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Gestion durable des ressources halieutiques dans la retenue d'eau de Maga (Mayo-Danay, extrême-nord Cameroun)


par Eric Toussoumna
Université de Ngaoundéré - Master 2 2015
  

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CONCLUSION GÉNÉRALE

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L'objectif de ce mémoire était de faire le point sur l'avenir de l'activité de pêche dans la retenue d'eau de Maga. L'hypothèse émise au départ était que la croissance démographique ces dernières années a un impact très important sur l'organisation et la gestion des ressources halieutiques dans ce plan d'eau. La première partie du travail a montré que cette pêcherie dispose d'énormes atouts susceptibles de contribuer au développement durable des communautés de Maga et Kaï-kaï. Cependant, ce haut lieu de pêche est soumis à une pression extrême.

Car, pour une retenue de 220 km2, 4000 pirogues à bord embarquées par plus de 6500 pêcheurs équipés disposant 60000 engins performants avec une production annuelle d'au moins 2000 tonnes/an est désastreux pour une pêcherie dont le RMD est de 15000 T/an. La pression monte sur la retenue. Elle a été lue à travers les paramètres de l'exploitation halieutique et les aspects socio-économiques de cette activité qui indiquent un nombre de pêcheurs au km2 (64 pêcheurs/km2) supérieur à la normale, des zones de captures intempestivement fréquentées par de nombreuses pirogues (plus de 27 pirogues au km2) allant parfois à 12 m de long et a fortiori, une saturation de celle-ci par des engins de pêche (156 engins/km2) devenus non seulement très efficaces, mais hautement performants au point de tout balayer après leur passage. Justifiant ainsi, l'augmentation régulière de la quantité des débarquements observés pendant les 36 années étudiées.

D'autre part, les différentes formes d'incitations économiques dont font montre l'État et les ONG à l'égard des acteurs de ce secteur, l'accroissement de la demande en produits halieutiques sur les marchés, à quoi s'ajoutent la pauvreté ambiante des acteurs et la taille des ménages en milieu pêcheur, sont autant des paramètres qui amplifient ce problème d'où, sa chronicité.

Les pêcheurs qui ont activé avec la complicité des mareyeurs un arsenal de captures illégales, mais aussi et surtout à même d'effectuer des prises juvéniles sont les principaux responsables des menaces qui planent sur l'avenir de la pêche. Malgré l'interdiction des engins actifs, les pêcheurs artisans ne s'en débarrassent pas toujours. Ils ont beau se justifier que c'est pour satisfaire la demande sans cesse croissante de leur alimentation quotidienne, celle des marchés locaux et extérieurs en produits frais ou transformés. Mais, une chose est claire : les effets pervers abondent.

L'État est certes conscient du danger, mais son intervention via les services de pêche s'avère vaine. Les pouvoirs publics font face à une double exigence : concilier les objectifs de

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développement économique et financier à court terme et exploiter de façon durable les ressources halieutiques. Mais, il faut reconnaître que c'est comme pour tous les aspects en développement durable, une tâche difficile de concilier ces deux impératifs.

Il est regrettable que l'aménagement d'une pêcherie soit axée sur le renforcement de l'arsenal réglementaire et le raffermissement des interdictions - au point de penser que les pêcheurs au sens strict du terme pourraient occasionner la perte de la retenue - alors même que l'inventaire des ressources halieutiques est encore partiel et partial, et l'effort de pêche médiocrement connu. Car, là n'est pas le problème. Au contraire, de telles façons sont conflictogènes et heurtent la sensibilité d'aucuns. Le vrai problème se trouve dans la poussée démographique, et le pêcheur toujours indexé n'est que la partie visible de l'iceberg. Il est tout autant soucieux de la pérennité de son activité que quiconque.

Tant qu'on n'aura pas pris en compte cet aspect dans la gouvernance des pêches, la dégradation va continuer d'ailleurs en s'accélérant. Une urgence s'impose, celle d'un repositionnement stratégique des marques d'une pêche scientifique. La preuve, si pour Seignobos il y a plus de 30 ans, le lac n'était pas encore entré dans une gestion rationnelle de ses stocks ichtyologiques, jusqu'à l'heure actuelle, il subsiste encore les relents d'une telle mésaventure. Les portes d'une pêche responsable resteront fermées autant que la politique de gestion ciblera plutôt les faux problèmes de la dégradation qui s'ignorent. L'ampleur des dommages est telle que les menaces qui planent sur l'avenir de la pêche artisanale sont tangibles et si l'on néglige de séparer le bon grain de l'ivraie pour attribuer les responsabilités à assumer, alors on peut commencer à compter les jours de cette activité très précieuse dont l'avenir est sujet à caution.

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus