont le score est compris entre 2 et 4,5 sont retenus dans la catégorie B et enfin les quartiers retenus dans la catégorie C, ont un score compris entre 0 et 2.

Tableau 26 : Niveau de catégorisation de l'environnement à Aboisso

Niveau de catégorisation Score Niveau de dégradation

Catégorie A Catégorie A > 4,5 Très insalubre

Catégorie B 2,00 <Catégorie A < 4,5 Moyen

Catégorie C 0 <Catégorie C < 4,5 Faible

Source : Niamké, 2016

176

Interprétation du tableau de cotation

Le tableau de cotation (Tableau 25) nous permet d'établir une hiérarchisation du niveau de dégradation de l'environnement selon chaque quartier. Ainsi donc, selon les catégories retenues, on a la répartition dans le tableau suivant : niveau de dégradation faible, niveau de dégradation moyen et niveau de dégradation élevé.

Figure 37: Niveau de dégradation de l'environnement à Aboisso

Source : CCT/BNETD réalisation : NIAMKE,2016

La figure ci-dessus montre les différents niveaux d'insalubrité de la ville d'Aboisso. Les indicateurs qui ont aidé à sa réalisation permettent de faire ressortir clairement les niveaux de dégradation suivant ; niveau de dégradation faible, moyen et élevé.

5.3.2. Différentiation spatiale : Niveau de dégradation et risque sanitaire

La question de la différentiation spatiale abordée fait ressortir les tendances du niveau de dégradation par quartier dans la ville d'Aboisso. Au cours de cette recherche, des tests statistiques ont été réalisés pour mieux apprécier les corrélations. Les données de nos enquêtes sont croisées en fonction du test souhaité.

177

Ainsi, pour mieux apprécier le fait de santé, nous exposerons les résultats de l'enquête réalisée auprès des ménages concernant le genre et les risques de santé en tableau croisé pour réaliser le test khi-deux (Khi2) de Karl Pearson. Le test pratiqué ici est un test d'indépendance entre deux caractères, le sexe et le risque de santé. Nous sommes donc en présence d'un tableau de contingence provenant d'un tri-croisé.

Tableau 27 : Niveau de catégorisation de l'environnement à Aboisso Genre et risques de santé

Risque de santé

 

Oui

Non

Total

Homme

219

95

314

Femme

48

24

72

Total

267

119

386

 

Source : Niamké, 2016

- Choix de l'hypothèse d'indépendance (H0) et de dépendance (H1) H0 : Le genre, n'a pas d'influence sur les risques de santé

H1 : Le genre, a une influence sur les risques de santé

- Calculons les effectifs théoriques ou d'indépendance :

Pour calculer les effectifs théoriques de chaque case, on multiplie les effectifs totaux de chaque case puis on les divise par l'effectif total.

Application numérique :

Pour homme, l'effectif théorique pour le H1 qui correspond à oui est Effectif homme = (267 x 314) / 386

178

Tableau 28: Appréciation du risque de santé selon le sexe

 
 
 

Risque de santé

 

SEXE

Oui

Non

Total

Homme

217,19

96,81

314

Femme

49,81

22,19

72

Total

267

119

386

 

Source : Niamké, 2016

- Calculons le Khi 2

Le Khi 2 s'obtient par la formule :

Khi 2 = (effectif observé - effectif théorique) 2 / effectif théorique Nous obtenons le tableau suivant :

Tableau 29: synthèse du tableau avec le khi2 calculé

Risque de santé

SEXE Oui Non Total

Homme 0.01 0.03

Femme 0.06 0.14

Total 0.07 0.17 0.24

 

Source : Niamké, 2016

- On calcule par la suite, le degré de liberté (D)

D = (k-1) (r-1) avec k nombre de colonnes et r nombre de lignes

D = (2-1) (2-1) = 1

- On recherche le Khi 2 des tables

En faisant le croisement du degré de liberté avec la marge d'erreur de 5%, le Khi 2 tabulaire

est 3.84,

Conclusion :

Le khi 2 calculé (0.24) est inférieur au khi 2 des tables (3.84). Donc l'hypothèse HO qui stipule que le genre n'a pas d'influence dans les risques de santé est confirmée.

179

Le résultat du test de khi 2, sur le genre et le risque sanitaire, montre bien que toute la population de la ville d'Aboisso, est exposée au risque sanitaire quel que soit le niveau de dégradation de l'environnement relevé.

5.3.3. Les déterminants de la santé

À chaque étape de la vie, l'état de santé se caractérise par des interactions complexes entre plusieurs facteurs d'ordre socio-économique, en interdépendance avec l'environnement physique et le comportement individuel. Ces facteurs sont désignés comme les « déterminants de la santé ». Ils n'agissent pas isolément. C'est la combinaison de leurs effets qui influe sur l'état de santé. À titre d'illustration, voici les douze déterminants retenus par les Canadiens, consignés dans le tableau n° 30.

Tableau 30: Indicateurs des déterminants de la santé :

Éléments retenus

Le niveau de revenu et le statut social ,
·

Les réseaux de soutien social ,
·

L'éducation et l'alphabétisme

L'emploi et les conditions de travail ;

Les environnements sociaux ,
·

Déterminants de la santé

Les environnements physiques

 

Les habitudes de santé et la capacité d'adaptation personnelle

 

Le développement de la petite enfance ,
·

 
 
 

Le patrimoine biologique et génétique ,
·

Les services de santé ,
·

Le sexe ,
·

La culture.

Source : Ministère canadien de la santé, 2006

Au cours de notre enquête, la question relative à l'état de santé à donner lieu à des réponses diverses de la part de la population. Mais, pour une compréhension plus ouverte correspondant à l'étude, une synthèse a été effectuée. Ici la synthèse des réponses a donné lieu à un ensemble d'éléments pouvant caractériser la santé. Certes, le tableau fourni par le

180

ministère canadien ne tient pas lieu de référence absolue, cependant, des informations ont été fournies par les ménages au cours de nos enquêtes. On retient que les populations de la ville d'Aboisso, ne sont pas ignorantes des faits qui déterminent l'état de la santé.

5.4. L'hygiène des quartiers : faits de dégradation et problèmes de santé

Les observations menées durant l'enquête de terrain, ont permis de à nous interroger sur la question de l'hygiène des populations d'Aboisso. Pour référence citons l'OMS (1979), qui aborde la question de l'hygiène du milieu comme facteur d'atténuation des incidences de maladies. À cet effet, des études scientifiques ont été menées et ont montré très significativement le lien entre hygiène de l'environnement, présence de vecteurs de maladies et maladies développées. Aussi, les réponses qu'ont suscité les diverses questions de recherches dans la documentation évoquent les raisons qui justifient l'hygiène défectueux en milieu urbain. En outre, l'observation et les enquêtes de terrain ont également permis de nous en rendre compte de l'absence de sanitaire et du délabrement dans plusieurs logements. Cette situation de l'absence de sanitaire explique, en effet la défécation dans la nature, ou dans les caniveaux ou dans le fleuve Bia.

Photo 23: Bia est souvent le lieu de soulagement pour les populations

Source : cliché Niamké, 2016

La proximité des lieux d'habitation d'avec les sites hébergeant des agents pathogènes et des lieux d'aisances précaires occasionne la multiplicité des vecteurs et augmente le niveau de risque sanitaire. L'usage de l'eau impropre est à l'origine de problèmes de santé. Sur cette thématique, ONU-EAU (2009), a présenté les maladies diarrhéiques comme l'une des gravités des maladies liées à l'eau. La variation de la qualité de l'environnement est influencée par les

181

facteurs pathogènes. Ce fait de santé s'observe aussi bien dans le vécu quotidien des ménages que dans les différents espaces de la ville, qui sont le réceptacle des eaux usées domestiques et des déchets ménagers. Les quartiers présentent des sites précaires par endroit et laissent entrevoir des toilettes dans une précarité excluant toutes règles d'hygiène avec des caniveaux inexistants. Tout ce système défectueux constitue un facteur de risque.

Photo 24: Toilette à proximité d'une source infectieuse, (cliché, Niamké 2016)

Les populations sont très souvent infectées dans le cadre d'activités domestiques, professionnelles ou récréatives courantes, comportant des expositions à une eau de stagnation contaminée. Le manque d'hygiène et certaines habitudes de jeu des enfants, dans des eaux infestées rendent ces enfants particulièrement vulnérables à l'infection.

Dans le cadre des faits de dégradation, la question de l'incinération des déchets a été abordée plus haut. Ainsi, à l'issu de l'enquête, 16,80% des ménages ont affirmé, pratiquer l'incinération pour des raisons de non collecte. Mais, le fait qui intéresse l'étude, est le risque de santé encourus par les populations par cette pratique. Les études scientifiques ont relevé des problèmes de santé liée à l'incinération des déchets, notamment ; Le CO211 provenant des différents incendies qui se réalisent sous le panache du vent dans les quartiers, absorbé par les poumons lors de la respiration, il passe assez rapidement dans le sang où il se fixe sur l'hémoglobine prenant ainsi la place de l'oxygène (Bonnard et al, 2009).

11 Dioxyde de carbone

182

5.4.1. La Bia : source de danger pour la santé

La Bia, est un plan d'eau à diverse usage. Elle est utilisée pour des activités de pêche, aussi comme lieu de baignade, espace pour la lessive et de détente pour des populations qui passent quelques temps à ses abords. Aussi, bien que la Bia est utile pour la population, il est également devenu un danger pour les populations. Lors de nos observations, l'on s'en est aperçu que la Bia sert à d'autres usages. L'observation du terrain a permis de réaliser que la Bia est utilisée pour la lessive et pour d'autres activités comme le lavage auto et pour l'usage des toilettes publiques. En effet, l'enquête a montré que 7,60% des ménages déverses de l'eau usée et de déchets dans la Bia. Ce comportement des populations trouve certes sa justification dans sa proximité avec le plan d'eau, mais cela exprime aussi l'ignorance des populations face aux dangers liés que peuvent provoquer ce comportement. Par ailleurs, selon l'OMS (2013), les sources d'eau peuvent être contaminées par la présence d'excréments, matières fécales ou l'urine et le cycle de vie parasitaire se poursuit. Ainsi, l'infection se produit lorsque les larves du parasite, libérées par des gastéropodes d'eau douce, pénètrent dans la peau d'une personne lorsqu'elle est en contact avec une eau infestée.

Photo 25: Toilette à proximité d'une source infectieuse, (cliché, Niamké 2016)

Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS, 2014), les pathologies les plus connues liées à l'eau sont les maladies diarrhéiques notamment le Choléra et la dysenterie à shigelles. Ces maladies se transmettent généralement par l'ingestion d'eau ou d'aliments contaminés par des matières fécales. Les facteurs de risques de maladies diarrhéiques sont, le manque d'eau, le défaut d'assainissement, la mauvaise hygiène, les problèmes de salubrité etc.

183

Les maladies diarrhéiques sont généralement perçues comme des maladies hydriques. En effet, l'eau sert de véhicule à la transmission des agents pathogènes. Lorsque les femmes accomplissent leurs tâches domestiques dans de l'eau infestée (lavage du linge par exemple) elles sont également exposées au risque. L'ignorance des populations, sur le fait que le plan d'eau peut être source de maladies ne limite pas les pratiques dangereuses qui s'y développent. Vu le comportement des populations, on s'aperçoit que le danger que présente le fleuve pour la santé est ignoré

Photo 26: Pratique de la lessive Photo 27: baignade d'enfants dans la bia.

(cliché, Niamké 2016)

Ces différentes pratiques des populations ne restent pas sans conséquence sur leur santé. Pour s'en convaincre, nous avons pu consulter des études scientifiques sur la question. Le tableau suivant montre quelques à faits de société.

Tableau 31: faits observés et maladies

Faits observés Maladies transmises

Se baigne dans une Infection du nez, des yeux, des oreilles.

Source d'eau contaminée Bilharzioses, conjonctivite

Source : OMS, 2014

La baignade en eau polluée augmente le risque d'apparition de troubles de santé. En effet, en cas de baignade dans une eau contenant des germes pathogènes au-delà d'une certaine concentration, des pathologies de la sphère oto-rhino laryngée, de l'appareil digestif (gastro-entérite) ou des yeux peuvent apparaître. Ce risque dépend aussi de l'état de santé du baigneur et de ses pratiques (durée de la baignade, immersion de la tête.,.). La plupart du temps, les problèmes de santé liés aux eaux de baignade apparaissent de 24 à 48 heures après le contact

184

avec de l'eau contaminée. Les signes qui permettent d'apprécier les problèmes de santé sont consignés dans le tableau suivant :

Tableau 32 : Maladies et symptômes liés à la baignade

Maladies transmises Les symptômes

La dermatite du baigneur

· Petites plaques rouges qui enflent, semblables à celles produites par des piqûres d'insectes ,
·

· Démangeaisons, qui peuvent durer d'une à deux semaines

 

Pour la gastro-entérite :

· Diarrhée ,
·

· Maux de ventre,

· Vomissements,

· Nausée.

 

Source : http://sante.gouv.qc.ca/ 2015

Selon l'OMS, (Op.cit.) cité la contamination par les organismes pathogènes est très rapide. Une seule absorption d'eau infectée pouvant suffire. Si d'autres matières présentes dans l'eau sont sans risque pour la santé en dessous d'une certaine concentration, certaines sont toxiques même à l'état de trace. Ces risques sont aggravés par les facteurs de temps d'exposition, de bioaccumulation, de bioamplification, de recombinaison.

5.4.2. L'environnement urbain, un déterminant de l'état de santé de la population

Les modèles épidémiologiques intègrent depuis plusieurs années l'environnement parmi les déterminants de la santé. De fait, l'environnement urbain peut être considéré comme l'un des déterminants de la santé. Ainsi, pour mieux apprécier ce fait, observons le schéma de la figure 38 des déterminants de la santé élaboré par Whitehead et Dahlgren, (1991). Ce schéma qui est à la fois utilisé dans plusieurs études scientifiques et aussi par l'OMS, présente les facteurs qui influencent la santé. Dans l'énumération, les auteurs montrent que l'organisation du système de soins est le déterminant de santé qui explique le moins l'état de santé (environ 10 %) avant les facteurs biologiques (environ 20 % de l'état de santé des populations). Ainsi, le mode de vie et l'environnement (physique, naturel, social) contribueraient à hauteur de 70 % dans l'état de santé des populations.

185

Source : Dahlgren et Whitehead (1991)

Figure 38: Les déterminants de la santé

Le modèle de Dahlgren et Whitehead, (en arc en ciel) présente les déterminants de la santé en quatre (4) niveaux. Ces niveaux ne sont pas indépendants les uns des autres. Ils interagissent. Tout comme la théorie principale qui oriente notre étude, à savoir la théorie générale des systèmes, ce modèle met en relation des sous-systèmes dans un ensemble, qui est en mouvement. L'état de santé d'une personne se caractérise donc par des interactions complexes entre plusieurs facteurs individuels, socio-environnementaux et économiques. Le premier niveau ; « Facteurs liés au style de vie personnel » concerne les comportements et styles de vie personnels, influencés par les modèles qui régissent les relations entre amis et dans l'ensemble de la collectivité. Ces rapports peuvent être favorables ou défavorables à la santé. Par contre, le second niveau « Réseaux sociaux et communautaires » comprend les influences sociales et collectives : la présence ou l'absence d'un soutien mutuel dans le cas de situations défavorables a des effets positifs ou négatifs. Ces interactions sociales et ces pressions des pairs influencent les comportements individuels de façon favorable ou défavorable. En ce qui concerne le troisième niveau « Facteurs liés aux conditions de vie et de travail », il se rapporte à l'accès au travail, l'accès aux services et aux équipements essentiels : eau, habitat, services de santé, nourriture, l'éducation mais aussi les conditions de travail. Dans cette strate, les conditions d'habitat plus précaires, l'exposition

186

aux conditions de travaux plus dangereux et stressants et un accès médiocre aux services créent des risques différentiels pour les personnes socialement désavantagées. Pour terminer, le quatrième niveau « Conditions socio-économiques, culturelles et environnementales » englobe les facteurs qui influencent la société dans son ensemble. Ces conditions, comme la situation économique du pays et les conditions du marché du travail ont une incidence sur toutes les autres strates. Le niveau de vie atteint dans une société, peut par exemple influer sur les possibilités d'un logement, d'un emploi et d'interactions sociales, ainsi que sur des habitudes en matière d'alimentation et de consommation des boissons.

5.4.3. État de l'environnement à Aboisso : opinions de la population

L'État de l'environnement est diversement apprécié selon les populations. L'enquête ménage effectuée permet de mener des analyses avec d'autres variables que nous avons croisées. Ainsi, au regard de la figure ci-dessus, parmi les 386 ménages enquêtés, 55,9 % ont affirmé que l'état de l'environnement est dégradé. Le plus petit nombre des ménages interrogés est soit 14,3% des ménages estiment que l'état de l'environnement est sain. À la suite des deux des perceptions on a également 29,7% des ménages qui estime que l'environnement est malsain. Le tableau qui suit renferme les résultats de la perception de l'état de l'environnement.

Tableau 33: État de l'environnement perçu par les populations

État de l'environnement

Proportion des ménages %

Dégradé

55,9

Malsain

29,7

Sain

14,3

 

Source : Enquête, Niamké, 2016.

Au regard des données de ce tableau, les ménages estiment que la ville d'Aboisso est dégradée. La prise en compte des faits de santé, par les ménages a dominé l'ensemble des réponses relatives à la question sur l'état de l'environnement. Ce qui explique que plus de la moitié de la population affirme que la ville Aboisso est dégradée. Plus loin, 29,7% estiment que l'environnement la ville est malsain. Cette perception traduit le niveau d'assainissement encore faible et les pratiques hygiéniques des populations. Pour ce qui est des 14,3 % des

187

ménages restant, ils estiment que l'environnement de la ville est sain. À l'issu des résultats des perceptions sur l'état de l'environnement, nous nous sommes interrogés sur le rapport état de l'environnement et l'état de santé des populations. Cette interrogation a conduit à effectuer le test de significativité de kih2.

5.5. État de l'environnement à Aboisso et état de santé des populations.

