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Gestion durable des ressources halieutiques dans la retenue d'eau de Maga (Mayo-Danay, extrême-nord Cameroun)


par Eric Toussoumna
Université de Ngaoundéré - Master 2 2015
  

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3.3.3. Gestion durable des ressources halieutiques en géographie

Plusieurs productions scientifiques ont été réalisées en géographie sur la pêche dans le monde à partir de l'an 2000. Parmi les travaux consacrés à l'Afrique, les thèses de doctorat de Ndeye Astou-Niang sur la « Dynamique socio-environnementale et développement local des régions côtières du Sénégal : l'exemple de la pêche artisanale » et de Landry Ekouala sur la

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« gestion durable des ressources halieutiques et leur écosystème dans les provinces de l'Estuaire et de l'Ogooué (Gabon) » constituent une référence mis à part, l'article de CAMARA M.B. intitulé : « La gestion des ressources halieutiques au Sénégal : une contribution à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le Développement ».

En effet, Camara M.B. (2005) partant d'un certain nombre d'indicateurs biologiques et socio-économiques, soutient qu'une bonne gestion des ressources halieutiques contribue à réaliser les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD). Car, un effort de pêche non contrôlé entraîne une baisse de la productivité de la pêche maritime sur le plan économique, une précarisation sécurité alimentaire sur le plan social, et une diminution des emplois ponctuée par une baisse de la consommation locale.

Ndeye A-N. (2009) relevait pour sa part, le poids des facteurs socio-environnementaux sur le développement local de la pêche artisanale au Sénégal. Sa thèse a permis de voir que, les politiques de développement mises en place par l'État dans le secteur de la pêche sont souvent restées au stade de projet ou bien, mal appliquées et suivies sur le terrain.

Plus récemment, Ekouala L. (2013) dans son étude sur la « gestion durable des ressources halieutiques et leur écosystème dans les provinces de l'Estuaire et de l'Ogooué (Gabon) » a relevé que la surpêche observée à l'échelle mondiale est facilitée par les progrès techniques et par une demande de consommation en constante augmentation, notamment dans les pays développés. Le diagnostic établi au Gabon mettait en évidence une exploitation désordonnée des ressources halieutiques et une détérioration générale de l'état des écosystèmes côtiers, nécessitant des mesures d'ajustement de la pression de pêche.

Ces thèses ne sont pas passées inaperçues ! D'autres centres d'intérêt sont nés en considérant les pêcheries continentales à l'instar des lacs et barrages.

? Les études sur les activités de pêche dans les lacs et barrages

Elles ne sont pas certes nombreuses, mais sont très riches et significatives :

Laë (1997) procédait à l'estimation des rendements de pêche des lacs africains au moyen des modèles empiriques. D'après cette étude, la gestion halieutique des lacs exige une estimation réaliste du potentiel exploitable. L'utilisation des données abiotiques de 65 lacs africains (y compris le lac de Maga) montre que l'intensification des activités de pêche n'entraine pas un effondrement des prises comme il est généralement admis, mais une stabilisation des rendements à leur niveau maximum pour un nombre de pêcheurs au km2 compris entre 2 et 30. Dans ce cas, pour un effort inférieur à deux pêcheurs par km2, les rendements à l'hectare sont directement tributaires de la pression de pêche. Car, au-dessus de

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cette valeur, et dans la gamme des efforts qui ont été observés, les captures totales dépendent essentiellement des capacités biologiques de l'écosystème.

Cette étude très significative, sera corroborée par une autre, faite en l'an 2000 par Kabré et Ille (200) qui avaient envisagé d'évaluer le poids des facteurs géographiques propres à la latitude, la longitude et l'altitude sur la rentabilité des pêcheries artisanales continentales. Le scénario portait sur deux pêcheries artisanales lacustres de Bagré au Burkina-Faso sous un titre fort évocateur : « Rétrécissement saisonnier des superficies d'eau, variation physico-chimique et production artisanale des pêcheries de Bagré ». Grâce à un savoir géographique articulé, l'étude démontre que le rétrécissement des superficies d'eau engendre la fluctuation de la profondeur. Mais les autres hypothèses relatives à l'influence des coordonnées géographiques sur la rentabilité de la pêche ne furent pas vérifiées et sont restées obscures jusqu'à l'heure.

Dans tous les cas, la pêche artisanale dans les lacs reste un champ scientifique peu exploré en géographie, et le lac de Maga ne soustrait pas à cette donne.

? Les études sur la pêche artisanale lacustre à Maga

Belal et al. (2003) constataient que dans le lac de Maga, la pêche est pratiquée neuf mois sur douze en raison des trois mois de son d'interruption - de juillet à septembre - correspondant au repos biologique.

La même année, Tarla et Mvondo cités par l'UICN et CBLT (2007), se sont intéressés à la diversité biologique du lac de Maga ainsi que les espèces les plus exploitées. D'après cette recherche, plus de 56 espèces de poissons peuplent la retenue et 12 d'entre elles intéressent prioritairement les pêcheurs. Il s'agit des : Clarias, Tilapia, Mormyrus, Gnatonemus, Heterotis, Synodontis, Bagrus, Auchenoglanis, Lates, Hydrocynus et Chrysichthys. Ces travaux s'inscrivent plutôt dans le domaine des sciences halieutiques et aquicoles.

