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Gestion durable des ressources halieutiques dans la retenue d'eau de Maga (Mayo-Danay, extrême-nord Cameroun)


par Eric Toussoumna
Université de Ngaoundéré - Master 2 2015
  

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3.2.1. Le dysfonctionnement de l'écosystème interne de la retenue

Les écosystèmes aquatiques sont très fragiles et leur fonctionnement moins étudié. La moindre agression extérieure à l'instar de l'accumulation des engins dans la retenue ou la dégradation de la végétation et à l'origine de sérieux dommages parfois irréversibles. Il peut s'agir le plus souvent d'une pollution aquatique ou d'une destruction floristique qui met à rude épreuve l'habitat benthique.

3.2.1.1. La pollution aquatique

L'augmentation substantielle du nombre d'engins de pêche s'accompagne d'une saturation de la pêcherie par les engins abandonnés, oubliés, perdus ou rejetés. Ceux-ci peuvent pendant longtemps, continuer de capturer des poissons sans que personne ne les ramasse surtout si l'EAPR était encore efficace lors de son abandon. Ces captures, Corlay les appelle « captures fantômes » (photo 19). Selon la cogestion, la principale contrainte en ce qui concerne ces techniques de pêche est en effet l'utilisation des filets mono filaments. Ces filets sont souvent perdus dans l'eau, et continuent de pêcher (pêche fantôme), entraînant la

putréfaction des poissons. Cette odeur pestilentielle pollue les zones de pêche, et fait fuir les poissons vers des zones plus propices à leur reproduction et développement. De ce fait, les zones de pêche autour ne sont plus fonctionnelles.

 
 

Capture fantôme de Tilapia Aurea

 

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Coordonnées de prise de vue : x= 10° 46' 50» - y= 14° 55' 56»

Photo 19 : Activité d'Engin Abandonné Perdu ou Rejeté dans le lac vers Pidimier

À ce jour, jamais une opération visant à limiter ou extraire ces engins de la retenue n'a eu lieu. Pour la CBLT, il y aurait plus de 20 engins du genre dans le lac par km2. Ce qui pourrait réaliser près de 10% des captures actuelles. Ces captures pourrissent dans la retenue est putréfient les zones de pêche concernées. D'où, la migration des poissons vers d'autres lieux indemnes, sains, propres et vivifiants.

Malheureusement, ces endroits sains deviennent de moins en moins rares à l'échelle du lac. Car, l'usage de certains produits chimiques à l'instar du tramadol, ou d'autres pesticides, génère des situations encore plus complexes. Ils paralysent pendant de longues heures les poissons et toutes autres espèces qui se noient puis meurent dans la zone d'impact

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du produit. Les pêcheurs font recours de plus en plus à ces polluants associables aux engins actifs.

3.2.2.2. La destruction de la flore lacustre et de l'habitat benthique

Le danger dont il est question ici concerne d'abord la végétation lacustre. En fait, afin de protéger leurs captures pendant les longues durées d'activités contre un soleil particulièrement agressif sinon caniculaire à compter du mois de mars jusqu'en mai, les pêcheurs artisans cueillent ou arrachent les plantes aquatiques dans l'eau, et recouvrent leurs captures avant débarquement (photo 20).

Feuilles d'Aponogeton subconjugatus

Coordonnées de prise de vue : x=10° 49' 57»- y=14° 57'09»

Photo 20 : Feuilles d'Aponogeton subconjugatus protégeant les captures

Cette opération qu'ils jugent moins couteuse est une tradition aussi vieille que la pratique de la pêche. Elle évolue à l'aune des activités de pêche et croit aussi vite que le nombre de pêcheurs. On estime que la quasi-totalité des pêcheurs dans le lac ont recours à ces plantes pour conserver leur butin. Sur les 100 pêcheurs interrogés, 90 sont mêlés à cette pratique. Les plantes qui souffrent le plus sont malheureusement les espèces d'Aponogeton subconjugatus et Hygrophila sp. dont, l'importance est connue (conf. Chapitre 01). Ces deux

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espèces subissent à elles seules 98 % des actions néfastes et les Aponogetons sont de loin les plus utilisées à 71 % des cas (figure 31).

Hygrophila Sp.

16%

Autres

10%

RAS

10%

Aponogeton subconjugatus

64%

Source : Enquête de terrain, Mars 2015.

Figure 31 : Proportion des plantes aquatiques utilisées pour couvrir les captures

D'autre part, à côté des plantes aquatiques qui se dégradent sous l'effet de la pression des pêcheurs, figurent aussi les zones de pêche. D'après la position des lieux de pêche, les pêcheurs opèrent au centre du lac. Ils fréquentent en général les mêmes endroits, ce qui peut endommager le fond du lac et mettre en péril la vie des poissons phytoplanctophages. Une telle situation rompt carrément l'équilibre écosystémique du lac et introduit de sérieux déséquilibres dans la chaîne alimentaire lacustre en général. Le passage répétitif de filets éperviers aux bords desquels sont accrochées des plombs de 10 à 200 g (photo 21) gratte le fond de la retenue et arrache algues et planctons dont l'importance est avérée.

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Coordonnées de prise de vue : x= 10° 49' 58» - y= 14° 57' 10»

Photo 21: Extrémités inférieures d'un filet épervier utilisé dans le lac de Maga

Une réglementation sur les lieux de pêche s'avère nécessaire pour réduire les dommages écosystémiques de cette pratique.

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"Ceux qui rêvent de jour ont conscience de bien des choses qui échappent à ceux qui rêvent de nuit"   Edgar Allan Poe