L'environnement urbain subit déjà des modifications, des impacts constantes par la population et c'est dans ce contexte qu'il convient de prendre en compte son influence sur la santé. L'état de l'environnement influence t'elle la santé des populations ? Pour répondre à cette interrogation, nous avons fait le choix de pratiquer les tests statistiques de Karl Pearson pour vérifier la corrélation des phénomènes.

Croisement des données observées

 

Malades

Bien portants

 
 

OUI

NON

Total

Dégradé

215

1

216

Malsain

101

15

116

Sain

0

54

54

Total

316

70

386

 

Source : Enquête, Niamké, 2016.

Ce tableau est constitué de six lignes (3 valeurs de l'état de l'environnement) et quatre colonnes (deux valeurs pour l'état de santé) dans lesquelles sont réparties les 386 observations. À partir de ces données issues de l'observation, on construit un autre tableau de contingence où seront calculées les valeurs dites théoriques ou attendues sous les hypothèses suivantes :

· Hypothèse 0 : L'état de l'environnement n'influence pas la santé de la population

· Hypothèse 1 : L'état de l'environnement influence la santé de la population

À partir de ces données issues de l'observation on construit un autre tableau de contingence où seront calculées les valeurs dites théoriques ou attendues.

· 188

Calcul des valeurs théoriques (le résultat des opérations consigné dans le tableau ci-dessous)

 

Malades

Bien portants

 
 

OUI

NON

Total

Dégradé

176,83

39,17

216

Malsain

94,96

21,04

116

Sain

44,21

9,79

54

Total

316

70

386

 

Source : Enquête, Niamké, 2016.

· Calculons le Khi2

Le Khi2 s'obtient par la formule :

Khi2 = (effectif observé - effectif théorique) 2 / effectif théorique

Nous obtenons le tableau suivant :

Calcul du khi2

 

Malades

Bien portants

Total

Dégradé

8,23

37,19

216

Malsain

0,38

1,37

116

Sain

44,20

199,56

54

Total

52,81

238

290,81

 

Source : Enquête, Niamké, 2016.

· On calcule par la suite, le degré de liberté (D)

D = (k-1) (r-1) avec k nombre de colonnes et r nombre de lignes D = (2-1) (3-1) = 2


· Recherchons le Khi 2 des tables

On effectue le croisement du degré de liberté avec la marge d'erreur de 5% comme le présente la table en dessous et on obtient ensuite : 13,8155

189

Conclusion :

Deux hypothèses ont été émises, la première est l'hypothèse nulle (Ho), et comme son nom l'indique, est l'hypothèse qui postule qu'il n'y a pas de lien entre l'état de l'environnement et la santé. La seconde hypothèse (H1), postule que l'état de l'environnement et la santé sont significativement liés. Ainsi, après le test de khi 2, on peut avancer que le khi 2 calculé (290,81) est supérieur au Khi2 observé dans la table, (5,99) on peut donc affirmer que l'hypothèse selon laquelle l'état de l'environnement influence la santé de la population est confirmée.

Le test de Khi2, réalisé précédemment a mis en relation l'état de l'environnement et la santé de la population à Aboisso. L'état de l'environnement perçu par la population comme « un système dégradé » confirme aussi bien l'hypothèse selon laquelle l'état de l'environnement influence fortement la santé de la population. Ainsi, pour une approche plus fine de cette corrélation, on appliquera le coefficient de détermination, suivie de son interprétation. La figure qui suit à servi à l'explication.

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

y = 17,985x

R2 = 0,5925

- 18,367

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

0 0,5

1 1,5

2 2,5

 

3 3,

 

Malades Dégradé

50 40 30 20 10 0 -10

5

Source : Enquête, Niamké, 2016.

Figure 39: Appréciation de l'état de l'environnement

L'appréciation de l'état de l'environnement dit « dégradé » est corrélée avec les ménages « malades » au cours de l'enquête. Par le coefficient de détermination12 représenté par R2 = 0,59. Cela signifie que 59% de la variance (Y) qui est représenté par les malades s'explique par le facteur de dégradation de l'environnement. Ainsi, on peut conclure en affirmant que la corrélation est bonne.

5.5.1. Les systèmes populations, santé et environnement

La question du système population, santé et environnement nous emmène à nous interroger sur les populations. En effet, les populations, considérées comme des unités biologiques fondamentales, sont caractérisées par une série de variables telles que l'effectif (ou la densité), la structure spatiale (modalités de distribution des individus dans le milieu), la structure démographique (âge et sexe), la structure génétique (fréquences alléliques) et l'organisation sociale. Cependant, on retient que les populations ne sont pas des entités isolées, elles s'intègrent le plus souvent dans un environnement où elles entretiennent des relations étroites. Dans cette relation, interagissent de nombreux facteurs qui perturbent l'état de santé des populations.

Considérons une représentation très schématique d'un tel système population-environnement

centré, par exemple sur l'hygiène du milieu. (Voir figure n°40.)

190

12 Le coefficient de détermination (R2) est un indicateur qui permet de juger la qualité d'une régression linéaire, simple ou multiple. D'une valeur comprise entre 0 et 1, il mesure l'adéquation entre le modèle et les données observées.

191

Source : Inspiré de Lawrence (2001) et adapté et commenté par Niamké, (2016)

Figure 40: Hygiène du milieu

Le concept de santé est difficile à définir. Il n'est donc pas surprenant qu'il ait été interprété de diverses manières. Pour Lawrence (2001), la santé est définie comme : « une condition ou un état de l'être humain qui résulte de ses interactions avec son environnement biologique, chimique, physique et social » Toutes les composantes d'un environnement résidentiel devraient être compatibles avec les besoins fondamentaux de l'être humain et avec une activité fonctionnelle intégrale y compris la reproduction biologique à long terme.

La figure ci-dessus, centre son aspect sur le cadre physique qui subit continuellement l'influence des politiques dans la gestion de l'espace. Elle relève aussi l'aspect de la culture de l'information qui demeure insuffisant dans la mise en oeuvre des politiques pour assurer un environnement de qualité. Les variables comme l'éducation aussi, sont appelés dans le schéma pour montrer son impact sur l'hygiène de vie.

Le statut de santé est donc le résultat des effets pathologiques directs de combinaison de multiples facteurs ainsi que de l'influence des dimensions physiques, psychologiques et sociales de la vie quotidienne.

Pour Lawrence (2001), en ce qui concerne la promotion de la santé, elle ne voit pas cela comme une condition abstraite mais comme la possibilité d'un individu à atteindre son potentiel et à répondre positivement aux défis de sa vie quotidienne. Dans cette optique, la santé est un atout ou une ressource utile à la vie quotidienne, plutôt qu'un standard ou un

192

objectif à atteindre. Cela implique que la capacité du secteur de la santé à gérer la santé et le bien-être des populations est limitée et qu'une collaboration étroite avec d'autres secteurs est primordiale.

L'aspect comportement qui est inclus dans le style de vie au centre du schéma, renvoie parallèlement, tout individu comme principal acteur de sa propre santé en fonction de son hygiène et d'autres déterminants de son style de vie qui peuvent être favorables ou défavorables à un bon état de santé.

5.5.2. De l'exposition des populations aux risque pour la santé

Le risque sanitaire tel que décrit précédemment, est lié à l'exposition d'un ou plusieurs faits de dégradation qui influencent la santé. L'exposition des ménages et groupes à un environnement malsain est un facteur déterminant de morbidité et de mortalité. Cependant, des évaluations précises de la relation qui existe entre les niveaux de pollution, les périodes d'exposition et l'état de santé sont rares. Au niveau mondial, on estime qu'environ 25% de la charge de morbidité peut être attribuée à des facteurs environnementaux (Murray and Lopez, 1996). Du point de vue scientifique, il est important de considérer les expositions dans leur ensemble environnementales pour avoir une idée plus exacte de leurs conséquences pour la santé. De par sa situation géographique et les caractéristiques de son milieu physique, la ville d'Aboisso favorise la multiplication de plusieurs problèmes ayant un trait avec la dégradation progressive de son environnement fragile. Dans cette partie, sont considérés comme aspects de l'exposition les problèmes liés à la stagnation des eaux usées, la concentration des sites avec forte présence d'agents pathogènes, le cadre de vie avec une hygiène défectueuse favorable à la multiplicité de vecteurs de maladies. Les dangers sont classés en trois catégories ;

La 1ère catégorie : il s'agit des dangers sanitaires susceptibles de porter une atteinte à la santé publique, ou à mettre gravement en cause la salubrité de l'environnement ;

la 2ème catégorie : ce sont les dangers sanitaires affectant l'économie et pour lesquels des programmes collectifs, volontaires ou rendus obligatoires, sont définis pour pouvoir efficacement conduire des mesures de prévention, de surveillance ou de lutte ;

193

la 3ème catégorie : la maîtrise des dangers relève du comportement de la population.

Pour analyser la réponse d'un individu à une exposition, on fait appel aux concentrations limites à savoir :

la Valeur à Risques Importants (VRI) au-delà de laquelle les risques sur la santé sont prouvés et peuvent se traduire en lésions irréversibles ;

la Valeur à Risques Limités (VRL) en dessous de laquelle l'exposition au polluant a des effets limités ou n'a pas d'effets connus sur la santé.

Observons le tableau suivant, dont le croisement a été réalisé en vue d'appliquer le test de dépendance de khi 2. Le tableau est le résultat du croisement de deux variables, (durée de collecte et lieux de rejet des déchets). Ce test est mené dans le but d'identifier les faits explicatifs de la relation du rejet des déchets et le temps mis pour la collecte des déchets.

Tableau 34 : Lieux de rejets de déchets et durée de la collecte

DURÉE

LIEU DE REJET

Un Jour

Une Semaine

Deux semaines

Un mois

Plus d'un mois

Total

Bac à ordure

24

94

23

9

2

152

Dans la rue à ciel ouvert

3

32

10

6

2

53

Dans les caniveaux

3

21

8

4

1

37

Devant votre maison

2

56

13

2

3

76

Dans la lagune

0

7

2

2

1

12

Fosse septique

1

14

6

1

1

23

Dans les puits perdus

0

12

7

14

0

33

Total

33

236

69

38

10

386

 

Source : Enquête, Niamké, 2016.

Le test suit la même démarche que les précédents tests effectués. Ainsi, nous allons uniquement émettre les hypothèses et présenter les résultats obtenus à partir du logicielle sphinx

· H0 : le temps mis avant la collecte des déchets dans la ville, explique le rejet des déchets dans les sites non contrôlés

· H1 : le temps mis avant la collecte des déchets dans la ville, n'explique pas le rejet des déchets les sites non contrôlés

194

À l'issu des calculs mathématiques effectués on obtient :

- Kih 2 calculé : 72,61

- DDL : 24 (TS), puis on prend comme marge d'erreur P < 0,1%

Conclusion : Le Kih2 calculé (72,61) est supérieur au DDL (24), alors on conclut que la relation est très significative. On peut donc dire que la multiplicité des sites non contrôlés des déchets liquides et solides s'explique par le temps mis pour la collecte des déchets laissés par les ménages aux sites indiqués.

5.6. Évaluation du risque sanitaire

L'évaluation des risques est née aux États-Unis, à l'aube des années 1980. Elle a été développée par le National Research Council qui l'a défini en 1983 comme étant l'utilisation de faits scientifiques pour définir les effets sur la santé d'une exposition d'individus ou de populations à des matériaux ou à des situations dangereuses. L'évaluation du risque sanitaire se passe en deux phases ;

· L'analyse de l'exposition des individus,

· l'analyse de leur réponse à cette exposition.

Afin de mieux apprécier cette phase du risque qui en est l'évaluation, procédons par l'élaboration du schéma de la figure n °41, qui obéit à la théorie des systèmes. En effet, dans ce schéma, trois sous-systèmes sont mis en relation afin d'expliquer le phénomène de l'évaluation du risque sanitaire.

 
 

Concentration des faits de santé
(Dans l'environnement)

Espace d'occupation des
populations et activités

 
 

Exposition des populations
(Risque sur la santé)

Figure 41: Concentration et risques sanitaires (Source : Niamké, 2016)

L'utilisation de l'approche systémique permet de mettre en relation l'espace d'occupation, la concentration des faits de santé et l'exposition des populations. Les objets

195

mis en relation s'observent plus à partir de l'analyse de l'exposition des personnes aux risques sanitaires liés aux faits de santé. Les activités sont la description du moment, de la durée, du lieu et de la manière dont s'organisent les différentes activités d'une population au cours d'une période déterminée. Le résultat de cette interaction est la mise en situation de risque sanitaire pour les populations. De nombreux scientifiques et médecins tentent d'alerter la population sur les dangers liés à un environnement qui concentre plusieurs faits de santé (pesticides, poussières atmosphériques, eaux usées, polluants chimiques...) BALDI I, médecin spécialisée en santé publique, a montré en 2003 que l'exposition à des pesticides semble liée à un risque plus grand de développer les maladies de Parkinson et d'Alzheimer. Ainsi son étude a montré que, chez des agriculteurs hommes utilisant des pesticides, le risque de développer la maladie de parkinson était multiplié par 5,6 et celui de développer la maladie d'Alzheimer multiplié par 2,4 par rapport à des groupes non exposés à des pesticides Certains responsables politiques commencent à prendre conscience des dangers environnementaux pour la santé des populations et tentent de mettre en place les mesures qui s'imposent face à aux pressions. En Côte d'Ivoire, le Ministère de la Salubrité et de l'Assainissement, ainsi que le Ministère la Santé et de l'Hygiène sont créés depuis 2016, afin de s'assurer d'un cadre de vie sain pour une préservation de la santé des populations.

5.6.1. Interactions entre facteurs environnementaux et déterminants de santé

La perception de l'état de santé est une mesure importante et essentielle dans l'évaluation de la santé d'une population. Cette mesure, est habituellement rattachée à une question qui est posée lors des enquêtes. Quel est votre état de santé ? À cette question, les réponses conduisent à l'appréciation globale que les populations font où pensent de leur propre santé. L'enquête a permis de disposer d'information sur la perception de l'état de santé des populations. Ainsi, on retient que l'état de santé d'une personne est donc la combinaison des interactions complexes entre plusieurs facteurs individuels, socio-environnementaux et économiques.

5.6.2. La diffusion de l'information : un facteur déterminant de l'état de santé

Plusieurs facteurs peuvent expliquer l'état de santé de la population. Dans le cadre notre l'étude, des croisements ont été effectués afin de présenter des indicateurs qui font varier l'état de santé des populations. Ainsi, l'indicateur « information » a été croisée avec la perception

196

de l'état de santé. Cette démarche s'inscrit dans le cadre de la réalisation des tests statistiques pour vérifier le lien significatif entre l'état de santé et la diffusion d'information relative aux problèmes que provoque un environnement dégradé. L'analyse d'effectue donc à partir du croisement dans le logiciel sphinx pour réaliser le test de dépendance de Khi2. Le tableau qui suit est le résultat du croisement de deux variables « état de santé et source de l'information »

Tableau 35 : Diffusion de l'information sur les problèmes de santé

Source d'information sur les problèmes
de santé liés à l'environnement

État de santé

Médecin

Bouche à
oreille

Radio et télé, service hygiène
de la mairie

TOTAL

Excellent

19

5

1

25

Bon

70

9

2

81

Passable

66

25

2

93

Mauvais

107

68

1

176

Très mauvais

9

1

1

11

TOTAL

271

108

7

386

 

Source : Niamké, 2016

Le tableau ainsi croisé nous présente les effectifs théoriques des données de l'état de santé et

celui de la source d'information. Appliquons la même démarche du test de Kih2, réalisé

précédemment

On fixe les deux hypothèses suivantes :

H0 : Le niveau d'information n'a pas d'influence sur l'état de santé

H1 : Le niveau d'information a une influence sur l'état de santé

Ainsi donc :

· Khi2 calculé = 28,61

· DDL= 8 (TS)

· Puis on prend comme marge d'erreur P < 0,1%

Conclusion du test de Khi2.

Les analyses de croisement, rapportent que l'information est un indicateur qui influence l'état de santé. Ces résultats confirment un lien important entre une perception de l'état de santé déclaré et la source d'information insuffisante sur la question du problème du lien entre la santé et la dégradation de l'environnement. Au-delà des fortes corrélations que

197

permettent d'établir les tests statistiques, il faut se référer également à la réflexion systémique, qui permet d'analyser très significativement les liens de causalité à différentes échelles. On peut citer, à titre d'exemple, le modèle développé par les théories éco épidémiologiques avec la prise en compte des diverses échelles d'observation des relations entre la santé et les facteurs environnementaux et sociaux

Le Kih 2 calculé (28,61) est supérieur au DDL (8), alors on conclut que la relation est très significative. On peut donc dire le niveau d'information a une influence sur l'état de santé.

5.6.3. La présence des rongeurs dans les habitats : un indicateur de l'état de santé des populations à Aboisso

Les relations causales entre faits de santé et maladies sont très souvent abordées pour les organisations et institutions nationales et internationale. En effet, la gestion approximative de l'espace de vie, entraîne un environnement malsain, insalubre et source de plusieurs agents pathogènes. La ville d'Aboisso fait face, à certains problèmes liés à l'assainissement, à l'entassement de déchets dans des sites non contrôlés. Les conséquences immédiates de l'insalubrité demeurent donc visibles à travers des rongeurs, pris ici comme déterminant de la santé. En effet, l'objectif de l'utilisation du choix des indicateurs répond à un besoin d'établir à partir de ces indicateurs choisis la causalité à l'état de santé des populations. Sur la question des indicateurs et principalement les rongeurs, le questionnaire a été mené à deux niveaux. Le premier volet à consister à savoir si dans les ménages on observe les rongeurs dans leur habitation et le second volet de la question était leur perception sur l'influence des rongeurs sur leur santé. L'étude a montré que 96,6% des ménages observent des rongeurs dans leur domicile. La figure 42 présente la perception des ménages en ce qui concerne les effets des rongeurs dans leur domicile.

Nuisible pour la santé porteurs de maladies

encombrants salissants

41,20%

3,10% 0,50%

55%

198

Source : Niamké, 2016

Figure 42 : La perception des ménages en ce qui concerne les effets des rongeurs dans leur domicile.