Seignobos C. et Raugel B. (1986), se sont intéressés à l'exploitation des ressources halieutiques à travers une étude descriptive : « LA PÊCHE DANS LE LAC DE MAGA ». Même s'il faut leur reconnaître le mérite d'avoir attiré l'attention du public sur le nombre de pêcheurs sur la retenue, leurs origines, leurs techniques de pêche et de préparation de poissons, quelques limites réelles sont cependant à souligner. L'influence de la pression démographique et des paramètres socio-économiques défavorables, sur la l'aménagement durable de cette pêcherie a peu été élaboré.

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Trente ans après, la présente étude se propose d'aborder cet aspect. Car, compte tenu de l'obsolescence ou de la caducité de cette analyse d'une part, et d'autre part, du caractère général des observations de Seignobos et Raugel, un vide scientifique concret plane sur l'évolution de la pêche artisanale lacustre de Maga. Donc il y a matière à creuser. Il parait évident que, faire le point sur l'avenir de cette activité est une issue adéquate à suivre, pour parvenir à une gestion durable des ressources halieutiques dans ce plan d'eau sensible.

4. DÉLIMITATION SPATIO-TEMPORELLE DE LA RECHERCHE

Crée en 1979, suite à l'endiguement d'un marécage plat drainé par trois cours d'eau (Mayo Guerléo, Mayo Boula et Tsanaga) qui se déversent dans la plaine d'inondation du Logone, le lac de Maga (Figure 01), bien que dénommé comme tel, s'intègre dans la partie septentrionale du bassin du lac Tchad11 entre les latitudes : N 10°46'12'' - N 10°52'12'' et les longitudes : E 14°50'24'' - N 15°04'12''(CBLT et FEM, 2005 ; UICN et CBLT, 2007). Il correspond aux 360 km2 d'eau séparant de façon irrégulière12, l'arrondissement de Maga (au Nord) et celui de Kaï-Kaï (au Sud) dans le département du Mayo-Danay, région de l'Extrême-Nord-Cameroun.

11 Le bassin du Lac Tchad est une cuvette de 1,5 millions de km2 que couvre le Tchad, une partie du Niger, du Nigeria, de la R C A et du Cameroun. La partie camerounaise couvre environ 1/12e de la surface du « moyen Tchad » soit près de 1700 km2. Il est situé entre le 12° 30''et 14° 30''de latitude Nord et entre le 13° et 15°30''de longitude Est. Dans le bassin camerounais du Lac Tchad on distingue une partie septentrionale dans la région de l'extrême Nord et une partie méridionale située dans l'Adamaoua.

12Selon la CBLT la retenue de Maga s'étend chaque année sur environ 12000 ha en juin et 36000 ha en octobre.

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Figure 1: Localisation de la retenue d'eau de Maga

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La présente étude porte du point de vue spatiale, sur cette retenue d'eau dans sa globalité. Dans le temps, elle va de 1986 à 2015 soit 29 ans.

5. OBJECTIFS DE RECHERCHE 5.1. Objectif principal

Faire le point sur l'avenir de l'activité de pêche dans la retenue d'eau de Maga. 5.2. Objectifs spécifiques

· Évaluer l'état de la pression exercée par les activités de pêche dans le lac de Maga.

· Identifier les différents acteurs au coeur de cette pression et leurs responsabilités.

· Montrer son impact sur les ressources halieutiques et l'écosystème.

6. HYPOTHÈSES DE RECHERCHE 6.1. Hypothèse principale

La croissance démographique de ces dernières années est la principale cause de bien de menaces directes et indirectes sur les ressources halieutiques et l'écosystème lacustre de Maga.

6.2. Hypothèses spécifiques

· La pression exercée par la pêche dans le lac de Maga a un impact négatif sur les ressources halieutiques et la durabilité de l'écosystème.

· Le comportement de certains acteurs directs ou indirects est responsable de nombreux dysfonctionnements qui plombent l'avenir de cette activité.

· La gestion des ressources halieutiques dans la retenue d'eau de Maga est particulièrement menacée par la croissance démographique.

7. CADRE CONCEPTUEL ET THÉORIQUE

La réflexion thématique minutieusement menée sur la nature du sujet a conduit à privilégier l'usage de certains concepts pour mieux analyser les évolutions de la pêche dans ce travail. Il s'agit de :

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? Développement durable

Le développement durable est apparu dans les années 1980. Il est considéré comme « le nouveau paradigme de la gestion des rapports entre l'homme et la nature » (Corlay J.P., 2004). Ce concept a été introduit officiellement en 1992 lors du Sommet mondial de la Terre organisé par la Conférence des Nations Unies pour l'Environnement et le Développement (CNUED) à Rio de Janeiro. Ainsi, une définition officielle a été retenue sur le concept : c'est « un développement qui répond aux besoins des générations du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs ». C'est cette définition, la toute première qui est retenue dans cette recherche.

