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L'administration coloniale allemande et les pouvoirs politiques traditionnels Duala et Bamun (1884-1916): une analyse de l'histoire politique du Cameroun


par Winnie Patricia Etonde Njayou
Université de Douala - Doctorat 2023
  

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2. L'imprégnation de la culture européenne à la production artisanale BamounBamun

L'influence allemande se traduit essentiellement dans l'architecture565(*), les bâtiments édifiés par les germaniques ayant été sauvegardés malgré les émeutes, contrairement aux constructions françaises démolies les unes après les autres.

L'organisationde l'État du Cameroun reste calquée sur son modèle français.566(*) Si les contacts avec les Peuls avaient entre autres apporté l'écriture ainsi que l'art du tissage et de la broderie, les relations avec les Allemands s'accompagnèrent elles aussi d'innovations techniques dont les retombées se manifestèrent immédiatement dans les arts. Les étrangers introduisirent la scie dont l'usage modifia sensiblement l'architecture en permettantla fabrication de portes, fenêtres et panneaux ornés de motifs « champlevés ». Papier, encres et couleurs permirent le développement de la peinture et du dessin. Le roi passait commande aux artisans pour enrichir et embellir son palais ou honorer ses hôtes.

Foumban devint sous le règne de ce monarque un lieu réputé de rassemblement d'artisans venus de toute la région : les touristes européens, en souvenir de leur passage, y achetaient des objets dont la production leur était déjà destinée.

Foumban abrite maintenant un musée des Arts et Traditions BamounBamun là où se tenait le Centre de l'Institut français d'Afrique noire. Les artistes sont toujours nombreux à Foumban. Ils exposent publiquement des oeuvres où les portraits de NJOYA ont souvent la place d'honneur. Mais il faut toujours reconnaître que le peuple BamounBamun a toujours été un précurseur dans le savoir-faire technique et n'ont pas attendu la présence étrangère pour briller.

L'auteur évoque également deux personnalités artistiques qui doivent elles aussi leur existence et leur reconnaissance à l'entreprise patrimoniale de NJOYA : AdamouMFONSIÉ et IbrahimNJOYAdésormais célèbres en pays BamounBamun et même au-delà. Le premier, descendant de sculpteurs et de fondeurs, fut l'un de ces artisans au service du roi qui contribuèrent à la construction de son nouveau palais, en dessina les plans et en sculpta les portes et les fenêtres. Après la mort du souverain, il exécuta pour le musée et la préfecture des panneaux muraux à thème narratif567(*). Le second se fit connaître à la fin des années 1920 pour ses dessins et peintures dont l'ouvrage offre quelques reproductions.

Ses oeuvres partagent le caractère épique des bas-reliefs de MFONSIÉ et annoncent une tradition picturale et murale qui s'est poursuivie jusqu'à aujourd'hui. Les oeuvres de MFONSIÉ et de NJOYA, au croisement de deux mondes, d'inspiration à la fois africaine et européenne, ne manquent pas d'évoquer par leur style le syncrétisme des ivoires « bini » ou « sapi-portugais » du XVIème siècle. Elles mériteraient à elles seules une étude que le livre incite à poursuivre.

On retiendra des dessins de NJOYA les visages de souverains vus de face et directement inspirés de ceux des masques aux grands yeux en amande ourlés de paupières qui contrastent avec les profils de certaines femmes, calqués sur ceux des silhouettes féminines aux cheveux courts et profils grecs des images de journaux ou de publicité des années 1920568(*).L'un des exemples les plus marquants de cette hybridité artistique reste la case à passagers de Foumban.

Le plan de cette vaste demeure destinée à loger les voyageurs est celui d'une maison coloniale avec véranda ceinturant le bâtiment, munie d'un parapet, ombragée par des canisses ou des nattes et accessible par un vieil escalier arrondi ; celui-ci est bordé de rampes en briques avec têtes de départ décoratives en poterie569(*).

Un espace que l'on pourrait presque qualifier de jardin à la française s'étage devant l'« hôtel » : au centre, un massif végétalisé entouré d'une allée de graviers circulaire conduisant à l'escalier et des plates-bandes sur les côtés. La réalisation est entièrement constituée de matériaux locaux, sauf les briques de l'escalier et avec les techniques de construction typiques de l'architecture BamounBamun570(*).

* 565 Interview de Mme NGOUNGOURE BILKISSOU, guide touristique dans la ville de Foumban le 29 mars 2021.

* 566 ACADÉMIE LASCOURS, «le-royaume-bamounBamun-au-cameroun/ ». Article publié sur le site www.académie-lascours.fr/ et consulté le mardi 07 novembre 2017.

* 567 Scène de danse, retour de chasse, combats, rites royaux...

* 568 C. TARDITS, « Histoire singulière de l'art bamoum (Cameroun) », Paris, Afredit-Maisonneuve & Larose, bibl., ill., cartes. Michèle Coquet. Revue française d'Anthropologie. Éditions EHESS, 2004.

* 569 F. GADMER & V. GOLOUBINOFF, « Du protectorat allemand au mandat français. Le Cameroun en 1917-1918, ECPAD - pole des archives - Fonds première guerre mondiale, décembre 2013, pp. 41-42.

Fig.37. Réf: SPA 225 H 7043. Foumban. Entrée de la case aux passagers. 26 juin 1918. Négatif sur plaque de verre, 11 x 15 cm. ECPAD.

* 570 Toit constitué de plusieurs cônes, couverture en chaume, frise d'animaux stylisés, ici des lièvres et des antilopes.

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