Au regard de la figure ci-dessus, il est noté 55% des ménages qui estiment que les rongeurs sont nuisibles pour la santé, aussi que 41,20% sont porteurs de maladies. On relève dans l'ensemble que les ménages à 96,20 % présentent les rongeurs comme un déterminant de l'état de santé. Les rongeurs pris, comme indicateur de santé, permettent de réaliser une analyse combinée de l'état de l'environnement et la santé des populations. Ainsi, référons-nous à notre hypothèse selon laquelle ; les problèmes de santé qui affectent la population sont le fait de la dégradation continuelle de l'environnement. Les indicateurs choisis guideront dans l'analyse et les tests à une vérification.

5.6.4. La corrélation statistique : indicateur de fait de dégradation et santé des populations

L'état de santé des populations dans des lieux donnés ne résulte pas seulement de nombreux éléments matériels et non-physiques, mais aussi de leurs corrélations (Lawrence, 2001). Dès lors, il est nécessaire d'examiner plusieurs questions d'ordre conceptuel et méthodologique afin d'appréhender dans leur intégralité l'ensemble des éléments et leurs corrélations. Appliquons dans cette partie le test statistique de Khi2. Pour rappel, la méthode d'exécution du test reste telle qu'elle a été menée avec les tests précédents. Le tableau suivant est le tableau croisé des variables rongeurs et état de santé.

199

Tableau 36 : Présence de rongeurs et état de santé à Aboisso

Présence de rongeurs dans l'habitat

État de santé OUI NON

TOTAL

Excellent

23

2

25

Bon

72

9

81

Passable

92

1

93

Mauvais

167

9

176

Très mauvais

8

3

11

TOTAL

362

24

386

 

Source : Niamké, 2016

Ainsi, pour ce test à partir du tableau croisé posons les hypothèses suivantes :

H0 : Les rongeurs dans les domiciles des ménages n'ont pas d'influence sur l'état de santé H1 : Les rongeurs dans les domiciles des ménages influencent l'état de santé

Ainsi donc :

· Khi2 calculé = 16,41

· DDL= 4 (TS)

· Puis on prend comme marge d'erreur P = 0,3%

Conclusion du test de Khi2.

Le Kih2 calculé (16,41) est supérieur au DDL (4), alors on conclut que la relation est très significative. On peut donc dire que les rongeurs présents dans les domiciles des ménages influencent l'état de santé.

En effet, les indicateurs sont utilisés non seulement pour identifier les éléments intervenant dans le système « espace », mais aussi pour favoriser une meilleure compréhension de leurs corrélations. Bien que, les causalités ne demeurent toujours pas l'objet central dans les recherches en géographie, mais il faut relever que notre étude s'ouvre sur une démarche de mise en relation et cela conduit à évoluer vers un axe reliant un indicateur et un phénomène de santé.

Vecteurs potentiels Maladies transmissibles Mode de transmission

Paludisme Fièvre jaune Dengue Éléphantiasis

La mouche prend les germes pathogènes sur les excréments d'animaux, WC, tas d'ordures, matières en décomposition, et contamine l'eau, les aliments destinés à la consommation de l'homme

MOUSTIQUE

 
 

MOUCHE

SOURIS

Dysenterie Diarrhée Choléra Fièvre typhoïde

Salmonellose Peste

Typhus

Rage Fièvre typhoïde Diarrhée Dysenterie

Les moustiques prennent les germes chez la personne malade et les transmet à l'homme sain lors d'une piqure de la femelle.

Contaminent les aliments par ses urines et ses excréments avec les germes ramassés dans les latrines, les réseaux d'égouts...

200

 

Dysenterie Diarrhée Choléra Fièvre typhoïde

La nuit, les cafards cherchant
à manger souillent vaisselles

et aliments avec les germes

CAFARD

 
 

Source : INHP, 2014

Figure 43 : Maladies transmissibles par des vecteurs potentiels

Le tableau ci-dessus, fournit par l'Institut National d'Hygiène Publique nous indique clairement que les rongeurs et autres vecteurs potentiels sont des potentiels vecteurs transmissibles de maladies. Les cafards, les mouches, les moustiques et les souris qui cohabitent avec les hommes sont des vecteurs qui sont porteurs de maladies dont souffrent les hommes. On note, la Dysenterie, la Diarrhée, le Choléra, le Fièvre typhoïde et le paludisme qui sont des pathologies les plus fréquentes chez les populations d'Aboisso.

201

Conclusion du chapitre 5 : Les problèmes de santé à Aboisso

L'objet de ce chapitre a consisté à présenter les problèmes de santé auxquels sont confrontés les populations de la ville d'Aboisso. Cette séquence sur l'état de santé s'ouvre sur les risques qui déterminent les problèmes de santé.

Ce faisant, nous avons procédé à une identification théorique des déterminants de la santé des populations. L'étude de ce chapitre a permis de relever les problèmes de santé qui persistent du fait de la dégradation de l'environnement. Plusieurs indicateurs ont été croisés permettant ainsi d'obtenir des résultats sur les faits de santé qui perturbent l'état de santé de la population.

À cet effet, les résultats ont également permis de prouver que les variables liées à la dégradation ont été significativement testé, comme indicateur de l'état de santé. Globalement, cette partie de l'étude a permis de montrer que l'état de santé des populations est perturbé par la dégradation de l'environnement, d'où la corrélation entre état de santé et dégradation de l'environnement.

CHAPITRE 6 : LIEN ENTRE LA DÉGRADATION DE L'ENVIRONNEMENT ET MALADIES DÉVELOPPÉES

 

202

La gestion approximative de l'environnement n'est pas sans conséquence sur le cadre de vie et surtout sur la santé des populations. Le cadre de vie à Aboisso présente plusieurs facettes qui expriment la manifestation de la dégradation de l'environnement. Selon, l'OMS (2011) des liens forts existent entre un environnement pollué et des risques sanitaires.

Les pathologies liées à l'environnement ne se limitent pas aux maladies respiratoires, cardio-vasculaires ou à certains types de cancers, mais d'autres pathologies chroniques et émergentes sont également considérées comme ayant des liens avec l'environnement, notamment des atteintes du système immunitaire.

Dans ce chapitre nous faisons un état des lieux des maladies avérées qui présentent un lien avec l'environnement et affectant les populations de la ville d'Aboisso.

203

6.1. Présentation de l'organisation du système de santé ivoirien

Le système de santé ivoirien comprend trois (03) niveaux et deux (02) versants ; l'un gestionnaire ou administratif et l'autre prestataire ou offre de soins. Le versant prestataire ou offre de soins comprend ;

le niveau primaire représenté par les Établissements Sanitaires de Premiers Contacts (ESPC), premier échelon du district :

le niveau secondaire constitué des établissements sanitaires de recours pour la première référence, deuxième échelon du district

le niveau tertiaire composé des établissements sanitaires de recours pour la deuxième référence. Il est à noter que d'autres ministères participent à l'offre de soins à travers leurs infrastructures sanitaires (Défense, Économie et Finances, Fonction Publique, Emploi, Solidarité et Affaires sociales, Éducation Nationale, Intérieur).

Le versant gestionnaire ou administratif est constitué du niveau central avec le cabinet du ministre, les directions et services centraux, les programmes de santé chargé de la définition de la politique, de l'appui et de la coordination globale de la santé, du niveau intermédiaire composé de 19 Directions Régionales qui ont une mission d'appui aux districts sanitaires pour la mise en oeuvre de la politique sanitaire et du niveau périphérique composé de 102 Directions Départementales de la santé ou Districts sanitaires qui sont chargés de coordonner l'activité sanitaire dépendant de leur ressort territorial et de fournir un support opérationnel et logistique aux services de santé. Le district sanitaire qui est l'unité opérationnelle du système de santé est lui-même subdivisé en aires sanitaires ou bassins de desserte des ESPC. Tous les villages ainsi que les campements rattachés sont couverts par un ESPC.

Ainsi, l'ESPC constitue la porte d'entrée du système de santé et l'hôpital prend en charge les problèmes de santé nécessitant des techniques ou des soins ne pouvant être assurés au premier échelon dans une complémentarité et sans chevauchement des paquets d'activités des deux échelons. L'existence d'un système de référence et de contre référence permet d'assurer la continuité des soins entre les deux échelons.

Le secteur sanitaire privé lucratif s'est développé ces dernières années avec l'émergence d'établissements sanitaires privés de toutes catégories s'insérant parfaitement dans les différents niveaux de la pyramide sanitaire. Le secteur privé confessionnel, les associations et les organisations à base communautaire participent également à l'offre de soins surtout au

204

niveau primaire. Le système de santé ivoirien se caractérise donc par un secteur public prépondérant et un secteur privé en plein essor. À côté de ces deux secteurs, la médecine traditionnelle en pleine réorganisation occupe une place relativement importante.

6.1.1. Indicateurs environnementaux en Côte d'Ivoire

Dans le PNAE (1996), a été inscrite l'importance du système national d'information et de suivi de l'environnement (SNIE). Mais, aucun système de suivi n'a été mis en place pour accompagner ce programme. Cependant, plusieurs travaux ont été menés en vue d'identifier les problèmes majeurs de l'environnement en Côte d'Ivoire. À ce jour, il convient de noter que les problèmes environnementaux sont évalués selon des critères différents qui influencent notamment sur l'aspect économique et surtout sur le fait sanitaire et géographique. Par ailleurs, les problèmes prioritaires de l'environnement réellement présentés en milieu urbain sont la pollution des eaux lagunaires, la mauvaise gestion des déchets solides et des eaux usées, la pollution des eaux de surface. De plus en plus le problème de l'environnement devient alarmant. L'un des problèmes qui se pose dans la manipulation et la gestion des données dans le secteur de l'environnement s'aperçoit au niveau de la multiplicité des structures étatiques en charge.

6.1.2. Indicateurs environnementaux à Aboisso

La ville d'Aboisso, dispose d'une organisation administrative en charge de la gestion de l'environnement. Elle commence d'abord par les autorités municipales ensuite d'une représentation du ministère de l'environnement et enfin une représentation de développement durable. Les structures rattachées à sa gestion sont également présentes. Le rôle de chaque institution est bien défini. On note celle de l'Agence Nationale de l'Environnement (ANDE) qui a pour missions d'assurer la coordination de l'exécution des projets de développement à caractère environnemental, d'effectuer le suivi et de procéder à l'évaluation des projets du PNAE, de constituer et de gérer un portefeuille de projets d'investissement environnementaux, de participer aux côtés du Ministère chargé de l'Économie et des Finances, à la recherche de financements, de garantir la prise en compte des préoccupations environnementales dans les projets et programmes de développement, de veiller à la mise en place et à la gestion d'un système national d'information environnementale, de mettre en oeuvre la procédure d'étude d'impact ainsi que l'évaluation de l'impact environnemental

205

des politiques macroéconomiques, de mettre en oeuvre les conventions internationales dans le domaine de l'environnement et d'établir une relation suivie avec les réseaux d'ONG. Elle inclut un Bureau d'Étude d'Impact Environnemental (BEIE). À son instar on note aussi le Centre Ivoirien Anti-Pollution (CIAPOL) a pour missions le contrôle et la surveillance de la pollution des milieux aquatiques et atmosphériques. Aujourd'hui, ses activités sont essentiellement axées sur la surveillance de la qualité des eaux continentales, lagunaires et côtières.

Par ailleurs, la ville d'Aboisso bien que bénéficiant des structures en charge de la gestion de l'environnement fait face à des problèmes liés à son environnement, notamment la question de la gestion des caniveaux et des eaux usées. Cette situation liée à un assainissement insuffisant et au manque d'hygiène, est un facteur qui contribue largement à diffusion des risques sanitaires.

La santé de la population peut être compromise vu l'état de l'environnement ainsi présenté, lorsque des bactéries pathogènes, des virus et des parasites contaminent l'eau de stagnation, les sources d'eau de boisson soit à la source, soit par infiltration d'eaux de ruissellement contaminées, soit à l'intérieur même du système de distribution sous canalisation. En outre, une manipulation non hygiénique de l'eau pendant son transport ou à la maison peut contaminer une eau jusque-là salubre. (OMS, 2005).

6.2 Distribution spatiale des maladies

Le risque en santé s'évalue en termes d'extension des maladies sur une grande aire et du nombre de personnes touchées ou susceptibles d'être touchées par les maladies. Le risque est dans ce cas potentiel. Pour une meilleure connaissance de la distribution de la maladie, il a été nécessaire de se rendre compte de la répartition des maladies développées par les populations au cours de nos enquêtes. À cet effet, en plus de la question relative sur l'état de santé a été demandée, aussi la question sur les maladies développées a été posée. Cette étape de l'étude a été nécessaire afin d'identifier et de faire une hiérarchisation des aires endémiques.

Pour une meilleure compréhension de la mise en évidence des facteurs environnementaux et les maladies, des études scientifiques ont fait appel à l'outil SIG13, afin d'expliquer la distribution des maladies, telle que le paludisme (Bénié et al. 2000).

13 Système d'Information Géographique

206

Dans la ville d'Aboisso, les caractéristiques en rapport avec les faits explicatifs de la mise en corrélation maladies et facteurs géographiques demeurent mal connues, d'où la nécessité de mener des recherches pour pallier ces insuffisances. Notre étude s'inscrit dans cette continuité à travers une série de corrélation, afin d'établir les liens étroits entre la dégradation de l'environnement et faits de santé.

L'enquête a permis d'établir une liste de maladies développées par les populations de la ville d'Aboisso. On peut noter : les maladies respiratoires, les maladies des oreilles, les maladies des yeux, les maladies de la peau, les affections dentaires, les plaies et traumatismes, la bilharziose, les maladies diarrhéiques, les vers intestinaux, le choléra, les maladies des organes génitaux et urinaires, les affections des os et articulations, la méningite, la rougeole, le paludisme, la fièvre typhoïde. Cette liste est le résultat à la question sur les maladies qui affectent la population, et n'établit aucun lien à priori avec un fait de dégradation de l'environnement. Les données recueillies se sont révélées extrêmement utiles au niveau de nos différentes analyses et dans les tests de dépendance réalisés avec le logiciel sphinx. Le tableau qui suit présente les indicateurs de la propagation des maladies.

Tableau 37 : Indicateurs de la propagation de maladies

Faits de dégradation Causes Maladies

transmissible

 

Présence des insectes Multiplicité des sites insalubres Paludisme

Reproduction des moustiques

Reproduction des moustiques

Présence de déchets Sources d'eau insalubres Fièvre jaune

Matières fécales Espaces non aménagés insalubres Infection des yeux

Insalubrité Mauvaise conservation de l'eau Infection des oreilles

Eaux stagnantes nids de moustiques Infection du nez

Source : INHP, 2014

6.2.1. Risques associés aux foyers infectieux

SONWOUIGNANDE Kientga, (2008), a montré dans son étude qui porte sur la contribution du SIG à l'analyse des liens déchets-santé en milieu urbain dans la ville de Ouagadougou (Burkina Faso), que les dépôts d'ordures, les décharges, les rejets liquides domestiques ou industriels sont des sources infectieuses et présentent un risque pour la population avoisinante. Cette étude s'est fortement appuyée sur un inventaire exhaustif de différents sites et par une analyse évaluative et systématique de l'exposition aux différents dangers et risques. Pour conduire notre étude, nous avons pris en compte l'aspect de

207

l'exposition aux risques auxquels les populations sont continuellement l'objet. En ce qui concerne les potentielles sources de risque, notre enquête ménage a permis de recueillir la perception des ménages.

Quelles sont les sources présentant les risques pour la santé de la population à Aboisso ? la réponse à cette question a permis d'évaluer la perception des populations. Relevons que l'aspect distance a été associée à cette analyse pour une meilleure appréciation. Aussi, reste-t-il à décrire une situation réelle dans notre cas, avec des quartiers pris pour exemple. La figure qui suit est montre les différents sites de groupage.

Figure 44 : Site de groupage des déchets

La figure présente les différents sites de groupage des déchets de la ville. On retient que ces sites aménagés pour recevoir les déchets de la ville se sont transformés en des sites de foyers infectieux, vu les quantités de déchets déversées et surtout le temps mis pour la collecte.

208

6.2.2 Foyers à risque pour la santé : perception et analyse

Un foyer à risque désigne un espace qui est considéré comme un risque pour la santé, immédiat ou à long terme, plus ou moins probable, auquel la santé publique est exposée. Dans cette partie de l'étude, il s'agit de décrire la dangerosité de chaque espace retenu par la population selon les méthodes déjà utilisées dans d'autres recherches scientifiques et sur d'autre espace, notamment le modèle de SONWOUIGNANDE Kientga (op.cit.). Dans cette partie, nous conviendrons que la notion de risque n'est pas l'évènement naturel pouvant produire des destructions de biens ou de personnes, mais plutôt des faits de dégradation de l'environnement qui portent atteinte à la santé de l'homme. Le tableau en dessous présente les maladies qui sont provoqué par une insuffisance d'hygiène.

Tableau 38 : Maladies liées au manque d'hygiène

Causes Maladies

Manque d'hygiène Gale

Saleté de l'eau Conjonctivite

Baignade dans l'eau souillée Mycoses

Teigne

Source : OMS, 2014

Le tableau présente quelques maladies liées au manque d'hygiène que les populations d'Aboisso développent. Ce sont : la gale, la conjonctivite, les mycoses et la teigne. Les entretiens réalisés auprès du district sanitaire ont également montré la présence de ces maladies très proche du manque d'hygiène au sein des populations.

6.2.3. Perception et analyse des dangers encourus par les populations en fonction de la distance

La perception des ménages sur la question du danger que représentent les sites infectieux que nous avons fait le choix de nommer « faits de dégradation » pour exprimer les déterminants qui expliquent la dégradation de l'environnement est diversement interprété Selon les modalités retenues pour l'enquête et selon les différents points de vue des enquêtés, des réponses ont été obtenues selon la classification du niveau de dangerosité des faits de dégradation en fonction de la distance. Ainsi, en tenant compte de la distance entre les faits de dégradation répertoriés sur les sites, l'aspect « dangerosité » a été considéré comme

209

indicateur pour évaluer le risque. Aussi, en nous référant à des études scientifiques similaires sur la question de distance et dangerosité, nous avons retenu les critères suivants :

La première zone de danger est dite « danger élevé » correspond à la première l'intervalle de distance déjà mentionnée de 0 à 100m.

La zone déclarée de « danger moyen » est celle compris entre le rayon de 100 m et de 250 m. La zone de « danger faible » est celle définie entre 250 m et 500 m.

