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Gestion durable des ressources halieutiques dans la retenue d'eau de Maga (Mayo-Danay, extrême-nord Cameroun)


par Eric Toussoumna
Université de Ngaoundéré - Master 2 2015
  

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4.3.1. Des situations démographique et socio-économique défavorables

Sont analysées ici, la poussée démographique de l'Arrondissement de Maga qui a accru la demande et les besoins en poissons et l'indigence socio-économique qui a assourdi les pêcheurs à Kaï-kaï.

4.3.1.1. Les contraintes démographiques : une menace permanente pour la survie de la retenue

Le poids démographique constitue aujourd'hui un gigantesque défi que les gestionnaires de la retenue d'eau de Maga doivent essayer de relever au nord de celle-ci. Avec sa superficie de 110 000 km2 et une population s'élevant à 180 000 personnes, l'arrondissement de Maga est le plus peuplé du département auquel il appartient après Yagoua. Sa population dépasse de très loin celle de Kaï-kaï : 63 000 âmes. Le croit naturel pourrait-il à lui seul justifier une telle concentration de la population ?

En effet, certains villages existaient depuis plus de 400 ans. Mais, près du tiers des villages ont été créés à la fin des années 1970 avec la création de la SEMRY. Elle a déplacé 11 000 familles de cultivateurs qui ont laissé leurs villages d'origines pour venir s'installer dans la Commune de Maga afin de pratiquer la riziculture. Depuis lors, la population s'agrandit et les zones de culture deviennent même progressivement insuffisantes. Les sources

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indiquent que la commune de Maga est passée de 30 000 habitants en 1970 à 80 000 habitants en 201055. En 2005, elle était estimée à environ 85100 âmes. Pourtant, l'arrondissement en compte aujourd'hui environ 180 000. Bref, on peut tout simplement souligner que la population de Maga reste sur une allure croissante et deux problèmes se posent.

D'abord, une concentration des habitants autour du lac qui rendent difficile le contrôle de l'accès à la retenue, du moment où, toute la population riveraine est employée dans la pêche. Dans certains campements riverains du lac, les densités sont supérieures à 100 habitants/km2 (112 à Gamack, 120 à Malka, 110 à Kéleo). Suite à ces fortes densités, les populations ne pouvant s'installer dans les rizières de la SEMRY se sont rapprochées de la pêcherie. En 2011, 53 villages/campements confondus de pêcheurs avaient déjà été identifiés (Supra, chap.1 ; I.3.2.2.). Sur les 53 campements de pêcheurs dénombrés, les campements les plus peuplés sont ceux de Maga qui concentrent 10 000 acteurs socioprofessionnels de pêche à 98 % intéressés par la retenue.

D'autre part, à ces espaces densément peuplés qui côtoient ce haut lieu de pêche, s'ajoute l'extrême demande en produits halieutiques générée par la structure de la population. Selon le dernier recensement général de la population (2005), la population de l'arrondissement de Maga alors estimée à 85 100 âmes était composée de 41 371 hommes et 43 729 femmes. Le chef-lieu à lui seul comptait 15 701 âmes, dont 7862 hommes et 7839 femmes. Le reste de l'espace physique communal est suffisamment peuplé (69399 habitants, dont 33509 hommes et 35890 femmes). Au regard de ces statistiques, on observe que les femmes sont plus nombreuses que les hommes. Les hommes constituent 48,61 % de la population totale et les femmes 51,39 %. Les jeunes de moins de 18 ans en constituent la frange la plus importante soit 60 % de la population totale.

Le poisson étant la source de protéines la plus accessible aux populations, surtout les plus défavorisées, les produits de pêche contribuent pour 67 % environ des apports en protéines dans l'alimentation des populations à Maga et pour près de 70 % à Kaï-Kaï. La consommation moyenne par tête et par an y est de 47 kg contre 11 kg/habitant pour la viande (MINEPIA, 2011). Soit, une demande annuelle globale de 9400 tonnes pour les deux arrondissements. Cette situation pousse ces derniers à considérer le lac comme la source de leur richesse éventuelle et par conséquent à, parfois, y séjourner pendant de longues durées

55 Chiffres du recensement général de la population et de l'habitat au Cameroun, 2010.

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dans l'optique de récolter plus de ressources. Puisqu'il en faut assez pour nourrir leurs familles et assez pour faire fortune.

En concluant ce point, on peut dire que l'explosion démographique à laquelle on assiste depuis les années 2000 à Maga constitue un énorme défi pour la gestion des ressources. Dans une localité où, 56 % de la population totale vit de la pêche, la généralisation de fortes densités dans et autour de la retenue impose la surexploitation des ressources dont elle dispose, et ce, afin de subvenir aux besoins de subsistance. Dans ce contexte, cette pression démographique laisse des signatures majeures à l'instar de la dégradation de certaines ressources que la pauvreté va aggraver.

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"Je voudrais vivre pour étudier, non pas étudier pour vivre"   Francis Bacon