Dans son acception la plus large, le concept doit être compris comme un développement à la fois supportable par les écosystèmes dans lesquels nous vivons, donc économe en ressources naturelles et aussi "propre" que possible ; viable, autosuffisant à long terme, c'est-à-dire fondé sur des ressources renouvelables et autorisant une croissance économique riche en emplois, notamment là où les besoins essentiels ne sont pas couverts ; vivable pour les individus et les collectivités, donc orienté vers la cohésion sociale et l'accès pour tous à une haute qualité de vie.

Le concept de gestion durable des pêcheries rejoint celui de développement durable. Il est perçu dans ce travail comme le veut la FAO : « le processus comprenant la collecte d'informations, l'analyse, l'élaboration, la consultation, la prise de décisions, l'attribution des ressources, la formulation et la mise en place, avec application si nécessaire, des règles ou des règlements qui régissent les activités de pêche afin d'assurer une productivité continue des ressources, et la réalisation d'autres objectifs en matière de pêche » (FAO, 2000).

? Ressources halieutiques

Les ressources biologiques englobent les ressources génétiques, les organismes ou parties d'organismes, les populations ou toute autre composante biotique d'écosystèmes ayant une valeur d'usage effective ou potentielle pour l'humanité. Les ressources halieutiques sont les ressources qui ont une valeur pour la pêche. Elles désignent tout stock d'animaux (allant des crustacés les plus petits aux grosses baleines via les poissons divers) aquatiques vivants (sauf ceux qui sont spécifiquement interdits par la loi) qui peuvent être pris par la pêche, et leur habitat.

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Dans cette recherche, l'expression « ressources halieutiques » désigne exclusivement les poissons dans leur diversité et n'est par conséquent pas applicable aux autres espèces vivantes dans le lac comme les tortues, hippopotames, varans, etc. qui peuvent faire l'objet de prise accidentelle en pêche artisanale.

? La pêche responsable

Ce n'est rien d'autre que l'application des principes du développement durable aux activités de pêche. En effet, selon la FAO c'est la forme d'exploitation qui, tout en les prélevant, maintient leur diversité biologique, leur productivité, leur faculté de régénération et leur capacité à assurer, de manière pérenne et sans préjudice pour les écosystèmes établis, les fonctions économiques, écologiques, sociales, culturelles et scientifiques pertinentes ».

Dans ce travail, ce concept n'est pas dénoué de l'exploitation durable des ressources halieutiques qui, d'après la conférence internationale sur la pêche responsable tenue à Cancun au Mexique en 1992, « englobe l'utilisation durable des ressources halieutiques en harmonie avec l'environnement, et le recours à des méthodes de capture sans effet nocif sur les écosystèmes, les ressources ou leur qualité. Il fait également place à la notion de valeur ajoutée au produit par des procédés de transformation respectant les normes sanitaires requises, et à l'adoption de pratiques commerciales permettant d'assurer aux consommateurs l'accès à des produits de qualité ».

? L'écosystème

Un écosystème est une entité très complexe avec de nombreux éléments interactifs. Il peut être défini comme « un système d'interactions complexes de populations entre elles et avec leur environnement » ou comme « le fonctionnement et l'interaction conjointe de ces deux compartiments (les populations et l'environnement) dans une unité fonctionnelle de taille. Les écosystèmes peuvent être considérés à différentes échelles géographiques, à partir d'un grain de sable avec sa microfaune riche, à une plage entière, une zone côtière ou un estuaire, une mer semi-fermée et, éventuellement, la Terre entière.

Ce travail s'intéresse à l'écosystème lacustre de Maga. C'est-à-dire au système d'interaction complexe des ressources halieutiques (les poissons notamment) entre elles et leurs lieux de vie (le lac). Concrètement, il s'agit de voir la stabilité et l'équilibre systémique entre les poissons et l'eau dans laquelle ils vivent.

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Les écosystèmes qui soutiennent la pêche sont, aujourd'hui, soumis à un certain nombre de modifications d'une pertinence significative. En raison de notre compréhension imparfaite de la structure des écosystèmes et leur fonctionnement, et de la difficulté inhérente à distinguer entre les changements naturels et anthropiques, ces derniers ne sont pas toujours parfaitement prévisibles et/ou réversibles (Christensen et al. 1996). La pêche demeure aujourd'hui comme la première activité humaine ayant eu un impact sur les écosystèmes côtiers (Jackson et al. 2001).

Ce travail cherche à identifier et analyser comment ces concepts sont appliqués à la gestion des stocks ichtyologiques lacustres de Maga.

8. MÉTHODOLOGIE DE LA RECHERCHE

La méthodologie appliquée dans cette recherche repose sur une démarche systémique, nourrie de l'analyse des données bibliographiques (statistiques de pêche, travaux de biologie et de socio-géographie et économie des pêches), d'entretiens auprès des services étatiques et auprès des pêcheurs grâce à un questionnaire conçu puis traité (voir annexe 2 et 3).

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"Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères sinon nous allons mourir tous ensemble comme des idiots"   Martin Luther King