Ces différents choix sur les zones de dangerosité, liés au concept d'exposition se sont opérés selon les approches de diverses auteurs obtenus dans la littérature, notamment Blain Jeffrey, Chasles Virginie, qui ont traité également des questions sur l'environnement liés à la qualité des espaces de vie. Il est avéré que certains espaces sont plus pathogènes que d'autres à cause du niveau de l'exposition, comme le confirme l'OMS, (2006), évoquant aussi que les expositions environnementales influencent les états de santé À ce sujet, l'Organisation Mondiale de la Santé impute aujourd'hui 75 % des décès dans le monde à la qualité du milieu. De même, parmi les 105 grandes maladies répertoriées par l'OMS, environ 82 sont liées à des causes environnementales.

Le tableau qui suit est le résultat de nos enquêtes auprès des ménages sur la perception du danger selon la distance.

Tableau 39 : Perception du danger selon la distance

Degré de
dangerosité

Intervalle de Distance

(m)

Ménages enquêtés

Proportion (%)

Élevé

0 à 100

253

65,54

Moyen

100 à 250

101

26,16

Faible

250 à 300

32

8,29

TOTAL

 

386

100

 

Source : Enquête, Niamké 2016

Le tableau nous présente les résultats de la perception de la population sur les dangers et la distance de l'exposition. Plusieurs auteurs ont montré le fait que la propagation ou l'exposition est un processus de dispersion et d'usure d'énergie de sorte que le danger décroit de manière inversement proportionnelle avec la distance à la source.

Pour les ménages, le degré de dangerosité selon la distance est perçu comme élève lorsque l'explosion est plus proche d'où les 65,54% de réponse exprimant le fait que le degré est élevé pour la distance d'intervalle 0 à 100 m. En ce qui concerne, le niveau de dangerosité

210

faible à intervalle 250 à 300 m, on note une proportion de 8, 29%. C'est la proportion la plus faible, car les ménages ont montré que plus l'exposition est éloignée de leur espace de logement ou d'activité, le plus danger d'être exposé est sensiblement faible. Le degré de danger intermédiaire, c'est-à-dire le degré moyen a été relevé comme indicateur moyen, à cause de sa proximité avec le risque le plus élevée.

 
 
 

Elévé;

 
 
 
 
 
 

65,54404145

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Moyen;

 
 
 
 
 
 

26,16580311

Faible;

 
 
 
 
 
 
 

8,290155

 
 
 
 
 
 
 
 

0 0,5 1 1,5 2 2,5 3 3,5

niveau de dangérosité

4

80

70

Proportion des ménages

60

50

40

30

20

10

0

Source : Enquête, Niamké 2016

Figure 45 : Matrice de corrélations

L'étude de la matrice des corrélations a indiqué très clairement que la corrélation la plus significative au seuil de 5% valait + 0 ,99 et concernait la part de degré de dangerosité élevé.

Aussi important que le coefficient de corrélation, il faut cependant relever que le calcul du coefficient de détermination indique le pouvoir explicatif de la relation et qui correspond à la valeur du coefficient de corrélation élevé au carré. Le calcul présenté sur la figure 45 du R2, (le coefficient de détermination) est égal à 0,99, cela sous-entend que la variation de la part des ménages est expliquée à plus de 99% cela explique donc que la dangerosité des sites s'explique par la distance la plus proche du risque et donc de 0 à 100 m.

6.2.4. Les Zones d'influence : zones d'exposition potentielles

Différentes méthodes statistiques ont été développées pour décrire l'hétérogénéité spatiale, en termes de zone à risque ou zone potentielle d'exposition, notamment, les

statistiques telle que le coefficient de Moran14, la statistique de Tango15, l'arbre de régression oblique16, la méthode de balayage. Dans le cas de notre étude, le test statistique retenu est celui de Khi2. En effet, des études scientifiques ont fait le choix de l'utilisation des méthodes différentes, mais ont obtenu des résultats qui ont mis en évidence une hétérogénéité spatiale significative. L'OMS (1996), aborde la question du « rayon d'action » tout en indiquant le cycle de transmission de maladie qui se fait d'un réservoir vers un hôte et implique trois éléments : l'environnement (réservoir), l'agent (mouches, moustiques, etc.) et l'hôte. En effet, la question précédemment traitée sur la zone à risque d'exposition selon la distance, est un indice dans la zone d'influence. Ceci permet relativement de prendre en compte les distances corrélativement, selon leur degré de dangerosité en les superposant. Des études scientifiques ont relevé que les vecteurs que sont ; les rats, les musaraignes ou, encore, les cafards et les reptiles, sont limités dans leur déplacement à partir d'un rayon de 1 km. (Konan, 2009)

Les tableaux qui suivent résument les proportions totales des déchets par quartier, associées aux sites des déchets insalubres notamment les déchets liquides et sites de déversements illégaux (non-contrôlés). Ainsi, pour réaliser l'inventaire des sites insalubres nous avons tenu compte des critères liés à la durée du site dit insalubre dans le quartier, du rayon au lieu d'habitation, de la composition des déchets dans le lieu et aussi de la fréquence de rejets de déchets. Cette démarche a donc permis de faire un inventaire systématique des sites et de le traduire dans les deux tableaux suivants.

211

14 Le coefficient de Moran, coefficient d'autocorrélation classiquement utilisé

15 La statistique de Tango, généralisation spatiale de la statistique du Khi2

16 L'arbre de régression oblique, qui découpe la zone d'étude en sous-zones de risques différents.

212

Tableau 40: Distribution de la production des déchets et des sites insalubres selon les quartiers (Rive droite)

QUARTIERS

POPULATION

PRODUCTION DÉCHETS

(Kg)

NOMBRE DE
SITES

INSALUBRES

RIVE
DROITE

ADMINISTRATIF

3351

2513,25

1

 

-

-

2

 

2493

1869,75

4

 

0

0

1

 

4192

3144

1

 

2940

2205

1

 

1636

1227

2

 

7299

5474,25

7

 

4656

3492

3

 

1409

1056,75

1

 

728

546

2

 

-

-

2

 
 

TOTAL PRODUCTION

21528

27

 

Source : INS (2014)

Il ressort de ce tableau, que dans l'ensemble, les résultats d'estimation des sites insalubres permettent de nous rendre compte que la ville d'Aboisso est soumise aux risques d'exposition dans pratiquement tous les quartiers de la rive gauche. Ces faits de dégradation de l'environnement montrent bien que les indicateurs liés à l'état de l'environnement sont suffisamment significatifs.

L'on observe en effet que les paramètres associés des quartiers comme Sokoura, TP sont en tête des proportions, concernant les sites insalubres identifiés et aussi, la taille de la population. La variable taille de la population à une influence sur le phénomène de la distribution des sites insalubres et la production des déchets. Aussi, en comparant les deux sites, la rive gauche et la rive droite, on observe également que plus la population est nombreuse, plus le taux des déchets est important et les sites insalubres se multiplient.

213

Tableau 41: Distribution de la production des déchets et des sites insalubres selon les quartiers de la rive gauche

 

QUARTIERS

POPULATION

PRODUCTION DE
DÉCHETS (Kg)

NOMBRE DE SITES
INSALUBRES

RIVE GAUCHE

ANTENNE

1754

1315,5

1

 

759

569,25

1

 

1743

1307,25

2

 

2827

2120,25

1

 

3279

2459,25

2

 

2884

2163

1

 

464

348

1

 
 

TOTAL PRODUCTION

10282,5

9

 

Source : INS,2014 (calcul effectué à partir de données de l'INS, Niamké, 2016)

Le tableau montre que les quartiers de la rive gauche ne sont pas épargnés de la présence des sites à risques sanitaires. En moyenne chaque quartier dispose de 1,28 sites qui constitue des espaces à risque pour la santé de la population de la ville. L'inventaire prouve ainsi l'importance de la variable multiplicité des sites sur l'état de santé de la population.

6.3. Les effets sur la santé selon les catégories de risques

Les effets d'une situation d'insalubrité morbide sur la santé varient selon la nature des matières accumulées, le degré d'exposition et les personnes exposées. Le tableau n°42 représente des exemples de risques classifiés par catégories, soit biologiques, chimiques et physique. Selon le sens définit par l'OMS (2002), cette partie qui traite du risque sanitaire dans son acceptation défini le risque comme la probabilité qu'un individu contracte une maladie par voie directe ou indirecte. L'espèce humaine est le seul objet de l'évaluation du risque sanitaire, contrairement à l'évaluation du risque écologique qui prend également en compte les espèces animales et végétales.

Tableau 42 : Risques et effets potentiels

Exemple de risque Les agents Les effets potentiels

Cadre
physique

Accumulation de déchets Allergène respiratoire Infection respiratoire,

cutanées,

Humidité et moisissures Gale Gastro-entérite

Accumulation de produits Chlore, ammoniaque, Atteinte broncho-

chimiques et déversement acide pulmonaire

214

Animaux domestiques, Virus, parasites, Irritation des voies

vermine et insectes moisissures respiratoires

Présence de moustiques dans Germes et microbes Paludisme

les eaux usées pathogènes

Source : Centre intégré de santé et de services sociaux de la Montérégie-Ouest (2015),

À la lecture du tableau n°42, on relève que plusieurs agents pathogènes présents sur le site de la ville d'Aboisso, entrainent des maladies. Ce sont des faits de dégradation qui occasionnent la multiplicité des agents pathogènes.

6.3.1. Maladies déclarées par la population enquêtée

Au cours de nos enquêtes plusieurs maladies ont été déclarées par les ménages. Sans toutefois, d'emblée chercher les raisons qui pourraient expliquer l'état de santé. Mais, on retient que chaque ménage interrogé affirme être tombé malade et déclare la maladie qui l'a affecté durant les six derniers mois. (Par maladies « déclarées » nous entendons celles qui sont survenues dans les ménages des personnes enquêtées les 6 derniers mois à partir de février 2016). Le tableau suivant présente les maladies retenues déclarées par les ménages sur l'ensemble des maladies soumises lors de l'enquête.

215

Tableau 43: Maladies survenues dans les ménages durant les 6 derniers mois

MALADIES DÉCLARÉES

EFFECTIFS DE
MÉNAGES

PROPORTION

Maladies respiratoires

35

9,10%

Maladies des oreilles

0

0,00%

Maladies des yeux

2

0,50%

Maladies de la peau

25

6,50%

Affections dentaires

1

0,30%

Plaies et traumatisme

0

0,00%

Bilharziose

0

0,00%

Maladies diarrhéiques

47

12,20%

Vers intestinaux

0

0,00%

Choléra

6

1,60%

Maladies des organes génitaux et urinaires

7

1,80%

Affections des os et articulations

1

0,30%

Méningite

1

0,30%

Rougeole

0

0,00%

Tétanos

0

0,00%

Paludisme

238

61,70%

Fièvre typhoïde

23

6,00%

Total

386

100,00%

 

Source : Niamké, 2016

Pour les besoins de l'enquête une liste de dix-sept (17) maladies a été proposée aux ménages afin d'avoir une vue sur plusieurs maladies. Les résultats consignés dans le tableau ci-dessus ont permis de nous en rendre compte que toutes les maladies n'affectent pas les ménages à Aboisso. Ainsi, nous avons réduit la liste après l'enquête en fonction des maladies déclarées.

216

Tableau 44 : Maladies retenues ayant un lien avec la dégradation de l'environnement

MALADIES DECLAREES

NOM DU
QUARTIER

Maladies
respiratoires

Maladies
de la peau

Maladies
diarrhéiques

Choléra

Paludisme

Fièvre
typhoïde

TOTAL

SOKOURA

12

2

12

2

32

11

71

ADMINISTRATIF

7

0

7

0

6

3

23

ANTENNE

3

0

3

2

5

2

15

BOIS BLANC

1

0

1

0

3

0

5

COMMERCE

6

0

2

2

9

3

22

EBOIKKRO SOS

 
 
 
 
 
 

non_parvenue

EBOIKRO SANWI

7

1

9

3

17

5

42

EBOIKRO-PROF

3

0

8

2

5

3

21

KOLIAHIWA

3

2

1

0

5

1

12

KONAN-KAN

3

0

3

0

9

1

16

LYCEE

4

0

5

1

6

4

20

PANAN-PANAN

5

2

6

2

4

3

22

PETIT MARCHE

5

0

4

0

8

7

24

PLATEAU

 
 
 
 
 
 

non_parvenue

SESSE

7

7

8

2

7

4

35

SPE

3

0

1

0

2

1

7

TP

14

1

6

1

10

7

39

TP EXTENSION

4

1

1

0

6

0

12

TOTAL

87

16

77

17

134

55

386

 

Source : Niamké, 2016

Le travail vise à établir un lien entre la dégradation de l'environnement et la santé. De ce fait les différentes maladies déclarées supposées avoir un lien avec la dégradation selon plusieurs études sur la question du lien environnement et santé sont mis en relief. Il est intéressant d'examiner plus en détail en corrélant les variables qui sont inscrites dans les déterminants de la santé et les faits de dégradation. La figure suivant, présente la liste des maladies déclarées et leur proportion.

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

paludisme

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

maladies

des

yeux

plaies

et traumatisme

maladies

 

diarrhéiques

maladies
génitaux

des organes
et urinaires

 
 

maladies respiratoires

 
 

maladies de

la peau bilharziose

 

affections

des

articulations

os et

 
 
 
 

affections

choléra

 

méningite

 
 
 

maladies

des

oreilles

 

vers intestinaux

 
 

Tétanos

 

Maladies declarées

0,7 0,6 0,5 0,4 0,3 0,2 0,1

0

-0,1

217

Source : Niamké, 2016

Figure 46: Maladies déclarées par les enquêtés

La figue montre clairement les maladies déclarées qui affectent les ménages à Aboisso. Dans l'ensemble une diversité de maladies est présentée dans la figure. On note cependant, que la proportion la plus élevée est celle du paludisme avec une proportion de 61,70%. Les différentes pathologies observées en dessous de la courbe, ont une proportion faible. On relève 9,10 % des ménages qui déclarent être atteints de la maladie respiratoire. Les autres maladies sont présentes avec des proportions faibles, en dessous de la courbe de tendance. Il est établi dans des études que les conditions de l'environnement dans lequel vivent les ménages peuvent influencer leur état de santé. Le paludisme et les maladies diarrhéiques touchent un nombre élevé de la population avec un taux global de 73,90%. Notre enquête auprès des ménages sur les maladies déclarées par les populations est presque similaire à celle que le District Sanitaire d'Abaisso (2016) a mis à notre disposition. Ainsi, le tableau de bord est présenté comme suit : le paludisme comme la pathologie qui affecte le plus la population. Les infections respiratoires aiguës (IRA) affectent 9,10 % de la population, notons aussi que la fièvre typhoïde suit avec 6%. Soulignons que la maladie de la peau touche également la population avec une fréquence de 6,5%.

218

6.3.2. Influence relative des facteurs de risque sur la santé

Les différents facteurs pouvant être associés à l'apparition des pathologies liées à l'environnement sont importants à relever dans notre étude. Les facteurs déterminants de la dégradation de l'environnement présentés au chapitre précédent exercent de façon directe ou indirecte une influence sur l'apparition des maladies dites environnementales, Chan M (2016) d'écrire «la santé de la population passe par la salubrité de l'environnement ». « Si les pays ne prennent pas des mesures afin que les populations vivent et travaillent dans un environnement sain, des millions de personnes continueront à tomber malades et à mourir prématurément ». Ces propos traduisent le fait que la santé est significativement dépendante de l'environnement. L'OMS, a mené diverses études sur la relation et à travers sa direction on peut donc retenir que la question demeure toujours d'actualité et fait d'énormes victimes. Le schéma qui suit permet de mettre en évidence cette assertion.

· Condition de vie

· Condition environnementale

· Statut socio-économique

· Comportement

· Niveau d'instruction

ÉTAT DE SANTE

Source : Niamké, 2016 / Environnement dégradé /

Figure 47 : État de santé et cadre environnemental

Le schéma présente une approche systémique qui intègre les variables déterminantes de la santé dans un cadre environnemental qui subit des dommages et dégradations constantes. Aussi, la traduction du schéma, nous renvoie à la définition de la santé environnementale qui est l'ensemble des effets sur la santé de l'homme dû à la condition de vie17. Dans notre étude, les différents résultats permettent de nous confronter aux réalités internationales liées aux faits

17Conditions de vie (expositions liées germes, microbes, parasites, nuisances ou l'insalubrité, activités humaines)

de santé. Certes, selon de nouvelles estimations de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), 12,6 millions de personnes sont décédées en 2012, du fait d'avoir vécu ou travaillé dans un environnement insalubre, soit près d'un quart des décès dans le monde. L'étude s'est intéressée Pour mener cette réflexion, nous avons réalisé les tests statistiques de Khi2, couplés aux données de terrain.

6.4 Insalubrité de l'environnement : Présence de rongeurs et maladies développées.

Prenons comme point de repère le « triangle épidémiologique » (ou triade d'interaction des facteurs causaux) composé d'un hôte susceptible, un agent et un environnement qui les met en contact. La maladie a besoin des trois éléments pour se répandre. Le triangle épidémiologique nous guidera pour une meilleure explication et analyse des faits à mettre en relation. Dans cette partie, nous allons mettre en corrélation la présence de rongeurs dans les ménages et la maladie développée. En plus du test statistique qui est effectué, l'utilisation du triangle épidémiologique causal aide à une meilleure analyse du phénomène.

Agent

(Virulence, infectiosité ; potentiel de dépendance, etc.)

Hôte

(Susceptibilité génétique,
résilience, statut nutritionnel)

Environnement

(Hygiène, publique, contexte social,

disponibilité des soins de santé)

Source : FROMAGEO A (2005)

Figure 48 : Triangle épidémiologique

219

La ville d'Aboisso, fait face à un problème d'assainissement qui s'observe à travers presque tous les caniveaux bouchés. Cette situation d'insalubrité est à l'origine de la présence des rongeurs qui abondent dans les maisons. Nous nous sommes intéressés à ce fait et avions bien voulu savoir si les rongeurs influencent la santé des populations.

220

Pour connaître la perception des populations nous avions administré un questionnaire visant à déceler d'une part la présence de rongeurs à la maison et d'autre part, les potentielles maladies associées à leur présence. Les données obtenues sur la première question sont représentées dans la figure n°49.

93,8

6,2

Pas de rongeurs présence de rongeurs

Source : Enquête, NIAMKE 2016.

Figure 49 : Présence de rongeurs dans les domiciles

Le résultat de l'enquête nous permette de confirmer la présence de rongeurs dans les domiciles des populations à Aboisso. En effet, plus de 93 % pour la population affirme vivre au quotidien avec des rongeurs (Les cafards, les souris et les rats). La figure suivant donne la perception des ménages sur la présence des rongeurs et l'état de santé.

porteurs de maladies

encombrants salissants Total

effet des rongeurs

rongeurs Nb rongeurs % cit.

450

400

Nombre de cas

350

300

250

200

150

100

50

0

nuisibles pour la santé

Source : Niamké, 2016.

Figure 50 : Perception de la population sur la présence des rongeurs et l'état de santé

221

La figure n° 49, nous donne la perception de la population sur la présence des rongeurs et l'état de santé. Sans être spécialiste dans le domaine de l'étiologie, 55,20% de la population affirment que les rongeurs sont nuisibles à leur santé. Par contre, seulement 3,60% de la population affirment que les rongeurs sont à la fois salissant et encombrants. Pour cette proportion de la population, le lien entre la présence des rongeurs et l'état de leur santé est exclus. On relève que 41,20% affirment que les rongeurs sont porteurs de maladies, tout en ignorant les maladies générées par la présence de ces derniers. En sommes, on peut retenir de cette enquête de perception que, 96, 40% de la population pensent que les rongeurs sont nuisibles pour la santé. Pour donner une raison scientifique à ce rapport de « l'état de santé et la présence des rongeurs dans le domicile », le test de Khi2 a été effectué afin de déterminer la corrélation entre ces deux variables.

· Le tableau ci-dessous est le résultat du croisement de deux variables pour réaliser le test de Khi2 .

Tableau 45: Influence des rongeurs dans les domiciles des ménages effectifs Observés

État de santé Rongeurs dans le domicile

Oui Non Total

Excellent

23

2

25

Bon

72

9

81

Passable

92

1

93

Mauvais

167

9

176

Très mauvais

8

3

11

Total

362

24

386

 

Source : Niamké, 2016.

Ce tableau des effectifs observés est constitué de cinq lignes (État de santé) et deux colonnes (deux valeurs pour exprimer la présence ou non des rongeurs) dans lesquelles sont réparties les 386 observations. À partir de ces données issues de l'observation on construit un autre tableau de contingence où sont calculées les valeurs dites théoriques ou attendues sous les hypothèses suivantes :

·

222

Hypothèse 0 : la présence des rongeurs dans le domicile n'influence pas la santé des populations

· Hypothèse 1 : la présence des rongeurs dans le domicile influence la santé des populations

À partir de ces données issues de l'observation on construit un autre tableau de contingence où sont calculées les valeurs dites théoriques ou attendues.

Calcul des valeurs théoriques (le résultat des opérations consigné dans le tableau ci-dessous)

Pour calculer les effectifs théoriques de chaque case, on multiplie les effectifs totaux de chaque case puis on les divise par l'effectif total. Les résultats sont consignés dans le tableau suivant ;

Tableau 46: Influence des rongeurs dans les domiciles des ménages avec calcul des khi2 Influence des rongeurs dans les domiciles des ménages avec calcul des khi2.

État de santé

 

Rongeurs dans le domicile

 

Oui

 

Non

Total

Excellent

 

23,45

 

1,55

25

Bon

 

75,96

 

5,04

81

Passable

 

87,22

 

5,78

93

Mauvais

 

165,06

 

10,94

176

Très mauvais

 

10,32

 

0,68

11

Total

362

 

24

 

386

 

Source : Niamké, 2016.

· Calculons le Khi2

Le Khi2 s'obtient par la formule :

Khi2 = (effectif observé - effectif théorique) 2 / effectif théorique Le résultat des Khi2 calculés est consigné dans le tableau suivant ;

223

État de santé

 

Rongeurs dans le domicile

 
 

Non

Total

Excellent

0,01

0,13

 

Bon

0,21

3,12

 

Passable

0,26

3,96

 

Mauvais

0,02

0,34

 

Très mauvais

0,52

7,84

 

Total

1,02

15,39

16,41

 

Source : Niamké, 2016.

NB : Le Khi2 calculé est égal à la somme des Khi2, donc 16,41 (à partir du tableau ci-dessus) Pour trouver cette valeur dans le tableau, nous devons prendre en compte deux informations supplémentaires :

· Le nombre de « degrés de liberté » qui se calcule ainsi :

Degrés de liberté = {(Nb de catégories [ou modalités ou valeurs] de X) - 1} x {(Nb de catégories [ou modalités ou valeurs] de Y) - 1}

Ici, il y a 5 modalités pour X et 2 modalités pour Y. Donc, le nombre de degrés de liberté est égal à : (5 - 1) x (2 - 1) = 4 x 1 = 4.

· Ensuite, nous choisissons la probabilité de fiabilité du test : 5% de chances de se tromper, soit P = 0,05. Nous avons donc 4 degrés de liberté et une probabilité de fiabilité du test de P=0,05. Par conséquent,

Nous observons que dans la table, le Khi2 théorique est égal à : 9,48

· Comparons le Khi2 théorique issu de la table (9,48) avec le Khi2 calculé (16,41)

224

Appliquons la règle suivante :

· Si le Khi2 calculé est inférieur au Khi2 théorique : indépendance

· Si le Khi2 calculé est supérieur au Khi2 théorique : dépendance

· Conclusion

Si le Khi2 calculé (16,41) est supérieur au Khi2 théorique (9,48)

Étant donné que le chi-carré calculé est supérieur au khi carré théorique, nous pouvons conclure que la présence de rongeurs à une influence sur la santé des populations à Aboisso. Notre observation initiale sur la base de l'échantillon est donc probablement vraie à l'extérieur de l'échantillon (avec cependant 5% de chances de nous tromper).

6.4.1. Maladies liées à la présence des rongeurs

Le test statistique précédemment effectué a permis de confirmer que la santé des populations est fortement liée à la présence des rongeurs dans leurs habitations. En effet, selon les études on retient que les rongeurs domestiques sont effectivement nuisibles pour la santé des populations, notamment les rats et les souris sont des rongeurs appartenant à la famille des muridés18. Certaines espèces se sont parfaitement adaptées aux conditions crées non seulement par la population dans leurs habitations, mais aussi par l'insuffisance d'assainissement. Les rongeurs sont à la fois des réservoirs de virus et des hôtes de maladies pour l'homme. La transmission s'effectue par l'intermédiaire de leurs déjections, de leurs morsures et des parasites qu'ils hébergent. Tout comme les rats et les souris, les blattes appelées aussi cafards contaminent les aliments et transmettent des maladies après avoir été en contact avec des poubelles ou des égouts en marchant et en laissant des excréments sur les aliments ou dans les aires de préparation des aliments.

Les personnes atteintes d'asthme peuvent avoir des réactions indésirables lors de contacts avec des excréments ou des parties de cafards.

Selon l'OMS (2012), la voie la plus commune d'infection par les rongeurs se fait par contact de la peau avec de l'eau ou des sols contaminés par l'urine d'animaux infectés. Les symptômes sont variés et peuvent avoir différents degrés de risque. Les symptômes sont des troubles variés mais généralement gastro-intestinaux (nausées, vomissements, diarrhées, douleurs abdominales) sont évidents. Par ailleurs, l'INPHB (Institut National d'Hygiène Publique, 2012) considère que les souris et cafards sont des vecteurs potentiels qui transmettent les maladies telles que la diarrhée, la fièvre typhoïde, la dysenterie, le choléra...) Selon les

18 Les muridés forment une famille de mammifères terrestres appartenant à l'ordre des rongeurs.

225

données épidémiologiques du District Sanitaire (2016) d'Aboisso, on observe une évolution des maladies infectieuses la figure n° 51 présente l'évolution des maladies infectieuses à Aboisso.

Nombre de cas

6073

2012 2013 2014 2015

9725

Année

12177

Maladies infectieuses

93615

Source : District Sanitaire Aboisso, 2016

Figure 51 : Évolution des maladies infectieuses à Aboisso, de 2012 à 2015

La figure n°51, nous permet d'observer les tendances dans le temps. Ainsi on s'aperçoit de l'évolution du nombre de cas déclarée avoir des maladies infectieuses. Les tendances qui se dégagent permettent de montrer que de 2012 à 2014, on observait une augmentation du nombre de cas, soit en moyenne de 3000 cas. Mais, de 2014 à 2015, le nombre le cas a pratiquement été multiplié par plus de 7. Cette situation s'explique par la multiplicité des sites insalubres, favorables à l'installation des rongeurs et à leur développement.

6.5. La bilharziose urinaire : une maladie à laquelle sont exposées les populations d'Aboisso

Les bilharzioses ou schistosomiases existent à l'état endémique dans plusieurs pays et continuent d'infecter des milliers de personnes exposées au risque d'infection par les quatre espèces du parasite qui induisent plusieurs normes cliniques : la schistosoma mansoni et la schistosoma intercalum (bilharziose intestinale), la schistosoma haematobium (bilharziose

226

urogénitale) et la schistosoma japonicum (bilharziose artério-veineuse). L'infection a lieu par contact humain avec de l'eau polluée par l'urine et par les selles.

Au cours de nos observations, nous nous sommes rendu compte que la Bia était un plan d'eau à divers usages. Les populations se baignent, font la lessive, déversent des déchets et y défèquent. Aussi, les eaux qui stagnent et restent pendant de longs moments devant les habitations sans être évacuées constituent des risques sanitaires. Nous avons donc cherché à comprendre les liens de toutes ces situations liées à la dégradation de l'environnement et à la santé des populations.

Source : Bourée P.

Figure 52 : Cycle schématique de la bilharziose

D'après ce cycle proposé par Bourée P, l''oeuf pénètre dans le vecteur (un mollusque Spécifique de chaque espèce) dans lequel après multiplication, il se transforme en larve infectante pour l'homme. Nombre d'individus infestés manifestent peu de symptômes et ignorent même leur état. Le cycle ainsi, présenté nous invite à nous interroger sur les risques que courent les populations qui pratiquent la pêche, la baignade, la lessive, et d'autres tâches ménagères dans la bia.

Lorsque nous nous referons au schéma du triangle épidémiologique cela nous permet de relever que le cycle observé au cours de nos enquêtes et aussi sur l'image permettent de comprendre le triptyque hôte, environnement, agents et la maladie.

227

Dans la ville d'Aboisso, bien que le nombre de cas demeure faible, la bilharziose existe et fait tout de même des victimes.

Nombre de cas

25

20

50

45

40

35

30

15

10

5

0

21

2012 2013 2014 2015

43

Année

24

37

Source : District sanitaire d'Aboisso (2016)

Figure 53 : Évolution des cas de bilharziose à Aboisso (2012-2015)

Le tableau nous montre que le nombre de cas de la maladie de bilharziose connait trois phases de 2012 à 2015. La première phase est celle de 2012 à 2013, avec une évolution de nombre de cas de 21 à 43. La seconde phase est marquée une chute du nombre ou on est passé de 43 cas à 24. La troisième phase s'observe par une évolution lente du nombre de cas.

6.6. Perception de l'environnement : de la qualité de l'environnement aux problèmes de santé

L'enquête réalisée a permis de connaître l'opinion des ménages sur divers aspects de l'environnement, mais aussi, sur les faits de dégradation qui semblent à priori être responsables de l'état de leur santé. Au niveau de l'état de santé, l'opinion qui se dégage sur la question relative à la bonne santé, c'est-à-dire « de quoi dépend votre bonne santé », à permis de réaliser le tableau.

228

Tableau 47 : Indicateur de la santé

De quoi dépend la bonne santé Problème de santé

Nombre Proportion (%)

Hygiène de cadre de vie 351 90,93

Qualité de l'eau 3 0,80

Les saisons (pluie ou sèche) 1 0,30

Comportement éco-citoyen 1 0,30

Salubrité des aliments 7 1,80

Non pollution de l'environnement 23 6,00

Total 386,00 100,00

Source : Niamké, 2016

Le tableau montre que plus de 90% des ménages affirment que leur santé dépende de l'hygiène du cadre de vie. Ceci démontre que les ménages ont une connaissance des risques liés à un environnement dégradé, surtout en rapport avec la santé.

Hygiène de

cadre

 
 
 
 

de vie

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Comportement éco-citoyen

 
 
 
 

Les saisons
ou

(pluie sèche)

 
 

l'environnemen

 

Qualité de l'eau

 
 
 
 
 
 

1

2

3

4

5

 

6 7

 
 
 
 
 

Salubrité

des

 
 

qualité de l'environnement

Non pollution de

400

350

300

250

Ménage

200

150

100

50

0

-50

-100

Source : Niamké, 2016

Figure 54 : Corrélation santé et qualité de l'environnement

Cette tendance que nous présente le coefficient de détermination R2 = 0,7952, semble confirmer la thèse selon laquelle la bonne santé dépend de la qualité de l'environnement. Mais,

229

loin des perceptions et opinions, nous avons mobilisé à cette étape de la vérification de l'hypothèse, un test statistique pour vérifier si le lien est statiquement confirmé. Ceci s'est fait au moyen du khi2.

· Le tableau ci-dessous est le résultat du croisement de deux variables pour réaliser le test de Khi2.

Tableau 48 : Qualité de l'environnement et problème de santé

 
 
 

Effectifs observés

 

La qualité de l'environnement

 
 

Problème de santé

 
 
 

Non

Total

Hygiène de cadre de vie

 

92

259

351

Qualité de l'eau

 

3

0

3

Les saisons (pluie ou sèche)

 

2

5

7

Comportement éco-citoyen

 

0

1

1

Salubrité des aliments

 

3

20

23

Non pollution de l'environnement

 

0

1

1

Total

 

100

286

386

 

Source : Niamké, 2016

Ce tableau des effectifs observés est constitué de 10 lignes (Qualité de la santé) et 4 colonnes (deux valeurs pour exprimer la bonne ou mauvaise santé) dans lesquelles sont réparties les 386 observations. À partir de ces données issues de l'observation, on construit un autre tableau de contingence où sont calculées les valeurs dites théoriques ou attendues sous les hypothèses suivantes :

Hypothèse 0 : les problèmes de santé des populations ne dépendent pas de l'hygiène du cadre de vie

Hypothèse 1 : les problèmes de santé des populations dépendent de l'hygiène du cadre de vie

Calcul des valeurs théoriques (le résultat des opérations est consigné dans le tableau ci-

dessous)

Pour calculer les effectifs théoriques de chaque case, on multiplie les effectifs totaux de chaque case puis on les divise par l'effectif total. Les résultats sont présentés comme suit :

230

 
 

Effectifs théoriques

 

La qualité de l'environnement

 

Problème de santé

 
 

Non

Total

Hygiène de cadre de vie

90,93

260,07

351

Qualité de l'eau

0,78

2,22

3

Les saisons (pluie ou sèche)

1,81

5,19

7

Comportement éco-citoyen

0,26

0,74

1

Salubrité des aliments

5,96

17,04

23

Non pollution de l'environnement

0,26

0,74

1

Total

100

286

386

 

Source : Niamké, 2016

· Calculons le Khi2

Le Khi2 s'obtient par la formule :

Khi2 = (effectif observé - effectif théorique) 2 / effectif théorique Le résultat des Khi2 calculés est consigné dans le tableau suivant ;

 
 

KHI2 - CALCULÉ

 

La qualité de l'environnement

 

Problème de santé

 
 

Oui

Non

Total

Hygiène de cadre de vie

0,01

0,00

 

Qualité de l'eau

6,36

2,22

 

Les saisons (pluie ou sèche)

0,02

0,01

 

Comportement éco-citoyen

0,26

0,09

 

Salubrité des aliments

1,47

0,51

 

Non pollution de l'environnement

0,26

0,09

 

Total

8,38

2,93

11,3

 

Source : Niamké, 2016

NB : Le Khi2 calculé est égal à la somme des Khi2 , donc 11,3 (à partir du tableau ci-dessus) Pour trouver cette valeur dans le tableau, nous devons prendre en compte deux informations supplémentaires :

· Le nombre de « degré de liberté » qui se calcule ainsi :

Degré de liberté = {(Nb de catégories [ou modalités ou valeurs] de X) - 1} x {(Nb de catégories [ou modalités ou valeurs] de Y) - 1}

231

Ici, il y a 5 modalités pour X (les 4 matières) et 2 modalités pour Y (les deux sexes). Donc, le nombre de degré de liberté est égal à : (6 - 1) x (2 - 1) = 5 x 1 = 5.

· Ensuite, nous choisissons la probabilité de fiabilité du test : 5% de chances de se tromper, soit P = 0,05. Nous avons donc 4 degrés de liberté et une probabilité de fiabilité du test de P=0,05. Par conséquent :

Tableau 49 : Table de KHI2

La table montre que le Khi2 théorique est égal à : 9,48

· Comparons le Khi2 théorique issu de la table (9,48) avec le Khi2 calculé (11,3) Appliquons la règle la suivante :

· Si le Khi2 calculé est inférieur au Khi2 théorique : indépendance

· Si le Khi2 calculé est supérieur au Khi2 théorique : dépendance

· Conclusion

Le Khi2 calculé (11,3) est supérieur au Khi2 théorique (9,48)

Étant donné que le Khi2 calculé est supérieur au khi carré théorique, nous pouvons conclure que l'hypothèse H1, qui stipule que la santé dépend de l'hygiène du cadre de vie est vérifiée.

Les conclusions du test réalisé permettent de relever les faits et les conséquences liées à la qualité de l'environnement à Aboisso. De plus en plus, la qualité de vie se dégrade et cela à cause de la croissance démographique qui ne permet plus d'assurer convenablement à la population un assainissement adéquat. La croissance démographique a été présentée comme indicateur de la dégradation de l'environnement. Il faut relever aussi, que l'insuffisance dans la gestion des ordures ménagères (qui s'empilent dans les poubelles, empestent l'air et

232

favorisent la prolifération des microbes), des eaux usées qui sont mal drainées, sont les faits les plus visibles et qui mettent ainsi en péril la santé des populations. En effet, à la COP 21 (Conférence de Paris, 2016), les maladies liées à l'environnement ont été présentées et considérées par les spécialistes de la santé comme étant les pathologies qui exacerbent l'état de santé des populations.

Figure 55: Zone d'exposition potentielle de risque pour la santé

La carte ci-dessus présente la distribution spatiale des foyers identifiés comme sources infectieux pour la santé des populations. Les déchets stockés à proximité des maisons et des lieux publics sont des sources potentielles de risques pour la santé. Dans ces différents sites on observe la présence des rongeurs, des moustiques et autres insectes vecteurs de maladies présentées plus haut. Ces sites très sensibles devraient être des lieux à protéger contre les

233

dangers générés quotidiennement par les déchets et la stagnation des eaux afin de réduire les risques pour la santé.

6.7. Populations, comportements à risques sanitaires et diffusion d'agents pathogènes

Cette partie nous conduit à nous interroger sur le comportement des populations pouvant perturber leur état de santé. Nous commençons à comprendre quelle est la place de l'homme dans cette association environnement et santé. Plusieurs faits évoqués ont permis de nous rendre également compte que la population participe aussi à la dégradation de son environnement. Nos enquêtes ont permis aussi de savoir que la population n'est pas ignorante des faits de dégradation qui puissent nuire à la santé. Pour rappel on note que les populations soient 36% ont identifié les eaux usées de toutes sortes comme des facteurs dégradant leur santé, et 89,4% des ménages ont affirmé que l'état de santé est lié à la dégradation de l'environnement. Le constat qui se dégage de cette situation est que bien que, les populations soient conscientes que la dégradation de l'environnement affecte leur santé, elles participent néanmoins par leurs pratiques à la dégradation de l'environnement. Le tableau suivant est un résumé du résultat de la perception des populations sur les causes de la maladie en rapport avec la dégradation.

Les ordures qui sont non loin de nos maisons La présence des moustiques La qualité de l'eau consommée L'odeur de la lagune Les eaux usées qui restent sur place La saleté autour des maisons L'air respiré (poussière, fumée de véhicule...

 
 
 

0 20 40 60 80 100 120 140

Non Oui

Source : Niamké, 2016

Figure 56: : Perceptions de la population des faits qui dégradent l'environnement

234

Les résultats présentés dans ce tableau ont été croisés avec le logiciel sphinx afin d'apprécier le rapport facteur de dégradation et cause de la maladie des populations selon leur perception. Il ressort donc que l'eau usée, l'air respiré, la présence des moustiques et les ordures proches des maisons ont un effet sur la santé. À partir des résultats du tableau, on peut dire que les populations sont conscientes que la santé est fragilisée par des facteurs liés à la dégradation de l'environnement.

Malgré tout, nous observons que la population est actrice de la dégradation de l'environnement et bien plus avec des comportements à risques qui contribuent à la propagation des agents pathogènes. Pour exemple, le rejet des eaux usées et la défécation des populations dans la Bia.

Source : www.santéenvironnement.fr et adaptée par Niamké,2016

Figure 57: Cycle de la transmission des microbes à partir des excréments humains

L'image décrit le cycle de la diffusion de microbes à partir de l'homme. Ces faits ont été observés dans la ville d'Aboisso, au niveau de la Bia. Aucune source ne nous a permis de disposer des données liées à la proportion de la population qui utilise la Bia comme site d'aisances. Des études épidémiologiques se sont interrogées à partir de la compréhension des phénomènes épidémiologiques sur comment se diffusent les maladies. Leur origine, et leur processus. La question posée trouve sa réponse dans l'habitat et le cadre de vie des populations à Aboisso. Par ailleurs, les populations occupent des parcelles d'habitation avec une défaillance des ouvrages d'assainissement collectifs et les caniveaux bouchés ainsi que les réseaux d'égouts. Dans la plupart des quartiers ce fait est observé, ce qui constitue des gîtes

235

larvaires, sources de contamination. De plus, les quartiers spontanés comme SOKOURA, KOLI AHIWA présentent un handicap pour réaliser des opérations d'assainissement optimales et entravent même l'accès des véhicules de collecte des déchets. La photo n°28 montre une jeune fille qui lave son bébé dans la Bia, sans se soucier de tous.

Photo 28: Une jeune mère lave son bébé dans la Bia,(cliché Niamké, 2014)

Cette image présente une jeune fille qui lave son bébé dans la Bia. Ce comportement présente plusieurs risques pour la santé du bébé. Les indicateurs liés à la contamination du plan d'eau sont connus ; déversement des déchets, défécations et rejet des eaux usées domestiques et industrielle. Toutes ces actions entraînent une pollution de la Bia, et constituent des risques permanents pour la population.

6.7.1. Dégradation de l'environnement et état de santé des populations

Pour mettre en relation la dégradation de l'environnement et la santé des populations, nous avons fait le choix des indicateurs suivants : Insuffisance de bacs à ordure ; l'inefficience des infrastructures d'assainissement, la mauvaise gestion de l'environnement, l'irrégularité dans la collecte des déchets, la promiscuité des habitats. Nous avons jugé que ces indicateurs influencent le cadre environnemental de la ville et donc traduit sa dégradation. Ainsi, nous avons associé à ces différents indicateurs l'état de santé selon les opinions de la population. Cette approche, s'inscrit dans le cadre de la vérification significative en utilisant les tests statistiques en vue de leur corrélation. En ce qui concerne l'état de santé des populations selon les indicateurs présentés, les modalités de réponses portent sur : la santé est excellente ; la

236

santé est bonne ; la santé est passable ; la santé est mauvaise et enfin la santé est très mauvaise. Le croissement a permis d'obtenir le tableau n 50.

Tableau 50 : Indicateurs de la dégradation de l'environnement Effectif théorique

INDICATEURS DE LA DÉGRADATION
DE L'ENVIRONNEMENT

ÉTAT DE SANTE DE LA POPULATION

TOTAL

 

Bon

Passable

Mauvais

Très mauvais

 

0

33

1

50

0

84

Inefficience des infrastructures d'assainissement

0

48

54

0

0

102

Mauvaise gestion de l'environnement

0

0

1

124

0

125

Irrégularité dans la collecte des déchets

22

0

37

1

1

61

Promiscuité de l'habitat

3

0

0

1

10

14

TOTAL

25

81

93

176

11

386

 

Source : Niamké, 2014

À partir de ce tableau des effectifs observés, nous allons donc appliquer le test d'indépendance du Khi2 qui vise à déterminer si les deux variables observées dégradation de l'environnement qui comprend les indicateurs évoqués et (état de santé de la population) sont indépendantes ou non. Les variables étudiées sont des variables qualitatives catégorielles. D'emblée, une observation du tableau nous invite à affirmer que la mauvaise santé des populations est due à la gestion approximative de l'environnement dans la ville. Observons si, cette assertion est-elle statistiquement significative. C'est en effet pour une meilleure appréciation de la corrélation que le test est impérativement nécessaire.

À partir de ces données issues de l'observation, on construit un autre tableau de contingence où seront calculées les valeurs dites théoriques ou attendues sous les hypothèses suivantes :

· Hypothèse 0 : l'état de santé de la population ne dépend pas de la dégradation de l'environnement

· Hypothèse 1 : l'état de santé de la population dépend de la dégradation de l'environnement

237

- Calculons les valeurs théoriques.

Calcul des valeurs théoriques (le résultat des opérations consigné dans le tableau ci-dessous)

Pour calculer les effectifs théoriques de chaque case, on multiplie les effectifs totaux de chaque case puis on les divise par l'effectif total. Les résultats sont présentés comme suit :

Tableau des effectifs théoriques

 
 
 
 
 
 
 
 

ÉTAT DE SANTE DE LA POPULATION

 
 

Bon

Passable

Mauvais

Très mauvais

TOTAL

Insuffisance de bacs à ordure

5,44

17,63

20,24

38,30

2,39

84

Inefficience des infrastructures d'assainissement

6,61

21,40

24,58

46,51

2,91

102

Mauvaise gestion de l'environnement

8,10

26,23

30,12

56,99

3,56

125

Irrégularité dans la collecte des déchets

3,95

12,80

14,70

27,81

1,74

61

Promiscuité de l'habitat

0,91

2,94

3,37

6,38

0,40

14

TOTAL

25

81

93

176

11

386

 

Source : Niamké, 2014

· Calculons le Khi2

Le Khi2 s'obtient par la formule :

Khi2 = (effectif observé - effectif théorique) 2 / effectif théorique Le résultat des Khi2 calculés est consigné dans le tableau suivant ;

Tableau des Khi2 calculés

INDICATEURS DE LA DÉGRADATION DE
L'ENVIRONNEMENT

 

ÉTAT DE SANTE DE LA POPULATION

TOTAL

 

Passable

Mauvais

Très mauvais

 

5,44

13,41

18,29

3,57

2,39

43,10

Inefficience des infrastructures d'assainissement

6,61

33,05

35,23

46,51

2,91

124,30

Mauvaise gestion de l'environnement

8,10

26,23

28,15

78,77

3,56

144,81

Irrégularité dans la collecte des déchets

82,46

12,80

33,85

25,85

0,31

155,27

Promiscuité de l'habitat

4,83

2,94

3,37

4,54

231,05

246,73

TOTAL

107,43

88,42

118,89

159,24

240,22

714,21

 

Source : Niamké, 2014

238

NB : Le Khi2 calculé est égal à la somme des Khi2, donc 714,21 (à partir du tableau ci-dessus)

Pour trouver cette valeur dans le tableau des tables, nous devons prendre en compte deux informations supplémentaires :

· Le nombre de « degré de liberté » qui se calcule ainsi :

Degrés de liberté = {(Nb de catégories [ou modalités ou valeurs] de X) - 1} x {(Nb de catégories [ou modalités ou valeurs] de Y) - 1}

Donc, le nombre de degrés de liberté est égal à : (5- 1) x (5 - 1) = 4 x 4 = 16.

· Ensuite, nous choisissons la probabilité de fiabilité du test : 5% de chance de se tromper, soit P = 0,05.

Nous voyons dans la table que le Khi2 théorique est égal à : 26,29

· Comparons le Khi2 théorique issu de la table (26,29) avec le Khi2 calculé (714,21) Appliquons la règle la suivante :

· Si le Khi2 calculé est inférieur au Khi2 théorique : indépendance

· Si le Khi2 calculé est supérieur au Khi2 théorique : dépendance

· Conclusion

La différence observée entre les deux tableaux donne une valeur du Khi2 de 714,21. Or au risque de 5% (0,05) la valeur maximale que peut prendre le Khi2 est de 26,29. Comme 714,29 est supérieur à 26,29, nous pouvons rejeter l'hypothèse (Ho)et confirmer l'hypothèse (H1). Cette analyse a montré un lien significatif qui existe entre la dégradation de l'environnement et l'état de santé de la population à Aboisso. Ce test s'associe à la précédente et aux tests suivants pour montrer la significativité du lien qui existe entre l'environnement et la santé.

239

6.7. 2. Maladies développées et dégradation l'environnement

Dans cette partie, nous appliquerons la démarche statistique pour chercher à comprendre

la corrélation entre les maladies déclarées et la dégradation de l'environnement. Pour ce faire nous effectuerons le test de Khi2 ;

Tableau 51 : Rapport maladies et faits de dégradation

EFFECTIF OBSERVES

DÉGRADATION DE L'ENVIRONNEMENT

MALADIES
DÉVELOPPÉES

Insuffisance
de bacs à
ordure

Inefficience des
infrastructures
d'assainissement

Mauvaise
gestion de
l'environnement

Irrégularité

dans la
collecte des

déchets

Promiscuité
de l'habitat

TOTAL

Maladies respiratoires

15

22

26

16

1

80

Maladies des oreilles

0

0

0

1

0

1

Maladies des yeux

2

2

0

1

1

6

Maladies de la peau

0

1

5

1

0

7

Affections dentaires

0

1

1

0

0

2

Plaies et traumatisme

0

0

0

0

0

0

Bilharziose

1

0

0

0

0

1

Maladies diarrhéiques

19

13

14

8

1

55

Vers intestinaux

0

0

0

0

0

0

Choléra

2

6

2

1

2

13

Maladies des organes génitaux et urinaires

5

2

4

0

0

11

Affections des os et articulations

0

0

0

0

0

0

Méningite

0

4

0

0

0

4

Rougeole

0

0

0

0

0

0

Paludisme

16

22

36

18

1

93

Fièvre typhoïde

24

29

37

15

8

113

TOTAL

84

102

125

61

14

386

 

Énumérons les hypothèses :

· Hypothèse 0 : les maladies développées par les populations sont liées à la dégradation de l'environnement

· Hypothèse 1 : les maladies développées ne sont pas liées à la dégradation de l'environnement

240

- Calculons les valeurs théoriques.

Calcul des valeurs théoriques (le résultat des opérations consigné dans le tableau ci-dessous) Pour calculer les effectifs théoriques de chaque case, on multiplie les effectifs totaux de chaque case puis on les divise par l'effectif total. Les résultats sont présentés comme suit :

EFFECTIF THÉORIQUE

DÉGRADATION DE L'ENVIRONNEMENT

MALADIES
DÉVELOPPÉES

Insuffisance
de bacs à
ordure

Inefficience des
infrastructures
d'assainissement

Mauvaise
gestion de
l'environnement

Irrégularité

dans la
collecte des

déchets

Promiscuité
de l'habitat

TOTAL

Maladies respiratoires

17,41

21,14

25,91

12,64

2,90

80

Maladies des oreilles

0,22

0,26

0,32

0,16

0,04

1

Maladies des yeux

1,31

1,59

1,94

0,95

0,22

6

Maladies de la peau

1,52

1,85

2,27

1,11

0,25

7

Affections dentaires

0,44

0,53

0,65

0,32

0,07

2

Plaies et traumatisme

0,00

0,00

0,00

0,00

0,00

0

Bilharziose

0,22

0,26

0,32

0,16

0,04

1

Maladies diarrhéiques

11,97

14,53

17,81

8,69

1,99

55

Vers intestinaux

0,00

0,00

0,00

0,00

0,00

0

Choléra

2,83

3,44

4,21

2,05

0,47

13

Maladies des organes génitaux et urinaires

2,39

2,91

3,56

1,74

0,40

11

Affections des os et articulations

0,00

0,00

0,00

0,00

0,00

0

Méningite

0,87

1,06

1,30

0,63

0,15

4

Rougeole

0,00

0,00

0,00

0,00

0,00

0

Paludisme

20,24

24,58

30,12

14,70

3,37

93

Fièvre typhoïde

24,59

29,86

36,59

17,86

4,10

113

TOTAL

84

102

125

61

14

386

 

Source : Niamké, 2016

· Calculons le Khi2

Le Khi2 s'obtient par la formule :

Khi2 = (effectif observé - effectif théorique) 2 / effectif théorique Le résultat des Khi2 calculés est consigné dans le tableau suivant ;

241

 
 

KHI 2_CALCULÉ

 
 
 

DÉGRADATION DE L'ENVIRONNEMENT

 

MALADIES DÉVELOPPÉES

Insuffisance
de bacs à
ordure

Inefficience des
infrastructures
d'assainissement

Mauvaise
gestion de
l'environnement

Irrégularité

dans la
collecte des

déchets

Promiscuité de l'habitat

TOTAL

Maladies respiratoires

0,33

0,03

0,00

0,89

1,25

2,51

Maladies des oreilles

0,22

0,26

0,32

4,49

0,04

5,33

Maladies des yeux

0,37

0,11

1,94

0,00

2,81

5,24

Maladies de la peau

1,52

0,39

3,30

0,01

0,25

5,47

Affections dentaires

0,44

0,42

0,19

0,32

0,07

1,44

Plaies et traumatisme

0,00

 

0,00

0,00

0,00

0,00

Bilharziose

2,81

0,26

0,32

0,16

0,04

3,60

Maladies diarrhéiques

4,13

0,16

0,82

0,06

0,50

5,66

Vers intestinaux

0,00

0,00

0,00

0,00

0,00

0,00

Choléra

0,24

1,91

1,16

0,54

4,96

8,81

Maladies des organes génitaux et urinaires

2,84

0,28

0,05

1,74

0,40

5,31

Affections des os et articulations

0,00

0,00

0,00

0,00

0,00

0,00

Méningite

0,87

8,19

1,30

0,63

0,15

11,14

Rougeole

0,00

0,00

0,00

0,00

0,00

0,00

Paludisme

0,89

0,27

1,15

0,74

1,67

4,72

Fièvre typhoïde

0,01

0,02

0,00

0,46

3,71

4,21

TOTAL

14,67

12,33

10,56

10,03

15,84

63,43

 

Source .
· Niamké, 2016

NB .
· Le Khi2 calculé est égale à la somme des Khi2, donc 63,43 (à partir du tableau ci-dessus)

En appliquant la démarche pour le test de Khi2, on obtient ; ddl ou degré de liberté du test = 44, pour un risque p=5%

Appliquons la règle suivante .
·

· Si le Khi2 calculé est inférieur au Khi2 théorique .
· indépendance

· Si le Khi2 calculé est supérieur au Khi2 théorique .
· dépendance

· Conclusion :

Le Khi2 calculé, est égal à 63,43, il est supérieur au KHI 2 théorique qui est égal 60,48, ce qui veut dire que Ho est rejetée et H1 est acceptée. On a donc un lien très significatif entre la dégradation de l'environnement et les maladies déclarées par les populations. Le croisement des données précédentes, avec les maladies ayant survenues dans les ménages durant les six

242

(6) derniers mois qui ont précédé notre enquête montre la forte corrélation avec la dégradation de l'environnement. Le tableau n°000, présente les pathologies à incidence développées

Tableau 52 : Pathologies à incidence développées

MALADIES DÉVELOPPÉES

NOMBRE DE CAS

PROPORTION (%)

Maladies respiratoires

80

20,70%

Maladies diarrhéiques

55

14,20%

Tétanos paludisme

93

24,10%

Fièvre typhoïde

113

29,30%

Total

341

88,30%

 

Source : Niamké, 2016

De toutes les pathologies que développent les populations, celles représentées dans le tableau n52 sont les plus rependues. On note que 29,30% des ménages soufrent de la fièvre typhoïde et qui reste la maladie a forte incidence. La seconde maladie qui vient après la fièvre typhoïde est le paludisme avec une proportion de 24,70%. Les maladies diarrhéiques touchent 14,20% de la population contre 20,70% pour les maladies respiratoires. Ces différentes pathologies présentées affectent dans l'ensemble 88,30% des ménages. Ce taux hautement important nous invite à mener porter une attention sur la survenue des maladies et à prendre en compte la question relative à la dégradation de l'environnement et la santé des populations.

Par ailleurs, le lien entre ces maladies et les défauts d'assainissement des eaux usées, la dégradation continuelle de l'environnement a été effectivement mis en relation et confirmer par notre étude. On retrouve donc un lien étroit entre les maladies qui affectent les ménages et celles déclarées par le DSA (District Sanitaire d'Aboisso, 2016).

Certes les insuffisances dans la gestion de l'environnement ont été relevées, mais le mode de vie, les comportements et les habitudes des ménages jouent un rôle important dans la détermination de l'état de santé. Il s'agit des habitudes qui ont des effets négatifs sur le cadre de vie et qui contribuent à accroître le risque lié aux pathologies citées plus haut.

6.8. Tranche d'âge, sexe et maladies développées selon le temps

L'état de santé peut s'apprécier à plusieurs niveaux. Pour les épidémiologistes cependant, des indicateurs comme le temps constitue un élément nécessaire pour comparer l'état de santé de la population dans le temps et apprécier l'évolution de la maladie chez les personnes atteintes sur plusieurs périodes. Notre étude, qui s'inscrit dans le cadre de la

243

corrélation de phénomènes n'a pas pour objet de suivre l'évolution des patients et de la comparaison dans le temps. En effet, pour le besoin d'appréciation de dépendance, notre enquête a été ouverte sur la question relative à la maladie la plus développée selon les saisons pluvieuses ou sèches. En effet, il faut souligner que le principal obstacle à ce sujet est le coût que génère la réalisation d'enquêtes sur des échantillons de taille appropriée et sur des longues périodes pour assurer des résultats significatifs aux niveaux géographiques où cette information est souhaitée. Cependant, notre enquête ménage a permis de recueillir des informations auprès des ménages. Ainsi, pour le traitement des informations ainsi collectées nous avons effectué un croissement de données, provenant des réponses des ménages enquêtés. Le tableau suivant présente la tranche d'âge, sexe et maladies développées selon le temps

Tableau 53 : La tranche d'âge, sexe et maladies développées selon le temps

EFFECTIFS OBSERVES

Catégorie de population

Saison pluvieuse

Saison sèche

TOTAL

 
 
 

Hommes

36

18

54

Enfants

184

99

283

Femmes

23

26

49

TOTAL

243

143

386

 

Source : Niamké, 2016

Comme le montre le tableau ci-dessus, parmi les personnes tombées malades au cours des six derniers mois qui ont précédé notre enquête, on note que le cas des enfants est dominant, avec 73,31%, suivi des hommes avec 13,98% et enfin les femmes avec 12,69%. Au niveau des saisons, on observe que quelle que soit la saison (pluvieuse ou sèche), la proportion des enfants est toujours plus importante. Cependant, on souligne que le pic le plus important de cas de maladies déclarées est celle de la saison pluvieuse avec 62,95%. Le tableau nous a permis d'avoir des informations sur la catégorie de population affectée selon les saisons. Mais pour nous elle reste insuffisante conformément à l'objectif de notre étude et aussi, à l'orientation statistique que nous nous sommes fixés. Pour ce faire, nous avons réalisé un test de dépendance. La question posée à cet effet est formulée comme suit : les saisons influencent-elles le développement des maladies à Aboisso ?

· 244

Appliquons la même démarche du test de Khi2 pour établir ou non la corrélation Formulons les deux hypothèses :

Ho : les saisons n'influencent pas le développement de la maladie

H1 : les saisons influencent le développement de la maladie

On obtient les résultats suivants :

Tableau 54: Population, santé et les saisons

EFFECTIFS THÉORIQUES

Catégorie

Saison pluvieuse

Saison sèche

Total

 
 
 

Hommes

33,99

20,01

54

Enfants

178,16

104,84

283

Femmes

30,85

18,15

49

Total

243

143

386

 

EFFECTIFS THÉORIQUES

Catégorie

Saison pluvieuse

Saison sèche

Total

 
 
 

Hommes

0,12

0,2

54

Enfants

0,19

0,33

283

Femmes

2,00

3,39

49

Total

2,31

3,92

386

 

· Résultat du Khi2

p = 4,4% ; Khi2 = 6,22 ; ddl = 2 (S) La relation est significative.

 

La relation est significative au seuil de 4,4%, cela veut clairement dire que la saison influence fortement l'incidence des maladies dans la catégorie de la population dans la ville d'Aboisso.

Catégorie de population Saison pluvieuse

Saison sèche

Linéaire (Saison sèche)

Linéaire (Catégorie de population)

Linéaire (Saison pluvieuse) Linéaire (Saison sèche)

y = x

R2 = 1

R2 = 0,9738

0

0 50 100 150 200

200

180

160

140

120

y = 0,4925x + 7,7742

100

80

60

40

20

245

Figure 58: Corrélation linéaire population et saison
Source : Enquête, Niamké 2016

Le calcul du coefficient de détermination (R2) permet d'indiquer le pouvoir explicite de la relation entre les variables étudiées. Cette corrélation linéaire vise à exprimer la forte corrélation entre le temps, l'état de santé et le sexe des populations. Le calcul du R2 selon les catégories de population et les saisons est ainsi établi. Rappelons que la valeur d'un coefficient de corrélation évolue dans un intervalle compris entre les valeurs -1 et +1 ; la valeur 0 indique l'absence de relation linéaire entre deux caractères. En ce qui concerne la variable saison le résultat du R2 qui figure sur la figure indique 0,9738, ce qui signifie que la variable saison explique à 97,38%, l'état de santé des populations à Aboisso. La valeur du coefficient de détermination permet de confirmer statistiquement la relation entre la saison et les maladies développées par les populations à Aboisso.

6.8.1. Maladies développées selon l'âge et le sexe

Les maladies déclarées par les populations ont été présentées dans la partie traitée plus haut. Il s'agit pour nous à cette séquence d'aborder la question de la maladie sous les variables sexe et âge. Le sexe et l'âge des individus enquêtés ont été importants pour l'étude. Cela a été fait pour aider à une analyse intégrative des faits expliquant les rapports de santé.

Certes à priori, nous avons une réponse à cette question, mais il a fallu l'enquête pour plus de précision en ce qui concerne le rapport entre les maladies et la tranche d'âge. Pour une analyse

246

de la distribution des maladies et la tranche d'âge, nous avons effectué un croissement de données dans le logiciel sphinx entre les données obtenues de l'enquête sur les maladies déclarées et la tranche d'âge dans les ménages qui tombent le plus malade.

Ainsi, nous présentons dans le tableau qui suit, les résultats de l'enquête. Ce tableau constitue un support d'analyse pour expliquer les faits de santé qui se présentent dans la ville d'Aboisso en relation avec le sexe, la tranche d'âge.

Tableau 55 : Maladies déclarées selon les tranches d'âge

MALADIES DÉCLARÉES

EFFECTIF SELON LA TRANCHE D'AGE

 

ENFANTS

FEMMES

TOTAL

Maladies respiratoires

8

26

1

35

Maladies des oreilles

0

0

0

0

Maladies des yeux

0

2

0

2

Maladies de la peau

1

21

3

25

Affections dentaires

0

0

1

1

Plaies et traumatisme

0

0

0

0

Bilharziose

0

0

0

0

Maladies diarrhéiques

0

43

4

47

Vers intestinaux

0

0

0

0

Choléra

0

6

0

6

Maladies des organes génitaux et urinaires

5

2

0

7

Affections des os et articulations

0

0

1

1

Méningite

0

1

0

1

Rougeole

0

0

0

0

Tétanos

0

0

0

0

Paludisme

35

168

35

238

Fièvre typhoïde

5

14

4

23

TOTAL

54

283

49

386

 

Source : Niamké, 2016

Au regard du tableau 55 parmi les 386 ménages enquêtés, 283 enfants soit 73,32% présentent plus de nombre de cas de paludisme dans les différents ménages d'Aboisso. Le paludisme reste la première cause de pathologie la plus développées avec une proportion

247

estimée à 70,58%, avec toujours le nombre de cas des enfants le plus important. Les maladies diarrhéiques demeurent selon les ménages enquêtés, la pathologie qui vient au second rang qui affecte le plus les populations après celle du paludisme. On note que la proportion des cas de maladies diarrhéiques est de 12,17%. On retient également que les résultats de l'enquête présentent les hommes en tant qu'individus qui sont plus affectés, suivi des enfants et des femmes.

6.8.2. Perceptions des populations sur le niveau d'instruction et état de santé

L'éducation contribue à améliorer l'état de santé des populations, car cela conduit à la recherche du savoir, à la compréhension des informations. Ainsi, à Aboisso la quête d'informations sur le rapport niveau d'instruction et état de santé, a conduit à explorer l'avis des populations sur cette perception. Les résultats ont été intégrés dans le tableau 56.

Tableau 56 : Niveau d'instruction et maladies

 

MALADE

BIEN PORTANT

TOTAL

AUCUN

53

13

66

PRIMAIRE

59

20

79

SECONDAIRE

147

26

173

SUPÉRIEUR

51

12

63

CORANIQUE

5

0

5

 

Source : Niamké, 2016

· Posons les deux hypothèses

Ho : Le niveau d'instruction n'a aucun lien avec l'état de santé H 1 : Le niveau d'instruction a un lien avec l'état de santé

· 248

Calcul de l'effectif théorique

 

ÉTAT DE SANTE

 

NIVEAU D'INSTRUCTION

MALADE

BIEN

PORTANT

TOTAL

Aucun

53,9

12,1

66

Primaire

64,5

14,5

79

Secondaire

141,2

31,8

173

Supérieur

51,4

11,6

63

Coranique

4,1

0,9

5

TOTAL

315

71

386

 

Source : Niamké, 2016

Calculons le kih2

Kih2 = (effectif observé -effectif théorique) 2/effectif théorique

Application

 
 
 

NIVEAU D'INSTRUCTION

ÉTAT DE SANTÉ

 
 

BIEN PORTANT

TOTAL

Aucun

0,01

0,06

 

Primaire

0,46

2,08

 

Secondaire

0,23

4,37

 

Supérieur

0,003

0,01

 

Coranique

0,19

0

 

TOTAL

0,89

6,52

7,41

 

Source : Niamké, 2016

- On calcule par la suite, le degré de liberté (D)

D = (k-1) (r-1) avec k nombre de colonnes et r nombre de lignes

D = (2-1) (5-1) = 4

- On recherche le Khi 2des tables

En faisant le croisement du degré de liberté avec la marge d'erreur de 5%, le Khi2 tabulaire

est 9.49.

On conclut que le Khi2 calculé (7,41) est inférieur au Khi2 de la table (9,49), ce implique que H1 est rejeté est H0 accepté. On peut donc affirmer que le niveau d'instruction n'a aucun lien avec l'état de santé

249

Conclusion du chapitre 6 : Les maladies générées par la dégradation de l'environnement

L'environnement joue un rôle majeur sur le développement des maladies. Les conséquences d'un cadre de vie insalubre, fortement dégradé par l'insuffisance de la gestion de son assainissement, des espaces, de la mauvaise gestion des déchets entraînent des risques sanitaires énormes pour les populations. Dans cette section de l'étude, la relation entre la dégradation de l'environnement et l'état de santé a permis de voir par des liens statistiques que la santé des populations est fortement influencée par la qualité de l'environnement. Les maladies à supports hydriques sont plus répandues et sont développées par les populations quelle que soit la saison, néanmoins une persistance en saison pluvieuse.

250

Conclusion de la troisième partie : Relation entre dégradation de l'environnement et santé

à Aboisso

La troisième partie a été consacrée à la corrélation : dégradation de l'environnement et la santé des populations dans la ville d'Aboisso. Ainsi, à travers la démarche statistique de Khi2, plusieurs variables ont été corrélées, notamment la variable santé, la variable dégradation de l'environnement et la variable maladies développées par les populations. Par ailleurs, les différents facteurs de l'environnement ont été associés à des pathologies environnementales afin de voir le niveau de significativité. Il ressort de cette partie, que des précisions ont été apportées pour une meilleure compréhension des rapport environnement et santé.

251

CONCLUSION GÉNÉRALE

Que retenir de l'étude sur « La dégradation de l'environnement et santé de la population dans la ville d'Aboisso » ? La question de la santé demeure une préoccupation pour tous. En effet, tout le monde aspire à un état de complet bien-être, car la santé est un déterminant important dans le processus de développement d'une société. Plusieurs facteurs influencent la santé et sont désignés comme les « déterminants de la santé ». En effet, les déterminants de la santé sont multiples et influencent continuellement l'état de santé. Ce sont entre autres le niveau de revenu, le milieu social, les conditions de vie, l'environnement, etc.

Dans notre cas, c'est le déterminant environnement qui a été étudié. En effet, dans le système environnement, se sont les interactions complexes de tous ses facteurs qui entraînent les effets les plus percutants sur la santé. Cela explique le fait que pour l'étude, l'état de l'environnement a été un indicateur clé pour l'analyse du niveau de dégradation de la ville d'Aboisso.

Le tableau de bord de l'état de l'environnement qui a été présenté dans l'étude a montré des indicateurs qui résument une situation de dégradation inquiétante. On a des sites de rejets de déchets non contrôlés, des incinérations continuelles de déchets, de rejets de déchets dans les plans d'eau et un assainissement défaillant montrant l'ensemble des caniveaux dans sa quasi-totalité bouchés. Ces indicateurs négatifs relevés, sont nuisibles pour la santé des populations.

Par ailleurs, les perceptions des populations recueillies et associées aux faits de santé montrent bien que la question de la dégradation de l'environnement fait partie des priorités des populations en vue d'une amélioration de sa gestion.

L'objectif principal de la recherche était de montrer le lien significatif entre la dégradation de l'environnement et la santé des populations. Pour ce faire, les méthodes d'enquêtes de terrain fortement associées à des tests statistiques notamment le test de Khi2 de Karl Pearson ont permis d'établir des corrélations significatives entre la dégradation de l'environnement et la santé des populations à Aboisso. L'étude a permis ainsi, de confirmer que les populations de la ville d'Aboisso ont un état de santé fragilisé par la dégradation de l'environnement.

L'étude s'est appuyée sur la vérification des hypothèses formulées comme suit :

· Hypothèses 1 : La ville d'Aboisso est dégradée, parce que l'évolution de la population ne s'accompagne pas de gestion appropriée de l'environnement

252

Pour la vérification de cette hypothèse, des indicateurs ont guidé la recherche, notamment la densité de la population. L'étude est arrivée à démontrer que la quantité de déchets produits couplée à l'insuffisance de la gestion, ont entraîné la multiplicité des sites non contrôlés dans les quartiers densément peuplés. Aussi, un fait lié à l'accès des quartiers densément peuplé et dépourvus de systèmes d'évacuation des eaux usées et de collecte régulière laisse voir une insalubrité manifeste. Dans le souci d'une démonstration soutenue par des statistiques, le test de Khi2 a été appliqué en mettant la variable densité et la variable dégradation en corrélation. Le test s'est avéré significatif, ainsi donc l'hypothèse selon laquelle « Le niveau de dégradation de l'environnement dans la ville d'Aboisso est fonction de la densité de la population » est confirmée.

La seconde hypothèse stipule que : « Les risques de santé liés à l'environnement physique, associés aux mauvaises conditions d'hygiène expliquent la détérioration de l'état de santé des populations à Aboisso »

L'étude a permis de nous en rendre compte que la population joue un rôle dans la dégradation de l'environnement et visiblement à travers un comportement non éco-citoyen. En effet, l'enquête réalisée présente des résultats qui impliquent très fortement la population dans les indicateurs de dégradation. Le niveau d'instruction, n'a pas pu être véritablement prouvé comme indicateur qui traduit la dégradation de l'environnement, les observations et enquêtes se sont avérées insuffisantes pour une appréciation. Nous avons eu recours au test de dépendance, qui a montré une forte indépendance entre ces deux variables.

Ainsi donc l'hypothèse 2, selon laquelle « Le niveau d'instruction des populations est le principal facteur de dégradation de l'environnement » est infirmée. Nos à priori de départ ne sont vérifiés.

La troisième hypothèse formulée stipule que « Le mauvais état de santé des populations dans la ville d'Aboisso est lié à la propagation des agents pathogènes du fait de la dégradation de l'environnement »

Les différents tests statistiques effectués ont facilité la mise en relation de facteurs de dégradation et la santé. Ainsi, on a pu dans l'étude prouver que l'état de santé est significativement corrélé à la dégradation de la santé. Notre hypothèse 3 est confirmée.

253

Les limites et les perspectives de notre travail de recherche

Le travail réalisé présente des limites que nous voulons relever, mais avant procéder à un retour critique sur certains aspects. Certes, les résultats de nos travaux ont permis de tirer des conclusions, mais il existe des limites à prendre en considération. En effet, Il existe une diversité d'outils statistiques pour les tests d'indépendance, qui très souvent dans leur utilisation nécessite une association avec d'autres outils. Les méthodes présentées, doivent être associées aux informations d'enquêtes très précises car il s'agit d'information sanitaire. Or, les informations sur l'état de santé souvent sont classées confidentielles.

Au niveau de l'état de l'environnement, il faut pouvoir définir une méthode très claire pour la hiérarchisation du niveau de dégradation, certainement fait appel à d'autres sciences qui parfois constitue un problème. La littérature sur la question de l'environnement et la dégradation est suffisante certes, mais la mises en corrélation des deux variables restent peu étudié.

Au niveau de l'approche hypothético-déductive utilisée pour l'étude, nous retenons qu'elle a conduit à la vérification des hypothèses formulées, mais la difficulté a résidé dans l'approche globale, qui devrait prendre en compte tous les facteurs qui réagissent dans le système environnement.

Au niveau de l'enquête de terrain, il faut mettre des réserves quant à l'état de santé des populations, qui ne bénéficient pas d'un examen clinique avant de se prononcer sur les questions liées à leur état de santé.

Pour les perspectives de l'étude, il serait intéressant d'ouvrir la recherche de la géographie de la santé à d'autres espaces en milieu urbain. Aussi, faudra t'il fait appel à la télédétection pour des analyses spatiales plus poussées. Le travail réalisé permet de prendre des décisions pour des programmes et projets en rapport avec l'environnement et la santé, basé sur des preuves statistiques.

254

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259

TABLE DES MATIÈRES

DÉDICACE 3

REMERCIEMENTS 4

SIGLE ET ABRÉVIATIONS 12

INTRODUCTION GÉNÉRALE 14

1. JUSTIFICATION DU CHOIX DU SUJET 16

2. REVUE DE LA LITTÉRATURE 17

PROBLÉMATIQUE 35

OBJECTIFS DE L'ÉTUDE 38

APPROCHE MÉTHODOLOGIQUE 39

3 - APPROCHE THÉORIQUE 41

3-1. Démarche de la géographie de la santé en milieu urbain 41

3-2. Utilisation de théories pour conduire l'étude 42

3.1. Le traitement de l'information 58

PREMIÈRE PARTIE : POPULATION, CADRE DE VIE ET MANIFESTATION DE LA

DÉGRADATION DE L'ENVIRONNEMENT À ABOISSO 64

CHAPITRE I : POPULATION ET CADRE DE VIE 65

1.1. Caractéristiques sociodémographiques 66

1.1.1. Évolution démographique de la ville d'Aboisso 66

1.1.2. Évolution spatiale 68

1.1.3. Proportion de la population selon l'âge et le sexe 69

1.1.4. Structure de la population 70

1.2. Caractéristique systématique des quartiers et cadre de vie 70

1.2.1. Création des quartiers et habitation 71

1.2.2. Les différents quartiers de la ville d'Aboisso 71

1.2.3. La présentation des quartiers rive droite 72

1.2.4. La présentation des quartiers rive gauche 73

1.3. Rapport ménages et cadre de vie 74

1.4. Physionomie de l'habitat à Aboisso 76

1.4.1. Types d'habitats 76

1.5. Morphologie des logements 78

1.6. Activités économiques et dégradation de l'environnement 81

1.6.1. Développement des activités et le phénomène de dégradation de l'environnement 81

1.6.2. Les secteurs d'activités de la ville d'Aboisso 82

260

1.6.3. Activités économiques à Aboisso 83

1.6.4. Activités humaines et leurs impacts sur l'environnement 83

Conclusion du chapitre I : Population et cadre de vie 84

CHAPITRE II : ÉTAT DES LIEUX ET MANIFESTATION DE LA DÉGRADATION

DE L'ENVIRONNEMENT À ABOISSO 85

2.1. L'environnement à Aboisso : les aspects à considérer 86

2.1.1 L'environnement à Aboisso : dimension historique 86

2.1.2. L'environnement à Aboisso : état des lieux 87

2.2. Les différentes facettes de l'environnement à Aboisso 88

2.2.1. Manifestation de la dégradation de l'environnement 88

2.2.2. La perception de la population sur les facteurs de dégradation de l'environnement 90

2.2.3. Attitude des populations comme facteurs de dégradation de l'environnement 90

2.2.4. Le niveau d'implication de la population dans la dégradation de l'environnement 91

2.3. Les facteurs de dégradation de l'environnement 93

2.3.1. La croissance démographique, un dommage pour l'environnement à Aboisso 94

2.3.2. Répartition de la population et pression sur l'environnement 94

2.3.3. Dépôt des déchets et la manifestation de la dégradation 96

2.3.4. Incinération des déchets : une pratique des populations à Aboisso 97

2.4 : Population et niveau de dégradation de l'environnement 98

2.4.1. La taille de la population : un indicateur de production de déchets 103

2.4.2. Influence de la densité de la population sur la dégradation de l'environnement 105

Conclusion du chapitre II : 108

État des lieux et manifestation de la dégradation de l'environnement à Aboisso 108

DEUXIÈME PARTIE : RISQUES DE MALADIES LIÉS À LA DEGRADATION DE

L'ENVIRONNEMENT 110

CHAPITRE III : ABOISSO : UNE VILLE, SOUMISE AUX RISQUES SANITAIRES

DU MILIEU PHYSIQUE 111

3.1. Le milieu physique de la ville d'Aboisso 112

3.1.2 Le climat 112

3.1.3. L'hydrographie et la pédologie 113

3.2. Facteurs de risques et classification 113

3.3 Les risques de maladies liés à l'inondation 114

3.4.1. Indicateurs de risques et caractéristique des problèmes liés à l'environnement 117

3.4.2. Influence de l'environnement physique sur la santé à Aboisso 120

3.5. Les populations d'Aboisso soumises aux risques des zones d'exposition 121

3.5.1. Analyse temporelle et spatio-temporelle 122

3.5.2. La pollution et mode de vie urbaine 123

3.6. Déversement des déchets 124

261

3.6.1. Production des déchets et risques sanitaires 125

3.6.2. Les déficiences des ouvrages de drainage des eaux usées 126

3.6.3. La municipalité face aux problèmes de drainage des eaux usées 127

3.7. Problèmes liés à la gestion des déchets 128

3.7.1. Occupation de l'espace et manifestations de la dégradation 131

3.6.4 Système de traitement et évacuation des déchets 133

3.7.2. Processus de la collecte des déchets 136

Conclusion du chapitre 3 : Aboisso : une ville, soumise aux risques sanitaires du milieu

physique 139

CHAPITRE IV : LES RISQUES POUR LA SANTÉ LIÉS À L'ENVIRONNEMENT

HUMAIN 141

4.1. Dégradations anthropiques et risques sanitaires 142

4.1.1. Les facteurs de risques liés à l'environnement 142

4. 1.2. Les risques d'exposition 143

4.1.3. Les populations face à l'exposition aux contaminants 144

4.2. Le niveau d'instruction : élément de vulnérabilité face à la dégradation de

l'environnement 145

4.2.1. Le niveau d'instruction, comme facteur d'accentuation de dégradation de

l'environnement 146

4.2.2. Lieu de rejet des déchets et le niveau d'instruction 148

4.3. Cadre de vie et risques sanitaires 149

4.3.1. L'hygiène du milieu 150

4.3.2. Cadre de vie et déterminants environnementaux 151

4.4. Assainissement et risques sanitaires 152

4.4.1. Le risque environnemental 153

4.4.2. Risques sanitaires liés aux réseaux techniques de la ville 154

4.5. Concentration des populations et risques sanitaires 155

4.5.1. L'insalubrité à l'échelle des quartiers 156

4.5.2. La caractérisation de l'insalubrité à Aboisso 156

4.5.3. La caractérisation de l'assainissement des eaux usées et risques sanitaires 157

4.6. Risques sanitaires et méthodes d'appréciation 158

4.6.1. Distribution spatiale des foyers selon le niveau de dégradation 159

4.6.2. De la condition favorable à la transmission vectorielle 160

4.6.3. Perception de la maladie et évaluation des risques sanitaires 161

4.7.1. Action de l'Homme sur l'environnement et risques sanitaires 163

TROISIÈME PARTIE : RELATION ENTRE DÉGRADATION DE

L'ENVIRONNEMENT ET SANTÉ À ABOISSO 167

CHAPITRE 5 : LES PROBLÈMES DE SANTÉ À ABOISSO 168

5.1. Approche globale de la santé perçue par les populations 169

262

5.1.1. Indicateur mesuré de l'état de santé 170

5.1.2. Incidence et prévalence 170

5.2. Dégradation de l'environnement : un marqueur de problèmes pour la santé des

populations 171

5.3. Distribution spatiale du niveau de dégradation de l'environnement à Aboisso 172

5.3.1. Niveau de dégradation de l'environnement à l'échelle des quartiers 173

5.3.2. Différentiation spatiale : Niveau de dégradation et risque sanitaire 176

Genre et risques de santé 177

5.3.3. Les déterminants de la santé 179

5.4. L'hygiène des quartiers : faits de dégradation et problèmes de santé 180

5.4.1. La Bia : source de danger pour la santé 182

5.4.3. État de l'environnement à Aboisso : opinions de la population 186

5.5. État de l'environnement à Aboisso et état de santé des populations. 187

5.5.1. Les systèmes populations, santé et environnement 190

5.5.2. De l'exposition des populations aux risque pour la santé 192

5.6. Évaluation du risque sanitaire 194

5.6.1. Interactions entre facteurs environnementaux et déterminants de santé 195

5.6.2. La diffusion de l'information : un facteur déterminant de l'état de santé 195

5.6.3. La présence des rongeurs dans les habitats : un indicateur de l'état de santé des populations à

Aboisso 197

5.6.4. La corrélation statistique : indicateur de fait de dégradation et santé des populations 198

CHAPITRE 6 : LIEN ENTRE LA DÉGRADATION DE L'ENVIRONNEMENT ET

MALADIES DÉVELOPPÉES 202

6.1. Présentation de l'organisation du système de santé ivoirien 203

6.1.1. Indicateurs environnementaux en Côte d'Ivoire 204

6.1.2. Indicateurs environnementaux à Aboisso 204

6.2 Distribution spatiale des maladies 205

6.2.1. Risques associés aux foyers infectieux 206

6.2.2 Foyers à risque pour la santé : perception et analyse 208

6.2.3. Perception et analyse des dangers encourus par les populations en fonction de la distance 208

6.2.4. Les Zones d'influence : zones d'exposition potentielles 210

6.3. Les effets sur la santé selon les catégories de risques 213

6.3.1. Maladies déclarées par la population enquêtée 214

6.3.2. Influence relative des facteurs de risque sur la santé 218

6.4 Insalubrité de l'environnement : Présence de rongeurs et maladies développées. 219

6.4.1. Maladies liées à la présence des rongeurs 224

6.5. La bilharziose urinaire : une maladie à laquelle sont exposées les populations d'Aboisso

225

6.6. Perception de l'environnement : de la qualité de l'environnement aux problèmes de

santé 227

6.7. Populations, comportements à risques sanitaires et diffusion d'agents pathogènes 233

6.7.1. Dégradation de l'environnement et état de santé des populations 235

263

6.7. 2. Maladies développées et dégradation l'environnement 239

6.8. Tranche d'âge, sexe et maladies développées selon le temps 242

6.8.1. Maladies développées selon l'âge et le sexe 245

6.8.2. Perceptions des populations sur le niveau d'instruction et état de santé 247

Conclusion de la troisième partie : Relation entre dégradation de l'environnement et santé à Aboisso 250

CONCLUSION GÉNÉRALE 251

Les limites et les perspectives de notre travail de recherche 253

RÉSUME 273

ANNEXE

264

265

GUIDE D'ENTRETIEN

Service technique de la mairie de la ville d'Aboisso

Entretien avec : .................................................... / Date : .................. 1er thème : Le métier

1- Existe-t-il un service chargé de la gestion de l'hygiène et de l'assainissement dans la ville ?

2- Quelles sont les principales missions/activités dont vous avez la charge ?

3- Pourriez-vous m'expliquer comment se déroule une journée type ?

4- Avec qui vous travaillez au quotidien ? (Effectif des agents) 2ème thème : Structure

1- Comment votre structure est-elle organisée ? - Pouvez-vous me donner l'organigramme ?

2- Avec quel public travaille votre structure ? La population ?

3- Avez-vous identifié tous les sites infectieux de la ville (Dépôt d'ordures non contrôlés, bac à ordure, décharge, site de déversement des eaux usées de toutes sortes...)

4- Comment se fait la gestion de ces différents sites ?

5- Quel est le nombre de passage des véhicules de ramassage des ordures (jour, mois, an...)

6- Avez-vous des chiffres sur la quantité des déchets produits par la population 3ème thème : Intérêts et contraintes du métier

1- Quelles sont vos conditions de travail ? (Horaires, rythmes, matériels, équipements...)

2- Quelles sont vos principales satisfactions par rapport à la salubrité de la ville ?

3- Qu'est ce qui limite vos actions pour améliorer le cadre de vie des populations 4ème thème : sanctions/sensibilisation

1- Comment appréciez-vous les pratiques environnementales de la population ?

2- Menez-vous des campagnes de sensibilisation pour la préservation de l'environnement ?

3- Pensez-vous que les populations sont conscientes des dangers liés à leur santé d'un environnement dégradé ?

GUIDE D'ENTRETIEN
District sanitaire de la ville d'Aboisso

266

Entretien avec : ................................................... / Date : ..................

Profession.
· ................................................................................................ Structure sanitaire .
· ....................................................................................

QUESTIONS

- Quelles sont les principales missions/activités dont vous avez la charge ?

- Pourriez-vous m'expliquer comment se déroule une journée type ?

- Combien de patients recevez par jour dans votre établissement ?

- Quelles sont les maladies diagnostiquées le plus souvent ?

- Est-ce que très souvent les patients vous demandent les causent de leur maladie ?

- En ce qui concerne les causes des maladies, pensez-vous que le cadre de vie influence

l'état de santé des populations à Aboisso ?

- Quelles sont les maladies liées à un environnement dégradé ?

- Quelles sont les maladies qui touchent plus la population ?

- Y'a-t-il une période où le taux de consultation est élevé ?

- Quelles explications pouvez-vous donner par rapport à cette situation de taux élevé et

la période ?

- Quelle est la proportion du taux de consultation le plus élevé à Aboisso (femmes,

enfant, hommes ?)

- Y'à t-il un lien entre l'état de santé de vos patients et l'environnement urbain

d'Aboisso ?

- Les patients sont-ils informés que leur état est lié à l'état de l'environnement de leur

cadre de vie ?

- Quelles sont les raisons de la nocivité des déchets sur la santé des populations ?

- L'exposition à environnement dégradé est-il l'explication du mauvais état de santé ?

- Avez-vous reçu des cas des victimes des déchets toxiques ?

- Qui fréquentent votre centre de santé ? (Les habitants du quartier, les habitants de la

commune, les visiteurs)

- Les populations viennent dans le centre uniquement quand - elles souffrent

- Comment expliquez-vous leur comportement ?

- Quelles sont vos actions pour améliorer les conditions sanitaires des populations de

la commune ?

267

s,1 MINISTERE DE LA SANTE ET

DE L'HYGIENE PUBLIQUE

DIRECTION DE LA FORMATION ET DE LA
RECHERCHE EN SANTE

REPUBLIQUE DE COTE D'IVOIRE Union-Discipline-Travail

 
 
 
 
 
 

LE DIRECTEUR

N° -~_ _IMSHPJDFRSIosllca

 
 

Abidian, le

I-)

Messieurs :

Le Directeur Régional de la Santé du Sud Comme ; Le Directeur du District Sanitaire d'Aboisso Les Médecins Chefs des Services de Santé de la Commune d'Aboisso,

Objet : Autorisation de Recherche

Messieurs,

Monsieur NIAMKE Gnanké Mathieu, Etudiant régulièrement inscrit en Thèse Unique de Doctorat au Département de Géographie de l'Université Félix HOUPHOUET Boigny de Cocody-Abidjan au titre de l'année académique 2014-2015, a sollicité une autorisation d'enquête portant sur le thème . «Dégradation de l'environnement et santé des populations à Aboissoll.

Après un entretien avec l'intéressée et un examen de son protocole d'étude, l'autorisation d'effectuer cette étude en vue de rédiger sa thèse de doctorat, lui est accordée.

Son étude permettra de réaliser la carte sanitaire des pathologies liées â la dégradation de l'environnement dans le District Sanitaire d'Aboisso d'une part, d'attirer l'attention des pouvoirs publics et des populations sur ce phénomène d'autre part et de permettre ainsi aux autorités compétentes de disposer d'informations nécessaires pouvant les aider dans les prises de décisions. Aussi. cette étude pourrait-elle contribuer â une meilleure orientation des solutions proposées pour endiguer ce phénomène

Je vous saurais gré de prendre toutes les dispositions que vous jugerez utiles pour lui permettre de réaliser son étude.

: Copie de la lettre d'autorisation de l'UFR.

Docteur BASSALIA Diawara

------------ ------------------------------- - DIRECTION DE LA FORMA ION t f Dt LA RECHERCHE EN SANTE (DFRS) immeu,le SUGEFIFv. r étage 9PV 4 Abidjan - Tel. 20 21 88 31 Fax : 20 21 54 25
· Email : Jfr,ante1rgryahoo, fr

268

269

EN QUETE MENAGE. ABOISSO

RE DE .MUTES LES QUESTIONS

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272

273

RÉSUME

La dégradation de l'environnement constitue de plus en plus l'un des facteurs qui augmente les risques sanitaires en milieu urbain, en témoigne plusieurs études scientifiques sur la question. Selon le rapport commissionné par la Conférence Ministérielle Africaine sur l'Environnement (CMAE), les statistiques montrent que 28% des maladies en Afrique "sont liées aux risques environnementaux". La diarrhée, les infections respiratoires et le paludisme "représentant 60% des impacts connus de l'environnement sur la santé". Des liens forts existent donc entre un environnement dégradé et la santé des populations.

Le rapport entre les maladies diagnostiquées dans les centres de santé et la dégradation de l'environnement est mal connu par les populations et très souvent inexploré par les institutions publiques dans leur politique de gestion de l'environnement.

Cette thèse qui porte sur la dégradation de l'environnement et la santé de la population dans la ville d'Aboisso, a pour but de montrer le lien significatif entre la dégradation de l'environnement et la santé des populations à Aboisso.

Cette étude s'ouvre donc sur la délimitation des espaces qui présentent des risques potentiels sur la santé des populations, présente les facteurs de dégradation et les différentes maladies qui affectent les populations. Cela, pour une prise de conscience environnementale et pour une meilleure promotion de la préservation de la santé.

Mots clés : Santé, Environnement, Dégradation, Population, Aboisso

Abstract

The deterioration of environment constitutes more and more one of the mailmen who augments health risks in urban middle, manifests several scientific studies it on question. According to the report commissioned by Ministerial Conference African on Environment (CMAE), statistics shows that 28 % of diseases in Africa " are linked to environmental risks «The diarrhea, the respiratory infections and the paludism' representing 60 % of impacts known by environment on health ". Strong links exist therefore between a shaded environment and the health of populations.

The report between diseases diagnosed in health centers and deterioration of environment is badly known by populations and very often uncharted by the public institutions in their policy of management of environment.

key word

the deterioration of environment, health of the population, the city of Aboisso,






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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius